Skip to main content

Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique"

See other formats


^ 


^ 


1^1 


\ 


# 


^ 


■S 


.tv. 


For  Référence 


NOT  TO  BE  TAKEN  FROM  THIS  ROOM 


>^- 


i 


\   •) 


\ 


'The  search  for  truth  even  unto  ils  innermost  parts' 
(3Iit  fiîlemDriam 

The  Gift  of 
.SADYE  RUBIN  MARANTZ  LEE 


The  biational  Women's  Comrnittee 
'  -  ■      of  Brandeis  University 


/ 


?*f 


/      \ 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


TOME    P REMI  EU 


IM'Or.lîAI'llIi;   KIliMIN    DIDOT.    —    MKS.Ml.    (kIIII:). 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSEIXK 


DES   MUSICIENS 


ET 


BIlJLIOi^RAPlHE  GÉNÉRALE  DE  L\  MllSIOUE 


00>0:;c«> 

DEUXIÈME  ÉDITION 

ENVlÈRKMtNT    REFONDUE    ET    AUGMENTÉE   DE    PLUS    DE    MOITIÉ 

PAR  F.  J.  "PETIS 

MAITRE    DE    CHAPELLE    DU    KOI    DES   BELGES 
iHniiCTElIll    DU    CONSERVATOIKE    ROYAL    DE    MUS10"n    DK    IIRUXELLES,    ETC. 


TOME   PREMIER 


-C-g,i?:;^~^^^^S-ii. 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  FIRMIN  DIDOT  FRÈRES,  FILS  ET  C" 

IMPRIiMEURS    DE    l' INSTITUT,    RLE    JACOB,    56 

1868 

Tous  droits  réserves. 


PREFACE 

DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION. 


L'histoire  de  la  musique  a  deux  aspects  également  dignes  d'in- 
térêt :  à  l'un  de  ses  points  de  vue,  elle  nous  montre  les  éléments 
de  cet  art  coordonnés  d'une  manière  systématique  dès  les  premiers 
âges  du  monde.  Elle  nous  apprend  que,  pleins  de  reconnaissance 
pour  les  émotions  douces,  consolatrices  ou  joyeuses  qu'ils  en  rece- 
vaient, les  plus  anciens  habitants  de  la  terre  dont  il  reste  des  sou- 
venirs ont  donné  à  la  musique  une  origine  céleste.  Partout  dans 
l'antiquité,  nous  la  trouvons  mêlée  aux  mythologies,  aux  cosmogo- 
nies,  aux  théories  les  plus  abstraites  de  la  philosophie.  Intimement 
liée  à  la  poésie  ,  laquelle  était  toujours  chantée ,  la  musique  nous 
apparaît  dans  le  monde  habité  comme  l'expression  caractéristique 
de  l'organisation  physiologique  des  peuples ,  et  comme  le  résultat 
des  climats  sous  lesquels  ils  vivaient,  des  circonstances  qui  les  mo- 
difiaient, et  des  phases  de  leur  civilisation. 

Le  chant  populaire  est  l'histoire  vivante  de  la  musique  primitive 
sur  toute  la  surface  de  la  terre  ;  il  semble  n'avoir  eu  d'autre  auteur 
que  les  peuples  eux-mêmes.  Il  n'a  rien  d'individuel  ;  car  il  émane 
d'un  sentiment  commun  ;  il  est  l'accent  de  la  voix  de  tous  ;  enfin,  il 
est  le  fruit  de  l'inspiration  collective.  Chez  toutes  les  nations,  dans 
l'Inde  comme  à  la  Chine,  chez  les  populations  arabes,  dans  la  Grèce, 
en  Italie,  chez  les  peuples  germaniques  et  celtiques,  le  chant  po- 
pulaire, dont  le  chant  religieux  n'est  qu'une  forme,  est  en  quelque 
sorte  l'histoire  traditionnelle.  Mélancolique  ou  joyeux,  naïf  ou  pas- 
sionné, il  nous  instruit  de  la  situation  politique  et  morale  des  hom- 
mes chez  lesquels  il  a  pris  naissance;  il  est  toujours  le  produit  d'une 
idée  générale,  d'un  sentiment  unanime,  ou  de  certaines  croyances 
qu'il  transmet  d'âge  en  âge. 

Les  progrès  delà  civilisation  modifient  les  instincts  populaires  et 

Eeferenoe: 

91456 


ij  PRÉFACE 

en  altèrent  l'originalité.  Par  degrés  ;,  les  facultés  de  production 
spontanée  de  poésie  et  de  chant  s'affaiblissent  dans  les  masses  :  ce 
moment  est  celui  où  les  génies  individuels  commencent  à  se  révé- 
ler. L'art  tend  alors  à  se  modifier,  à  prendre  des  formes  plus  régu- 
lières, mais  non  d'une  manière  complètement  indépendante.  De  cer- 
taines idées,  qui  ne  sont  souvent  que  des  préjugés,  s'imposent  à  l'ar- 
tiste et  limitent  l'essor  de  son  imagination.  Leur  despotime  est  même 
parfois  si  absolu,  qu'il  devient  un  obstacle  invincible  à  l'introduc- 
tion de  l'art  dans  des  voies  meilleures.  On  en  voit  un  exemple  remar- 
quable chez  les  Grecs,  où  la  fausse  doctrine  de  la  stabilité  de  certains 
principes  erronés  retint  la  musique  hors  de  son  domaine  véritable.  Il 
fallut  des  siècles  pour  affranchir  le  monde  de  ces  erreurs  partagées 
par  les  plus  hautes  intelligences ,  au  nombre  desquelles  on  remar- 
que Platon,  Aristote  et  Plutarque.  Toutefois  le  temps  fait  toujours 
son  œuvre;  des  faits  inconnus  se  révèlent;  de  faibles  lueurs  se  font 
apercevoir  dans  le  lointain  ;  insensiblement  la  lumière  devient 
plus  sensible;  elle  acquiert  plus  d'éclat  et  fait  découvrir  quelque 
principe  inconnu  dont  les  conséquences  sont  la  transformation  de 
l'art,  ou  même  la  création  d'un  art  nouveau. 

C'est  ainsi  que  le  principe  de  l'harmonie  des  sons  simultanés, 
méconnu  de  l'antiquité,  comme  je  l'ai  prouvé  ailleurs  (1),  en  dépit 
de  tout  ce  qui  a  été  écrit  dans  ces  derniers  temps  pour  établir  le  con- 
traire; c'est  ainsi,  dis-je,  que  ce  principe  s'est  introduit  dans  la  mu- 
sique en  Europe  pendant  les  siècles  de  barbarie,  s'y  est  développé, 
épuré,  pendant  le  moyen  âge,  et  a  donné  naissance  à  l'art  véritable  ; 
art  pur,  idéal,  complet,  existant  par  lui-même,  et  indépendant  de 
toute  relation  extérieure.  Dès  qu'il  eut  été  découvert  et  compris,  ce 
principe  devint  la  base  de  la  musique;  car  il  ne  peut  en  être  l'ac- 
cessoire. Ses  conséquences  ne  furent  pas  aperçues  par  ceux  qui,  les 
premiers,  en  firent  l'application  :  ils  n'en  firent  qu'une  chose  bar- 
bare dont  notre  oreille  serait  blessée,  mais  qui  eut  alors  ses  parti- 
sans, à  cause  de  sa  nouveauté.  De  longues  périodes  de  temps  s'é- 
coulèrent avant  que  l'application  du  principe  s'améliorât;  mais, par 

(1)  Voyez  mon  Mémoire  sur  t harmonie  simultanée  des  sons  chez  les  Grecs  et 
les  Romains.  Bruxelles,  Muquardt-,  Paris,  Aubry,  1850,  1  vol.  in-4". 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  iij 

de  lents  progrès,  il  finit  par  se  dégager  de  sa  grossière  enveloppe, 
et,  par  les  travaux  de  quelques  hommes  d'élite ,  il  créa  enfin  Tart 
des  successions  dans  l'harmonie,  ou^  ce  qui  est  la  même  chose,  l'ac- 
cord de  l'harmonie  avec  la  tonalité.  Dès  ce  moment  (XV  siècle)  toutes 
les  conséquences  de  la  constitution  fondamentale  de  la  musique  ar- 
rivèrent chacune  à  leur  temps.  Une  carrière  immense  s'ouvrit  de- 
vant les  artistes  assez  bien  organisés  pour  faire  les  déductions  suc- 
cessives du  principe.  Le  génie  ,  le  talent,  se  manifestèrent  dans  la 
hardiesse  de  ces  déductions  et  dans  le  bon  emploi  qu'on  sut  en 
faire.  Avec  le  temps,  il  en  sortit  des  principes  nouveaux  et  spéciaux, 
dont  les  conséquences  durent  aussi  se  développer  progressivement. 

Le  premier  point  de  vue  de  l'histoire  générale  de  la  musique  est 
donc  celui  de  l'art  en  lui-même,  se  créant,  se  développant,  et  se 
transformant  en  vertu  de  principes  divers,  qui  tour  à  tour  se  succé- 
daient. Chacun  de  ces  principes  porte  en  lui  toutes  ses  conséquences  ; 
et  celles-ci  sont  découvertes  périodiquement,  par  des  hommes  de 
génie  y  dans  un  ordre  logique  que  rien  ne  peut  intervertir,  et  qui , 
lorsqu'il  est  bien  observé,  inspire  autant  d'étonnement  que  d'admi- 
ration. 

Cette  histoire  de  l'art  a  été  l'objet  des  études ,  des  travaux  d'une 
grande  partie  de  ma  vie ,  et  de  plus  de  méditation  encore  que  de 
travail.  Vingt  fois  je  l'ai  recommencée,  lorsque  je  croyais  connaître 
mieux  les  causes  des  faits ,  et  à  mesure  que  mes  aperçus  devenaient 
plus  nets,  plus  simples,  plus  généraux.  Si  Dieu  m'accorde  le  temps 
nécessaire,  je  la  publierai  immédiatement  après  l'ouvrage  dont  je 
donne  aujourd'hui  la  deuxième  édition;  car  l'âge  m'avertit  qu'il 
faut  me  hâter  et  qu'il  est  temps  de  finir. 

L'autre  point  de  vue  de  l'histoire  générale  de  la  musique  est  celui 
qui  nous  fait  connaître  la  valeur  des  travaux  des  artistes,  et  delà  part 
de  chacun  d'eux  dans  les  développements  et  dans  les  transforma- 
tions de  l'art.  Cette  autre  partie  de  l'histoire,  non  moins  digne 
d'intérêt  que  la  première,  est  l'objet  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens.  Je  regrettais  autrefois  d'y  avoir  consacré  trop  de  temps  ; 
je  me  félicite  aujourd'hui  d'en  avoir  donné  beaucoup  plus  à  l'amé- 
lioration de  cet  ouvrage;  car  les  tendances  oublieuses  de  notre 
époque  imposent  plus  que  jamais  aux  âmes  courageuses  et  con- 

a. 


iv  PRÉFACE 

vaincues  le  devoir  de  protester  contre  le  dédain  de  l'ignorance  pour 
ce  qu'elle  ne  connaît  pas ,  et  de  rappeler  les  titres  du  génie  et  du 
talent  à  l'admiration  universelle.  Il  y  a  déjà  longtemps  que  j'ai  en- 
trepris cette  tâche  par  mes  concerts  historiques^  et  que  j'ai  démontré, 
par  l'exécution  d'un  choix  d'oeuvres  empruntées  à  toutes  les  époques 
de  l'art  harmonique,  cette  vérité  trop  méconnue,  que  l'idée  et  le 
sentiment,  sous  quelque  forme  qu'on  les  trouve,  et  quels  que  soient 
les  moyens  employés  pour  leur  expression,  conservent  dans  tous  les 
temps  leur  signification  et  leur  mérite.  On  peut  ignorer  l'exis- 
tence des  ouvrages  qui  ont  cette  valeur;  mais  on  ne  pourra  jamais 
les  entendre  sans  qu'ils  produisent  leur  effet.  Mes  efforts  n'ont  point 
été  infructueux  ;  car  une  réaction  s'est  opérée  dans  l'opinion  en  fa- 
veur des  belles  œuvres  du  passé,  et  j'ai  eu  des  imitateurs. 

L'exactitude  dans  les  faits,  la  sincérité,  l'impartialité  dans  l'appré- 
ciation du  mérite,  sont  les  devoirs  principaux  du  biographe.  La 
sincérité,  l'impartialité,  ne  sont  pas  cependant  des  garanties  suffi- 
santes de  la  justesse  du  jugement  dans  un  art  qui  n'a  de  règle  qu'en 
lui-même  et  pour  lequel  la  diversité  de  goût  est  le  résultat  du 
tempérament  autant  que  de  l'éducation.  Il  faut  quelque  chose  de 
plus  pour  donner  de  l'autorité  aux  opinions  sur  la  valeur  des  œu- 
vres du  musicien.  Ce  quelque  chose,  c'est  la  connaissance  de  tout 
ce  qui  est  du  domaine  de  la  musique.  Les  gens  du  monde  n'avouent 
pas  volontiers  la  nécessité  de  cette  connaissance  pour  l'appréciation 
d'un  art  dont  ils  croient  que  les  produits  n'ont  d'action  que  sur  la 
sensibilité.  Il  n'est  pas  nécessaire,  en  effet,  de  connaître  pour  éprou- 
ver de  la  sympathie  à  l'audition  d'une  œuvre  musicale  et  du  dégoût 
pour  une  autre  ;  mais  ce  sont-là  des  impressions  bonnes  pour  ceux 
qui  les  éprouvent  et  non  des  jugements.  Comme  appréciation  du 
mérite  des  ouvrages,  elles  n'ont  aucune  valeur. 

Ce  que  j'appelle  la  connaissance  n'est  pas  seulement  le  résultat 
des  études  techniques  :  c'est  aussi  la  philosophie  de  l'art,  qui  ne 
s'acquiert  que  par  l'étude  bien  faite  de  son  histoire.  Quelle  place  oc- 
cupe dans  cette  histoire  l'auteur  d'une  production  quelconque  ?  A 
quelle  époque  appartient-il?  Quel  est  le  caractère  essentiel  de  son  ta- 
lent? Quel  estTolyet  de  son  œuvre?  dans  quel  ordre  d'idées  l'a-t-il 
conçue?  Quelle  était  la  direction  de  l'art  avant  lui  ?  Quelle  modifi- 


DE  LA  DKUXIÈMK  ÉDITION.  v 

calions  y  a-l-il  apportées?  Que  restè-t-il  de  lui  depuis  que  d'autres 
transformations  se  sont  opérées?  Voilà  les  questions  qui  se  présen- 
tent, pour  chacun  dans  la  biographie  des  artistes^  avant  qu'on  puisse 
porter  un  jugement  sain,  équitable  ,  de  leur  talent  et  de  la  valeur 
de  leurs  œuvres  :  elles  ne  peuvent  être  résolues  que  par  la  connais- 
sance suffisante  de  toutes  les  parties  de  l'art,  et  cette  connaissance 
doit  être  accompagnée  d'un  sentiment  fin,  délicat,  énergique,  d'une 
grande  expérience,  et  d'une  disposition  éclectique  de  l'esprit. 

Un  des  plus  grands  obstacles  à  la  justesse  des  jugements  sur  la 
valeur  des  œuvres  musicales  se  trouve  dans  la  doctrine  du  progrès 
appliquée  aux  arts.  J'ai  eu  longtemps  à  lutter  contre  elle,  et  j'ai  dû 
supporter  d'ardentes  polémiques  lorsque  je  soutenais  que  la  musique 
se  transforme,  etqu'elleneprogresse  que  dans  ses  éléments  matériels. 
Aujourd'hui,  en  présence  de  la  situation  de  l'art  dans  toute  l'Europe, 
on  n'ose  plus  m'opposer  le  progrès ,  et  l'on  garde  un  silence  prudent. 
Peut-être  ne  trouverais-je  pas  maintenant  beaucoup  d'adversaires  si 
je  disais,  selon  ma  conviction ,  que  certaines  choses,  considérées 
comme  le  progrès,  sont  en  réalité  la  décadence.  Par  exemple, 
le  développement  de  la  pensée  d'une  œuvre,  dans  certaines  limites, 
est,  sans  nul  doute,  une  condition  delà  beauté  ;  mais,  si  l'on  dépasse 
le  but,  il  y  a  divagation  ,  et  l'effet  de  la  pensée  première  s'affaiblit. 
Parvenue  au  point  où  elle  est  aujourd'hui,  la  manie  du  dévelop- 
pement ne  produit  plus  que  fatigue  et  dégoût  :  c'est  la  décadence. 
Le  caractère  de  la  grandeur  fait  naitre  notre  admiration  ;  nous  le 
trouvons  élevé  à  sa  plus  haute  puissance  dans  les  œuvres  de 
Haendel,  de  Gluck,  et  delà  deuxième  époque  de  Beethoven  ;  mais  le 
gigantesque,  le  disproportionné,  qu'on  a  voulu  réaliser  plus  tard 
dans  certaines  productions,  sont  des  monstruosités  qui  indiquent 
une  époque  d'égarement.  La  modulation  élégante,  inattendue, 
lorsqu'elle  n'est  pas  prodiguée,  est  une  des  richesses  nées  de  la  tona- 
lité moderne  :  Mozart,  ce  modèle  de  la  perfection ,  qu'il  faut  tou- 
jours citer,  y  a  puisé  des  effets  admirables  :  mais  multipliée  à  l'excès, 
employée  à  chaque  instant,  pour  déguiser  la  pauvreté  de  la  pensée 
mélodique,  suivant  la  méthode  de  certains  compositeurs,  la  modu- 
lation équivaut  à  la  monotonie  ,  et  devient  un  indice  du  dépérisse- 
ment de  l'art.  Enfin, le  coloris  instrumental  est  une  des  plus  belles 


vj  PRÉFACE 

conquêtes  de  la  musique  moderne  :  ses  développements  ont  été  le 
fruit  du  perfectionnement  progressif  des  instruments  et  de  l'inven- 
tion de  plusieurs  nouveaux  éléments  de  sonorité  ;  mais  il  ne  faut 
pas  en  abuser.  Rien  de  trop  dans  les  moyens  pour  l'artiste  qui  s'en 
sert  avec  goût  comme  l'ornement  d'une  pensée  belle  d'inspiration 
et  d'originalité,  et  qui,  dans  la  multitude  d'effets  possibles,  sait 
choisir  et  trouver  à  la  fois  le  secret  de  la  nuance  propre  et  celui  de 
la  variété;  mais  l'excès  de  l'instrumentation  ;  la  fatigue  qu'elle  cause 
par  la  réunion  incessante  de  tous  ses  éléments  ;  le  bruit,  le  fracas 
toujours  croissant  de  ses  forces  exagérées,  dont  l'oreille  est  assour- 
die de  nos  jours,  c'est  la  décadence,  rien  que  la  décadence,  loin 
d'être  le  progrès. 

Disons-le  donc  avec  assurance  :  la  doctrine  du  progrès,  bonne  et 
vraie  pour  les  sciences  comme  pour  l'industrie,  n'a  rien  à  faire  dans 
les  arts  d'imagination ,  et  moins  dans  la  musique  que  dans  tout 
autre.  Elle  ne  peut  donner  aucune  règle  valable  pour  l'appréciation 
du  talent  et  des  œuvres  d'un  artiste.  C'est  dans  l'objet  même  de  ces 
œuvres,  dans  la  pensée  et  dans  le  sentiment  qui  les  ont  dictées, 
qu'il  en  faut  chercher  la  valeur.  Avec  des  développements  peu  éten- 
dus ,  des  modulations  simples  et  rares  ,  enfin,  avec  une  instrumen- 
tation réduite  aux  éléments  du  quatuor,  Alexandre  Scarlatti  a  mé- 
rité la  qualification  de  grand  artiste,  dans  les  dernières  années  du 
dix-septième  siècle.  Reinhardt  Keiser,  qui  vécut  à  la  même  époque, 
n^a  été  surpassé  par  personne  pour  l'originalité  de  la  pensée!  Enfin, 
Mozart,  qui  écrivit  Don  Juan  soixante-quinze  ans  avantle  moment  où 
je  trace  ces  lignes,  est  resté  le  plus  grand  des  musiciens  modernes,, 
parce  qu'il  eut  ce  qui  ne  progresse  pas,  le  génie  le  plus  riche,  le  plus 
fécond  ,  le  plus  souple,  le  plus  varié,  le  plus  délicat  et  le  plus  pas- 
sionné, réuni  au  goût  le  plus  pur. 

Il  y  a  des  tendances,  des  formes  particulières  à  chaque  époque, 
que  le  vulgaire  prend  pour  le  beau,  parce  que  la  mode  leur  donne 
une  valeur  momentanée.  La  critique  elle-même,  cédant  à  l'entraî- 
nement du  jour,  s'y  laisse  souvent  égarer.  Mais,  après  l'engouement 
vient  la  réaction  :  la  mode  change,  et  la  forme  usée,  si  elle  n'a 
pour  soutien  la  beauté  de  la  pensée,  disparaît  sans  retour,  pour  faire 
place  à  des  formes  nouvelles,  dont  la  valeur  n'a  pas  plus  de  réalité. 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  Vij 

Ces  variations  de  goût  offrent  plus  d'un  danger  au  biographe 
éclairé  qui  veut  remplir  sa  mission  avec  impartialité;  car  d'une 
part,  elles  l'obligent  souvent  à  condamner  ce  qui  est  admiré  par  ses 
contemporains;  et  de  l'autre,  à  soutenir  le  mérite  des  œuvres  du 
passé  contre  l'opinion  du  présent.  Qu'arrive-t-il  de  là?  C'est  qu'on 
l'accuse  d'être  réactionnaire,  et  de  dénigrer  ce  qui  est,  dans  le  des- 
sein d'exalter  ce  qui  n'est  plus.  J'ai  passé  parla;  mais  je  ne  m'en 
suis  point  effrayé.  Depuis  que  j'ai  publié  la  première  édition  de 
mon  livre ,  la  situation  est  devenue  plus  périlleuse ,  les  rangs  des 
grands  artistes  se  sont  éclaircis,  et  la  génération  actuelle  s'est  laissé 
entraîner  à  d'étranges  égarements ,  sur  lesquels  il  est  nécessaire  que 
je  m'explique  ici. 

Ilyaeude  tout  temps  des  hommes  qui,  caressantles  penchants  mo- 
mentanés d'un  public  vulgaire,  ont  fait  de  leur  art  métier  et  mar- 
chandise. De  nos  jours,  leur  nombre  s'est  accru  dans  d'effrayantes 
proportions.  De  ceux-là,  la  critique  n'a  point  à  s'occuper  :  la  men- 
tion sommaire  de  leurs  frivoles  productions  est  tout  ce  qui  leur  est 
dû.  Mais  le  siècle  présent  a  vu  se  produire,  dans  les  vingt-cinq  ou 
trente  dernières  années,  des  artistes  plus  sérieux  qui  possèdent  une 
incontestable  habileté  à  se  servir  des  ressources  de  l'harmonie  et  de 
l'instrumentation,  et  qui  aspirent  à  la  réalisation  du  beau  dans 
leurs  ouvrages.  Hommes  de  cœur,  ils  sont  à  sa  recherche  avec 
bonne  foi  ;  mais  une  erreur  singulière  leur  fait  manquer  le  but  vers 
lequel  ils  croient  se  diriger.  Elle  consiste  à  se  persuader  que  le 
beau  n'est  pas  le  simple.  Incessamment  préoccupés  de  la  crainte  de 
tomber  dans  le  commun,  ils  se  jettent  dans  le  bizarre.  La  cadence 
rhythmique  des  phrases,  les  conclusions  etles  repos  qui  en  résultent, 
sont  au  nombre  de  leurs  antipathies.  Pour  les  éviter,  ils  ont  un  sys- 
tèmed'enchevêtrementpar lequel,  de  suspension  en  suspension,  d'in- 
cidence en  incidence,  ils  prolongent  indéfiniment  la  contexture  des 
périodes  ;  de  telle  sorte  qu'elles  se  déroulent  comme  les  papiers  sans 
fin  qui  se  fabriquent  à  la  mécanique,  et  que  leur  terminaison  ne  semble 
pas  avoir  de  nécessité.  Mendelsohn,  le  premier,  s'est  jeté  dans  cette 
voie  où  Schumann  et  d'autres  l'ont  suivi.  Nonobstant  le  talent  réel  qui 
brille  en  certaines  parties  de  leurs  ouvrages,  la  cause  que  je  viens 
d'indiquer  y  jette  un  vague  perpétuel,  d'au  naissent  la  fatigue  et  la 


vSj  PREFACE 

distraction  de  l'auditoire.  Ajoutons  à  ce  défaut  considérable  l'excès 
d'un  travail  harmonique  sous  lequel  la  pensée  principale  est  comme 
étouffée  :  car  la  simplicité  du  style  est  aussi  une  des  aversions  de  la 
nouvelle  École.  S'ils  étudiaient  davantage  les  immortelles  produc- 
tions des  grands  maîtres  qui  les  ont  précédés,  les  artistes  dont  je 
parle  verraient  que  Haydn  et  Mozart,  dans  les  parties  de  leurs  sym- 
phonies où  le  développement  du  sujet  acquiert  la  plus  grande 
énergie,  ont  écrit  souvent  leur  harmonica  deux  parties.  Néanmoins 
ils  frappentcomme  la  foudre,  et  leur  pensée  est  saisissante  de  clarté. 

Il  est  une  autre  cause  qui  contribue  à  mettre  de  l'obscurité  dans 
les  productions  de  l'École  nouvelle  :  je  veux  parler  de  l'incertitude 
qui  y  règne  sans  cesse  sur  la  tonalité,  parla  fréquence  des  résolutions 
harmoniques  dans  des  tons  différents  de  ceux  où  elles  devraient  se 
faire  d'une  manière  naturelle.  Certes,  l'artifice  est  excellent  en  soi, 
et  l'on  en  connaît  des  exemples  dont  l'effet  est  admirable  ;  mais 
converti  en  formule  banale ,  il  devient  insupportable.  On  est,  dit- 
on,  puni  par  où  l'on  pèche  :  je  suis  obligé  de  reconnaître  cette  vé- 
rité et  de  m'en  faire  l'application;  car  le  premier  j'ai  fait  connaître 
dans  mes  cours  de  philosophie  de  la  musique  et  dans  mon  Traité 
de  l'harmonie  l'ordre  omnitonique  produit  par  les  altérations  des 
intervalles  des  accords,  comme  le  dernier  terme  de  la  transition  to- 
nale. Il  est  vrai  que  j'y  avais  mis  ce  correctif,  que  l'effet  de  ces 
modulations  serait  d'autant  plus  grand,  qu'on  en  userait  avec  plus 
de  discrétion.  Les  nouveaux  compositeurs  n'en  ont  pas  jugé  comme 
moi  :  ils  ne  prennent  qu'un  petit  nombre  de  successions  omnitoni- 
ques  parmi  celles  dont  j'ai  enseigné  le  mécanisme;  mais  ils  en 
usent  largement  et  en  reproduisent  l'emploi  jusqu'à  faire  naître  la 
fatigue  et  le  dégoût.  C'est  qu'il  est  plus  facile  de  contracter  des  ha- 
bitudes que  d'avoir  des  idées. 

Il  est  une  remarque  qui  peut  être  tirée  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens ,  et  qui  a  de  l'importance  à  l'époque  actuelle, 
à  savoir,  que  la  spécialité  du  style  a  fait  les  grandes  renommées 
d'artistes.  On  y  voit,  en  effet,  la  conscience  de  ces  hommes  dé- 
voués à  leur  art  présider  constamment  à  leurs  travaux  aussi  bien 
que  leur  génie.  Les  compositeurs  célèbres  qui  ont  écrit  dans  tous 
les  genres,  particulièrement  au  dix-huitième  siècle,  se  modifient ^ 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  \x 

se  transforment  même,  en  raison  du  genre  qu'ils  traitent.  Us  ont  un 
style  pour  l'église,  un  autre  pour  le  théâtre,  un  troisième  pour  la 
musique  instrumentale.  Ajoutons  que  sous  ces  aspects  divers  où  se 
montre  leur  talent,  ils  restent  originaux,  et  se  font  reconnaître  par 
le  cachet  de  leur  individualité.  Si  l'on  accorde  quelque  attention  à 
ce  fait  remarquable  ,  on  est  frappé  de  la  différence  qui  existe  entre 
cette  variété  de  style  de  l'art  d'autrefois  et  l'uniformité  de  l'art 
d'aujourd'hui.  D'où  vient  cette  différence?  Certes,  ce  n'est  pas  l'ha- 
bileté qui  fait  défaut  chez  quelques-uns  de  nos  artistes  ;  mais  une 
tendance  sociale  de  l'époque  actuelle  exerce  sur  leurs  travaux  une 
fâcheuse  influence  :  cette  tendance  est  un  besoin  général  d'émo- 
tions nerveuses  qu'ont  fait  naître  des  révolutions  multipliées,  et  qui 
ont  accumulé  plus  d'événements  extraordinaires  et  de  revirements 
politiques  depuis  soixante-dix  ans  qu'il  n'y  en  avait  eu  en  dix  siè- 
cles. Cette  disposition  fait  rechercher  le  dramatique  en  toute  chose. 
En  musique,  le  dramatique  s'exprime  par  de  certains  accents,  par 
de  certaines  harmonies,  par  de  certaines  combinaisons  de  sono- 
rités, qui  développent  l'émotion  et  la  maintiennent  dans  une  pro- 
gression constante.  A  la  scène,  ces  choses  ont  de  la  valeur  si  des 
idées  les  soutiennent,  et  si  elles  ne  deviennent  pas  des  recettes  ba- 
nales de  moyens;  mais  ce  n'est  pas  seulement  au  théâtre  que  nous 
les  trouvons  ;  car  tout  se  formule  en  drame.  Dans  la  messe ,  le 
psaume,  la  symphonie,  et  jusque  dans  les  moindres  bluettes  desti- 
nées aux  pianos  des  boudoirs,  nous  les  retrouvons  sans  cesse.  Par- 
fois le  talent  réel  se  fait  apercevoir  dans  ces  choses;  mais  pourquoi 
toujours  cet  entraînement  vers  le  dramatique?  Pourquoi  ces  efforts 
et  ces  airs  mystérieux  pour  les  choses  les  plus  simples?  il  n'y  a  pas  de 
pensée  musicale  qui  conserve  sa  valeur  primitive  sous  la  persistance 
incessante  de  ces  teintes  forcées;  et,  par  une  conséquence  inévitable, 
elles  anéantissent  toute  propriété  de  style  et  toute  possibilité  de 
donner  au  talent  un  caractère  déterminé.  Par  l'effet  de  cette  funeste 
tendance,  la  plupart  des  ouvrages  que  nous  voyons  se  produire 
tiennent  plus  ou  moins  les  uns  des  autres. 

Avec  une  éducation  musicale  moins  complète ,  les  compositeurs 
français  dont  les  ouvrages  brillèrent  au  théâtre  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle  et  au  commencement  dudix-neuviôme 


X  PRÉFACE 

(pour  ne  parler  que  de  ceux-là),  comprirent  bien  mieux  la  destina- 
tion de  l'art  et  leur  mission  personnelle.  Chacun  d'eux  resta  dans 
la  nature  du  talent  dont  il  était  doué,  sans  prendre  souci  de  ce 
qui  faisait  les  succès  d' autrui.  Philidor,  Monsigny,  Grétry,  D'Alayrac, 
Méhul,  Berton,  Boïeldieu,  brillent  par  les  qualités  qui  leur  sont  pro- 
pres. Chacun  d'eux  est  un  type  qui  ne  se  confond  pas  avec  un  autre. 
Tous  sont  devenus  des  modèles  :  celui-ci  d'une  exquise  sensibilité  ; 
celui-là ,  d'esprit  scénique  et  de  vérité  d'accent;  cet  autre,  d'énergie 
dramatique  ;  ce  quatrième,  d'élégance  et  de  grâce.  Tous  sont  restés 
dans  la  sphère  de  leur  sentiment ,  et  par  cela  même,  leurs  produc- 
tions conserveront  leur  valeur  dans  tous  les  temps. 

C'est,  je  l'avoue,  un  sujet  de  profond  étonnement  pour  moi  que 
l'obstination  de  la  plupart  des  artistes  de  notre  temps  à  persévérer 
dans  leur  système  d'uniformité  de  style  ;  système  si  contraire  à  la 
destination  de  la  musique ,  et  si  peu  favorable  aux  succès  qu'ils 
s'efforcent  d'obtenir!  Plusieurs  m'accusent  de  sévérité,  d'injustice 
même  à  leur  égard  ;  mais  quoi  ?  ne  voient-ils  pas  le  froid  accueil 
fait  à  leurs  productions  par  les  auditoires  les  plus  intelligents? 
N'ont-ils  jamais  mis  en  parallèle  l'oubli  dans  lequel  leurs  ouvrages 
tombent  tour  à  tour,  en  dépit  de  tous  les  moyens  employés  pour 
leur  donner  du  retentissement,  avec  l'admiration  universelle  dont 
jouissent  les  œuvres  des  grands  maîtres ,  parmi  lesquelles  il  en  est 
qui  comptent  près  d'un  siècle  d'existence  ?  Cette  comparaison  n'est- 
elle  pas  assez  significative,  et  ne  m'absout-elle  pas  de  toute  suspi- 
cion de  partialité  ?  Ils  affirment  qu'on  ne  les  comprend  pas  :  qu'est- 
ce  à  dire?  Les  œuvres  d'art  sont-elles  des  énigmes,  des  problèmes? 
La  musique  dont  une  bonne  exécution  ne  donne  pas  l'intelligence 
est  un  art  qui  s'égare. 

Les  compositeurs  dont  je  viens  de  parler  n'ont  que  le  tort  de 
faire  abus  des  moyens  qui  leur  sont  offerts  par  l'art,  et  d'en  faire 
des  formules;  car  d'ailleurs  ils  respectent  cet  art  et  ne  sortent 
pas  de  son  domaine.  Il  n'est  pas  de  même  d'une  secte  qui  a  pris 
naissance  en  Allemagne  depuis  peu  d'années,  et  dont  les  efforts  ne 
vont  pas  à  moins  qu'à  l'anéantissement  de  la  musique  dramati- 
que, ou  plutôt  de  toute  musique.  Le  chef  et  les  disciples  de  cette 
secte  nient  la  tonalité,  le  rhythme  périodique,  les  lois  de  l'harmonie 


DE  LA  DEUXIÈME  EDITIOxX.  xj 

en  ce  qui  concerne  la  nécessité  de  la  résolution  des  dissonances.  Au 
théâtre,  ils  repoussent  l'opéra  et  n'admettent  que  le  drame.  Leur 
principe  esthétique,  disent-ils ,  est  le  vrai.  Or,  suivant  eux ,  toutes 
les  formes  adoptées  jusqu'à  ce  jour  pour  la  musique  de  la  scène 
sont  en  opposition  avec  ce  principe  ;  car  l'air,  par  exemple,  n'existe 
que  par  la  répétition  fréquente  des  paroles,  laquelle  n'est  pas  dans 
la  nature.  Le  duo,  le  trio,  tous  les  morceaux  d'ensemble,  en  un 
mot ,  sont  frappés  de  la  même  réprobation ,  parce  qu'il  est  égale- 
ment hors  de  toute  vraisemblance  que  les  personnages  d'une  action 
dramatique  parlent  tous  à  la  fois.  Le  chœur  seul  est  admis,  parce 
qu'il  est  l'expression  des  sentiments  qui  animent  les  masses.  La 
mélodie  n'échappe  pas  à  la  proscription,  parce  que  ses  formes  s'éloi- 
gnent delà  vérité  de  la  déclamation  :  elle  ne  peut  avoir  d'existence 
que  dans  la  ballade,  dans  la  chanson,  parce  que  le  chant  est  dans 
la  nature  et  que  le  chanteur  ne  parle  pas.  Le  récitatif  seul ,  s'il  n'est 
qu'une  déclamation  notée,  est  la  musique  qui  convient  au  drame  : 
il  doit  être  interrompu  ça  et  là  par  des  phrases  isolées  de  chant  ou 
de  musique  instrumentale  par  lesquelles  chacun  des  personnages 
est  caractérisé  ! 

Ainsi  qu'on  le  voit,  la  secte  dont  je  parle  est  réaliste.  Son  principe 
du  vrai  n'est  autre  que  la  fausse  doctrine  de  l'abbé  Batteux ,  de 
Burk,  de  Diderot  et  de  leurs  disciples,  à  savoir  que  les  arts  ont  pour 
objet  rimitation  de  la  nature  :  opinion  dérivée  d'un  système  de  phi- 
losophie sensualiste.  Dans  son  application  même  aux  arts  du  dessin,  à 
la  peinture,  à  la  sculpture,  une  doctrine  semblable  ne  peut  avoir  pour 
résultat  le  beau,  qui  doit  être  le  but  du  travail  de  l'artiste.  L'homme 
n'est  pas  le  copiste  de  la  nature  :  il  s'inspire  simplement  de  son 
spectacle  et  lui  dérobe  ses  formes  pour  en  composer  des  œuvres 
qu'il  ne  doit  qu'à  son  propre  génie.  Si  l'artiste  n'avait  pour  objet 
de  son  œuvre  que  l'imitation  de  la  nature  ,  son  travail  serait  pour 
lui  une  cause  de  continuelles  déceptions  et  de  désespoir;  car  la  vie 
réelle,  qui  anime  la  nature,  donnerait  toujours  au  modèle  une  in- 
comparable supériorité  sur  la  copie. 

En  donnant  cette  imitation  pour  but  aux  arts,  on  suppose  né- 
cessairement que  l'illusion  est  pour  eux  le  dernier  terme  de  la  per- 
fection; mais  pour  avoir  la  preuve  de  la  fausseté  d'une  semblable 


xij  PRÉFACE 

conception  ,  il  suffit  de  se  souvenir  du  Diorama,  où  la  représenta- 
tion atteint  un  degré  d'illusion  qu'on  ne  trouvera  jamais  dans  la 
peinture  véritable.  Tous  les  objets  y  sont  à  leur  place  et  en  relief; 
il  semble  que  la  main  va  les  toucher.  Cependant,  qui  a  jamais  songé 
à  mettre  en  parallèle  les  tableaux  du  Diorama  avec  ceux  qui  font 
la  gloire  de  nos  grands  peintres,  si  ce  n'est  le  vulgaire,  dont  les  sens 
sont  plus  exercés  que  l'intelligence  et  le  sentiment?  Loin  d'être  un 
perfectionnement  de  la  peinture  par  l'exactitude  de  la  représenta- 
tion, le  Diorama  est,  au  contraire,  dans  un  ordre  très-inférieur,  par 
cela  seul  que  son  but  est  l'illusion.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  la  na- 
ture organique  ne  peut  paraître  dans  ces  tableaux  qu'à  l'état  de  ca- 
davre :  l'homme  debout  y  manquerait  de  mouvement  et  de  vie; 
dès  lors  l'illusion  serait  détruite.  Or,  personne  n'a  jamais  remarqué 
que  les  personnages  ne  se  meuvent  pas  dans  les  tableaux  des  grands 
artistes  ;  car  ceux-ci  y  ont  mis  la  vie  et  le  mouvement  de  l'art,  qui 
ne  sont  pas  ceux  de  la  nature.  Dans  ces  derniers  temps,  un  peintre 
français  s'est  dévoué  à  la  réalisation  de  l'imitation  exacte  de  la  na- 
ture  :  on  sait  quelles  grossières  images  en  ont  été  le  produit. 

Si  l'imitation  de  la  nature  n'est  pas  l'objet  essentiel  des  arts  dont 
les  produits  offrent  les  représentations  du  monde  extérieur  j  en  un 
mot;  si  leur  but  est  le  beau  et  non  le  vrai,  que  dira-t-on  de  la  mu- 
sique ,  l'art  idéal  par  excellence?  N'ayant  pas  d'autre  programme 
que  les  inspirations  du  génie  de  l'artiste,  et  ne  pouvant  réaliser  le 
beau  que  dans  le  libre  exercice  de  cette  faculté ,  que  peut-on  es- 
pérer des  limites  imposées  à  l'imagination  par  la  nécessité  du  vrai  ? 
La  musique  dramatique  a  sans  doute  pour  mission  d'exprimer  les 
sentiments  des  personnages  mis  en  scène,  mais  avec  les  moyens 
qui  lui  sont  propres  et  les  formes  qui  la  constituent  comme 
art.  Elle  est  aussi  vraie  qu'elle  doit  l'être ,  quand  elle  fait  passer 
l'émotion  dans  l'àme  des  spectateurs,  et  elle  a  de  plus  l'immense 
mérite  d'être  belle  par  le  caractère  d'originalité  que  lui  imprime 
le  talent  de  l'artiste.  Gluck  a  porté  aussi  loin  qu'il  a  pu  la  puissance 
de  l'expression  dramatique ,  mais  en  restant  dans  les  limites  de 
l'art  :  en  portant  ses  tendances  jusqu'aux  derniers  excès,  la  secte 
des  réalistes  en  musique  s'affranchit  de  ces  limites  ,  et  dans  ses  œu- 
vres monstrueuses,  elle  parvient  jusqu'à  l'anéantissement  des  con- 


DE  LA  DEUXIEME  EDITION.  xiij 

ditions  en  vertu  desquelles  l'art  existe,  pour  lui  substituer  des  pué- 
rilités qui  ne  peuvent  faire  naître  chez  les  gens  de  cœur  que  le  dé- 
goût et  l'ennui. 

11  faut  aimer  l'art  ou  n'être  pas  artiste  ;  car  lui  seul  peut  donner 
la  récompense  des  sacrifices  qu'on  lui  fait.  La  démonstration  de 
cette  vérité  se  trouve  partout  dans  la  biographie  des  musiciens  cé- 
lèbres. C'est  par  l'amour  pur  et  désintéressé  de  leur  art;  c'est  en 
le  faisant  le  but  unique  de  leur  existence,  qu'ils  ont  produit  les  gran- 
des et  belles  œuvres  qui  recommandent  leur  mémoire  à  l'admiration 
de  la  postérité!  Quiconque  aspirera  à  se  placer  au  rang  de  ces 
grands  hommes  devra  les  imiter  dans  leur  noble  abnégation  des 
autres  jouissances.  A  l'époque  actuelle,  ce  détachement  devient,  à 
la  vérité,  plus  difficile  et  plus  méritoire  ;  car  la  carrière  des  artistes 
est  incessamment  menacée  par  un  mal  d'autant  plus  dangereux, 
qu'il  est  dans  sa  nature  de  s'accroître,  au  lieu  de  s'affaiblir.  Je  veux 
parler  du  matérialisme  pratique,  de  la  fièvre  industrielle  et  finan- 
cière, enfin,  de  l'amour  insatiable  du  bien-être  et  du  luxe  qui  gou- 
vernent aujourd'hui  le  monde. 

Rien  n'est  plus  antipathique,  rien  ne  peut  être  plus  préjudiciable 
au  sentiment  de  Fart  qu'une  telle  situation.  Les  préoccupations  de 
l'esprit,  dans  cet  ordre  de  choses,  ne  laissant  point  aux  populations 
la  liberté  nécessaire  pour  accorder  à  la  poésie,  à  la  musique,  l'at- 
tention et  l'intérêt  qu'elles  réclament.  Ce  qu'on  demande  mainte- 
nant à  ces  arts,  ce  ne  sont  plus  les  jouissances  de  l'âme,  mais  l'émo- 
tion nerveuse  et  la  distraction.  Si  la  peinture  est  plus  favorisée, 
c'est  que  ses  produits  deviennent  une  valeur  réalisable  sur  laquelle 
la  spéculation  peut  s'exercer.  A  voir  avec  quelle  rapidité  diparais- 
sent  de  la  scène  les  œuvres  des  meilleures  artistes,  et  le  profond 
oubli  dans  lequel  elles  tombent  peu  de  temps  après  qu'elles  ont  vu 
le  jour,  on  ne  peut  se  dissimuler  que  la  nouveauté  est  devenue,  pour 
une  population  distraite  et  préoccupée,  le  mérite  le  plus  considé- 
rable de  ces  ouvrages  :  lorsque  sa  curiosité  est  satisfaite,  tout  in- 
térêt d'art  disparaît. 

Quelle  affligeante  comparaison  nous  pouvons  faire  de  cette  situa- 
tion avec  les  époques  antérieures  de  la  musique  dramatique  !  Con- 
sidérons la  période  comprise  entre  1775  et  1830,  nous  y  verrons, 


xiv  PRÉFACE 

non-seulement  les  artistes  et  les  amateurs,  mais  tout  ce  qui  compose 
le  public  habituel  des  théâtres,  émus  et  charmés  par  les  œuvres  de 
Gluck,  de  Piccinni,  de  Sacchini,  de  Mozart,  de  Paisiello,  de  Cima- 
rosa,  de  Grétry,  de  Chérubini,  de  Méhul,  de  Berton,  de  Spontini, 
de  Rossini,  de  Weber!  Les  œuvres  mêmes  qui  n'avaient  pas  réussi 
à  la  scène  étaient  autrefois  des  sujets  d'étude  pour  les  uns  ;  pour 
les  autres,  des  objets  d'admiration.  Des  livrets  dépourvus  d'intérêt 
ou  mal  coupés  pour  la  musique  avaient,  ou  causé  la  chute,  ou  borné 
le  succès  des  partitions  de  Sacchini,  Renaud,  et  Chimène;  à^Iphigénie 
en  Tauride,  de  Piccinni  ;  de  Loc?oïsA;a,  deMédée,d'Élisa,  à'Anacréon, 
des  Ahencérages  ,  de  Chérubini  ;  de  Phrosine  et  Mélidor,  à^Ariodant, 
à''  Adrien,  de  Méhul  ;  mais  ces  partitions  étaient  recherchées,  applau- 
dies avec  enthousiasme  dans  les  réunions  d'artistes  et  d'amateurs; 
on  les  trouvait  dans  toutes  les  bibliothèques.  Les  œuvres  de  tous 
les  grands  musiciens,  de  quelques  pays  qu'elles  vinssent,  à 
quelque  école  qu'elles  appartinssent,  étaient  répétées  dans  les 
concerts  et  dans  les  salons  ;  la  vie  de  l'art  était  répandue  dans 
la  société.  D'autre  part ,  ceux  que  le  succès  avait  couronnés  au 
théâtre  n'en  disparaissaient  pas.  Les  compositeurs  avaient  un  ré- 
pertoire ,  comme  on  disait  alors  ;  et,  lorsque  l'âge  avait  éteint  leur 
imagination  ,  lorsqu'ils  sortaient  de  la  carrière  active  ,  la  représen- 
tation perpétuée  de  leurs  ouvrages  leur  assurait  une  existence  in- 
dépendante pour  la  vieillesse.  Au  lieu  de  cela,  que  voyons-nous 
maintenant?  Auber,  artiste  de  premier  ordre,  a  écrit  plus  de  qua- 
rante ouvrages  qui ,  presque  tous ,  ont  eu  de  brillants  succès  ;  Ha- 
lévy,  homme  d'un  talent  bien  supérieur  à  ce  que  pense  le  vulgaire, 
a  produit  aussi  un  nombre  considérable  de  belles  partitions  ;  qu'est 
devenu  leur  répertoire  à  Paris  ? 

Que  résulte-t-il  de  cet  état  de  choses?  Hélas!  le  plus  grand  mal 
qui  puisse  se  manifester,  c'est-à-dire,  l'ébranlement  de  la  foi  dans 
l'art  chez  les  artistes.  Pour  qui  considère  avec  attention,  ce  scepti- 
cisme est  de  toute  évidence  :  le  découragement  en  est  la  conséquence 
inévitable.  L'art  ne  se  prenant  plus  au  sérieux,  on  n'est  occupé  que 
de  la  recherche  de  l'effet  momentané.  On  ne  sait  plus  que  faire  pour 
amuser  le  public,  médisait,  il  n'y  a  pas  longtemps,  un  des  jeunes 
compositeurs  qui  écrivent  habituellement  pour  la  scène.  Amuser! 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xv 

c'est  donc  à  cela  que  l'art  est  descendu?  Qu'on  ne  s'y  trompe  pas  : 
si  les  artistes  acceptent  cette  dégradation  de  la  musique,  c'en  est 
fait  d'elle  pour  l'avenir,  ou  du  moins  pour  longtemps.  C'est  à  eux 
qu'il  appartient  de  résister  à  cette  déplorable  tendance  par  toutes 
les  forces  de  la  conviction,  par  toutes  les  ressources  du  talent.  Qu'ils 
se  gardent  bien  d'accepter  à  la  lettre  cet  axiome  si  souvent  répété, 
qu'on  ne  réforme  pas  son  temps  ;  qu'ils  se  persuadent ,  au  contraire , 
qu'on  le  domine  quand  on  est  fort  par  la  tête  et  par  le  cœur.  Qu'ils 
prennent  exemple  de  quelques  hommes  d'élite  qui,  défenseurs  dé- 
voués de  la  philosophie  morale,  menacée  par  les  tendances  actuelles, 
n'ont  pas  désespéré  de  la  vertu ,  et  ont  écrit  récemment  des  livres 
aussi  remarquables  par  l'honnêteté  du  but  que  par  l'évidence  des 
principes  et  le  talent  du  style.  Certes,  rien  n'est  plus  opposé  à  la 
morale  de  ces  livres  que  les  entraînements  de  notre  époque  ;  ce- 
pendant le  plus  beau  succès  en  a  signalé  la  publication  ;  les  édi- 
tions s'en  sont  multipliées ,  et  leur  éloge  s'est  trouvé  dans  toutes  les 
bouches.  C'est  que  dans  les  sociétés  les  plus  corrompues ,  il  y  a  tou- 
jours de  nobles  cœurs  que  n'ébranlent  pas  les  vices  de  leur  temps, 
et  qui  imposent  aux  autres.  De  même,  alors  que  le  goût  se  déprave 
et  semble  s'anéantir,  il  se  trouve  des  âmes  heureusement  douées  qui 
ne  perdent  jamais  le  sentiment  du  beau,  qui  lui  vouent  un  culte,  et 
qui  le  préservent  du  naufrage.  C'est  pour  ces  organisations  excep- 
tionnelles et  pour  lui-même  que  l'artiste  doit  travailler  pendant 
les  périodes  d'égarement  des  sociétés  civilisées  :  elles  sont  en  petit 
nombre ,  sans  doute,  mais  elles  finissent  par  dominer  le  sentiment 
vulgaire  de  la  foule. 

On  objectera  peut-être  que  travailler  pour  le  petit  nombre  ne 
conduit  ni  au  succès  ni  à  la  fortune.  Mais,  qu'est-ce  que  le  succès 
momentané  qui  ne  repose  pas  sur  des  beautés  réelles  ?  Qu'est-ce  que 
la  fortune  pour  qui  trouve  ses  jouissances  les  plus  vives  dans  la 
culture  de  son  art,  et  qu'est-il  besoin  pour  l'artiste  des  raffinements 
du  riche?  Ce  qu'il  doit  laisser  à  la  postérité,  ce  sont  de  beaux  ou- 
vrages, non  des  palais  et  des  meubles  somptueux.  Que  ceux  qui  ne 
se  trouvent  pas  assez  récompensés  de  leurs  efforts  par  le  plaisir  que 
donne  le  travail  et  par  une  position  modeste,  lisent  la  biographie  des 
grands  hommes  qui  sont  nos  maîtres  et  nos  modèles  !  Qu'ils  voient 


x-vj  PRÉFACE 

Jean-Sébastien  Bach  élevant  sa  nombreuse  famille  avec  le  mince  re- 
venu d'un  emploi  dont  ne  se  contenterait  pas  aujourd'huile  plus  mi- 
nime coryphée  de  nos  théâtres,  et  de  plus  obligé  d'y  ajouter  le  pro- 
duit de  ses  leçons  et  des  copies  qu'il  faisait  lui-même  de  ses  ouvrages  ; 
toutefois ,  il  était  heureux  en  écrivant  de  magnifiques  composi- 
tions dont  le  retentissement  n'allait  pas  au-delà  de  l'enceinte  d'une 
petite  ville,  et  qui,  publiées  pour  la  première  fois  un  siècle  après  la 
mort  de  leur  auteur,  frappent  aujourd'hui  les  artistes  d'admiration 
et  de  stupeur.  Qu'ils  suivent  pendant  toute  sa  vie  le  compositeur  le 
plus  original,  le  plus  complet,  Mozart,  dont  le  nom  ne  se  prononce 
pas  sans  éveiller  l'enthousiasme  :  ils  le  verront  incessamment  aux 
prises  avec  les  embarras  d'une  existence  précaire  ;  mais  il  suffit  de 
lire  sa  correspondance  pour  comprendre  les  joies  dont  son  coeur 
était  inondé  lorsque  lui  venaient  les  inspirations  à'Idoménée,  de  Don 
Juan  et  des  Noces  de  Figaro.  Qu'on  examine  la  position  de  Beetho- 
ven :  il  ne  trouvait  pas  dans  le  produit  de  ses  nobles  créations  un 
revenu  suffisant  pour  ses  modestes  besoins  ;  il  ne  fut  à  l'abri  de  la 
misère  que  par  la  générosité  d'un  prince  impérial.  De  plus,  par 
une  cruauté  inouïe  du  sort ,  il  était  privé  de  l'ouïe ,  et  ne  goûtait 
jamais  le  plaisir  d'entendre  exécuter  ses  ouvrages.  Que  lui  restait-il 
contre  tant  d'infortunes?  il  nous  l'apprend  dans  son  testament  ;  l'art 
l'a  soutenu.  Quels  artistes  que  de  tels  hommes!  Quel  dévoùment  à 
l'art  que  le  leur,  et  qu'on  serait  heureux  au  même  prix  de  le  porter 
si  haut  ! 

J'ai  dit  qijie  si  l'art  ne  progresse  pas ,  il  n'en  est  pas  de  même  de 
la  science  :  or,  il  y  a  la  science  de  l'art.  Celle-là  a  fait  des  progrès 
immenses  depuis  cinquante  ans.  Préparée  par  de  laborieux  et  utiles 
travaux,  pendant  le  dix-huitième  siècle,  elle  s'est  enrichie  dans  celui-ci 
de  l'esprit  de  méthode  ,  sans  lequel  il  est  impossible  de  fonder  une 
science  véritable.  La  plupart  des  questions  fondamentales,  ou  simple- 
ment entrevues  autrefois,  ou  dénaturées  par  l'esprit  de  système  qui 
régna  surtout  au  dix-huitième  siècle,  ont  été  examinées  de  nouveau , 
dans  des  vues  plus  philosophiques  et  plus  saines.  La  théorie  de  l'har- 
monie, livrée  depuis  Rameau  à  un  vain  étalage  de  calculs  et  d'ex- 
périences de  physique,  a  été  ramenée  à  son  principe  évident,  lequel 
est  purement  métaphysique,  puisqu'il  s'agit  d'un  art  qui,  comme 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xvij 

tel,  ne  peut  avoir  de  base  que  dans  l'intellig-ence  et  dans  le  senti- 
ment. Ramenée  à  ce  point  de  vue ,  la  théorie  de  l'harmonie  s'est 
trouvée  d'accord  avec  la  constitution  des  tonalités,  ainsi  qu'avec 
l'histoire  de  la  musique  en  général,  et  a  présenté  les  développe- 
ments de  ses  phénomènes  dans  un  ordre  parfaitement  identique  à 
celui  des  transformations  de  l'art. 

Quant  à  l'histoire  de  la  musique  en  elle-même,  pour  laquelle 
Marpurg,  le  P.  Martini,  l'abbé  Gerbert,  Burney,  Hawkins  et  Forkel 
ont  fait  des  recherches  très-estimables ,  mais  qui  n'avait  pas  été  exa- 
minée suffisamment  à  ses  sources,  et  pour  laquelle  d'ailleurs  l'esprit 
critique  et  philosophique  manquait  à  ces  écrivains ,  on  peut  dire 
avec  assurance  que  depuis  peu  d'années  seulement  on  est  entré  dans 
la  voie  qui  seule  peut  conduire  au  but,  parce  qu'on  s'est  attaché  à  la 
recherche  des  monuments  pour  les  étudier  avec  soin.  A  vrai  dire, 
on  n'a  fait  jusqu'à  ce  jour  que  de  l'archéologie  musicale  :  l'histoire 
de  la  musique  proprement  dite  n'existe  point  encore;  mais  on  en  a 
éclairci  des  points  intéressants.  En  cela,  l'ordre  naturel  a  été  suivi; 
mais  il  y  a  loin  de  la  patience  dans  les  recherches  à  la  conception 
d'un  ensemble  complet  et  à  l'esprit  généralisateur  sans  lequel  un 
tel  ensemble  ne  peut  être  formé.  Peut-être  l'historien  de  l'art  se 
trouvera-t-il  enfin. 

La  science  de  l'acoustique,  ébauchée  au  dix-septième  siècle,  n'est 
entrée  dans  son  domaine  véritable,  c'est-à-dire  dans  la  physique  ex- 
périmentale, que  par  les  travaux  de  Chladni  et  de  Savart.  Les  décou- 
vertes de  ces  hommes  si  distingués,  celles  de  M.  Cagniard  de  Latour 
et  de  quelques  autres  savants ,  ont  donné  des  bases  certaines  à  une 
science  qui  n'existait  auparavant  que  de  nom. 

Enfin,  une  science  plus  nouvelle,  la  science  de  la  science, 
c'est-à-dire  la  philosophie  de  la  musique ,  a  pris  naissance  de  nos 
jours.  Une  de  ses  parties  seulement,  Veslhéiique ,  a  été  traitée  dans 
quelques  ouvrages  spéciaux,  suivant  des  vues  plus  ou  moins  justes, 
plus  ou  moins  étendues  ou  circonscrites,  et  avec  une  connaissance 
plus  ou  moins  suffisante  de  l'art.  L'ensemble  de  cette  science  a  été 
l'objet  d'un  grand  travail  qui  n'a  point  encore  vu  le  jour. 

La  Biograp/iie  universelle  des  Musiciens  renferme  des  renseigne- 
ments sur  tous  les  ouvrages  qui  ont  pour  objet  l'une  ou  l'autre  de 

b 


xviij  PRÉFACE 

ces  parties  de  la  science  générale  de  la  musique,  et  sur  leurs  au- 
teurs. 

On  a  dit  souvent,  et  l'on  dit  peut-être  encore ,  en  parlant  de  l'au- 
teur d'un  dictionnaire  historique  de  la  nature  de  celui-ci ,  le  com- 
pilateur de  cette  biographie.  L'expression  ne  manque  pas  de  justesse 
pour  certains  ouvrages  dans  lesquels  les  écrivains  copient  simple- 
ment leurs  devanciers^  prenant  un  peu  partout,  et  montrant  dans 
la  critique  ou  l'impuissance,  ou  la  partialité  inspirée  par  des  pré- 
jugés d'époques,  de  pays,  et  d'école;  mais  on  ne  peut  nier  que 
cette  partie  de  la  littérature  a  fait  de  remarquables  progrès  dans 
le  dix -neuvième  siècle,  particulièrement  en  France.  Une  biographie 
générale  n'aurait  plus  la  moindre  chance  de  succès  ,  si  elle  n'était 
qu'une  compilation.  Comme  dans  toutes  les  études  historiques,  les 
auteurs  de  bons  ouvrages  de  ce  genre  ont  reconnu  la  nécessité  de 
remonter  aux  sources,  de  comparer  les  autorités,  d'en  discuter  la 
valeur,  au  lieu  d'accepter  simplement  les  faits  transmis  par  la  tra- 
dition. 

C'est  un  long  et  rude  travail,  lorsqu'on  veut  le  fairebien.  Les  dif- 
ficultés se  multiplient  à  mesure  que  le  cadre  s'élargit.  Dans  une 
monographie,  les  erreurs  sont  moins  excusables  que  dans  un  recueil 
biographique  qui  embrasse  toute  une  époque,  tout  un  pays,  ou 
toute  une  catégorie  de  savants,  de  littérateurs  ou  d'artistes.  L'im- 
possibilité d'éviter  la  multiplicité  des  erreurs  dans  une  biographie 
générale  qui  serait  faite  par  un  seul  homme  a  déterminé  les  édi- 
teurs d'ouvrages  de  ce  genre  à  partager  le  travail  entre  un  certain 
nombre  de  rédacteurs ,  à  raison  de  la  spécialité  de  leurs  connais- 
sances. Des  recueils  estimables,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  à  l'abri  de 
tout  reproche ,  ont  été  le  produit  de  cette  méthode  ;  mais  il  serait 
difficile  que  la  collaboration  aboutît  heureusement  dans  une  bio- 
graphie collective  d'artistes  qui  ont  cultivé  le  même  art,  particuliè- 
rement la  musique,  laquelle  fait  naître  une  si  grande  diversité  de 
goûts,  d'opinions  et  de  doctrines.  11  est  hors  de  doute  que  l'unité  de 
vues  est  indispensable  dans  un  ouvrage  de  cette  nature  :  pour  qu'elle 
y  fût,  j'ai  dû  entreprendre  seul  la  tâche  immense  qui  m'était  pré- 
sentée. Il  en  est  résulté  des  avantages  évidents,  mais  aussi  de  graves 
inconvénients  ;  car,  lorsqu'il  s'agit  de  faits,  un  seul  homme  ne  peut 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xix 

tout  savoir,  quelque  soin  qu'il  prenne  de  s'informer,  ei  de  quelque 
résolution  qu'il  soit  animé. 

Le  travail  auquel  je  me  suis  livré  pour  la  composition  et  pour 
l'amélioration  de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  a  été  d'au- 
tant plus  considérable,  que  je  me  suis  imposé  la  tâche  de  rendre 
cet  ouvrage  aussi  exact,  aussi  complet  qu'il  m'a  été  possible,  en  ce 
qui  concerne  les  renseignements  bibliographiques.  Quelques-uns 
de  mes  lecteurs  penseront  peut-être  que  j'ai  poussé  trop  loin  cette 
recherche  ;  d'autres  me  reprocheront,  au  contraire,  de  n'avoir  pas 
fait  assez;  car  tout  le  monde  ne  cherche  pas  les  mêmes  choses  dans 
un  livre.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  considère  la  bibliographie  comme 
digne  de  beaucoup  d'intérêt  pour  l'histoire  de  l'art  et  de  la  science. 
Pour  de  certains  travaux,  elle  est  une  nécessité.  Je  n'ai  donc  pas  dû 
négliger  ce  qui  pouvait  rendre  meilleure  cette  partie  de  mon  livre. 
En  dépit  de  ma  patience  et  de  mes  soins,  j'ai  bien  peur  qu'elle  ne 
soit  encore  imparfaite  ;  car  il  est  des  faits  dans  la  science  des  livres 
qui  ne  sont  indiqués  nulle  part,  et  que  le  hasard  seul  fait  découvrir. 

Si  l'on  compare  la  deuxième  édition  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens  avec  la  première,  on  la  trouvera  immensément  augmentée 
dans  la  nomenclature  des  artistes,  et  l'on  verra  que  la  plupart  des 
articles  anciens  ont  été  remaniés,  complétés,  purgés  des  erreurs  de 
faits  et  de  dates  qui  s'y  étaient  glissées;  enfin,  que  beaucoup  d'autres 
ont  été  refaits  en  entier,  d'après  de  meilleurs  documents.  De  longs 
voyages  entrepris  à  diverses  époques,  dans  l'espace  de  vingt  ans, 
en  Allemagne,  en  Italie,  en  Angleterre  et  en  France,  m'ont  fait  re- 
cueillir de  précieux  matériaux  dans  les  grandes  bibliothèques ,  ainsi 
que  beaucoup  d'ouvrages  rares.  Plusieurs  hommes  de  haut  mérite  et 
des  amis  dévoués  m'ont  aidé  dans  mes  recherches  et  m'ont  fourni 
des  indications  nombreuses  pour  le  perfectionnement  de  mon  livre. 
Ma  reconnaissance  doit  signaler  en  particulier  Dehn ,  érudit  conser- 
vateur de  la  riche  collection  d'œuvres  musicales  de  la  bibliothèque 
royale  de  Berlin  ,  qu'une  mort  prématurée  vient  d'enlever  à  sa  fa- 
mille, à  ses  amis,  au  monde  musical,  et  dont  l'inépuisable  obli- 
geance a  été  pour  moi  un  véritable  trésor;  M.  Gaspari,  de  Bo- 
logne, bibliographe  exact,  consciencieux,  et  musicien  fort  instruit; 
Auguste  Gathy,  au  cœur  noble  et  pur,  également  frappé  par  la  mort 

b. 


XX  PREFACE 

depuis  peu ,  et  qui,  animé  du  sentiment  le  plus  généreux,  a  puisé 
dans  les  matériaux  de  la  nouvelle  édition  qu'il  préparait  de  son 
Lexique  musical  delà  Conversation,  et  les  a  mis  à  ma  disposition,  par- 
ticulièrement sur  ce  qui  concerne  les  artistes  allemands  de  l'époque 
actuelle  ;  M.  Danjou,  mon  digne  ami  et  ancien  collaborateur,  à  qui  je 
suis  redevable  de  notes  pleines  d'intérêt  sur  des  manuscrits  peu  ou 
point  connus  que  renferment  les  bibliothèques  de  Florence,  de  Rome 
et  d'autres  villes  d'Italie  ;  M.  Gachard,  membre  de  l'Académie  royale 
de  Belgique  et  conservateur  des  archives  générales  du  royaume , 
ainsi  que  M.  Pinchart,  laborieux  et  exact  employé  des  mômes  ar- 
chives; M.  Léon  de  Barbure,  amateur  de  musique  et  littérateur 
distingué ,  qui  m'ont  fait  connaître  des  documents  authentiques 
inconnus  jusqu'à  ce  jour,  lesquels  jettent  une  vive  lumière  sur  les 
origines  de  l'ancienne  école  des  musiciens  belges  et  néerlandais  ; 
M.  de  Beauchesne ,  secrétaire  du  Conservatoire  impérial  de  musique 
de  Paris,  dont  l'obligeance  ne  se  lasse  point  à  fouiller  dans  les  re- 
gistres de  cette  école ,  pour  me  fournir  des  faits  et  des  dates  sur  les 
artistes  qui  y  ont  reçu  leur  éducation  nmsicale  ;  enfin  M.  Théodore 
Parmentier,  officier  supérieur  du  génie  de  la  plus  grande  distinction, 
amateur  de  musique  fort  instruit  et  compositeur,  qui  a  bien  voulu 
relire  mon  ouvrage  mot  à  mot  pour  m'en  signaler  les  erreurs  de 
détails ,  et  pour  relever  toutes  les  fautes  typographiques.  Je  les  prie 
de  recevoir  ici  l'expression  de  ma  sincère  gratitude. 

La  critique  de  certains  écrits,  ainsi  que  celle  des  journaux  pu- 
bliés en  divers  pays ,  m'a  été  fort  utile ,  bien  qu'elle  n'ait  pas  été 
toujours  bienveillante  et  qu'elle  se  soit  quelquefois  fourvoyée;  car 
la  vérité,  lorsqu'elle  se  fait  jour,  est  bonne  à  prendre  partout.  Cette 
critique  s'attache  parfois  à  des  minuties  auxquelles  j'avoue  que  j'ac- 
corde assez  peu  d'importance.  Personne  plus  que  moi  n'a  le  désir 
d'être  exact  dans  les  faits,  car  c'est  un  devoir  de  l'être  autant  qu'on 
le  peut;  mais,  enfin,  si  je  me  trompe  sur  une  date  ,  si  je  dis  André 
pour  Miclwl,  ou  Michel  pour  Ajidré;  si  ma  mémoire,  qui  me  servait 
si  bien  autrefois  et  qui  maintenant  m'abandonne,  me  trahit  sur 
quelque  circonstance  peu  importante,  je  confesse  que  je  ne  suis 
nullement  disposé  à  m'en  désespérer.  Ce  n'est  pas  dans  de  pareilles 
choses  que  consiste  la  valeur  de  mon  œuvre  :  je  la  place  plus  haut. 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxj 

J'abandonne  donc  volontiers  à  mes  aristarques  de  détails  le  plaisir 
de  me  donner  sur  les  doigts  dans  ces  occasions.  Mais,  si  je  me  suis 
montré  facile  sur  ce  qui  me  concernait  personnellement  dans  les 
attaques  dirigées  contre  mon  livre;  si  depuis  longtemps  je  garde  le 
silence;  si  j'ai  évité  avec  soin  toute  polémique  à  ce  sujet,  il  ne  faut 
pas  qu'on  se  persuade  que  j'aie  accepté  comme  fondées  des  criti- 
ques de  faits  historiques  contre  lesquels  on  n'a  opposé  que  des  sup- 
positions gratuites  ou  des  textes  mal  compris.  J'ai  attendu  seule- 
ment avec  patience  que  le  moment  fût  venu  de  faire  triompher, 
non  ma  cause  personnelle,  qui  est  de  peu  d'intérêt,  mais  celle  de 
la  vérité,  que  personne  n'a  le  droit  d'abandonner.  Or,  les  faits  dont 
il  s'agit  appartiennent  à  l'histoire  de  la  musique ,  et  c'est-là  seule- 
ment qu'ils  peuvent  être  discutés  avec  les  développements  néces- 
saires. La  biographie  de  certains  hommes  éminents  s'y  trouve 
intimement  liée  par  la  part  qu'ils  y  ont  prise;  mais  les  limites 
d'une  notice  biographique,  qui  n'est  point  une  monographie,  ne 
permettent  pas  ces  développements  :  les  faits  ne  peuvent  donc  y 
être  présentés  qu'avec  brièveté.  J'attendrai  le  moment  où  la  pu- 
blication de  mon  Histoire  générale  de  la  Musique  me  permettra  de 
dissiper  les  ténèbres  et  de  mettre  la  vérité  dans  tout  son  jour.  Tou- 
tefois, il  me  paraît  nécessaire  de  faire  voir,  par  deux  exemples,  les 
difficultés  qu'on  m'a  faites,  et  de  constater  les  erreurs  de  mes  ad- 
versaires. C'est  ce  que  je  vais  faire  avec  autant  de  rapidité  que  je 
pourrai. 

On  sait  que  l'histoire  de  l'art  n'a  pas  de  nom  plus  célèbre ,  plus 
populaire  que  celui  de  Guido,  ou  Gui  d'Arezzo.  Huit  siècles  ont  con- 
sacré sa  gloire  universelle.  Les  manuscrits  des  ouvrages  de  ce  moine 
sont  répandus  et  multipliés  dans  toutes  les  grandes  bibliothèques 
de  l'Europe ,  et  depuis  soixante-quinze  ans  ceux  qui  lui  appartien- 
nent, ainsi  que  d'autres  qu'on  lui  attribue  ,  ont  été  publiés  dans  la 
collection  des  auteurs  ecclésiastiques  sur  la  musique  dont  le  prince- 
abbé  Gdrbert  est  éditeur  (1).  Rien  de  plus  facile  donc  que  de  savoir, 
par  les  paroles  mêmes  de  Guido,  ce  qu'il  a  fait  pour  mériter  une  si 
grande  renommée:  il  semble  qu'il  ne  s'agisse  que  de  lire  et  de 

'    (1)  Scr/piares  ecclesiastici  de  Musiea  sacra  potissimum,  1784,  3  vol.  m-4"'. 


XX  ij  PRÉFACE 

comprendre;  mais,  soit  que  la  paresse  humaine  s'accommode  mieux 
de  traditions  vulgaires  que  du  soin  d'en  vérifier  la  valeur;  soit  que 
comprendre  ne  soit  donné  qu'à  peu  d'intelligences,  on  se  plait  à  répé- 
ter de  vieilles  erreurs  sur  les  résultats  des  travaux  du  célèbre  bé- 
nédictin ;  erreurs  presque  aussi  anciennes  que  lui,  et  que  le  chroni- 
queur Sigebert  de  Gemblours  propageait  dès  le  commencement  du 
douzième  siècle. 

Si  l'on  en  croit  les  traditions,  Guido  ne  serait  pas  moins  que  l'in- 
venteur de  la  gamme,  dont  il  aurait  pris  le  nom  du  gamma  grec  em- 
ployé pour  représenter  la  note  la  plus  grave  de  l'échelle  des  sons. 
Il  serait  Fauteur  des  noms  des  six  premières  notes  de  cette  gamme, 
ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la,  qui  sont  encore  en  usage  en  France ,  en  Bel- 
gique et  dans  l'Europe  méridonale ,  et  les  aurait  tirés  de  la  pre- 
mière strophe  de  l'hymne  de  Saint-Jean  : 

UT  queant  Iaxis 
REsonare  fibris , 
Mira  gestorum 
FAmuli  tuorum, 
SOLve  poUuti 
LAbii  reatum, 
Sancte  Johaanes. 

Et,  comme  il  n'y  a  là  que  six  noms  de  notes,  il  aurait  réduit  l'échelle 
diatonique  à  six  sons,  c'est-à-dire  à  l'hexacorde,  et  aurait  imaginé 
le  système  monstrueux  de  solmisation  qui  fut  en  usage  depuis  le 
douzième  siècle  jusqu'au  commencement  du  dix-huitième  ;  système 
d'après  lequel  les  noms  des  signes  représentatifs  des  sons  changeaient 
à  chaque  instant  dans  un  même  chant,  et  qu'on  appelait,  à  cause  de 
cela,  système  des  muances.  De  plus,  comme  il  fallait  un  guide  au  mi- 
lieu de  ce  dédale,  Guido  aurait  inventé  la  main  musicale,  méthode 
à  l'aide  de  laquelle  on  retrouvait  les  noms  de  l'échelle  générale 
des  sons,  au  nombre  de  dix-neuf,  sur  les  articulations  des  doigts  de 
la  main  gauche,  suivant  un  certain  ordre  de  classement.  Savoir  sa 
main  fut  la  science  première  de  tout  musicien ,  depuis  le  moyen 
Age  jusqu'à  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 

Suivant  la  tradition ,  les  innovations  de  Guido  ne  se  seraient  pas 
bornées  à  ces  choses  :  il  aurait  inventé  la  notation  du  plain-chant 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  •  xxiij 

maintenant  en  usage ,  et  que  beaucoup  d'écrivains  désignent  en- 
core sous  le  nom  de  notation  guidonienne;  on  lui  devrait  l'existence 
du  contrepoint  j  du  monocorde,  du  clavecin  et  de  plusieurs  autres 
instruments.  La  plupart  de  ces  erreurs  ont  été  répétées  par  Mersenne, 
par  Kircher,  dans  leurs  volumineuses  encyclopédies  de  musique , 
par  Brossard  et  par  Jean-Jacques  Rousseau ,  dans  leurs  dictionnaires, 
ainsi  que  par  Angeloni ,  dans  sa  Monographie  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  Guido  d'Arezzo. 

Dans  l'article  de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  sur  cet 
homme  célèbre ,  j'ai  démontré,  par  des  passages  extraits  de  ses  ou- 
vrages, ainsi  que  par  son  silence  sur  ce  qui  lui  est  attribué,  que  rien 
de  tout  cela  ne  lui  appartient.  S'il  indique  le  chant  de  l'hymne  de 
Saint-Jean ,  c'est  comme  un  exemple,  pour  atteindre  le  but  qu'il  se 
propose.  Il  écrit  à  un  moine  de  ses  amis,  et  lui  explique  sa  méthode 
pour  enseigner  à  retenir  les  sons  qui  correspondent  aux  signes  de  la 
notation.  «  Si  vous  voulez,  dit-il,  fixer  dans  votre  mémoire  un  son  ou 
«  une  note,  de  manière  à  pouvoir  l'entonner  quand  vous  voudrez, 
«  en  quelque  chant  que  ce  soit ,  que  vous  le  sachiez,  ou  que  vous 
«  l'ignoriez  ,  choisissez  une  phrase  mélodique  qui  vous  soit  fami- 
«  lière  ,  et  au  commencement  de  laquelle  se  trouve  ce  son  ou  cette 
«  note  ;  lorsque  vous  voudrez  vous  souvenir  de  celle-ci ,  vous  aurez 
((  recours  à  cette  mélodie.  Soit,  par  exemple  ,  ce  chant  dont  je  me 
«  sers  pour  les  enfants  qui  commencent  comme  pour  ceux  qui  sont 
«  plus  avancés  (1).  » 

On  voit  avec  évidence,  dans  ce  passage,  que  Guido  ne  veut  ensei- 
gner qu'un  procédé  de  mnémonique  pour  fixer  dans  la  mémoire  les 
intonations  correspondantes  aux  signes.  L'exemple  qu'il  donne  est 
choisi  avec  intelligence ,  parce  que  le  chant  s'élève  d'un  degré  à 
chaque  hémistiche,  de  telle  sorte  que  par  le  moyen  d'une  seule  mé- 
lodie, six  sons  différents  pouvaient  être  fixés  dans  la  mémoire.  Mais 

(1)  Si  quam  ergo  vocem  vcl  neumam  vis  ita  memoriae  coramendare,  ut  ubicum- 
que  velis,  in  quocumque  cantu,  quem  scias,  vel  nescias,  tibi  mox  illum  indubitante 
possis  enuntiare,  debes  ipsam  vocem  vel  neumam  in  capite  alicujus  notissimœ  sym- 
pboniae  notar€,  et  pro  unaquaque  voce  memoriae  retiuenda  bujusmodi  syniphoniam 
in  promptu  habere,  quae  ab  eadem  vocem  incipiat  :  utpote  sit  hsec  symphonia,  qua 
ego  docendis  pueris  imprimis  atque  etiam  in  ullimis  utor. 


xxiv  PRÉFACE 

les  vues  de  Guido  n'allaient  point  au  delà.  Il  est  si  vrai  qu'il  n'en- 
seignait pas  une  nomenclature  de  notes  dans  son  école,  que  Jean 
Cotton,  premier  commentateur  de  Guido,  et  qui  écrivait  dans  les 
dernières  années  du  onzième  siècle ,  ou  au  commencement  du  dou- 
zième dit  on  ces  termes  précis,  dans  le  premier  chapitre  de  son  traité 
de  musique  :  «  Les  Anglais,  les  Français  et  les  Allemands  se  servent 
«  de  ces  six  syllabes  ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la;  mais  les  Italiens  en  ont 
«  d'autres  (1).  »  Or  c'est  en  Italie  que  Guido  enseignait. 

Il  n'a  pas  plus  imaginé  l'hexacorde  que  la  méthode  des  muances, 
dont  il  ne  dit  pas  un  mot.  Il  y  a  à  ce  sujet  quelque  chose  de  plus 
qu'une  preuve  négative  ;  car  il  dit  d'une  manière  formelle  :  «  Comme 
«  il  y  a  vingt-quatre  lettres  dans  toute  écriture,  de  môme,  nous  avons 
«  aussi  sept  sons  dans  toute  espèce  de  chant;  car  ainsi  qu'il  y  a  sept 
«  jours  dans  la  semaine,  de  même  il  y  a  sept  sons  dans  la  musi- 
«  que  (2).  ))  11  n'est  pas  davantage  l'auteur  de  la  main  musicale, 
car  il  n'y  a  pas  un  mot  qui  concerne  cette  méthode  dans  un  seul  de 
ses  ouvrages. 

Il  n'a  pas  donné  le  nom  de  gamme  à  l'échelle  diatonique  des  sons  ; 
car  ce  mot  ne  se  trouve  pas  une  seule  fois  dans  ses  écrits.  Il  donne  à 
cette  ccnelle  le  nom  de  monocorde,  parce  que  ses  degrés  sont  mar- 
qués sur  la  table  de  cet  instrument.  Enfin,  il  ne  s'attribue  pas  l'ad- 
jonction du  gamma  grec  aux  lettres  romaines  pour  la  représenta- 
tion du  son  le  plus  grave  de  l'échelle  générale;  car  il  dit  lui-même 
que  ce  sont  les  modernes  (relativement  à  lui)  qui  ont  fait  cette  ad- 
jonction (3). 

Guido  n'a  point  inventé  la  notation  actuelle  du  plain-chant,  qu'il 
n'a  pas  plus  connue  que  ses  contemporains.  Il  n'a  pas  imaginé  da- 
vantage les  lignes  de  diverses  couleurs  pour  reconnaître  les  signes 
de  certains  sons  que  nous  appelons  ut  et  fa,  afin  d'avoir  des  points 
de  repère  pour  les  autres  signes  :  il  en  parle  comme   de  choses  con- 

(1)  Verum  Angli,  Francigense,  Alemanai  utuatur  his  vf,  re,  mi,  fa,  sol,  la;  Itali 
autem  alias  habent. 

(2)  Sicut  m  omni  scriptura  XX  et  IIII  litteras,  ita  in  omni  cantu  septem  tantum 
habemus  voces.  Nam  sicut  septem  dies  in  hebdooiada,  ita  septem  sunt  voces  in 
musica.  (V.  Gerb.  II,  p.  46.) 

C3)  In  primis  ponatur  F  grœcum  a  modernis  adjunctum. 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxv 

nues,  et  ne  s'en  attribue  pas  le  mérite.  D'ailleurs  il  existe  des  manus- 
crits ou  des  fragments  du  dixième  siècle  où  ces  lignes  se  trouvent  (1). 
Ce  qui  appartient  réellement  à  Guido ,  c'est  d'avoir  complété  la 
portée  de  quatre  lignes,  non  pour  la  notation  actuelle  du  plain- 
chant ,  qui  lui  est  postérieure ,  mais  pour  fixer  la  position  des  signes 
compliqués  de  la  notation  du  moyen  âge,  appelée  communément 
neumatique:  parce  que  ces  signes,  souvent  mal  formés  et  disposés 
d'une  manière  irrégulière,  jetaient  les  chantres  dans  l'incertitude 
pour  les  intonations.  Au  surplus  ,  Guido  ,  qui  a  expliqua  en  termes 
très-précis  l'objet  du  perfectionnement  qu'il  avait  voulu  introduire 
dans  cette  notation  ,  ne  nous  laisse  pas  ignorer  qu'il  préfère  les  sept 
lettres  de  saint  Grégoire.  «  Nous  avons  trouvé  plus  avantageux,  dit- 
«  il ,  de  noter  avec  des  lettres  seules  ;  car  elles  sont  ce  qu'il  y  a  de 
«  plus  facile  pour  apprendre  le  chant,  si  l'on  s'en  sert  avec  assiduité 
«  l'espace  de  trois  mois.  Les  neumes  sont  en  usage  parce  qu'ils 
«  abrègent  :  s'ils  sont  faits  avec  soin,  on  les  considère  comme  des 
«  lettres,  lorsque  celles-ci  sont  disposées  de  cette  manière,  etc.  (2).  yy 
Ce  raisonnement  est  très-juste;  car  les  neumes,  lorsqu'ils  n'étaient 
pas  de  simples  points,  étaient  des  signes  collectifs  de  plusieurs  sons 
qui  abrégeaient  les  notations;  mais  les  lettres  avaient  sur  eux  l'a- 
vantage de  la  clarté  et  de  la  précision. 

A  l'égard  de  l'invention  du  contrepoint  attribuée  à  Guido,  il  est 
hors  de  doute  qu'on'  ne  trouve  dans  ses  écrits  d'autre  trace  d'har- 
monie que  la  diaphonie,  c'est-à-dire  les  successions  non  interrom- 
pues de  quartes  et  d'octaves  dont  Hucbald  de  Saint-Amand  avait 
donné  des  règles  et  des  exemples  plus  d'un  siècle  avant  lui. 

Le  monocorde,  dont  on  lui  a  fait  également  honneur,  se  trouve 
dans  les  traités  de  musique  de  Ptolémée  et  de  Boëce,  qui  datent  de 
plusieurs  siècles  avant  sa  naissance.  Le  jésuite  Kircher  a  voulu  aussi 

(1)  Martiui,  Storia  délia  Musica,  t.  1,  p.  184. 

(2)  Solis  lUteris  notare  optimum  probavi mus 
Quihus  ad  discendum  cantum  nihil  est  facilius, 
Si  assidue  utuntur  saltem  tribus  mensibus. 
Causa  veio  breviandi  neumae  soient  fieri, 
Quse  si  curiosœ  fiant,  habentur  pro  litteris, 

".  .  '  Hoc  si  modo  disponautur  litterae  cum  lineis. 


xxvj  PRÉFACE 

qu'il  fût  inventeur  du  clavecin  et  de  l'épinette;  cela  est  trop  ridicule 
pour  avoir  besoin  d'être  réfuté. 

Après  avoir  mis  au  néant,  par  une  discussion  dont  on  vient  de 
voir  l'aperçu ,  toutes  les  fables  débitées  sur  les  inventions  préten- 
dues de  Guido ,  j'ai  supposé,  dans  l'article  de  la  biographie,  qu'on 
me  ferait  cette  question  :  k  Si  Guido  n'est  l'auteur  d'aucune  des  in- 
«  novations  qui  lui  sont  attribuées  et  que  vous  lui  refusez ,  que  lui 
«  reste-t-il  donc,  et  sur  quelles  bases  s'est  établie  sa  renommée  de- 
ce  puis  plus  de  huit  cents  ans?  »  J'ai  répondu  alors,  et  je  répète 
aujourd'hui  que  j'accorde  à  ce  digne  prêtre  ce  qui  lui  appartient 
et  ce  que  lui-même  réclame,  à  savoir  :  une  méthode  par  laquelle  il 
enseignait  aux  enfants  en  quelques  mois  ce  que  les  chantres  de  son 
temps  ne  parvenaient  pas  à  apprendre  en  dix  ans;  c'est-à-dire  a 
trouver  immédiatement  l'intonation  représentée  par  un  signe  quel- 
conque de  la  notation,  à  l'aide  d'un  procédé  de  mnémonique,  et 
d'un  monocorde  pour  les  commençants.  De  plus,  il  a  complété  le 
moyen  imaginé  avant  lui  de  donner  une  signification  déterminée 
aux  signes  de  la  notation  neumatique.  C'étaient  là  des  services  au 
temps  oùil  vivait;  car  les  instruments  étaient  rares  alors,  et  l'on  ne 
connaissait  pas  le  diapason  ou  le  son  modèle.  La  tradition  et  la  mé- 
moire pouvaient  seules  venir  en  aide  pour  fixer  les  intonations. 

Qui  croirait  qu'une  discussion  si  approfondie  et  si  lumineuse  ait 
pu  être  l'objet  d'une  critique  qui  s'exprime  en  ces  termes  :  «  Qui 
«  ne  sera  étonné  après  cela  de  lire  dans  la  Biographie  des  Musiciens 
«  par  M,  Fétis  (t.  IV,  p.  458,  2.  col.)  les  paroles  suivantes  : 

«  Ce  que  j'ai  rapporté  démontre  qu'aucune  notation  n''a  été  consi- 
«  dérée,  spécialement  jusqu'au  seizième  siècle,  comme  une' invention  de 
«  Guido;  et  que  pour  l'enseignement  du plain-chant,  l'usage  des  an- 
«  ciennes  lettres  grégoriennes  s'était  conservé  même  jusqu'à  cette 
«  époque. 

a  II  faut ,  ou  que  M.  Fétis  n'ait  jamais  lu  les  écrits  de  Gui,  ou 
a  qu'il  compte  extraordinairement  sur  ses  lecteurs  pour  avancer  de 
«  telles  propositions  (l).  « 

Le  P.  Lambillotte,  jésuite,  qui  m'adresse  ces  paroles,  ne  s'aperçoit 

(1)  Esthétique  ou  théorie  du  chant  grégorien,  par  le  P.  Lambillotte,  p.  2i  4. 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxvij 

pas  qu'il  tombe  dans  l'absurde;  car  il  vient  d'écrire  à  la  page  pré- 
cédente (213)  :  «  De  plus ,  il  est  constant ,  d'après  les  paroles  mêmes 
«  de  notre  auteur  (  Guidod'Arezzo),  que  les  caractères  dont  il  se 
c(  servit  pour  le  chant  dans  ces  lignes  étaient  les  anciens  neumes.  » 
Puis  il  cite  le  premier  vers  :  Solis  litleris  notare,  etc.  ;  mais  il  sup- 
prime les  deux  autres,  qui  auraient  démontré  trop  évidemment  ce 
que  j'avais  avancé  sur  la  conservation  des  lettres  grégoriennes  pour 
l'enseignement  du  chant  ecclésiastique. 

11  est  à  remarquer  que  le  P.  Lambillotte  a  traduit  dans  son  livre  le 
micrologue  de  Guido ,  sa  lettre  au  moine  Michel ,  et  quelques  frag- 
ments d'autres  opuscules;  qu'il  est  résulté  de  ses  traductions,  pour 
les  moins  lettrés,  que  le  moine  d'Arezzo  n'est  l'auteur  ni  de  la 
nomenclature  des  degrés  de  la  gamme,  ni  des  hexacordes,  ni  de  la. 
méthode  des  muances ,  ni  de  la  main  musicale ,  ni  de  l'invention 
du  contrepoint;  ce  que  j'avais  démontré  dix-huit  ans  auparavant. 
Cependant  il  termine  par  cette  sortie  contre  ma  démonstration  •: 

«  Nous  trouvons  bien  étrange,  qu'il  nous  soit  permis  de  le 

«  dire  en  passant,  qu'un  homme,  quel  qu'il  soit,  aussi  savant  que 
«  possible,  jette  publiquement  un  blâme  à  une  série  de  siècles  qui 
«  ont  vu  briller  tant  de  génies  dans  tous  les  genres,  et  qu'il  ose  dire 
«  à  tant  d'hommes  qui  se  sont  occupés  de  la  chose  en  question , 
«  qu'ils  n'ont  pas  compris  ce  qu'a  fait  Gui  d'Arezzo  en  réalité.  Du 
«  reste  ,  la  lecture  des  lettres  de  Gui  et  ses  œuvres ,  que  nous  venons 
<(  de  mettre  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs,  leur  apprendra  assez  que 
«  l'article  de  la  Biographie  de  M.  Fétis  fait  peu  d'honneur  à  ce  grand 
«  musicographe.  « 

Cette  conclusion  du  vénérable  prêtre,  à  qui  Dieu  fasse  paix,  me 
rappelle  une  anecdote  que  voici  :  Mozart ,  visitant  une  abbaye  d'Al- 
lemagne, fut  conduit  dans  l'église  parle  prieur.  L'un  des  pères 
joua  de  l'orgue.  Quand  il  eut  fini  de  préluder,  le  prieur  demanda 
à  l'illustre  compositeur  ce  qu'il  pensait  du  talent  du  moine ,  et 
ajouta  immédiatement  :  Cest  un  homme  excellent  et  d'une  simplicilé 
migélique.  —  Four  sa  simplicité  ,  réi^ondii  Mozart,  je  ne  la  mets 
pas  en  cloute^  car  sa  main  gauche  ne  se  doute  pas  de  ce  que  fait  sa 
droite. 

Le  deuxième  exemple ,  que  je  choisis  dans  les  critiques  dont  mes 


xxviij  PRÉFACE 

assertions  et  mes  idées  sur  certains  points  de  l'histoire  de  la  musique 
ont  été  les  objets,  est  celui-ci  : 

Marchetto,  dit  de  Padoue,  à  cause  du  lieu  de  sa  naissance,  fut  le 
musicien  le  plus  singulier  du  treizième  siècle.  Auteur  de  deux  traités 
de  musique,  dont  un,  daté  de  1274,  a  pour  titre  :  Lucidarium  in  arle 
musicœ  planœ,  c'est-à-dire,  en  latin  du  moyen  âge,  La  lumière  (  por- 
tée )  dans  l'art  du  plain-chant,  il  présente  dans  celui-ci  des  passages 
d'harmonie  dont  voici  quelques-uns  : 


N"  1. 


Dessus.    J   ut,  ut  dièse,  ré. 

1  fa,  fa  dièse,  sol. 

sol,  sol  dièse,  la. 

Basse.     (  fa,  mi,           ré.       fa,  ré,            ut. 

sol,  mi,           ré. 

N"  2. 

Dessus.       l'é,  ut  dièse,  ut. 
Basse.     '   ré,  mi,          fa. 

sol,  fa  dièse,  fa. 

si,    la,  ut. 

ut,  ré,            fa. 

sol,  la,  la  bémol. 

NO3. 

Dessus,  j  la,  si  bémol,  si,  ut. 

ut,  si,  si  bémol,  la.  ] 

ré,  ut,  ut  bémol.  [|  ut  bémol,  ut,  ré.  \ 

Basse,    j  la,  sol,         mi,  ut. 

ut,  mi, 

sol,       ,  la. 

ré,  mi, 

fa.           \fa,            mi,  ré. 

Ces  successions,  si  insolites,  si  étranges,  non-seulement  à  l'époque 
où  Marchetto  écrivait,  mais  inconnues  longtemps  après  lui ,  m'ont 
fait  dire,  dans  la  notice  qui  concerne  cet  écrivain  :  «  Le  Lucidaire  est 
«  surtout  remarquable  par  les  exemples  d'harmonie  chromatique 
«  qu'il  présente  dans  les  deuxième,  cinquième  et  huitième  traités 
«  renfermés  dans  cet  ouvrage.  Les  successions  harmoniques  qu'of- 
«  frent  ces  exemples  sont  des  hardiesses  prodigieuses  pour  le  temps 
c(  où  elles  ont  été  imaginées.  Elles  semblaient  devoir  créer  immé- 
a  diateraent  une  tonalité  nouvelle;  mais,  trop  prématurées,  elles  ne 
a  furent  pas  comprises  par  les  musiciens,  et  restèrent  sans  signiîi- 
«  cation  jusqu'à  la  fin  du  seizième  siècle.  »  Qu'a-t-on  objecté 
contre  ces  paroles,  qui  sont  l'expression  d'une  vérité  de  toute  évi- 
dence pour  qui  a  étudié  d'une  manière  sérieuse  les  monuments  des 
tonalités  et  de  l'harmonie,  non  en  archéologue,  mais  en  musicien 
qui  s'attache  moins  aux  mots  qu'à  la  nature  des  choses?  Ce  qu'en 
a  objecté  ,  le  voici  : 

«  Si  M.  Fétis  a  supérieurement  caractérisé  la  tonalité  moderne, 
«  qui  est  notre  élément  musical,  ses  travaux  ne  sont  pas  aussi  satis- 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxix 

«  faisants  en  ce  qui  concerne  la  tonalité  du  chant  de  l'église.  C'est 
«  du  moins  mon  opinion  ;  et  l'on  verra  bientôt  à  quel  point  elle  est 
«  fondée. 

«  Quand  on  traite  de  la  tonalité  du  plain-chant,  on  enseigne 
«  toujours  qu'elle  est  purement  diatoniqiie;  qu'elle  est  dépouillée 
a  du  caractère  attractif  du  quatrième  degré  et  de  la  note  sensible  ; 
«  que  la  seule  altération  permise  en  cette  tonalité  ne  peut  affecter 
«  que  la  note  si ,  par  le  moyen  du  bémol  et  du  bécarre;  enfin,  que 
«  l'emploi  du  dièse  y  est  formellement  interdit,  selon  les  uns  ,  et 
«  quelquefois  toléré ,  selon  les  autres,  soit  pour  éviter  la  relation  di- 
«  recte  du  triton  ou  de  la  fausse  quinte ,  soit  par  euphonie  dans  les 
«  cadences. 

«  On  ignore  que  la  tonalité  du  plain-chant  ne  repose  pas  toute 
«  entière  dans  la  tonalité  grégorienne.  Celle-ci  n'en  est  qu'une  par- 
«  tie ,  considérable  sans  doute ,  mais  qui  ne  constitue  pas  à  elle 
«  seule  la  liturgie  musicale  (1).  » 

J'écarte  ce  qui  suit  immédiatement ,  parce  que  mon  critique  a 
pour  habitude  de  se  jeter  dans  des  excursions  qui  font  perdre  de 
vue  la  chose  dont  il  s'agit,  et  je  viens  au  passage  sur  lequel  il  fait 
reposer  la  discussion.  Le  voici  : 

«   Ce  dont  personne  ne  se  doutait ,  c'est  que  saint  Grégoire  et 

«  saint  Ambroise ,  bien  qu'inspirés  tous  deux  par  les  théories  grec- 
ce  ques ,  n'ont  cependant  pas  suivi  la  même  route.  Le  premier  a 
«  choisi  le  genre  diatonique ,  le  plus  sévère  et  le  plus  grave  des 
«  trois  genres  de  musique  des  anciens  Hellènes  ;  l'autre  a  préféré  le 
«  genre  chromatique,  plus  doux,  plus  élégant,  plus  simple;  l'un  a 
«  songé  aux  barbares  du  Nord  ,  au  peuple,  aux  masses;  l'autre  a 
«  voulu  plaire  aux  oreilles  délicates  des  Romains  (2).  » 

Arrêtons-nous  un  moment  pour  faire  remarquer  une  méprise 
singulière  de  mon  critique,  M.  Nisard  :  Ambroise,  Gaulois  d'ori- 
gine, n'eut  point  de  rapports  avec  Rome,  partagée  à  cette  époque 
entre  les  restes  du  paganisme  et  l'arianisme.  11  n'était  pas  homme 
à  vouloir  plaire  à  des  oreilles  quelconques  ;  et,  si  quelqu'un  travailla 

(1)  Études  sur  la  restauration  du  chant  grégorien  au  XIX''  siècle,  par  Théo- 
dore Nisard,  p.  15. 

(2)  Ibid. 


XXX  PRÉFACE 

pour  le  peuple ,  pour  les  masses,  dans  les  objets  du  culte  ,  dans  le 
chant  particulièrement,  ce  fut  lui.  Il  suffit  de  lire  les  Confessions 
de  saint  Augustin  pour  en  être  convaincu.  A  l'égard  de  saint  Gré- 
goire, pourquoi  aurait-il  eu  en  vue  les  barbares  du  Nord,  qui  n'oc- 
cupaient que  l'Italie  centrale  et  la  Lombardie ,  et  qui  ne  pénétrèrent 
pointa  Rome  sous  son  pontificat? 

Mon  critique  poursuit  sa  thèse  en  citant  ce  passage  extrait  d'un 
traité  de  musique  attribué  à  saint  Odon ,  abbé  de  Cluny  (1) ,  qui 
gouverna  ce  monastère  célèbre  depuis  927  jusqu'en  942  :  «  Il 
«  y  a  des  genres  de  musique  dont  les  intervalles  ne  se  mesurent  pas 
«  sur  le  monocorde  de  la  même  manière  que  ceux  du  diatonique  ; 
«  mais  nous  ne  parlons  ici  que  de  ce  dernier  genre,  parce  qu'il 
«  est  le  plus  parfait ,  le  plus  naturel  et  le  plus  suave,  d'après  le 

«  témoignage  des  saints  et  des  musiciens  les  plus  instruits Il  y 

«  a  une  chose  certaine,  c'est  que  l'emploi  du  genre  diatonique , 
«  adopté  par  saint  Grégoire,  repose  sur  la  double  autorité  de  la 
«  science  humaine  et  de  la  révélation  divine.  Les  mélodies  de  saint 
c(  Ambroise,  homme  très-versé  dans  l'art  musical ,  ne  s'écartent  de 
«  la  méthode  grégorienne  que  dans  les  endroits  où  la  voix  s'amol- 
«  lit  d'une  manière  lascive  et  dénature  la  rigidité  des  intervalles 
«  diatoniques  (2). 

M.  Nisard  cite  ensuite  un  passage  extrait  d'un  petit  traité  de  mu- 
sique par  Réginon,  abbé  du  Prum,  qui  fut  contemporain  d'Odon, 
abbé  de  Cluny.  Dans  ce  passage,  Réginon,  comme  la  plupart  des 
écrivains  du  moyen  âge,  divise  la  musique  artificielle  en  diatonique, 
chromatique  et  enharmonique;  il  ajoute  qu'on  entend  fréquemment 
des  exemples  du  genre  chromatique  dans  les  chœurs  de  musique 


(1)  Il  y  a  beaucoup  de  motifs  pour  ne  pas  reconnaître  saint  Odon  comme  l'auteur 
de  cet  ouvrage,  dont  il  n'existait  que  deux  manuscrits  avant  que  l'un  d'eux  eût  été 
détruit  dans  un  incendie.  Celui  qui  se  trouve  encore  à  la  Bibliothèque  de  Leipsick, 
l'attribue  à  Bernon,  et  le  passage  cité  par  M.  Nisard  ne  s'y  trouve  pas. 

(2)  La  traduction  serait  plus  exacte  si  M,  Nisard  disait  :  la  mélodie  de  saint /am- 
broise ne  s'écarte  pas  de  cette  règle,  si  ce  ii'est  dans  les  endroits  où  la  voix  la 
dénature  par  des  délicatesses  trop  lascives.  (Sancti  quoque  Ambrosii,  prudentis- 
simi  in  liac  arte,  symphonia  nequaquam  ab  hac  discordât  régula,  nisi  in  quihus- 
dam  nimium  delicatarum  vocum  pervertit  lascivia.  ) 


DE  LA  DEUXIEME  EDITION.  xxxj 

des  femmes,  et  qu'on  les  trouve  également  dans  l'hymne  Ut  queant 
Iaxis  (1). 

Après  ces  citations,  et  beaucoup  d'écarts  qui  font  oublier  ce  qui 
est  en  question  ,  le  critique  revient  au  sujet  de  la  discussion ,  et 
dit  :  «  Sans  doute,  la  tonalité  du  chant  grégorien  est  diatonique  : 
«  c'est  la  règle  ;  mais  en  connaît-on  toutes  les  exceptions  pratiques  ? 
«  A-t-on  contrôlé  sur  ce  point  fondamental  les  assertions  obscures, 
{(  embrouillées  ou  incomplètes  des  didacticiens  du  moyen  âge? 
«  Pourrait-on  dire  d'une  manière  précise  les  limites  de  l'influence 
«  réciproque  qu'ont  exercée  l'une  sur  l'autre  l'œuvre  de  saint  Gré- 
«  goire  et  l'œuvre  de  saint  Ambroise?  » 

On  voit  que  jusqu'ici  M.  Nisard  est  dans  l'incertitude  sur  la  ques- 
tion qu'il  a  soulevée;  mais  bientôt  nous  allons  le  voir  prendre 
un  ton  plus  décidé,  et  ne  plus  mettre  en  doute  l'existence  d'un  plain- 
chant  chromatique.  De  plus,  il  affirmera  également  que  l'harmo- 
nie chromatique  a  existé  de  tout  temps ,  et  il  écrira  cette  curieuse 
note  (2)  : 

«.  Dans  sa  Biographie  universelle  des  Musiciens  {d^vi,  Marchetto y 
«  t.  IV,  p.  269)  M.  Fétis  répète  la  même  opinion  (déjà  produite  au- 
B  paravant),  mais  en  des  termes  plus  inadmissibles  encore  ;  car  Mar- 
«  chetto  n'a  pas  eu  de  hardiesses  prodigieuses  en  fait  d'harrfionie  : 
«  il  n'a  fait  qu'exposer  la  doctrine  reçue  et  suivie  depuis  long- 
«  temps.  )> 

S'il  en  est  ainsi,  je  ne  mérite  pas  les  éloges  qui  m'ont  été  donnés, 
et  que  le  critique  a  répétés  en  commençant.  Non-seulement  je  n'ai 
pas  supérieurement  caractérisé  la  tonalité  moderne,  qui  est  notre  élé- 
ment musical,  mais  j'ai  dit  de  grosses  sottises  sur  ce  sujet,  puis- 
qu'il n'y  aurait  pas  de  différence  entre  la  tonalité  du  chant  grégorien 
et  celle  de  la  musique  moderne ,  ou  plutôt  qu'il  n'y  aurait  qu'une 
tonalité.  Heureusement,  nous  ne  faisons  pas  le  roman  de  la  musi- 
que :  nous  écrivons  son  histoire.  Nous  n'avons  pas  de  conjectures  à 
faire  là  où  sont  les  monuments ,  et  nous  ne  sommes  pas  des  Chris- 
tophe Colomb  allant  au  hasard,  sur  unemer  inconnue,  à  la  recherche 

(1)  Sicut  in  choro  mulieruin  ludentium  fréquenter  auditur,   et  in  hymno  Ut 
queant  Iaxis ,  etc. 

(2)  Études  sur  le  chant  grégorien,  page  153,  n.  1. 


xxxij  PRÉFACE 

d'un  nouveau  lîlonde  musical.  Il  me  suffira,  pour  mettre  au  néant 
toutes  ces  suppositions  gratuites,  toutes  ces  pétitions  de  principes, 
de  rentrer  dans  le  domaine  de  la  réalité.  Je  regrette  seulement  de 
ne  pouvoir  être  plus  concis  dans  ma  tâche. 

Reprenons  d'abord  le  texte  de  l'ouvrage  attribué  à  Odon  :  Il  y  a 
des  genres  dont  les  intervalles  ne  se  mesurent  pas  sur  le  monocorde  de 
la  même  manière  que  ceux  du  diatonique.  Cette  traduction  est-elle 
exacte?  Je  suis  obligé  de  répondre  négativement,  car  le  texte  dit 
simplement  :  il  y  a  d'autres  genres  de  musique,  lesquels  ont  d'autres 
mesures  (1).  En  cela  l'auteur  de  l'opuscule  ne  nous  apprend  rien  de 
nouveau  :  il  répète  ce  qu'ont  dit  avant  lui  Ptolémée,  Boëce,  Auré- 
lien  de  Réomé,  Rémi  d'Auxerre  et  d'autres  écrivains  qui  suivaient 
la  doctrine  de  Boëce.  Mais  cela  n'indique  en  aucune  manière  qu'on 
se  servit  au  dixième  siècle  des  genres  chromatique  et  enharmonique. 
On  ne  parlait  plus  depuis  douze  siècles  de  ces  genres  que  d'une  ma- 
nière spéculative.  Aristote  nous  apprend  qu'il  n'existait  plus  de  son 
temps  de  musicien  capable  de  chanter  les  nomes  d'Olympe  ,  parce 
que  la  musique  était  devenue  purement  diatonique ,  et  que  les  an- 
ciens genres  enharmonique  et  chromatique  avaient  été  abandonnés. 
Le  texte  que  M.  Nisard  invoque  affirme  également  que  le  chant  de 
saint  Grégoire  est  diatonique  ,  et  que  celui  de  saint  Ambroise  n'en 
diffère  pas,  si  ce  n'est  dans  les  cas  où  la  voix  le  dénature  par  des  dé- 
licatesses trop  lascives.  Mais  pourquoi  mon  critique  a-t-il  omis  ce  qui 
suit  dans  le  même  paragraphe  de  l'ouvrage  qu'il  cite?  Là  se  trouve 
parfaitement  expliqué  ce  que  l'auteur  entend  par  des  délicatesses 
lascives  de  la  voix;  là  aussi  se  voit  la  preuve  qu'il  s'agit,  non  de  ce 
que  M.  Nisard  appelle  Vœuvre  de  saint  Amhroise ,  mais  de  mauvaises 
traditions  de  certains  chantres  que  l'auteur  flétrit  du  nom  de  jon- 
gleurs. "Voici  le  passage  supprimé  par  mon  critique  :  «  Or,  nous  sa- 
«  vous  par  expérience  que  la  plupart  de  ceux  dont  l'esprit  cor- 
«  rompu  dirige  leurs  voix  de  cette  manière  ne  chantent  pas  selon 
«  la  règle  de  vérité,  mais  suivent  plutôt  leur  propre  caprice,  pour 
c(  acquérir  une  vaine  gloire.  Cest  d'eux  qu'on  a  dit  que  l'ignorance 
«  de  la  musique  fait  d'un  chantre  un  jongleur.  C'est  pourquoi  saint 

(1)  Sunt  prEctcrea  et  alla  musicso  gênera,  aliis  meusuris  aptata. 


DE  LA  DEUXIÈME  EDITION.  xxxiij 

«  Isidore  pose  cet  axiome,  que  Dieu  n'est  pas  glorifié  par  des  voix 
«  semblables  (1).  » 

En  vérité,  il  est  bien  extraordinaire  que  mon  critique  n'ait  pas  vu, 
par  cette  suite  du  paragraphe  de  son  auteur,  que  l'autorité  invo- 
quée par  lui  s'élève  contre  son  système  et  l'anéantit! 

Reste  la  citation  d'après  Réginon  de  Prum.  Ici  j'éprouve  quelque 
embarras,  car  le  passage  ne  se  trouve  ni  dans  le  texte  publié  par 
l'abbé  Gerbert,  ni  dans  le  manuscrit  que  j'ai  découvert  à  la  biblio- 
thèque royale  de  Belg'ique;  j'ignore  donc  ce.  qui  suit  l'endroit  où  mon 
critique  s'est  arrêté.  Toutefois,  ce  qu'il  en  a  cité  suffit  pour  démon- 
trer que  les  paroles  de  l'abbé  de  Prum  n'ont  pas  la  signification 
qu'il  leur  prête.  De  quoi  s'agit-il  ?  de  la  musique  artificielle.  Qu'est- 
ce  que  la  musique  artificielle?  C'est  celle  des  instruments.  Réginon 
lui-même  nous  dit  en  effet  ce  qu'il  entend  par  ces  mots  :  «  On  ap- 
te pelle  musique  artificielle,  dit-il,  celle  qui  est  produite  et  inven- 
te tée  par  l'art  et  le  génie  humain,  et  qui  consiste  dans  l'usage  de 
«  certains  instruments  (2).  »  Or,  j'ai  démontré  dans  mes  Recherches 
sur  la  musique  des  rois  de  France  ai' moyen  âge,  d'après  les  comptes 
de  leur  maison  (3),  que  les  instruments  orientaux  appelés  psaltérions, 
canons  et  demi-canons ,  étaient  joués  par  certains  musiciens  employés 
à  leur  service,  et  que  ces  mêmes  instruments  étaient  connus  en 
Europe.  On  sait  que  leurs  nombreuses  cordes  étaient  et  sont  encore 
accordées  dans  le  système  arabe ,  de  dix-sept  sons  par  octave.  Quels 
rapports  veut-onque  ces  choses  aient  avec  la  tonalité  duplain-chant? 
Encore  une  fois  il  n'est  question  que  de  la  musique  artificielle,  c'est- 
à-diro  delà  musique  instrumentale.  Il  est  vrai  que  dans  la  citation 
faite  par  mon  critique  il  est  fait  mention  de  l'hymne  Ut  qucant  Iaxis, 
après  le  chœur  musical  des  femmes.  J'avoue  que  je  ne  sais  ce  que 
cela  signifie,  car  on  n'en  peut  tirer  aucun  sens  raisonnable.  Si  cet 

(1)  Experimento  namque  didicimus,  qiiod  plurimi  dissolut!  meute  hujus  niodi 
voces  habentes  uulluni  pêne  cantum  secundum  veritatis  regulam,  sed  magis  secun- 
dum  propriara  voluntatem  pronunciant,  maxime  inanis  gloriœ  cupidi  ;  de  qualibus 
dicitur  :  quia  ignorata  musica  de  cantore  joculatorem  facit;  pro  quo  S.  Isidorus  po- 
nit,  quia  talibus  vocibus  uon  famulatur  Deo.  {Jp.  Cerb.^  tome  I,  page  275.) 

(2)  Artiflcialis  musica  dicitur,  quac  arte  et  iugenio  liumauo  excogitata  est,  et  in- 
venta, quac  in  quibusdam  consistit  instrumeutis.  {Jp.  Gerb.,  tom.  I;  p   237.  ) 

(3)  Revue  musicale,  année  1832,  n»  25  et  suivant. 


:ixxiv  PREFACE 

hymne  n'avait  pas  appartenu  au  genre  diatonique,  Guido  d'A- 
rezzo  ne  l'aurait  pas  choisi  pour  mettre  dans  la  mémoire  de  ses 
élèves  les  notes  initiales  des  antiennes. 

On  a  vu  que  ce  n'est  pas  dans  le  plain-chant  seul  que  M.  Nisard 
veut  trouver  l'emploi  du  genre  chromatique ,  mais  aussi  dans  l'har- 
monie. Suivant  lui,  et  ici  il  est  affirmatif  autant  qu'on  peut  l'être  , 
ce  que  j'ai  trouvé  de  prodigieux  dans  les  successions  harmoniques  de 
Marchetto  est  la  chose  la  plus  simple  :  cela  s'est  fait  de  tout  temps  ; 
Marchetto  n'a  fait  qu'exposer  une  doctrine  établie  longtemps  avant 
lui.  M.  Nisard  oublie  de  nous  apprendre  où  il  a  trouvé  les  docu- 
ments qui  l'autorisent  à  tenir  ce  langage.  Pour  moi  je  n'éprouve  aucun 
embarras  à  démontrer  son  erreur,  car  je  m'appuie  sur  l'évidence. 

Marchetto,  dit  mon  critique,  lorsqu'il  écrit  ses  harmonies,  expose 
la  doctrine  établie  longtemps  avant  lui.  Voyons  de  quoi  traite  le 
sixième  chapitre  du  deuxième  traité  contenu  dans  le  Lucidaire? 
du  diesis ,  qui,  dit-il ,  est  la  cinquième  partie  d'un  ton  (1).  Il  ajoute  : 
Si  Von  divise  le  ton  en  deux  parties  pour  colorer  quelque  conson- 
nance  ,  par  exemple ,  la  tierce ,  la  sixte  ou  la  dixième,  tendante  vers 
une  autre  consonnance ,  la  première  partie  du  ton  ainsi  divisé ,  si  elle 
est  ascendante,  est  la  plus  grande  et  s'appelle  chroma,  la  partie  qui 
reste  se  nomme  diésis  (2) .  Quel  galimatias  !  Cette  théorie  a  la  pré- 
tention d'être  empruntée  aux  Grecs  ;  mais  jamais  un  intervalle  ne 
s'est  appelé  chroma,  et  une  tierce,  une  sixte,  une  dixième,  dont 
l'intervalle  prendrait  les  quatre  cinquièmes  d'un  ton  pour  éta- 
blir sa  tendance,  serait  complètement  fausse  et  insupportable  à  l'o- 
reille. C'est  pour  la  démonstration  de  cette  absurdité  que  sont  écrits 
les  exemples  placés  sous  le  n°  1 . 

Le  deuxième  chapitre  du  huitième  traité  du  Lucidaire,  où  se  trou- 
vent les  successions  que  j'ai  fait  connaître  sous  le  n°  3 ,  traite  du 
changement  de  nom  des  notes  dans  la  solmisation  par  le  système  des 
hexacordes  et  par  la  méthode  des  muances.  Or,  ce  système  et  cette 

(1)  Diesis  quinta  pars  esttoni. 

(2)  Diesis  quinta  pars  est  toni,  puta  cum  aliquis  tonus  bipartitur  propter  aliquam 
cousonautiarn  colorandam  subter  tertiam,  sextani  sive  dccimam ,  tendendo  ad  ali- 
quam consonantiam  ;  quia  prima  pars  toni  sic  divisi,  si  per  ascensum  fit,  major  est, 
et  vocatur  chroma  ;  pars  vero  quœ  restât  diesis  dicitur.  {.4p,  Gerb.,  t.  111,  p.  73.) 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxxv 

méthode  ont  pour  base  unique  le  genre  diatonique ,  comme  le 
prouve  invinciblement  la  main  musicale.  Quels  rapports  donc 
peuvent  exister  entre  les  successions  de  Marchelto  et  l'objet  du 
chapitre  ? 

Enfin ^  n'avons-nous  pas,  pour  démontrer  que  les  successions  et 
les  harmonies  dont  il  s'agit  n'appartiennent  pas  au  temps  où  elles  ont 
été  écrites,  les  monuments  de  Fart  à  la  fin  du  douzième  siècle  et  môme 
de  l'année  1267,  que  j'ai  publiés  dans  la  Revue  de  la  musique  reli- 
gieuse de  M.  Danjou,  et  ne  savons-nous  pas  qu'alors  les  tierces  ma- 
jeures et  les  sixtes  de  même  nature  étaient  considérées  comme  des 
dissonances  et  bannies  du  contrepoint?  De  plus,  n'avons-nous  pas 
des  morceaux  à  trois  voix  d'Adam  de  la  Halle ,  contemporain  de 
Marchetto,  pour  nous  fournir  la  preuve  que  l'harmonie  de  ce  temps 
n'a  aucun  rapport  avec  ce  que  nous  voyons  dans  l'œuvre  de  celui-ci? 

Que  deviennent  donc,  en  présence  de  ces  faits,  les  assertions  in- 
croyables de  M.  Nisard?  Que  devient  sa  négation  des  vérités  que  j'ai 
énoncées?  Non-seulement  j'étais  dans  le  vrai,  lorsque  je  disais  que 
les  exemples  de  successions  harmoniques  de  Marchetto  sont  des 
choses  prodigieuses  (j'aurais  pu  dire  absurdes)  dans  la  tonalité  de 
son  temps,  mais  j'étais  en  droit  d'ajouter  que  longtemps  même 
après  l'introduction  dans  l'art  du  principe  de  la  tonalité  moderne  , 
de  pareilles  successions  y  étaient  inconnues.  Quatre  siècles  s'étaient 
écoulés  depuis  Marchetto,  lorsque  Stradella,  et  après  lui  Alexandre 
Scarlatti ,  ont  fait  entendre  les  premières  successions  chromatiques 
avec  l'attraction  tonale.  L'étude  quelque  peu  attentive  des  règles  en- 
seignées dans  les  traités  de  musique  des  quatrième  et  cinquième  siè- 
cles fait  voir  avec  évidence  qu'elles  ont  pour  objet  d'éviter  des  rela- 
tions d'intervalles  bien  moins  hardies  que  celles  de  l'écrivain  de 
Padoue. 

Les  deux  exemples  de  critiques  que  je  viens  d'analyser  et  de  ré- 
futer, par  de  solides  preuves,  font  voir  que  si  je  voulais  relever  de  la 
même  manière  tout  ce  qui  a  été  produit  contre  mes  doctrines,  je 
devrais  écrire  d'immenses  volumes ,  source  de  fatigue  pour  moi  et 
d'ennui  pour  mes  lecteurs.  Certains  archéologues ,  dans  ces  derniers 
temps,  se  sont  attachés  à  des  points  de  vue  particuliers  sur  lesquels 
ils  se  contredisent  souvent  entre  eux ,  bien  que  le  but  de  la  plupart 


xxxvj  PRÉFACE 

soit  de  me  combattre.  La  vue  de  l'ensemble  leur  échappe,  ce  qui  est 
cause  qu'ils  ne  me  comprennent  pas  toujours.  Ils  sont  à  l'histoire  de 
la  musique  ce  que  seraient  plusieurs  tailleurs  qui  voudraient  tra- 
vailler à  la  confection  du  même  habit,  chacun  de  son  côté  :  celui-ci 
ferait  la  taille,  cet  autre  les  manches,  un  troisième  le  collet.  Tous  se 
complairaient  à  bien  faire  la  partie  qui  leur  serait  échue  ;  mais, 
quand  viendrait  le  moment  d'assembler  le  tout,  rien  ne  s'accorde- 
rait. Avec  du  savoir,  de  l'érudition  ,  on  croit  pouvoir  résoudre  mieux 
certains  problèmes  de  l'histoire  de  la  musique  en  bornant  le  cercle 
des  études  à  ces  questions  particulières  ;  mais  dans  cet  art,  dont  les 
transformations  sont  si  fréquentes,  dans  cette  science  qui  embrasse 
tant  d'objets,  si  l'on  n'a  tout  examiné;  si  de  longues  méditations  sur 
l'ensemble  et  l'enchainement  des  faits  par  leurs  causes  n'ont  pas 
étendu  les  vues  du  savant  le  plus  consciencieux ,  on  risque  de  ne 
parvenir  qu'à  des  conclusions  erronées.  Il  faut  avoir  tout  approfondi 
pour  traiter  avec  certitude  une  des  milles  questions  difficiles  qui  se 
présentent  dans  cette  science  infinie. 

Ces  considérations  m'ont  déterminé  à  faire  disparaître  de  la 
deuxième  édition  de  mon  livre  le  Résumé  philosophique  de  l'histoire  de 
la  musique,  que  j'avais  placé  en  tête  de  la  première.  Ce  morceau  ren- 
ferme une  très-grandequantité  d'aperçus  nouveaux,  dont  quelques-uns 
ont  été  quaAiiiés  (ï hypothèses.  Le  conseiller  impérial  de  Kiesewetter 
en  a  eu  tant  d'émotions,  qu'elles  l'ont  préoccupé  pendant  les  quinze 
dernières  années  de  sa  vie  et  lui  ont  fait  produire  dans  cet  intervalle 
ses  livres  sur  la  musique  de  V Église  grecque,  sur  Vhistoire  de  la  mu- 
sique européenne,  sur  la  musique  mondaine ,  sur  la  musique  des  Ara- 
bes ,  sur  Guido  d'Arezzo  et  sur  la  théorie  mathématique  des  échelles 
tonales,  sous  le  titre  de  Nouveaux  Aristoxéniens.  De  plus,  il  a  rem- 
pli les  journaux  de  musique  allemands  d'articles  dirigés  contre 
mes  idées,  sous  divers  pseudonymes.  D'autres  se  sont  aussi  essayés 
contre  ce  que  j'ai  écrit  dans  ce  résumé  sur  les  origines  de  l'harmonie, 
sur  celles  des  notations  et  sur  beaucoup  d'autres  choses.  Reproduire 
simplement  mon  tableau  rapide  de  l'histoire  de  la  musique  ,  sans 
tenir  compte  de  toutes  ces  oppositions,  ne  serait  pas  possible;  les 
discuter  serait  changer  le  caractère  de  ce  morceau,  lui  ôter  sa  desti- 
nation et  le  transformer  en  une  lourde  et  illisible  dissertation.  Je 


DE  LA  DEUXIÈME  ÉDITION.  xxxvij 

me  suis  dit  qu'il  n'est  plus  temps  de  présenter  sous  une  forme 
abrégée  des  vérités  historiques  et  des  idées  que  saisissent  mal  ceux 
qui  n'en  connaissent  pas  les  développements.  L'histoire  générale 
de  la  musique,  dont  la  publication  suivra  celle  du  présent  ouvrage, 
exposera  ces  choses  avec  le  cortège  de  preuves  qui  doit  les  appuyer, 
et  fera  cesser  d'oiseux  débats. 

En  terminant,  je  déclare  que,  loin  de  me  plaindre  des  attaques 
dont  mes  assertions  et  mes  théories  ont  été  l'objet,  je  m'en  réjouis, 
si  elles  restent  dans  des  termes  qui  conviennent  à  d'honnêtes  gens. 
Mieux  vaut  cent  fois  l'animation  qui  règne  dans  le  domaine  de  la 
littérature  musicale  depuis  un  certain  nombre  d'années  ,  au  risque 
de  quelques  égarements,  que  l'indifférence  dont  j'ai  été  témoin 
dans  ma  jeunesse,  et  que  j'ai  eu  pour  but  de  faire  cesser  par 
mes  efforts.  Au  milieu  de  quelques  erreurs,  que  le  temps  dissipera , 
se  sont  produites  de  bonnes  choses  qui  porteront  leurs  fruits.  Sous 
ce  rapport,  le  progrès  n'est  pas  douteux. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


AARON,  abbé  de  Saint-Martin  de  Cologne, 
naquit  en  Ecosse  dans  les  dernières  années  du 
dixième  siècle.  Il  était  jeune  encore  lorsqu'il  fit 
un  pèlerinage  à  Tabbaye  de  Saint-Martin  :  beau- 
coup d'Écossais  venaient  à  cette  époque  visiter 
pieusement  cette  abbaye.  Aaron  y  trouva  le  terme 
de  ses  voyages,  et,  peu  de  temps  après  son  arrivée 
à  Cologne,  il  y  prit  l'habit  du  monastère,  dont  il 
devint  abbé  en  1042.  11  n'était  point  alors  extra- 
ordinaire qu'un  seul  abbé  dirigeât  deux  abbayes: 
Aaron  nous  en  fournit  un  exemple,  car,  peu  de 
temps  après  qu'il  eut  été  élevé  à  la  dignité  d'abbé 
de  Saint-Martin,  on  lui  confia  aussi  la  direction 
de  l'abbaye  de  Saint-Pantaléon  ,  de  l'ordre  de 
Saint-Denoît,  près  de  Cologne.  11  mourut  à  l'âge 
d'environ  soixante  ans,  le  14  décembre  1052.  Un 
traité  De  utlUtate  Cantus  vocalis  et  de  Modo 
cantandi  ulqxie  psallendi,  écrit  par  Aaron,  se 
trouvait  en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  de 
Saint-Martin,  avant  la  suppression  de  cette  ab- 
baye. Trithème  (in  Cliron.  Hirsaug.)  dit  aussi 
que  ce  moine  a  laissé  un  livre  intitulé  :  De  Regu- 
lis  tonorum  et  symphoniarum.  {Yoy.  Josephi 
Hartzeim  Bïbliotheca  coloniensis ,  p.  1.) 

AAROIV,  ou  ARON  (Pietro),  écrivain 
didactique  sur  la  musique ,  et  professeur  distingué 
de  cet  art,  naquit  à  Florence,  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  suivant  les  rensei- 
gnements que  nous  fournissent  les  titres  de  ses 
ouvrages  et  ses  épîtres  dédicatoires.  Les  deux 
orthographes  du  nom  de  cet  auteur  sont  employées 
par  lui-même  ;  car  on  trouve  Aron  au  second 
livre  qu'il  publia,  et  Aaron  aux  titres  des  autres. 
Poccianti  (1),  Cinelli  (2)  et  le  jésuite  Negri  (3) 

(!)  Catalogus  illustrium  Scriptorum  Florentinorum. 

(2)  Bibliotcca  volante.  Scansia  8\ 

(i)  Istoria  de'  Fiorentini  Scrittori,  p.  isa. 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    T.    1. 


nous  apprennent  peu  de  choses  concernant  la 
vie  de  ce  savant  musicien  ;  ce  qu'on  en  sait  est 
indiqué  par  lui-même.  Ainsi  la  lettre  placée  en 
tête  de  l'édition  de  son  livre  intitulé  Toscanello 
in  musïca ,  publié  en  1539 ,  et  datée  du  7  octobre 
de  la  môme  année,  nous  informe  qu'Aron  avait 
vingt-six  ans  lorsqu'il  publia  son  premier  livre , 
en  151G;  d'où  il  suit  qu'il  était  né  en  1489  ou 
1490.  On  voit  dans  une  autre  épîlre  de  l'édition 
de  1523,  qu'il  était  né  pauvre,  et  qu'il  chercha 
des  ressources  pour  sa  fortune  dans  ses  travaux 
sur  l'art.  On  peut  induire  de  ses  paroles  qu'il 
s'était  rendu  à  Rome,  et  qu'ayant  été  ordonné 
prêtre,  il  recherchait  la  faveur  du  pape  Léon  X; 
mais  la  mort  de  ce  pontife  trahit  ses  espérances. 
Heureusement,  il  trouva  aiorsnn  protecteur  dans 
Sébastien  Michèle,  noble  vénitien  et  chevalier  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  (4).  Or  Léon  X  mourut 
le  1^""  décembre  1521,  et  avant  cette  époque 
Aaron  avait  déjà  publié  ses  trois  livres  DelV  Isti- 
tuzione  armonica,  à  Bologne,  en  1516.  11  est 
donc  au  moins  vraisemblable  qu'il  se  trouvait 
alors  dans  cette  ville,  où  Flaminio,  son  ami, 
publia  dans  la  même  année  une  version  latine  du 
même  livre.  Depuis  cette  époque  jusqu'au  mois 
de  février  1521 ,  les  traces  de  l'existence  d'Aaron 

(4)  ...  Sotto  il  suo  pontificato  (  de  Léon  X  ),  molti 
si  sono  affaticati,  ciascuno  seconda  le  lor  forze,  di 
far  profttto  in  esta  pcr  çiU  ampi  premii  che  a  le  loro 
fatiche  vedevano  essere  proposti.  Tra  gli  quali  io  sono 
stato  uno ,  il  quale  in  tenue  forUina  nato,  riccrcindo 
per  alcuna  honestâ  via  sostentaie  la.  mie  tenutta 
neçili  studii  di  musica ,  mi  sono  non  poco  affatt- 
cato ,  se  non  eos  felicemenle  corne  harei  (sic]  io/«(o, 
almeno  quanto  l'  ingeçino  et  la  mia  indiistria  mi  ha  po- 
tuto  ;  et  harei  al  tutto  dissipato  il  premio  a  le  fatiche 
mie  per  la  importuna  morte  di  Leone,  se  vostra  figno- 
ria  non  mi  si  fiissi  offerta  iinico  prcsidio  a  la  afjlitta 
miafortuna,  etc.  • 

1 


AARON 


disparaissent  ;  mais  un  document  publié  dans  le 
n°  17  de  la  neuvième  année  de  la  Gazetta  musi- 
cale di  Milano  (27  avril  1851)  nous  apprend 
qu'il  était  alors  à  Imola ,  petite  ville  de  l'État 
de  l'Église,  et  siège  d'un  évêclié,  où  il  occupait  la 
place  de  chantre  (ou  maître  de  chapelle  et  insti- 
tuteur des  enfants  de  chœur)  à  l'église  cathédrale. 
Ce  document  est  un  acte  dressé  par  le  notaire 
Vincent  Gibelti ,  de  cette  ville,  en  date  du  15  fé- 
\rier  1521,  par  lequel  les  chanoines,  après  déli- 
bération ,  accordent  à  Aaron,  pour  tout  salaire 
annuel  de  son  service,  et  sans  indemnité  de  loge- 
ment, seize  mesures  de  froment  (1).  Il  paraît 
hors  de  doute  que,  peu  satisfait  du  résultat  de  la 
délibération,  ce  savant  maître  abandonna  sa 
place  de  l'église  d'imola ,  et  se  rendit  à  Rome 
immédiatement  après.  Les  munilicences  de 
Léon  X,  son  goût  décidé  pour  les  arts,  et  la 
faveur  que  ce  pape  accordait  aux  Florentins, 
tout  faisait  entrevoir  à  Aaron  un  sort  plus  heu- 
reux; mais  la  mort  prématurée  du  pontife 
renversa  de  nouveau  ses  espérances.  Cependant 
il  ne  tarda  pas  à  se  trouver  dans  une  meilleure 
situation,  ayant  obtenu,  par  la  protection  du 
chevalier  Sébastien  Michèle,  un  canonicat  à  la 
cathédrale  de  Rimini,  dont  il  était  pourvu 
dès  1522,  ainsi  que  le  prouvent  le  titre  et  i'é- 
pllre  dédicatoire  du  Toscanello,  publié  dans  celte 
même  année. 

Il  jouissait  encore  de  ce  bénéfice  lorsque  paru- 
rent les  éditions  de  ce  livre  publiées  en  1525 
ot  1529;  mais  il  paraît  qu'il  ne  l'obligeait  pas  à 
résidence;  car  il  était  en  môme  temps  maître  de 
chapelle  de  la  maison  de  son  protecteur,  le  che- 
valier Sébastien  Michèle,  prieur  de  Saint-Marc  de 
Venise,  et  vivait  dans  cette  ville,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  le  titre  de  son  livre  intitulé  :  Tratlale  délia 
natura  et  délia  cognizione  di  tutti  gli  tuoni 

(0  Et  prtrdicti  syndicus  wansionarioriim ,  et  man- 
sionarii  prœdicti,  obtcnto  partito  per  fabas  quatuor 
albas  ex  quinqiie  de  dando  dicto  D.  l'ctro  Arnn  corbes 
Xflfrumenti  de  prsedicta  mensvra,  se  obllgaverunt  dare 
et  consignare  in  recollectu  proximc  future  dicto  V.  Petro 
y4ron  dictas  corbes  Xf^I  frumenti,  pro  eo  quod  promisit 
in  choro  divinis  interesse  et  cantu  se  occupare  dicbus 
solemnibus  ctfcstivis  perannum  incipicndum  in  halcndis 
vmrtii proxime  futuris ,et  xtt  scquitur ,  hac  tamcncovdi- 
tione,  quod  non  facta  interpellatione  per  mensem  unte 
flnitum  annum  per  alterum  partem  de  conducta  non 
perseveranda  :  intelligatnr  perseverare  eo  modo  et  forma 
quo  anno  tune  pneterito ,  et  sic  per  transitum  rt^ensem 
fcrdurare  peralium  annum  rum  eodem  salaria. 

Suivant  les  tables  de  variations  de  la  valeur  de  l'arscnt 
et  du  prix  des  denrées ,  données  par  Dupré  de  Saint-Maur 
dans  son  Essai  srir  les  Monnaies,  et  en  supposant  que 
la  mesnrt  romaine  de  blé  fût  à  peu  prés  l'équivalent  du 
Relier  de  France,  coté  en  152i  à  -s  livres  tournois  3  sous 
et  4  deniers  ,  qui  répondent  à  li>  franc."  de  notre  inoniraie, 
les  seize  mesures  de  froment  aeconiés  à  Aiiron  représin- 
trraient  aujourd'hui  un  traitement  annuel  ds  210  fraûcs  ! 


nel  canfo  figurato,  qui  fut  publié  en  1525.  La 
mort  du  prélat  et  la  modicité  du  revenu  de  son 
canonicatmirent  plus  tard  Aaron  dans  une  situa- 
lion  peu  prospère;  car  il  se  décida,  en  1535,  à 
se  faire  moine  de  l'ordre  des  Hiéronymites  < 
(appelé  en  Italie  VOrdine  de"  crociferi  ou 
Crosachieri),  dans  le  couvent  de  Saint-Léonard  , 
à  Rergame.  11  en  prit  l'habit  le  12  mars  1536,  et 
l'on  voit  dans  une  lettre  qu'il  écrivit  le  lende- 
main à  son  ami  Giovanni  del  Lfigo,  maître  de 
chapelle  vénitien,  que  sa  profession  se  fit  avec 
beaucoup  de  solennité,  qu'on  lui  rendit  des 
honneurs  inaccoutimiés,  et  que  les  musiciens  et 
chanteurs  qui  assistaient  à  la  cérémonie  lui  té- 
moignèrent de  l'alfection.  Pour  l'honorer,  dit- 
il,  et  à  cause  de  l'amitié  qu'ils  avaient  pour  lui,  le 
maître  de  chapelle,  Messer  Gasparo  et  ses  vingt- 
deux  chantres  exécutèrent  des  psaumes  spez- 
zati  et  un  Magnificat  à  deux  chœurs,  et  toutes 
les  antiennes  en  contre  point ,  aussi  bien  qu'on 
aurait  pu  le  faire  à  Venise;  puis  le  Veni  Creator 
fut  chanté  dès  qu'il  eut  revêtu  l'habit.  Il  ajoute  : 
«  Après  les  cérémonies ,  je  fus  accompagné  dans 
«  le  couvent  par  monseigneur  patron  (le  supé- 
«  rieur),  avec  les  chantres  et  une  partie  du 
«  peuple.  Une  somptueuse  collation  de  pâtisseries 
«  et  de  confitures  était  pré{)arée  ;  et ,  sans  que 
«  j'en  eusse  été  prévenu ,  on  chanta  à  ma  louange 
«  un  madrigal  à  six  voix  (1).  »  Trois  ans  après, 
il  écrivait  au  même  :  «  Je  suis  mieux  que  je 
«  n'ai  jamais  été;  bien  vu  et  caressé;  j'ai  bonne 
«  vie  et  repos;  je  suis  libre,  et  j'ai  quelques  écus 
«  dans  ma  bourse  (2).  »  Dans  une  autre  lettre 
il  dit  encore  :  «  Vous  savez  quelle  était  ma  situa- 
«  lion  à  Venise  ;  s'il  m'était  survenu  une  maladie,, 
«  j'aurais  été  sans  asile  (3).  »  Il  passa  plus  tard 
du  couvent  de  Bergame  à  celui  de  Padoue,  puis- 


(1)  Per  lo  amore  quale  a  me  portano  questi  signori 
musici  et  cantori,  Tnesser  Gasparo,  maestro  di  cappella, 
qua  con  ventidue  cantori  (fu)  ad  honorarmi,  et  qua 
fil  cantato  im  vespero  a  dui  chori  da  loro  a  psulmi 
spezzati ,  molto  egregiamente,  con  un  Magnificat  a  dui 
chori,  et  tutte  le  antifone  in  contrapunto ;  cosa  che 
non  haria  creduto,  tanto  bene  che  sarebbe  bastuto  in 
f'infgia  :  da  poi  uno  Venl  Creator  Spiritus,  quando  fui 
vestito,  etc. 

Finito    le   cérémonie,  fui  accompagnato   dal 

reverendo  Monsignore  mio  patrone  in  casa  con  tutti  li 
canton  et  parte  del  popolo,  dove  era  apparecclnuto  vna 
belUssima  colntione  abundante  di  marzapani  et  confetti  : 
da  poi  fu  cantato  un  mandriali  (sic)  a  sei  noci ,  del  quale 
non  sapevoniente,  in  laude  mia.  (Voy.  Lucidarlo  in  mu- 
sica ,  etc.) 

(2)  lo  sto  meglio  eh'  io  stetti  mai;  ben  visto,  ben  acha- 
rezzato,  buon  vivere  con  riposo,  libéra  et  qualcke  scttdo 
in  borsa.  (  Ibid.) 

{5)  foi  sapete  bene  qnello  che  in  f-^enetia  al  présente 
havcvo  se  mi  fusse  vcnu{a  una  malattia ,  saria  umlato 
rumimjo.  (Ibid.) 


AARON  —  ABADIA 


à  celui  de  Venise.  On  ignore  l'époque  de  la  mort 
d'Aaron  ;  mais  on  sait  qu'il  vivait  encore  en  1545, 
car  il  publia  dans  cette  année  son  Lucïdarïo  in 
Musica.  C'est  donc  entre  celte  date  et  1562 
qu'il  cessa  de  vivre  ;  car  la  dernière  édition  de 
son  Toscanello  in  Musica ,  publiée  précisément 
dans  cette  année  1562,  porte  au  frontispice  ces 
mots  :  Con  V  aggiuntafatta  dall'  aulore  stesso 
innanzi  che  morisse  (avec  l'addition  faite  par 
l'auteur  lui-même  avant  qu'il  mourût).  Les  soins 
qu'il  avait  pris  pour  les  progrès  de  la  musique,  et  la 
réputation  dont  jouissaient  ses  ouvrages,  lui  pro- 
curèrent riionneur,  unique  parmi  ses  contempo- 
rains ,  de  voir  son  portrait  placé  dans  la  galerie 
ducale  de  Florence,  près  de-  ceux  des  musiciens 
les  plus  célèbres  des  temps  antérieurs.  Ou  a  de 
lui  les  livres  dont  voici  les  titres  :  l°  /  tre  libri 
deir  Istituzionc  armonica,  stampati  in  Bolo- 
gna  nel  1516  da  Benedetlo  di  Ettore ,  in-4°. 
Ce  volume  est  composé  de  62  feuillets  cliiffrés 
d'un  seul  côté.  Jean-Antoine  Flaminio,  ami  de 
l'auteur,  traduisit  ce  livre  en  latin,  et  publia 
sa  version  sous  ce  titre  :  Libri  très  de  Institu- 
tione  harmonica,  editi  a  Petro  Aaron ,  Flo- 
rentine; interprète  Giov.  Ànt.  Flaminio  Fora- 
corneliensi.  Bononiœ ,  1516,  petit  in-4°.  Cet 
ouvrage  (it  naître  une  vive  contestation  entre 
l'auteur  et  Gafori,  qui  y  trouvait  des  fautes 
graves  en  grand  nombre.  L'objet  de  la  dispute 
était  la  division  des  tétracordes  dans  les  genres 
diatonique,  chromatique  et  enharmonique;  dis- 
putes vaines  <iu'on  agitait  volontiers  dans  ces 
temps  anciens,  et  qu'on  assaisonnait  d'injures 
réciproques.  La  cause  d'Aaron  fut  soutenue 
contre  Gafori  par  Jean  Spataro  et  Nicolas  Vulso 
(voyez  ces  noms),  et  des  pamphlets,  devenus 
très-rares,  furent  échangés  à  cette  occasion. 
Longtemps  après,  Aaron  est  revenu  sur  ce  sujet 
dans  le  second  livre  de  son  Lucidario  (page  10); 
il  y  fait  une  critique  vigoureuse  des  arguments 
de  son  adversaire.  1"  Toscanello  in  Musica  di 
messer  Pielro  Aron  Fiorentino  canonico  in 
Fàmini.  In  Vineggia,  1523,  petit  in-fol.  C'est 
le  meilleur  des  ouvrages  d'Aaron.  Les  règles  du 
contre  point  y  .sont  mieux  exposées  que  dans  les 
autres  livres  publiés  avant  ceux  de  Zarlino.  Il  y 
en  a  d'autres  éditions  publiées  en  1525,  1529, 
1539  et  1662,  toutes  imprimées  à  Venise,  petit 
in-fol.  Dans  l'édition  de  1539,  imprimée  par 
Marchio  Sessa,  on  trouve,  après  le  second  livre, 
une  addition  (aggiunta)  tort  importante  con- 
cernant l'usage  du  bécarre  et  du  dièse  dans  la 
tonalité  du  plain-chant.  L'édition  de  1562,  im- 
primée à  Venise  par  Dominique  Mcolini ,  petit 
in-fol.,  est  la  dernière  de  ce  livre-  Elle  a  pour 
litre  ;  Toscanello,  opéra  dcW  eccelleniissimo 


musica  Pietro  Aron  fiorentino ,  nellaquale, 
dopo  le  laudi,  la  origine,  la  definitione ,  et 
la  divisione  délia  musica,  con  esaltissimo 
et  agevolissimo  trattato  s'  insegna  tutto 
quello,  che  alla  pratica  del  cantare  et  del 
comporre  canti ,  et  a  divenirepcrfetlo  musico 
è  necessario.  Con  V  aggiunta  fatta  dalV  aulore 
stesso,  innanzi  che  morisse.  3°  Trattato 
délia  natura  et  cognitione  di  tutti  gli  tuoni 
di  canto  figurato  non  da  altrui  più  scritti, 
composli  per  messer  Pietro  Aaron,  musico  fio- 
rentino, canonico  in  Rimini,  maestro  di  casa 
del  rêver,  et  magnifico  cavalière  hierosoli- 
mitano  messer  Sebastiano  Michèle  priore  di 
Venetia.  Impresso  in  Vinegia,  per  maestro 
Bernardino  Vitali,  1525,  petit  in-fol.  La  Borde 
cite  une  deuxième  édition  de  ce  livre,  qui  aurait 
été  publiée  en  1527,  in-fol.  :  Je  la  crois  sup- 
posée. 4°  Lucidario  in  Musica  di  alcune  opi- 
nioni  antiche  et  moderne;  Venise,  1545 ,  in-4°. 
Ce  livre  contient  des  éclaircissements  sur  quel- 
ques difficultés  relatives  à  la  théorie  de  la  mu- 
sique, particulièrement  en  ce  qui  concerne  les 
proportions.  5"  Compendïolo  di  molli  dubbi, 
segreti  et  sentenze ,  intorno  al  canto  ferma 
et  figurato ,  da  molli  eccellenti  consumât i 
musici  dichiarato;  raccolte  dall'  eccellente  et 
scienzato  autore  fratre Pietra  Aaron,  deW  or- 
dine  de'  Crosachieri,  et  delta  inclita  ciltà  di 
Firenze.  In  Milano ,  per  Giov.  Antonio  da 
Castigligne,  in-8°  (sans  date)  (1).  Les  ouvrages 
d'Aaron  ont  encore  aujourd'hui  une  assez  grande 
valeur  historique;  la  doctrine  qui  y  est  exposée 
est  puisée  en  grande  partie  dans  les  œuvres  de 
ïinctoris. 

ABACO  (Évariste-Felice  del),  né  à  Vérone 
en  1602,  fut  directeur  des  concerts  de  l'électeur 
Max.  limmanuel  de  Bavière,  et  mourut  dans  la 
soixante-quatrième  année  de  son  âge,  le  2G 
février  1726.  Il  a  publié  cinq  œuvres  de  musique 
qui  ont  tous  été  gravés  à  Amsterdam ,  savoir  : 
1"  douze  sonates  pour  violon  et  basse,  in-4" 
oblong;  2"  dix  concerts  à  quatre  pour  l'église; 
3"  douze  sonates  pour  deux  violons ,  violoncelle 
et  basse;  4°  une  sonate  pour  violon  et  basse; 
5°  six  concerts  pour  quatre  violons,  alto,  bas- 
son ,  violoncelle  et  basse.  Son  œuvre  quatrième 
a  été  arrangé  pour  la  musette. 

ABADIA  (Natale),  compositeur  de  musique 
ecclésiastique   et  théâtrale,  né   à  Gênes   le  11 

(1)  J'ai  fait  une  erreur  considérable,  en  disant ,  dan.s  la 
première  éJilion  de  la  Bioyraphie  unlverstlle  des  Musi- 
ciens, que  c'e^t  le  Compendiolo  qui  a  été  traduit  eu  latin 
par  Flaminio  .-  je  ne  connaissais  pas  alors  le  premier 
ouvrage  d'Aaron,  que  n'indiquent  ni  Martini,  n-i  l-orkel, 
ni  LichtcntUal.  J'ai  copié  l'erreur  do  ceux-ci 

1. 


ABADIA  —  ABÉLARD 


mars  1792,  a  fait  ses  premières  études  nmsicales 
sous  la  direction  de  P.  Raiinondi  :  il  les  termina 
dans  l'école  de  L.  Cerro,  son  compatriote.  On 
connaît  de  lui  une  messe  à  trois  voix  ,  une  autre 
à  quatre,  avec  orciieslre,  des  vêpres  complètes 
et  quelïjiies  motels.  Pour  le  théâtre,  il  a  écrit 
un  opéra  bouffe  intitulé  :  V ImbrogUone  ed  il 
Castirjamatti,  et  en  18 12  il  a  donné  au  théâtre 
di  S.  Agostino,  à  Gênes,  le  drame  qui  a  pour 
tilre  la  Giannina  di  Poniieu,  ossia  la  Villa- 
nelln  d'  onore. 

ABAILARD  ou  ABÉLARD  (Pierhe)  , 
célèbre  par  ses  talents ,  ses  amours  et  ies  mal- 
heurs ,  naquit  en  1079  au  Palet,  petit  bourg  à 
peu  de  distance  de  Nantes.  Doué   d'un  esprit 
vif,  d'une  imagination  ardente,  d'une  mémoire 
prodigieuse  et  d'un  goût  passionné  pour  l'étude, 
il  posséda  toutes  les  connaissances  de  ces  temps 
barbares ,  et  créa  cette  philosophie  scolastiqua 
qui  semblait  alors  renfermer  toutes  les  sciences, 
et  qui  fut  si  longtemps  un  obstacle  aux  progrès 
de  l'esprit  humain.  A  la  rhétorique,  à  la  gram- 
maire et  à  la  dialectique,  il  avait  ajouté  l'étude 
de  ce  qu'on  appelait  de  son  temps  le  qiiadri- 
viiim,  c'est-à-dire  l'arithmétique,  la  géométrie, 
l'astronomie  et  la  musique.  11  possédait  particu- 
lièrement la  théorie  et  la  pratique  de  cette  dernière 
science.  Dès  l'âge  de  vingt-deux  ans,  sa  répu- 
tation comme  savant  et  comme  homme  éloquent 
effaçait  celle  des  plus  habiles  professeurs  ,  et  son 
école  était  devenue  célèbre.  Au  milieu  de  ses 
succès,   il  vit  Héloï«e ,  nièce  de  Fulbert,  cha- 
noine de  Paris,  l'aima,  la  séduisit  et  l'enleva.  H 
la  conduisit  en  Bretagne,  où  elle  accoucha  d'un 
lils  qui  ne  vécut  point.  Abailard  proposa  alors  à 
Fulbert  d'épouser  sa  nièce  en  secret;  celui-ci  y 
consentit,  ne  pouvant  faire  mieux,  mais  il  di- 
vulgua cette  union  :  Héloïse,  sacrifiant  sa  répu- 
tation  aux  volontés  de  son  époux,  la  nia  avec 
serment.  Fulbert  irrité  la  maltraita,  et  Ahnilard, 
pour  la  soustraire  à   ses  mauvais    traitements, 
l'enleva  une  seconde  fois,  et  la  mit  au  couvent 
d'Argenteuil.    Le  désir  de  se  venger   conduisit 
alors   Fulbert  à  une  action  atroce  :  des  gens 
apostés  entrèrent  la  nuit  dans  la  chambre  d'A- 
bailard  et  lui  firent  subir  une  mutilation  infâme. 
Cet  attentat  fut  bientôt  connu ,  et  son    auteur 
décrété,  exilé,  dépouillé  de  ses  biens;  mais  le 
bonheur  d'Abailard  était  détruit  pour  toujours. 
11  alla  cacher  sa  honte  à  l'abbaye  de  Saint-Denis, 
qu'il  ne  quitta  que  lorsqu'il  fut  nommé  abbé  de 
Saint-Gildas  au  diocèse  <le  Vannes.  11  finit  par  être 
simple  moine  à  l'abbaye  de  Cluny,  et  mourut 
au  prieuré  de  St-Marccl,  près  de  Châlon-sur- 
SaAne,  le  21  avril   1142,  âgé  de  soixante-trois 
ans.  Nous  avons  dit  que  la  musique  était  un  des 


talents  d'Abailard.  Il  avait  fait  les  paroles  et  le 
chant  de  plusieurs  chansons  dont  le  sujet  était 
ses  amours  :  il  les  chantait  avec  goût.  Bientôt 
répétées  en  tous  lieux,  elles  eurent  une  vogue 
extraordinaire.  Héloïse  elle-même  nous  apprend 
quel  tut  leur  succès,  par  ce  passage  d'une  de  ses 
lettres  :  •>  Quand,  pour  vous  délasser  des  travaux 
«  de  la  philosophie,  vous  composiez  en  rimes  des 
«  chansons  amoureuses ,  tout  le  monde  voulait 
'<  les  chanter  à  cause  de  la  douceur  de  leur  mé- 
«  lodie.  Par  elles  mon  nom  se  trouvait  dans  toutes 
'<  les  bouches,  les  places  publiques  retenti.ssaient 
«  du  nom  d'Héloïse.  »  {Lettres  d'Héloïse  et  d'A- 
bailard,  Uaihiclion  nouvelle  par  le  bibliophile 
Jacob,  page  131,  dans  la   Bibliothèque  d'é- 
lite. )    Ces    chansons  amoureuses  n'ont  point 
été  retrouvées  jusqu'à  ce  jour  :   elles  ont  donné 
lieu  à  beaucoup  de  conjectures  contradictoires. 
L'abbé  Dubos  a  cru  qu'elles  étaient  en  langue 
vulgaire  {Histoire    de    la  poésie   française, 
page  114);  Lévèque  de  la  Ravallière  a  repoussé 
cette  opinion  {de  V Ancienneté  des  Chansons 
françaises,  dans  les  Poésies  du  roij  de  Navarre, 
tome  I,  pages  206  et  suivantes),  se  fondant  sur 
ce  qu'il  n'a  trouvé  aucun  vestige  de  ces  poésies; 
ce  qui  est  peu  concluant,  car  ce  qui  n'a  point 
été  trouvé  dans  un  temps  peut  être  découvert 
dans  un  autre.   Lévêque  de  la  Ravalière  paraît 
d'ailleurs  être  dans  le  vrai  lorsqu'il  soutient  que 
les  chansons  d'Abailard  étaient  en  langue  latine. 
M.  Leroux  de  Lincy ,  qui  partage  cette  opinion, 
l'appuie    par    cette    considération     qu'Abailard 
montre  en  ses  écrits   trop  de  dédain  pour   les 
langues  vulgaires,  pour  supposer  qu'il  eût  re- 
noncé dans  ses  poésies  amoureuses  à  la  langue 
de  Virgile  et  d'Ovide ,  et  se  fût  servi  du  français 
encore  au  berceau.  {Recueil  de  Chants  histori- 
ques français ,    Introduction,  page  vi.  )   Une 
découverte    récente    semble     d'ailleurs   donner 
gain  de  cause  à  cette  opinion;  car  M.  Charles 
Greilli ,  pasteur  à  Mœrscliwyl,   près  de  Saint- 
Gall,  a  trouvé  à  Rome,  dans  le  manuscrit  LXXXV 
de  la  Bibliothèque    du  Vatican,  volume  in-s° 
sur  vélin,  du  XIIP  siècle,  qui  provient  du  fon<is 
de  la  reine  Christine  de  Suède,  six  complaintes 
d'Abailard  en   langue   latine,  avec   le  chant  en 
notation  neumalique,  qu'il  a  publiées  dans  un 
recueil  de  pièces  intéressantes  intitulé  Spicile- 
fjium   Vaticanum  (Frauenfeld,  1838,   in  8°  , 
pages  121-131).  M.  Greith  pense  que  ces  com- 
plaintes {planclus)  sont  des  allégories  sur  les 
amours  infortunées  d'Héloïse  et  d'Abailard.  Quoi 
qu'il  en  soit,   ces  chants,  qui  ont  pour  titres: 
r  Planctus  Dinx  filise  Jacob;  T  Planclus 
Jacob  super  fiUos    suos;  3"  Planctus  virgi- 
num  Israelis  super  JiUom  Jeplilsp,  Galaditx; 


ABI^XARD  —  ABBb: 


4°  Planctus  Israël  super  Samson;  5°  Planctus 
David  super  Abner  ;&"  Planctus  David  super 
Satil  et  Jonathan;  ces  cliants ,  disons-nous, 
dont  l'étendue  est  longue ,  ne  paraissent  pas  être 
les  chansons  d'Abailaid  qui  furent  populaires, 
car  leur  ton  est  sombre,  ainsi  que  l'indique  leurs 
tities,  et  rien  n'y  rappelle  la  gracieuse  et  sédui- 
sante Héloïse.  On  a  mis  en  doute  qu'Abailard  ait 
composé  la  musique  de  ses  chansons;  Rawlinson 
ot  de  Lanlnaye  ,  éditeurs  de  ses  œuvres,  pensent 
(lu'il  les  a  composées  sur  des  mélodies  connues 
(le  son  temps;  mais  le  passage  de  la  lettre  d'IIé- 
loise  rappoi  té  précédemment  suffit  pour  démon- 
trer que  son  amant  était  à  la  fois  l'auteur  de  la 
poésie  et  du  chant  (...  q^ia  pro  nimia  suavitate 
tam  dictaminis ,  quam  cantus ,  tuum  in  ore 
omnium  nomen  tencbant,  etc.).  D'ailleurs  la 
découverte  faite  par  M.  Greith  des  six  com- 
plainlcs  d'Abailard  ,  avec  leurs  mélodies,  prouve 
que  cet  homme  extraordinaire  a  cultivé  la  mu- 
sique aussi  bien  que  les  autres  sciences  et  arts. 

ABBATEZZA  (Jean-P.ai'tiste,)  né  à  Diton- 
<o,  dans  la  Fouille,  veçs  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  une  tablature  pour  la  guitare, 
sous  ce  titre  :  Ghirlanda  di  variifiori  ,ovvero 
intavolatura  di  ghitarra  spagnuola,  dovc  che 
da  se  stcsso  ciascxino  potra  imparare  con 
grandissima  facilita  e  brevilà.  In  JfJilano, 
nppresso  Lodovico  Monzà,  16  pages  in-S"  obi. 
(sans  date,  mais  vers  1C90).  On  ne  connaît 
nucuiie  particularité  de  la  vie  de  ce  musicien. 

ABBATINI  (Antoine  Marie),  compositeur 
de  musique  d'église,  naquit  en  1595,  à  Tiferno 
selon  quelques  auteurs,  et  à  Castello  suivant 
l'abbé  Baini  {Memorie  storico-critichc  delta 
vita  e  délie  opère  di  Giov.  Pierluigi  da  Pa- 
lestrina ,  t.  II,  n.  477).  Au  mois  de  juillet  de 
l'année  1G26 ,  il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de 
Saint-Jean  de  Latran  ;  il  occupa  cette  place  jus- 
qu'au mois  de  mai  1C28,  époque  où  il  passa  à 
l'église  du  Nom- de- Jésus.  En  1645,  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Sainte-Marie-Majeurc  étant 
devenue  vacante,  ou  la  lui  confia;  mais  il  l'a- 
bandonna le  5  janvier  1C40.  Peu  de  temps  après, 
d  fut  élu  maître  de  Saint-Laurent-in-Damaso; 
ie  28  septembre  1649  il  retourna  à  Sainte-Marie- 
Majeure,  et  y  resta  jusqu'au  mois  de  janvier  1657. 
11  passa  alors  au  service  de  iNotre-Dame  de  Lu- 
rette, et  y  resta  plusieurs  années.  De  retour  à 
Home,  au  mois  de  mars  1G72,  il  rentra  pour  la 
troisième  fois  à  Sainte-Marie-Majeure,  et  en  di- 
rigea la  chapelle  jusqu'en  1677.  Alors  il  demanda 
sa  retraite  définitive  pour  aller  mourir  en  paix 
à  Castello.  Il  cessa  de  vivre ,  en  effet ,  dans  la 
même  année  ,  à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans. 

Les  œuvres  imprimées  de  ce  compositeur  con 


sislent  en  quatre  livres  de  Psaumes  à  quatre , 
huit,  douze  et  seize  voix  (Rome,  Mascardi,  1630 
à  1635);  cinq  livres  de  Motets  à  deux,  trois, 
quatre  et  cinq  voix  (Rome,  Grignani,  1636  à 
1638);  trois  livres  de  Messes  à  quatre,  huit, 
douze  et  seize  voix  (Rome,  Mascardi,  1638  à 
1650).  Après  la  mort  d'Abbatini,  son  élève  Do- 
minique del  Pane  a  fait  imprimer  ses  Antiennes 
à  vingt-quatre  voix,  c'est-à-dire  douze  ténors  et 
douze  basses  (Rome,  chez  le  successeur  de  Mas- 
cardi, 1677).  La  plus  grande  partie  des  œuvres 
d'Abbatini  est  restée  inédite  dans  les  archives  de 
Saint-Jean  de  Latran,  de  Sainle-Marie-Majeure, 
de  Saint-Laurent-in-Damaso  et  du  Nom-dc-Jésus. 
Ces  œuvres  se  composent,  savoir  :  di' Antiennes  à 
vingt-quatre  voix  :  douze  soprani  et  douze  con- 
tralli  ;  de  Messes,  Psaumes,  Motets,  et  de  répons 
à  quatre,  huit,  douze,  seize,  ^vingt-quatre  et 
quarante-huit  voix.  Le  P.  Martini,  dans  sa  con- 
troverse manuscrite  avec  Thomas  Redi  de  Sienne, 
sur  la  résolution  d'un  canon  d'Animuccia ,  cite 
des  discours  académiques  sur  la  musique,  com- 
posés par  Abbalini ,  lesquels  lurent  prononcés 
dans  les  années  1665  ,  66,  67  et  68  :  ces  discours 
sont  restés  en  manuscrit.  Abbatini  fut  aussi  au- 
tour d'une  partie  du  grand  ouvrage  de  Kircher 
intilulé  Musurgia ,  ou  du  moins  eut  beaucoup 
de  part  aux  recherches  qu'exigea  ce  travail. 
Alacci  (Draniaturgia)  nomme  aussi  ce  compo- 
siteur comme  auteur  d'un  opéra  intitulé  :  Del 
Maie  in  Bene,  lequel  aurait  été  représente  vers 
1654. 

ABBÉ  (Joseph-Barnabe  Saint-Sévin,  dit), 
violoniste,  naquit  le  11  juin  1727,  à  Agen,  ou 
sou  père,  Philippe-Pierre  de  Saint-Sévin,  et  son 
oncle  Pierre,  étaient  maîtres  de  musique  des  pa- 
roisses de  la  ville.  Pour  remplir  leurs  fonctions, 
ces  altistes  étaient  obligés,  suivant  l'usage  de 
leur  temps,  de  porter  le  petit  collet  :  de  là  leur 
est  venu  le  nom  d'Abbé  ou  de  VAbbé,  qu'ils 
ont  ensuite  conservé  après  qu'ils  eurent  quitté 
l'Église  pour  entrer  tous  deux  à  l'Opéra  en  qua- 
lité de  violoncellistes ,  dans  l'anni^e  1727.  Le  jeune 
Abbé  vint  rejoindre  son  père  à  Paris,  le  11  no- 
vembre 1731,  à  l'âge  de  quatre  ans.  11  ne  tarda 
point  à  commencer  l'étude  de  la  musique,  et  ses 
[)rogrès  furent  si  rapides, qu'en  1739  il  obtint 
au  concours  une  place  de  violoniste  à  l'orcheslro 
de  la  Comédie  française,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que 
de  douze  ans.  L'année  suivante,  le  célèbre  vio- 
loniste Leclair  le  prit  sous  sa  direction  :  après 
deux  années  d'études  sous  cet  habile  maître ,  il 
fut  reçu  à  l'Opéra  le  l*^'"  mai  1742.  Déjà  il  s'é- 
tait fait  entendre  avec  succès  au  concert  spiri- 
tuel. Il  y  joua  des  solos  jusqu'en  1750.  Après 
vingt  ans  de  service ,  il  se  retira  de  l'Opéra  ;  mai§. 


ABBÉ  —  ABEL 


il  n'obtint  point  de  pension,  quoiqu'il  y  eût  droit 
d'après  les  règlement;:,  parce  que  l'administration 
le  considéra  comme  trop  jeune  pour  jouir  de 
cet  avantage.  11  a  publié  de  sa  composition  huit 
œuvres  de  Sonates  et  de  Trios  pour  le  violon. 
Vers  1762,  il  se  retira  dans  une  jolie  habitation 
qu'il  possédait  à  Maisons,  près  de  Cliarenton  : 
il  y  mourut  en  1787.  Cette  maison  a  appartenu 
plus  tard  à  Martin,  chanteur  de  l'Opéra-Comique. 
AKBEY  (John),  facteur  d'orgues  distingué, 
est  né  à  Wil  ton,  dans  le  comté  de  Nortliampton, 
le  22  décembre  1785.  Dès  sa  jeunesse  il  fut  placé 
dans  la  manufacture  d'orgues  de  Davis,  alors 
renommée;  puis  il  entra  chez  Russec,  autre 
facteur  de  mérite  qui  mourut  à  l'ûge  de  quatre- 
vingt-quatorze  ans.  En  1826,  M.  Alibey  tut  ap- 
pelé à  Paris  pour  l'exécution  de  l'orgue  dont 
Sébastien  Érard  avait  conçu  le  plan,  et  qui  fut 
mis  à  l'exposition  des  produits  de  l'industrie 
nationale  en  1827.  Ce  fut  lui  aussi  qui  exécuta 
l'orgue  à  clavier  expressif  qu'Érard  lit  pour  la 
chapelle  des  Tuileries,  et  qui  fut  détruit  à  la 
révolution  de  1830.  Ayant  établi  lui-même  une 
manufacture  d'orgues  à  Paris,  M.  Abbey,  outre 
quelques  orgues  pour  des  amateurs  et  artistes , 
a  construit  des  orgues  de  chœur,  pour  l'accompa- 
gnement du  chant,  à  Saint-fc^tienne-du-Mont,  à 
Saint-Eustache ,  à  Saint-Nicolas-des-Champs,  à 
Sainte-Elisabeth,  à  Saint-Thomas-d'Aquin,  à 
Saint-Médard,  églises  de  Paris,  à  la  cathédrale 
et  à  l'église  Saint-Jacques  de  Reims ,  à  la  cathé- 
drale de  Nantes,  à  celle  d'Évreux,  à  la  cathédrale 
et  à  l'église-Notre-Dame  de  Versailles,  enlin 
à  l'église  de  Limay,  près  de  Mantes.  C'est  le 
même  facteur  qui  a  fait  des  orgues  de  tribunes , 
grandes  et  petites,  à  Neuilly,  à  Saint-Louis 
d'Antin,  au  collège  de  Henri  IV,  à  l'église  de 
Reuil,  à  La  Chapelle  Saint-Denis,  à  la  chapelle 
d'Olivet  d'Orléans  et  à  Saint-Marceau,  de  la 
même  ville,  au  collège  de  Caen,  au  couvent  de  la 
congrégation  de  la  Mère-Dieu,  à  Paris,  à  celui 
des  Sœurs  de  la  Charité,  rue  du  Bac,  au  couvent 
de  la  Légion  d'honneur,  à  la  chapelle  de  la  rue 
Barbette,  à  celle  du  couvent  de  Châlons,  à  la 
chapelle  de  l'hospice  de  Versailles,  et  plusieurs 
pour  le  Chili  et  les  îles  de  la  mer  du  Sud.  Enfin 
M.  Abbey  a  construit  les  grandes  orgues  des  ca- 
thédrales de  la  Rochelle,  de  Rennes,  de  Viviers, 
de  Tulle,  de  CliAlons-sur-Marne,  d'Amiens  et  de 
Bayeux.  Il  a  fait  aussi  des  réparations  à  beau- 
couj)  d'orgues  de  Paris  et  de  la  province.  C'est 
à  ce  même  artiste  qu'on  doit  l'introduction  du 
mécanisme  anglais  et  de  la  soufllerie  de  Cum- 
mins dans  la  facture  des  orgues  françaises.  Ses 
ouvrages  sont  bien  terminés,  et  l'harmonie  de  ses 
Jeux  est  en  général  satisfaisante. 


ABDALLAII-IBIV-KHALEDOUIV.  Voy. 
IBN-KHALEDOUN  (Abdallah). 

ABDULCADIR  (een-gaibf),  écrivain  per- 
san sur  la  musique  dont  l'ouvrage  manuscrit 
existe  dans  la  bibliothèque  de  l'université  de 
Leyde.  Il  est  cité  dans  le  catalogue  de  cette  bi- 
bliothèque (Çafal.  libr.  tam  impressor.  quam 
mamiscript.  Bibl.  puhl.  Universit.  Lugduno- 
Batavœ,  p.  453,  n.  1061),  sous  ce  titre: 

Traité  des  objets  de  modulations,  en /ait 
de  chants  et  de  mesures. 

ABEILLE  (Lonis),  pianiste,  compositeur 
et  directeur  des  concerts  du  duc  de  Wurtem- 
berg ,  naquit  vers  1765,  à  Rayreuth ,  où  son  père 
était  au  service  du  margrave.  Il  n'a  dû  son 
double  talent  de  compositeur  et  de  virtuose  qu'à 
son  travail  assidu  et  aux  chefs-d'œjivre  des 
grands  maîtres  qu'il  avait  pris  pour  modèles; 
car  il  avait  peu  de  génie ,  et  dès  son  enfance  il 
avait  été  livré  à  lui-même.  Ses  opéras  et  sa  mu- 
sique instrumentale  ont  eu  du  succès  en  Alle- 
magne; ils  sont  agréables,  quoiqu'ils  manquent 
d'originalité.  Il  a  publié  les  compositions  sui- 
vantes :  POUR  LE  CHANT ,  1"  Pocsies  mêlécs  de 
Hubncr  (Stuttgard,  1788,  in-8°);  T  deuxième 
partie  de  cet  ouvrage  (Stuttgard  ,  1793,  in-8"); 
3"  Idylles  de  Florian  (Heilbronn,  1793);  4» 
Chant  ou  cantate  pour  le  mercredi  des  Cendres, 
avec  accompagnement  de  piano;  œuvre  onzième 
(Augsbourg,  1798);  5"  l'Amour  et  Psyché,  opévà 
en  quatre  actes,  arrangé  pour  le  piano  (Augs- 
bourg, 1801  );  6°  les  plus  jolies  chansons  qui  ont 
paru  à  Stuttgard  depuis  1790,  mises  en  pot-pourri. 
POUR  LE  l'iANo.  7"  Quatre  sonates  poin-  le  clavecin 
(  Heilbronn ,  1789  )  ;  8°  une  sonate  et  neuf  varia- 
tions dans  le  goût  de  Mozart  pour  le  clavecin 
(  Heilbronn,  1790);  9°  fantaisie  pour  le  forté-piano 
(ibid.);  10"  concerto  pour  le  clavecin,  en  si 
bémol,  op.  5  (Offenbach.  1793);  11"  grand 
concerto  en  ré  à  quatre  mains,  op.  0  (Oifen- 
bacli,  1793);  12°  grand  trio  pour  le  clavecin  avec 
violon  et  violoncelle,  op.  20  (Offenbach,  1798); 
IS"  Chants  et  élégies  avec  clavecin  (1809);  14° 
Pierre  et  Annette,  opérette  en  1810;  15°  po- 
lonaises pour  piano-forté,  n°  1  (Leipsick);  16° 
valse  en  forme  de  rondeau,  pour  piano,  ï\°^  i 
et  2  (Leipsick).  On  trouve  à  la  Bibliothèque  im- 
périale, à  Paris,  un  3/isere;e  à  grand  chœur,  en 
partition  manuscrite  (n°  Vra  320),  composé  pai* 
Abeille. 

ABEL  (Clamor-Henri),  musicien  de  chai)(ibro 
à  la  cour  de  Hanovre,  naquit  en  Westphalie,  vers 


ABEL  —  ABELA 


le  milieu  du  17*'  siècle.  On  ne  sait  point  le  nom 
«lu  maître  qui  dirigea  ses  études,  ni  les  circons- 
tances de  sa  vie.  Ses  ouvrages  ont  été  publiés 
sous  le  titre  :  Ersllinge  miisïkalischer  Blumen, 
Allcmanden ,  Coiiranten ,  Sarabanden,  etc. 
(  Prémices  de  (leurs  musicales,  allemandes,  cou- 
rantes, sarabandes,  etc.),  partie  pour  violon  et 
basse,  partie  pour  viola  da  cjamba ,  violon  et 
basse.  Le  premier  volume  parut  à  Francfort-sur- 
le-Mein  en  1C74,  le  second  en  1676,  et  le  troisième 
en  1677,  in  fol.;  on  y  trouve  son  portrait.  On  a 
réuni  ces  trois  parties  dans  une  édition  qui  parut 
à  Brunswick  en  1687,  sous  ce  titre  :  Dreij  opéra 
mics'ica,  auf  einmal  tvieder  aufgelegt,  Sie  en- 
thielten  Allemanden,  etc.  La  musique  d'Abel  ne 
se  distingue  par  aucune  qualité  remarquable. 

ABEL  (Léopold-Alcuste),  fils  d'un  musicien 
de  la  chapelle  du  prince  d'Anbalt-Cœthen ,  na- 
(juit  à  Cœtlien  en  1720.  Elève  de  Ijenfla,  il  devint 
liabile  violoniste,  pour  son  temps,  et  fut  d'abord 
employé  dans  l'orchestre  du  théâtre  dirigé  par 
Nicolini  à  Brunswick.  En  1758  il  obtint  la  place 
de  maître  de  concerts  du  prince  de  Schwarlz- 
bourg-Sondershausen  ;  huit  ans  après  il  passa 
au  service  du  margrave  de  Schwedt,  et  plus  tard 
il  fut  attaché  à  la  cour  du  duc  de  Schwerin. 
On  ignore  l'éponue  de  sa  mort.  Le  catalogue  de 
Bôhme,  de  Hambourg,  indique  Sî:c  Concertos 
pour  le  violon  composés  par  cet  artiste.  Abel 
était  habile  peintre  en  miniature. 

ABEL  (Charles-Frédéric),  frère  puîné  du 
précédent ,  musicien  célèbre  et  le  plus  habile 
joueur  de  basse  de  viole  de  son  temps,  né  à 
Cœthen  vers  1724,  fut  admis  à  l'école  de  Saint- 
Thomas  de  Leipsick,  et  y  apprit  la  musique  sous 
l,\  direction  de  Jean-Sébastien  Bach.  Ses  études 
terminées,  il  entra  dans  la  chapelle  du  roi  de 
l'ologneà  Dresde,  et  y  demeura  pendant  dix  ans. 
La  modicité  de  ses  appointements  et  quelques 
discussions  désagréables  avec  le  célèbre  compo- 
siteur Hasse,  qui  dirigeait  alors  la  chapelle 
royale ,  décidèrent  Abel  à  donner  sa  démission 
en  1759.  Après  avoir  parcouru  l'Allemagne  dans 
un  état  voisin  de  l'Indigence  pendant  près  d'une 
année,  il  se  rendit  en  Angleterre,  où  il  put  tirer 
parti  de  ses  talents.  Le  duc  d'York  devint  son 
protecteur  et  le  fit  entrer  dans  la  musique  de  la 
reine,  avec  deux  cents  livres  sterling  de  traite- 
ment. Peu  de  temps  après  il  devint  directeur  de 
la  chapelle  de  cette  princesse.  Son  séjour  à  Lon- 
dres dura  sans  interruption  jusqu'en  1783;  mais, 
â  cette  époque,  le  désir  de  revoir  son  frère, 
Léopold-Augnste,  directeur  des  concerts  du  duc 
de  Schwerin,  le  ramena  en  Allemagne.  Il  se  fit 
entendre  à  Berlin  et  à  Ludvvigslust,  et,  quoiqu'il 
eût  alors  sorxante-quatre  ans,  il  excita  l'admi- 


ration générale  par  l'expression  et  la  netteté  de 
son  jeu.  Frédéric-Guillaume,  alors  prince  royal 
de  Prusse ,  lui  lit  présent  d'une  tabatière  fort 
riche  et  de  cent  pièces  d'or  pour  lui  témoigner  sa 
satisfaction.  De  retour  en  Angleterre,  il  entre- 
prit d'y  donner  des  concerts  publics;  mais  cette 
spéculation  n'ayant  pas  réussi,  le  dérangement 
de  ses  affaires  l'obligea  à  passer  quelque  temps  à 
Paris  ;  il  ne  tarda  point  à  retourner  à  Londres, 
où  il  mourut,  le  22  juin  1787,  à  la  suite  d'une 
sorte  de  lélliargie  qui  dura  trois  jours.  Quoique 
d'un  caractère  irascible  et  brutal,  il  était  bien 
reçu  dans  la  société.  Son  défaut  principal  était 
la  passion  du  vin,  qui  probablement  abrégea  se« 
jours. 

Les  Anglais  font  maintenant  peu  de  cas  des 
compositions  d'Abel;  cependant  elles  se  distin- 
guent par  un  chant  pur  et  une  harmonie  assez 
correcte.  Elles  consistent  en  dix-sept  œuvres, 
publiés  à  Londres,  à  Paris,  à  Berlin,  etc.,  sa- 
voir :  1"  six  ouvertures  à  huit  parties,  op.  1;  2° 
six  sonates  pour  clavecin,  avec  accomp.de  violon, 
op.  2;  3°  six  trios  pour  deux  violons  ou  fiûte, 
violon  et  basse,  op.  3;  4°  six  ouvertures  à  huit 
parties,  op.  4  ;  5°  six  sonates  pour  clavecin,  avec 
ace,  op.  5;  6°  six  solos  pour  flûte  et  basse, 
op.  6;  7°  six  ouvertures  à  huit  parties,  op.  7; 
S**  six  quartetti,  pour  deux  v.,  alto  et  b.,  op.  8; 
9°  six  trios  pour  violon ,  violonc.  et  b.,  op. 
9;  10"  six  ouvertures  à  huit  parties,  op.  10;  11" 
six  concertos  pour  clavecin,  avec  ace.  de  deux 
violons  et  basse,  op.  11  ;  12"  six  quartetti  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  12;  13"  six  so- 
nates pour  clav.  avec  ace.  de  v.  op.  13;  14°  six 
ouvertures  à  huit  parties,  op.  14;  15'  six  quart, 
pour  deux  v.,  alto  et  b.,  op.  13  :  on  a  aussi 
gravé  comme  œuvre  quinzième  des  sonates 
pour  le  clavecin;  16°  six  trios  pour  deux  t.  et 
b.,op.  16-;  17"*  six  ouvertures  à  quatre  parties, 
op.  17.  Presque  tous  ces  ouvrages  ont  été  ar- 
rangés pour  divers  instruments.  Abel  a  écrit  quel- 
ques morceaux  pour  l'opéra  anglais  Love  in  a 
village,  représenté  à  Londres  en  1760,  et  pour 
Bérénice,  1764.  Jean-Baptiste  Cramer  a  été  le 
meilleur  élève  d'Abel. 

ABELA  (Charles-Gottlob),  né  le  29  avril 
1803,  à  Borna  près  d'Oschatz,  en  Saxe,  fit  ses 
éludes  musicales  à  Dresde  sous  le  cantor  et 
professeur  A.  G.  Fischer.  Appelé  à  Halle,  en  1825, 
en  qualité  de  professeur  à  l'école  primaire,  il  fut 
nommé  peu  de  temps  après  cantor  de  l'Église 
Sainte-Marie.  En  1827,  il  réunit  à  cette  position 
celle  de  professeur  de  musique  îi  l'école  supé- 
rieure. Abela  mourut  à  la  fleur  de  l'âge,  le  22  avril 
1841.  Ses  principales  productions  sont  :  f.un 
recueil  de  Lieder  à  2,  3  et  4  voix,  à  l'usage  des 


ABELA  —  ABEINHEIM 


écoles,  publié  à  Leipsick,  cliez  Harlknoch,  et 
dont  la  quatrième  édition  stéréotype  a  paru 
en  1848;  2°  160  Lieder  suivis  de  canons  à  plu- 
sieurs voix,  Leipsick,  Breitkopf  etHaertel;  3° 
120  quatuors  pour  4  voix  d'hommes,  «ôid;  4° 
Der  Sdngerbund  (L'Union  des  Clianteurs), 
Lieder  pour  4  voix  d'hommes,  Halle,  Knapp. 

ABELL  (Jean),  musicien  anglais,  possédait 
une  fort  belle  voix  de  ténor,  et  fut  attaché  à  la 
chapelle  de  Charles  II,  roi  d'Angleterre.  Ce 
prince  admirait  son  talent  dans  le  chant,  et  avait 
conçu  le  projet  de  l'envoyer,  avec  le  sous-doyen 
de  sa  chapelle,  Gostling,  au  carnaval  de  Venipe, 
pour  montrer  aux  Italiens  qu'il  y  avait  de  belles 
voix  en  Angleterre;  mais  ce  voyage  n'eut  point 
Heu.  Lors  de  la  révolution  de  1688,  Abell  fut 
exilé  d'Angleterre  comme  papiste.  Il  se  mit  à 
voyager  et  à  donner  des  concerts.  Matliieson 
assure  (i7i  Wollkomm.  Capellmeïsler)  qu'il 
chanta  avec  beaucoup  de  succès  en  Hollande  et 
à  Hambourg.  Il  ajoute  qu'Abell  possédait  un  se- 
cret par  lequel  il  conserva  la  beauté  de  sa  voix 
jusque  dans  l'âge  le  plus  avancé.  Abell  était  aussi 
luthiste  fort  distingué.  Partout  il  recevait  de  ma- 
gnifiques présents;  mais  il  dissipait  aussitôt  ce 
<ju'il  gagnait.  11  se  vit  à  la  fin  réduit  à  voyager  à 
pied,  avec  son  luth  sur  le  dos.  Arrivé  à  Var- 
sovie, il  fut  mandé  par  le  roi  de  Pologne,  qui 
voulait  l'entendre.  Abell  s'excusa  sous  le  prétexte 
d'un  rhume.  Sur  cette  réponse,  l'ordre  précis  de 
se  sendre  à  la  cour  lui  fut  envoyé.  Dès  qu'il 
y  fut  arrivé,  on  l'introduisit  dans  une  grande  salle, 
autour  de  laquelle  régnait  une  galerie  où  le  roi 
se  trouvait  avec  toute  sa  suite.  Abell  fut  assis 
dans  un  fauteuil  qu'on  hissa  au  moyen  d'une 
poulie;  puis  on  fit  entrer  des  ours  dans  la  salle, 
et  l'on  donna  le  choix  au  musicien  d'être  dévoré 
par  eux  ou  de  chanter  ;  il  prit  ce  dernier  parti , 
et  l'on  assure  que  le  trait  de  despotisme  stupide 
dont  il  était  victime  dissipa  sur-le-champ  la 
rhume  qu'il  avait  allégué.  Après  plusieurs  années, 
il  obtint  la  permission  de  rentrer  en  Angleterre; 
et  il  témoigna  sa  reconnaissance  de  ce  bienfait 
dans  la  dédicace  qu'il  fit  au  roi  Guillaume  d'une 
collection  de  chansons  en  diverses  langues,  la- 
quelle fut  publiée  à  Londres  en  1701  sous  ce 
titre:  Collection  of  Sangs  in  several  languacjes. 
Le  catalogue  de  musique  d'Etienne  Roger, 
d'Amsterdam,  indique  un  ouvrage  d'Abell  sous 
ce  titra  :  Les  airs  d'' Abell  pour  le  concert  du 
Buole.  On  trouve  aussi  dans  le  quatrième  vo- 
lume de  la  collection  intitulée  :  Pills  to  purge 
vielancoly,  deux  airs  de  ce  musicien.  Abell  mou- 
rut dans  un  âge  très-avancé. 

ABELTSHAUSER.  On  a,  sous  le  nom  de 
ce  musicien  allemand ,  qui  était  attaché  à  la  mu- 


sique du  régiment  autrichien  en  garnison  à 
Mayence,  de  1825  à  1830,  les  ouvrages  suivants  : 
l°six  quatuors  pour  deux  flûtes  et  deux  cors, 
œuvre  premier,  Mayence,  Schott;  2°  idem, 
œuvre  deuxième,  ibid.;  3"  douze  pièces  pour 
quatres  cors,  œuvre  troisième,  ibid.;  4°  six  pièces 
pour  flilte,  clarinette,  cor  et  basson ,  œuvre  qua- 
trième, ibid. 

ABEJVHEIM  (Joseph),  musicien  attaché  à 
la  chapelle  du  roi  de  Wurtemberg,  est  né  à 
Worms  en  1804,  et  y  a  reçu  de  Winkelmaier  les 
premières  leçons  de  piano  et  de  violon.  Plus 
tard  il  se  rendit  à  Darmstadt  pour  y  continuer  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  Schloesser. 
Entré  fort  jeune  dans  l'orchestre  de  la  cour  de 
Manheim,il  perfectionna  son  talent  de  violoniste 
et  apprit  les  éléments  de  l'harmonie  chez  Frey, 
alors  maîtréî  de  concerts  de  cette  cour.  En  1825, 
Abenheim  fut  admis  dans  la  chapelle  royale  et  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  Stuttgard.  Fixé  dans  cette 
ville,  il  s'y  maria  et  s'y  livra  d'abord  à  l'ensei- 
gnement; mais,  animé  du  désir  d'augmenter  ses 
connaissances  dans  son  art,  il  obtint  un  congé 
en  1828  et  se  rendit  à  Paris,  où  Reicha  lui  donna 
des  leçons  de  composition.  De  retour  à  Stuttgard, 
il  prit  une  position  plus  élevée  dans  l'orchestre 
du  théâtre  royal,  et  remplaça  le  maître  de  cha- 
pelle Lindpaintner  et  son  adjoint  M.  Molique,  en 
leur  absence.  Ce  fut  lui  aussi  qu'on  chargea  de 
la  direction  de  l'orchestre  des  vaudevilles  qui 
étaient  joués  souvent  sur  le  petit  thràtie  de  la 
cour  par  les  membres  de  la  famille  royale  et  quel- 
ques personnes  de  la  haute  noblesse  .  M.  Aben- 
heim est  fort  estimé  à  Stuttgard  comme  professeur 
de  piano  et  d'harmonie.  Les  compositions  de  cet 
artiste  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont  les  suivantes  : 
1"  chant  sans  paroles  pour  le  piano ,  Stuttg.ird , 
Ilallberger;  2°  deux  nocturnes  pour  piano  seul  : 
n°  1  en  sol  mineur,  n°2  en  la  bémol.,  op.  8,  ibid.; 
3°  Polonaise,  idem,  Carisruhe,  Creuzbauer; 
4°  6  Lieder  à  voix  seule  avec  piano,  op.  2,  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hsertel  ;  5°  6  idem,  op  5,  Stutt- 
gard, Copel  ;  6°  Le  Rhin  allemand  (  Der  deutsclic 
Rhein),  de  Baker,  chanson  à  voix  seule,  Stutt- 
gard, Schulz;  7°  Le  Wurtembergeois  et  sa  fidé- 
lité (en  allemand),  2  chansons  avec  piano, 
Stuttgard,  Zumsteg;  8*  Le  chant  de  Thekla  dans 
le  Wallenstein  de  Schiller,  idem,  op.  9,  ibid.; 
9°  Chant  pour  le  drame  Der  liebe  Zamber,  op. 
10,  Stuttgard,  Hunz.  Le  plus  grand  nombre  des 
productions  de  M.  Abenheim  est  encore  en  ma- 
nuscrit; on  y  remarque  des  pièces  de  circons- 
tance pour  des  fôtes  de  la  famille  royale  de  Wur- 
temberg, la  musique  pour  le  drame  intitulé 
Hariadan,  joué  à  Stuttgard  au  mois  de  juin  1 842, 
un  psaume  à  4  voix  et  un  Vater  unscr  (Pater 


ABENHEIM  —  ABOU  ALOUFA 


noster),  qu'il  a  l'ait  exécuter  plusieurs  fois  à  Stutt- 
gaiil ,  et  qui  ont  été  considérés  comme  de  beaux 
ouvraf^es. 

ABERCORN  (Le  comte  d'),  précédemment 
Loid  l'AisLEY.  Voyez  Pepuscii. 

ABICIIT  (Jean-George),  tliéologien  pro- 
testant el  savant  orientaliste,  né  en  1672,  à 
Kœnigsée,  dans  la  principauté  deSchwartzbourg, 
mort  à  Witteniberg  en  1740,  ou,  selon  quelques 
biographes,  le  5  juin  1749.  11  remplissait  à 
W'ittemberg  les  fonctions  de  professeur  à  TAca- 
démie.  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  avait  été 
nommé  membre  de  l'Académie  royale  des  sciences 
de  Berlin.  L'objet  principal  des  travaux  d'Abicht 
fut  la  langue  hébraïque,  et  surtout  l'usage  gram- 
matical, prosodique  et  musical  des  accents  de 
cette  langue.  Sa  dispuste  avec  Jean  Franke  a 
jeté  quelque  jour  sur  cette  matière. 

Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  ceux  qui  ont 
du  rapport  avec  la  musique  sont  :  \°  Dissertatio 
deHebrxorumacceniuumgenuino  Officio,  dans 
la  préface  de  Frankii  diacrit.  sacr.;  1710,  in- 
4"  ;  2"  Vindicix  Usits  accentiinm  imisici  et 
ora(oni,Joh.  Frankio  oppositx ;  Lipsiae,  1713, 
in-'t";  3"  Accentus  Hebreeorum  ex  antiquis- 
simo  usu  Icctorio  vel  imisico  explkati,  et  ad 
nsum  hcrmeneuticum  appUcati ,  cum  duabus 
tabulis  seneis  et  specimïne  locorum  ex  accen- 
abus  explicatorum ,  in  quo  de  Poesi  Ilebrxo- 
rum  rlmthmicn  disseretur.  Accedit  Anon.  Ju- 
dxi  porta  accenfuum  in  latimim  sermonem 
versa,  Lipsiac;  Jo.  Clirit.  Kœnig,  1715,  gr. 
in-8°  de  300  pages  de  texte,  index  et  planches; 
4"*  Exccrpta  de  lapsu  murorum  liierichtinti- 
norum.  Ce  dernier  ouvrage  a  été  inséré  par  Ugo- 
lini  dans  son  Tliesatir.ant.sacr.,t.  32,  p.  837. 
La  plupart  de  ces  dissertations  se  trouvent  aussi 
dans  le  Trésor  d'ikénius. 

Goetten  a  donné  une  notice  de  la  vie  d'Abicht 
dans  son  Europe  savante,  et  l'on  trouve  la  liste 
de  ses  ouvrages  dans  les  Vies  des  Théologiens 
saxons  de  Michel  Ranst ,  t.  F"",  p.  1,  et  dans  les 
Acta  hist.  ecclésiast.,  t.  V,  p.  289. 

ABIIVGTOIV  ou  ABYi\GDOi\  (Henri), 
l'un  des  premiers  chanteurs  et  musiciens  de  son 
temps ,  en  Angleterre ,  fut  d'abord  organiste  à  l'é- 
glise de  Wels,  dans  le  comté  de  Sommerset,  puis 
à  la  chapelle  royale  de  Londres,  où  il  mourut 
vers  l'an  1520.  Thomas  Morus  lui  a  fait  deux 
épitaphes  qu'on  trouve  dans  le  Thesuur.  epi- 
taph.  du  P.  Labbe. 

ABOS(Jérôme),  compositeur  del'École  napo- 
litaine, était  d'origine  espagnole,  etnaquità  Malte, 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième  sfècle. 
Les  Napolitains  l'appelaient  Avos,  et  mkm&Acossa, 
parce  que  la  lettre  b,  dans  la  langue  espagnole,  a 


le  son  du  v,  prononcé  avec  mollesse.  Léo  et 
Durante  furent  ses  maîtres  de  composition  et  de 
chant.  Devenu  habile  dans  son  art,  il  fut  em- 
ployé dans  l'enseignement  au  Conservatoire  de  la 
Pietà  de"  Tunchini.  Il  enseignait  aussi  le  chant 
dans  plusieurs  couvents  de  femmes  dont  il  était 
maître  de  chapelle.  De  son  école  sont  sortis 
quelques  chanteurs  distingués,  au  nombre  des- 
quels est  Aprile.  Les  premiers  opéras  d'Abos 
jouésàNaples  furent  ;  La  Pupilla  e  'l  Tutore, 
La  Serva  padrona,  et  Ljlfujenïa  in  Aulïde.  En 
1746  il  écrivit  Artaserse  pour  le  théâtre  Saint- 
Jean-Chrysostome,  à  Venise.  Il  donna  au  théâtre 
Argentina  de  Rome,  en  1750,  VAdriaiio  et  écrivit 
ensuite  plusieurs  autres  ouvrages  dont  les  titres 
ne  sont  pas  connus,  pour  les  théâtres  de  cette 
ville,  de  Venise  et  de  Turin.  En  1756  il  fut 
appelé  à  Londres,  en  qualité  de  Maestro  al  cem- 
balo  du  Théâtre-Italien,  et  dans  la  même  année 
il  y  fit  représenter  le  Tito  Manlio.  Deux  ans  plus 
tard  il  y  donna  le  Creso,  opéra  sérieux  en  trois 
actes.  De  retour  à  Naples,  dans  l'été  de  1758,  Abcs 
reçut  sa  nomination  de  maître  du  Conservatoire 
de  La  Pietà.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  à  l'âge 
de  quatre-vingts  ans ,  vers  1786.  On  connaît  de  ce 
maître  beaucoup  de  musique  d'église,  dont  cinq 
messes  à  quatre  voix  et  orchestre,  deux  messes  pour 
soprano  et  contralto,  avec  orgue;  un  Kyrie  et 
Gloria,  en  sol  mineur,  pour  quatre  voix  et  orgue; 
un  Kyrie  et  Gloriak  huit  voix  réelles ,  avec  vio- 
lons, violes,  cors  etorgue;  des  litanies  de  la  Vierge 
pour  soprano,  contralto  et  orgue.  Toutes  ces 
compositions  sont  en  manuscrit  à  Naples,  à  Rome, 
à  Vienne  et  au  Con<;ervatoire  de  Paris.  La  mu- 
sique d'Abos  à  quelque  ressemblance  de  style 
avec  celle  de  Jomelli.  Son  harmonie  est  pure  et 
ses  mélodies  ne  manquent  point  d'élégance;  mais 
on  n'y  trouve  pas  d'oiiginalité  dans  les  idées. 

ABOU  ALOUFA,  fils  de  Sa/iid,  auteur 
persan  d'un  Traité  de  Musique  pour  le  chant 
et  pour  les  instr^iments  qu'on  joue  avec  la 
bouche  et  avec  les  doigts,  que  Chardin  apporta 
en  Europe,  et  dont  le  manuscrit  est  aujourd'hui 
dans  la  bibliothèque  du  Muséum  britannique,  à 
Londres.  Chardin  a  donné  une  analyse  de  cet 
ouvrage  dans  la  relation  de  ses  voyages  (t.  V, 
p.  106,  pi.  XXVI,  édit.  d'Amsterdam,  1711). 
On  y  voit  la  figure  du  manche  de  l'Eoudo  ou 
luth,  avec  sadivision  et  les  noms  des  cordes,  ainsi 
que  des  cases. La  doctrine  d'Abou  Alou/a  est  la 
division  de  l'octave  en  vingt-quatre  parties  ou 
quarts  de  ton.  La  musique,  dit-il,  est  une  ville 
divisée  en  quarante-deux  quartier  s  donl  chacun 
a  trente-deux  rues  (circulations  ou  gammes); 
d'où  il  suit  que  le  nombre  de  modes  fonda- 
mentaux et  dérivés  de  la  musique  persane  est 


ÏO 


ABOU  ALOUFA  —  ACCELLI 


de  treize  cent  qucunnie-quatrc.  Parmi  les  ins- 
truments décrits  par  Abou  Aloufa  se  trouve  la 
v'ina  de  l'Inde,  dont  il  donne  la  figure  avec  le 
nom  persan  kenkeri.  Celte  circonstance  indique 
que  le  temps  où  l'ouvrage  fut  écrit  est  très-reculé, 
car  à  l'époque  où  Chardin  séjourna  en  Perse 
(c'est-à-dire  dans  la  seconde  moitié  du  17®  siècle), 
l'instrument  dont  il  s'agit  y  était  complètement 
inconnu. 

ABRAHAM  (....)>  professeur  de  clari- 
nette et  de  solfège  à  Paris,  entra  dans  l'orcliestre 
du  Théâtre  des  Délassements  comiques,  en 
1790.  Il  est  mort  vers  1805.  C'était  une  espèce 
d'ouvrier  musicien,  aux  gages  des  marchands  de 
musique;  il  arrangeait  pour  eux  les  ouvertures 
et  les  airs  des  opéras  nouveaux  pour  divers  ins- 
truments. Il  a  publié  en  outre  :  1°  Méthode  pour 
le  flageolet;  Paris,  Frère. —  2° Méthode  pour  la 
clarinette;  iliid. —  3°  Méthode  pour  le  basson. 
Le  nombre  de  recueils  d'airs  qu'il  a  arrangés 
pour  deux  violons,  deux  flûtes,  deux  clarinettes 
ou  deux  l)assons  est  très-considérable. 

ABRAHAM  (.  .  .  .),  constructeur  d'orgues, 
né  en  Boht^me,  est  auteur  de  l'orgue  des  Corde- 
liers,  à  Prague,  composé  de  vjngt-dnq  jeux,  deux 
claviers,  pédale  et  quatre  soufflets;  et  de  celui 
de  l'église  Saint-Dominique  de  la  même  ville, 
composé  de  soixante-onze  jeux,  quatre  claviers, 
pédale  et  douze  soufflets.  On  ignore  en  quel 
temps  il  vivait. 

ABRAHAM  BEIV  DAVID  ARIÉ,rabbin, 
Israélite  italien,  vécut  vers  la  fin  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième.  Il 
exerçait  la  médecine  à  Modène.  Il  a  écrit  un  livre 
intitulé  :  amn^H  ^"cSu,  Sciltè  Hagghibbo- 
rim  (les  Boucliers  des  puissants),  qui  a  été 
publié  à  Mantoue,  en  1G12.  Cet  ouvrage,  dont 
les  exemplaires  sont  très-rares,  (raite  des  vases 
et  ustensiles  dont  on  faisait  usage  dans  le  temple 
de  Jérusalem,  des  sacrifices,  libations,  parfums, 
offrandes,  et  de  tout  ce  qui  appartenait  aux  obla- 
lions.  La  seconde  partie  traite  des  offices,  des 
prêtres,  des  chantres.  {Voijez  Barlholocci,  Bi- 
blioth.  magna  rabb'mica,  pars  IV,  p.  464.  )  Ugo- 
lini  a  traduit  toute  la  partie  de  cet  ouvrage  qui 
concerne  les  instruments  de  musique ,  le  chant 
et  autres  choses  de  l'exécution  musicale,  dans 
son  Thésaurus  antiquitatum  sacrarum ,  etc., 
tome  XXXIl,  col.  1  —  96.  Cette  section  du  Sciltè 
ffagghibborim  est  divisée  en  dix  chapitres. 

ABRAMS  (Miss  Henriette  et  M'"'^),  deux 
très-bonnes  cantatrices  anglaises,  concoururent 
avec  madame  Mara  à  embellir  les  concerts 
donnés  k  Londres,  en  17S4  et  1785,  pour  la  com- 
mémoration de  Hœndel. 

Miss  Abrams  a  publié  les  ouvrages  suivants, 


qu'on  trouve  dans  le  catalogue  de  La  venu  de 
1796  : 1°  Trois  chansonnettes  sur  des  paroles  an- 
glaises. —  2°  Little  Boy  blue ,  air  à  trois  voix. 
—  3°  Duo  sur  ces  paroles  :  And  mustwe part  !  Le 
petit  air  qui  commence  par  ces  mots  :  Crazi 
Jane,  et  dont  la  musique  est  de  Miss  Abrams, 
est  devenu  populaire.  On  a  aussi  publié  de  cette 
cantatrice  :  1°  Collection  of  Songs,  Londres, 
1787.  —  2°  Collection  of  Scotch  Songs,  harmo- 
nized/or  two  and  three  voices,  ihid. 

ABS  (Joseph-Théodosien),  ancien  moine  fran- 
ciscain, né  vers  1775  dans  le  duché  de  Berg,  fut 
nommé,  après  la  suppression  de  son  ordre,  di- 
recteur de  la  maison  des  orphelins  à  Kœnigsberg. 
On  a  de  sa  composition  300  chansons  avec  leurs 
mélodies,  et  100  devises  en  canons. 

ART  (François),  né  le  22  décembre  1819,  à 
Eilenbourg,  en  Saxe,  a  fait  ses  études  musicales 
à  Leipsick,  et  s'y  est  fait  connaître  d'abord  comme 
pianiste  et  professeur  de  cet  instrument.  Au 
mois  de  septembre  1841  il  a  été  appelé  à  Zurich, 
en  qualité  de  directeur  de  la  Société  philharmo- 
nique ,  place  dans  laquelle  il  a  succédé  à  Eugène 
Petzold.  En  1853  il  a  quitté  cette  position  pour 
celle  de  second  maître  de  la  chapelle  et  du  théâtre 
à  Brunswick.  Fécond  auteur  de  petites  pièces  pour 
le  piano,  il  a  publié  pour  cet  instrument  des  fan- 
taisies, rondos,  rondinos  et  caprices  à  quatre  mains, 
des  contredanses ,  des  valses ,  des  thèmes  variés, 
des  pots-pourris,  rondos,  etc,  pour  piano  seul; 
une  immense  quantité  de  chants  et  de  lieder,  à 
voix  seule,  avec  ace.  de  piano,  et  d'autres  baga- 
telles. En  1844  il  a  composé  un  opéra  pour  le 
théâtre  de  Leipsick  :  j'ignore  si  cet  ouvrage  a  été 
représenté. 

ABU-JVASR-MOHAMMED-BEN-FA- 
RARI.  Voy.  FAR\iii. 

ACAEN  ou  AÇAEIV,  contrapuntisfe  espa- 
gnol, né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  parait  avoir  passé  une  partie  de  sa  vie  en 
Italie.  Ce  musicien  est  cité  dans  le  Mélopeo  de 
Cerone,  et  dans  le  Trattato  délia  natura  e  co- 
gnizione  di  tutti  gli  tuoni,  d'Aaron.  Dans  le 
deuxième  livre  des  Motetti  de  la  Corona  ,  pu- 
blié en  1519,  par  Octavien  Petrucci  de  Fossom- 
brone,  on  trouve  les  motets  d'Açaen  à  quatre 
\o\\  :  Nojnine  quiDominiprodit,elJudicame, 
Deus,  et  discerne. 

ACCELLI  (César),  confrapuntiste  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Il  a  publié  k  Venise,  en  1557,  Libre  primo  de' 
Madrigali  a  cinqiie  voci,  dans  lequel  on  trouve 
le  madrigal  Donna  mia  casia  e  bella  qui  est 
d'une  suavité  remarquable.  Dans  un  recueil  qai  a 
pour  titre  :  De''  Jloridi  Virtuosi  d'Jtalia  il  terzo 
libro  de'  madrigali  a  cinque  voci,  nuovamente 


ACCELLI  —  ADALBERT 


11 


compost i  e  dati  in  luce  {Venezia,  Giacomo 
Vincenti  e Ricciai-do  Amadinocompagni,  \b&6) , 
on  trouve  des  madrigaux  de  la  composition  de 
ce  musicien. 

ACCIAJUOLI  (Philippe),  poète  drama- 
tique et  compositeur,  né  à  Rome  en  1637,  entra 
de  bonne  heure  dans  l'ordre  des  chevaliers  de 
Malte.  Les  caravanes  qu'il  dut  faire  avant  d'être 
.décoré  de  la  croix  de  l'ordre  firent  naitre  en  lui 
une  telle  passion  de  voyages ,  qu'il  visita  non-seu- 
lement toute  l'Europe ,  et  les  côtes  d'Afrique  et 
d'Asie,  mais  même  l'Amérique,  d'où  il  revint  dans 
sa  patrie  par  l'Angleterre  et  la  France.  Le  repos 
dont  il  jouit  alors  lui  permit  de  se  livrer  au  goût 
qu'il  avait  toujours  eu  pour  le  théâtre,  et  princi- 
palement pour  l'opéra.  Il  écrivit  plusieurs  pièces, 
dont  il  composa  lui-même  la  musique.  La  facilité 
prodigieuse  dont  il  était  doué  lui  suggéra  aussi  la 
pensée  d'être  en  même  temps  le  décorateur  et  le 
machiniste  de  ses  opéras,  et  bientôt  il  devint  pour 
ces  accesoires  l'un  des  plus  habiles  de  son  temps. 
L'académie  des  Arcadi  illustri  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres,  et  il  y  figura  sons  le  nom  de 
Jreneo  Amasiano.  Il  mourut  à  Rome  le  3  fé- 
vrier 1700.  Les  opéras  dont  Acciajuoli  a  fait  les 
paroles  et  la  musique  sont  :  1°  Il  Girello,  dramma 
bicrlesco  per  rnusica;  Modène  ,  1675,  et  Ve- 
nise 1682.  — 1°  La  Damina  placata  ;  Venise, 
1680.  —  3°  VVlisse  in  Tracia;  Venise,  1681. 
—  4"  CM  è  causa  del  suo  mal,  pianga  se  stesso, 
poesia  d'Ovidio,  e  rnusica  d'Orfeo.  On  ignore 
Tannée  et  le  lieu  où  cet  ouvrage  a  été  représenté; 
Allacci  n'en  fait  pas  mention  dans  sa  Drama- 
turgia,  et  il  n'est  connu  que  par  ce  qu'en  dit 
Mazzuchelli  (  Gli  Scrittori  d'Ilalia,  t.  I). 

ACCORIMBONI  (Augustin)  naquit  ù  Rome 
vers  l'an  1754.  Al'àgede  ving-huit  ans  il  composa, 
pour  le  théâtre  de  Parme,  un  opéra  intitulé  : 
Jl  Regno  délie  Amazzoni,  qui  eut  beaucoup  de 
succès,  et  fut  ensuite  représenté  sur  les  principaux 
théâtres  de  l'Italie ,  et  même  à  l'étranger.  En  1786 
il  donna  aussi  à  Rome.  Il  Podestà  dl  Tuffo 
antico.  Il  quitta  ensuite  la  carrière  théâtrale  pour 
s'adonner  à  la  musique  d'église,  et  composa  un 
grand  nombre  de  messes,  de  motets  et  de  vêpres, 
qu'on  trouve  répandus  dans  la  Romagne  et  la 
Lombardie.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort. 

ACEVO  (.  .  .),  luthier  piémontais ,  né  à 
Saluzzio,  ou  Saluées,  vers  1630,  futélcvede  Cappa, 
et  eut  de  la  réputation  par  la  bonne  qualité  de  ses 
instruments.  Ses  basses  de  viole  lurent  particuliè- 
rement estimées.  J'ai  vu  un  de  ces  instruments  qui 
portait  la  date  de  1693  :  il  avait  appartenu  à 
Marin  Marais ,  dont  il  portait  la  signature  sur 
le  dos. 

ACEVO.  Voy.  ALVAREZ. 


ACHTER  (  P.  Ulrich)  naquit  à  Aichbach, 
en  Bavière ,  le  10  mars  1777.  Son  père,  qui  était 
tailleur,  lui  lit  apprendre  la  musique  chez  les 
bénédictins,  où  il  fut  reçu  le  13  mai  1798.  Il 
prit  l'habit  de  cet  ordre  le  3  mai  1801,  et  mourut 
de  phthisie  dans  sa  ville  natale,  eu  octobre  1803, 
Il  jouait  bien  du  violon,  et  se  distingua  dans  la 
composition,  particulièrement  pour  la  musique 
d'église  :  on  cite  de  lui  une  messe  solennelle  d'une 
beauté  remarquable. 

ACKERFELD  (Armand  d').  On  a  sous  ce 
nom  plusieurs  œuvres  pour  le  piano,  entre  autres 
quinze  variations  sur  l'air  allemand  Freut  eiick 
des  Lebens ,  œuvre  sixième  (Augsbourg,  Gom- 
bart). 

ACKERMANN  (Dorothi'e),  actrice  et  can- 
tatrice du  théâtre  de  Kamboii  rg,  naquit  à  Dantzick 
en  1752.  Elle  se  retira  du  théâtre  en  1778.  Elle 
jouissait  d'une  répul  ition  assez  brillante. 

ACKERMAIVA^  (Charlotte-Sophie),  née 
Bacumann,  cantatrice  qui  brillait  sur  le  théâtre 
de  Kœnigsberg  en  1796,  naquit  à  Reinsberg  en 
1759.  Elle  eut  beaucoup  de  succès,  principale- 
ment dans  les  premiers  rôles  des  opéras  de  Mo- 
zart. 

ACKERMANJV  (D.  Jean-Charles-Henri), 
né  à  Zeitz  en  1763,  a  lu,  le  22  octobre  1792,  au 
concert  donné  dans  cette  ville  au.  profit  des  pau- 
vres, un  discours  qui  a  été  imprimé  sous  ce  litre  : 
Veber  die  Vorziige  der  Musik,  ein  Ecde  (Dis- 
cours sur  les  Prérogatives  de  la  musique), 
Leipsick,  1792,  27  pages  in-S". 

ACTIS  (L'abbé),  Piémontais,  membre  de 
l'Académie  des  sciences  de  Turin  ,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle ,  a  fait  insérer  dans  les  Mé  • 
moires  de  cette  société,  de  1788-89  (Turin,  1790), 
des  Observations  sur  l'écho  ou  porte-voix  de 
Véglise  de  Giryenti. 

ADALBERT  (Saint),  surnommé  Woitie- 
cus,  en  polonais,  Swienttj  Woijciech,  évêque 
de  Prague ,  né  en  939,  était  de  la  famille  Li- 
bicenski ,  qui  tenait  un  rang  dans  la  noblesse 
de  la  Bohême.  Il  (it  ses  éludes  à  Magdebourg. 
De  retour  à  Prague ,  il  fut  sacré  évêque. 
Ayant  voulu  réformer  les  mœurs  du  clergé  de 
Bohême,  il  en  fut  persécuté,  et  se  vit  obligé  de 
s'enfuir  à  Rome ,  où  le  pape  Jean  XV  le  dégagea 
de  ses  obligations  envers  son  diocèse.  Alors  les 
Bohémiens  le  redemandèrent,  et  le  reçurent  avec 
des  démonstrations  de  joie  ;  mais  cet  accord  en- 
tre l'évêque  et  ses  diocésains  ne  dura  pas,  et 
saint  Adalberl  fut  obligé  de  s'éloigner  encore.  Il 
prêcha  la  foi  catholique  aux  Hongrois  et  aux 
Polonais,  d'abord  à  Cracovie,  ensuite  à  Gnesne, 
dont  il  fut  fait  archevêque.  Il  passa  ensuite  en 
Prusse  pour  y  remplir  ses  fonctions  apostoliques 


Î2 


ADALBERT  —  ADAxM  DR  LA  HALE 


«t  eut  d'abord  des  succès  à  Dantzick;  mais,  dans 
une  petite  île  où  il  avait  abordé,  les  habitants  le 
percèrent  de  coups  de  lance,  et  il  obtint  ainsi  les 
honneurs  du  martyre,  en  997.  Boleslas,  prince 
<le  Pologne,  racheta,  dit-on,  son  corps  pour 
une  quantité  d'or  d'un  poids  égal  :  c'est  beau- 
ijoup  d'or  pour  un  prince  de  Pologne  et  pour 
<;ette  époque. 

Gerbert,  dans  son  traité  De  Cantuet  Musica 
sacra,  t.  1,  p.  348,  a  publié  un  chant  en  (orme  de 
litanies,  eu  langue  esclavonne,  dont  il  est  auteur. 
Onluiattribueaussi  le chani  Boga-Rodzica  (Mère 
de  Dieu)  que  les  Polonais  avaient  coutume  d'en- 
lonner  avant  une  bataille.  Cachant  a  été  publié 
dans  la  Bévue  musicale  (t.  IV,  p.  202)  rédigée 
par  l'auleur  de  ce  dictionnaire,  d'après  des  copies 
authentiques  de  deux  anciens  manuscrits  dont 
J'un  existe  dans  la  cathédrale  de  Gnesné,  et 
l'antre  se  trouvait  dans  la  t'ameuse  bibliothèque 
Zatoslii ,  à  Varsovie.  11  a  été  aussi  inséré  en  nota- 
tion moderne  dans  la  collection  de  chants  histo- 
jiques  polonais  qui  a  pour  titre  :  Spievy  histo- 
rijcznez  musikoui  rycinami  (Chants  historiques, 
avec  la  musique  eu  notation  moderne  et  me- 
surée, avec  des  gravures),  par  Julien  Ursin 
Niemcewicz,  président  de  la  Société  royale  des 
Amis  des  sciences,  à  Varsovie,  secrétaire  du 
royaume  de  Pologne,  etc.  {y  édit.,  in-8°  de  573 
pages.  Varsovie,  imprim.  du  gouv.,  1S19). 

ADAîkl,  surnommé  Borensis,  parce  qu'il 
était  moine  au  couvent  de  Dorham  (ordre  de  Ci- 
leaux),  près  d'Hereford  ,  en  Angleterre,  vécut 
«iers  l'année  1200.  Dans  sa  jeunesse  il  se  livra  à 
l'étude  des  arts,  des  sciences  et  des  lettres;  la 
musique  fut  particulièrement  l'objet  de  ses  tra- 
vaux. Son  savoir  et  sa  piété  le  firent  élire  abbé 
<lc  son  monastère.  Dans  le  même  temps,  de  vives 
iliscussions  s'élevèrent  entre  les  moines  et  les 
clercs  séculiers;  à  l'occasion  de  ces  démêlés.  Syl- 
vestre Gyraldus,  homme  érudit,  mais  esprit 
violent,  écrivit  un  virulent  pamphlet  contre  les 
moines,  sous  le  titre  de  Spéculum  Ecclesiœ.  il 
y  attaquait  particulièrement  l'ordre  de  Cîteaux. 
Adam  prit  la  défense  de  cet  ordre  dans  un  écrit 
intitulé  :  Conlra  Spéculum  Giraldi,  lihrum 
■unum.  Il  fut  aussi  l'auteur  d'un  livre  sur  la  mu- 
sique, qui  existe  encore  en  manuscrit  dans  plu- 
sieurs bibliothèques,  et  qui  a  pour  titre  :  Rudi- 
menta  imisices,  lib.  I.  Joecher  dit  (  Gelehrten 
Lexikon  )  que  cet  ouvrage  est  imprimé.  Je  crois 
que  c'est  une  erreur  (  Voij.  Pilsœtis ,  lib.  De  il- 
luslribîis  Anglix  script.;  Henriquez,  in  Phœ- 
nice,  et  Caroli  de  Visc/i  Bibliot.  scrrptor.  sac. 
Ord.  Cister.). 

ADAM  (de Saint-Victor),  chanoine  régulier 
de  l'abbaye  de  Saint-Victor-lez-l^arjs ,  mourut 


le  11  juillet  1177;  il  fut  inhumé  dans  le  cloître 
de  cette  abbaye.  On  lui  attribue  le  chant  de 
quelques  hymnes  en  usage  dans  l'église. 

ADAM  DE  LA  IIALE,  surnommé  Le 
Bossu  d'Arkas,  à  cause  de  sa  difformité  et  du 
lieu  de  sa  naissance,  fut  l'un  de  ces  trouvères 
qui ,  dans  les  douzième  et  treizième  siècles ,  tra- 
vaillèrent à  former  la  langue  française ,  et  répan- 
dirent le  goût  de  la  poésie  et  de  la  musique.  Adam 
paraît  être  né  vers  1240.  Fils  d'un  bourgeois  qui 
jouissait  d'une  certaine  aisance,  il  fut  envoyé  à 
l'abbaye  de  Vauxelles  ,  près  de  Cambray ,  où  il 
fit  ses  études.  Il  porta  d'abord  l'habit  ecclésias- 
tique; mais  son  humeur  inconstante  le  lui  fit 
quitter  et  reprendre  ensuite.  C'est  lui  qui  nous 
donne  ces  détails  dans  ses  adieux  à  sa  ville  na- 
tale, intitulés  :  Ccst  li  conrjiés  Adan  d'Aras, 
pièce  publiée  par  Méon,  dans  sa  nouvelle 
édition  des  fabliaux  de  Barbasan,  t.  I,  p.  106. 
Adam  de  la  Haie  épousa  une  jeune  damoiselle 
qui,  pendant  qu'il  la  recherchait,  lui  .semblait 
réunir  tous  les  agréments  de  son  sexe  ,  et  qu'il 
prit  en  aversion  dès  qu'elle  fut  devenue  sa  femme. 
11  la  quitta,  et  vint  demeurer  à  Paris,  oîi  il  pa- 
raît s'être  rais  à  la  suite  de  Robert  II  du  nom , 
comte  d'Artois.  Ce  prince  ayant  suivi,  en  1282, 
le  duc  d'Alençon,  que  Philippe  le  Hardi  envoyait 
au  secours  de  son  oncle,  le  duc  d'Anjou,  roi 
de  Naples,  pour  l'aider  à  tirer  vengeance  des  Vê- 
pres siciliennes  ,  Adam  de  la  Haie  l'accompagna 
dans  cette  expédition.  A  la  mort  du  roi  de  Na- 
ples, en  1285,  le  comte  d'Artois  fut  nommé  ré- 
gent du  royaume ,  et  ne  i  evirt  en  France  qu'au 
mois  de  septembie  1 287  :  Adam  de  la  Haie  était 
mort  à  Naples  dans  cet  intervalle,  comme  on  le 
voit  dans  l'espèce  de  drame  intitulé  :  Li  Gieus 
du  pèlerin,  attribué  à  Jean  Bodel  d'Arras,  con- 
temporain d'Adam.  C'est  donc  à  tort  que  Fau- 
chet  et  Lacroix  du  Maine ,  qui  ont  été  copiés  par 
le  Dictionnaire  historique  dePrudhomme  et  par  la 
Biographie  universelle  de  Michaud,ont  dit  qu'A- 
dam se  lit  moine  à  l'abbaye  de  Vauxelles,  et  qu'il 
y  mourut.  Nous  avons  tiré  ces  détails  des  obser- 
vations préliminaires  que  M.  Monmerqué  a  mises 
en  tète  de  l'étlition  qu'il  a  donnée  d'un  ouvrage 
d'Adam  de  la  Haie  dont  nous  parlerons  tout  à 
l'heure. 

Adam  de  la  Haie  se  distingua  particulièrement 
dans  le  genre  de  la  chanson;  il  en  composait  les 
paroles  et  la  musique.  Les  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque impériale,  numéros 65 et 66  (fonds  de 
Cangé)  et  2736  (fonds  La  Vallière)  nous  en 
ont  conservé  un  grand  nombre,  qui  sont  notées. 
Mais  ce  dernier  est  surtout  d'une  haute  impor- 
tance pour  l'histoire  de  la  musique,  car  il  con- 
tient seize  chansons  à  trois  voix ,  et  six  motets 


ADAM  DE  LA  HALE  '—  ADAM  DE  FULDE 


n 


dont  Adam  de  la  Haie  est  auteur.  Ce  précieux 
manuscrit,  qui  est  du  commencement  du  qua- 
torzième siècle ,  nous  offre  donc  les  plus  ancien- 
nes compositions  à  plus  de  deux  parties,  puis- 
qu'elles remontent  au  treizième  siècle.  Les  chan- 
sons ont  la  forme  du  rondeau ,  et  sont  intitulées  : 
Li  Rondel  Adan.  Leur  musique  n'est  point  une 
.simple  diaphonie  ecclésiastique ,  c'est-à-dire  un 
assemblage  de  voix  procédant  par  notes  égales, 
et  faisant  une  suite  non  interrompue  de  quintes, 
de  quartes  et  d'oc  tares ,  comme  on  en  trouve 
des  exemples  dans  les  écrits  de  Gui  d'Arezzo  et 
de  ses  successeurs.  On  y  voit,  à  la  vérité,  des 
quintes  et  des  octaves  successives,  mais  entre- 
mêlées de  mouvements  contraires  et  de  combi- 
naisons qui  ne  manquent  pas  d'une  certaine 
élégance.  C'est,  sans  doute,  une  musique 
encore  bien  grossière;  mais  c'est  un  premier 
pas  vers  le  mieux,  un  intermédiaire  nécessaire 
entre  la  diaphonie  proprement  dite  et  des  com- 
positions plus  perfectionnées.  On  concevait  la 
nécessité  de  ces  premières  améliorations;  mais 
aucun  monument  n'étant  connu,  on  ignorait  en 
quoi  elles  consistaient.  Les  découvertes  que  l'au- 
teur de  ce  dictionnaire  a  faites,  tant  de  ce  manus- 
crit que  de  plusieurs  autres  non  moins  intéres- 
sants {voyez  Lanuino  et  Busnois),  et  que  le 
premier  il  a  fait  connaître,  sont  donc  importantes 
en  ce  qu'elles  lient  entre  elles  les  premières  épo- 
ques de  l'histoire  de  l'harmonie,  qui  étaient  en- 
veloppées d'une  obscurité  profonde. 

Les  motets  d'Adam  de  la  Haie  nous  offrent 
aussi  plusieurs  particularités  remarquables.  Ils  se 
composent  du  plain-chant  d'une  antiçnne  ou 
d'une  hymne ,  mis  à  la  basse  avec  les  paroles 
latines,  et  sur  lequel  une  ou  deux  antres  voix 
font  un  contre-point  fleuri,  grossier  à  la  vérité, 
mais  assez  varié  ;  et  ce  qui  peint  bien  le  goût 
de  ce  temps,  c'est  que  ces  voix  supérieures  ont 
des  paroles  françaises  de  chansons  d'amour.  Ces 
motets  se  chantaient  dans  les  processions.  Quel- 
quefois le  motet  est  établi  sur  un  seul  trait  du 
plain-chant  qui  e?t  répété  dix  ou  douze  fois  en 
basse  contrainte,  sorte  d'invention  qu'on  croyait 
beaucoup  plus  moderne. 

Il  me  reste  à  parler  d'un  autre  ouvrage  d'Adam 
de  la  Haie  qui  aurait  dû  suffue  pour  l'immorta- 
liser :  cependant  son  nom  a  été  inconnu  long- 
temps a  tous  les  musiciens  !  Je  veux  parler  du 
plus  ancien  opéra-comique  qui  existe,  et  dont  il  est 
l'auteur.  Ilestintitulé  :  Le  jeu  de  Robin  etde  Ma- 
rion.  Les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale 
2736  (fonds  de  La  Vallière)  et  7604  (ancien  fonds), 
nous  en  offrent  des  copies  d'après  lesquelles  la 
Société  des  Bibliophiles  de  Paris  l'a  fait  imprimer 
ea  1822,  au  nombre  de  30  exemplaires,  pour 


être  distribués  à  ses  membres.  C'est  une  brochure 
in-8°  de  cent  pages.  Les  caractères  de  musique 
ont  été  fondus  par  M.  Firmin  Didot.  M.  Monmerqué, 
qui  avait  préparé  cette  édition,  en  a  donné  une 
deuxième  publiée  par  M.  Ant.Aug.Renonard,  à  la 
suite  du  second  volume  de  la  troisième  édition  des 
Fabliaux  ou  Contes  de  Le  Grand.  Enfm  letextt; 
de  la  même  pastorale  a  été  réimprimé  dans  le 
Théâtre  français  du  moyen  âge, publié  d'après 
les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  par 
MM.  L.  J.  N.  Monmerqué  et  Francisque  Michel  ; 
Paris,  Firmin  Didot  frères,  1839,  1  vol.  gr.  in-S- 
à  deux  colonnes.  Cette  pièce,  où  il  y  a  onze  per- 
sonnages, est,  comme  je  viens  de  le  dire,  un 
opéra-comique,  divisé  par  scènes,  et  dans  lequel 
le  dialogue  est  coupé  par  des  chants.  On  y  trouve 
des  airs,  des  couplets  et  des  duos  dialogues ,  mais 
sans  ensembles.  Marion  aime  Robin  ;  survient  un 
chevalier  qui  veut  la  séduire;  elle  lui  répond 
qu'elle  n'aimera  jamais  que  Robin.  L'air  qu'elle 
chante  dans  cette  silualion  n'est  pas  dépourvu  de 
grâce.  Ce  petit  air  a  été  publié  dans  la  Revue 
Musicale  (t.  l")  avec  une  des  chansons  à  trois 
voix  d'Adam  de  la  Haie,  mise  en  partition.  Pos- 
térieurement, M.  Bottée  de  Toulmon  a  publié 
plusieurs  autres  chansons,  rondeaux  et  motets 
de  ce  trouvère,  tant  dans  les  Archives  czirieuses 
de  la  musique,  dont  M.  Danjou  {voy.  ce  nom) 
était  éditeur,  qu'à  la  suite  d'une  notice  sur  Adam 
de  la  Haie  insérée  dans  V Encyclopédie  catho- 
lique; mais  il  s'y  est  glissé  beaucoup  de  fautes. 
Kiesewetler  a  reproduit  dans  les  planches  de 
musique  de  son  livre  sur  la  destinée  et  la  situation 
du  chant  mondain  avant  l'invention  du  style  dra- 
matique (Schicksale  und  Beschaffenheit  der 
welllïchen  Gesanges,  etc.)  la  chanson  publiée 
dans  la  Revue  musicale ,  suivie  d'un  rondeau  et 
d'un  motet  à  trois  voix  d'Adam  de  la  Haie,  traduit» 
par  Bottée  de  Toulmon  :  ce  dernier  morceau  est 
rempli  d'erreurs  de  noiation. 

Cette  pièce  paraît  avoir  été  composée  à  Naples 
vers  1285,  pour  le  divertissement  de  la  cour,  qui 
alors  était  toute  française.  Roquefort  l'a  at- 
tribuée à  Jehan  Bodel  d'Arras  (De  l'État  de  la 
Poésie  française  dans  le  douzième  et  le  trei- 
zième siècle,  p.  261);  mais  c'est  évidemment 
une  erreur,  car  le  manuscrit  273ri  porte  cesmols^ 
en  tête  :  Chi  commenche  li  gieus  de  Robin  et 
de  Marion  c'Adans  fist. 

ADAM  DE  FULDE,  moine  de  Franconie, 
auteur  d'un  tiaité  sur  la  musique  dont  on  ne 
connaît  qu'un  seul  manuscrit,  qui  se  trouve  dans 
la  bibliothèque  de  Strasbourg,  et  que  l'abbé 
Gerbert  a  inséré  dans  ses  Scriptorcs  ecclésiast. 
de  mus.  sacr.,  t.  III,  p.  329.  Cet  ouvrage  a  été 
achevé  le  5  novembre  1490;  car  l'auteur  a  con- 


14 


ADAM  DE'FULDE  —  ADAM 


signé  celle  date  à  la  fin  de  son  livre.  Il  est  divisé 
en  quatre  «ivres  :  le  premier,  composé  de  sept 
chapitres, traite  de  l'invention  des  diverses  parties 
de  l'art;  le  second,  en  dix-sept  chapitres,  traite  de 
la  main  musicale,  du  chant,  de  la  voix,  des  clefs, 
des  muances,  du  mode  et  du  ton;  le  troisième, 
qui  est  le  plus  important,  traite  de  la  musique 
mesurée,  et  le  quatrième,  des  proportions  et  des 
consonnances. 

On  ignore  la  date  précise  de  la  naissance  d'A- 
dam de  Fulde;  mais  elle  a  dû  avoir  lieu  vers 
l'an  1450,  car  il  dit,  cliapitre  7""^  du  l"  livre, 
qu'il  fut  presque  le  contemporain  de  Guillaume 
Dufay  et  de  Busnois,  qui  vécurent  dans  la  pre- 
mière moitié  du  quinzième  siècle  :  Et  circa  meam 
œtatem  doctissimi  Wdhelmus  Dufay  ac  An- 
tonius  de  Bufna,  quorum,  etc.  Il  prend  le 
titre  de  musicien  ducal  au  commencement  de  sa 
dédicace. 

Glarean  nous  a  conservé,  dans  son  Dodéca- 
corde  (p.  262) ,  un  cantique  à  quatre  voix  d'Adam 
de  Fulde;  c'est  un  morceau  fort  bien  écrit,  et 
l'un  des  plus  anciens  monuments  de  composition 
régulière  à  plusieurs  parties.  Dans  rjîwc/in-irfêow 
des  chants  religieux  et  des  psaumes  (  Magdebourg, 
1673) ,  on  trouve  aussi,  p.  50,  léchant  :  Ach  hillp 
my  Leidt  undsenlich  Klag,  sous  le  nom  d'Adam 
de  Fulde. 

ADAM  (Louis) ,  né  le  3  décembre  1758  à 
Miettersheltz ,  département  du  Bas-Rhin,  eut 
d'abord  pour  maître  de  clavicorde  un  de  ses  pa- 
rents, excellent  amateur;  il  reçut  ensuite  pen- 
dant quelques  mois  des  leçons  de  piano  d'un 
bon  organiste  de  Strasbourg  nommé  Hepp ,  mort 
vers  1800;  mais  c'est  surtout  à  l'étude  qu'il  a 
faite  par  lui-même  des  écrits  d'Emm.  Bach, 
des  œuvres  de  Hœndel,  de  Bach,  de  Scarlatti, 
de  Schobert,  et,  plus  récemment,  de  Clementi 
et  de  Mozart,  qu'il  dut  la  science  et  le  talent  qui 
l'ont  placé  au  premier  rang  parmi  les  professeurs 
de  son  instrument.  Adam  a,  dans  son  enfance 
étudié  sans  maître  le  violon  et  la  harpe.  11  a  aussi 
appris  seul  l'art  d'écrire  ou  la  composition. 

Arrivé  à  Paris  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  pour  y 
enseigner  la  musique,  il  débuta  par  deux  sym- 
phonies concertantes  pour  harpe  et  piano  avec 
violon,  qui  furent  exécutées  au  concert  spirituel, 
et  qui  étaient  les  premières  qu'on  eût  entendues  en 
ce  genre.  Depuis  ce  temps,  il  s'est  livré  à  l'en- 
seignement et  à  la  composition.  En  1797,  il  fut 
nommé  professeur  au  Conservatoire  ;  là,  il  a  formé 
un  grand  nombre  d'excellents  élèves;  les  plus 
connus  sont  Kalkbrenner,  F.  Chaulieu,  Henri 
Le  Moine  ;  M"*'  Beek ,  Basse  et  Renaud  d'Allen , 
qui  successivement  ont  obtenu  les  premiers 
prix  de  piano  dans  cette  école.  Hérold  père  et  Gis, 


Callias,  Rougeot,  Bréval  fils,  M'"  Bresson,  et 
beaucoup  d'autres,  ont  aussi  reçu  de  ses  leçons. 
En  1818,  le  cours  de  piano  que  faisait  cet  artiste 
au  Conservatoire  fut  réservé  pour  les  élèves  du 
sexe  féminin. 

Les  ouvrages  d'Adam  sont  :  1°  Onze  œuvres  de 
sonates  pour  le  piano  publiés  à  Paris.—  2"  Quelques 
sonates  séparées.  —  3°  Des  airs  variés  pour  le 
même  instrument,  notamment  celui  du  Roi  Dago- 
bert,  qui  a  eu  beaucoup  de  succès.  —  4°  Méthode 
ou  principe  général  du  doigté^  suivie  d^une 
collection  complète  de  tous  les  traits  possibles, 
avec  le  doigté,  etc.  (en  société  avec  Lacbnith); 
Paris,  Sieber,  ildS.  —  b"  Méthode  nouvelle  pour 
le  piano ,  à  l'usage  des  élèves  du  Conserva- 
toire; Paris,  1802.  Peu  d'ouvrages  élémentaires 
ont  eu  une  vogue  semblable  à  celle  que  celui-ci  a 
obtenue.  Près  de  vingt  mille  exemplaires  ont  été 
livrés  au  public  dans  l'espace  de  vingt-cinq  ans. 
Cette  vogue  était  méritée  sous  le  rapport  de  l'exposé 
des  principes  du  doigté,  qui  n'avait  jamais  été  si 
bien  fait.  Une  cinquième  édition  de  cet  ouvrage, 
revue  avec  soin  par  l'auteur,  a  été  publiée  à  Paris, 
en  1 83 1 .  —  6°  Des  quatuors  d'Haydn  et  de  Pley el, 
arrangés  pour  piano.  —  1°  Un  recueil  de  romances. 

—  8"  la  collection  entière  des  Délices  d'Euterpe, 

—  9°  Journal  d'ariettes  italiennes  de  M"*'  Erard. 
Adam  a  été  fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
au  mois  de  novembre  1827.  Retiré  en  1843 ,  après 
quarante-cinq  ans  de  services ,  il  a  obtenu  une 
pension  de  2,000  francs,  dont  il  n'a  joui  que  peu 
d'années,  car  il  a  cessé  de  vivre  le  11  avril  1848, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-dix  ans. 

ADAM(Adolphe-Chakles),  fils  du  précédent, 
né  à  Paris  le  24  juillet  1803  (l),  ne  fut  pas  des- 
tiné par  ses  parents  à  cultiver  la  musique.  On  le 
mil  fort  jeune  dans  un  pensionnat  pour  commencer 
des  études  littéraires ,  et  pendant  plusieurs  années 
il  fréquenta  le  Lycée  Napoléon;  mais, ennemi  du 
travail,  il  y  fit  peu  de  progrès,  el  n'alla  pas  au 
delà  de  la  quatrième.  Sur  ses  demandes  réitérées, 
son  père  consentit  enfin  à  le  retirer  du  collège  et 
à  lui  donner  un  maître  de  musique,  qui  n'eut  pas 
plus  à  se  louer  de  son  application  que  ses  pro- 
fesseurs de  grec  et  de  latin.  Musicien  d'instinct, 
il  lui  paraissait  plus  facile  de  deviner  le  méca- 
nisme de  l'art  que  de  l'apprendre.  D'ailleurs,  peu 
surveillé  dans  ses  travaux,  il  jouissait  d'une  en- 
tière liberté,  dont  il  est  rare  qu'un  jeune  garçon 
n'abuse  pas.  Au  bout  de  quelques  années,  il  se 
trouva  pourtant  qu'il  jouait  assez  bien  du  piano  et 
qu'il  improvisait  avec  facilité  sur  les  orgues  do 
plusieurs  éghses  de  Paris,  sans  avoir  rien  lait 

(i)  Cette  date  est  conforme  aus  registres  d'inscription 
du  Conservatoire  et  de  l'Institut  royal  de  l'rancc  :  c'est 
par  erreur  qu'on  a  tait  naître  Adam  en  ijot,  dans  d'au- 
tres Biographies. 


ADAM 


15 


pour  parvenir  à  ce  résultat ,  et  quoiqu'il  n'eût  pu 
lire  couramment  une  leçon  de  solfège.  11  avait  eu 
quelques  leçons  d'iiarmonie  de  Widerker  (t'oy.  ce 
nom).  On  le  fit  entrer  alors  (1817)  au  Conserva- 
toire, où  ses  habitudes  de  paresse  ne  se  démenti- 
rent pas,  mais  où  son  heureuse  organisation 
triompha  de  son  incurie.  Après  avoir  suivi  tant 
bien  que  mal  un  cours  d'harmonie  et  de  contre- 
l)ointsous  la  direction  de  Reiclia,  il  se  mit  à  écrire 
des  airs,  des  duos,  des  scènes  entières,  peu  re- 
marquables par  la  correction  du  st\le,  mais  où 
se  trouvaient  des  mélodies  faciles,  lioieldieu,  qui 
eut  occasion  de  voir  ces  essais,  crut  y  apercevoir 
le  germe  du  talent.  11  fit  entrer  Adam  dans  son 
cours  de  composition,  et  dès  ce  moment  le  goût 
du  travail  se  développa  chez  le  jeune  musicien. 
Il  y  avait  entre  le  maître  et  le  disciple  une 
singulière  analogie  d'esprit  et  de  sentiment  de 
lart.  Sauf  la  différence  du  talent,  tous  deux 
étaient  mélodistes  ;  tous  deux  avaient  pour  qua- 
lité dominante  l'instinct  de  l'expression  de  la 
parole  chantée,  et  l'intelligence  de  la  scène.  Adam 
était  l'élève  qui  convenait  le  mieux  aux  leçons 
de  Boieldieu,  et  celui-ci  était  le  maître  qui  pou- 
vait le  mieux  développer  les  dispositions  d'Adam. 
De  là  l'intimité  qui  s'établit  entre  eu.x  tout  d'a- 
bord, et  les  rapides  progrès  du  jeune  compositeur 
sous  la  direction  de  l'auteur  de  La  Dame  blanche. 
Lorsque  Adam  concourut  à  l'académie  des  beaux- 
arts  de  l'Institut  pour  le  grand  prix  de  composi- 
tion, la  section  de  musique,  apt^lée  à  juger  le 
concours,  remarqua  la  similitude  de  son  style 
avec  celui  de  son  maître.  Le  second  prix  lui  fut 
décerné  :  il  avait  espéré  le  premier;  mais  il  s'en 
lint  à  cet  essai,  parce  qu'il  attachait  moins  de 
prix  à  voyager  avec  le  titre  de  pensionnaire  du 
!;ouvernement  qu'à  se  livrer  immédiatement  à  la 
carriSte  de  compositeur  dramatique,  à  laquelle 
il  se  sentait  prédestiné.  Cependant,  pour  arriver 
au  théâtre,  il  ne  suffit  pas  d'avoir  achevé  des 
études  d'école  avec  quelque  succès  ;  car  le  talent 
d'un  musicien  n'acquiert  de  valeur  dans  l'opinion 
des  poêles  d'opéra  qu'après  s'être  produit  avec 
bonheur  sur  la  scène.  Comprenant  la  difficulté  de 
sortir  de  ce  cercle  vicieux ,  Adam  n'imagina  pas 
de  meilleur  moyen  d'en  triompher  que  de  se  faire 
en  quelque  sorte  habitant  des  coulisses.  D'abord 
symphoniste  sans  appointements  à  l'orchestre  du 
Gymnase  dramatique ,  il  devint  plus  tard  accom- 
pagnateur au  piano  du  même  spectacle,  et  ses 
fonctions  lui  fournirent  l'occasion  de  connaître, 
des  auteurs  et  de  devenir  leur  ami.  Queiques- 
\ms  lui  confièrent  des  couplets  pour  en  composer 
la  musique.  Les  jolies  mélodies  qu'il  écrivit  pour 
La  Batelière,  Caleb,  Le  missardde  Fels/ietm, 
et  plusieurs  autres  vaudevilles    devinrent  popu 


laires,  et  furent  les  précurseurs  de  succès  plus 
importants.  Dans  le  même  temps  où  il  se  faisait 
connaître  par  ces  gracieuses  bagatelles,  il  impro- 
visait en  quelque  sorte  avec  une  prodigieuse  fé- 
condité des  fantaisies  et  des  variations  pour  le 
piano  snr  des  thèmes  de  la  plupart  des  opéras 
représentés  à  Paris,  particulièrement  de  Za3/«<e/^e 
(le  Por/ici  et  de  La  Fiancée,  d'Auber,  de  Moïse, 
dsi  Comte  Onj  et  de  Guillaume  Tell,  de  Ros 
sini,  de  La  Datyie  blanche,  des  Deux  nuits, 
de  Boieldieu,  et  de  beaucoup  d'autres. 

Le  premier  ouvrage  de  quelque  importance  où 
il  fut  permis  à  Adam  d'aborder  la  scène  fut  l'opéra 
de  Pierre  et  Catherine,  en  un  acte,  qu'il  fit 
représenter  au  théâtre  de  l'Opéra-Comiqne , 
au  mois  de  février  1829.  Cet  ouvrage,  qui  an- 
nonçait du  talent,  mais  une  facilité  un  peu  trop 
négligée,  à  été  bien  accueilli  du  public.  Da- 
ni/owa ,  autre  opéra  en  trois  actes,  joué  au 
môme  théâtre  dans  le  mois  d'avril  1830,,  est 
une  production  plus  importante,  où  l'on  remarqua 
plus  d'habileté  dans  la  facture ,  et  qui  donnait 
des  espérances  pour  l'avenir.  Malheureusement , 
le  désir  de  faire  vite  sembla  préoccuper  pen- 
dant quelque  temps  le  jeune  musicien  plus  que 
celui  de  faire  bien.  Ses  productions  se  succédaient 
avec  rapidité  et  se  ressentaient  plus  ou  moins  de 
la  promptitude  de  leur  enfantement.  Trois  jours 
en  îine  heure,  opéra  en  un  acte,  Joséphine, 
aussi  en  un  acte ,  joués  dans  la  même  année  que 
Danilowa  ;  Le  Morceau  d'ensemble,  en  un  acte  ; 
Le  Grand  Prix,  en  trois  actes ,  et  Casimir,  en 
deux  actes,  joués  en  1831,  et  deux  opéras  anglais , 
représentés  à  Londres  en  1832,  firent  craindre 
qu'Adam  ne  fût  pas  destiné  à  laisser  de  traces  du- 
rables de  son  passage  sur  la  scène  lyrique  ;  mais 
Le  Proscrit,  opéra  en  trois  actes,  qu'd  fit  repré- 
senter au  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  le  17  sep- 
tembre 1833,  prouva  que  cet  artiste  pouvait 
prétendre  à  d'honorables  succès.  A  cet  ouvrage 
succédèrent:  Une  bonne  fortune,  en  un  acte; 
Le  Chalet,  en  un  acte,  composilion  élégante 
et  spirituelle  (1834);  La  Marquise,  en  un  acte; 
et  Micheline,  en  un  acte  (  1835);  Le  Postillon 
de  Longjumeau  ,  en  trois  actes  ,  opéra  dont  le 
succès  a  été  brillant  et  mérité  (1836  );  Le  Fidèle 
Berger,  en  trois  actes,  et  Le  Brasseur  de  Preston 
en  troisactes  (1838);  Régine,  en  deux  actes,  et 
La  Reine  d'un  jour  en  trois  acte  (1839)  ;  La  Rose 
dePéronne,  en  troisactes  (1841),  La  l\lainde/er,. 
ouleSecret{\^il);  Le  Roid'Yvetot, entro\sacles 
(1842)  ;  Caj/^ios^ro,  en  trois  actes(1844);  Richard 
en  Pa/'î^iHC,  grand  opéra  en  trois  actes  (1844). 
A  ces  nombreuses  productions  il  faut  ajouter  plU' 
sieurs  ballets  dans  lesquels  se  trouvent  une  multi- 
tude d'airs  de  danse  charmants,  particulièrement 


16 


ADAM 


Faust,  en  trois  actes,  écrit  à  Londres  en  1832;  La 
Fille  du  Danube,  en  deux  actes,  à  Paris  (1836)  ; 
Les  Mohicans ,  en  deux  actes  (1837)  ;  La  Jolie 
Fille  de  Gand  (1839);  Giselle,  en  deux  actes, 
charmante  composition  (1841);  un  grand  ballet  à 
Saint-Pétresbourg,  dans  la  même  année,  et  un 
autre  à  Berlin.  Enfin  Adam  a  refait  la  plus  grande 
partie  de  l'instrumentation  de  Richard  Cœur 
de  Lion,  opéra  de  Grétry  ;  du  Déserteur,  de 
Monsigny;  de  Gulisian;  de  Dalayrac;  de  Cen- 
drillon,  de  Nicolo,  pièces  dont  la  reprise  a  été 
couronnée  d'un  brillant  succès. 

Ici  la  grande  activité  du  compositeur  paraît  s'ar- 
rêter tout  à  coup;  car  en  1845  il  ne  donne  que  le 
ballet  du  Diable-à-Quatre  ,  à  l'Opéra,  un  autre, 
à  Londres  ;  et  La  Bouquetière,  petit  opéra  en  un 
acte,  fut  la  seule  de  ses  productions  dans  l'année 
suivante.  La  cause  de  cette  inaction  apparente  fut 
«ne  fantaisie  malheureuse  qui  s'était  emparée  de 
l'esprit  de  l'artiste,  et  qui,  pendant  plusieurs 
années  ,  le  priva  de  son  repos  et  compromit  sa 
position.  Brouillé  avec  Basset,  nouveau  directeur 
de  l'opéra-comique,  qui  lui  ferma  les  abords  de 
cette  scène ,  il  se  persuada  qu'il  manquait  à  Paris 
un  théâtre  où  les  jeunes  auteurs  et  compositeurs 
fussent  admis  à  essayer  leur  talent  sans  rencon- 
trer trop  d'obstacles  ;  il  voulut  satisfaire  à  ce  be- 
soin qui  lui  paraissait  impérieux,  et  eut  le  mal- 
heur d'obtenir  le  privilège  de  ce  théâtre  en  le 
payant  fort  cher.  Déjà,  longtemps  avant  d'en  faire 
l'ouverture,  il  avait  pu  en  comprendre  les  in- 
convénients ;  car  l'artiste  avait  disparu  pour 
faire  place  à  l'homme  d'affaires.  Enfin  le  nou- 
veau spectacle  fut  inauguré  sous  le  titre  de 
Théâtre  national,  en  1847.  Les  représentations 
allèrent  tant  bien  que  mal  ;  et  dans  l'année 
suivante  la  révolution  de  février  acheva  la  ruine 
du  théâtre ,  qui  fut  fermé.  Adam  avait  perdu 
quatre-vingt-mille  francs  d'économies  qui  compo- 
saient toute  sa  fortune,  et  il  en  devait  soixante- 
dix  mille,  pour  lesquels  il  était  poursuivi.  La 
seule  indemnité  qu'il  obtint  fut  sa  nomination  de 
professeur  de  composition  au  Conservatoire,  avec 
un  traitement  de  2,400  francs. 

Picnlré  dans  son  élément  propre,  l'artiste  re- 
piit  (  1849  )  possession  de  la  scène  par  son  Tor- 
réador,  en  deux  actes  ,  joué  à  l'Opéra-Comique  , 
par  Le  Fanal,  en  deux  actes,  représenté  à  l'Opéra, 
et  par  La  Filleule  des  Fées  ,  ballet  représenté 
au  même  théâtre.  A  ces  ouvrages  ont  succédé 
Giralda ,  ou  la  Nouvelle  Psyché,  en  trois  actes 
(1850),  qui  eut  un  brillant  succès,  une  grande 
cantate  intitulée  ies  Nations,  a  l'opéra  (1851); 
Le  Farfadet,  en  un  acte,  à  l'Opéra-Comique 
(1852);  ia  Poupée  de  Nuremberg ,  joli  opéra 
bouffon  en  un  acte ,  au  Théâtre-Lyrique  (1852)  ; 


Si  fêtais  Roi ,  en  trois  actes ,  au  même  théâtre 
(1852);  Orfa,  ballet  en  deux  actes,  à  l'Opéra 
(1852);  Le  Sourd,  à  l'Opéra-Comique;  La  Fa- 
ridondaine ,  en  un  acte,  avec  M.  de  Groote, 
au  théâtre  de  la  Porte-Saint-Martin  (1853)  ;  et 
enfin  Le  Roi  des  Halles,  opéra-comique  en  trois 
actes,  au  Théâtre-Lyrique  (1853);  Le  Muletier 
de  Tolède,  en  trois  actes  ;  ^4  Clichy  ,  en  un  acte, 
au  Théâtre-Lyrique  (1854)  ;  Le  Houzard  de  Ber- 
chiny,  en  deux  actes,  à  l'Opéra-Comique  ;  (1855); 
Le  Corsaire,  ballet  en  trois  actes,  à  l'Opéra; 
Falstaff,  en  un  acle ,  au  Théâtre-Lyrique  (1856); 
Mani'zelle  Geneviève ,  en  deux  actes,  au  même 
théâtre  (1853);  Les  Pantins  de  violette,  en  un 
acte,  aux  Bouffes-Parisiens  (1856).  Plusieurs 
messes  solennelles,  composées  par  Adam,  ont  été 
exécutées  à  diverses  époques  dans  les  églises  de 
Paris  :  on  y  trouve  quelques  bonnes  choses  qui 
seraient  bien  placées  ailleurs  que  dans  la  musi- 
que d'église.  Homme  aimable  et  spirituel,  Adam 
s'est  fait  beaucoup  d'amis  ,  qu'il  a  su  conserver, 
même  en  prenant  la  position  dangereuse  d'écri- 
vain dans  les  journaux ,  parce  que  sa  critique 
était  en  général  polie  et  bienveillante.  Décoré  de 
la  croix  de  la  Légion  d'honneur  en  1836,  il  fut 
ensuite  élevé  au  grade  d'officier  de  cet  ordre.  Il 
obtint  en  1844  les  suffrages  de  l'Académie  des 
beaux-arts  de  l'Institut,  pour  succéder  à  Berton 
dans  la  section  de  musique.  Cependant  il  n'é- 
tait pas  heureux:  plusieurs  causes  contribuaient 
à  jeter  delà  tristesse  dans  son  âme.  Il  ne  se  dis- 
simulait pas  que  les  succès  mêmes  qu'il  obtenait 
au  théâtre  n'étaient  qu'éphémères,  parce  qu'im- 
provisés à  l'aide  de  l'expérience  plutôt  qu'inspirés, 
il  leur  manquait  la  distinction ,  la  nouveauté  des 
idées,  et  parce  qu'ils  ne  rachetaient  pas  l'absence 
de  l'imagination  par  les  qualités  du  style  et  de  la 
facture.  Il  sentait  bien  que  quelques  bons  mor- 
ceaux produits  de  loin  en  loin,  et  devenus  plus 
rares  à  mesure  qu'il  avançait  dans  la  carrière , 
n'étaient  pas  assez  pour  la  renommée  du  nm- 
sicien  qui  avait  écrit  cinquante  trois  ouvrages 
dramatiques  et  une  multitude  d'autres  produc- 
tions avant  l'âge  de  cinquante-trois  ans.  Cepen- 
dant cette  improvisation  malheureuse ,  qu'il 
aurait  voulu  contenir,  lui  était  imposée  par  la 
nécessité  de  satisfaire  à  des  obligations  où  sou 
honneur  était  engagé.  En  dépit  de  sa  prodigieuse 
facihté,  le  travail  le  tuait,  sans  bénéfice  pour 
son  bien-être  comme  sans  résultat  pour  sa  gloire  ; 
mais  la  nécessité  l'arrachait  de  sa  couche  dès  le 
matin  et  ne  l'y  laissait  rentrer  que  bien  avant 
dans  la  nuit ,  sans  lui  avoir  laissé  goûter  l'ap- 
parence des  jouissances  que  donne  l'art  quand 
on  le  cultive  pour  lui-même.  Qui  sait  si  ce  far- 
deau n'a  pas  été  la  cause  de  sa  mort  inopinée? 


ADAM  —  ADAMI  DA  BOLSENA 


17 


Il  paraissait  calme ,  rien  n'annonçait  qu'il  fût 
souffrant  :  il  avait  assisté  au  début  d'une  canta- 
trice à  l'Opéra.  A  dix  heures,  il  se  retira,  rentra 
chez  lui ,  et  le  lendemain  malin,  3  mai  1856,  on 
le  trouva  mort  dans  son  lit.  Après  son  décès,  on  a 
Imprimé  des  notes  qu'il  avait  jetées  à  la  hâte  sur 
sa  vie,  et,  pour  compléter  le  volume,  on  y  a  ajouté 
un  ctioix  d'articles  qu'il  avait  publiés  dans  les 
journaux  sur  la  musique.  Ce  volume  a  pour  titre  : 
Souvenirs  d'un  musicien.  Paris,  Michel  Lévy 
Irères,  1857,  in-12  de  266  pages. 

ADAM  (Charles  -  Frédéiuc)  ,  organiste  à 
Fisclibach  près  de  Biscliosswerda ,  est  né  en  1770 
àZadel,  près  de  Meissen.  On  a  de  lui  :  1°  Six 
pièces  d'orgue,  Meissen  (sans  date).  2"  Chants 
pour  quatre  voix  d'hommes  {ibid.).  3'^  Douze 
danses  pour  le  piano  ;  Leipsick ,  Breitkopf  et 
Hœrtel.  4°  Six  chants  à  quatre  voix,  op.  4,  ibid. 

ADAM  (Jean-Théopuile),  musicien  de  cham- 
bre à  la  cour  de  Dresde,  est  né  le  1'"'^  juillet  1792 
à  Taubenheim,  près  de  Meissen.  11  s'est  fait 
connaître  par  les  ouvrages  dont  les  titres  sui- 
vent. 1°  Dix  variations  pour  le  piano,  sur  l'air 
allemand  :  Liebes  Maedchen  ;  Meissen ,  Gôd- 
sche.  —  2"  Der  lusfige  Klavierspieler  (  Recueil 
de  quarante-huit  pièces,  consistant  en  diverses 
danses,  dont  quelques-unes  à  quatre  mains, 
et  douze  variations  )  ;  ibid.  —  3°  Six  pièces  faci- 
les fuguées  pour  l'orgue;  ibid.  —  4°  Kurzeund 
leichte  Gesxnge  zum  Gcbrauche  beim  Gottes- 
dienste  und  bel  Sing  umgxngen  (Chants  courts 
et  faciles  pour  l'usage  des  dimanches ,  etc.,  à 
quatre  voix;  ibid.  —  b°  La  Cloche,  de  Schiller, 
avec  accompagnement  de  piano ,  ibid. 

ADAM(Je.vn-George),  organiste  à  Meissen, 
vers  1820,  s'est  fait  connaître  par  quelques  com- 
positions estimables,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  Des  préludes  fugues  et  faciles  pour  l'orgue, 
Meissen,  Godsche.  —  Douze  variations  et  une  fu- 
gue pour  l'orgue,  sur  le  thème  :  Den  Konig  segne 
Gott,  op.  8  ;  Leipsick,  Hofmeister.  —  Six  petites 
lugues  pour  l'orgue ,  op.  9  ;  Lepsick  ,  Breitkopf  et 
Harlel.  —  Suites  de  chants  pour  voix  seule  avec 
ace.  de  piano  ;  Meissen  ,  Godsche.  Adam  a  publié 
aussi  des  thèmes  variés ,  des  danses  et  d'autres 
bagatelles  pour  le  piano. 

ADAM  (C.  Ferdinand),  est  né  en  Saxe  vers 
1810,  étalait  vraisemblablement  ses  études  mu- 
sicales à  Dresde ,  où  il  s'est  fixé  comme  profes- 
seur de  piano  et  de  chant.  11  y  dirige  aussi  une 
société  de  chœurs  d'hommes,  qu'on  désigne  en  Al- 
lemagne sous  le  nomdeXieder^fl/eZ.  Une  grande 
fête  de  chant  en  chœur  donnée  les  25  et  26  aofit 
1847,  ayant  réuni  les  sociétés  deColditz,  Grimma, 
Gerinyswalde,  Heinichen,  Mitweida ,  Rochlitz , 
Waldheim  et  Leisnig,  dans  cette  dernière  petite 

BIOGR.    liNlV.    DES    MUSICIENS.  —  T.    1. 


ville,  au  nombre  de  300  chanteurs,  la  direc- 
tion de  cette  masse  chorale  lutconliee  à  M.  Adam. 
Cet  artiste  fut  signalé  comme  un  jeune  homme 
de  talent  dans  le  n"  14  de  la  Gazette  générale 
de  Musique  de  Leipsick,  en  1829,  à  l'occasion 
d'un  recueil  de  12  danses  caractéristiques  pour  le 
piano,  qu'il  venait  de  publier.  Plus  tard  il  a  pu- 
blié des  variations  brillantes  pour  le  même  instru- 
ment ;  mais  c'est  surtout  comme  compositeur  de 
chants  à  quatre  voix  qu'il  s'est  fuit  connaitre  avan- 
tageusement :  on  cite  particulièrement  avec  éloge 
.ses  ou  vrages  suivants  en  ce  genre  :  l°Six  lieder  pour 
soprano,  contralto,  ténor  et  basse ,  op.  4  ;  Dresde, 
Botter,  —  T  Gedichte  eines  Lebendigen  (Poé- 
sies d'un  vivant)  pour  chœur  d'hommes  ,  op.  6  ; 
ibid. —3°  Six  chants  pour  quatre  voix  d'hommes  ; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 

ADAM  (Josei'u-Aucuste),  directeur  de  mu- 
sique militaire  et  compositeur,  est  né  à  Vienne, 
le  22  avril  1817,  et  a  toujours  continué  de  résider 
dans  cette  ville.  Son  père  était  un  fabricant  de 
produits  chimiques.  Après  avoir  éludiéle  violon 
sous  la  direction  de  Joseph  Techlinger,  l'harmo- 
nie et  la  composition  chez  Joachim  Hoffmann , 
il  fut  nommé  en  1846  chef  de  musique  de  la 
garde  bourgeoise  de  Vienne ,  et  deux  ans  plus 
tard  il  eut  le  même  titre  dans  la  garde  nationale. 
Sa  musique  d'harmonie  militaire ,  au  nombre 
d'environ  60  œuvres,  a  beaucoup  de  succès  eu 
Autriche  ,  particulièrement  à  Vienne. 

ADAMBERGER  (Josepu),  connu  aussi 
sous  le  nom  haiika  Adamonti ,  naquit  à  Munich 
le  6  juillet  J.743.  11  reçut  une  place  gratuite  au 
séminaire  de  celte  ville,  et  y  étudia  les  sciences 
et  la  musique.  En  1755  Valesi  se  chargea  de  lui 
donner  des  leçons  de  chant;  après  avoir  passé 
six  ans  auprès  de  cet  habile  maitre  ,  il  fut  placé, 
à  sa  recommandation ,  comme  premier  ténor  au 
théâtre  de  San-Benedetto ,  à  Venise,  en  1762.  Il 
y  obtint  tant  de  succès  qu'il  fut  appelé  dans  plu- 
sieurs autres  villes  d'Italie.  Ce  lut  alors  qu'il 
changea  son  nom  d'Adambergerconlre  celui  d'.4- 
damonti.  En  1775,  Valesi  fut  appelé  à  Vienne 
pour  y  chanter  à  l'Opéra  italien  ;  mais,  la  cour  de 
Bavière  n'ayant  point  voulu  lui  accorderde  congé, 
il  envoya  Adamberger  à  sa  place.  La  qualité  de 
sa  voix  et  son  talent  de  chanteur  plurent  si  bien 
aux  habitants  de  Vienne  qu'il  obtint  un  engage- 
ment fixe.  Cet  habile  arti.ste  mourut  à  Vienne , 
le  7  juin  1803,  à  l'âge  de  soixante  ans. 

ADAMEll.  On  a  gravé  sous  ce  nom  douze 
menuets  pour  le  piano,  à  Vienne,  chez  Mollo. 

ADAMI  DA  BOLSEi\A  (Andréa),  mai- 
tre de  la  chapelle  ponlilicale  et  de  l'Académie  des 
Arcades  de  Rome,  où  il  était  désigné  sous  le  nom 
de  Carielo  Piseo ,  naquit  à  Rome  au  mois  d'oc- 

2 


18 


ADAMI  DA  BOSLENA  —  ADAMI 


tobre  1663.  11  fut  d'abord  au  service  du  cardinal 
Ottoboni ,  qu'il  quitta  pour  ta  place  de  maître  de 
chapelle  du  pape.  Il  mourut  le  22  juillet  1742, 
dans  la  soixante-dix-'neuvième  année  de  son  ftge. 
On  a  de  lui  :  Osservazinni  per  ben  regolare 
il  coro  dei  cantori  délia  cappella  poriteftcia 
tanto  nelle  funzioni  ordinarie  che  slraordi- 
Marie;Roma,  per  Antonio  de  Rossi,  1711,  in- 
4".  On  y  trouve  les  biographies  et  les  portraits  de 
douze  maîtres  de  la  chapelle  pontilicale.  Cet  ou- 
vrage est  très-rare. 

ADAMI  (  Ernest-Daniel)  ,  né  à  Zduny ,  dans 
le  grand-duché  de  Posen,  le  19  novembre  1716, 
reçut  les  premières  leçons  de  musiqoe  d'Abra- 
ham Lungnerj  ensuite  il  forma  sou  talent  sous 
la  direction  du  chantre  Contenius  pour  le  chant, 
de  Frendel  pour  le  piano,  et  de  l'organiste  Zac- 
chau  pour  la  composition.  Adami,  destiné  par 
son  père  à  être  un  artisan ,  mais  passionnément 
entraîné  vers  l'étode  des  lettres  et  des  arts,  fut 
redevable  aux  sollicitations  de  Gunther  de  la 
permission  qu'il  obtint  enfin  de  se  rendre  au 
gymnase  de  Thorn.  Là  il  eut  une  place  de  cho- 
riste ,  dont  les  émoluments  lui  facilitèrent  les 
moyens  d'achever  ses  études.  Lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  dix-neuf  ans ,  one  place  de  corecteur 
hii  fut  offerte  à  Strasbourg,  et  il  l'accepta. 

Le  comte  Dobna  Wartenberg  Leislenaii ,  à  qui 
il  avait  été  recommandé,  le  chargea  peu  de  temps 
après  de  l'éducation  de  son  ffls.  En  1736  il  partit 
avec  son  élève  pour  Kœnigsberg  ,  et  visita  l'uni- 
versité ;  ensuite  il  vécut  dans  la  maison  do  profes* 
seur  Gunther,  et  se  lia  d'amitié  avec  Thomson.  En 
1738  il  quitta  liœnigsberg,  et  se  rendit  à  Kaunitz, 
oii  on  lui  offrait  une  place  de  corecteur.  Il  s'était 
déjà  mis  en  route  pour  s'y  rendre,  lorsque  tout 
à  coup  il  changea  d'avis,  et  se  rendit  à  Jena  pour  y 
terminer  ses  études  Ihéoiogiques.  Il  y  suivit  les 
cours  de  Reuschner,  Racheuberger,  de  Ham- 
berger  et  de  Stock.  Deux  ans  après  on  Péleva 
au  grade  de  maître  es  arts,  et  l'année  suivanle 
il  retourna  dans  sa  ville  natale  pour  s'y  exercer 
à  la  prédication.  En  1/43  il  fut  nommé  corec- 
teur et  directeur  de  musique  à  l'école  latine  de 
Landshut.  11  occupa  ce  poste  jusqu'en  1"'57,  où 
il  l'abandonna  pour  celui  de  pasteur  de  Sorge  et 
de  Kœnincben  ,  dans  la  Prusse  méridionale.  De- 
venu pasteur  de  Felckue  en  1 760,  il  se  démit  vo- 
lontairement dfr  sa  place  en  1763,  et  fut  en  dernier 
lieu  appelé  comme  pasteur  à  Pommerwitz,  près 
de  Neustadt,  dans  la  haute  Silésie  ,  où  il  mourut 
le  19  juin  1795.  Forkel  dit  {Allgem.  Lifter,  der 
Musik,^.  147)  qu'Adami  mourut  à  Landshut 
en  1758  :  il  a  été  induit  en  erreur  sur  ce  point; 
mais  Liciitenthal  est  tombé  dans  ime  inadver- 
tance bien  plus  singulière  à  l'égard  de  cet  écrivain, 


car,  au  tome  troisième  de  sa  bibliographie  de  la 
musique  (p.  199),  il  le  fait  mourir  à  l'époque 
indiquée  par  Forkel ,  et  au  quatrième  volume 
du  même  ouvrage  (p.  30),  il  indique  la  date 
véritable  de  son  décès. 

Adami  s'est  fait  connaître  dans  le  monde  mu- 
sical par  deux  ouvrages  qui  ne  manquent  point 
d'intérêt.  Le  premier  a  pour  titre  :  Verniluflige 
■  Gedanken  iibcr  den  drei/fachen  Widerschall 
vom  Etngange  des  AderOachischcn  Steinwal- 
des  im  Kœnigreich  Bœhmen  (  Réflexions  sur  le 
triple  écho  d'Aderbach  ,  à  l'entrée  de  la  forêt  de 
Stein,  dans  le  royaume  de  Boliême);  Liegniiz, 
l750,in-4°.  Le  deuxième  est  intitulé  :  Philoso- 
phisch  musikalische  Abhandlung  von  dem gôlt- 
lichschoeneder  Gesangsweise  in  geistl.  Liedern 
bei  ô/f  en  (lichen  Golf  esdienst  (Dhserlation  phi- 
tosophico-musicaJe  sur  les  beautés  sublimes  du 
chant  dans  les  cantiques  du  service  divin);  Leip- 
sick ,  175.'),  in  8°.  On  a  aussi  d' Adami  une  can- 
tate publiée  en  1745,  une  autre  en  1746,  et  il 
a  laissé  en  manuscrit  quatorze  cantates  de  noces, 
se|)t  cantates  pour  diverses  circonstances  et  six 
cantates  religieuses. 

ADAMI  ( ANToiNE-PnfLirf-E),  littérateur, 
naquit  à  Florence,  d'une  famille  noble,  vers  1720, 
entra  dans  la  carrière  militaire,  et  cultiva  les  let- 
tres et  la  philosophie,  tin  récompense  de  ses  ser- 
vices et  de  son  mérite  ,  le  grand-duc  de  Toscane 
le  nomma  chevalier  de  Saint-Etienne.  Une  mort 
préiualurée  l'enleva  à  sa  famille  et  à  ses  amis  à 
la  fin  de  l'année  1761.  Il  s'est  fait  connaître  par 
divers  ouvrages  d'histoire,  de  philosophie  et  de 
litléralure.  Il  n'est  cité  ici  que  poar  un  volume 
intitule  :  Poésie ,  con  una  Dissertazione  sopra 
la  Poesia  dranunalica  et  mimica  del  teatro ; 
Florence,  1755,  in-8°.  Il  traite  dans  cette  disserta- 
tion de  la  musique  théâtrale. 

ADAMI  (ViNATJEti),  maître  de  clarinette,  né 
vraisemblablement  dans  le  Piémont,  a  fait  im- 
primer une  méthode  pour  son  instrument,  à  Tu- 
rin ,  chez  les  frères  Reycend.  Je  suis  tenté  de 
croire  que  le  nom  de  famille  de  ce  musicien  est 
Vinatier ,  et  qu^Adami  n'est  que  le  prénom.  Je 
le  cite  d'après  la  bibliogiaphie  de  Lichtenlhal 
(t.  IV,  p.  178). 

ADAMI  (Henri-Joseph)  ,  rédacteur  de  la 
partie  musicale  dans  la  Gazette  des  théâtres  de 
Vienne,  est  né  dans  cette  ville  le  16  décembre 
1807.  Après  avoir  fait  ses  études  dans  les  collèges 
et  à  l'université  de  Vienne,  il  fut  destiné  à  la 
pî'ofession  d'avocat;  mais  son  goût  exclusif  pour 
la  poésie  (fnimatique  le  détourna  de  cette  car- 
rière. 11  publia  dans  les  journaux  et  dans  les  al- 
manachs  poéliq.ics  un  nombre  considérable  de 
petites  pièces,  écrivit  des  livrets  d'opéra,  et 


ADAMI  —  ADDISSON 


19 


surtout  un  grand  nombre  d'<nrticles  de  critique 
musicale  dans  la  Gazette  des  Théâtres  de  Vienne 
(Tkeaier  Zcitung),  iiisqu'en  1847,  puis  dans 
la  Gazette  de  Vienne,  dans  La  Presse  (Die 
Presse),  en  1848,  et  enfin  dans  le  Ostdeutsche 
Post ,  en  1850.  La  critique  de  ce  littérateur  a  peu 
de  profondeur,  et  l'on  voit  que  ses  connaissances 
techniques  sont  insuffisantes  pour  la  tàclie  qu'il 
accomplit. 

ADASIS  (Thomas),  né  en  1783,  éludia  la 
musique  sous  le  docteur  Busby,  jusqu'à  l'âge  de 
onze  ans.  En  1802  ,  il  fut  nommé  organiste  de  la 
chapelle  de  Lambeth,  à  Carlisle,  et  conserva  cette 
place  jusqu'en  1814.  11  fut  alors  choisi ,  parmi 
vingt-huit  autres  candidats,  pour  être  organiste 
de  Saint-I'aul  à  Deptford ,  où  il  se  trouvait  en- 
core en  1824.  Depuis  lors  il  s'est  fixé  à  Londres. 
T.  Adams  a  dirigé  les  séances  musicales  annuelles 
de  VApoltonicon,  depuis  leur  commencement,  et 
y  a  fait  des  lectures  sur  divers  sujets  relatifs  à  la 
musique.  Les  principales  compositions  de  cet  ar- 
tiste sont  :  1"  Six  fantaisies,  publiées  en  1812.  — 
L'air  Scots  ivho  hoe  ivith  Wailace  bled,  avec 
des  variations  pour  l'orgue  (Mayhew).  —  2°  Adeste 
fidèles,  avec  variations.  —  3°^  rose  tree  infull 

bearing,  avec  variations 4°  QuanCèpiù  bella, 

de  Paisiello  ,  avec  variations  (ces  trois  dernières 
pièces  chez  Clementi).  —  5°  Deh  prendi,  et  My 
jo  Janet,  l'un  et  l'autre  avec  variations.  —  c°  Six 
fugucspour  rorgue(Clcmenli).  —  7°  Trois  fantai- 
sies pour  l'orgue  (Hodsol!  ).  —  Six  grandes  pièces 
pour  l'orgue  ;  Londres,  Clementi. 

ADAMS  (Abraham),  organistedc  Sainte-Ma- 
ry-le-Bone,  à  Londres,  vers  1810,  est  auteur  d'un 
ouvrage  qui  a  pour  titre  :  PsalmisCs  ncw  co7npa- 
nion,  etc.  (  Le  Nouveau  compagnion  du  psalmiste, 
contenant  une  introduction  aux  principes  de  la 
musique,  par  nne  méthode  facile  et  familière, 
suivie  de  41  chants  de  psaumes,  et  25  antiennes, 
auxquels  on  a  ajouté  un  hymne  funèbre;  le  tout 
composé  à  trois  et  quatre  voix,  suivant  les  règles 
les  plus  authentiques)  ;  Londres,  in-4'' (sans  date). 

ADAIV  (Don  Vincent)  ,  musicien  de  la  cha- 
pelle du  roi  d'Espagne,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  vécut  à  Madrid,  et  y  lut 
professeur  de  chant  et  de  composition.  11  est  au- 
teur d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Dociimentos 
para  instruccion  de  Musicos  ,  y  aficionados , 
que  intentan  saber  el  arte  de  la  cotnposicion. 
En  esta  obra  se  traita  de  los  contrapontos 
sobre  bajo  hasta  siete ,  sobre  tiple  hasta  siete, 
y  suello  hasta  ocho,  y  dos  exemptas  à  doce 
voces,  todos  en  fuga  unas  contro  otras.  Varios 
soles  y  duos;  pensamientos  a  très,  y  a  quatro. 
varios  pasos  y  contrapasos,  y  el  modo  de  en- 
trarlos,  Varios  canones  y  tocados.  Exiencion 


.  de  los  instrumcntos.  Posturas  del  violin  per 
todos  los  tonos  y  formaciondecllos,  con  otrus 
cosas  muy  utiles  (Documents  pour  l'instruction 
des  musiciens  et  des  amateurs  qui  veulent  savoir 
l'art  de  la  composition.  Dans  cet  ouvrage,  on 
traite  du  contre-point  sur  une  basse  jusqu'à  sept 
parties,  sur  le  chant  jusqu'au  même  nombre  de 
voix,  et  du  contre-point  libre  jusqu'à  huit,  avec 
des  exemples  à  douze  voix,  lesquelles  fuguent  entre 
elles;  divers  solos  et  duos;  des  fantaisies  à  trois 
et  à  quatre  différents  sujets  et  contre-sujets,  avec 
la  manière  d'y  répondre  ;  diverses  espèces  de  ca- 
nons et  d'imitations;  l'étendue  des  instruments;  | 
les  positions  du  violon  pour  tous  les  tons,  etc  .)  ; 
Madrid,  Joseph  Otero,  1786,  in-fol.  de  16  pages 
de  texte  et  75  d'exemples  notés.  Voilà  bien  des 
choses  pour  un  si  petit  volume;  mais  l'auteur  n'a 
pas  cherché  à  y  exposer  une  doctrine.  Son  texte 
ne  contient  que  de  courtes  questions  et  des  ré- 
ponses non  moins  brèves  sur  les  diverses  parties 
de  l'art  décrire  en  musique,  et  les  exemples  ont 
peu  de  développements  :  en  un  mot,  l'ouvrage 
n'est  qu'une  méthode  d'enseignement  empirique. 
ADAÎV  DE  JOUVEI\CY,  trouvère  fran- 
çais du  treizième  siècle. 

ADCOCK  (Jacques)  ,  maître  de  musique  du 
collège  du  roi  à  Cambridge,  naquit  en  l778  à  Eton, 
dans  le  duché  de  Buckingham.  En  178Cil  fut  admis 
comme  choriste  de  la  chapelle  Saint-George  à 
Windsor,  et  entra  au  collège  d'Eton,  où  il  reçut 
son  éducation  musicale  sous  le  D""  Ayhvard  et 
M.  Sexton.  En  1797  il  fut  élu  un  des  clercs  laï- 
ques de  la  chapelle  de  Saint-George ,  et  en  1799 
il  reçut  sa  nomination  à  la  même  place  au  col- 
lège d'Eton.  Il  quitta  ces  deux  emplois  lorsqu'il 
fut  nommé  clerc  laïque  du  roi  à  la  Trinité  et  au 
collège  de  Saint-Jean  à  Cambridge.  Les  princi- 
pales compositions  d'Adcock  sont  des  glees,  sa- 
voir :  trois  glees  dédiées  à  sir  Patrick-Blake 
(Birchall);  Hark  how  the  bées,  glee  à  quatre 
voix  (Preston);  Welcome  Mirth,  k  trois  voix 
(Goulding),  etc.,  etc.  Adcock  a  publié  des  prin- 
cipes de  chant  avec  trente  soZ/eg'g'i  pour  l'instruc- 
tion des  personnes  qui  veulent  chanter  à  pre- 
mière vue. 

ADDISSOiM  (Jean),  fils  d'un  mécanicien 
fort  habile  ,  est  né  en  Angleterre  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  Il  débuta  dans  la  carrière 
musicale  comme  contrebasse  au  théâtre  de  Li- 
verpool.  Quelque  temps  auparavant  il  avait 
épousé  miss  Willems  ,  nièce  du  célèbre  Rei- 
nolds,  qui  fut  engagée  comme  cantatrice  au  théâ- 
tre de  Dublin ,  où  Addisson  la  suivit.  Deux  ans 
après ,  mistriess  Addisson  débuta  au  théâtre  de 
Covent-Garden ,  ce  qui  donna  occasion  à  son 
mari  de  s%  fixer  à  Londres.  Cependant  il  ne  tarda 

2. 


'20 


ADDISSON  —  ADHÉMAR 


point  à  quitter  cette  ville  pour  se  rendre  à  Batli, 
puis  à  Dublin ,  et  enfin  à  Manchester,  où  il  établit 
une  filature.  Malheureusement  ses  spéculations  ne 
réussirent  point,  et  il  fut  obligé  de  quitter  son 
établissement  avec  perte.  Il  revint  alors  à  Lon- 
dres, où  il  entra  comme  conirebasse  au  théâtre 
italien.  Peu  de  temps  après  Arnold  ouvrit  le 
théâtre  appelé  Le  Lycée,  et  Addissoil  fut  engagé 
pour  composer  la  musique  de  quelques  petits  opé- 
ras, tels  que  My  Uncle,  Mij  Aunt ,  Tvm  Words  , 
ou  Silent  not  Dumb,  Free  and  Easy ,  etc.  Il  a 
écrit  aussi  pour  le  théâtre  de  Covenl-Garden  la 
musique  de  Robinet  the  Bandit,  et  arrangé 
celle  de  Boieldieu  sur  le  drame  de  Rose  d'A- 
mour, traduction  du  Chaperon  Rouge.  Outre 
cela  il  a  publié  des  airs,  duos,  glees,  etc.,  et  s'est 
livré  à  l'enseignement  du  chant. 

ADELBOLD,  évéque  d'Utrecht,  né  vers 
la  fin  du  dixième  siècle ,  d'une  famille  noble  du 
pays  de  Liège ,  étudia  dans  cette  ville  et  à 
Reims  :  il  devint  l'un  des  plus  savants  hommes 
de  son  temps.  Sa  réputation  s'étant  répandue  en 
Allemagne,  l'empereur  Henri  II  l'attira  à  sa  cour, 
laduut  dans  son  conseil,  le  nomma  son  chance- 
lier, et  lui  fit  obtenir  l'évèché  d'Utrecht.  Tant  de 
succès,  loin  de  satisfaire  l'ambition  d'Adelbold  , 
ne  fit  que  l'augmenter.  Il  fit  longtemps  la  guerre  à 
Dideric ,  comte  de  Hollande,  et  ravagea  ses 
États,  parce  que  le  comte  avait  refusé  de  lui  cé- 
der l'île  de  Merwe  ,  située  entre  la  Meuse  et  le 
Wahal.  Forcé  de  faire  enfin  la  parx  ,  il  cultiva 
les  sciences  ,  fonda  des  églises ,  et  ne  cessa  de 
travailler  à  la  prospérité  de  son  diocèse  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  le  27  novembre  1027.  Au  nom- 
bre de  ses'  ouvrages  se  trouve  un  traité  intitulé 
De  Musica,  que  l'abbé  Gerbert  a  inséré  dans 
sa  collection  des  Scriptores  eccle.siast.  de  mu- 
sica sacra,  etc.,  t.  I,  p.  303.  Le  style  d'Adel- 
bold est  plus  élégant  que  celui  des  écrivains 
de  son  siècle  ;  mais  son  ouvrage  est  de  peu  d'in- 
térêt. 

ADELGASSER  (Antoine  Cajetan),  né  à 
Lucerne,  en  Suisse,  le  3  avril  1728,  fil  ses  études 
musicales  sous  la  direction  d'Éberlin,  maître  de 
chapelle  à  Salzhourg.  Plus  tard  il  devint  orga- 
niste et  claveciniste  de  cette  cour.  Dès  1757  il  s'é- 
tait acquis  la  réputation  d'un  bon  organiste  et  d'un 
accompagnateur  habile  sur  le  piano.  Devenu  pre- 
mier organiste  de  la  cathédrale  et  de  la  cour,  il 
en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut 
lieu  le  23  décembre  1777.  Ses  compositions  lui 
avaient  fait  aussi  beaucoup  d'honneur,  quoiqu'on 
lui  reprochât  d'imiter  trop  le  style  d'Éberlin  son 
maître.  Adeigasser  n'a  rien  fait  imprimer,  mais 
il  a  laissé  dans  les  archives  de  la  chapelle  de 
S^lzbourg   plusieurs   compositions   importantes 


pour  l'église  ,  particulièrement  des  messes  avec 
orchestre. 

ADEL1IVE(M"«).  Voy.  RIGGIERI  (  Ade- 
line). 

ADEIVEZ,  trouvère  et  ménestrel,  connu  aussi 
sous  lenomd'^rfflmZe/?oJ,  parce  qu'il  était  roi  des 
ménestrels  français,  vécut  dans  le  treizième  siècle, 
et  fut  attaché  au  service  de  Henri  III,  duc  de  Bra- 
bant  (qui  mourut  en  1260).  Adenez  jouait  de  la 
viole,  car  il  est  représenté  tenant  cet  instrument, 
dans  une  miniature  du  manuscrit  du  roman  de 
Bertlie  aux  Grands  Pieds,  qui  est  à  la  Biblio- 
thèque impériale,  à  Paris  (  Supplém.  du  fonds  du 
roi  ,  n»  428).  On  a  aussi  de  lui  les  romans  de 
Guillaume  d'Orange  ou  Guillaume  au  Cozirt 
Nez,  de  V Enfance  d'Ogier  le  Danois,  de  Cléo- 
madès,  et  à'Aymeri  de  Narbonne.  Adenez,  dans 
un  de  ses  fabliaux,  nous  apprend  que  ce  fut  le 
duc  Henri  111  qui  lui  fit  apprendre  son  art  : 

Ce  livre  de  Cléomadés, 
Rimay-je  li  roi  Adenez, 
Ménestrel  au  bon  duc  Henri 
Fui.  Cil  maleva  et  norri 
Et  me  fist  mon  mestier  apprendre, 
Dieu  l'en  veille  guerdon  rendre 
Avec  ses  ame  en  paradis. 

ADHÉMAR  (Guillaume),  troubadour  el 
jongleur  du  treizième  siècle,  était  fils  d'un  pauvre 
gentilhomme  de  Marveil  ou  Marvéjols,  dans  le 
Gévaudan.  Sans  fortune  et  hors  d'état  de  soute- 
nir l'état  de  chevalier,  Adhémar  se  livra  à  la  poé- 
sie, à  la  musique,  et  composa  des  chan.sons  d'a- 
mour qu'il  allait  chanter  dans  les  châteaux.  S'il 
fut  aimé  ,  il  fut  aussi  vrai.semblablement  trahi, 
car  parmi  ses  chansons  il  en  est  de  satiriques 
dans  lesquelles  il  se  plaint  de  l'inconstance  des 
femmes,  et  qui  ne  donnent  pas  une  haute  opinion 
de  leur  chasteté  à  l'époque  où  il  vécut.  On  croit 
que  Guillaume  Adhémar  passa  quelque  temps  à 
la  cour  de  Ferdinand  III,  roi  de  Castille,  et  que, 
dégoûté  du  monde ,  il  entra  dans  l'ordre  mo- 
nastique de  Grammont.  On  trouve  parmi  les  ma- 
nuscrits de  Sainte-Palaye,  à  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal  de  Paris,  dix-huit  chansons  de  ce  trou- 
badour. 

ADHÉMAR  (  Le  comte  Abel  d'  ) ,  amateur 
de  musique  et  compositeur  pour  le  chant ,  est  né 
d'une  ancienne  famille  à  Paris,  vers  I8i2.  En 
1836  il  commença  à  faire  connaître  son  nom 
par  des  romances  qui  obtinrent  du  succès.  Son 
goût  le  portait  vers  les  sujets  dramatiques  pour 
ces  petites  pièces,  et  la  plupart  de  ses  premières 
productions  sont  un  indice  de  son  penchant  à  cet 
égard  ;  en  voici  les  titres  :  Le  Bravo,  Le  Brigand 
calabrais.  Le  Catéran,  L'Esclave  chrétien,  Le 
Forban,  Le  Kabyle,  Le  Lazzarone,  Malheur  à 


ADHEMAR  —  ADOLFATl 


21 


toi.  Le  Torréador,  etc.;  pliistard  M.d'Adliémar  a 
pris  un  style  plus  doux  dans  Thérèse  la  blonde,  La 
Femmequej'aime,Jenelesuivrai  pas,  Pâque- 
rette, Le  Doux  Nom  de  Marie ,  Tout  un  jour 
sans  te  voir,  Les  Yeux  disent  le  Cœur,eX  beau- 
coup d'aiitres.  Connme  la  plupart  des  compositeurs 
de  romances,  M.  d'Adliéraar  a  eu  son  moment 
de  vogue,  auquel  d'autres  noms  ont  succédé.  Il 
est  mort  à  Paris  en  ISôl. 

ADLER  (Georges),  professeur  de  musique  à 
Bude  (  Ofen) ,  capitale  de  la  Hongrie ,  est  né  dans 
cette  ville  vers  1806,  et  y  occupe  la  place  de  di- 
recteur du  cliœur  de  l'église  principale.  Égale- 
ment habile  sur  le  violon  et  sur  le  piano ,  M.  Adler 
be  livre  à  l'enseignement  de  ces  deux  instruments, 
et  a  publié  des  compositions  pour  l'un  et  pour 
l'autre.  On  connaît  de  lui  :  1°  Thème  hongrois, 
varié  pour  le  violon  avec  ace.  de  deux  violons, 
altoet basse,  op.  1;  Vienne,  Haslinger.  —  2"  1"  Po- 
lonaise pour  le  violon  avec  quatuor  d'accompagne- 
ment, op.  6.;ibid.  — 3»  Sonate  pour  piano  et  violon, 
op.  3.;ibid.  —  4° Sonate  pour  pianoà quatre  mains 
(enmi bémol),  op.  27.;  Vienne;  Diabelli.  — 5°  Va- 
riations pour  piano  seul,  op.  2;  Vienne,  Haslin- 
ger. —  0° Thème  varié  (en si  bémol),  op.  4.;  ibid. 
— 7"  La  Chasse,  rondeau  brillant  sur  un  thème  de 
Cenerentola,  op.  7°  ;  ibid.  —  8°.  Thème  original 
varié,  op.  8.  ibid. — 9°  Allegro,  andante  et  roi.deau 
brillant,  op.  18.;  ibid.  —  10°  Souvenir,  rondem 
brillant  (en  mi  bémol);  Pesth,  Grimm  et  C'e. 
— 11°  Libéra  me,  Domine,  pour  quatre  voix  et  or- 
gue, op.  1 1;  Vienne,  Haslinger.  — 12°  Deux  prières 
à  quatre  voix,  petit  orchestre  et  orgue  ;  Augsbourg, 
Bôhm.  —  13°  Chants  à  quatre  voix  d'homme,  op. 
12.;  Vienne,  Haslinger.— 14°  trois  chants  pour  qua- 
tre voix  d'hommes,  op.  13;  Vienne,  Diabelli. —  15o 
Cantate  pour  une  et  plusieurs  voix,  avec  piano, 
op.  15;  Vienne,  Haslinger.  —  16»  VEsprit  de 
V Harmonie,  chant  a  voix  seule  avec  piano  ;i6îd. 
—  17°  quatre  lieder,  idem ,  op.  10;  ibid. 

ADLUIXG  (Jacques)  ,  membre  de  l'académie 
d'Erfurt,  professeur  au  gymnase,  organiste  de 
l'église  luthérienne,  et  constructeur  de  clave- 
cins, naquit  le  14  janvier  1699,  à  Brindersieben, 
petit  village  près  d'Erfurt.  Il  commença  ses  étu- 
des à  l'école  de  Saint-André  de  cette  ville,  et  y 
resta  depuis  1711  jusqu'en  1713, époque  oùil  passa 
au  gymnase  sénatorial ,  qu'il  fréquenta  Jusqu'en 
1721.  En  1723  il  alla  à  l'université  deléna,  où  il 
prit  le  grade  de  professeur,  après  avoir  soutenu  une 
thèse  De  obligationis  verx  naturai  ac  usa.  Ses 
études  musicales  .se  firent  sous  la  direction  de 
Chrétien  Reichart,  organiste  à  Erfurt.  Au  mois 
de  janvier  1728  il  succéda  à  Buttstedt  comme  or- 
ganiste à  l'école  luthérienne,  place  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  5  janvier  1762.  11  a 


formé  un  grand  nombre  d'élèves  pour  le  clavecin 
et  pour  les  langues  anciennes.  H  a  publié  les 
ouvrages  suivants  :  Anleitung  zu  der  musi- 
kalïschen  Gelahrtheit  theils  fur  aile  Ge- 
lehrte,  so  das  Band  aller  Wissenschaflen 
einsehen;  theils  fur  die  Liebhaber  der 
edlen  Tonkunst  uberhaupt ;  theils  und  son- 
derlich  fur  die,  so  das  Clavier,  vorzûglich 
lieben;  theils  fur  die  Orgel  und  Instrument- 
macher  (Introd.  à  la  science  musicale,  etc.); 
Erfurt,  1758,  in-8°.  C'est  un  livre  intéressant, 
plein  de  recherches  savantes,  et  qui  prouve 
qu'Adlung  avait  de  la  méthode  et  l'esprit  philo- 
sophique; mais  le  style  en  est  lourd.  Jean-Ernest 
Bach  y  a  joint  une  préface.  Le  maître  de  chapelle 
Hiller  en  a  donné  une  seconde  édition  à  Leipsick, 

en  1783,  avec  quelques  augmentations 2°  Mu- 

sica  mechanica  organœdi ,  das  ist,  Grund- 
iicher  Vnterricht  von  der  Struktur,  Ge- 
braïich  und  Erhaltnng ,  etc.,  der  Orgeln, 
Clavicymbel,  Clavicordien  und  anderer  Ins- 
trumente ,insofern  eineni  Organisten  vonsol- 
chen  Sachen  etwas  zu  ivissen  nôthig  ist,e,\.c., 
mit  einigen  Anmerkungen  und  einer  Vorrede 
verschen,  und  ziim  Druck  befôrdert  von 
M.  Joh.  Lorenz  Albrecht,  etc.;  Berlin,  1768, 
in-4°  (Introduction  à  la  construction ,  l'usage  et 
la  conservation  des  orgues ,  clavecins ,  clavicordes 
et  autres  instruments,  etc.;  avec  quelques  re- 
marques et  une  préface,  par  J.-C.  Albrecht). 
Cet  ouvrage,  ainsi  que  le  suivant,  a  été  publié 
après  la  mort  de  l'auteur.  On  trouve  dans  la 
première  préface  de  celui-ci  la  vie  d'Adlung  écrite 
par  lui-même.  —  3°  Musikalisches  Siebengestirn, 
das  ist  :  sieben  zur  edlen  Tonkunst  gehôrige 
Fragen,  aufer  haltenen  Befehlder  Churfiirstl, 
Mainzischen  Akad.  nûtzlicher  Wissenschaften 
in  Erfurt,  anfxnglich  in  lateinischer  Sprache 
beantworlet,  nachgehends  aber  ins  Deutsch 
ûbersetzt;  Berlin,  1768,  in-4°,  quatre  feuilles  et 
demie  (  Les  sept  étoiles  musicales,  ou  sept  ques- 
tions relatives  à  la  noble  musique ,  etc.).  Adlung 
choisit  ce  titre  singulier  pour  des  réponses  à  sept 
questions  qu'on  lui  avait  faites  sur  les  intervalles, 
et  particulièrement  sur  la  nature  de  la  quarte. 
Cet  ouvrage,  comme  on  le  voit  par  le  titre, 
fut  d'abord  écrit  en  latin,  et  traduit  ensuite  en 
allemand.  Adlung  avait  aussi  écrit:  i"  Anweisung 
zum  General-Bass  (Instruction  surla  basse  con- 
tinue). —  2°  Anweisung  zum  italixnischen  Ta- 
bulatur  (Instruction  sur  la  Tablature  italienne). 
—  3°  Anv)eisung  zum  Fantasie  und  Fuge  (Ins- 
truction sur  la  fantaisie  et  la  fugue)  ;  mais  ces 
ouvrages  ont  été  perdus  dans  un  incendie  qui  en» 
leva  à  l'auteur  une  partie  de  sa  fortune. 
ADOLFATl    (ANDKÉ).  élève  de  Balthasar 


22 


ADOLFATI  —  ADORNO 


Galuppi,  naquit  à  Venise  en  1711.  Après  avoir 
achevé  ses  études  musicales,  il  fut  pendant  plu- 
sieurs années  maître  de  chapelle  à  l'église  Santa- 
Maria  délie  Sainte,  dans  sa  ville  natale  ;  puis  il 
écrivit  des  opéras  dans  plusieurs  grandes  villes 
de  l'Italie,  et  finit  par  se  fixer  à  Gênes,  où  il 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
«le  V Annonciation.  On  connaît  aujourd'hui  peu 
d'ouvrages  de  ce  compositeur.  En  1742  il  a  donné 
à  Rome  VArtaserse ;  à  Gênes,  Ariane ,  en  1750; 
dans  la  même  ville  Adrlano  in  Sirïa,  en  1751; 
et  en  1752,  La  Gloria  ed  il piacere.  La  Biblio- 
thèque impériale, à  Paris,  possède  en  manuscrit 
un  Nisi  Dominns,  à  voix  seule,  et  nn  Laudate 
pueri,  à  quatre  voix,  de  la  composition  de  ce  mu- 
sicien. Dans  la  collection  de  l'abbé  Santini ,  à 
Rome,  on  trouve  aussi  le  psaume  Domine,  ne  in 
./'«rore,  traduit  en  italien  et  mis  en  musique  à 
quatre  voix  avec  des  violons  et  des  cors,  par  Adol- 
f.ili  ;  enfin  on  a  publié  sous  son  nom  :  Sei  sonate 
a  tre,  cinque  e  sei,  opéra  P,  Amsterdam.  Ce 
compositeur  fit  à  Gênes  l'essai  de  la  mesure  à 
cinq  temps  dans  un  air  de  son  opéra  A'' Ariane. 
On  a  dit  qu'il  avait  élé  précédé  dans  cet  essai  par 
Marcello,  quoiqu'on  n'ait  pas  cité  l'ouvrage  de 
l'auteur  des  Psaumes  où  la  mesure  à  cinq  temps 
est  employée;  mais  il  est  certain  que  d'anciens 
airs  populaires  d'Espagne ,  d'Allemagne  et  du 
Nord  sont  dans  cette  mesure.  Il  est  possible  qu'A- 
dolfati  en  ait  eu  connaissance. 

ADORIN'O  (Jean-Népomucùne),  né  au  Mexique 
vers  1815,  s'est  fait  connaître  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  l'industrie,  à  Paris,  en  1855,  par  di- 
verses inventions  ingénieuses,  au  nombre  des- 
quelles on  remarquait  un  système  complet  de 
musique,  dont  toutes  les  parties  sont  intimement 
liées,  et  pour  lequel  M.  Adorno  a  fait  exécuter 
sous  sa  direction  plusieurs  instruments  de  dé- 
monstration. Il  a  fait  imprimer  l'exposé  de  son 
système  dans  un  petit  ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Mélographie,ou  Nouvelle  Notation  musicale; 
Paris,  Firmin  Didot  frères,  1855,  in-4''  de  39 
pages ,  avec  une  planche.  Celte  brochure  n'est 
en  quelque  sorte  que  le  prolégomène  d'un  ouvrage 
philosophique  très-étendu  auquel  M.  Adorno  a 
travaillé  pendant  plusieurs  années,  et  dont  il  an- 
nonce la  publication.  Considéré  au  point  de  vue 
de  la  théorie,  le  système  dont  le  petit  ouvrage 
de  M.  Adorno  renferme  l'aperçu  est  basé  sur 
«me  idée  déjà  produite  par  Azais  {voy.  ce  nom)  et 
par  d'autres,  à  savoir  que  les  vibrations  de  l'air 
ne  sont  pas  la  cause  productrice  du  son  comme 
on  le  croit  généralement ,  et  que  cette  cause  ré- 
side dans  un  fluide  impondérable  auquel  l'auteur 
du  système  donne  le  nom  A' harmonium.  Ce 
fluide  ne  produit  point  une  série  de  sons  dans 


les  rapports  absolus  des  géomètres,  mais  une 
échelle  chromatique  de  douze  demi-tons  tem- 
pérés. M.  Adorno  prétend  démontrer  celte  partie 
de  son  système  par  une  construction  géométrique 
dont  le  tableau  graphique  était  à  l'exposition,  et 
par  un  polycorde  formé  sur  le  même  modèle. 
Or  cette  échelle  de  douze  demi-tons  tempérés  , 
donnés  par  la  nature,  est  le  critérium  du  système 
de  notation  et  de  musique  pratique  de  M.  Adorno; 
car  c'est  celle  des  instruments  à  claviers ,  parti- 
culièrement du  piano.  Prenant  le  clavier  pour 
modèle  de  la  portée  destinée  à  la  notation,  il  con- 
sidère les  cinq  touches  noires  comme  la  repré- 
sentant de  cette  manière  : 

1'"=  octave.      2™"  octave.     3"^  octave. 


etc. 


11  résulte  de  là  que  la  portée  est  verticale  au 
lieu  d'être  horizontale,  et  que  les  signes  de  la 
notation  ont  la  même  direction.  M.  Adorno  con- 
serve les  formes  de  la  notation  ordinaire.  Les 
espaces  doubles  contiennent  les  notes  mi,  fa,  et 
si,  ut;  les  espaces  simples  renferment  les  notes 
ré,  sol,  la.  Les  notes  placées  sur  les  lignes  sont 
les  dièses  et  les  bémols.  Quant   aux  valeurs  de 
temps,  rondes,  blanches,  noires,  etc.,  et  aux 
signes  de  silence  ,  ce  sont  les  mêmes  que  ceux  de 
la  notation  en  usage.  La  transposition  s'opère, 
dans  le  système  de  M.  Adorno,  par  un  moyen  très- 
simple  :  il  consiste  en  un  pupitre  sur  lequel  des 
fils  noirs  sont  tendus  verticalement  dans  les  mêmes 
dispositions  qu'on  vient  de  voir  :  la  musique  écrite 
se  place  sous  ces  fils,  et  suivant  qu'on  l'avance  à 
droite,  ou  la  recule  à  gauche,  la  transposition  est 
faite,  parce  que  la  position  des  notes  est  déterminée 
parles  fils  du  pupitre  qui  représentent  les  parties 
de  six  octaves  disposées  précisément  comme  le 
clavier  du  piano  placé  au-dessous  de  ce  même  pu- 
pitre. Par  une  autre  conséquence  de  son  système, 
M.  Adorno  a  imaginé  un  piano  mélographe  dont 
le  mécanisme  imprime  la  musique  sur  un  papier 
disposé  suivant  sa  méthode  de  notation;  en  sorte 
qu'après  l'exécution  d'un  morceau  improvisé ,  it 
n'y  aurait  qu'à  retirer  le  papier  du  cylindre  où 
il  est  enroulé,  et  à  le  placer  sur  le  pupitre,  sans 
faire  d'opération  de  traduction,  pour  jouer  im- 
médiatement le  morceau  et  pour  le  transposer  à 
volonté ,  à  l'aide  du  pupitre.  Le  piano  mélographe 
n'était  pas  à  l'exposition  universelle  de  Paris;  le 
modèle  du  mécanisme  seul  a  été  mis  sous  les 
yeux   du  Jury  :  M.  Adorno  le  faisait  exécuter 
alors  dans  les  ateliers  du  célèbre  facteur  de  rianos 
Erard  :  il  ne  paraît  pas  que,  jusqu'au  moment  où 
cette  notice  est  écrite,  le  succès  ait  répondu  aux 
vues  de  l'inventeur. 


ADRASTE 


23 


ADRASTE,  philosophe  péripat(^ticien ,  né  à 
Phiiippes,  ville  de  Macédoine,  fut  disciple  d'A- 
ristote,  et  vécut  conséquemment  au  temps  d'A- 
lexandre, entre  la    lOô"^  et  la  115"  olympiade. 
On  sait  qu'il  a  écrit  un  traité  de  musique  en  trois 
livres,  que  Porphyre  et  Tliéon  de  Smyrne  ont  cité, 
Ger.  J.  Vossius  {De  Scient.  Mathem.,  c.  5S,§  14), 
et  Fabricius ,  d'après  le  témoignage  de  Scipion 
Telhis  [Dibliot.  Grscc,  M.  III,  c.  10)  ont  écrit 
qu'il  en  existe  un  manuscrit  au  Vatican,  et  une 
autre   copie  dans  la  bibliotlicque    du  cardinal 
Saint- Ange,  d'où  elle  a  passé  depuis  dans  celle 
du  cardinal  Farnèse,  son  frère.  Forkel,  d'après 
les  journaux  littéraires  de  1788,  annonça  dans 
son  Almanach  musical,  publié  l'année  suivante,  la 
découverte  que  I\I.  Pascal  Baffi  venait  da  faire  du 
traité  d'Adraste  dans  la  bibliothèque  du  roi  de 
Naples,  dont  il  était  le  conservateur.  C«  biblio- 
thécaire venait  de  faire  connaître  son  intention 
d'en  publier  le  texte  grec  avec  une  version  latine. 
Il  est  assez  singulier  que  M.  Baifi  ait  donné  comme 
une  chose  nouvelle  la  découverte  de  ce  manus- 
crit, qui  n'était  autre  que  celui  dont  Vossius  et 
Fabricius  avaient  déjà  révélé  l'existence;  car  la 
bibliothèque  du  cardinal  Farnèse  avait  passé  en 
la  possession  du  roi  de  Naples,  qui  l'avait  rendue 
publique.  Le  titre  de  l'ouvrage  était  celui-ci  : 
ASpaaTou  T«Ù7r£pt7taTv)TixoîJàp!i.ovtxwv  BtêXiaxpîx. 
On  s'est  souvent  étonné,   dans  le  monde  litté- 
raire, que  la  publication  annoncée  par  M".  Baffi 
n'eût  (las  été  léalisée;  les  savants  éditeurs  de  la 
collection  des  manuscrits  découverts  à  Hercula- 
num  ont  donné  le  mot  de  l'énigme  dans  une  note 
qui  accompagne  un  passage  du  traité  sur  la  mu- 
siquedePhilodème(toy.cenoni),  inséré  au  premier 
volume  de  cette   collection.  Ayant  examiné  le 
manuscrit  dont  il  s'agit,  ils  ne  tardèrent  point  à 
reconnaître  que  le  traité  de  musique  qu'il  contient 
est  le  mOme  qui  est  connu  sous  le  nom  de  Ma-, 
nucl  BrijPïine ;  mais,  ayant  remarqué  qu'il  y  est 
beaucoup  parlé  du  genre  enharmonique,  qui,  selon 
le  témoignage  de  Photius,  avait  disparu  de  la 
musique  grecque  avant  le  septième  siècle,  et  dont 
il  n'a  plus  été  question  après  que  Bryenneeut  écrit, 
ils  commencèrent  à  douter  que  cet  écrivain  fût  le 
véritable  auteur  de  l'ouvrage  qui  porte  son  nom, 
et  ils  pensèrent  qu'il  appartenait  réellement  à 
Adraste.  D'un  autre  côté,  leur  soupçon  s'évanouit 
en  considérant  que  dans  les  trois  livres  des  Har- 
moniques il  se  trouve  non-seulement  des  pas- 
sages assez  longs  empruntés  à  Théon  de  Smyrne, 
mais  môme  des  chapitres  entiers  de  cet  auteur, 
que  Bryenney  a  insérés,  entre  autres  les  chapi- 
tres II  et VI,  qui,  dans  l'édition  publiée  par  Wallis, 
se  trouvent  pages  377  et  381  :  d'où  il  est  démontré 
que  l'auteur  du  livre  attribué  à  Adraste  par  le 


manuscrit  en  qiiestion  est  postérieur  non-seule- 
HKint  à  ce  philosophe,  mais  aussi  à  l'époque  bien 
plus  récente  de  Théon  de  Smyrne.  Enfin,  eu 
égard  au  grand  nombre  de  passages  extraits  d'A- 
draste, de  Théon  et  de  plusieurs  autres  auteurs 
dans  le  livre  de  Bryenne,  les  commentateurs  dt; 
Philodème  considèrent  plutôt  cet  écrivain  comme 
un  copiste  fidèle  et  conmie  un  compilateur  exact, 
que  comme  un  théoricien  qui  écrivait  d'après  son 
propre  système  (1). 

Pour  en  revenir  à  Adraste,  je  rapporterai  ici 
un  fait  assez  remarquable  cité  dans  son  livre  des 
Harmoniques,  dont  il  n'est  parvenu  jusqu'à  nous 
que  des  fragments  :  ce  fait,  nous  le  devons  à 
Porphyre ,  qui  l'a  rapporté  dans  son  commentaire 
sur  le  traité  de  musique  de  Ptolémée  (p.  270, 
édit.  Wallis.).  Cet  écrivain  dit  qu' Adraste  a  fait 
mention  d'un  phénomène  observé  de  son  temps, 
lequel  consistait  à  faire  résonner  les  cordes  d'un 
instrument  de  musique,  en  pinçant  celles  d'un 
autre  instrument  [tlacé  à  une  dislance  assez 
grande;  il  résultait  de  ce  mélange  de  sons,  dit 
Adraste,  un  ensemble  agréable.  On  ne  pouvait 

(i)  La  collection  des  manuscrits  d'Hercnlanum  publiés 
étant  assez  rare  hors  de  l'Italie,  et  la  note  qui  vient  d'être 
citée  n'étantpas sans  importance,  j'ai  cru  qu'il  serait  utile 
de  la  donner  ici  textuellement  ;  la  voici  :  n  .\n  enliarmonium 
musica:  genus,  quod  Pliolio  teste  sacculo  jain  VU  dlspa- 
ruerat,  uni  Bryennio  post  tôt  sseculoruni  intervalium  in- 
notuisse  diceraus,  rursus  post  ipsuni  ex  honiinuni  raemoria 
delendum?  Credat  judxus  Apella.  Quiii  vcro,  quod  nulla 
in  eo  cfiristianisnii  nota  adparet?  Hisce  sane  de  causis  sus- 
picio   ob  orta   nobis  erat  sub  Breyennli  nomine  ipsiim 
Adrastum  pcripateticura  dclitcscere,  prcut  nostrx  Far- 
nesianae  Bibliolhtcae  codex  Ms.  indicaverat.  Is  cnim  Inter 
alla  continet  très  JJarmonicorum  libres,  qui  Bryennio 
vuigo  adscribuntur,  cum  hoc  titulo  :  AôpaaTOU  toO  îcep'.- 
îtaTïiTixoO  dpfJ.ovtx.iov  Bi6Xia  xpîa.  Atqueis  est  codex 
ille  de  quo  sic  Fabricius  in  sua  bibliotheca  .  Jdrasti  pe- 
ripatetici  Harmonicoruin  Hbritres,  quos  in  bibliotheca 
cardiiialis  a  S.  Jngelo ,  quas  diinde/uit  cardinalis  Far- 
nesii  fratris  scrvatur  tcstatus  est  Scipio  Tellus  Ncapoli- 
tanus indice Hbronimnondum edilormn,  quem  bibliothecse 
ilss.  libroriim  pag.  \G7  inscruit  jMbbxus.  Nostro  tamen 
suspicio   illico   evanuit,  cum    animadverlinuis   in   hosce 
Harinonicontni  libros  transfuses  fuisse  non  modo  satis 
lonsa  Ailnisti  loca  a  Tlieone  Sniyrneo  adiata,  sed  etiam 
Tlieonis  ipsius  intcgia  fere  capita ,  uti  pra;  reliquis  cap.  » 
et  6,  qusE  inserta  leguntur  apud  Bryenniuin,  pag.  377  et 
581.  Auctor  igitur  Harmonicorum  non  raodo  est  Adrasto, 
sed  etiam  Tlieone  rccentior.  Hppc  autera  idcirco  adnotare 
non  piguit,  ut  veteris  littérature  amatores,  qualis  sit  iste 
codex  a  Fabricio,  e  Tello  indicains,  cognoscant,  neve 
nostra  incuria  tantum  x£i(xr/XtQV  in  Farnesianœ  Biblio- 
thecae  scriniis,  quae  hodie  Augusti  régis  nostri  munificientia 
publies  usurae  mancipatur,  sita  putrescere  indolcscant. 
Ceterum   quod  ad   Bryennium  attinet,    ei  profecto  très 
Harmonicorum  Ubros  adjudioare  non  dubitamus,  etsi, 
pacifica  longinqui  temporis  possessione  deturbare  religio 
sit,  non    intercedimus    :   dumuiodo   is    nobis    concédât 
Bryennium    quandoque  testera,  lanquam   velerum,   qui 
nobis  desunt,  rauslcae  tractatorum  fidelissimum  exscrlp- 
torera  producere.  »  (Herculan.  volum.,  tom.  1.  in  c.  a.  Ci 
p.  9.) 


24 


ADRASTE  —  ADRIEN 


aller  plus  près  de  la  science  de  l'Iiarmonie  :  il  est 
singulier  que  les  musiciens  grecs  n'aient  point  vu 
an  delà.  Chez  les  modernes ,  le  phénomène  dont 
il  s'agit  a  été  indiqué  i)ar  Mersenne  dans  son 
Ira'dé de  V If a7-mo7iieîmiver selle,  Sauveur  (voy. 
ce  nom)  en  a  fait  l'analyse,  et  Rameau  y  a  puisé 
la  base  de  sa  théorie  de  l'harmonie  donnée  par  la 
nature,  et  de  la  basse  fondamentale. 

A  DRI AIVI  (François)  ,  compositeur  italien , 
naquit  à  Santo-Severino,  dans  la  Marche  d'An- 
cône,  en  1539.  En  1593  il  fut  nommé  maître 
de  chapelle  de  Saint- Jean  de  Latran;  mais  il 
n'occupa  cette  place  que  pendant  dix-huit  mois 
environ,  étant  mort  le  16  août  1575,  à  l'âge  de 
trente-six  ans.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  des 
Douze-Apôtres,  et  Ton  plaça  sur  son  tombeau  une 
inscription  honorable  qui  a  été  rapportée  par  Bona- 
venture  Malvasia  (Co?«pc«d.  stor.  délia  Basilica 
de'  SS.  A'//^p.).Ce  musicien  a  écrit  des  psaumes 
à  quatre  voix  qui  ont  été  publiés  avec  ceux  de 
Jacques  de  Waet,  sous  ce  titre:  Adriani  et  3a- 
chet  Psalmi  vesperlim  omnium  festorum 
per  annum,  quatuor  vocum;  Venise,  1567, 
in-4''.  Toutefois  il  se  peut  qu'il  y  ait  ici  confusion 
de  noms,  et  que  VAdrianus  dont  il  est  question 
dans  le  titre  de  cet  ouvrage  ne  soit  autre  qu'A- 
drien Willaert.  Gesner  indique  des  chansons  à 
quatre  voix  et  des  motets  sous  le  nom  d'Adriani 
(Dibl.  m  epit.  redac,  lib.  YIF,  lit.  5),  qui  pour- 
raient bien  aussi  appartenir  au  même  Willaert. 

ADRIAKSEiV  (Emmanuel),  luthiste  fort  ha- 
bile, qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  était  né  à  Anvers.  C'est  le  même  musicien 
dont  le  nom,  assez  singulièrement  latinisé,  est  écrit 
Hadrianius  par  quelques  auteurs,  et  môme  sur 
les  titres  de  ses  ouvrages.  Adriansen  a  publié  deux 
suites  de  pièces  pour  un ,  deux,  trois  et  quatre 
luths,  à  quatre  et  cinq  parties,  arrangées  d'après 
des  compositions  de  Cyprien  Rore,  Roland  de 
Lassus,  Jachet  de  Berchem,  Jacques  de  Waet, 
Philippe  de  Mons ,  Noé  Faignient  et  Hubert 
Waelrant.  Ces  recueils  ont  pour  titre  :  Pratum 
viusictim  longe  amœnissimum,  ciijus  spatio- 
sissimo  eoque  jucundissimo  ambitu  {prœter 
varii  genehs  axiomata  seu  phantasias)  com- 
prehendiintur....  omnia  ad  testudlnis  tabula- 
turam  fideliter  redacta,pcr  id  genus  musices 
experientissimum  artificem  Emanuelem  Ila- 
drianiiim  Anverpiensem.  Ant.  Pet.  Phalesins, 
1584,  in-toi.;  ib.  1592.  Une  troisième  édition  a 
été  publiée  par  P.  Phalèse,  à  Anvers,  en  1600, 
in-fol.  La  tablature  employée  dans  la  notation  de 
<:es  recueils  est  un  des  plus  anciens  monuments 
typographiques  de  la  notation  particulière  du  lulh. 
Dans  sa  dédicace  à  Balthasar  de  Robiano,  bour- 
iSeois  el  marchand  d'Aiivers,  Adriansen  dit  qu'il 


a  fait  une  étude  approfondie  de  la  musique,  ef 
qu'il  a  poussé  aussi  loin  qu'il  était  possible  l'art 
de  jouer,  non  de  la  guitare,  comme  l'a  dit  M.  de 
Reiffenberg  {Lettre  à  M.  Fétis,  sur  quelques 
particularités  de  l'histoire  musicale  de  la 
Belgique,  dans  le  Becueil  encycl.  belge,  i.  Il, 
p.  67),  mais  du  luth  (dont  le  nom  latin  était  tes- 
tudo).  Il  n'y  a  rien  qui  ne  soit  vrai  dans  ce  que 
ce  musicien  dit  de  lui-même;  carnon-seulement 
il  était  évidemment  le  luthiste  le  plus  habile  de 
son  temps,  mais  les  virtuoses  les  plus  renommés 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle  auraient 
eu  quelque  peine  à  jouer  ses  pièces.  Sous  le 
rapport  de  l'art  d'écrire ,  cette  musique  est  éga- 
lement remarquable,  et  c'est  vraiment  une  mer- 
veille de  combinaison  harmonique  que  la  fantaisie 
d'Adriansen  pour  quatre  luths  sur  la  chanson 
llamande  d'Hubert  Waelrant  :  Als  ick  winde.  La 
collection  des  pièces  de  ce  luthiste  célèbre  con- 
tient douze  préludes,  cinq  fantaisies,  trente- 
quatre  madrigaux,  cinq  motets,  dix  chansons 
napolitaines,  cinq  gagliardes;  neuf  passamèses, 
allemandes,  courantes  et  branles. 

ADRIEIV  (Martin- Joseph),  ou  plutôt 
Andrien,  dit  La  Neuville,  on  Adrien  l'aîné,  naquit 
à  Liège  en  1766.  Après  avoir  étudié  la  musique 
à  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  cette  ville,  il 
vint  à  Paris,  et  fut  admis  à  l'Ecole  royale  de 
chant  qui  avait  été  formée  aux  Menus-Plaisirs 
par  le  baron  de  Breteuil.  Le  20  juin  1785,  il 
entra  à  l'Opéra,  aux  appointements  (ie  quinze 
cents  francs,  et  trente  francs  de  gratihcation  par 
chaque  représentation.  Eu  1786  il  fut  reçu  au 
même  théâtre  pour  y  jouer  en  partage  avec  Chéron 
les  rôles  de  basse,  tels  que  ceux  de  rois,  de 
grand  prêtre,  etc.  Comme  acteur,  il  obtint  du 
succès,  parce  qu'il  avait  de  la  chaleur  et  de  l'in- 
telligence; mais  sa  voix  était  dure  et  ingrate. 
Personne,  d'ailleurs,  n'était  plus  infatué  que 
lui  du  système  de  déclamation  exagérée  qui 
régnait  sur  ce  théâtre  et  qui  en  éloignait  qui- 
conque avait  une  oreille  délicate.  Adrien  en 
fut  la  victime.  Doué  de  la  constitution  la  plus 
robuste ,  il  ne  put  néanmoins  résister  à  ces  cris 
perpétuels;  sa  santé  se  dérangea,  et,  quoique 
jeune  encore ,  il  fut  obligé  d'abandonner  la  scène 
et  de  se  retirer  en  1804.  L'administration  de 
l'Opéra  le  nomma  alors  chef  du  chant.  L'expé- 
rience ne  l'avait  pas  éclairé,  et  il  enseigna  aux 
débutants  les  erreurs  qu'il  avait  mises  lui-même 
en  pratique.  A  la  mort  de  Laîné  (mars  1822), 
Adrien  fut  appelé  à  remplir  sa  place  de  professeur 
de  déclamation  lyrique  à  l'Ecole  royale  de  mu- 
sique; mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  sa 
nouvelle  position,  car  il  mourut  le  19  novembre 
de  la  même  année.  Adrien  a  comjjosé  la  musique 


ADRIEN  —  AERTS 


2Ô 


de  Vllymne  à  la  Victoiî'e  sur  l'évacuation  du 
territoire  français  (vendémiaire  an  m)  et  de 
l'hymne  aux  martyrs  de  la  liberté.  11  était  grand 
admirateur  de  l'ancienne  musique  des  maîtres 
belles,  français  et  italiens  qui  brillèrent  dans  le 
seizième  et  dans  le  dix-seplième  siècle ,  et  em- 
ploya beaucoup  de  temps  à  copier  leurs  ouvrages 
pour  sa  bibliotlièque. 

ADRIEiV    ( ),   frère  du   précédent. 

chanteur  et  compositeur  de  romances,  né  à  Liège 
vers  1707,  s'est  fait  connaître  à  Paris,  en  1790, 
par  la  publication  de  quelques  recueils  de  ro- 
mances, dont  voici  l'indication  :  1°  Recueil  de  ro- 
mances, paroles  de  Régnier.  —  2°  Second  et  troi- 
sième recueilsd'airs  avec  ace.  de  clavecin,  paroles 
de  Florian.  —  3°  Quatrième  recueil,  id.;  Paris, 
1799. —  4"  Cinquième  recueil,  jrf.;?ftic?.,  1802.  On 
trouve  aussi  une  Invocation  à  VÉtre  suprême, 
musique  d'Adrien,  dans  le  Recueil  de  Chansons  et 
de  Romances  civiques ,  publié  à  Paris  en  1796. 
Adrien  fut  chef  des  chœurs  au  théâtre  Feydeauen 
1794;  mais  il  ne  garda  pas  longtemps  cette  place. 

Un  troisième  Adrien  (Ferdinand),  frère  des 
précédents ,  professeur  de  chant  à  Paris ,  entra  à 
l'Opéra  comme  maître  des  chœurs,  en  l'an  vu,  et 
fut  renvoyé  en  l'an  ix,  pour  cause  d'inexactitude 
dans  son  service.  11  a  composé  quelques  pièces 
détachées  pour  le  chant. 

AEGIDIUS  (Jean),  récollet  espagnol ,  né  à 
Zamora ,  vécut  vers  la  fin  du  treizième  siècle. 
Alphonse  X  le  nomma  gouverneur  du  prince 
Sancio.  Parmi  ses  ouvrages,  on  en  trouve  un 
intitulé  Ars  Musica,  dont  le  manuscrit  est  con- 
servé dans  la  Bibliothèque  du  Vatican ,  et  que 
l'abbé  Gerbert  a  inséré  dans  sa  collection  d'écri- 
vains sur  la  musique  [Script,  eccles.  de  Mus., 
tome  XI,  page  3G9).  Dans  cet  ouvrage  .Egidius 
traite  somrnairepient  de  la  musique  suivant  les 
idées  de  son  temps,  et  surtout  du  plain-chant. 
Cela  est  de  peu  de  valeur.  Le  huitième  chapitre, 
qui  renferme  des  exemples  de  muances  dans  la 
solmisation,  est  un  des  plus  intéressants. 

AELREDE  (Saint) ,  disciple  de  saint  Bernard, 
né  en  Ecosse,  fut  élu  abbé  de  Riedval,  où  il 
mourut  le  12  janvier  1166.  On  lui  attribue  un 
traité  :  De  Abusu  Miisices  ;  cf.  Combasis,  Bi- 
bliotheca  Concinatoria ;  Paris,  16G5,  tome  I, 
p.  6t(),  tome  VIII,  p.  799. 

AELSTERS  (Georges-Jacques),  issu  d'une 
famille  de  musiciens ,  naquit  à  Gand  en  1770. 
Élève  de  son  père,  il  obtint  à  l'âge  d'environ 
dix-huit  ans  la  place  de  carillonneur  de  la  ville , 
et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  la  démolition 
du  campanile  du  beffroi,  en  1839.  Pendant  un 
demi-siècle  il  fut  aussi  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Martin ,  et  composa  pour  le  service 


de  celte  chapelle  beaucoup  de  messes,  motets 
litanies  et  autres  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse, qu'on  exécute  encore  dans  les  églises  de 
Gand  et  autres  villes  de  la  Flandre.  On  cito 
particulièrement  de  cet  artiste  un  Miserere, 
considéré  comme  une  production  distinguée,  dans 
sa  ville  natale.  Aelsters  est  décédé  le  11  avril  1849, 
à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans. 

AEMIIVGA  (Sigefroi-Gaspard),  professeur 
de  droit  et  recteur  de  l'académie  de  Greisswald,  né 
à  MoUen  dans  le  Mecklembourg  ,  le  8  décembre 
1710,  fut  appelé  comme  professeur  à  Greisswald 
en  1741,  et  y  mourut  le  25  mai  1768.  li  a  publié  ; 
Programmata  IV de  c/ioreisfestivis,  de  musica 
instrumentait  festiva,  de  hymnis  festivis 
antiqiiitate  Claris,  de  conviviis  festivis  ievi 
antiqui;  Greisswald,  1749,  in-4''. 

AERTS  (Egide),  né  à  Boom,  dans  la  province 
d'Anvers,  le  1'''"  mars  1822,  entra  au  Conservatoire 
de  Bruxelles  comme  élève  flùti.ste,  le  1"  no- 
vembre 1834,  et  y  reçut  des  leçons  du  professeur 
Lahou.  Doué  d'une  organisation  remarquable, 
il  fit  de  rapides  progrès  dans  ses  études,  et  obtint 
le  premier  prix  de  son  instrument  au  concours 
de  1836.  Dans  l'année  suivante  il  se  rendit  à 
Paris,  et  eut  l'honneur  de  jouer  devant  le  roi 
Louis-Philippe,  dans  un  concert  de  la  cour.  En 
1838  il  parcourut  le  midi  de  la  France,  don- 
nant partout  des  concerts  avec  succès.  Au  mois 
de  décembre  de  la  même  année,  il  donna  des 
concerts  au  théâtre  Re  de  Milan  ,  puis  au  théâtre 
San  Benedelto,  à  Venise.  Les  journaux  italiens 
de  cetteépoqiie  et  la  Gazette  universelle  de  Mu- 
sique du  Le\\)&\ck  (tomeXLI,  p.  194)  accordèrent 
de  grands  éloges  à  son  talent.  De  retour  à  Bruxel- 
les, il  devint  élève  de  l'auteur  de  celle  notice, 
pour  la  composition ,  et  suivit  pendant  plusieurs 
années  un  cours  complet  de  toutes  les  parties  de 
cet  art.  La  substitution  de  la  (lùte  de  Bœhm  à 
l'ancienne  llùte  ayant  été  faite  au  Conservatoire 
de  Bruxelles  dès  1841,  Aerts,  comme  Tulou,  Ré- 
muSat  et  plusieurs  autres  flûtistes  français,  se 
jeta  dans  l'opposition,  et  soutint  d'abord  la  su- 
périorité de  l'ancien  instrument  sous  le  rapport 
de  la  qualité  du  son  ;  mais,  vaincu  enfin  par  les 
raisonnements  du  directeur  du  Conservatoire,  il 
étudia  le  mécanisme  de  la  nouvelle  llùte,  et 
ne  tarda  pas  à  en  connaître  toutes  les  res- 
sources. Au  mois  de  novembre  1847,  il  obtint 
la  place  de  professeur  de  son  instrument  dans  It 
Conservatoire  où  il  avait  fait  ses  propres  études, 
et  dans  le  même  temps  la  place  de  première 
llùte  solo  du  Théâtre  royal  lui  fut  donnée.  Mai- 
hcureusement  il  fut  atteint  peu  de  temps  après 
d'une  maladie  de  poitrine  qiù  fit  des  progrès 
chaque  année,  et  le  9  juin  1833  il  mourut  presque 


26 


AERTS  —  AGAZZARI 


subitement  à  l'âge  de  trente  et  un  ans  et  quelques 
mois.  Comme  compositeur,  Aerts  a  laissé  des 
symphonies  et  des  ouvertures  bien  écrites,  qui  ont 
été  essayées  au  Conservatoire ,  des  concertos ,  des 
études  et  des  fantaisies  pour  la  flûte,  qw  ses 
élèves  ont  exécutées  dans  les  concours,  et  plu- 
sieurs suites  de  pièces  d'iiarmonie  qui  ont  été 
publiées  par  le  procédé  de  l'autograpiiie. 

AFFABILI  -  WESTENHOLZ  (M^^  )  , 
née  à  Venise  en  1725,  se  rendit  à  Lubeck ,  en 
1756,  avec  une  troupe  de  cUantetirs  italiens,  et 
ensuite  à  Scliwérin  ,  en  qualité  de  cantatrice  de 
Ja  cour.  Pendant  la  guerre  d«  Sept  ans ,  elle  de- 
meura presque  constamment  à  Hambourg,  où 
elle  obtint  de  brillants  succès  dans  les  concerts. 
De  retour  à  Scliwerin ,  elle  y  épousa  Westenliolz , 
maître  de  chapelle  de  la  cour.  Elle  mourutdans 
cette  ville  en  1776.  Les  critiques  de  son  temps 
'donnent  beaucoup  d'éloges  à  l'égalité  et  à  l'éten- 
due de  sa  voix,  à  la  netteté  de  son  articulation, 
et  à  son  goût  dans  l'adagio.  A  force  de  travail 
3lle  était  parvenue  à  vaincre  les  diflicultés  de  la 
prononciation  allemande,  et  chantait  aussi  bien 
dans  celte  langue  qu'en  italien. 

AFFILLARD(MicuelL'),  professeurde  mu- 
sique et  musicien  d«  la  chapelle  de  Louis  XIV, 
est  entré  au  service  de  ce  prince  comme  taille  ou 
ténor,  en  1683,  aux.  appointements  de  neuf  cents 
livres  par  an  ,  et  a  eu  pour  successeur  PliilipjM; 
Santoni ,  au  mois  de  juillet  1708.  Il  vécut  encore 
<|uelques  années  après  sa  retraite,  car  les  éditions 
<le  son  livre  sur  la  musique,  datées  de  1710  et  de 
1717,  ont  été  revues  par  lui.  Il  a  publié  :  Pn«- 
iipes  trcs-faclles  pour  bien  apprendre  la 
mitsiqiœ,  qui  conduiront  promplement  ceux 
qui  ont  du  naturel  pour  le  chant  jusqu'au 
point  de  chanter  totite  sorte  de  musique  pro- 
prement et  à  livre  ouvert.  Paris,  Chr.  Ballard  , 
1705,  in-4°  oblong.  La  première  édition  a  paru 
«liez  Uallard,  en  1691,  in-8°  oblong-  la  deuxième, 
chez  le  même  imprimeur,  en  1697  ,  in-4'^  oblong  ; 
Cet  ouvrage  eut  un  grand  succès,  car  la  sixièiue 
édition  parut  en  1710,  à  Paris;  la  septième  et 
«lernière  est  de  1717;  Amsterdam,  P»oger,  in-4° 
«blong. 

AFRANIO  (....),  chanoine  de  Ferrare, 
naquit  à  Pavie ,  dans  les  dernières  années  du 
quinzième  siècle.  Albonesio  a  publié  {Introductio 
in  chaldaicani  linguam ,  sijriacam  atque  ar- 
menicam,  etc.;  Pavie,  1539,  in-4",  p.  179)  la 
<lescription  et  la  figure  du  basson,  dont  il  at- 
tribue l'invention  à  ce  chanoine.  L'ouvrage  d'Al- 
bonesio  est  dédié  à  Afranio,  que  quelques  auteurs 
ont  nommé  Afnnio. 

AFZELIUS  (Arvid-Auocste),  littérateur 
suédois,  né  le  6  mai  1785  ,  est  pasteur  à  Enkœ- 


ping,  ville  du  district  d'Asunda,  depuis  1821. 
L'histoire,  la  littérature  nationale  et  les  antiquités 
de  la  Suède  sont  les  objets  des  travaux  de  ce 
savant.  Au  nombre  des  ouvrages  importants 
qu'il  a  publiés  est  une  collection  intéressante  de 
chansons  populaires  de  la  Suède,  recueillies  avec 
la  collaboration  de  M.  le  professeur  Erik  Gustave 
Geijer,  et  avec  les  anciennes  mélodies.  Cette 
collection  a  pour  titre  :  Svenska-Folkvisor  (  Le 
Chanteur  populaire  suédois);  Stockholm,  1814- 
1816  ,  3  vol.  in-8''.  M.  P.  Groenland  ,  professeur 
de  musique  à  Stockholm,  a  écrit  les  accompa- 
gnements de  piano  pour  toutes  les  mélodies.  Les 
not€s  dont  Afzeliiis  a  accompagné  les  ancien* 
chants  de  sa  patrie  sont  du  plus  haut  intérêt. 
Une  autre  collection ,  qui  peut  être  considérée 
comme  le  complément  nécessaire  de  la  première, 
a  paru  plus  de  trente  ans  après  celle-ci,  sous 
ce  titre  :  AJsked  af  Sivenska  Folksharpan 
(Adieu  de  la  Harpe  populaire  suédoise ),  avec 
les  andennes  mélodies  haniionisées  par  M.  le 
professeur  Erik  Drake ,  secrétaire  de  l'Académie 
de  musique  de  Stockholm,  et  avec  des  éclaircis- 
sements historiques  sur  chaque  chant ,  tirés  des 
traditions  popuilaires,  par  M.  Afzelius;  Stockholm, 
Albert  Bonnier,  1848,  1  vol.  in-S". 

AGAZZARI  (AuGustiN),  compositeur  cé- 
lèbre et  musicien  savant,  naquit  à  Sienne  d'une 
famille  noble,  le  2  décembre  1578.  Après  avoir 
été  quelque  temps  au  service  de  l'empereur  Mat- 
thias, il  se  retidit  à  Rome,  où  il  devint  maître 
de  chapelle  du  collège  allemand,  et  ensuite  maître 
du  séminaire  romain.  Il  se  lia  avec  Viadana,  et 
adopta  sa  méthode  de  la  basse  chiffrée,  sur  la- 
quelle il  a  donné  quelques  règles  générales  dans  la 
l)réfaced'undesesouvrages.  De  retour  dans  sa  ville 
natale,  vers  1630,  il  y  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale,  et  resta  en  possession 
de  celte  place  jus()u'au  10  avril  1640,  époque  de 
sa  mort.  Agazzari  était  membre  de  l'Académie 
des  Intronali.  Sesoiivrages  connus  sont  ceux-ci: 
1°  Il  primo  libro  de'  Madrigali  a  rinque  voci, 
con  un  dialogoa  sei  voci  ed  un  pastorale aotto 
nel  fine  ;  Venezia,  Angelo  Gardano,  1600,  in-4''. 
On  trouve  des  exemplaires  de  cet  ouvrage  et  de 
la  même  édition  avec  un  frontispice  qui  porte 
l'indication  d'Anvers,  Pierre  Plialèse,  1602  :  ce 
frontispice  seul  a  été  changé.  Nicolas  Stein,  de 
Francfort,  a  réimprimé  le  même  ouvrage  sous  le 
môme  titre,  en  1608,  in-4".  —  T  Madrigali  ar- 
moniosi  a  cinque  o  sci  voci,  Uhro  uno;  Venezia , 
Angelo  Gardano,  1600,  in-4°.  Il  y  a  des  exem- 
plaires de  cette  édition,  avec  la  même  date,  mais 
dont  le  frontispice,  renouvelé  à  Anvers,  porte 
l'adresse  de  P.  Phalèse.  —  3°  Sacra;  canliones 
5,  6,  7  e<  8  voci  liber  primus;  Romœ,  Zanotti, 


AGAZZARI 


27 


1602,  in-4».  —  4°  Sacrse  cantiones  5,  G,  7  et  8 
voci,  liber secundus -jibid.,  iccajin-i".  — 5°Su- 
crx  cantiones,  etc.,  liber  tertius,  ibid.,  1603, 
m-4''.  Ces  trois  livres  de  motets  ont  été  réim- 
primés à  Venise,  par  R.  Amadino,   en  1608, 
in-4",  sous  ce  titre  :  Tre  libri  de'  Mottetti  a 
cinqtte ,  sei,  sette  e  otto  voci.  —  6°  Sacrx  can- 
tiones 1,  3,  4  voc.cmn  basso  ad  organum,  liber 
primus;  Romae ,  apud   Fr.  Zannettum,   1603, 
in-4°.  —  7°  Sacrx  cantiones  1,  3  ,  4  voc.  cum 
basso  ad  organum,  liber  secundus ,  opus  V 
motectorum;  ibid.,  1603,  in-4''  :  ces  deux  livres 
de  motets  à  2,  3  et  4  voix  ont  été  réimprimés  à 
Venise,  par  Amadino,  en  1608,  in-4'';  ils  sont 
au  nombre  des  premiers  ouvrages  de  musique 
d'église  avec  basse   continue   pour  l'orgue;    le 
deuxième  livre  a  été  réimprimé  à  Milan,  chez 
Tini,en  1609, 10-4".  — S"  Sacrœ  laudes  deJesu, 
Beat.   Virgine,    Angelis,  Apostolis ,  Marttj- 
ribus ,  etc.,  4 ,  5 ,  6,  7  e^  8  voc.  cum  basso  ad 
organum;  Romae,  apud  Franc.  Zannettum,  1603, 
in-4''.  —  9"  Il  primo  libro  d>  Motteti  a  due, 
e  tre  voci,  coll'  organo;    in  Roma  ,  appresso 
Zannetli,  1604 ,  in-4'':  il  y  a  des  exemplaires  de 
cet  ouvrage  avec  la  date  de  1603  et  le  nom  du 
même  éditeur,  dont  le  litre,  en  langue  latine,  est  : 
Sacrx  cantiones  duarum  et  trium  vociim  liber 
primas  ;  les  mêmes  motets  ont  été  réimprimés 
avec  l'adjonction  de  quelques  autres  à  quatre  voix, 
à  Milan,  chez  Tini,  1607,  in-4'',  et  dans  la  même 
année,  Nicolas  Stein,  libraire  à  Francfort-sur- 
le-Mein,  a  publié  quarante-quatre  motets  d'A- 
gazzari ,  à  quatre ,  cinq  ,  six ,  sept  et  huit  voix, 
extraits  des  livres  précédents  ,  et  imprimés  par 
Woifgang  Richter,  in-(ol.  —  10"  Sacrx  Laudes 
de  Jesu,  B.     Virgine,    Angelis,    Apostolis, 
Martijribus ,  etc. ,  4,  5 ,  6,  7  ci  8  vocum,  liber 
seatndus;  Romœ,Zanetti,  1603,  in-4''.  —  il"  7/ 
seconda  libro  de  Motetti  a   due  e  tre  voci 
colP  organo;  ibid.,  1604,  in-4'':  le  même  livre 
de  motets  se  trouve  aussi  avec  le  titre  latin  Sacrx 
cantiones,  etc.,  et  avec  le  nom  dumême  éditeur 
et  la  date  de  1603;   mais  l'édition  est  la  même 
et  les  exemplaires  ne  sont  différents  que  par  le 
frontispice.  —  12°  Il  terzo  libro  de'  Motetti  a 
due  e  tre  voci;  ibid.,  1005,  in-4".  Il  y  a  aussi  des 
exemplaires  avec  le  titre  latin.  —  13°  //  quarto 
libre  de"  Motetti  a  due  e  tre  voci;  ibid.,  1603, 
in-4"  :  les  quatre  livres  de  ces  motets  ont  été 
réimprimés  à  Venise,  en  1608,  par  R.  Amadino, 
sous  le  titre  latin  Sacrx  cantiones,  etc.,  lib.  1, 
2,3,  4.—  13"  Sacrx  cantiones  1,  3,  4  voc.  cum 
hasso  ad  organum,  liber  tertius  ;  Romœ ,  apud 
Zanettum,   1606,    in-4";  Richard  Amadino    a 
donné  à  Venise,  en  1609,  une  autre  édition  des 
trois  livres  de  ces  motets  à  deux ,  trois  et  quatre 


voix,  sous  ce  litre  :  Harmonici  intronad  sa- 
crarum  cantionum  qux  binis,  ternis  quater- 
nisque  vocibus  concinendx,  lib.  1,2,3,  in-4"; 
enfin  ils  ont  été   réimprimés    plusieurs  fois  à 
Rome  et  à  Venise  ;  la  dernière  édition ,  qui  a 
paru  dans  l'année  môme  de  la  mort  de  l'auteur, 
a  pour  litre  :  Motetti  a  una  ,  due,  tre  e  quatre 
voci,  con  il  basso  per  l'organo,  in  r>otna,  ap- 
presso Bianchi,  1640  ,  in-4''  :  il  est  vraisemblable 
que  les  Concerti  sacri  1 ,  2 ,  3,  4  vocum,  op.  14 , 
publiés  à  Veni.se,  chez  R.  Amadino,  en  1611, 
in-4'',  qui  sont  dans  la  bibliothèque  du  Lycée 
musical  de  Bologne,  ne  sont  qu'une  reproduction , 
sous  un  antre  titre,  des  Harmonici  intronali 
sacrarum  cantionum,  etc.,  et,  selon  toute  appa- 
rence, de  la  même  édition.  —  14°  Psalmis  sex 
ternis  vocibus  cum  basso  ad  organum;  Ronvds , 
ap.  Fr.  Zanetli,  1606,  in-4°.  Il  y  a  une  autre 
édition  de  cet  ouvrage,  sous  le  même  titre,  à 
Venise,  chez  Amadino,  1609,  in-j"  oblong;  j'i- 
gnore si  ce  sont  les  mômes  psaumes,  avec  l'ad- 
dition des  compiles ,  qui  ont  été  publiés  sous  le 
titre:  Psalmi'ivoc.  eosdemsequent.completor. 
4  vocibus,  o\\.  12,  à  Vcni.se,  chez   Bartolomeo 
Magni,  1618,  in-4°.  — ■  16°  Salmispezzati  a  tre 
voci  col  l'organo;  in   Venezia,   per  l'Amadino 
1610,  in-4°.  —  MTsalmi  8  et  Magnificat  S  voci- 
bus concin.;  ibid.,  1611,  in^"  :  les  mêmes  psaumes 
et  Magnificat  ont  reparu  l'année  suivante  et  de 
la  même  édition  sous  le  titre  italien  Salmi  a  otto 
voci  ;  peut-être  aussi  l'œuvre  publiée  sousce  titre  : 
Psahnorum  ac  Magnificat  quorum  nsus  in 
vesperis  frequentior  est,  Venetiis,  ap.  Rie.  Ama- 
dinum,  161 5,  in-4°,  n'est-elle  que  le  même  ouvrage. 

—  18»  Sertum  roseum  ex  plant is  Hiericho, 
motect.  1,2,3,4  wc,  ibid.,  1612.  La  première 
édition  a  paru  à  Rome  :  j'en  ignore  la  date;  l'é- 
dition de  Venise  a  été  reproduite  avec  un  nouveau 
frontispice,  sous  la  date  de  1619. —  19'  Dialogicï 
conccntus  senis  octonisque  vocibus  ab  Augus- 
tino  Agazzario  harmonico  intronato  nunc 
primum  in  liicem  editi,  opus  decimum  sex- 
lum;  Venetiis,  ap.  Ricc.  Amadinum.  1613,  in-4'', 

—  20°  Enchuristicum  melos  plur.  voc,  op, 
20;  Rom.T,  1625,  in-4''  :  cet  ouvrage  est  un  re- 
cueil de  motets  à  2  ,  3,  4  et  5  voix,  pour  l'élé- 
vation. —  21°  Litanie  aquattro,  cinque,  sei, 
sette  a  otto  voci;  iu  Roina,  appresso  Bianchi, 
1639  ,  in-4''  :  il  est  vraisemblable  qu'il  y  a  une 
édition  antérieure  deces  litanies.  — 22°  Musicum, 
Encomium  Divini  nominis  1 ,  2,  3,  5  vocum; 
Roma,  Bianchi,  1640,  in-4°  :  cet  ouvrage  ren- 
ferme 21  motets  à  une,  deux,  trois  et  cinq  voix  , 
pour  l'usage  des  Jésuites.  Agazzari  est  compté 
parmi  les  écrivains  sur  la  musique,  parce  qu'il 
a  publié  un  opuscule  intitulé  :  La  Musica  eccle- 


2S 


AGAZZARI  —  AGOSimi 


siastica  dove  si  contiene  la  vera  diffinizione 
délia  musica  corne  scienza,  non  plu  veduta 
e  sua  nobiltà;  Sienna,  Bonetti,  1638,  in-4°  de 
16  pages.  Ce  petit  écrit  a  pour  objet  d'examiner 
quel  doit  être  le  caractère  de  la  musique  d'église 
conformément  à  rautorité  des  conciles,  particu- 
lièrement du  concile  de  Trente.  Agazzari  est 
aussi  l'un  des  premiers  auteurs  qui  ont  publié 
des  instructions  sur  l'usage  des  chiffres  pour 
l'accompagnement  de  la  basse  continue.  L'ins- 
truction donnée  par  lui  se  trouve  dans  la  préface 
<îu  troisième  livre  de  ses  motets  à  deux,  trois  et 
quatre  voix,  publié  à  Rome  par  Zannetli,  en  ieo6. 
L'abbé  Quadrio  dit  que  les  ouvrages  d'Agazzari 
.sont  au  nombre  de  vingt-six  et  tous  imprimés  : 
il  cite  particulièrement  des  messes  à  quatre,  cinq 
et  six  voix  qui  me  sont  inconnues. 

AGELAUS  DE  TÉGÉE,liabileciibarède, 
remporta  le  premier  prix  qu'on  institua  aux  jeux 
Pythiques  pour  les  joueurs  d'instruments  à  cor- 
des. Ce  prix  était  une  couronne  de  laurier.  Ce 
fut  à  la  huitième  pythiade,  559  ans  avant  J.-C. 

AGGIUTORIO  (Rocco),  compositeur  et 
professeur  de  musique,  né  à  Naples  vers  1810, 
a  fait  représenter  au  théâtre  du  Fondo ,  dans 
cette  ville,  un  opéra  de  sa  composition,  intitulé  : 
il  B'iglïetlo  e  l'Anello,  dans  l'été  de  1839. 
Postérieurement  il  s'est  fixé  à  Paris ,  où  il  s'est 
livré  à  l'enseignement  du  chant,  et  a  publié  des 
exercices  pour  ses  élèves  (Paris,  Richault) ,  et 
{{uelques  petites  compositions  pour  le  piano  et 
pour  le  chant. 

AGLI ATI,  guitariste  de  l'époque  actuelle, 
fixé  à  Milan,  a  publié  pour  son  instrument: 
l°So«fl^e;  Milan,  Riccordi.  —  1°Tema  con  varia- 
zioni;  ibid.  —  3"  Tema  con  sei  variazioni  ;  ibid. 
—  4°  Sei  variazioni  (  Ah  !  chi  puà  mirarla)  ;  Mi- 
lan ,  Artaria.  La  fille  de  cet  artiste ,  connue  sous 
le  nom  d'Amélie  Agliati ,  née  à  Milan,  a  débuté 
comme  cantatrice  sur  le  théâtre  de  Modène  le  2  oc- 
tobre 1838,  dans  la  Clotllde  de  Coccia.  Depuis 
lors  elle  a  chanté  sur  les  théâtres  de  Crémone,  de 
Cologne,  de  Florence,  de  Rome  et  de  Cadix 
avec  quelque  succès. 

AGIXELLI  (Laurent),  moine  olivetain,  vécut 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  :  Salmi  e  Messe 
a  qiialt.ro  voci  in  concerto  con  alcuni  Moietti  ; 
Venczia,  Aless.  Vincenti,  1637. 

AGXELLI  ou  AGi\ELLO  (Salvador), 
conqwsileur  dramatique,  né  à  Palerme,  vers 
IS16,  a  fait  ses  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  Naples,  et  a  débuté  dans  sa  carrière  par 
Topéra-boiifle  il  Lazzarone  di  Napoll,  repré- 
senté à  Naples  au  carnaval  de  1839,  avec  quel- 
«■^ue  succès.  Il  y  avait  dans  cet  ouvrage  une  cer- 


taine verve  qui  semblait  de  bon  augure.  Il  ne 
paraît  pas  cependant  que  la  carrière  théâtrale  de 
cet  artiste  ait  eu  de  l'éclat  en  Italie.  Les  autres 
ouvrages  connus  sous  son  nom  sont  :  i  Due 
Pedanti;  la  Sentinella  notturna;el  Giovanna 
Vallese. 

AG1\ESI  (Marie-Thérèse),  fille  de  D.  P. 
Agnesi,  feudataire  de  Monteveglia,  et  sœur  de 
Marie  Gaetane  Agnesi,  qui  professa  les  mathéma- 
tiques à  Bologne,  et  qui  mourut  à  Milan  en 
1799,  naquit  dans  cette  ville  vers  17'24.  Elle 
eut  la  réputation  d'être  la  plus  habile  claveciniste 
de  son  temps  en  Italie,  et  composa  beaucoiip  de 
musique  de  clavecin,  qu'elle  dédia  à  l'impératrice 
Marie-Thérèse.  On  connaît  quelques  cantates  de 
sa  composition,  et  quatre  opéras,  Sofonisbe, 
Ciro  in  Armenia,  Nitocri  et  Insubria  consolata 
(  1771  ),  qui  ont  eu  du  succès.  On  ignore  l'époque 
de  sa  mort. 

AG1\0LA  (D. -Jacques),  prêtre  vénitien, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-buitièmesiècle. 
C'était  un  contrapuntiste  de  l'ancienne  école, 
dépourvu  de  génie,  mais  possédant  de  bonnes 
traditions.  Il  a  composé  beaucoup  de  messes, 
de  vêpres,  de  motets,  de  concertos  et  de  sonates 
|)our  le  piano,  qui  sont  restés  en  manuscrit. 

AGOBARD,  archevêque  de  Lyon,  naquit  à 
la  fin  du  huitième  siècle,  au  diocèse  de  Trêves,  dans 
la  Gaule  belgique.  Il  fut  ami  de  Leydrade,  ar- 
chevêque de  Lyon,  auquel  il  succéda.  Son  carac-  ■ 
tère  impétueux  l'entraîna  .dans  la  révolte  des  en- 
fants de  Louis  le  Débonnaire;  mais  plus  tard  il 
reconnut  son  erreur  et  s'en  repentit.  Après  avoir 
été  déposé  en  835  par  le  concile  de  Thionville,  il 
fut  rétabli,  et  mourut  en  Saintonge,  le  C  juin 
840.  Au  nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve  un 
traité  De  Correctione  Antiphonarii,  qui  aétéin- 
sérédans  la  Bibliothèque  des  Pères,  t.  XIV,  p.  323. 

AGOSTINÎ  (Louis),  théologien,  protonotaire 
apostolique  et  compositeur  habile,  naquit  à 
Ferrare,  en  1534.  Après  avoir  été  longtemps 
maître  de  chapelle  d'Alphonse  II  d'Est  et  de 
la  cathédrale  de  Ferrare,  il  mourut  dans  sa  patrie 
àl'àge  de  cinquante-six  ans,  le  20  septembre  1590. 
On  connaît  de  lui  :  i°Il primo  libro  di  Madri- 
gali  a  5  voci;  Venezia,  apresso  li  figli  di  Ant. 
Gardano,  1570,  in-4''.  —  2"  Madrigali  a  4  voci  ; 
ibid.,  1572,  in-4°  oblong.  —  3°  VEco  ed  enigmi 
musicali  a  6  voci.  lib.  2  ;  Venezia,  app.  Alessan- 
dro  Gardano,  1581 ,  in-4°.  —  4°  Messe,  Vespri, 
Mottetti,  Madrigali  et  Sinfonie;  in  Ancona, 
presso  Giov.  Paolo  Landrini,  1588,  in-4°. 

AGOSTIIXI  (  Paul),  né  à  Vallcrano ,  en  1593, 
fut  élève  de  Bernanlino  Nanini,  dont  il  épousa  la 
fdle.  Après  avoir  été  successivement  organiste 
de  Sainte-Marie /nTraH^^cDcre,  et  maître  decha- 


AGOSTINI 


29 


pelle  de  Saint-Laurent  in  Damnso,  il  siicct'da  à 
Vincent  Ugolini  dans  la  place  de  directeur  de  la 
chapelle  du  Vatican,  le  16  février  1629.  Il  ne  jouit 
pas  longtemps  de  celte  situation  honorable,  car 
il  mourut  au  mois  de  septembre  1029 ,  à  l'âge  de 
trente-six  ans,  et  l'ut  inhumé  dans  l'église  de  Saint- 
Michel.  Pitoni,  dans  ses  notices  manuscrites  sur 
les  maîtres  de  chapelle,  citées  par  Baini  (Memor, 
storico-crit.  délia  vita  e  délie  opère  di  Giov. 
Pierluifji  da  Palestrïna,  t.  II,  p.  42,  n.  481), 
dit  qu'Agostini  obtint  la  chapelle  de  Saint-Pierre 
par  suite  d'un  défi  de  composition  qull  adressa  à 
Ugolini,  son  condisciple,  qui  en  était  le  maître 
actuel.  Ugolini  n'ayant  point  accepté,  le  chapitre 
le  renvoya,  et  donna  sa  place  àAgostini.  L'abbé 
Baini  révoque  en  doute  celte  anecdote  par  des 
motifs  qui  paraissent  plausibles.  Les  auteurs  du 
Dictionnaire  des  Musiciens  (Paris,  1810)  ont  fait 
sur  ce  maître,  d'après  Laborde,  une  accumulation 
d'erreurs  :  ils  placent  l'époque  de  sa  vie  vers  1600, 
et  le  font  mourir  dans  un  âge  avancé.  H.7vvluns 
(4  gênerai  History  qf  Music,  t.  IV,  p.  79),  et 
Forkel  {Mus.  BibL,  t.  II,  p.  206),  sont  aussi  dans 
l'erreur  en  le  faisant  élève  de  Palestrina,  car  ce 
grand  maître  mourut  en  1594,  un  an  après  la 
naissance  d'Agostini.  Ce  compositeur  avait  une 
tille  qui  a  épousé  Fr.  Foggia,  son  élève. 

Antimo  Liberati  a  fait  un  éloge  pompeux  d'A- 
gostini dans  sa  lettre  à  Ovide  Persapegi  (  p.  217). 
«  Paul  Agoslini,  dit-il,  fut  une  des  intelligences 
«  les  plus  ingénieuses  et  les  plus  actives  qu'ait 
«  eu  la  musique  de  notre  temps  en  tout  genre  de 
«  composition  harmonique,  de,  contre-point  et 
»  de  canons.  Au  nombre  de  ses  œuvres  mer- 
«  veilleuses,  on  remarque  divers  morceaux  à 
«  quatre,  à  six  et  à  huit  chœurs  réels,  qu'il  fit 
«  entendre  dans  la  basilique  de  Saint-Pierre,  dans 
«  le  temps  où  il  y  était  maître  de  chapelle,  et  quel- 
«  ques  autres  qu'on  pouvait  chanter  à  quatre  ou 
«  à  six  chœurs  réels  sans  diminuer  (c'est-à-dire 
«  broder  les  parties  de  petites  notes),  et  sans 
"  énerver  l'harmonie,  à  l'étonnement  général  des 
«  habitants  de  Rome.  S'il  n'était  mort  à  la  fleur 
«  de  l'âge,  il  aurait  fait  plus  encore  pour  exciter 
«  l'admiration  du  monde  entier;  et  l'on  pourrait 
«  diredelui  avec  raison  :  Consmnmatus  in  brevi, 
«  explevit  tempora  mulla  (1).  » 


(I)  «  Fu  Paolo  Agostino  uno  de'  più  spiritosi  e  vl- 
«  vaci  ingegni  che  abbia  avuto  la  musica  a'  nostrl  teiupi 
«  in  ogni  génère  dl  composizione  ariuonica,  di  contrap- 
■'  punti  e  dicanoni;  e  Ira  le  altre  sue  opère  miravi- 
'<  gliose,  fcce  senlire  nella  basilica  di  S.-Pietro,  nel  tempo 
«  ch'egli  vi  fu  maestro  di  cappella,  diverse  modulazloni  a 
"  qualtro,  a  sei  e  otto  chori  reali,  cd  alciinc  che  si  pote- 
«  vano  cantare  a  quatre  ovvcro  sei  chori  reali,  senza  di- 
<i  ininuire  o  snervare  l'armonia,  con  islnpore  di  tufta 
«Hoiïia;  e  se  non  fosse  moitu  nel  fioïc  délia  sun  virilit   a 


Le  pape  Urbain  VIII,  entrant  un  jour  dans  la 
basilique  du  Vatican,  au  moment  oti  l'on  exécu- 
tait une  musique  solennelle  d'Agostini,  à  quarante- 
huit  voix,  s'arrêta  pour  en  écouter  l'effet,  et  en 
fut  si  satisfait  qu'il  salua  l'auteur  en  s'inclinant 
vers  lui.  Les  œuvres  imprimées  d'Agostini  sont  : 
1°  Deux  livres  de  psaumes  à  quatre  et  huit  voix  ; 
Rome,Soldi,  1619. — 2°neux  \\\ïe?,Ae: Magnificat 
et  d'antiennes  à  une,  deux  et  trois  voix;  Rome, 
Soldi,  1620.  —  3°  Cinq  livres  de  messes  à  huit  et 
douze  voix;  Rome,  Robletti,  1624,  1623,  1626, 
1627  et  1628.  Ces  messes  sont  dignes  d'admiration 
par  leur  facture  aussi  ingénieuse  qu'élégante.  Dans 
le  premier  livre  se  trouvent  une  messe  des  vigiles 
à  quatre  voix  en  canon , et  une  autre  messe  à  cinq  sur 
rhexacordeî<<,re,  mî,/a,  sol,  la,(\m  renferme  le 
remarquable  Agnus  Dei  à  huit,  tout  en  canon ,  sur 
la  gamme  descendante,  que  le  P.  Martini  a  publié 
en  partition  (Saggio  Fondam.  Prat.  di  contrap. 
fugato,  t.  Il,  p.  296),  et  que  j'ai  reproduit  dans 
la  première  partie  de  mon  Traité  du  Contre-point 
etdelaFiigue.  Lesmesses4î;e  regina  cœlorum, 
Ave  Maria  gratiosa,  et  In  noniinc  Jésus,  toutes 
à  quatre  voix,  qui  sont  contenues  dans  le  deuxième 
livre,  sont  aussi  remplies  d'une  infinité  d'artifices 
ingénieux ,  ainsi  que  le  troisième  livre  où  se 
trouve  une  très-belle  messe  sine  nomine,  à  quatie 
voix.  Dans  le  quatrième  livre  on  trouve  la  messe 
Si  bona  suscepimus  à  cinq,  dont  les  obligations 
singulières  sont  expliquées  dans  le  recueil  des 
messes  d'Agostini  {Spartitura  délie  messe)  pu- 
plié  par  Robletti,  en  1627  et  1628,  et  la  messe 
Benedicam  Dominum,  tout  en  canon  à  quatre 
Voix.  L'Agmis  Dei  de  cet  auteur  que  le  P.  Mar- 
tini a  publié,  à  huit  voix  réelles  {Saggio  Fond. 
Prat.  di  contr.  fng.,  t.  II,  p.  295),  est  vé- 
ritablement un  chef-d'œuvre  de  science.  Agostini 
a  écrit  aussi  un  nombre  considérable  d'ouvrages 
à  seize,  vingt-quatre  et  quarante-huit  voix  ;  mais 
toutes  ces  productions  sont  restées  en  manus- 
crit; elles  se  trouvent  en  grande  partie  dans  les  ar- 
chives de  la  maison  Corsini  alla  Liingara ,  et 
en  partie  à  la  basilique  du  Vatican.  La  biblio- 
thèque de  l'abbé  Santini,  à  Rome,  renferme  le 
motet  Hsec  est  Domus  et  un  Magnificat  à  cinq 
chœurs  de  quatre  parties  chacun,  Venite  et  as- 
cendamus,  à  douze  voix,  et  les  quatre  livres  de 
messes  publiées  par  Robletti. 

A.  Adarni  da  Bolsena  a  ^onné  la  notice  et  le 
poi  trait  de  ce  maître  dans  ses  Osservazioni  per 
ben  regolare  il  coro  dei  cantori  délia  cappella 
ponteficia.  Hawkins  a  reproduit  le  portrait  dans 
le  tome  IV  de  son  Histoire  de  la  Musique. 

«  avrebbe  maggiormente  fatto  stupire  tulto  il  n)ondo;.e 
«  se  fosse  licito,  si  potria  con  ragion  din-  di  lui  :  Consum- 
«  inatus  in  brevi,  esple\il  Icmpora  mulla,  >» 


30 


AGOSTINI  —  AGRICOLA 


AGOSTIIVI  (Pierre-Simon),  chevalier  de 
l'Éperon  d'or,  né  à  Rome  vers  1650,  fut  maître 
de  cliapelle  du  duc  de  Parme.  Il  a  publié  Cantate 
a  voce  di  basso  solo;  Rome,  1680.  Dans  la  même 
année,  il  a  fait  représenter  à  Venise  un  opéra  de 
sa  composition,  sous  le  titre  de  11  Ratto  délie 
Sabine.  Paolucci  a  inséré  dans  le  deuxième  vo- 
lume de  son  Arte  pratlca  di  contrappunto 
(p.  172-190)  un  Sicut  erat  à  cinq  voix,  en  style 
l'ugué,  de  la  compositon  de  Pierre-Simon  Agostini, 
avec  des  observations  critiques. 

AGOSTINI  (RosA  )  était  première  cantatrice 
au  théâtre  <le  Florence  dans  Tannée  1777  ;  elle  se 
distingua  d'une  manière  particulière  avec  Aprile, 
dans  l'opéra  de  Creso,  par  Borghi. 

AGRELL  (Jean),  maître  de  chapelle  à 
Nuremberg,  né  àLœth,  dans  la  Gothie  orientale, 
étudia  la  musique  et  les  belles-lettres  au  gymnase 
de  Linkieping  et  à  Upsal.  Il  passa  à  Casscl  en 
1723,  en  qualité  de  musicien  de  la  cour,  et  y  resta 
pendant  vingt-deux  ans.  En  1746,  il  fut  appelé  à 
Nuremberg  pour  y  occuper  l'emploi  de  maître 
de  chapelle,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort,  ar- 
rivée le  19  janvier  1709.  On  a  gravé  les  ouvrages 
suivants  de  sa  composition  :  r  Sei  sinfonie  a 
quattro,  cioè  violino  primo,  seconda,  viola  e 
cembulo  a  violonccllo,  con  corni  da  caccia , 
trombe,  oboe,  flauti  dolci  e  traversi,  ad  li- 
bitum, opéra  l  ;  Nuren  berg,  in-fol.  —  2°  Trecon- 
certi  a  cembaio  obligato  con  due  violini  e  vio- 
lonccllo, opéra  2;  Nuremberg.  —  3"  Treconcerti 
a  cembaio  obbligato,  due  violini,  viola  e  vio- 
loncello, oi^erai  3;  Nuremberg.  —  4°  Tre  concerti  a 
cembaio  obligato ,  dtœ  violini,  alto  viola ,  vio- 
loncello  e  basso  ripieno,  opéra  4;  Nuremberg.  — 
6°  Sonate  a  violino  solo  e  cembaio  o  violonccllo; 
Nuremberg.  —  6"  Concerto  a  cembaio  obligato , 
due  violini,  viola  e  violonccllo;  Nuremberg, 

1761,  in'fol.  —  7°  Sonata  a  due,  cioè  cembaio 
obbligato  e  traversiero  o  violino;  Nuremberg, 

1762,  in-4°. —  8"  Sonataa  due, cioè  cembaio  ob- 
bligato e  traversiei-o  ;N[ircmbcrç:„  1765,in-4°. — 
9°  Neucomponirte  solos  ajlauto  traversa  e  cem- 
baio; Nuremberg,  1764.  On  trouvait  aussi  autre- 
fois en  manuscrit  dans  le  magasin  de  Breitkopf  : 
r  Tre  concerti  a  cembaio  obligato,  due  violini, 
viola  e  basso,  raccolta  prima.  —  2°  Id.  raccolta 
seconda.  —  3°  Id. raccolta  terza;  4°  Id.  raccolta 
quarta.  —  à°  Sei  sonate  a  violino  solo  et  basso. 
—6°  Due  concerti  a  violino  concert.,  due  violini, 
viola  e  basso.  —  7°  Sei  sinfonie  a  due  violini, 
viola  e  basso,  con  corni,  ad  lib.  —8°  Sinfonia, 
id,  —  9°  Partita  a  due  violini,  viola,  basso  e 
corni.— 10°  Sonata  per  cembaio  solo 1  r  Con- 
certo a  cembaio  obligato ,  due  violini ,  viola  e 
basso.  —  12"^  Sonata  a  violino  solo  col  basso. 


AGRESTA  (Jean-Antoine  et  AucrsTra), 
frères,  étaient  napolitains,  et  furent  renommés 
comme  compositeurs  à  la  lin  du  seizième  siècle  et 
dans  les  premières  années  du  dix-septième.  Cerrelo 
les  cite  comme  vivants  à  Naples  en  1601  (Prat- 
tica  musicale,  lib.  3,  p.  156)  dans  sa  liste  des 
Compositori  eccellenti  délia  città  di  Napoli, 
che  oggi  vivono.  Jusqu'au  moment  où  cette  no- 
tice est  écrite,  on  ne  connaît  pas  de  compositions 
imprimées  des  frères  Agresla- 

AGRICOLA  (Rodolphe),  professeur  de  phi- 
losophie à  Heidelberg,  né  à  Baffeln ,  village  à 
deux  milles  de  Groningue,  en  1443,  fut  l'un  des 
hommes  qui  contribuèrent  le  plus  à  la  restaura- 
tion des  sciences  et  des  lettres.  Son  nom  propre 
était  Huessmann.  Il  étudia  sous  Thomas  A'Kem- 
pis,  et  apprit  la  philosophie  sous  Théodore  de 
Gaza,  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Italie.  De  retour 
dans  les  Pays-Bas,  en  1477,  il  fut  envoyé  à  la 
cour  de  l'empereur  comme  syndic  de  la  ville  de 
Groningue,  et  nommé,  en  1482,  professeur  à 
Heidelberg,  où  il  mourut  le  25  octobre  1485.  Il 
était  à  la  fois  bon  peintre,  poêle,  musicien  et  sa- 
vant philosophe.  Il  chantait  et  s'accompagnait 
avec  le  luth;  on  lui  doit  la  musique  de  plusieurs 
de  ses  chansons  hollandaises,  à  quatre  voix.  On 
sait  aussi  qu'il  coopéra  à  la  construction  de  l'orgue 
de  Groningue.  Parmi  ses  écrits,  recueillis  à  Co- 
loçîne  sous  ce  litre  :  R.  Agricole  lucubrationes 
aliquot  lectudignissimas ,  etc.,  1539,  deux  vol. 
in-4",  on  trouve  des  notes  sur  le  Traité  de  musique 
de  Boèce.  On  a  sur  sa  vie  et  sur  ses  travaux  : 
r  Orationes  dux,  prior  de  vita  Rud.  Agri' 
cohis,  posterior  de  D.  Augustino,  par  Melanch- 
ton  ;  Wittenberga;,  1539,  \n-?,''.~-'l°  Dlssertatio 
de  Rud.  Agricolœ,  Frisit,  in  elegantiores  lit- 
tcraspromeritis,  par  J.  F.  Shoeppœlin.;  Jenas, 
1753,  in-4°.  —  3o  Vita  et  mérita  Rud.  Agri- 
coZ«,  par  T.  F.  Tresling;  Groningue,  1830,  in-S". 

AGRICOLA  (Martin),  chantre  (')  et  direc- 
teur de  musique  à  Magdebourg,  naquit  à  Sorau, 
en  Silésie,  dans  l'année  1486.  Dès  son  enfance, 
un  goût  passionné  pour  la  musique  se  manifesta 
en  lui  et  le  porta  à  se  livrer  avec  ardeur  à  l'é- 
tude de  cet  art ,  sans  négliger  toutefois  les  langues 
grecque  et  latine,  dans  lesquelles  il  acquit  une 
rare  instruction.  Né  de  parents  pauvres,  il  fut 
obligé  de  pourvoir  de  bonne  heure  à  sa  subsistance. 
Vers  la  fin  de  1510,  il  partit  pour  Magdebourg, 
où  il  donna  d'abord  des  leçons  particulières  de 
musique  et  de  littérature.  Quatorze  ans  après, 
c'est-à-dire  en  1524,  la  grande  école  luthérienne 
de  cette  ville  fut  établie;  le  mérite  généralement 

(')  Le  mot  cantor,  employé  par  les  Allemands,  nesaurait 
se  traduire  exactement  en  français,  parce  qu'il  désigne 
des  fonctions  qui  n'existent  que  chez  eux. 


AGRICOLA 


31 


reconnu  d'Agricola  le  fit  clioisir  pour  y  occuper 
la  place  de  diantre;  il  fut  donc  le  premier  qui 
remplit  ces  fonctions  dans  cette  ville  depuis  la 
réformation.  Il  paraît  que  les  émoluments  de  sa 
place  étaient  fort  médiocres,  car,  après  l'avoir 
occupée  pendant  vingt  ans,  il  écrivit  à  un  de  ses 
élèves,  en  1544  :  «  Après  avoir  employé  tous  mes 
«  soins  à  vous  faire  faire  quelques  progrès  dans 
«  la  musique  pendant  de  longues  années,  je  me 
«  vois  dans  la  nécessité  de  vous  prier  de  solli- 
«  citer  vos  fiarents,  on  ceux  que  cela  regarde, 
<<  d'apporter  quelques  changements  à  ma  posi- 
«  lion,  et  (le  me  retirer  de  l'état  de  gêne  où  je 
■■  languis,  en  augmentant  mon  traitement;  car 
'(  il  est  écrit  ;  Toute  peine  mérite  salaire.  »  Il 
termine  ainsi  l'épitre  dédicaloirede  son  traité  de 
Musica  instrument alis^  qui  est  adressée  à  G. 
Rhaw,  de  Wittemberg  :  »  A  IMagdebourg,  dans 
«  la  maison  du  vertueux  et  honorable  Ahlmann, 
«  qui,  pendant  longtemps,  m'a  prodigué  les  se- 
«  cours  les  plus  généreux.  »  On  ignore  si  les  ré- 
clamations d'Agricola  eurent  le  succès  qu'il  en 
espérait,  mais  on  sait  qu'il  exerça  le  professorat 
jusqu'à  sa  mort,  laquelle  eut  lieu  le  10  janvier 
1556. 

Malgré  les  devoirs  multipliés  de  sa  place,  il  fut 
un  des  écrivains  les  plus  laborieux  et  les  plus 
distingués  de  son  temps;  ses  travaux  font  époque 
dans  l'histoire  de  la  musique.  Il  fut  le  premier 
qui,  dans  la  musique  instrumentale,  abandonna 
l'ancienne  tablature  allemande  pour  la  notation 
moderne.  (T'oy.  Mattueson  in  Ehrenpforte, 
p.  124.)  Ce  qui  mérite  surtout  d'être  remarqué,- 
c'est  que,  nonobstant  le  peu  d'encouragement 
qu'il  reçut,  jamais  son  zèle  ne  se  démentit  et  jamais 
ses  travaux  n'en  souffrirent.  Ce  qu'il  savait,  il  le 
devait  au  travail  le  plus  obstiné,  à  une  persévé- 
rance sans  bornes;  il  n'avait  même  point  à  sa 
disposition  le  secours  des  livres,  qui,  à  cette 
époque,  étaient  rares  et  trop  chers  pour  lui.  Il  dit 
lui-même  (vers  la  fin  de  sa  Musica  instrument 
talis)  :  «  Que  le  lecteur  veuille  bien  se  rappeler 
«  ce  que  j'ai  déjà  dit  dans  la  préface  du  Traité 
"  de  la  Musique  figurée  :  Jamais  personne  ne 
"  m'a  donné  une  seule  leçon,  soit  théorique, 
«  soit  pratique,  soit  de  chant  figuré,  soit  de  mu- 
"  sique  instrumentale.  Tout  ce  que  je  sais,  je  le 
n  dois  premièrement  à  Dieu,  qui  distribue  ses 
«  dons  comme  il  lui  plaît;  ensuite  à  un  travail 
«  assidu,  à  un  zèle  infatigable,  à  moi  seul  enfin, 
n  secouru  de  la  grâce  de  Dieu  ;  c'est  pourquoi  il 
«  faudrait  m'appeller  wn  musicien  inné.  Il  n'est 
«  pas  étonnant,  d'après  cela,  que  je  reste  aussi 
«  loin  des  grands  raailres.  » 

Voici  les  titres  des  ouvrages  qu'on  doit  à  ce 
savant  infatigable  :  1*  Melodlse  scholasticx  sub 


horaruin  infervallis  decantandx,  in  iisum 
scliolx  Magdeburge.  Magdebourg  ,  1512,  in-8°  : 
c'est  un  recueil  de  chants  destinés  à  être  chantés 
par  les  enfants  des  écoles  pendant  leurs  récréa- 
tions ;  cet  ouvrage  a  été  souvent  réimprimé-  la 
Bibliothèque  royale  de  Berlin  en  possède  des  édi- 
tions imprimées  à  IMagdebourg  en  1578  et  1584, 
4  vol.  in-12.  —  T  Mîisica  figurnlis  dctitschmit 
i/iren  fjugehoerenden  exempeln  (Musique  alle- 
manile  figurée,  avec  des  exemples  pour  former 
l'ouïe);  Wittemberg,  Georges  Rhaw  (sans date) 
petit  in-8".  —  3"  Von  den  Proportionlbus  wie 
dieselbigen  Inn  die  Notcn  toircken,  und  wie  sle 
in  Figuralgesang  gcbraucht  iverden  (Des  pro- 
portions en  ee  qui  concerne  la  valeur  des  notes  et 
leur  usage  dans  le  chant  figurai);  Wittemberg, 
Georges  Rhaw  (sans  date),  petit  in-8".  Ce  petit 
écrit  a  été  réuni  au  Traité  de  la  musique  figurée 
dans  une  édition  qui  a  pour  titre  :  Musica  figtl- 
ralis  dcuisch  mit  ihren  gitgehoerenden  exem- 
peln, sampt  elnem  besunderlichen  schoenen 
Bûclilein  Vonden  Proportionlbus, elc.;W\Hem- 
berg,G.  Rbaw,  1532,petitin-8".  —  4''i)/«.çica  ?ns- 
trumentalls,  deutscli,  darin  des  Fundament 
und  Application  der  Flnger,  als  Floeten , 
Krumphœrner,  Zinken ,  Bombard,  Sc/ial- 
meyen,  Sackpeife,  etc.  (Musique  instrumentale 
allemande,  etc.);  Wittenberg,  l528,in-8°  :  c'est 
un  traité  des  instruments  qui  étaient  en  usage 
en  Allemagne  au  temps  d'Agricola,  et  de  la  manière 
d'en  jouer;  ouvrage  important  pour  l'histoire  de 
l'art,  et  dont  les  exemplaires  sont  rares,  bien  qu'il' 
en  ait  été  fait  plusieurs  éditions;  en  1559  le  fron- 
tispice de  la  première  édition  lut  changé  et  rem- 
placé par  ce  titre  :  Musica  instnunentalis^ 
deudscli  ynn  welcker  begriffen  ist,  tvie  man 
nach  deni  gesange  aii/f  manclierleg  Pfelffen 
lernen  sol.  Auch  ivie  au// die  Orgcl,  Harffen, 
Lauten ,  Geigen,  und  alkrley  Instrument: 
undSegtenspiel ,  nach  der  rechtgegrûnd  et  en 
Tabelthur  sey  abzusetzen  (Musique  allemande 
instrumentale,  dans  laquelle  il  est  donné  des 
renseignements  sur  la  manière  dont  on  peut 
apprendre  le  chant  et  toute  espèce  d'instruments  à 
vent,  comme  aussi  jûuer  de  l'orgue,  de  la  harpe,  du 
luth,  des  violes,  et  de  toutautre  instrument,  etc.)- 
Je  possède  un  de  ces  exemplaires  avec  la  date 
de  1529.  Imprimé  chez  Georges  Rhaw,  à  Wit- 
temberg. La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a 
été  publiée,  en  1532,  dans  la  même  ville  et  cher 
le  même  Rhaw,  in-S",  sous  le  même  titre.  La< 
troisième  a  paru  chez  le  même  en  1545,  in-8". 
Quelques  exemplaires  de  cette  édition  portent 
la  date  de  1545,  mais  sans  nom  de  lieu.  La  bi- 
bliothèque royale  de  Berlin  possède  un  de  ces- 
exemplaires  dans  l'ancien    fonds.  Le  livre  de 


32 


AGRICOLA 


Martin  Agricola  avait  été  précédé  par  celui  de 
Sébastien  Yirdung  {voyez  ce  nom)  sur  le  même 
sujet,  qui  a  été  traité  aussi  en  partie  vers  le 
môme  temps  par  Hans  Gerle ,  par  Othmar  Lus- 
cinius  (Naclitgall),  et  un  peu  plus  tard  par  Ga- 
nassi  del  Fontego  (voyez  ces  noms  ).  —  b°  Ein 
Kurtz  deudsche  Musïca,  mit  63  schœnen  lie- 
blichen  Exempeln,  in  vïer  Stimmen  verfasset. 
Sampt  den  kleynen  Psalmen  und  Magnifi- 
cat ,  au// aile  Thon  artig  gerichtet  (  Musique 
allemande  abrégée,  avec  soixante-trois  beaux 
exemples  clioisis  à  quatre  voix,  etc.);  Wittem- 
berg,  G.  Rhaw,  1528,  onze  feuilles  petit  in-S". 
La  date  de  1 52S  ne  se  trouve  ni  au  frontispice 
ni  au  dernier  feuillet  du  livre  ,  car  on  lit  seulement 
au  bas  de  celui-ci  :  Gedriickt  zu  Wittenberg 
durch  Geoigen  Rhaw;  mais  l'épitre  dédicatoire 
d'Agricola  à  George  Rhaw  est  datée  de  Magde- 
bourg,  le  15  avril  de  cette  année.  Dans  la  même 
année  la  même  édition  a  été  reproduite  avec  unti- 
trenouveau  ainsi  conçu  :  Ein  Kurtz  deutsche  Mu- 
sLca,  mit  LXlll  schônen  liblichen  Exempeln, 
in  vier  stymmen  verfasset.  Gebasert  mit  VIII 
Magnificat ,  nach  Ordnung  der  VIII  Thon. 
Au  dernier  feuillet  on  lit  :  Vittenberg  durch 
Georgen  lihaiv,  1528.  Un  de  ces  exemplaires 
est  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin.  Les  mots 
Gebessert  mit  VIII  Magnificat  (c'est-a-dire 
Amélioré,  augmenté  de  VIII Magnificat,  etc.  ) , 
est  une  supercherie  de  libraire;  car  les  Magni- 
cat  des  huit  tons  sont  dans  les  exemplaires  du 
premier  tirage  comme  dans  ceux  du  second.  — 
5°  (bis)  Musica  Choralis.  Deutsch;  Wittem- 
berg,  1533,  petit  in-8°.  Un  exemplaire  de  ce 
livre  rare  est  dans  la  bibliothèque  impériale  de 
Vienne.  —  6°  Rudimenta  musices,  quibus 
canendi  artificium  compendiosissime ,  com- 
plexum  pueris  tina  cum  monocliordi  dimen- 
sione  traditur ;  Wittemberg,  G.  Rhaw,  1539, 
trois  feuilles  et  demie  in-8".  La  seconde  édition 
de  ce  petit  ouvrage  élémentaire  a  été  publiée 
sous  ce  titre  :  Quxstiones  vulgariores  in  mu- 
sicam,  pro  Magdeburgensis  scholx  pueris 
digestse.  Item  de  recto  testudinis  collo  ex  arte 
probato,  de  tonorum  formatione,  monochordo 
oc  lectionum  accedentibus  ;  Magdebourg,  apud 
M.  Lottherum ,  1543,  sept  feuilles  et  demie 
in-S"  :  Forkel  (Allgeni.  Litter.  der  musik), 
Lichtentlial  (  Bibliog.  délia  Mus.  )  et  M.  Fer- 
dinand Becker  ont  cru  à  tort  que  ces  deux  ou- 
vrages sont  différents ,  et  ont  commis  une  autre 
faute  en  disant  qu'ils  ont  été  réunis  dans  le  livre 
suivant.  —  7°  Ihio  libri  musices,  continentes 
compendium  artis ,  et  ilhistria  exempta  : 
scripti  a  Mart.  Agricola,  silesio  soraviensi,  in 
çratiam  eoriim  qui  in  schola  Magdeburgeins 


prima  elementa  artis  discere  incipiunt;  Mag- 
debourg, 1561,  quatorze  feuilles  in-8°  :  les  deux 
ouvrages  qui  ont  été  réunis  dans  cette  édition 
sont  le  tiaité  des  proportions  et  les  rudiments 
de  musique.  — 8°  Scholia  inmusicam  planam 
Wenceslai  de  Nova  Domo ,  ex  variis  musico- 
runi  scriptis  pro  Magdeburgensis  scholx  Ty- 
ronibus  co//ecto  ;  \Yittemberg,  1540,  six  feuilles 
in-8°.  Cette  date  du  commentaire  de  Martin  Agri- 
cola, sur  le  traité  de  plain-chant  de  Wenceslas 
de  Neuhaus ,  est  indiquée  par  Geiber  dans  son 
nouveau  Dictionnaire  des  Musiciens;  Forkel  et 
Lichtenthal assurent, au  contraire,  que  l'ouvrage 
est  sans  date ,  —  9°  Deutsche  Musica  und  Ge- 
sangbuchlein  der  Sonlags  Evangelien  fur  die 
Schulkinder,  Kneblin  und  Megdlin,  etc.  (Mu- 
sique allemande  et  petit  livre  de  chant  des  évangiles 
des  dimanches,  à  l'usage  des  enfants  des  écoles, 
garçons  et  filles ,  etc.  )  ;  Nuremberg,  Jean  de 
Berget  et  UlricH  Neuber,  1540,  petit  in-8°  :  ce 
petit  livre,  publié  par  les  soins  de  Wolfgang  Fi- 
gulus ,  a  eu  vraisemblablement  des  éditions  an- 
téiieures  qui  n'ont  point  été  mentionnées  parles 
bibliographes;  il  fut  réimprimé  sous  le  titre  sui- 
vant :  Ein  Sangbuchlein  aller  Sontags  Evan- 
gelien. Eine  Kurtze  Deutsche  Leyen  Musica, 
mit  sampt  den  Evangelien  durch  ganz  Jar 
(sic)  auff  aile Sontage,  f tir  die  Schulkinder 
Leyen  ,  Junck/rauwen ,  Frauiven  und  jedere 
die  lesen  kœnnen,  in  reyme  und  gesanges 
weise,  darnach  sie  gantz  lustig  zu  lesen  und 
zu  singen  sein  (  Petit  livre  de  chant  de  tous 
les  évangiles  du  dimanche ,  ou  courte  musique 
laïque  allemande ,  avec  les  évangiles  pour  tous 
les  dimanches  de  l'année,  à  l'usage  des  enfants 
qui  suivent  les  écoles,  laïques,  jeunes  filles, 
femmes,  etc.)  ;  Magdeburg,  Michel,  Lother,  1 541 , 
petit  in-S"  de  huit  feuilles  :  un  exemplaire  de 
cet  ouvrage  très-rare  est  dans  la  bibliothèque  de 
la  ville  à  Leipsick  ;  une  autre  édition  a  été  pu- 
bliée en  1563,  sans  nom  de  lieu.  On  cite  aussi 
de  Martin  Agricola  :  1°  Libellas  de  octo  tono- 
riim  composilione ;'m-%°  f^n.  vers.  —  2°  Georg. 
Thymi  cantiones  cum  melodiis  Martini  Agri- 
colœ  et  Patili  Schalenreuteri  ;  Zwickau,  1553. 
Ces  chants  de  Thymacus,  mis  en  musique  par  Agri- 
cola et  Schalenreuter,  sont  de  la  plus  grande 
rareté;  car  on  n'en  trouve  d'exemplaires  dans  au- 
cune des  grandes  bibliothèques  de  l'Europe. 
Agticola  fut  le  premier  musicien  allemand  qui 
harmonisa  le  célèbre  choral  Ein'feste  Burg,  à 
quatre  parties  :  on  le  trouve,  ainsi  que  plusieurs 
autres  cantiques  du  même  artiste,  dans  le  recueil 
qui  a  pour  titre  :  CXXIII  Newe  geistliche 
Gesaenge  mit  vier  und  fûnff  Stimmen  f  tir  die 
gemeinen  ScA«toj ,  etc.  (123  nouveaux  chants 


AGRICOLA. 


33 


spirituels  à  quatre  et  cinq  voix  pour  les  écoles 
communales,  etc.  );  Wittemberg,  Georges  Rliaw, 
1544,  in-4°  oblong.  Les  autres  musiciens  anciens 
dont  on  trouve  des  pièces  dans  ce  recueil  sont 
Arnold  de  Brnck,  Sixte  Dietrich,  Benoît  Ducis, 
Georges  Focrsler,  Virgile  Hanck,  Guillaume 
Fleintz,  Etienne  Mahu ,  Haitliasar  Reisinarius, 
Louis  Senlel,  Jean  Stalil,  Thomas  Stciltzer, 
G.  Vogeiluiber  et  Jean  Weinmann.  Un  cantique 
à  trois  voix  pour  la  Nativité  de  J.-C,  composé 
par  Agricola,  a  été  placé  jiar  Wolfgang  Figulus 
dans  son  recueil  intitulé  :  Prima  pars  Amoruvi 
Filii  Dei  Domin'i  Nostri  Jesu-Christi;  Vite- 
bergœ,  1574,  in-4°  obi. 

AGRICOLA  (Alexandre)  fut  un  des  plus 
célèbres  maîtres  belges  qui  vécurent  dans  la  se- 
conde moitié  du  quinzième  siècle  et  dans  la  pre- 
mière du   seizième.  Le  peu  de  renseignements 
qu'on  a  sur  sa  personne  sont  renfermés  dans  une 
épit;iplie  et  dans  une  complainte  :  l'épitaphe  nous 
est  fournie  par  un  recueil  de  Motets  devenu  fort 
rare,  intitulé   :   Sijmphonix  Jticundx   atque 
adco  brèves  quatuor   voctim,  cum  prsefatione 
M.  LiUheri  ;  Vitebergœ,  1 538,  per  Georg.  Rliaw. 
Les  auteurs  des  morceaux  contenus  dans  ce  re- 
cueil sont  Georges  Fôrster,  Érasme   Lapicida, 
riupert  Unterliollzer,  Jean  Wallher,  Crispinus,  et 
d'autres.  L'un  d'eux  a  mis  en  musique  la  pièce 
qui  concerne  Alexandre  Agricola,  laquelle,  bien 
que  son  tilrc  soit  :  EpUaphhim  Alex.  Agricolos 
Symphoniastx  régis   CastUix  Philippi,  n'est 
pas  véritablement  une  épitaplie,   mais  un  dia- 
logue où  la  Musique  en  pleurs  répond  aux  ques- 
tions qui  lui  sont  faites  sur  celui  qu'elle  appelle 
ïobjet  de  ses  soins  et  sa  gloire  (  mea  cura  de- 
cusque).  Yoici  le  texte  de  cette  pièce  : 

Mnsica  qnid  deflps?  Periit  mea  cura  decusque. 

Estne  Alexander?  Is  meus  Agricola. 
Dic.nge,  qiialis  cratîtiariis  vocum  manuumqne. 

Qiils  locus  hiinc  rapiiit?  Valdoletanus  agfer. 
Quis  Bclgara  hune  traxilp  Jlagnus  Rex  ipse  Philippus. 

Quo  morbo   interiit?  Febre  furente  obiit, 
JEtas  qnœ  fuerat?  Jam  sexagesimus  annus. 

Sol  ubi  tune  stabat?  Virginie  in  capite. 

La  question  :  Qui  a  tiré  Agricola  de  la  Bel- 
gique P  fait  voir  qu'il  y  était  né  et  qu'il  y  demeu- 
rait. Rien  n'indique  en  quelle  ville  il  a  vu  le  jour; 
mais  il  n'est  pas  impossible  de  déterminer  à  peu 
près  l'époque  de  sa  naissance.  Il  avait  soixante 
ans  lorsqu'il  mourut;  et  nous  voyons,  d'une  part 
que,  dès  1505,  le  célèbre  imprimeur  Petrucci 
publiait  ses  œuvres  en  Italie;  ce  qui  prouve  qu'il 
jouissait  déjà  d'une  brillante  réputation  loin  de 
son  pays,  et  fait  supposer  qu'il  avait  plus  de  trente 
ans;  d'autre  part,  la  complainte  dont  il  est 
parlé  ci-dessus  dit  positivement  qu'il  fut  élève 
de  Jean  Okegheni  :  cette  complainte  est  celle 

ElOCR.     UNIV.    DES  MUSICIRXS.  —  T.    I. 


de  Crespel  sur  la  mort  de  ce  maître.  (  Voyez  Oke- 
GHEM  ).  Or,  Okegbem  quitta  le  service  de  Louis  XI 
en  t4C2  ;  et,  bien  qu'on  ne  sache  pas  exactement 
quelle  position  il  eut  alors,  il  paraît  certain  que 
celte  époque  fut  celle  où  il  ouvrit  son  école.  Il  est 
donc  vraisemblable  qu'Agricola  ne  naquit  pas 
beaucoup  plus  tard  que  14C6,  et  qu'il  n)oiniit 
conséquemment  vers  1520  ou  27. 

Il  était  célèbre,  dit  le  texte  du  dialogue  funèbrp, 
par  la  voix  et  par  la  main  {clnrus  vocum  ma- 
nuicmque)  ;  ce  qui  signifie  qu'il  était  également 
habile  et  comme  chantre  et  comme  écrivain  de 
musique,  ou  peut-être  comme  exécutant  sur 
les  instruments.  Ces  talents  lui  procurèrent  l'hon- 
neur d'entrer  au  service  de  Philippe,  archiduc. 
d'Autriche,  prince  souverain  des  Pays-Bas 
par  sa  mère,  Marie  de  Bourgogne,  et  qui  devint 
roi  de  Castille  par  sa  femme,  Jeanne  la  Folle,  filK; 
de  Ferdinand  et  d'Isabelle.  Lorsque  Philippe 
et  Jeanne  allèrent,  en  1500,  prendre  possession <!e 
leurroyaumedeCaslille,  Agricola  les  suivit  comme 
faisant  partie  de  leur  maison.  C'est  ainsi  que, 
suivant  l'épitaphe,  le  roi  Philippe  le  tira  de  la 
Belgique. 

Dans  un  volume  intitulé  -.  Maisons  des  souve- 
rains et  des  gouverneurs  généraux  (Arch.  du 
royaume,  à  Bruxelles,  t.  l'"",  f°  108,  v"),  est  une 
annotation  en  marge  de  l'ordonnance  de  Philippe 
le  Beau,  du  l^'  juin  1500  (N.  st.)  :  «  Monsei- 
«  gneur  l'archiduc  a  retenu  Alexandre  Agricola 
«  chapelain  et  chantre  de  sa  chapelle,  oultre  le 
«  nombre  icy  déclaré,  pour  servir  d'ores  en  avant 
«  du  dit  estât,  aux  gaigcs  de  xu  s.  par  jour.  Fait 
«  à  Bruxelles  le  vie  joiu'  d'aoustl'an  mil.  V^.» 

Au  même  volume  (fol.  179,  v°),  on  voit,  par 
des  extraits  des  comptes  du  premier  voyage  en 
Espagne  de  Pbilippe  le  Beau,  que  le  chantre 
Agricola  reçut  une  gratification  ;  et  l'on  a  ainsi  la 
preuve  qu'il  suivit  dans  ce  voyage  le  prince, 
qui  avait  avec  lui  toute  sa  grande  chapelle.  La 
mention  de  cette  gratification  est  ainsi  faite  :  et 
Alexandre  d'Agricola,  pour  don  :  iiij»»  xvj 
livres. 

Alexandre  Agricola  figure  aussi  dans  divers 
états  des  gages  des  officiers  de  la  maison  de 
Philippe  le  Beau  que  possèdent  les  Archives  du 
royaume  de  Belgique.  Le  dernier  est  du  18 
septembre  1505  (le  prince  était  alors  à  Bruxelles). 
Dans  cette  même  année  il  avait  fait  nn  voyage 
en  Hollande  et  tosile  la  chapelle  l'avait  ac- 
compagné. Il  est  très- vraisemblable  qu'après  la 
mort  de  Philippe  le  Beau,  Agricola  entra  au  ser- 
vice de  Ferdinand  d'Aragon,  nommé  régent  du 
royaume;  puis  à  celui  de  Charles  Quint,  lorsque 
ce  prince  prit  possession  du  royaume  d'Ks- 
pagne  à  la  mort  de  son   père.  Celle  conjecture 

3         ' 


34 


AGRICOLE 


est  d'aillant  plus  admîssllile,  qu'Agi  icola  inoii- 
riit  au  territoire  de  Valladolid,  d'une  fièvre  aiguë, 
vers  1526  ou  27,  et  que  précisément  la  cour  était 
alors  en  cette  ville,  où  naquit-Philippe  M,  le  21 
mai  1527. 

On  trouve  deux  motets  àtrois  voix  d'Alexandre 
Agricola  dans  le  recueil  publié  à  Venise  ,  en  1502, 
par  Octave  Petrucci  de  Fossombrone,  sous  le 
titre  simple  de  Moietti  XXXIII.  Le  même  éditeur 
a  imprimé  un  livre  de  einq  messes  du  même  mu- 
sicien, sous  ce  titre  :  Misse  Alexandri  Agricole. 
Ces  messes  ont  pour  titre  :  1°  Le  Serviteur  ; 
2°  Je  ne  demande;  3°  Malheur  me  bal;  4° 
Primitonl;  b°  Secundi  tonï.  Au  dernier  feuil- 
let de  la  partie  de  basse ,  on  lit  :  Impressum 
VenetUs  per  Octavianum  Petrutium  Forosem- 
proniensem,  1504,  die  23  marlii  cum  privilé- 
gia, petit  in-4"  obi.  Dans  le  quatrième  livre  de 
motels  publiés  par  le  même  éditeur,  à  Venise, 
en  1505,  on  tionve  le  motet  à  trois  voix  d'Agrieola 
qui  conmience  par  ces  mots  :  Pater  meus  Agri- 
cola est.  Le  recueil  intitulé  :  Lamentationum  Je- 
remiœprophetx  LJ/^er  ;»•/?«(«,  imprimé  par  Pe- 
trucci, à  Venise,  en  1506,  contient  une  lamenlalion 
à  trois  voix  et  une  antre  à  quatre  par  Agricola.  Le 
rarissime  recueil  publié  par  le  même  imprimeur, 
sous  le  titre  de  Canticento  cinquanla  ,  en  trois 
livres  (Venise,  1503,  in-4°),  contient  les  chants 
à  quatre  voix  :  1°  Forseulemenl  ;  2o  tout  à  pur 
moy  ;  3°  De  tous  biens;  4°  Quis  det  ici  venieit ; 
5°  Que  vous,  madame  ;  6»  Tandernaken  ;  7"  Se 
mieuxne  vient  d'amours;  8°  Belle  sur  toutes, 
tous  composés  par  Agricola.  Dans  un  recueil 
de  fngments  de  messes  de  divers  auteurs  im- 
primé chez  le  môme  (  sans  date),  on  trouve  un 
Patrem  de  la  messe  intitulée  Village,  et  un 
autre  de  la  messe  Je  ne  vis,  d'Agrieola.  Érasme 
Rotenbuclier  a  pkicé  une  chanson  latine  à  deux 
voix  d'Alexandre  Agricola,  sur  les  paroles  ^Irce 
sedes  Bacchus,  dans  sa  précieuse  collection  in- 
titulée: Diphonaatnœna  et  florida.{lSorihergx, 
in  officina  Joan.  Montani  et  Ulrici  ISeuberi, 
1549,  in-4".)  Les  autres  musiciens  célèbics  des 
quinzième  et  seizième  siècles  dont  on  trouve 
des  compositions  h  deux  voi^  dans  ce  recueil 
sont  Arnold  de  Bruck,  Ant.  Brumel ,  Loyset 
Compère,  Anl.  Divitis,  Ant.  Févin,  G.  Foersler, 
H.  Isaac,  Etienne  Mahu,  Obreeht,  Okegliem, 
.Tosquin  Des  Près,  Resinariiis,  L.  Seufî,  Th. 
Stolzer,  Adrien  Willaert,  et  beaucoup  d'autres. 
La  plus  grande  partie  des  ouvrages  d'Agrieola 
doit  être  en  manuscrit  dans  les  églises  et  biblio- 
thèques en  Espagne.  Ce  maître  est  souvent  cité 
sous  son  prénom  (Alexander).  Agricola  fut  con- 
sidéré à  juste  titre  comme  un  des  plus  habiles 
tualtres  de  son  temps.  Sébald  Ilryden  cite  ses 


compositions  comme  des  modèles  de  style,  dans 
son  traité  De  Arte  canendi. 

AGRICOLA  (Jean)  né  à  Nuremberg,  vers 
1570,  fut  professeur  de  musique  au  Gymnase 
d'Auguste,  à  Erfurt,  et  s'y  trouvait  encore  en 
1611.  Il  a  fait  publier  de  sa  composition  :  1° 
Motet ten  mit  4,  5,  G,  8  und  mehr  Siimmen. 
Nuremberg,  1601,  \n-ii°.—2°Cantiones  deprscci- 
puis  festis  per  totum  annum ,  quinque ,  sex 
etplurimum  vocum;  Nuremberg,  Conrad  Bauer, 
1601,  in-4<'.  —  3"  Motetœ  novse  pro  preeci- 
puis  in  anno  festis  decantandae  4,  5, 6,  8  plu- 
7-ibusqiie  vocibus  composite;  A.  Johanne  Agri- 
cola Norico ,  Gymnasii  Augustiniani  quod  est 
Erfurti  collega;  Noribergx,  Typis  Cath.  Alex. 
Theodoriti  vidux ,  sumptibiis  Conradi  Agri- 
colx,  Bibliopolx ,  lOtl,  in-4°.  Ce  recueil  con- 
tient 28  motets. 

AGRICOLA  (Wolfcang-Chbistophe),  com- 
positeur allemand,  vivait  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  publié  à  Wurtzbourg  et  à 
Cdogne  une  collection  de  huit  messes ,  sous  le 
titre  de  Fasciculus  musicalis  ;  1651,  in-4". 
Corneille  à  Beughem  (Bibl.  math.,  p.  2)  cite  un 
autre  ouvrage  d'Agrieola  intitulé  :  Fasciculus  ta- 
riarum  cantionum;  c'est  une  collection  de  mo- 
tets i»  deux,  trois,  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix. 

AGRICOLA  (Georges-Louis),  né  le  25  oc- 
tobre 1643,  à  Grossen-Furra,  village  de  la  Tliu- 
ringe,  où  son  père  était  ministre,  commença  ses 
études  en  1656,  à  l'école  d'Eisenach  ;  en  1662 
il  passa  au  collège  de  Gotha ,  et  étudia  ensuite  à 
Leipsick  et  à  Wittemberg.  11  fut  élevé  dans  cette 
ville  au  grade  de  professeur,  après  avoir  soutenu 
une  thèse  publique  sur  divers  sujets.  En  1670 
il  fut  nommé  maître  de  chapelle  à  Gotha,  et, 
peu  de  temps  après,  il  publia  un  œuvre  de  sa 
composition  intitulé  :  Musikaliscken  Nebens- 
tunden  bestchendin  etliche  Sonalen ,  Praslu- 
dien,  Allemanden,  etc.,  mit  1  Violinen,  2  Vio- 
Icn ,  und  Generalbass.;  Mulliausen,  in-fol. 
(  les  Heures  musicales,  consistant  en  plusieurs 
sonates,  préludes,  alleman<le.'i,  etc.,  pour  deux 
violons,  deux  violes  et  basse  continue).  Ou  cou-  ' 
naît  aussi  de  lui  :  1°  Huss-und  Communion  Lie- 
der,  mit  fiin/  und  mehreren  Stimmen  gesetzt 
(Chants  pour  la  pénitence  et  la  communion,  à 
cinq  et  un  plus  grand  nombre  de  parties)  ;  Gotha, 
1675,  in-4°  —  TSonaten,  Prœludien,  Alleman- 
den, Couranten,Balleten  auffransoesische  Art 
(Sonates,  préludes,  allemandes,  etc.,  à  la  fran- 
çaise ),  l",  2»  et  3"  parties; Gotha,  1675,  in-l»I. 
—  3"  Deutsche  gxstliche  Madrigalien  von 
zivey  bis  sechs  Stimmen;  Gotha,  1675,  in-(nl. 

Agricola  est  mort  à  Gotha,  le  2?.  février  1676, 
dans  la  liente-troisicme  aniK'C  de  son  âge. 


AGRICOLA  —  AGRIPPA  DE  NETTESHEIM 


35 


AGRICOLA  (Jean-Frédéric),  compositeur 
ou  service  de  la  cour  de  Prusse,  naquit  à  Dobil- 
sciien,  dans  le  duché  de  Gollia,lc  4  janvier  1720. 
Loin  de  contrarier  le  goût  qu'il  montrait  pour  la 
musique  et  pour  les  sciences,  son  père  lui  pro- 
cura les  moyens  de  les  développer,  en  l'envoyant 
à  l'université  de  Leipsick.  Là  il  se  livra  à  l'é- 
tude de  la  piiilosopliie  et  de  la  jurisprudence, 
en  même  temps  qu'il  développait  ses  talents  na- 
turels pour  la  musique,  sous  la  direction  de  Jean- 
Sébastien-Bach.  En   1741  il  se  rendit  à  Berlin, 
où  il  acquit  en  peu  de  temps  la  réputation  d'un 
organiste  habile.  Il  continua  ses  études  de  com- 
position ,   au   moyen  des  leçons  qu'il   reçut  de 
Quantz.  Les  premières  productions  d'Agricola 
furent  des  morceaux  détachés  pour  le  chant  et 
pour  les  instruments.  Ces  morceaux  eurent  du 
succès,  et  le  firent  connaître  de  Frédéric  11,  qui 
le  chargea  de  composer  pour  le  théâtre  de  Pots- 
dam,  en  1750,7/  Filosofo  convinto,  opéra-bouffe. 
L'année  suivante,  il  écrivit  pour  le  même  théâtre 
La  Ricamatrice  divemita  damma.  Un  voyage 
qu'il  fit  à  Dresde  dans  l'automne  de   1751,  lui 
prortira  l'occasion  d'entendre  II  Ciro  ricono- 
xclufo  de  Hasse.  Le  slylc  de  ce  maître  lui  plut; 
et  il  l'adopta  dans  les  ouvrages  qu'il  écrivit  en- 
suite. De  retour  à  Berlin  ,  il  épousa  la  cantatrice 
Molteni,  pour  qui  il  écrivit  les  premiers  rôles  de 
ses  opéras.  En  1752,  il  fit  représenter  II  Re  pas- 
tore  ,  (jui  eut  peu  de  succès.  Cet  ouvrage  fut 
suivi  de  Clcofide    en  1754,  de  II  Tempiod'A- 
more  en  1755,   de  Psiche  en    1756,  d'Achille 
in  Sciro   en    1753,  et  A'ifigenia  in  Tauride 
en  1765.  A  la  mort  deGraun,qui  eut  lieu  en 
17.59,  le  roi  de  Prusse  désigna  Agricola  pour  lui 
succéder  dans  la  place  de  maître  de  chapelle.  Il 
mourut  d'hydropisie,  le  12  novembre  1774.  Outre 
ses  opéras,  Agricola  a  beaucoup  écrit  pour  l'é- 
glise ;  mais  le  psaume  vingt  et  unième,  qu'il  com- 
posa sur  la  traduction  de  Cramer,   est  le  seul 
morceau  de  ce  genre  qu'il  ait  fait  imprimer.  Tous 
ses  autres  ouvrages  de  musique  sacrée  sont  res- 
tés en  manuscrit.  Parmi  ses  bons  ouvrages  on 
remarque  :  1°  La  Cantate  Kindlich-gross,  pour 
quatre  voix  et  orchestre.  —2°  Cantate  pour  la  nou- 
velle Armée  [Lobe  den  //e/th),  à  deux  voix,  chœur 
et  orchestre.  —  3°  Cantate  pour  le  dimanche,  Ju- 
bilate,  à  quatre  voix  et  orchestre. —  4"  Cantate 
de  Rammier,  Die  Hirten  bel  der  Krippe  zu 
Bethléem,  et  quelques  autres  morceaux  dont  les 
partitions  originales  sont  à  la  bibliothèque  royale 
de  Berlin. 

Agricola  s'est  distingué,  comme  écrivain  sur 
la  musique,  par  plusieurs  morceaux  détachés 
qui  ont  été  insérés  dans  les  Lettres  Critiques  de 
Marpurg ,  et  dans  la  Bibliothèque  générale  de 


la  Littérature  allemande.  On  croit  qu'il  a  pris 
part  à  la  rétlactionde  la  Théorie  des  Beaux-Arts 
de  Sulzer;  mais  cela  n'est  pas  prouvé.  Il  est 
plus  certain  qu'il  a  aidé  Adlung  dans  la  compo- 
sition de  la  Musica  mechanica.  Enfin  ,  on  a  de 
lui  :  r  deux  lettres  sous  le  nom  d'Olibrio,  contre 
\q  Musicien  critique  des  rives  de  la  Sprée,  ré- 
digé par  Marpurg.  La  première  de  ces  lettres , 
datée  du  11  mars  1749,  parut  en  une  feuille  in- 
quarto  sous  ce  titre  :  Schreiben  eines  reisenden 
Liebliabers  der  Musik  von  der  Tyber ,  an  der 
Cristischen  Musikus  an  der  Sprée  (  Lettre  d'un 
amateur  de  musique  voyageant  sur  le  Tibre  au 
Musicien  critique  de  la  Sprée).  Marpurg,  peu 
endurant  à  l'égard  de  la  critique,  fit  des  réponses 
assez  amères  dans  les  numéros  de  son  journal 
du  25  mars  1749,  1""^  avril,  8,  15,  et  22  du 
même  mois.  Agricola  fit  attendre  sa  réponse  jus- 
qu'au 6  juillet  suivant;  elle  parut  sous  ce  titre  : 
Schreiben  an  Herrn  XXX  in  welehen  Flavio 
Anicio  Olibrio  sein  Schreiben  an  den  Cri- 
tischen  Musicus  an  der  Sprée  Vertheidiget , 
und  auf  ïf^iederlegung  antwortet  (  Lettre  a 
Monsieur  ***,  dans  laquelle  Flavio  Anicio  Oli- 
brio défend  sa  lettre  au  Musicien  critique  de  la 
Sprée,  etc.)  ;  brochure  de  5 1  pages  in-4°  (sans  nom 
delieu).  —  2»  Josi'.s  Anleitung  zur  Singlninsl 
ans  dem  italienischcn  iibersetzt  mit  Anmer 
kungen  (Éléments  de  l'art  du  chant,  par  Tosi, 
traduit  de  l'italien,  avec  des  notes);  Berlin,  1757, 
in-4''.  —  3°  Beleuchterung der  Prage  :  von  den 
Vorzuge  der  Mélodie  fiir  der  Harmonie 
(  Examen  de  la  question  :  De  la  préférence  de 
la  mélodie  sur  l'harmonie  ),  dans  le  Magasin 
musical  de  Cramer. 

Agricola  était  un  musicien  instruit,  qui  écrivait 
correctement ,  et  qui  trouvait  quelquefois  des 
mélodies  agréables  ;  mais  il  manquait  d'origi- 
nalité. On  ne  peut  le  considérer  que  comme 
un  imitateur  des  maîtres  italiens  de  son  temps. 

AGRICOLA  (Benedetta-Ejuua  Molteni), 
épouse  du  précédent,  fut  cantatrice  de  l'Opéra 
à  Berlin,  oii  elle  entra  en  1742.  Porpora,  Hasse 
et  Salimbeni  furent  ses  maîtres  de  chant.  Dans 
sa  cinquantième  année,  elle  chantait  encore 
d'une  manière  étonnante  des  airs  de  bravoure, 
tanten italien  qu'en  allemand.  Le  docteur  Burney 
dit  que  sa  voix  avait  une  si  grande  étendue, 
qu'elle  allait  depuis  le  la  au-dessous  des  portées, 
jusqu'au  ré  aigu,  avec  une  sonorité  puissante 
et  pure. 

AGRIPPA  DE  IVETTESHEIM  (Cou- 
neille-Henri),  médecin  et  philosophe,  naquit 
à  Cologne,  le  14  septembre  1486.  Son  esprit  et 
son  érudition  lui  acquirent  unegrande  réputation  ; 
mais  son  humeur  chagrine  lui  fit  beaucoup  d'ca- 


3G 


AGRIPPA  DE  NETTESHEIM  —  AGUIARI 


ncmis,  et  sa  carrière  fut  toujours  agitée.  H  fut 
successivement  soldat,  professeur  d'hébreu  à 
Dole  et  à  Londres,  de  théologie  à  Cologne,  à 
PavieetàTurin,  syndic  et  orateur  à  Metz  (1518) 
médecin  à  Lyon,  chassé  de  France  à  cause  de 
son  attachement  au  connétable  de  Bourbon,  em- 
piisonné  à  Bruxelles  pour  son  traité  De  la  Phi- 
losophie occulte,  et,  rentré  en  France,  arrêté 
de  nouveau  pour  avoir  écrit  contre  la  reine  mère; 
enfin,  remis  en  liberté,  il  alla  mourir  dans  un 
hôpital,  à  Grenoble,  en  1535,  âgé  de  quarante- 
neuf  ans. 

Dans  son  traité  De  occulta  Philosophia, 
Hbri  très,  dont  il  y  a  de  nombreuses  éditions 
et  une  traduction  française  par  Levasseur,  la 
Haye,  1727,  2  vol.  in-S",  il  parle,  au  chapitre 
24^  du  premier  livre,  de  musices  vi  et  efficocia 
in  hominiun  afjectibiis,  qjiaconcitandis,  qua 
sedandis.  Il  traite  aussi  de  la  musique  au  17" 
cliapitrede  son  livre  :  De  Incert'itudine  et  Vani- 
tate  Scientiarum;  Paris,  1531,  in-S". 

AGTHE  (Cuarles-Curétien),  organiste  du 
prince  d'Anhalt-Bernbourg,  naquit  à  Kettsfaeilt, 
dans  le  comté  de  Mansfeld,  en  1739,  et  mourut 
à  Ballensteilt,  le  27  novembre  1797.  Il  se  distin- 
gua comme  compositeur  dramatique,  de  1784  à 
1793;  les  opéras  qu'il  a  écrits  sont  :  1"  Aconcius 
elCydippe. — 2"  Das Milchmxdchen  (la  Laitiè- 
re).—3°  J/rtJYi?i  Vellen. — '\°  Enoïnet  Elmire. 
— 5°les  divertissements  de  P/?i/emon  etBaitcis. — 
6"  Der  Spiegel  U'itler  (le  Chevalier  du  miroir)  qui 
fut  représenté  en  1795,  à  Ballensfedt,  par  une 
troupe  d'amateur.'.  En  1790,  Agtlie  publia  aussi 
trois  sonates  pour  piano  chez  Breilkopf ,  à  Leip- 
sick;  enfui  l'on  connaît  de  ce  compositeur  un 
recueil  de  chansons  imprimé  a.  Dessau  en  1782, 
sous  ce  titre  :  Der  Morrjen,  Mittag ,  Abend 
iind  Nacht  zum  Clavier  und  Gesnng  (le  Ma- 
tin, le  Midi ,  le  Soir  et  la  Nuit,  etc.) 

AGTHE  (  Albert)  ,  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Posen  vers  1819,  fut  considéré  comme  un 
prodige  dans  son  enfance,  et  voyagea  pour  don- 
ner des  concert^,  tl  s'est  aussi  fait  connaître 
comme  compositeur,  et  a  publié  diverses  œuvres 
parmi  lesquelles  on  remarque  :  1"  Sonate  pour 
piano  et  violon,  op.  2;  Leip->ick,  Peters.  —  2°  Des 
marches  pour  piano  à  quatre  mains,  œuvres  3,  (^  et 
9;  Leipsick,  Breifkopf  et  Hœrtel ,  Peters,  llof- 

mester 3"  troisgrandes polonaises  idem,  op.  8; 

Leipsick  ,  llofmeister.  —  4"  Rondeau  en  forme 
de  valse;  Posen,  ciie/,  l'auteur. — 5"  Six  divertisse- 
ments pour  piano  seul,  op.  1;  Leipsick,  Peters. 
— 6°  Sonate  pour  piano  seul ,  op.  5  ;  Leipsick,  Ilof- 
mei.ster. — 7"  Études  pour  le  piano  en  quatre  suites; 
fîerlin,  Bote  et  Bock.  —  8»  Quelque  Lieder  avec 
piano.  M.  Agthe  est  fixé  à  Posen,  sa  ville  natale. 


AGUADO  (D.  Denis),  guitariste  renomma 
de  son  temps  ,  naquit  à  Madrid  ,  le  8  avril  1784. 
Fils  d'un  notaire  du  vicariat  ecclésiastique  de  cette 
■ville,  il  fit  au  collège  des  études  littéraires  aux- 
quelles il  faisait  trêve  parfois  pour  jouer  de  la 
guitare,  qu'il  aimait  avec  passion.  Un  moine  lui 
enseigna  les  premiers  principes  de  cet  instrument  ; 
mais  ce  fut  le  célèbre  chanteur  Garcia  ,  alors  in- 
connu en  France  et  en  Italie,  qui  lui  fit  com- 
prendre les  ressources  de  nouveautés  qu'il 
pouvait  trouver  dans  la  guitare.  A  la  mort  de 
son  père,  en  1803,  Agiiado  hérita  d'un  petit 
bien  situé  près  d'Aranjnez ,  dans  un  village 
nommé  Fuenlabrada,  où  il  se  retira  avec  sa 
mère  pendant  l'occupation  de  l'Espagne  par  les 
armées  françaises.  Ce  fut  dans  ce  lieu  que,  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  guerre,  il  s'adonna  ex- 
clusivement à  l'étude  de  son  instrument  favori, 
cherchant  avec  une  persévérance  infatigable  de 
nouvelles  combinaisons  de  doigter  et  d'effets. 
Après  la  paix  ,  il  retourna  à  ftladrid  avec  sa 
mère,  dont  il  ne  fut  séparé  que  par  la  mort,  en 
1824.  En  1825,  il  se  rendit  à  Paris,  où  déjà  ses 
compositions  étaient  connues.  Sa  méthode  de 
guitare,  ouvrage  remarquable  en  son  genre,  avait 
été  publiée  plusieurs  années  auparavant  :  elle  fut 
traduite  en  français ,  et  publiée  à  Paris,  en  1827, 
chez  Piichault.  Pendant  le  séjour  que  (it  Aguado 
dans  cette  ville  (1825-1838),  son  talent,  .sa 
simplicité  et  ta  douceur  de  son  caractère  lui 
firent  beaucoup  d'amis  parmi  les  artistes  les  plus 
distingués;  cependant  il  éprouva  dans  les  der- 
nières années  un  si  vif  désir  de  se  retrouver  dans 
son  pays,  qu'il  prit  enfin  la  résolution  de  retour- 
ner à  Madrid,  où  il  arriva  en  IS38.  Depuis  lors 
il  ne  s'est  plus  éloigné  de  la  capitale  de  l'Espagne  : 
il  y  est  mort  le  20  décembre  1849,  à  l'âge  de 
soixante-cinq  ans  et  huit  mois.  Son  excellente  mé- 
thode avait  été  publiée  pour  la  première  fois  eu 
1825  ;  la  Iroisième  édition ,  avec  une  appendice, 
a  paru  en  1843,  sous  le  titre  de  Nnevo  Metodo 
para  guitarra,  Man'ivid  ,  D  Bevito  Campo.  Les 
autres  ouvrages  d'Aguado  sont  :  1°  Collcccinn 
de  Los  Estudios  para  In  griifarra;  Maih'ul, 
1820.  —  2°  Très  Hondos  brillantes;  ibid.  182'>. 
— Z'Colleccion  de  Andantcs,Valses  et  Minncfns  ; 
ibid.  Ce  recueil  contient  10  andantes,  45  valses  et 
G  menuets.  —  4°  El  minuéafaudangndo  con  va- 
liacioncs;  ibid.— 5°  Grand  Solo  deSor,  etplu- 
sieurs  ouvrages  composés  pour  son  élève  de  pré- 
dilection, Augustin  Campo,  lesquels  n'ont  paru 
qu'après  sa  mort. 

AGUIARI  (Lucrèce),  cantatrice  célèbre, 
surnommée  la  Bostardella ,  naquit  h  Ferrare 
en  1743.  Le  nom  de  bastardella  (petite  bâtarde) 
lui  fut  donné,  parce  qu'elle  était  fille  naturelle 


AGUIAiU  —  AGUILAR 


37 


d'un  gratiil  seigneur  qui  la  lit  élever  dans  un 
couvent,  où  elle  apprit  l'art  du  cliant  sons  la 
direction  de  l'abbé  Lanibertini.  Son  début  dans 
la  carrière  du  tUeâtre  eut  lieu  à  Florence,  en 
17C4.  L'émotion  qu'il  y  produisit  parmi  les  ama- 
teurs la  (it  appeler  dans  les  villes  les  plus  consi- 
dérables de  l'Italie  :  elle  y  (it  naître  le  plus  vit 
entUousiasme.  Le  caractère  de  son  talent  n'était 
pas  l'expression;  mais  elle  surpassait  toutes  ses 
rivales  dans  l'exécution  des  traits  de  bravoure. 
L'étendue  de  sa  voix,  particulièrement  à  l'aigu, 
lut  un  phénomène  dont  il  n'y  eut  jamais  d'autre 


exemple ,  car  elle  n'avait  pour  limite  que  le  contre 
tit  suraigu.  Pour  ajouter  loi  à  ce  prodige,  il  ne 
faut  pas  moins  que  l'autorité  de  Mozart.  Dans 
une  lettre  écrite  de  Bologne,  le  24  mars  1770 
(voyez  W.  A.  Mozart  von  Otto  Jabn,  i'^'  Th. 
p.  628  et  suiv.),  il  dit:  «  A  l'arme  nous  avons 
«  fait  la  connaissance  d'une  cantatrice ,  la  célèbre 
«  Bastardella  ,  et  avons  eu  le  plaisir  de  l'i-ntendre 
n  dans  sa  propre  maison.  Elle  possède  une  belle 
'<■  voix,  une  vocalisation  excellente,  et  une  éten- 
«  due  incroyable  à  l'aigu.  Elle  a  chanté  en  ma 
«  présence  les  passages  suivants  : 


mmi^^êEM 


^ 


.£L 


^#£$i   —  ^. 


% 


Dans  une  autre  lettre  écrite  à  la  même  date  , 
Léopold  Mozart ,  père  de  l'illustre  compositeur , 
conlirme  son  récit,  et  certifie  l'exactitude  du  pas- 
sage noté  ci-dessus. 

Au  carnaval  de  1774,  Agniari  fut  applaudie 
avec  fureur  au  grand  théâtre  de  Milan  dans  un 
*)péra  de  Colla  intitulé  :  il  Tolomeo,  et  se  distin- 
gua plus  encore  dans  une  cantate  du  même  maître 
exécutée  au  palais  du  comte  Tommaso  Marini. 
Dans  l'année  suivante,  elle  fut  appelée  à  Londres 
par  les  propriétaires  du  Panthéon,  où  se  don- 
naient alors  les  concerts  fréquentés  par  l'aristo- 
cratie. Les  entrepreneurs  consentirent  à  lui  payer 
l'énorme  somme  de  cent  livres  sterling  par  soi- 
rée, quoiqu'elle  n'eût  voulu  s'engager  qu'à  chan- 
ter deux  morceaux  dans  chaque  concert.  De 
retour  en  Italie ,  elle  fut  engagée  au  service  de  la 
cour  de  Parme.  En  1780,  elle  épousa  le  maître 
do  chapelle  Colla,  auteur  de  tous  les  ouvrages 
qui  avaient  fait  sa  renommée.  Depuis  plusieurs 


années  elle  avait  cessé  <îe  se  faire  entendre  au 
théâtre,  lorsqu'elle  mourut  à  Parme ,  à  l'âge  de 
qtiaranle  ans,  le  18  mai  1783. 

AGUILAR  (Emanuel)  ,  pianiste  et  composi- 
teur d'origine  espagnole,  est  né  en  Angleterre 
dans  l'année  1824.  Pendant  un  long  séjour  qu'il 
a  fait  à  Francfort ,  il  a  reçu  de  l'excellent  profes- 
seur Schnyder  de  Wartensée  son  instruction  dans 
l'harmonie  et  la  composition.  Pendant  les  années 
1844-1848  il  demeura  dans  cette  ville,  y  donna 
des  concerts,  et  y  fit  entendre  plusieurs  de  ses 
ouvrages,  entre  autres  une  symphonie  (en  vti 
bémol)  qui  fut  bien  accueillie,  une  ballade  avec 
orchestre,  et  des  sonates  et  fantaisies  pour  là 
piano.  Les  événements  de  1848  le  décidèrent  à 
s'éloigner  de  l'Allemagne  pour  aller  se  fixer  se 
Londres;cependant,  il  s'arrêta  à  Leipsick  quelques 
jours,  et  y  joua,  le  30  mars,  le  concerto  en  si  mi- 
neur de  Hnmmel,  dans  un  concert  de  la  Gewand- 
haus.  De  retour  à  Londres,  il  y  est  resté  jusipi'à 


38 


AGUILAR  —  AHLE 


ce  jour,  et  s'y  livre  à  l'enseignement  du  piano.  Il 
y  donne  aussi  chaque  année  des  séries  de  concerts 
spécialement  destinés  à  la  musique  de  piano ,  et 
dans  lesquels  il  fait  entendre  les  œuvres  classiques 
des  grands  maîtres ,  particulièrement  de  Beetho- 
ven, M.  Aguilar  a  publié  à  Londres  plusieurs 
compositions  pour  son  instrument. 

AGUILERA  DE  HEREDl  A  (Sébastien), 
prêtre  et  maître  de  chapelle  à  Saragosse  ,  fut  un 
des  meilleurs  compositeurs  espagnols,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle.  En  161S  il 
publia  en  cette  ville,  de  sa  composition,  une 
grande  et  précieuse  collection  de  Magnificat  des 
iiuittons,  àquatre,  cinq, six, septet  huit  voix.  Ces 
excellents  morceaux  se  chantent  encore  dans  la 
cathédrale  de  Saragosse  et  dans  plusieurs  autres 
églises  de  l'ancien  royaume  d'Aragon. 

AGUS  (Henri),  professeur  de  musique,  né 
en  1749,  entra  au  Conservatoire  de  musique  de 
Paris  comme  maître  de  solfège,  le  16  thermidor 
an  III  et  mourut  au  mois  de  lloréai  an  VI.  Il  pa- 
raît qu'il  avait  d'abord  résidé  en  Angleterre,  oii  on 
publia  deux  œuvres  de  sa  composition ,  savoir  : 
1"  Six  solos  pour  violoncelle,  op.  1'"';  T  Six  idem, 
op.  2^.  Quelques-uns  de  ses  ouvrages  ont  été  gra- 
vés à  Paris.  On  cite  parliculièrement  un  œuvre  de 
trios  pour  deux  violons  et  basse,  et  un  solfège, 
qui  n'a  point  eu  de  succès.  On  lui  attribue  aussi 
un  œuvre  de  six  duos  concertants  pour  deux  vio- 
lons, publié  à  Paris,  chez  Barbieri,  comme 
œuvre  37''  de  Boccherini  (  voy.  ce  nom  ) .  Agus  a 
écrit  plusieurs  leçons  pour  le  solfège  du  Conser- 
vatoire. Ce  musicien  manquait  de  goût  et  d'in- 
vention; il  passait  pour  savant  dans  le  contre- 
point ;  mais  sa  science  obscure  n'avait  rien  de 
correct. 

AHLE  (  Jean-Rodolphe  ),  né  à  Mnihausen, 
le  24  décembre  1625,  fut  envoyé,  en  1G43,  à 
l'université  de  Goettingue,  où  il  étudia  pendant 
deux  ans  sous  J.-A.  Fabricius.  De  là,  il  alla,  en 
1645,  à  l'université  d'Erfurt.  11  n'y  était  que  de- 
puis un  an ,  lorsqu'on  établit  dans  cette  ville 
l'école  musicale  de  Saint-André,  dont  la  direction 
lui  fut  conliée.  En  1649,  l'organiste  de  l'église 
Saint-Biaise  de  Mulhausen  étant  mort,  Ahle  ob- 
tint sa  place.  Quelques  années  après,  il  fut 
nommé  conseiller  et  enfin  bourgmestre.  Il  mou- 
rut en  1673,  à  l'âge  de  quarante-huit  ans.  On  a 
de  lui  :  1"  Geistliclie  Dïalogen,  mit  2,  3,  4 
îtncf??ie/irS<jmmeH,  c'est-à-dire  Dialogues  spi- 
rituels à  deux,  trois  et  quatre  voix,  etc.,  pre- 
mière partie;  Erfurt,  1648.  —  2°  Sa  méthode  de 
ciiant  intitulée  Compendiwn  pro  ienellis  ;  Er- 
furt, 1648,  in-8°.  La  deuxième  édition  est  intitu- 
lée :  Brevis  et  perspicua  introdtictio  in  artem 
musicam,  das  istcin  kurtze  Anleilung  zu  der 


lieblichenSing-Kunst;^ïu\h&\i!ien,  1673,  in-8° 
de  deux  feuilles  et  demie.  Son  fils  en  donna  une 
troisième  édition  en  1690,  avec  des  notes  histori- 
ques et  critiques,  et  la  quatrième  parut  en  1704. 
Ces  deux  dernières  éditions  ont  pour  titre  : 
Kurze  doch  deutliche  Anleitung,  zu  der  lie- 
blich,  und  lœblichen  Sing-Kunst  (Introduction 
courte,  mais  claire,  à  l'art  agréable  et  distingué 
du  chant);  Mulhausen,  in-8"'.  Dans  l'édition  de 
1704 ,  le  texte  du  traité  est  renfermé  en  32  pages, 
et  les  notes  de  l'éditeur  forment  86  pages.  —  3° 
Trente  symphonies,  padua7ies,  allemandes,  etc., 
à  trois,  quatre  et  cinq  instruments;  Erfurt,  1650. 
4°  Thuringischen  Lt<s<-Gar<e«s,  contenant  vingt- 
six  fleurs  spirituelles,  depuistroisjusqu'à  dix  voix  ; 
Erfurt,  1657;  première  partie.  La  deuxième  partie 
a  été  publiée  en  1658.  —  5°  Première  dizained'airs 
spirituels,  à  une,  deux ,  trois  et  quatre  voix  ;  Er- 
furt, 1660,  in-fol.  ;  la  seconde  dizaine,  à  Mulhau- 
sen, 1602,  in-fol.;  latroisièmeetlaquatrièmedans 
les  années  suivantes,  en  pareil  format.  —  6°  Offices 
complets  pour  toutes  les  fêles  de  Vannée , 
quatorze  pièces  aune,  deux,  trois,  quatre  et  huit 
voix  ,  avec  des  ritournelles  pour  quatre  violes  ; 
Mulhausen,  1662.-6°  (bis)  Zehn  neuegeistUche 
musikalische  Concerte  mit  drey,  vier,  fiuif, 
sechs,  sieben,  acht,zehn  und  viehr  Stimmen 
zu  dem  Basso  continua,  etc.  (Dix  nouveaux 
concerts  spirituels  et  musicaux  à  trois ,  quatre , 
cinq,  six,  sept,  huit,  dix  et  un  plus  grand 
nombredevoix,avec basse  continue);  Mulhausen, 
1663,  in-fol.;  —  7°  Motets  pour  tous  les  diman- 
ches de  Vannée ,  au  nombre  de  cinquante,  aune , 
deux,  trois  et  quatre  voix;  Mulhausen,  1664, 
in-fol.  — %''  Dix  chants  religieux  ,k  cinq  et  huit 
voix,  sous  ce  titre  :  Neue  geistUche  Chorstûcke, 
mit  5,  6,  7  und  8  SVwimen.  Cet  œuvre  est  com- 
posé de  trois  motets  à  cinq  voix ,  trois  idem  à 
six,  un  à  sept,  et  trois  à  huit  ;  Mulhausen  ,  1664, 
in-4°.  —  90  Collection  de  motets,  intitulée  :  Neu- 
veifaste  Chor-Mvsik,  à  cinq  ,  six,  sept, huit  et 
dix  voix;  Mulhausen,  1668. —  10" un  petit  traité 
latin  intitulé  :  De  Progressionibus  consonan- 
tiarum,  dont  la  date  et  le  nom  du  lieu  de  l'im- 
pression ne  sont  indiqués  par  aucun  bibliographe, 
et  que  je  n'ai  trouve  dans  aucune  bibliothèque. 
AHLE  (Je\n-Geoi'.ges),  fils  du  précédent, 
né  à  Mulhausen,  en  1650,  fut  organiste  à  l'é- 
glise de  Saint-Biaise,  et  sénateur  de  cette  ville, 
où  il  mourut  le  1'"'  décembre  1706,  à  l'âge  de 
cinquante-six  ans.  Il  était  encore  écolier  à  l'uni- 
versité lorsqu'il  fut  désigné,  à  la  mort  de  son 
père ,  pour  lui  succéder  dans  la  place  d'orgaïu'ste 
de  Saint-Biaise.  Poète  distingué,  il  fut  couronné 
en  cette  qualité  dans  l'année  1680.  Ahle  peut 
être  mis  au  nombre  des  écrivains  les  plus  fé- 


AHLE  —  AIBLINGER 


39 


coiuls  de  son  temps  ;  car,  depuis  1671  jusqu'à  sa 
mort ,  c'est-à-dire  pendant  trente  ans,  il  lit  pa- 
raître chaque  année  un  ouvrage  ,  soit  théorique, 
soit  pratique,  sur  la  musique.  Malheureusement, 
l'incendie  qui  éclata  à  Mulhausen  en  1689  en  a 
consumé  une  grande  partie  ;  ceux-mômes  qui  ont 
été  publiés  postérieurement  à  cette  époque  sont 
maintenant  fort  rares.  11  avait  eu    cinq  fds  et 
trois  filles;  mais  il  survécut  à  tous  ses  enfants. 
Il  a  publié  un  traité  théorique  intitulé   :    Vn},- 
truhtinne  odermusikalïscher  Gartenhist [iàv- 
din  des  divertissements  musicaux);  Mulhausen, 
16S7,  six  feuilles  inS",  On  trouve  au  commen- 
cement de  ce  petit  volume   une  épître  dédica- 
toire  en  vers  au  bourgmestre  de  Mulhausen,  une 
préface  et  quelqvies  pièces  de  vers  à  la  louange 
de  l'auteur.  A  l'égard  du  corps  de  l'ouvrage,  ce 
n'est  qu'un  commentaire  assez  pédant,  vide  d'i- 
dées, et  rempli  de  citations  hors  de  propos,  sur 
trois  chants  à  deux ,  trois  et  quatre  voix  com- 
posés par    Aille  dans  le  style  français  de  son 
lemps.  En  1690  il  donna  la  troisième  édition  de 
la  méthode  d«  cirant  de  son  père,  à  laquelle  il 
ajouta  des  notes  historiques  et  critiques  Irès-es- 
timées,  et  dans  l'année  1704  il  publia  la  qua- 
trième. Il  fit  paraître  en  1695  son  dialogue  du 
printemps,  intitulé  :  Mxisikalische  Frûhl'mgs- 
gespraeche,  Mulhausen,  in-8«;  en  1697,  le  dia- 
logue de  l'été  (  Musikalische  Sommergesprae- 
che),  ibid.,  in-8";  en  1G99,  celui  de  l'automne 
(  Musikal.    Herbstgespraeche) ;  ibid.,    in-8°, 
et  en  1701,  celui  àe  \\ii\ &T{Musikal.  Winter- 
gespraeche  ),  ibid.,  in-S",  tous  ayant  pourobjet 
les  règles  de  la  composition.  11  publia  aussi  une 
suite  de  dissertations  sur  la  musique  et  de  pièces 
instrumentales,  sous  le  nom  des  Muses.    CHo, 
formant  la  première  partie,  parut  en  1676  ;  Cal- 
iiope  et  Erato  en  1677  î  Eulerpe  en   1678; 
Thalie,  Therpsicore,  Melpomène  et  Polymnie 
en    1679;   Uranie  et   Apollon  en  1681  :  tous 
furent  imprimés  à  Mulhausen ,   in-4''.   lis  con- 
tiennent des  chants  à  quatre  voix.  L'introduc- 
•  tion,  renfermant  les  dissertations ,  parut  à  Mul- 
hausen, en  1694,   sous  ce  titre  :   Vnslrutische 
Clio,  Calliope,  Erato  und  Euterpe,  oderviu- 
sikalisch  Mayenlust.,  in-4°.  Enfin  on  a  de  sa 
composition  :  1°  Nette  zehn  geistiiche  Andach- 
ien  mit  2  und  1  mkal-und  1  ,  2,  3,  4,  ins- 
trumental Stimmen  zu  dem  Basso  continiio 
gesetz  ;  Mulhausen,  1671,  m-i°.—2°Instrumen- 
talischer  Frilhlingsmusik,  Erster  Theil  (Ma- 
sique  instrumentale  du  printemps);  ibid.,  1695, 
:n-4'';  Zweiter  Theil,  1696,  in-4"'.— 3»  ^Hwm- 
thige  zehn  vicrstimmige  Viol-di-gamba  Spiele 
(  Dix  pièces  agréables  à  quatre  parties  pour  la 
viola di gamba); ibid.,   1681,  in-4"' i"  Drey 


neue  vierstimmige  Bitlieder  (Trois  nouvelles 
prières  à  quatre  voix).  —  h°  Fûnf  schœne  Trost- 
lieder  (Cinq  beaux  chants  de  consolation  ). 

AHLSTROEM  (A.  J.  N.  ) ,  compositeur 
suédois,  très-  bon  organiste  de  l'église  Saint-Jac- 
ques, à  Stockholm,  et  pianiste  accompagnateur 
(le  la  cour,  né  vers  1762,  a  publié  son  premier 
œuvre  de  sonates  pour  le  piano  en  1783.  Cet 
ouvrage  était  gravé  sur  des  planches  de  cuivre. 
L'œuvre  deuxièmea  pour  titre  :  IV  sonates  pour 
le  clavecin  avec  l'accompagnement  d'un  vio- 
lon, op.  2;  Stockholm,  1786.  Plusieurs  autres 
ouvrages  de  musique  instrumentale  ont  été  aussi 
publiés  par  Ahlstroem  ;  et  il  s"'est  fait  connaître 
comme  compositeur  de  musique  vocale  par  des 
cantates  et  des  chansons  avec  accom.  de  clavecin. 
Cet  artiste  distingué  a  été,  pendant  deux  ans,  ré- 
dacteur d'un  JMimal  ou  écrit  périodique  sur  la 
musique  en  langue  suédoise,  qui  paraissait  à 
Stockholm  sous  ce  titre  :  Miisikaliskt  Tids/oer- 
drife  (Heures  de  loisir  musical).  Enfin,  on 
doità  Ahlstroeni,  en  société  avecM.  B.  C.  Boman, 
littérateur,  la  publication  d'une  très-intéressante 
collection  d'airs  populaires  suédois,  sous  le  titre  : 
Walda  svenska  Folkdansar  ocfi  Folkledar 
(  Choix  d'airs  populaires  suédois  et  de  danses 
nationales);  Stockholm,  Hirscli.  On  a  extrait  de 
cette  curieuse  collection  six  airs  chantés  à  Ber- 
lin par  Jenny  Lind,et  on  les  a  réimprimés  sous  ce 
titre  :  Schivedische  Volkslieder  mit  Schwedis- 
chem  original-Texte,  n°  1-6;  Berlin,  Bote  et 
Bock.  Ahlstroem  remplissait  encore  ses  fonctions 
d'organiste  en  1827,  dans  un  concert  spirituel 
donné  à  l'église  de  Saint-Jacques.  Il  était  alors 
âgé  de  soixante-cinq  ans. 

AIBLINGER  (Joseph-Gaspard),  né  àWas- 
serbourg  dans  la  haute  Bavière,  vers  1780,  entra 
en  1790  au  séminaire  de  Tegernsée,  pour  y  faire 
ses  études  littéraires  et  musicales.  L'abbé  Gré- 
goire Rottenkalber,  qui  gouvernait  alors  ce  mo- 
nastère, remarqua  bientôt  les  heureuses  dispo- 
sitions d'Aiblinger  pour  la  musique,  et  les  fit 
cultiver  avec  soin.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se 
rendit  à  Munich, où  son  concitoyen  le  professeur 
Joseph  Schlett  l'accueillit  et  lui  fournit  les  moyens 
de  continuer  ses  études  de  chant  et  de  compo- 
sition. Quelques  essais  de  composition  qu'il  fit 
dans  le  style  de  la  musique  d'église  de  l'Au- 
triche et  de  la  Bavière  furent  remarqués  à  la 
cour,  et  une  pension  lui  fut  accordée  pour  qu'il 
allât  perfectionner  son  talent  en  Italie.  11  y  ar- 
riva en  1802,  et  s'établit  d'abord  à  Bergame,  près 
de  son  compatriote  Mayr,  qui  le  fit  beaucoup 
écrire  sous  sa  direction.  La  vice-reine  d'Italie, 
princesse  de  Bavière,  devint  ensuite  la  pro- 
tectrice d'Aiblinger   :  il  se  fixa  à  Milan,  et  fui 


40 


AlBLmGER  —  AlCllINGER 


attaché  à  h  musique  du  \ice-roi ,  en  qualité  de 
second   maître  de  chapelle;  mais  i)ar  des  cir- 
constances  inconnues ,    il    s'éloigna    de    cette 
ville,  et  s'établit  à  Venise,   où   il   fonda   une 
institution  musicale  sous  le  nom  à^Odéon.  En 
1820  il  écrivit  à  Milan  la  musique  du  ballet  de 
Vigano  intitulé  :  Bianca,  représenté  au  théâtre 
<le   la   Scala  pendant  le  carnaval  ;  et  dans  la 
même  année  il  composa  aussi  I  Titani ,  -autre 
ballet  du  même  auteur.  Après  la  mort  de  Winter 
(en     1825)    Aiblinger    lut    appelé   à  Munich 
pour  y  occuper  la  place  de  second  maître  de  cha- 
pelle,  en  remplacement  de   Stunz ,   qui  venait 
d'être  élevé  à  la  place  de  premier  maître.  En  ISS."} 
il  voulut  revoir  l'Italie,  y  lit  un  second  voyage,  et 
s'arrêta  quelque  temps  près  de  son  ami  Simon 
Mayr.  Dans  ce  voyage  il  visita  Rome  ,  et  y  fut 
nommé  membre  de  l'Académie  de  Sainte-Cécile. 
Il  a  écrit  plusieurs  morceaux  de  musique  d'un 
bon  style,  et  s'est  fait  connaître  comme  composi- 
teur dramatique,  par   Rodrhjues  et  Chimène, 
opéra  en  trois  actes.  Lorsque  le  bel  ouvrage  de 
(iluck,  fphigénie  en  Tauride,  lut  mis  en  scène 
a  Munich,  pour  Mi'*^  Schechner  (postérieurement 
Mme  \Vaagen),   Aiblinger  ajouta  à  la  partition 
originale  une  grande  scène  pour  cette  cantatrice  ; 
ce  morceau,  dit-on,  ne  fut  pas  jugé  indigne  d'être 
entendu  près  de  la  belle  musique  du  créateur  de 
la  tragédie  lyrique.  Mais  le  nom  de  cet  artiste 
est  connu  surtout  par  sa  musique  d'église.  Ses 
compositions  eu  ce  genre  sont  celles  dont  voici 
les  titres  :  1°  Requiem  à  quatre  voix,  deux  vio- 
lons, alto,  orgue  et  basse,  deux  cors  obligés,  deux 
trompettes  et  timbales,  op.  1;  Munich,  Falter. — 
2"  Litanies  (en  si  b)  pour  quatre  voix  et  orchestre, 
op.  2  ;  ihld.  —  3°  Messelatine  (en/a)  pour  quatre 
voix,  orchestre  et  orgue,  op.  3;  i&id.— 4"Graduel 
et  offertoire  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto , 
deux  cors  et  orgue, op.  kyïbid.  —  b" Requiem^ 
([uatre  voix,  orchestre  et  orgue,  op.  5;  ibid.  — 
C'-'  Litanies  (  eu  ré)  à  quatre  voix  et  orchestre , 
op.  ç,\ibid.  — 1°  Deux  messes  latines,  la  première 
en  «;,  pour  r.4wn^,  à  quatre  voix  et  orgue,  op.  7, 
la  deuxième,   également  en  ut,    pour  les  di- 
manches, à  quatre  voix  et  orgue,  op.  8;  ibid 

8°  Ave  Regina,  à  quatre  voix  et  orgue ,  op.  11  ; 
ibid.  —9°  Cyclus  Zïceij  und  Dreij  Stimmen  Kir- 
chen  compost tionem  mit  Orgel,  Bass  iind  Vio- 
/o?îC;  Augsbourg,Kollmann.  Cette  collection  ren- 
ferme la  messe  de  sainte  Aldegonde  pour  deux  so- 
soprani  et  alto  ;  la  messe  de  sainte  Walpurge,  pour 
soprano  et  alto  ;  la  messe  de  sainte  Cécile ,  idem  ; 
la  messe  de  saint  Michel,  idem;  la  messe  de  la  fête 
des  trois  Rois  pour  deux  sopiani  ;  la  messe  Sa- 
lesia  pour  deux  soprani  et  alto;  cinq  graduels 
liour  deux  soprani,  ctcin<i  offertoires,  idem.  — 


10°  Kirchenmusik  fUr  kleinere  Stadt~und 
Landchbre  (Musique  d'église  pour  des  chœurs 
de  petites  villes  et  de  la  campagne  ),  ibid.  Cette 
collection  renferme  six  messes  solennelles  ou 
brèves,  pour  quatre  voix  et  orgue,  avec  des 
instruments  à  cordes  et  à  vent  ad  libitum. — 
11°  Messe  solennelle  pour  quatre  voix  et  orgue; 
Augsbourg,  Boehm.—  1 2o  Dix-sept  psaumes  de  vê- 
pres pour  quatre  voix,  orchestre  et  orgue,  op.  12  ; 
Munich,  Falter.-«  13°  Six  offertoires  et  six  gra- 
duels pour  cinq  voix  sans  accompagnement,  op. 
1.3  et  \k;îbid. — 14o  Deuxième  suite  du  Cijclus, 
contenant  les  Litanies  de  la  Vierge  pour  deux  so- 
prani, orgue,  violoncelle  et  contre-basse;  les  lita- 
nies pour  la  fête  des  trois  Rois,  idem;  un  Vent 
Sancte  Spiritus,  jiour  deux  soprani,  contralto, 
orgue  ,  basse  et  violoncelle  ;  un  Tantum  ergo 
sur  le  plain-chant,  avec  orgue;  et  un  Requiem 
sur  le  plain-chant,  suivi  du  Libéra,  avec  orgue; 
Augsbourg,  Boehm.  Pendant  .son  séjour  en  Ita- 
lie, Aiblinger  a  publié  chez  Riccordi,  à  Milan, 
une  pastorale  pour  l'orgue. 

AICH  (GoDEFiioy),  chanoine  régidier  de 
l'ordre  des  Prémontrés,  qui  vivait  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  à  Augs- 
bourg :  Fructus  ecclesiasticus  trium,  quatuor 
et  quinque  vocum,  duorum  vel  trium  instrum. 
cum  secundo  choro. 

AICHELBURG,  virtuose  sur  la  mandoline, 
fixé  à  Vienne.  On  a  de  lui  :  1°  Pot  pourri  pour 
mandoline  ou  violon  et  guitare,  œuvre  l''"; 
Vienne,  Haslinger. — 2°  Variations  pour  mandoline 
ou  violon  et  guitare,  œuvre  2'^;  ibid. —  3"  Noc- 
turne concertant  pour  mandoline  ou  violon  et 
guitare,  œuvre  3*  ;  ibid. —  4°  Variations  concer- 
tantes pour  mandoline  ou  violon  et  guitare, 
œuvre  4'^;  ibid. 

AICHINGER  (Grégoire),  prêtre  et  orga- 
niste de  Jacques  Fugger,  baron  de  Kirchberg  et 
Weissenhorn ,  à  Augsbourg,  naquit  vers  1565. 
En  1599  il  alla  à  Rome  pour  se  perfectionner 
dans  la  musique  ;  et  son  retour  à  Augsbourg  eut 
lieu  vers  ICOl.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort; 
mais  on  sait  qu'il  vivait  encore  en  1614,  car  il 
a  signé  la  préface  d'un  de  ses  ouvrages  le  5  dé- 
cembre 1613.  On  a  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Liber  l  sacraruni  eantionum ,  quatuor, 
quinque  et  octo  vocum,  cum  madrigales ; 
Augsbourg,  1590.  C'est  sans  doute  le  môme  ou- 
vrage qui  a  été  réimprimé  dans  la  même  année 
à  Venise,  chez  Ange  Gardane,  sous  ce  titre  :  Su- 
cra; cantiones  quatuor,  quinque,  sex,  octo  et 
decem  vocum,  cum  quibusdam  uliis,  quse  vo- 
cantur  Madriguli,  tum  vivxvoci,  tum  omni- 
bus niusicorum  instrumentis  accomodatx. — 
2°  Lib.lsacrarum  eantionum,  quatuor, quin' 


AlCHINGER  —  AIGUINO 


41 


Que  eô  sex  vocum,  cum  missa  et  Magnificai 
ncc  yion  dialogis aliquol ;\enhe,  1595.  —  3"  Sa- 
crx  Cantiones,  quinque,  sex,  septem  et  octo 
vocum,   dédiés   au   chapitre   de  la    cathédrale 
d'Augshourg;  Nuremherg,  1597. —  4°  Tricinïa 
Mariana  quibus  Antiphonx ,  Hymni,  Magni- 
ficat, LUanias  et  variée  Laudes,  etc.  ;  Inspriick, 
Agricola,  1598,  in-4".  —  5°  D'winee  Laudes  ex 
Jloridis  Jacobi  Pontani  excerptas,  trium  vo- 
cum; —  Augsbourg  ,  1602.  —  6°  Vespertinmn 
Virginis  Canticum,  consistant  en  un  magnificat 
à  six  voix ,  dédié  au  prince  Jean  Adam ,  abbé  de 
Kenipten;  Augsbourg,  1604.  —  1°  Ghïrlanda  di 
Canzonctte  spirituali  a  tre  voci;  Augsbourg, 
1 604.  —  8°  Fasciculus  sacrarum  harmoniarum, 
quatuor  vocum;  Dillingen,  1609.  —  9*^  Solemnia 
corporis  Christi  in  sacrificio   missas,   et  in 
ejusdemfesti  officiis  acpublicis  processionibus 
decantari  solita;  Augsbourg,  1606.  — 10°  Can- 
tiones ccclesiasticse ,  très  et  quatuor  vocum, 
cum  basso  generali  et  continuo,  in  usum  orga- 
nistarum;  Dillingen,  1607,  in-4o.  Cet  ouvrage 
est  remarquable  en  ce  qu'il  est  un  des  premiers 
où  les  mots  de  basse  continue  apparaissent.  — 
ilo  Vlrginalia  :  laudes  Virgine  Marix,  com- 
plexa  et  quïnis  vocibus  modulata;  Dillingen, 
1608,  ia-4ù.  —  U"  (bis)  Teutsche  Gesenglein 
(sic)  ans  dem  Psalter  sammt  anderngeistl.  Lie- 
dern  zu3  Stimmen  ;  Dillingen,  Meitzer,   1609, 
iD-40.  —  12"  Sacrx  Dei  Laudes  sub  officia  di- 
vïnoconcinendx,  quai-um  pars  priori,  6,  1,  8; 
postcrior  vero  2,  3,  4  et  5  vocum,  etc.  ;  Dillingae 
cxcudebutAdamMcltzer,  1009,  in-4o.  — 13°  Oda- 
ria  lectissima  ex  mcllitissimo  D.  Bernardi 
Jubilo  delïbata  modisque  niusicispartlm  qua- 
tuor, partim  ir'ium  vocum;  Francfort  et  Augs- 
bourg, 1011,  in-40.  —  14o  Corona  eucharislica 
duarum  et  trium  vocum;  Augsbourg,   1611, 
in-4o.  —  150  Vulnera  Christi  a  D.  Bernhardo 
salutata,  tribus  et  quut.  vocibus  musicx  de- 
flecta;  Dillingen,  in-4".  —  16"  Lacrymx  B.  Vir- 
ginis  et  Joannis  in  Christum  a  cruce  deposi- 
tummodis  musicis expressx ; \\\^&bomg,h\-ko. 
—  17"  Liturgica,  sive  sacra  officia  ad  omnes 
festos  quat.   voc;  Augsbourg,   1593,  in-t6. — 
18»  Zwei  Kingiieder  vom   Tod  und  letzten 
Gnricht    mit  4    Stimmen  ;  Dillingen ,    Greg. 
Haenlin,  1013.  Le  catalogue  de  l;i  bibliothèque 
musicale  du  roi  del^ortugal  Jean  IV  indique  aussi 
tme  collection  de  motels  à  trois  et  quatre  voix , 
d'Aichinger,  sous  ce  titre  ;  Quercus  Dodonea. 
AIGNER  (Engelbert),  composiieur,  né  à 
Vienne,  en  Autriche,  le  23  lévrier  1798,  est  fils 
d'un  marchand  de  1er,  qui  le  destinait  au  com- 
merce. Dès  l'âge  de  quinze  ans  il  écrivait  de  pe- 
tites compositions  que  l'abbé  Stadler  considéra 


comme  des  indices  d'une  heureuse  organisation 
musicale.  En  1835  il  obtint  la  place  de  chef 
d'orchestre  des  ballets  au  théâtre  impérial  ;  mais 
il  l'abandonna  deux  ans  après,  pour  se  rendre 
à  Idria,  avec  le  mécanicien  Wurm.  En  1839  il 
établit  une  grande  fabrique  de  machines  dans 
l'Autriche  supérieure.  On  ignore  les  motifs  qui 
lui  ont  fait  abandonner  cette  entreprise  en  1842. 
Depuis  lors  il  a  vécu  à  Vienne  sans  emploi ,  cul- 
tivant la  musique  comme  simple  amateur.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  ceux-ci  :  1°  Messe  à 
quatrevoix,  toute  en  canon;  Vienne,  Haslinger. — 
2»  Plusieurs  messes  avec  orchestre,  et  un  Be- 
quiem,  non  publiés.  —  3°  L'opéra  intitulé  Wun- 
derlilie  (Le  Lis  magique).  —  4"  Bas  ge/ieime 
ii'ettiier  (La  Fenêtre  secrète),  opéra-comique  joué 
en  1826.  —  50  Der  Angriffsplan  (Le  Plan  d'atta- 
que), représenté  au  théâtre  delà  porte  de  Carin- 
thie,  en  1829  ;  G»  Le  vaudeville  das  Hochzeits- 
concert  (Le  Concert  de  noces),  représenté  au 
théâtre  Kaernthnerthor,  le  29  novembre  de  la 
même  année.  —  7o  Beaucoup  de  musique  de  bal- 
lets pour  divers  théâtres  de  Vienne.  —  80  La  can- 
tate intitulée  :  Lob  der  Tonkunst  (  Éloge  de  la 
Musique  ),  exécutée  à  Vienne  en  1835.  —  90  Quin- 
tette pour  piano,  llùte,  violon,  alto  et  violoncelle 
(en  50/);  Vienne,  Diabelli — 10°  Six  chants  pour 
quatre  voix  d'homme;  Vienne,  Artaria. 

AIGRE  (  Henri -Barthélémy  ),  libraire  à 
Paris,  est  né  à  Angoulôme,  le  23  mai  1799. 
Disciple  de  Jacotot,  il  s'est  livré  à  l'enseignement 
par  la  méthode  de  son  maître,  d'abord  à  Bou- 
logne, puis  à  Strasbourg.  Le  peu  de  succès  qu'il 
obtint  dans  cette  dernière  ville  le  décida  à  venir 
s'établir  à  Paris.  On  a  de  lui  :  !«  V Enseignement 
universel  mis  à  la  portée  de  tous  les  pères 
de  famille,  par  un  disciple  de  J.  Jacotot  ;  Pans, 
P.  Dupont,  1 829-1830,  trois  parties  in-S».  La  troi- 
sième partie  traite  de  la  musique,  des  mathéma- 
tiques, de  la  théologie,  etc.,  en  80  pages —  2"  Bé- 
forme  à  faire  dans  la  manière  d^écrire  la 
musique ,  au  moyen  de  laquelle  les  commen 
çants  n'éprouveront  plus  de  difficulté,  soit 
dans  la  lecture ,  soit  même  dans  l'exécution. 
Par  un  ignorant  qui  frissonne  au  seul  nom  de 
bémol  ;  Varia,  Ladvocat,  1830,  in-8ode  16  pages. 

AIGUINO  (Illuminato),  surnommé  Bres- 
ciano,  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs  de  l'Obser- 
vance, au  couvent  de  Venise,  naquit  vers  1520 
au  château  degli  Orzi  vecchi,  dans  les  environs 
de  Bresse  ou  Brescia,  en  Lombardie.  Son  por- 
trait se  trouve  dans  les  deux  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés ,  et  l'on  y  voit  joint  à  ses  noms  celui  de 
capitano.  Le  portrait  publié  en  158i  n'a  même 
que  ce  nom,  qui  semble  indiquer  qu'avant  d'en- 
trer dans  son  n;onaslcrc,  Aiguino  avait  été  mi- 


42 


AIGRE  —  AIMOM 


litaiie,  et  qu'où  le  désignait  par  le  titre  qu'il 
avait  eu  dans  sa  première  profession.  Il  fut  élève 
de  Pietro  Aaron ,  et  publia  les  ouvrages  suivants  : 
1°  La  illuminaia  di  tutti  i  tuoni  di  can  to  ferma, 
con  alcuni  bellissinii  secreti,  non  d'altrui 
pmscnWi;Venise,  Ant.  Gardane,  1562,  in-4o. — 
20  jl  Tesoio  illuminato  di  tutti  i  tuoni  dicanto 
figurato,  con  alcuni  bellissimi  secreti,  non 
da  altri  piu  scritti ,  nuovamente  composta 
del  R.  P.  illuminato  Ayguino  Bresciano;  in 
Vcnezia,  presso  Gio.  Varisco,  1581,  in-4o.  Cet 
ouvrage  est  dédié  au  cardinal  Louis  d'Esté.  Les 
tifies  des  deux  livres  d'Aiguino  semblent  indi- 
quer une  diflérence  entre  les  tons  du  plain-chant 
et  ceux  de  la  musique  mesurée;  mais  le  contenu 
des  deux  ouvrages  démontre  que  dans  le  cliant 
de  l'église,  comme  dans  toute  espèce  de  musique, 
la  tonalité  était  identiquement  la  même  au  temps 
où  écrivait  Aiguino.  Dans  le  premier  de  ses  ou- 
vrages comme  dans  l'autre,  l'auteur  établit  qu'il 
y  a  huit  tons,  et  dans  tous  les  deux  il  explique 
la  formation  de  ces  tons  par  les  espèces  de  quartes 
et  de  quintes  dont  ils  sont  composés  et  qui  les 
caractérisent.  Le  trésor  illuminé  de  tous  les  tons 
du  cliant  (iguré  ne  diffère  du  précédent  ouvrage 
<(ue  par  les  chapitres,  où  Pauteur  disserte  sur 
l'emploi  des  dièses  et  bémols  accidentel!^  de  la 
musique  harmonique,  et  par  la  partie  de  son 
livre  relative  à  la  valeur  et  à  l'emploi  des  signes 
de  la  musique  mesurée. 

AIMON  (  Paki'hile-Léopold-François),  né 
àl'lsle,  déparlement  de  Vaucluse,  le  4  octobre 
1779  (l),  reçut  les  premières  leçons  de  musique 
ée  son  père.  Esprit  Aimon,  violoncelliste  attaché 
au  comte  de  Ranlzau ,  ministre  de  Danemark. 
Léopold  fit  des  progrès  rapides,  et  à  l'âge  de 
dix-sept  ans  il  dirigeait  l'orchestre  du  théâtre 
de  Marseille.  Il  s'appliqua  alors  à  l'étude  des 
partitions  des  meilleurs  compositeurs  italiens  et 
allemands  :  elle  lui  tint  lieu  d'un  cours  de  com- 
position plus  sévère.  Lorsqu'il  se  crut  suffisam- 
ment instruit,  il  écrivit  vingt-quatre  quatuors 
t>our  deux  violons,  alto  et  basse,  et  deux  quin- 
tettis  pour  deux  violons,  deux  altos  et  violon- 
celle; un  de  ces  derniers  a  été  gravé  à  Paris, 
chez  Jnnet,  ainsi  i\ue  vingt  et  un  quatuors. 

En  1817,  Aimon  alla  se  fixer  à  Paris  dans  le 
dessein  de  se  livrer  à  la  profession  de  composi- 
teur dramatique.  Son  opéra  des  Jeux  Floraux, 
reçu  à  l'Académie  royale  de  Musique  au  commen- 
cement de  1818,  fut  représenté  au  mois  de  no- 
vembre de  la  même  année.  La  musique  de  cet 

(i)  Celte  date  est  certaine.  M.  Ch.  Gabeta  été  induit  en 
erreur  lorsqu'il  a  fixé  (  dans  son  Dictionnaire  des  artistes 
de  l'École  française  au  dix-nniviéme  siècle;  Paris,  loôi, 
in-S"  )  l'cpoque  de  la  naissance  de  M.  Aimon  en  i78b. 


ouvrage  fut  trouvée  faible  et  dénuée  d'originalité. 
A  l'ouverture  du  Gymnase  dramatique,  en 
1821,  l'administration  de  ce  théâtre  s'attacha 
M.  Aimon ,  en  qualité  de  chef  d'orchestre.  C'est 
pendant  la  durée  de  son  service  qu'il  a.  composé 
de  jolis  airs  de  vaudeville  qui  sont  devenus  po- 
pulaires :  celui  de  Michel  et  Christine  a  eu  à 
juste  titre  une  vogue  peu  commune.  En  1822,  à 
la  retraite  de  Baudron,  chef  d'orchestre  du 
lliéàtre-Français,  Aimon  lui  succéda.  Après 
avoir  rempli  ces  fonctions  pendant  plusieurs  an-» 
nées,  il  y  a  renoncé,  et  a  eu  pour  successeur 
M.  Barbereau.  Depuis  lors,  Aimon  s'est  livré  sans 
réserve  à  l'enseignement,  après  avoir  perdu 
toutes  les  illusions  de  gloir*  qui  avaient  charmé 
sa  jeunesse. 

11  a  écrit  pour  l'Opéra,  Velleda,  en  cinq  actes; 
paroles  de  M.  de  Jouy  ;  Abu  far  en  trois  actes; 
Alcide  et  Omphale,  et  les  Cherusqiies ;  pour 
l'Opéra-Comique,  les  deux  Figaros ,  paroles  de 
Martineili  ;  ces  ouvrages  n'ont  point  été  repré- 
sentés. Les  compositions  musicales  qu'il  a  pu- 
bliées sont  :  1"  Quintette  pour  deux  violons  , 
deux  altos  et  violoncelle  ;  Paris,  Janet.  —  2°  Trois 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre 
4"  ;  Paris,  Hanry.  —  3°  Trois  idem.,  œuvre  6^  ; 
Paris,  Momigny.  —  4°  Trois  idem.,  œuvres  7"^,  8*, 
9*;  Paris,  Heniz —  5"  Trois  idem ,  œuvres  43", 
4€^;  Paris,  Pacini.  —  6"  Trois  idem,  œuvre  47^; 
Paris,  Janet.  — 7°  Trois  idem,  livre  4;  Paris, 
Frey.  —  8°  Trois  nouveaux  idem,  livres  5-8,  ibid. 
—  9"  Concertino  pour  le  violoncelle  ;  Paris,  Pa- 
cini. —  10°  Récréation  pour  deux  violoncelles,  cor 
et  piano,  ibid.  — 11°  Solo  pour  la  clarinette  avec 
accomp.  de  quatuor  ou  piano;  Lyon,  Arnaud.  — 
12"  Premier  et  deuxième  concerto  pour  le  bas- 
son; Paris,  Frey. —  13°  Quatuor  pour  le  piano; 
Paris,  Pacini.  —  14°  Plusieurs  œuvres  de  trios 
et  de  duos  pour  le  violon 15°  Duos  pour  gui- 
tare et  violon,  liv.  1-3;  Paris  Gaveaux. 

M.  Aimon  s'est  aussi  fait  connaître  comme 
écrivain  sur  la  musique  par  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  :  r  Connaissances  prélimi- 
naires de  Vharmonie,  ou  nouvelle  méthode- 
pour  apprendre  en  très-peu  de  temps  à  con- 
naître tous  les  accords;  Paris,  Frey,  1813,  en 
trente  petits  cartons  in- 12.  —  2o  Etude  élémen- 
taire de  Vharmonie,  ou  nouvelle  méthode 
pour  apprendre  en  très-peu  de  temps  à  con- 
naître tous  les  accords  et  leurs  principales 
résolutions,  ouvrage  agréé  par  GreYry  ;  Paris, 
Frey.  Ces  deux  titres  semblent  indiquer  le  même 
ouvrage.  Une  deuxième  édition  de  V Étude  élé- 
mentaire d'harmonie  a  été  publiée  à  Paris,  en 
1839;  3°  Sphère  harmonique ,  tableau  des  ac- 
cords ,  une  feuille  grand  raisin  ;  Paris,  Collinet> 


AIMOiN  —  ALARD 


43 


1827.  —  4°  Abécédaire  musical,  principes  élé- 
vientuires  à  l'usage  des  élèves,  un  vol.  in-12; 
Paris,  Hachette,  1831. 

AIROLDI  (...),  compositeur  italien,  a  fait 
ses  études  musicales  au  conservaloirc  de  Milan, 
sous  la  ditection  de  Pietio  Ray  et  de  Vaccai. 
Ses  premiers  essais  de  musique  dramatique 
ont  été  faits,  je  crois,  depuis  1848  :  ils  consis- 
tent en  trois  opéras,  à  savoir  :  1°  Don  Grego- 
fio  neW  imbarazzo,  opéra-bouffe.  —  2°  Adriano 
in  Stria,  opéra  sérieux,  et  Statira  Regina  di 
Persia.  J'ai  entendu  le  premier  de  ces  ouvrages 
à  Venise,  en  1850;  son  style  facile  et  la  verve 
de  quelques  morceaux  m'avaient  donné  bonne 
opinion  de  l'avenir  du  jeune  composileur  :  il  ne 
parait  pas  que  mon  espoir  se  soit  réalisé. 

AJOLLA  (François),  musicien,  né  à  Flo- 
rence dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle.  Poccianti,  qui  lui  a  donné  une  place  dans 
son  catalogue  des  écrivains  illustres  de  Florence, 
dit  que  Ajolla  fut  applaudi  en  Italie  et  en  France  ; 
il  ajoute  que  ses  compositions  imprimées  lui  ont 
procuré  une  brillante  réputation;  mais  il  n'in- 
dique ni  les  titres  de  ces  ouvrages,  ni  le  lieu, ni 
la  date  de  leur  impression ,  et  Negri  n'en  dit  pas 
davantage  dans  son  histoire  des  écrivains  llo- 
rentins,  {Istoria de'  Fiorentini  scrittori,  p.  181). 

A'KEMPIS.  Sous  ce  nom,  on  trouve  parmi 
les  manuscrits  de  la  bibliothèque  Bodléienne, 
à  Oxford  (  no  1957.  15),  dans  la  bibliothèque  de 
Saint-Marc,  àTenise,  et  dans  quelques  autres 
grandes  collections,  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Liber  de  Musica  ecclesiastica.  Ce  titre  est  al- 
légorique, et  l'ouvrage  dont  il  s'agit  n'est  autre 
que  le  livre  ascétique  de  l'Imitation  de  Jésus- 
Christ,  attribué  à  Gerson  par  quelques  bibliogra- 
phes modernes.  (  Voyez  Kemi-is.  ) 

A'KEMPIS  (Florent),  organiste  de  Sainte- 
Gudule  à  Bruxelles,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  publié  les  ouvrages  suivants  de 
sa  composition  :  1"  Symplionix ,  unius,  duo- 
mm  er  trium  vioUnorum ;  Anvers,  1644,  in- 
fol.  —  2o  Sijmphonise ,  unius  ,  duorum  ,  trium, 
quatuor  et  quinque  instrumentorum ,  ad- 
junctx  quatuor  instrumentorum  et  duarum 
rocum,  op.  2'^,  ibid.;  lC47,in-fol. — 3"  Sympho- 
nix,  unius, duorum,  trium,  quatuor  et  quin- 
que instrumentorum,  adjunctce  quatuor  ins- 
trumentorum et  duarum  locian,  op.  3";  ibid., 
1649,  in-lol.;  — i°  Missx  et  Motet  ta  octo  vocum 
cum  basso  continuo  ad  organum;  ibid.,  1650. 
—  5"  Missa  pro  Defanctis  octo  vocum.  Cet  ou- 
vrage existait  en  manuscrit  dans  la  maison  de 
Jeanïison,ou  plutôt  Tic/ion,  maîlre  de  chapelle 
des  princes  gouverneurs  des  Pays-Bas,  ainsi 
qu'on  le  voit  par  un  invenlairc,  daté  du  21  août 


1660,  qui  se  trouve  aux  archives  du  royaume 
de  Belgique,  à  Bruxelles. 

AKLROYD  (Samuel),  né  dans  le  comté 
d'Yorli,  vers  le  milieu  du  dix-septiènie  siècle,  a 
composé  la  musique  de  quelques  chansons,  qui 
ont  été  insérées  dans  la  collection  anglaise  inti- 
tulée :  Tlieater  of  music,  publiée  à  Londres  en 
1685,  1686  et  1687. 

ALA  (Jean-Baptiste),  compositeur  et  or- 
ganiste de  l'église  des  Servîtes  à  Milan,  né  à 
Monza,  dans  le  Milanais,  vers  la  (in  du  seizième 
siècle,  et  mourut  à  l'âge  de  trente-deux  ans. 
Gerber  (  Neices  hist.  biogr.  Lexikon  der 
Tonkiinstler)  dit  que  ce  fut  en  1612;  mais  cela 
paraît  peu  vraisemblable;  car  la  date  de  tous 
ses  ouvrages  est  postérieure  à  cette  époque. 

Il  a  publié  :  lo  Canzonette  e  madrigali  a 

due  voci ,  lib.  1  ;  Milan,  1617,  in-fol 2°  Con- 

certi  ecclesiastici ,  a  una,  due,  tre  e  quattro 
voci, Wh.  l;Milan,  1618;  lib.  2,  Milan,  1621; 
lib.  4,  1628.  On  ignore  la  date  du  troisième 
livie.  —  30  Armida  abbandonata ,  madrigal  à 
quatre  voix ,  et  f  Amante  occulto,  air  à  une  et 
deux  voix;  Milan,  1625,  in-fol.  — 4»  Pratum 
musicum  variis  cantionum  sacrarumjloscu- 
lis  ;  Anvers,  1634,  in-4o,  cinq  parties.  Ce  sont 
des  motets  à  une,  deux,  trois  et  quatre  voix,  avec 
basse  continue.  On  y  trouve  aussi  des  motets 
de  quelques  autres  auteurs  tels  que  Georges 
Massaûs,  Jacques  Mollet,  et  Henry  Libert 
Grœen. 

ALABIEFF  (...),  Russe  de  naissance,  vit 
en  ce  moment  (  1853  )  à  Moscou  ,  et  s'y  fait 
remarquer  par  le  charme  et  l'originalité  de  ses 
mélodies  sur  des  poésies  nationales.  Les  rensei- 
gnements manquent  sur  cet  artiôte. 

ALARD  (Lambert),  théologien  protestant 
et  poète  lauréat,  naquit  à  Crempé,  dans  le 
Holstein,  le  27  janvier  1602.  Après  avoir  achevé 
ses  études  dans  les  écoles  de  sa  ville  natale  et 
au  gymnase  de  Hambourg,  il  alla,  en  1 62 1 ,  à  Leip- 
sick,  où  il  obtintla  place  de  précepteurdes  enfants 
d'un  libraire  fort  riche ,  nommé  Henning  Cross. 
Ses  travaux  du  préceptorat  ne  l'empêchèrent  pas 
de  cultiver  les  lettres  avec  ardeur,  et  ses  succès 
furent  si  brillants,  qu'il  obtint  en  peu  de  temps 
le  grade  de  bachelier,  et  que  le  laurier  poétique 
lui  fut  décerné  dans  le  cours  de  l'année  1624, 
par  Mathieu  Hoe,  théologien  de  la  cour  de 
Dresde.  Ce  début  lui  promettait  une  carrière 
facile  ;  néanmoins,  il  échoua  dans  le  projet  qu'il 
avait  eu  d'être  professeur  de  philosophie  à  l'U- 
niversilé,  et  cet  échec  le  détermina  à  retourner 
chez  lui  vers  la  Hn  de  la  môme  année.  En  1625, 
Holger  Rosenkrantz,  sénateur  du  royaume  de 
Danuei'.ik,  envoja  Lambert   Alard  à  l'univer- 


44 


ALARD 


site  de  Sora,  en  qualité  4e  gouverneur  de  son 
^ils;  mais  il  ne  garda  pas  longtemps  ce  posle, 
■car  peu  de  mois  après  il  obtint  le  diaconat  à  l'é- 
glise de  Crempé ,  puis  il  fut  collègue  de  son  père 
jusqu'en  1630.  Il  avait  atteint  l'âge  de  vingt- 
huit  ans,  lorsque  le  roi  Ciirétien  IV  lui  accorda 
la  cure  de  Brunsbuttel ,  au  village  de  Ditlimarre 
sur  l'Elbe.  Il  était  âgé  de  plus  de  soixante-dix 
ans  lor.squ'il  cessa  de  vivre,  le  29  mai  1G72. 

Lambert  Alard  avait  été  marié  trois  fois ,  la 
première  en  1626,  la  seconde  en  1654,  et  la  der- 
nière en  1658.  De  ses  trois  femmes  il  avait  eu 
seize  enfants,  dont  quelques-uns  se  sont  distin- 
gués dans  les  sciences  et  les  lettres.  Lui-même 
fut  un  savant  homme,  qui  se  fit  remarquer  éga- 
lement comme  profond  théologien ,  comme  phi- 
lologue et  comme  poète.  De  nombreux  ouvrages 
ont  été  publiés  par  lui  ou  laissés  en  manuscrit. 
Parmi  les  premiers,  on  en  remarque  un  relatif  à 
la  musique,  et  qui  a  pour  titre  :  De  veterum 
Musica  Liber  singularis.  In  fine  accessit  Pselli 
sapientissimi  musica,  e  cjrœco  in  latinum 
sermonem  translata.  Sumplibus  Henningi 
■Grossi  jun.  Schleusingx,  excusus  typis  Pelrt 
Fabri,  1633,  in-4o.  Les  recherches  dont  cet  ou- 
vrage est  rempli  démontrent  que  son  auteur 
iwsscdait  ime  érudition  jieu  commune;  mais  en 
«lênie  temps  il  fournit  la  preuve  qu'Alard  con- 
naissait peu  l'art  sur  lequel  il  écrivait.  Vingt- 
neuf  chapitres  composent  tout  le  livre.  Le  pre- 
mier reulèrme  diverses  définitions  et  des  éloges 
de  la  nmsique  tirés  d'Aristote ,  de  Platon,  d'Isi- 
dore do  Séville  et  de  Censorin.  Au  second ,  l'au- 
teur examine  quel  est  l'objet  de  l'art.  Le  troi- 
sième est  relatif  aux  divisions  de  la  musique  sui- 
vant la  doctrine  des  anciens.  Au  quatrième, 
Ja  musique  est  considérée  dans  ses  rapports  avec 
la  physique,  la  métapliysique,  l'astrononne  et 
l'arithmétique.  Au  suivant,  l'auteur  la  considère 
dans  ses  rapports  avec  l'éthique  ou  la  philosophie 
pratique;  au  sixième,  avec  la  médecine  et  la 
théologie,  et  enlin  au  septième,  avec  la  poésie. 
Au  huitième,  Alard  examine  les  diverses  opi- 
nions des  écrivains  de  l'antiquité  sur  la  nécessite 
de  savoir  la  musique.  Les  chapitres  neuvième  et 
dixième  sont  relatifs  à  la  musique  instrumentale; 
îe  onzième  traite  des  intervalles;  le  douzième 
-des  modes;  le  quinzième,  des  effets  de  la  mé- 
lodie; le  seizième,  un  des  plus  curieux,  delà 
puissance  qu'a  la  musique  de  chasser  le  démon  ; 
les  dix-septième,  dix-huitième,  dix-neuvième, 
Tingtième,  vingt  et  unième,  vingt-deuxième,  vingt- 
troisième  et  vingt-quatrième,  des  diverses  dis- 
positions morales  que  la  musique  fait  naître  chez 
i'homme  ;  le  chapitre  vingt-cinquième  ,  de  la 
euusi(pie  profane  et  divine;  les  suivants,  de  la 


corruption  de  l'art,  du  meilleur  usage  qu'on 
peut  en  faire ,  et  des  inventeurs  de  la  musique 
dans  l'antiquité. 

La  version  latine  du  traité  de  musique  de 
Psellus  donnée  par  Alard  est  la  meilleure  qu'on 
ait  d«  cet  opuscule ,  dont  le  mérite  est  d'ailleurs 
fort  médiocre  :  on  la  préfère  à  celle  qu'Élie  Yi- 
net  a  publiée  à  Paris,  en  1557,  in-S'^. 

ALARD  (  Delt'iun  ),  professeur  de  violon 
au  Conservatoire  de  Paris,  et  compositeur  pour 
son  instrument ,  est  né  à  Bayonne ,  le  8  mars 
1815.  Un  penchant  irrésistible  pour  la  musique 
se  manifesta  en  lui  dès  ses  premières  années.  A 
l'âge  de  trois  ans  il  suivait  avec  bonheur  les 
corps  de  musique  militaire  qui  se  rendaient  sur 
les  places.  Sou  père ,  amateur  passionné ,  encou- 
ragea son  penchant,  et  lui  (it  étudier  la  musique 
vocale.  Dès  qu'il  fut  en  état  de  lire  à  première 
vue  les  solfèges  de  tout  genre ,  on  lui  mit  entre 
les  mains  un  violon  véritable,  au  lieu  de  ceux 
qu'il  improvisait  auparavant  avec  tout  ce  qui  lui 
tombait  sous  la  main.  Un  professeur  de  quelque 
mérite  lui  fit  étudier  de  bonne  musique;  et  ses 
progrès  furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  dix  ans, 
il  joua  un  concerto  de  Viotti  dans  une  représen- 
tation extraordinaire,  au  théâtre  de  Bayonne. 
L'effet  qu'il  y  produisit  fut  tel ,  que  des  amis  de 
sa  famille  engagèrent  son  pèie  à  lui  faire  conti- 
nuer ses  études  musicales  à  Paris.  11  y  arriva 
environ  dix-huit  mois  après,  et  fut  admis,  en 
1827,  à  suivre  le  cours  de  violon  de  Habeneck, 
comme  auditeur.  Une  de  ces  circonstances  inat- 
tendues qui  exercent  souvent  une  grande  in- 
fluence sur  le  sort  des  artistes  le  fit  admettre  à 
concourir  pour  le  prix  en  1829  ;  car,  au  moment 
de  l'épreuve,  le  courage  faillit  à  un  élève  de  Ha- 
beneck désigné  poui'  le  concoui-s  ;  il  se  retira,  et 
Alard ,  qui  avait  étudié  en  secret  le  concerto  d'a- 
près les  indications  du  maître,  mais  sans  avoir 
eu  de  leçons  personnelles,  se  présenta  ,  étonna 
le  professeur,  et  remplaça  son  condisciple  au 
concours.  Sa  témérité  fut  heureuse  ;  car  le 
deuxième  prix  lui  fut  décerné  à  l'unanimité;  et 
dans  le  concours  de  l'année  suivante,  il  emporta 
la  palme  sur  tous  ses  concurrents,  également  par 
une  décision  unanime  du  jury.  Admis  en  1831 
dans  le  cours  de  composition  de  l'auteur  de  cette 
notice ,  il  le  suivit  pendant  deux  ans ,  jusqu'à 
l'époque  où  le  professeur  donna  sa  démission 
pour  prendre  la  position  de  maître  de  chapelle 
du  roi  des  Belges  et  de  directeur  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles.  C'est  dans  ces  deux  années 
d'études  que  Alard  a  acquis  la  manière  d'écrire 
élégante  et  pure  qui  dislingue  ses  compositions. 
Entré  dans  l'orchestre  de  l'opéra  en  1831,  il  n'y 
resta  que  deux  années,  parce  qu'il  voulut  se  pré- 


ALARD  —  ALART 


4.y 


parer  une  meilleure  position ,  en  se  faisant  en- 
tendre clans  les  concerts.  Jouant  en  1831  à  la 
Soci<?té  (les  Concerts,  dans  la  salle  du  Coiiscr- 
vatoire,  la  polonaise  d'Habenock,  en  présence 
de  Paganini,  qui  venait  d'arriver  à  Paris,  ce 
grand  artiste  loua  beaucoup  son  talent,  et  ajouta 
ces  paroles  remarquables  :  Si  les  élèves  jouent 
comme  cela  ici,  comment  donc  doivent  joner 
les  maîtres  ?  Dans  un  anirc  concert  on  Alard 
venait  de  se  faire  entendre," Paganini,  qui  déjh 
éprouvait  pour  lui  un  vif  seniiment  de  bienveil- 
lance, lui  lit  don  dn  bouquet  qui  lui  avait  été 
offert  par  une  dame  à  son  entrée  dans  la  salle. 
En  1840,  Alard  entra  dans  la  musique  du  roi, 
dont  il  devint  premier  violon,  après  la  mort  de 
Baillot.  Il  remplaça  aussi  cet  artiste  illustre,  en 
1843,  comme  jjrofesseur  de  violon  dans  ce 
même  conservatoire  où  il  avait  commencé  ses 
sérieuses  et  fructueuses  études  seize  ans  aupa- 
ravant. En  ISnO,  il  a  reçu  le  diplôme  de  cbeva- 
lier  de  la  Légion  d'bonneur.  11  est  anjom-d'bui 
(1858)  violon  solo  de  la  cbapelle  impériale.  Le 
talent  de  cet  artiste ,  parvenu  à  sa  maturité,  a 
pour  caractère  distinctif  rallianrc  entre  les  qua- 
lités classiques  de  l'ancienne  et  grande  école 
avec  les  innovations  du  mécanisme  de  l^aganini 
et  d'autres  virtuoses  de  l'époque  actuelle  ,  par- 
ticulièrement en  ce  qui  concerne  la  main  gaiicbe. 
Grand  musicien,  nourri  des  beautés  delà  grande 
musique,  il  est  un  digne  interprète  des  œuvres 
de  Haydn,  de  Mozart  et  de  Heetboven  ,  et  dans 
le  solo  brillant,  il  a  des  bardiesses  et  des  délica- 
tesses qui  semblent  devoir  le  classer  parmi  les 
violonistes  d'exception  destinés  spécialement  à 
jouer  dans  les  concerts.  Quoique  jeune  encore, 
il  a  beaucoup  écrit  pour  son  instrument  avec 
accompagnement  d'orchestre,  de  quatuor  ou  de 
piano.  Ses  œuvres  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont 
celles-ci:  t»  V,  S^eto^Fantaisiessurdestlièmes 
01  iginaux,  op.  t ,  4, 5.  —  2"  Fantaisie  sur  les  thèmes 
de  Norma,  op.  9.  —  3»  Idem  sur/lM??a  Bolena, 
op.  tl.  —  4'»  Idem  sur  Linda  di  Chamoumj, 
op.  12.  —  5"  Idem  sur  Maria  Padilla,  op.  17. 
.—  6°  Idem  sur  la  Favorite,  op.  20.  —  7o  Idem 
(Souvenirs  île  iMozart),  op.  21.  —  8"  Idem  sur  Za 
Fille  du  régiment,  op.  28.  —  9o  Fantaisie  ca- 
ractéristique, op.  24.  — 10"  Premier  grand  con- 
certo pour  violon  et  orcbestre,  op.  15.  — 11°  Sym- 
phonie concertante  pour  deux  violons piincipaux 
et  orchestre,  op.  31.  —  12"  Six  études  pour  violon 
seul,  dédiées  à  Paganini,  op.  2.  —  13o  Dix  études 
avec  accompagnement  d'un  second  violon,  op.  to. 
—  14"  Idem  op.  16.  —  15"  Dix  études  caractéris- 
tiques avec  accompagnement  de  piano,  op.  18. — 
Ifio  Dix  études  dédiées  aux  artistes,  op.  19.  —  17° 
l"  quatuor  pourdeux  violons,  altoet  basse,  op.  8. 


—  ISoTrois  duoséiémentaires  pour  deux  violon.s, 
op.  22.  — 19°  Trois  duos  faciles  pour  deux  vio- 
lons, op.  23.— 20"  Trois  duos  brillants  pour  deux 
violons,  op.  27.  — 21"  Grand  duo  pour  piano  et 
violon,  op.  25.  —  22"  Tarentelle  pour  piano  et 
violon,  op.  14.  —  23"  Premier  nocturne  pour 
violon  avec  accomp.de  piano,  op.  6.  — ^k'' Souve- 
nirs des  Pyrdnce5,2'' nocturne,  op.  13.  —  25"  Bar- 
carolle  et  tarentelle,  pour  piano  et  violon,  op.  2R. 
— 1C)0  Élégie;  mouvement  perpétuel  ;  caprice,  op.  7. 
—27"  Villanelle,  op.  29. — 28"  Le  Désir,  fantaisie 
siu-  un  thème  de  Schubert,  op.  30.  —  29°  varia- 
tions brillantes ,  op.  3  —  30"  École  du  violon, 
méthode  complète  et  progressive  adoptée  pour 
l'enseignement  dans  le  Conservatoire  de  Paris, 
Cet  ouvrage,  dont  le  mérite  est  incontestable, 
a  obtenu  le  succès  brillant  et  solide  auquel  il 
pouvait  prétendre.  Il  en  a  été  publié  des  traduc- 
tions en  espagnol,  en  italien  et  en   allemand. 

ALARÏUS  (IIitAmE  VERLOGE,  connu 
sous  le  nom  d' ),  né  à  Gand,  vers  If84,  vint  h 
Paris  dans  sa  jeunesse  ,  et  fut  élève  de  Forque- 
ray  pour  la  viole.  Ayant  été  admis  dans  la  mu- 
sique du  Toi  comme  violiste,  il  occupa  celte 
place  pendant  plusieurs  années.  Vers  la  fin  Je 
sa  vie,  il  se  retira  dans  sa  ville  natale,  où  il  e?t 
mort  en  1734.  H  avait  écrit  la  musique  du  bal- 
let de  La  Jeunesse,  qui  fut  reçu  à  l'Opéra  en 
t718,  mais  qui  n'a  jamais  élé  représenté. 

ALART(SiMON)oDALAUD,contrapuntis»e 
français  du  seizième  siècle,  naquit  à  Péronue,  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  et  fut  chan- 
tre et  chanoine  de  l'Église  de  Saint-Quentin. 
Quentin  Delafons  dit  de  lui  (1)  :  «  Il  vivait  à 
«  Sôint-Quentin  environ  l'an  1530,  ce  que  je 
«  juge,  d'autant  qu'il  a  fait  faire  les  vitres  des 
«  grandes  croi.sées  du  portail  l'Amoureux,  aux- 
«  quelles  vitres  il  est  dépeint.  »  Le  même  écrivain 
nous  apprend  qu'il  fut  enferré  à  Saint-Quentin, 
dans  tes  bas-côtés  du  chœur  de  l'église  collégiale , 
devant  la  chapelle  de  Saint-Georges.  On  lisait  sur 
sa  pierre  :  Cij  git  vénérable  personne  maître 
Simon  Alard,  natif  de  Péronnc,  en  son  vi- 
vant chanoine  et  chantre  de  l'église  de  céans, 
et  très  passa  le  XVI  T....  Priez  Dieu  pour  le 
repos  de  son  âme  (2).  On  trouve  un  motet  de 
sa  composition  dans  la  collection  publiée  à  Ve- 
nise, en  1549,  sous  ce  titre  :  Fructus  vagantur 
per  orbem,  exccllcntissim.  auctornm  diversx 
modul.,  lib.  1.  L'Évangile  à  quatre  voix  de  ce  musi- 
cien, Dum  transisset  sabhatum,  se  trouve  dans 
le  recueil  fort  rare  intitulé:  Evangelia  Dominico- 

(i)  Mss  cité  par  >f.  Ch.  Gomart,  dans  ses  Notes  hhtori- 
ques  mir  la  maîtrise  de  ^aint-Qucntiv,  p,  »3. 
(1)  IjOC.  cit. 


46 


ALART  —  ALBANÈZE 


rum  et  festorum  dierum ,  musicis  numeris 
putcherrime  comprehensa  et  ornata  quatuor, 
quinque,  sex  etpluriiim  vocum.  Tomi  sex,  etc. 
l\'oribergx,  in  officina  Joannis  Montant  et 
Vlrici  Neuberi,  1554-1 550,  in-4°  obi.  La  com- 
position (l'Alart  est  dans  le  premier  volume  de 
la  collection,  sous  le  n"  27.  C'est  sans  doute  ce 
même  Alart  ou  Allaid  qui  figure  comme  mu- 
sicien de  la  chapelle  du  roi  de  France  Louis  XII 
(  1515)  dans  un  compte  de  dépenses  faites  pour 
les  obsèques  de  ce  prince,  lequel  se  trouve  aux 
arcliives  de  l'empire,  lettre  K,  n"  322. 

ALARI  ou  ALARY,  flûtiste  du  théâtre  de 
la  Scala,  a  fait  imprimer  deux  ouvrages  de  sa 
composition.  Le  premier  consiste  en  deux  thè- 
mes variés  pour  la  flûte  ,  Milan,  Bertuzzi,  et  le 
second  en  trois  thèmes  également  variés,  ibld. 
Si  cet  artiste  est  père  de  celui  qui  est  l'objet  de 
l'article  suivant,  son  nom  doit  être  écrit  Alary. 

ALARY  (Jules),  non  Atari,  est  né  de  pa- 
rents français  à  Milan,  vers  1815  et  il  y  a  fait  son 
éducation  musicale  au  Conservatoire,  sous  la  di- 
rection de  Basilj.Son  début  dans  la  carrière  de 
compositeur  dramatique  fut  l'opéra  intitulé  Ro- 
samonda,  qu'il  écrivit  pour  le  théâtre  de  la  Per- 
gola, à  Florence,  et  qui  fut  chanté  pour  la  pre- 
mière fois  le  10  juin  1840  par  la  Strepponi, 
M'"^  Laty,  Ivanhoff  et  Ronconi.  Dès  1835  il 
était  arrivé  à  Paris  et  s'y  était  fait  connaître 
par  une  complainte  sur  la  mort  de  Bellini,  pu- 
bliée dans  la  Gazette  musicale  de  Paris,  et 
par  plusieurs  scènes  lyriques  exécutées  arec 
succès  dans  quelques  salons  aristocratiques.  Dans 
l'année  suivante  il  reçut  un  bon  accueil  à  Lon- 
dres comme  accompagnateur  distingué  et  comme 
professeur  de  chant.  De  retour  à  Paris,  et  trou- 
vant dans  les  dii  ecteurs  de  théâtres  et  de  con- 
certs peu  d'empressement  à  faire  entendre  sa 
musique,  il  en  confia  l'exécution  à  l'orchestre  de 
Jullien,  qui  faisait  alors  courir  tout  Paris  au  bou- 
levard du  Temple.  Alternativement  à  Paris  et  à 
Londres,  il  y  donnait  des  concerts  où  il  faisait 
entendre,  tantôt  une  symphonie,  tanlôt  une  pièce 
de  chant,  par  exemple,  sa  jolie  barcarole  du  Lac 
de  Como  ;  mais  il  ne  parvenait  pas  à  se  faire  une 
véritable  renommée  de  compositeur,  nonobs- 
tant le  secours,  quelquefois  indiscret,  que  lui  ap- 
portait la  presse.  Cinq  années  se  passèrent  ainsi , 
après  quoi  Alary  eut  un  engagement  pour  écrire 
la  Rosamonda.  Les  journaux  parlèrent  encore 
d'un  grand  succès  ;  néanmoins  l'ouvrage  disparut 
bientôt  de  la  scène;  et  le  compositeur  parut  dé- 
couragé :  car  dix  années  s'écoulèrent  ensuite  sans 
qu'il  produisît  aucun  grand  ouvrage.  Ce  ne  fut 
qu'au  mois  d'avril  1851  qu'il  appela  de  nouveau 
V'ittention  sur  lui  par  l'exécution ,  dans  un  con- 


cert spirituel,  de  l'oratorio  La  Rédemption, 
auquel  on  avait  donné  le  nom  de  Mystère  en 
cinq  ac^e5.  Quelques  bonnes  parties  furent  signa- 
lées par  la  critique  dans  cet  ouvrage,  et  l'auteur 
fut  loué  pour  s'être  élevé  par  la  gravité  de  son 
style  à  la  hauteur  de  son  sujet.  Le  Tre  Nozze, 
opéra  bou  ffe  en  trois  actes,  qu'il  fit  jouer  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris  ,  présenta  le  talent  d'Alary  sons 
un  autre  point  de  vue.  On  y  trouva  de  la  fa- 
cilité, delà  gaieté,  de  l'entrain,  mais  peu  de  nou- 
veauté. On  a  publié  de  cet  artiste  :  lo  L'italia 
à  Bellini,  chant  à  voix  seule  avec  piano  ;  Milan, 
Riccordi.  —  2°  Ninetta,  ariette  idem;  Vienne,  Me' 
chetti.  —  30  Sicilienne,  idem  ;  Mayence,  Schott. 
—  40  Die  Treuedes  Erckarmers,  idem;  Bâle, 
Knop.  —  5°  Eleonora,  scène  idem;  Vienne,  Me- 
chelti. —  60  II  lago  di  Como,  barcaroUe,  idem; 
Mayence,  Schott.  Beaucoup  d'autres  pièces  de 
chant,  et  même  quelques  compositions  pour  le 
piano,  particulièrement  des  polkas  et  des  valses. 

Un  autre  artiste  nommé  Alary  (A.  F.  ),  peut- 
être  frère  du  précédent,  vit  à  Milan,  et  s'y  est 
fait  connaître  comme  pianiste  et  comme  com- 
positeur. Ses  ouvrages  publiés  sont  :  1»  Diver- 
tissements à  quatre  mains  pour  le  piano,  nos  i^ 

2,  3,  4  ;  Milan,  Riccordi 2°  Grande  fantaisie 

pour  piano  seul;  ibid. 

ALBANEZE  ou  D'ALBÎVAESE,  sopra- 
niste,  naquit,  en  1729,  au  bourg  ô'Albano  dans  la 
Poiiille,  d'où  lui  est  venu  vraisemblablement  son 
nom  (  Voy.  Lalande ,  Voyage  en  Italie,  tome  7, 
page  196,  2"®  édit.).  Élève  d'un  des  conserva- 
toires de  Naples,  il  vint  à  Paris  en  1747,  à  l'âge  de 
dix-huit  ans.  Il  fut  immédiatement  engagé  à  la 
chapelle  du  roi,  et  devint  premier  chanteur  aux 
concerts  spirituels,  depuis  1752  jusqu'en  1762.  Il 
est  mort  en  1800.  Les  ouvrages  les  plus  connus 
de  sa  composition  sont  les  suivants  :  lo  Airs  à 
chanter,  premier, deuxième ettroisièmerecueils; 
Paris,  sans  date,  in-4o,  obi.  —  2o  Les  Amuse- 
ments  de  Melpomène ,  quatrième  recueil  d'airs 
à  chanter,  môles  d'accompagnements  de  violon,  de 
guitare,  et  de  pièces  pour  ce  dernier  instrument,  par 
MM.  Albanèse  et  Cardon;  Paris  (S.  D.).  in-4o. 
— 30  Sixième,  septième  et  huitième  recueils  d'airs, 
avec  accompagnement  de  violon  et  basse,  in-40, 
obi.  —  40  La  Soirée  du  Palais  Royal,  nouveau 
recueil  d'airs,  avec  accompagnement  de  clavecin, 
in-40.  — 50  Recueil  de  duos  et  d'airs,  avec  sympho- 
nie,^ sans  accompagnement,  iri-fol.  — 60  Recueil 
d'airs  et  de  duos  à  voix  égales,  avec  basse  continue, 
œuvre  1 1""^;  Paris,  in-4o.  _  7o  Soirées  du  Bois  de 
Boulogne ,  nouveau  recueil  d'airs,  de  chansons  et 
duos  pour  le  clavecin,  avec  une  ariette  à  grand  or- 
chestre et  une  pièce  en  pantomime;  Paris,  in'4°, 
obi.  —  80  Recueil  de  duos  à  voix  égales,  roniaa''cSf 


ALBANÈZE  —  ALBENIZ 


4r 


branettcs  et  une  cantate  de  Peigolèse  (Or/eo), 
tant  avec  accompagnement  de  clavecin  que  de 
violons,  alto  et  basse  chilfrée;  I^aris  (S.  D.  ), 
iij.foi.  —  90  i,es  petits  Riens,  nouveau  recueil  de 
ciiansons  et  romances  avec  accompagnement  de 
piano  ;  l'aris,  in-4o.  —  too  Romances  en  dialogue, 
avec  accompagnement  de  piano  et  violon.  — 
110  Romances  de  Rosemonde,  imprimée  en 
caractères  mobiles  d'Olivier,  Les  mélodies  d'Al- 
banèse  ont  eu  longtemps  en  France  un  succès  de 
vogue  justifié  par  leurs  formes  gracieuses  et 
par  le  sentiment  naïf  et  tendre  dont  elles  étaient 
eJtipreintes.  La  romance  charmante,  Que  ne 
suis-je  la  fougère ,  est  d'Albanèse  :  les  paroles 
avaient  été  composées  par  Riboutté,  grand  père 
de  l'auteur  de  VAssemblée  de  famille.  Cette 
romance  est  faussement  attribuée  à  Pergolèse 
dans  le  recueil  des  Chants  populaires  de  la 
France,  publié  à  Paris  par  Delloye,  3  vol.  gr. 
jn-80  illusJré. 

ALBAIXI  (Mathus),  fabricant  de  violons, 
qui  a  eu  de  la  réputation,  naquit,  en  1621,  à 
Botzen,  ou  Bolzano,  ville  du  TyroJ.  Il  fut  un  des 
meilleurs  élèves  de  Sleiner.  Gerber  cile  de  cet 
artiste  un  violon  qui  portait  intérieurement  ces 
mots  :  Mathias  Albanus  JecU  in  Tyrol.  Bul- 
sani,  1654.  Les  instruments  d'Albani  occupent  à 
peu  près  dans  le  commerce  de  la  lutherie  le 
même  rang  que  ceux  de  Klotz,  le  père.  Ses  vio- 
lons ont  les  voûtes  de  la  table  frès-élevées;  son 
vernis  est  d'im  rouge  tirant  sur  le  brun.  La  troi- 
sième et  la  quatrième  corde  ont  le  son  nasal  ; 
la  seconde  a  de  la  puissance  et  de  la  rondeur  ;  la 
chanterelle  a  de  l'éclat,  mais  en  même  temps  elle 
a  de  la  sécheresse  et  manque  de  moelleux.  Al- 
bani  mourut  à  Bolzen  en  1673  (  Voy.  Moritz  Ber- 
man,  Œsterreichisches  biographisches  Lexi- 
kon,  tom.  I,  p,  69  ). 

ALBAIXI  (Mathias),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Bolzen,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Après  avoir  appris  la  facture  des  instru- 
ments chez  son  père,  et  avoir  travaillé  dans  les 
ateliers  de  Crémone,  il  se  fixa  à  Rome,  et  y  fa- 
briqua beaucoup  d'instruments  qui  ont  été  esti- 
més presque  à  l'égal  des  Amati.  Gerber,  qui  l'a 
confondu  avec  son  père,  cite  de  lui  deux  violons 
qui  ont  appartenu  au  violoniste  et  compositeur 
Albinoni ,  dont  un  perlait  la  date  de  1702 ,  et 
l'autre  celle  de  1709. 

ALBAINI  est  aussi  le  nom  d'un  luthier  qui 
travaillait  en  Sicile  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  Ses  instruments  ne  portent 
pas  de  prénom,  et  l'on  ne  sait  rien  de  sa  vie. 
M.  T.  Forster,  amateur  anglais  qui  s'est  fixé  en 
Belgique,  et  qui  possède  une  nombreuse  collec- 
tion de  violons  do  toutes  les  écoles,  a  parmi  ses 


instruments  un  petit  violon  dont  le  volume  de 
son  est  puissant ,  et  dont  la  forme  a  de  l'ana- 
logie avec  les  vieux  instruments  allemands.  Il  a 
pour  inscription  intérieure  :  Signor  Amîani  in 
Palermo,  1633. 

ALBANO  (Marc),  compositeur  napolitain, 
naquit  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Il  s'est  fait  connaître  par  des  madrigaux  à  cinq 
voix,  dont  le  premier  livre  a  été  publié  à  Naples, 
chez  Vitali,  en  1616,  et  le  second,  chez  le  même, 
en  1619. 

ALBEiXIZ  (Don  Pedro),  moine  espagnol, 
né  dans  la  Biscaye  vers  1755,  fut  d'abord  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Saint-Sébas- 
tien. En  1793  il  passa  à  Logrono  pour  y  remplir 
les  mêmes  fonctions  dans  l'église  cathédrale; 
mais  le  séjour  de  cette  ville  n'ayant  pas  été  fa- 
vorable à  sa  santé,  il  retourna  à  Saint-Sébastien, 
où  il  publia,  en  ISOO,  une  méthode  de  musique 
avec  des  solfèges,  ouvrage  estimé  en  Espagne. 
Très-laborieux  et  possédant  une  instruction  so- 
lide dans  son  art,  le  P.  Albeniz  a  produit  une 
très-grande  quantité  de  messes,  vêpres,  office 
des  morts,  motets,  Vilhancicos,  etc.,  qui  lui  ont 
fait  une  grande  réputation  dans  toutes  les  pro- 
vinces environnantes  ;  mais  toutes  ces  composi- 
tions sont  restées  en  manuscrit.  Albeniz  mourut 
à  Saint-Sébastien,  dans  la  soixante-sixième  an- 
née de  son  âge,  vers  1821. 

ALBENIZ  (Don  Pedho),  pianiste,  orga- 
niste et  compositeur  espagnol,  né  à  Logrono , 
danslaVieille-Castille,  le  14  avril  1795,  était  fils 
de  D.  Mathieu  Albeniz,  qui  fut  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  collégiale  de  Logrono ,  puis  de 
l'église  Santa-Maria,  à  Saint-Sébastien.  Le  jeune 
Albeniz  fit  ses  premières  études  musicales  sous 
la  direction  de  son  père.  Doué  des  plus  heu- 
reuses dispositions,  ses  progrès  furent  rapides. 
A  l'âge  de  dix  ans  il  obtint  la  place  d'organiste 
adjoint  de  la  paroisse  de  Saint- Vincent,  dans  la 
capitale  de  Guipuzcoa.  Peu  de  temps  après , 
l'orgue  de  l'église  Saint-Jacques  de  Bilbao  étant 
devenu  vacant,  la  place  fut  mise  an  concours, 
et  Albeniz  balança  les  suffrages  accordés  à  un 
organiste  nommé  Aguierra^  qui  obtint  l'emploi 
et  qui  plus  tard  fut  premier  organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Jaen.  Après  avoir  continué  ses 
études  de  composition,  Albeniz  se  rendit  à 
Paris  dans  le  dessein  de  perfectionner  son  talent 
de  pianiste  par  les  leçons  de  Henri  Herz.  Il  eut 
aussi  des  conseils  de  Kalkbrenner  avant  de  re- 
tourner en  Espagne.  En  1828,  il  fut  chargé  de' 
l'organisation  et  de  la  direction  de  la  musique 
pour  les  fêtes  royales  à  l'occasion  de  l'arrivée  du 
roi  et  de  la  reine  à  Saint-Sébastien;  puis  il  re- 
tourna une  seconde  fois  à  Paris,  noiir  consulî«'p 


48 


ALBENIZ  —  ALBERGATI 


l'auteur  de  cette  notice  sur  un  plan  d'études  de 
composition  pratique.  L'âge  avancé  de  son  père 
ayant  obligé  celui-ci  à  prendre  sa  retraite  des 
fonctions  de  maître  de  chapelle  de  l'église  Santa- 
Maria,  la  place  lui  fut  donnée  en  1829.  Dans 
le  courant  de  l'année  suivante ,  Albeniz  fit  un 
voyage  à  Madrid  avec  le  violoniste  Escudcro  : 
ils  y  donnèrent  quatre  concerts,  dans  lesquels  tons 
deux  obtinrent  de  grands  succès.  Appelés  à 
Aranjuez ,  où  se  trouvait  la  cour,  ils  y  firent 
applaudir  leur  talent,  et  le  7  juin  Albeniz  reçut 
sa  nomination  de  professeurde  piano  et  d'accom- 
pagnement au  Conservatoire  de  musique  de  Ma- 
drid, qui  venait  d'être  institué  par  la  reine  Marie- 
Christine.  Fixé  dans  la  capitale  de  l'Espagne,  il 
y  contribua  au  progrès  de  la  population  dans  la 
musique.  Le  27  octobre  1834  il  ajouta  à  son 
titre  de  professeur  du  Conservatoire  celui  de  pre- 
mier organiste  de  la  chapelle  royale.  Le  reste  de 
la  carrière  de  cet  artiste  fut  une  succession 
d'honneurs  et  de  faveurs  qu'il  reçut  de  ses  com- 
patriotes et  de  la  cour.  En  1838,  il  fut  nommé 
vice-président  de  la  junte  directrice  du  Lycée 
artistique  et  littéraire  de  Madrid  ;  deux  ans  après, 
sa  méthode  de  piano  fut  adoptée  pour  l'ensei- 
gnement au  Conservatoire,  et  le  jury  lui  ac- 
corda les  plus  grands  éloges  sur  le  mérite  de  cet 
ouvrage;  le  5  avril  1851,  il  reçut  sa  nomination 
de  maître  de  piano  de  la  reine  Dona  Isabelle,  et 
de  l'infante-Marie-Louise-Ferdinande;  le  5  no- 
vembre 1843,  il  eut  le  brevet  de  chevalier  de 
l'ordre  d'Isabelle-la-Catholique  ;  et  le  13  décembre 
de  la  même  année  la  grande  croix  de  l'ordre  de 
Charles  III  lui  fut  décernée  par  la  reine,  en  té- 
moignage de  satisfaction  pour  ses  services  ;  enfin, 
le  18  juin  1847,  il  reçut  un  nouvel  honneur  dans 
sa  nominalion  de  secrétaire  de  la  reine. 

Albeniz  a  eu  le  mérite  de  fonder  en  Espagne 
l'école  moderne  du  piano.  Tous  les  pianistes 
distingués  qui  se  trouvent  dans  le  pays  et  jusque 
dans  l'Amérique  du  Sud  ont  été  ses  élèves.  Avant 
lui,  l'art  de  jouer  de  cet  instrument  était  à  peu 
près  ignoré  des  musiciens  espagnols.  Ce  profes- 
seur, dont  le  nom  est  en  honneur  dans  toute  l'Es- 
pagne, est  mort  à  Madrid,  le  12  avril  1855,  à  l'Age 
de  soixante  ans.Ses  ouvrages,  au  nombre  d'environ 
soixante-dix  œuvres  se  composent  de  variations , 
de  fantaisies,  etde  rondos  surdes  thèmes  d'opéras, 
d'airs  nationaux  ou  originaux  pour  piano  seul, 
pour  piano  à  qustre  mains,  et  pour  piano  avec  ac- 
compagnement de  deux  violons  et  violoncelle.  Sa 
méthode  de  piano,  adoptée  pour  l'usage  de  l'en- 
seignement au  Conservatoire  de  Madrid,  a  été 
publiée  dans  cette  ville,  en  1840.  On  a  de  lui  des 
études  pour  le  piano,  œuvres  56  et  60,  ainsi  que 
quelques  mélodies  pour  le  chant. 


ALBERGANTE  (Ettore  Sfxondino),  iWo- 
logien,  orateur,  poëte,  naquit  à  Oméga,  terre  du 
Milanais.  Il  enseignait  les  belles-lettres  au  col- 
lège de  Saint-Jules  vers  1636.  De  là  il  passa  à 
Rome,  où  il  fut  secrétaire  du  cardinal  Palotta, 
puis  de  Pichi,  archevêque  d'Amalfi.  Il  fut  en- 
suite rappelé  dans  sa  patrie  par  l'évêque  Tor- 
nicUo,  qui  le  fit  visiteur  de  son  diocèse.  Il  mou- 
rut le  10  octobre  1698.  Au  nombre  de  ses  ouvra- 
ges on  remarque  celui  qui  a  pourtitre  :  Problema 
academico  sopra  la  musica;  Como,  1656.  Cet 
écrit ,  qui  n'est  vraisemblablement  qu'un  opus- 
cule, est  devenu  si  rare ,  qu'on  ignore  quel  est 
son  objet  spécial.  On  a  aussi  de  ce  savant  :  Can- 
zonette  spirihiall  e  Terzettl,  che  si  cantano 
nellacittà  d'Amalfi;  Naples,  16i4. 

ALBERGATI  (  Pirro  Capacelli),  comte, 
d'une  très-ancienne  maison  de  Bologne ,  vivait 
vers  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-huitième.  Quoiqu'il  fût 
seulement  amateur,  il  est  compté  parmi  les 
compositeurs  distingués  de  son  temps.  Il  a  écrit 
plusieurs  opéras,  entre  autres  Gli  Amici,  en 
1699,  et  II  Principe  selvaggio,  en  1712.  Il  a 
puhlié  aussi  les  ouvrages  suivants  :  1°  Baletti , 
correnti,  sarabande,  e  gighe  a  violino  e  vio- 
lone,  con  il  seconda  violino  a  beneplacito, 
opéra  1^  ;  Bologne,  1682,  réimprimé  en  1685.  — 
2o  Sonate  a  due  violini,  col  basso  continua 
per  l'organo,  ed  un  altro  a  beneplacito  per 
teo7-bo,ovioloncello,operà2, 1683.  —  3°  Cantate 
morali  a  voce  sola,  op.  3;  Bologne,  1685.  — 
4»  Messa  e  Salmi  concertati  ad  una,  due,  tre 
e  quattro  voci,  con  stromenti  obligati  e  ri- 
pieni,  a  beneplacito ,  op.  4  ;  Bologne,  1687.  — 
5°  Plettro  armonico  composta  di  dieci  sonate 
da  caméra,  a  due  violini,  e  basso ,  con  vio- 
loncello obbligato,  op.  5,ibid.,  1687 — 6°  Can- 
tate dacamera  a  voce  sola,  op.  6,  ibid.,  1687; 
1"  Giobbe,  orfl/orio; Bologne,  \&%^.  —  ^° Motetli 
e  anti/one  délia  B.  M.  V.  a  voce  sola  con 
stromenti,  op.  8  ;  Bologne,  1691.  — 8"  Concerti 
vari  a  tre,  quattro  e  cinque,  op.  9  ;  Modène , 
1702.  —  9°  Cantate  spirituali  ad  una,  duee  tre 
voci,  con  stromenti,  op.  10;  Modène,  1702. 
—  10°  Inno  e  Antifone  délia  B.  M.  V.  a  voce 
sola  con  stromenti  ;  Bologna ,  Silvani  ,1715.  — 
lt°  Cantate  in  pregio  di  Santa  Maria  à  voce 
sola,  op.  6  ;  Bologne  1717.  —  12°  Motetti  con  il 
responsorio  di  S.  Antonio  di  Padova,  à  4  î;ocj, 
op.  15;  Bologna,  Silvani,  iUl.  —  iS"  Cantate  ed 
Oratorio  apiii  voci,  op.  17  ;  Bologne,  1714.  — 
14°  Messe  e  Litanie  delta  Beata  Maria  Yir- 
gine,  eTantum  ergo  a  4  voci  op.  16;  V^enezia 
Ant.  Bartoli,  1721. —  \b<^ Cantate spii-itîiali a  1, 
2  e  3  voci,  opéra  nona  ;  Modena,  1702,  in-4°. 


ALBERGHETTI  —  ALBERT 


49 


ALBERGHETTI  (Bernard),  chantre  de 
l'église  Sainte-liarlMi,  à  Mantoue,  vers  le  milieu 
<lii  dix-septième  siècle ,  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  Missarum  octo  vocibus,  opus  1"^; 
Venise,  Vinrenti,  1649,  in-4°. 

ALBERGHI  (  Ignace  )  ténor  de  demi-carac- 
tère, brilla  sur  les  théâtres  d'Italie  et  à  Dresde  , 
dans  les  dernières  années  du  dix-huitième  siècle. 
Uans  l'automne  de  17S2,  il  chanta  au  théâtre 
San-Mosè,  de  Venise,  la  Casa  rara,  de  Mar- 
tini ,  avec  Thérèse  Siiggi  Cappeletti.  Trois  ans 
aj)rès,  il  brilla  an  théâtre  de  Dresde.  On  le  re- 
trouve au  Fonda  de  Naples,  en  1792.  On  ignore 
si  ce  chanteur  est  le  même  artiste  dont  on  exé- 
cuta des  vêpres  en  musique  à  l'église  de  Lugo, 
en  1788. 

ALBERIC,  moine  de  Mont-Cassin ,  et  car- 
dinal, né  à  Trêves,  vers  1020,  vécut  à  Rome 
depuis  1059.  Il  est  mort  dans  la  même  ville  en 
llOG.  Parmi  ses  écrits  on  trouve  un  dialogue  X>e 
Musica,  dont  le  manuscrit  se  conservait  dans 
la  bibliothèque  des  frères  mineurs  de  Sainte- 
Croix  ,  à  Floience.  Cependant  l'ouvrage  n'exis- 
tait plus  à  l'époque  où  Mazzuchelli  écrivait  son 
livre  sur  l'histoire  littéraire  de  l'Italie. 

ALBERICI  (PiKRKE-JosEpu),  poète  et  com- 
positeur, né  à  Orvietto,  vivait  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  VEsilio  di  Adamo  et  di  Eva  dal 
paradiso  terrestre,  dialogo  per  musica  a 
quattro  voci;  Orvietto,  1703,  in-4''. 

ALBERS  (J...).  On  connaît  sous  ce  nom 
linit  marches  de  parade  et  quatre  pas  redoublés 
poin-  le  piano;  Hambourg,  Cranz. 

ALBERT  (le  Grand),  évêque  de  Ratis- 
bonne  et  scolastiqne  célèbre,  de  la  famille  des 
comtes  de  Bolstedt,  naquit  à  Laningen,  en 
Souabe,  vers  l'année  1193.  Il  lit  ses  premières 
études  à  Pavie,  et  ne  tarda  pas  à  surpasser  tous 
ses  condisciples.  Le  dominicain  Jordanus,  qui 
lut  un  de  ses  maîtres,  le  décida  à  entrer  dans 
l'ordre  de  Saint-Dominique  en  1221.  L'étendue 
de  ses  connaissances  lui  fit  confier  une  chaire  de 
philosophie,  et  il  se  rendit  à  Paris  pour  y 
expliquer  la  physique  d'Aristote.  Ensuite  il  alla 
à  Cologne,  où  il  fixa  sa  résidence.  Il  fut  élevé 
successivement  à  la  dignité  de  provincial  de  son 
ordre,  en  Allemagne,  et  d'évêque  de  Ratisbonne; 
mais  il  quitta  son  évêchéau  boutdetrois  ans,  pour 
retourner  dans  sa  retraite  deCologne,  où  il  mourut 
en  1280,âgédequatre-vingt-septans.  La  force  de 
son  génie  et  ses  vastes  connaissances  rélevèrent 
beaucoup  au-dessus  de  son  siècle ,  et  il  serait 
au  premier  rang  parmi  les  philosophes ,  s'il 
tût  né  dans  un  temps  plus  favorable  au  dé- 
veloppement  de  ses  facultés.   On  le  considère 

RIOCR.   UNIV.    DES    MUSICIENS     T.     I. 


comme  le  plus  fécond  polygrapho  qui  ait  existé. 
Une  partie  de  ses  œuvres  a  élé  recueillie  par  le 
dominicain  Pierre  Jamni,  et  publiée  à  Lyon,  en 
ICSl,  en  21  volumes  in-fol.  ;  ou  y  trouve  un 
traité  De  Musica,  et  un  commentaire  sur  les 
problèmes  d'Aristote  concernant  la  musique. 

ALBERT  ou  ALBERTO,  de  Mantoue, 
excellent  luthiste ,  fut  connu  généralement  en 
Italie,  dans  la  première  partie  du  seizième 
siècle,  sous  le  nom  de  il  Montavano  (  Le  Man- 
touan),à  cause  du  lieu  de  sa  naissance.  Quel- 
ques pièces  de  cet  artiste  ont  été  insérées  dans 
un  recueil  très-rare  qui  a  pour  tilre  :  Intabo- 
latura  di  Liuta  da  diversi  can  la  Battaglia  et 
allve  case  bellissime,  di  M.  Francesco  da 
Milano,  in  Vinegia,  per  Francesco  Marcolini 
da  Forii,  1536,  petit  in-4°  oblong.  Albert  de 
Mantoue  fut  le  contemporain  et  le  rival  de  Fran- 
cesco de  Milan  et  de  Marco  del  Aquila.  (  Voyez 
ces  noms.  ) 

ALBERT  ou  ALBERTO,  de  Milan,  ha- 
bile luthiste,  vécut  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  A  celte  époque,  le  luth  était 
l'instrument  par  excellence,  non-seulement  pour 
l'accompagnement  de  la  voix ,  mais  aussi  pour 
l'exécution  des  pièces.  Les  Italiens,  particulière- 
ment les  Milanais,  se  distinguèrent  par  leur  talent, 
soit  comme  exécutants,  soit  comme  compositeurs 
pour  lehith.  On  trouve  quelques-unes  de  leurs  toc- 
cales,  fantaisies,  saltarelleset  pavanes  dans  un  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  fntabolatura  di  Liuta  de 
diversi  autori  novamente  stampata  :  et  con 
diligcntia  revisla.  Stampata  ne  la  cita  de 
Milano,  per  Jo.  Antonio  Casteliono,  al  prinïo 
de  maggio  1536,  petit  in-4o  oblong.  Les  auteurs 
dont  on  trouve  des  pièces  dans  ce  recueil  sont 
Francischo  (sic)  da  Milano,  M.  (Maestro) 
Alberto  da  Milano;  M.  Marcha  {i^ic}  da  Ln- 
quila;  M.  Jo.  Jacobo  Albutio  da  Milano, 
M.  Petro  Paolo  Borrono  da  Milano,  et  quel- 
ques autres  artistes  moins  connus,  ou  ano- 
nymes. 

ALBERT  V,  duc  de  Bavière,  fils  de  Henri- 
Guillaume  IV  et  dri  Marie-Jacques,  fille  du  mar- 
grave Philippe  de  Bade,  naquit  le  29  février  1528. 
Ayant  succédé  à  son  père  le  6  mars  1550,  il  gou- 
verna la  Bavière  pendant  vingt-neuf  ans,  et  mou- 
rut à  Munich  le  24  octobre  1579.  Ce  prince, 
dont  l'éducation  avait  été  soignée,  possédait  des 
connaissances  étendues  pour  son  temps.  Il  fut 
un  prolecteur  zélé  des  arts  et  des  lettres;  la 
musique  et  la  peinture  furent  parliculièremeiit 
encouragées  dans  ses  Étids  pendant  sou  règne. 
Les  plus  célèbres  musiciens  belges  du  seizième 
siècle  furent  appelés  à  sa  cour  ;  à  leur  tête  il 
tant   placer   Roland  de  Lassus,  pour  lequel  il 

4 


50 


ALBERT 


avait  une  prédilection  particulière.  Ce  fut  aussi 
ce  prince  qui  fonda  la  belle  galerie  de  tableaux 
qu'on  admire  encore  aujourd'liui  à  Munich.  Il  y 
a  environ  cinquante  ans  qu'on  découvrit  par 
liasard  dans  les  murs  du  château  ducal  des  ar- 
moires secrètes  qui  étaient  restées  inconnues 
jusqu'alors  ;  l'une  de  ces  armoires  contenait  un 
coffre  en  fer,  fermé  de  plusieurs  serrures  qu'on 
ne  put  ouvrir  qu'en  les  brisant,  et  l'on  y  trouva 
une  grande  quantité  de  beaux  manuscrits  sur 
vélin,  ornés  de  peintures  magnifiques,  reliés  en 
velours  et  enrichis  de  fermetures  du  plus  beau 
travail  en  or  et  en  vermeil.  Ces  manuscrits 
avaient  appartenu  au  duc  Albert,  qui  les  avait 
fait  exécuter  par  les  artistes  les  plus  habiles  de 
son  temps.  La  plupart  étaient  des  livres  de  tour- 
nois et  d'armoiries  de  la  maison  de  Bavière;  mais 
parmi  eux  se  trouvaient  quelques  volumes  qui 
contenaient  des  œuvres  musicales  de  Lassus, 
ornées  de  peintures  d'une  grande  beauté  etexé- 
culées  avec  beaucoup  de  luxe.  On  trouvera  à  l'ar- 
ticle de  Lassus  (  Roland  de  )  une  description  de 
ces  manuscrits,  dont  l'existence  prouve  le  goût 
passionné  que  le  duc  Albert  avait  pour  la  mu- 
sique. 

ALBERT  (Henri),  compositeur  et  poète, 
naquit  à  Lobenstein,  dans  le  Voigtland ,  le 
28  juin  1604.  Il  étudia  d'abord  la  jurisprudence 
à  l'université  de  Leipsick,  et  ensuite  la  musique 
à  Dresde.  En  1626  il  se  rendit  à  Kœnigsberg, 
où  il  obtint,  en  1631,  une  place  d'organiste.  11  est 
mort  dans  celte  ville,  le  10  octobre  1651.  Parmi 
les  cantiques  qu'on  chante  encore  en  Prusse ,  il 
s'en  trouve  quelques-uns  qui  ont  été  composés 
par  Albert;  on  cite  entre  autres  celui-ci:  Gott 
des  Himmels  und  der  Erden.  Ses  airs  sacrés, 
qui  ont  paru  d'abord  en  sept  parties  séparées,  ont 
eu  un  succès  prodiijieux,  et  le  méritaient.  Reichardt 
assure  que  toutes  ses  mélodies  sontexcellenles. 
Tel  était  l'empressement  qu'on  mettait  à  se  les 
proctuer,  qu'un  grand  nombre  d'éditions  purent  à 
peine  suffire  à  l'avidité  du  pu'olic,  et  que,  malgré 
les  privilèges  qui  avaient  été  accordés  à  Albert 
par  l'empereur,  le  roi  de  Pologne,  et  le  prince  de 
Brandebourg,  il  s'en  fit  deux  contrefaçons  à 
Dant/ick  et  à  Kœnigsberg,  du  vivant  de  l'auteur, 
lequel  se  plaint  amèrement  de  cette  spoliation 
qui  le  privait  de  la  seule  ressource  qu'il  eût 
pour  vivre.  Après  la  mort  d'Albert,  plusieurs 
éditions  de  ses  airs  sacrés  furent  encore  publiées, 
et  Ambroise  Profe  les  inséra  dans  le  recueil  de 
mélodies  qu'il  publia  à  Leipsick  en  1657,  in-8". 
Malgré  toutes  ces  réimpressions ,  ces  mélodies 
sont  aujourd'hui  fort  rares,  et  il  est  presque  im- 
possible de  s'en  procurer  un  exemplaire  complet. 
La  première  édition  parut  sous  ce  litre  ;  Poctisc/i 


Musikalisches  Lust-Waeldlein,  das  ist  Arien 
oder  Melodeyen  Etlicher  theils  geistlicher, 
theils  welUicher,  zur  Andacht,  guien  Sitlen, 
Keuscher  Liebe  xmd  Ehren-Lust  dienender 
Liedei:  In  ein  Positiv,  Clavlcembel,  Theorbe 
oder  anderes  VoUstmmiges  Instrument  zu 
singen  gesetz  (  Forêt  poético-muskale  ou  re- 
cueil d''airs  religieux  et  mondains,  pour 
chanter  avec  accompagnement  d''orgue  por- 
tatif ,  de  clavecin,  de  théorbe,  etc.  );  Kœnigsberg 
(sans  indication  d'année),  petit  in-fol.  C'est 
probablement  ce  même  ouvrage  dont  il  parut 
huit  parties,  et  dont  chacune  a  eu  plusieurs  édi- 
tions. La  première  édition  des  huit  parties  a  été 
publiée  par  l'auteur  lui-môme,  en  format  in- 
folio, depuis  1638  jusqu'en  1650.  Chaque  partie 
a  paru  séparément;  quelques-unes  ont  été  réim- 
primées quatre  fois,  d'autres  trois  :  l'imprimeur 
était  Jean  Reusner,  de  Kœnigsberg.  Les  titres 
des  diverses  parties  ont  des  variétés  assez  nom- 
breuses, mais  de  trop  peu  d'importance  pour 
être  rapportées  ici.  Première  partie ,  Kœnigs- 
berg, 1638,  sept  feuilles  in-folio,  réimprimée  en 

1642,  dans  la  même  ville.  Deuxième  partie,  î6k/., 

1643,  sept  feuilles  in-fol.  La  préface  de  cette 
seconde  partie  contient  de  bonnes  règles  d'accom- 
pagnement en  neuf  paragraphes.  La  troisième 
partie  à  paru  à  Kœnigsberg,  en  1644,  sept  feuilles 
in-fol.  On  y  trouve  une  bonne  prc'ace  sur  l'exé- 
cution musicale.  La  quatrième  partie  est  datéede  - 
1645;la cinquième, de  1646;lasixième,  de  1647; 
la  seplième,  de  1648;  et  la  huitième  a  paru  en 
1650,  avec  une  double  table  de  matières.  Les 
huit  parties  réunies  ont  été  réimprimées  en  1652 
à  Kœnigsberg;  en  1657  h  Leipsick;  en  1659 
dans  la  même  ville;  en  1676  à  Kœnigsberg;  et 
enfin  à  Leipsick  en  1687.  On  a  de  Henri  Albert 
un  autre  ouvrage  à  trois  voix,  en  partition,  avec 
basse  continue  pour  l'orgue  ou  autres  instruments 
(l'accompagnement  :  cette  œuvre  a  pour  titre  : 
Partitura  oder  Tabulatiir  Henrich  Albert's 
musikalischer  Kiirbshûtten  mit  drey  Stim- 
men ,  woraus  selbige  Stûcklein  auff  einem 
Positiv  oder  Instrument,  etc.  (  Parlition  ou  Ta- 
blature des  berceaux  de  feuillage  musicaux  de 
Henri  Albert,  à  trois  voix,  etc.  ).  Sans  indication  de 
lieu  et  sans  date;  4  feuilles  in-fol.  Matlheson  cite 
aussi  dans  son  Ehrenpfqrte  {[>.  10")  un  traité 

■  le  contre-point  manuscrit,  sous  ce  tilre  :  H.  Al- 
berti  traclatiis  de  modo  conficiendi  contra- 
puncta.  On  présume  que  cet  ouvrage  n'est  qu'un 
extrait  des  préfaces  de  ses  airs  sacrés.  Albert 
a  été  indiqué  sous  le  nom  lYAlberti  dans  le 
premier  Lexicon  de  Gerber  et  dans  le  Diction- 
naire historique  de  Choron  et  Fayolle. 
ALBERT   (Jean-Vuédéric),  organiste  de 


ALBKRT  —  ALBERTAZZI 


51 


ia  cour  de  Saxe  et  de  la  catliédrale  de  Mcrse- 
boiirg,  né  à  Tliuningen,  dans  le  duché  de  Scliles- 
wig,  le  11  janvier  1642,  (il  ses  premières  études 
au  gymnase  de  Stralsnnd,  Il  y  reiicouira  le 
maître  de  ciiapeile  Vincenro  Atbrici,  que  la  reine 
Cliiistine  de  Suède  avait  amené  d'Italie  «pielcuje 
temps  auparavant,  et  dont  les  ouvrages  éveillè- 
rent en  lui  le  goût  de  la  musique. 

Après  avoir  fait  un  voyage  en  France  et  «n 
Hollande,  Albert  se  rendit  à  l'académie  de  Ros- 
lock ,  où  il  lit  un  cours  de  théologie  pendant 
deux  ans  :  il  y  prêcha  même  plusieurs  fois, 
La  faiblesse  de  son  organe  l'obligea  d'aban- 
donner la  tiiéologie,  et  il  se  livra  à  l'étude  de  la 
jurisprudence.  Après  cinq  ans  d'études  à  l'uni- 
versité de  Leipsick,  il  fut  en  état  de  soutenir 
deux  tlièses  publiques,  La  jurisprudence  ne  lui 
fit  cependant  pas  oublier  la  musique;  il  se 
perfectionna  dans  cet  art  par  les  leçons  de 
Werner  Fabricius,  organiste  de  l'église  Saint- 
Nicolas. 

Ses  talents  lui  méritèrent  l'attention  de  Chré- 
tien I,  duc  de  Saxe,  qui  le  nomma  orgahiste  de 
la  cour  et  de  la  chambre,  et  l'appela  en  cette 
qualité  à  Mersebourg,  avec  promesse  d'avoir  soin 
de  sa  fortune.  Albert  accompagna,  peu  de  temps 
après  le  duc  dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Dresde, 
ïl  y  retrouva  Albrici,  son  pftniier  maître,  qui 
.venait  d'arriver  de  France,  pour  prendre  posses- 
sion de  ia  charge  de  maître  de  ciiapeile  que  l'é- 
lecteur lui  avait  conférée.  Albert  prit  de  lui  des 
leçons    régulières  tant  de  composition  que  de 
clavecin,  et  le  récompensa  magnifiquement.  A 
son  retour  de  Dresde,  il  se  livra  à  la  composi- 
tion, et  écrivit  beaucoup  pour  l'église,  l'orgue  et 
le  clavecin  ;  mais  aucun  de  ses  ouvrages  n'a  été 
publié.  La  Bibliothèqueimpériale,  à  Paris,  possède 
en  manuscrit  un  Libéra  à  quatre  parties  de  la 
composition  d'Albert.  Waltlier  cite  avec  éloge  un 
recueil  de  douze  ricercari  pour  l'orgue,  de  sa 
composition.  Par  suite   d'une  forte  apoplexie, 
Albert  devint  paralytique  du  côté  droit,  ce  qui 
le  mit  hors  d'état  d'exercer  la  musique  pendant 
les  douze  dernières  années  de  sa  vie.  Il  mourut 
(e  14  juin  1710,  âgé  de  soixante  ans. 

ALBERT  (Jean-Frédé«ic  ) ,  recteur  à 
Nordhausen  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  fait  imprimer  une  dissertation 
sur  la  nécessité  de  joindre  la  musique  aux  étu- 
des littéraires,  sous  ce  litre  :  De  Jucitnda  artis 
musicx  Conjunctionc  cum  literarum  studio; 
Nordhausen,  1778,  une  feuille  et  demie,  in-4o. 

ALBERT  (M™*  Aucustlne),  connue  d'a- 
hord  sous  le  nom  de  M'ie  Himm ,  avant  qu'elle 
eût  épousé  Albert,  danseur  de  l'Opéra,  est  née  à 
Paris  le  28  août  1791.  Admise  d'abord  comme 


élève  pour  lesolfége  au  Conservatoire  de  musique, 
le  15  vendémiaire  au  X,  elle  devint,  au  mois  de 
février  1803,  élève  de  Plantade  pour  le  chant; 
le  premier  prix  lui  fut  décerné  l'année  suivante. 
Les  leçons  qu'elle  a  reçues  de  Crescentini,  lorsque 
ce  grand  chanteur  fut  attaché  à  la  musique  de 
Napoléon  ,  ont  achevé  de  former  son  talent,  et 
A'an  faire  une  cantatrice  distinguée.  En  1806, 
elle  a  débuté  à  l'Opéra  avec  succès  et  a  été 
attachée  au  théâtre  de  la  cour  et  à  la  chapelle 
impériale.  Fatiguée  par  le  réjHîrtoire de  l'Opéra, 
la  voix  de  M"'"  Albert  a  peidu  de  bonne  heure 
une  partie  de  son  éclat  et  de  sa  justesse,  et, 
quoique  jeune  encore ,  elle  s'est  retirée  de  l'O- 
\)én\  et  n'a  conservé  que  son  emploi  à  la  chapelle 
du  roi.  Après  1830,  elle  s'est  retirée  à  Versailles. 

ALBERT  (François-Auguste -Charles-Ek- 
MANUEi-),  prince  de  Saxe-Cobouig,  époux  de  la 
reine  d'Angleterre  Victoire  I",  né  le  26  août 
1819,  marié  à  Londres  le  10  février  1840,  a  cul- 
tivé avec  goût  la  musique  dès  sa  première  jeu- 
nesse. Après  avoir  commencé  l'étude  de  cet  art 
à  la  cour  de  son  père  ,  le  duc  alors  régnant  de 
Saxe-Cobourg,  ce  prince  la  continua  à  Bruxelles 
pendant  son  séjour  à  la  cour  de  son  oncle,  le 
roi  des  Belges  I^éopold  i*\  Le  chant  et  la  com- 
position sont  les  parties  de  l'art  dont  il  s'est  oc- 
cupé de  préférence.  Phisieurs  antiennes  ,  un  Te 
Deum,  un  Jubilate,  un  Sanctus,  et  des  Répons, 
composés  par  lui,   ont  été  exécutés  à  diverses, 
époques  dans  les  chapelles  royales  du  château:   ; 
de  Windsor  et  de  Londres.  Le  prince  Albert  a  .ci) 
écrit  aussi  des  mélodies   pour  voix  seule»  ïletïK 
Glees,  et  des  morceaux  dédiant  à  plusieurs  voix_,]u 
pour  les  concerts  de  la  cour.  On  a  publié  troisr  ■• 
suites  de  chansons  et  de  romances  composées  . 
par  lui,  à  Ronn,  chez  Simrock. 

ALBERTAZZI  (  Alexajsdue  ),  compositeur 
et  professeur  de  piano,  né  en  1783,  à  Stagne, 
dans  le  Parmesan,  reçut  les  picmières  notions 
de  musique  à  Parme  du  P.  Gius.  Valeri,  carme' 
milanais,  et  passa  ensuite  sous  la  direction  de 
Vr.  Forlunati  pour  le  chant  et  le  contre-point. 
Ses  compositions  pour  l'église  sont  estimées  ;  on 
connaît  aussi  de  lui  un  opéra  intitulé  :  GliAmanli 
raminghi,  et  beaucoup  de  musique  de  piano.  Il 
est  \\\é  à  Gônes. 

ALBERTAZZI  (  M"'^  Emma),  née  à  Lon- 
dres le  1*"^  mai  1814,  était  fille  d'un  professeur 
de  musique,  nommé  Howson.  On  lui  fit  d'abord 
étudier  le  piano,  et  elle  parut  destinée  à  cultiver 
cet  instrument;  mais,  lorsqu'elle  eut  atteint  l'âge 
de  quatorze  ans,  sa  voix  se  développa  avec  une 
précocité  rare,  et  peut  être  se  liâta-t-on  trop  de 
l'exercer.  Le  professeur  Costa  lui  donna  les  i)re- 
mières  leçons  de  l'art  du  chant,  et  à  peine  avait- 


fi. 


d2 


ALBERTAZZI  —  ALBERTI 


elle  commencé  à  poser  le  son  et  h  faire  les  pre- 
miers exercices,  qu'on  la  fit  débuter  dans  un 
concert  donné  à  Argyll-Roms.  L'année  suivante 
(1830),  on  la  mit  au  Théâtre-Italien  (King's 
Théâtre  ),  et  elle  y  eut  on  engagement  pour 
quelques  rôles  de  contralto,  entre  autres  celui  de 
Pippodans  La  Gazza-Ladra.  Peu  de  mois  après, 
elle  partit  pour  l'Italie  avec  son  père.  Elle  y  eut 
un  engagement  pour  le  théâtre  de  Plaisance.  Ce 
fut  dans  cette  ville  qu'im  avocat,  nommé  Alber- 
tazzi ,  en  devint  amoureux  et  l'épousa ,  avant 
qu'elle  eût  atteint  sa  seizième  année.  A  cette 
même  époque,  Celli,  compositeur  dramatique  et 
bon  professeur  de  chant ,  se  chargea  d'achever 
son  éducation  vocale,  et  lui  fit  faire  de  bonnes 
études  de  vocalisation  pendant  une  année.  Elle 
débuta,  en^832,  au  théâtre  de  la  Canobbiana, 
dans  VAdelina  de  Generali  ;  puis  elle  fut  engagée 
an  théâtre  de  la  Scala,  pour  les  rôles  de  contralto. 
Elle  y  chanta  dans  plusieurs  ouvrages  avec 
M'"*  Pasta,  qui  l'encourageait  et  lui  donnait 
des  conseils.  Appelée  à  Madrid  au  commence- 
ment de  1833,  elle  y  brilla  pendant  deux  ans  et 
acquit  de  l'aplomb  et  de  l'expression  dramatique. 
V.n  1835  on  lui  offrit  un  engagement  au  Théâlre- 
Italien  de  Paris ,  où  se  faisaient  alors  et  se  dé- 
faisaient les  réputations  de  chanteurs.  M"'^  Al- 
bertazzi  n'eut  qu'à  se  féliciter  d'avoir  accepté 
les  propositions  qui  lin'  avaient  été  faites;  car 
cette  époque  fut  la  plus  belle  de  sa  carrière. 
Pendant  trois  ans  elle  chanta  alternativement  à 
Paris  et  à  Londres  sur  les  deux  Théâtres-Italiens, 
et  toujours  avec  de  beaux  succès.  En  1838  elle 
accepta  un  engagement  au  théâtre  de  Drnry- 
Lane  pour  y  chanter  ia  Gazza-Ladra,  traduite 
en  anglais  :  elle  y  excita  un  véritable  enthou- 
siasme; mais,  bientôt  après,  sa  voix  commença  à 
se  ressentir  de  l'imprudence  qu'on  avait  faite  en 
la  faisant  chanter  trop  tôt.  Le  mal  fit  d'assez 
rapides  progrès.  Ses  succès  an  théâtre  furent 
d'abord  douteux.  Elleespéra  guérir  de  cette  affec- 
tion par  le  séjour  de  l'Italie;  mais  ces  maladies 
de  l'organe  vocat  sont  toujours  sans  remède. 
Elle  chanta  encore  à  Padoue,  à  Milan,  à  Trieste; 
mais  elle  n'était  plus  que  l'ombre  d'elle-même 
De  retour  à  Londres  en  (846,  elle  y  chanta  pour 
la  dernière  fois  ;  et  une  maladie  de  langueur  qui 
la  minait  la  conduisitau  tombeau,  dans  le  mois 
de  septembre  1847. 

ALBERTI  (CnRÉTiEN-EnxEST -Rodolphe  ), 
professeur  de  chant,  d'origine  italienne,  se  ren- 
dit en  Russie  vers  1833,  puis  se  fixa,  en  1835,  à 
Dantzick,  en  qualité  de  directeur  d'une  société  de 
chant.  Troisannées  plus  tard  il  était  à  Berlin,  où  il 
publia  son  troisième  recueil  de  clianls,  composé  île 
^ix  mélodies  pour  bariton,  et  intitulé  :  Der  Kiie- 


ger  (Le  Guerrier  ).  En  1846,  cet  artiste  paraissait 
établi  définitivement  à  Marienwerder,  ville  de  la 
Prusse  occidentale ,  où  il  a  publié  im  écrit  qui  a 
pour  titre  :  DieMusik  inKircheundSclmle{  La 
musique  dans  l'église  et  à  l'école)  ;  Marienwer- 
der, Baumann,  1845,  in-8".  Le  quatrième  recueil 
de  chants  d'Alberti  intitulé  :  Der  Liebe  Lust 
undLeide  (Les Plaisirs  et  les  Peines  de  l'Amour) 
a  paru  à  Berlin,  chez  Bote  et  Bock,  et  les  cin- 
quième et  sixième  recueils,  contenant  chacun 
cinq  chants,  ont  été  publiées  chez  Wagenfiilir, 
dans  la  même  ville. 

ALBERTI  (Jean-Frédéric).  Voyez  Al- 
bert (  Jean-Frédéric  ). 

ALBERTI  (Gaspard),  compositeur  napo- 
litain, et  rîligieux  de  l'ordre  de  Saint-Augustin, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle. 
On  connaît  sous  son  nom  :  1°  Il  primo  libro 
délie  messe  ,  dal  proprlo  uiitore  novamente 
poste  in  luce;  Venetia,  app.  Hieronimo 
Scotto,  1549,  in-4°.  Ce  recueil  contient  la  messe 
à  quatre  voix  intitulée  :  Quxramus  cum  pasto- 
ribus;  la  messe  à  cinq  voix  :  Italia  mea,  et  la 
messe  à  cinq  voix  Dormandhm  giorno  a  Baia. 

ALBERTI  (  Innocent),  musicien  au  service 
du  duc  Alphonse  de  Ferrare,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  naquit  à  Tarvisio,  en 
Illyrie.  11  est  connu  par  une  collection  de  ma- 
drigaux à  cinq  voix  de  sa  composition  qui  se 
trouve  en  manuscrit  autographe  dans  la  collec- 
tion du  MMse'MW  britannique,  sous  les  n°*  36-40 
de  l'ap|)endice.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Anno 
Domini  MDLXVIII.  Pro  illuslrissimo  ac 
excellentissimo  Domino  Henrico  Comiti  de 
Arundelle,  Quadraginta  et  sex  cantiones  in 
italica  lingua  (quod  vxilgo  vacant  Madrigali) 
ad  quinque  voces ,  composifo  ab  Innocent io 
Alberti  de  Tarvisio,  in  presentiarum  musico 
illustrissimi  ac  excellentissiml  Principis  Do- 
mini Alphonsi,  Diicis  Ferrarix ,  et  ab  illo 
notate  ac  scripte,  anno  superscriplo. 

ALBERTI  (  Joseph-Mattuieu),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Bologne,  en  IG85,  fut  élève 
de  Charles  Manzolini  pour  le  violon,  puis  de 
Pierre  Minelli.  Florian  Aresti  lui  enseigna  ensuite 
le  contre-point.  Ses  études  terminées,  il  se  fit 
connaître  par  son  talent  et  obtint  l'emploi  de 
premier  violon  à  l'église  Saint- Pétrone.  En  1714 
l'Académie  des  Philharmoniques  de  Bologne  l'ad- 
mit au  nombre  de  ses  membres,  et  il  en  fut  prince 
en  1721.  Le  premier  œuvre  de  sa  composition, 
intitulé  Concerti  a  sci ,  a  été  publié  à  Bologne 
en  1713.  Son  second  œuvre,  consistant  en  douze 
sonates  pour  violon  seul,  avec  accompagnement 
de  basse  continue  pour  le  clavecin,  a  par»  dans 
la  même  ville  en  1721.  Enfin,  l'œuvre  troisième, 


ALBERTI 


53 


qui  conlient  douze  symphonies  pour  deux  violons, 
viole,  violoncelle  et  orgue,  a  été  publié  en  17 20. 
Ces  trois  ouvrages  ont  été  réimprimés  à  Ams- 
lenlam. 

AUJERTI  (  PiETRo),  autre  violoniste  italien, 
ronteniporain  du  précédent,  était  attaché  au 
service  du  prince  de  Carignan,  frère  du  duc  de 
Savoie,  Victor-Amédée  II,  et  vint  avec  son 
maître  à  Paris  en  1697,  pour  le  mariage  de  la 
duchesse  Marie-Adélaïde  de  Savoie  avec  le 
duc  de  Bourgogne.  H  y  eut  alors  un  concert  à 
Versailles,  où  Alberti  eut  l'honneur  de  jouer  du 
violon  en  présence  de  Louis  XIV  {Notes  via- 
iutscriles  de  Boisgelou  ).  On  a  imprimé  de  la 
composition  de  cet  artiste  :  Sonate  a  tre, 
opéra  P;  Am>lerdam,  Roger,  1700. 

ALBERTI  (Dominique  ),  amateur  de  mu- 
sique, chanteur  habile  et  compositeur,  naquit  à 
Venise,  vers  1717,  et  fut  élève  de  Bifli  et  de 
Lotli  pour  le  chant  et  pour  le  contre-point.  Doué 
d'une  organisation  musicale  aussi  remarquable  que 
précoce,  il  acquit  en  peu  de  temps  une  hahilolé 
extraordinaire  dans  l'artdu  chant  etsur  lecla- 
vecin.  La  Borde  rapporte  [Essai  sur  la  Musique, 
tome  III,  p.  161)  qu'Alberti  alla  en  Espagne,  en 
qualité  de  page  d'un  ambassadeur  de  Venise;  qu'il 
étonna  par  sa  manière  de  chanter  le  célèbre  Fari- 
nelli,  lequel  se  réjouissait  de  ce  qu'Alberti  n'était 
qu'un  amateur;  car,  disait-il,  j'aurais  eu  en 
lui  lin  rival  trop  redoutable.  Si  l'anecdote  est 
exacte,  Alberti  dut  être  entendu  par  Farinellià 
la  fin  de  1736,  au  moment  où  celui-ci  arrivait  en 
Espagne;  car  dans  l'année  suivante,  le  jeune  vé- 
nitien était  à  Rome  à  la  suite  du  marquis  de 
Molinari.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'Alberti 
commença  à  se  faire  connaître  par  ses  composi- 
tions pour  le  chant  et  le  clavecin.  En  1737,  il  mit 
en  musique  V Endimione  de  Métastase,  et  quel- 
que fem|)s  après  la  Galaiea  du  même.  On  lui 
attribue  aussi  la  comi)osition  de  V Olimpiade , 
dont  la  poésie  était  alors  dans  sa  nouveauté; 
mais  il  ne  paraît  pas  que  cet  ouvrage  ait  été 
représenté.  Le  talent  facile  et  plein  de  verve 
du  jeune  dilettante  excitait  à  Rome  un  vé- 
ritable entho>isiasme  parmi  les  artistes  et  les 
amateurs  ;  rien  ,  dit-on ,  n'égalait  les  grâces  de 
son  chant  et  de  son  jeu  sur  le  clavecin.  Suivant 
les  allures  libres  et  fantasques  de  son  temps  en 
Italie,  il  se  promenait  souvent  le  soir  dans  les 
rues  de  Rome,  chantant  et  s'accompagnant  sur 
une  guitare  ou  sur  un  théorhe ,  et  suivi  d'une 
foule  qui  l'applaudissait  avec  frénésie.  Le  temps 
u.se  vite  quelquefois  ces  organisations  d'élite  : 
Alberti  mourut  très-jeune  à  Rome,  objet  des 
regrets  sincères  de  la  population  de  cette  ville. 
.\u  nombre  de  ses  ouvrages  étaient  trente-six 


sonates  pour  le  clavecin,  dont  le  manuscrit  étail 
gardé  avec  soin  par  un  amateur  de  Milan,  (|ui 
ne  voulut  Jamais  s'en  dessaisir.  Cependant  on  a 
gravé  à  l'aris  huit  sonates  sous  ce  titre  :  Otto 
sonate  per  il  cembalo  solo,  dut  signor  Dôme- 
nico  Alberti, dilettante,  opéra  prima. 

ALBERTI  (  FrAlNçois),  né  à  Faënza,  vers' 
1750,  vint  à  Paris  en  1783,  et  s'y  lixa,  comme 
professeur  de  guitare.  Il  y  a  publié  :  1°  Trois 
duos  pour  guitare  et  violon,  œuvre  1*,  Paris, 
1792.-2°  Recueil  d''airs  choisis  et  air  de  Mal' 
brough  varié  pour  guitare  ,  œuvre  2^;  Paris , 
1792.  —  3"  Méthode  pour  la  guitare,  con- 
tenant des  sonates,  ariettes,  variations,  cic; 
Paris,  Lacombe,  1796.  Dans  le  catalogue  de 
musique  de  Joseph  Benzon,  à  Venise,  imp. 
en  1818,  on  trouve  (  p.  4  )  un  ouvrage  manus- 
crit qui  a  pour  titre  :  Principj  con  lezioni  per 
la  chitarra,  grammatica  prima.  Il  est  vrai- 
semblable que  l'auteur  de  ces  principes  est  le 
même  que  François  Alberti;  ce  qui  pourrait  faire 
croire  qu'il  est  retourné  en  Italie. 

ALBERTI  (Le  Comte  d'),  amateur  de  mu- 
sique distingué,  né  en  Lombardie  vers  1820,  a 
publié  à  Milan,  chez  Riccordi,  les  ouvrages  sui- 
vants de  sa  composition  ;  1"  Réminiscences  de 
la  Prigione  d'Edinburgo  de  F.  Ricci,  divertis- 
sement pour  le  piano.  — 2°  Trois  motifs  de  la 
Lucia  di  Lammermoor,  pour  piano,  n°'  1,2,  3. 
—  30  Réminiscences  de  l'opéra  Corrado  d'Alla- 
mura,  de  F.  Ricci,  pour  le  piano.  —  4°  Tu  ne 
saurais  m'oublier,  romance  avec  accompagne- 
ment de  piano.  —  5°  Fanciullaamabile;  can- 
zonctte  avec  piano.  —  6°  Clara ,  ballade  avec 
piano. 

ALBERTI  (Celso),  ou  selon  d'autres  no- 
tices Alberto  Celso,  chanteur  médiocre,  né  en 
Toscane,  a  publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme  un» 
satyre  mordante  contre  la  célèbre  cantatrice 
Pasta,  dont  le  talent  avait  produit  peu  d'effet 
au  théâtre  Carcano  de  Milan  en  1829.  Cette 
pièce  a  paru  sous  le  titre  suivant  :  Giuditta 
Pasta  al  Carcano,  Poema  eroi-comico  in  sesta 
rima.  Canto  primo.  Milano,  presso  Pirotta, 
1829,in-12.  Le  second  chant  était  à  l'impression, 
quand  l'autorité  fit  saisir  le  manuscrit  et  en  dé- 
fendit la  publication.  Alberti  chanta  dans  l'année 
suivante  à  la  foire  de  Monza,  et  y  fut  sifllé  comme 
auteur  de  cette  satire.  Un  autre  petit  poëme  a 
été  publié  à  Milan,  chez  Pirotta,  in-12,  en  1829, 
sous  ce  titre  :  Il  Tenore  David  à  Milano,  Ses- 
tino  di  Alberto  Celso.  On  m'a  dit  à  Milan  que 
le  chanteur  Alberti,  ou  Celso ,  n'était  pas  l'au- 
teur de  ces  écrits ,  et  qu'un  jeune  prêtre,  ama- 
teur de  musique  et  de  théâtre,  s'était  caché 
sous  son  nom. 


54 


ALBERTINI  —  ALBLNOINI 


ALBERTINI  (François),  prêtre  florentin, 
docteur  en  droit  canon ,  et  célèbre  anti(]iiaire, 
né  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  florissail  en 
1510.  A  cette  époque,  il  se  rendit  à  Rome,  où  il 
fut  chapelain  du  cardinal  de  Sanla-Sabina.  Parmi 
ses  ouvrages  on  rompte  nu  traité  DeMusica, 
♦jui  est  resté  manuscrit,  et  qin',  suivant  Mazzu- 
clielli,  doit  se  trouver  dans  quelque  bibliothèque 
de  Rome. 

ALBERTIIVI  (Ignace  ),  Milanais,  compo- 
siteur de  musique  instnimentale,  vivait  sous  le 
rèf;ne  de  l'empereur  Léopold  T"",  à  qui  il  dédia 
un  œuvre  de  douze  sonates  pour  violon.  Cet 
ouvrafje  a  été  publié  à  "Vienne,  en  1690. 

ALBERTINI  (JoACHiii),  compositeur  ita- 
lien et  maître  de  chapelle  du  roi  de  Pologne, 
était  à  Varsovie  en  1784.  Il  (it  représenter  l'o- 
péra semi-se?ia  11  Don  Giovanni, et  un  inter- 
mède en  langue  polonaise  intitulé  :  le  Maître 
de  chapelle  polonais.  Les  opéras  de  sa  com- 
position les  plus  connus  sont  :  1°  Circe,  repré- 
senté à  Hambourg,  en  1785 20  Virginia, opéra 

séria  ;  Rome,  1780 3"  Scipione  A/ricano,b 

Rome,  en  1789.  Les  événements  politiques  de 
)a  Pologne  obligèrent  ce  maître  à  se  réfugier 
en  Italie;  mais  son  style  avait  vieilli;  il  y  eat 
peu  de  succès,  et  fut  obligé  de  se  livrer  à 
l'enseignement  du  cliant.  En  1804  ,  le  prince 
PoniatowsRi  le  rappela  à  Varsovie,  pour  l'ins- 
truction musicale  de  ses  enfants.  Albertini  alla 
s'y  fixer  avec  sa  famille.  Il  était  alors  âgé  de 
soixante  ans.  H  mourut  dans  celte  ville,  au 
mois  (l'avril  1811. 

ALBERTUS  VENETUS,  dominicain,  qui 
vivait  dans  le  seizième  siècle ,  est  cité  par  les 
PP.  Quétif  etÉchard  (.Scri/».  ordin.  Prsedicat., 
tome  2,  p.  126)  comme  aulcur  d'un  Compen- 
diiim  de  arte  musices,  qui  est  resté  manuscrit. 
Il  est  vraisemblable  que  son  nom  était  Alberti , 
et  sa  patrie  Venise. 

ALBESBY  (....),  clarinettiste  français, 
fut  attaché  vers  1795  à  l'orchestre  du  théâtre 
de  la  Cité  à  Paris.  On  a  de  lui  :  Premier  con- 
certo pour  la  clarinette  ;  Paris,  Sieber. 

ALBEST  (  Raimond  Kaan  ,  chevalier  i>'  ) 
officier  dans  un  régiment  de  hussards  hongrois 
nu  service  de  l'empereur  d'Autriche,  est  né  à 
Vienne,  en  1802.  Élève  de  Mayseder  pour  le 
violon,  il  est  un  des  amateurs  les  plus  distingués 
de  l'Allemagne  sur  cet  instrument.  Dans  les 
voyages  qu'il  a  faits  en  Italie ,  il  s'est  fait  enten- 
dre chez  quelques  personnes  de  la  haute  société, 
et  a  toujours  [«oduit  une  impression  très-agréa- 
ble par  son  talent.  En  1844,  il  était  à  Salzbourg 
4't  y  joua  dans  un  concert  pour  le  monument  de 
iMoxart.  On  a  publié  de  sa  composition  à  Vienne. 


une  Polonaise  ponr  le  violon  et  des  varia- 
tions de  bravoure,  avec  accompagnement  d'or- 
chestre. 

ALBETTI  (  Joseph  ) ,  chanoine  de  l'église 
cathédrale  de  Modèiie,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle  (  suivant  les  renseignements 
qui  m'ont  été  communiqués  par  M.Lanzi,  savant 
bibliographe),  a  publié,  sans  y  mettre  son  nom, 
un  petit  écrit  intitulé  :  Lcttera  contra  il  cunto 
in  conlrappunto  ne  funerali,  ed  il  lungo  giro 
de  funerali  slessi;  in-l2,  sans  nom  de  lieu, 
d'imprimeur,  et  sans  date.  (Voy.  Di^ion.  di  opère 
anon.  e  pseud.diScrittori  italiani,  da  G.  M. 
t.  2,  p.  85  ). 

ALBI,  musicien  (ie  la  cl)a|)elle  de  Louis  XII, 
roi  de  France,  dont  le  nom  figure  dans  un 
compte  de  dépenses  faites  aux  obsèques  de  ce 
prince;  lequel  se  trouve  aux  archivesdu  royaume, 
lettre  K,  no  322. 

ALBICASTRO  (Henri  ),  dont  le  vrai 
nom  était  WeissEiNBURG,  naquit  en  Suisse  vers 
la  lin  du  dix-seplième  siècle.  11  servit  eu  Espa- 
gne dans  la  guerre  de  la  Succession.  On  a  pu- 
blié à  Amsterdam  ,  chez  Roger,  les  ouvrages 
suivants  de  sa  composition  :  lo  Sonates  à  tro'S 
parties,  op.  l*^"".  —  2°  Quinze  sonates  à  violon 
seul  et  basse,  op.  2*.  —  3"  Sonates  pour  violon, 
violoncelle  et  basse,  op.  3*.  —  4°  Sonates  à  trois 
parties,  op.  4®.  —  5°  Sonates  à  violon  seul  et 
basse,  op.  5*.  —  Çfl [dern.,  op.  6^.  —  70  Concer- 
tos à  quatre  parties,  op.  7".  —  80  Douze  so- 
nates à  trois  parties,  op.  8e.  —  90  Sonates  pour 
violon  cl  violoncelle. 

ALBI]\Ï  (Felice),  compositeur  romain, 
vécut  dans  le  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
dont  voici  les  litres.  !«  //  primo  libro  de  mtisi- 
callconctrti.  Roma,  ap.  Rohietti,  1G25. — l"  Il 
secondo  libro  de'  musicali  concerti,  ibid.,  1620. 
Un  autre  musicien  du  nom  (VAlInni  (  Vin- 
cenzo  ),  parait  avoir  vécu,  vers  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle,  à  Vienne,  où  il  a  laissé  en  manus- 
crit des  Trios  pour  deux  violons  et  violoncelle^ 
indiqués  dans  le  catalogue  de  Traeg;  Vienne, 
1799. 

ALBIIVONI  (Thomas),  compositeur  drama- 
tique et  habile  violoniste,  né  à  Venise,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  a  écrit  un 
grand  nombre  d'opéras  qui  ont  été  presqire  tous 
représentés  dans  sa  ville  natale.  Les  cirxons- 
tances  de  sa  vie  sont  ignorées,  et  l'on  ne  sait  pas 
même  quelle  fut  la  direction  de  ses  études  comme 
instrumentiste  et  comme  compositeur.  A  l'égard 
du  mérite  de  ses  ouvrages,  l'examen  que  j'ai 
(ait  de  quelques-unes  de  ses  partitions  m'a  dé- 
montré ipic  son  style  est  sec,  ses  idées  fades  eu- 


ALBINONl  —  ALBINUS 


55 


triviales, et  l'expression  des  paroles  de  la  plu- 
part de  ses  opéras  à  peu  près  nulle.  Cependant 
ses  compositions  ont  eu  du  succès  dans  leur  nou- 
veauté. Ces  ouvrages  ont  pour  titre  :  1°  Pal- 
merini  ;  1694.  — 2°  Il  Prodigio  deW  inno- 
cenza;  1695. —  2"  Zenone,  imperator  d'O- 
rienté; 1G96.  — 4°  Tlgrane,  re  d'Armcnia; 
1697.  —  6°  Endamisto;  1698.  —  6o  Pri- 
niislas  I ,  re  di  Doemica;  169S.  —  7°  Vln- 
(jratudine  castigata;  1698.  —  s»  Diomede 
punilo  da  Alcide;  1701.  —  9°  Vlnganno  inno- 
cente; 1701 IQo  VArte  in  garaçon  Varie; 

1702.  —  11"  Z,a  Fede  tra  gli  inganni;  ilQl. 

—  120  Astarle;  170S.  —  13»  Il  Tradimento 
tradito;  1709.  —  14°  Ciro  riconosciiilo;  1710. 

—  350  GiHsthia  (à  Bologne);  1711.  —  16»  // 
Tiranno  Eroe ;  1711.  —  17o  Le  Gare  gcnerose ; 
1712.  — •  180  Eiimcne;  1717.  —  19"  Il  Me- 
leagro;  1718.—  20"  Ainordi  ft g lio  non  conos- 
cliito;  1716.  —  210  Cleomenc;  1718.  —  22o  di 
Ecce.ssi  délia  gclosia;  1722.  —  23"  Ermin- 
gurda;  1723.  —  24o  Marianna;  1724.  —  25° 
Laodicea;  1724. —  26o  Anligono  tutore;  1724. 

—  27°  Scipione.  nelle  Spagne;  1724.  —  28"  Di- 
done  abandonata  ;  1725.  — 1^°  Alcina  dcliisa 
da  Riiggiero;  1725.  —  Zoo  II  Trionfo  d' Armida  ; 
1726.  —  31°  L'Incoslanza  schcrnita;  {'ill.  — 
32"  La  Gn'selda  ;  1728.—  33"  Il  Concilio  dei  pia- 
iictti;  1729.  —  340  L'Infedelta  delu.sa  ;  1729.— 
34"  Idue  Rivait  in  amore;  1728.—  Zù'^Statira; 
1730.  — 370  Gli  S/ratagemmi  amorosi  ;  1730. 

—  380  Elenia  ;  1730.  —  39o  Ardeliiida;  1732. 

—  40o  Gli  avvenimenti  di  Ruggiero;  1732. 
-ilo  Candalide;  1734.  —  ^2"  Ar  (amené;  1741. 

Je  trouve  dans  les  notes  manuscrites  de  leu  M.  De 
Boisgelou,  qu'Albinoni  avait  déjà  écrit,  en  1690, 
conjointement  avec  Gasparini ,  un  opéra  d'En- 
gelberla,  qui  lut  joue  à  Venise,  et  dont  la  parti- 
lion  se  trouve  à  la  bijjliotlièque  royale  de  Ber- 
lin, ainsi  qu'un  Magnificat  à  quatre  voix  et  ins- 
truments, eu  .soi  mineur,  du  môme  auteur. 

Albinoni  a  écrit  aussi  beaucoup  de  musique  ins- 
trumentale. 11  montrait  plus  de  talent  en  ce  genre 
que  dans  l'opéra  ;  on  i-emarque  <lans  ses  so- 
nates,et  surtout  dans  ses  balleti  da  caméra,  un 
certam  charme  et  une  bonne  facture  que  n'au- 
rait pas  désavoués  Corelli.  Ses  principaux  ou- 
vrages de  musique  pour  les  instruments  sont  : 
1»  Dueedieci  sonate  a  tre,  op.  1*'.  —  2°  Sin- 
fonie  a  sei  e  selle,  op.  2^;  Venise,  1700.  —  3o 
Dieci  edue  balletti  ossia  sonate  da  caméra  a 
tre,  op.  3^.  —  40  Douze  concerts  à  six  ins- 
tniments,  op.  b".  —  5°  Douze  concertos  pour 
haulbois  et  violon,  op.  7".  —  6»  Douze  ballets 
pour  deux  violons ,  violoncelle  et  basse,  op. 
8".  — 70  Douze  concerts  à  deux  hautbois,  alto, 


violoncelle  et  orgue,op.  9'.  Onconnaitaussidece 
musicien:  Doiizecantates àvoix  seuleet  basse , 
op.  4^.—  Trattenimenti  rfacamero,  consistant 
en  douze  cantates  à  voix  seuleet  basse ,  op.  6*. 

ALB1IXUS  ,  écrivain  sur  la  musique  cité  par 
Cassiodore  (  De  DiscipL,  p.  709.  ex  edit.  Paris, 
1599  ) ,  et  qui  conséquemment  vécut  antérieure- 
ment au  sixième  siècle.  Cassiodore  lui  donne  le 
litre  d'illustre  (  Vir  magnificus).  Il  dit  que  le 
livre  de  cette  auteur  n'existait  pas  dans  les  bi- 
bliothèques de  Rome,  mais  qu'il  l'avait  lu  avec 
attention  dans  sa  jeunesse.  Au  reste,  il  paraît  que 
l'ouvrage  d'Albinus  n'était  qu'un  abrégé  de  la 
science  de  la  musique  fait  d'après  Boèce. 

ALBIN  US,  nom  sous  lequel  quelques  écri- 
vains du  moyen  âge  ont  cité  Alcuin(Fo«/.  ce  nom.) 

ALBIA'US.  Un  manuscrit  précieux  qui  se 
trouve  dans  la  bibliothèque  de  l'université  de  Gand 
(no  171,  in-fol.) ,  contient  divers  traités  de  musi- 
que, parmi  lesquels  on  en  remarque  un  dont  l'au- 
teur est  anonyme,  et  qi:i  a  pour  titre  :  Dediversis 
monochordis,lelraco7-dis,  pentacordis ,  sexta- 
cordis,  eptacordis  ,  octocordis  ,  etc.,  ex  qvi- 
bus  diversa  formanlur  instrumenta musiccp , 
cumfiguris  instrumenlorum.  Ce  traité  des  ins- 
truments à  cordes  en  usage  au  quatorzième  siècle, 
contient  la  description  et  les  figures  de  ces  ins- 
truments. Au  nombre  de  ceux-ci  se  trouve  une 
viole  à  quatre  cordes,  dont  l'invention  est  attri- 
buée à  un  certain  Albinus.  Quel  était  cet  Al- 
binus?  eu  quel  temps  vivait-il,  et  qiielle  fut  sa 
patrie.?  Voilà  les  questions  que  je  me  suis  faites, 
mais  sans  pouvoir  les  résoudre.  Il  y  a  peu  d'ap- 
parence que  ce  soit  Aicuin  qu'on  ait  voulu  dé- 
signer comme  l'inventeur  de  cet  instrument,  et 
il  est  moins  vraisemblable  encore  qu'on  ait  voulu 
parler  de  l'ancien  Albinus  cité  par  Cassiodore. 
La  viole  dont  l'invention  est  attribuée  à  Al- 
binus a  la  forme  d'une  guitare ,  et  ses  quatre 
cordes  à  vide  renferment  l'étendue  d'une  octave. 
Elles  sont  accordées  de  la  manière  suivante  :  tit , 
re,  sol,  ut.  L'auteur  anonyme,  en  nous  faisant 
connaître  le  nom  de  l'inventeur  de  cette  viole, 
a  oublié  celui  de  l'inslriunent.  Voici  comment  il 
s'exprime  :  Al iud  quoque  telracordiim  Albinus 

compostât  quod vocavil ,  etc.  On  se  servait 

de  l'archet  pour  jouer  de  celte  viole;  cet  acces- 
soire est,  en  eflel,  i)lacé  près  de  l'instrument  dans 
la  ligure  du  manuscrit;  mais  par  une  singularité 
remarquable  ,  la  viole  n'a  ni  touche  ni  chevalet. 

ALBIiVUS  (  Bernard),  dontle  vrai  nom  était 
Weiss  ,  lils  d'un  bourgmestre  de  Dessau,  dans 
la  province  d'.\nhalt,  naquit  dans  cette  ville, 
en  1653. 11  étudia  successivement  à  Brème  et  à 
Leyde,  et  prit  le  grade  de  docteur  en  médecine 
à  l'université  de  celte  dernière  ville.  Après  avoil 


5G 


ALBINUS  —  ALBOISI 


voyagé  en  Fiance,  en  Flandre  et  en  Lorraine, 
il  vint,  en  1681 ,  occuper  unecliaire  de  profes- 
seur à  Francfort-sur-i'Oder.  Il  y  fit  preuve  de 
tant  de  talent  et  de  connaissances  dans  son  art, 
qu'il  jouit  bientôt  d'une  grande  r<^putalion.  Il 
devint  le  médecin  de  l'électeur  de  Brandebourg, 
qui  le  combla  d'bonneurs  et  de  richesses.  Après 
avoir  rempli  ses  fonctions  auprès  de  plusieurs 
princes  de  cette  maison,  il  se  rendit  à  Leyde, 
en  1702,  et  y  professa  la  médecine,  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  7  septembre  1721.  An  nombre 
de  ses  écrits  se  trouve  :  Dissertai io  de  taran- 
tula  miravi;  Francfort,  1601,  in-4o.  Il  y  traite 
de  l'usage  de  la  musique  pour  laguérison  du  mal 
que  produit  la  piqûre  de  la  tarentule. 

ALBIOSO  (  Mario),  prêtre  et  chanoine  de 
l'ordre  du  Saint  Esprit,  naquit  à  Nasi  en  Sicile, 
et  mourut  à   Palerme,  en  108G.  Poète  et  bon 
musicien ,   il  a  publié  :  Selva  di  canzoni  ski- 
liani;  Palerme,  IG8l,in-8o. 
ALBOIVESIO  (Thésée).  Voyez  Ambrocio. 
ALBONl  ( Marietta ) ,    cantatrice   célèbre, 
est  née,  en  1823,  à  Césena,  petite  ville  de  laRo- 
magne.  Après  avoir  commencé  l'étude  de  la  mu- 
sique dans  sa  ville  natale,  elle  alla  prendre  des 
leçons  de  chant  à  Bologne,   chez  M^e  Berto- 
latti,  professeur  de  mérite,  qui  a  formé  le  talent 
de  plusieurs  autres  cantatrices,  lesquelles  ont  eu 
des  succès  sur  les  théAtres  d'Italie.    Son  séjour 
dans  cette  ville  lui  procura   l'avantage  de  con- 
naître Rossini  et  de  recevoir  ses  précieux  con- 
seils sur   son  art.  Charmé  par  la  beauté  de  sa 
voix  et  par  la  (acilitédesa  vocalisation,  ce  maître 
illustre  lui  lit  étudier  les  rôles  de  contralto  de 
ses  ouvrages,  et  lui  en  transmit  les  pures  tradi- 
tions. Ainsi  préparée  pour  la  carrière  de  canta- 
trice dramatique  ,  M""^  Alboni  contracta  un  en- 
gagement  de  plusieurs   années    avec   Mereili , 
directeur  de  plusieurs  entreprises  théâtrales  en 
Italie  et  en  Allemagne.  Son  début  sur  la  scène  ly- 
rique eut  lieu   en  1843  au  théâtre  de  la  Scala, 
à  Milan,  dans  le  rôle  de  Miffio  Orseni,  de   la 
Lucrezia   Borgia  de  Donizelti.  Nonobstant  son 
inexpérience,  la  beauté  de  son  organe  lui  fit  ob- 
tenir nn  accueil  favorable  du  public.  Elle  chanta 
dans  la  même  année  à  Bologne,  à  Brescia ,  puis 
de  nouveau  à  Milan.  Bientôt  après,  elle  parut  sur 
le  Théâtre  Italien  de  Vienne,  où  ses  premiers 
succA  furent  confirmés.  Ce  fut  alors  qu'à  la  suite 
de  discussions  d'intérêt  avec  l'entrepreneur  Me- 
reili, M"e  Alboni  crut  devoir  rompre  l'engage- 
ment qu'elle  avait  avec  lui,  et  qu'elle  partit  ino- 
pinément pour  Saint-Pétersbourg.  Il  paraît  que 
cette  excursion  dans  la  capitale  de  la  Russie  ne 
répondit  pas  à  ses  espérances  ;  car  elle  y  resta  peu 
de  ten)p9.  Vers  la  fin  de  18i5,  elle  arriva  à  Ham- 


bourg, oii  elle  se  fit  entendre  dans  des  concerts 
ainsi  qu'à  Leipsick,  à  Dresde  ,  et  en  Hongrie  où 
elle  se  rendit  en  traversant  la  Bohême.  Appelée 
à  Rome  pour  le  carnaval  de  1847  ,  elle  y  chanta 
la   Saffo  de  Pacini  avec  VAbbadia,  le  ténor 
Paricani  et  la  basse  Valli.  Elle  introduisit  dans 
cet  ouvrage   l'air  (VAiscice  de  la  Semiramide 
de  Rossini ,  qui  fut  applaudi  avec  enthousiasme, 
mais  qui  n'empCcha  pas  la  chute  de  l'opéra.  Au 
printemps  de  la  même  aimée ,  l'Alboni  se  rendit 
à  Londres,  d'après  l'engagement  qu'elle  avait  pris 
avec  le  directeur  du  tluàlre  de  Covent-Garden. 
A  cette  époque ,  Jenny  Lind  attirait  la  foule  des 
dilellanti  au  Théâtre  de  la  Reine,  et  y  obtenait  des 
succès  qui  allaient  jusqu'au  délire. La  lutte,  jus- 
qu'alors inégale  entre   les   deux  théâtres,    prit 
bientôt  un  caractère  plus  sérieux  par  l'émotion 
que  lit  naître  l'admirable  sonorité  de  la  voix  de 
l'Alboni,  son  étendue  de  plus  de  deux  octaves,  et 
son  égalité  parfaile.  Le  lendemain  de  son  début,  le 
directeur  du  théâtre  de  Covent-Garden  porta,  de 
son  propre  mouvement,  le  traitement  de  la  can- 
tatrice de  la  somme  de  cinq  cents  livres  sterling, 
qui  avait  été  fixé  pour  la  saison,  à  deux  mille 
livres  (cinquante  mille  francs).  Dès  ce  moment 
commença  la  vogue  de  M"e  Alboni  ;  mais  elle 
ne  fut  décidée  qu'à  Paris,  au  mois  d'octobre  de 
la  même  année,  lorsque  l'artiste  se  fit  entendre 
à  l'Opéra  dans  trois  concerts  pour  lesquels  des 
avantages  considérables  lui  avaient  été  assurés 
par  l'administration   de    ce   théâtre.   Le    pre- 
mier  air  qu'elle   y  chanta  fut  celui  d'/lr^ace. 
Dès   les   premières    mesures   du  récitatif,  son 
merveilleux  organe  y   produisit   l'effet  accou- 
tumé :  ;son  timbre,  à  la  fois  si  pur,  si  puissant 
et   si    suave,  émut  d'ime  profonde  impression 
l'intelligente  assemblée  qui  l'entendait  pour  la 
première  fois.  Toutefois ,  les  connaisseurs  com- 
prirent que  l'effet  irrésistible  do  chant  d^  M"e 
Alboni  était  le  résultat  des  dons  exquis  qu'elle  a 
reçus  de  la  nature ,  et  qu'il  y  manque  essentiel- 
lement  les  qualités   du    style    et  le  sentiment 
dramatique.  Cette  opinion,  d'une  part,  et  l'en- 
traînement du  public  de  l'autre,  causèrent  une 
vive  agitation  dans  le  monde  musical  et  dans  la 
presse.  Deux  mois  après  les  concerts  qui  avaient 
produit  celle  émotion,  la  cantatrice  débuta  au 
lliéâtre   italien  de  Paris  par  le   rôle  à'Arsace, 
qui  lui  fournit  l'occasion  d'étaler  dans  tout  leur 
éclat  ses   précieux   avantages    naturels.    L'en- 
thousiasme fut  au  comble.  Puis  elle  chanta  Ce- 
nerentola  avec  non  moins  de  succès;  mais  le 
rôle  de  Malcolm,  dans  La  donna  dcl  Lago  ,  ne 
lui  fut  pas  aussi  favorable.  L'énergie  empreinte 
dans  ce  rôle  exige  autre  chose  qu'une  voix,  si 
belle  qu'elle  soit.   On  n'avait  point   encore  ou- 


ALBOPil  —  ALBRECTII 


57 


blié  à  Paris  l'aJinirable  caractère  que  M"^'^  Pi- 
saroni  savait  lui  donner,  en  dépit  des  défauts 
de  son  organe.  Le  rôle  de  Malcolm ,  pour  pro- 
duire son  effet,  exige  précisément  les  qualités 
dont  M"<=  Alboni  est  dépourvue  ,  à  savoir,  la  lar- 
geur du  style ,  l'accent  dramatique ,  et  la  chaleur 
de  l'action. 

Les  événements  politiques  de  1848  vinrent  ar- 
rêter le  cours  de  ses  succès  ;  comme  beaucoup  d'au- 
tres artistes,  elle  dut  aller  cherclier  en  Angleterre 
un  refuge  contre  les  agitations  révolutionnaires 
qui  bouleversaient  l'Europe.  Elle  reparut  sur  la 
scène  de  Covent-Garden  dans  Tancredi  de  Ros- 
sini,  dans  Cenerentola,  dans  Semiramide;  et  l'en- 
thousiasme des  di/e^^on^i  alla  chaque  jour  crp.s- 
cendo.  Recherchée  pour  les  concerts  et  pour  les  soi- 
rées musicales  de  la  haute  noblesse,  elle  recueillit 
dans  cette  saison  une  riche  moisson  degiiinées. 
La  saison  terminée ,  elle  chanta  dans  un  festival 
à  Worcester;  puis  elle  se  rendit  à  Bruxelles,  et  y 
chanta  dans  quelques  concerts  où  ses  succès  ne 
furent  pas  moindres  qu'à  Paris  et  à  Londres.  En 
1849,  le  théâtre  italien  de  Paris  ayant  été  réor- 
ganisé, l'Alboni  y  fut  engagée,  et  y  brilla  dans 
Cenerentola  ,  avec  Lablache  et  Ronconi,  dans 
Vltaliana  in  Algeri,  et  dans  La  Gazza-Ladra, 
puis  elle  aWa  faire  la  saison  de  Londres,  qui  ne 
lui  fut  pas  moins  favorable.  Dans  l'année  suivante , 
l'Alboni  alla  à  Genève,  et  parcourut  une  partie  de 
la  France;  elle  chanta  à  Lyon, à  Marseille, à  Bor- 
deaux, où  elle  joua  en  français  dans  les  opéras 
Charles  VJ,  La  Favorite,  La  Reine  de  Chypre  et 
La  Fille  du  Régiment;  puis  elle  revint  à  Paris,  et 
osa  y  chanter  le  rôle  de  Fidès  dans  Le  Prophète, 
au  théâtre  de  l'Opéra.  Le  succès  le  plus  brillant 
justifia  sa  témérité.  Déjà  on  avait  remarqué  dans 
son  jeu  quelque  progrès  au  point  de  vue  dra- 
matique, lorsqu'elle  avait  chanté  ,  l'année  pré- 
cédente, le  rôle  de  Ninetta  dans  La  Gazza  La- 
dra  ;mais  ces  indites  parurent  plus  décidés  dans 
l'oMivre  de  Meyerbeer;  non  que  l'accent  vocal 
de  la  cantatrice  fût  devenu  plus  passionné, 
mais  son  action  scénique  y  fut  plus  animée.  En 
1851,  M"e  Alboni  a  fait  un  nouvel  essai  de  son  ta- 
lent sur  la  scène  de  l'Opéra  dans  le  rôle  de  Zer- 
line,  qu'Auber  a  écrit  pour  elle  dans  La  Corbeille 
d'Oranges  ;  puis  elle  a  lait  une  excursion  en  Es- 
pagne. Enfin  elle  a  parcouru  en  triomphatrice 
les  deux  Amériques,  et  y  a  été  saluée  par  les 
acclamations  excentriques  en  usage  dans  ces  pays, 
pour  ce  qui  est  extraordinaire  ou  inconnu. 

ALBRECHT  (  Jean-Matthieu  ),  organiste  de 
l'église  de  Sainte-Catherine  à  Francfort-sur-le- 
Mein  ,  naquit  à  Austerbehringen ,  en  Thuringe  , 
le  !«'  mai  1701.  Witten,  maître  de  chapelle 
a  Gotha ,  lui   donna  les   premières  leçons    de 


musique.  Ses  études  terminées,  il  voyagea 
en  France,  où  il  eut  occasion  d'entendre  les 
premiers  organistes  de  ce  temps,  tels  que  Cal- 
vière,  Marchand,  Daquin,  etc.,  dont  il  adopta 
la  manière.  Ce  fut  au  retour  de  ce  voyage  qu'il 
eut  sa  place  d'organiste  à  Francfort.  Les  succès 
qu'il  obtint  furent  tels,  que  l'on  se  décida  à  faire 
construire  pour  lui  un  nouvel  orgue  de  quarante- 
huit  jeux,  par  le  célèbre  Jean  Conrad  Wegman, 
de  Darmstadt.  Aucune  composition  d'Albrecht 
n'a  été  imprimée  ;  mais  on  connaît  de  lui  plu- 
sieurs concertos  pour  clavecin,  avec  accompagne- 
ment, qui  ont  été  fort  applaudis  dans  leurnou- 
veauté. 

ALBRECHT  (Jean-Guillaume),  docteur 
et  professeur  en  médecine,  à  Erfurt,  né  dans 
cette  ville  en  1703,  fit  ses  études  aux  universités 
d'Iéna  et  de  Wiilemberg.  Il  a  fait  imprimer  à 
Leipsick.en  1734  :  Tractatus physicus  de  ef- 
fectibus  musicesin  corpus  animatum,  in-8°. 
Mitzler  a  donné  une  notice  détaillée  de  cet  ou- 
vrage dans  sa  Bibliothèque  musicale,  tome 4  , 
pag.  23-48.  Albrecht,  nommé  professeur  à  Got- 
tingue,  y  mourut  le  7  janvier  1736. 

ALBRECHT  (Jean-Lauuent),  poète  cou- 
ronné, chanteur  et  directeur  de  musique  à  l'é- 
glise principale  de  Mulhausen,  en  Thuringe,  na- 
quit à  Goermar,  près  de  Mulhausen,  le  8  janvier 
1732  Philippe-Christophe  Rauchfust,  organiste 
dans  cette  ville,  lui  donna  les  premières  leçons 
de  musique  pendant  trois  mois.  Il  se  rendit  en- 
suite à  Leipsick  pour  y  étudier  la  théologie,  et 
en  1758  il  revint  à  Mulhausen,  où  il  obtint  les 
deux  charges  ci-dessus  mentionnées,  qu'il  garda 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1773.  Albrecht  est 
également  recommandable  comme  écrivain  didac- 
tique et  comme  compositeur.  Ses  ouvrages  pu- 
bliés sont  :  1°  Steffani's  Sendschreiben  mit 
Zusatzen  undeiner  Vorrede,  2'°  i4?//Za^e  ( Let- 
tres de  Steffani,  avec  des  additions  et  une  préface, 
deuxième  édition)  ;  Mulhausen,  1760,  in-4°.  Cette 
édition  de  la  traduction  que  Werckmeister  avait 
faite  de  l'ouvrage  de  Steffani ,  intitulé  :  Quanta 
certezza  habbia  da  stioi  principj  la  musica, 
est  préférable  à  la  première.  —  1°  Grûndliche 
Einleitung  in  die  Anfangslehren  der  Tonkunst 
(Introduction  raisonnée  aux  principes  de  la  mu- 
sique); Langensalza,  1761,  in-4°,  136  pages.  — 
3°  Vrtheil  in  der  Streitigheit  zwischen  Herrn 
Marpurg  and  Sorge  (Jugement  sur  la  dispule 
entre  MM.  Marpurg  et  Sorge),  dans  les  Essais  de 
Marpurg  {Beytrseg.),  lom.  5,  pag.  269.—  4°  Kurze 
Nachricht  von  dem  Zustande  der  Kirchen- 
musik  in  Mulhausen  (Courte  notice  sur  l'état 
de  la  musique  d'église,  à  Mulhouse),  dans  le  même 
recueil ,  t.   5,  p.  387  —  5°  Abhandlung  iibcr 


58 


ALBRECTH  —  ALBRECHTSBERGER 


(lie  Frage  :  ob  die  Miisik  bey  dem  Goitesdienst 
zu  dulden  oder  nicht?  (Dissertation  sur  cette 
question  :  La  musique  peut-elle  être  tolérée  flans 
le  service  divin?);  Berlin,  17C4,  in-4",  4  léuilles. 
—  6°  Versuch  einer  AhhandliuKj  von  der  Ursa- 
chen  des  Hasses,  welc/ies  eintgen  Menschen 
gegen  die  Musili  von  sich  Bickenlasssen  (Dis- 
sertation sur  la  cause  de  l'aversion  que  monirent 
certains  hommes  contre  la  musique)  ;  Frakenliau- 
sen,  1765,  in-4*'.  Ce  petit  écrit  est  sous  la  forme 
d'une  lettre  adressée  à  Clirétien-Gotllieb  Scliroe- 
ter.  On  attribue  à  Albreclit  un  pamphlet  anonjme 
concernant  la  discussion  de  Marpurg  et  de  Sorge 
(voye:,  ces  noms)  sur  les  bases  de  la  science 
del'liarmonie;  ce  pamplileta  pour  titre:  Gedanken 
eines  TImringische  Tonkunslersûber die Forei- 
tigkeiten  zwischen  Sorge  und  Marpurgs  (Idées 
d'un  musicien  de  la  Tluninge  sur  les  discussions 
entre  Sorge  et  Marpurg);  Aiemandburg  (nulle 
part),  sans  date,  in-8°.  Il  ne  faut  pas  confondre 
cet  opuscule  a%'ec  le  jugement  sur  cette  discus- 
sion ,  inséré  par  Marpurg  dans  le  cinquième  vo- 
lume de  ses  essais  historiques  et  critiques  sur 
la  musique.  An  surplus,  Albreclit  n'entendait  pas 
mieux  que  les  autres  maîtres  pris  pour  juges  par 
Marpurg  ces  questions  de  théorie  de  l'harmonie 
dans  lesquelles  Sorge  était  plus  près  de  la  vérité 
que  ses  antagonistes  :  ce  sujet  était  trop  nouveau 
pourêtre  compris  alors.  Albrechtaété  l'éditeur  des 
deux  ouvrages  d'Adlung  :  Musica  mechanica  or- 
ganasdi,  et  Siebengeslirn  (  voy.  Adhing)  ;  il  a  joint 
une  préface  au  premier,  avec  une  notice  sur  la 
vie  d'Adlung.  Ses  compositions  consistent  en  : 
1°  Cantates  pour  le  vingt-quatrième  dimanclie 
après  la  Pentecôte,  poésie  et  musique  d'Albrecht, 
1758.  —  2°  Passion  selon  les  évangélistes;  Mul- 
liausen,  1759,  in-8°.  —  3°  Musikalische  Auf- 
viunterung  fur  die  Anfœnger  des  Klaviers 
(Encouragement  musical  pour  les  clavecinistes 
commençants  );Augsbourg,  1763,in-8°.— 4°3/m- 
sikaiische  Aufmunterung  in  kleinen  Klavier 
Stilcken  und  Oden  (Encouragement  musical 
consistant  en  petites  pièces  et  odes  pour  clave- 
cin); Berhn,  1703,  in-4°. 

ALBRECHTSBERGER  (Jean-Georges), 
savant  harmoniste  et  organiste  habile,  né  à  Klos- 
terneubourg,  petite  ville  de  la  basse  Autriche, 
le  3  février  173C  ,  entra  fort  jeune  au  chapitre  de 
ce  lieu  comme  enfant  de  chœur.  De  là  il  passa  à 
l'abbaye  de  Mœlk ,  où  il  fut  chargé  de  la  direc- 
tion d'une  école  gratuite.  Monn ,  organiste  de  la 
cour,  lui  enseigna  l'accompagnement  et  le  contre- 
point. Devenu  lui-même  profond  organiste,  après 
plusieurs  années  d'un  travail  assidu,  il  fut  appelé 
en  cette  qualité  à  Raab,  puis  à  Maria-Taferl,  et 
cnûn  à  Mœlk,  où  il  demeura  pendant  douze  ans. 


Les  ouvrages  qu'il  publia  dans  cet  intervalle, 
ayant  propagé  sa  réputation  ,  et  la  place  d'orga- 
niste de  la  cour  devienne  étant  devenue  vacante, 
il  fut  désigné,  en  1772,  pour  en  remplir  les  fonc- 
tions. Vingt  ans  après,  on  le  nomma  maître  de 
chapelle  de  l'église  cathédrale  de  Saint-Étienne. 

L'académie  musicale  de  Vienne  l'admit  au 
nombre  de  ses  membres  en  1793,  et  celle  de 
Stockholm  en  1798.  Ce  savant  homme  est  mort 
à  Vienne  le  7  mars  1809,  et  non  en  1803,  comme 
on  l'a  écrit  dans  le  Dictionnaire  historique  des 
Musiciens  (Paris,  1810).  Alhiechtsberger  avait 
épousé,  en  1768,  Rosalie  Weiss,  fille  de  Bernard 
Weiss,  sculpteur,  et  en  avait  eu  quinze  enfants, 
neuf  fils  et  six  filles.  De  ces  quinze  enfants , 
douze  .sont  morts  en  bas  âge.  Ses  meilleurs 
élèves  sont  :  1°  Beethoven;  2°  Jos.  Eybler, 
premier  maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Vienne; 
3°  Jean  Fuss,  mort  à  Pesth  le  9  mars  1819; 
4°  Gaensbacher  (Jean),  qui  a  succédé  à 
Preindl  dans  la  place  de  maître  de  chapelle 
i  de  Saint-Étienne;  5"  J.  N.  Hummel,  maître  de 
chapelle  du  duc  de  Sa\e-\Veiniar;  6»  le  baron 
Nicolas  de  Krafft,  mort  à  Vienne  le  16  avril 
1818;  7°  Jos.  Preindl,  maître  de  chapelle  de 
Saint-Étienne  et  de  Saint-Pierre,  mort  à  Vienne 
le  26  octobre  1823;  8°  le  chevaher  Ignace  de 
Seyfried,  maître  de  chapelle  et  directeur  de 
l'Opéra  de  Vienne;  9"  et  enfin  Joseph  Weigl , 
compositeur  et  directeur  de  l'Opéra  de  Vienne. 
Haydn,  Beethoven  et  tous  les  grands  musiciens 
de  l'Allemagne  avaient  la  plus  haute  estime  pour 
Albrechtsberger,  qui  était  également  recomman- 
dable  comme  écrivain  didactique,  comme  orga- 
niste et  comme  compositeur  de  musique  sacrée 
et  instrumentale. 

Le  nombre  des  ouvrages  sortis  de  sa  plume 
est  immense.  Le  prince  Nicolas  Esteiiiazy-Ga- 
lantlia  possèdeen  manuscrit  les  suivants  :  i°  Vingt- 
six  messes ,  dont  dix-neuf  sont  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  une  avec  orgue,  et  six  à  quatre 
voix,  a  capella.  —  2°  Quarante-trois  graduels.  — 
3°  Trente-quatre  offertoires.  —  4"  Cinq  vêpres 
complètes. —  5°  Quatre  litanies. —  G"  Quatre  psau- 
mes. —  1°  Quatre  Te  Beum.  —  8°  Deux  Veni. 
Sancte  Spiritus.  —  9°  Six  motets.  —  lo°  Cinq 
Salve  Rcgina —  11°  Six  Ave  Regina. —  12°  Cinq 
Aima  Redemptoris. —  13"  Deux  Tantnm  Ergo. 

—  14°  Dix-huit  hymnes.  —  15°  Un  Allehiia.  — 
16°  Dix  morceaux  tels  que  de  Profundis ,  In- 
troits,  leçons  des  Ténèbres  et  répons. —  17°  Ora- 
torios :  les  Pèlerins  de  Golgotlia;  l'Invention  de 
la  Croix  ;  la  Naissance  du  Christ  ;  Applausus  inu- 
sicus;  De NativitateJesu  ;  Dcpassione  Christi. 

—  18°  Neuf  cantiques. —  19°  Un  petit  opéra  alle- 
mand. —  20°  Quarante  quatuors  fugues,  œuvres 


ALBRECHTSBERGER  —  ALBUZIO 


59 


1";2",  5%  7%  10%  11%  IG''  et  19%  —21°  Qua- 
rante-deux sonates  en  quatuors,  œuvres  14",  18'', 
20%  21%  23%  24*  et  26*.—  22°  Trois  sonates  en 
doubles  quatuors,  œuvre  17*.  —  23"  Trente-huit 
quinfcllispourdeux  violons,  deux  violes  et  basse, 
œuvres  3%  6%  9%  12%  15%  22%  23«  et  27«.  — 
24°  Sept  sextuors  pour  deux  violons,  deux  violes, 
violoncelle  et  contre-basse.  —  25**  Yingt-liuit  trios 
pour  deux  violons  et  Tioloncelle.  —  26"  Treize 
pièces  détachées  telles  que  sérénades,  nocturnes  et 
divertissements. —  27°  Six  concertos  pour  divers 
instruments,  tels  que  le  piano,  la  harpe,  l'orgue, 
la  mandoline  et  le  trombone.  —  28"  Quatre  sym- 
phonies à  grand  orchestre.  Les  ouvrages  qu'Albre- 
ciitsberger  a  publiés  sont  les  suivants  :  1°  Fugues 
pour  r orgue,  œuvres  4%  5%  6%  7%  8%  9%  10% 
11*,  16*,  17*  et  is''.  —  2°  Préludes  pour  Porfjue, 
œuvres  3*,  1 2*  et  29^.—  3"  Fugues  pour  le  piano, 
œuvres  r%  15*,  20*  et  27*.  —  4°  Dix-huit  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse, œuxres  2*, 
19*  et  2  r.  —  5°  Six  sextuors  pour  deux  violons , 
deux  violes,  violoncelle  et  contre-basse ,  œu- 
vres 13*  et  14*.  —  6°  Concerto  léger  pour  lecla- 
vecin ,  avec  accompagnement  de  deux  violons 
et  basse;  Vienne.  —  7°  Quatuor  pour  clavecin, 
deux  violons  et  basse;  Vienne,  1792.  —  8"  Six 
duos  pour  violon  et  violoncelle;  Leipsick,  1803. 
—  9°  Quintetto  pour  trois  violons,  alto  et  vio- 
loncelle. —  10°  Sonates  à  deux  chœurs,  pour 
quatre  violons,  deux  altos  et  deux  violoncelles  ; 
Vienne,  Riedl. 

Les  ouvrages  élémentaires  d'Albrechtsberger 
sont  :  1°  Grïindliche  Anweisung  zur  composi- 
tion ,  mit  deutlichen  und  ausfuhrUchen  exem- 
peln ,  zum  selbs  Vnterrichte  erlaûtert,  und 
mit  Anhange  :  von  der  Beschaffenheit  und 
Anivendung  aller  jetzt  ûblichen  mus.  Instru- 
mente ;  Leipsick,  1790,  in-4°.  Une  nouvelle  édi- 
tion de  cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Leipsick ,  chez 
Breilkopf  et  Hœrtel,  1818,  in-S".  Choron  en  a 
donné  une  traduction  française  sous  ce  lilre  : 
Méthode  'élémentaire  de  composition,  etc., 
enrichie  d'un  grand  nombre  de  notes  et  d'é- 
claircissements ;  Paris,  1814,  2  vol.  in-8°.  11  y 
a  eu  une  deuxième  édition  de  cette  traduction. 
Bien  que  méthodique  et  orné  d'exemples  assez 
purement  écrits,  ce  livre  n'est  point  à  l'abri  de 
tout  reproclie.  L'auteur,  en  clierchant  la  conci- 
.sion ,  est  tombé  dans  la  sécheresse  et  l'obscurité. 
Quelquefois  aussi,  il  se  met  en  contradiction 
avec  les  principes  qu'il  a  posés.  Les  parties  les 
plus  difficiles  de  la  fugue  telles  que  la  réponse 
et  les  contre-sujets ,  n'y  sont  qu'effleurés,  et 
les  exemples  ne  sont  point  assez  variés.  Néan- 
moins, tel  qu'il  est,  il  mérite  l'estime  dont  il 
jouit  en  Allemagne.  Il  a  remplacé  avec  avantage 


le  Gradus  ad  Paryiassum  de  Fux,  qui,  basé 
sur  la  tonalité  du  plain-chant, s'éloigne  trop  du 
système  moderne.  Par  les  soins  qn'Albrechlsber- 
ger  a  mis  à  la  rédaction  de  ses  exemples,  il  a 
évité  les  défauts  du  Traité  delà  Fugue  de  Mar- 
purg,  qui  n'est  propre  qu'à  enseigner  le  style 
instrumental.  —  2°  Kurzge/asste  Méthode  den 
Generalbass  zuerlernen  (  Méthode  abrégée  d'ac- 
compagnement); Vienne,  1792.  —  3°  Klaviers- 
chulefûr  Anfœnger  (École  du  clavecin  pour  les 
commençants )  ;  Vienne,  1 800.  —  4°  Ausweichun- 
gen  aus  C  dur  und  C  moll  in  die  ûbungens 
Dur-uTid  moll-Tœne  (Passages  des  tons  d'ut 
majeur  et  d'ut  mineur  dans  tous  les  tons  majeurs 
et  mineurs);  Vienne,  Leipsick  et  Bonn.  La 
deuxième  partie  de  cet  ouvrage,  intitulée  :  In- 
ganni  (Trugschlusse)  fur  die  Orgel  oder  Piano- 
Forte,  contient  toutes  les  feintes  de  modulation. 
La  troisième  parlie  a  pour  titre  :  Unterricht  iiber 
den  Gebrauch  der  verminderten  und  iibcrm. 
Intervallen  (Instruction  sur  l'usage  des  interval- 
les augmentés  et  diminués  )  ;  Leipsick  ,  Peters.  Le 
chevalier  de  Seyfiied  a  publié  une  édition  com- 
plète des  œuvres  théoriques  d'Albrechtsberger, 
sous  ce  titre:./.  G .  Albrechtsbergef  s  sammtliche 
Schriften  ilber  Generalbass ,  Harmonie-Lehre , 
und  Tonsetzkicnst  zum  Selbstuntcrrichtc ; 
Vienne,  Antoine  Strauss,  3  vol.  in-8°,  sans  date. 

ALBRICl  (VINCE^T),  compositeur  et  orga- 
niste ,  né  à  Rome  le  20  juin  1G31  ,  fut  d'abord  au 
service  de  Christine,  reine  de  Suède.  11  se  trou- 
vait à  Stralsund  en  1660.  De  là  il  passa  à  Dresde, 
comme  vice-maître  de  chapelle  de  l'électeur  de 
Saxe,  Jean  Georges  II,  poste  qu'il  occupait  en- 
core en  1664.  Celte  chapelle  ayant  été  réformée 
à  la  mort  de  l'électeur,  Albrici  se  rendit  à  Leip- 
sick, où  il  devint  organiste  de  l'église  Saint-Tho- 
mas. En  1682  il  fut  appelé  à  Prague  comme 
directeur  de  musique  de  l'église  Saint-Augustin. 
H  mourut  dans  cette  ville  quelques  années  après. 
Ses  compositions  connues  sont  :  1°  Te  Deum  à 
deux  chœurs,  deux  violons,  viole,  violoncelle, 
basson,  quatre  trompettes,  trois  trombones  et 
timbales.  —  2°  Kyrie  à  huit  voix. —  3"  Messe  à 
huit  voix.  —  4°  Symbolum  Nicœum  à  quatre 
voix,  trompettes  et  timbales.  —  5°  Le  cent  cin- 
quantième psaume  à  quatre  voix  avec  trompettes 
et  timbales.  —  6"  Conc.  moveantur  cuncta 
sursuin. —  7"  Conc.  anima  nostra,  etc. 

ALBUZIO  ou  ALBUZZI,  du  latin  Albutius 
(Jean-Jacques),  luthiste  et  compositeur,  né  à 
Milan ,  vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  On  trouve  des  pièces  de  sa  composition 
dans  les  recueils  qui  ont  pour  titres  :  1°  Intabo- 
latura  de  Leuto,  de  diversi  autori  novamente 
stampata;  in  Milano ,  per  J.  Antonio  Casti- 


60 


ALBUZIO  —  ALCÉE 


lio>7o,  153C,  petit  in-4''  oblong.  — 2"  Hortus  Mu- 
sarum,  in  qiio  tanquam  floscult  quidam  selec- 
lissimarum  Carmimim  collccti  sunt  ex  opti- 
mis  quibusquc  auctoribus,  etc.;  Lovanii ,  apiid 
l'Iialesiiim  bibliopolam  jutatnm,  1552.  Ce  der- 
nier recueil  contient  des  fantaisies,  des  motets, 
des  ciiansons  et  des  danses  arrangées  pour  le 
lulli. 

ALBUZZI  TODESCHIIVI  (Thérèse),  cé- 
lèbre cantatrice,  dont  la  voix  était  un  beau  con- 
lialto,  naquità  Milan  le  20  décembre  172;i;  elle 
l'ut  longtemps  au  service  de  la  cour  de  Dresde, 
où  elle  chantait  les  premiers  rôles.  Elle  mourut 
à  Prague,  le  30  jin"n  1760. 

ALCAROTÏÏ  (Jean-Frakcois),  composi- 
teur, naquit  à  Novarre,  dans  le  Piémont,  vers 
1536,  et  fut  organiste  à  l'église  de  Como.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  Il  primo  libro  de^  Madrigali 
a  cinque  e  sel  voci  ;  m  Venezia,  appresso  Anto- 
nio Gardano,  1567,  in-4°  obi.  Le  deuxième  livre 
a  pour  titre  :  Madrigali  a  cinqiie  et  sei  voci 
condoi  dialoghi  a  ollo  ;  ibid.,  1669,  in-4°  obi. 

ALCÉE,  poêle  musicien  de  l'ancienne  Grèce, 
né  à  JMytilène,  dans  l'ile  de  Lesbos,  vécut  dans 
la  44"  olympiade  (604  ans  avant  J.-C),  sui- 
vant la  chronique  d'Kusèbe.  Contemporain  de 
Saplio,  il  paraît  l'avoir  aimée,  si  l'on  en  juge 
par  un  vers  cité  dans  la  Poétique  d'Arislote. 
Horace  et  Quintilien  ont  accordé  des  éloges 
magnifiques  au  génie  poétique  et  à  la  versification 
d'Alcée.  On  sait  qu'il  fut  l'inventeur  du  vers  al- 
caïque ,  auquel  il  a  donné  son  nom.  Ce  vers  a 
quatre  pieds  et  une  césure.  Il  se  mesure  ainsi  : 


Les  deux  premiers  pieds  sont  des  ïambes  ;  puis 
vient  la  césure ,  et  le  vers  finit  par  deux  dactyles. 
Quelquefois  le  premier  pied  est  un  spondée,  le 
second  un  ïambe,  la  césure  est  brève,  et  les 
deux  derniers  pieds  sont  dactyles,  de  cette  ma- 
nière : 


Aucun  de  ces  mètres  ne  répond  ni  à  un  rhythme 
régulier  de  la  musique ,  ni  même  à  une  mesure 
musicale  du  temps  ;  car  dans  la  première  forme, 
on  a  : 


rrirn?.ri^rrrirrr 


\:l  dans  l'autre  : 


(t^iTiirriri^^rrrirrri 

Mais  le  mèlrederanciennepoésiegrccqucabsor- 


bait  le  rhythme  musical  sans  rien  perdre  de  l'har- 
monie, parce  que  cette  harmonie  était  dans  la 
lani-ue  elle-même.  On  ne  peut  mettre  en  doute  le 
charme  qu'avaient  pour  les  anciens  les  chants  d'Al- 
cée construits  sur  ces  mesures  ;  car  Horace  en 
parle  avec  enthousiasme  dans  la  treizième  ode  ilu 
deuxième  livre ,  où  sont  ces  beaux  vers  : 

Qiiam  pêne  furvsR  régna  Proscrplnae, 
lit  Jurticanlera  vidimiis  ^Eacuni , 
Sedesqiie  discrclas  plurum ,  etc. 

«  Que  j'ai  été  près  de  voir  le  royaume  de  la 
«  sombre  Proserpine,  Éaque  et  son  trihunal,  les 
"  demeures  écartées  des  âmes  pieuses,  et  Saplio 
"  se  j)laignanl  sur  les  cordes  éoliennes  des 
«  jeunes  filles  de  sa  patrie,  et  vous,  Alcée,  avec 
•<  un  plectre  d'or  (l),  chantant  d'un  ton  plus 
«  mâle  les  dangers  de  la  mer,  les  douleurs  de 
«  l'exil ,  et  les  maux  de  la  guerre  ! 

«  Les  ombres  les  écoutent  tous  deux  et  adnn"- 
"  rent  ces  chants  dignes  d'un  religieux  silence; 
«  mais  la  foule  compacte  du  vulgaire  prête  une 
«  oreille  plus  attentive  aux  récits  des  combats  et 
«  des  tyrans  détrônés. 

«  Faut-il  s'en  étonner,  puisqu'à  ces  chants  di- 
«  vins,  le  mougtre  aux  cent  têtes,  immobile, 
«  stupéfait,  baisse  ses  noires  oreilles  ;  puisque  les 
«  serpents  enlacés  aux  cheveux  des  Euménides 
«  tressaillent  de  ravissement? 

«  Prométhée  et  le  père  de  Pélops  trouvent  dans 
«  ces  doux  accents  l'oubli  passager  de  leurs 
(1  maux;  Orion  lui-même  ne  songe  plus  à  pour- 
«  suivre  les  lions  et  les  lynx  timides.  » 

Plutarque  nous  apprend  q\ie  la  tradition  des 
chants  d'Alcée  se  conserva  longtemps  chez  les 
Grecs.  Malheureusement,  la  dignité  de  caractère 
et  le  courage  n'égalaient  pas  le  génie  chez  ce 
grand  poète.  Après  avoir  poursivi  de  sa  verve 
satirique  Pittacus,  tyran  de  sa  patrie,  mis  au 
rang  des  sept  Sages  de  la  Grèce  ;  après  avoir  pris 
les  armes  contre  lui,  il  eut  la  lâcheté  de  les  jeter 
dans  le  combat,  de  fuir,  et,  tombé  dans  les  mains 
de  son  ennemi,  d'accepter  de  lui  et  la  vie  et  la 
liberté.  Alcée  avait  composé  des  hymnes,  des 
odes,  des  satyres  politiques,  et  des  poèmes  des- 

(1)  Wccïn/jn,  plectre,  croclift  dont  se  servaient  lespoL'Ics 
pour  pincer  les  cordes  de  la  lyre  ou  de  la  cithare,  alin  de 
guider  les  intonations  de  leur  vois  suivant  les  modes  aiia 
loguesaux  mètres  de  Icursvers.  Les  traducteurs  français 
rendent  souvent  ce  mot  par  archet;  mais  on  n'a  Jamais, 
joué  de  la  lyre  ni  de  la  cltliare  avec  l'archet;  car  l'archet, 
inconnu  à  l'ancienne  Egypte,  ù  la  Grèce,  aux  Romains,  est 
originaire  de  l'Inde  et  des  wntrées  septentrioualos  de 
l'Kurope.  Quintilien  nous  apprend  qu'on  donnait  avec 
raison  le  plectre  d'or  à  Alcée,  dans  la  partie  de  ses  œuvres 
dirigée  contre  les  tyrans  :  Alaeus  in  parte  opcris  anreo 
plectro  merito  donatii/r,(iuatyrannosinsect'atnr.{îtib, 
X  ,  c.  I.) 


ALCÉE  —  ALDAY 


(il 


tinës  à  célébrer  Bacclius,  Vénus  et  l'Amour.  Il 
ne  nous  reste  de  tout  cela  que  quelques  frag- 
ments conservés  par  Athénée  et  par  Suidas. 

ALCIMAS  ZMURNIUS,  joueur  de  trom- 
pette dans  l'antiquité.  Son  nom  nous  est  parvenu 
dans  une  inscription  rapportée  par  Muratori  (Nov. 
Thesaur.  vet.  inscr.,  t.  1,  p.  936);  la  voici  : 

ALCIMAS 

ZMVKNIVS 

TVBOCANTIVS. 

ALCMAIV,  poëte-musicien,  naquit  à  Sardes 
d'un  père  nommé  Damas  ou  Tilare,  et  fut  mené 
dans  son  enfance  à  Sparte,  où  il  lut  élevé  dans 
un  quartier  de  cette  ville  nommé  Messoa,  ce 
qui  l'a  fait  passer  pour  Lacédémonien.  On  croit 
qu'il  a  vécu  depuis  la  vingt-septième  jusqu'à  la 
quarantième  olympiade.  Héraclide  de  Pont  as- 
sure qu'Alcman  fut  dans  sa  jeunesse  esclave  d'un 
Lacédémonien  nommé  Agésidas;  mais  qu'il  mé- 
rita par  ses  bonnes  qualités  de  devenir  l'affranchi 
de  son  maître.  Il  fut  excellent  joueur  de  cithare, 
et  chanta  ses  poésies  au  son  de  la  flûte.  Clément 
d'Alexandrie  lui  attribue  la  composition  delà  mu- 
sique destinée  aux  danses  des  chœurs.  Athénée 
dit  que  ce  musicien  fut  un  des  plus  grands  man- 
geurs de  l'antiquité.  Son  tombeau  se  voyait  en- 
core à  Lacédémone  au  temps  de  Pausanias. 

ALCOCK  (Jean),  docteur  en  musique,  né 
à  Londres  le  11  avril  1715,  entra,  à  l'Age  de  sept 
ans,  comme  enfant  de  chœur,  à  l'église  de  Saint- 
Paid, sous  la  direction  deCh.  King;  et,  lorsqu'il 
en  eut  atteint  quatorze,  on  le  plaça  comme  élève 
sous  Stanley,  qui,  bien  qu'il  n'eût  alors  que  seize 
ans,  était  organiste  des  églises  de  Saint-André, 
d'Holborn  et  du  Temple.  En  1735,Alcock  devint 
organiste  de  l'église  de  Saint-André  à  Plymouth, 
dans  le  Devonshire.  Cinq  ans  après  son  arrivée 
dans  ce  lieu,  il  fut  invité  à  prendre  possession 
de  la  place  d'organiste  de  Reading,  où  il  se  ren- 
dit au  mois  de  janvier  1742.  Celle  d'organiste  de 
l'église  cathédrale  de  Lichtfield  étant  devenue 
vacante  en  1749,  on  la  réunit  à  celle  de  premier 
chantre  et  de  maître  du  chœur,  en  faveur  d'Al- 
cock;  mais  en  1760  il  se  démit  de  la  place  d'or- 
ganiste, ainsi  que  de  celle  de  maître  de  chœur,  et  ne 
conserva  que  celle  de  premier  chantre.  Il  s'était 
fait  recevoir  bachelier  en  musique  à  Oxford,  en 
1755;  dix  ans  après  il  prit  ses  degrés  de  docteur 
à  la  même  université.  Le  reste  de  la  longue  car- 
rière de  cet  homme  respectable  s'écoula  tranquil- 
lement à  Lichtiield  ,  où  il  est  mort  au  mois  de 
mars  1806,  âgé  de  quatre-vingt-onze  ans.  Il  n'a- 
vait cessé  jusqu'au  dernier  moment  de  remplir 
avec  exactitude  les  devoirs  de  sa  place,  quoique 
le  doyen  de  Lichtfield  l'eût  invité  plusieurs  fois 


à  prendre  quelque  repos.  Pendant  son  séjoin-  à 
Plymouth,  il  avait  publié  six  suites  de  leçons  de 
piano,  et  douze  chansons;  ces  ouvrages  furent 
suivis  d'une  suite  de  [)sauines  ,  antiennes  et  hym- 
nes ,  composés  pour  les  enfants  de  la  charité,  et 
d'une  collection  d'anciens  psaumes  à  quatre  par- 
ties, le  tout  publié  à  Reading.  En  1753  il  publia 
un  service  complet  de  musique  d'église,  sous  ce 
titre:  Morning  and  Evening  service,  consis- 
ting ofa Te Deum,  Jiibilate,  K yki e  eleyson, etc.; 
far  three,  faur,  five  and  six  voices.  Cet  ou- 
vrage est  devenu  rare.  Déjà  en  1750  Alcock  avait 
fait  paraître  de  sa  composition  six  concertos  à 
sept  parties  pour  quatre  violons,  allô,  violoncelle 
et  basse  continue  pour  le  clavecin.  Une  collection 
de  trente  six  antiennes  de  sa  composition  parut 
en  1771.  Vingt  ans  s'écoulèrent  entre  celte  pu- 
blication et  celle  de  son  Harmonia  Fesli,  col- 
lection de  canons ,  airs  et  chansons.  Alcock  , 
ayant  recueilli  cent  six  psaumes  de  divers  au- 
teurs, les  arrangea  à  quatre  parties,  et  les  publia 
en  1802,  sous  le  titre  de  Harmony  ofSion.  Outre 
ces  ouvrages,  les  catalogues  de  Preston  et  de  Ca- 
busac  indiquent  encore  les  suivants:  l"  Te  Deum 

and  Jiibilate 2o  Magnificat  et  Nunc  dimit- 

tis,  1797.  —  3°  Strike  yeSeraphic  Hosts,  Ivjmn 
for  Christmas  Day.  —  4°  Trois  trios  pour 
deux  violons  et  basse. 

ALCUIIX,  écrivain  célèbre  du  huitième  siècle, 
né  en  Angleterre  dans  la  province  d'York,  fut 
disciple  de  Bède  et  d'Fxhert,  archevêque  d'York. 
Après  avoir  été  diacre,  il  devint  abbé  de  Canter- 
bury.  Charlemagne,  ayant  eu  occasion  de  le  voir 
à  Parme,  l'engagea  à  se  fixer  en  France.  Il  lui 
donna  les  abbayes  de  Ferrières  et  de  Saint-Loup, 
le  fit  son  aumônier,  et  prit  de  lui  des  leçons  de 
ce  qu'on  appelait  alors  la  rhétorique,  de  dialec- 
tique et  des  autres  arts  libéraux.  Dans  la  suite, 
il  lui  donna  encore  l'abbaye  de  Saint-Martin  de 
Tours.  Alcuin,  devenu  vieux,  désira  se  retirer 
de  la  cour;  il  demanda  son  congé,  qu'il  n'obtint 
qu'en  801.  Alors  il  se  dépouilla  de  tous  ses  bé- 
néfices, et  se  retira  dans  son  abbaye  de  Saint- 
Martin  ,  où  il  mourut  le  19  mai  804,  âgé  de  près 
de  soixante  dix  ans.  Ses  œuvres  ont  été  recueil- 
lies par  André  Duchesnc;  Paris,  1617,  in-fol.; 
et  Froben,  prince-abbé  de  Saint-Emmerande , 
en  a  donné  une  édition  beaucoup  plus  ample  à 
Ralisbonne  en  1777,  2  vol.  in-fol.  On  y  trouve 
un  traité  De  septem  artibus  iiberalibus  :  cet 
ouvrage  est  incomplet;  il  n'en  reste  que  la  rhé- 
torique, la  dialectique  et  une  partie  de  la  logique  ; 
la  musique  et  les  autres  parties  sont  perdues.  On 
y  trouve  aussi  un  traité  séparé  De  Mustca, 

ALDiVY  (....),  nom  d'un  famille  de  mu- 
siciens qui   a  eu    de  la  répulalio:i  eu    France 


62 


ALDAY  —  ALDOVRANDINI 


Alday,  le  père,  néà  Perpignan,  en  1737,  fut  d'a- 
bord secrétaire  d'nn  grand  seigneur,  qui  le  mena 
en  Italie.  Là  il  apprit  à  jouer  de  la  mandoline. 
Ayant  acquis  un  certain  degré  d'habileté  sur  cet 
instrument,  il  s'établit  d'abord  à  Avignon,  où  il 
83  maria;  puis  il  alla  se  fixer  à  Paris,  où  il  donna 
des  leçons  de  .son  instrument.  Il  eut  deux  fds 
qui  naquirent,  l'un  en  1703,  l'autre,  l'année  sui- 
vante. Tous  deux  furent  violonistes.  Le  premier , 
connu  sous  le  nom  d'ylWay  rainé,  n'était  âgé 
que  de  liuit  ans  lorsqu'il  joua  de  la  mandoline  au 
concert  spirituel.  Il  s'y  fit  entendre  comme  vio- 
loniste en  1783,  et  y  reparut  en  1789,  dans  une 
symphonie  concertante  pour  deuN  violons,  de  sa 
composition,  qu'il  joua  avec  son  frère,  ^'ers  le 
même  temps  il  publia  sa  première  SyHijo//OHJccoH- 
cerlimte  enut,  pour  deux  violons  et  alto,  Paris, 
Sieher.  Cet  ouvrage  futsuivi  de\asy7nphonie  con- 
certante pourdeux  violons  qu'il  avait  fait  enten- 
dre au  concert  spirituel.  Celle-ci  a  été  gravée  à 
Amsterdam  ,  chez  Humniel.  Alday  s'est  fixé  à 
Lyon  vers  1795,  et  s'y  est  tait  marchand  de  mu- 
sique. H  a  publié  depuis  cette  époque  un  œuvre 
de  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse  (Pa- 
ris, Pleyel),  et  des  airs  variés  avec  accompagne- 
ment de  basse.  On  a  aussi  sous  son  nom  :  Mé- 
tlwde  de  violon,  contenant  les  principes  dé- 
taillés de  cet  inslnanent ,  dans  lesquels  sont 
intercallcs  seize  trios  pour  trois  violons ,  six 
duos  progressifs ,  six  études  et  des  exercices 
pour  apprendre  à  moduler.  Lyon,  Caitoux,  in- 
4".  Il  a  été  fait  plusieurs  éditions  de  cet  ouvrage. 

Le  frère  de  cet  artiste ,  connu  sous  le  nom 
A' Alday  le  jeune,  fui  un  violoniste  beaucoup 
plus  habile  que  l'aîné.  Il  passe  pour  avoir  reçu 
des  leçons  de  Viotli,  dont  il  avait  adopté  la  ma- 
nière. Il  se  (it  entendre  avec  succès  au  concert 
spirituel  jusqu'en  1791,  époque  où  il  passa  en 
Angleterre.  En  1806,  Alday  a  été  nommé  direc- 
teur de  musi(iue  à  Edimbourg.  Ses  concertos 
de  violon  ont  eu  un  succès  de  vogue  dans  la 
nouveauté;  mais  ils  sont  maintenant  oubliés. 
Ceux  qu'il  a  publiés  sont  :  I"  Premier  concerto, 
en  ré;  Paris,  Imbault.  —  2o  Deuxième  idem,  en 
si  bémol ,  et  troisième  idetn,  en  la  ;  Paiis,  Sie- 
her.— 3"  Quatrièmeirfem,  en  ré  ;  Paris,  Imbault. 
On  connaît  aussi  de  ce  violoniste  :  deux  œuvres 
de  Duos  pour  deux  violons ,-  Paris,  Decombe  ; 
des  Mélanges  pour  deux  violons;  Paris,  Leduc, 
des  Airs  variés  pour  violon  et  alto,  Paris,  Im- 
bault ,  et  des  trios  pour  deux  violons  et  basse, 
Londres,  Lavenu. 

ALDÉRIIVIJS  (  Cosmk)  ,  compositeur  suisse 
qui  florissait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a 
publié  :  LVIl  hymni  sacri,  quatuor,  quinque 
<t  sex  J'oc;  Berne,  Apiarius,  I5ô3,  in-4",  oblong. 


ALDERWELT  (  L.  A.  van)  ,  pianiste  hol- 
landais, né  à  Rotterdam  vers  1780,  a  publié 
pour  son  instrument  ;  lo  Sonate,  Rotterdam, 
Plattner. —  ')°  Pot-pourri  sur  des  théines  connus 
ibid.  ;  — 30  Variations  sur  l'air  hollandais  :  Daar 
ying  ecn  Pater  ;  Amsterdam,  Steup. 

ALDHELM,  lils  de  Kentred  ,  et  neveu  d'I- 
nas,  roi  des  Saxons  occidentaux,  fut  élevé  dans 
le  monastère  de  Saint  Augustin  de  Canterbury , 
devint  abbé  de  Malmesbury,et  ensuite  évêque  de 
Sherburn,  aujourd'hui  Salisbury.  Il  mourut  le  20 
mai  709.  Il  avait  composé  des  chansons,  Can  tiones 
Saxonicœ,  qu'il  était  dans  l'usage  de  chanter  lui- 
même  au  peuple  pour  lui  faire  goûter  la  morale 
qu'elles  contenaient.  Gerbert  (De  Cantu  et  Mu- 
sica  sacra,  t.  I,  p.  202),  nous  a  conservé  un 
échantillon  de  ses  compositions,  qu'il  a  tiré  d'un 
manuscrit  du  neuvième  siècle.  Guillaume  de 
Malmesbury  a  écrit  la  vie  d'Aldhelm;  elle  se 
trouve  dans  les  Acta  S.  0.  Benedict. 

ALDO VR AIVDINI  (  Josefh-Amoine- Vin- 
cent), académicien  philharmonique  et  maître  de 
chapelle  honoraire  du  duc  de  Mantoue  ,  naquit 
à  Bologne  vers  1665.  Il  fit  ses  études  musicales 
sous  la  direction  de  Jacques  Perti.  Admis  comme 
membre  de  l'Académie  des  philharmoniques  de 
Bologne  en  1695,  il  en  fut  prince  en  170?.  On 
a  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  \o  Dafni,  à  Bo- 
logne, en  1696. —  2°  GV  inganni  amorosi  sco- 
perti  in  villa;  à  Bologne,  en  1096.  —  2"  (bis) 
Ottaviano,  écrit  à  Turin,  en  1697.  —  3°  Amor 
torna  in  cinque  al  cinquanta,  ovvero  Aozz' 
dlà  Flippa ,  e  d'  Bedette ,  opéra  comique  dans 
le  patois  Bolonais,  en  1099. — 3'^  (bis)  VOrfano, 
à  Naples,  au  carnaval  de  1699. —  4"  Le  due  Au- 
guste, à  Bologne,  en  1700.  —  5"  Pirro,  à  Venise, 
en  1704. —  Ç,oLa  Fortezza  al  Cime»  <o,  à  Venise, 
1699.  —  70  Cesare  in  Alessandria;  Naples,  1700. 
—  8"  Semiramide;  à  Gênes  1701.  —  9°  /  tre 
J}ivali  al  soglio;'a\en\»e,  en  1711.  On  connaît 
aussi  quelques  œuvres  de  musique  sacrée  et  ins- 
trumentale de  sa  composition  :  le  premier,  sous 
le  titre  Armonia  sacra ,  contient  dix  motets 
à  deux  et  trois  voix,  avec  violons,  Bologne, 
1701,  in-fol.  ;  le  deuxième.  Cantate  a  voce  sola  , 
Bologne,  1701,  in-4o  oblong;  le  Iroisièuie,  in- 
titulé: Conccrti  sacri  a  voce  sola  con  violini, 
opéra  3a,  Bologne,  Silvani  1703,  in-fol.,  cousi.ste 
en  ilix  motets  à  voix  seule  avec  deux  violons  ; 
son  œuvre  5^,  composé  de  sonates  à  trois  parties , 
a  été  gravé  à  Amsterdam ,  sans  date.  Enfin  ,  Al- 
dovrandini  s'est  rendu  recommandable  par  l'o- 
ratorio de  S.  Sigismondo ,  dont  la  poésie  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  S.  Sigismondo,  re  di 
Borgogna,  oratorio  consecrato  alV  Eminentiss. 
e  Révérend.  Principe  ilsig.  card.  Ferd.  d'Adda, 


ALDOVRANDINl  —  ALEMBERT 


G  3 


dignissimo  legalo  di  Bologna ,  fatto  rappre- 
sentare  dif  signori  nottari  nel  foro  civile  dt 
Bologna ,  nella  loro  sala  magnificamente  ap- 
parafa ,  in  occasione  délia  générale  procès- 
sione  del  santissimo  sacramento  délia  parro- 
chiale  di  S.  G.  Batlista  de  RR.  Monaci  Ce- 
leslini  ,poesia  del  sig.  Gio..  Battista  Monti , 
notaro  collegiaio ,  musica  del  sig.  Giuseppe 
Aldovrandini ,  maeslro  di  cappella  di  onore 
del  serenissimo  Duca  di  Mantova,  il  di  primo 
di  giugno  1704. 

ALDRICH  (Henri),  doyen  de  l'église  du 
Christ  à  Oxford,  naquit  à  Westmeinster  en  1647. 
Il  fit  ses  premières  études  dans  cette  ville ,  sous  le 
docteur  Richard  Busby  ;  en  1602  il  (ut  admis  au 
collège  d'Oxford,  où  il  prit  les  degrés  de 
maître  es  arts ,  le  3  avril  1609.  11  entra  ensuite 
dans  les  ordres,  et  devint  professeur  au  col- 
lège d'Oxford,  chanoine  de  l'Église  du  Christ, 
et  enfin  docteur  en  théologie.  Il  mourut  le 
14  décembre  1710.  Au  milieu  de  tous  ses  tra- 
vaux il  cultiva  la  musique  avec  succès.  Il 
avait  rassemblé  une  nombreuse  collection  des 
œuvres  des  plus  célèbres  compositeurs,  tels  que 
Palestrina,  Carissimi ,  Yittoria,  etc.,  sur  les- 
quelles il  arrangea  les  paroles  anglaises  des 
psaumes  et  de  beaucoup  d'antiennes. 

Il  avait  formé  le  projet  d'écrire  plusieurs 
traités  sur  la  musique ,  et  avait  jeté  ses  idées  dans 
diverses  dissertations  renfermées  en  deux  re- 
cueils manuscrits,  qui  ont  été  déposés  dans  la 
bibiiolhèque  du  Collège  du  Christ  à  Oxford.  En 
voici  les  litres  d'après  Burney  :  1°  Tlieory  of 
organ-building ,  in  which  are  given  the  mea- 
sures  and  proportions  oj  itsseveral  parts  and 
pipes  (Théorie  de  la  construction  de  l'orgue, 
etc.). —  2°  Principles  o/  ancieni  Greck  Miisic 
(Principes   de   l'anciennes   musique  grecque). 

—  30  Mémorandums  made  in  rcading  ancient 
authors,  relative  ta several parts  o/Musicand 
ils  ef/ects  (  Extraits  des  anciens  auteurs  ,  rela- 
tifs aux  diverses  parties  de  la  musique  et  de  ses 
effets).  —  40  Uses  to  which  Music  was  applied 
by  the  ancients  (Usages  auxquels  la  musique 
fut  employée  par  les  anciens). —  5°  Epithala- 
mium.  —  6°  Excerpta  from  Père  Meneslrier  ; 
proportions  of  Instruments  ;  exotic  Music  (  Ex- 
traits du  Père  Menestrier  ;  proportions  des  ins- 
truments; musique  exotique).  —  7°  Argument 
of  ancient  and  modem  performance  in  Music 
(Comparaison  de  l'exécution  musicale  ancienne 
et  moderne).  —  8°  Theory  of  modem  musical 
Instruments  (Théorie  des  instruments  de 
musique  modernes).  —  90,   10°  et   11°,  dite. 

—  12°  Miscellaneous  papers  conceming  diffé- 
rent points  in   the  tlieory  and  practice  of 


Music  (  Papiers  divers  concernant  di  fférents  pomts 
de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  la  musique). 
—  130  On  the  construction  of  the  Organ  (Sur 
la  construction  de  l'orgue).  —  14°  Fragment  of 
a  treatise  on  Counterpoint  (Fragments  d'un 
traité  de  contre-point). 

Le  docteur  Aldrich  a  composé  plusieurs 
offices  pour  l'Église,  et  un  grand  nombre  d'an- 
tiennes qui  sont  restées  en  manuscrit,  et 
dont  l'Académie  de  musique  ancienne,  de  Lon- 
dres ,  possède  une  grande  partie.  Dans  le  Plea- 
sant  musical  Companion  ,  imprimé  en  1726, 
on  trouve  deux  morceaux  de  sa  composition  , 
l'un;  Hark  the  bonny  Christ-Church  Bells; 
l'autre  intitulé  :  A  Smoking  Catch,  pour  être 
chanté  par  quatre  hommes  fumant  leur  pipe , 
d'une  exécution  difficile,   et  d'un  effet  piquant. 

ALDRIGHETTI  (Antolne-Louis),  lilsd'Al- 
drighetto  Aldrighelti ,  médecin  et  philosophe , 
naquit  à  Padoue  le  22  oct.  1000.  Il  fut  profes- 
seur de  droit  à  l'université  de  Padoue  ,  et  mourut 
le  24  aoijt  1068.  Parmi  ses  ouvrages  on  trouve  : 
Raggualia  di  Parnasso  ira  la  musica  e  la  poe- 
sia;  Padoue,  1620,  in-40. 

ALECTORIUS  (Jean),  musicien  allemand, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle. 
11  n'est  connu  que  par  une  collection  de  pièces 
mêlées  et  de  motets  qui  a  pour  titre  ;  Officia 
Paschalia  ,  de  Eesurrectione  et  Ascensionc 
Domini;  Vitebergœ ,  apud  Georgium  Rhau. 
1539.  On  y  trouve  quelques  morceaux  de  sa 
composition  avec  d'autres  de  J.  Galliculus , 
d'Adam  Renerus,  de  G.  Fôrster,  de  J.  Wal- 
ther,  de  C.  Rein,  et  de  J.  Zacharias. 

ALEM  (  PiEKRE  d')  ,  compositeur  flamand 
dont  parle  Cerreto  {Prattica  musicale,  lib.  3. 
p.  15G)  comme  d'un  artiste  de  grande  valeur. 
Il  vécut  très-longtemps  à  Naples ,  et  s'y  trouvait 
encore  en  1601.  Je  ne  connais  pas  d'ouvrage 
imprimé  de  ce  maître. 

ALEMBERT  ( Jean-le-Rond  d'),  philo- 
sophe et  géomètre  célèbre  ,  naquit  à  Paris  le  16 
novembre  17 17  ,  et  fut  exposé  sur  les  marches 
de  l'église  de  Sain(-Jean-le-Rond,  dont  on  lui 
donna  le  nom.  On  sait  maintenant  qu'il  devait  le 
jour  à  madame  de  Tencin  ,  célèbre  par  son  es- 
prit et  sa  beauté,  et  à  Destouches,  commissaire 
provincial  d'artillerie.  Son  père ,  voulant  réparer 
l'abandon  où  il  le  laissait ,  lui  assura  1200  livres 
de  rentes  peu  de  jours  après  sa  naissance.  Les 
études  dans  lesquelles  on  le  dirigea  avaient  pour 
but  de  lui  faire  embrasser  une  profession  liono- 
rable  ,  telle  que  celle  d'avocat ,  ou  de  médecin  ; 
il  les  essaya  toutes  deux  ;  mais  son  génie  le  desti- 
nait aux  mathématiques,  qu'il  apprit  seul,  et 
auxquelles   il  doit  sa  gloire  la  plus   solide.  Ses 


64 


ALP:MBERT  —  ALESSAINDRI 


travaux ,  qui  lui  valurent  rentrée  îles  Académies 
des  sciences  <Ie  Paris  et  de  Berlin,  de  l'Académie 
française  ,  et  de  presque  toutes  les  sociétés  sa- 
vantes de  l'Europe  ,  n'étant  pas  de  l'objet  de  cet 
ouvrage ,  nous  allons  le  considérer  seulement 
sous  le  rajtport  de  l'influence  qu'il  eut  sur  la 
musique  en  France. 

<«  Rameau,  »  dit  Choron,  «  avait  publié 
"  en  17?.2  son  traité  d'harmonie,  qui  ne  fit  pas 
«  d'abord  beaucoup  de  bruit,  parce  qu'il  était 
«  lu  de  peu  de  personnes.  D'Alembert,  géomètre 
«  profond ,  à  qui  l'on  devait  la  solution  du  pro- 
«  blême  des  cordes  vibrantes,  entreprit  de  met- 
o  tre  les  idéesde  Rameau  à  la  portée  des  lecteurs 
«  ordinaires.  En  1752,  il  publia  les  éléments  de 
«  musique  théorique  et  pratique,  et  donna  l'ap- 
«  parence  de  l'ordre  et  de  la  clarté  à  un  .sys- 
«  tème  essentiellement  vicieux.  Ce  système , 
«  qui  a  retardé  les  progrès  de  la  musique  en 
«  France,  y  est  aujourd'hui  rejeté  par  les  bons 
<t  théoriciens.  »  Cet  ouvrage  a  eu  quatre  éditions  ; 
la  première  a  paru  sous  ce  titre  :  Éléments  de 
musique  théorique  et  pratique,  suivant  les 
principes  de  M.  Rameau,  éclaircis,  développés 
et  stmpZî/îés,  Paris,  1752,  in-S».  On  en  trouve  l'a- 
nalyse dans  le  Mercure  rie  mai  1752.  La  seconde 
édition ,  augmentée  de  quelques  éclaircissements , 
fut  publiée  à  Paris  en  1759,  1  vol.  in-S".  La 
troisième  édition  a  paru  à  Lyon  en  1 7C2 ,  1  vol. 
in-80.  La  quatrième  est  de  Lyon  ,  1779 ,  1  vol. 
in-S».  Marpurg  en  a  donné  une  traduction  alle- 
mande sous  ce  titre  .  Systematiche  Einleilung 
in  die  musikalische  Setztunsk ,  nach  den 
Lehrsœtzen  des  Herrn  Rameau ,  ans  dem 
Franzœsisdien  iibersetzt ,  und  mit  Anmcr- 
kungen  vermehrel  von  F.  W.  Marpurg  ;  Lei(>- 
sick,  1757  ,  in-4''. 

On  a  aussi  de  d'Alembert  :  1°  Recherches 
sur  la  courbe  que/orme  une  corde  tendue  mise 
en  vibration ,  dans  les  mémoires  de  l'académie 
de  Berlin,  ann.  1747  et  1750. —  2°  Recherches 
sur  les  vibrations  des  cordes  sonores  avec  tm 
supplément  sur  les  cordes  vibrantes  ,  dans  ses 
opuscules  mathématiques  (Paris,  1761  et  an- 
nées suivantes),  tom.  1  et  4. —  3°  Sur  la  vitesse 
du  son,  avec  trois  suppléments;  ibid.  Dans 
ses  Mélanges  de  littérature  et  de  philosophie , 
5  vol.  in-12,  Amsterdam-,  1767,  1770  et  1773, 
on  trouve  un  Traité  sur  la  liberté  de  la  mu- 
sique. Cet  opuscule  a  été  réimprimé  dans  les 
OEuvres  philosophiques,  historiques  et  litté- 
raires de  d'Alembert,  Paris,  Bastien,  1805, 
18  vol.  in-8o,  et  Paris,  Bossange  frères,  4  vol 
in -8".  D'Alembert  à  fait  insérer  dans  le  Mercure 
du  jnois  de  mars  1702,  une  Lettre  à  M.  Ra- 
memi ,  pour  prouver  que  le  corps  sonore  ne 


nazis  donne  et  ne  peut  nous  dovner  par  lui- 
même  aucune  idée  des  proportions.  Cet  opus- 
cule est  rempli  d'une  bonne  et  saine  critique 
sur  l'objet  en  question. 

ALEOTTl  (  Raf\ell\-Argenta)  ,  religieuse 
augustine ,  naquit  dans  le  duché  de  Ferrare.  Gua- 
rini  { Istoria  délie  chiese  di  Ferrara ,  p.  376) 
et  F.  Borsetti  (Hist.gymn., Ferrare,  p.  il,  Mb. 
5,  p.  464  ),  disent  qu'elle  a  fait  imprimer  des 
motets  et  des  madrigaux  dont  ils  n'indiquent  ni  la 
date  ni  le  lieu.  11  est  vraisemblable  qu'elle  était 
de  la  famille  de  Jean- Baptiste  Aleotti  ,  célèbre 
architecte  et  ingénieur,  et  que  le  nom  d'j4r- 
genta ,  joint  au  sien,  est  celui  d'un  bourg  du 
duché  de  Ferrare  ,  d'où  cette  famille  était  origi- 
naire. 

ALEOTTI  (Victoire)  ,  seconde  fille  du  cé- 
lèbre architecte  Jean-Baptiste  Aleotti ,  naquit 
vers  1570.  Dès  l'âge  de  cinq  ans  elle  montra 
de  grandes  dispositions  pour  la  musique.  Elle 
assistait  aux  leçons  qui  étaient  données  à  sa 
sœur  par  Alexandre  Miileville,  et  son  talent  na- 
turel se  développa  si  bien  dans  cette  audition , 
qu'à  l'âge  de  six  ans  elle  jouait  déjà  fort  bien 
d'une  espèce  de  clavecin  qu'on  appelait  alors 
Arpicordo.  Convaincus  de  la  bonté  de  son  or- 
ganisation musicale,  ses  parents  laconlièrent  aux 
soins  d'Hercule  Pasqnino,  qui  lui  lit  faire  de 
rapides  progrès  dans  le  chant  et  dans  le  contre- 
point. Au  bout  de  deux  ans  ,  Pasqnino  conseilla 
de  l'envoyer  au  couvent  de  Vitti,  renommé  pour 
les  études  musicales  ;  elle  y  entra  en  effet ,  et 
prit  tant  de  goût  à  la  vie  monastique  qu'elle  vou- 
lut terminer  ses  jours  dans  ce  couvent.  Son  père 
a  fait  imprimer  un  recueil  de  vingt  et  une  pièces 
qu'elle  avait  composées  sur  des  vers  de  Gua- 
rini,  sous  le  titre  de  Ghirlanda  di  madriguli 
a  qnattro  voci ;  Venise,  1583  ,  in-4o. 

ALESSAIVDRA  (Catherine),  dame  de 
Pavie,  se  distingua  comme  compositeur  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  Molettl  a  1  e  3  voci, 
op.  2.  aggiuntovi  uno  C'anzon  francese  a  i,  e 
le  litanie  délia  B-V.  a  6  del  Reverendo  D.  Be- 
nedetlo  Rè,  suo  maestro  di  contrappzinto,  Mi- 
lano  ,presso  l'Ercde  di  Simone  Vini  e  Filippo 
Lomazzo,  1609. 

ALESSAINDRI  (Jules  d'), chanoine  de  la 
cathédrale  de  Ferrare,  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle  ,  a  écrit  la  musique  d'un 
Oratorio  à  cinq  voix  intitulé  Santa  Francesca 
Romana.  La  parlilion  manuscrite  de  cet  ouvrage 
est  à  la  bibliothèque  de  Berlin. 

ALESSAMDRI  (Gennaro  d'),  maître  de 
chapelle,  né  à  Naples  en  1717  ,  est  connu  par 
la  musique  de  plusieurs  opéras,  iiarmi  lesquels 


ALESSANDPa  -   ALEXANDER 


65 


on  (ilf  Otionc ,  qui  fut  joué  à  Venise  en  1740. 
ALESSAI\DRI  (Feuce),  né  à  Rome  en 
1742,  fut  (levé  dans  les  conservatoires  de  Na- 
pies.  Il  était  fort  jeune  lorsqu'il  se  rendit  à  Tu- 
rin ,  où  il  fut  attaché  pendant  deux  ans  comme 
claveciniste  et  compositeur.  Il  vint  ensuite  à 
Paris,  et  y  demeura  quatre  ans.  Dans  cet  inter- 
valle, il  donna  au  concert  spirituel  quelques 
morceaux  qui  furent  applaudis.  De  retour  en 
Italie  en  17G7,  il  y  écrivit  Topera  A'Ezio,  |)OMr 
Vérone  ,  ensuite,  Il  Malrïmomo  per  concorso , 
dans  la  même  année,  à  Vienne  ;  et  au  commen- 
cement (le  1768,  L'Argcntino.  Peu  de  temps 
après,  ayant  épouse  une  cantatrice  nommée  Gua- 
(lagni,  il  partit  avec  elle  pour  Londres,  où  il 
donna,  en  1769,  La  Mogliefedele,  Il  Re  alla 
caccia.  En  1773  il  fut  appelé  à  Dresde  pour  y 
composer  L'Amore  soldato.  11  alla  ensuite  à 
Pavie  ,  où  il  écrivit  Creso  ,  en  1774.  Piappelé  à 
Londres  ,  il  y  composa  pendant  l'année  1775  La 
Sposapersiana,  La  Novità,et,  en  société  avec 
Saccliini ,  La  Contadina  in  corle.  De  retour  en 
Italie,  il  donna  successivement  Calliroe  ,  à  Mi- 
lan, en  1778;  Venere  in  Cipro,  dans  la  même 
ville,  au  carnaval  de  1779;  Aitalo ,  à  Flo- 
rence, en  1780;  Il  vecchio  Geloso,  à  Milan, 
en  1781;  Demqfoonie ,  à  Padoue,  en  1783;  Il 
Marito  geloso,  à  Livourne,  en  1784;  Arta- 
serse,  à  Naples ,  en  1774;  f  Puntigli  gelosi , 
à  Palerme,  en  1784;  /  due  fralelli ,  à  Cassel , 
eu  1785;  La  Finta  Principessa,  à  Ferrare,  en 
1786.  Immédiatement  après  avoir  écrit  cet  ou- 
vrage, Alessandri  partit  pour  la  Russie,  dans 
lespoir  d'être  engagé  comme  compositeur  de  la 
cour;  mais  il  ne  réussit  point  dans  son  dessein, 
et  il  fut  obligé  de  donner  à  Pétersbourg  des  le- 
çons de  chant  pour  vivre.  Il  retourna  en  Italie 
vers  la  (in  de  1788  et  composa  pour  le  théâtre 
de  Vienne  Pappa  Mosca.  L'année  suivante  il 
alla  à  Berlin,  et  eut  le  bonheur  d'être  nommé 
par  le  roi  de  Prusse  second  maître  de  chapelle, 
aux  appointements  de  3,000  thalers.  Le  succès 
éclatant  qu'obtint  son  opéra  II  ritorno  d'f/- 
lixse,  en  1790,  au  grand  théâtre  de  Berlin, 
sembla  justifier  cette  faveur.  La  pièce  qu'il  fit 
rei)résenter  ensuite  à  Potsdam  fut  l'opéra-bouffe 
intitula  :  La  Compagnia  d'opéra  in  Nanchino, 
dont  le  sujet  était  une  satire  amère  du  personnel 
du  théâtre  royal  en  1788  ,  et  des  cabales  nui  s'y 
tramaient.  Cet  ouvrage  lui  fit  beaucoup  d'enne- 
mis ,  qui  se  vengèrent  en  faisant  siffler  son 
Dario,  représenté  au  grand  théâtre  de  Berlin 
en  1791.  Ils  ne  s'en  tinrent  point  là.  La  critique 
berlinoise  attaqua  d'abord  avec  violence  Filistri , 
auteur  de  libretti,  et  déchira  ensuite  la  mu- 
sique d'Alessandri.  On  lit  ressortir  la  faiblesse 

IU0(.l;.    UXIV.    DES    JIUSlCiENS.    T.    _    I. 


d'invention  de  celte  musiijue  ,  la  monotonie  d(js 
récitatifs ,  la  manière  lâche  et  incorrecte  qu'on 
remarque  dans  les  chœurs,  etc.  Quant  à  ce  qui 
se  trouvait  de  bon  dans  cet  opéra ,  on  préten- 
dit qu'Alessandri  l'avait  pillé  dans  les  ouvrages 
des  antres  compositeurs.  Ces  attaques  réitérées 
produisirent  leur  effet;  dans  l'été  de  1792,  le  roi 
retira  au  compositeur  le  poëme  d'Alboin, qui  lui 
avait  été  confié  pour  en  faire  la  musique  ,  et  lui 
donna  son  congé,  sans  égard  pour  l'engagement 
qu'il  avait  contracté.  Accablé  de  chagrin  par  sa 
disgrâce,  Alessandri  quitta  Berlin  dans  le  môme 
temps  ;  on  ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis  lors. 

ALESSANDÎllIXÎ  (...)  compositeur  dra- 
matique italien  ,  vivait  dans  sa  patrie  vers  les 
premières  années  du  dix-huitième  siècle.  Il  n'est 
connu  que  par  deux  partitions  d'opéras-bouffes 
qui  ont  pour  titre  La  Finta  Principessa,  et  II 
vecchio  Geloso  : 

ALESSANDRO  ROMAIVO,  surnommé 
délia  Viola,  à  cause  de  son  habileté  sur  cet 
instrument,  fut  reçu  comme  chanteur  à  la  cha- 
pelle du  Pape  en  1560.  Il  s'est  fait  connaître 
par  des  motets  et  des  chansons  à  plusieurs  voix, 
et  a  écrit  aussi  pour  divers  instruments  et  par- 
ticulièrement pour  la  viole.  On  trouve  de  ce 
musicien,  à  la  bibliothèque  royale  de  Munich  : 
1°  Canzoni  alla  Napoletana ,  a  cinqiie  voci; 
iibro  primo  et  secundo;  In  Venezia,  oppressa 
Girolamo  Scotto,  1572-1575,  in-4°.  —  2°  Le  Si- 
rène, et  seconda  Iibro  di  niadrigali  a  cinqiie 
voci;  ibid.,  1577,  in-4o.  Il  y  a  aussi  des  mor- 
ceaux d'Alessandro  Romano  dans  le  recueil  in- 
titulé :  Délie  Muse  Libri  III  a  cinque  voci , 
composa  da  diversi eccelentissimi  Musici,  etc.; 
in  Venezia,  Ant.  Garduno,  1555-1561,  in-4° 
obi. 

ALESSAIVDRO  (  Louis),  compositeur  de 
musique  sacrée,  naquitàSienneen  1736.  En  17SG 
il  fut  nommé  maître  de  chapelle  à  la  cathédrale 
de  Sienne,  où  il  mourut  le  29  janvier  1794.  Il  a 
écrit  beaucoup  de  messes,  de  vêpres  et  de  mo- 
tets qui  sont  estimés  en  Italie. 

ALESSI  (  Jean  ),  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Pise.  On  trouve  à  la  Bibliothèque 
impériale,  à  Paris,  sept  motets  manuscrits,  à 
quatre ,  cinq  et  six  voix ,  sous  le  nom  de  cet 
auteur. 

ALEXAIVDER,  ou  ALEXiVIVDRE, 
maître  chanteur  ou  trouvère  allemand  du  treizième 
siècle,  fut  surnommé  der  Wilde  (le  Sauvage) 
qui,  dans  l'ancienne  signification  du  mot,  indi- 
que celui  qui  aime  l'extraordinaire,  l'inouï,  à 
cause  des  œuvres  métaphoriques,  allégoriques 
et  (^nigmatiques  de  ce  poète  musicien.  Il  nous  ap- 
prend, dans  un  de  ses  ouvrage-;,  qu'il  fut  chanteur 


66 


ALEXANDER  —  ALFARABl 


ambulant,  allant  île  contrée  en  contrée  et  de 
cliûteau  en  cliâteati.  Un  autre  poënie  de  sa  com- 
position, dont  il  ne  reste  que  des  fragments, 
fait  voir  qu'il  lut  contemporain  d'un  Henri  de 
Saxe,  margrave  de  Burgau,  ville  de  la  Ba- 
vière actuelle,  entre  Augsbourg  et  Ulm.  Or, 
deux  princes  de  ce  nom  ont  régné  dans  cette 
principauté.  L'avènement  de  l'ancien  eut  lieu  en 
1234;  le  jeune  fut  installé  en  1232.  C'est  donc 
entre  ces  deux  époques  qu'il  faut  opter  pour  le 
temps  où  florissait  Alexander.  M.  De  Hagen  a 
discuté  savamment  ce  point  d'histoire  littéraire 
dans  son  grand  ouvrage  intitulé  Minnesinger 
(  quatrième  partie,  pages  665  et  suiv.  ).  Le  même 
savant  a  publié  dans  sa  collection,  six  chansons 
avec  les  mélodies  de  ce  trouvère,  d'après  les  ma- 
nuscrits de  Vienne  et  de  léna.  Ces  chants  d'a- 
mour ont  de  la  douceur  et  de  la  grâce,  pour  le 
temps  où  ils  furent  composés. 

ALEXANDER  ou  ALEXANDRE,  pré- 
nom sous  lequel  les  auteurs  du  seizième  siècle 
citent  souvent  Alexandre  Agricola.  Voyez  AGRI- 
COLA  (  Alexandre  ). 

ALEXANDER.  Voyez  DÉMOPHON. 

ALEXANDER  SYMPHONIARCHA, 
contrapuntiste  qui  vivait  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  :  Mottecto- 
rum  quinque  et  duodecim  vocum  Lib.  III  ; 
Francforl-sur-le-Mein ,  1606,  in-4o.  Son  nom 
véritable  n'est  pas  connu. 

ALEXANDER  ou  ALEXANDRE  (Jo- 
seph), violoncelliste  à  Duisbourg  en  1800,  a 
publié  pour  son  instrument  :  l"  Dix  variations 
pour  le  violoncelle,  avec  accompagnement  d'un 
violon,  sur  l'air  0  mein  lieber,  etc.  —  2"  Ariette 
avec  sept  variations  pour  violoncelle  et  violon,  et 
six  variations  pour  violoncelle  et  violon,  sur  l'air 
allemand  Michjliehen  même  Freuden.  —  3o  An- 
weisung  fiir  das  Violoncelle  (  Instruction  pour 
le  violoncelle);  Leipsick,  1801,  gr.  in-4°.  Licli- 
leuthal  cite  un  ouvrage  sous  le  nom  de  Joseph- 
Alexandre  et  sous  ce  titre  :  Anleitung  zum  Vio- 
loncelle spielen;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel, 
1802,  iu-fol.  J'ignore  si  c'est  une  autre  édition 
du  même  ouvrage,  ou  s'il  y  a  seulement  erreur 
de  titre  et  de  date.  —  4°  Air  avec  trente-six  varia- 
tions progressives  pour  l'étude  du  violoncelle 
avec  le  doigté  et  dilférenles  clefs,  accomp.  d'un 
violon  et  d'une  basse;  Leipsick  ,  1802.  —  5°  Pot- 
pourri  pour  violoncelle  avec  accompagnement  de 
violon  ;  ibid. 

ALEXANDRE,  musicien  grec,  né  à 
Cythère,  passa  presque  toute  sa  vie  à  Éplièse. 
Ce  fut  lui  qui  compléta  le  nombre  des  cordes  du 
psaltérion,  instrument  introduit  de  l'Asie  dans 
la  Grèce.  Vers  la  fin  de  sa  vie ,  il  consacra  son 


instrument  dans  le  temple  de  Diane.  (Vo'ji 
Athénée,  1.  IV,  ch.  24.) 

ALEXANDRE  (  Charles  -  Guillaume  ) , 
professeur  de  violon  à  Paris,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  a  donné  à  la  Comédie-Ita- 
lienne les  opéras-comiques  suivants  :  1"  Georget 
et  Georgette;  en  1764.  —  2» Le  Petit-Maître  en 

province;  en  176.5 3°  V Esprit  du  Jour,  en 

1765.  On  connaît  aussi  de  lui  plusieurs  œuvres 
de  musique  instrumentale ,  parmi  lesquels  on 
remarque  six  duetti  pour  deux  violons,  œuvre  8  ; 
Paris,  1775.  En  1755,  il  fit  recevoir  à  l'o- 
péra Le  Triomphe  de  l'Amour  conjugal,  ballet- 
opéra,  et  en  1756,  La  Conquête  du  Mogol, 
dont  il  avait  composé  la  musique;  mais  ces  ou- 
vrages n'ont  jamais  été  représentés. 

ALFARABl  (  Abou-Nasr- Mohammed- Ibn- 
Obeïdallah-Alkay.si  ),  célèbre  philosophe  arabt-, 
naquit  àFàràb,  aujourd'hui  Othràx,  ville  de  la 
Transoxane.  Le  désir  de  s'instruire  le  porta  à 
s'éloigner  de  sa  patrie  pour  aller  à  Bagdad 
étudier  la  philosophie  sous  un  docteur  nommé 
Abou  Bœkker  Mattey,  de  qui  l'on  a  des  tra- 
ductions arabes  de  quelques  ouvrages  d'Aristote. 
Il  alla  ensuite  à  Harran,où  un  médecin  chrétien, 
nommé  Jean,  lui  enseigna  la  logique.  De  là,  il 
se  rendit  à  Damas,  puis  en  Egypte;  enfin  il 
retourna  à  Damas ,  où  les  bienfaits  de  Séïf-ed- 
Daulah,  prince  de  cette  ville,  le  fixèrent.  Il 
mourut  Tan  339  de  l'hégire  (  950  de  J.-C.  ). 
Au  nombre  des  ouvrages  d'Alfarabi  est  un  traité 
de  musique,  intitulé  :  Istikasat-ilm-musrke 
(  Éléments  de  musique  ),  dont  le  manuscrit 
existe  à  la  bibliothèque  de  l'Escurial,  sous  le 
numéro  906,  suivant  le  catalogue  de  Cassiri 
(  Ribliot.  Arabico-Hispan.  Escurial.  ).  Il  en 
existe  un  autre  manuscrit  beaucoup  plus  beau 
et  en  meilleur  ordre  dans  la  bibliothèque  Am- 
hroisienne  de  Milan.  Le  célèbre  orientaliste 
Hammer-Purgstall  l'a  consulté  pour  l'ouvrage 
de  Kiesewetter  sur  la  musique  Arabe.  Enfin,  le 
catalogue  des  manuscrits  orientaux  de  la  bi- 
bliothèque de  Leyde  indique  (  n»  1080,  p.  454  ) 
l'ouvrage  d'Alfarabi  sous  ce  titre  :  De  prnpor- 
tione  harmonica  Musicx.  Cet  ouvrage  est  dit 
visé  en  deux  livres.  Le  premier  est  en  deux 
parties,  dont  la  première  renferme  le  prolo^-ue, 
et  dont  la  seconde  traite  de  la  musique  elle-même. 
Celte  deuxième  partie  forme  trois  divisions,  dont 
la  première  expose  la  doctrine  des  intervalles  et 
de  leurs  proportions,  selon  le  système  de  Ptolé- 
mée;  doctrine  appliquée  d'une  manière  assez 
obscure  aux  circulations  des  modes  de  la  mu- 
sique arabe.  La  seconde  division  renferme  la 
description  des  instruments  de  musique  arabe 
le  plus  en  usage  au  temps  d'Alfarabi;  et  enfin. 


ALFAR/VTÎI  —  ALFORD 


67 


dans  la  Iroisième,  l'auteur  expose  le  système  do 
la  formation  des  Tabaqah,  ou  échelles  musica- 
les. Le  second  livre  a  pour  objet  la  comparai- 
son des  divers  systèmes  de  théorie  musicale, 
avec  les  observations  et  corrections  d'Alfarabi. 
Le  manuscrit  de  ce  traité,  qui  se  trouve  à  la 
bibliothèque  de  l'Escurial,  est  dans  un  très-grand 
désordre,  qui  en  rend  la  lecture  difficile,  parce 
que  la  plupart  des  feuillets  ont  été  transposés 
par  le  relieur.  En  cet  état  le  manuscrit  a  été 
confié  à  M.  Mariano  Soviano  Fuertes ,  de  Bar- 
celone, avec  une  traduction  espagnole  inédite, 
qui  a  été  faite  par  le  célèbre  orientaliste  D.  José 
Antonio  Conde ,  bibliothécaire  de  l'Escurial. 
M.  Fuertes  s'est  attaché  à  mettre  l'ouvrage  en 
aussi  bon  ordre  qu'il  a  pu  ;  puis  il  en  a  publié  des 
extraits  dans  le  livre  qui  a  pour  titre  :  Musica 
Arabc-Espanola ,  ij  conexion  de  la  7nusica 
con  la  astronomia ,  medicina  y  arqnitectura  ; 
Harcelona,  par  D.  Juan  Olh-ares,  impressor 
de  S.  M.,  1853,  in-8°  de  133  pages.  M.  Soriano- 
Fiteiles  remarque,  dans  sa  préface  ou  prologue, 
qu'antérieurement  au  temps  d'Alfarabi,  plusieurs 
auteurs  arabes-espagnols  avaient  travaillé  au 
j>erfectionnement  de  la  musique  de  leurs  com- 
patriotes, et  avaient  écrit  sur  cette  matière  de 
bons  ouvrages  qiii  existent  encore.  Une  traduc- 
tion latine  d'ime  partie  du  traité  de  musique 
<rAlfaral>i  a  été  faite  dans  le  quinzième  siècle 
jmr  le  fameux  hérésiarque  Jérôme  de  Prague. 
Celle  traduction  a  été  publiée  par  M.  Schmoer- 
(lers,  dans  ses  Documenta  Arabum  ex  codicibus 
Mss.;  Bonn,  1836,  in-8°.  11  est  dit  dans  la  notice 
d'Alfarabi,  insérée  dans  la  Nouvelle  Biographie 
générale  de  MM.  Didot  frères  {tome  \",  col. 
932)  que  le  traité  de  musique  de  cet  auteur  a 
été  consulté  par  La  Borde  (  Essai  sur  la  Musique 
(inciennp  et  moderne,\,  p.  177-182)  :  c'est  une 
erreur  ;  ce  qui  concerne  la  musique  des  Arabes, 
dans  le  livre  de  La  Borde ,  est  tiré  d'un  travail 
inédit  de  l'orientaliste  Fonton  (roy.  ce  nom)  dont 
le  mss.  est  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris. 
La  doctrine  exposée  dans  ce  travail,  ainsi  que 
•lans  l'extrait  fait  par  La  Borde,  est  celle  de  la 
musique  usitée  chez  les  Arabes  jusqu'à  ce  jour  : 
doctrine  beaucoup  mieux  expliquée  par  Villo- 
teau  (  voy.  ce  nom)  dans  la  grande  Description 
de  l'Egypte  publiée  par  le  gouvernement  fran- 
çais; tandis  que  la  partie  théorique  de  l'ouvrage 
(l'Alfaradi  n'est  que  l'exposé  de  la  doctrine  de 
Ptolémée  ou  des  Grecs  du  deuxième  siècle.  Le  jé- 
suite Andrès  a  donnédans  ses  Origine e Progressi 
d'ogni  letteratura  (t.  IX,  p.  122)  une  analyse  de 
cet  ouvrage,  d'après  Cassiri.  Le  savant  Kosegar- 
ten  a  parlé  d'une  manière  trop  générale,  dans  la 
préface  de   l'Aghani  Izyfahani,   lorsqu'il  a  dit 


que  les  |)rincipes  de  la  musique  arabe  sont  cal- 
qués sur  ceux  de  la  musique  grecque  :  cela  n'est 
exact  que  pour  la  théorie  exposée  par  Alfarabi. 
Il  existe  un  autre  ouvrage  de  ce  philosophe  où 
il  a  aussi  traité  de  la  musique  :  c'est  une  en- 
cyclopédie intitulée  Jfisa-el-o'loum,  où  il  donne 
une  notion  et  une  définition  de  toutes  les  sciencf's 
et  de  tous  les  arts.  Le  manuscrit  de  cet  ou- 
vrage est  à  la  bibliothèque  de  l'Escurial  (n" 
C43). 

ALFIERI  (L'abbé  Piehre),  prêtre  romain, 
ancien  moine  camaldule,  membre  de  l'académie 
de  Sainte-Cécile,  et  professeur  de  chant  grégo- 
rien dansie collège  delaNation-Anglaise,  e«t  né  à 
Rome  vers  1805.  Il  a  publié  les  ouvrages  donl. 
voici  les  titres  :  lo  Saggio  storico  teoretico- 
pratico  del  canto  gregoriano  per  istruzione 
degli  ecclesiastici ;  Borna,  tipografia  dellc 
Belle-Arti,  1835,gr.in-4°de  134  pages. —  2o  Ris 
tabilmente  del  canto  e  délia  musica  ecclesias- 
tica  ,  considerazioni  scritle  in  occazione  de' 
moltipUci  reclami  contra  gli  abusi  insorti  in 
varie  chiese  d'Italia  e  di  Francia;  lioma,  ti- 
pografia délie  Belle-Arti,  1843,  in-8o  de  130 
pages.  On  a  aussi  de  l'abbé  Allieri  une  traduc- 
tion du  traité  d'harmonie  de  Catcl ,  intitulée  : 
Trattato  di  armonia  di  Carlo  Simone  Catel 
tradotto  in  italiano;  Roma,  delta  stamperta 
litograficadeLuigi  Polisiero,  1840,  in  fol.  Enfin, 
M.  Allieri  s'est  distingué  comme  éditeur  de  mu- 
sique classique  et  religieuse ,  par  les  publica- 
tions suivantes  :  lo  Excerpta  ex  celebrioribus 
demusica  virisjo.  Petro  Aloisio  Pracnestino , 
Thoma  Lodovico  Vittoria  et  Gregorio  Allegri 
Romano;  Roma,  1840,  in-fol.  Ce  recueil  con- 
fient des  motets  à  huit  voix.  —  2»  Inno  e  Ritmo  : 
Stahat  Mater  dolorosa  ;  e  motetto  :  Fratres  ego 
enim  accepj,  a  otto  voci  dislribuiti  in  due 
cori,da  Giov.  Pier  Lutgida  Palestrina  ;  Roma, 
18'jO,  in-fol.  —  30  Raccolta  di  mottetti  a  quat- 
tro  voci  di  Giov.  Pier  Luigi  da  Palestrina,  di 
Lodovico  de  Vittoria,  di  Aviaedi  Felice  Ane- 
rio,  Romano;  Roma,  1841,  in-fol.  Cette  collec- 
tion renferme  seize  motets,  —  4"  Raccolta  di 
musica  in  eut  contengonsi  i  Capo  Lavori  di 
celebri  compositori  itaUani,  consistenti.  in 
messe,  secuenze,  offertorii,  salmi,  Inni,  etc., 
da  due  sino  a  otto  voci. 

ALFORD  (Jean)  musicien  anglais,  vivait 
à  Londres  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il 
donna  une  traduction  du  traité  de  musique 
d'Adrien  Le  Roy,  sous  ce  titre  :  A  Briefe  and 
Easye  Instruction  to  learne  thc  tableture,  io 
conducte  and  dispose  the  hande  unie  the 
litte;  Englished  by  J.  A.  ivitli  a  eut  of  the 
lute ;   London,  l.")f8^  in  4".  Quelques  années 

5. 


68 


ALFORD  —  ALIANI 


après  il  parut  une  autre  traduction  anglaise  du 
même  ouvrage. 

ALFRED,  surnommé  le  Grand,  sixième 
roi  d'Angleterre,  de  la  dynastie  saxonne,  naquit 
en  849,  et  succéda  à  son  frère  Atlielred  en  871, 
à  l'âge  de  vingt-deux  ans  accomplis.  Après  un 
règne  glorieux,  il  mourut  dans  l'année  900,  sui- 
vant quelques  historiens,  ouïe  28  octobre  901 , 
d'après  d'autres  traditions.  L'histoire  de  ce 
grand  homme  ne  peut  trouver  place  dans  un 
ouvrage  tel  que  celui-ci  :  nous  dirons  seule- 
ment qu'égal  à  Charlemagne,  qui  l'avait  précédé 
d'un  siècle,  par  l'activité,  par  la  bravoure,  par 
l'intelligence  et  par  la  force  d'âme,  il  le  surpassa 
par  la  bonté  du  cœur,  par  un  esprit  éminemment 
philosophique,  et  par  le  sentiment  de  la  dignité 
humaine.  C'est  dans  le  testament  de  ce  roi 
qu'on  trouve  ces  paroles  bien  remarquables  au 
neuvième  siècle  :  Les  Anglais  doivent  être 
aussi  libres  que  leurs  pensées.  Instruit  dans 
les  lettres,  dans  l'histoire  et  dans  les  arts  li- 
béraux, Alfred  cultiva  la  poésie  et  la  musique. 
Il  jouait  bien  de  la  harpe,  et  s'accompagnait  de 
cet  instrument  lorsqu'il  chantait  ses  poèmes. 
Déguisé  en  barde,  il  pénétra  aux  sons  de  sa  harpe 
dans  le  camp  des  Danois,  ses  ennemis,  pour 
observer  leur  situation  ,  et  les  charma  par  ses 
chants.  Fondateur  de  l'université  d'Oxford , 
il  y  établit  une  chaire  de  musique  qu'il  confia 
au  moine  Jean ,  religieux  de  l'abbaye  do  Saint- 
David. 

ALFREID,  surnommé  le  Philosophe,  savant 
anglais,  jouit  d'une  grande  réputation  dans  le 
treizième  siècle,  en  France,  en  Italie  et  en  Angle- 
terre. Il  séjourna  longtemps  à  Rome,  et  retourna 
dans  sa  patrie  en  1268,  à  la  suite  du  légat  du 
pape.  11  y  mourut  peu  de  temps  après.  Parmi  ses 
ouvrages,  il  s'en  trouve  un,  intitulé  De  Mzisica, 
qui  est  resté  manuscrit. 

ALGAROTTS  (François),  né  à  Venise 
le  11  décembre  1712,  fit  ses  études  sous  les 
célèbres  professeurs  Eustache  Manfredi  et  Fran- 
çois Zanotli ,  qui  lui  firent  faire  de  grands 
progrès  dans  les  mathématiques,  la  géométrie, 
l'astronomie,  la  philosophie  et  la  physique;  il 
s'attacha  aussi  à  l'étude  des  langues  grecque  et 
latine;  enfin  il  réunit  les  qualités  de  savant,  de 
littérateur  et  de  philosophe.  Il  fut  lié  d'amitié 
avec  Voltaire ,  Frédéric  le  Grand,  et  tous  les 
hommes  célèbres  de  son  temps.  Frédéric  lui 
conféra  le  titre  de  comte  du  royaume  de  Prusse 
pour  lui,  son  frère  et  leurs  descendants,  le  fit 
son  chambellan,  et  chevalier  de  l'ordre  du  Mérite. 
Il  mourut  de  plilliisie  à  Pise,  le  3  mars  1764,  à 
l'âge  de  cinquante-deux  ans. 

Parmi    ses  ouvrages,  qui  sont  nombreux ,  on 


trouve  Saggio  sopra  VOpera  in  musicn,  pu- 
blié en  1755,  sans  nom  de  lieu.  Il  y  en  a  beau- 
coup d'autres  éditions  :  une  des  dernières  est 
imprimée  a  Livourne,  1763,  in. 8°  de  157  pages. 
Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  dans  l'édition  des 
œuvres  d'Algarotti  publiée  à  Livourne  en  1763, 
4  vol.  in-80;  dans  celle  de  Berhn,  1772,  8  vol. 
in-80,  et  dans  le  troisième  volume  de  celle  de 
Venise,  1791-1794,  17  vol.  in-S".  Chastellux  l'a 
traduit  en  français  sous  ce  titre  :  Essai  sur  VO- 
pera, Paris,  1773  ,  in-8o ,  et  Raspe  en  a  donné 
une  traduction  allemande  dans  les  Weechentli- 
chen  Nachrichten  die  Musik  betreffend  de 
Hiller,  année  3",  p.  387,  et  dans  l'appendice  de 
cette  année,  p.  1-22. 

ALGERMANN  (François),  musicien  et 
poète  allemand ,  vivait  vers  la  fin  du  seizième 
siècle.  On  connaît  de  lui  deux  ouvrages  inti- 
tulés :  1°  Ephemerides  hymnornin  ecclesiasH- 
corum ,  oder  geistUche  Kirchengesxnge.  — 
2°  Himmlyche  cantoreis  (  Chants  célestes  )  ; 
ils  ont  été  publiés  à  Hambourg. 

ALGERMÏSSEN  (  J.-A.  ),  sous  ce  nom  a, 
été  publié ,  dans  la  Gazette  générale  de  Musi- 
que de  Leipsick  (  année  49,  no'  8  ,  9,  10  et  11, 
un  bon  travail  sur  l'IMhétique  dans  la  nature 
du  temps,  eu  l'état  présent  des  connaissance'^ , 
ou  de  la  science  rationnelle  du  son  et  de  la 
mesure. 

ALGISl  ou  ALGHISI  (Paris-François), 
docteur  en  droit,  compositeur  et  organiste  de  la 
cathédrale  de  Brescia ,  naquit  en  cette  ville  le 
2  juin  1666.  Vers  la  fin  du  dix-septième  siècle 
il  séjourna  pendant  quelques  années  à  Venise,  où 
il  fit  représenter,  en  1690,  deux  opéras  intitulés  : 
1°  VAmor  di  Curzio  per  la  patria.  —  2"  // 
Trionjo  délia  continenza.  Le  dernier  eut  tant 
de  vogue,  qu'on  le  reprit  l'année  suivante  au 
théâtre  de  Venise,  distinction  fort  rare  en  Italie. 
La  manière  singulière  dont  Alghisi  vécut  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie  lui  acquirent  à 
Brescia  le  nom  de  saint.  Il  ne  se  nourrissait 
que  d'herbes,  qu'il  assaisonnait  de  sel  :  il  est 
mort  dans  sa  ville  natale,  le  29  mars  1743. 

ALGREEIM  (Swen),  savant  Suédois, 
membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Stock- 
holm, et  amateur  de  musique,  fut  lié  d'amitié 
avec  le  Dr.  Brelin  (voy.  ce  nom),  et  donna,  après 
la  mort  de  celui-ci,  une  description  du  clavecin 
qu'il  avait  inventé.  Cette  description  est  insérée 
dans  le  dix -neuvième  volume  des  Mémoires  di; 
l'Académie  de  Suède.  Elle  a  pour  titre  :  Dfs- 
cription  du  clavecin  à  tangentes  du  D^'. Bre- 
lin, décédé,  et  des  additions  qiCy  a  faites 
M.  Scheffer. 

ALIAIVI  (François),  habile  violoncelliste. 


ALIANI  —  ALIZARD 


69 


né  à  Plaisance.  Son  père ,  qui  étiit  premier  vio- 
lon en  cette  ville,  lui  donna  de  bonne  heure  des 
leçons  de  musique  et  de  violon;  mais,  recon- 
naissant ensuite  que  son  (ils  avait  de  grandes 
dispositions  pour  le  violoncelle,  il  le  conduisit  à 
Parme ,  où  il  le  mit  sous  la  direction  de  Gius. 
Hovelli,  de  Bergame,  alors  premier  violon- 
celliste au  service  du  duc  Ferdinand.  Après 
cinq  années  passées  à  celte  école,  il  fut  considéré 
lui-môme  comme  un  des  plus  habiles  professeurs 
sur  son  instrument ,  et  revint  alors  dans  sa 
patrie,  oii  il  occupa  la  place  de  premier  vio- 
loncelle au  théâtre  et  à  l'éslise.  Il  y  termina  ses 
joins  au  mois  de  mai  1812.  On  a  de  sa  com- 
position trois  livres  de  duos  pour  deux  violon- 
celles. 

ALIANI  (  Louis  ),  fds  du  précédent,  pre- 
mier violon  et  directeur  de  l'orchestre  de  la 
ville  et  du  théâtre  de  Vicence,  est  né  à  Plai- 
sance en  1789.  Quoiqu'il  n'ait  étudié  le  violon 
que  sous  la  direction  de  son  père,  ses  disposi- 
tions naturelles  lui  firent  faire  des  progrès  si 
rapides,  qu'à  l'ùge  de  dix-huit  ans  il  étonnait 
déjà  les  professeurs  de  Milan;  à  vingt  ans  il 
excita  l'admiration  du  public  dans  les  concerts 
qu'il  donna  à  Venise  et  à  Vicence  ;  il  obtint  alors 
<lanscetle  dernière  ville  l'emploi  ci-dessus  énoncé. 
On  a  publié  de  la  composition  de  cet  aitisie  : 
Grand'  ar'iadi  bravuracon  preludio  e  varia- 
zioni  per  v'wlino  solo ,  con  accomp.  dl  quin- 
tctlo;  Milan,  Riccordi. 

ALIFAX  (  Andhé  ).  On  trouve  sous  le  nom 
<lc  cet  auteur,  à  la  Bibliothèque  impériale,  à  Paris, 
un  Nïsi  Dominus  à  quatre  voix,  en  partition 
originale.  Il  y  a  eu  un  musicien  anghiis  de  ce 
nom,  qui  vivait  à  la  fin  du  dix-septième  siècle. 

ALINOVI  (Joseph  ),  compositeur,  est  né  à 
Parme,  le  27  septembre  1790.  Après  avoir  étudié 
les  belles-lettres,  il  s'appliqua  avec  enthousiasme 
à  l'étude  de  la  musique  sous  la  direction  de 
Franc.  Fortunati,  son  compatriote.  Il  a  compo- 
sé beaucoup  de  musique  instrumentale  et  vocale, 
sacrée  et  profane  ,  qu'on  trouve  en  manuscrit 
dans  presque  tous  les  magasins  d'Italie.  Il  s'est 
lixé  dans  sa  pa'trie,  où  il  se  livre  à  l'enseigne- 
ment du  chant  et  du  piano.  On  a  publié  de  sa 
composition  :  Divertimento per  corno  di  caccia 
con  accomp.  di  grande  orchestre;  Milan,  Ric- 
cordi, et  Introduzione  e  tema  originale  con 
variazioni  péril  piano  forte;  ibid.  Par  décret 
de  la  grande  duchesse  de  Parme  en  date  du 
30  mars  1837,  Alinovi  a  succédé  à  Ferdinand 
Simonis,  décédé,  dans  les  places  de  maîtres  de 
chapelle  et  de  directeur  des  concerts  de  la  cour. 

ALIPRANDÎ  (Bernard), né  en  Tosca^ne,  au 
commencement  du  di.x-huilième  siècle,  fut  d'a- 


bord compositeur  de  la  chambre  et  directeur  des 
concerts  de  la  cour  de  Bavière.  Il  devint  ensuite 
maître  de  chapelle  de  la  même  com-,  pour  la- 
quelle il  composa  les  opéras  suivants  -.  Mithri- 
datc,  en  1738  ;  Iphigénie,  en  allemand,  en  173!)  ; 
Sémiiamis,  en  1740.  —  Aliprandi  (Bernard), 
fils  du  précédent ,  fut  un  habile  violoncelliste  au 
service  de  la  cour  électorale  de  Munich,  où  il  se 
trouvait  encore  en  1786.  Depuis  1782,  il  avait 
publié  quelques  morceaux  pour  son  instrument , 
et  non  pour  la  viola  da  gamba,  comme  on  le 
dit  dans  le  Dictionnaire  des  Musiciens,  d'après  le 
'"premier  Lexikon  de  E.-L.  Gerber. 

ALIPRANDI  (Vincent),  ténor  distingué, 
né  à  Bologne,  a  chanté  avec  succès  sur  les  prin- 
cipaux théâtres  d'Italie  dans  la  première  partie 
du  siècle  présent.  Il  est  mort  à  Bologne,  le  28  fé- 
vrier 1828. 

AIJQUOT  (Jehan),  dit  Roquier,  fut  musi- 
cien au  service  de  Charlotte  de  Savoie,  femme  de 
Louis  XI,  depuis  1462  jusqu'en  1469.11  mourut 
dans  le  cours  de  cette  dernière  année.  Ses  appoin- 
tements étaient  de  72  livres  tournois  (432  fr. 
64  c,  suivant  la  valeur  de  la  livre  tournois  à  cette 
époque). 

ALIX  (L'abbé  Céleste),  chapelain  de  l'église 
des  Génovéfains  ,  à  Paris,  est  auteur  d'un  Mé- 
moire pour  servir  à  l'étude  et  à  la  restaura- 
tion du  chant  romain  en  France;  Paris,  Le- 
coffre  et  C'e,  18.51, in-8°dequatre-vingt-dixneut 
pages.  On  a  aussi  du  môme  :  Réponse  aux  étu- 
des de  M.  Duval  (voy.  ce  nom),  sur  le  graduel 
romain  publié  à  Paris  chez  M.  Lecoffre,  en 
1851,  sous  la  direction  de  la  commission  ins- 
tituée par  NN.  SS.  les  archevêques  de  Reims 
et  de  Cambrai;  Paris,  Lecoffre  et  C'c,  1852,  in-S". 
M.  l'abbé  Alix  a  été  membre  de  la  commission 
qui  a  préparé  l'édition  du  graduel  de  1831,  objet 
des  critiques  de  M.  Duval. 

ALIZARD  (Adolphe- Joseph-Louis),  né  à 
Paris,  le  29  décembre  1814,  fit  ses  études  au 
collège  de  Montdidier.  Sa  mère  le  destinait  à 
l'enseignement,  et  ne  consentit  qu'avec  peine  à  lui 
laisser  suivre  le  penchant  qu'il  avait  pour  la  mu- 
sique. En  1830,  cette  dame  alla  diriger  un  pen- 
sionnat à  Beauvais  :  son  fils  l'y  suivit,  et  entra 
au  collège  de  cette  ville,  où  il  trouva  pour  pro- 
fesseur de  musique  M.Victor  Magnien  {voy.  ce 
nom),  qui  découvrit  ses  dispositions  pour  cet  art, 
et  lui  fit  faire  de  rapides  progrès.  M.  Magnien 
détermina  enfin  la  mère  d'Alizard  à  l'envoyer  à 
Paris,  pour  y  terminer  ses  études  musicales. 
Urlian  {voy.  ce  nom)  fut  le  maître  qu'il  y  rencon- 
tra d'abord  et  qui  se  chargea  de  son  éducation  de 
violoniste  ;  mais  le  hasard  ayant  fait  connaître 
au  professeur  la  beauté  de  la  voix  de  son  élève. 


70 


AL1ZA.UD  —  ALKAN 


il  lui  fit  abandonner  Pf>n  instrument,  et  le  (it  en- 
trer au  pensionnat  du  Conservatoire,  où  il  reçut 
les  leçons  de  Banderali.  Alizard  entra  dans  cet 
établissement  au  mois  de  mai  1 834.  Deux  ans  après, 
le  premier  prix  de  chant  lui  fut  décerné  dans  un 
brillant  concours,  et  le  23  juin  1837,  il  débuta  à 
l'Opéra  dans  le  rôle  de  Saint-Bris  des  Htiguenols. 
Il  y  obtint  un  succès  boiiorable  ;  mais  l'espèce  de 
difformité  qni  résultait  du  contraste  de  sa  courte 
taille  avec  des  proportions  musculaires  très-dé- 
veloppées  ne  le  rendit  pas  sympathique  au  pu- 
blic, et  sa  position  au  théâtre  resta  longtemps 
secondaire.  Le  caractère  de  sa  voix  était  une  basse 
profonde,  d'un  timbre  puissant  et  sonore,  sorte 
d'organe  très-utile  dans  la  musique ,  mais  dont 
les  avantages  trouvent  rarement  l'occasion  de  se 
faire  remarquer  à  la  scène.  Nonobstant  l'appui 
que  ses  amis  lui  prêtaient  dans  les  journaux,  Ali- 
zard resta  à  l'Opéra  dans  une  condition  secon- 
daire jusqu'en  1842  :  alors  il  se  décida  à  se  re- 
tirer de  ce  théâtre,  et  accepta  un  engagement  à 
celui  de  Bruxelles.  II  y  resta  deux  années,  pendant 
lesquelles  il  força  son  organe  vocal  à  se  prêter  à 
une  transformation  qui  lui  fut  funeste;  car,  de 
basse  profonde  qu'était  naturellement  cet  organe, 
il  en  fit  un  baryton,  et  chanta  tous  les  rôles  de  cet 
emploi  dans  le  grand  Opéra.  H  y  trouvait  l'a- 
vantage d'une  meilleure  position  momentanée , 
mais  il  préparait  la  ruine  de  sa  voix  et  de  sa  santé. 
Les  premières  atteintes  d'une  maladie  des  bron- 
ches ne  tardèrent  pas  à  se  manifester;  il  dut 
suspendre  son  service  au  théâtre,  et  fut  enlin 
obligé  de  se  retirer.  On  lui  conseilla  alors  le 
voyage  de  l'Italie  comme  efiicace  pour  le  mal 
dont  il  souffrait  :  il  suivit  ce  conseil,  et  s'en 
trouva  bien;  car  la  sonorité  de  son  organe  revint, 
et  il  put  chanter  avec  succès  sur  quelques  théâ- 
tres italiens.  De  retour  en  France  en  184fi,  il  se 
fit  entendre  dans  quelques  représentations,  et  y 
fit  une  vive  impression  dans  quelques-uns  de  ses 
meilleurs  rôles.  Rappelé  à  Paris  au  mois  d'aoftt 
de  la  même  année,  il  rentra  à  l'Opéra  avec  Je 
titre  de  chef  d'emploi.  II  y  revenait  avec  une 
voix  aussi  puissante  en  apparence  qu'autrefois, 
mais  plus  étendue,  mieox  exercée;  et  l'artiste  avait 
acquis  cette  confiance  en  soi-même  sans  laquelle 
on  ne  domine  pas  l'opinion  publique.  Alizard 
excita  d'abord  une  sorte  d'enthousiasme  dans  ses 
rôles  principaux,  et  ses  succès  conservèrent  leur 
éclat  pendant  deux  ans  environ  ;  mais,  au  mois 
d'octobre  1848,  le  mal  dont  il  avait  été  atteint  à 
Bruxelles  reparut  avec  un  caractère  plus  alar- 
mant; car  ce  n'étaient  plus  les  bronches  qui 
étaient  attaquées,  c'était  le  larynx  lui-même.  Dans 
l'espoir  que  le  climat  de  la  France  méridionale  le 
guérirait,  l'artiste  retourna  à  Marseille,  d'où  il  ne 


devait  plus  sortir.  Peu  de  Kcmaincs  après  son 
arrivée  dans  cette  ville  il  expira,  an  mois  de  jan- 
vier 1850,  à  l'âge  de  trente-six  ans.  Alizard  avait 
de  l'instruction,  aimait  l'art  sérieux  et  s'occupait 
de  son  histoire.  Ce  goût  lui  avait  lait  rassembler 
des  livres  rares  et  des  curiosités  musicales  qui 
absorbaient  tootes  ses  économies.  Il  en  résulta 
pour  lui  de  la  gêne  dans  la  maladie  longue  et 
douloureuse  qui  le  conduisit  au  tombeau  ;  mais 
cette  circonstance  (ut  l'occasion  d'un  noble  irait 
de  dévouement  et  de  générosité  que  l'histoire 
doit  enregistrer.  Connaissant  sa  triste  situation, 
quatre  de  ses  amis  se  réunirent,  se  cotisèrent, 
et  l'un  d'eux  alla  le  voir,  lui  portant  200  francs,  et 
lui  disant  avec  cette  délicatesse  d'ex  pressions  qu'on 
n'a  qu'en  France  pour  de  pareils  traits  :  «  Cher 
«  Alizard  ,  ta  maladie  est  sans  doute  pour  toi  la 
«  cause  de  quelque  gêne  ;  mais  ta  santé  ne  peut 
«  tarder  à  se  rétablir.  Tu  reprendras  ton  service 
"  au  théâtre,  et  tes  succès  auront  bientôt  comblé 
•<■  ton  petit  arriéré.  Permets  donc  à  tes  amis  d'être 
«  tes  banquiers  en  attendant  ce  moment,  et  ac- 
«  ceple  comme  un  prêt  ce  que  je  suis  chargé  par 
«  eux  de  t'apporter.  »  Alizard,  qui ,  seul,  se. fai- 
sait illusion  sur  son  état,  crut  ainsi  ne  contracter 
qu'une  dette  momentanée.  Tous  les  mois,  la  même 
visite  se  renouvela  jusqu'au  dernier  moment,  et 
l'artiste  objet  de  cette  belle  action  continua  de 
faire  ses  reçus  de  la  même  somme  avec  la  même 
sécurité. 

ALKAIV  (Charles-"Valentin),  connu  sous 
le  nom  d'Alban  aîné,  né  à  Paris,  au  mois  de 
décembre  1813,  montra  dès  ses  premières 
années  les  dispositions  les  plus  remarquables 
pour  la  musique.  Admis  comme  élève  au  Con- 
servatoire de  Paris,  il  y  obtint  le  premier  prix 
de  solfège  à  l'âge  de  sept  ans  et  demi.  Dans  le 
même  temps  il  exécuta  en  public  un  air  varié 
de  Rode  sur  le  violon  ;  mais  dans  la  suite  il 
abandonna  cet  instrument.  Ses  progrès  dans  l'é- 
tude du  piano,  sous  la  direction  de  Zimmer- 
man  ,  ne  furent  pas  moins  rapides,  car  il  était  à 
peine  âgé  de  dix  ans  lorsque  le  premier  prix  de 
cet  instrument  lui  fut  décerné  dans  un  concours 
public.  Devenu  élève  de  Doarlen  pour  l'har- 
monie, il  porta  dans  l'étude  de  cette  science  l'heu- 
reuse organisation  dont  la  nature  l'avait  doué, 
et  pour  la  troisième  fois  il  fut  vainqueur  de  ses 
rivaux  dans  l'école  qui  avait  été  le  théâtre  de 
ses  autres  succès  ;  le  premier  prix  lui  fut  ac- 
cordé en  1896.  Zimmerman,  qui  avait  fait  son 
éducation  de  pianiste,  lui  donna  ensuite  des  le- 
çons de  contre-point  et  de  fugue,  et  ce  fut  comme 
élève  de  ce  professeur  qu'il  parut  en  1831  au 
concours  du  grand  prix  de  l'Institut,  et  qu'il  y  ob- 
tint une  mention  honorable.  Depuis  lors  ce  jeune 


ALKAN  —  ALLACCI 


71 


artiste  s'est  livré  à  la  composition  pour  son  ins- 
tiiunont  et  à  l'enseignement  du  piano.  Il  s'est  fait 
flnteruire  avec  succès  dans  plusieurs  concerts,  no- 
tamment à  l'un  de  ceux  du  Conservatoire,  où  il  a 
cxéouté  un  concerto  de  sa  composition  dans  la 
saison  de  1831.  Doué  d'un  talent  sérieux  et  ori- 
jiinnl,  Alkan  n'a  pas  recherche  les  succès  de 
vogue,  que  sa  grande  habileté  lui  eût  rendus  fa- 
ciles. Les  artistes  ont  une  grande  estime  pour  son 
mérite,  et  en  portent  très-haut  la  valeur.  Cette 
opinion  est  justifiée,  car  Alkan  n'est  pas  seule- 
ment un  très-habile  pianiste  et  un  compositeur 
plein  de  fantaisie  ;  c'est  un  grand  musicien  qui 
a  jusqu'au  fond  du  cœur  le  sentiment  du  beau. 
Sa  manière  est  d'une  originalité  incontestable. 
Riais  sa  musique  est  difficile,  et  pour  en  bien 
saisir  l'esprit,  il  faut  la  lui  entendre  jouer  :  le 
public  ne  la  connaît  pas  suffisamment. 

M.  Alkan  a  publié  jusqu'à  ce  jour  les  produc- 
tions dont  les  titres  suivent  :  1°  Les  Omnibus,  va- 
riations pour  le  piano  dédiées  aux  dames  blan- 
ches ;  Paris,  Schlesinger.  —  2°  Variations  sur  le 
(bénie  de  L'Orage,  de  Steibelt.  — 3"  Concerto  pour 
le  piano  avec  accompagnement  d'orchestre.  —  4" 
Vingt-cinq  préludes  dans  tous  les  tons  majetirs 
et  mineurs  pour  piano  ou  orgtce,  en  trois  suites, 
op.  31;  Paris,  Brandus.  —  5°  Doiize  études  dans 
tous  les  tons  majeurs,  op.  35  ;  ibid.  —  G°  V Ami- 
tié, grande  étude;  ibid.  —  T  Marche  funèbre, 
op.  26;  ibid.  —  8°  Marche  triomphale ,  op.  27; 
ibid.  —  9"  Le  Chemin  de  /er, étude  pour  le  piano. 

—  10°  Bourrée  d' Auvergne,  éiwA^,  op.  29;  ibid. 

—  W"  Le  Preux,  étude  de  concert,  op.  17  ;  ibid. 

—  12°  Nocturne  pour  piano  forte,  op.  22;  ibid. 

—  {^° Saltarelle,  idem,  op.  23; ibid.  — 14°  Gigue 
et  air  de  ballet,  idem, op. 'li;\h\d.—  15"  \"Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  30;  Paris, 
Richault.  —  16°  Duefughe  da  Caméra  (Jean  qui 
pleure  et  Jean  qui  rit);  ibid.  — 17°  Partitions  pour 
le  piano  tirées  des  œuvres  de  Marcello,  Gluck, 
Haydn,  Grétry,  Mozart,  nos  1  à  6  ;  jbid.  —  18»  Va- 
riation-fantaisie à  quatre  mains  sur  un  thème  de 
Don  Juan  ;  ibid. —  19"  Recueil  d'impromptus, op. 
32,  no'  1  et  2.  —  20°  Grande  sonate .  op.  33.  — 
21°  Scherzo  focoso.  —  22°  Duo  concertant  pour 
piano  et  violon,  op.  21.  —  23°  Études  caprices, 
formant  les  œuvres  12,  13,  15,  16,  et  renfermant 
trois  improvisations  dans  le  style  brillant, trois aw- 
dante  romantiques,  trois  morceaux  dans  le  genre 
pathétique ,  dédiés  à  Liszt ,  et  trois  scherzi.  — 
24°  trois  marches,  quasi  da  cavaleria,  op.  37, 
r*^  et  2"°"  livre  de  chants  pour  piano,  op.  38.  — 
25°  Douze  études  dans  les  tons  mineurs,  dédiés  à 
M.  Fétis,  op.  39.  Cet  ouvrage  est  une  véritable 
(  lK)pée  pour  le  piano  :  elle  se  développeen  276  pages 
(!o  musique,  et  l'on  y  trouve  des  pièces  d'un  genre 


absolument  nouveau,  une  svmphonie  en  quatre 
parties,  un  concerto  en  trois  divisions,  une  ouver- 
ture, un  dernier  morceau  intitulé  Le  Festin  rf'/i"- 
sopc.  —  27°  Trois  marches  à  quatre  mains,  op.  40. 
—  28°  Trois  fantaisies  dédiés  à  L.,  op .  4 1 .  —  29° 
Réconciliation,  petit  caprice  en  forme  de  danse 
\ias.q\ie,  opA2.  —  20°  Salut, cendres  du  pauvre  ! 
paraphrase,  op.  45.  —  81»  Sonate  pour  piano  et 
violoncelle,  op.  47.  On  a  aussi  d'Alkan  plusieurs 
ouvrages  distingués  sans  n"*  d'œuvre,  entre  autres, 
Les  Mois,  qui  se  composent  de  douze  morceaux, 
en  quatre  suites  ;  trois  grandes  études  pour  les 
deux  mains  séparées  et  réunies  ;  T"  fantaisie  pour 
la  main  gauche  seule;  introduction,  variations  et 
finale  pour  la  main  droite  seule;  étude  à  mouve- 
ment semblable  et  perpétuel  pour  les  deux  mains. 

ALKAIV  (Napoléon  Morhange),  frère  du 
précédent,  né  à  Paris,  le  2  février  1826,  a  fait 
ses  études  au  Conservatoire  de  Paris,  sous  la 
direction  d'Adam  et  de  Zimmerman.  Ce  der- 
nier lui  a  donné  aussi  des  leçons  de  composi- 
tion. En  1850  il  a  pris  part  au  concours  de 
l'Institut  de  France  pour  le  grand  prix  de  com- 
position, et  a  obtenu  le  second  prix  pour  la  can- 
tate intitulée  Emma  et  Eginhard.  On  a  de  lui 
quelques  ouvrages  pour  le  piano ,  parmi  les- 
quels on  remarque  une  Étude  fuguée  sur  Le 
P/op^^^e  deMeyerbeer;  Paris,  Brandus. 

ALLACCI  (  LÉON  ),  en  latin  Allatius,  naquit 
en  1586,  dans  l'île  de  Cliio,  de  parents  grecs  schis- 
maliques.  Dès  l'âge  de  neuf  ans  il  fut  amené  en 
Calabre  pour  y  commencer  shs  études,  qu'il  alla 
finir  à  Rome.  Ce  fut  un  des  plus  savants  littéra- 
teurs du  dix-septième  siècle.  Le  pape  Grégoire XV 
l'iimploya  en  diverses  circonstances.  En  1661  il 
fut  nommé  bibliothécaire  du  Vatican.  Il  mourut  au 
mois  dejanvier  1669,  âgé  de  quatre-vingt-trois  ans. 
Peu  d'hommes  ont  écrit  autant  que  lui  ;  cependant 
on  assure  qu'il  se  servit  de  la  même  plume  pendant 
quarante  ans,  et  que,  l'ayant  perdue,  il  fut  près 
d'en  pleurer  de  chagrin.  Il  a  donné  un  catalogue 
de  tous  les  drames  italiens  représentés  depuis  la 
renaissance  de  la  poésie  dramatique  jusqu'en  1666, 
y  compris  les  opéras  :  le  titre  de  cet  ouvrage  est 
Drammaturgia  divisa  in  sette  indici;  Rome, 
1666,  in-12  :  une  nouvelle  édition  de  ce  cata- 
logue fut  publiée  à  Venise  en  1755  ,  avec  des  cor- 
rections, des  augmentations  et  la  continuation 
jusqu'en  1755,  sous  le  titre  de  Drammaturgia 
accresciuta  e  continuata  fino  alV  anno  1755. 
Ce  livre  fournit  des  renseignements  utiles  sur  les 
compositeurs  d'opéras  italiens,  depuis  le  com- 
mencement du  dix-septième  siècle  jusqu'au  milieu 
du  dix-huitième.  Paul  Freher  cite  aussi  un  ou- 
vrage d'Allacci  (Theat.  Viror.  erudit.,  p.  1537) 
sous  le  titre  :  De  Melodis  Grœcorum;  mais  il 


72 


ALLACCI  —  ALLEGRI 


ne  f5it  pas  s'il  a  élé  imprimé,  et  je  n'en  ai  trouvé 
l'indication  nulle  part. 

ALLAIRE,  chantre  de  lY^lise  de  Paris 
(Notre-Dame),  mort  le  13  avril  1547,  suivant  les 
notes  prises  dans  les  archives  de  la  catliédrale 
par  le  chanoine  Chastelain,  et  recueillies  par 
Boisgelou,  était  contemporain  de  quelques  autres 
musiciens  français  qui  se  distinguèrent  sous  les 
.  règnes  de  Louis  Xil  et  de  François  1er.  On  ne  con- 
naît jusqu'à  ce  moment  que  deux  messes  à  qua- 
tre voix  de  sa  composition ,  insérées  dans  le  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  Missariim  dominicalium 
quatuor  vocuvi  Lib.  l.  II,  III;  Parrkisiis  (sic) 
apud  Petr.  Attaingnant,  1534,  in-4°  obi.  Les 
autres  compositeurs  dont  les  messes  se  trouvent 
danscettecollectionsontMathieuSohier,  le  Heur- 
leur,  Jean  de  Billon,Claudin,Certou  et  Dumoulin. 

ALLATIUS(Leo).  Voifez  Allacci. 

ALLEGRANTE  (  MADELEfNE  ) ,  cantatrice 
italienne,  élève  de  Ilolïbauer,  maître  de  chapelle 
à  Manheim,  parut  pour  la  première  fois  sur  le 
tliéàtre  à  Venise  en  1771,  et  après  avoir  chanté 
sur  plusieurs  autres  théâtres  d'Italie,  se  rendit 
en  Allemagne  en  1774.  Elle  continua  à  chanter  à 
Manheim  et  à  Ratisbonne  jusqu'en  1779.  Alors 
elle  retourna  à  Venise,  et.  après  s'être  fait  en- 
tendre sur  le  théûlre  de  Saint- Samuel  pendant 
le  carnaval,  elle  alla  en  Angleterre  en  1781.  Deux 
ans  après,  elle  se  rendit  à  Dresde ,  où  l'électeur 
l'engagea  moyennant  mille  ducats  d'appointe- 
ments. On  ignore  l'époque  précise  de  son  deuxième 
voyage  à  Londres,  mais  on  sait  qu'elle  y  chanta 
dans  les  oratoires  en  1799.  Sa  voix  était  douce  et 
pure,  mais  manquait  de  force. 

ALLEGUI  (Grégoire),  prêtre  et  composi- 
teur, de  la  famille  du  Corrége,  naquit  à  Rome 
vers  1560.11  (ut  élève  de  Jean  Marie  Nanini  avec 
Antoine  Cifra  et  Pierre-François  Valentini.  Un 
hénélice  lui  ayant  été  accordé  dans  la  cathédrale 
de  Fermo,  il  fut  d'abord  attaché  à  cette  église 
comme  chantre  et  compositeur.  Ce  fut  pendant 
ce  temps  qu'il  publia  ses  concerts  à  deux,  trois, 
et  quatre  voix,  et  ses  motets  à  deux,  trois,  quatre, 
cinq,  et  six  voix.  La  réputation  que  lui  tirent 
ces  ouvrages  lui  procura  l'honnenr  d'être  appelé 
par  le  pape  Urbain  VllI,  qui  le  fit  entrer  d.ins  le 
collège  des  chapelains  chantres  de  la  chapelle 
pontificale,  le  6  décembre  1629.  Il  y  resta  jusqu'à 
sa  mort,  qui  arriva  le  18  février  1652,  et  fut  in- 
humé à  Sainte-Marie  in  Vallicella,  dans  le  caveau 
du  collège  des  chantres  de  la  chapelle  du  Vati- 
can. André  Adami  {Osscrvaz.  per  l>enregol.,e{c., 
pag.  199)  dit  qu'Allegri  était  d'une  bonté  rare, 
foit  chaiitahie,  et  qu'il  visitait  chaque  jour  les 
prisonniers  jiour  leur  distribuer  tous  les  secours 
tloiit  il  pouvait  disposer. 


Les  ouvrages  imprimés  d'Allegri  sont  ri"// 
primo  Libre  di  Concerfi  a  due,  tre  e  qiintlro 
voci;  Rome,  Soldi,  1618.  —  2"  //  seconda  IJbro 
di  Concerti  a  due,  tre  e  quattro  voci;  Rome, 
Soldi,  1619.  —  3°  Gregorïi  Allegri  Romani  Fir- 
manx  ecclesim  beneficiati  Motecta  duarum, 
trium,  quatuor,  quinque ,  sex  vocum,  liber 
primus  ;  Rome,  Soldi,  1620.  —  4"*  Motecta  dua- 
rum, trium,  quatuor,  quinque,  sex  vocum, 
liber  secundus;  Rome,  Soldi,  1621.  Quelques 
motets  d'Allegri  ont  été  aussi  insérés  par  Fabio 
Costantini  dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  :  Sceldx 
di  motelti  di  diversi  eccellentissimi  autoii  j 
due,  ire,  qtiattro  e  cinquevoci;  Rome,  1618. 
Un  grand  nombre  de  compositions  inédites  de  ce 
musicien  célèbre  se  trouvent  à  Rome  dans  les 
archives  de  Sainte-Marie  in  Vallicella,  et  dans 
le  collège  des  chapelains  chantres  de  la  chapelle 
pontificale.  L'abbé  Baini  cite  particulièrement 
un  motet  et  une  messe  à  huit  voix,  Christus  re~ 
surgens  ex  mortuis.  Enfin  deux  collections  pri'- 
cieuses,  qui  se  trouvent  dans  le  Collège  Romain, 
et  qui  ont  pour  titre  :  Varia  musica  sacra  ex 
bibliotheca  Altaempsiana ,  jussu  D.  J.  Angeli 
ducisabAltaemps  coZ^ecia,  renferment  plusieurs 
compositions  d'Allegri,  notamment  des  concerts 
pour  plusieurs  instruments,  ouvrages  fort  remar- 
quables dont  Kircher  a  tiré  un  morceau  qu'il  a 
publié  dans  sa  Musurgia  (t.  1,  p.  487).  On  trouve 
en  partition,  dans  la  bibliothèque  musicale  de  M. 
l'abbé  Santini,  à  Rome,  des  Lamentations  pour 
la  semaine  sainte  et  des /mjoroperuàdeux  chœurs, 
le  motet  Salvatorem  expectamus  à  six  voix,  les 
psaumes  Dixit  Dominus  et  Beatus  vir  à  huit 
voix,  des  Magnificat  également  à  huit,  et  enfin 
les  motets  Domine  Jesu  Christi  et  Libéra  me 
Domine,  tous  composés  par  Grégoire  Allegri. 

Mais  c'est  surtout  au  Miserere  à  deux  chœurs, 
l'un  à  quatre  voix  ,  l'autre  à  cinq,  qui  se  chante 
à  la  chapelle  Sixtine ,  à  Rome,  dans  la  semaine 
sainte,  qu'Allegri  doit  la  réputation  dont  il  jouit. 
Ce  Miserere  est  un  de  ces  morceaux  dont  on  ne 
comprend  pas  l'elfet  à  fe  lecture ,  à  cause  de  la 
grande  simplicité  qui  y  règne;  mais  il  existe  dans 
la  chapelle  pontificale  une  tradition  d'exécution 
excellente  qui  en  a  fait  ressortir  le  mérite  et  qui 
lui  donne  une  teinte  religieuse  et  expressive  dont 
on  ne  peut  se  faire  une  idée  sans  l'avoir  entendu. 
La  réputation  dont  jouissait  ce  morceau  l'avait 
en  quelque  sorte  fait  considérer  comme  sacré  :  il 
était  défendu  d'en  prendre  ou  d'en  donner  copie, 
sous  peine  d'excommunication;  cepemiant  les 
foudres  de  l'Église  n'ont  point  effrayé  les  curieux. 
Mo/art  l'a  écrit  pendant  qu'on  le  chantait;  le 
docteuF  Burney  en  obtint  une  copie  à  Rome  et 
la    publia  à  Londres  en   1771;  Choron   l'a   in- 


ALLEGRI 


73 


séré  dans  sa  Collection  des  pièces  de  musique 
religieuse  qui  s'exécutent  tous  les  ans  à  Rome, 
durant  la  semairte  sainte.  Le  même  professeur 
a  fait  exécuter,  en  1830,  les  six  premières  slro- 
plies  et  la  dernière  de  ce  Miserere,  dans  les  con- 
certs sjùriluels  de  rinslitntion  royale  de  musique  re- 
iii-ieuse  qu'il  dirigait  :  les  amateurs  qui  assistaient 
h  ces-concerts  ont  pu  se  faire  une  idée  de  cette 
composition,  qui  n'avait  jamais  été  entendue  à 
Paris. 

L'anecdote  suivante  jjroiive  jusqu'à  l'évidence 
que  la  perfection  d'exécution  qu'il  y  avait  autre- 
fois dans  la  chapelle   Sixtine  est  indispensable 
poiu"  faire  valoir  le  Miserere  d'Allefiri.  L'empe- 
reur Léopold  1*'',  grand   amateur  de  musique, 
en  avait  fait  demander  ime  copie  au  Pape  par 
son  ambassadeur  à  Rome,   pour  l'usage  de   la 
chapelle   impériale  :    elle   lui  fut   accordée.  Le 
maître  de  la  chapelle  pontificale  fut  chargé  de 
faire  faire  cette  copie,  qui  fut  envoyée  à  l'empe- 
reur. Plusieurs  grands  chanteurs  se  trouvaient 
alors  à  Vienne  :  on  les  pria  de  coopérer  à  l'exé- 
cution ;  mais  quel  que  fût  leur  mérite ,  comme 
ils  ignoraient  la  tradition ,  le  morceau  ne  pro- 
duisit d'autre  elfet  que  celui  d'un  faux-bourdon 
ordinaire.   L'empereur   crut   que   le   maître  de 
chapelle  avait  éludé  l'ordre  et  envoyé  un  autre 
Miserere;  il  s'en  plaignit,  et  le  prétendu  coupable 
fut  chassé,  sans  qu'on  voulût  entendre  sa  justifi- 
cation. Enfin  ce  pauvre  homme  obtint  de  plaider 
lui-même  sa  cause,  et  d'expliquer  à  Sa  Sainteté 
que  la  manière  de  chanter  ce  Miserere  dans  sa 
chapelle  ne  pouvait  s'exprimer  par  des  noies, 
ni  se  transmettre  autrement  que  par  l'exemple. 
Le  saint-père ,  qui  n'entendait  rien  à  la  musique, 
eut  beaucoup  de  peine  à  comprendre  comment 
le  même  morceau  pouvait  produire  des  effets  si 
différents  :  cependant  il  ordonna  à  son  maître  de 
chapelle  d'écrire  sa  défense  ;  on  l'envoya  à  Vienne, 
et  l'empereur  en  fut  satisfait. 

Pour  compléter  l'histoire  du  Miserere  d'Alle- 
gri ,  on  croit  devoir  donner  ici  im  extrait  de  la 
notice  de  l'abbé  Baini  sur  la  chronologie  'les  Mi- 
serere qu'on  a  chantés  à  la  chapelle  Sixtine  (Mé- 
moires sur  Palestrina).  Cette  notice  contient 
quelques  faits  curieux  qu'on  chercherait  vaine- 
ment ailleurs. 

Deux  volumes  manuscrits  des  archives  de  la 
chapelle,  cotés  150  et  15t  ,  renferment  tous  les 
Miserere  qui  ont  été  chantés  dans  la  chapelle 
l>ontificale  depuis  les  temps  les  plus  reculés ,  à 
l'exception  du  premier,  qui  fut  chanté  en  faux- 
bourdon  en  1514  ,  sous  le  pontificat  de  LéonX, 
et  qui  ne  fut  point  jugé  digne  d'entrer  dans  le  re- 
cueil. 
En  1517,  Constant  Testa,  qui  venait  d'être 


reçu  chanteur  de  la  chapelle,  écrivit  deux  versets 
du  Miserere,  l'un  à  quatre  voix,  l'autre  à  cinq. 
Ce  Miserere  est  le  premier  qu'on  trouve  dans  le 
recueil.  Le  deuxième  est  de  Louis  Dentice,  gen- 
tilhomme napolitain,  auteur  de   due  dialogin 
delta  musica,  uno  délia  teorica,  Vallro  delta 
pra/ica,  etc.  Naples,  1533.  Ce  Miserere  est  al- 
ternativement à  quatre  voix  et  à  cinq.  Le  troi- 
sième, dont  il  n'y  a  que  deux  versets  à  quatri 
voix ,  est  de  François  Guerrero  de  Séville.  Vien- 
nent ensuite  deux  versets  du  Miserere ,  l'un  à 
quatre  voix,  l'autre   à  cinq ,  par  Palestrina.  Le 
cinquième  Miserere,  dont  il  n'y  a  que  deux  ver- 
sets ,  l'un  à  quatre  voix  ,  l'autre  à  cinq  ,  est  de 
Théophile  Gargano,  de  Gallese,  qui  fut  agrégé 
au  collège  des  chantres  de  la  chapelle,  le  1^''  mai 
1601.  Le  sixième  Miserere,  composé  de  deux 
versets  ,  l'un  à  quatre  voix  ,  l'autre  à  cinq  ,  est 
de  Jean  François  Anerio,  Felice  Anerio  est  l'au- 
teur du  septième,  qui  est  alternativement  à  quatre 
et  à  cinq  voix.  Cet  auteur  est  le  premier  qui  a 
écrit  le  dernier  verset  à  neuf  voix.  Le  huitième 
Miserere,  fort  inférieur  aux  précédents ,  est  d'un 
auteur  inconnu.  Viennent  ensuite  les  versets  de 
Palestrina,  ci-dessus  mentionnés,  avec  l'addition 
du  dernier  verset  à  neuf  voix ,  par  Jean  Marie 
Nanini.    Le  dixième  Miserere,   à  quatre  voix, 
avec  le  dernier  verset  à  huit,  est  de  Santo-Nal- 
dini,  romain  agrégé  au  collège  des  chantres  de 
la  chapelle,  le  23  novembre  1617.  Le  onzième, 
à  quatre  voix  ,  avec  le  dernier  verset  à  huit,  est 
de  Roger  Giovanelli ,   agrégé  à  la  chapelle  le  7 
avril   1599.     Le   douzième,  alternativement   h 
quatre  et  à  cinq  voix  ,  avec  le  dernier  verset  h 
neuf,  est  celui  de  Grégoire  Allegri.  L'usage  d'é- 
crire des  Miserere  pour  la  chapelle  Sixtine  cessa 
dès  ce  moment,   parce  que  celui  d'Allegri   fut 
trouvé  si  beau,  qu'on  ne  crut  pas  pouvoir  faire 
mieux.  Cependant  il  le  corrigea  à  plusieurs  re- 
prises, et  en  changea  plusieurs  fois  l'ordre  des 
parties  pour  obtenir  des  effets  meilleurs  :  il  fat 
ensuite  revu  et  perfectionné  par  plusieurs  chan- 
teurs et  compositeurs  de  la  chapelle,  qui  y  ajou- 
tèrent tout  ce  qu'ils  crurent  le  plus  propre  à  en 
rendre  l'exécution  satisfaisante.  Ce  morceau  se 
chantait  dans  les  matinées  du  mercredi  et  du 
vendredi  saint.  Le  jeudi  onavait  l'usage  de  chan- 
ter tantôt  le  Miserere  de  Felice  Anerio,  tantôt 
celui  de  Santo-]Saldini. 

Plus  les  beautés  du  Miserere  d'Allegri  étaient 
appréciées,  plus  on  éprouvait  d'ennui  à  exécuter 
les  autres.  En  1680,  on  obtint  d'Alexandre  Scar- 
lalti  qu'il  en  écrivît  un  nouveau  pour  le  service 
de  la  chapelle;  mais  la  composition  ne  justifia 
point  tout  ce  qu'on  attendait  d'un  tel  maître  :  il 
fut  cependant  adopté  par  res()ccl  pour  la  répula- 


74 


ALLEGRI  —  ALLEVI 


fion  de  son  auleur,  et  exécuté  le  jeudi  saint  al- 
ternativement avec  ceux  de  Santo-Naldini  et  de 
Felice  Anerio.  En  1714  ,  Thomas  Bai,  maître  de 
chapelle  du  Vatican ,  écrivit  un  nouveau  Miserere 
en  deux  versets,  alternativement  à  quatre  et  à 
cinq  voix,  avec  le  dernier  à  huit ,  sur  le  plan  de 
celui  d'Allegri  ;  et  cette  composition  fut  trouvée 
si  belle,  que  dès  lors  on  cessa  de  chanter  les  Mi- 
serere de  Felice  Anerio  et  de  Scarlatti,  et  qu'on 
n'exécuta  plus  que  ceux  d'Allegri  et  de  Bai ,  dans 
les  trois  matinées  des  ténèbres,  depuis  1714  jus- 
qu'en 17G7.  En  1768,  Joseph  Tarlini,  célèbre 
violoniste,  fit  don  à  la  chapelle  d'un  Miserere  de 
sa  composition,  alternativement  à  cinq  voix  et  à 
quatre,  avec  le  dernier  verset  à  huit;  la  musique 
était  différente  à  chaque  verset.  Ce  Miserere  fat 
exécuté  la  même  année;  mais  il  ne  put  soutenir 
la  comparaison  avec  ceux  de  Bai  et  d'Allegri, 
et  fut  rejeté  pour  toujours.  En  1777  ,  Pasquale 
Pisari,  à  la  demande  des  chantres  de  la  chapelle, 
composa  un  nouveau  Miserere,  avec  tons  les 
versets  différents ,  alternativement  à  quatre  et  à 
<;inq  voix,  et  les  deux  derniers  versets  à  neuf; 
il  eut  le  même  sort  que  celui  de  Tartini  ;  en  sorte 
(jue  depuis  1778  jusqu'en  1820  les  Miserere  d'A\- 
Ifgri  et  de  Thomas  Bai  furent  seuls  exécutés.  A 
la  demande  de  Pie  VU.  l'abbé  Baini  a  écrit 
nu  nouveau  Miserere  en  1821;  cette  composition 
a  été  jugée  digne  d'être  chantée  alternativement 
avec  celles  des  deux  anciens  compositeurs. 

Que  si  l'on  considère  le  morceau  qui  a  fait  la 
célébrité  d'Allegri ,  on  n'y  remarquera  ni  traits 
saillants  de  mélodie,  ni  harmonie  piquante  et 
nouvelle,  ni  effets  inconnus  au  temps  où  vivait 
l'auteur;  mais  une  teinte  de  tristesse  profonde 
répandue  sur  tout  l'ouvrage,  nue  excellente  or- 
donnance des  voix  et  le  rhythme  bien  cadencé 
<les  paroles  n'en  font  pas  moins  un  des  morceaux 
les  plus  originaux  de  l'époque  où  il  parut,  et  ce- 
lui peut-être  qui ,  malgré  son  apftarente  simpli- 
cité, renferme  le  plus  de  difficultés  pour  l'exé- 
culion.  Au  concert,  dans  un  salon  ,  la  plupart  de 
ces  beautés  passent  inaperçues  ;  mais  à  l'église , 
et  surtout  au  Vatican  ,  ce  n'est  pas  sans  émotion 
(pi'elles  peuvent  être  entendues. 

ALLEGRI  (Dominique),  compositeur,  né  à 
Rome,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
fut  fait  maître  de  chapelle  de  la  basilique  de 
Sainte-Marie-Majeure,  le  3  avril  1610  ,  et  occupa 
cette  place  jusqu'à  la  fin  de  1629.  Il  vivait  encore 
en  1638;  car  il  fit  imprimer  dans  cette  année  un 
de  ses  ouvrages.  Ce  musicien  fut  un  des  pre- 
miers qui  écrivirent  les  parties  d'instruments  qui 
devaient  accompagner  le  chant  dans  un  système 
différent  de  celui  des  voix  ;  son  premier  essai  en 
ce  genre  est  dans  l'ouvrage  qui  a  pour  litre  ; 


Modi  quos  expressit  in  choris,  Rome,  1617. 
On  connaît  aussi  sous  le  nom  de  ce  compositeur 
Motteli  a  2,  ?,,  k  et  h  voci.  Eovm,  1638,  in-4o. 
La  collection  de  l'Abbé  Santini ,  à  Rome ,  con- 
tient aussi  de  ce  maître,  en  partition  et  en  ma- 
nusctit,  le  motet  Euge,  serve  bone,  pour  12  té- 
nors; un  autre  motet  pour  12  basses ,  sur  le  texte 
Beatus  ille  srrvus,  et  enfin  une  Messe  à  1 G  voix. 

ALLEGRI  (Jeaiv-Baptiste),  compositeur  et 
organiste  à  Arzignano ,  petite  ville  de  l'état  véni- 
tien, située  entre  les  rivières  de  Gua  et  de 
C/iiampo,  a  publié  douze  motets  à  voix  seule, 
avec  des  violons  et  basse,  œuvre  1*^^  Venise, 
l-OO,  in-fol. 

ALLEGRI  (D.  Philippe),  né  à  Florence  le 
18  juillet  1768,  fut  maître  de  musique  au  sémi- 
naire de  cette  ville,  et  maître  de  chapelle  de 
Saint-Michel.  Il  est  élève  du  père  L.  Braccini. 
Sa  musique  abonde  en  motifs  élégants  ;  ses  chants 
sontvrais  etexpressifs  et  ses  modulations  heureu- 
ses. La  messe  derequiem,  à  quatre  voix  et  à  grand 
orchestre,  qu'il  a  composée  pour  les  obsèques  de 
l'archevêque  Martini  lui  a  fait  beaucoup  d'hon- 
neur, On  connaît  aussi  de  sa  composition  un 
0  salutaris  hostia,  pour  soprano  et  basse,  et 
le  motet  verbum  carofactum  est ,  pour  ténor 
et  basse. 

A LLEIV  (Richard)  ,  écrivain  anglais  de  la  fin 
du  dix-septième  siècle  n'est  connu  que  par  un 
livre  sur  le  chant  des  psaumes,  intitulé  :  jE"*- 
satj  on  singing  of  psalms,  etc..  Londres,  1696, 
in-8".  Le  docteur  Russel  ayant  attaqué  quelques 
passages  de  ce  livre  dans  des  Animadversions 
icpon  Aliènes  essaij  on  singing  of  psalms,  etc., 
Londres  ,  1696 ,  Allen  répondit  avec  aigreur  dans 
un  pamphlet  qui  avait  pour  titre  :  A  briefvin- 
dication  of  an  essay ,  to  prove  singing  of 
psalms,  etc.,  from  Dr.  RusseVs  Animadver- 
sions, and  M.  Marlow's  remarqs ,  Londres, 
1696,  in-12.  Cette  querelle  se  termina  par  une 
réponse  adressée  à  Allen  par  un  écrivain  nommé 
Richard  Claridge  ,  sous  ce  titre  :  An  answer  to 
Richard  Allen\<i  essay.  vindication  andappen- 
dix,  Londres,  1697  ,  in-8o. 

ALLEVI  (Josupu),  compositeur  italien  du 
dix-septième  siècle  et  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Plaisance,  est  connu  par  un  ouvrage 
divisé  en  trois  livres  et  qui  a  pour  titre  Composi- 
zione  sacre.  Le  premier  livre  n'est  pas  indiqué 
dans  les  catalogues  des  grandes  bibliothèques 
musicales  ;  mais  le  second  et  le  troisième  livres 
sont  au  Lycée  musical  de  Bologne.  Le  second  livre 
est  intitulé  :  Composizioni  sacre  a  2,  3  e  4  voci, 
Missa  per  H  defonti  a  quattro  a  Capella 
lib.  II.  Venezia,  per  Fr.  Magni  e  Gardano, 
1662,  in-4o.  Le  titre  du  troisième  livre  est  ce- 


ALLF.VI  —  ALMENRAEDER 


75 


liii-ci  :  Terzo  libro  délie  composizioni  sacre,  a 
2,  3  e  4  voci,  parte  con  violini,  e  sonate  a  tre 
cioe  La  Tortona,  la  Morella,  la  Toscola,  le 
litanie  délia  Bcata  V.  a  4  voci.  Bologne,  G. 
Monti,  10G8,  in-4o. 

ALLISON  (Richard),  professeur  de  mu- 
sique à  Londres,  vécut  sous  le  règne  de  la  reine 
Elisabeth.  Il  fut  l'un  des  dix  auteurs  qui  coopé- 
rèrent à  la  composilion  de  la  musique  des  psau- 
mes imprimés  à  Londres ,  par  Thomas  Este,  en 
1594,  in-80.  lia  aussi  publié  séparément  :  The 
psalmes  of  David  in  metter ,  the  plaine-song 
beeing  the  common  tune  ta  be  sung  and  plaid 
vpon  the  lute,  orphartjon,  citterne,  or  base- 
viol,  severally  or  altogethcer,  the  singing 
parts  to  be  either  ténor  or  treeble  to  Ihe  ins- 
truments,  according  to  the  nature  of  the 
voices ,  or  for  foure  voices,  with  tennes  short 
tunnes  in  the  end,  to  which  for  the  most 
part  ail  the  psalmes  madde  usuallij  siing , 
for  the  use  of  such  as  are  of  mean  skill, 
and  whose  leysure  least  servcth  to  practise 
(Les  Psaumes  de  David  mesurés,  dont  la  mé- 
lodie, en  chant  ordinaire  ,  est  destinée  au  luth , 
au  théorbe ,  à  la  guitare  ou  à  la  basse  de  viole , 
et  dont  ,Ies  parties  chantantes  doivent  être  le 
ténor  ou  le  dessus,  avec  les  instruments,  suivant 
la  nature  des  voix,  ou  qui  peuvent  être  chantés  à 
4  voix;  avec  dix  airs  brefs  à  la  fin,  auxquels 
la  plus  grande  partie  des  psaumes  peut-être  ap- 
pliquée, etc.).  Londres,  in-fol.,  1599. 

ALLIX  (...),  mathématicien,  mécanicien  et 
musicien  qui  vivait  à  Aix  en  Provence,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle ,  fit  un  squelette 
qui ,  par  un  mécanisme  caché,  jouait  de  la  gui- 
tare. Bonnet ,  dans  son  Histoire  de  la  Musique 
(p.  82  ),  rapporte  une  histoire  tragique  de  la  fin 
«le  ce  savant.  11  plaçait  au  cou  de  son  squelette 
une  guitare  accordée  à  l'unisson  d'une  autre  qu'il 
tenait  lui-même  dans  ses  mains,  et  plaçait  les 
doigts  de  l'automate  sur  le  manche;  puis,  par  un 
temps  calme  et  serein ,  les  fenêtres  et  la  porte 
étant  ouvertes,  il  se  plaçait  dans  un  coin  de  la 
chambre,  et  jouait  sur  sa  guitare  des  passages 
que  le  squelette  répétait  sur  la  sienne.  Il  y  a  lieu 
lie  croire  que  l'instrument  résonnait  à  la  manière 
(les  harpes  éoliennes,  et  que  le  mécanisme  qui 
faisait  mouvoir  les  doigts  du  squelette  n'était 
pour  rien  dans  la  production  des  sons.  Quoi  qu'il 
en  soit ,  ce  concert  étrange  causa  de  la  rumeur 
parmi  la  population  superstitieuse  de  la  ville 
d'Aix  ;  le  pauvre  AUix  fut  accusé  de  magie,  et  le 
parlement  fit  instruire  son  procès.  Jugé  par  la 
chambre  de  la  Toiirnelle ,  il  ne  put  faire  com- 
prendre que  l'effet  merveilleux  de  son  automate 
n'était  que  la  résolution  d'un  problème  de  mé- 


canique. L'arrêt  du  parlement  le  condamna  à  être 
pendu  et  brûlé  en  place  publique,  avec  le  sque- 
lette, complice  de  ses  sortilèges,  et  la  sentence 
fut  exécutée  en  1(IG4,  à  la  grande  satisfaction, 
de  tous  les  hommes  dévots. 

ALLOU  (Adrien),  musicien  français,  né- 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut  maître  des- 
enfants de  chœur  de  Saint-Martin  de  Tours.  En 
1585  ,  il  obtint  au  concours  du  Puy  de  musique 
d'Évreux  ,  en  Normandie,  le  premier  prix  ,  con- 
sistant en  un  orgue  d'argent,  pour  le  motet  Gus- 
tate  et  videte. 

ALMASIA  {...),  compositeur,  né  à  Mi- 
lan en  I80G ,  a  fait  ses  études  musicales  sous  la 
direction  d'Asioli.  Fixé  à  Plaisance,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle,  il  occupait  cette  position, 
en  184G  ,  depuis  plusieurs  années.  Il  y  a  écrit  des 
Messes,  un  Dixit  à  4  voix  et  orchestre,  et  plu- 
sieurs autres  morceaux  de  musique  religieuse 
d'un  bon  style.  On  a  publié  à  Milan,  chez  Ric- 
cordi ,  des  valses  pour  le  piano,  sous  le  nom  à'Al- 
viasio  :  peut-être  sont-elles  du  même  artiste. 

ALMEIDA  (Antoine  de),  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Porto,  en  Torlugal , 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  naquit  dans 
cette  ville.  lia  mis  en  musique  un  oratorio  dont 
le  texte  a  été  publié  sous  ce  titre.  La  Humana 
carça  abrazada  el  grand  martyr  S.  Lau- 
renlio;  Coïmbre,  1556,  in-4''.  Machado  (Bibl. 
Lusit.,  2,  1,  p.  197)  fait  beaucoup  d'éloges  du 
talent  de  ce  maître. 

ALMEIDA  (Fernando  de),  prêtre  portu- 
gais et  compositeur,  né  à  Lisbonne,  fit  pro- 
fession en  1636  dans  le  monastère  de  Saint-Tho- 
mas,  et  devint  en  1656  visiteur  de  son  ordre. 
Il  est  mort  à  Lisbonne  le  21  mars  IGGO.  Son 
maître  de  composition  fut  Duarte  Lobo.  Les 
principaux  ouvrages  de  ce  musicien  sont  :  1°  La- 
mentaçoéns ,  Responsorios  ,  e  Miserercs  dos 
très  officios  da  quarta,  quinta  e  sestafeira  da 
Semana  Santa  ,  en  Mss.,  dans  la  bibliothèque 
de  Saint-Thomas ,  2°  3Iissa  a  doze  vozes ,  dans 
la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal. 

ALMEIVRAEDER  (Charles),  né  le  3  oc- 
tobre 1786,  à  Ronsdorf ,  petite  ville  de  la  régence 
de  Dusseldorf ,  était  fils  d'un  musicien  de  celle 
ville,  qui  lui  enseigna  les  éléments  delà  musique 
dès  ses  premières  années.  Il  jouait  déjà  du  clavecin, 
de  la  flûte  et  du  cor  lorsqu'on  Ir-i  fit  cadeau  d'un 
mauvais  basson,  à  l'âge  de  treize  ans.  Malgré  ses 
défauts,  cet  instrument  lui  révéla  sa  destination  ; 
car  il  se  mit  à  l'étudier  avec  ardeur  et  parvint 
en  peu  de  temps  à  en  jouer  d'une  manière  satis- 
faisante. L'acquisition  qu'il  fit  d'un  meilleur 
instrument  lui  permit  de  perfectionner  son  ta- 
lent. En  1812,  il  entra  comme  premier  bassoa 


A.LMENRAEDER  —  ALQUEN 


ai!  IhMtre  de  Francfort.  Deux  ans  après,  le  sou- 
lèvement général  de  L'Allemagne  contre  la  Fiance 
l'obligea   d'accepter  la   place  de  chef  de  musi- 
que du  3*   régiment    de  la  Landwehr ,  et  de 
faire  la  campagne  qui  ne  ftit  terminée  pour  lui 
qu'en  181G.  Arrivé  à  Mayence,  il  entra  dans  le 
3*  régiment  de  ligne  en  la  même  qualité;  et  la 
place  de  premier  basson  du  théâtre  de  cette  ville 
lui  fut  confiée   en   1817.  A  cette  époque,  Go- 
defroid  Weber  était  intendant  supérieur  de  ce 
théâtre.  Charmé  par  letalent  d'Almenraeder,  il  lui 
communiqua  sa  théorie  acoustique  de  la  construc- 
tion des  instruments  à  vent,  et  fixa  son  attention 
sur  la  nécessité  de  peifectionner  celle  du  basson. 
L'artiste,    préoccupé  de  ces    nouvelles  idées, 
fit  beaucoup  d'essais ,  et  parvint  enfin  à  l'amé- 
lioration de  la  justesse  de  quelques  notes  en  aug- 
mentant le   nombre  de  clefs.   Bientôt   les   ins- 
truments   fabriqués   par   lui   furent  reclierchés 
en  Allemagne,  et  Almenraeder  prit  le  résolution 
de  fonder  une  fabrique  à  Cologne.  11  se  fixa  en 
effet  dans  cette  ville  et  s'y  livra  avec  ardeur  à 
la  fabrication  des  bassons  ;  mais  cette  entreprise 
ne  réussit  pas;  la  santé  de  l'artiste,  affaiblie  par 
le  travail ,  l'obligea  à  fermer  ses  ateliers  en  1S22 
et  à  accepter  la  place  de  premier  basson  du  Duc 
de   Nassau ,  à  Biberich.    Il  y  joignit   la  direc- 
tion  supérieure  de  la  fabrique  d'instruments  à 
vent    d'après   les    principes    de    Weber,    que 
MM.    Schott    avaient    établie    à    Mayence.    A 
l'exception   de  quelques  voyages  qu'il  entreprit 
pour  donner  des  concerts  ,  particulièrement  eu 
Hollande ,  il  continua  de  vivre   dans  cette  po- 
sition.   Il  mourut  à  Biberich   le  Ki   septembre 
1843.  Almenraeder  a  exposé  les    principes  qui 
l'ont  dirigé  pour  la  construction  de  son  basson, 
dans   un  écrit  qui  a  pour  titre  ;  Traité  sur  le 
perfeclionncment  du  basson,  avec  deux  ta- 
bleaux ,  en  allemand  et  en  français  ;  Mayence, 
Schott,  lS24,in-4.    11  a  publié  une  Méthode 
complète  pour  le  basson  ,  en  allemand  et  en 
fiançais;  Mayence,  Schott,  sans  date.    Il  s'est 
fait  aussi  connaître  comme  compositeur  par  un 
concerto    pour     le    basson,    en    ut    mineur; 
Mayence,   Schott;   Pot-pourri   pour    basson  et 
orchestre,  op.  3,  ibïd;  Variations  avec  violon, 
alto  et   violoncelle,  op.  4,  ib'id.  ;  Inlroduction 
et  variations   pour   basson  et  quatuor,    op.  6; 
Darmstadt,  Alisky;  Duellinos  pour  deux  bas- 
«^ons  ,  op.  8  ;  Mayence,  Schott  ;  Duos  pour  deux 
bassons,  op.  10;  etc.  Il  a   laissé  en  manuscrit 
plusieurs  concertos   pour  son  instrument,   une 
fantaisie  pour  hautbois  ,   clarinette,  cor  de  bas- 
sette,  basson  et  deux  cors,  ainsi  que  d'autres 
compositions  de  différents  genres. 
Un  (ilo  de  Charles  Almenraeder,  nommé  aussi 


Charles,  s'est  fixé  à  Cologne  comme  marchand 
de  musique.  Il  y  était,  en  1844,  premier  violon 
du  théâtre,  et  directeur  d'une  société  d'amateurs 
de  musique  instrumentale  qui  exécutait  des 
symphonies  et  des  ouvertures. 

ALMERIGHI  DI  RIMIIMI  (Joseph), 
musicien  de  la  chambre  du  landgrave  de  Hesse- 
Darmstadt,  né  à  Rimini,  dans  les  États  romains  , 
publia  à  Nuremberg,  en  1761,  Sei  sonate  da 
caméra  pour  deux  violons  et  basse,  op.  l"". 

ALMEYDA  (Charles  -  François),  violo- 
niste et  compositeur  au  service  du  roi  d'Espa- 
gne, né  à  Burgos,  a  écrit  deux  œuvres  de  quar- 
tellis  pour  deux  violons,  allô  et  basse,  dont 
Pleyel  a  fait  graver  le  deuxième  à  Paris  ,en  1795. 

ALOVISS  (Jean  -  Baptiste),  en  latin 
ALOYSIUS,  mineur  conventuel  et  bachelier  en 
théologie  ta  Bologne,  naquit  vers  la  fin  du  seizième 
siècle.  Il  a  publié  :  1"  Motecta  festorum  totius 
anni,  à  quatre  voix  ;  Milan  1587,  in-4°  ;  2°  Con- 
textusmusicus,  motets  à  deux,  trois  et  quatre 
voix, Venise,  \&'}LÇ>,m-k;Z° Cœlum harmonicum, 
messes  à  quatre  voix,  Venise,  1628,  m-k^ ; 
4°  Celestem  Parnassum,  motets,  litanies  et  can- 
tiques à  deux ,  trois  et  quatre  voix  ;  5°  Vellus 
aureum ,  litanies  de  la  Vierge  à  quatre ,  cinq  , 
six  ,  sept  et  huit  voix;  6°  Corona  stellarum, 
motets  à  quatre  voix  ;  Venise ,  1637.  On  trouve 
aussi  des  motets  d'Alovisi  dans  la  collection 
d'Ambroise  Profe  (  V.  ce  nom). 

ALQUEIV  (Jean  d'),  né  à  Arnsberg,  en 
Westpiialie,  en  1795,  d'une  famille  honorable 
qui  vivait  dans  l'aisance,  reçut  une  bonne  édu- 
cation scientifique  et  littéraire  dans  sa  jeunesse,  et 
cultiva  aussi  la  musique  avec  succès.  Doué  d'une 
bonne  voix,  il  se  livra  à  l'étude  du  chant  sous  la 
direction  de  Zciter  et  de  Bernard  Klein,  lorsqu'il 
alla  suivre  les  cours  de  médecine  à  l'université 
de  Berlin.  Plus  tard,  lorsqu'il  se  fut  établi  comme 
médecin  à  Miihlheim,  sur  le  Rhin ,  il  se  délassa 
des  occupations  de  sa  profession  en  composant 
une  très-grande  quantité  de  chansons  qui  sont 
devenues  populaires,  et  qui  ont  joui  en  Allemagne 
d'une  vogue  extraordinaire.  Leur  mérite  les  a 
fait  comparer  aux  meilleures  choses  en  ce  genre 
des  compositeurs  les  plus  renommés.  Ces  chan- 
sons se  sont  répandues  en  manuscrit  et  surtout 
par  la  tradition  populaire  ;  mais  on  n'en  a  rien 
publié. 

ALQUEN  (François d'),  frère  piitné  du  pré- 
cédent, était  destiné  par  ses  parents  à  la  profes- 
sion d'avocat;  mais  son  goût  passionné  pour  la 
musique  le  détourna  de  l'étude  du  droit,  et  ses 
liaisons  avec  Ries  le  décidèrent  à  suivre  son  pen- 
chant. Les  leçons  de  cet  artiste  célèbre  lui  ayant 
fait  acquérir  un  talent  distingué  sur  le  piano,  ii 


ALQUEN  —  ALTEMPS 


se  fit  entendre  avec  succès  d.tns  plusieurs  con- 
certs. En  1827.  il  s'établit  à  Bruxelles  et  s'y  livra 
à  l'enseignement;  mais  la  Révolution  de  1830  lui 
fit  abandonner  la  Belpque  pour  se  fixer  à  Lon- 
dres. Il  y  a  publié  plusieurs  compositions  pour 
son  instrument,  entre  autres  deux  œuvres  de 
sonates  pour  le  piano,  deux  concertos  pour  le 
môme  instrument,  des  variations,  et  quelques 
bagatelles. 

ALSCHALABI  (Mohammed)  ,  Arabe  d'Es- 
pajçne,  qui  vivait  dans  la  si\  cent  dix-huitième 
année  de  l'iiéjiire  (  1415  de  l'ère  chrétienne),  est 
auteur  «l'un  traité  de  musique  que  Cassiri  (  Bibl. 
Arabico-Hisp.  Escurial.t,  f.p.  527,art.MDXXX) 
indique  sous  ce  titre  :  Opus  de  licito  musico- 
rum  instrumentorum  usu ,  musices  censura 
et  npologia  inscnptnm,  eoriim  scilicei  in  pri- 
mis,  qux  per  ea  temporel  apud  Arabos  Hispa- 
nos  obtimiere,  quxqae  ad  triginta  et  jtnum 
ibidem  enumerat  auctor  diligentissimus  ,  qui 
librura  suum  Abu  Jucobo- Joseph  ex  Almora- 
bitharum  natione  Hispanix  tune  régi,  exeiintc 
Egirse  anno  618,  dedicavit. 

ALSCHER  (Joseph),  contre-bassiste  alle- 
mand, virtuose  distingué  sur  son  instrument,  a 
été  considéré  il  y  a  vingt  ans  (  vers  1830  )  comme 
le  rival  de  Dragonelti  et  de  Mûller.  On  n'a  de  ren- 
seignements ni  sur  le  lieu  de  sa  naissance,  ni  sur 
ses  premières  années.  Il  vécut  en  Italie  depuis 
1830  jusqu'en  1837;  puis  il  retourna  en  Alle- 
magne, et  donna  des  concerts  à  Prague  et  à 
Leipsick.  Postérieurement  il  s'est  fixé  dans  la 
première  de  ces  villes. 

ALSDORF  (Wilhelm)  ,  directeur  de  mu- 
sique à  Rostock,  né  àKœnigsberg  vers  1804,  s'est 
fait  connaître  par  la  composition  d'un  opéra  ro- 
mantique intitulé  :  Die  Wiedertaufer  odcr  Jo- 
hann von  Leyden  (Les  Anabaptistes,  ou  Jean 
«le  Leyde),  qui  fut  représenté  dans  les  mois  de 
juillet  et  d'août  1839  à  Rostock  et  à  Greiswald. 
Le  sujet  de  cet  ouvrage  est  le  môme  que  celui 
du  Prophète  de  Meyerbeer  ;  mais  la  conception 
«les  deux  drames  n'a  pas  de  rapport,  et  le  sort 
des  deux  ouvrages  a  été  très-diiférent. 

ALSÏED  (Jean-Henri  ),  né  à  Herboin,  dans 
le  comté  de  Nassau,  en  1588  ,  professa  d'abord 
la  philosophie  et  la  théologie  dans  sa  patrie  ;  mais 
dans  la  suite  il  alla  à  Weissembourg  en  Transyl- 
vanie, où  il  remplit  également  les  fonctions  de 
professeur.  Il  y  mourut  en  lf)38,  à  l'âge  de  cin- 
quante ans.  11  a  traité  de  la  musique  dans  son  livre 
intitulé:  Seientiarum  omnium  Encyclopœdia, 
Herborn,  1610,  in-4",  réimprimé  avec  de  grandes 
augmentations  à  Herborn,  en  1630, 2  vol.  in-folio, 
et  à  Lyon,  1649.  On  trouve  im  Elementalc  mu- 
sicum  dans  son  Elementale  mathematicum, 


Francfort,  1611,  in-4".rct  Etementale  musicum 
est  divisé  en  deux  livres  ;  i"  De  Musica  sim- 
plici;  20  De  Musica  harmonica,  et  remplit 
treize  feuilles  in-4o.  Le  8^  livre  de  ses  Admiran- 
dorum  mathematicorum  est  aussi  consacré  à  la 
musique.  La  première  édition  de  cet  ouvrage  pa- 
rut à  Herborn,  en  1613,  in-r2  ,  et  la  seconde  à 
Francfort,  en  1623,  xnko.  L' Elementale  musi- 
cum a  été  traduit  en  anglais  par  Jean  Bircliensha, 
sous  ce  titre  :  Templum  musicum,  or  the  mu- 
sical synopsis  of  the  learned  and  famous  Jo- 
hannes-Ilenricus  Alstedius ;  bcing  a  compen- 
dium  of  the  rudiments  bolh  of  the  mathema- 
tical  and  practical  part  of  musik  :  o/which 
subject  not  any  book  is  extant  in  the  english 
longue ,  Jaithfully  translated  oui  of  the  la- 
tin, by  John  Birchensha;  fondon,  1664. 

ALT  (....),  secrétaire  d'État  à  Glogau,  vers 
la  lin  du  dix-huitième  siècle,  fut  un  amateur  dis- 
tingué comme  violoniste  et  comme  compositeur. 
En  1790  il  a  publié  chez  Hummel,  à  Berlin, 
trois  quatuors  pour  flûte,  violons  et  basse. 

ALTAVILLA  ( François)  ,  composileur  na- 
politain, élève  du  collège  royal  de  musique  de 
Napies ,  a  fait  sa  première  apparition  dans  le 
monde  musical,  comme  composileur  drama- 
tique, par  l'opéra  bouffe  //  Prcventivo  d'arresta 
représeuté  au  théâtre  Nuovo ,  en  1843.  L'ou- 
vrage ne  réussit  pas;  mais  le  compositeur  fut 
plus  heureux  dans  /  Pirati  di  Barraliera ,  re- 
présenté au  théâtre  du  Fonda,  dans  le  carnaval  de 
1846,  el dans,  Lo  Sposalizio  diun  Principe,  au 
théâtre  Nuovo,  dans  la  même  année.  Ses  autres 
ouvrages  dramatiques  connus  sont  :  I  Litigantï  ; 
Pace  figlia  dtamore;  Il  Debilore;  Raoul  di 
Créqui. 

ALTEMPS  (Serafino),  musicien  d'origine 
irlandaise,  vécut  à  Rome  vers  le  milieu  du  dix- 
huitîème  siècle,  et  fut  attaché  à  l'église  des  Douze 
Apôtres  en  qualité  de  chantre.  Il  était  à  la  fois  bon 
maître  de  chant  et  savant  dans  l'art  d'écrire.  Dans 
le  fonds  de  Mont-Cassin,  qui  est  à  la  bibliothèque 
royale  de  Munich,  on  trouve  sous  le  nom  de  cet 
artiste  un  volume  manuscrit  d'études  de  contre- 
point. 

ALTEMPS  (Dom  Faustino,  fils  du  précé- 
dent, fut  bénédictin  au  couvent  de  Saint-Calixte  à 
Rome.  Le  fonds  de  Mont-Cassin ,  dont  il  est 
parlé  dans  l'article  précédent,  contient  les  motels 
suivants  de  la  composition  de  ce  religieux:  \o  As- 
sumpla  est,  pour  soprano,  basse  et  orgue; 
20  Paradisi  portae,  pour  basse  et  orgue, 
30  Alléluia;  Beatus  vir,  à  4  voix  et  orgue; 
Quasi  Cedrus,  pour  2  soprani,  basse  et  orgue; 
50  Veni  ad  liberandum,  pour  2  soprani,  basse 
et  oigi^e.  Tons  ces  morceaux  sont  en  manuscrit. 


78 


ALTENBURG  —  ALTÈS 


ALTENBURG  (Michel),  compositeur  et  pré. 
(licateur  à  Erfiirt,  naquit  à  Trœclitelborn,  dans 
la  Tiiupingc,  en  1 583.  Nommé  en  1 608  pasteur  à  Hil" 
voisgeliofen  et  à  Marpacli,  prèsd'Erfurt,  il  revint 
en  1610  dans  le  lieu  de  sa  naissance,  où  l'on 
trouve  encore  son  portrait  auprès  de  l'orgue  ; 
en  1621,  il  alla  exercer  le  pastorat  à  Grossen- 
Sœmmerda;  et  enfin  en  1C37,  il'  fut  appelé  à 
Krfurt  en  qualité  de  diacre,  et  l'année  suivante  il 
fut  élevé  à  la  dignité  de  pasteur  de  l'église  Saint- 
André.  Ilmoiu-utdans  ce  lieu  le  12  février  1640. 
On  connaît  de  lui  les  compositions  suivantes  : 
10  Bas  53  Kapiiel  des  Jesaias,  angehœndt  : 
liernhardi  passio  tua  Domini  Chrisli,  mit 
nchl  Slimmen  componUt  (Le  53™®  chapitre 
d'isaie,  commençant  par  ces  mots  :  Bernhardi 
passio  tua  Domini  Chrisli,  à  8  voix),  Er- 
furt,  1 608,  in-4o  ;  2o  JJochzeit  Motteten  von 
sieben  Stimmen  (Motels  à  7  voix  pour  le 
jours  de  noces),  Erfurt,  1513;  3°  Musikalischer 
Schirmund  Scfiild  der  Burger  und  Einwoh- 
ner,  oder  der  Psalm  mit  seclis  Stimmen  (Abri 
musical  et  bouclier  du  bourgeois  et  du  citadin, 
ou  le  55""!  psaume  à  6  voix),  Erfurt,  1618; 
4"  Kirch-und  Haus-gesœnge  mit  filnf,  sechs 
und  acht  Stimmen.  1  —  4  fli.  (Clianls  d'église 
et  de  cbambre  à  5,  6  et  8  voix,  en  quatre  par- 
ties), Erfurt,  1620—1621;  5°  Intraden  mit 
sechs  Stimmen;  welche  zufœrderst  au/  Gei- 
qen,  Lauten,  Instnimenten  und  Orgelwerk 
gerichtet  sind,  etc.,  Erfurt,  t620,in-4o;  C"  Can- 
tiones  de  adventu  Domini  Nostri  Jesu,  quin- 
que,  sex  et  octo  vocibus  compositx,  Erfurt, 
1621,  in-4o;  7o  Musikalische  Weihnachts  tmd 
newJahrsZierde,  etc.,  zu  vier-neune  Stimmen 
(Chants  de  Noël  et  de  nouvelle  année,  etc.,  de- 
puis 4  jusqu'à  9  voix  ),  Erfurt,  1621;  in-4f; 
80  m  und  IV  th.  Musikalische  Fest-Gesœnge, 
mit/iinf-vierzehn  Stimmen,  Erfurt,  1653. 

ÀLTEIXBURG  (Jean-Ernest),  virtuose  sur 
la  trompette,  compositeur  et  écrivain  didactique, 
naquit  à  Weissenfels  en  1734.  Son  père,  J.  Gas- 
par  Altenburg,  trompette  de  la  musique  particu- 
culière  du  prince  de  Weissenfels,  fut  lui-même 
un  artiste  fort  distingué  sur  son  instrument. 
Après  avoir  assisté  à  la  bataille  de  Malplaquet, 
il  retourna  en  Allemagne,  et  fit  admirer  ses  ta- 
lents par  les  rois  de  Prusse  et  de  Pologne,  dans 
les  coins  de  Gotha,  de  Bayreuth,  d'Anspach,  de 
Stultgard,  de  Cassel,  de  Brnnswick,  de  Schwc- 
rin,  deSlrélitz-SonilersIiausen,  et  dans  les  villes 
de  Hamboiug,  Nuremberg,  etc.  Le  roi  Frédéric- 
Auguste  lui  fit  proposer  d'entrer  à  son  service 
avec  600  tlialers  d'appoinlenient.  Il  mourut  en 
1761.  L'exemple  du  père  fit  naître  l'émulation 
du  (ils.  Celui-ci  ne  se  contenta  point  d'exécuter 


avec  habileté  sur  son  instrument,  et  de  composer 
des  pièces  pour  deux,  quatre,  six  et  huit  trom- 
pettes; il  écrivit  aussi  le  traité  historique  et 
pratique  qu'on  cite  comme  ce  qu'il  y  a  de  meil- 
leur sur  la  trompette  et  sur  les  timbales.  Cet 
ouvrage  est  intitulé  :  Versuch  einer  Anleitung 
zur  heroisch-7mtsikalischen  Trompeter  und 
Paukenkunst ,  zur  mehreren  Aufnahme  der- 
selben  historisch,  theoretish  U7id  practisch 
beschrieben  und  mit  Exempeln  erlaûtert. 
(Traité  historique,  théorique  et  pratique  sur 
la  trompette  héroico-musicale  et  sur  la  tim- 
bale, etc.).  Halle,  chez  Hendel,  1795,  123  pages 
in-4o.  La  première  partie  de  cet  ouvrage  est  his- 
torique; la  seconde  est  relative  à  l'art  de  jouer  de 
la  trompette.  Le  livre  est  terminé  par  un  con- 
certo pour  sept  trompettes  et  timbales. 

ALTES  (Joseph-Henri)  ,  né  à  Rouen,  le  18 
janvier  1826,  commença  l'étude  de  la  lliite  dès 
l'âge  de  dix  ans,  et  montra  dès  lors  d'heureuses 
dispositions  pour  cet  instrum<;nt.  Admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Paris  le  7  décembre 
1840,  il  suivit  le  cours  du  Tulou.  Ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'au  concours  de  1841  le  second 
prix  de  tlCite  lui  (ut  décerné  :  sa  brillante  exécu- 
tion lui  fit  obtenir  le  premier  dans  l'année  sui- 
vante. Depuis  lors  il  s'est  fait  applaudir  dans  les 
concerts,  et  son  talent  l'a  fait  admettre  dans  l'or- 
ciiestre  de  l'Ojiéra.  On  a  publié  de  sa  composition 
jusqu'à  ce  jour  (1858)  les  ouvrages  suivants: 
1°  Variations  sur  un  Ihèiue  du  Pirule  pour 
(lûte  et  orchestre  ou  piano,  op.  1,  Paris,  Pii- 
chaull;  2"  Fantaisie  pour  fliite  et  orchestre  ou 
piano,  op,  2;  ibid.  3°  Fantaisie  concertante  pour 
tlûteet  violon,  avec  accompagnement  d'orchestre 
ou  piano,  op.  3.  ibid,  ;  4"  Ire  Fantaisie  caracté- 
ristique {La  Vénitienne  ),  pour  (lûte  et  piano, 
op.  4,  ibid;  5°  2'"e  Fantaisie  caractéristique 
(VHelvétienne),  id.,  op.  5  ibid.;  6°  3">e  Fan- 
taisie caractéristique  {V Espagnole)  ,id.,  op. 
6,  î/;irf.;  7°  Grande  Fantaisie  pour  flûte  et  orchestre 
ou  piano,  op.  7,  ibid. 

ALTES  (Ernest-Eugène),  frère  du  précé- 
dent, est  né  à  Paris,  le  28  mars  1830.  Admis  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  13  février  184.t,  il  y 
devint  élève  d'Habeneck  pour  le  violon.  Deux  ans  J 
après  il  obtint  un  accessit  au  concours.  En  1847  " 
le  second  prix  lui  fut  décerné,  et  le  brillant  suc- 
cès qu'il  eut  au  concours  de  l'année  suivante  lui 
fit  obtenir  le  premier.  Devenu  élève  de  M.  Bazin 
pour  riiarmonie  ,  il  eut  le  second  prix  de  cette 
science  en  1849,  puis  il  suivit  le  cours  de  com- 
position de  Carafa;  mais  il  n'acheva  pas  .ses 
études  sous  ce  professeur.  Au  moisd'octohre  1850 
il  s'est  retiré  du  Conservatoire  et  est  entré  comme 
violoniste  à  rorchcstrede  l'Opéra.  Depuis  lors  il 


ALTÈS  -  ALYPIUS 


79 


s'est  fait  entendre  avec  succès  dans  quelques  con- 
certs. Jusqu'à  ce  jour  (1858)  il  n'a  rien  publié 
tic  sa  composition. 

ALTMAIV  (  D'  ) ,  greffier  de  la  chambre  impé- 
riale de  Brcslau,  au  commencement  du  dix-liui- 
lième  siècle,  a  écrit  un  Compendium  musicum; 
ou  instruction  abrégée  sur  la  basse  continue  ;  mais 
on  ignore  si  ce  livre  a  été  imprimé. 

ALTMUTTER  (Marianne),  habile  canta- 
trice et  actrice,  née  à  Inspruck  le  19  décembre 
1790.  Son  père  étant  passé  à  Munich ,  où  il  éta- 
blit une  fabrique  d'étoffes  de  soie,  elle  l'y  suivit 
ets'y  adonna  à  l'étude  du  théâtre  et  de  la  musique, 
lille  eut  pour  professeur  de  chant  le  maître  de  cha- 
pelle François  Danzi  ;  et,  lorsque  celui-ci  passa 
au  service  du  roi  de  Wurtemberg ,  elle  reçut  des 
leçons  du  compositeur  P.  Winter.  Ce  fut  la  cé- 
lèbre actrice  Marianne  Lang  qui  la  dirigea  dans 
l'art  théâtral.  D'heureuses  dispositions  déve- 
loppées par  ces  habiles  maîtres,  une  belle  voix, 
les  avantages  de  la  taille  et  de  la  figure,  lui  va- 
lurent de  grands  succès  à  ses  débuts.  Son  pre- 
mier rôle  fut  celui  d'Elvire,  dans  l'opéra  de  don 
Juan  de  Mozart.  Dès  1805,  elle  fut  attachée  à 
la  cour  de  Munich,  où  elle  se  trouvait  encore  en 
1812. 

ALTiXIKOL  (JEAN-CnRiSTCB>nE),  organiste 
à  Naumbourg,  en  Saxe,  élève  et  gendre  de  J. 
Seb.  Bach,  vivait  encore  en  1758,  et  jouissait  de 
la  réputation  d'un  des  meilleurs  organistes  et 
clavecinistes  de  son  temps.  Parmi  ses  composi- 
tions, qui  ne  sont  pas  dépourvues  de  mérite  ,  on 
trouve  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin  un  Hal- 
leluia  à  4  voix  et  orchestre;  un  motet  :  Nun  Dan- 
het  alleGott,  à  5  voix;  deux Sanctos,  dont  un 
à  4  voix  et  orgue,  des  fugues  et  une  sonate  pour 
le  clavecin.  Le  catalogue  de  Breitkopf  indique  un 
if/a^nj/îca^  et  plusieurs  cantates  à  grand  orchestre 
de  sa  composition. 

ALVARS  (A.  PARISH-).  Voyez  PARISH- 
ALVARS. 

ALVAREZ  ACEVO  (Bernard),  plus 
connu  en  Espagne  sous  le  deuxième  nom  que 
sous  le  premier,  était,  en  1787,  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  dite  de  la  Solitude  (Soledad  ) , 
de  Madrid.  Ses  œuvres  de  musique  religieuse  ont 
eu  beaucoup  de  réputation  dans  certaines  pro- 
vinces de  l'Espagne.  Quelques-uns  de  ses  ouvra- 
ges sont  conservés  en  manuscrit  dans  les  ardiives 
de  l'Escurial.  Alvarez  écrivait  en  général  dans  un 
style  brillant,  et  donnait  à  l'instrumentation  plus 
d'importance  et  d'effet  que  les  autres  compositeurs 
espagnols  de  son  temps. 

ALVEIXSLEBEIV  (  Agibhard  d'  ),  directeur 
de  musique  de  la  société  Euterpe,  à  Leipsickj 
compositeur  et  professeur  de  piano,  actuellement 


vivant  (1858),  est  élève  de  M.  Marx,  et  s'est 
déjà  fait  connaître  avantageusement  en  1838, 
époque  où  il  faisait  ses  études  à  l'université  de 
Beriin,  par  la  composition  d'une  cantate  pour 
voix  d'hommes  avec  orchestre,  exécutée  le  3 
août  de  cette  année  à  la  fôte  de  l'université.  Une 
analyse  de  cette  cantate,  avec  des  passages 
notés ,  a  été  donnée  dans  la  Gazette  générale  de 
musique  (de  Leipsick),  numéro  37  de  la  même 
année.  Elle  indique  un  bon  sentiment  de  mélodie 
et  de  l'habileté  dans  l'art  d'écrire.  M.  d'Alvens- 
leben  a  fait  entendre  dans  les  concerts  de  la  so- 
ciété d'Euterpe,  à  Leipsick,  une  ouverture  et  une 
symphonie  (en  sol  mineur)  auxquelles  on  a  ac- 
cordé des  éloges.  Il  a  publié  :  1"  4  pièces  carac- 
téristiques pour  le  piano ,  op.  3.  Leipsick,  Hof- 
meister;  2°  :  6  Lieder  pour  voix  de  soprano  et 
piano,  op.  1 ,  Berlin  ,  Bote  et  Bock  ;  3°  6  Lieder 
pour  contralto  et  piano,  op.  2,  ibid.;  4°  6  Lieder 
pour  Ulezzo-saprano  et  piano,  op.  4,  Berlin, 
Stern  ;  5°  2  Lieder  pour  voix  de  basse  et  piano, 
op.  5,  Leipsick,  Whistling.  J'ignore  si  M.  d'Al- 
vensleben  est  le  même  qui  a  i)ublié  une  espèce 
d'Almanach  biographique  des  artistes  dramati- 
ques du  théâtre  allemand,  sous  ce  titre  :  Bio- 
grapJiisches  Taschcnbuch  dcutscher  Bûhnen- 
Kilnstler  und  Kiinstlerinn.  Première  année, 
Leipsick,  Fischer,  1836,  1  vol.  in- 12.  Deuxième 
année,  ibid.  1837,  1  vol.  in -12.  La  première 
année  contient  les  notices  biographiques  de  Henri 
Marschner,  M""^  Béatrix  Fischer-Schwarzbock, 
Edouard  Genest ,  M.  Greiner,  G.  Spontini ,  H. 
Kreite,  et  Fr.  Wilh.  Grohmann.  Dans  la  seconde 
année  on  trouve  les  notices  de  M""-"  Franchetti- 
Walzel,  Morlacchi,  Jules  Peilegrini ,  Élise 
Pohibesteimer,  Jos.  Raslrelli ,  Guill.  Rauscher 
et  Marie  Pistor. 

ALVERI  ( ....  ),  compositeur  bolonais,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
11  fut  un  des  plus  anciens  auteurs  de  cantates  à 
voix  seule,  dont  il  publia  un  premier  Uvre  à  Bo- 
logne, chez  Monti,  en  167t,  un  second,  chez 
le  môme,  en  1678,  et  un  troisième,  en  1687. 

ALVIMARE  (D').  Voyez  Dalvimare. 

ALYPIUS,  auteur  grec  qui  a  écrit  sur  la 
musique  et  qu'on  croit  avoir  été  un  sophiste  de 
l'École  d'Alexandrie.  Un  passage  d'Eunapins, 
dans  la  vie  de  Jamblique ,  a  fait  croire  que  l'au- 
teur dont  il  s'agit  était  contemporain  de  ce  der- 
nier, et  conséquemment  qu'il  vivait  sous  le  règne 
de  l'empereur  Julien  (Voyez  Meursius,  Annot. 
ad  Aristox.,  Nichom.,  Alyp.,  [>.  186)  ;  mais  il 
n'est  pas  prouvé  que  cet  Alypius  soit  l'écrivain 
sur  la  musique.  Cassiodore  semble  avoir  cru  que 
cet  auteur  vivait  avant  Euclide  et  Ptolémce  ;  car 
il  fait  l'énumération  de  ces  auteurs  {in  Musiea, 


80 


ALYPIUS 


circafin.  )  dans  cet  ordre  :  Quamapud  Grxcos 
Al  y  plus  ,  Euclydes ,  Ptolomseus ,  eXc.  Mcibo- 
mius  n'a  pas  placé  l'époque  de  la  vie  d'Alypius 
avant  Euclide;  mais  il  a  cru  qu'il  était  antérieur 
à  Ptoiémée  (  in  Epist.  Lectori  benev.  ante  Lib. 
I.  de  Mus.  Aristid.  QuintiL);  mais  rien  n'au- 
torise cette  conjecture.  Tout  porte  à  croire 
qu'Alypius  n'a  pas  vécu  dans  une  antiquité  re- 
culée ,  car  Cassiodore  est  le  premier  écrivain  qui 
l'ait  cité.  Si  Alypiusest  le  même  dont  Eunapius 
a  parlé,  il  était  si  petit  de  taille,  qu'il  ressemblait 
à  un  nain  ;  mais  c'était  un  homme  de  beaucoup 
de  mérite  :  Summus  disserendi  arti/ex,  sta- 
turaperpugïlla  Instar pygmœi.  Eunapius  ajoute 
qu'il  était  né  à  Alexandrie,  et  qu'il  mourut  en 
cette  ville  dans  un  âge  avancé. 

Le  livre  d'Alypius  a  pour  titre  :  Eîcaywyyi 
[xoyfftxr;,  c'est-àdire,  Introduction  à  la  Mu- 
sique. On  le  trouve  en  manuscrit  dans  la  plupart 
des  grandes  bibliothèques,  particulièrement 
dans  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  où  ii  y  en 
a  plusieurs  copies.  Cet  ouvrage  fut  publié  pour 
la  première  fois  par  J.  Mcursius,  d'après  le  ma- 
nuscrit de  Scaliger,  avec  les  traités  de  musique 
d'AristoxèneetdeNichomaqne  (Voy.  ces  noms), 
sous  ce  titre;  Aristoxenus ,  Nichomachus, 
Alypius,  auctores  musices  antiquissimi  hac- 
tenus  non  editi.,  Ludg.  Batav.,  1616,  in-4". 
Cette  collection  a  été  réimprimée  dans  les  œuvres 
de  Meursius,  t.  6,  p.  475.  Déjà  Galilée  (  Vincent) 
avait  donné  les  tables  d'Alypius  {Dialogo  délia 
Musica  antica  e  moderna ,  Fiorenza,  1581, 
p.  92-94)  pour  les  modes  liypodorien,  hypo- 
phrygien,  hypolydien,  dorien,  phrygien,  lydien, 
mixolydien  et  hypermixolydien ,  dans  le  genre 
diatonique,  avec  une  version  italienne,  et  la 
traduction  des  signes  grecs  en  notation  moderne 
exprimée  par  dos  lettres.  Meibomius  en  a  donné 
une  autre  édition  dans  son  recueil  des  Antïqux 
musicse  auctores  septem  ,  Amsterdam  ,  Elze- 
vier,  1652,  2  vol.  in-4",  et  y  a  joint  une  traduc- 
tion latine  et  des  notes.  La  version  de  Meibo- 
mius a  été  ajoutée  au  texte  dans  les  œuvres  de 
Meursius.  Les  manuscrits  dont  Meibomius  s'est 
servi  dans  son  édition  pour  la  correction  du  texte 
sont  celui  de  Scaliger,  qui  avait  servi  à  Meur- 
sius, deux  autres  de  l'université  d'Oxford,  pro- 
venant des  collections  Bodléienne  et  Barocienne, 
et  enfin  une  copie  d'un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque Barbérinne  qui  lui  fut  envoyée  par  Léon 
Allacci.  Le  jésuite  Kirclier  a  aussi  publié  les  si- 
gnes de  la  notation  de  la  musique  grecque  donnés 
par  Alypius,  d'après  un  manuscrit  du  collège 
de  sou  ordre,  à  Rome  (  Musurgia,  t.  I,  p,540); 
mais  dans  cette  partie  de  son  livre  comme  dans 
presque  toutes  les  antres,  il  a  porté  beaucoup 


de  désordre.  Les  signes  du  genre  enharmonique 
ont  été  supprimés  par  lui ,  et  les  autres  four- 
millent d'erreurs  et  de  transpositions.  Le  P.  Mar- 
tini possédait  une  version  latine  du  traité  de 
musique  d'Alypius,  par  Hermann  Cruserius  : 
elle  avait  été  écrite  de  la  main  d'Hercule  BoUri- 
gari.  L'auteur  de  ce  dictionnaire  a  fait  une  tra» 
duction  française  du  même  ouvrage,  et  l'a  ac- 
compagnée de  dissertations  et  de  nombreuses 
notes.  Cette  traduction,  accompagnée  de  la  tra- 
duction des  signes  en  notation  moderne,  fait 
partie  d'un  travail  étendu  qui  n'a  point  encore 
vu  le  jour. 

Nous  n'avons  pas  le  livre  d'Alypius  complet. 
Cet  auteur  a  intitulé  son  ouvrage  Introduction 
à  la  musique  ,  et  a  divisé  les  parties  de  cet  art 
en  sept,  qu'il  énumère  ainsi:  l°  les  sons;  2° 
les  intervalles;  3°  les  systèmes;  4°  les  genres; 
5"  les  tons;  0°  les  mutations;  7"  la  composition 
du  chant.  Or,  pour  que  le  titre  répondît  à  l'ouvrage, 
il  faudrait  que  celui-ci  contînt  une  exposition  de 
toutes  ces  parties;  mais  il  ne  nous  reste  que  la 
cinquième,  c'est-à-dire  ,  le  traité  des  tons.  Bien 
que  nous  ayons  à  regretter  les  autres,  celle-ci 
n'en  est  pas  moirts  précieuse  pour  nous;  car  elle 
nous  fait  connaître  le  système  complet  des  signes 
de  la  musique  grecque  dans  tous  les  tons  et  dans 
les  trois  genres  de  cette  musique,  à  savoir,  le 
genre  diatonique,  le  chromatique  et  l'enharmo- 
nique, lesquels  étaient  en  usage  à  l'époque  où 
Alypius  écrivait.  Ces  signes  sont  différents  de  ceux 
qui  nous  ont  été  conservés  par  Aristide  Quintillien 
(Voy.  ce  nom),  parce  que  ceux-ci,  comme  l'a  tort 
bien  remarqué Perne  (Voy.  Revue  musicale,  t.  III) 
apparliennentàuneépoqueantérieureàPylbagore. 
Meibomius  qui  n'a  point  fait  cette  distinction  et 
qui  a  essayé  de  corriger  ces  deux  auteurs  l'un 
par  l'autre ,  a  tout  brouillé  et  a  porté  beaucoup 
de  désordre  dans  cette  partie  de  l'histoire  de  la 
musique  ancienne.  Le  système  de  signes  exposé 
par  Alypius  est  celui  de  la  tonalité  de  la  mu- 
sique grecque  où  les  différences  d'espèce  d'oc- 
taves sont  effacées ,  et  dans  lequel  les  modes 
divers  ne  sont  qu'une  transposition  ascendante, 
et  dans  l'ordre  chromatique,  d'une  seule  forme 
des  trois  genres ,  et  dans  la  plus  grande  exten- 
sion vers  l'aigu. 

Burette,  qui  avait  eu  la  patience  de  compter 
les  signes  de  la  notation  de  la  musique  grecque 
indiqués  par  Alypius,  en  faisait  monter  le  nombre 
à  seize  cent  vingt ,  et  depuis  lors  il  était  à  peu 
près  convenu  qu'il  fallait  apprendre  la  significa- 
tion de  cette  immense  quantité  de  signes  pour 
déchiffrer  les  intonations  de  cette  musique;  mais 
Perne,  dans  un  savant  mt'moire  lu,  en  1815,  à  la 
classe  des  beaux -arts  de  l'Institut,  a  démontré 


ALYPIUS  —  A!\ÎADORI 


81 


qu'on  élait  dans  l'erreur  à  ce  sujet,  et  a  réduit 
il  un  nombre  heaucoiip  moins  considérable  les 
noies  qu'un  clianteur,  un  joueur  de  cilbare  ou 
de  flùle  élail  tenu  d'apprendre.  (  l'oy.  l'article 
Penie  et  la  Itevue  musicale,  t.  3,  4,  5,  0  et  sui- 
vants. ) 

A  l'égard  de  la  valeur  des  sijjnes  d'Alypius 
exprimée  dans  la  notation  de  la  musique  mo- 
derne, Galilée  est  le  premier  auteur  qui  en  a 
donné  la  traduction  (  Dialogo  délia  Musicn 
antica  e  moderna,  p.  95),  d'après  la  synonymie 
établie  par  Boéce.  (Foj/.cenom.)  Le  même  auteur 
ayant  publié  {loc.  cit.,  p.  97)  quatre  morceaux 
de  poésie  grecque  accompagnés  dénotes  du  mode 
lydien  telles  qu'elles  sont  indiquées  par  Alypius  ', 
Hercule  Bottrigari  ,  qui  a  écrit  un  commentaire 
de  tout  l'ouvrage  de  Galilée  sur  un  exemplaire 
de  ce  livre  qui  a  passé  depuis  en  la  possession 
du  P.  Martini ,  et  qui  est  aujourd'hui  dans  la  bi- 
bliothèque du  L)cée  musical,  à  Bologne,  tra- 
duisit un  de  ces  morceaux  ,  qui  est  un  hymne  à 
INémésis,  en  notation  moderne  d'après  la  syno- 
nymie de  Boëce.  Celle  traduction  a  été  publiée 
par  le  P.  Martini  :  Storin  délia  3lHsica ,  t.  3, 
p.  362  ).  C'est  d'après  les  mêmes  principes  qul'^d- 
mond  Chilmead  (  loy.  ce  nom)  a  donné  une  tra- 
«luction  de  trois  de  ces  morceaux  en  notation  de  la 
musique  moderne,  d'après  un  manuscrit  d'Oxford, 
à  la  suite  de  l'édition  grecque  des  Phénomènes 
d'Aratus  (  Oxonii  e  theatro  Scheldoniano,  1672, 
in-8°).  Enfin  Burette  (  voy.  ce  nom)  en  a.publié 

f  Ces  morceaux  sont  attribués  par  Fabricius  (  Bibl.  arœc., 
t.  Il,  p.  281),  et  par  quelques  autres  écrivains  à  Deiiys 
d'Halicarnassc,  musicien  et  poëte  {l'oy.  ce  nom);  mais 
Burette  ,  d'après  l'autorité  de  Jean  de  l'iiiladelplie  (  écri- 
vain grec  qui  vécut  sous  le  régne  des  empereurs  Anastase, 
Justin  et  Justinien  )  croit  qu'ils  appartiennent  à  un  poëte 
lyrique  originaire  de  Crète,  nommé  Mesomèdes.  (roij.  ce 
nom).  Quoi  qu'il  en  soit,  après  Galilée,  François  Pa- 
tricio  publia  les  mêmes  morceaux  dans  sa  Poetica  deçà 
Utoriale  (  lib.  e,,  Del  cantar  l'anticlie  poésie,  p.  ïSs)  ,  et 
Us  reparurent  successivement  dans  TEncyclopedie  de 
toutes  les  sciences  (Encyclop.  Scient,  omnium,  t.  Il, lib. 
ao,  c.  10,  p.  629  )  d'Alstedius,  dans  le  livre  de  Bottrigari , 
intitulé  II  Melone,  discorso  armonico  (p.  lo),  dans 
la  Musatcna  de  Henri  Van  de  Putte  ou  de  Pute  i  prenwére 
édition,  Hanovre  Iboj,  in-s»  c.  8;  ils  ne  se  trouvent  pas 
ilans  la  deuxième  édition  ,  Louvain  luis).  et  dans  beau- 
coup d'autres  livres  plus  modernes.  { Voy.  les  articles 
Driebcrg ,  Hellermann  el  Fortlage.) 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  ici  que  Kircher  a  publié 
un  autre  monument  de  la  poésie  grecque  notée,  qui  con- 
siste en  un  (ragmcnl  de  la  première  ode  pythique  de 
Pindare.  (Voy.  Musurgia,  t.  I,  p.  541.)  Ce  jésuite  assure 
(|u'il  a  découvert  ce  morceau  dans  un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  de  S.  Salvatore,  près  du  port  de  Messine. 
Peu  confiant  dans  l'exactitude  de  ce  polygraplie,  Burette 
a  fait  de  longues  recherches  pour  découvrir  ce  manus- 
crit, mais  inutilement,  ce  qui  a  fait  croire  qu'il  pourrait 
bien  y  avoir  quelque  supercherie  littéraire  dans  cette 
publication;  cependant  il  va  des  motifs  sérieux  pour 
croire  à  la  bonne  fol  de  Kirclier. 

EIOGH.    VMV.    D[:s    MLSICirNS.    —   T.    l. 


aussi  une  traduction  dans  la  même  noialion,  d  a- 
près  le  manuscrit  grec  de  la  BihIiolhè(iue  impé- 
riale de  Paris,  co!é  3221.  (  Voy.  la  dissertation  de 
Burelte.s«r/a  Mélopée  de  l'ancienne  musique, 
dans  les  mémoires  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  t.  .i.)  Quelques  différences  exis- 
tent entre  ces  diveises  traductions  des  mêmes 
morceaux  ;  mais  elles  ne  résultent  que  de  la  dit- 
fércnce  des  signes  de  la  musique  grecijue  des 
diver.s  manuscrits.  Ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
tous  les  morceaux  dont  il  s'agit  ne  présentent 
que  la  traduction  de  la  notation  du  mode  lydien; 
mais  Perne,  s'appuyant  aussi  sur  l'autorité  de 
Boèce,  a  donné  la  valeur  des  signes  de  tous  les 
modes  dans  les  trois  genres.  (  Voy.  la  Revue  mu- 
sicale ,  t.  4,  5,  6  et  suivants.)  F.  de  Drieberg , 
d'après  d'autres  principes,  a  présenté  dans  son 
traité  de  la  musique  pratique  des  Grecs  (Die 
praklische  Musikder  Griechen,  Berlin,  1821, 
p.  76  et  suiv.  ),  un  système  de  traduction  des 
signes  d'Alypius  absolument  différent  de  celui 
des  au  leurs  cités  précédemment.  Posléi  ieurement, 
MM.  Bellermann  et  Foitlage  leur  ont  donné  des 
significations  qui  sont  en  désaccord  complet  avec 
les  systèmes  de  leurs  prédécesseurs.  Ces  systèmes 
présentent  une  question  fort  délicate,  qui  ne  peut 
être  examinée  ici. 

AMADEI  (Philippe),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Reggio,  en  1CS3,  a  donné  à  Rome, 
en  1711,  Teodosio  il  giovane.  On  n'a  pas  d'autre 
renseignement  sur  cet  artiste;  cependant  il  est 
vraisemblable  qu'il  y  a  identité  de  ce  composi- 
teur avec  Amadei  qui  écrivit  en  société  avec  Or- 
landini  l'opéra  tïArsace  ,  repiésentéà  Hambourg 
en  1722.  Mattlieson ,  qui  avait  vu  la  partition 
de  cet  ouvrage,  et  qui  n'était  pas  indulgent, 
déclare  que  les  auteurs  étaient  d'habiles  compo- 
siteurs. 

AMADEI  (Amadeo),  docteur  es  sciences  et 
astronome,  né  à  Bologne,  vers  1810,  a  en  la 
fantaisie  d'écrire  sur  la  musique,  qu'il  ne  con- 
naissait pas,  et  a  fait  imprimer  un  opuscule  rempli 
de  futilités  ,  sous  ce  litre  :  Intorno  allô  stile 
délia  moderna  Musica  di  chiesa.  Lettera  del 
dottor,  etc.;  Bologne,  ti|)ographie  délia  Volpe, 
1841,  in- 12  de  20  pages.  La  musique  d'église  par 
excellence,  pour  M.  Amadei,  est  celle  de  Boni- 
face  Asioli  ! 

AMADINO  (Richard),  éditeur  et  impri- 
meur de  musique  à  Venise,  dans  les  vingt-cinq 
dernières  années  du  seizième  siècle,  a  publié 
une  grande  quantité  d'oeuvres  des  maîtres  de  ce 
temps,  en  société  avec  Jacques  Vincenti,  depuis 
1583  jusqu'en  1586;  puis  les  deux  a.ssociés  .se 
sont  séparés  et  ont  formé  des  maisons  distinctes. 

Aill  ADORl  (.lo.^Ki'u),   l'iève  de  Bernacciii, 

G 


82 


AMADORI  —  AMATI 


n  donné  à  Rome,  en  1702,  Il  Martirio  di  San 
Adriano,  oratorio.  Il  vivait  encore  en  1730,  car 
une  messe  i  quatre  voix  avec  instruments,  de 
sa  composition,  laquelle  est  dans  la  collection 
de  l'abbé  Santini,  à  Rome,  porte  cette  date.  On 
trouve  aussi  dans  la  même  collection  les  ouvrages 
suivants  de  ce  maître  :  1"  Le  motet  Ecce  nunc  bé- 
nédicité, à  six  voix, deux  violons,  viole  et  orgue.  — 
2"  LauJale pueri  à  huit  voix.  — 3"  Lxiatus  suni, 
à  huit. —  4°  Laudate  Dominum,  à  huit.  Arteaga 
compte  Amadori  parmi  les  meilleurs  maîtres  de 
cliant  de  son  temps  (  Le  Hivoluzioni  del  Teatro 
musicale  italiano,  t.  II.  p.  36);  ce  qui  ne  doit 
point  (étonner  chez  un  t^lève  de  Bernacchi.  D'ail- 
leurs tous  les  compositeurs  de  l'ancienne  école 
romaine  ont  eu  les  traditions  du  bel  art  du  chant. 

AMADORI  (Jean).   Votj.  TEDliSCHî. 

AMALAIRË,  surnommé  Symp/iosiiis ,  à 
cause  de  son  goiit  pour  la  musique,  né  à  Metz 
vers  la  (in  du  huitième  siècle,  l'ut  d'abord  diacre 
et  prélre  de  l'église  de  cette  ville,  ensuite  di- 
recteur de  l'école  du  palais  sous  Louis  le  Débon- 
naire, abbé  d'HornbacIi ,  chorévêque  du  diocèse 
de  Lyon,  puis  de  celui  de  Trêves,  où  il  mourut 
en  8.37.  il  est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  De 
Ordiïie  Antiphonarii  (de  l'ordre  de  l'Anlipho- 
naire),  inséré  dans  la  Bibliothèque  des  Pères, 
t.  XIV,  p.  980.  11  tâche  d'y  concilier  le  rit  romain 
avec  le  rit  anglican.  Il  eut  une  discussion  avec 
Agobard,  archevêque  de  Lyon,  qu'il  accusa  d'a- 
voir innové  dans  le  chant  ecclésiastique.  Martini, 
Sloria  délia  Musica ,  et,  d'après  lui,  Choron 
et  Fayolle,  ont  confondu  cet  Amalaire  avec  For- 
tunat  Amalaire,  qui  vivait  dans  le  môme  temps, 
et  qui  fut  archevêque  de  Trêves,  après  avoir  été 
moine  du  Madeloc. 

AMAIMTOIV  (Cl/vude-Nicolas),  conseiller 
de  préfecture  du  département  de  la  Côted'Or, 
membre  de  plusieurs  académies,  est  né  à  Vil- 
h'rs-les-Pots,  près  d'Auxonne,  le  20  janvier 
I7C0.  Au  nombre  de  ses  travaux  littéraires  et 
philologiques  se  trouve  une  lettre  a  M.  Chardon 
de  la  Rochelle,  contenant  des  éclaircissemens 
certains  sur  le  véritable  Heu  de  naissance  du 
célèbre  organiste  L.  Marchand ,  e\c.  (Extraits 
du  Magasin  Encyclopédique,  août  1812),  Paris, 
Sajon,  1812,  in-3°.  M.  Amanlon  a  donné  aussi 
dans  sa  jeunesse  :  Apothéose  de  Ravieau , 
.scènes  lyriques  ,musiquede  M***  (Deval),  Dijon, 
Gausse,  1783,  in-8°. 

AMAT  (Léopold),  compositeur  dç  roman- 
ces et  de  chansonnettes  qui  ont  obtenu  un  succès 
jiopulaire,  a  été  administrateur  du  théâtre  des 
JioitJJes  Parisiens  pendant  les  années  1855-1 856, 
puis  a  obtenu  le  privilège  du  théâtre  Beaumar- 
thais,  à  Pari.s. 


AMATI  (André),  chef  de  la  famille  des 
luthiers  de  ce  nom,  descendait  de  l'ancienne  et 
noble  famille  des  Amati  de  Crémone,  men- 
tionnée dans  les  annales  de  cette  ville  dès  l'an- 
née 1097.  On  ne  sait  pas  la  date  de  sa  nais- 
sance, parce  que  les  registres  des  églises  d^; 
Crémone  ne  remontent  pas  jusqu'au  commence- 
ment du  seizième  siècle ,  époque  qui  paraît  être 
celle  de  sa  naissance;  mais,  à  défaut  de  l'acte  de 
baptême,  on  a  sur  cet  arliste  un  renseignemeirt 
positif  fourni  par  un  violon  à  trois  conles,  ou 
rebec ,  qui  existait  dans  la  précieuse  collection 
d'instruments  formée  par  le  comte  Corio  de  Sa- 
labue,  de  Casal-Monlerralo ,  qui  se  trouvait  à 
Milan  ,dans  la  maison  du  chevalier  Charles  Carbi. 
Cet  instrument  portait  le  nom  d'André  Amati  et 
la  date  de  1546.  Il  existait  aussi  vers  1789  ,  chez 
le  baron  de  Oagge  une  viole  moyenne,  appelée 
par  les  Italiens  viola  bastarda ,  qui  portait  son 
nom  et  la  date  de  1551.  Quelques  années  a|)rès, 
André  s'associa  avec  son  frète ,  et  conunença 
à  fabriquer  des  violons  de  grand  et  petit  pa- 
tron ,  qui  en  peu  de  temps  procurèrent  à  ces 
artistes  une  réputation  brillante.  Leurs  basses , 
dont  on  ne  connaît  qu'un  petit  nombre ,  et  qui 
sont  en  général  d'un  grand  patron,  ne  méri- 
tent que  des  éloges  pour  le  beau  liui  du  travail 
et  la  douceur  de  leur  son.  Charles  IX  ,  roi  de 
France,  grand  amateur  de  musique ,  chaigea  les 
frères  Amati  de  la  confection  des  instrumentsdesa 
chambre  :  il  paraît  qu'ils  furent  tous  construits 
par  André  ;  ces  instruments  consistaient  en  vingt- 
quatre  violons,  dont  douze  étaient  de  grand  patron 
et  douze  plus  petits,  six  violes  et  huit  basses.  Car- 
tier (toy.  ce  nom),  qui  a  vu  deux  de  ces  violons, 
affirme  que  rien  ne  surpasse  la  perfection  de  leur 
travail.  Ils  étaient  revêtus  d'un  vernis  à  l'huile 
d'un  ton  doré,  avec  des  reflets  d'un  brun  rou- 
geàtre.  Sur  le  dos  de  l'instrument  on  avait  peint 
les  armes  de  France,  composées  d'un  cartel  ren- 
fermant trois  Heurs  de  lis  sur  un  champ  d'azur, 
entourées  ducollierde  Saint-Michel  et  surmontées 
de  la  couroime  royale  fleurdelisée  et  supportées 
par  deux  anges.  Deux  colonnes  entourées  de  lien» 
en  ruban  blanc,  avec  cette  devise  : /«s^ice  et 
pitié,  étaient  placées  aux  deux  côtés  des  armoi- 
ries, et  étaient  aussi  surmontées  de  couronnes 
royales  que  portaient  des  anges  ;  la  tête  de  ces 
instruments  était  décorée  d'une  sorte  d'arabes- 
que dorée ,  d'un  goût  fort  élégant.  Cartier  et 
ISI.  de  Boisgelou  conjecturent  que  les  violons  de 
grand  patron  étaient  destinés  à  la  musique  de  la 
chambre,  et  que  les  autres  servaient  pour  les 
bals  des  petits  appartements  de  la  cour.  Au  reste, 
il  est  bon  de  remarquer  que  les  violons  n'ont  ja- 
mais servi  dans  la  chapelle  de  Charles  IX,  car 


AMATI 


83 


ce  n'est  que  sons  le  règne  de  Louis  XIV  que 
les  instruments,  particulièrement  les  violons, 
ont  été  iTitroduits  dans  la  musique  de  la  clia- 
peile  des  rois  de  France.  L'époque  de  la  mort 
d'André  Amali  n'est  pas  connue  ;  mais  elle  doit 
se  rapporter  vraisemblablement  à  l'année  1577  ; 
car,  après  cette  date,  on  ne  trouve  plus  d'ins- 
truments sortis  de  ses  mains,  et  tous  les  violons , 
violes  et  basses  signés  du  nom  <\''Aviri(i  sont  de 
ses  deux  fils ,  Jérôme  et  Antoine.  Les  violons 
d'André  Amali  se  trouvent  rarement  aujour- 
d'hui ;  ceux  qu'on  connaît  ont  beaucoup .  souf- 
fert et  ont  été  mal  restaurés. 

AMATI  (Nicolas),  frère  puîné  du  précé- 
dent, est  particulièrement  connu  par  ses  excel- 
lentes basses  de  viole.  Toutes  portent  son  nom  , 
et  les  dates  où  elles  ont  été  faites  s'étendent  de- 
puis 15G8  jusqu'en  1586.  J'en  ai  vu  deux,  dont 
l'une  était  de  cette  première  année ,  et  l'autre 
de  la  seconde.  Les  tables  étaient  fort  peu 
bombées  ;  elles  étaient  vernies  à  l'huile.  On  croit 
que  Nicolas  Amati  survécut  à  son  frère  André. 
11  ne  faut  pas  confondre  ce  luthier  avec  un  autre 
Nicolas,  l'un  de  ses  petits-neveux. 

AMATI  (  Antoine  ) ,  fils  d'André ,  né  à  Cré- 
mone vers  1550,  succéda  à  son  père,  et  fut 
<iuelque  temps  associé  de  son  frère  Jérôme, 
dont  il  se  sépara  ensuite.  Antoine  avait  adopté 
les  patrons  d'André  ;  mais  il  fabriqua  un 
nombre  plus  considérable  de  petits  violons  que 
de  grands.  Cartier  possédait  un  de  ceux-ci  qui  a 
appartenu  à  Henri  IV,  roi  de  France,  et  qui  por- 
tait les  noms  réunis  d'Antoine  et  de  Jérôme  : 
cet  instrument  est  une  rareté  historique  du  plus 
grand  prix.  Son  patron  est  de  la  plus  grande  di- 
mension :  le  filet  qui  l'enloure  est  eu  écaille.  Son 
vernis ,  à  l'huile ,  est  brillant  comme  l'or.  La 
table  inférieure  est  décorée  des  armoiries  de 
France  et  de  Navarre ,  entourées  des  ordres  de 
Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit  que  surmonte 
la  couronne  de  France.  De  chaque  côté  des  ar- 
moiries se  trouve  la  lettre  II  émaillée  d'outremer, 
et  parsemée  dans  ses  jambages  de  fleurs  de  lis 
eu  or.  Cet  H  est  traversé  par  la  main  de  justice 
et  le  .sceptre ,  et  une  couronne,  soutenue  par  une 
épée,  semble  se  poser  dessus.  Aux  coins  de  la 
table  d'harmonie  .sont  aussi  des  Heurs  de  lis  en 
or,  et  sur  les  éclisses  se  trouve  la  légende 
Henri  IV,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de 
Pi-ance  et  de  Navarre.  Cet  instrument  porte  la 
date  de  1595. 

Les  petits  violons  d'Antoine  Amati,  d'une 
qualité  (le  son  douce  et  moelleuse,  n'ont  pu  être 
surpassés  sous  ce  rapport.  Malheureusement  ce 
son  si  pur  et  si  doux  a  peu  d'intensité.  Antoine 
chercha  à  balancer  l'exiguïté  du  patron  et  le  peu 


•  d'élévalion  des  éclisses  par  la  hauteur  et  l'élen- 
,  due  dfs  voûtes.  Les  épaisseurs  de  la  table  sont 
!  considérables  au  centre,  et  vont  en  diminuant 
'  progressivement  jusqu'aux  extrémités  dans  toute 
l'étendue  de  la  circonférence.  La  chanterelle 
et  la  seconde  des  instruments  de  cet  artiste 
rendent  un  son  brillant  et  argentin  ;  la  troi- 
sième est  moelleuse  et  veloutée,  mais  la  qua- 
trième est  faible.  On  attribue  généralement  ce 
défaut  à  l'absence  de  proportions  entre  les  épais- 
seurs et  la  capacité.  Pour  y  porter  remède,  au- 
tant qu'd  esir  en  leur  pouvoir,  les  luthiers  de 
nos  jours,  à  qui  l'on  confie  ces  instruments  pour 
les  mcMiter,  élèvent  souvent  un  peu  plus  le 
chevalet  vers  la  quatrième  (lu'ils  ne  le  fout  aux 
violons  de  Stradivari  et  de  Guarneri.  (  Voy. 
ces  noms.) 

On  connaît  des  instruments  qui  portent  le  nom 
d'Antoine  Amati,  depuis  1589  jusqu'en  1627> 
Dans  le  catalogue  des  instruments  d'Albinoni , 
de  Milan,  publié  en  179t,il  se  trouvait  plusieurs 
violons  datés  de  1591  à  1619.  Cartier  a  vu  une 
basse  qu'il  croit  être  de  l'un  de  ces  artistes,  sans 
pouvoir  indiquer  précisément  lequel ,  qui  avait 
appartenu  à  Louis  XÏIL  Elle  était  du  plus  grand 
patron ,  entièrement  parsemée  de  fleurs  de  lis 
en  or,  avec  des  armoiries ,  le  signe  de  la  balance, 
deux  LL  mises  dos  à  dos,  et  le  chiffre  XIII  cou- 
ronné. Après  1638  on  ne  trouve  plus  d'instruments 
avec  le  nom  d'Antoine.  Il  devait  être  âgé  alors 
de  plus  de  quatre-vingts  ans  ,  ou  avait  cessé  de 
vivre. 

AMATI  (Jérôme),  frère  puîné  d'Antoine, 
commença  d'abord  à  travailler  avec  celui-ci,  et 
s'en  sépara  après  s'être  marié.  Comme  lui,  il  était 
élève  de  son  père.  Il  ne  s'en  tint  pas  toujours, 
comme  son  frère,  à  la  reproduction  des  modèles 
tiacés  par  le  vieil  Amati;  car  on  connaît  de  lui 
deux  patrons  dont  l'un  est  plus  grand  que  ceux 
d'André  et  d'Antoine.  La  plu  paît  des  violons 
Amati  de  grand  patron  sont  de  Ji'rôme,  à  l'ex- 
ception de  quelques  instruments  construits  par 
Nicolas  son  fils.  Jérôme  a  quelquefois  approché 
de  son  frère  |H)ur  le  fini  des  instruments  qu'il  a 
fabriqués  seul;  mais  en  somme  il  lui  était  in- 
férieur. La  séparation  d'Antoine  et  de  Jérôme 
lut  postérieure  à  l'année  1624,  car  j'ai  vu  dans 
la  collection  de  M.  T.  Forster,  amateur  anglais, 
\n\  bel  instrument  de  ces  artistes,  où  se  trouvait 
l'inscription  suivante  :  Antonius  et  Hieronymus 
Amati  Cremonœ  Andraœ  fil.  A.  1624.  Il  paraît 
que  Jérôme  cessa  de  vivre  ou  du  moins  de  tra- 
vailler vers  1638. 

AMATI  (Nicolas),  fils  de  Jérôme,  le  plus 
célèbre  des  artistes  de  ce  nom,  naquit  le  .^t  sep- 
tembre 159G  ,  et  mourut  le  12  août  1684,  à  l'iga 

a. 


84 


AMATI 


AMBROGETTI 


Je  quatre-vingt-linit  ans,  suivant  les  registres 
(le  la  calliédrale  de  Crémone.  Un  violon  sorti  de 
ses  mains,  et  qui  portait  la  date  de  1668,  se 
trouvait  à  Milan  dans  la  collection  du  comte 
Corio  de  Salabue.  Par  la  perfection  de  ses  dé- 
tails, le  moelleux  et  la  pureté  de  ses  sons,  cet  ins- 
trument était  considéré  comme  le  chef-d'œuvre 
de  Nicolas  Amati.  Il  changea  peu  de  chose  aux 
formes  <t  aux  proportions  adoptées  dans  sa 
famille;  les  éclisses  de  ses  violons  sont  seulement 
plus  élevées.  Les  troisième  et  quatrième  cordes 
sont  excellentes  dans  ses  violons  de  grand  patron, 
la  chanterelle  sonne  bien ,  mais  la  seconde  est 
souvent  nasale,  principalement  au  si  et  kV7it. 
On  croit  que  l'abaissement  précipité  de  l'épais- 
seur de  la  table  vers  les  flancs  est  la  cause  de  ce 
défaut.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ces  instruments  sont 
fort  recherchés  et  ne  sont  pas  communs.  En 
Angleterre,  les  violons  de  cet  artiste  ont  un  prix 
très-élevé  quand  ils  sont  bien  conservés.  En 
France,  ils  sont  moins  recherchés,  parce  que 
leur  sonorité  est  trop  faible  pour  la  musique  de 
l'époque  actuelle.  Cependant  il  existe  quelques 
instruments  d'une  perfection  exceptionnelle  con- 
struits par  cet  artiste;  tel  est  le  violon  de  Nicolas 
Amati  possédé  par  M.  Alard.  Leur  qualité  est 
le  moelleux  et  le  velouté.  Dans  un  quintette  de 
Boccherini ,  un  bon  Nicolas  Amati  à  beaucoup 
de  charme. 

Nicolas  eut  de  sa  femme  Lucrèce  Pagliari 
deux  fils,  dont  l'aîné,  Jérôme,  naquit  le  26  fé- 
vrier 1649,  et  l'autre,  Jean-Baptiste,  né  le  13 
août  1667,  fut  prêtre,  et  mourut  vers  1706.  Jé- 
rôme travailla  dans  l'atelier  de  son  père  et  lui 
Fuccéda.  Il  élargit  le  patron  des  violons,  et  chan- 
gea les  proportions  en  usage  dans  sa  famille. 
On  connaît  de  lui  plusieurs  instruments  qui 
porient  la  date  de  1729.  Jérôme  fut  le  dernier 
artiste  de  sa  famille.  Les  meilleurs  élèves  de 
Nicolas  Amati  ont  été  André  Guarneri  et  sur- 
tout Antoine  Stradivari.  (  Voy.  ces  noms.) 

AMATI  (Joseph)  paraît  avoir  été  de  la 
même  famille  que  ceux  dont  il  vient  d'être  parlé. 
Il  vécut  à  Bologne  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  et  fabriqua  des  violons  et  des 
basses,  qu'on  trouve  en  petit  nombre  dans  les 
cabinets  des  curieux.  Ses  instruments  sont 
vernis  à  l'huile,  comme  tous  ceux  des  Amati ,  et 
leur  qualité  de  son  est  argentine. 

AMATI  (Antoine  et  Angelo),  frères,  fac- 
teurs d'orgues  à  Pavie,  vers  1830,  ont  construit 
plusieurs  instruments  pour  les  églises  de  laLom- 
bardie. 

AMATUS  (Vincent),  ou  plutôt  AMATI, 
docteur  en  théologie,  et  maître  de  chapelle  à 
Païenne,  naquit  à  Cimniina  en  Sicile,  le  6  jan- 


vier 1 629.  Après  avoir  fait  f es  études  au  sénii- 
naire  de  Palerme,  il  devint  maître  de  chapelio 
de  la  cathédrale  de  cette  ville,  en  1665.  On  con- 
naît de  lui  les  compositions  dont  les  titres  sui- 
vent :  1°  Sacri  concerti  a  due ,  tre ,  quattro  e 
cinque  voci,  con  una  messa  a  tre  e  quattro, 
lib.  1 ,  op.  1";  Palerme,  1656,  in  4.  —  1° Messa  e 
salmi  di  vespro  e  compléta  a  quattro  e  cinque 
voci,  lib.  1,  op  T;  ibid.,  1656,  in-4°.—  3°  L7- 
saura,  opéra;  Aquila  ,  1664.  Amatus  est  mort  à 
Palerme,  le  29  juillet  1670. 

AMlîIELA  (Michel),  prôtreséculier,  né  dans 
l'Aragon,  vers  1665,  (it  ses  études  musicales 
dans  un  monastère  de  celte  province,  et  remplit 
d'abord  les  fonctions  de  maître  de  chapelle  dans 
quelc^ues églises  de  second  ordre.  Le7  mai  1700  il 
reçut  sa  nomination  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  Notre-Dame  c/eZ  PiZar,  à  Saragosse.  Il 
occupa  cette  position  jusqu'en  1707.  On  ignore 
les  motifs  qui  la  lui  tirent  quitter,  et  l'on  manque 
de  renseignements  concernant  sa  vie  et  ses  tra- 
vaux depuis  cette  époque  jusqu'à  sa  nomination 
de  maître  de  chapelle  de  l'église  prirnatiale  de 
Tolède,  qui  eut  lieu  le  22  mars  1710.  H  en 
remplit  les  fonctions  jusqu'au  23  mars  1733, 
date  de  sa  mort.  Il  écrivit  un  grand  nombre 
d'oeuvres  de  musique  religieuse  qui  lui  ont  as- 
suré une  brillante  réputation  ,  et  qu'on  trouve 
à  Tolède ,  ainsi  que  dans  la  plupart  des  cathé- 
drales delaCastille,  particulièrement  à  Oviédo, 
où  l'on  en  conserve  une  grande  collection. 

AMBLEVILLE  (Charles  d' ),  jésuite  de 
la  maison  professe  de  Clermont ,  à  Paris,  floris- 
sait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  11  a  écrit  pour  l'église  :  1°  Octonarium 
sacrum,  seu  canticum  Beatx  Virginis  per  di- 
versos  ecclestœ  tonos  decantatum;  Paris,  Bal- 
lard,  1634  —  20.  Harmonia  sacra,  seu  vesperx 
in  dies  tum  dominicos,  tumfestos  totius  anni, 
una  cummissa  ac  lifaniis  Bealx  Virginis  scx 
vocibus,  Paris,  Ballard,  1836,  in-4<i.  Outre  les 
pièces  mentionnées  dans  le  titre  de  ce  dernier 
ouvrage,  on  y  trouve  aussi  plusieurs  hymnes, 
les  quatre  antiennes  de  la  Vierge  et  un  Domine 
salvum/ac  regem. 

AMBROGETTI  (Joseph),  excellent ftasso 
cantante,  brilla  sur  les  théâtres  depuis  1807  jus- 
qu'en 1815.  Au  mois  d'octobre  de  cette  année  il 
arriva  à  Paris,  et  y  débuta  par  le  rôle  de  Bon 
Juan,  dans  l'opéra  de  Mozart.  La  ci'-lèbre  Sess-i 
chanta  le  rôle  de  Donna  Anna,  et  Crivelli  celui 
A'Ottavio.  Dans  le  cours  de  l'année  1810, 
M"""  Catalani  ayant  obtenu  l'entreprise  du  Théâ- 
tre-Italien ,  Ambrogetti  n'accepta  pas  l'engage- 
ment qui  lui  fut  offert,  et  passa  en  Angleterre, 
où  il  fut  attaché  au  Théâtre  du  Roi  pendant  plu- 


AMBROGETTI  —  AMBROISE 


85 


sieurs  années.  Le  bruit  s'est  répandu  vers  1830 
que  ce  cliaiiteiir  s'était  fait  moine  dans  un  cloî- 
tre de  trappistes  en  France  ;  mais,  en  1 838,  il  était 
en  Irlande,  et  depuis  lors  on  n'a  plus  eu  de  ren- 
seisnement  sur  sa  personne. 

AMBROGIO  (Thésée),  clianoine  régulier 
de  Saint-Jean  de  Latran  ,  et  l'un  des  plus  célè- 
bres orientalistes  de  l'Italie,  était  de  la  famille 
des  comtes  d'AIbanèse ,  terre  de  la  Lomelline  , 
près  de  Pavie.  Il  naquit  dans  cette  ville  en  1469. 
A  peine  âgé  de  quinze  ans,  il  parlait  et  écrivait 
avec  facilité  les  langues  italienne,  latine  et  grec- 
que. En  1512,  il  se  rendit  à  Rome,  où   le  cin- 
ijuième  concile  de  Latran  avait  attiré  beaucoup 
de  religieux  orientaux,  Maronites,  Éthiopiens  et 
Syriens.  Il  saisit  cette  occasion  pour  apprendre 
leurs  langues;  il  en  savait  dix-liuit,  qu'il  parlait 
avec  autant  de  facilité  que  la  sienne.  Il  mourut 
en  1540,  dans  sa  soixante-onzième  année.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve  le  suivant  : 
Introductio  in  clinldaicam  linguam,  syria- 
cam ,  et  decem  alias  linguas ,  characterum 
diversorum  alphahela  circiter  quadraglnla, 
et  corumdem  invicem  conformatïo  ,  mystica 
et  cabalîstica  quam  plurima  scitu  digna  ,  et 
descriptio  ac  sitnulacnon  phagoti  Afranil , 
ravie,    1539,  in-4''.  Il  y  donne,  page  179,  la 
figure  et  la  description  du  basson,  ou  fagot,  dont 
il  attribue   l'invention   à   un    certain  Afranio , 
chanoine  de  Ferrare,  qui  était  sou  oncle  ;  mais 
cet  instrument  est  plus  ancien.  Dans  l'origine,  il 
avait    la  forme  d'un   grand  hautbois,    dont  il 
éfaitlabasse,  etse  jouait  avec  un  conduit  ou  bocal 
letourné.  Un  de  ces  instruments  existe  encore 
au  consulat  des  villes  anséatiques,  à  Anvers. 

AMBROISE  (  Saint  ),  évêqiie  de  Milan ,  na- 
quit en  340.  Son  père  était  préfet  des  Gaules; 
lui-môme  gouvernait  la  Ligurie,  quand  le  peuple 
de  Milan,  touciié  de  ses  vertus,  l'élut  d'une  voix 
unanime  pour  remplacer  l'évèque  Auxence,  quoi- 
qu'il fût  à  peine  chrétien.  Il  ne  fut  ordonné 
prêtre  et  sacré  évêque  que  plusieurs  jours  après 
sa  promotion.  Ce  fut  lui  qui  convertit  saint  Au- 
gustin à  la  loi  catholique  :  sa  fermeté  se  signala 
dans  le  refus  qu'il  fit  d'admettre  l'empereur 
Théodose  dans  l'église,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  fait 
pénitence  du  massacre  de  Thessalonique.  Il 
mourut  en  397,  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans. 

Jusqu'à  saint  Ambroise,  le  chant  de  l'Église 
occidentale  n'avait  point  été  réglé  d'une  manière 
imilorme.  Par  plusieurs  indices  qu'il  serait  trop 
long  de  détailler  ici ,  il  y  a  lieu  de  croire  que 
dans  les  Gaules,  où  les  communications  avec 
l'Orient  étaient  moins  fréquentes  qu'en  Italie, 
le  caractère  du  chant  et  surtout  le  mole  d'exé- 
cution étaient  différents  des  usages  de  l'Euronc 


méridionale.  Le   chant  populaire   exerçait   sans 
aucim  doute  de  l'influence  sur  le  chant  religieux. 
Or  tout  démontre,  dans  l'histoire  de  la  musique 
que  le  caractère  du  chant  populaire  des  natlon.s 
placées  au  nord  et  au  centre  de  l'Europe  était  simple 
et  syllabique,  tandis  que  le  chant  était  chargé  d'or- 
nements et  de  petits  intervalles  dans  les  pays  du 
Sud ,  à  savoir,  le  Portugal,  l'Espagne,  l'Italie  et 
l'empire  Grec,dont  les  communications  avec  l'Asie 
et  l'Afrique  étaient  incessantes.  Saint  Ambroise, 
qui   fit  bâtir  l'église  de  Milan,   vers  384,  nous 
apprend,  dans  une  lettre  à  sa  sœur  (  sainte  Mar- 
celine), qu'il  régla  lui-même  la  tonalité  et  le 
mode  d'exécution  des  psaumes ,  des  cantiques  et 
des  hymnes  qu'on  y  chantait;  et  saint  Augustin 
dit  en  termes  précis  que  ce  fut  suivant  l'usage 
des  Églises  d'Orient  {Confess.,  IX,  7  ).  Le  sys- 
tème tonal  adopté  par  saint  Ambroise  lut  donc 
celui  des  huit  tons  du  chant  de  l'Église  grecque  , 
dont  quatre  (le  dorien,  le  phrygien,  le  lydien  et 
le  mi xolj'dien)  étaient  authentiques,  et  quatre 
(l'hypodorien,  l'hypophrygien,  l'hypolydien  et 
l'hypomixolydien)  étaient  appelés  plagaux.  La 
plupart  des   chants  de  l'Église  grecque   furent 
aussi  introduits  dans  l'Église  de  Milan  avec  leur 
mode  d'exécution  ,  c'est-à-dire  avec  leurs  orne- 
ments, qui  entraînaient  avec   eux   l'emploi   des 
petits  intervalles  (secundum  morem  orienta- 
lium  part  mm,  dit  saint  Augustin  ).  Il  y  a  à  cet 
égard  un  témoignage  certain  de  tradition  dans 
un  traité  de  musique  attribué  à  Odon,  abbé  de 
Cluny,  par  l'abbé  Gerbert,  d'après  un  manuscrit 
de  l'abbaye  de   Saint-Biaise,  et  à  Bernon  {voy. 
ces  noms  ),  par  un  autre  manuscrit  de  Leipsick. 
L'auteur,  quel  qu'il  soit,  après  avoir  dit  qu'il  y  a 
des  genres  musicaux  dont  les  intervalles  ne  se 
mesjirent  pas  sur  le  monocorde  de  la  même  ma- 
nière que  ceux  du  genre  diatonique,  lequel  est 
le  plus  parfait,  le  plus  naturel,  le  plus  suave,  et 
celui  qui  fut  adopté  par  saint  Grégoire,  ajoute  : 
«  Les  chants  de  saint  Ambroise,  homme  très- 
ce  versé  dans  cet  art  (la  musique),  ne  s'écartent 
«  pas  de  la  règle  (grégorienne),  si  ce  n'est  dans 
«  certains  passages  où  la  voix  devient  lascive 
«  par  des  intonations  trop  délicates,  c'est-à-dire 
«  parsesintervallestroppetits)(l).  «La  tradition 
existe  encore  intacte  aujourd'hui,  dans  le  chant 
de  l'Église  grecque ,  des  ornements  en  notes  ra- 
pides, parmi  lesquels  se  trouve  le  fréquent  usage 
du   groupe  (  grupeito  )  de  trois  notes  formant 
deux  intervalles  de  demi-ton  consécutifs. 


(1)...  Sancli  quoqiie  Aiiibrosii,priKieiitiss!ml  in  hac  arte, 
symphonia  nequaquam  ab  hac  discordât  régula,  nisl  In 
quibus  eain  nimium  delicatarum  vocum  pervertit  lascivia 
(  Cf.  Gerberti.  Script,  ecclesiast.  de  Musica  sac,  t.  l^ 

273.) 


flO 


AMBROISE 


l'.nfin  ce  fut  aussi  à  l'église  grecque  que 
saint  Ambroise  emprunta  les  liymnes  qui  se 
chantaient  dans  son  église.  Il  les  traduisit  dans 
la  langue  latine,  et  conserva  au  cliant  son  carac- 
thère  rliytlimiqne  ou  plutôt  inélrique.  La  tradi- 
tion s'en  était  perpétuée  à  Milan  jusqu'au  onzième 
siècle;  <ar  Guido  d'Arezzo  écrit,  dans  le  quin- 
zième chapitre  de  son  Micrologue,  que  celui  qui 
sera  curieux  d'apprendre  les  mètres  dans  les- 
quels on  chante  les  trouvera  dans  le  chant 
ambroisien  (i). 

La  distinction  entre  le  chant  grégorien  et  l'am- 
broisien  consista  donc  ordinairement,  d'une  part, 
en  ce  que  celui  de  saint  Ambroise  était  la  tra- 
dition pure  du  chant  de  l'Église  grecque,  avec 
ses  ornements  et  l'usage  de  certaines  suites  de 
sons  chromatiques,  par  exemple  : 


A 


W^^ 


dans  le  premier  et  le  second  moile,  tandis 
que  la  réforme  de  saint  Grégoire  iit  dispa- 
raître ces  successions  de  sons  étrangères  au 
chant  diatonique;  d'autre  i>art,  le  chant  am- 
liroisien  était  rhythmique ,  et  le  grégorien  ne 
l'était  pas.  Mais,  par  la  suite  des  temps,  ces  dif- 
férences essentielles  ont  disparu,  et  depuis  plu- 
sieurs siècles  on  n'aperçoit  plus  de  distinction 
saisissable  entre  ces  (ormes  du  chant  ecclésias- 
tique. Un  prêtre  de  l'église  métropolitaine  de 
Milan,  nommé  Camille  Perego ,  a  composé, 
par  l'ordre  de  saint  Charles  Borromée,  un  traité 
du  chant  ambroisien  qui  a  été  publié  sous  ce 
titre  :  la  Regola  del  canto  fermo  ambrosiano 
(Milan,  1622,  in-4'^); ouvrage  pré-cieux,  car  il 
est  le  seul  qu'on  possède  sur  cette  matière.  Ce- 
pendant, sauf  l'usage  des  demi-tons  indiqué  par 
le  bémol  et  le  dièze,  le  fréquent  emploi  du  mou- 
vement descendant  de  quarte  aux  tinales,  el  les 
intonations  de  la  préface,  on  ne  voit  pas  dans 
cet  ouvrage  ce  qui  constituait  les  différences  es- 
sentielles entre  les  deux  chants.  Toutes  les  tra- 
ditions d'exécution  du  chant  primitif  de  saint 
Ambroise  avaient  disparu  à  l'époque  où  Perego 
écrivit  son  livre. 

Saint  Ambroise  est  auteur  ou  traducteur  de 
quelques  hymne*  «pii,  suivant  plusieurs  écrivains, 
sont  encore  en  usa;:e  à  Milan,  dans  leurs  formes 
primitives.  Ces  hyuuies  sont  :  1"  jElerne  rerum 
Conddor;  1°  Deus  Creator  omnium;  3"  Veni 
f.edcmptor  o)nn'nun;  40  Spfendor  Palernx 
glorix;  5"  Consois    Patcrni  lumïnis  ;  (i"  0 

(0...  Sicut  apiid  Anibrosium,  si  curiosus  sis,  iiivcnirc 
llcebit 


lux  bcata  Trinilns.  On  lui  attribue  aussi  te 
chant  célèbre  du  Te  Deum  laudamus  ;  mais  on 
n'est  pas  d'accord  sur  ce  point;  car  on  a  donné 
aussi  pour  auteurs  à  cet  hymne,  ou  plutôt  à  ce 
cantique,  saint  Augustin,  saint  Abundiu>;,  évé- 
que  de  Como,  au  cinquième  siècle ,  samt 
Sisebut,  moine  de  la  même  époque,  saint  Ni- 
cet ,  évèque  de  Trêves ,  au  sixième  siècle ,  et 
enfin  saint  Hilaire  ,  évêque  de  Poitiers  ,  un  peu 
plus  ancien  que  saint  Ambroise.  Les  divers 
arguments  produits  à  diverses  époques  en  faveur 
de  l'im  ou  de  l'autre  de  ces  personnages  ont 
été  discutés  solidement,  d'abord  par  M.  l'abbé 
Cousseau  (autrefois  supérieur  du  grand  sémi- 
naire d'Angoulème,  aujourd'hui  évèque  de  cette 
ville)  dans  les  Mémoires  de  la  Sociélédes  an- 
tiquaires de  VOuest  (1837,  t.  2,  p.  251  et 
suiv.  ),  et  récemment  dans  le  deuxième  volume 
du  Thcsauriis  hymnologicus  de  M,  Hermanu 
Adalbert  Daniel  (p.  279—299).  Le  but  de  ceir 
écrivains  diffère  en  ce  que  monseigneur  Cous- 
seau  a  pour  objet  de  démontrer  que  le  cantitiue 
est  une  inspiration  de  saint  Hilaire ,  tandis  rjue 
M.  Daniel  prouve  très-bien  que  cette  opinion 
n'a  pas  plus  de  solidité  que  les  autres,  et  que 
le  véritable  auteur  du  Te  Deum  est  inconnu. 
Ussérius  lui  fournit  d'ailleurs,  dans  sa  disserta- 
tion sur  les  symboles,  un  hymne  grec  des  ma- 
tines, appartenant  aux  premiers  temps  de  la 
chrétienté,  qui  semble  être  la  source  du  can- 
tique latin.  (Voy.  Thésaurus  hymnol.,L  II, 
p.  289.) 

L'opinion  qui  attribue  le  Te  Deum  à  saint  Am- 
broise se  fonde  sur  le  grand  nombre  de  manus- 
crits dans  lesquels  il  a  pour  titre  :  Hymnus 
ambrosianus.  Dans  la  supposition  où  il  serait 
réellement  l'auteur  de  cette  inspiration  poétique 
el  religieuse,  on  ne  pourrait  lui  en  attribuer  le 
chant,  puisque  celui-ci  est  tiré  en  grande  partie 
de  la  psalmodie.  En  effet ,  l'intonation  est  celle 
des  psaumes  du  quatrième  ton ,  avec  une  va- 
riante dans  la  terminaison  Te  Dominum  confi- 
temur.  Depuis  Te  xternum  Patrem  jusques  et 
unicum  F*/iw»i,  tout  léchant  est  dans  la  neuuw 
des  psaumes  du  troisième  ton,  avec  quelques 
variantes  dans  la  médiation.  A  partir  de  Sanctum 
quoque  ParacletumSpiritum,  la  terminaison 
»'sl  celle  des  psaumes  du  quatrième  ton  jusqu'à 
la  finale  qaos  prctioso  sanguine  redemisti. 
Mais  le  caractère  psalmodique  disparaît  depuis 
ALtcrnaJac  cum  sancfis  luis,  et  la  tonalité 
change  jusques  et  y  compris  les  mots  usque  in 
œternum.  J'ai  cherché  longtemps  quelle  était 
l'origine  de  ce  chant  si  beau,  si  solennel,  et  je 
l'ai  trouvé  enfin  dans  Vintroil  de  la  messe 
grecque  de   saint  Denys  l'Aréopagite,    dont  la 


AMBROISE  —  AMBROS 


87. 


date  remonte  au  deuxième  siècle,  suivant  les 
Liturgies  ou  messes  des  Saints  Pères  (1),  et 
qui  était  cliantée  longtemps  après  à  rai)baje  de 


saint-Denis  ,  près  de  Paris,  pendant  Toclave  de 
la  fête  de  ce  saint  martyr.  Voici  ce  chant  dans 
sa  forme  primitive  (2)  : 


Ku-pi- £         Oi- o;,       pa-ffi-Xsu      oiipa-  vi    -     e,     ôî- ôç  Tuà  -      -       xza 


lPE2!^E5iEi 


TravTO-   -xpdc-Top  (3). 


Après  usque  in  xternum,  le  Te  Deum  rentre 
dans  le  neume  psalmodique  du  quatrième  ton  ; 
et,  enfin,  le  dernier  verset  In  te  Domine  spe- 
ravi  se  dit  sur  la  formule  du  chant  grec  qu'on 

vient  de  voir. 

Si  saint  Ambroise,  comme  il  parait  à  peu 
près  certain,  n'est  pas  l'auteur  du  cantique  imité 
de  riiymne  grec  dont  il  vient  d'être  parlé,  il  est 
au  moins  hors  de  doute  que  ce  chant  célèbre  est 
antérieur  au  cinquième  siècle;  car  il  est  déjà  cité 
dans  le  onzième  chapitre  de  la  règle  de  Saint- 
Benoît  ,  oii  il  est  dit  :  Post  quartum  Responso- 
riiim  incrpit  Abbas  Te  Deum  laudamos,  etc. 

AMBROS  (  Auguste-Guillaume  ),  composi- 
teur amateur,  est  né  le  17  novembre  181  G,  à  Mauth, 
en  Bohême,  à  quelques  lieues  de  I^rague.  Dès  les 
premières  années  de  son  enfance,  ses  heureuses 
dispositions  pour  la  musique  se  firent  remar- 
quer; mais  ses  parents,  le  destinant  à  la  ma- 
gistrature, ne  voulurent  pas  céder  à  la  voca- 
tion qu'il  paraissait  avoir  reçue  de  la  nature,  et 
lui  firent  (aire  des  études  littéraires  et  scientifi- 
ques qu'ils  jugèrent  nécessaire  pour  l'état  qu'il 
devait  embrasser.  Pendant  qu'il  fréquentait  le 
gymnase  de  Prague ,  il  ne  reçut  aucune  leçon 
de  musique;  mais  il  lui  fut  permis  de  suivre  les 
cours  de  l'Académie  de  dessin.  Une  représenta- 
tion de  Don  Jvan  à  laquelle  il  fut  conduit  lui 
révéla  tout  à  coup  sa  destination  artistique.  De 
retour  chez  lui,  il  éprouva  une  agitation  extraor- 
dinaire, et  ne  put  prendre  aucun  repos  pendant 
la  nuit.  Il  ne  connaissait  pas  une  note  de.  la 
musique  écrite  ;  mais  en  peu  de  temps  les  le- 
çons de  ses  condisciples  l'introduisirent  dans  le 

(I)  AEITOrPriAI  TQN  AHÛN  nATEPQN. 

l'arisiis,  iKfio,  apud  Guil.  Morelium,  in-fol,,  f.  111. 

(ï)  Missa  in  octava  S.  Diouysii  Areopagitce  et  sociorum 
martyrum.  Parisiis,  ex  officina  Roberti  Ballard,  les-i, 
in -4". 

(3)  Cette  mûme  formule  de  chant  se  trouve  on/.c  fois  dans 
rOctoechos,  ou  livre  de  cantiques  de  l'iigllse  grecque 
dans  les  huit  tons,  suivant  la  vériflcalion  récente  que  j'en 
ai  faite. 


solfège  et  préparèrent  son  éducation  de  pia- 
niste, qu'il  acheva  sous  la  direction  d'un  maître 
attaché  au  Conservatoire  de  Prague.  La  lecture 
des  œuvres  théoriques  de  Tiirk  et  de  Reicha 
l'introduisit  aussi  dans  l'art  de  la  composition. 
Ayantobtenu,  au  mois  de  novembre  1839,  legrade 
de  docteur  en  droit  à  l'université  de  celte  ville, 
il  entra  dans  l'administration  impériale  des  fi- 
nances; mais  ses  fonctions  lui  laissèrent  assez 
de  temps  pour  s'occuper  de  son  art  favori. 
Les  conseils  de  Weit,  de  Pietscli,  et  de  M.  Kittl, 
aujourd'hui  directeur  du  Conservatoire  de  Pra- 
gue, perfectionnèrent  par  degrés  son  éducation 
musicale.  Vers  1843,  il  entra  dans  l'association 
des  amis  de  Robert  Schumann,  pour  la  rédac- 
tion d'articles  de  critique  dans  la  nouvelle 
Gazette  musicale  de  Leipsick.  Quelques-tms  de 
ces  articles,  dirigés  contre  Dionis  Weher  et  l'or- 
ganisation du  Conservatoire  de  Prague  étaient 
signés  du  pseudonyme  de  Flamin.  On  remar- 
quait dans  son  style  une  imitation  de  celui  de 
Jean-Paul;  mais  il  y  manquait  l'originalité  des 
idées. 

Ambros  n'avait  publié  que  des  productions 
légères  en  musique,  lorsqu'on  1847  il  fit  exécu- 
ter dans  un  concert  une  ouverture  à  grand  or- 
chestre sur  le  sujet  de  la  légende  de  Geneviève, 
comtesse  palatine,  à  l'imitation  du  style  de  i\len- 
delssohn.  Cet  ouvrage  eut  du  succès,  et  fut  répète 
dans  le  concert  suivant.  Bientôt  après  il  écrivit 
une  autre  ouverture  pour  la  tragédie  iVOtello,  de 
Sliakspeare,  qui  fut  jouée,  sous  la  direction  de 
l'auteur,  dans  le  concert  de  la  Société  de  Sainte- 
Cécile,  à  Prague ,  et  Ambros  y  ajouta ,  peu  de 
temps  après ,  d'autres  morceaux  et  des  scènes 
de  mélodrame,  pour  la  même  tragédie.  Les  agi- 
tations et  les  malheurs  de  1848  interrompirent 
ses  travaux,  parce  que  le  jury  pour  les  délits  de 
la  presse  fut  institué  en  Bohême ,  et  qu'Ambros 
fut  nommé  procureur  impérial ,  avec  mission  de 
poursuivre  ces  délits.  En  l'état  d'exaltation  où 
étaient  les  esprits,  cette  position  lui    fit, des  en- 


.S8 


AMBROS  —  AMi:DÉE 


iii'inis ,  el  mit  nifme  son  existence  en  danger. 
tnfin  les  événements  politiques  devinrent  plus 
favorables  vers  le  milieu  de   1849,  et  Ambres 
put  se  réfugier  à  Vienne,  où  il  retrouva  la  sanlé 
et  le  «aliiifi  de  l'esprit.  Dans  Tannée  suivante, 
une  nouvelle  organisation  de  la  justice  ayant  été 
fuite  dans  tous  les  États  de  l'empire  d'Autriche, 
il  fut   nommé  avocat  général  près  du  tribunal 
supérieur  de  Prague  ;  poste  qu'il  occupe  au  mo- 
ment où  cette  notice  est  écrite  (  1S58).  Il  est 
aussi  membre  de   la  direction  du  Conservatoire 
de  cette  ville.  Les   œuvres  ,de  ce  compositeur, 
de  même  que  celles  de  plusieurs  élèves  de  Men- 
(lelssolui,  sont  un  reflet  de  la  manière  de  ce  maî- 
tre. Il  a  publié  les  ouvrages  suivants  :  lo  Sonale 
po:ir  piano  (en  mi),  op.  5  ;  Vienne,  Witzendorf.  — 
2°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle  ;  l^rague, 
Berra. —  3°  Ou vei tuie  du  concert  sur  la  légende  de 
Geneviève,  à  grand  oicbestre.  —  4"  Idem  de  Ca- 
therine  de  Heilbronn,  pour  le  drame  de  Kleist. 
—  50  Six  pièces  lyriques  pour  le  piano,  Vienne 
Gloeggl.  —  6°  Plusieurs  recueils  de  chants  avec 
piano;  à  Vienne,  chez  Wilzendorf.  Ambros  a  en 
manuscrit  :  7°  Ouverture ,  entr'actes  et  chants 
pour  VOtelto  de  Sliakspeare.  —  8°  Stabat  Mater, 
pour  voix  seule,  chœur  et  orchestre. —  9o  LaFon- 
dationde  Prague,  monodrame  pour  voix  seule, 
chœur  et  orchestre.  —  10»  Symphonie  à  grand  or- 
cheslre,  en  mi  bémol.  —  11°  Deux  grands  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  le  premier  en  mi 
majeur,  et  l'autre  en  ré  majeur.  —  12°  Paysages  : 
pièces  caractéristiques  pour  le  piano.  A  l'occa- 
sion de  la  fêle   qui  eut  lieu  à  Prague  pour  le 
cinquantième   anniversaire   de  la   fondation  du 
conserva'toire   de  cette  ville,   Ambros  a  publié 
un  écrit  qui  a  pour  titre  :  Das  Conservaloriiim 
in   Prag.  Eine   Dcnlischrift  bei  Gelegenheit 
der  fûnfzigjxlirigen  Jubelfeier  der  Grûndung 
(Le  Conservatoire  de  Prague,  Mémoire  à  l'oc- 
casion de  la  fête  jubilaire  de  la  cinquantième 
année   de  son   établissement);    Prague,  Gottl. 
Haase,  1858,  in-8»,  de  153  pages.  On  y  trouve 
des  renseignements  historiques  et  statistiques  sur 
cette  institution,  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt, 
AMBROSCIl   (Joseph-Charles)  ,  premier 
ténor  au  théâtre  national  de  lîerlin,    naquit  en 
1759,  à  Crumau ,  en  Bohême.   11  fit  ses  études 
musicales  à  Prague,  sous  la  direction  de  Kozeluch 
l'aîné,  et  débuta  au  théâtre  de  Bayreuth  en  17S4. 
n  se  fit  entendre  sur  les  théâtres  de  Hambourg, 
d'Hanovre  et  de  Vienne  jusqu'en  1791  ,  où  il  se 
rendit  à  Berlin.  Il  y  obtint  de  grands  succès,  tant 
à  cause  de  la  beauté  de  sa  voix  que  par  sa  voca- 
lisation pure  et  l'expression  de  son  chant.  Outre 
son  talent  comme  chanteur,  Ambrosch  possédait 
aussi  celui  de  la  composition;  on  connaît  de  lui 


diverses  productions  dont  vo'd  les  litres  :  {"Am- 
brosch tind  Bahe'im  friiinaiirer-Ueder  mit 
Melodien,  2  th.  (Chants  maçoniques  avec  mé- 
lodies, par  Ambrosch  et  Bœheim);  Berlin,  1793. 

—  7°  Freundchaftlicltes  TrinkUed:  Vnbesorgt 
Volledler  Freude  (Chanson  de  table,  etc.)  ;  Ber- 
lin, 1796.— 3°Zit'e;/  Lieder  :  Als  icliaufmeiner 
IJleiche ,  und  Ich  Klage  hier,  etc.  (  Deux  chan- 
sons (le  table,  etc.);  Hambourg,  1796.  —  4»  Sechs 
Lieder  mit  Verœnderungenfur  dieSingstimme 
(Six  Chansons  avec  variations  pour  la  voix), 
Zerbst,  1797,  26  pag.  in-folio.  — hoRomanzedes 
Pagen  ausFigaros Hochzeit  (Romance  du  page 
des  noces  de  Figaro,  pour  la  guitare);  1800. —  6» 
Chansons  allcmandeset  italiennes  avec  des  varia- 
lions  pour  la  voix,  2  suites;  Berlin,  Schlesinger. 

—  7"  Chant  d'un  Prussien  sur  la  bataille  de 
Leipsick,  avec  piano;  Berlin,  Paez.  Ambrosch  est 
mort  à  Berlin,  le  8  septembre  1822. 

AMBROSE  (  John  ) ,  musicien  anglais  qui 
vécut  au  commencement  du  seizième  siècle ,  n'est 
connu  que  par  un  canon  à  plusieurs  parties, 
sans  paroles,  qui  se  trouve  dans  un  volume  ma- 
nuscrit de  pièces  de  différents  genres,  lequel  est 
au  Muséum  britannique,  sous  le  n"  56  de  V Ap- 
pendice. Ce  morceau  est  intéressant  par  sa  forme 
ingénieuse. 

AMBROSÏO  (....),  maître  de  cbapellede 
l'église  d'Ortona,  petite  ville  de  l'Abruzze,  na- 
quit à  Crémone,  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  des  madri- 
gaux à  quatre  voix  ,  en  1636. 

AME  (Léonard)  ,  ancien  élève  du  conserva- 
toire de  Paris,  fut  attaché  comme  flûtiste  au 
Théâtre  de  la  Gaieté,  depuis  1814  jusqu'en 
1823.  On  a  de  lui  une  Méthode  de  flûte.  Paris , 
Frère ,  sans  date. 

AMÉDÉE  (François),  fils  naturel  d'Audi- 
not,  ancien  acteur  de  la  Comédie  italienne ,  et 
fondateur  du  théâtre  qui  a  porté  son  nom ,  est  né 
à  Paris,  le2  octobre  1784.  Le  13  pluviôse  an  VII, 
il  entra  au  Conservatoire  de  musique.  Élève  de 
Catel  pour  l'harmonie  et  de  Baillot  pour  le  vio- 
lon, il  fut  longtemps  répétiteur  de  ces  deux 
maîtres,  et  fut  nommé  professeur  de  solfège  dans 
cette  école  en  1816.  Sous  le  nom  û'' Adrien, 
Amédée  a  composé  et  arrangé  la  musique  d'un 
très-grand  nombre  de  mélodrames  pour  le  théâ- 
tre de  V Ambigu-Comique.  Une  absence  à  peu 
près  totale  d'imagination  se  fait  apercevoir  dans 
toutes  ces  productions  ;  mais  l'auteur  avait  le 
bon  esprit  de  se  servir  aussi  souvent  qu'il  l(i 
pouvait  de  fragments  des  œuvres  de  Haydn , 
de  Mozart  et  de  Beethoven,  pour  suppléer  au 
génie  qui  lui  manquait.  Pendant  longtemps 
Aincdée  a  joué  l'alto  a  l'orchestre  de  l'Opéra  et 


AMÉDÉE  —  AMIOl 


89 


aux  concerts  du  Conservatoii'e.  11  est  mort  à 
Paris  au  commencement  de  1833. 

AMEiXDOLA  (Joseph),  né  à  Palerme, 
compositeur  dramatique  qui  a  joui  de  quelque 
réputation  vers  1780  ,  a  fait  représenter  dans  le 
cours  de  cette  année,  à  Dresde  ,  un  opéra  bouffe 
intitulé  :  Il  Begliarbei  di  Caramania.  11  pa- 
raît que  cet  ouvrage  avait  été  déjà  représenté  en 
Espagne ,  en  1776. 

AMERBACH  (Élie-Nigolas),  savant  con- 
trapuntiste  allemand ,  est  cité  souvent  par  les 
écrivains  du  seizième  siècle,  mais  seulement 
sous  ses  prénoms.  Dans  sa  jeunesse  il  montra 
de  grandes  dispositions  pour  la  musique ,  et  les 
développa  avec  le  secours  de  quelques  bons 
maîtres ,  ou  par  des  voyages  qu'il  fit  en  diverses 
parties  de  l'Europe.  En  1571  il  occupait  la  place 
d'organiste  à  l'église  Saint-Tliomas  de  Leipsick. 
Amerbach  a  fait  imprimer  un  recueil  de  pièces 
pour  l'orgue,  en  tablature  (1).  Cet  ouvrage, 
qui  est  fort  rare,  quoiqu'il  en  ait  été  fait  deux 
éditions, a  paru  sous  ce  titre  :  Orgel  oder  Ins- 
truments-Tabulatur.  Ein  nûtzliches  Bilchlein 
inwelchcmnothwendigeErkldrung  der  Orgel 
oder  Instrument  Tabulalur,  sampt  der  appli- 
cation, auch/rôliche  deutsche  Stûcklein  unnd 
(sic)  Moleten,  etc.  (Tablature  pour  l'orgue,  ou- 
vrage utile  qui  contient  les  explications  néces- 
saires pour  la  tablature  de  l'orgue  et  d'autres 
ÏDstriniicnts,  avec  l'application,  ainsi  que  des 
petites  i)ièces  allemandes  d'un  genre  gai  et  des 
motets,  etc.  );  Leipsick  ,  chez  Jacques  Berwalds 
Erben,  1571,  vingt-six  feuilles  in-4°  obi.,  sans 
pagination.  La  deuxième  édition  a  été  publiée  à 
Nuremberg  en  1583,  par  Ulrich  Neuber,  in  4*.  Ce 
recueil  contient  88  pièces.  Un  autre  livre  de 
pièces  en  tablature  a  été  publié  par  Amerbach, 
sous  ce  titre  :  Ein  new  kiinstlich  Tabulatur- 
fnich ,  darin  sehr  gute  Moleten  nnd  Ueblicke 
deutsche  Tenores  jetziger  Zeit  vornehmer 
Componisten  ati/f  die  Orgel  und  Instrument 
abgesetzt,  beijdes  den  Organisten  unnd  (sic) 
des  Jugendt  dientslich,  etc.  Gedrucktzu  Leipzig 
darch  Johann  Beijer,  in  Verlegung  Dietrich 
Gerlach,  zu  Nuremberg  (Nouveau  livre  de  ta- 
blature artistique,  dans  lequel  de  très-bons  mo- 
tets et  mélodies  allemandes  favorites  des  plus 
célèbres  compositeurs  de  l'époque  actuelle  sont 
arrangés  pour  l'orgue  ou  autres  instruments,  à 


(r>  D.Tns  la  première  édition  de  cette  Hiograpkie  uni- 
verselle des  ^/î«!0«>;îs,  j'ai  dit  qu'Aiiierbach/i;i  le  pre- 
mier organiste  allemand  qui  fit  imprimer  un  recueil 
de  pièces  pour  l'orgue,  en  tablature  :  cétuit  une  erreur; 
car  un  organiste  beaucoup  plus  ancien,  nommé  Arnold 
Schlick  {voy.  Schlice)  a  publié  un  livre  du  même  genre 

en   IBI2. 


l'usage  des  organistes  et  de  la  jeunesse,  etc.)  Im- 
primé à  Leipsick  par  Jean  Beyer  pour  D.  Ger- 
lach, àNuremberg,  1575,  in-fol.  Cet  ouvrage  ren- 
lerme  quarante  pièces  extraites  des  œuvres  de 
J.  Bercliem,  Clément-non-papa,  Th.  Créquillon, 
Dressier,  Gastritz  ,  Orl.  Lassus,  Meiland  ,  Scan- 
delli,  Jvo  de  Vento,  et  quelques  anonymes.  Dans 
ce  livre  le  nom  de  l'auteur  est  écrit  Ammerbach. 

Un  autre  artiste ,  nommé  Antoine  Amerbach  , 
était  organiste  du  duc  de  Brunswick,  à  l'époque 
où  vivait  Élie-Nicolas. 

AMEREVOLl  (Ancelo),  célèbre  chanteur 
italien,  naquit  à  Venise,  le  16  septembre  1716. 
Après  avoir  brillé  sur  les  principaux  théâtres  de 
sa  patrie  par  la  beauté  de  sa  voix  de  ténor,  sa 
belle  vocalisation,  et  l'excellence  de  son  trille,  il 
fut  engagé  pour  le  théâtre  de  la  cour  de  Dresde, 
qui  réunissait  alors  les  plus  beaux  talents  de  l'I- 
talie, et  passa  le  reste  de  sa  vie  dans  cette  ville, 
où  il  mourut  le  15  novembre  1798. 

AMEYDEN  (Christophe),  compositeur  de 
l'école  flamande,  était  contemporain  de  Roland 
de  Lassus.  On  a  imprimé  des  madrigaux  de  sa 
composition  dans  le  troisième  livre  de  madrigaux 
à  cinq  voix  de  Lassus;  Venise,  chez  les  fils  d'An- 
toine Gardane,  1570. 

AMICO  (Raimond  de),  dominicain  et  com- 
positeur pour  l'église,  né  vers  la  fin  du  seizième 
siècle,  à  Noto,  en  Sicile,  a  publié  :  Motetti  a  due, 
tre  e  quattro  voci,  Messine  ,  1621 ,  in-4°,  pre- 
mière et  seconde  partie. 

AMICOA'I  (Antoine),  compositeur  napoli- 
tain ,  s'est  fait  connaître  par  quelques  opéras, 
parmi  lesquels  on  remarque  l'intermède  La 
Grotta  del  Magn  Merlino,  représenté  à  Rome 
en  1787.  Amiconi  manque  d'imagination,  et  son 
style  n'est  qu'une  imitation  de  la  manière  de 
Paisiello. 

AMILHA  (Le  Père),  chanoine  régulier  de 
Saint- Augustin,  dans  l'église  cathédrale  de  Pa- 
miers  (Ariége),  vivait  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-huitième  siècle.  Il  est  auteur  d'un 
recueil  de  cantiques,  en  partie  du  Languedoc , 
dont  la  poésie  est  accompagnée  de  mélodies  no- 
tées en  caractères  de  plain-chant.  Ces  mélodies 
naïves  ont  toutes  les  qualités  nécessaires  pour 
être  populaires.  Le  recueil  du  P.  Amillia  est  in- 
titulé :  Le  tubleu  de  la  bido  del  parjet  crestia, 
en  bersses ,  que  représenta  Vexercici  de  la  fe 
(Tableau  delà  vie  du  parlait  chrétien,  en  vers, 
lequel  représente  les  exercices  de  la  foi) .  A  Tou- 
louse, 1704,  petit  in-S". 

AMIOT  (Le  Père)  ,  jésuite  et  missionnaire 
à  la  Chine,  né  à  Toulon  en  1718,  s'est  fait  con- 
naître jiar  des  travaux  sur  les  antiquités,  l'his- 
toire et  les  arts  des  Chinois.  11  arriva  à  Maraa 


90 


AMIOT  —  AIMIMOW 


en  1750,  et  à  Pékin  en  1751.  11  y  étudia  avec  ar- 
deur les  langues  cliinoise  et  tataie,  et,  après  plus 
de  quarante  ans  de  travaux  sur  tout  ce  qui  con- 
cerne le  peuple  sinf;n  lier  chez  lequel  il  était  en  mis- 
sion, il  mourutà  réMn,  en  1794,  âgé  de  soixante- 
seize  ans.  Je  ne  parlerai  ici  que  de  ses  ouvrages 
relatifs  à  la  musi(|iie  des  Chinois. 

Le  père  Aniiot  avait  traduit  un  traité  sur  la 
musique  par  Lij-Koang-ti ,  ministre  d'iitat  et 
inemhre  du  premier  ti  ibunal  des  lettrés ,  qui  a 
pour  titre  :  Kou-rjo- king-tchouen  ,  c'est  à-dire 
Commentaire  sur  le  livre  classique  touchant 
la  musique  des  anciens;  il  envoya  successive- 
ment les  cahiers  de  sa  traduction  à  M.  de  Bon- 
gainville,  secrétaire  de  l'Académie  des  i.isciip- 
tions,  qui  les  déposa  à  la  Bibliothèque  du  Roi.  En 
1775,  il  envoya  aussi  deux  copies  manuscrites 
d'un  mémoire  sur  la  musique  des  Chinois  ,  l'un 
à  M.  Bertin,  ministre  et  secrétaire  d'État,  et  l'autre 
à  M.  Bignon,  bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  du 
Roi.  Cet  ouvrage  fut  publié  par  les  soins  de  l'abhé 
Roussier,  qui  l'accompagna  de  notes,  sous  le  titre 
de  :  Mémoire  iurla  musique  des  Chinois,  tant 
anciens  que  modernes.  Cet  ouvrage  forme  le 
sixième  volume  «les  Mémoires  concernant  F  his- 
toire, les  sciences  ,  les  arts,  etc.,  des  Chinois, 
Paris,  1780,  15  vol.  in-4o.  On  en  trouve  des 
exemplaires  avec  un  litre  particulier,  qui  en  fait 
un  ouvrage  séparé.  On  a  ajouté  au  même  volume 
un  Essai  sur  les  pierres  sonores  de  la  Chine, 
(\\n  n'est  pas  du  père  Amiot.  Forkel  a  donné  un 
précis  de  ce  livre  dans  son  almanach  musical  de 
1784,  pag.  233—27.').  Remarquons  en  passant 
que  l'abbé  Roussier,  avec  son  idée  fixe  des 
proportions  musicales  et  de  la  progression  triple, 
n'a  ajouté  au  mémoire  d'Amiot  que  des  notes 
pédantes,  dont  l'utilité  est  nulle. 

Le  travail  du  jésuite,  sous  une  apparence 
d'exactitude  rigoureuse,  ne  doit  être  consulté 
qu'avec  défiance;  car  en  l'éluiliant  avec  soin 
on  s'aperçoit  que  son  auteur  n'avait  que  des 
idées  vagues  concernant  la  musique  pratique 
des  Chinois,  et  qu'il  n'avait  même  pu  déchiffrer 
aucun  des  systèmes  particuliers  de  tablature  qui 
paraissent  être  en  usage  pour  chaque  instrument 
chez  ce  peuple.  11  ne  dit  pas  un  mot  de  cette  ma- 
tière intéressante,  et,  dans  les  longs  détails  qu'il  a 
donnés  sur  les  divers  instruments,  il  a  oublié 
précisément  de  traiter  des  principes  de  leur  cons- 
truction et  de  leur  étendue.  Un  traité  véritable- 
ment utile  et  instructif  de  la  musique  des  Chinois 
est  encore  à  taire.  Klaproth  nous  a  appris  à  nous 
mettre  en  garde  contre  le  peu  d'e\actitiide  du 
père  Amiot,  dans  une  analyse  piquante  de  la  pa- 
raphrase qu'il  avait  publiée  comme  une  traduc- 
tion de  V Éloge  de  la  ville  de  Mouqden. 


Lichtenihal  indique  {Bibliogr.  délia  Mnsirn, 
t.  III,  p.  43),  d'après  un  article  du  Journal  Encij- 
elop.  (Mars,  1780,  t.  II,  part.  3,  p.  543),  une 
version  espagnole  de  la  traduction  française  du 
traité  de  musique  de  Ly-Koang-ti,  par  le  père 
Amiot,  sous  ce  titre  :  Memoria  .sobre  la  Musica 
I  de  los  Chineses;Ma<iih\,  Imprenta  de  Babloy 
Texero,  1780.  Malgré  ces  indications  si  précises, 
j'avoue  que  je  doute  de  l'existence  de  ce  livre; 
car  toutes  les  recherches  que  j'ai  fait  faire  à  Ma- 
drid n'ont  pu  en  faire  découviir  un  seul  exem- 
plaire. La  traduction  a  pu  être  faite;  mais  il  est 
vraisemblable  qu'elle  n'a  point  paru.  Il  est  d'ail- 
leurs douteux  que  ce  soit  l'ouvrage  de  Ly-Koang-ti 
qui  ait  été  traduit  en  espagnol  ;  le  titre  indique 
plutôt  ime  traduction  du  mémoire  d'Amiot  dont 
il  a  été  parlé  précédemment.  11  est,  au  reste,  très- 
làcheux  que  la  traduction  d'Amiot  se  soit  égarée  ; 
car  il  est  certain  qu'elle  n'existe  pas  à  la  Biblio- 
thèque impériale  de  France,  bien  qu'elle  y  ffit  à 
l'époque  où  l'abbé  Roussier  fut  chargé  de  la  pu- 
blication du  Mémoire  sur  la  Musique  des  Chi- 
nois, puisque  celui-ci  en  a  donné  l'analyse  dans 
ce  mémoire.  Quelques  manuscrits  d'Amiot  se 
trouvent  parmi  ceux  de  cette  bibliothèque;  niais 
ce  sont  les  cahiers  de  l'ouvrage  publié  et  quel- 
ques appendices  de  peu  d'intérêt. 

L'auteur  de  ce  dictionnaire  a  extrait  d'une 
correspondance  inédite  d'Amiot  avec  le  ministre 
Berlin,  qui  a  appartenu  à  M.  Neveu,  libraire 
de  Paris ,  une  lettre  fort  longue  et  intéressante 
concernant  la  fabrication  du  lo ,  vulgairement 
appelé  tam-tam ,  et  l'a  publiée  dans  le  premier 
volume  de  la  Revue  musicale  (p.  365).  Celte 
lettre  contient  tous  les  détails  nécessaires  pour 
faire  connaître  les  procédés  de  la  fabrication  de 
cet  instrument.  Cependant  le  célèbre  sinologue 
M.  Julien  a  publié  sur  ce  sujet  un  morceau  de 
critique  duquel  on  peut  conclure  que  l'ouvrier 
qui  a  fourni  au  père  Amiot  ses  renseignements  l'a 
trompé  sur  les  détails  de  la  fabrication. 

AMMERBACHER  (GEoncEs-GASPARD) , 
cantor  à  Nordlingwe  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  a  publié  :  Kurze  undgriind- 
liche  An wpisung  :iur  vocal  il/M.s/A- (Instruction 
abrégée  et  fondamentale  sur  la  musique  vocale), 
Nuremberg,  1717,  in-S». 

AMMON  (  Antoine  Blvise),  compositeur  au 
service  de  la  cour  de  Bavière,  naquit  à  Imoi, 
dans  le  Tyrol,  le  2  janvier  1517,  et  mourut  à 
Munich,  le  9  avril  I6l4.  Compositeur  laborieux, 
il  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages,  dont  on 
connaît  les  suivants:  lo  Sacrœ  Cantiones,  à 
quatre, cinqel six  voix, Munich,  1540.—  2"Kurze 
Motetten  von  vier,  /Un/  und  scchs  Stimmen, 
au/  verschiedene  IleHig.en-Festtage  gerichteé 


AMMOx\  —  AMOiN 


91 


Motets  courts  à  quatre,  cinq  et  six  voix,  pour 
les  fêtes  fie  divers  saints);  IMunicli,  1554,  iii-4'' — 
3°  Liber sacratissimariim  {qui  viclgo  infroilns 
appell.)  cantioncs  seleclissiniarnm  singtilis 
diebus  festivis ,  pro  ecclesiœ  cathol.  lUilitate 
ciiltusque  divini  honore,  non  mimis  nccommo- 
datiis  quam  necessarius ,  5  vocibiis;  Viennœ 
Steph.Creuzer,  1 5S2, in-4»  obi.  —  4"  Missxqua- 
tuor,  unica  pro  defunctis  quaternis  vocibus  ; 
Viennep,  excudebat  Leonardus  Formica,  1588, 
in-4''.  —  6°  Sacrx  cantiones,  quas  vulgo  moteta 
vacant,  quatuor,  qiiinque  et  sex  vocum,  quibus 
adjectisnnt  ecclesiastici  hymnide  Nativitate, 
Rcsurrectione  et  Asccnsione  Domini;  Mona- 
chïi,  typis  Adaini  Berg,  1590,  in-4"obl.  —  6° 
Patrocinhim  miixices;  Missee.  cum  brèves  tum 
quatuor  vocumlaudatissimeconcinnatœ ;  ibid. 
1591,  in-fol.  nm,r.  Les  titres  particuliers  de  ciia- 
que  messe  de  ce  recueil  sont  :  Missa  4  voc. 
super  ai,  re,  mi,  fa,  sol,  la;  la,  sol,  fa,  mi,  re,  ut.; 
Missa  4  voc.  super  Pourungplaisir;  Missa  4  voc. 
super  Surge  propera  ;  Missa  4  voc.  super  Dixit 
Oominus  mulieri  Cliananeae  ;  Missa  4  voc.  pro  de- 
functis.—  7°  Missx  qiiatuor  a  quatuor,  quin- 
que  et  sex  vocibus,  ibid.  1593,  in-4°.  Des  mo- 
tets d'Ammon  se  trouvent  dans  les  collections 
de  Bodencbatz  et  de  Donfrid. 

Il  est  vraisemblable  que  quelque  circonstance 
inconnues'est  rencontréedans  la  viede  cet  artiste  ; 
car  une  lacune  de  vin^t-buit  années  se  fait  re- 
marquer entre  la  publication  de  son  second  ou- 
vrage et  celle  du  troisième.  D'ailleurs  ses  deux 
premières  oeuvres  sont  imprimées  à  Munich  ,  et 
les  deux  ouvrages  suivants  le  sont  à  Yienne.  Il 
y  a  donc  lieu  de  croire  qu'il  y  a  eu  im  cliange- 
ment  dans  la  position  du  compositeur,  peut-être 
par  suite  de  l'arrivée  d'Orlando  Lasso  à  la  cour  de 
IJavière.  Plus  fard  il  paraît  y  avoir  été  rappelé. 

AMMON  (  W0LFGA.NG  ) ,  magister  et  ca?îio?* 
à  Francfort-sur-le-Mein,  naquit  dans  un  bourg 
de  la  Franconie,  vers  1550.  Il  a  publié  un  livre 
de  cantiques, imprimé  d'un  côté  en  allemand,  et 
de  l'autre  en  iatin,  et  précédés  des  airs  qui  ap- 
partiennent à  chacun  d'eux.  Je  crois  que  c'est 
la  deuxième  édiiion  de  ce  même  livre  qui  a  paru 
dans  la  même  ville,  en  I606,in-12,  sous  ce  titre  : 
Psalmodia  germanica  et  latina  qua  précipite 
cantiones  in  utraque  lingua  paribus  versibus 
rythmicis,  et  iisdevi  utroque  numeris  atque 
concentibus  redditœ;  Francofurti  ad Mœnum, 
1581,  in  12. 

AMMOX  (Jean-Christophe),  prédicateur  à 
Knslieim  ,  en  Franconie,  vers  le  miheu  du  dix- 
buitième  siècle,  a  fait  in.sérerdans  le  Journal  des 
Savants  de  Ratisbonne  (année  1746,  n°  11)  une 
dissertation  intitulée  :  Dass  im  ewigcn  Leben 


uiirldich  eine  vortrrf flic  lie  TI/'H.ç/Ase// (Que  dans 
la  vie  éternelle  il  y  a  réellement  une  musique 
excellente).  Mit/ler  a  donné  celte  pièce  dans  le 
tome  m  de  sa  Bibliothèque  musicale,  p.  581. 

AMMOIV  (DietrichChétien)  ,  musicien  à 
Hambourg,  est  indiqué  dans  VAlmanach  Théâ- 
tral de  Gotha,  pour  1791,  comme  compositeur 
d'un  petit  opéra  intitulé  :  Das  neue  Rosenmxd- 
chen  (La  nouvelle  Rosière). 

AMMON  (Jean).  Voy.  Amon. 

AMi\Ell  (Jean),  reçu  bachelier  en  musique 
en  1613,  devint  ensuite  organiste  à  Londres  ,  et 
maître  des  enfants  de  cbœur  de  l'église  d'Ély.  Il 
a  publié  :  Sacred  Hymns  of  thrce,  four,  five 
and  six  parts,  for  voices  and  viols,  (  Hymnes 
sacrées,  à  trois,  quatre,  cinq  et  six  parties,  pour 
les  voix  elles  violes);  Londres,  1613,in-4°. 

AMODEI  (Cataldi  ),  compositeur  et  maître 
de  musique  de  plusieurs  églises  de  Naples,  na- 
quit à  Sciacca  en  Sicile,  et  mourut  à  Naples 
en  1695.  Il  a  publié  ;  Cantate  a  voce  sola,  li- 
bro  primo  e  opéra  seconda.  Naples,  1685, 
in-4°. 

AMOFORTIUS  (Jean).  Voyez  Tollius. 
(Jean). 

AMOIBÉE.  Il  y  a  eu  deux  cytharèdes  de 
ce  nom,  qui  furent  célèbres  tous  deux.  Le  pre- 
mier, appelé  l'Ancien ,  vivait  à  Athènes  et  ha- 
bitait près  du  théâtre.  Aristias,  dans  son  Traité 
des  Cytharèdes,  cité  par  Athénée(liv.  XIV,  c.4), 
dit  que,  toutes  les  fois  qu'il  sortait  de  chez  lui 
pour  aller  chanter  dans  les  sociétés,  il  gagnait 
un  talent  attique.  Plutarque  (iH  Zen.)  pré- 
tend qu'il  fut  contemporain  de  Zenon.  L'autre 
Amoibée,  auquel  Athénée  donne  de  grands  élo- 
ges, vivait  au  temps  de  cet  écrivain,  et  con- 
séquemment  sous  le  règne  de  Marc-Aurèle, 
vers  160. 

AMOi\  (Jean-André),  compositeur  allemand, 
naquit  à  Bamberg  en  1763,  et  se  livra  de  bonne 
heure  à  l'étude  de  la  musique.  La  première  can- 
tatrice de  la  cour,  M"*  Fracasini ,  lui  donna  des 
leçons  de  chant,  et  Bauerle ,  maître  de  con- 
certs ,  lui  enseigna  à  jouer  du  violon.  Ayant 
j)erdu  sa  voix,  il  voulut  apprendre  à  jouer  du 
cor.  Punto ,  dont  il  fil  la  connaissance,  encou- 
ragea se.=;  efforts ,  et  le  prit  avec  lui  dans  ses 
voyages  en  Allemagne  et  en  France.  En  1781, 
ils  vinrent  à  Paris ,  où  Amon  prit  des  leçons  de 
Sacchini.  lin  1783,  les  deux  artistes  parcouru- 
rent les  diverses  provinces  de  France  ,  et  l'année 
suivante  ils  se  rendirent  à  Strasbourg  pour  com- 
mencer leur  voyage  en  Allemagne.  Us  visitèrent 
Francfort,  Aschalfenbourg ,  Leipsick  ,  Dresde, 
Berlin  et  Yienne,  où  ils  firent  un  séjour  assc* 
long.  Amon  secondait    Punto  et  dirigeait  Pou- 


92 


ATMON 


rliestre  dans  ses  concerts.  Partout  sa  jeunesse, 
ses  talents  et  son  esprit  lui  firent  des  amis  : 
plus  tard  il  se  plaisait  à  se  rappeler  Taniitié  de 
Hiller  de  Leipsick,  de  Reichardt,  Dupont,  Haack 
et  Mara  de  Berlin  ,  de  Haydn,  Mozart,  Wanliall 
et  HoffmeistT  de  Vienne.  La  société  de  ces 
hommes  célèbres  augmenta  ses  connaissances  et 
forma  son  goût.  La  faiblesse  de  sa  poitrine  le 
força  d'abandonner  le  cor,  son  instrument  fa- 
vori :  il  le  remplaça  par  le  violon  et  le  piano, 
sur  lesquels  il  fit  de  rapides  progrès.  En  1789, 
il  fut  nommé  directeur  de  musique  à  Heilbronn, 
où  pendant  trente  ans  il  dirigea  le  concert  des 
amateurs.  En  1S17,  il  accepta  la  place  de  maître 
de  chapelle  du  prince  de  Wallerstein,  à  la 
cour  duquel  il  termina  ses  jours,  le  29  mars  1825. 

Amon  a  consacré  la  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  la  composition,  et  a  i>rodiiil  un  nombre 
considérable  d'ouvrages ,  dont  une  pailie  est 
restée  en  manuscrit.  Ceux  qu'on  a  imprimés 
consistent  en  duos,  trios  ,  quatuors  ,  quintetfi, 
symphonies  et  marches  pour  divers  instruments, 
et  en  sonates ,  variations  et  exercices  pour  le 
piano,  deux  messes,  cantates,  airs  détachés, 
canzonettes  italiennes  ,  etc.  Il  a  écrit  aussi  deux 
opéras,  parmi  lesquels  on  remarque /e  Sultan 
Wampou ,  qui  a  eu  peu  de  succès.  Peu  de 
temps  avant  sa  mort,  il  composa  une  messe  de 
Requiem,  et  témoigna  le  désir  qu'elle  fût  exécu- 
tée à  ses  obsèques  :  la  chapelle  de  Waller- 
stein se  rendit  à  ses  vœux.  Parmi  ses  compositions 
inédites  on  remarque  vingt-sept  morceaux  de 
musique  instrumentale,  et  un  Requiem  alle- 
mand. Amon  était  un  directeur  d'orchestre  ex- 
périmenté :  il  dirigeait  avec  le  violon  ,  et  ac- 
compagnait bien  le  chant  au  piano.  11  était  bon 
professeur  de  chant ,  jouait  de  presque  tous  les 
instruments,  et  avait  particulièrement  un  talent 
assez  remarquable  sur  le  violon.  Le  nombre  de 
bons  élèves  qu'il  a  formés  pour  le  piano,  la 
harpe  et  la  guitare  est  considérable.  11  a  laissé 
en  mourant  une  veuve ,  quatre  fils  et  une  fille. 
L'aîné  de  ses  fils  (  Ernest  )  a  publié  des  varia- 
lions  pour  la  tlùte  (  en  sol  ) ,  avec  orchestre, 
Offenbach,  André. 

Voici  la  liste  des  principaux  ouvrages  d'Amon  ; 
1"  Symphonie  à  quatre  parties,  œuvre  30"^  (en 
si  bémol);  Bonn,  Simrock.  —  2°  Symphonie  (en 
mi  majeur),  œuvre  60";  Mayence,  Schott.  — 
3°  Six  pièces  pour  musique  turque,  œuvre  40"; 
Offenbach,  André.  —  4°  Sept  pièces  idem  (suite 
de  l'oeuvre  40  ),  œuvre  57"  ,  ibid.  —  5"  Six  varia- 
tions pour  le  violon  avec  orchestre,  œuvre  50"; 
Zurich ,  Geb.  Hug.  —  6°  Trois  quatuors  faciles 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre  113"; 
Offenbach,  André.  —  7"  Trois  trios  pour  violon. 


alto  et  basce,  œuvre  8";  Paris,  Picycl s"  Valsrs 

pour  deux  violons  et  basse;  orfenbach  ,  André. 

—  9°  Duos  pour  violon  et  alto,  œuvre  i  "^  ;  Paris, 
Janet.  —  10°  Thème  connu.,  varié  pour  le  violon 
avec  piano,  œuvre  116";  Hanovre,  Bachmann. 

—  11"  Premier  concerto  pour  l'alto,  œuvre  10", 
Paris,  Pleyel;  —  12°  Trois  quatuors  pour  alto 
concertant,  œuvre  15";  Offenbach,  André.  —  I3° 
Larghetto  et  deux  thèmes  variés  pour  alto  obligé, 
violon,  alto  et  violoncelle,  œuvre  115";  ibid.  — 
14"  Concerlo  pour  la  flûte  (en  sol),  œuvre  44"; 
ibid.  —  15"  Qiiintetti  pour  tlùte  et  cor  obligés, 
violon,  alto  et  basse,  œuvre  110"  n°*  1,2,3, 
ibid.  —  10°  Trois  quatuors  pour  la  fiûte,  œuvre 
39";  Angsboiirg,  Gombart.  —  17°  Trois  idem, 
(Kuvre  42";  Ollenbacli,  André.  —  18"  Trois  irfem 
concertants,  ceuvre  92°;  Bonn,  Simrock. —  19" 
Deux  quatuors  pour  la  clarinette,  œuvre  106"; 
ibid.  —  20°  Quatuor  poui'le  hautbois,  œuvre 
i09";  ibid.  —  21"  Thème  varié  pour  le  cor,  œii 
vre  35'',-  Bonn,  Simrock.  —  22°  Trois  quatuors 
pour  le  cor,  œuvre  20''  ;  Offenbach,  André.  — 23° 
Trois  idem,  œuvre  109"  ;  ibid.  —  24°  Divertis- 
sement pour  guitare,  violon,  alto  et  violoncelle, 
œuvre  46"  ;  ibid. —  25°  Trois  sonates  pour  piano 
et  guitare,  œuvre  69";  ibid.  —  26"  Trois  séré- 
nades pour  piano  et  guitare,  œuvre  123"  ;  ibid.  — 
27"  Concerlo  pour  le  piano,  œuvre  34";  Mayenco, 
Schott  fils —  28°  Trois  sonates  avec  flûte  obligée 
et  violoncelle,  œuvre  48";  Zurich,  Hug. —  29" 
Troistiios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  œuvre 
58";  Bonn,  Simrock.  —  30°  Trois  sonates  pour 
le  piano,  avec  violon  et  violoncelle,  œuvre  76"; 
IMayence,  Schott. —  31°  Trois  sonates  pour  piano 
et  violon, œuvre  11";  Offenbach  ,  André.  — 32° 
Trois  idem,  œuvre  19*;  ibid.  —  33°  Sonates  pé- 
riodiques avec  flûte,  œuvres  55",  59"  et  71'"; 
ibid.  —  34°  Trois  sonates  avecflûte  obligée,  œuvre 
92",  Hanovre,  Bachmann.  —  35"  Sonate  pour 
harpe  à  pédales  et  flûte  obligée,  œuvre  95"  ;  Bonn, 
Simrock.  —  36°  Sonate  pour  piano  à  quatre 
mains,  œuvre  67";  Mayence,  Schott.  —  37°  Deux 
sonates  idem,  œuvre  99";  Offenbach,  André.  — 
3S°  Trois  sonates  pour  piano  seul,  (cuvre  63''; 
Mayence,  Schott.—  39° Trois  sonatines  faciles, 
œuvre  68";  Bonn,  Simrock.  — 40"  Sonates  pé- 
riodiques idem,  œuvres  70"  et 83";  Offenbach, 
Aniiré.  —  -41°  Dix-huit  cadences  pour  le  piano, 
œuvres  22"  et  3.3";  ibid. —  42®  Douzes  pièces 
pour  le  piano,  œuvre  72"  ;  Mayence,  Schott.  —  43o 
Air  souabe  varié  pour  le  piano,  o^ivre  78"; 
Bonn ,  Simrock.  —  44°  Air  national  autrichien 
varié,  œuvre  91";  Hanovre  ,  Bachmann.  —  45" 
Six  variations  sur  l'air  allemand  Soll  ich  dann 
S/ciben;  Mayence,  Schott. —  46"  Six  chansons 
allemandes   avec    piano,    œuvres   26"   et    33*; 


AMON  —  ANACKER 


93 


Offenbacli,  Andrô.  —47°  Six  idem,  œuvre  36*^; 
lîoiui,  Sinirock.  —  48°  Six  idem,  œuvres  43", 
51^,  53"  et  54";  Offenbacli,  Amhé.  —  49°  Six 
idem,  œiivres62*et64";  Mayence.Scliotl.—  50° 
Ncufirfe»i  faciles,  œuvre  89";  Augsbourg,  Gom- 
bart.  —  51°  Trois  quatuors  concertants  pour  le 
violon,  œuvre  92^;  Bonn,  Simrocli. 

AMOROS  Y  OIVDEANO  (Don  Francisco), 
colonel  directeur  de  gymnase  normal  militaire  et 
civil ,  et  du  gymnase  spécial  des  sapeurs-pom- 
piers de  la  ville  de  Paris,  né  à  Valence,  en  Es- 
pagne, le  19  février  1770,  a  introduit  l'étude  delà 
musiquedans  l'établissement  qu'il  dirigeait.  Entré 
au  service  militaire  en    (787,  il  passa  par  tous 
les  grades  jusqu'à  celui  de  colonel  ;  puis  il  fut 
employé  dans  les  fonctions  civiles,  et  remplit  suc- 
cessivement, sonsle  roi  Charles  IV  et  sous  Joseph- 
Napoléon,  les  emplois  de  conseiller  d'État,  gou- 
verneur de  province,  ministre  de  la  police,  et  de 
commissaire  royal  à  l'armée  de  Portugal.  Les 
événements  politiques  l'obligèrent  ensuite  à  se  ré- 
fugier en  France.  Il  a  publié  :  l°  Cantiques  reli- 
gieux et  moraux,  ou  la  morale  en  chansons,  à 
Vusage  des  enfants  des  deux  sexes;  Paris,  1806, 
in-16,  avec  lamusique.  —  2°  Lettre  de  M.  Amo- 
rosàla  Société  pour  l'instruction  élémentaire, 
sur  le  recueil  de  cantiques  qu'il  a  publié,  et 
sur  l'école  de  chant  de  son  gymnase;  Paris, 
1809,  br.in-4°.  Amoros  est  tDorlà  Paris  en  1843. 
AMPHIOIVjThébain,  était  fils  de  Jupiter  et 
tî'Antiope.  Ce  fut  lui  qui,  dit-on,  bâtit  lès  murs 
de  Thèbes  aux   sons  de  sa  lyre.  M"""  Dacier  a 
remarqué  que   cette  fable  doit  être  postérieure 
au  temps  d'Homère,  qlii  n'en  parle  pas.  Plutar- 
que  (de  Musica)  lui  attribue  l'invention  de  la 
cithare.  Amphion,  suivant   Pausanias  (  lib.  IX, 
c.  5.),  acquit  sa  grande  réputation  de  musicien 
pour  avoir  mis  en  vogue  le  mode  lydien,  qu'il  avait 
appris  de  Tantale,  dont  il  épousa  la  fille  Niobé 
et  pouravoirajouté  trois  cordes  nouvelles  aux  qua- 
tre cordes  anciennes  de  la  lyre  ou  de  la  cithare. 
AMTMAA^IV  (Prosper),  flûtiste  compositeur 
pour  son  instrument,  à  Vienne,  s'y  est  fait  con- 
naître par  un  talent  estimable  dans  un  concert, 
en  1836.  Trois  ans  après,  on  le  trouve  à  Munich, 
donnant  des  concerts  qui  attiraient  peu  de  momie, 
mais  où  il  obtenait  les  éloges  des  artistes.  On 
n'a  pas  d'autres  renseignements  sur  sa  personne. 
Amtmann  a  publié  :  l-  Grand  duo  concertant  et 
capricieux  pourdeuxfliUes.op.l;  Vienne,  Diabelli, 

—  2"  Marche  nationale  hongroise  pour  flûte  et 
piano,  op.  2;  Vienne,  Haslinger  — 3°  Air  varié  pour 
flûte  avec  piano  ,  op.  3;  Vienne,  Mechetli.  —  4° 
Troisgrands  duos  pourdenx  flûtes;  Milan,  Ricordi. 

—  5°  Douze  allemandes  pour  flûte  et  piano,  op.  8; 
Vienne,  Diabelli.  —  6"  Introduction  et  variations 


brillantes  pour  flûte  et  piano,  oi>.  9;  Vienne,  Has- 
linger.  —  7  Exercices  dans  tous  les  tous  majeurs 
et  mineurs  pour  flûte  seule,  op.  lO;  ibid. 

AMYOT  (Jacques),  célèbre  traducteur  de 
Phitarque,  et  précepteur  de  Ciiarles  IX  et  de 
Henri  III,  naquit  à  Melun,  le  30  octobre  1513. 
Après  avoir  été  professeur  de  grec  et  de  latin  à 
l'Université  de  Paris,  il  fut  nommé  grand  aumô- 
nier de  Charles  IX,  emploi  qu'il  conserva  sous 
Henri  III,  son  successeur.  11  obtint  aussi  l'évêché 
d'Auxerre,  où  il  mourut,  le  6  février  1593.  On  a 
de  lui  la  traduction  du  Traité  de  Plutarque  sur 
la  musique  :  cette  traduction  .se  trouve  dans  i'é- 
dilion  des  œuvres  de  ce  polygraphe  donnée  en 
1783-1787  par  G.  Brottier  et  Vauvilliers,  22  vol. 
in-8",  et  dans  celle  de  Clavier,  Paris,  Cussac, 
1801-1806,  25  vol.  in-8°.  L'éditeur  de  celle-ci  y 
a  joint  la  traduction  de  Burette. 

ANACIÎER  (AuGusTiN-FEKniNANn),  cantor 
et  directeur  de  musique  à  Freyberg,  est  né  dans 
celle  ville,  le  17  octobre  1790.  Fils  d'un  pauvre 
cordonnier,  il  ne  put  d'abord  saiisfaire  son  i)en- 
cbant  inné  pour  la  musique,  parce  qu'il  ne  pos- 
sédait pas  l'argent  nécessaire  pour  payer  les  le- 
çons d'un  maître.  Admis  comme  élève  dans  le 
chœur  du  gymnase,  il  amassa  pendant  cinq  années 
de  petites  épargnes  qui  lui  serviront  à  payer  l'ac- 
quisition d'un  vieux  clavecin.  Il  avait  atteint  sa 
seizième  année  sans  avoir  jamais  vu  de  musique 
imprimée,  lorsque  le  cantor  Fischer  l'introduisit 
dans  un  concert  où  il  entendit  jouer  une  des 
belles  compositions  de  Beethoven.  Jamais  rien  de 
pareil  n'avait  frappé  son  ouïe  :  dans  son  admira- 
tion il  s'écria  :  Ahl  si  f  avais  ce  morceau! — Vous 
Vaurez,  lui  dit  quelqu'un  placé  près  de  lui,  que 
cette  exclamation  avait  intéressé.  Le  lendemain, 
en  effet,  Anacker  reçut  l'objet  de  ses  désirs  ;  mais 
bientôt  il  eut  la  preuve  que  cette  musique  ne  pou- 
vait être  exécutée  sur  son  pauvre  vieux  clavecin. 
Acheter  un  piano  !  A  peine  pouvait  il  imaginerque 
les  privations  des  choses  indispensables  le  condui- 
raient d'économie  en  économie  jusqu'à  la  somme 
nécessaire.  Cette  privation,  il  se  l'imposait  coura- 
geusi'ment  ;   mais,  après  une  longue  attente ,  il 
n'était  parvenu  qu'à  la  possession  de  20  tbalers 
(75  francs).  Une  circoastance  inaticndue,  inouïe 
pour  qui  la  cherche,  amena  dans  la  petite  ville 
de  Freyberg  un  collecteur  de  la  loterie  de  Leip- 
sick,  qui,  s'emparant  .de  l'esprit  d'Anacker  et  de 
ses   frères  et  sœurs,  parvint  à   leur  persuader 
d'acheter  un  quart  de  lot  ;  et,  par  nue  faveur  bien 
rare  de  la  fortune,  le  gros  lot  de  24,000  thaier.';, 
dont  faisait  partie  la  fraction  achetée  par  Anacker 
et  sa  famille,  ce  lot  bienheureux  sortit,  eî  noire 
enthousiaste   eut   pour   sa    part    1300    thalers 
(4,875  francs), c'est-à-dire  des  millions  !  Il  se  liàta 


94 


ANACKER  —  ANCELET 


d'acheter  un  piano  neuf  et  les  œuvres  de  Mozart, 
de  Cleinenti,  de  Cramer,  et  surtoutdeBeetlioven; 
car  la  musique  de  cet  liomme  de  génie  était  de- 
venue l'objet  de  sa  prédilection.  Après  la  bataille 
de  Leipsick ,  il  se  rendit  à  l'université  de  cette 
ville  pour  y  continuer  ses  études.  Là  il  se  lia  avec 
les  chefs  de  quelques  sociétés  de  chant  qui  l'ad- 
inireiit  parmi  leurs  membres,  à  cause  de  la  beauté 
de  sa  voix  de  basse.  Schichl  lui  donna  des  leçons 
de  composition,  et  Frédéric  Schneider,  qui  avait 
pour  lui  de  raffection,  lui  donna  des  conseils  sur 
ses  premiers  essais.  Ses  études  étaient  terminées, 
lorsqu'il  reçut  en  1822  sa  nomination  de  can^or  et 
de  directeur  de  musique  à  Freyberg;  bientôt  après 
il  cijouta  à  ces  positions  celle  de  premier  profes- 
seur de  musique  à  l'École  normale  de  cette  ville. 
Anacker,  plein  de  feu  et  d'amour  pour  l'art ,  de- 
vint en  peu  de  temps  l'âme  de  toutes  les  réunions 
musicales  de  sa  ville  natale.  11  y  organisa  des 
concerts,  des  sociétés  de  chant,  et  le  baron  de 
Herder,  capitaine  général  de  mines  de  la  Saxe, 
le  chargea,  en  1827,  de  la  direction  d'un  corps  de 
musique  de  mineurs,  auquel  il  fit  faire  en  peu  de 
temps  de  grands  progrès.  L'estime  générale  dont 
il  jouissait  futia  récompense  deseselforts  et  de  sa 
persévérance.  Ses  compositions  consistent  en  plu- 
sieurs recueils  de  chants  à  voix  seule,  publiés 
à  Leipsick,  chez  Pélers,  et  chez  Hofmeister  ;  en 
pièces  diverses  pour  le  piano,  chez  Breitkopf  et 
Haertel  et  chez  Péters,  à  Leipsick;  en  douze 
chants  à  plusieurs  voix,  chez  Gersach  ;  en  uue 
cantate  avec  orchestre,  intitulée  Lebensbhime 
iind  Lebensunbestand  (Fleur  et  Instabilité  de 
la  vie),  gravés  avec  accomp.  de  piano,  à  Dresde, 
chez  W.  Park.  Cette  cantate  a  été  exécutée  dans 
la  plupart  des  villes  de  la  Saxe  avec  succès.  Le 
chant  intitulé:  Sa^M<  rfe5A/(neM?s,avecorchestre, 
a  été  exécuté  aussi  très-souvent  à  Dresde,  à  Leip- 
sick. Freyberg,  Annaberg,  Chemnilz,  Schneeberg, 
Géra,  Zwickau,Zittau,  Breslau  et  Erfùrt.  Anacker 
a  écrit  une  ouverture  à  grand  orchestre  pour  le 
drame  Goetz  de  Berlïchingen  et  une  ouverture 
de  concert,  qui  n'ont  point  été  publiées;  enfin, 
quelques  chants  détachés  qui  ont  paru  en  di- 
verses villes  de  la  Saxe.  Il  est  mort  à  l'reyberg, 
au  mois  de  mars  1855,  à  l'âge  de  soixante-quatre 
ans  et  quelques  mois.  Sa  collection  de  musique 
a  été  vendue  aux  enchères  publiques,  à  Leipsick, 
dans  le  mois  de  juin  de  la  même  année.  On  y 
remarquait   un   très-bon   choix    d'œuvres    des 
j;rands   maîtres,  tant  pour  l'église  que  pour  le 
théâtre  et  la  musique  de  chambre. 

ANAGiXIlVO  (Spirito),  compositeur  napoli- 
tain, né  dans  la  moitié  du  seizième  siècle,  s'est 
fait  connaître  par  un  recueil  de  Magnificat  et  de 
Nunc  dimitlis  pour  une,  deux,  trois  et  quatre 


voix,  avec  basse  continue  pour  l'orgue,  qui  a 
paru  sous  ce  titre  :  Sacra  cantica  al,  2,  3  « 
4  voci.  Naples,  1617,  in^".  Les  cantiques  con- 
tenus dans  cet  ouvrage  sont  au  nombre  de  23. 

ANCELET  (....  ),  fut   major  des  mous- 
quetaires noirs  sous   la  régence  du  duc  d'Or- 
léans, et  sous  le  règne  de   Louis  XV.  Barbier 
(  Dictionn.  des  ouvrages  anonijmes,  etc.,  t.  II, 
p.  484  de  la  seconde  édition  )  et  Quérard  (  La 
France  littéraire,  t.   I,  p.  53)  lui  attribuent 
un  i)etit  écrit  qui  a  paru,  suivant  eux,  sous  ce 
titre:  Observations  sur  la  musique,  les  musi- 
ciens et  les  instruments.  Amsterdam  (  Paris  ) , 
1717,  40  pages  in-12.  D'autre  part  Forkel  {AU- 
gem.  Literatur  dcr  Musik,  p.  187  ),  d'après  un 
article  de  la  Bibliothek  der  sc/ioncn  Wissen- 
chafsten  (t.  V,  p.  391),  Lichtenthal  (Dizzion.  e 
Bibliog.  délia  Musica,  1. 111,  p.  254)  et  M.  C.  F. 
Becker   (System,   chronol.   Darstellung   der 
musikal.  Literatur,  col.  162),  qui  l'ont  copié, 
indiquent  une  édition  de  ce  pelit  ouvrage  qui 
aurait  été  publiée  à  Paris,  en  1759,  in-12,  et  qui 
serait  conséquemment  la  deuxième.  Pour  moi, 
je  possède  un  exemplaire  du  même   opuscule, 
imprimé  à  Amsterdam  (Paris)  aux  dépens  de 
la  compagnie,  en  1757,  in-i2  de  40  pages.  Or, 
si  l'édition  de  Barbier  et  de  Quérard  est  réelle  , 
celle-ci  doit  être  la  deuxième,  et  celle  de  Forkel 
serait  la  troisième;  cependant  la  vérité  est  qu'il 
n'y  a  qu'une  seule  édition  du  petit  ouvrage  d'An- 
celet,  à  savoir,  celle  de  1757.  Mes  preuves  sont 
sans  réplique.  L'édition  de  1717  ne  peut  exister, 
car  Anceiet  parle  de  la  gloire  que  Rameau  s'est 
acquise  par  ses  opéras  ;  or,  Rameau ,  ignoré  au 
fond  de  sa  province  en  1717,  n'avait  encore  rien 
publié  ;  et  son   premier  opéra  n'a  été  joué  que 
seize  ans  plus  lard.  Anceiet  parle  aussi  des  bouf- 
fons et  des  querelles  qu'ils  ont  fait  naître;  or, 
on  sait  que  les  bouffons  n'ont  joué  à  Paris  qu'en 
1752.  Enfin  l'auteur  de  cette  brochure  analyse 
les  talents  des  violonistes  Pagin  et  Gaviniez,  qui 
n'étaient  pas  nés  en  1717.  Barbier  a  donc  été 
trompé  par  quelque  catalogue  où,  par  une  faute 
d'impression,  on  a  substitué  1  à  5,  et  son  erreur  a 
causé  celle  de  M.  Quérard.  A  l'égard  de  Forkel , 
il  n'a  pas  remarqué  que  le  rédacteur  de  l'article  du 
journal  littéraire  intitulé  :  Bibliotliek  dcr  scho- 
nen  Vissenschajlen  (août  1759),  s'excuse  d'être 
en  retard  pour  le  compte  rendu  de  la  brochure 
anonyme  "•  c'est  ce  qui  lui  a  fait  croire  que  cette 
brochure  avait  paru  dans  la  même  année.  Au 
surplus,  le  point  important  est  que  ce  pelit  ou- 
vrage, écrit  par  un  homme  de  goût  et  de  bon 
sens,  fournit  des  renseignements  précieux  sur 
beaucoup  d'artistes  français  qui  brillèrent  depuis 
environ  1720  jusqu'en  1757,  et  sur   lesquels  ou 


ANCELET  —  ANCOT 


95 


saurait  peu  de  chose  si  cet  t'crit  n'existait  pas. 

AIXCHERSEN  (Ansgarius  ),  médecin  da- 
nois qui  vivait  à  Copenhague  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  une  dissertation 
intitulée:  De  medicatione per  musicam,  pcr- 
missu  siiperiorum  primo  dissent  Ansgarius 
Anchersen,  defendente  prxstaniïssimo  philo- 
sophiee  Baccalaur.  Jano  Pctri  Stormio.  In 
oudilorio  collegïi  Medici ,  d.  27  Junii,  anno 
1720;  Copenhague,  12  pages  in-4o.  La  seconde 
partie  de  la  thèse  parut  en  1721,  sous  ce  titre  : 
Quomodo  musïca  in  cor  pore  agit  et  vires 
ej-ercii/'.  ]|  devait  y  avoir  une  troisième  partie; 
j"it;nore  si  elle  a  paru. 

ANCnOUENA  (  Joseph  ),  musicien  espa- 
gnol (lu  quinzième  siècle,  naquit  dans  la  Na- 
varre en  1438,  et  fit  ses  études  nnisicales  à  l'u- 
niversité de  Salamanque.  Il  passa  ensuite  à 
Burgos,  où  il  composa  diverses  œuvres.  On  a  con- 
servé de  lui  un  fragment  de  Stabat  Mater  à 
quatre  voix  (  Voij.  Historia  de  la  Miisica  espa- 
iiola  de  M.  Mariano  Soriano  Fiiertes,  t.  II, 
p.  119). 

ANCINA  (  Je/vn-Juvénal),  évêque  de  Sa- 
luée, né  à  Fossano  en  Piémont,  le  19  octobre 
1545,  étudia  d'abord  la  médecine,  et  fut  doc- 
teur et  professeur  en  cette  science  à  Turin.  \Ln 
1574,  il  se  rendit  à  Rome,  où  il  étudia  la  théo- 
logie, et  en  môme  temps  la  musique,  qu'il  cul- 
tivait dès  sa  jeunesse.  Après  avoir  été  ordonné 
prêtre ,  il  fut  envoyé  à  Naples  pour  y  ensei- 
gner la  théologie  ;  Clément  VIII  le  nomma  en- 
suite évêque  de  Mondovi,  et  enfin  évêque  de 
Saluce,  en  1602.  Il  fut  ami  intime  de  saint 
François  de  Sales.  Ancina  a  fait  imprimer  des 
cantiques  de  sa  composition  sous  ce  titre  :  Tem- 
plo  armonico  délia  B.  Virgine.  Prima  parte 
a  tre  voci  ;  Rome  1599,  in-4o.  M.  Danjou  a  si 
gnalé,  dans  ses  intéressantes  lettres  sur  ses  re- 
cherches relatives  à  la  musique  en  Italie  (l), 
l'existence  de  plusieurs  recueils  de  musique  qui 
renferment  des  compositions  d'Ancina,  et  qui  se 
trouvait  à  Rome  dans  la  bibliothèque  Vallicella, 
au  couvent  des  PP.  de  l'Oratoire.  Ces  recueils 
sont  sous  les  n"»  0,,29,  30,  31,  32,  35. 

ANCOT  (Jean  ),  né  à  Bruges,  le  22  octo- 
bre 1779,  a  commencé  ses  études  musicales  dans 
la  maîtrise  de  l'église  Saint-Donat,  en  cette 
ville ,  sous  la  direction  de  l'abbé  Cramène  et  de 
l'organiste  Thien  pont.  Il  se  rendit  ensuite  à  Paris, 
où  il  reçut  des  leçons  de  violon  de  Rodolplie 
Kreutzer  et  de  Baillot.  Rodolphe  et  Calel  fu- 
rent ses  guides  pour  l'étude  de  l'harmonie.  De 
retour  à  Bruges  au  mois  de  mai  1804,  il  s'y  est 

(i)  Remie  de  la  musique  religieuse,  populaire  et  clas- 
sique, t.  lllj  p    201. 


fixé  depuis  lors,  et  s'y  est  livré  à  l'enseignement 
du  violon  et  du  piano.  Quelques-unes  de  ses 
compositions  ont  été  publiées;  mais  le  plus 
grand  nombre  est  inédit;  on  y  remarque  : 
10  Quatre  concertos  pour  le  violon,  avec  or- 
chestre. —  2°  Trois  quatuors  pour  deux  violons , 
alto  et  basse.  —  3°  Deux  messes  à  trois  voix,  avec 
accompagnement  d'orgue.  —  4°  Ecce  panis  à 
quatre  voix  et  orchestre.  —  5°  Deux  0  salularis 
à  trois  voix ,  avec  arcompagnement  d'orgue 
obligé.  —  60  Six  Taritum  ergo  à  trois  et  quatre 
voix,  avecorgue  obligé.  —  7°  Quatre  Ave  Maria  à 
quatre  voix.  —  8°  quatre  airs  variés  pour  le  violon, 
avec  orchestre.  —  9°  Divertissement  militaire 
pour  seize  instruments.  —  lOo  Deux  ouvertures  en 
liarmonie  pour  quinze  instruments. —  11"  Deux 
fantaisies  en  harmonie  pour  quinze  instnunenis. 
—  12°  Un  air  varié  en  harmonie  pour  quinze  ins- 
truments, morceau  qui  a  obtenu  le  prix  au 
concours  de  la  ville  deGand,  le  10  août  1823.  — 
130  Huit  pas  redoublés  en  harmonie.  —  14o  Valses 
en  harmonie.  —  lâ»  Deux  marches  pour  quinze 
instruments.  —  16°  Marche  funèbre  composée 
pour  le  service  du  maréclial  Lannes,  duc  de 
Montebello.  Ancol  est  mort  à  Bruges,  le  12 
juillet  1848,  à  l'âge  de  72  ans. 

AIVCOT  (Jean),  fils  du  précédent,  né  à 
Bruges  le  6  juillet  1799,  eut  pour  maître  de 
violon  et  de  piano  son  père,  depuis  l'âge  de  six 
ans  jusqu'à  dix  huit.  Il  avait  à  peine  atteint  .sa 
douzième  année  quand  il  débuta,  dans  les  con- 
certs de  la  ville  qui  étaient  donnés  au  théâtre, 
par  le  douzième  concerto  de  Viotti  pour  le  vio- 
lon, et  par  le  troisième  de  Steibelt  pour  le  piano. 
Quatre  ans  après  il  écrivit  son  premier  concerto 
de  violon,  qu'il  dédia  à  Rodolphe  Kreutzer,  et 
ensuite  son  premier  concerto  de  piano,  dont  il 
offrit  la  dédicace  à  Pradlier.  En  1817,  il  alla 
à  Paris,  où  il  fut  admis  au  Conservatoire  de 
musique.  Pradher  y  devint  son  professeur 
de  piano ,  et  Berton  lui  donna  des  leçons  de 
composition.  Doué  des  plus  heureuses  disposi- 
tions, il  aurait  pu  se  placer  à  un  rang  élevé 
parmi  les  jeunes  artistes  de  son  temps;  mais  des 
passions  ardentes  ne  lui  permirent  pas  de  donner 
à  ses  études  toute  la  sévérité  désirable.  Six  an- 
nées après  son  admission  au  Conservatoire,  il 
quitta  Paris  pour  se  rendre  à  Londres.  Là  il  ob- 
tint le  titre  de  directeur  et  de  professeur  de  l'A- 
thénée et  celui  de  pianiste  de  la  duchesse  île 
Kent.  Toutefois  il  ne  paraît  pas  qu'il  fût  sntis- 
fait  de  sa  situation,  car  il  s'éloigna  de  la  capi- 
tale de  l'Angleterre  en  1825,  et  voyagea  en  Bel- 
gique pendant  quelque  temps,  puis  alla  se  fixer 
à  Boulogne,  où  il  est  mort  le  5  juin  1829. 

La  fécondité  d',\ncot   pourrait    passer   pour 


oo 


ANCOT  —  ANDERS 


merveilleuse  si  tous  ses  ouvrages  avaient  été 
écrits  avec  soin;  car,  ayant  à  peine  atteint 
l'âge  de  trente  ans,  il  avait  fait  imprimer  plus 
de  deux  cent  vingt-cinq  œuvres,  qui  ont  été 
publiés  à  Paris,  à  Londres  et  en  Allemagne.  On 
n'indiquera  ici  que  les  ouvrages  qui  lui  ont  fait  le 
plusd'lionneur:  loConcertopour  le  violon;  Paris, 
Jouve.  —  20  Concerto  pour  le  piano  ;  Paris,  Le- 
duc.—  3° Sonates  pour  piano  seul,  œuvres  4'',  lOe 
et  18^;  Paris.  —  4"  Plusieurs  fantaisies  pour  le 
piano,  avec  orchestre.  —  5°  La  Tempête,  fan- 
taisie pour  piano  seul  ;  Londres.  —  6°  l'Oura- 
gan ,  idem  ;  Paris ,  Naderman  :  ce  morceau  est 
une  des  meilleures  productions  d'Ancot,  et  a  eu 
un  succès  de  vogue.  —  7o  Nocturne  pour  piano  et 
violon,  reuv.  8*^;  Paris,  A.  Petit.  —  8"  Deux  au- 
bades pour  piano  et  violon ,  œuvres  32e  et  35^  ; 
Paris,  Dufaut  et  Dubois.  —  9°  Grande  sonate  pour 
piano  et  violon  ,  œuvre  14*;  Paris,  A.  Petit.  — 
IQo  Huit  fantaisies  pour  piano  à  quatre  mains, 
sous  les  titres  de  la  Légèreté,  l'Attente,  Azélie 
Marche  grecque,  les  Charmes  de  Londres, 
Marche  turque,  Marche  d'Aline,  et  V Immortel 
Laurier;  Paris  et  Londres.  —  l|o  Une  multitude 
d'airs  variés  pour  piano  seul. —  12"  Cinq  concer- 
tos pour  le  violon,  avec  orchestre.  —  J  3°  Trente- 
six  études  pour  le  piano;  Paris.  —  14"  Douze  fu- 
gues pour  l'orgue,  première  et  deuxième  suite; 
ibid.  —  150  Amélia,  ou  le  Départ  pour  la 
guerre,  scène  avec  orchestre,  chantée  par  Begrez 
à  rOpéra  de  Londres.  —  16o  Marie  Sluart,  scène 
avec  orchestre. —  17o  La  résolution  inutile, 
idem.  —  IM  La  Philosophie  d''Anacréon,  idem. 
190  Six  ouvertures  à  grand  orchestre,  exécu- 
tées à  l'Opéra  de  Londres  et  dédiées  à  Rossini.  — 
20O  Grande  pièce  de  concert ,  dédiée  au  roi  des 
Pays-Ba<;.  —  21°  Plusieurs  recueils  de  romances, 
gravés  à  Paris  et  à  Londres. 

ANCOT  (Louis),  né  à  Bruges  le 3  juin  1803, 
a  reçu  de  son  père  des  leçons  de  musique,  de 
violon  et  de  piano,  depuis  l'âge  de  cinq  ans  jus- 
qu'à sa  dix-septième  année.  Après  avoir  voyagé 
en  France,  en  Italie,  dans  les  Pays-Bas,  en 
Ecosse  et  en  Angleterre,  il  s'arrêta  à  Londres,  où 
il  fut  nommé  pianiste  du  duc  de  Sussex.  Quelque 
temps  après,  il  alla  à  Boulogne,  où  il  se  livra  à 
l'enseignement  du  piano;  puis  il  quitta  cette  po- 
sition pour  aller  à  Tours ,  où  il  vécut  pendant 
quelque?  années.  De  retour  à  Bruges,  sa  patrie  , 
il  y  mourut  à  l'âge  de  trente-trois  ans,  au  mois 
de  septembre  1836.  Cet  artiste  a  piililié  qua- 
ranfe-sept  ouvrages,  qui  ont  été  gravés  à  Edim- 
bourg, à  Londres,  et  à  Paris,  chez  Petit  et  Scho- 
nenberger.  Ces  compositions  consistent  en  so- 
nates ,■  fantaisies,  airs  variés,  pièces  à  quatre 
mains  pour  piano,  fugues,  études,  concertos, 


ouvertures  à  grand  orchestre,  romances  et  noc- 
turnes pour  une  ou  deux  voix,  avec  accompagne- 
ment de  piano. 

ANDERL  (Q....),  compositeur  de  musi- 
que d'église,  né  en  Bavière,  vil  à  Aug^bourg,  et 
s'est  fait  connaître  depuis  enviion  1842  par  la 
publication  des  ouvrages  suivants  :  in  Asperges, 
à  quatre  voix  et  orgue;  Augshourg,  Bœlim,  —  2» 
Le  Christ  souffrant  au  mont  des  Olivieis,  en 
trois  chants  pour  deux  sopranos,  basse  et  orgue  ; 
Munich,  Faller.  —  30  Chant  de  procession  pour  la 
fête  du  Sainl-Sacrement,  à  deux  sopranos ,  basse 
et  orgue;  Augsbourg,  Bœhm.  —  40  Laiida  Sion, 
à  ti  ois  voix  et  orgue  ;  ibid.  —  âo  Pange  lingiin , 
pour  deux  sopranos,  basse  et  orgue  ;  ibid.  —  G" 
Chant  pour  la  Nativité,  à  deux  sopranos,  bas.se  et 
orgue;  Munich,  Falter.  —  70  Cantique  de  l'Avent, 
à  deux  voix,  deux  violons  et  orgue;  ibid.  —  8'^ 
La  Naissance  de  Jésus,  canti(iue  allemand  de 
Noël,  pour  deux  voix  et  orgue;  ibid. —  9°  Mes^e 
brève  en  mi  bémol,  pour  soprano,  contralto,  basse, 
deux  violons,  contrebasse  et  orgue;  ibid.  — 
lOo  Cliant  pour  la  tète  de  l^âques,  à  tiois  voix  et 
orgue;  ibid.  —  11°  Trois  cantiques  de  prédica- 
tion dans  le  style  ciioral,  à  voix  seule  et  orgue, 
ou  à  trois  voix  ad  libitum;  ibid.  —  12o  Répons 
des  offices  de  la  procession,  pour  deux  soprjinos 
et  basse,  avec  accompagnement  de  basse,  ibid. 

ANDERS  {  Henri  ) ,  organiste  de  l'église 
principale  d'Amsterdam ,  naquit  en  Allemagne 
vers  1690,  et  s'établit  en  Hollande  en  1720.  H 
y  a  publié  des  sonates  pour  trois  et  quatre  ins- 
truments, sous  ce  titre  :  Symphonie  introduc- 
toria: ,  Irium  et  quatuor  instrumentorum, 
opéra  1  et  2;  Amsterdam,  chez  Klaas  Knol, 
sans  date,  in-fol.  obi.  Chaque  œuvre  contient 
douze  sonates  :  elles  sont  fort  bonnes. 

AJ\DERS  (  Godefroid-Encelbiîut  ) ,  littéra- 
teur musicien,  né  à  Bonn,  en  1795,  a  lait  de 
bonnes  études,  dont  il  a  fait  un  usage  utile  dans 
des  recherches  philologiques  sur  l'hisloiie  litté- 
raire de  la  musique.  Établi  à  Paris  depuis  1829, 
M.  Anders  s'y  est  occupé  d'une  nouvelle  édition 
de  la  littérature  générale  de  la  musique  de  F^or- 
liel ,  ou  plutôt,  d'un  ouvrage  entièrement  neuf 
sur  le  môme  sujet,  ainsi  que  d'un  Dictionnaire 
de  musique  sur  le  plan  de  Walther.  Ces  ouvrages, 
exécutés  avec  un  esprit  <ie  recherches  peu  ordi- 
naire et  des  soins  consciencieux,  seraient  sans 
doute  d'unegranne  ulilité,  et  contiendraient  beau- 
coup de  choses  nouvelles  et  intéressantes;  mal- 
heureusement la  santé  de  M.  Anders  l'a  souvent 
obligé  à  interrompre  ses  travaux.  M.  Anders 
a  fait  insérer  quelques  articles  dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick;  un  morceau  intéressant 
sur  l'histoire  du  violon  a  été  donné  pai  lui  dans 


AINi)KRS  —  AJNDUt 


97 


le  n"  56  du  rpciieil  périodique,  intitulé  -.  Cacilin 
(p.  247-257).  En  1831,  il  a  publié  à  Paris 
une  brocliure  in-S»  sous  ce  titre  :  Aicolo  Pag-a- 
nini,  sa  vie,  sa  personne  et  quelques  tno/s  sur 
son  secret.  M.  Anclers  a  donné  aussi  quelques 
articles  dans  les  années  1831,  1832  et  1833  de 
la  Revue  musicale.  Au  mois  de  mars  1833  il  a 
été  nommé  employé  de  la  Bibliollièque  impét  iale 
pour  la  conservation  et  la  mise  en  ordre  de,  la 
[lartie  musicale.  Depuis  cette  époque  il  a  donné 
quelques  bons  articles  à  la  Gazette  musicale 
de  Paris,  dont  il  a  rédigé  les  tables  depuis  l'o- 
rigine. V Encyclopédie  des  gens  du  monde 
renferme  aussi  quelques  bons  articles  concer- 
nant Ihistoire  et  la  théorie  de  la  musique  dont  il 
est  auteur.  Enfm,  il  a  extrait  de  la  notice  bio- 
graphique de  Beethoven,  publiée  par  "Wcgeler  et 
Ries,  une  brochure  intitulée  :  Détails  biogra- 
phiques sur  Beethoven.  Paris,  1839,  in-S»  de 
48  pages. 

AMDERSCII  (Jean- Daniel),  docteur  en 
philosophie,  et  directeur  d'un  pensionnat  d'édu- 
cation en  Poméranie,  s'est  fait  connaître  par 
quelques  livres  sur  l'éducation  et  par  un  dic- 
tionnaire portatif  de  musique,  à  l'usage  des 
amateurs  et  des  jeunes  musiciens,  sous  ce  titre  ; 
Musikalisches  Wœrterbuch  fur  Freunde  und 
Schùler  der  Tonkunde  (sic  ).  Berlin  ,  Natorif, 
1829,  in-80  de  420  pages.  Cet  ouvrage  n'est 
qu'un  extrait  du  Lexique  musical  de  Koch. 

ANDERSOIM  (Jean),  compositeur  de  mu- 
sique écossaise,  est  considéré  par  quelques  per- 
sonnes commen'ayantpaseuderival  encegenre, 
depuis  le  temps  d'Oswald.  11  est  mort  à  Inver- 
ness,  en  1801. 

ANDIA'G  (  J.  M.  ),  professeur  de  musique 
au  séminaire  de  Hildburghauseu  et  organiste  de 
l'union  évangélique  de  cette  ville,  né  vers  iSlfi, 
s'est  fait  connaître  par  quelques  compositions 
pour  l'orgue  et  pour  léchant,  au  nombre  des- 
quelles on  remarque  48  préludes  faciles  pour 
des  chorals,  op.  5,  Erfuit,  Kôrner,  petit  in-40 
obi.  Anding  est  un  des  rédacteurs  du  journal  des 
organistes  intitulé  Z/rflHJa,  et  publié  à  Erfurt, 
chez  Kôrner. 

AI\DRADE  (Jean-Auguste),  compositeur 
de  romances  et  professeur  de  chant ,  est  né  à 
Rayonne  en  1793.  Admis  comme  élève  au  Con- 
servatoire en  1817,  il  y  a  reçu  des  leçons  de 
chant  de  Garât  et  de  Ponchard  ,  et  a  obtenu  le 
premier  prix  en  1820.  On  a  publié  de  sa  com- 
position beaucoup  de  romances  et  de  nocturnes, 
parmi  lesquels  il  en  est  plusieurs  qui  ont  eu  du 
succès.  M.  Andrade  est  auteur  d'une  ISouvelle 
méthode  de  chant  et  de  vocalisation,  adoptée 
parle  Coiservatoire  de  Paris.  Paris,  Aulagnier 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    T.    —    I. 


(  sans  date),  gr.  in-i".  Une  é<Iillon  de  cet  ou- 
vrage, revue  etaugmentée  par  M.  Aug.Gathy,  a  été 
publiée  à  Hambourg,  chez  Cranz,  1838,  in^". 
ANDRÉ  DE  CORINTHE,  musicien 
poêle  cité  par  Plutarque  dans  son  dialogue  sur 
la  musique,  avec  Tyrtée  de  Mantinée  et  Thra- 
sylle  de  Phlionte,  au  nombre  des  musiciens  grecs 
qui  se  sont  abstenus  de  l'emploi  du  genre  chro- 
matique, de  la  multiplicité  des  cordes  et  de  plu- 
sieurs autres  choses  vulgairement  usitées  dans  la 
musique.  (  Voy.  la  note  140  de  Burette  sur  ce 
passage  de  Plutarque ,  dans  les  Mémoires  de 
V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres , 

t.  viir.  ) 

A1\DRÉ  OU  ANDREAS  ,  archevêque  de 
Crète,  vécut  vers  la  tin  du  septième  siècle  et  au 
commencement  du  huitième  On  lui  a  donné 
aussi  le  nom  ô' Andréas  Hierosolymitamts , 
parce  qu'il  fut  d'abord  moine  à  Jérusalem.  Théo- 
dore, patriarche  de  celte  ville,  l'envoya  au  con- 
cile dé  Constantinople ,  pour  y  combaltre  les 
doctrines  des  monothélites.  Après  avoir  rempli 
successivement  les  offices  de  diacre  et  d'orpha- 
notroplie ,  il  fut  élevé  à  l'archevêché  de  Cièle. 
Les  auteurs  qui  ont  U\é  la  date  de  sa  mort  au 
14  juin  724  l'ont  confondu  avec  André,  arche- 
vêque de  Césarée,  qui  est  un  autre  personnage. 
La  date  de  la  mort  d'André  de  Crète  est  incer- 
taine. On  a  de  ce  patriarche  des  homélies  et 
quelques  opuscules  publiés  par  Cond)éfis  et 
Petau.  Il  est  aussi  auteur  de  plusieurs  hymnes 
avec  le  chant  en  usage  dans  l'Église  grecque, 
et  conservées  dans  rOvcTwr)xo;.  Fabricius  (  Bibl. 
Grue,  t.  III,  p.  654,  édit.  de  Ilarles  )  attri- 
bue à  André  de  Crète  le  traité  de  musique  in- 
titulé Hagiopolitès ,  contenu  dans  le  manus- 
crit grec  no  360  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris;  mais,  ainsi  que  le  remarque  M.  Vincent 
{Notices  et  extraits  de  Manuscrits  de  la  Bi- 
bliot.  du  Roi,  t.  XVJ,  2"  p  ,  pag.  259  ),  aucune 
raison  n'est  indiquée  à  l'appui  de  cette  assertion, 
et  il  y  a  des  motifs  plausibles  pour  la  repousser. 
(  Voyez  Hacioi'Olitès.  ) 

ANDRÉ  (  Yves  Marie),  jésuite,  né  en  1675, 
à  Chàleaulin,  en  Bretagne,  professa  les  mathé- 
matiques à  Caen,  depuis  1726  jusqu'en  1759,  et 
mourut  le  26  février  1764,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-neuf  ans.  On  a  de  lui  un  Traité  sur  le 
beau;  Paris,  1741,  in-12,  dont  le  quatrième 
chapitre  est  consacré  au  beau  musical.  Le  bon 
jésuite  ne  sait  de  quoi  il  parle.  Son  livre  a  eu  six 
éditions,  et  a  été  réuni  à  la  collection  de  ses 
j  œuvres,  en  5  vol.  in-12,  qui  a  été  publiée  après 
sa  mort.  Comme  Lucrèce  et  tous  ceux  qui  pen- 
sent que  le  beau  musical  consiste  dans  l'imitation 
de    la    nature,  le  V.    André  nous  fait  instruire 

7 


98 


ANDRK 


dans  la  musique  par  les  concerts  des  oi- 
seaux ;  par  les  zcpliirs  qui  soupirent  dans  les 
roseaux  ;  par  les  aquilons  qui  sifflent  dans  les 
forêts-,  par  la  \o\x  formidable  des  vagues  de  la 
mer,  et  enfin  par  le  tonnerre,  qui  fait  la  basse  de 
la  symphonie!  L'arc-en-ciel,  lui-même,  nous 
instruit  des  principes  de  la  musique;  car  Newton 
a  découvert  que  les  couleurs  du  spectre  solaire ,  à 
savoir,  le  rouge,  l'orangé,  le  jaune ,  le  vert ,  le 
bleu,  l'indigo  et  le  violet,  occupent,  dans  la 
bande  colorée,  des  espaces  qui  sont  entre  eux 
dans  les  mêmes  proportions  que  les  intervalles  des 
sept  sons  de  la  gamme!  Enfin,  le  P.André  voit 
dans  la  coïncidence  de  ce  fait  avec  les  phéno- 
mènes du  corps  sonore  et  les  proportions  numé- 
riques le  principe  certain  du  beau  en  musique, 
lequel  conséquemment  consisterait  dans  l'ordre 
et  la  régularité.  Par  là  il  exclut  le  sentiment  et 
l'imagination,  réduisant  l'eflet  du  beau  à  celui 
«pi'il  produit  sur  l'intelligence.  Cependant,  par 
une  contradiction  manifeste,  il  finit  par  recon- 
naître trois  sortes  de  beau,  à  savoir  :  l'absolu , in- 
dépendant  {  à\t-H)  de  toute  institution,  même 
divine;  le  beau  musical  naturel,  dépendant 
de  l'institution  du  Créateur,  mais  indépen- 
dant de  nos  opinions  et  de  nos  goûts;  et 
enfinun  beau  musical  artificiel,  et  en  qiielque 
sorte  arbitraire,  mais  toujours  avec  dépen- 
dance des  lois  éternelles  de  IViarmonie  !  Tout 
cela  est  faux  ;  car  il  est  évident  que  le  beau  que 
nous  ne  sentirions  pas  serait  le  néant,  bien  que 
d'institution  divine;  quant  au  beau  arbitraire, 
il  n'est  pas  moins  certain  qu'il  n'est  qu'une  il- 
lusion des  sens  et  de  l'esprit,  car  beau  et  ar- 
bitraire s'excluent  réciproquement.  Enfin,  et 
ceci  n'est  pas  moins  important,  le  beau  absolu, 
indépendant,  même  de  l'institution  divine,  im- 
plique contradiction,  car  nous  n'aurions  aucune 
faculté  pour  l'apercevoir  et  le  reconnaître. 

ANDRÉ  (CnRÉTiEN-CHAHLEs),  en  allemand 
Andrâ,  naquit  à  Hildb\irghausen ,  le  20  mars 
1763,  el  fut  d'abord  secrétaire  du  prince  de  Wal- 
deck  ,  là  Arolsen.  En  1785 ,  on  le  nomma  conseil- 
îsr  d'éducation  à  Schnipfenthal ,  dans  le  duché 
de  Gotha.  Trois  ans  après,  il  établit  dans  ce  lieu, 
conjointement  avec  Salzmann,  une  maison  d'édu- 
cation pour  les  jeunes  demoiselles.  En  1790,  il 
se  sépara  de  son  ancien  associé,  et  transporta 
son  établissement  à  Gotha.  Ce  fut  dans  cette  si- 
tuation qu'André  écrivit  ses  nombreux  ouvrages 
sur  l'éducaticn ,  et  particulièrement  ses  Prome- 
nades utiles  pour  tous  les  jours  de  Vannée ,  à 
l'usage  des  parents;  Brunswick,  1790-1797,  4 
parties  in-8°.  Dans  l'une  des  quatre  parties  de  cet 
ouvrage,  l'auteur  a  traitédel'ar^rfejowerdMpiano 
avec  tant  de  clarté  et  de  précision ,  qu'on  peut 


affirmer  qu'il  n'est  point  de  liffe  où  les  principes 
philosophiques  de  cet  art  soient  mieux  exposés. 
André  est  aussi  l'auteur  d'un  opuscule  intitulé  : 
Schreiben  an  einen  Freund  iiber  das  musika- 
lische  Drama  Thirza  und  ihre  Sôhne (LelUe^ 
à  un  ami  sur  le  drame  musical ,  Thirza  et  ses 
fils);  Eisenach,  1783,  trois  feuilles  in-8°.  André 
a  été  nommé,  en  1798,  directeur  des  établisse- 
ments ecclésiastiques  deBriinn.  Il  occupait  encore 
ce  poste  en  1815.  Il  est  mort  le  19  juillet  1831. 

ANDRÉ  (Jean  ),  né  à  Offenbach ,  le  28  mars 
1741,  fut  d'abord  destiné  au  commerce  par  ses 
parents,  qui  étaient  fabricants  de  soieries  en 
cette  ville.  En  conséquence,  ils  ne  lui  firent  jioint 
étudier  la  musique,  et  le  jeune  André,  que  son 
goût  entraînait  vers  cet  art,  n'eut  pour  tout  se- 
cours, jusqu'à  l'âge  de  douze  ans,  que  les  avis 
d'un  de  ses  petits  camarades,  qui  allaita  Franc- 
fort prendre  des  leçons  de  violon  qu'il  lui  trans- 
mettait à  son  tour.  Il  apprit  aussi,  sans  maître, 
à  jouer  du  clavecin,  et  le  livre  choral  de 
Kœnich  lui  servit  à  étudier  l'art  de  l'accompa- 
gnement. 

Jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans,  André  n'avait  com- 
posé que  des  pièces  fugitives  de  cliant  ou  de  mu- 
sique instrumentale;  mais,  se  trouvant  à  Franc- 
fort vers  1760,  il  y  entendit  des  opéras-comiques 
français  et  des  opéras  bouffes  italiens ,  qui  lui 
donnèrent  l'idée  de  travailler  pour  la  scène.  Son 
|)reniier  ouvrage  en  ce  genre,  der  Tœp/er  (  le  Po- 
tier), fut  représenté  à  Francfort,  et  plut  par 
la  gaieté  et  le  naturel  qui  y  régnaient.  Son  succès 
détermina  le  célèbre  Gœlhe  à  confier  au  jeune 
compositeur  son  opéra  à^Erwin  et  Elmire.  André 
le  mit  en  musique  avec  le  même  bonheur.  Ces 
deux  ouvrages,  ayant  été  représentés  peu  de 
temps  après  à  Berlin ,  réussirent  si  bien,  que 
leur  auteur  fut  appelé  dans  cette  ville  pour  y  di- 
riger le  grand  théâtre.  André  vendit  alors  sa  fa- 
brique de  soieries,  et  se  rendit  à  Berlin  avec  sa 
femme  et  ses  enfants  pour  y  prendre  possession 
de  cette  direction  ,  et  pour  apprendre  l'harmonie 
el  le  contrepoint ,  dont  il  n'avait  point  encore 
fait  d'étude  régulière.  Là  il  fit  la  connaissance 
de  Marpurg,  qui  le  dirigea  dans  ses  travaux  sco- 
lastiques. 

Durant  le  temps  qu'il  passa  à  Berlin,  André 
composa  un  assez  grand  nombre  d'ouvrages  pour 
le  théâtre  qu'il  dirigeait.  Il  resta  plusieurs  années 
dans  cette  ville,  et  probablement  il  s'y  serait 
fixé  pour  toujours  s'il  eût  pu  y  transporter  une 
fonderie  de  caractères  et  une  imprimerie  de  mu- 
sique qu'il  avait  établies  à  Offenbach  en  1774; 
mais  n'ayant  pu  l'introduire  à  Berlin,  à  cause  du 
privilège  Je  Hummel ,  et  ses  affaires  ayant  été 
mal  conduites  en  son  absence ,  il  prit ,  en  i784 , 


ANDRÉ 


9i> 


ie  parti  de  retourner  à  Offonbach ,  pour  diriRer 
lui-même  une  entreprise  qu'il  considérait  comme 
plus  avantageuse  que  la  direction  du  théâtre.  Le 
succès  répondit  aux  espérances  d'André,  et  son 
établissement  devint  un  des  plus  considérables 
de  l'Europe  en  ce  genre.  Lui-môme  on  dirigea 
toutes  les  parties  et  leur  donna  tant  d'extension, 
qu'il  (init  par  y  employer  journellement  plus  de 
cinquante  ouvriers.  Une  attaque  d'apoplexie  l'en- 
leva à  sa  famille  le  18  juin  1799. 

Le  opéras  dont  André  a  composé  la  musique 
sont  :  1°  Der  Tœpfer  (le  Polier).  —  2°  Erwin 
et  Elmire.  —  3°  Herzog   Michel{\e  duc  Michel). 

—  i" Beralte  Freijer  (  l'Amoureux  suranné).  — 
5°  Peter  und  Hannchen  (  Pierre  et  Jeannette  ).  — 
C)"  Dcr  Filrst  im  hœchsten  Glanze  (le  Prince 
dans  toute  sa  splendeur). —  1°  Laura  Roselti. — 
8"  Claudine.  —  9°  l'Alchimiste.  — 10°  Les  Grâ- 
ces. —  II"  Das  turtarische  Gesetz  (la  Loi  des 
Tartares).  —  12°  Das  Friedens  Feyer  (la  Fêle 
de  la  paix  ).  —  13°  Die  Schadenfreude  (l'envie). 

—  ik"  Kurzc  Tliorheitist  diebeste{\A^\n?,conxl& 
folie  est  la  meilleure).  —  1 5°  Das  Wiithende  Heer 
la  Chasse  infernale). —  16°  Ë'/nure,  réduite  pour 
le  clavecin;  en  1782.  —  l"?"  Das  Aulomat  (l'Au- 

touiafe) 18°  Der  Barbier  von  Bagdad  (le 

Barbier  de  Bagdad). —  19°  Le  vieux  homme  li- 
bre. —  20°  Arlequin  perruquier,  pantomime. 

—  21°  Belmont  et  Constance.  —  22"  Quelque 
chose  doit  nous  survivre.  —  23°  Musique  pour 
la  tragédie  de  Macbeth.  —  24°  Idem  pour  le 
Roi  Lear.  —  25°  Divertissements  pour  diverses 
circonstances.  Ses  ouvrages  détachés  consistent 
en  trois  sonates  pour  le  clavecin ,  avec  vio- 
lon et  violoncelle,  op.'  l  ;  Offenbach,  178C.  - 
Chansons  avec  accompagnement  de  fliile  ou 
violon,  alto  et  basse,  trois  parties;  Otfenbach, 
1793.  —  Léonore  de  Burger,  romance  pour  le 
piano,  dont  il  a  été  publié  cinq  éditions.  —  Les 
Femmes  de  Veinsberg ,  pour  le  piano;  ariette 
pour  le  Barbier  de  Séville.  Malgré  les  occupations 
multipliées  d'André,  il  se  passait  peu  de  temps 
sans  qu'on  vît  paraître  quelque  nouvel  ouvrage 
de  sa  composition.  L'année  même  de  sa  mort, 
il  travaillait  à  un  opéra ,  dont  il  avait  tiré  un 
rondeau  qui  fut  imprimé  dans  l'Almanach  théâ- 
tral de  Gotha,  en  1796. 

Le  stylede  ce  musicien  n'a  rien  de  remarquable, 
soit  sous  le  rapport  de  la  nouveauté  des  idées, 
soit  sous  celui  de  l'harmonie;  mais  ses  mélodies 
ont  du  naturel,  de  la  grâce  et  plus  de  gaieté  qu'on 
n'en  trouve  communément  dans  la  musique  al- 
lemande. Il  y  a  beaucoup  d'analogie  entre  la  ma- 
nière d'André  et  celle  de  Ditters  de  Dittersdorf. 

Ai\DRE  (Jean-Antoine),  lils  du  précédent, 
est   ne  à  Offenbach  le  G  octobre  1775,   et  non 


à  Berlin  en  1770,  comme  il  est  <lit  dans  le  pre- 
mier Lexikon  de  Gerber ,  et  dans  le  Dlctionnaiie 
des  Musiciens  de  Choron  et  FayoUe.  Les  bio- 
graphes allemands  assurent  qu'André  n'était 
âgé  que  de  deux  anslorscju'il  montrait  déjà  d'heu- 
reuses dispositions  pour  la  nmsi(pie.  Les  pre- 
mières leçons  de  violon  et  de  piano  lui  furent 
données  à  Berlin  ,  dans  le  temps  où  sou  pèie  di- 
rigeait l'orchestre  de  l'Opéra.  L'art  du  chant  lui 
fut  enseigné  par  le  ténor  Marschhaiim  ,  et  il  y 
fit  des  progrès;  à  l'âge  de  huit  ou  neuf  ans  il 
chantait  avec  goût  et  justesse  des  airs  fort  diffi- 
ciles. De  rétour  à  Offenbach,  quand  son  père 
alla  se  fixer  définitivement  dans  celte  ville,  André 
s'y  livra  avec  ardeur  à  l'étude  du  violon  et  du 
piano;  il  y  prit  aussi  des  leçons  d'harmonie  et 
d'accompagnement,  et  le  chanteur  Righetti ,  qui 
passa  quelque  temps  à  Offenbach,  en  1786,  lui 
fit  contracter  de  bonne  heure  l'habitude  de  dé- 
chiffrer la  partition.  L'année  suivante,  il  fut  confié 
aux  soins  de  Ferdinand  Frànzel  pour  achever 
ses  études  de  violon  ;  deux  années  de  leçons  de 
ce  maître  le  rendirent  habile  sur  cet  instrument. 
Ses  premières  compositions  avaient  été  des  sym- 
phonies qu'il  écrivait  pour  des  concerts  d'ama- 
teurs; mais  le  premier  ouvrage  (pi'il  avoua  tut 
une  sonate  de  piano  avec  accompagnement  de 
violon,  composée  pendant  un  voyage  qu'il  fit  a 
Manheim  et  à  Strasbourg  avec  son  père.  En  1789, 
il  retourna  à  Manheim  pour  y  continuer  ses 
éludesde  violon  sous  la  direction  de  Frànzel  :  il  y 
fut  nommé  premier  violon  adjoint  du  théàtie  de 
la  cour;  mais  l'année  suivante  il  fut  obligé  do 
retournera  Offenbach  pour  y  diriger  le  commerce 
de  musique  de  son  père,  qui  voyageait  en  Saxe. 
Ce  fut  aussi  dans  la  même  année  1790  qu'il  rem- 
plit les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  spectacle 
dirigé  par  Bossmann  :  il  n'était  alors  âgé  que  de 
seize  ans. 

La  grande  quantité  d'ouvrages  sortis  de  sa 
plume  lui  avait  déjà  donné  une  habitude  d'écrire 
qu"il  est  rare  de  posséder  à  cet  âge  ;  toutefois 
cette  habitude  pratique  ne  lui  parut  par  suffi- 
sante; il  sentit  la  nécessité  de  faire  des  études 
plus  sérieuses,  et,  en  1792,  il  retourna  à  Man- 
heim pour  faire  un  cours  d'harmonie  et  de  con- 
trepoint sous  la  direction  du  maître  de  chapelle 
Volweiler,  qui,  en  moins  de  deux  ans  ,  le  mit  eu 
étatd'écrire  correctement.  Depuis  1793  jusqu'en 
1796  il  partagea  le  temps  alternativement  entre 
le  commerce  de  musique  et  l'étude  de  son  art. 
11  était  dans  sa  vingtième  année  quand  il  partit 
pour  l'université  de  léna,  où  il  resta  jusqu'au 
printemps  de  1797.  Après  avoir  voyagé  quelque 
temps  dans  le  nord  de  l'Allemagne,  il  retourna 
à  Offenbach  en  1798;  mais  il  n'y  resta  pas  long- 

7. 


100 


ANDLVE 


temps,  car  dans  la  même  année  il  entiepilt  un 
second  voyage  musical  à  Mayence,  Cobleniz, 
Bonn,  Cologne  et  Wesel.  La  mort  de  son  père 
le  rappela  à  Offenbacli  en  1799,  el  dès  ce  mo- 
ment il  se  livra  sérieusement  à  son  commerce  de 
musique  ;  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  toutefois  de 
faire  encore,  dans  le  cours  de  la  même  année,  une 
grande  tournée  musicale  par  Wiirtzbourg,  Nu- 
remberg, Erlangen,  Ratisbonne,  Augsbourg, 
Munich,  Salzbourg,  Passau,  Linz  et  "Vienne;  il 
levint  à  Oiïenbach  par  Prague ,  Dresde,  Alten- 
bourg,  léna,  Weimar,  Gotha,  Erfurt  el  Sonders- 
liausen.  Il  dut  à  ce  voyage  la  connaissance  des 
compositeurs  les  plus  célèbres  de  l'Allemagne. 
Pendant  son  séjour  à  Vienne ,  il  acheta  de  la 
veuve  de  Mozart  la  collection  de  manuscrits  qui 
avait  été  laissée  par  ce  grand  artiste.  Le  dernier 
voyage  entrepris  par  André  eut  lieu  en  1800  : 
il  se  rendit  en  Angleterre  en  passant  par  Cassel, 
Gœtlingue,  Hanovre,  Hambourg,  Cuxhaven,  et 
revint  par  la  même  route.  Depuis  lors  il  n'a 
cessé  de  s'occuper  de  la  composition  et  du  com- 
merce de  musique.  Cet  homme  actif  et  dévoué 
à  l'art  est  mort  à  Offenbach  ,  le  5  avril  1842. 

La  liste  des  ouvrages  de  sa  composition  qui 
ont  été  im()rimés  se  compose  de  vingt  et  une  sym- 
phonies pour  l'orchestre  (Manbeim  et  Offenbach), 
trois  concertos  de  violon,  sept  concertos  pour 
divers  instruments  à  vent,  plusieurs  recueils 
d'harmonie  pour  la  musique  militaire ,  deux 
messes,  Rinaldo  et  Alcina,  opéra  (  1799) ,  sept 
œuvres  de  quatuors  pour  deux  violons ,  alto  et 
basse,  six  œuvres  de  sonates  de  piano,  des  séré- 
nades pour  orchestre,  des  danses,  des  fantaisies 
et  des  airs  variés  pour  plusieurs  instruments, 
des  cantates,  des  romances  et  des  chansons.  La 
musique  d'André  manque  d'invention,  mais  elle 
est  agréable,  et  l'harmonie  en  est  assez  purement 
écrite.  Sa  maison  de  commerce  de  musique  était 
au  rang  des  plus  considérables  de  l'Allemagne. 

En  1832  André  a  annoncé  un  traité  général 
de  la  musique  sous  le  titre  de  Lehrbuch  der 
Tonkunst,  en  six  volumes  grand  in -8**.  Le  pre- 
mier volume  a  paru  au  mois  de  juillet  de  la 
même  année.  Il  est  relatif  à  la  science  de  l'har- 
monie et  contient  une  instnif-tion  sur  la  généra- 
lion  des  accords ,  leur  emploi  à  deux,  trois, 
quatre  et  un  plus  grand  nombre  de  parties,  les 
règles  de  la  modulation  dans  les  tons  majeurs  et 
mineurs,  une  instruction  sur  l'ancienne  tonalité, 
la  mélodie  et  l'harmonie  des  chorals,  avec  de 
nombreux  exemples.  Le  second  volume,  divisé  en 
trois  parties,  renferme  la  science  du  contrepoint 
simple  et  double,  l'imitation  canonique  et  la  fu- 
gue. Les  autres  volumes,  destinés  à  la  mélodie, 
à  la  rhythmiquc,  à  la  musique  instrumentale,  à 


la  composition  du  chant,  au  style,  à  la  forme  des 
pièces  de  musique  et  à  l'usage  des  voix  et  des 
instruments,  n'ont  pas  paru,  et  n'ont  pas  été 
vraisemblablement  achevés  par  l'auteur.  On  a 
aussi  d'André  :  1°  un  catalogue  thématique  des 
œuvres  de  Mozart  composées  depuis  1784  jusqu'à 
la  fin  de  1791,  d'après  les  manuscrits  originaux, 
dontAndré  était  devenu  possesseur.  Cecatalogue, 
publié  à  Offenbach,  in-4°  sous  ce  titre  :  Tliema- 
tischex  Verzeichniss  sxvimtlicher  composi- 
tionen  Von  W.  A.  Mozart,  a  eu  une  deuxième 
édition  avec  le  portrait  de  Mozart,  en  1829.  — 
2°  Une  méthode  de  violon  intitulée  Anleitung 
ziim  violinspielen,  en  français  et  en  allemand, 
Offenbach,  André.  11  y  a  des  éditions  alle- 
mandes publiées  à  Brunswick ,  chez  Spehr  et  à 
Vienne,  chez  Artaria.  Il  y  en  a  aussi  une  édition 
française,  publiée  à  Paris,  chez  Dufautet  Dubois. 

A1\DRE^(  Jean-Bernard),  fils  du  précédent, 
né  à  Offenbach,  est  pianiste  et  compositeur  pour 
son  instrument.  L'imprimerie  musicale  d'Offen- 
bach  lui  est  échue  en  partage  dans  la  succession 
de  son  père,  et  il  en  continue  l'exploJtation.  On 
connaît  de  lui  environ  50  œuvres  d'études,  de  ca- 
prices, de  morceaux  de  salon,  pour  le  piano,  et 
de  fantaisies  ou  duos  pour  piano  et  violon,  et 
piano  et  violoncelle. 

Un  autre  fils  de  Jean-Antoine  André  est  mar- 
chand de  musique  à  Francfort-sur-le-Mein.  Son 
nom  est  Charles.  Sa  maison  est  le  rendez-vous 
des  artistes,  et  l'on  y  entend  de  bonne  musique 
de  chambre  dans  des  réunions  intimes. 

ANDRÉ  (Jules),  parent  et  peut-être  frère 
de  Jean  Bernard  et  de  Charles  ,  est  organiste  et 
professeur  de  piano  à  Francfort-sur-le-Mein.  De- 
puis 1832,  il  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
suivants  :  1°  3  Polonaises  à  4  mains  pour  piano, 
op.  7;  Offenbach,  André,  —  2°  Sonatine  à  4  mains 
pour  piano,  op.  17;  ibid. —  S»  Des  mélanges 
pour  piano  seul  sur  des  motifs  d'opéras,  op.  13, 
18;  ibid.  —  4°  Des  valses  brillantes;  ibid.  — 
5°  Des  nocturnes  et  des  rondeaux;  ibid.  — C  12 
pièces  d'orgue,  op.  9;  ibid.  —  7°  12  idem,  op.  26; 
ibid.  —  8°  Méthode  d'orgue  théorique  et  pratique; 
ibid.  —  'd"  Anleitung  zum  Selbstunferricht  im. 
Pedalspiel  (Introduction à  l'inslruclion  par  soi- 
même  dans  l'art  de  jouer  la  pédale  de  l'orgue); 
ibid.,  1834.—  10°  des  Chansons  allemandes  avec 
piano;  ibid.  —  11°  Chants  de  la  Suisse,  à  voix 
seule,  avec  piano,  ibid. 

ANDRÉ  (Auguste),  de  la  môme  famille, 
professeur  de  piano  à  Offenbach,  a  publié  quel- 
ques bagatelles  pour  cet  instrument,  pai  ticulière- 
ment  12  petits  rondos  à  4  mains  sur  lestliémes 
des  opéras  modernes  en  vogue,  à  Offenbach, 
chez  André;  et  L'/lmi  des  Opteras,  recueil  ilc 


ANDRÉ  —  ANDRÈS 


ICI 


pots  pourri»,  de  petits  rondos,  de  fantaisies,  etc.; 
sur  les  tiiéines  favoris  de  IJellini,  Donizetti,  Ha- 
levy,  Adam,  Lorizing,  et,  pour  piano  seul;  ibid. 

ANDREA  SYLVANUS.  Voyez  Silva. 

ANDREA  (Nicolas),  prédicateur  à  Pitliea 
en  Laponie  au  commencement  du  17"=  siècle,  a 
publié  un  Rituale  Ecclesix  ;  Stockbolm,  1619, 
in-4'».  On  trouve  à  la  Bibliotbèque  impériale,  à 
Paris,  un  livre  de  cet  auteur  sous  ce  titre  :  Li- 
bello  musici  concentus  missœ;  Stockbolm,  161'J, 
in-4°,  qui  n'est  probablement  que  le  môme  ou- 
vrage, cité  sous  un  autre  titre  par  quelques  au- 
teurs. 

ANDREA  (  Onuphre  d'),  poète  napolitain, 
florissait  vers  1630;  il  mourut  vers  1647.  Cres- 
cembini  et  Quadrio  le  mettent  au  nombre  des 
meilleurs  poêles  du  dix-septième  siècle.  Outre  ses 
poëmes,  il  a  écrit  des  discours  en  prose  sur  quel- 
ques sujets  de  philosophie  :  Discorsi  in  prosa, 
che  sono  délia  bellezza,  deW  amicizia,  dell' 
amore,  dclla  musica,  etc.;  Naples,  1636,  in-4°. 

ANDREA,  récollet,  né  à  Modène,  vivait  vers 
la  fin  du  dix-septième  siècle.  Les  auteurs  italiens  le 
citentengénéralsouslenomd'AHrf?'eadi^/OÉ?e«a. 
]l  a  publié  un  traité  du  plain-chant,  sous  ce  titre  : 
Cantoarmonico,  ocanfofenno; Modène,  1690, 
in- 4°.  C'est  nn  des  meilleurs  ouvrages  qui  ont 
été  faits  sur  cette  matière  ;  malheureusement  il 
est  d'une  rareté  excessive. 

ANDREINI  (Isabelle),  née  à  Padoue  en 
1562,  eut  une  grande  réputation  comme  canta- 
trice. Elle  jouait  aussi  fort  bien  de  plusieurs  ins- 
truments, et  elle  joignait  à  ces  talents  celui  de  la 
|K)ésie,  qui  la  fit  recevoir  à  l'académie  des  Intenti 
de  Padoue.  Elle  demeura  longtemps  en  France, 
et  mourut  à  Lyon,  d'une  fausse  couche,  en  1604. 

ANDREOZZI  (Gaetano),  compositeur  de 
musique,  né  à  Naples  en  1763,  fut  admis  dans 
sa  jeunesse  au  conservatoire  de  la  Picià  dei 
Turchini,  et  acheva  ses  études  musicales  sons 
la  direction  de  Jomelli,  son  parent.  Ses  premiers 
ouvrages  furentdes cantates  à  voix  seule,et  des  duos 
pour  deux  soprani  et  basse  d'accompagnement.  11 
n'avait  que  seize  ans  lorsqu'il  sortit  du  Conserva- 
toire pour  aller  à  Rome  composer  au  théâtre  Argen- 
tina  son  premier  opéra,  intitulé  :  La  morte  di 
Cesareien  1779).  En  1780,  il  écrivit  llBajazet, 
pour  le  théâtre  ducal  de  Florence,  et  dans  la  môme 
année  il  fut  appelé  à  Livourne  pour  y  écrire  TO- 
Ibnpiade.  Ses  autres  opéras  sont  :  Agesilao  , 
en  1781,  au  théâtre  S.  Benedetto  de  Venise; 
Z/ieocfoZïHC?a,  dans  la  même  année,  à  Turin  ;  Ca- 
tone  in  Vtica,  en  1782,  à  Milan,  et  dans  la  même 
année,  H  Tiion/o  d'Arsace,  h  Kome;  la  Vcrgine 
del  Sole,  à  Gênes,  en  1783  ;  Angelica  e  Medoro, 
dans  la  môme  année ,  à  Venise.  Quelques  succès 


qu'il  avait  oblemis  le  mirent  en  réputation  vers 
cette  époque,  et  des  propositions  lui  furent  faite» 
pour  le  fixer  à  la  cour  de  Russie  :  il  s'y  rendit 
en  1784  et  écrivit  dans  la  même  année  à  Pélers- 
bourgla  Dido,  et  Giasone  e  Meden.  De  retour 
en  Italie,  il  publia  à  Florence,  en  1786,  six  qua- 
tuors pour  deux  violons ,  alto  et  basse.  L'annéo 
suivante,  il  écrivit  Virginia  pour  le  théâtre  Ar- 
gentina,  à  Rome.  Le  peu  de  succès  de  cet  ou- 
vrage le  détermina  à  retourner  à  Naples,  où  il 
donna  des  leçons  de  chant.  En  1789,  il  écrivit 
pour  le  théâtre  Saint-Charles  Sofronia  e  Olindo, 
et  dans  l'automne  de  la  même  année  Sesostri. 
En  1790,  au  même  théâtre.  Saule,  oratorio,  // 
finto  ciecQ,  La  Principessa  filosofa.  Appelé 
l'année  suivante  à  Madrid,  il  y  écrivit  Gustavo, 
re  di  Suezia;  puis  il  revint  à  Naples  pour  y  com- 
poser son  oratorio  de  La  Passione  di  Giesti 
Chrislo.  Son  dernier  ouvrage  fut  la  Giovanna 
d'Arco;  il  l'écrivit  pour  le  grand  théâtre  de  Ve- 
nise. Quoique  dans  la  fleur  de  l'âge,  il  cessa 
d'écrire  pour  le  théâtre  vers  le  même  temps ,  et 
se  voua  à  l'enseignement.  Parmi  ses  élèves  il 
comptait  les  princesses  de  la  famille  royale,  et 
particulièrement  celle  qui ,  depuis  lors,  est  de- 
venue duchesse  de  Berri.  En  vieillissant,  il  cessa 
d'être  recherché  comme  professeur;  et  il  devint 
fort  pauvre.  L'espoir  de  trouver  des  secours  dans 
la  munificence  de  son  ancienne  pupille  l'amena 
à  Paris  en  1825.  Il  ne  fut  pas  trompé  dans  son 
attente;  mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  des  bien- 
faits de  la  princesse;  car  il  mourut  au  mois  de 
décembre  1826,  au  moment  où  il  se  préparait  à 
retourner  à  Naples.  Andreozzi  était  un  musicien 
de  peu  de  génie  et  de  peu  science  ;  mais,  comme 
la  plupart  de  ses  compatriotes ,  il  avait  une  cer- 
taine facilité  et  du  naturel  dans  sa  mélodie.  Quel- 
ques-uns de  ses  airs  ont  été  chantés  avec  succès 
dans  leur  nouveauté. 

ANDREOZZI  (Anna),  femme  du  précédent, 
naquit  à  Florence,  en  1772,  d'une  famille  distin- 
guée, nommée  De'  Sanii.  En  1791,  elle  débuta 
comme  prima  donna  au  théâtre  de  La  Pergola, 
dans  sa  ville  natale,  et  se  fit  entendre  dans  plu- 
sieurs grandes  villes  d'Italie.  En  1801,  elle  tut 
engagée  au  Uiéâtre  de  la  cour  à  Dresde  et  y 
eut  des  succès.  M™"  Paer  devait  lui  succéder; 
elle  voulut  aller  l'entendre  à  Pillnitz ,  et  elle 
partit  en  effet  pour  cette  ville  avec  un  amateur 
de  Dresde,  le  2  juin  1802.  Après  l'opéra,  les  deux 
voyageurs  voulurent  retourner  à  Dresde,  mais 
un  des  chevaux  se  cabra,  versa  la  voiture,  et  le 
choc  fut  si  violent,  queM""' Andreozzi  resta  sans 
vie  sur  la  place,  ainsi  que  son  compagnon  de 
voyage. 

ANDRÈS  (Le  Père  Jean),  savant  jésuite  es- 


103 


ANDRÈS  —  A  NE  AU 


paj^nnl,  naquit  en  1740,  ;i  Planis,  dans  le  royanme 
(li;  Valence,  fit  ses  études  dans  celte  ville,  et  en- 
seigna iiendantqnelquetempslaliltérature  grecque 
fit  latine  à  l'Académie  de  Candia.  L'expulsion 
des  jésuites  d'Espagne  obligea  le  P.  Andrès  à 
suivie  ses  confrères  en  Italie.  Après  quelques 
vicissitudes ,  il  fut  chargé  d'enseigner  la  philoso- 
phie àFerrare,  dans  le  collégede  son  ordre  ;  mais 
la  suppression  des  jésuites  par  Clément  XIV  l'o- 
bligea d'accepter  l'asile  que  lui  offrait  le  comte 
Blanchi,  à  Mantoue.  Plus  tard  (1796)  il  accepta 
la  place  de  bibliothécaire  du  duc  de  Parme  ;  mais, 
après  le  rétablissement  des  jésuites  dans  le 
royaume  de  Naples  (en  1804),  il  alla  se  réunir  à 
eux.  Murât,  étant  monté  sur  le  trône,  le  nomma 
préfet  de  la  bibliothèque  royale,  et  pendant  quel- 
ques années  le  P.  Andrès  en  remplit  paisiblement 
les  fonctions.  Après  la  chnte  de  ce  monarque,  il 
demanda  la  permission  de  se  retirer  à  Rome  dans 
la  maison  de  son  ordre  :  il  y  mourut  le  13  janvier 
1817,  à  l'âge  de sixante-dix-sept  ans.  Au  nombre 
des  ouvrages  de  ce  savant,  on  remarque  un  opus- 
cule Sur  la  Musique  des  Arabes;  Venise,  1787, 
in-S".  Il  a  aussi  traité  de  la  musique  dans  son 
important  ouvrage  intitulé  :  DelT  origine,  pro- 
ijressi,  e  dello  stato  attuale  d'ogni  letterature. 
Parme,  1782-1799,  7  volumes  in-4";  Venise, 
«808-1817,  8  vol.  in-4o;  Pistoie,  1818,  8  vol. 
in-4";  Pise,  1824,  23  vol.  in-8o. 

AIXDREVI  (François),  né  à Sanabuya, pro- 
vince de  Levida,  en  Catalogne,  en  1785,  de  pa- 
rents italiens,  entra  comme  enfant  de  chœur  à 
l'église  cathédrale  d'Urgel,  dans  les  dernières  an- 
nées du  dix  huitième  siècle,  et  y  fit  son  éducation 
musicale.  En  1828,  il  était  maître  de  chapelle  de 
l'église  métroi>olitaine  de  Valence.  Deux  ans  après, 
il  obtint  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  Séville, 
et  en  1 832,  il  eut  la  place  de  maître  de  la  chapelle 
royale.  Bientôt  après ,  la  révolution  l'obligea  à 
abandonner  cette  position  et  à  chercher  un  asile 
en  France.  Il  se  fixa  à  Bordeaux,  et  y  obtint  la 
place  de  maître  de  chapelle  delà  cathédrale,  qu'il 
occupait  encore  en  1842.  Rentré  en  Espagne  dans 
Tannée  1843,  il  se  retira  à  Barcelone,  et  y  obtint 
la  place  de  niaîti-e  de  chapelle  de  l'église  Notre- 
Dame  de  la  Merci.  Andrevi  a  composé  beaucoup 
de  musique  d'église  d'un  bon  style  :  on  a  do 
lui  des  messes ,  vê|)res ,  psaumes,  antiennes  à 
plusieurs  voix  avec  orchestre  ;  ces  ouvrages  sont 
restés  en  manuscrit,  à  l'exception  d'un  Nunc  dimi- 
fis  à  quatre  voix  et  orchestre,  et  d'un  Salve  Regina 
à  six  voix  et  orchestre,  puhliés  |)ar  M.  Eslava 
dans  sa  collection  de  musiq\ie  d'église  espagnole 
intitulée  :  fjra  sacra  hispana,  tome  2,  de  la 
section  des  compositeurs  du  dix-neuvième  siècle. 
Âiidievi  a  écrit  un  Traité  d'Harmonie  et  de 


Composition  dont  la  traduction  française  aélé 
publiée  à  Paris,  chez  Périsse  frères,  en  1848, 
1  vol.  gr.  8°.  Andrevi  est  mort  à  Barcelone  le 
23  novembre  1844,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans. 

ANDRIGHETTI    (Antoine-Louis).   Voy. 
Aldrighetti. 

AIVDROT  (Albert-Auguste),  naquit  à  Paris 
en  1781.  Admis  en  1796  dans  une  classe  de  sol- 
fège du  Conservatoire  de  Musique,  il  remporta 
en  1802,  dans  cette  école,  le  prix  de  contrepoint 
et  de  fugue,  et  en  1803  le  grand  prix  de  com- 
|)osition  décerné  par  l'Institut.  Arrivé  à  Rome, 
il  se  livraàl'étude  avec  ardeur,  etGuglielmi,  alors 
maître  de  chapelle  du  Vatican,  charmé  de  son 
zèle,  le  prit  en  affection  et  lui  donna  des  conseils. 
Androt  composa  un  morceau  de  musique  d'é- 
glise, qui  fut  exécuté  à  Rome  dans  la  semaine 
sainte  de  1804.  L'administration  d'un  des  théâ- 
tres de  cette  ville  lui  demanda  un  opéra  pour 
l'automne  :  il  l'écrivit;  mais  un  travail  obstiné 
avait  altéré  sa  santé,  et  il  mourut  au  moment  où 
il  venait  de  terminer  cet  ouvrage,  le  19  août 
1804,  avant  d'avoir  atteint  sa  vingt-troisième 
année.  Peu  de  jours  avant  sa  mort,  il  avait  com- 
posé un  de  Profundis,  qu'on  a  exécuté  en  son 
honneur  à  la  cérémonie  religieuse  qui  eut  lieu  au 
mois  d'octobre  1804,  dans  l'église  de  Saint-Lau- 
rent in  Lucina ,  à  Rome.  On  a  fait  une  grande 
renommée  à  Androt  dans  le  Conservatoire  de  Mu- 
sique de  Paris  ;  j'ai  vu  ses  ouvrages,  et  n'y  ai 
rien  trouvé  qui  justifiât  cette  réputation  :  son 
style  est  lourd  ,  et  il  me  paraît  manquer  absolu- 
ment d'imagination. 

ANEAU  ou  ANNEAU  (B4rthélemt),  poète, 
jurisconsulte  «t  musicien  français,  naquit  à  Bour- 
ges, vers  le  commencement  du  seizième  siècle,  et 
fut  professeur  du  collège  de  la  Trinité  à  Lyon.  II 
était  soupçonné  de  calvinisme  :  ce  soupçon  fut 
cause  de  sa  fin  tragique;  car,  le  21  juin  1565, 
une  pierre  ayant  été  lancée  contre  le  saint-sacre- 
ment, dans  la  procession  de  la  Fête-Dieu,  on  crut 
remarquer  qu'elle  était  partie  du  collège  do  la 
Trinité  ;  le  peuple  furieux  en  força  les  portes,  et 
massacra  le  malheureux  Anneau  sans  aucune  in- 
formation. Au  nombre  de  ses  ouvrages ,  on  re- 
marque :  1°  Chant  natal,  contenant  sept  noels, 
un  chant  pastoral  et  un  citant  royal,  avec 
un  mystère  de  la  Nativité  par  personnages  ; 
composé  en  imitation  verbale  et  musicale  de 
diverses  chansons ,  recueilli  sur  l'Écriture 
Sainte  et  d'icelleillust7'é  ;  Lyon,  1539,  in-S». — 
2"  Genethliac  musical  et  historial  de  la  Con- 
ception et  Nativité  de  Jésus- Christ ,  par  vers 
et  chants  divers,  etc.;  Lyon,  1559,  in-8'\  Il  se 
pourrait  que  cet  ouvrage  ne  (ùt  que  la  deuxième 
édition  du  premier. 


ANELLI 

ANELLl  (Angelo),  compositeur  dramatique, 
vécuïdansla  seconde  moitié  du  18°  siècle,  et  a  fait 
représenter  à  Vérone,  en  1780,  l'opéra  bouffe  Iduc 
snpposti  Conti.  Il  avait  déjà  écrit  dans  d'autres 
villes  précédemment,  car  son  nom  est  placé  dans 
le  catalogue  des  maeslri  de  Y  Indice  de'  tealri 
spetlacoli  de  Milan  pour  l'année  1785.  En  1788, 
Anelli  a  donné  à  Bologne  l'opéra  boull'e  La 
Statua  viatematica. 

AlVERIO  (Felice),  contrapuntiste  de  l'école 
romaine,  naquit  à  Rome  vers  15G0.  Après  avoir 
lini  ses  éludes  musicales  sous  la  direction  de  Jean- 
Marie  Nanini,  il  devint  maître  de  musique  au 
collège  anglais  de  Rome,  puis  il  passa  au  service 
du  cardinal  Aldobrandini.  A  la  mort  de  Palcs- 
trina,  le  pape  Clément  VIII  le  nomma  compo- 
siteur de  la  chapelle  pontificale  :  son  installation 
eut  lieu  le  3  av;ril  lây-i,  comme  le  prouve  un 
passage  inséré  dans  le  journal  de  la  chapelle,  par 
le  secrétaire  Hippolyte  Gambocci  da  Gubbio,  rap- 
porté par  l'abbé  Baini,  dans  ses  Mémoires  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  Palestrina  (t.  1,  244).  L'é- 
|)oque  delà  mort  de  Felice  Anerio  n'est  indiquée 
nipar Baini, ni  par/lHrfreaAdami.  (Voy,  ce  nom.) 
Ce  dernier  a  fait  graver  le  portrait  de  ce  maître 
dans  .^es  Osservazioni  per  ben  regolare  il  coro 
délia  capella  ponlificia  (p.  183).  Les  composi- 
tions de  Felice  Anerio  sont  :  1°  Trois  livres  de 
madrigaux  spirituels  à  cinq  voix,  Rome,  Gar- 
dane,  1585.  — 2°  Il  primo  libro  del  Madrigali 
a  citique  voci  ;  In  Venetia,  app.  Giac.  Vincenti, 
1587,in-4o.  —  3°  Deux  livres  de  concerts  spirituels 
à  quatre  voix  ;  Rome,  Coattino,  159.3.  —  4°  Le 
premier  livre  d'hymnes,  cantiques  et  motels  à 
huit  voix;  Venise,  Vincenti,  1596.  Cette  produc- 
tion est  dédiée  à  Clément  VIII.  Anerio  remercie 
le  saint-père,  dans  son  épltredédicaloire,  del'avoir 
nommé  compositeur  delà  chapelle  apostolique,  et 
reconnaît  devoir  celte  faveur  à  la  protection  du  car- 
dinal Aldobrandini.  —  5°  Le  second  livred'hym- 
nes  et  de  motets  à  cinq,  six  et  huit  voix  ;  Rome, 
Zanetli,  1602. — 6»  Le  premier  livre  de  madrigaux 
à  six  voix;  Venise,  Amadino,  1590,  et  Anvers, 
1599.  —  7°  Le  deuxième  livre  de  madrigaux  à 
six  voix  ;  Rome,  Zanetti,  1602.  — 8°  Responsor i 
per  la  settimana  sauta,  a  ire  e  quattro  voci  ; 
Rome;  Zanetti,  1603.  —  9°  Canzonetlo  a  trc,  e 
quattro  voci;  Madrigali spirituali  a  tre,equat- 
tro  voci,  lib,  4;  Rome,  Zanetti,  1603.  —  10°  Li- 
taniae  4,  5,  6  et  8  voc;  Roma,  ap.  J.-B.  Roble- 
tum,  1622,  'Vi-ii".  On  a  aussi  imprimé  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein ,  en  1610,  Canzonl  a  quattro 
voci.  Quelques  motets  et  psaumes  à  huit  voix 
d'Anerio  sont  insérés  dans  les  trois  collections 
publiées  par  Fabio  Costantini,  à  Naples,  1615,  et 
à  Rome,    1616    el  1G17.  On   trouve   aussi   un 


ANERIO 


103 


sonnet  à  huit  voix  du  môme  compositeur  dans 
\c&  Soneltinuovi de  Fab\oVQtro7.z\;  Rome,  1609. 
Dans  le  même  recueil  sont  deux  sonnets  en  l'hon- 
neur d'Anerio  -.  l'un,  mis  en  musique  par  Léo- 
nard Meldert ,  sur  ces  paroles  :  Felice  ara  ch' 
Orfeo  ii  chiama;  l'autre,  par  Jean  Cavaccio, 
Vivo  Felice  or  tra  quest'  antri,  ttc.  Les  com- 
positions inédites  de  Felice  Anerio  se  conservent 
dans  les  archives  de  Sainte-Marie  in  Vallicella, 
à  la  basilique  du  Vatican ,  et  A  la  chapelle  pon- 
tificale. Dans  la  collection  de  l'abbé  Santini ,  à 
Rome,  on  trouve  en  partition,  de  Felice  Anerio  : 
une  très-belle  messe  de  requiem,  à  4;  une  autre 
messe  à  4  voix  sur  le  chant  :  Or  le  tuefwzc 
adopra;  la  messe  à  8  vestiva  i  colli;  venite  ad 
me  omnes ,  à  8  voix;  Are  Regina  cœlorum, 
à  8;  Angehis  ad  Pastores  ait  à  8;  Pas  tores  lo- 
qucbantur,  à  8;  Christiis  resurgens,  à  8;  Arca 
Domini  hodie,  à  8;  Ad  te  Icvavi  à  8;  Vocemea 
ad  Domiman,  h  8;  Hodie  cœlesti  sponso,  à  8; 
Aima  redemptoris  Mater,  à  8;  Derelinqtiat 
I  impius,  à  8;  le  psaume  Dixit  Dominus ,  à  8; 
Cantate  Domino,  h  12  voix;  Hxc  dies  à  12; 
Laudemus  virum  gloriosiim  à  12  ;  une  Messe 
entière  à  12  voix,  et  plusieurs  autres  morceaux. 

ANElllO  (Jean-François),  frère  puîné  du 
précédent,  né  à  Rome,  vers  1567,  fut  d'abord 
maître  de  chapelle  de  Sigismond  III,  roi  de  Po- 
logne, puis  de  la  cathédrale  de  Vérone.  De  là,  il 
fut  appelé  à  Rome  pour  y  remplir  la  place  de 
maître  de  musique  du  séminaire  romain  ;  il  fut 
ensuite  maître  de  chapelle  de  la  Madona  de 
Monti  ;  enfin  en  IGOO,  il  obtint  le  même  emploi 
à  Saint-Jean  de  Lalran,  où  il  restajusqu'en  1G03. 
On  ignore  l'époque  de  sa  mort.  Jean-François 
Anerio  est  un  des  premiers  compositeurs  italiens 
qui  ont  fait  usage  de  croches,  dédoubles  et  de 
triples  croches,  particulièrement  dans  sa  Selva 
Armonica. 

Les  œuvres  de  ce  compositeur  sont  :  1°  Il 
libro  j)rimo  de  motetti  a  una,  due  e  tre  voci; 
Rome,  Robletti,  1609.  —  2"  Il  libro  seconda  de' 
motetti,  con  le  letanie  e  le  quattro  antifone 
maggiori  dopo  il  vespero,  a  sette  e  otlo  voci  ; 
Rome,  1611.  —  3°  Il  libro  terzo,  con  le  letanie  a 
qîiattro  voci;  Rome,  1613.  — i° Il  libro  quarto, 
etc., 1617.  —  5°  Il  libro  quinto,  etc. i  1618.  — 6» 
Sacri  concenlîis  quatuor,  quinque,  sex  vocibus 
una  cum  basso  ad  organum  ;  Rome,  1619.  — 
7°  Ghirlanda  di  sacre  rose,  motetti  a  cinque 
roci;  Rome,  Soldi,  1613. —  8°  Selva  armonica 
dove  si  contengon  motetti ,  madrigali ,  canzo- 
nelte ,  dialoghi  ;  arie  a  una  ,  doi  (sic) ,  ire  et 
qxiattro  voci  con  basso  per  organo;  Rome  1617. 
—  90  Diporti  musicali,  madrigali  ad  una,  due, 
trc,  Quattro  voci  ;  Rome,  1617.  —  10°   Anli/one 


104 


ANERIO  —  ANEURIN 


sacri  conccrtiper  una^dite ,  ire  voci ;  Rome, 
Robletti,1013.—  i\o liOro de' rcsponsori  per  il 
Aatale,  a  tre,  quatlro,  eotlo  veci ;  Rome,  Ro- 
blelti,  1619.  —  12"  Libro  délie  letanie  àl  et  8, 
tocJ;Rome,  Masotli,  i626.— 16° Messa de' morii; 
Rome,  1620.  — 14"  Libi-o  de  salmiatre,equat- 
tro  voci  ;  Rome,  Robletli,  1 020.  —  1 5'^  Aniiphonas, 
seu  sacrx  cantiones,  qux  in  totius  anni  so- 
kmn.  Vesperx  ac  Complet,  décantait  soient. 
2"*  et  3"*  parties;  Romse,  J.  B.  Robletli, 
in-40,1620.  —  lu"  Rime  sacre  a  2,  3  eivoci;ib'ni, 
1620,  in-4''.  — 17"  Il  liùro primo  de'  madrigali 
a  cinque  voci;  Venise,  Gaidane,  1C05.  —  18° 
il  libro  délie  gagliarde  intavolule  per  sonate 
net  cembalo  e  liuto;  Venise,  Yincenti,  1C07. — 
I9û  II  libro  secondo  de'  madrigali  a  cinque, 
sei  voci,  ed  uno  e  alto  voci  ;  Yenife,  Vincenti, 
1608.  —  20°  La  Recreazione  armonlca,  madri- 
gali ad  una  e  due  voci  ;  Venise,  Gardane,  1611. 
—  210  Tealro  armonicospirituale  diinadrigali 
a  cinque ,  sei,  sette  e  otlo  voci,  coniposti  dal 
rev.  D.  Francesco  Anerio  romano,  e  fatti  im- 
primera da  Oraz.  Griffi,  cant.pont.  in  Roma, 
per  Gio.  Batista  Robletli,  1619.  —  22».  Labella 
Clori  armonica,  Canzonettee  Madrigali  a  una, 
due  être  voci,  con  ilbassocontinuoper  sonare  ; 
In  Roma, per  Luca  Antonio Soldi,\6l9,in^',°. — 
23'>Ghirtanda  di sacre Rosea  bvoci ;\hu\,  1619, 
in-4'.  On  voit  dans  cet  ouvrage  un  dialogue  à  six 
voix,  intitulé  II  Figliuol  prodigo,  et  la  conver- 
sion de  saint  Paul,  à  huit  voix,  où  se  trouve  un 
combat  pour  les  voix  et  les  instruments,  digne 
d'être  encore  admiré  après  deux  siècles,  dit  l'abbé 
Bctini.  • —  240  Dialogo  pastorale  a  tre  voci  con 
IHntovolatura  di  cembalo  e  del  liuto  in  rame; 
Rome,  Verovio,  1600. 

Quelques  motets  de  Jean-François  Anerio  ont 
été  insérés  dans  trois  collections  publiées  par 
Fabio  Costantini  .sous  les  titres  suivants  :  1"  Salmi 
aotto  di  diversieccellentissimi  am^o?-*;  Naples, 
G.G.  Carlino,  1615. — 2°  Vari  motetti  a  dite,  tre, 
guattro  voci,  etc.;  Rome,  Zanelti,  1616.  —  3° 
Alcuni  motetti  aotto  voci,  etc.;  Rome,  1617. 
La  musique  du  sonnet  :  Destati  Appollo,il  tuo 
splendor  sia  guida,  etc.,  qui  se  trouve  dans  la 
collection  de  Fabio  Peirozzi  -.  Sonetti»  nuovi  di 
Fabio  Petrozzi  Romano,  sopra  le  ville  di 
Frascati,  e  altri  posti  in  musica  a  cinque  voci 
da  diversi  eccellenti  musici,  eon  uno  a  otto 
in  fine;  Rome,  Robletti,  1609,  est  aussi  d'Anerio. 
Enfin,  on  peut  citer  encore  :  Gemma  musicale, 
dove  si  contengono  madrigali ,  etc.,  posti  in 
musicadalsig.  Giov.  Domenico  Puliaschi,etc.; 
con  alcuni  motetti  a  una  voce  di  Giov.  Fran- 
cesco Anerio  ;  Rome,  1618. 

La  vogue  extraordinaire  qu'obtint  la  messe  du 


pape  Marcel,  composée  par  Palestrina  ,  et  la  dif- 
ficulté de  l'exécuter  en  quelques  endroits  à  six 
voix,  telle  qu'elle  était  écrite,  détermina  J.  F. 
Anerio  à  la  réduire  à  quatre  voix  pour  en  faci- 
liter l'exécution  :  elle  fut  iuiprimée  dans  cet  état, 
pour  la  première  fois,  en  1600,  à  Rome.  Eu  1626, 
il  en  parut  une  autre  édition  avec  deux  autres 
messes  de  Palestrina  et  une  d'Anerio ,  sous  ce 
titre  :  Messe  a  quattro  voci.  Le  tre  piime  del 
Palestrina,  cioè  -.  Iste  confessor,  sine  nomine, 
e  di  papa  Marcello  ridotta  a  quattro  da  Giov. 
Francesco  Anerio  :  e  quattro  da  Giov,  Fran- 
cesco Anerio  :  e  la  quarta  delta  battaglia  delV 
îstesso  Giov.  Fran.  Anerio.  Con  il  basse  con- 
tnnio  per  sonare.  In  Roma  per  Paolo  Masotli, 
1626,  ad  istenza  di  Luca  Antonio  Soldi.  Il  y  a 
des  éditions  de  ce  recueil  datées  de  Rome,  1639, 
16S'j,  et  d'autres  encore.  Dans  la  collection  de 
l'abbé  Santiui,  à  Rome,  ou  trouve  en  partitions 
manuscrites  quei(pies  ou V  rages  de  l'^rançois  Anerio, 
dont  2  Messes  à  4  voix  ;  une  messe  à  8;  une  messe 
à  5  voix  ,  toute  en  canons  ;  la  Messe  à  6  voix  In 
te.  Domine,  spcravi  ;  des  Magnificat  à  8, et  le 
psaume  Cantate  Domino,  à  12. 

ANEURLM  GWAWDR\'DD,  barde  bre- 
ton du  sixième  siècle,  vécut  vers  510,  prit  part  à 
la  défense  désespérée  de  sa  patrie  contre  les  Anglo- 
Saxons,  et  fut  chef  des  Gododiniens,  bardes  guer- 
riers qui,  la  harfie  ou  la  hache  à  la  main,  exal- 
taient le  courage  de  leurs  compatriotes  par  leurs 
chants  ou  par  leur  valeur.  «  Tantôt  (dit  M.  Eich- 
«  hoff.  Tableau  de  la  Littérature  du  Aord , 
«  p.  98)  placés  sur  un  roc  solitaire  qui  dominait 
«  toute  la  vallée,  tantôt  mêlés  aux  comhatlauts, 
«  quand  le  danger  réclamait  leur  présence,  ils  re- 
n  présentaient  la  patrie,  encourageant  ses  défen- 
«  seurs  et  leur  payant  d'avance  avec  usure  la 
dette  de  la  postérité»  (l'oye:;  Jones,  Musical  and 
Poetical  rclichs  of  the  Welsh  Bards,  pages  14, 
16  et  17).  Aneurinélait  frère  de  Gilbas  Albanius, 
le  plus  ancien  historien  h'-eton.  Il  était  au  nombre 
des  363  guerriers  qui  périrent  tous ,  à  l'exception 
de  trois ,  au  combat  de  Catiracth ,  sur  la  côte 
orientaledu  Gorkshire,  en  voulant  s'opposer  à  l'in- 
vasion des  Anglo-saxons.  Aneurin ,  un  des  trois 
bardes  qui  échapèrent  au  massacre ,  a  fait  sur  cet 
événement  un  poëme  héroïque  intitulé  Gododin, 
qu'il  chantait  aux  sons  de  .sa  harpe,  dans  sa  vieil- 
lesse. C'est  le  plus  ancien  'monument  de  poésie 
lyrique  bretonne  qui  soit  parvenu  jusqu'à  nous. 
Il  est  écrit  dans  l'ancien  dialecte  du  Nord  appelé 
bernicia,  et  plusieurs  passages  sont  remplis  de 
diflicultés.  Ce  poëme  renferme  de  grandes  beautés. 
On  y  trouve  une  ode  touchante  sur  la  mort  d'un 
guerrier  qui  périt  dans  ce  combat.  Évans  a  pu- 
bli'-  ce  morceau,  avec  une  traduction  en  vers  au- 


ANEURiN  —  ANFOSSI 


105 


glais,  par  Gray  {Dissertatio  de  Hardis,  p.  68, 69). 
Aneiirin  s'y  écrie,  plein  de  douleur  :  «  Trois  chefs 
n  et  trois  cent  soixante  imniines  ornés  du  col- 
«  lier  d'or  marchèrent  vers  Cattracth.  L'ivresse 
«  les  a  perdus  ;  trois  seulement  survécurent  : 
n  Acron ,  Cjnon  et  moi ,  que  protégea  ma  harpe. 

«  Que  je  suis  malheureux  d'avoir  vu  celte  ba- 
«  taille,  et  de  souffrir  vivant  les  angoisses  du 
"  trépas!  Une  triple  afiliction  pèse  sur  moi  depuis 
«  que  j'ai  assisté  à  la  perte  de  nos  braves  et  en- 
«  tertdii  leurs  derniers  gémissements.  Aneurin  et 
«  la  douleur  sont  désormais  inséparables.  » 

ANFOSSI  (  Pascal)  ,  né  vers  Tan  1736  dans 
le  royaume  de  Naples,  entra  fort  jeune  comme 
élève  au  conservatoire  de  la  Pietà.  11  y  étudia 
d'abord  le  violon  ;  mais  son  goût  pour  la  compo- 
sition lui  fil  abandonner  son  instrument;  il  se  mit 
sous  la  direction  de  Piccinni,  alors  un  des  maîtres 
les  plus  renommés  de  l'Italie.  Le  professeur  prit 
son  élève  en  affection  ,  et  lui  procura  un  engage- 
ment ,  en  1771  ,  pour  le  théâtre  délie  Damme, 
à  Rome.  Déjà  il  avait  donné  à  Venise,  en  17C9, 
l'opéra  sérieux  de  Cajo  Mario,  qui  n'avait  pas 
réussi  ;  il  ne  fut  pas  plus  heureux  à  son  début  à 
Rome  ;  car  son  opéra ,  dont  le  titre  était  /  Visio- 
nari,  tomba  à  plat  à  la  première  représentation. 
Néanmoins  il  obtint  un  autre  engagement  l'année 
suivante;  et,  quoiqu'il  ne  réussit  pas  mieux,  un 
troisième  essai  lui  fut  accordé  pour  1773:  cette 
fois  son  triomphe  fut  complet,  et  depuis  La  Bonne- 
Fille  de  Piccinni ,  jouée  treize  ans  auparavant, 
jamais  opéra  n'avait    excité  un   enthousiasme 
semblable  à  celui  que  fit  nallve L' Incognita  pfr- 
segiiilata.  Plusieurs  causes  contribuèrent  à  pro- 
curer à  cet  ouvrage  la  brillante  réputation  qu'il 
eut  alors;   outre  son  mérite,  qui  était  réel  et 
qu'on  ne  pouvait  nier,  il  eut  l'avantage  d'être 
représenté  dans  un  temps  où  les  ennemis  de  Pic- 
cinni cherchaient  partout  un  rival  digne  de  lui 
être  opposé  et  qui  put  contre-balancer  la  faveur 
sans  exemple  dont  ce  maître  jouissait.  Ils  exagé- 
rèrent les  qualités  du  talent  d'Anfossi ,  afin  de  di- 
minuer celui  de  Piccinni.  Non  satisfaits  du  succès 
qu'ils  avaient  procuré  à  l'auteur  de  L'Incognito, 
ils  firent  aller  aux  nues,  l'année  suivante,  son 
opéra  bouffe  de  La  Finta  Giardiniera  ,   ou- 
vrage médiocre,  tandis  que  celui  de  Piccinni, 
composé  dans  le  même  temps,  fut  outrageuse- 
ment sifllé. 

Il  est  pénible  d'avouer  qu'Anfossi  se  prêta  à 
toutes  ces  manœuvres ,  et  qu'il  paya  de  la  plus 
noire  ingratitude  celui  qui  lui  avait  facilité  l'en- 
trée de  la  carrière  qu'il  parcourait.  Lui-même  ne 
tarda  point  à  apprendre  à  ses  dépens  qu'il  faut 
.«se  méfier  de  l'humeur  capricieuse  des  Romains; 
car,  après  les  applaudissements  qui  furent  encore 


prodigués  à  son  Geloso  in  Cimenta,  en  1775,  il 
vit  tomber  son  Olimpinde  l'année  suivante.  Les 
désagréments  qu'il  éprouva  dans  cette  circons- 
tance le  décidèrent  à  quitter  liome,  et  c'est  de  ce 
moment  qu'il  écrivit  pour  les  principaux  théâtres 
de  l'Italie.  En  1780  il  vint  en  France  :  l'admi- 
nistration de  l'Opéra  saisit  l'occasion  de  son  sé- 
jour à  Paris  pour  faire  jouer  son  Inconnue  per- 
sécutée, qui  avait  été  parodiée  par  Rochefort 
sous  le  titre  de  :  VInfante  de  Zamora,  et 
qui  fut  représentée  en  1781.  La  musique  légère 
de  cet  opéra  ne  résista  point  à  l'exécution  lourde 
et  monotone  des  chanteurs  français  de  cette  épo- 
que. On   avait  donné  précédemment  au  même 
théâtre  des  traductions  de  plusieurs  autres  opéras 
composés  par  lui,  savoir  :  Le  Curieux  indiscret 
(août  1778),  La  Jardinière  supposée  (novembre 
177S),  Le  Jaloux  à  Vépreuve  (1770),  et  Le  Ma- 
riage par  supercherie  (septembre  1779).  Dé- 
goûté d'une  méthode  de  chant  qui  n'était  com- 
posée que  d'éclats  de  voix  et  de  cris ,  Anfossi 
quitta  Paris,  et  se  rendit  à  Londres,  où  il  était 
appelé  comme  directeur  de  la  musique  du  théâtre 
italien.  Il  remplit  ces  fonctions  jusqu'en  1783. 
L'Allemagne  réclamait  sa  présence  :  il  s'y  rendit, 
et  écrivit  pour  les  théâtres  de  Prague  et  de  Ber- 
lin Il  Trionfo  d'Ariana ,  et  II  Cavalière  pei' 
amore. 

Son  retour  dans  sa  pairie  fut  marqué  par  un 
opéra  bouffe  intitulé  :  Chi  cerca  trova,  qui  fut 
représenté  à  Florence  en  1784.  Après  avoir  écrit 
dans  plusieurs  autres  villes  de  l'Italie ,  il  retourna 
à  Rome  en  1787;  là  il  donna  quelques  ouvrages 
dont  le  succès  lui  fit  oublier  ses  anciennes  disgrâ- 
ces. Enfin  ,  fatigué  du  théâtre  ,  il  désira  pour  sa 
retraite  une  place  de  maître  de  chapelle  dans  nue 
des  églises  de  Rome,  et  il  obtint  la  survivance  de 
Casali  à  Saint-Jean-de  Latran,  au  mois  d'août  1 791 . 
Au  mois  de  juillet  de  l'année  suivante ,  il  entra 
en  possession  de  sa  place  ;  mais  il  ne  la  conserva 
qu'un  petit  nombre  d'années  ;  car  il  mourut  à  la 
lin  de  février  1797. 

La  réputation  d'Anfossi  a  égalé  celle  des  plus 
grands  maîtres  de  son  temps  ;  cependant  on  no 
peut  nier  qu'il  ne  soit  inférieur  à  Galuppi,  à  Pic- 
cinni, à  Paisiello  pour  l'invention,  et  l'on  ne  peut 
ex|iliquer  l'éclat  de  ses  succès  que  par  l'air  naturel 
et  facile  qui  régnait  dans  ses  mélodies ,  et  surtout 
par  celte  magie  de  la  coupe  italienne  qui  consiste 
dans  un  heureux  retour  des  idées  principales.  Mais 
les  produits  d'un  art  ne  vivent  pas  longtemps  s'il 
ne  s'y  trouve  de  la  création;  de  là  vient  que  la  mu- 
sique d'Anfossi  a  vieilli  plus  vite  que  relie  de  ses 
émules.  Grand  nombre  de  morceaux  de  Ruranello, 
de  Piccinni ,  de  Sacchini  et  de  Paisiello  seraient 
entendus  aujourd'hui  avec  plaisir  :  il  en  est  peu 


106 


ANFOSSI  —  ANGELET 


d'Anfossi  qui  ne  fissent  naître  l'ennui  ;  en  un  mot, 
cette  musique  n'a  eu  pour  elle  que  la  mode  :  son 
temps  est  passé  pour  ne  plus  revenir. 

Les  opéras  d'Anfossi  les  plus  connus  sont  : 
r  Cajo  Mario;  1709 ,  à  Venise.  —  1°  La  Cle- 
menza  di  Tito  ;  Rome,  1769.  —  3"  7  Visionari; 
Rome,  1771. —  4»  Il  Barone  di  Rocca;  1772  à 
Rome, et  1774  à  Dresde.—  b"  L'incognila  per- 
seguilala;  Rome,  1773.  —  c°  Anligono;\emi.t, 
1773.  —  7°Z)eOTo/oo«/e;Rome,  1773.  —  8°Zzu-io 
Silla  ;  Venise,  1774. — 9°  La  Finta  Giardinicra; 
Rome,  1774. —  10°  Il  Geloso  in  Cimenta  ;  Rome, 
1775.  —  il" La  Contadina  in  Coite;  1775.  — 
12"  VAvaro;  \llb.—  \2,°  Isabella  e  Rodrigo,  o 
La  Costanza  in  Aniore;  1776.  —  14°  La  Pes- 
catrice/edele  ;  1776.—  \  à°  VOHmpiade  ;I{ome, 
1776. —  le"  7^  Cvrioso  indiscreio ;  1778.—  17" 
LoSposodisperalo ;  {118.  — \f,° Cleopatra ;W\- 
lan,  1778.  —  19°  Il  Matrimonio  per  inganno ; 
Paris  1779.  —  20°  La  Forza  délie  donne;  Mi- 
lan, 1780.—  21°  /  Vecchi  burlati;  Londres, 
1781.  — 22"/  Viaggiatorifelici;  Londres,  1782. 

—  23°  Armida,  1782.  —  24"  GU  Amanti  ca- 
nuti;  Dresde,  1784.  —  25°  H  Trionfo  d'Ariana; 
Prague,  1784.  —  20"  //  cavalière  per  Amore  ; 
Berlin,  1784.  —  27°  Chicercatrova,  Florence; 
1784. —  28°  La  Vedova  scaltra ;  Càsle\-Nuovo , 
1785.  —  29"  La  Fiera  del  Ascensione;  oratorio, 
1780.  —  30"  V Imbroglio  délie  tre  spose;  Pa- 
doue,  1786.  —  31"  La  Pazzia  de^Gelosi;  Fa- 
briano  et  Rome,  1787.-32°  Creso;  Rome,  1787. 

—  33°  La  Villanella  di  Spirito;  Rome,  1787. 

—  34"  Didone  abbandonata;  Naples,  1785.  — 
:\h°  Artaserse  ;  Rome,  1788.  —  36o  VOrfanella 
americana  ;  Venise,  1788.  —  37°  Za  Maga  Circe  ; 
Rome,  1788.  —  38°  Le  Gelosie  fortunate;  Bel- 
lune,  1788 —  39»  La  Gazetta  ossia  ilBaggiano 
deluso;  1789,  Rome.  —  40o  Zenobia  in  Palmi 
ra;  Florence,  1790.  — 41o/.î5jij^/e;  1791. —  42" // 
Zottico  incitiilito;  Dresde,  1792. —  43°  L'Amc- 
ricana  in  Olanda.  —  44"Za  Matilda  ritrovala. 

—  450  GU  Artigiani.  —46°  IlFigliuolprodigo, 
cantate.  On  a  aussi  d,'Anlossi  l'Oratorio  YAssalone, 
en  deux  parties. 

Anfossi  a  écrit  pour  l'église  des  messes,  des 
motets,  des  antiennes,  etc.  On  cite  particulière- 
ment parmi  ces  ouvrages  un  Laudate  pueri  et 
un  Laudate  Jertisalem,  à  grand  orchestre,  qui 
sont  d'un  bel  effet.  L'^abbé  Santini,  à  Rome,  possède 
en  manuscrit  de  ce  compositeur  une  JMesse  con- 
certée à  quatre  voix  et  orchestre  ;  Kyrie  et  Gloria 
à  huit;  Vtqtieant  Iaxis,  hymne  à  huit;  Lauda 
Sion  à  huit;  Deux  Bixit  Dominus  à  huit; 
Beatus  vir  à  huit  ;  les  psaumes  ConfUcbor,  Bca- 
tus  vir  et  Laudate  pueri  à  cinq  voix  ;  plusieurs  j 
psaumes  et  messes  à  quatre  voix  et  oiKiheslrc. 


ANGEBEU  (  WiuiELM  ) ,  maître  de  chapelle 
à  Kempten ,  vers  la  fin  du  dix-huilième  siècle, 
s'est  fait  connaître  par  les  productions  dont 
voici  les  titres  :  1°  Andante  avec  six  variations 
pour  le  piano,  œuvre  1^  ;  Augsboiirg,  Gombart. 

—  2°  Vespenesolemnesprochoristamcivilibus 
quam  ruralibus  ab  organo,  canio,allo,  tenore, . 
basso  et  orchestra,  op.  2;  Kempten,  Danheimer. 

—  3°  Veni  creator,  quatuor  voc.  et  orchestra, 
op.  3;ibid.  —  4°  Asperges  et  Vidi  aquam,  à 
quatre  voix  et  orchestre;  Angsbourg,  Bœhm.  — 
5°  Missasolemnis,  à  quatre  voix,  orchestre  et  or- 
gue; ibid.  —  6° Offertoire  pastorale  idem;ibid. 

ANGECOURT  (Perrin  d'),  poète  et  musi- 
cien français  du  treizième  siècle,  fut  attaché  au  ser- 
vice de  Charles  d'Anjou  ,  frère  de  saint  Louis.  Il 
accompagna  ce  prince  en  Provence  quand  il  alla 
épouser  la  (ille  de  Rérenger.  Il  se  félicite,  dans 
une  de  ses  chansons,  d'avoir  quitté  ce  pays,  qu'il 
n'aimait  pas,  pour  revenir  à  Paris,  où  demeurait  sa 
dame.  On  trouve  onze  chansons  notées  de  sa  com- 
position dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  im- 
périale (n°  66,  fonds  de  Cangé),  et  sept  dans  un 
autre  (n"65,  même  fonds).  Un  manuscrit  qui 
a  appartenu  au  marquis  de  Paulmy  en  contenait 
vingt-cinq* 

AIVGELET  (Chaules-François),  né  à  Gand, 
le  18  novembre  1797,  eut  pour  premier  maître 
de  musique  son  père  ,  professeur  en  cette  ville. 
A  l'âge  de  sept  ans,  il  se  fit  entendre  sur  le  piano 
dans  un  grand  concert.  En  1814.  il  se  présenta 
à  Wetteren  à  un  concours  ouvert  pour  la  place 
d'organiste  :  il  obtint  cette  place,  et  une  médaille 
lui  fut  décernée.  Ensuite  il  se  rendit  à  Paris,  où 
il  entra  comme  élève  au  Conservatoire.  Doué 
d'heureuses  dispositions ,  il  fit  de  rapides  progrès 
comme    pianiste,   sous    la  direction  de   Ziin- 
merman,  et,  le  14  décembre  1822,  il  obtint  au 
concours  le  premier  prix  de  piano.  Ce  lut  à  la 
suite  de  ce  concours  qu'il  fut  nommé  répétiteur 
pour  .>;on  instrument  dans  la  même  école.  Dour- 
len  lui  enseigna  ensuite  l'harmonie  et  l'accompa- 
gnement ,  et  ses  études  musicales  se  terminèrent 
par  un  cours  de  composition;  où  il  fut  dirigé  par 
l'auteur  de  ce  Dictionnaire  biographique. 

Angelet  avait  de  l'originalité  dans  les  idées, 
écrivait  avec  élégance  et  pureté ,  et  tout  semblait 
lui  présager  ime  brillante  carrièie  comme  com- 
positeur, lorsqu'il  quitta  Paris  pour  se  fixer  à 
Bruxelles,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  du 
piano.  Une  santé  chancelante  et  les  fatigues  du 
professorat  ralentirent  alors  l'exercice  de  son  ta- 
lent de  compositeur,  et  ses  productions  devinrent 
plus  rares.  Le  21  juin  1829,  Angelet  fut  nommé 
pianiste  de  la  cour  par  le  roi  Guillaume.  Une 
vualadie  de  poitrine,  dont  il  avait  les  symptômes 


ANGELET  —  AJVGELONI 


107 


flepiiis  longtemps,  finit  par  le  f;iirc  descendre  au 
tombeau  :  il  expira  à  Gand,  le  20  décembre  1832, 
à  l'â^e  de  trente-cinq  ans.  Les  ouvrages  de  sa 
composition  qni  ont  été  publiés  sont  :  1°  Marcbe 
variée  pour  piano  seul,  op.  l^'';  Paris.  —  2°  Huit 
variations  et  polonaise  sur  l'air  Fillettes,  viéfiez- 
vous,o\\.2;ibld.  —  3°  Grand  trio  pour  piano;  vio- 
lon et  violoncelle,  œuvre  3;  Paris,  Leduc.  —  4°  Air 
portugais  varié  pour  le  piano  seul ,  op.  4;  Paris, 
Pacini.  —  5°  Symphonie  à  grand  orchestre  (cou- 
ronnée à  un  concours  à  Gand),  op.  5;  ibid. — 
6"  Fantaisie  sur  l'air  des  Cuisinières  (Guernn- 
dier),  pour  piano  seul,  op.  6  ;  ibid.  —  T  Fantaisie 
et  variations  sur  l'air  Depuis  longtemps  j'aimais 
Adèle,  pour  piano  et  violon,  op.  7;  Paris,  Le- 
duc. —  8°  Divertissement  pastoral  pour  le  piano  à 
quatre  mains,  op.  8;  ibid.  —9"  Caprice  sur  les  plus 
jolis  motifs  de  roi)éra  de  Robin  des  Bois,  de  We- 
ber,  pour  piano  seul ,  op.  9;  l^aris.  —  10°  Fan- 
taisie sur  les  chœurs  et  la  valse  de  Uobin  des 
Bois,  op.  10;  ibid. —  11"  V Angélus,  de  Roma- 
gnesi,  divertissement  villageois,  orage  et  varia- 
tions pour  piano  et  violon,  op.  11;  ibid.  — 
12°  Mélange  sur  des  motifs  favoris  de  l'opéra 
de  Spohr  Zcmire  et  Azor ,  pour  piano  seul, 
op.  12;  ibid. —  13°  Les  Favorites,  deux  valses 
pour  le  piano;  ibid.  —  14°  Fantaisie  et  variations 
brillantes  pour  le  piano  sur  un  air  militaire,  op. 
1 4;  Bruxelles. —  I5°MélangesiM-des  motifs  favoris 

de  Guillaume  Tell,  de  Rossini,  op.  15;  ibid. 

16°  Grande  fanlaisie  et  variations  brillantes  sur  la 
tyrolienne  favorite.  Bonheur  de  se  revoir,  op. 
15;  ibid.  —  17°  Rondeau  brillant  sur  la  barcarole 
de  Fra  Diavolo  pour  le  piano,  op.  17;  ibid. — 
18°  Za  Lcopoldine ,  hommage  à  Sa  Majesté  le 
roi  des  Belges.  —  19°  Aux  braves  morts  pour  la 
patrie,  chant  guerrier.  —  20°  Bonheur  d'aimer, 
romance. —  21°  Rêves  d'amour,  idem. 

ANGEIil  (Le  Père  FRA^çols-MABIE),  corde- 
lier  du  couvent  deRivotorto,  néàAssLse,  futrégent 
h  Pérouse  et  à  Assise ,  provincial  de  sa  pro- 
vince, et  supérieur  de  son  ordre  au  couvent 
d'Assise  pendant  quatre  ans.  Il  vivait  encore  en 
1 093.  On  a  de  lui  :  Sommario  dcl  Contrapunto, 
169).  Tevo,  qui  cite  cet  ouvrage  (Musico  Tes- 
tore,  p.  230) ,  n'indique  point  le  lieu  de  l'impres- 
sion. Une  copie  manuscrite  de  ce  livre,  qui  a  ap- 
partenu au  P.  Martini,  est  aujourd'hui  dans  la 
bibliothèque  du  Lycée  musical,  à  Bologne. 

ANGELI  (Giovanni)  dit  Lesbina,  célèbr-e 
chanteur,  naquit  à  Sienne  en  1713.  Dès  sa  jeu- 
nesse, il  fut  au  service  de  la  cour  de  Portugal, 
où  il  obtint  de  grands  succès.  Après  quelques 
aventures  périlleuses,  il  revint  dans  sa  patrie,  où 
il  prit  les  ordres  mineurs  peur  se  retirer  du  théâ- 
tre. Sa  voix  était  pure,  pénéir.uito  et  d.'une  grande 


étendue;  le  oaraclère  principal  de  son  talent  était 
l'expre-ssiou.  Il  mourut  le  10  février  1778. 

AIXGELO  (Le  Père),  abbé  du  monastère  de 
Sainte-Marie  de  Rivaldis ,  vers  la  fin  du  qua- 
torzième siècle  ,  fut  le  premier,  ou  du  moins  l'un 
des  premiers  maîtres  de  la  chapelle  du  pape , 
sous  le  pontificat  de  Boniface  IX  :  cela  est  dé- 
montré par  un  passage  du  testament  du  cardinal 
Philippe  d'Alençon,  daté  du  11  août  1397,  dont 
voici  la  teneur  :  Prœsentibus  ibidem  venerabili 
pâtre  domino  Amjelo  Abbate  inonaslerii  S. 
Mariée  de  Rivaldis  magistro  cappellae  D.N. 
Papss  prœdicti  (Boniface). 

ANGELO  DA  IMCCITONE, franciscain, 
né  dans  la  petite  ville  de  Piccighiltone  ,  près  de 
Crémone,  d'où  lui  est  venu  son  nom ,  fut  nommé 
procureurgénéralde  son  ordre  en  1541.  On  ignore 
l'époquedesamort.  Il  est  compté  parmi  les  orga- 
nistes célèbres.  On  connaît  de  lui  :  Fior  angelico 
di  musica,  nel  quale  si  contengono  alcune  bel- 
lissime dispute  confro  quelli  che  dicono  la  mu- 
sica non  csser  scienza,  nuovamenle  dal  U. 
P.  frnte  Angelo  da  Piccitone ,  conventuale 
dell'  Oi'dine  Minore ,  organista  preclaris- 
simo ,   composta  ;  Venezia ,  1 547 ,  in-4°. 

ANGELO  (Jean- Vincent  d')  ,  chanteur  cé- 
lèbre en  Italie  ,  mourut  au  commencem.ent  du 
dix-septième  siècle.  Il  avait  été  attaché  à  la  cour 
du  duc  de  Mantoue,  et  avait  chanté  dans  les  ou- 
vrages de  Monteverde.  Le  poète  Marini  a  écrit  en 
son  honneur  un  eonnet  qui  commence  par  ce 
vers  : 

Angelo,  or  tu  fra  gll  Angell  ten'-val. 

ANGELO  (Micdel),  sopraniste,  né  à  Bo- 
logne ,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle , 
était,  en  1786,  au  service  de  l'électeur  de  Bavière, 
comme  chanteur  de  sa  chapelle.  11  jouait  les  rôles 
de  primo  musico  au  grand  théâtre  de  Munich. 

ANGELONI  (Louis),  littérateur,  néà  Fru- 
sinone,  dans  l'État  romain,  en  1758  ,  prit  part 
à  la  révolution  qui  se  fit  à  Rome  à  l'époque  de 
l'invasion  du  territoire  romain  et  du  royaume  de 
Naples  par  les  troupes  françaises  sous  le  com- 
mandement de  Championnet.  Il  devint  membre 
du  gouvernement  de  la  république  romaine,  et,  à 
la  retraite  de  l'armée  française,  il  dut  la  suivre 
et  se  réfugier  à  Paris.  Compromis,  en  1801,  dans 
la  conspiration  deCeracchi  et  deTopino-Lebrun, 
il  fut  mis  en  prison.  Après  dix  mois  de  captivité, 
il  fut  mis  en  liberté,  et  s'occupa  de  travaux  litté- 
raires ;  mais  des  relations  qu'il  entretenait  en  Italio 
avec  les  Carbonari  le  firent  expulser  de  France 
en  1823.  Il  se  retira  à  Londres,  et  y  publia  quel- 
ques pamphlets  politiques.  Il  est  mort  en  cette 
ville,  en  1842,  dans  un  âge  avancé.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  il  en  est  un  qui  a  pour  titre  : 


108 


ANGELONI  —  ANGERMEYER 


Sopra  la  vita ,  le  opère  ed  il  sapere  di  Guido 
WArezzo,  ristmiratore  délia  scienza  e  delV 
arte  musica;  Paris  ,  «81 1 ,  in-s»  de -222  pages. 
Bien  que  rempli  de  divagations  et  écrit  d'un 
style pédantesque,  cet  ouvrage  se  recommande 
par  un  travail  consciencieux  et  par  la  bonne  foi 
de  l'auteur.  Il  est  divisé  en  quatre  chapitres.  Le 
premier  a  pour  objet  d'éclaircir  toutes  les  ques- 
tions relatives  à  la  personne  de  Gui  d'Arezzo: 
c'est  le  meilleur.  L'auteur  de  ce  dictionnaire  avait 
fait,  en  1809  et  1810,  des  travaux  assez  éten- 
dus sur  le  môme  sujet  :  Fayolle,  qui  préparait 
alors  le  Dictionnaire  historique  des  musiciens 
qu'il  a  publié  avec  Choron,  lui  fit  de  vives 
instances  pour  qu'il  lui  cédât  tous  ces  maté- 
riaux, dont  il  ne  Ht  pourtant  aucun  usage  après 
qu'ils  furent  passés  en  sa  possession.  Depuis 
Jors  ,  ils  se  sont  égarés  ;  peut-être  e4-il  permis 
de  croire  qu'ils  sont  tomWs  entre  les  mains  d'An- 
geloni  et  qu'ils  ne  lui  ont  pas  été  inutiles. 

Le  second  chapitre  de  son  livre  contient  l'a- 
nalyse des  ouvrages  de  Gui  et  l'examen  de  quel- 
ques-uns des  manuscrits  qui  nous  en  restent  ;  le 
troisième,  la  discussion  des  opinions  diverses 
sur  l'utilité  de  la  réforme  opérée  par  ce  moine, 
et  sur  les  inventions  qui  lui  ajiparliennent  ;  le 
quatrième  traite  de  son  savoir.  Angeloni  n'avait 
pas  nne  connaissance  suffisante  de  la  musique 
pour  traiter  des  questions  si  délicates,  écueil  de 
Ja  plupart  des  écrivains  qui  s'en  sont  occupés. 
Pour  Ctre  en  état  de  comprendre  bien  les  ou- 
vrages de  Gui  d'Arezzo,  il  faut  posséder  à  fond 
la  connaissance  delà  musique,  de  son  histoire, 
et  avoir  lu  tout  ce  qu'on  a  écrit  avant  et  après 
lui.  Angeloni  est  saisi  d'une  admiration  sans 
bornes  pour  l'homme  dont  il  écrit  la  vie  ;  et ,  sur 
la  foi  de  traditions  mensongères,  il  lui  accorde 
une  multitude  d'inventions  auxquelles  Gui  n'a 
jamais  songé.  Le  livre  est  terminé  par  deux  let- 
tres de  Gui,  déjà  publiées  par  Baronius,  par 
Mabillon,  par  l'abbé  Gerbert  et  autres,  mais  avec 
quelques  corrections  du  texte  d'après  les  ma- 
nuscrits de  la  bibliothèque  impériale.  Angeloni 
a  fait  aussi  paraître  à  Paris  plusieurs  autres 
uuvrages  qui  n'ont  point  de  rapport  avec  la  mu- 
sique, et  qui  eurent  peu  de  succès. 

ANGELUCCl  (Angelo),  fabricant  de  cordes 
de  boyaux ,  naquit  à  Naples,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  et  mourut  dans  cette  ville,  en 
1765.  Il  contribua  beaucoup  à  perfectionner  les 
produits  de  ce  genre  d'industrie,  dans  lequel  les 
Napolitains  ont  conservé  une  supériorité  incon- 
testable ,  particulièrement  pour  les  chanterelles. 
Ce  fut  Angelucci  qui  découiTit  que  les  moutons 
de  sept  ou  huit  mois  ,  élevés  et  nourris  sur  les 
montagnes,  fournissent  des  boyaux,  d'une  qua- 


lité supérieure  à  ceux  des  mêmes  animaux 
plus  jeunes  ou  plus  vieux  et  nourris  dans  les 
plaines.  Il  employait  constamment  plusieurs  per- 
sonnes pour  chercher  des  intestins  choisis ,  et 
avait  plus  de  cent  ouvriers  sous  ses  ordres  pour 
la  fabrication  des  cordes.  Les  meilleurs  ouvriers 
étaient  tirés  par  lui  d'une  petite  ville  de  l'Abruzze, 
nommée  Salé.  Angelucci  avait  formé  une  société 
pour  l'augmentation  de  sa  fabrique  ;  mais  elle 
fut  de  courte  durée,  parce  qu'il  s'éleva  un  procès 
entre  les  co-associés ,  lequel  donna  lieu  à  plu- 
sieurs écrits  assez  curieux  sur  la  fabrication  des 
cordes  de  boyaux.  On  trouve  des  détails  intéres- 
sants sur  ce  procès  dans  les  Nouvelles  d' Halte,  de 
Volkmann,  t.  VIII,  p.  208,  et  dans  la  Gazelle 
musicale  de  Spire,  année  1789. 

AIV(iELY  (Louis),  acteur  et  compositeur  de 
musique  de  vaudevilles,  naquit  à  Berlin,  vers 
1783,  et  mourut  dans  cette  ville  en  1836.  Après 
avoir  été  attaché  au  théâtre  allemand  de  Péters- 
bourg,  il  fut  rappelé  à  Berlin,  en  1824,  pour  oc- 
cuper la  place  de  régisseur  du  théâtre  de  Kœnig- 
stadt.  11  a  écrit  un  grand  nombre  de  vaudevilles» 
parmi  lesquels  on  remarque  :  La  Fiancée  de  Po- 
inéranie,  Douvres  et  Calais,  La  Laitière  de 
Walding,  Les  Sept  Filles  en  uniforme,  etc. 
Les  mélodies  faciles  et  naturelles  de  ces  [)elits 
ouvrages  ont  eu  un  succès  populaire  dans  leur 
nouveauté. 

ANGEU  (Louis),  pianiste,  organiste  et 
compositeur,  est  né  le  5  septembre  1813,  à  An- 
dreasberg,  dans  le  Hanovre.  Doué  li'heureusesdis- 
positions  pour  la  musiqua  ,  il  étudia  cet  art  dès 
son  enfance,  ety  fit  de  rapides  progrès.  A  l'âge  de 
vingt  ans  il  se  rendit  à  Weimar,  où  il  reçut  des 
leçons  de  piano  de  Hummel,  et  devint  élève  de 
Toepfer  pour  l'orgue  et  le  piano.  En  1836  il  s'é- 
tablit à  Leipsick,  et  s'y  livra  à  l'enseignement 
du  piano  jusqu'en  1842,  où  il  obtint  la  place 
d'organiste  de  l'église  Saint-Jean  à  Lunebourg. 
Trois  ans  après  on  le  retrouve  â  Hambourg,  où 
il  jouait  dans  les  concerts  d'abonnement.  On  n'a 
publié  qu'un  petit  nombre  de  ses  compositions  ; 
ses  premières  œuvres  sont  :  1°  six  pièces  mélodi- 
ques pourle  piano,  op.  I;  Leipsick,  Hofmeister. 
—  2°  S(j:Z/Jerfer  avec  accompagnement  de  pianO; 
op.  2;  Leipsick,  Whistling. —  3°  Grandes  varia- 
lions  pour  piano,  op.  3;  Leipsick,  Hofmeister. — 
4"  Ouverture  de  concert  à  grand  orchestre,  en  ut 
mineur  ;  Leipsick,  Whistling.  —  5°  diverses  pièces 
pour  piano.  —  6°  quatre  Lieder  pour  mezzo  so- 
prano avec  piano,  op.  22. 

AIMGERMEYER  (  Jean- Ignace ) ,  né  à 
Bildin,  dans  la  Bohême,  vers  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle,  était  un  des  plus  habiles  violonistes 
de  la  chapelle  impéria'e,  dans  les  années  1723  à 


AISGEllMEYKIl  —  ANGRISAINI 


1C9 


1727.  On  a  de  lui  plusieurs  couccrtos  do  violon, 
qui  sont  restés  en  manuscrit,  et  qui  portent  pour 
souscription  :  AtUhore  Johanne  Ignatio  Anger- 
meyer,  Bohemo  Bildinensi.  Il  y  a  lieu  de  croire 
qu'Angermeyer  était  frère  ou  du  moins  parent 
de  Jean-Adalbert  Angermeyer,  peintre  célèbre, 
né  comme  lui  à  Bildin.  Il  fut  nn  des  violonistes 
de  l'orchestre  qui ,  en  1723,  exécuta  à  Prague 
l'opéra  de  Fux,  Costanza  e  Fortezza,  au  cou- 
ronnement de  l'empereur  Charles  VI. 

ANGERSTEIN  (Jean-Charles),  prédica- 
teur àBretkow,  près  de  Stendal,  vers  1788,  fut 
auparavant  organiste  à  Stendal.  Il  a  écrit  plu- 
sieurs compositions  pour  le  clavecin  ,  qui  sont 
restées  en  manuscrit.  Comme  écrivain  didacti- 
que, il  est  connu  par  un  ouvrage  intitulé  :  Théo- 
retisch-praktische  Anweisung,  Choralgesscnge 
nlcht  nur  richtig,  sondern  auch  schœn  spie- 
len  zu  lernen  (Instruction  tiiéorico-prafique 
pour  apprendre  à  jouer  le  chant  choral,  etc.  )  ; 
Stendal,  1800,  in-S», avec  un  cahier  d'exemples. 
C'est  un  fort  bon  ouvrage ,  utile  à  tous  les  or- 
ganistes des  églises  protestantes. 

ANGIOLIIM  (Jean-Frédéric),  composi- 
teur de  musique  instrumentale,  né  à  Sienne,  a 
passé  quelque  temps  à  Berlin,  vers  1787,  et  y  a 
p\iblié  quelques-uns  de  ses  ouvrages.  De  là  il 
s'est  rendu  à  Pétersbourg,  en  1791.  En  1797,  il' 
est  revenu  en  Allemagne,  et  s'est  fixé  à  Bruns- 
wick. Il  vivait  encore  en  1812.  Ses  ouvrages  im- 
primés sont  :  \°  Sonata per  cembttlo con  jlauto. 
—  2"  Variazioni  soprailduetto:  Pace  caro  viio 
sposo ,  neW  op.  Cosa  rara ,  per  cembalo.  — 
3°  Trois  sonates  faciles  pour  la  harpe,  avec 
flûle  ad  lib.;  Berlin,  1792.  —  ^o  Sonata  seconda 
per  cembalo,  conjlatito;  Berlin,  1794.  — 5"  Six 
variations  faciles  pour  la  harpe  ou  piano- 
forte;  Brunswick,  1797.  —  G"  Arie  ans  dem  Son- 
tagskinde  :  ich  sage  es  dock  immer  (air  de 
l'enfant  du  dimanche)  (l),  avec  variations 
pour  harpe  ou  piano;  Brunswick,  1797.  On  a 
imprimé  à  Londres,  en  1788,  Six  duos  pour 
dextx  flûtes  ou  violons,  sous  le  nom  d'An- 
giolini. 

ANGLEBERME  (  Jean-Pierre  d'),  né  à 
Orléans,  vers  1470,  lecteur  et  professeur  de 
droit  à  l'université  d'Orléans,  et  ensuite  conseiller 
au  sénat  de  Milan,  est  mort  dans  cette  ville,  en 
1521,  par  suite  de  l'explosion  d'un  magasin  à 
poudre.  On  a  de  lui  :  Homo,  seii  philosophus, 
qui  de  divina  humanaque  justilia  disserit  et 
de  ipsa  quoque  juvis  civilis  scienlia.  Sermo 
de  Fortuna  in  Plutarchum,  ubi  de  fortuna 

(  I)  Expression  allemande  qui  signifie  l'Enfant  gâté  de 
la  Fortune. 


(lallorum,  sermo  de  pace,  sermo  de  musica 
et  saltationc  ex  iMciano,  etc.,  Paris  1518, 
in-4o. 

ANGLEBERT  (Jean-Henry  d' ),  claveci- 
niste de  la  chambre  de  Louis  XIV,  a  publié  à 
Paris,  en  1689,  un  ouvrage  intitulé  :  Pièces  de 
clavecin,  avec  la  manière  de  les  jouer,  diver- 
ses chacones,  ouvertures ,  et  autres  airs  de 
monsieur  de  Lully  mis  sur  cet  instrument, 
quelques  fugues  pour  l'orgue,  et  les  principes 
de  l'accompagnement.  Livre  premier.  Dans 
la  préface,  il  annonçait  un  second  livre  de  ces 
pièces;  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  paru.  Le  style 
de  d'Anglebert  a  moins  de  grâce  que  celui  de 
Chambonnières  (votj.  ce  nom);  mais  sa  musique 
est  écrite  avec  beaucoup  de  pureté  et  de  savoir. 
Ces  qualités  se  font  remarquer  surtout  dans  les 
fugues  et  dans  un  contrepoint  à  quatre  parties 
pour  l'orgue,  qui  suivent  les  pièces  de  clave- 
cin ;  les  meilleurs  organistes  allemands  et  ita- 
liens, contemporains  de  d'Anglebert,  auraient  pu 
se  faire  honneur  de  ces  morceaux.  Longtemps 
on  a  ciu  que  Corelli  avait  été  le  premier  compo- 
siteur qui  eût  varié  Les  Folies  d'Espagne;  et 
même  quelques  personnes  ont  dit  qu'il  était  l'au- 
teur de  cet  air;  mais  le  recueil  des  pièces  de 
d'Anglebert  contient  vingt-deux  variations  sur  ce 
même  thème,  et  la  Folia  de  Corelli  n'a  été  pu- 
bliée que  dans  l'œuvre  b^,  dont  la  première 
édition  parut  en  1700.  Un  beau  portrait  de  d'An- 
glebert, peint  par  Mignard  et  gravé  par  Vermeu- 
len,  est  en  tête  du  livre  de  ce  musicien. 

ANGLEDl  (....).  La  Bibliothèqueimpériale, 
à  Paris,  possède  en  manuscrit  des  Joccates  pour 
l'orgue,  de  la  composition  de  cet  auteur,  sur 
lequel  ou  n'a  d'ailleurs  aucuns  renseignements. 

AI\GLER1A  (Camille),  moine  franciscain, 
né  à  Crémone,  fut  élève  de  Claude  Merulo  ,  et 
mourut  en  1630.  Il  a  publié  :  Regole  del  con- 
trappunto ,  et  délia  musicale  composizione , 
Milan,  1622,  in -4°.  C'est  un  ouvrage  médiocre 
dont  la  rareté  fait  tout  le  mérite. 

AÎMGLESÏ  (Dominique),  musicien  au  service 
du  cardinal  Jean-Charles  de  Toscane,  a  com- 
posé la  musique  d'un  opéra  intitulé  La  Servn 
nobile,  qui  fut  représenté  à  Florence,  en  1629. 
On  connaît  aussi  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste :  Libro  primo  d'Arie.  Firenze,  Landini, 
1635,  in-40. 

ANGHISAIXI  (Charles),  cJianteur  ^italien, 
né  à  Reggio,  vers  1760,  se  fit  entendre  sur  plu- 
sieurs théâtres  d'Italie,  et  se  rendit  ensuite  à 
Vienne,  où  il  a  publié  :  1°  Sei  notturni  a  tre 
voci,  soprano,  ienore  e  basso ,  colV  accom- 
pagnamento  di  cembalo, \ienne,  1798.  —  2"  Sei 
notturni,  etc.,  op.  2;  Vienne,  1799. 


ilO 


ANGSTENBERGER  —  ANIMUCCIA 


AI\GSTEI\BERGER  (Michel),  né  à  Reicli- 
stadt,  en  Bohême,  le  2  janvier  i717,  fui  dans 
son  enfance  un  très-bon  contraltiste  du  chœur 
de  l'église  des  Chevaliers  de  la  Croix  (Kreuz- 
lierrnkirclie  ),  à  Prague.  11  avait  beaucoup  d'ap- 
titude pour  les  sciences,  particulièrement  pour 
la  musique ,  et  il  se  serait  distingué  dans  cet 
art  s'il  ne  l'eût  négligé  pour  remplir  les  devoirs 
de  son  état.  En  1738  il  était  entré  dans  l'ordre 
des  Clievaliersv,  de  la  Croix ,  et  il  prononça  ses 
vœux  le  1"  janvier  1743.  Ensuite  il  fut  pendant 
treize  années  chapelain  à  Carlsbad,  puis  doyen 
de  la  même  ville  pendant  onze  autres  années. 
En  17G8,  il  passa  à  l'église  de  Saint-Charles,  à 
Vienne,  en  qualité  de  Commandeur,  et  remplit 
les  fonctions  de  cette  place  jusqu'en  1789,  épo- 
que de  sa  mort.  Angstenberger  écrivit  dans  sa 
jeunesse  beaucoup  de  musique  d'église,  dans  le 
style  de  Lotli  ;  elle  est  restée  en  manuscrit. 

ANIMUCCIA  (Jkan),  né  à  Florence  au 
commencement  du  seizième  siècle ,  ou  à  la  fin 
du  quinzième,  fut  un  des  plus  anciens  maîtres 
«le  l'École  italienne  dont  les  compositions  se  fi- 
rent remarquer  par  une  harmonie  plus  nourrie, 
un  dessin  de  voix  plus  élégant  et  un  caractère 
mélodique  mieux  adapté  aux  paroles  que  les 
productions  des  maîtres  flamands.  Dans  sa  jeu- 
nesse, il  se  lia  d'amitié  avec  saint  Philippe  de 
Néri,  qui  fonda  la  Congrégation  de  l'Oratoire  en 
1540,  à  Rome  ,  et  à  qui  l'on  attribue  communé- 
ment l'invention  du  drame  sacré  auquel  on  donne 
le  nom  A'oratorio.  Animuccia  était  devenu  le  pé- 
nitent de  Philippe  :  il  composa  ses  Lmidi  ou 
hymnes  à  plusieurs  parties,  qu'il  allait  chanter 
chaque  jour  avec  ses  amis  a  l'oiaioire,  aptes  le 
sermon ,  et  ces  Laudi  devinrent  l'origine  de  l'o- 
ratorio proprement  dit.  Au  mois  de  janvier  1555, 
il  fut  nommé  maître  de  la  chapelle  du  Vatican  : 
il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  mars 
1571,  époque  où  il  cessa  de  vivre.  Poccianti 
(  Catal.  Script.  Florent.,  p.  101)  a  place 
ré|)oque  de  sa  mort  en  1569;  mais  c'est  une  er- 
reur :  car  Pierre-Louis  de  Palcstrina  succéda 
immédiatement  à  Animuccia  dans  la  place  de 
maître  de  la  chapelle  du  Vatican  ,  au  mois  d'a- 
vril 1571,  comme  on  le  voit  par  les  archives  de 
cette  chapelle  ,  et  par  la  notice  manuscrite  des 
contrapuntistcs  et  des  compositeurs  de  musique 
par  Joseph  Octave  Pifoni. 

On  a  publié  de  ses  compositions:  1°  Il  primo 
libro  di  madrigali  atre  voci ,  con  alcuni  mo- 
tetti,  e  viadrigali  spirittiati;  Rome,  per  il  Dn- 
rico,  1565.  —  1°  Joannis  Animuccix  magislri 
capcllx  sacro  sanctx  basilicx  Valicanx  Mis- 
sarum  libri;  Romae,  apud  hxrcdes  Valerii  et 
AloysriDoricorumfralrum  Brixiensium,  1507. 


—  3°.  //  primo  libro  de'  madrigali  a  quattro, 
cinque  e  sei  voci;  Venise,  Gardane,  1567.  — 
4°  Canticum  B.  Marix  Virginis  a  Jo.  Animuc- 
cia iirbis  Romx  basilicx  S.  Pétri  magistro  ad 
omnes  modos  Jactum;  Romse,  apud  hxredf.t 
Valerii  et  Aloysii  Doricorum,  15C8,   in-fol. 

—  50  II  secondo  libro  délie  laudi  ove  si  con- 
tengono  moletli,  salmi,  ed  altri  volgari  e 
latini  fatti  per  V  oratorio  di  S.  Girolatno, 
mentre  qiiivi  dimorava  S.  Filippo ,  e  VAni- 
miiccia  era  il  maestro  di  cappella;  Roma,  per 
gli  eredi  del  Blado,  1570:  on  voit  par  ce  titre 
qu'Animuccia  avait  été  maître  de  chapelle  de 
l'oratoire  avant  de  passer  au  Vatican,  c'est-à- 
dire  antérieurement  à  1555. —  &o  Credo  Domini- 
calis  quatuor  vocuni;  Boma,  pressa  gli  eredi  di 
Valerioe  Luigi  Dorico,  1567. —  7°  Magnifient 
ad  omnes  modos,  liber  secundus;  Romx, 
apud  hxredcs  Valerii  et  Alofjsii  Doricorum, 
1568,  iu-4.  Ces  Magnificat  sont  au  nombre 
de  20.  Le  P.  Martini  a  inséré  dans  son  Essai 
fondamental  de  contrepoint  fugué  (t.  1,  p.  129) 
un  Agmis  Dei,  à  six  voix,  delà  messe  Gauden 
in  Cœlis ,  et  un  autre  Agnus  (p?  181  )  de  la 
messe  ad  Cœnam  agni  providi ,  tous  deux 
extraits  du  Recueil  de  messes  d'Animuccia,  cité 
Cl -dessus.  Le  maître  de  chapelle  Reichardt 
possédait  deux  messes  manuscrites  de  ce  com- 
positeur :  l'une  pour  deux  soprani,  alto,  té- 
nor et  basse;  l'autre  pour  deux  soprani,  allô 
et  baryton  :  elles  étaient  vraisemblablement  ti- 
rées du  même  recueil.  Il  paraît  qu'Animuccia  a 
composé  <ies  messes,  des  hymnes  et  des  motets 
postérieurement  aux  publications  qui  viennent 
d'êtres  citées,  et  que  ces  ouvrages  sont  restés  en 
manuscrit  dans  la  chapelle  du  Vatican;  car  on 
lit  dans  un  Censuale  manuscrit  de  la  même 
chapelle,  l'ordre  suivant,  signé  par  le  chanoine 
Cenci,  et  daté  du  23  décembre  1568  {voy.  Haini, 
Mem.  stor.  crit.  délia  vita  e  délie  op.  di 
Giov.  Pierl.  da  Palcstrina,  t.  II,  p.  104, 
no  532)  :  R.  Mo.  Vicenzo  Rago  pagherele  a 
Mo.  Giovanni  Animuccia,  maestro  dei  can- 
tori  délia  cappella,  scudi  venticinquc  di  mo- 
nda, i  quali  sono  perla/atica  e  spesa  che  egli 
ha  fatto  in  comporre,  e  scrivcre,  e  fare  scri- 
vere  a  sue  spese  Vinfrascritti  inni,  motel  fi,  e 
messe,  che  di  niiovo  per  nostra  commissione 

ECLl   HA   COMPOSTO    NEL  PRESENTE  ANNO  ,  IC   qUall 

erano  necessaric  in  cappella,  e  che  .sono  se- 
condo la  forma  del  concilio  di  Trcnto,  e 
dclV offizio  nova,  che  io  ve  lifarà  boni  alll 
conli  vostri.  Nota  délie  composizioni  :  V  inno 
Aures  ad  nostras,  per  la  Quadragesima;  L"  inno 
délia  Transfigurazione  ;  Cinque  inni  délie 
Feric;  V  inno  ExuUot  cœiiun  in  tono  Natalis  ; 


ANIMUCCIA  —  ANNA 


111 


L  inno  Dcu9  tuonim  milrtum,  in  tonout  sïiprn  ; 
Vinno  Salvete  flores  maityniiii,  in  tono  ut  su- 
pra ;  Un  motctlo  a  quattro  voci,  per  la  vigilla 
di  Natale  quando  passa  il  Papa;  Un  motetlo 
a  cinqué,  Puer  natus  estnol)is,  per  il  giorno  del 
capo  d'anno;  Un  motetto  a  set  per  la  mat- 
tina  d'ogni  santi  per  quando  passa  ïl  Papa  ; 
Unmotetto  a  qualtro,\hK'm?i\\.\im,per  quando 
passait  Papa;  Un  inno,  Exultet  cœluai  landi- 
biis,  in  tono  ordinario;  f/n  inno,  iste  Confesser, 
in  tono  ut  supra;  Vinno  Jesii  corona  virginum 
in  tono  ut  supra;  Vinno  Ave  maris  Stella;  Una 
mcssa  a  cinque  délia  Madonna;  Due  messe  a 
quat.tro  délia  Madonna.  Di  casa  li  23  di  de- 
cembrelbes.  Gasparcincius  Canonicuset  ma- 
gisler  cappellas.  La  rapidité  prodigieuse  qu'A- 
nimuccia  avait  mise  à  composer  tous  les  ouvrages 
émimérés  dans  cette  note  a  de  quoi  frapper  d'c- 
tonnement;  car  tout  cela  a  dû  être  fait  en  cinq 
mois,  puisque  ce  laps  de  temps  s'était  seulement 
écoulé  depuis  la  bnlle  donnée  par  le  pape  Pie  V 
pour  la  réforme  du  bréviaire  et  de  l'office  en 
exécution  du  décret  du  concile  de  Trente,  jus- 
qu'à la  date  de  la  note  qu'on  vient  de  lire.  La 
fécondité  a  toujours  été  une  qualité  distinctive 
des  compositeurs  italiens. 

AMMUCCIA    (Paul),    frère    du   précé- 
dent ,  fut  un  des   plus   habiles  contrapuntistes 
dti  seizième  siècle.  Pitoni  affirme ,  dans  sa  no- 
tice manuscrite  des  contrapuntistes  et  des  com- 
positeurs ,  que  ce  musicien  fut  maître  de  cha- 
pelle   de    Saint-Jean   de   Latran   depuis    1530 
jusqu'en  1555,  et  qu'il  succéda  à  Rubino.  Il  y  a 
erreur  dans  cette  assertation  ;  car  le  maître  de  cette 
chapelle,  en  1552,   était  Bernard  Luppachino, 
qui  eut  pour  successeur,  en  1555,  Pierre  Louis 
de  Palestrina.  Animuccia  no  (ut  maître  à  Saint- 
Jean  de  Latran  que  depuis  le  mois  de  janvier  1 550 
jusqu'en  1552.  Le  même  auteur  met  en  doute 
que  Paul  Animuccia  ait  été  frère  de  Jean  ;  mais 
Poccianti ,  qui  était  contemporain  de  ces  deux 
musiciens  ,  dit  positivement  dans  son  catalogue 
des  écrivains  florentins,  qu'ils  étaient  frères  :  Pau- 
lus  Animuccia  laudatissimi  Joannis  /rater, 
mnsicus  venustissimus,  viadrigalcs  et  molcl- 
tos  mira  suavitate  refertos  posleris  transmi- 
sit.  {Catal.  scrip.  Florent,  p.  143.)  Le  mCme 
auteur  dit  que  Paul  Animuccia  mourut  en  I5G3. 
On  trouve  dans  le  cataloj^ue  do  la  bibliothèque 
musicale  de  Jean   IV,  roi  de  Portugal,  l'indi- 
cation  d'un  recueil  de   madrigaux   de  ce  mu- 
sicien, sous  ce  titre  :  Il  Dcsiderio ,  madrigali 
a  cinque ,   lib.   2.  Un  de  ses  madrigaux  a  été 
inséré  parmi  ceux  de  Roland  de  Lassus,  publiés 
i>  Venise  par  Gardane,  en   1559  ;  im  autre  ma- 
drigal de  sa  composition  a  été  placé  par  le  môme 


Gardane  dans  son  recueil  de  1559;  dans  la  col- 
lection de  motels  imprimée  à  Venise ,  en  1508, 
on  en  trouve  und'Animuccia;  enfin  Antoine Rarré 
a  publié  à  Milan,  en  15S8,  un  recueil  de  mo- 
tets qui  contient  quelques  pièces  du  même 
maître;  ce  recueil  a  pour  litre  :  Liber  Mtisa- 
rum  cum  quatuor  vocibus ,  seu  sacrx  can- 
iiones ,  quas  vulgo  motetta  appellant. 

AIMJOS  (DiOMSio  DOS),  compositeur,  har- 
piste et  virtuose  sur  la  viola  du  gamba,  naquit 
à  Lisbonne,  et  entra  en  1G56  dans  l'ordre  dc^ 
Hiéronymites,  au  monastérede  Belem.  Il  y  mourut 
le  19  janvier  17C9.  Il  a  laissé  en  manuscrit  les 
ouvrages  suivants  de  sa  composition  :  \°  Respon- 
sorios  para  todas  /estas  da  primeira  classe. 
— 1°  Psalmos  de  vesperas ,  e  Magnificat  ;  Di- 
versas  Missas,  Vilhancicos  et  Molettes.  Ma- 
chado  {Biblioth.  Lusit.,  t.  I,  p.  704)  ditqueccs 
compositions  existent  dans  le  couvent  de  Relem. 

ANIÎERTS    (GnisLiN  d').  Voy.  Danrekts. 

A^kMER  (....),  nmsicien  anglais  et  com- 
positeur, éprouva  pendant  la  durée  du  protec- 
torat les  effets  de  la  persécution  dont  les  arts 
avaient  été  l'objet,  et  vécut  dans  la  retraite  ;  mais, 
à  la  restauration,  il  revint  à  la  cour,  et  fut  du 
nombre  des  musiciens  qui  composèrent  la  cha- 
pelle de  Charles  II  avec  Tucker,  Henri  Lawes, 
Henri  Purcell,  lliimphrey,  Blow  et  Wise.  Les 
compositions  d'Anmer  sont  restées  en  manus- 
crit. 

ANIMA  (François),  indiqué  dans  les  an- 
ciens recueils  de  musique  sous  le  nom  de  Fran- 
ciscus  vendus  organisla,  était  né  à  Venise, 
suivant  cette  indication ,  et  remplissait,  à  la  (in 
du  quinzième  siècle  et  dans  les  premières  années 
du  seizième ,  les  fonctions  d'organisle  d'une  des 
églises  de  sa  vilie  natale.  Cet  artiste  a  composé 
des  chansons  italiennes  originales ,  appelées 
Frottoles  ,  dont  quelques-unes  ont  été  insérées 
dans  les  2'"^,  3'"%  4""^,  6""*  et  8"'"  livres  des 
pièces  de  ce  nom  publiées  par  Octave  Petrucci 
de  Fossombrone,  depuis  1503  jusqu'en  150S, 
ainsi  que  dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  :  7e- 
nori  et  contrabassi  intabulati  col  soprano 
in  Canio  figurato  per  cuntar  e  sonar  col 
lauto ,  libro  primo,  Francisci  Bossinensis 
opns ,  imprimé  à  Venise  par  Octave  Petrucci, 
en  1509,  petit  in-40  obi.  On  trouve  aussi  une 
lamentation  à  quatre  voix  du  même  artiste  dans  le 
premier  livre,  intitulé  :  Lamentationum  Jcre- 
mie  prophète, liber primus,  imprimé  à  Venise, 
en  1506  ,  par  le  même  Petrucci.  Le  nom  de  Fran- 
çois Anna  est  rarement  écrit  tel  qu'il  doit  élre 
dans  ces  anciennes  publications  :  souvent  l'artiste 
est  désigné  de  ces  diverses  manières  :  F.  V. 
{Franciscus  Vendus);  TRA^.  ORGA.  VENE- 


tI2 


ANNA  —  ANSALDI 


TUS;    FRAN.   VENE.    ORGA.  ;    FRANCISCUS 
VENETUS  ORG. 

AIXNE-AMALIE,  princesse  de  Prusse, 
sreur  de  Frédéric  II,  naquit  le  9  novembre  1723. 
Élève  de  Kirnherger,  diiecteiir  de  sa  musique, 
elle  acquit  assez  d'habileté  pour  composer  sur  la 
cantate  de  Ramier,  La  Mort  de  Jésus,  une  mu- 
sique qui,  dit-on,  disputa  le  prix  à  celle  de 
Graun.  Kirnberger  en  a  inséré  nn  clireur  dans 
son  art  de  la  composition  pure  (  Kunst  des  rei- 
nen  Satzes).  Ce  morceau  est  écrit  d'un  style 
mâle  et  nerveux  ,  et  l'on  y  trouve  plus  de  con- 
naissance des  divers  artifices  du  contrepoint 
qu'il  n'est  donné  ordinairement  à  une  femme 
d'en  posséder.  Un  trio  pour  le  violon  ,  placé  dans 
le  même  ouvrage ,  prouve  son  talent  dans  la  com- 
position instrumentale.  A  ces  connaisssances 
elle  joignait,  surtout  dans  sa  jeunesse,  une  ha- 
bileté rare  sur  le  clavecin.  Cette  princesse  est 
morte  à  Berlin  ,  le  30  mars  1787.  Elle  avait  ras- 
semblé une  bibliothèque  de  musique  qui  conte- 
nait les  ouvrages  manuscrits  et  imprimés  les  plus 
rares ,  tant  dans  la  théorie  et  l'histoire  que  dans 
la  pratique.  On  y  remarque  surtout  la  collection 
complète  des  œuvres  de  /.  S.  Bach ,  de  Hxn- 
del,  des  anciens  maîtres  de  l'école  allemande, 
tels  que  L.  Hasler  J.  Kuhnau,  D.  Vetler, 
Homilius,  Agricola,  etc.,  et  les  ouvrages  des 
grands  organistes  D.  Buxtelmde,  N.  Bruns  et 
/.  C.  F.  Fischer. 

A]\I\E-AMALIE,  femme  du  duc  Charles 
de  Saxe-Weimar,  fille  du  duc  Charles  de  Bruns- 
wick, naquit  à  Brunswick  le  24  octobre  1739. 
Douée  des  plus  heureuses  dispositions  pour  la 
musique ,  elle  se  livra  avec  ardeur  à  l'étude  de 
cet  art,  d'abord  sous  la  direction  de  Fleisclier, 
et  ensuite  sous  celle  dcWolff,  maître  de  cha- 
pelle à  Weimar,  qui  lui  enseigna  la  composition. 
Son  travail  assidu  la  mit  bientôt  en  état  d'écrire 
nn  oratorio  qui  fut  exécuté  par  la  chapelle  du 
duc  de  Weimar,  en  1758,  et  d'un  petit  opéra 
intitulé  :  Erwinund  Elmire,  représenté  en  1776, 
et  dont  Lenz  a  fait  l'éloge  dans  le  Mercure  alle- 
mand (mai  1776,  p.  197).  C'est  au  goût  éclairé. 
de  celte  princesse  que  le  théâtre  de  Weimar  est 
redevable  de  la  splendeur  où  il  parvint  vers 
1770  ,  et  de  l'exécution  parfaite  qu'on  y  remar- 
quait. Elle  est  morte  à  Weimar  le  12  avril  1807. 

ANI\E-DE1\-TEX  (Corneille).  Voyez 
Tex. 

AIV^IBALE,  surnommé  Patavinus  ou 
Padovano,  parce  qu'il  était  né  à  Padoue  ,  fut 
un  des  plus  grands  organistes  du  seizième  siècle, 
et  en  même  temps  le  plus  habile  joueur  de  luth 
et  de  clavecin  de  son  époque.  Vincent  Galilée  en 
fait  un  pompeux  éloge  dans  son  dialogue  sur  la 


musique  et  dans  son  Frotiimo.  Il  n'était  âgé 
que  de  vingt-cinq  ans  lorsqu'on  lui  accorda  la 
place  d'organiste  du  second  orgue  de  l'église. 
Saint-Marc  de  Venise,  le  29  novembre  1552.  11 
mourut  vraisemblablement  dans  l'année  1550; 
car  il  eut  pour  successeur  André  Gabrieli ,  le 
30  septembre  de  cette  année.  Il  résulte  du  rap- 
prochement de  ces  dates  qu'Annibal  n'était 
âgé  que  d'environ  trente  ans  lorsqu'il  cessa 
de  vivre  :  circonstance  qui  donne  l'explication 
du  petit  nombre  d'ouvrages  qu'il  a  jiroduits.  On 
a  de  lui  :  lo  Liber  prinms  motetlorum  quinque 
etsex  vocum;  Venise  1576  :  d'autres  éditions  de 
cet  œuvre  ont  été  [jubliées  antérieurement  à  Ve- 
nise, en  1567,  chez  Antoine  Gardano,  in-4°. — 
2°  Cantioncs  quatuor  vocum;  Venise,  1592. — 
Zo  Madricjali  a  cinque  voci ,  ibid,  1583.  Il  est 
vraisemblable  que  ce  sont  des  réimpressions  d'é- 
ditions plus  anciennes.  On  connaît  aussi  quel- 
ques madrigaux  d'Annibal  de  Padoue,  avec 
d'autres  de  Cyprien  Rore  et  de  quelques  autres 
auteurs,  dans  un  recueil  intitulé  :  Di  Annibale 
Padovano,  et  di  Rore  Cipriano,  Madrigali  a 
quattro  voci,  insieme  di  altri  eccellentï  au- 
ihori ,  nuovamente  con  nuova  gionta  ristam- 
pati.  Venezia,  appresso  li  figlnioli  d'Antonio 
Gardano,  1575,  in-4o.  Enfin  deux  messes  de 
la  composition  de  cet  artiste  se  trouvent  dans  un 
recueil  qui  a  pour  titre  :  Cipriani  de  Rore, 
Annibalis  Patavinict  Orlandi  liber  Missarum 
quatuor,  quinque,  et  sex  vocum  ;  Veneiiis, 
apud  Ant.  Gardanum  ,  ihQQ, ,  in-4o. 

Ai\i\UNCIACAM  (  Fkançois-Gabriel  d'  ), 
corde.ier  du  grand  couvent  de  Lisbonne,  né  en 
1G79,  a  publié  un  traité  de  plain-chant  sous  ce 
titre  :  Arte  de  Canto  chao,  resumida  para  o 
uzo  dos  religiosos  Franciscanos  observantes 
du  Santa  Provin'cia  de  Portugal;  Lisbonne, 
1735,  in-4°. 

AÎ^ORA  (Joseph  ),  de  Venise,  a  composé  la 
musique  d'un  opéra  intitulé  Bon  Saverio,  qui 
lut  représenté  dans  sa  patrie,  en  1744.  Les  par- 
ticularités de  la  vie  de  ce  musicien  sont  incon- 
nues. 

AKSALDl  (Casto-Innocente),  dominicain, 
né  à  Plaisance  le  7  mai  1710,  lit  ses  études 
chez  les  jésuites,  et  devint  un  lielléniste  habile. 
En  1750,  il  fut  nommé  professeur  à  l'iinivcrsitc 
de  Ferrare.  Dans  son  enfance,  il  courut  un  très- 
grand  danger  :  sa  mère  étant  allée  avec  lui  en  pè- 
lerinage à  Lodignano,  on  venait  de  mettre  les  che- 
vaux à  la  voiture  pour  retourner  à  Plaisance  ;  mais 
les  rênes  n'étaient  point  encore  attachées.  Ansaldi 
saisit  le  moment  où  sa  mère  et  le  cocher  étaient 
!  éloignés  pour  monter  sur  le  siège  et  chasser  les 
'  chevaux,  qui  s'enfuirent  à  travers  les  champs  et 


ANSALDI  —  ANSCHUTZ 


113 


Jetèrent  l'enfant  Jans  une  prairie,  où  heureiise- 
mcnt  il  ne  se  (il  aucun  mal.  An  nombre  de  ses 
ouvrages  se  trouve  le  suivant  :  De  forensi 
Judxorum  Buccina  Commentarius ;  IJrixifp, 
1745,  in-4°.  C'est  im  fort  bon  livre,  où  la  ma- 
tière est  traitée  à  fond.  Lenglet  Dufresnoy,  (jui 
prétend  (  Méthode  pour  étudier  l'histoire , 
t.  X,  p.  251  )  qu'il  y  a  dans  cet  ouvrage  plui5 
d'érudition  qiie  de  justesse  et  de  raisonnement, 
ne  l'avait  pas  lu. 

AiVSALDI  (FnANÇois),  né  à  Vereeil,  en 
1785,  est  élève  de  Pietro  Sassi,  son  oncle,  qui 
en  a  (ait  u»  habile  violoniste.  Ayant  été  nommé 
directeur  de  la  chapelle  du  roi  de  Portugal,  ii 
est  passé  avec  la  cour  à  Rio-Janeiro ,  où  il  ré- 
side maintenant.  Il  a  composé  plusieurs  concertos 
de  violon,  qui  sont  restés  en  manuscrit. 

AIMSALONE  (Jacinthe  ),  compositeur  na- 
politain, maître  de  chapelle  de  l'église  royale  de 
Monte-Oliveto ,  et  professeur  du  conservatoire  de 
La  Pietà  de'  Turchini,  à  Naples,  vécut  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  con- 
naît de  sa  composition  :S«Z?ttirfe'  Vesperiaquat- 
troioci,  con  un  Laudate  pueri  alla  veneziana, 
op.  3;  Naples,  Ottavio  Beltramo,  1C35,  in-4''. 

AWSANI  00  AI\ZA1\I  (Giovanni),  né  à 
Rome  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  fut 
un  des  meilleurs  ténors  de  l'Italie,  et  non  un 
sopraniste,  comme  on  leilitdans  le  Dictionnaire 
des  Musiciens  de  1810.  En  1770,  il  passa  en  Da- 
nemark, où  il  se  (it  enten^lre  avec  succès.  En 
1782  il  chanta  à  Londres,  et  en  1784  à  Florence. 
Après  avoir  paru  sur  les  théâtres  principaux  de 
l'Italie,  il  se  retira  à  Naples  à  l'âge  de  près  de 
cinquante  ans,  et  s'y  livra  à  l'enseignement  du 
chant.  Il  vivait  encore  en  1815.  Les  qualités  par 
lesquelles  ce  chanteur  se  distinguait ,  dit  Gerva- 
soni  (JSuova  Teoria  di  musicu,  p.  84  ),  qui  l'a- 
vait entendu  plusieurs  (bis,  étaient  une  sûreté 
d'intonation  fort  rare,  une  grande  puissance 
d'expression ,  et  la  plus  belle  méthode  de  chant, 
.soit  sous  le  rapport  de  la  mise  de  voix,  soit  sous 
celui  de  la  vocalisation.  Ansani  s'est  aussi  dis- 
tingué coimne  compositeur  de  musique  de 
chambre,  et  l'on  a  de  lui  plusieurs  morceaux 
de  très-bon  style,  entre  autres  des  duos  et  des 
trios  pour  soprano  et  ténor  avec  basse  continue. 
Gerber  dit  {Aeues  Lex.)  qu'on  a  représenté  à 
Florence,  en  1791,  un  opéra  de  sa  composition 
intitulé  ;  La  Vengeance  de  Minos. 

ANSCHiJTZ  (Sal.-Jean-Georges),  pas- 
teur à  Péterwitz,  près  de  Schweidnitz,  dans  la 
Silésie,  naquit  le  28  février  1743,  fut  nommé 
pasteur  en  1773,  et  mourut  le  28  février  1807. 
Il  a  inséré  quelques  articles  sur  la  musique  dans 
les  journaux  de  la  Silésie ,  particulièrement  des 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.  —   T.    I. 


réflexions    sur  le  clavecin  (Etwas    ûbcr  dns 
Klavier  und  Piano-forte  ). 

ANSCiliJTZ  (Erisest-Geeiurdt-Salomon  ), 
docteur  en  philosophie,  professeur  de  l'école 
bourgeoise  et  organiste  à  la  nouvelle  église  de 
Leipsick,  est  né  en  1800  à  Lauter,  près  de  Suhl. 
Il  est  auteur  d'un  traité  de  musique  vocale 
(  Schulgesanrjbuch  )  qui  a  été  publié  à  Leipsick, 
en  trois  parties  in-S".  On  a  aussi  d'Ernest  Ans- 
chûtz  un  recueil  de  chansons  allemandes, 
œuvre  r%  qui  a  paru  à  Leipsick  en  1825.  Deux 
autres  suites  de  ces  chansons  ont  paru  quelques 
années  plus  tard. 

ANSCHÙTZ  (Joseph-André),  procureur 
général  à  Coblence,  est  né  dans  cette  ville  le 
19  mars  1772.  Son  père  était  administrateur  des 
archives  sous  le  gouvernement  électoral  de 
Trêves ,  et  son  aïeul  avait  été  organiste  et  di- 
recteur de  la  chapelle  du  prince  électeur.  Doué 
d'une  heureuse  organisation  pour  la  musique, 
Anschùtz  fit  de  rapides  progrès  dans  l'étude  de 
cet  art,  sous  la  direction  de  son  grand-père.  A 
l'âge  de  dix  ans,  il  fit  avec  son  père  un  Toyage  à 
Mayence,  et  eut  l'honneur  déjouer  du  piano  de- 
vant l'électeur,  qu'il  étonna  par  son  habiletéelpar 
son  aplomb  dans  la  lecture  de  la  musique  à  pre- 
mière vue.  En  1788  son  père  l'envoya  à  Mayence 
pour  y  suivre  les  cours  de  droit  il  l'université.  11  y 
resta  jusqu'à  la  lin'de  1790  ;  mais  à  cette  époque, 
le  pays  ayant  été  envahi  par  les  armées  fran- 
çaises, Anschùtz  et  son  père  suivirent  le  prince 
électeur  à  Augsbouig.  Ils  y  restèrent  jusqu'en 
1797,  et  pendant  cet  exil  Joseph-Andréacheva  de 
développer  ses  facultés  musicales.  Ses  premiers 
ouvrages  furent  publiés  à  Augsbourg,  chez  Gom- 
bart.  De  retour  à  Coblence ,  il  y  fut  employé 
dans  la  magistrature;  mais  en  même  temps  il 
lit  de  grands  efforts  pour  relever  dans  celle 
ville  la  situation  de  la  musique,  que  les  maux 
de  la  guerre  avaient  fait  négliger.  Il  réunit  ce 
qui  restait  des  anciens  membres  de  la  chapelle, 
et  en  forma  un  institut  dans  lequel  les  jeunes 
gens  des  deux  sexes  reçurent  une  éducation 
musicale.  Par  ses  sollicitations ,  Anschùtz  ob- 
tint que  le  gouvernement  prît  cette  institution 
sous  sa  protection,  et  lui  accordât  des  subsides. 
Un  chœurnombreux  et  un  orchestre  furent  formés  ; 
et  chaque  année  les  progrès  devinrent  plus  sen- 
sibles dans  l'exécution  des  œuvres  instrumen- 
tales et  vocales.  Anschùtz  a  continué  pendant 
longtemps  d'être  l'âme  active  de  ses  progrès. 
Les  compositions  publiées  de  cet  amateur  zélé 
sont  celles-ci  :  1°  Six  chansons  allemandes 
(  Sechs  deutshe  Lieder  )  ;  Bonn  ,  Simrock.  — 
2"  Trois  chansons  allemandes  et  une  française  ; 
ibid.  —  2"  Deux   airs  italiens  et  allemands  pour 

8 


ii4 


ANSCHUTZ  —  ANSELME  DE  PARINIE 


la  voix  d'alto;  ihid.  —  4°  Dus  Blûmlein  Wun- 
derschoen  (La  jolie  petite  Fleur);  ibid.  —  5"  Qua- 
tre chansons  allemandes  ;  ibid.  —  6°  Jikapsodi- 
sche  Gesœnge,  Versuch  einer  musikalischen 

Déclamation,  op  >  8  ;  Augsbourg,  Gombart 

7°  Trois  chants ,  paroles  de  Gœthe  ;  Leipsick , 
Breitkopf  et  Haertel.  —  S"  Werkauft  Llcbesgol- 
ter,  de  Gœthe,  Bonn  ;  Simrock.  —  9"  Valses  à  neuf 
parties  pour  l'orcliestre ,  livres  l^"",  V  et  3®; 
Bonn,  Simrock iO°  Idem,  à  dix  parties,  li- 
vre 4*;  ibid. —  11°  Marche  des  francs-maçons  en 
harmonie,  à  treize  parties,  en  partition;  ibid.  — 
12"  La  Musette  de  Nina  variée  pour  le  piano; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel.  — 13°  Huit  alleman- 
des pour  le  piano,  livre  1";  Augsbourg,  Gom- 
bart. —  14°  Valses  pour  le  piano,  livres  2"  et  3*, 
Bonn,  Simrock —  15°  Idem.,  livre  4%  ibid.  — 
16"  Hymne  maçonnique  pour  trois  voix  et  chœur, 
avec  deux  violons,  alto  et  violoncelle,  en  fran- 
çais et  en  allemand  ;  ibid.  —  On  connaît  aussi 
de  lui  deux  Tantum  ergo,  un  Ecce  panis,  et  des 
messes  avec  orchestre. 

ANSCHUTZ  (Charles),  fils  du  précédent , 
est  directeur  de  musique  à  Coblence,  et  continue 
ce  qu'a  fait  son  père  pour  la  prospérité  de  l'art 
dans  cette  ville.  Frédéric  Schneider  a  dirigé  ses 
études  musicales  dans  les  années  1837  et  sui- 
vantes, à  Dessau.  11  a  publié  de  sa  composition  : 
1° Chants  pourquatre  voix  d'hommes,  op.3et10; 
Coblence,  Goswein.  —  2°  Chanls  populaires  à  voix 
seule  avec  piano,  1"  recueil  ;Neuwied,  Stciner. 
—  3°  Chants  de  soldat  avec  piano,  op.  6;  Co- 
blence ,. Goswein.  —  4°  3  Chants  de  Uhland ,  Ei- 
chendorff  et  Fischer,  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  4;  ibid.  —  5»  Quelques  petites  pièces  pour  le 
piano,  intitulées  Les  Mélancolies,  op.  ii,  ibid. 

ANSELME  DE  PARME  (Georges), 
écrivain  sur  la  musique ,  ne  fut  connu  d'a- 
bord que  par  ce  que  Gafori  en  a  dit  en  plu- 
sieurs endroits  de  ses  ouvrages.  Forkel  parle 
d'AnseImedansRa/-i<^dra<«reniMSîcaZf;(p.487), 
mais  d'une  manière  vague,  et  seulement  d'après 
les  indications  de  Gafori.  Le  P.  Affo,  biblio- 
thécaire de  Parme ,  fait  l'éloge  d'Anselme  dans 
ses  Memorie  degli  scrittori  e  letterati  par- 
miggiani,  et  déplore  amèrement  la  perle  d'un 
Dialogue  sur  la  musique  qu'il  avait  écrit.  E.  Ger- 
Her  (  Neues  Lexik.  der  Tonk.  )  croit  que  cet 
Anselme  est  le  même  qu'Anselme  Flamand , 
musicien  du  duc  de  Bavière,  que  Zacconi  (  Prat- 
tica  di  Musica,  part.  ii,cli.  10)  considère 
comme  le  premier  auteur  de  l'addition  de  la  sep- 
tième syllabe  de  solmisntion  aux  six  premières 
de  l'hexacorde  de  Gui  d'Arezzo.  Gerber  ne  s'é- 
tait point  souvenu  qu'Anselme  de  Parme,  ayant 
vécu    antérieurement    à    Gafori ,    c'est-à-dire 


vers  le  milieu  du  quinzième  siècle,  n'a  pu  être 
l'Anselme  dont  parle  Zacconi ,  puisque  celui-ci 
vécut  dans  le  même  temps  qu'Hubert  Waelrant, 
c'est-à-dire  vers  le  miheu  du  seizième  siècle. 
Tous  les  doutes  qui  s'élevaient  sur  cet  écrivain 
sont  maintenant  dissipés  par  la  découverte  que 
l'abbé  Pierre  Mazziichelli ,  bibliothécaire  de  la 
bibliothèque  Amhroisienne,  a  faite,  en  1824,  du 
manuscrit  de  son  ouvrage  Dé  Harmonia  Dia- 
logi.  Les  circonstances  qui  donnèrent  lieu  à 
cette  découverte  sont  assez  curieuses.  Un  des 
amis  du  savant  bibliothécaire,  étant  entré  dans 
la  boutique  d'un  épicier,  remarqua  que  le  mar- 
chand, pour  envelopper  ce  qu'il  venait  d'acheter, 
déchirait  une  page  d'un  livre  in-folio  dont  la 
couverture  était  déjà  arrachée  :  imaginant  que 
ce  volume  pouvait  mériter  un  meilleur  sort ,  il 
en  lit  l'acquisition  et  le  montra  à  l'abbé  Mazzu- 
chelli,  qui  en  reconnut  aussitôt  la  valeur,  et  qui 
le  déposa  à  la  bibliothèque  Ambrosienne,  où  il 
existe  actuellement.  Cette  copie  des  dialogues 
d'Anselme  paraît  avoir  appartenu  à  Gafori  ;  car 
on  trouve  à  la  fin  ces  mots,  d'un  autre  main 
que  le  reste  du  manuscrit  :  Liber  Franchini 
Gafori  luudensis  musicse  professoris,  medio- 
lani  pJionasci.  Le  P.  Affo  {Memorie  degli 
scrittori  e  letterati  parmiggiani,  t.  H, 
n"  Lxxvii,  p.  155  et  suivantes  )  appelle  Anselme 
Giorgio  Anselmi  Seniore,  en  fait  un  professeur 
de  mathématiques,  né  à  Parme  ,  et  assure  qu'il 
était  mort  avant  1443.  Tout  cela  est  conforme 
au  titre  de  l'ouvrage  dont  il  vient  d'être  parlé, 
car  il  commence  ainsi  :  Prxstantissimi  ac 
clarissimi  musici,  artiiim  medicinccque  ac 
astrologix  consummatissimi  Anselmi  Georgii 
Parmensis,  De  imisica  dicta  prima  balnea- 
rum.  Comme  on  le  voit  par  ce  titre,  Anselme 
était  à  la  fois  musicien  habile,  médecin  et  as- 
tronome, ou,  comme  on  disait  &\or»,  astrologue. 
Dans  le  catalogue  des  œuvres  de  ce  savant  qui 
se  sont  perdues,  le  P.  Affo  cite  de  Harmonia 
Dialogi.  Ces  Dialogues,  dit-il,  se  font  entre 
l'auteur  et  une  personne  illustre  de  la  maison  de 
Rossi.  Dans  le  fait,  on  voit  dans  le  manuscrit 
dont  il  est  ici  question  que  celte  personne 
porte  le  nom  de  l'ietro  de  Rubeis ,  qui  est  la 
traduction  latine  de  Rossi.  Une  courte  dédicace 
qui  suit  le  litre  de  l'ouvrage  démontre  que  ce 
Pierre  de  Rossi  avait  été  le  Mécène  et  le  protec- 
teur d'Anselme;  la  voici  :  Magnifico  militi  do- 
mino et  benefactori  meo  optimo  domino 
Petro  Rubeo ,  Georgius  Anselmus  salutem  et 
recommendationem.  Disputationem  nostram 
de  harmonica  celesti  quam  Corsensc  scptem- 
bri  proximo  in  balneis  habuimus,  redactatn 
tuojvssu  Jtis  in  scriptis  ad  te  mitto.  Quantum 


ANSELME  DI-:  PARME  -  A^SELYNK 


llf. 


tamen  recolere  valui  :  quatenus  quod  erra- 
tum aut  negleclum  fuerit  pro  arbitrio  emen- 
des.  Vale,  integcrrime  héros.  Ex  Parma,  idus 
aprilis,  1434.  Ainsi  ce  fut  dans  les  premiers 
mois  de  l'année  1484  que  cet  ouvrage  fut  1er- 
mim'.  C'est  une  des  époques  les  plus  intéres- 
santes de  l'histoire  de  la  musique.  L'abbé  Maz- 
zuchelli  croit  que  les  bains  de  Corsena,  dont  il 
est  parlé  dans  cette  dédicace,  ne  sont  autres  que 
ceux  de  Lucques.  Le  manuscrit  d'Anselme  est 
composé  de  87  feuillets  iu-fol.  Il  est  divisé  en 
(rois  dissertations  ou  dialogues  dont  voici  les 
titres  :  V°  De  Harmonia  celesti;  1°  De  Ifar- 
vionia  instriimentaU  ;  3°  De  Harmonia  can- 
tabili.  Nul  doute  que  les  deux  derniers  dialogues 
n'offrent  beaucoup  d'intérêt,  à  cause  de  l'époque 
où  ils  ont  été  écrits;  malheureusement,  presque 
tous  les  exemples  de  musique  manquent,  et  les 
portées  qui  avaient  été  préparées  sont  vides. 

ANSELME  DE  FLANDRE  ou  FLA- 
MAND, qu'on  a  mal  à  propos  confondu  avec  le 
précédent,  fut  attaché  comme  musicien  au  service 
«lu  duc  de  Bavière,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Zacconi ,  dans  sa  Pratica  di  Miisica 
(pa^t.  II,  lib.  1,  c.  10),  dont  la  seconde  partie  a 
été  imprimée  en  1622,  assure  que  ce  musicien 
entreprit  de  compléter  la  gamme  en  nommant 
si  la  septième  note  bécarre,  et  bo  la  môme  note 
affectée  d'un  bémol.  D'un  autre  côté,  Mersenne 
(Qiiest.in  Gènes.,  p.  1623)  cite  Pierre  Maillart, 
lequel  affirme  qu'un  Flamand  anonyme  avait 
proposé  l'addition  de  pareilles  syllabes,  vers 
1547.  Il  est  impossible  de  décider  mainlenant 
s'il  s'agit  d'Anselme  ou  d'Hubert  Waeirant,  au- 
quel on  attribue  aussi  cette  invention.  Au  reste, 
il  est  bon  de  remarquer  que  plusieurs  auteurs 
ont  proposé  de  semblables  additions  sous  d'au- 
tres noms  (  votf.  "Waeirant  (Hubert),  De  Putte 
(Henri),  Calwitz,  Uréna  (Pierre  de)  Caramuel 
(leLobkowilz;  Hitzler  (Daniel)  et  Lemaire  (Jean), 
On  peut  aussi  voir  les  articles  Gibel  ou  Gibelins 
( Othon ) ,  et  Buttstedt  (Jean-Henri).  On  trouve 
un  paesage  relatif  à  Anselme  Flamand  dans  les 
Notices  sur  les  écrivains  de  Bologne ,  par  Fan- 
tuzzi,  t.  V,  p.  344,  n°  5.  11  s'agit  d'une  lettre 
qui  fut  écrite  en  1743  par  François  Provedi,  de 
Sienne,  à  un  maître  de  chapelle  de  Rome ,  son 
ami,  pour  avoir  son  avis  sur  le  meilleur  système 
de  solmisation,  savoir,  de  celui  de  Gui  d'Arezzo, 
ou  de  celui  d'Anselme  Flamand.  H  dit  (jue  le 
P.  Fausto  Fritelli,  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Sienne,  avait  introduit  ce  <lernier 
sysième  dans  son  école  publique  ,  mais  (|ue  tous 
les  professeurs  de  la  ville  le  blâmaient  et  reje- 
taient ce  système  de  solmisation.  Celle  ques- 
tion avait  soulevé  des  discussions  dans  tout  le 


pays  :  c'est  à  propos  de  ces  discussions,  où 
lui-même  était  intéressé  par  un  écrit  quil  avHit 
publié  sur  cette  matière,  que  Provedi  écrivit  sa 
lettre.  Il  s'était  prononcé  contre  la  notivclle  mé- 
thode de  solmisalion,  et,  tout  rempli  des  préjugés 
de  sa  nation ,  il  avait  conclu  eu  faveur  de  la  sol- 
misation ancienne,  condamnée  par  la  nature 
même  de  la  tonalité  moderne.  Voici  le  texte  du 
passage  dont  il  s'agit  :  Attesta  che  il  Rev.  SiÇ' 
D.  Fausto  Fritelli ,  novello  maestro  di  cap- 
pella di-questa  metropolitaua,  introdusse 
nella  sua  pubblica  scuola  f  nso  di  solfeggiare 
seconda  il  metodo  d'Anselmo;  un  cavalière 
d''alla  lignaggia,  che  ha  molta  interesse  in 
queslo  particalare,  seniendo  che  questa  in- 
novazione  veniva  rigettata  unanimamcnte  da 
tutti  gli  professori  diquesta  ciltà,  mi/cce  Vo- 
nore commendarmi  dimetteretn  caria  il  mio 
sentimento.  A  contempiazionepoi  de'carj  miei 
padroni  ed  amici,  la  pubblicai  colle  stanipe, 
et  dai  medesimi  ne  sono  state  mandate  délie 
copie  in  diverse  ciltà  per  sentire  le  opinioin  dei 
piùperitineli  arle.  Intanto che egltno  stanna 
attendcndo  lerispostc,  io  per mia  parte  ricarro 
alV  oracolo  dcl  P.  V.  M.  R.  per  snperequale 
debbe  cssere  il  mio  destina.  Per  tanta  mi  son 
preso  l'ardire  d'inviargliene  tina  copia,  in- 
siemecon  una  delmio  competitore,  accià  ella 
passa  can  lutta  suo  comodo  esaminarle  amen- 
duc,  assicurandola  che  delta  sua  graziosis- 
sima  risposta  dipenderà  se  davrb  continuare 
0  no  net  seriasa  impegno  ove  mi  trovo.  Per  cià 
prcgo  vivamente  la  P.  V.  volersi  compiacere 
dirmi  con  lutta ingemcità  il  sua  parère,  accià 
che  passa  dalle  virtuosissime  autorevoli  sue 
istruzioni  ricevere  quelli  avvertimenti  che  sli- 
merà  più  confacevoli  ai  mici  presenti  inte- 
ressi ,  lisolutissimo  di  pendere  dalle  niedesi- 
me,  etc.  Quoi  qu'il  en  soit  des  préjugés  que  ren- 
contrait encore  en  Italie  la  seule  solmisation 
que  le  bon  sens  puisse  adopter,  il  paraît,  par  ce 
qu'en  dit  Zacconi ,  que  le  système  d'Anselme 
avait  eu  quelque  succès  lorsqu'il  le  proposa. 

ANSELMI  (Secondini),  compositeur  italien 
du  dix-huitième  siècle,  né  à  Lodi,  en  Lombaniie, 
n'est  connu  que  par  un  opéra  intitulé  :  /  tre  Prc- 
tendenti,  qui  a  été  représenté  à  Lodi  en  1786. 

ANSELONI  (Les frères  François,  Tauquimo, 
Je\m  et  Bautholomé),  Napolitains,  ont  excellé 
sur  le  trombone,  la  cbaramelle  et  les  cornets, 
dans  les  dernières  années  du  seizième  siècle  et 
au  commencement  du  dix-septième.  Cerrelo 
leur  accorde  de  grands  éloges  {Delta  Pratica 
musicale,  p.  158). 

ANSELYNE  (Antoine),  musicien  français 
qui  vivait  vers  le  milieu  du  scizièuie  siècle,  était 

8. 


116 


ANSELYNE  —  ANTEGNATI 


employé  dans  la  cliapelle  des  enfants  de  France 
sous  le  règne  de  François  P',  en  1534,  suivant 
un  compte  de  la  maison  de  ces  princes,  de  1538 
(M.  11,  F.  540,suppl.delaBibl.imp  de  France). 

ANSIAUX  {Jean- Hubert- Joseph  et  non 
Henri),  naquit  à  Huy  (Belgique)  le  16  décembre 
1781;  son  père  était  notaire  et  bourgmestre  de 
Huy.  Heukart,  maître  de  chapelle  de  l'église 
Notre-Dame  de  cette  ville,  lui  enseigna  la  mti- 
fiique  et  l'harmonie;  Tingry  fut  son  maître  de 
-  piano.  Ea  1809  il  fit  exécuter  un  Te  Deum  à 
huit  voix  à  l'occasion  du  mariage  de  l'empereur 
Napoléon.  Au  nombre  des  ouvrages  d'Ansiaux, 
on  compte  neuf  messes  :  la  neuvième  fut  exécutée 
le  6  novembre  1825  dans  l'église  Saint-Jacques- 
sur-Caudenberg,  à  Bruxelles;  trois  Te  Deum  : 
le  troisième,  qui  était  inédit,  fut  exécuté  le  16 
décembre  1854,  à  l'église  Sainte- Gudule,  pour 
l'anniversaire  du  jour  de  naissance  du  roi  ;  plu- 
sieurs motets;  trois  ouvertures,  dont  une,  inti- 
tulée V Apothéose  de  Grétry,  fut  composée  pour 
l'ouverture  de  la  nouvelle  salle  de  spectacle  de 
Liège,  en  novembre  1820;  divers  autres  mor- 
ceaux de  musique  instrumentale.  Ansiaux  écri- 
vit aussi  un  opéra  intitulé  Les  Revenants,  qui  est 
resté  en  manuscrit  et  n'a  pas  été  représenté.  En 
1820,11  (it  exécuter  des  morceaux  de  son  ora- 
torio intitulé  Jephté,  dans  un  concert  de  la  So- 
ciété d'émulation  de  Liège,  dont  il  était  membre. 
Ansiaux  mourut  subitement,  assis  à  son  bureau, 
le  4  décembre  1826,  à  peine  âgé  de  45  ans.  De  ses 
deux  fils,  l'aîné,  Charles,  s'est  établi  à  Charle- 
ville,  comme  professeur  de  musique;  le  plus  jeune 
Théophile,  organiste  à  Andennes,  est  mort  à 
Serlles,  près  de  ce  lieu,  au  mois  de  juillet  1857. 

ANTAO  ou  ANTOINE  DE  SANTA- 
ÉLIAS)  carme  portugais,  naquit  à  Lisbonne 
vers  1690.  Il  passa  une  partie  de  sa  jeunesse 
dans  les  possessions  portugaises  en  Amérique. 
Après  son  retour  en  Europe,  il  entra  au  couvent 
de  son  ordre  à  Lisbonne,  où  son  habileté  dans  la 
composition  et  sur  la  harpe  le  fit  nommer  maî- 
tre de  chapelle.  Il  mourut  en  1748.  Ses  composi- 
tions, qui  consistenten  Te  Deum  à  quatre  chœurs, 
répons,  messes,  psaumes,  hymnes,  et  cantate 
pour  l'anniversaire  de  la  naissance  du  roi,  sont 
conservées  dans  la  bibliothèque  de  son  monastère. 

ANTEGNATI,  famille  de  facteurs  d'instru- 
ments établie  à  Brescia  dès  la  fin  du  quinzième 
!=i^ siècle,  a  produit,  depuis  le  commencement  du 
seizième  siècle,  quelques  artistes  qui  onleu  à  juste 
titre  une  grande  renommée.  Lanfranco  dit,  dans 
ses  Scintille  di  musica,  etc.  (Brescia,  1533,  p. 
143),  que  les  plus  habiles  luthiers  de  son  temps 
pour  la  facture  des  luths,  violons,  lyres,  etc., 
étaient  Jean- Jacques  dalla  Corna  et/ea»  Mon- 


tichiaro,  tous  deux  de  Brescia;  que  Jeun- 
François  Antegnati,  de  la  même  ville,  se  dis- 
tinguait dans  la  facture  des  monocordes,  harpi- 
cordes  et  clavecins  ;  et  que  Jean-Jacques,  son 
frère,  produisait  les  meilleures  orgues  et  les  mieux 
accordées  qui  eussent  élé  faites,  ainsi  qu'on  pou- 
vait le  voir  dans  l'orgue  nouvellement  fait  par 
lui  dans  l'église  Sainte-Marie  dalle  Gracie,  de 
sa  ville  natale  (1). 

On  ne  sait  sur  Jean-François  et  Jean-Jacques 
Antegnati  que  ce  qu'en  dit  Lanfranco. 

ANTEGIVATl  (Gratiadio),  célèbre  cons- 
tructeur d'orgues,  né  à  Brescia,  vivait  vers 
1580.  Il  a  construit  l'orgue  de  la  cathédrale  de 
sa  patrie,  et  fut  aidé  dans  cet  ouvrage  par  son 
fils,  qui  est  l'objet  de  l'article  suivant. 

ANTEGNATI  (Constant),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Brescia,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Il  fut  habile  constructeur  d'orgues,  et  cé- 
lèbre organiste  à  la  cathédrale  de  sa  patrie.  11 
occupa  cette  place  jusqu'en  1619,  où  une  apo- 
plexie dont  il  fut  frappé  le  rendit  impotent  jus- 
qu'à sa  morl,  qui  n'arriva  que  quelques  années 
après.  Les  habitants  de  Brescia,  pour  récom- 
penser ses  talents  et  la  pureté  de  ses  mœurs,  lui 
firent  luie  pension.  On  trouve  son  éloge  parmi 
les  Elogi  istorïci  d'Octave  Rossi,  p.  500.  Il 
a  publié  :  1°  Canzoni  a  quattro  voci,  uno,  due 
tre  e  quattro  libri  ;  Venezia,  per  Aless.  Vincenti. 
—  2°  Messe  e  motetli  a  due  e  tre  chori  ;  Venezia, 
presso  Bart.  Magni.  —  3°  Motetti  e  tétanie  a  tre 
Venezia,  Bart.  Magni.  —  4°  Messe  e  sinfonie  a 
Otto;  Venise,  Bart.  Magni.  —  5°  Messe  a  seie 
otto  voci,  lib.  1;  in  Venezia,  appresso  Angelo 
Gardano,  1578,  in-4°.  — 6"  Inni  d'intavolatura 
d^organo;  Venise. —  1"  Vantegnata,  intavola- 
tura  di  ricercate  ;  Venise,  Bartli.  Magni —  8° 
Salmi  Otto  voci;  Venezia,  Ang.  Gardano,  1592, 
in-4°.  —  9"  L'Arteorganica;  Brescia,  1608.  — 
10°  Motetti  a  tre  voci;  Venise.  —  \.\o. Motetti  e 
messe  adodici  in  tre  chori;  Venise,  Aless.  Vin- 
centi.—12"  CansoHJ  dasonare  aquatlroeotto 


(t)  Voici  le  texte  de  Lanfranco  :  Et  sla  ciascun  dili- 
gente nelle  sue  participationi  :  participando  qiuil  instnt- 
mento  si  voglia,  o  siano  da  corde  :  corne  sono  liuti,  vio- 
lini,  lyre,  et  simili  pulitamenti,  et  risonanti  fabricuti  da 
Il  due  Bresciani  Ciovan  Giacobo  dalla  Corna  et  Zanctte 
Montichiare,  opvr  questi  altri  :  cioc  monocordi.  arpi- 
cordi,  et  clavacimbali  dlligentissimamente  fatti  da  Cio- 
van t'rancesco  Antegnati  da  Brescia  -.  o  siano  da  vento , 
corne  sono  gli  organi,  i  quai  sono  cosi  ben  lavorati  da 
Giovan  Giacobo,  fratello  del  sopranonuUo  (sic)  Giovan 
Francesco,  chi  non  da  mono  dl  homo,  ma  da  natwa 
creati  puiono,  con  la  sua  accordatura  cosi/atta,  cbe  cia- 
cuna  circonferenza  délie  sue  canne  inttra,  rotonda,  et 
immaculala  resta;  et  cio  si  puo  vedere  nello  organo  no- 
vellamente/atto  di  sua  mano  nella  chiesa  di  Santa-Maria 
dalie  Gratte  di  guestà  città  di  Brescia. 


ATNTEGNATI  —  ANTIQUIS 


117 


voci;  VtMiise,  IGI9.  Ses  quatre  livres  de  chansons 
à  quatre  voix  furent  réimprimés  à  Venise  en  1621. 

AIXTENORI  (Onui'hre),  né  à  Padoue,  dans 
la  seconde  moitié  dii  quinzième  siècle,  estindiqué 
quelquefois  dans  les  anciens  recueils  sous  le  nom 
d'ffonophrhis  Patavinns.  On  connaît  de  lui 
quelques  chansons  italiennes  à  plusietirs  voix, 
dans  le  style  vénitien,  auxquelles  on  donnait  le 
nom  de  frottole,  et  qui  furent  en  usage  au  quin- 
zième siècle  et  au  commencement  du  seizième. 
Les  frottoles  d'Antenori  sont  insérées  dans  les 
3™",  6""',  7°'°  et  8™*  livres  de  ces  chansons  pu- 
bliées à  Venise,  par  Octave  Petracci,  depuis  ISOi 
jusqu'en  1508. 

ANTÈS  (Jean),  mécanicien  anglais,  vivait 
à  Londres  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  En 
1801,  il  construisitun  pupitre  mécanique  pour  un 
quatuor,  qui,  au  moyen  de  la  pression  d'une  pé- 
dale, tournait  les  pages  de  la  musique.  Des  in- 
ventions du  même  genre,  mais  différentes  par  le 
mécanisme,  ont  été  publiées  depuis  lors.  (  Voy. 
Paillet,  Puirocheet  Wagner). 

ANTHES  (J.-A.),  directeur  de  la  société  de 
chant  à  Eschbach,dansle  duché  deNassau,  appelée 
Taunus  Uederkranz;\ers  1840-1848,  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  de  mélodies  vocales 
par  les  ouvrages  suivants:  {"ùPeM^Lieder  faciles 
pour  voix  seuleavec  piano,  op.  3;  Mayence,  Schott. 

—  2"  6  Lieder  pour  deux  voix  de  soprano,  ou  deux 
voix  d'hommes,  avec  piano,  op.  4 ;i&.— 3°  6  Lieder 
avec  ace.  (acile,  op.  b;ibid.  — 4°  G  Lieder  faciles, 
op.  6  ibid. —  5°  Trois  duos  pour  voix  de  femmes 
ou  d'hommes  avec  piano,  op.  7;  ibid.  J'ignore  si 
c'est  à  ce  même  M.  Anthes  ou  à  quelque  autre 
membre  de  sa  famille  qu'on  est  redevable  de  deux 
bons  ouvrages  publiés  sous  ces  titres  :  1°  Die 
Tonkunst  im  evangel.  CuUus ,  viit  einer  Ge- 
schiclite  der  kirchl,  Muslk  (La  Musique  dans  le 
culte  évangélique,  avec  une  histoirede  la  musique 
d'église),  par  J.-C.  Anthes  ;  Wiesbaden,  Friedrich, 
1846,in-4°. — 2°  Allgemeine/assUche  Bemerkun- 
genzur  Verbesseruny  des  evangel.  Kirchenge- 
sanges  (Remarques  générales  et  faciles  à  com- 
prendre sur  l'amélioration  du  chant  des  églises 
évangéliques),  par   le  même;J6HZ.  1847,  in-S". 

—  3°  Anleitung  zum  Gesang  (Introduction  au 
chant,  suivie  de  21  chorals  et  de  57  mélodies  à 
plusieurs  voix);  Wiesbaden,  Ritter. 

ANTIIIPPE,  musicien  grec,  à  qui  Pindare 
(in  Plut,  de  Musica)  et  PoUux  (lib.  IV,  c.  10, 
sect.  78)  ont  attribué  l'invention  du  mode  lydien, 
que  d'autres  ont  donné  à  Mélanippide  (Voy.  ce 
nom),  et  quelques-uns  à  Torrèbe. 

AKTIER  (Marie),  née  à  Lyon,  en  1687, 
vint  à  Paris  en  1711 ,  et  débuta  presque  aussitôt 
à  l'Opéra,  où  elle  joua  pendant  vingt  neuf  ans. 


C'était,  dit-on,  une  actrice  excellente,  et  l'on 
vanle  la  manière  dont  elle  jouait  les  rôles  de 
magicienne  dans  les  opéras  de  LuUi.  Elle  mourut 
à  Paris  le  3  décembre  1747.  Ce  fut  elle  qui  cou- 
ronna le  maréchal  de  Villars,  la  première  fois 
qu'il  alla  h  l'Opéra  après  la  bataille  de  Denain. 

ANTIGÉIVIDE,  joueur  de  flûte,  naquit  à 
Thèbes,  en  Béolie.  Il  apprit  la  musique  sous  la 
direction  de  Ptiiloxène,  poête-musicien,  dont  il 
devint  le  joueur  de  flûte  ordinaire.  Périclès  le 
chargea  d'enseigner  cet  instrument  à  Alcibiade. 
Il  était  enthousiaste  de  son  art,  moins  pour  les 
applaudissements  qu'il  recueillait,  que  pour 
l'art  lui-même  ;  car  il  avait  pour  le  goût  de  la 
multitude  un  mépris  qu'il  tâchait  d'inspirer  h  ses 
élèves.  Il  dit  un  jour  à  l'un  d'eux  qui,  bien  que 
fort  habile,  était  peu  applaudi  de  l'auditoire  : 
Jouez  pour  les  Muses  et  pour  moi.  On  rap- 
porte à  ce  sujet  l'anecdote  suivante  :  Un  joueur 
de  flûte  ayant  été  fort  applaudi  par  le  peuple, 
Antigénide,  qui  n'était  pas  encore  sorti  de  l'hy- 
poscène,  dit  aussitôt  :  «  Pourquoi  donc  tout  ce 
«  bruit  ?  Certes  il  faut  qu'il  y  ait  ici  quelque 
n  chose  de  bien  mauvais  dans  ce  qu'on  a  entendu  ; 
«  s'il  en  était  autrement,  cet  homme  n'aurait  pas 
«  mérité  tant  d'applaudissements.  »  Il  est  bon 
de  remarquer  qu'Athénée  attribue  ce  propos  à 
Asopodore  de  Phliase  (Deipnosoph.,  lib.  XIV). 
Antigénide  fit  à  la  flûte  des  changements  utiles, 
en  perfectionna  la  structure,  et  augmenta  le  ' 
nombre  des  trous.  Apulée  (in  Florid.,  sect.  4), 
prétend  qu'il  fut  le  premier  qui  trouva  le  moyen 
de  jouer  sur  la  même  flûte  dans  les  cinq  modes 
éolien,  ionien,  lydien,  phrygien  et  dorien.  La  su- 
périorité de  son  talent  était  bien  reconnue,  si  l'on 
en  juge  par  ce  mot  d'Épaminondas,  qu'on  vou- 
lait effrayer  en  lui  annonçant  que  les  Athéniens 
envoyaient  contre  lui  des  troupes  équipées  d'ar- 
mes de  nouvelle  invention  :  Antigénide,  dit-il, 
s'a/flige-t-il  lorsqu'il  voit  des  flûtes  nouvelles 
entre  les  mains  de  Tellis? 

ANTINORI  (Louis),  né  à  Bologne  vers  1697, 
fut  l'un  des  plus  habiles  chanteurs  du  commen- 
cement du  dix-huitième  siècle.  II  possédait  une 
voix  de  ténor  pure,  pénétrante,  et  joignait  à  cet 
avantage  une  méthode  excellente.  11  fut  engagé 
pour  le  théâtre  de  Londres  dirigé  par  Hasndel,  et 
y  débuta  avec  succès  en  1726. 

AIXTIQUIS  (  Jean  d'),  maître  de  chapelle  à 
l'église  de  Saint-Nicolas,  à  Bari,  dans  le  royaume 
de  Naples,  florissait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  1»  Villanelle  alla 
Napoletana,  a  tre  voci  di  diversi  musici  di 
Bari,  raccolte  da  Jo.de  Anliquis,con  alcune 
délie  sue;  Venise,  1574,  in-8"  obi.  Les  auteurs 
dont  on  trouve  des  pièces  dans  ce  recueil  sont 


us 


AINTIQUIS  —  ANTOLINI 


.Ican-François  Cnpuano,  Cardiiccio,  Alex.  Ef- 
(rnu,  Miitio  Effrem,  Fanello,  Felis  (Stefnno), 
J,(iriil)aido  deMarini,  Colonardode  Monte,  Poiiip. 
Nenna,  Gola  de  Pizzolis  (de  Pouzzuole  ),  Vin- 
cenzo  Podio,  Recco,  Simon  de  Baldis  et  Gio. 
Fr.VioIanli.  —  2°  Madrigali  aquadro  voci,  con 
lin  dialogo  a  otto;  Venise,  1584,  in-4°.  —  3°  Il 
primo  libro  di  canzonctte  a  due  voci  da 
diversi  autori  di  Bari  ;  ibid.,  1584.  Ce  recueil 
est  intéressant ,  parce  qu'il  fait  connaître 
jiliisieurs  compositeurs  nés  à  Bari  ou  dans 
ses  environs;  en  voici  les  noms  :  Simon  de 
Balnis,  Etienne  Felis,  Mutïo  Effrem,  Fa- 
brice Facciola,  Jean  de  Mariai,  Jean  Fran- 
çois Gliro,  Jean-Baptiste  Pace,  Jean  Donat 
de  Lavopa,  Jean-Pierre  Gallo,  Mcolas-Marie 
Pizziolis,  Jean-François  Copuani,  Nicolas- 
Vincent  FanePli ,  Tarquino  Papa,  Victor  de 
Helia,  Jean-François  Palombo,  Jean  Jac- 
ques Cai'ducci,  Jean  Vincent  Gottiero,  Horace 
de  Martino,  Joseph  di  Cola,  Dominique 
dello  Mar.saro,  Janno  Donati,  Antoine  Zazza- 
rino,  Jean  François  Violanti  et  Pomponio 
ISenna. 

AIMTIQUIS  (André  dk),  compositeur  vé- 
nitien, né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  s'est  fait  connaître  pur  des  chansons  ita- 
liennes appelées  frottoles,  dont  quelques-unes 
oiit  été  insérées  dans  les  recueils  de  ces  cIkhiIs 
publiés  par  Octave  Petrucci ,  à  Venise,  depuis 
lb04  jusqu'en  1508.  Il  ne  serait  pas  impossible 
que  cet  artiste  fût  la  môme  personne  qu'André 
Antiquis  de  Montona,  qui  obtint  du  pape  un 
privilège  de  dix  ans  pour  établir  à  Rome  uue 
imprimerie  de  musique  à  l'imitation  de  celle 
qu'avait  fondée  Octave  Petrucci  de  Fossombrone, 
et  qui  publia  en  1516  un  volume  in-folio  de 
messes  de  Josquin ,  Hrumel  et  autres.  Montona 
est  un  bourgde  l'Illyrie,  aux  environs  de  Trieste, 
dont  les  communications  avec  Venise  sont  fié- 
(|uentes,  et  qui  était  d'ailleurs  alors  sous  la  do- 
un'nation  des  Vénitiens..  André  de  Antiquis  a  pu 
faire  son  éducation  musicale  parmi  les  artistes  de 
Venise,  adopter  le  genre  de  leur  musique,  et, 
léiiioia  de  l'activité  qu'avait  dès  ses  premières 
années  l'établissement  de  Petrucci,  il  a  pu  son- 
fier  à  faire  la  même  spéculation  dans  les  États 
romains,  où  le  privilège  de  Petrucci  était  sans 
force.  La  similitude  des  noniset  les  circonstances 
.•^oiit  de  telle  nature  que  l'identité  de  personne  n'a 
rien  <)ui  répugne. 

ANT01I\E  (  FEniviNAND  d' ) ,  capitaine  au 
service  de  l'électeur  de  Cologne,  vers  1770, 
fut  habile  violinistc  et  claveciniste.  Marpurg, 
Kirnbergor  et  Riepcl  furent  ses  maîtres  de  com- 
posiiion,  cl  son  goût  se  forma  dans  un   voyage 


qu'il  fit  en  Italie.  Depuis  1780  il  a  mis  en  mu- 
sique les  opéras  suivants  :  1»  Jl  mondo  alla  ro- 
wrsa.—  20  Das  tartariscfie  Gesetz  (La  Loi  des 
Tartarcs).  —  3"  Das  Mxdcfien  im  Eichthale  (La 
Fille  de  la  vallée  aux  chênes  ).  —  4"  Otto  der 
Schiitz  (Othon  l'Archer);  1792.—  ôo  Der  Fur  s  t 
und  sein  Volk  (le  Prince  et  son  peuple),  opé- 
rette.— 6°  Endegul,  ailes  tjut  (Bonne  fin,  tout 
est  bien),  opéra  en  deux  actes,  1794.  — 7°  Cliœurs 
de  la  tragédie  de  Lanassa.  11  a  fait  aussi  la 
musique  d'im  prologue  de  Cramer,  et  composé 
quelques  symphonies  et  des  quatuors  de  violon, 
dans  la  manière  de  Haydn. 

ANTOINE  (  Henri  ),  connu  sous  le  nom  de 
Crux,  naquit  à  Manheim  en  1768,  et  vint  à 
Munich  en  1778,  avec  sa  mère,  la  fameu^ie  ac- 
trice Franciska  Antoine,  née  Amberger.  Il  fut 
d'abord  destiné  au  théâtre,  et  reçut  des  leçons  de 
sa  mère.  Il  parut  souvent  sur  le  théâtre  de  la 
cour  dans  les  rôles  d'enfant.  Mais  bientôt  il  étudia 
la  musique,  et  reçut  des  leçons  de  P.  Winter, 
alors  musicien  delà  cour.  Sa  mère,  pour  achever 
son  éducation  musicale,  le  mit  pendant  deux 
ans  à  l'école  de  Léopold  Mozart,  h  Salzbourg. 
En  1786,  il  passa  au  service  de  l'électeur  de 
Trêves,  à  Coblence;  mais  il  quitta  cette  cour  pour 
voyager  en  France  et  en  Hollande.  Après  avoir 
été  quelque  temps  au  service  du  comte  de  Ben- 
theim  ,  à  Stoinfurt ,  il  y  épousa  la  cantatrice 
Joanna  Fontaine,  et  partit  avec  elle  po\ir  Mu- 
nich, en  1791  ;  il  y  fut  placé  comme  violiniste  à 
la  chapelle  électorale,  et  y  mourut  en  1809.  On 
connaît  de  lui  quelques  compositions  manus- 
crites pour  le  violon. 

ANTOINE  (  Ernest  ),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Manhein  en  1770.  H  apprit  le  hautbois 
du  musicien  de  la  cour  Ram.  En  1786,  il  passa 
au  service  du  prince  électoral  de  Trêves,  à  Co- 
blence, et  y  acquit  la  réputation  d'un  artiste 
habile.  Mais  les  troubles  de  la  guerre  et  le  chan- 
gement de  gouvernement  ayant  obligé  le  prince 
à  réformer  sa  musique,  Antoine  chercha  tm  autre 
moyen  d'existence;  et  fut  nommé  collecteur  de  la 
loterie  royale  à  Munich ,  où  il  se  trouvait  en 
1812. 

ANTOLIN!  (François),  littérateur  et  profes- 
seur de  musique  à  Milan,  né  à  Macerata  en  1771, 
mortàMilaUjVers  1845, aécrit  un  petitouvrage  utile 
aux  compositeurs,  sous  le  tilrede:La  retta  ma- 
niera di  scrivere per  il  clarinello  ed  altri  stro- 
menti  difiato,  con  soi  tavole  contenenli,  oltre 
varj  csempi  dimostrativi,  eziandio  le  duescate 
dcl  clarinello  più  chiare  e  complète  délie  com- 
mitni.  Opcra  utilissiina  prinoipalmcnte  ai 
composilori  di  viusica,  non  che  agli  esercenli 
in  essa  iraltati,  Miiano,  délia  tipograf.  di  Can- 


ANTOLINI  —  Ar^TONELLI 


119 


dido  Diiccinelli,  1813,  02  p.  in-8".  On  a  aussi 
d'Anlolini  un  opuscule  intitulé:  Osservazioni  su 
dueviolini  cspoti  nelle  sale deW  I.  R.  Palazzo 
di  Brera,  tino  de'  quati  di  forma  non  coin- 
muna.  Milano,  per  Luigi  di  Giacomo  Pirola, 
1832,  iu-S"  de  14  pages. 

ANTON  (  Conrad-Théophile  ),  né  à  Lauban, 
le  29  novembre  174C,  enseigna  d'abord  les 
sciences  morales  et  politiques  dans  l'université 
de  Wiltenberg,  et  devint  en  1780  professeur  de 
langues  orientales  dans  la  même  université.  11 
mourut  dans  cette  ville  le  4  juillet  1814,  ou, 
selon  l'Encyclopédie  de  Erscli  et  Gruber,  le  3 
du  même  mois.  Dans  sa  jeunesse  il  s'était  li- 
vré à  l'étude  de  la  musique,  et  le  goût  qu'il 
avait  conservé  pour  cet  art  lui  fit  diriger  ses 
travaux  sur  les  objets  qui  y  sont  relatifs ,  et 
particulièrement  sur  la  musique  des  Hébreux. 
On  a  de  lui  :  1°  Dissevtalio  de  métro  Hebrxo- 
rum  antiquo;'Lc\^s\ck,  1770,in-4°. —  20  Vin- 
diclx  disputationis  de  métro  Hebrœorum  an- 
tiquo,  a  dtibitationibus  virorum  doctorum  ; 
ibid.,  1771,  in-S". —  Z°  Pars  secunda;  ibid., 
1772,  in-8°.  —  4°  Versuch,  die  Mélodie  und 
Barmonieder  alten  hebraischenGesxjige und 
Tonstûckezu  entziffern  ,  ein  Beytrag  zur  Ges- 
chickte  der  hcbraischen  Musik,  nebst  einige 
Winken  fier  die  hebraischen  Grammatiker, 
Ausleger  titid  Kunstrichter  des  alten  Testa- 
ments (  la  Mélodie  et  l'Harmonie  des  anciens 
chants  hébraïques,  etc.,  essai  sur  l'iiisloiie  de 
la  musique  des  Hébreux,  etc.  ),  première  partie, 
dans  le  Répertoire  de  littérature  biblique  du 
professeur  Paulus,  t.  I,Jéna,  1790,in-4°,  p.  160- 
191;  deuxième  partie,  dans  le  même  ou- 
vrage, t.  Hl,  1791,  p.  1—81.  —  5"  Veber  das 
Mangelhafteder  Théorie  der  Musik  :  ein  kur- 
zer  Aufsatz  (Sur  l'imperfection  de  la  théorie  de 
la  musique) ,  dans  le  Journal  musical  de  Rei- 
cbardf,  p.  133.  —  6°  Veber  die  Musik  der  Sla- 
ven  (  sur  la  musique  des  Slaves  ),  dans  le  Ma- 
gasin musical  de  Cramer,  t.I,  p.  1034; — 7°  Sa- 
lomonis  Carmen  inelicum,  quod  Canticum 
Canticorum  dicitur,  ad  metrum  prlscum  et 
nwdos  musicos  revocare,recensere  et  notis 
criticis  aliisque  illustrare  incipit,  etc.  ;  Vite- 
bergœ,  1793 ,  in-8°  de  40  pages.  La  deuxième 
partie  de  cette  thèse,  avec  le  glossaire  des  mots 
hébreux  du  Cantique  des  cantiques,  a  paru  en- 
suite sous  ce  titre  :  Salomonis  Carmini  melico 
quod  Canticum  Canticorum  dicitxir  ad  me- 
trum priscum  et  modos  musicos  revocato, 
recensito,  in  vernaculam  translata  et  notis 
criticis  aliisque  illu-strato.  Glossarium  ad- 
dit,  etc.;  Vitebergx,  1709,  in-8°.  Les  deux 
parties  ont  été  ensuite  réunies  avec  un  nouveau 


frontispiccgravé,;'iLoipsick(Gœlhe),  1800, 108  pa- 
ges iû-8"'.  Anton  avait  exposé,  dans  les  disserta- 
tions insérées  au  Répertoire  de  Paulus,  ses  idées 
sur  une  sifinilication  harmonique  qu'il  attribuait 
aux  accents  de  la  poésie  hébraïque.  Ces  accents 
sont  une  véritable  notation  musicale;  et,  comuic 
l'a  très-bien  remarqué  l'auteur  du  Schilte  hag- 
ghiboritn  (  Voy.  ABRAH\M-BEN-DAvm-AKiE  ) , 
les  accents  ne  sont  pas  les  signes  d'un  son , 
comme  les  notes  de  la  musique  européenne  n>o- 
derne,  mais  des  signes  collectifs  de  plusieurs 
sons  ;  caractère  qui  est,  en  effet,  celui  des  notations 
orientales  ;  mais  dans  toutes  ces  notations,  ainsi 
que  dans  les  accents  hébraïques,  les  signes  indi- 
quent les  divers  mouvements  delà  voix,  en  passant 
d'un  son  à  un  autre.  Anton,  au  lieu  de  cettesncces- 
sion,  a  vu  dans  ces  signes  des  sons  simultanés,  et, 
leur  donnant  une  signification  purement  arbitraire, 
il  a  fait,  de  ce  qu'il  appelle  les  accents  prosaï- 
ques, des  signes  d'harmonie,  de  tierce,  et  de 
ceux  auxquels  il  donne  le  nom  d^accents  poé- 
tiques, des  signes  d'harmonie  complète  de  trois 
sons,  en  tierce  et  quinte.  En  sorte  que,  selon 
lui,  les  anciens  Hébreux  auraient  fait  usage  de 
celte  harmonie  dans  la  rubrique  du  temple  et 
ailleurs.  Son  petit  ouvrage  Salomonis  Carinen 
melicum ,  etc.,  publié  postérieurement  à  ce  tra- 
vail, a  pour  objet  de  faire  voir  l'application  de  son 
système  au  Cantique  des  Cantiques,  attribué  à 
Salomon.  Ce  système  ne  soutient  pas  un  sérieux 
examen.  Après  la  mort  d'Anton,  son  lils  a  mis 
en  ordre  et  publié  son  dernier  travail  sous  ce 
titre  :  Phœdri  Fabularum  ^sop.  Libri  V,  et 
Publii  Syri  aliorumque  veterum  Sententix,ex 
recensrone  Bcntlei  passim  codd.  Mss.  aucto- 
rilate,  nec  non  metri  et  rhythmi  musici  ope 
reficti;  prxmissa  est  dissertatio  rfiyf/uno 
musico  a  vet.  Romanis,  nominuiim  a  Phxdro 
et  auctoribus  Sententiarum  a  P.  Syro  col- 
lectarum  et  comparandis  versibus  observalo. 
Zittau,  1817,  in-8''. 

ANTONELLI  (Abbonbio)  ou  ANTl- 
NELLO,  né  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle,  fut  compositeur  et  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  épiscopale  de  Bénévent,  dans 
le  royaume  de  Naples.  11  a  publié  à  Rome  un 
livre  de  motets  à  quatre  voix,  en  1604.  En  1608, 
Antonelli  devint  maître  de  la  cliapelle  de  Saint- 
Jean  de  Latran.àRome;  mais  il  ne  conserva  cette 
place  qu'une  année ,  ce  qui  peut  porter  à  croire 
qu'il  mourut  au  commencement  de  1C09.  Il  eut 
pour  successeur  Jacques  Beniucasa.  L'abbé  Baini 
cite  de  ce  musicien  des  motets  à  quatre  chœurs, 
qu'il  considère  comme  des  compositions  remarqua- 
bles. On  a  aussi  de  ce  maître  :  lo  Missa  aquuttro 
voci e quattroMotelliadue,  c^n  organo,  Roma  ; 


120 


ANTCmFXLI 


AKTOKIUS 


lCii9,  in'4".  —  9."  Liber prhmis  diversariimmo- 
dulationumbinis,  tenus,  quatcrnis,  senis,  ac 
seplenisvocibus ;'R.omaî,  1015.-3°  Missabreve 
a  quattro,  Salmi  e  motetti  a  tre  e  quattro,  con 
basso  conlinuo,  Roma,  1628,  in-4°.  On  trouve 
«ians  la  bibliotlièque  musicale  de  l'abbé  Sanlini, 
à  Rome,  des  com[)ositions  manuscrites  de  deux 
autres  musiciens  nommés  Aiitonelli,  sur  lesquels 
on  n'a  aucun  renseignement.  Du  premier  (Fran- 
çois Antonelli)  estun  Ascendo  ad Patrem,  pour 
deux  sopranos  et  orgue;  un  Diligam  te,  pour  so- 
prano et  basse;  un  Fe^Jx /erwsa/e/n  à  trois,  et  un 
Otiuin  effusum  à  trois.  Le  second  (Angelo  Anto- 
nelli  )  est  auteur  du  motet  Princeps  gloriosis- 
sime  pour  deux  sopranos  et  basse.  D'après  les  for- 
mes et  les  caractères  de  ces  compositions ,  leurs 
auteurs  ont  dû  vivre  vers  la  (in  du  dix-septième 
siècle  ou  au  commencement  du  dix-huitième. 

ANTOINELLl-TORRÈS.  Voy.  TORRÈS 
(  Antonio  ). 

AKÏONI  (Giovanm-Battista  Degli),  orga- 
niste de  Saint-Jacques-Majeur  à  Bologne,  et 
académicien  philharmonique,  vers  1650,  a 
publié  :  Intavolatura  nuova  di  certi  ver- 
setti  per  tutti  H  tuoni  per  Vorgano.  Cet  ou- 
yrage  est  cité  par  Jean  Kriegcr,  dans  la  préface 
de  ses  Musikalische  Parthien  ;  mais  il  n'en  in- 
dique pas  la  date.  Antoni  a  écrit  pour  le  théâtre 
de  Bologne  Atide ,  qui  a  étc  représenté  en 
1679. 

AMTONII  (PiETRO  Decm),  né  à  Bologne 
vers  1630,  fut,  dans  sa  jeunesse,  un  excellent 
joueur  de  cornet,  instrument  qui  était  encore  en 
usage  à  celte  époque.  Plus  tard  il  fit  des  études 
sérieuses  de  contre-point,  et  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint-Jean  in 
Monte.  Dès  la  fondation  de  l'académie  des 
philharmoniques  de  Bologne,  en  1666,  Degli 
Antoni  fut  un  de  ses  membres  ;  il  en  fut  prince 
six  fois,  la  première  en  1676,  et  la  dernière  en 
1718.  Il  était  alors  fort  âgé  et  ne  survécut  que 
peu  de  temps  à  cette  date.  Ses  ouvrages  ont  été 
imprimés  à  Bologne.  Il  a  piiblié  huit  œuvres  de 
musique  pratique ,  parmi  lesquels  on  distingue 
l'œuvre  b™",  sous  ce  titre  :  Ricercate  a  violino 
solo  e  violone  o  contimio,  Bologne;  l'œuvre  7'"^, 
contenant  six  motets  à  voix  seule,  avec  violon 
ou  viole  et  violoncelle  obligés,  Bologne,  1696  ,  et 
l'œuvre  8"*°,  composé  de  trois  messes  pour  deirx 
fioprani  et  basse,  avec  accompagnenient  de  deux 
violons.  Au  litre ,  après  le  nom  de  l'auteur,  on 
lit  ces  mots  :  Mac^-o  di  cappella  di  S.  Giovanni 
in  Monte.  On  connaît  aussi  de  sa  composition  : 
Missa  e  salmi  a  tre  voci,  op.  2,  Bologne,  J. 
Monti ,  1070  ,  in-4'';  Concerli  da  Chicsa  a  due 
violini,  viola  e  continua  peror;/ano;elsonate, 


arie,  gighe  e  balletti  a  tre  stnimenti,  op.'4. 
AATOIMO   DEGLI    ORGANI.    Voijez 

SQUARCIALUI'I. 

ANTONIO  {***),  musicien  sicilien,  naquit 
à  Mazzara  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  11  paraît  qu'il  avait  cessé  de  vivre 
en  1680.  Mongitori  (in  Bibliioth.  Sicula,  t.  11, 
p.  69  )  dit  qu'Antonio  était  auteur  d'un  ouvrage 
intitulé  :  Cithara  septem  chordarum;  mais  il 
ignorait  si  c'était  un  livre  théorique  ou  une  œuvre 
pratique. 

ANTONIO  (***),  violiniste italien,  vivait  an 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  Premier  livre  de  So- 
nates pour  violon;  Amsterdam,  1726,  in-fol. 

ANTONIO  DA  CARPI ,  est  cité  par 
l'auteur  du  Dizionario  di  opère  anonime  e 
pseicdonime  di  scrittori  italiani  (t.  II, 
p.  86  )  comme  auteur  d'une  critique  des  œuvrtis 
de  Lotfi  [voy.  ce  nom),  imprimée  au  commence- 
mentdudix-huitièmesiècle,  maisdontii  n'indique 
ni  le  titre,  ni  le  lieu,  ni  la  date  dé  l'impression. 
Il  ne  faut  pas  confondre  l'écrit  dont  il  s'agit 
avec  une  autre  critique  anonyme  des  madrigaux 
de  Lotti,  publiée  à  la  même  époque,  et  qu'on 
attribue  à  Beaoît  Marcello.    Voy.  Marcello. 

ANTONIOTTÏ  (Georges), né  dans  le  Mi- 
lanais, en  1092  ,  demeura  pendant  quelques  an- 
nées en  Hollande,  où  il  publia,  en  1730,  son 
premier  ouvrage,  composé  de  dou/.e  sonates 
pour  le  violoncelle  ou  la  viola  di  gamba.  Il  se 
rendit  ensuite  à  Londres,  où  il  résida  pendant  plus 
de  vingt  ans.  Il  avait  écrit  en  italien  un  traité 
d'harmonie  et  de  contre-point,  qu'il  fit  traduire 
en  anglais,  et  qui  fut  publié  .sous  ce  titre  :  VArle 
Armonica,  or  a  Treatise  on  the  composition 
of  Music,  in  three  books,  with  an  introduction 
on  the  history  and  progress  of  Music,  from  ils 
beginning  to  thistime.  Written  in  itaiian,  and 
translated  into  engiish.  Londres,  1761,  in-fol.  2 
vol.  Ce  livre  n'eut  point  de  succès.  Il  y  a  des  exem- 
plaires de  la  même  édition  qui  ont  la  date  de  1700. 
Aritoniotti  était  peu  instruit  des  matières  qu'il 
voulait  traiter.  Dans  sa  vieillesse,  il  retourna  .'i 
Milan  (vers  1770), ety  présenta  au  P.  Giov.  Sacchi 
son  problème  sur  la  possibilité  de  faire  entendre  à 
la  fois  tbutcs  les  notes  de  la  gamme  dans  une  har- 
monie qui  ne  blesse  point  l'oreille  ;-ce  qui  fut  ap- 
prouvé par  le  P.  Sacchi  et  par  un  moine  de  l'Ob- 
servance, habile  contrapuntiste,  nommé  le  P.  Jean 
Dominique  Catenaci.  On  sait  que  l'effet  dont  il 
s'agit  consiste  dans  le  retard  de  plusieurs  conson- 
nances  sur  un  mouvement  ascendant  de  plusieurs 
autres  consonnances.  Antoniolti  est  mort  à  Mi- 
lan en  1776. 

ANTONIUS  (Jules),  constructeur  d'orgues, 


ANTONIUS  —  APEL 


i21 


né  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a  fait  en  1585   ! 
un  orgue  de  cinquante-cinq  jeux  poui  l'église  de 
Sainte-Marie  à  Dantzick,  dont  Prœtorius  donne  la 
disposition  dans  ses  Si/«te^»t.it/«5.,  t.  Il,  p.  102. 

AIMTOJVÏUS  (  Je\n-Ephraim  ),  cantor  et  ma- 
gister  à  Brème,  né  à  Dessau,  est  auteur  d'un 
petit  livre  élémentaire  intitulé  :  Principia  inusi- 
ces,  Brème,  1743,  in-8  ,  4  feuilles  et  demie. 

AiXTONY  (François-Joseph),  vicaire,  di- 
recteur du  chœur  de  la  cathédrale  de  Munster, 
et  professeur  de  musique  au  gymnase  de  la  même 
ville,  y  est  né  le  l*^""  février  1790.  Fils  de  Joseph 
Antony,  organiste  de  la  cathédrale  de  Munster  (1), 
il  apprit  de  son  père  les  principes  de  la  musi- 
que, et  fit  d'ailleurs  de  bonnes  études  dans  les 
sciences  et  dans  les  langues  anciennes  et  moder- 
nes, qui  lui  ont  été  fort  utiles  pour  les  ouvrages 
qu'il  a  entrepris  et  publiés.  Antony  était  aussi 
bon  organiste.  11  a  écrit  beaucoup  de  musique 
d'église,  telle  que  des  messes,  cliorals,  un  supplé- 
ment aux  mélodies  de  Verspoell  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  etc.  On  a  aussi  de  lui  des  quatuors 
pour  le  violon,  des  sonates  de  piano,  les  can- 
tates Die  Muse,  de  K.  L.  Nadermann ,  et  Wer- 
spannet  den  Bogen,  du  comte  de  Stolberg,  avec 
orchestre.  Comme  écrivain  sur  la  musique, 
Antony  possédait  un  talent  très-remarquable. 
11  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages  qui  méritent 
d'être  comptés  parmi  ce  qu'on  possède  de  meil- 
leur en  leur  genre.  Le  premier  a  pour  titre  :  Ar- 
cheologisch-litiirgisches  Lehrbtich  des  grego- 
rianischen  Klrchengesanges  mit  vorzûglicher 
Rûcksicht  auf  die  rœmischen,  milnsterschen , 
und  erzstift  kcelnischen  Kirchengesang-wei- 
sen  (Traité  archéologique  et  liturgique  du  chant 
grégorien,  etc.),  Munster,  1829,  1  vol.  in-4''de 
244  pages.  Cet  excellent  ouvrage,  rempli  d'une 
érudition  rare  ,  est  divisé  en  deux  parties  :  la 
première  est  relative  à  l'histoire  et  à  la  théorie 
du  plain-chant;  la  seconde  traite  de  la  pratique. 
Tous  les  objets  importants  du  chant  ecclésiastique 
sont  traités  avec  beaucoup  de  sagacité  et  de  sa- 
voir dans  la  première  partie,  qui  contient  vingt- 
huit  chapitres  ;  la  seconde,  qui  n'en  renferme  que 
quatre,  est  un  traité  succinct  du  plain-chant.  J'i- 
gnore si  celte  dernière  partie  n'est  pas  la  môme 
chose  qui  est  indiquée  dans  le  Panthéon  der 
Tonkûnstler  de  Fr.  Rassmann  (p.  8  ),  sous  le 
litre  de  Hulfsbuchfûr  den  Gesangunterriclit . 
Rassmann  cite  toujours  d'ime  manière  incom- 
plète et  inexacte. 

Le  second  ouvrage  d' Antony  est  intitulé  :  Ges- 

(  i)  Antony  (Joseph  ),  violoncelliste  et  organiste  distingué, 
né  le  12  Janvier  I7i>e  à  Regensbruiinen ,  village  du  comté 
de  Rheineck,  en  Wcstphalle,  mort  à  Munster,  en  isse,  à 
)  âffe  de  quatre-vingts  ans. 


chichtliche  Darstellung  der  Enlstehung  und 
VervoUkommnung  der  Orgel,  nebst  einigen 
speciellen  Nachrichten  iibcr  versckiedne  Or- 
gelwerke  (  Exposition  historique  de  l'origine  et 
du  perfectionnement  de  l'orgue,  suivie  de  quel- 
ques notices  spéciales  de  différents  orgues  cé- 
lèbres), Munster,  Coppenrath,  1832,  in-S".  Ce 
livre  est  recommandable  à  cause  de  l'érudition 
solide  qui  y  règne  :  il  me  semble  fort  supérieur 
à  l'histoire  de  l'orgue  publiée  autrefois  parSpon- 
.sel.  L'ouvrage  est  composé  de  douze  chapitres 
renfermés  en  220  pages.  Antony  est  mort  à  Muns- 
ter, en  1837,  un  an  après  le  décès  de  son  père. 

APEL  (  Frédéric-Auguste-Ferdinand),  doc- 
teur en  droit,  à  Leipsick,  et  membre  du  conseil  de 
la  ville,  naquit  dans  cette  ville  le  8  juillet  1768. 
Il  a  publié  quelques  dissertations  relatives  à  la 
musique  dans  les  journaux  allemands;  en  voici 
les  titres  :  1°  Ton  ïind  Farbe  Abhandlung 
akustischen  Inhalts  (Dissertation  acoustique 
sur  le  son  et  la  couleur),  dans  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick,  deuxième  année,  page  753- 
7G9.  —  2"  Musik  und  Déclamation  bei  Gelegen- 
heit  der  Preisuu/gabe  des  franzœsischen  Na- 
tionalinstituts,  suite  d'articles  dans  les  ge,  10^, 
11^,  12e,  13^  et  l4e  numéros  de  la  quatrième  an- 
née du  même  journal.  —  3°  Veber  musikalise/ie 
Behandlung  der  Geister  {Sur  le  traitement  nni- 
sical  de  l'esprit),  dans  le  Mercure  allemand 
publié  par  Wieland,  octobre  1800.  C'est  parer 
reur  que  INI.  Gustave  Fallot  a  attribué  (  Biogra- 
phie universelle  des  frères  Michaud)  à  Jean- 
Auguste  Apel ,  frère  de  Frédéric-Auguste-Ferdi- 
nand ,  les  articles  de  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  et  du  Mercure  allemand.  Apel  est  mort 
à  Leipsick,  en  1831. 

APEL  (Jean-Auguste),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Leip!.ick,en  1771.  Il  (it  ses  éludes  dans 
cette  ville  et  à  Wittenberg.  Destiné  par  ses  parents 
à  la  magistrature,  il  trompa  leur  espoir  en  se  li- 
vrant avec  ardeur  aux  études  philosophiques,  à 
la  poésie  et  à  la  philologie.  Ayant  conçu  un  sys- 
tème particulier  concernant  le  rliythme  poétique 
et  musical  des  Grecs,  en  opposition  à  celui  de 
Heriuann,  il  exposa  ses  idées  sur  ce  sujet  dans  la 
G«;e^<e  mwsïcaZe  de  Leipsick  (ann.  1807  et  1808). 
Réfuté  par  le  savant  auteur  des  FAcmenta  doctri- 
ne metricse,  il  ne  répondit  pas  par  des  écrits  po- 
lémiques, mais  il  essaya  de  di'montrer  la  certitude 
de  ses  principes  par  la  publication  de  sa  Métri- 
que, dont  le  premier  volume  parut  à  Leipsick  en 
1814,  et  le  second  en  1816;  mais  il  mourut 
d'une  esquinancie,  le  9  août  18t6,  avant  d'avoir 
mis  au  jour  ce  second  volume. 

APEL  (Théophile-Chrétien)  ,  nom  de  l'édi- 
teur du  livre  de  mélodies  chorales  pour  le  Schles- 


122 


APEL  —  APOLLOINI 


wick-Uolslein,  intitulé  :  Volstândiges   Choral- 
Mvlodienbuch  zu  dem  Schlesivick- Holsteinis- 
clicn  Gcsangbuch;  Kiei,  liesse  (s.  d.),gr,  iii-8°. 
APELL  (Jea.n-Da.vid  A.  d';, conseiller  privé 
4\>  prince  de  Hesse ,  membre  de  l'académie  royale 
de  musique  deStockliolm,  de  l'académie  philhar- 
monique de  Bologne,  et  de  la  société  des  Arca- 
des de  Rome ,  sous  le  nom  de  Fileno    Tinda- 
ride,  est  né  à  Cassel  en  1754.  Un  goût  passionné 
pour  la  musique  lui   fit  étudier  cet  art  dès  son 
enfance,  seul  et  sans  maître,  et  son  assiduité  le 
conduisit  en  peu  de  temps  à  jouer  des  sonates 
et  des  concertos  sur  le  piano.  Ce  ne  fut  qu'à 
l'âge  de  dix-huit  ans  qu'il  prit   des   leçons  de 
Wcifel ,  nmsicien  de  la  cour  :    il  alla  ensuite  à 
l'académie  de  Rinteln ,  et  y  apprit  l'harmonie 
sous  la  direction  de  l'organiste    Miiller.    Plus 
ses  idées  se  développaient,  plus  son  désir  d'é- 
ludier  la  composition  devenait  vif.  A  .sou  re- 
toiu'  à  Cassel ,  il  se   confia  aux  soins  de  deux 
bons  musiciens  de  la  cour,  Rodevvald  et  Braunlc 
jeune,  qui  lui  firent  faire  des  progrès  dans  la 
science  du  contre-point,  et  il  termina  ses  études 
sous  la  direction  d'un  organiste  habile  de  la  cour, 
nommé  Ivcllner.  Vers  1780,  il  commença  à  es- 
sayer ses  forces  par  quelques  canzonettes  de  Mé- 
tastase, qu'il  mit  en  musique,  et  par  des  com- 
positions instmmentales.   Eu    1786 ,   il  envoya 
une    cantate   intitulée  La  Tempesla  à  l'acadé- 
mie philharmonique  de  Bologne,  et,  sur  l'examen 
de  cet  ouvrage  ,  il  fut  reçu  membre  de  cette  so- 
ciété. L'académie  de  Stockholm  lui  envoya,  en 
1791,  un  diplôme  d'académicien;  et  le  pape,  à 
qui  il  avait  fait  présenter  une  messe  de  sa  com- 
position, lui  écrivit  une  lettre  flatteuse,  en  1800, 
et  le  nomma  chevalier  de  l'Éperon  d'or.  On  a  de 
lui  les  compositions  imprimées  et  inédites  dont  les 
titres  suivent.  Pour  l'église  :  1°  Messe  solennelle 
dédiée  au  pape  Pie  VII,  1800.  —  2"  Le  psaume 
Laudate  Dominum,  à  grand  orchestre.  —  3°  Le 
psaume  Beati  omnes.  —  4°  Un  Amen,  fugue  à 
deux  voix  —  5°  Un  Tantum  crgo.  —  6"  Cantate 
religieuse,  1795.  —  Pour  le  théâtre  :  T  La  Cle- 
menza  di  Tito,  opéra  séria.  —  s"  Tancrède,  opéra 
français.  —  9°  V amour  peintre,  opéra  français. 
—  10°  Ascagne  et  Irène,  drame  allemand,  repré- 
senté à  Cassel  en  1797.-11°  Prologue  musical, 
1797.  —  12°  Musique  pour  le  drame  de  Hermann 
d' Unna,  1801  .—  13"  Chœur  pour  le  Jugement  de 
Salomon.  —  14°  Anacréon,  cantate.  —  15°  Plu- 
sieurs chœurs  à  grand  orchestre.  —  10°  Euthyme 
et  Lyris,  ballet  représenléà  Cassel  en  1782.  —  17° 
Renaud  dans  la  forêt  enchantée,  ballet  repré- 
senté à  Cassel  en  1782.  —  18"  Vingt-quatre  scènes 
et  airs  pour  différentes  voix,   avec   grand   or- 
chestre. Plusieurs  de  ces  morceaux  ont  été  im- 
primés à  Londres ,  à  Offenbach  et  à  Spire.  — 


19°  Six  duos  pour  soprano  et  contralto,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre.  —  Pour  la  chambre  -. 
—  20°  Trois  cantates  de  Métastase,  La  Tempesta, 
La  Gelosia  et  La  Scnsa,  à  grand  orchestre.  — 
21°  Le  Songe,  cantate  pour  un  jour  de  fête.  — 
22° Cantate, AA no  .'i'awg'ijs/o  sp'Marrfo,*dédiéeàIa 
reine  de  Prusse 23°  Six  canzonettes  de  Métas- 
tase, imprimées  en  1791.  —  24°  Tre  Canzonet/e 
con  viola  e  basso.  —  25°  La  Partenza,  duettino  a 
duesoprani  et  basso  continue.  —  26°  Recueil  d'airs 
italiens,  français  et  allemands.  —  27°  //  Trion/o 
delta  Musica,  cantate  à  grand  orchestre.  —  Musi- 
que instrumentale  :  28°  Trois  symphonies  à  grand 
orchestre,  1783.  —  29°  Trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  1784. —  30°  Douze  nocturnes 
pour  instruments  à  vent.  —  31°  Six  polonaises  à 
grand  orchestre.  —  32°  Six  marches  pour  la  garde  ; 
Cassel,  1806.  En  1824,  M.  d'Apell  a  annoncé 
une  continuation  du  Dictionnaire  des  Musiciens 
de  E.  L.  Gerber  ;  mais  il  a  renoncé  à  cette  en- 
reprise. 

Le  seul  écrit  concernant  la  musique  qu'il 
ait  publié  a  pour  titre  :  Gallerie  der  vorzûg- 
lichslen  Tonkûnstler  und  merkwurdigcn  Mu- 
sik-Dilettanten  in  Cassel  von  Anfang  des  XVI 
Jahrhunderls  bis  auf  gegenwxrtige  Zeiten 
(Galerie  des  meilleurs  musiciens  et  des  amateurs 
de  musique  les  plus  remarquables  de  Cassel,  de- 
puis le  commencement  du  seizième  siècle  jus- 
qu'au temps  présent)  ;  Cassel,  1800,  in-8°.  D'A- 
pell n'a  pas  mis  son  nom  à  cet  ouvrage.  Il  a 
cessé  de  vivre  en  1833. 

APELL.  Voy.  Appel. 

APHRODISE  (....),  maitre  de  musi- 
que du  chapitre  de  Saint-Sernin  de  Toulouse, 
a  composé,  en  1684  ,  la  musique  de  l'ouverture 
des  Jeux  Floraux. 

APLIGKIY  (  PiLEUh  d').  Voy.  Pileur. 

APOLLIlMl  (Salvator)  ,  né  à  Venise,  vers 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle,  fut 
d'abord  barbier.  Une  organisation  heureuse  le 
rendit  compositeur  sans  avoir  fait  d'études  mu- 
sicales. Au  moyen  d'un  violon,  dont  il  jouait 
médiocrement,  il  composa  une  quantité  prodi- 
gieuse de  barcarolles  ,  qui  le  rendirent  célèbre 
dans  sa  patrie.  Ses  succès  l'enhardirent  et  le 
jiortèrent  à  écrire  trois  opéras ,  qu'il  fit  repré- 
senter à  Venise  ;  ce  sont  :  1"  Fama  deW  onore 
e  délia  virtù;  en  1727.  —  2°  Metamorfosi 
amorosi;  1732.  —  3°  H  Pastor  fido ,  en  1739, 
mauvaise  pièce ,  qui  n'a  pas  de  rapports  avec 
l'ouvrage  de  Guarini. 

APOLLOiXl  (Le  Chevalier  Jean),  composi- 
teur dramatique,  né  à  Arezzo  vers  1650,  est 
connu  par  trois  opéras  intitulés  :  La  Dori ,  ossia 
lo  Schiavo  Regio,  UArgia,  et  VAsliagc  :  ils  eu- 
rent beaucoup  de  succès  dans  laur  nouveauté. 


APOLLONI  —  APULÉE 


123 


APOLLONI  (G.),  compositeur  napolitain  de 
l'époque  actuelle  s'est  fait  connaître  par  un  opéra 
qui  a  été  bien  accueilli  en  Italie  sons  le  titre  de 
VEbreo.  La  partition  réduite  pour  le  piano  a  été 
publiée  àNaples.  Le  9  mars  1856  il  a  (ait  jouer 
à  Venise  Pietro  (TAlbano,  avec  un  brillant  suc- 
cès. Les  renseignements  manquent  sur  cet  ar- 
tiste. 

APPEL (...),  violoniste,  est  connu  comme 
musicien  de  la  chambre  à  la  cour  de  Des- 
sau ,  et  directeur  du  chœur  du  théâtre  de 
cette  ville  depuis  1834.  En  1840,  il  a  fait  re- 
présenter au  théâtre  de  la  cour  un  opéra  de  sa 
composition  intitulé  :  Die  Rxuberbraut  (  La 
Fiancée  du  brigand).  Il  a  aussi  publié  quelques 
recueils  de  chants  pour  voix  d'hommes,  à  Des- 
sau  ,  chez  Sporon. 

APPEL  (Charles),  frère  du  |)récédent ,  est 
violoncelliste  de  la  cour  de  Dessau.  Il  a  fait  im- 
primer un  andante  et  des  variations  pour  violon- 
celle ,  avec  orchestre  ou  quatuor,  sur  le  thème 
de  Hininiel  An  Alexis,  ainsi  que  des  valses 
pour  le  piano,  et  quelques  autres  bagatelles. 

APPIANï  (Joseph),  surnommé  Appianino 
(le  \)ei\i  Appiani) ,  excellent  contralto,  né  à  Mi- 
lan ,  le  29  avril  1712,  fut  élève  de  Porpora ,  et 
débuta  en  1731  dans  VArminio  de  Hasse.  Il 
est  mort  à  Bologne,  le  2  juin  1741  (A''oy.  VOes- 
terreichisches  biogrnphisches  Lexikon  de 
M.  Moriz  Bermann  »  t.  I,  p.  210),  à  l'entrée 
d'une  carrière  qui  semblait  devoir  être  bril- 
lante. 

APPOLOî^î  (Jeian),  compositeur  de  madri- 
gaux, né  à  Arezzo,  vers  1.576,  a  publié  :  Ma- 
drigali  a cinque  voci ;  Venise,  1607.  Walther, 
Gerber  et  les  auteurs  du  Dictionnaire  des  Musi- 
ciens (Paris,  1810)  ont  pris  le  mot  j4re/J»o ,  qui 
indique  le  lieu  de  la  naissance  d'Appoloni,  pour 
le  nom  de  l'auteur. 

APRILE  (Joseph)  ,  contraltiste  habile,  na- 
quit en  1738,  à  Bisceglia,  dans  la  Pouille.  11 
fut  instruit  dans  l'art  du  chant  au  conser- 
Aatoire  de  La  Pietà  de''  Turchini.  Cet  ar- 
tiste brilla  dès  ilQ'i  comme  primo  musico  sur 
les  théâtres  principaux  d'Italie  et  d'Allemagne, 
tels  que  ceux  de  Stuttgard,  Milan  ,  Florence, 
et  enlin  de  Naples,  où  il  se  fixa.  Le  docteur 
lîurney  le  vit  dans  cette  ville  en  1770  et  lui 
trouva  la  voix  faible  et  inégale,  mais  une  into- 
nation sûre,  un  trille  excellent ,  beaucoup  de 
goût  et  d'expression.  Aprile  était  très-bon  pro- 
fesseur de  chant  :  il  fut  un  des  maîtres  de  Ci- 
marosa.  Il  vivait  encore  à  Naples  en  1792.  Aprile 
a  écrit  des  canzonettes  qui  ont  été  publiées  en 
Allemagne  et  à  Londres,  et  des  solfèges  qui 
contiennent  d'excellents  exercices  pour  le  chant. 


Ces  solfèges  ont  été  imprimés  à  Londres ,  chez 
Brodenp,à  Paris,  chezCarli,et  les  éditions 
en  ont  été  multipliées  dans  ces  derniers  temps. 

Un  autre  clianteur,  nommé  Aprile  {  D.  G.  ), 
né  à  Naples  dans  la  seconde  moitié  du  dix-liui- 
tième  siècle,  fut  un  ténor  distingué.  Dans  le  car- 
naval de  1809,  il  tenait  l'emploi  de  premier 
ténor  au  théâtre  de  la  Pergola ,  à  Florence.  Tou- 
tefois il  était  plus  remarquable  comme  professeur 
de  chant  que  comme  artiste  dramatiqire.  Il  fut  le 
maître  de  Garcia ,  lorsque  celui-ci  alla  en  Italie 
en  1811,  et  y  refit  son  éducation  vocale.  Il  n'est 
pas  impossible  que  les  exercices  de  chant  attri- 
bués à  l'ancien  Aprile  aient  été  composés  par  son 
homonyme.  Le  style  de  ces  exercices  autorise 
cette  conjecture. 

APTHORP  (East),  ecclésiastique  anglais, 
docteur  en  théologie  et  prébendier  de  l'église 
Saint-Paul  de  Londres ,  a  vécu  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  On  sa- 
cred  poetrtjand  Miisic,  a  discoiirse  at  Christ- 
Chnrch,  Cambridge,  oh  ^Aeor^an  (Sur  la  poésie 
sacrée  et  la  musique,  discours  pour  l'inau- 
guration d'un  orgue,  prononcé  à  l'église  du  Christ, 
à  Cambridge  ).  Londres,  1764,  in-4''. 

APULÉE, philosophe  platonicien,  naquit  au 
deuxième  siècle,  vers  la  fin  du  régne  d'Adrien,  h 
Madaure,  ville  d'Afrique.  Il  commença  son  édu- 
cation à  Cartilage,  puis  se  rendit  à  Athènes, 
où  il  fit  une  étude  sérieuse  de  la  langue  grecque, 
de  la  philosophie  de  Platon,  des  beaux-arts  et 
pariiculièrement  de  la  musique.  D'Athènes  il  alla 
à  Rome,  où,  comme  il  le  dit  lui-même,  seul, 
sans  le  secours  d'aucun  maître,  il  apprit  la  langue 
latine  avec  beaucoup  de  peine.  Il  suivit  quelque 
temps  le  barreau,  puis  voyagea,  revint  à  Rome, 
et  enfin  retourna  dans  sa  patrie,  où  il  se  maria  et 
vécut  heureux.  Les  ouvrages  authentiques  d'A- 
pulée que  nous  possédons  sont  :  l"  La  fameuse 
Métamorphose,  connue  sous  le  nom  de  l'Ane 
d'or.  —  2"  Son  Apologie.  —  3°  Quelques  frag- 
ments de  harangues.  —  4°  Quelques  livres  de 
philosophie  :  il  est  douteux  qu'il  soit  l'auteur  de 
plusieurs  autres  qu'on  lui  attribue.  Le  plus  grand 
nombre  de  ceux  qu'il  avait  composés  sont  perdus. 
Parmi  ceux-ci  se  trouvait  un  traité  de  musique 
qui  existait  encore  au  temps  de  Cassiodore  ;  car 
celui-ci  le  cite  comme  l'ayant  lu  (De  art.  ac  dis- 
cipl.  libéral,  litter.  cap.  v,  ubi  de  musica, 
p.  706).  Dans  les  fragments  de  harangues  appe- 
lées Les  Florides ,  Apulée  traite  de  la  qualité  des 
modes  musicaux  sous  ces  titres  :  Musici  ioni 
Asium  variiim  (Op.  Omn.  Francf.,  1621,  p.  342); 
AeoUum  siniplcx  (MA.)  ;  Dorium  beUicosmn 
(ibid.,254);  Lydiiim  querulum  {{bl ,2b'i,  342); 
Probantur  tuba  rudore,  lyra  concenlu,  tibia 


124 


APULEE  —  ARAJA 


qnxstu,  buccina  significatu  (357)  (1).  Deux 
passages  d'Apulée,  le  preîiiier  au  premier  livre 
des  Florides,  l'autre  dans  le  traité  àes  Mondes , 
ont  été  cités  souvent  comme  preuves  de;  l'usage 
de  riiarmonie  dans  la  musique  de  l'antiquité 
grecque  et  latine  :  ou  leur  a  attribué  un  sens 
<iu'ils  n'ont  pas.  On  peut  voir  à  ce  sujet  ma  dis- 
sertation sur  la  question  de  l'existence  de  l'iiar- 
nionie  dans  la  musique  îles  anciens  (Mémoires 
de  l'Académie  royale  des  sciences ,  des  lettres 
et  des  beaux-arts  de  Belgique,  t.  XXXI). 
AQUAPEi\DE]\ÏE.  Voyez  FAEnicio  de 

AOUAPENDENTE. 

AQUAVIVA  (André-Matthieu), duc d'Alry, 
prince  de  Teramo,  dans  le  royaume  de  Naples, 
naquit  en  1456,  et  mourut  à  Conversano,  en  152S. 
Admirateur  passionné  de  Plutarque,  il  a  consacré 
nne  partie  de  sa  vie  à  l'étude  de  cet  écrivain,  et 
a  écrit  deux  ouvrages  dans  lesquels  il  soutient 
que  les  fondements  de  toutes  les  sciences  di- 
vines et  humaines  sont  contenus  dans  le  traité 
de  la  vertu  du  philosophe  de  Chéronée.  L'un  est 
intitulé  :  Commentarius  in  Plutarchi  de  vir- 
tute  morali,  lib.  1;  Naples,  1526,  in-fol.  Les 
chapitres  14-36  traitent  spécialement  de  la  mu- 
sique ;  l'autre  a  pour  titre  :  Illustrium  et  exqui- 
sitissimorum  dlsputationum,  Lib.  lV,qmbus 
omnes  divinse  sapientix,  prxsertlm  animi 
moderatricis ,  musicœ  atque  astrologix  ar- 
cana,  in  Plutarchi  Chxronei  de  virtute  mo- 
rali prxceptionibus  recondita,  e^c.  ;  Heleno- 
poli,  1609,  in-4''.  Ce  dernier  est  vraisemblable- 
ment une  réimpression.  Matthesoa  fait  le  plus 
grand  éloge  de  cet  ouvrage  dans  la  préface  de  son 
Essai  sur  l'orgue  (p.  40).  On  trouve  le  contenu 
des  35  chapitres  du  livre  dans  la  Littérature 
musicale  de  Forkel ,  p.  70. 

AQUILA  (Marco  del'),  célèbre  luthiste  ita- 
lien, dont  le  nom  de  famille  est  vraisemblable- 
ment ignoré,  paraît  avoir  pris  celui  de  VAquila, 
soit  parce  qu'il  sérail  né  à  Aquila,  dans  le  royau- 
me de  Naples,  ou,  ce  qui  est  plus  probable, 
à  Aquileja  (  Aquilée),  en  Illyrie,  qui  appartenait 
alors  aux  Vénitiens.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  vivait 
dans  les  premières  années  du  seizième  siècle.  On 
trouve  des  pièces  de  luth  de  cet  artiste  dans  un 
recueil  detoccates,  fantaisies,  saltarelles,  pavanes, 
ot  autres  compositions  pour  cet  instrument,  avec 
celles  de  Francesco  de  Milan,  Alberto  de  Milan  , 
Jacques  Albutio  et  autres  maîtres,  impriméà  Milan, 
par  Jean  Antoine  Castilliano,  en  1536,  petit  in-4" 
oblong.  Ces  mêmes  pièces  ont  été  réimprimées 
dans  le  recueil  intitulé  :  Hortus  musarum ,  in 

(Dllrst  nécessaire  (le  consulter  la  nisseitalion  de  Daniel 
GulU.  MoUcr  sur  Apulée.  Altiioif,  luui,  0°, 


quo  tanquam  JloscuU  quidam  selectissimarwn 
carminum  collecti  sunt  ex  optimis  quibusque 
auctoribus,  etc.  Lovanii,  apud  Phalesium  bi- 
bliopolam  juratum ,  1552,  in-4°.  Marco  de  l'A- 
quila  présenta,  le  11  mars  1505,  une  requête  au 
conseil  supérieur  de  Venise,  afin  d'obtenir  un  pri- 
vilège pour  l'impression  de  la  musique  en  tabla- 
ture de  luth,  par  un  procédé  de  son  invention. 
Ce  privilège  lui  fut  concédé;  mais  Octave  Pe- 
trucci  n'en  continua  pas  moins,  à  imprimer  de  la 
musique  en  tablature  de  luth ,  soutenant  que  le 
privilège  qu'il  avait  obtenu  précédemment  com- 
prenait la  musique  d'orgue  et  celle  du  luth  en 
tablature.  (Foy.  le  livre  de  M.  Ant.  Schmid  inti- 
tulé: Oltaviano  de'Pe^^Mcc^,  etc.,  pages  12-14.) 

AQUIi\  (D').  Voyez  Daquin. 

AQUiNUS,  dominicain  fixé  en  Suède,  selon 
Tritheme  (De  Scriptor.  ccclesiast.,  p.  396  ),  et 
en  Souabe,  si  l'on  en  croit  J.  Quetif  et  Jac.  Echard 
(in  Script,  ordin.  prxdicat.).  J'ai  lu  quelque 
part  que  ce  moine  était  né  au  bourg  de  Schwitz 
en  Suisse,  et  non  pas  en  Souabe,  comme  le  di- 
sent Forkel  et  Geiber.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  vi- 
vait en  1494,  époque  où  Tritheme  écrivait,  et  il 
a  composé,  d'après  les  principes  de  Boëce,  un 
traité  De  numerorum  et  sonorum  proportio- 
nïbus,  lib.  I.  On  ignore  s'il  a  été  imprimé. 

ARACÎEL  (Don  Diego  d'),  musicien  espa- 
gnol, né  en  Estramadure,  s'est  livré  dans  sa 
jeunesse  à  l'étude  du  violon  et  du  piano  sous  la 
direction  d'un  moine  qui  lui  a  aussi  enseigné 
l'harmonie  et  le  contre-point.  Depuis  longtemps 
M.  d'Araciel  s'est  fixé  en  Italie,  où  il  a  publié  les 
ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  1°  Due  Quin- 
tetti  per  serenata  a  due  violini,  due  viole  e  vio- 
Zoncei!/o;  Milan,  Ricordi. —2"  Quarante-huitvalses 
variées  pour  le  violon  ;  iUd.—  Z"  Tre  terzetti  ad 
uso  di  serenata  per  violino,  viola  e  chitarra; 
ibid. — 4°  Sei  ivalzer  con  coda  per  piano  forte. 
Milan,  liertuzzi. 

ARAGOIVA  (D.  PiETRo),  Florentin.  Berardi 
et  Brossard  (Dict.  de  Mus.,  p.  369)  citent  une 
Istoria  armonica  d'un  auteur  de  ce  nom  :  il  est 
vraisemblable  qu'elle  est  restée  manuscrite. 

ARAJA  (François),  compositeur  dramati- 
que, né  à  Naples  en  1700,  débuta  dans  la  car- 
rière du  théâtre  par  l'opéra  de  Bérénice,  qui  fut 
représenté  en  1730  dans  un  château  appartenant  au 
grand-duc  de  Toscane,  et  situé  près  de  Florence. 
L'année  suivante  il  lit  représenter  à  Rome  Amor 
régnante,  et  Lucio  Vero  à  Venise,  en   1735. 
Appelée  Pétersbourg  en  1735,  il  s'^y  rendit  avec 
nne  troupe   de  chanteurs  italiens,  et  composa 
pour  la  cour  les  opéras  suivants  :  1°  Abiatare,ea 
il  il.  —  20  Semira}nide,en  i7is.  —  i°  Scipione. 
—  4«  Arsace.—  ■o''Scleuw,  en  1744.—  0°  Bellero- . 


ARAJA  —  ARAUXO 


lî?5 


fonte,—  T  Alcssandro  ne/le  Indie,  —  8°  Ln  Kus- 
sia  af/iitla  e  riconsolata;  Moscou,  1742.  C'«  der- 
nier ouvrage  est  cependant  attribué  à  Domini<|ue 
Dalloglio,  violoniste  et  compositeur,  par  M.  de 
Slœlilm,  qui  avait  écrit  les  paroles  de  l'ouvraj^e. 
C'est  donc  par  erreur  qu'on  Ta  attribué  à  Araja, 
qui  d'ailleurs  était  en  Italie,  où  il  était  allé  clier- 
clier  des  chanteurs.  En  1755,  il  fit  la  musique  de 
Cëphale  et  Procris ,  le  premier  opéra  russe  qui 
ait  été  écrit.  Après  la  représentation  de  cette 
pièce,  l'impératrice  fit  présent  au  compositeur 
d'une  zibeline  estimée  500  roubles  d'argent 
,2,000  francs).  Le  dernier  opéra  composé  en 
Russie  par  Araja  fut  nii  drame  russe  pour  le  ma- 
riage du  prince  impérial  Pierre  Fédérowitz.  Après 
avoir  amassé  de  grandes  richesses,  il  retourna  en 
Italie  en  1759,  et  se  fixa  à  Bologne,  où  il  vécut 
dans  la  retraite.  Cependant  il  fut  rappelé  à  Pé- 
tersbourg,  en  1761,poury  écrire  un  nouvel  o|)éra; 
mais,  après  l'assassinat  de  Pierre  III,  il  retourna 
précipitamment  dans  sa  patrie,  et  y  finit  ses  jours 
vers  1770.  Les  derniers  ouvrages  d'Araja  sont  un 
oratorio  intitulé  :  La  Natività  di  Gesà,  composé 
Dour  l'église  des  Oratoriens  de  Bologne,  et  le 
drame  lyrique  qui  a  pour  titre  Ln  Cimolea. 

ARAILZA  (RoTO^Di  d').  Voy.  Botondi. 

ARALDi  (Michel),  membre  de  la  classe  de 
physique  et  de  mathématiques  de  l'institut  na- 
tional italien  ,  établi  par  Napoléon  I.  Araldi  était 
né  à  Bologne  vers  1779.  Il  a  donné,  dans  la  pre- 
mière partie  du  deuxième  volume  de  cet  institut, 
une  analyse  de  la  théorie  du  son  de  Laplace  et  de 
Biot,  sous  le  titre  de  Esame  di  un  articolo 
delta  teoria  del  siiono,  presentato  ai  15  di 
gennnlo  1808. 

ARANAY  (...),  prêtre  et  compositeur  espa- 
gnol, l'ut  maître  de  chapelle  à  Cuença,  dans  la  se- 
conde moitiédu  dix-huitième  siècle.  Il  mourut  vers 
1780.  On  a  de  cet  artiste  en  manuscrit  de  très- belle 
musique  d'église  écrite  en  général  à  huit  parties 
réelles  en  deux  climurs.  M.  Geoffroy,  colonel  en 
retraite  de  l'armée  française,  qui  a  fait  la  guerre 
eu  Kspagne  depuis  1809  jusqu'en  1814  ,  puis 
en  1823,  a  mis  en  partition  une  messe  de  cet  ar- 
tiste, que  Cherubini  trouvait  admirable  de  style 
et  de  science. 

ARANAZ  (D.  Peduo),  prêtre  et  composi- 
teur espagnol,  né  à  Soria,  dans  la  Vieille-Castille, 
obtint,  dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle,  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Cuença,  et  mourut  dans  cette  posi- 
tion, à  un  âge  avancé,  vers  1825.  Au  riTérite  de 
compositeur  habile  il  unissait  une  grande  ins- 
truction littéraire.  Sa  musique  d'église  se  con- 
serve à  Cuença,  à  l'Escurial,  et  dans  plusieurs 
autres   églises  d'Espagne.  M.   Eslava   {voij.    ce 


nom)  a  inséré  dans  sa  Lira  sacra  Hispana  (53" 
livraison)  un  offertoire  à  cinq  voix  sans  accom- . 
pagnement,  et  un  Laudnte  Dominum,  à  six  voix 
en  deux  chœurs,  avec  violons,  cors  et  orgue,  de 
la  composition  de  ce  maître.  Aranaz  est  aussi 
auteur  d'un  Traité  de  contre-point  et  décomposi- 
tion dont  il  y  a  des  copies  manuscrites,  et  qui  est 
estimé  en  Espagne. 

ARAIXDA  (  Dell'  Sessa  d'  ) ,  moine  italien  , 
qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  est  cité  avec  éloge  par  Praîtorius  (  Sijn- 
tag.  Mus.,  t.  IIl ,  p.  243),  comme  compositeur 
de  madrigaux.  Il  a  pubfié  :  Madrigali  aqualtro 
voci,  chez  les  fils  d'Antonio  Gardano,  Venise , 
libro  1",  1571,  iu-4°,  oblong.  C'est  probablement 
le  même  recueil  qui  a  été  réimprimé  à  Helm- 
stadt,  en  1C19,  in-folio ,  avec  un  madrigal  de 
Thomas  Weelkes ,  musicien  anglais. 

ARAl\DA(MATnEODE) ,  musicien  espagnol, 
que  le  Catalogue  de  la  bibliothèque  du  roi  de 
l'orlugal ,  Jean  IV ,  indique  comme  auteur  des 
deux  ouvrages  suivants  :  1°  Tractado  de  Canto 
llano  ;  2°  Tractado  de  Canto  mensurabile  y 
contrapuncto  ;  mais  il  ne  fait  pas  connaître  s'ils 
sont  imprimés  ou  manuscrits. 

ARANIEZ  (Jean),  compositeur  espagnol, 
fit  ses  études  musicales  à  Alcala  de  Hénarès,  puis 
alla  les  achever  à  Rome,  où  il  a  publié  Primo  e 
seconda  libro  de  tonos  y  Villancicos  a  uno,dos, 
très,  et  cautrovoces,  1624,  in-4''. 

ARASCIOIVE  (...)  compositeur  piémon- 
tais ,  né  à  Novarre ,  vécut  à  Rome  dans  les  der- 
nières années  du  seizième  siècle.  11  s'est  fait  con- 
naître par  des  Laudi  délia  Beata  Maria  Ver- 
gine  a  quattro  voci.  Rome,  1600,  in-4''. 

ARAUCO  (Raphaël),  violoniste  milanais  qui 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  a  fait  imprimer,  sous  le  voile  de  l'anonyme, 
un  petitécrit  intitulé  :/?i/Zessio«j  d'unprofessore 
di  violino  sopra  un  discnrso  morale  e  pôUlico 
intorno  il  teatro.  Sans  nom  de  lieu  et  sans  date. 
Le  P.  Zanoni,  capucin,  a  fait  réimprimer  celte 
pièce  polémique  ,  avec  des  notes  et  deux  lettres 
relatives  au  même  sujet,  à  Lugano,  chez  Agnelli, 
1783,  in-4''.  (Voy.  Dizion.  di  opère  anonime  a 
pseudonime  di  Scritt.italiani,i.  II.  p.  437.) 

ARAUXO  ou  ARAUJO  (François  de 
Correa  d'),  dominicain  espagnol ,  issu  d'une  fa- 
mille noble  et  ancienne,  fut  d'abord  organiste  de 
l'église  collégiale  de  Saint-Salvador,  à  Séville,  et 
recteur  de  la  confrérie  des  prêtres  de  cette  paroisse, 
puis  professeur  à  Salamanque,  et  en  dernier  lieu 
évêque  de  Ségovie.  Il  mourut  le  13  janvier  1663. 
Antonio  pense  qu'il  était  Portugais;  mais  d'autres 
écrivains  assurent  qu'il  naquit  en  Espagne, 
M.  Eslava  dit  que  le  nom  de  Correa  est  espagnol 


12G 


ARA.UXO  —  ARBUTHNOT 


<'t  AraujO on  Arauxo,  portugais.  Ucioil  que  ces 
(îeux  noms  réunis  indiquent  que  ce  musicien  était 
iroriginc  portugaise  par  sa  mère.  Antonio  cite 
un  traité  de  musique  de  cet  auteur  (in  Bi- 
blioth.  Nisp.  Append.,  t.  Il,  p.  322),  >^o"s  ce 
titre  :  Musica  pràtica  y  theôrica  de  organo , 
Alcala  de  Henarez,  in-fol.  Machado  (in  lii- 
blioth.  Lusit.,  t.  II.  p.  130)  lui  attribue  aussi  un 
ouvrage  intitulé  :  Facultad  orgànica  ,  Alcala, 
1026,  in-fol.  Forkel  et  Gerber  ont  cru  que  ces 
deux  titres  indiquaient  deux  livres  différents, 
mais  je  trouve  dans  le  catalogue  de  la  biblio- 
thèque du  roi  de  Portugal  les  deux  titres  cités 
par  Antonio  et  Macbado  réunis  en  un  seul ,  indi- 
quant conséquemment  un  seul  ouvrage  qui  est 
intitulé  :  Tienlos  y  discursos  de  mùsica  pràtica 
y  theôrica  intitulado  Facultad  orgànica  (Pièces 
et  discours  de  musique  pratique  et  tliéoriqiie  in- 
titulés Faculté  organique).  M.  Hilarion  Eslava 
{vay.  ce  nom) ,  maître  de  cliapelle  de  la  reine 
<]'Espagne  D.  Isabelle  It,  qui  a  trouvé  dans  la 
bibliothèque  nationale  de  Madrid  un  exemplaire 
de  cet  ouvrage,  et  en  donne  l'analyse  dans  l'inté- 
ressante préface  de  son  Miisco  orgànico  espanol 
(  Madrid,  1853,  in-fol.  ),  rapporte  différemment 
te  titre  de  l'ouvrage  de  Correa  y  Araujo,  qui 
est  simplement  :  Tienlos  y  discursos  mûsicos,  y 
Facultad  orgànica.  On  doit  s'en  rapporter  à 
ce  savant  consciencieux.  Les  pièces  d'orgue  con- 
tenues dans  ce  recueil,  dit  M.  Eslava,  sont  au 
nombre  de  soixante-dix.  A  la  fin  de  l'ouvrage, 
Araujo  se  vante  d'y  avoir  mis  des  choses  nou- 
velles qui  n'ont  jamais  été  entendues.  Hien  (jue 
plusieurs  de  ces  choses  soient  extravagantes, 
ajoute  le  môme  critique,  on  ne  peut  mettre  on 
doute  que  l'auteur  n'ait  été  artiste  de  génie  et  or- 
ganiste d'un  véritable  mérite.  Arauxo  est  auteur 
d'un  autre  traité  de  musique  qui  porte  ce  titre  : 
Casos  morales  de  la  mûsica.  Il  se  trouve  à  la 
bibliothèque  royale  de  Lisbonne ,  ainsi  que  quel- 
()ues  poi^sies  du  môme  auteur. 

AîlBEAU  (TnoiNOT  ) ,  nom  sous  lequel  a  été 
publié  un  livre  singulier  intitulé  :  Orchésogra- 
phic,  et  Traicté  en  forme  de  dialogue,  par 
lequel  toutes  personnes  peuvent  facilement 
apprendre  et  pratiquer  Vhonneste  exercice  des 
f/«H.?es,  Langres,  Jean  de  Preys,  1589,  in-4" 
(le  104  feuillets.  11  y  a  des  exemplaires  de  cet 
ouvrage  sans  date;  il  y  en  a  d'autres  aussi  qui  ne 
sont  pas  d'une  seconde  édition  ,  mais  dont  on  a 
cliangé  le  frontispice;  ceux-ci  ont  pour  titre  : 
Orchésographie,  méthode  et  théorie  en  forme 
de  discours  et  de  tablature  pour  apprendre  à 
danser,  battre  le  tambour,  en  toute  sorte  et 
diversité  de  batteries,  joxier  du  fifre  et  arrigot, 
tirer  des  armes  et  escrimer,  avec  autres  hon- 


nêtes exercices-  fort  convenables  à  la  jeu- 
nesse, etc.  Langres,  1596,  in-4°.  Thoinot  Arbcau 
est  un  pseudonyme;  le  véritable  auteur  de  l'Or- 
chésographie  est  Jean  Tabourot,  officiai  de  Lan- 
gres, \ers  la  fin  du  seizième  siècle.  On  trouve 
dans  son  recueil  beaucoup  d'airs  originaux  fian- 
çais, et  l'on  y  voit  que  la  plupart  de  ces  airs, 
après  avoir  servi  pour  la  danse ,  ont  été  conver- 
tis en  chansons,  dont  Tabourot  donne  les  pa- 
roles. 

ARBLAY  (M"«  Françoise  d'),  fille  du  doc- 
teur Burney,auteurd'une  Histoire  générale  de  la 
musique  etde  plusieurs  autres  ouvrages  relatifs  à 
cet  art  (tJO(/.  Buunev),  naquità  Londres,  en  1757. 
Son  édiicalion  fut  soignée, et  de  bonne  heure  elle 
montra  un  goût  passionné  pour  la  littérature,  dans 
laquelle  elle  s'est  fait  un  nom  honorable.  Son  pre- 
mier roman,  Evelina,  ou  V Entrée  d'une  jeune 
personne  dans  le  monde,  parut  en  1777,  et  fut 
suivi  de  plusieurs  autres  ouvrages  du  même  genre, 
qui  ont  obtenu  de  brillants  succès.  Miss  Burncy 
étaitûgéede  vingt-deux  ans  lorsque  la  reine  d'An- 
gleterre lui  lit  offrir  une  place  à  la  cour,  qui  fut 
acceptée;  mais,  après  quelques  années,  sa  sauté 
s'étant  dérangée,  elle  dut  renoncer  aux  avanta- 
ges de  cette  po.«ition  et  se  retirer  près  de  son 
père.  En  1793  elle  épousa  le  marquis  d'Arblay, 
émigré  français,  et  en  1802  elle  suivit  son  mari 
à  Paris, où elledemeurajusqu'en  1812. Burneyétait 
alors  fort  ûgé;  il  sentait  approcher  sa  (inetdésirait 
revoir  sa  lille  près  de  lui  ;  M'"^  d'Arblay  se  rendit  à 
ses  désirs,  et  retourna  à  Londres,  oii  elle  se  fi\a. 
Elle  y  est  morte  vers  1842,  dans  im  âge  avancé. 
En  1832  cette  dame  a  publié  des  Mémoires  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  sou  père,  sous  ce  titre  : 
Memoirs  ofDr.  Burney;  Londres,  3  vol.  in-8". 
Cet  ouvrage,  jdein  d'intérêt  par  son  sujet,  est 
écrit  d'un  style  élégant.  On  en  trouve  des  extraits 
dans  le  journal  anglais  de  musique  The  Harmo- 
nicon  (  1832),  et  une  analyse  succincte  en  a  été 
faite  dans  le  13^  volume  de  la  Revue  musicale, 
p,  9.  On  ne  peut  reprocher  à  ce  livre  qu'une  abon- 
dance de  détails  étrangers  au  sujet. 

AUCUTH\'OT  (Le  docteur  Jean),  méde- 
cin qui  eut  quelque  célébrité  sous  le  règne  de  la 
reine  Anne,  était  tils  d'un  membre  du  clergé 
d'Ecosse,  allié  de  fort  près  à  la  noble  famille  de 
ce  nom.  Il  (it  ses  études  à  l'université  d'Aber- 
deen,  et  y  prit  ses  degrés  de  docteur  en  médecine. 
Ayant  été  nommé  médecin  ordinaire  de  la  icine 
Anne  en  1709,  il  fut  bientôt  après  reçu  meud)re 
du  Collège  de  médecine  ,  et  admis  à  la  Société 
royale  de  Londres.  Vers  la  tin  de  sa  vie,  il  se  re- 
tira àllanqistead,  et  y  mourut  le  27  février  1735. 
On  a  publié  divers  opuscules  du  docteur  Arbuthnot 
sous  ce  litre  :  Miscellaneons  W'orlis,  Glascow, 


ARBUTflNOT  —  ARCADELT 


127 


ITir,  2  volumes  in-S".  Outre  ses  talents  tomme 
médecin ,  ce  docteur  possédait  des  connaissances 
assez  étendues  en  musique,  et  l'on  a  de  lui  di- 
verses antiennes  insérées  dans  un  recueil  publié 
par  le  docteur  Croft  en  1712.  Ami  sincère  de 
Htcndel  et  son  partisan  le  plus  chaud  ,  il  écrivit 
plusieurs  pamphlets  où  il  prenait  vivement  la 
défense  de  ce  grand  compositeur,  dans  les  que- 
relles qu'il  eut  à  soutenir  pour  ses  entreprises  de 
théâtre  :  ces  pièces  ont  été  insérées  dans  le  pre- 
mier volume  de  ses  Miscellanées.  La  première 
est  intitulée  :  Le  Diable  est  déchaîné  à  Saint- 
James,  ou  Relation  détaillée  et  véritable  d'un 
combat  terrible  et  sanglant  entre  madame 
Faustina  et  madame  Ciizzoni,  ainsi  que  dhtn 
combat  opiniâtre  entre  M.  Broschi  et  M.  Pal- 
merini,  et  enfin  de  quelle  manière  Senesino 
s'est  enrhumé,  a  quitté  l'Opéra  et  chante  dans 
la  chapelle  de  Hcnley.  Peu  de  temps  après,  il 
écrivit  un  second  manifeste  à  l'occasion  des  dis- 
tantes de  Haendel  avec  Senesino  ,  sous  ce  titre  : 
V Harmonie  en  révolte,  épître  à  Georges-Fré- 
déric Basndel,  par  Hurlothrumbo  Johnson 
Esq. 

ARCADELT  (Jacques),  dont  le  nom  est 
quelquefois  orthographié  Arc/^arfe/,  Arkadelt, 
Harcadelt,  ou  Arcadet,  naquit  dans  les  Pays- 
Bas  vers  les  dernières  années  du  quinzième  siècle, 
ou  au  commencement  du  seizième.  VValther  {in 
Musikalisches  Lexikon)  dit  qu'il  fut  élève  de 
Josquin  Després  :  cela  n'est  pas  vraisemblable  , 
car  il  ne  paraît  pas  que  Josquin  dirigeât  une 
école  de  musique  à  l'époque  où  Arcadeit  aurait 
pu  recevoir  de  ses  leçons.  Ce  qui  a  pu  donner 
lieu  à  cette  supposition  ,  c'est  que  plusieurs  au- 
teurs ont  désigné  ,  on  ne  sait  pourquoi,  ce  mu- 
sicien sous  le  nom  A' Arcadet  Gombert,  ce  qui 
l'a  fait  confondre  avec  Nicolas  Gombert ,  vérita- 
blement élève  de  Josquin.  Quoi  qu'il  en  soit,  Ar- 
cadeit fut  un  des  plus  savants  musiciens  de  son 
temps.  Vers  1536,  il  se  rendit  en  Italie,  et  se 
fixa  à  Rome ,  où  il  devint  maître  des  enfants  de 
cliœur  de  Saint-Pierre  du  Vatican /mais  il  n'oc- 
cupa ce  poste  que  depuis  le  mois  de  janvier 
1539  jusqu'à  la  lin  du  mois  de  novembre  de  la 
même  année.  Le  30  décembre  1540  il  fut  agrégé 
au  collège  des  chapelains  chantres  pontificaux  ; 
en  1544,  il  parvint  au  grade  d'abbé  camerlingue 
de  la  même  chapelle,  dignité  qu'il  c-onservait  en- 
core en  1549,  comme  on  le  voit  par  les  jour- 
naux manuscrits  de  la  chapelle  pontificale.  Une 
lacune  qui  existe  dans  ces  journaux  pendant  les 
années  1550,  1551  et  1552,  ne  permet  pas  de 
donner  avec  précision  la  date  de  l'époque  où  il 
quitta  la  chapelle  pour  entrer  au  service  du  car- 
dinal Charles  de  Lorraine ,   duc  de  Guise.  On 


peut  croire  toutefois  qu'il  ne  s  attacha  au  cardinal 
que  lorsque  celui-ci  fut  envoyé  h  Rome  par  la 
cour  de  France  ,  en  1555  ,  pour  engager  le  pape 
Paul  IV  à  entrer  dans  une  alliance  contre  l'Au- 
triche. Lanouvellesituationd'ArcadeHleeonduisit 
à  Paris,  où  il  termina  vraisemblablement  ses  jours. 
Les  compositions  de  cet  auteur  sont  les  suivantes  : 
1°  Trois  livres  de  messes  à  trois,  quatre  ,  cinq 
et  sept  voix;  Paris,  Adrien  Le  Roy,  1557.  Un 
livre  de  trois  messes,  à  quatre  et  cinq  voix,  a 
été  réimprimé  à  Paris  en  1583,  in-4o  ;  la  pre- 
mière édition  de  ce  recueil  a  pour  titre:  Missx 
très  Jacobo  Arcadet  Rcgio  inusico,  -tt  il- 
lustr.  Cardinalis  à  Lotharingia  sacello  prx- 
feclo  auctore,  nunc  primum  in  lucem  editx, 
cum  quatuor  et  quinque  vocibus,  ad  imitatio- 
nem  modulorum  :  Noe,  Noe,  à  quatre  ;  Ave  Jic- 
gina  cœlorum,  à  cinq  ;  Missa  vulgaris  Bealx 
Virgtnis,  à  quatre.  Après  ces  messes,  on  en  trouve 
une  de  Jean  Mouton,  et  uneautre  d'André  de  Sil  va; 
Paris,  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  1557, 
in-fol.  —  2°  Il  primo  libro  de'  madrlgali  a  più 
voci;  Venise,  1538.  Il  paraît  que  cette  premièrn 
édition  fut  enlevé*  si  promptement  qu'il  était 
déjà  nécessaire  d'en  faire  une  deuxième  en  1539; 
car  on  connaît  des  exemplaires  qui  ont  pour  ti- 
tre :  Il  primo  libro  de'  madrigali  d'Archadelt 
a  quattro,  con  nuova  gionta  impressi.  A 
la  lin  du  livre,  on  lit  :  In  Venetia,  nella 
stampa  d'Antonio  Gardano ,  neW  anno  del 
Signore  M.  D.  XXXIX  nel  mese  di  mazo 
(sic),  con privilcgio  che  nessun posso ristam- 
pare.  Le  recueil  contient  53  madrigaux.  Il  y  a 
des  éditions  de  ce  premier  livre ,  publiées  dans 
la  même  ville  en  1541,  1545,  1550,1551,  1552, 
155C,  15G0,  1508,  1581,  1C03,  1C06  et  1617, 
toutes  in^".  On  en  a  une  datée  de  Rome  ,  1542. 
Il  y  en  a  enfin  une  édition  de  Venise ,  Vinc.  Bian- 
chi,  1 540.  —  3°  Il  seconda  libro  de'  madrigali  a 
quattro  f  ocf,  etc.;  Venise,  Antoine  Gardane,  1 539 . 
La  deuxième  éditiona  été  publiée  chez  Ant.  Gar- 
dane, en  1500.  Il  doit  y  avoir  d'autres  éditions  de 
ce  second  livre.  —  4"  Il  terzo  libro  de'  madrigali 
etdialtrieccellentissimiauthori.Con  la  gionta 
di  alciini  madrigali  a  voce  mutata  bcUlssimi  a. 
quattro  voci  (sans  nom  de  lieu  ni  d'imprimeur, 
et  sans  date).  Il  y  a  des  exemplaires  de  cette 
édition  qui  ont  un  autre  frontispice  intitulé  : 
Il  terzo  libro  de'  madrigali  lïovlssimi  d'Ar- 
chadelt, a  quattro  voci,  insieme  con  alcuni  da 
Constantio Festaed  altrl  bellissimia  vocimu- 
date  (sic);  Venetiis,  apud  Hieronymiim  Scotiim, 
1539,  in-4".  Ce  livre  contient  48  madrigaux.  Une 
deuxième  édition  de  ce  livre  a  été  publiée  à  Ve- 
nise, chez  Ant.  Gardane,  en  155G,  in^»  obi. 
—  5°  //  quarto  libro  de'  madrigali  d'Archadelt 


!'28 


ARCADELT 


a  qiialtro  voci,  compostiultimamenle,  insieme 
con  alcuni  madrigali  da  altri  aiitori ,  con 
ogni  diligenza  stampate  et  corvette.  A  la  (in  tlii 
livre  on  lit  :  In  Venetia,  nclla  stampa  W An- 
tonio Gardano ,  1539,  in-4°.  Ce  livre  coulient 
39  pièces. —  Q"  llqiiintolibrode'  madrigatid'  Ar- 
chadelt  à cinque voci;  ihid.,  1556,iii-4°  obi.  — 
7°  Il  primo  libro  de'  madrigali  d'Archadclt  a  Ire 
voci ,  con  la  gionta  di  dodici  Canzoni  francesi 
etsei  Moletti;  Venezia,  appresso  di  Francesco 
Gardano,  1559,  in-4  obi.  Pitoni,  dans  ses  notices 
manuscrites  sur  les  contrapuntistes,  fait  l'éloge 
dtt  style  d'Arcadelt  dans  le  genre  raadrisalesque  , 
011  il  paraît  avoir  été  fort  iiabile.  —  8°  Vexcel- 
lencc  des  chansons  musicales,  Lyon,  1572.  La 
deuxième  édition  de  cet  œuvre  a  |)aru  dans  la 
môme  ville,  sous  ce  titre  :  Excellence  des  chan- 
sons musicales  ,  tant  propre  à  la  voix  qu'aux 
instruments.  Recueillies  et  revues  par  Claude 
Goudimel,  natif  de  Besançon;  Lyon,  par  Jean 
de  Tournes,  158G,  in-4  obi.  Forkel  (Allgetn. 
Lilter.  der  Musik  ,  p.  1 30  )  et  Liclitentlial  (  Bio- 
grafia  dimusica,  t.  111 ,  p.  170)  ont  rangé  cet 
ouvrage  panai  les  livres  llicoriqnes ,  quoique  ce 
ne  soit  qu'un  recueil  de  chansons. 

Les  recueils  de  madrigaux  et  de  motets  de  di- 
vers auteurs,  qui  renferment  des  pièces  d'Arcadelt 
ont  pour  titres  :  1°  Madrigali  a  quattro  voci  di 
Messer  Claudio  Veggio,  con  la  gionta  di  sei 
altri  di  Archadelt  délia  misura  brève;  Ve- 
netiis,  apud  Hieronynum  Scotum  ,  1540,  in-4°. 

—  2°Adriani  Wigliar  (Willaert),  Cypriani  de 
liore ,  Archadelt  et  Johannis  Gero,  cantiones 
trium  vocum,  aliaque  madrigalia  trisona  di- 
versorum  auclorum  ;  Venetiis,  ibid.,  1565,  in-4". 

—  3°  Motetli  de  la  Simia  excusum  Ferrarix, 
cxpensiset  laborc  Johannis  de  Bulgat,  Hen- 
rici  de  Campis ,  et  Anthonii  Hucher  sociorum , 
Mensefebruarii,  anno  Domini  1539,  petit  in-4o 
obi .  —  4°  Selectissimse  nec  non  familiarissimx 
cantiones uUracenlum.  Varioidiomate vocum, 
tam  multiplicium  quani  etiam paucarum.  Fu- 
gœ  guoque  utvocantur,  a  sex  usque  ad  dnas 
voces  :  singulx  tum  arlijiciose ,  ium  etiam 
mire  jucunditatis ;  Augsbourg,  Melcbior  Kries- 
tein,  1540,  in-4°.  Ce  recueil  a  eu  pour  éditeur 
Sigismond  Salblinger.  —  5°  Selectissimarum 
moltctarum  parlim  quinque  partim  quatuor 
vocum,  1).  Giorgio  Forstero  selectore.  Imprime- 
bat  Johannes  Petreius ;'Sonmhe.r^fË,  anno  1540, 
in-4°. — C  A'/c  livre  contenant  XX  VII  chansons 
nouvelles  ,  à  quatre  parties  en  un  volume  et  en 
deux  Imprimées  par  Pierre  Attaingnant  et  Hu- 
bert Jollet  à  Paris,  1542,  petit  iu-4o  obi. — 
7"X1F  livre  contenant  AA'A'c/tan5o«5?joi/t)e//c5 
à  quatre  par  lies,  oXc.  ;  ibid.,  l543,petitin-4"obl. 


—  s"Piissimx  ac  sacratissimx  Lamenlntiones 
Jeremix  pi-ophetx ,  miper  a  variis  auctnriôus 
compositx,  pluribus  vocibusdistinctx  :  cl  nunc 
primum  in  lucem  editx  ;  Parisiis,  Adr.  Le  P»oy 
et  Rob.  Callard  (sans  date),  in-4".  La  troi- 
sième et  la  huitième  Lamentation  de  ce  recueil 
sont  composées  par  Arcadelt.  —  [)".  Tertius  li- 
ber (  Motectorum  )  cum  quatuor  vocibus.  Im- 
pressum  Lugduniper  Jacob am  Modernum  de 
Pinguento  anno  Domini  1539,  in-4o  obi.  — 
10°  Tirtius  liber  Motet torum  ad  quinque  et  sex 
voces.  Opéra  et  solertia  Jacobi  Moderni  alias 
dicti  Grand  Jaques  :  in  vnum  coaclorum  et 
Lîigduni  prope  phanum  divx  Viryinis  de  Con- 
fort, ab  eodem  impressorum  ,  1538,  in-4"  — 
11"   Quartus   liber  etc.,    ibid.,    1539,  in-4". 

—  12°  Canticum  Beatx  Marix  Virginis,  quod 
Magnificat  inscribitur ;  veto  modis  diversis 
auctoribus  compositum  :  nunc  primum  in  lu- 
cem editum.  Lutetix  apud  Adrianum  Le 
Roy  et  Robertum  Ballard ,  1557,  in  fol.  — 
13"  Dix  ème  livre  de  chansons  à  quatre  parties 
composées  par  plusieurs  authears;  Paris ,  Ni- 
colas Duchcmin,  1552,  in-4'' obi.  11  y  a  onze  chan- 
sons d'Arcadelt  dans  ce  recueil.  —  14°  Second 
livre  de  cliansons  nouvellenœnt  mises  en  mu- 
sique par  bons  et  sçavants  musiciens, imprimées 
en  quatre  volumes,  à  Paris  ,  de  Vimprimerie 
d' Adrian  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  imprimeurs 
du  Roy.  Rue  Saint-Jean  de  Beauvais,  à  l'en- 
seigne Sainte- Geneviève,  1-554,  in-4°.  Il  n'y  a 
qu'une  seule  chanson  d'Arcadelt  dans  ce  recueil 
(  Les  yeux  qui  me  sçurent  prendre);  mais  elle 
est  remarquable  par  la  grâce,  pour  le  temps  où  elle 
fut  écrite.  —  15°  Tiers  livre  de  chanson  s,  aie, 
ibid. ,  1554,  in-4"  obi.  11  y  a  18  chansons  d'Ar- 
cadelt dans  ce  recueil.  Adrien  Le  Roy  et  Ro- 
bert Ballard  ont  donné  une  deuxième  édition 
du  mCme  livre  en  1561 ,  dans  laquelle  l'ordre  des 
chansons  a  été  changé.  —  10°  Quart  livre  de 
chansons,  etc.,  ibid.,  1553,  in-4"  (contenant  qua- 
tre chansons  d'Arcadelt).  Une  autre  édition  de 
c«  livre  a  été  publiée  par  les  mêmes,  en  1561.  — 
17°  Sixième  livre  de  chansons,  etc.,  ibid.,  1556, 
in-4''  (contenant  quatre  pièces  d'Arcadelt).  — 
18°  Septième  livre  de  chansons,  etc.,  ibid.,  1557. 

—  19°  Huitième  livre  de  chansons,  etc.,  ibid., 
1557  (contenant cinq  chansons  d'Arcadelt).  —  "^0" 
Premier  recueil  des  recueils,  composé  à  quatre 
partiesde  plusieurs  autheurs excellents,  ibid., 
1567,  in-4".—  21°  Second  livre  du  recueil  des 
recueils, clc.,\b'n\.,  1508.  Il  y  a  une  première  édi- 
tion de  ce  livre  publiée  par  les  mêmes  en  1564. 

—  22"  Dans  le  recueil  de  pièces  pour  deux  luths, 
publié  à  Anvers,  chez.  Pierre  Phalèse  ,  en  15C8  , 
in-4" ,  sous  ce  titre  :  Lueulentum  theatrum 


ARCADELT  —  ARCHYTAS 


120 


musicum:  on  trouve  des  pièces  d'Arcadelt  ar- 
rangées pour  cet  instrument. 

ARCHANGELO,  compositeur  de  musique 
d'église  au  seizième  siècle,  né  à  Lonato,  vécut  à 
Brixen ,  dans  le  couvent  de  Saint-Euphera ,  de 
Tordre  de  Mont-Cassin.  Possevin  {Apparat. 
Sac,  1. 1,  p.  114)  cite  un  de  ses  ouvrages  sous 
ce  titre  :  Saci'ss  cantiones;  ce  sont  des  motets 
pour  le  jour  de  Noël  et  la  semaine  sainte  ;  Venise, 
1585. 

ARCHESTRATE,  musicien  grec.  On  ignore 
le  lieu  de  sa  naissance  et  le  temps  où  il  a  vécu; 
mais  on  sait  qu'il  avait  écrit  un  Traité  sur  les 
joueurs  de  jlt'ite  (Athénée,  iiv.  xiv,  c  9) ,  qui 
n'est  pas  venu  jusqu'à  nous.  Je  ne  sais  où  La 
Borde  (qui  cite  Athénée),  a  pris  qu'Archestrate 
était  né  à  Syracuse  et  fut  disciple  de  Terpion  : 
il  n'y  a  pas  un  mot  de  cela  dans  Athénée. 

ARCHl  AS ,  fameux  joueur  de  trompette  ,  né 
à  Hybla,  en  Sicile,  fut  couronné  aux  jeux  Olym- 
piques ,  dans  les  Olympiades  97,98  et  99.  Pol- 
'lux  nous  a  conservé  une  épigramnie  d'Archias, 
dans  laquelle  il  dédie  une  statue  à  Apollon  ,  en 
reconnaissance  de  ce  qu'il  avait  joué  de  la  trom- 
pette pendant  trois  jours  aux  jeux  Olympiques 
sans  se  rompre  aucun  vaisseau  ,  quoiqu'il  sonnât 
de  toute  sa  force. 

ARCÏÎIER  ou  ARCHER  (Jean  L'),  eon- 
trapuntiste  du  seizième  siècle,  était  né  à  Dou- 
lens,  dans  la  Picardie,  ainsi  que  le  prouve  une 
Ordonnance  pour  le  reiglement  de  Vhostel  de 
Monseigneur  le  duc  de  Bourgoigne,  laquelle  se 
trouve  dans  les  archives  du  duché  de  Bourgogne 
qui  ont  été  séparées  de  celles  du  duché  de  Bra- 
bant  et  transportées  à  Lille.  Cette  pièce  se  trouve 
au  troisième  volume  des  règlements  de  l'hôtel 
des  ducs.  On  y  voit  que  rArchier  fut  au  service 
du  duc  de  Bourgogne  ;  mais  l'ordonnance  ne  porte 
point  de  date  précise. 

Un  compte  de  dépenses  relatives  aux  funérailles 
«le  François  I*"",  roi  de  France,  en  1548,  publié 
dans  la  Revuemusicale{\.%'à'l,n°Z\,'î.k'i),  prouve 
que  maître  Jean  l'Archier  ou  Larcher  était  alors 
chantre  de  la  chapelle  et  de  la  chambre.  Il  est 
vraisemblable  que  les  avantages  accordés  alors 
aux  nmsiciens  de  la  cour  de  France  l'avaient  dé- 
terminé à  quitter  la  musique  du  duc  de  Bour- 
gogne ;  mais  on  n'a  point  encore  découvert  de 
document  qui  indique  l'époque  précise  de  ce 
changetnent  de  position.  Le  nom  de  l'Archer  ne 
se  trouve  pas  parmi  les  musiciens  de  la  chapelle 
de  François  1'"^,  dans  les  comptes  de  1532  et  de 
1533. 

11  ne  faut  pas  confondre  Jean  l'Archer  ou  l'Ar- 
chier avec  un  autre  musicien  nommé  Pierre 
Archer,  qui  ligure  dans  un  compte  de  la  cha- 

BIOGR.    UMV.    DES    MUSICIENS.     -    T.    I. 


pelle  de  François  T"",  pour  l'année  1532,  tire  d'un 
manuscrit  du  seizième  siècle,  appartenant  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris,  et  qui  a  ét^  pu- 
blié parCaslil-Blaze,  dans  son  livre  intitulé  :  Cha- 
pelle musique  des  Rois  de  France.  On  voit 
par  ce  compte  que  les  appointements  de  ce 
chantre  de  la  chapelle  étaient  de  300  livres  tour- 
nois, et  qu'il  avait  eu  celte  année  une  gratitica- 
lion  de  75  livres,  en  tout  375  livres  tournois  on 
environ  1487  fr.  50  c.  de  notre  monnaie  ('),  somme 
considérable  pour  cette  époque.  On  trouve  des 
spécimens  du  savoir  de  l'Archier  dans  les  Socr. 
Cant.  quinque  vocum,  publiés  à  Anvers  par 
Tilman  Susato,  en  1546  et  1547. 

ARCHÎLOQUE,  poète  et  musicien  grec,  né 
à  Paros ,  l'une  des  Cyclades ,  paraît  avoir  vécu 
entre  la  quinzième  et  la  trente-septième  olym- 
piade. Il  était  fils  de  Télésicleet  d'une  esclavenom- 
méQ  Enipo.  Doué  de  talents  extraordinaires,  la 
bonté  de  son  cœur  n'égalait  pas  malheureusement 
la  beauté  de  son  esprit,  et  lui-môme  a  pris  soin  de 
nous  instruire  de  plusieurs  circonstances  de  sa  vie 
qui  font  peu  d'honneur  à  son  caractère  et  à  ses 
mœurs.  Sa  plume  était  redoutable  à  ses  ennemis 
et  même  à  ses  amis,  qu'il  déchirait  par  amuse- 
ment :  tant  de  licence  détermina  les  Lacédémo- 
nieus  à  lui  interdire  l'entrée  de  leur  pays  et  à 
défendre  la  lecture  desesouvrages.  Il  fut  tué  dans 
un  combat,  on  ne  sait  à  quelle  occasion,  par  un 
cerfainCallondas,  surnommé  Corax,  qui  ne  com- 
mît ce  meurtre  que  pour  conserver  sa  vie.  Les  in- 
ventions que  Plularque  {De  Musica)  attribue  à 
Arcliiloque  sont  :  1°  le  rhythme  des  trimètres; 
T  le    Passage  d'un  rhythme  dans  un  antre 
d'un  genre  différent;  3"  la  Paracataloge  (dé- 
sordre dans  l'arrangement  «les  sons  et  dans  le 
rhytlime)  ;  4°  la  manière  d'adapter  à  tout  cela 
le  jeu  des  instruments  à  cordes;  5"  les  épo- 
des  ;  6"  les  tétramètres  ;  7°  le  rhythme  pro- 
critique; 8°  le  prosodiaque ;  9°  l'élégie',  lo" 
l'extension  de  l'ïambique  jusqu'au  péan  épi- 
baie  ;  1 1"  celle  de  l'héroïque  jiisqu'au  proso- 
diaque et  au  crétique;   12°  Cexécution  musi- 
cale des  vers  ïambiques,  dont  les  uns  ne  font 
que  se  prononcer  pendant  le  jeu  des  instru 
ments  et  dont  les  autres  se  chantent. 

ARCIî\TAS,  philosophe  pythagoricien,  na- 
quit à  Tarente,  dans  la  Grande-Grèce  (aujourd'hui 
le  royaume  de  Naples),  et  fut  le  contemporain  de 
Platon,  avec  (jui  il  se  trouva  à  la  cour  de  Denys, 
tyran  de  Syracuse.  Ce  fut  lui  qui  sauva  la  vie  à 
ce  philosophe,  que  Denys  voulait  faire  mourir, 
par  une  lettre  qu'il  écrivit  à  ce  prince.  Porphyre 

(«)  Ta r  une  ordonnance  du  s  mars  ib32,  sur  les  mon- 
naies, la  valeur  de  la  livre  tournois  avait  été  fixée  ù 
1  fr.  70  0. 

9 


139 


ARCHYTAS  —  ARENA 


et  Tliéon  de  Smyrtie  disent  qu'il  a  écrit  un 
traité  sur  les  iiarmoniqiies  et  un  autre  sur  les 
flûtes  :  ces  deux  ouvrages  sont  perdus. 

ARCIERO  (Aluise,  ou  Lodis),  organiste  de 
premier  orgue  de  l'église  Saint-Marc,  de  Venise, 
était  né  dans  cette  ville  vers  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle ,  car  la  forme  de  son  prénom 
n'était  en  usage  que  dans  le  dialecte  vénitien. 
Arciero  succéda  dans  sa  place  à  Baptiste  Barto- 
lamio,  le  21  février  1518,  et  l'occupa  jusqu'à  la 
fin  d'octobre  1530.  On  ne  connaît  jusqu'à  ce  mo- 
ment aucune  composition  sous  le  nom  d'Ar- 
ciero. 

ARCOJVATI  (  Le  Père),  né  à  Sarzano,  vers 
1610,  entra  fort  jeune  dans  l'ordre  des  cordeliers 
appelés  Mineurs  conventuels.  Après  avoir  fait 
de  bonnes  études  musicales,  il  écrivit  pour  l'église 
une  grande  quantité  de  messes,  de  vêpres,  et 
«i'autres  morceaux  de  musique  qui  se  trouvent  en 
manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  couvent  de 
Saint-François,  à  Bologne.  Nommé  maître  de 
chapelle  de  ce  couvent  en  1653,  il  succéda  dans 
cette  place  au  P.  GuidoMontalbani  ;  mais  il  ne  la 
garda  que  peu  d'années,  car  il  mourut  en  1657  : 
son  successeur  (ut  le  P.  François  Passerini. 

ARDALE,  joueur  de  flûte,  était  fils  de  Vnl- 
cain,  selon  Pausanias,  et  naquit  à  Trézène,  ville 
de  Péloponèse.  Plutarque  {De  Musica)  dit  qu'il 
réduisit  en  art  la  musique  pour  les  flûtes.  Pline 
(lib.  vi[,  c,  56)  attribue  à  un  Trézénien,  qu'il 
nomme  Dardanus,  la  manière  d'accompagner  le 
chant  par  les  flûtes  [Cum  tibiis  canere  voce 
Trsezenius  Dardanus  vistituït):  ce  passage 
semble  se  rapporter  à  Ardale  ;  c'est  pourquoi  Mé- 
ziriac  et  le  Père  Ilardouin  ont  remarqué  qu'il  fal- 
lait substituer  j4rc?a/MS  à  Dardanus,  dont  aucun 
autre  écrivain  de  l'antiquité  ne  parle.  Il  y  a  dans 
le  Banquet  des  Sept  Sages  de  Plutarque  un  Ardale 
de  Trézène,  joueur  de  flûte  et  prêtre  des  Muses; 
mais  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  celui-ci,  qui 
est  beaucoup  plus  ancien. 

ARDANAZ  (Pedro),  prêtre  et  compositeur 
espagnol,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  pri- 
raatiale  de  Tolède,  depuis  le  16  juin  1674,  et  con- 
serva cette  position  jusqu'au  11  décembre  1706, 
où  il  mourut.  Quelques  messes  et  motets  de  sa 
composition  se  conservent  dans  les  archives  de 
lYgiise  de  Tolède  et  à  l'Escurial, 

ARDEMANIO  (Jules- CÉSAR ),  compo- 
sileiu-  milanais,  maître  de  chapelle  et  organiste 
del'égliseSainle-Marie  délia  ScalaeldeSania- 
Fedele,  à  Milan,  mourut  dans  celte  ville  en 
1650.  On  a  de  lui  des  Motets  imprimés  à  Milan 
en  1616,  des  Faux- Bourdons,  publiés  eu  1618, 
et  l'ouvrage  intitulé  :  Musica  a  più  voci  con 
basso  per  Vorgano,  concertata  in  occasione 


d'  xina  pastorale  alLudente  alla  vemita  di 
S.  far/o.  31ilano,  1C2S,  in-4". 

ARDITI  (Le  marquis  Micuele),  savant  ar- 
chéologue et  amateur  de  musique,  naquit  le  2!) 
septembre  1745,  à  Presicca,  dans  la  terre  d'O- 
trante,  au  royaume  de  Naples.  Après  avoir  fait  de 
brillantes  études  au  séminaire  de  Lecce,  puis  à 
l'université  de  Naples,  il  se  livra  avec  succès  à  la 
profession  d'avocat,  et  se  fit  connaître  par  de  bons 
ouvrages  sur  des  sujets  d'archéologie  qui  le  firent 
entrer  dans  l'ac^adémie  d'Herculauum,  dans  la  So- 
ciété des  sciences,  lettres  et  beaux-arts,  et  dans 
plusieurs  autres  sociétés  savantes  de  Naples,  de 
Rome  et  du  Danemark.  En  1807  il  fut  nommé 
directeur  général  du  musée  royal  Jiorbonico,  et 
dix  ans  plus  tard  il  eut  la  charge  de  surintendant, 
des  fouilles  d'antiquités  dans  le  royaume  de  Na- 
ples. Ses  travaux  scientifiques  ne  l'empêchèrent 
pas  de  se  livrer  avec  ardeur  à  la  culture  de  la 
musique,  qu'il  avait  étudiée  dans  sa  jeunesse,  sous 
la  direction  de  Jomelli.  Ses  productions  dans  cet 
art  consistent  en  un  opéra  sérieux,  V Olimpiade 
de  Métastase,  beaucoup  de  cantates  religieuses 
et  profanes,  une  multitude  d'airs  délaciiés  avec 
orchestre  ou  clavecin,  plusieurs  sym[)lionies  (ou- 
vertures), sonates  de  piano,  et  beaucoup  de  mo- 
tets composés  pour  diverses  églises  de  Naples. 
Commandeur  ou  chevalier  de  plusieurs  ordres , 
comblé  d'honneurs  et  généralement  eslimé,  le 
marquis  Arditi  mourut  le  23  avril  1838,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-treize  ans,  laissant  au  Musée 
royal  son  médailler,  beaucoup  d-inscriptions  et 
d'objets  antiques;  à  la  bibliothèque  Borbonica  sa 
colleclion  de  manuscrits,  et  au  collège  royal  de 
musique  ses  propres  ouvrages  et  beaucoup  de 
compositions  autographes  des  maîtres  les  plus 
célèbres. 

ARDITI  (Louis),  violoniste  et  compositeur, 
né  à  Crescentino  ,  près  de  Verceil ,  dans  le  Pié- 
mont, a  fait  ses  éludes  musicales  au  Conserva- 
loirc  de  Milan,  et  a  commencé  à  se  faire  con- 
naître dans  les  concerts  en  1839.  En  184(,  il  a 
(ait  exécuter  au  Conservatoire  l'opéra  de  sa  com- 
position intitulé  :  J Briganli.En  1851,  il  voyageait 
en  Amérique  et  à.  la  Havane,  pour  y  donner  des 
concerts.  On  a  publié  de  cet  artiste  :  Sestetlo  di 
bravura  per  due  violini,  due  viole,  violoncello 
et  conlrabasso.  Milano,  Riconli,  ainsi  que  des 
duos  pour  deux  violons, ou  piano  et  violon,  sur 
des  motifs  d'opéras, 

ARDORE  (Le  prince  d').  Voyez  MILANO 
(Jacques  François). 

ARENA  (Joseph),  compositeur  napolitain, 
né  au  commencement  du  dix  huitième  siècle  ,  a 
mis  en  musique  Achille  in  Sciro,  représenté  à 
Rome  en  1738,  Tigrane,  à  Venise,  1741  ;  Aies- 


ARENA  —  ARGIES 


131 


sandro  in  Pcrsia,  à  Londres  ,  1741 ,  Farnacs, 
à  Homo,  1742.  Il  a  laissé  on  manuscrit  un  ou- 
vrage élémenlaire  intitulé  :  J'rincipi  per  cembalo 
0  orguno. 

ARENBERG  (***),  écrivain  allemand, 
qui  n'est  coimu  que  par  une  dissertation  latine 
sur  la  musique  des  anciens,  inséiée  dans  le  neu- 
vième volume  des  MisccUanées  de  Leipsick. 

ARESTI,  ou  ARRESTI  (Jules-César)  , 
né  à  Cologne,  vers  1(530,  fut  élève  d'Ottavio  Ver- 
nizzi,  organiste  de  l'cgiise  Saint-Pétronne  de 
cette  ville,  à  qui  il  succéda.  Il  fut  un  des  pre- 
miers memhresde  l'Académie  des  philharmoniques 
de  Cologne,  l'ondée  en  1C66  ,  et  obtint  trois  fois 
l'honneur  d'en  être  le  prince  (président),  en  (671, 
1C86  et  IG9i.  Arejiti  a  fait  imprimer  de  sa  compo- 
sition :  1°  Messa  e  vespro  délia  B.  V.  M.  a  ofCo 
roct  ;  Bologna,  16..,in-4o — 2°  Messa  a  tre  voci 
con  siufonie;  ibid.  —  3"^  Sabni  cinque  a  quattro 
voci;  Venise,  1664,  in-4*' — 4°  Gare  miisicali, 
salmi  a  cappella  a  quattro  voci,  avec  quelques 
psaumes  à  quatre  voix  de  Cazzati,maitrede  chapelle 
de  Saint-Pétronne.  Aresti  écrivit  contre  ce  môme 
Cazzati,  qui  était  en  ijossession  de  son  emploi  de 
maître  de  chapelle  depuis  1657,  et  lit  une  critique 
sévère  du  Kyrie  d'une  messe  à  cinq  voix  placée 
dans  l'œuvre  17*  de  ce  maître.  Une  lutte  violente 
s'établit  à  cette  occasion  entre  les  deux  artistes, 
qui  publièrent  plusieurs  pamphlets  remplis  d'ex- 
pressions amères  et  d'injures.   Voy.  Cazzati. 

ARESTI  (Floriano),  organiste  de  l'église 
métropolitaine  de  Bologne,  et  académicien  phil- 
harmonique, naquit  à  Bologne  vers  la  fin  du 
dix-septième  siècle.  On  connaît  de  lui  les  opéras 
suivants:  1"  Cris  ip/)o ,  à  Ferrare,  en  1711.— 
2"  Inganno  si  vince;  Bologne,  1710. —  Z°Eiiig- 
via  disciolta,  en  1 7 10 ,  à  Bologne.  —  4°  Cos/an- 
za  in  cimenta  colla  crudeltà,  à  Venise, en  I7l2. 
—  5°  Il  trionfo  di  Pallade  in  Arcadïa ,  à 
Bologne,  eu  i7l6.Fantuzzi  {Scrittori  bolog- 
nesi)  dit  qu'Aresti  a  cessé  de  vivre  avant  1719, 
ou  au  plus  tard  dans  le  cours  de  cette  année. 

ARETIN  (Gui).  Voy.  Gvi. 

ARETIN  (CuiusTOPHE,  baron  d'),  homme 
savant  et  distingué  dans  les  sciences,  les  arts 
et  la  littérature,  né  le  2  décembre  1773,  à 
Ingolstadt,  fut  nommé  conseiller  de  cour  à  Mu- 
nich en  1793.  En  1793,  on  l'envoya  comme  com- 
missaire à  Wetziar;  en  1799,  il  fut  (ait  con- 
seiller de  la  direction  provinciale  auprès  de  la 
dcpulation  de  droit  public ,  à  Munich ,  et  en 
1 804 ,  bibliothécaire  de  la  cour.  C'était  un  pianiste 
habile  et  un  compositeur  de  quelque  mérite.  On 
a  de  lui  une  messe  et  une  symphonie  qui  ont 
été  exécutées  par  l'orchestre  de  la  cour ,  et  qui 
ont  oblcnu  beaucoup  de  succès.  Il  a  fait  impri- 


mer en  1810,  par  le  procédé  lithographique,  deux 
recueils  de  chansons  allemandes  de  sa  compo- 
sition, sous  le  nom  d'Auguste  Re.nati.  Le  baron 
d'Aretin  est  mort  à  Munich  en  1822.  Voy.  la  Ba- 
vière savante   de  Kl.  Bader,  1. 1 ,  p.  35. 

ARETIIVO.   Voy.  Appoloni. 

ARETirVCS,  nom  sous  lequel  GUI  ou 
GUIDO  d'Arezzo  est  souvent  désigné  par  les  an- 
ciens auteurs. 

ARETIA^US  (Paul),  musicien  au  service 
du  duc  de  Ferrare  et  compositeur  de  musique  d'é- 
glise, qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  est  connu  par  les  ouvrages  dont  voici  les 
titres  :  1°  Responsoria  hebdomadx  sant.r ,  ac 
Nalulis  Domini,  Te  Deum  et  Benedictus  qua- 
tuor voc,  Venfse,  1 547. —  2°  Sacra  responsoria, 
tum  natali  Domini,  tum  jovis,  veneris,  ac 
sabbati  sancti  diebiis  diei  solila,  nunc primxnn 
a  D.  Paido  Aretino sub  miisicis édita  rhythmis, 
atque  ab  eodem  summa  recens  cura,  dili- 
gentiaque  castigata;  Venetiis,  apiid  Hiero- 
ïiymiim  Scotum,  1544,  in-4o.  Une  deuxième 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  publit'e  à  Venise,  en 
1574,  in-4°.  Il  est  vraisemblable  (jue  le  nom  d'^- 
rctinus  ne  fut  donné  à  ce  compo>itcur  que  pour 
désigner  sa  patrie,  qui  était  Arezzo,  ville  de  la 
Toscane  ;  son  véritable  nom  de  famille  est  inconnu, 
et  Paulus  n'est  que  son  prénom. 

AREYALO  (Faustino  ) ,  écrivain  espagnol 
qui  n'est  connu  que  par  l'ouvrage  suivant  :  Hym- 
nodia  Hispanica  ad  cantus  latinitatis,  mé- 
trique legesrevocatact  aucta.  Prxmittitur  dis- 
sertatio  de  Hymnis  eeclesiasticis,  eoruniquc 
correctione, atque optimaconstitutione.  Romx, 
ex  typographia  Salomonianx  ad  divi  Jgnatit,  ' 
1784,  in-4  °.  Je  présume  que  cet  auteur  est  ur; 
des  jésuites  espagnols  réfugiés  à  Rome  après  leur 
exiiulsion  de  l'Espagne. 

ARGEj\TlLL(CnARLESD')OUD'ARGENTILLV, 

contemporain  d'Atcadelt,  fut,  comme  lui,  chanteur 
et  compositeur  de  la  chapelle  pontificale,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle.  L'abbé  Baini 
le  range  parmi  les  musiciens  flamands  qui  bril- 
lèrent alors  en  Italie;  mais  il  est  plus  vraisem- 
blable qu'il  était  de  la  Picardie ,  où  il  existe  des 
familles  de  ce  nom.  On  trouve  quelques  motets 
de  cet  auteur  dans  les  recueils  publiés  en  Italie 
antérieurement  à  1550. 

ARGEKTIIM  (ETIENNE),  moine, bachelier 
en  théologie  et  maître  de  chapellede  l'église  Saint- 
Étienne  ,  à  Venise,  naquit  à  Kimini  vers  1600. 
11  a  fait  imprimer  :  1°  Missx  trium  vacum;  Ve- 
nise, 1638. —  T  Salmi  concertafi,  fbid.  1638 

ARGIES  (  Gauthier  d')  ,  poète  et  musicien 
du  treizième  siècle,  était  de  la  maison  d'Argies  en 
Picardie.  Le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  impé- 


132 


ARGIES 


ARION 


riale  coté  7222,  contient  vingt  et  une  chansons 
notées  de  sa  composition. 

ARGILIAKO  (Roter),  compositeur,  né  à 
Castro-Nuovo,  dans  l'Ile  de  Corse,  vivait  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  Hesponsori per  lasettimana 
sanla,  Messa  e  Vespro  per  il  Sabato  sanlo. 
Venezia,  Amadino,  1612,  in-4". 

ARGYROPYLE  (Jean)  ,  littérateur  et  mu- 
sicien grec,  naquit  à  Conslantinople  en  1404.  A 
l'époque  où  Amurat  II  fit  le  siège  de  cette  ville,  il 
s'en  éloigna,  et  alla  s'établir  à  Florence,  en  1430. 
Il  y  donna  des  leçons  de  sa  langue  maternelle. 
La  peste  ayant  ravagé  l'Italie,  Argyropyle  en  fut 
atteint,  et  il  mourut  à  Rome  en  1474,  à  l'âge  de 
soixaule-dix  ans.  Il  a  laissé  un  volume  de  chants 
à  voix  seule,  sous  le  titre  de  Monodia,  que  Gé- 
rard Vossius  assure  exister  dans  la  Bibliothèque 
du  roi  de  France  (  De  Hist.  Grxc,  lib.  IV, 
p.  493)  ;  mais  je  ne  l'y  ai  point  trouvé. 

ARIANUS  (  Je.vn-T.),  écrivain  du  seizième 
siècle,  a  publié  un  livre  intitulé  :  Isagoge 
musicx  poeticas,  Erfurt,  1581,  in-4''.  On  n'a 
aucun  renseignement  sur  cet  auteur,  cité  par 
Blankenburg  dans  ses  additions  à  !a  théorie  des 
t)eaux-arts  de  Suizer. 

ARIBONjScolastique,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  l'évêque  de  Frisingue  du  même  nom, 
naquit  probablement  dans  les  Pays-Bas,  vers  le 
milieu  du  onzième  siècle  ;  car  il  a  dédié  un  traité 
de  musique  dont  il  est  auteur  àEllenhard,  évéque 
de  Frisingue,  mort  en  1078(F«cZ.  C.  Meichelbeck 
in  Hist.  Frising.).  L'ouvrage  d'Aribon,  intitulé 
Musica,  est  une  sorte  de  commentaire  sur  quel- 
ques points  de  la  doctrine  de  Gui  d'Arezzo  :  l'abbé 
Gerbert  Fa  inséré  dans  sa  collection  des  écrivains 
ecclésiastiques  sur  la  musique  (t.  II,  p.  197-229). 
La  préface  avait  été  déjà  publiée  par  le  P.  Pez 
(  Thés,  auecd.,  t.  VI  p.  222).  Une  dos  par- 
lies  les  plus  utiles  de  l'ouvrage  d'Aribon  est  celle 
qui  a  pour  titre  :  Ulilis  exposilio  super  obscu- 
ras  Guidonis  sententias.  Les  passages  dont  il 
s'agit  sont  tirés  du  micrologue  de  Gui  ;  Aribon 
aurait  pu  en  augmenter  la  liste,  car  le  moine 
d'Arezzo  est  certes  un  des  écrivains  sur  la  mu- 
sique du  moyen  âge  les  moins  intelligibles;  ajou- 
tons que  sa  latinité  est  fort  incorrecte  et  abonde 
en  barbarismes.  Le  livre  d'Aribon  nous  fournit 
encore  une  indication  qui  mérite  d'être  remarquée 
dans  le  chapitre  de  son  livre  qui  a  pour  titre  :  De 
distinctionibus  cantuum,  et  cur  finales  dïcan- 
tur  ac  sïiperiores.  Il  y  cite  un  passage  de  Gui 
qui  n'existe  ni  dans  les  ouvrages  de  ce  moine, 
publiés  par  l'abbé  Gerbert  dans  sa  collection  des 
♦•crivains  ecclésiastiques  sur  la  musique,  ni  dans 
les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris 


que  j'ai  consultés,  ni  dans  le  mien,  ni  enlin 
dans  aucun  de  ceux  que  j'ai  examinés,ce  qui  sem- 
blerait indiquer  que  nous  n'avons  pas  tous  les 
écrits  de  Gui  d'Arezzo,  ou  du  moins  qu'il  y  a 
des  lacunes  dans  ceux  qui  sont  venus  jusqu'à 
nous.  Voici,  au  reste,  le  passage  dont  il  s'agit  -. 
Quamvis  principia,  praesertiin  tamen  fines 
distinctionum  sunt  considerandi ,  qui  prae- 
cipue  debent  finales  repetere,  ut  dominus 
Guido  dogmatizat  dicens  :  »  Item  ut  ad 
«  principalem  vocem ,  id  est,  finalem  pêne  om- 
o  nés  distinctiones  currant;  hoc  tamen  rarius 
o  invenitur,  quamcrebrius.»  Voy.  Gui  d'Arezzo. 

ARIETTO  (Simon),  célèbre  violoniste  qui 
vivait  au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
naquit  à  Verceil.  Après  avoir  été  pendant  quelque 
temps  au  service  du  duc  de  Mantoue,  il  revint 
dans  sa  ville  natale,  et  de  là  passa  à  la  cour  du 
duc  de  Savoie,  en  1G30.  Arietto  est  le  premier 
violoniste  qui  soit  mentionné  comme  virtuose 
dans  l'histoire  de  cet  instrument.  Il  eut  deux  fils, 
François  et  Simon ,  qui,  quoique  fort  habiles  sur 
le  violon,  n'égalèrent  point  leur  père. 

ARIGOIM  (Je\n-Jacques),  compositeur  du 
dix-septième  siècle,  et  membre  de  l'Académie 
Fileutera,  dans  laquelle  il  était  connu  sous  le 
nom  de  V Affettuoso,  a  publié  à  Venise,  en  1623, 
des  madtigaux  à  deux  et  trois  voix ,  de  sa  com- 
position. Oq  connaît  aussi  du  même  auteur  : 
Concerti  da  caméra;  Venise,  1635.  On  trouve 
des  madrigaux  composés  par  Arigoni  dans  l'ou- 
vrage qui  a  pour  titre  :  Madrigaii  del  signor 
cavalière  Ânselmi,  nobiie  di  Treviso,  posti  in 
musica  da  diversi  eccellentissimi  spiriti,  a 
due,  tre,  quattro  e  cïnque  voci,  con  il  basso 
continua.  Siampato  dal  Gardano  in  Venetia. 
Apresso  Bartolomeo  Magni,  1624. 

ARION,  poète  et  joueur  de  cithare,  né  à 
Méthymne,  dans  l'île  de  Lesbos,  fut,  dit  Héro- 
dote, l'inventeur  du   dithyrambe,  et  composa 
plusieurs  hymnes  fameux.  Le  même  historien  et 
Aulu-Gelle ,  d'après  lui,  disent   qu'il  acquit  de 
grandes  richesses  par  la  beiuité  de  son  chant  et 
de  ses  vers,  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Italie  et 
en  Sicile.  Ce  fut  au   retour  de  ce  voyage  que, 
s'étant  embarqué 'pour  aller  à  Corintlie  sur  un 
vaisseau  de  cette  ville,  les  matelots,  tentés  par 
ses  richesses,  prirent  la  résolution  de  le  jeter  a 
la  mer.  En   vain  il  s'efforça  de  les  fléchir;  tout 
ce  qu'il  put  obtenir  fut  qu'avant  de  se  précipiter 
dans  les   ondes  il  prendrait  sa  lyre,  et  chante- 
rait quelques  élégies.  On  connaît  le  récit  d'Aulu- 
Gellc  et  des  poètes,  qui  ont  dit  qu'un  dauphin, 
attiré  par  le  charme  de  sa  voix,  le  reçut  sur  son 
dos,  elle  porta  jusqu'au  cap  Ténare( aujourd'hui 
cap  Matapan  ),  dans  le  Péloponèse  On  dit  aussi 


ARION  —  ARISTIDE  QUIINTILLIEN 


133 


qu'Aiion  fut  inventeur  des  chœurs  et  des  danses 
en  rond  :  quelques-uns  prétendent  que  cette  in- 
vention est  due  à  Lasus. 

ARIOSTI  (Attilio),  dominicain,  naquit  à 
Bologne  vers  1660,  et  s'adonna  de  bonne  iieure 
à  l'étude  de  la  musique.  Il  paraît  qu'il  obtint 
une  dispense  du  pape  qui  l'exemptait  des  devoirs 
de  son  état,  et  lui  permettait  de  se  livrer  à  la 


en  1704.-4°  fM  Festa d'fmenei ;  Ber\in,i7 00; 

—  b"  Atys;  Lutzenbourg,  1700;  —6°  Nabucodo- 
nosor.  Vienne  ,  1706.  — 7"  La  più  glorïosafa- 
tica  d'Ercole;  Bologne,  I70G.  —  8°  Amor  tra 
riemici;  Vienne,  1708.  —  9°  Ciro;  Londres,  1721. 

—  10°  Le  premier  acte  de  Mîcciîis  Scevola; 
ibid.,  1721.—  ito  Coriolan;  ibid.,  1723.  —12° 
Vespasien,  ibid.,  1724.  —  13"»  Artaserse;  1724. 


composition    des    ouvrages  de  théâtre.   Après  [  —  l4o  Dario;  ibid.,  il^.b.  —  ib'LuciztsVerus; 


avoir  terminé  ses  études,  il  écrivit  pour  le  théâ- 
tre de  Venise,  en  1686,  l'opéra  de  Da/ne,  de 
Zeno.  Deux  ans  après,  il  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  l'électrice  de  Brandebourg.  L'anni- 
versaire du  mariage  du  prince  Frédéric  de  Hesse- 
Cassel  avec  la  fille  de  l'électrice  donna  lieu,  en 
1600,  à  des  fêtes  brillantes,  où  l'on  représenta 
un  intermède  d'Ariosti,  intitulé  la  Festa  d'ime- 
nci,  à  la  maison  de  plaisance  de  la  princesse, 
près  de  Berlin.  Dans  cet  ouvrage,  ainsi  que  dans 
ceux  qui  lui  succédèrent  immédiatement,  Ariosti 
imita  servilement  le  style  de  Lulli  ;  mais  dans 
son  opéra  lïAlijs  il  changea  de  manière,  et  se 
rapprocha  de  celle  d'Alexandre  Scarlatti ,  sans 
pouvoir  jamais  en  avoir  une  qui  lui  fût  propre. 
Au  bout  de  quelques  années  de  séjour  à  Berlin  , 
il  reçut  une  invitation  pour  se  rendre  à  Lon- 
dres, où  il  arriva  en  1716  :  il  y  obtint  des 
succès  brillants  dans  son  Coriolan  et  dans  Lu- 
cius  Verus  :  on  en  imprima  môme  les  parti- 
tions entières,  distinction  jusqu'alors  sans  exem- 
ple en  Angleterre.  Mais,  à  l'arrivée  de  Haendel 
dans  ce  pays,  ses  rivaux  Bononcini  et  Ariosti 
perdirent  la  faveur  du  public ,  et  leurs  com- 
positions disparurent  devant  les  œuvres  de  ce 
grand  musicien.  Ariosti  finit  par  tomber  dans 
un  état  voisin  de  la  misère,  et  fut  obligé  de  pu- 
blier par  souscription,  en  1723,  un  livre  décan- 
tâtes de  sa  composition,  qu'il  dédia  au  roi  Geor- 
ges V.  Heureusement  ces  sortes  d'entreprises 
sont  ordinairement  couronnées  par  le  succès  en 
Angleterre  :  celle-ci  (iroduisit  un  bénéfice  de 
près  de  mille  livres  sterling.  Peu  de  temps 
après,  Ariosti  partit  pour  l'Italie,  et  se  retira  à 
Bologne.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort. 

A  ses  talents  comme  compositeur  Ariosti 
joignait  le  mérite  d'être  bon  violoncelliste  et  ha- 
bile exécutant  sur  la  viole  d'amour.  A  la  sixiènio 
représentation  de  VAmadis  de  Haendel,  il  exé- 
cuta un  morceau  sur  la  viole  d'amour,  instru- 
ment alors  inconnu  en  Angleterre,  et  le  charme 
de  l'instrument  joint  à  son  talent  excita  im  en- 
thousiasme général.  11  était  d'un  caractère  doux 
et  affable,  mais  c'était  un  bomme  de  peu  de*  gé- 
nie. Voici  la  liste  de  ses  compositions  connues  : 
1°  Dafne,  en  un  acte  ;  1090.  —  2°  Enfile,  Ve- 
oise,  1697.— 3' ^ff  Mculrede' Maccabei,'^  Venise, 


Londres,  1726.  —  16°  Tenzone;  ibid.,  1727. 
—  17°  Cantates,  and  a  collection  of  tessons 
for  the  viol  d'amore;  Londres,  1728.  —  18°  S. 
Radegonda,  reginadi  Francia  ;  oratorio,  1693. 

ARISTIAS,  musicien  athénien  ,  a  écrit  un 
Traitédes  Cytharèdes{ki\\énée,,  liv.XIV,  c.  4.), 
(jui  n'est  pas  venu  jusqu'à  nous. 

ARISTIDE  QUINTILLIEN,  l'un  des 
auteurs  grecs  dont  les  écrits  sur  la  musique  sont 
parvenus  jusqu'à  nous,  est  plus  connu  par  sou 
livre  que  par  les  circonstances  de  sa  vie.  On  ignore 
et  le  lieu  et  la  date  de  sa  naissance.  Mcibomius 
a  cru  devoir  la  fixer  à  la  deux  cent  vingt-quatrième 
olympiade ,  sous  le  règne  d'Adrien,  époque  où  vi- 
vait Plutarque;  mais,  d'aprè&la  doctrine  qu'il  a  ex- 
posée dans  son  ouvrage,  et  qui  est  celle  delà  plus 
ancienne  école  grecque,  d'après  la  pureté  de  son 
style,  enfin  d'après  sa  dévotion  aux  dieux  du  paga- 
nisme, l'abbé  Requeno  {Saggisulristabilmento 
delV  arte  armonica,  1. 1,  p.  2  ,c.  10)conclut  qu'il 
a  vécu  sous  le  règne  d'Auguste,  ou  au  commen- 
cement du  suivant.  Quoiqu'il  en  soit,  il  est  cer- 
tain qu'il  est  postérieur  à  Cicéron,  car  il  cite  cet 
orateur  dans  son  traité  de  musique  :  "Onzç  ttoXXoû; 
TE  âXXo'jç  ëXaSs ,  xal  tov  èv  toïç  Kixepwo;  toO 
'PwjAaîovi  iroXiTixoiç  xà  xafà  fioy^ixii;  pnSévta. 
(  Voy.  Arist.  Quint,  exedit.  Meib.,  lib.  2,  p.  70.  ) 
Meibomius  conjecture  aussi  qu'Aristide  Quinlil- 
lien  vécut  antérieurement  à  Ptolémée,  parce  qu'il 
parle  du  système  des  treize  modes,  établi  dès  le 
temps  d'Aristoxène,  et  qui  fut  ensuite  porté  jus- 
qu'à quinze ,  sans  faire  aucune  mention  de  la 
réduction  du  système  à  sept  modes,  qui  fut  faite 
plus  tard  par  Ptolémée.  Cette  considération  ne 
parait  pas  concluante  ;  mais  il  y  a  d'autres  mo- 
tifs pour  croire  qu'Aristide  Qiiintillien  est  anté- 
rieur à  Ptolémée  :  Meibomius  ne  les  a  pas  aper- 
çus. Il  est,  au  reste,  remarquable  qu'aucun  auteur 
de  l'antiquité  n'a  parlé  de  cet  écrivain. 

L'ouvrage  d'Aristide  n'a  qu'un  titre  général 
qui  en  indique  peu  la  nature  :  ce  titre  est  Ilefl 
Mpuaix?,?  {Sur  la  musique  ).  Ce  traité  est  divisé 
en  trois  livres  :  ou  le  considère  avec  raison 
comme  ce  qui  nous  reste  de  plus  clair  et  de  plus 
satisfaisant  sur  la  musique  des  Grecs,  bien  qu'il 
soit  plutàt  théorique  que  pratique,  ainsi  que  la 
plupart  des  traités  de  l'art  musical  qui  nous  sont 


134 


ARISTIDE  QUINTILUEN 


venus  de  l'anliqiiité.  A  l'égard  de  la  doctrine 
e\|iosée  par  Aristide,  sous  le  rapport  de  la  divi- 
sion de  l'échelle  musicale,  elle  est  conforme  à 
la  théorie  des  nombres  de  Pythagore.  Je  crois 
donc  que  le  P.  Martini  s'est  trompé  sur  le  sens 
«les  i)arol&s  de  cet  auteur,  lorsqu'il  a  dit-qo'A- 
ristide  a  divisé  dans  le  premier  livre  de  son  ou- 
vraf^e  le  ton  en  deux  demi-tons  égaux  ,  mais 
qu'il  se  conforme  à  la.  doctrine  de  Pythagore 
dans  le  troisième  livre  (1).  Voici  le  texte  grec  : 
Aôyov  ôi  9r)[xi ,  -rriv  Ttpô;  a)X-f\lix  xai'  àpiOpLov 
Ôîatv.  'AXoya  oè ,  wv  oùSet;  7îp6;  àXkrika,  Xôyoç 
ç'jptGXETai.  ToO  [j.èv  ouv  Stà  Tsaaâpcov  Xoyoi;  Èffxlv 
èTtiTp'.To;.Toû  5tà7:£vT£,':^[j.iôXio;.Tou5£5cà7taaà)v, 
6  SiTtXaoîwv.  T6vo;5s,ô  ÈTrôyôoo;  :  J'appelle  rai- 
son les  rapports  qu'ils  ont  (les  intervalles) 
en fre  eux  selon  le  nombre.  Les  (intervalles) 
irrationnels  sont  ceux  dont  on  ne  peut  rendre 
raison.  C'est  ainsi  que  la  quarte  est  dans  le 
rapport  de  3  :  4  (  ratio  superterlia  );  que  celui 
de  la  quinte  est  de  2  :  3  (  ratio  sesquialtera)  ; 
celui  de  l'octave,  de  1  :  2  (ratio  dupla  )  ;  et 
que  celui  du  ton  est  de  8  :  9  (ratio  superoc- 
lava  ).  11  est  évident  que  le  P.  Martini  n'a  pas 
donné  assez  d'attention  au  sens  de  ce  passage.  Il 
est  vrai  qu'Aristide  Quintillien  ajoute  plus  loin  : 
'Eti  ôsaÙTwvâ  (/.evIutiv  âpTia,  àôè  TcepiXTa.  "Aptca 
jxèv.  Ta  £tç  taa  ôiatpouixeva ,  <bç  ■:?;|ji.tT6vtov  xal 
TÔvov'TTcptTTà  ôà,Tà£t;âvic7a,  wçai  if'ôU<Tci;,elc.  : 
Ensuite  il  en  est  (  des  intervalles  )  qxii  sont 
pairs ,  et  d'autres  impairs.  Les  intervalles 
pairs  sont  ceux  qui  peuvent  être  divisés  éga- 
lement, comme  le  demi-ton  et  le  ton;  les  im- 
pairs, ceuxquise  divisent  inégalement,  comme 
les  dièses  ternaires,  etc.  Mais  l'auteur  a  eu  en 
vue,  dans  ce  passage,  certaine  classification  des 
intervalles  plutôt  que  la  loi  de  leurs  proportions. 
Tout  le  reste  de  l'ouvrage  prouve  d'ailleurs  que 
la  doctrine  de  Pythagore  était  celle  qu'Aristide 
avait  adoptéi'.  Je  ne  dois  pas  oïdilier  de  dire 
qu'Aristide  Quintillien  a  exposé  d'une  manière 
plus  claire  qu'aucun  autre  auteur  les  principes 
du  rliytlime  de  l'ancienne  musique  grecque. 

Le  texte  du  traité  de  musique  d'Aristide  Quin- 
lillien  a  été  publié  par  Meiboniius,  dans  le 
deuxième  volume  de  sa  collection  intitulée  :  An- 
tiqux  musicx  auctorcs  (Amsterdam,  Elzévier, 
10  j2,  2  vol.  in-4o)  ;  il  y  a  joint  une  version  la- 
to «  In  guanloalla  dotlrina,  ossia  teorica  délia  musica, 
t  abbcnchè  ncl  primo  libro  egli  faccia  parola  délia  divi- 
«  sinne  del  tuono  in  duc  seniitiioni  Hguali,  e  dci  diesis 
«  Iricnlali  e  quadrantali ,  cosi  puic,  sccondo  il  sistcroa 
«  (1i  Aristosseno,  parli  délie  ditfcien/.c,  non  già  deilc  pro- 
«  pciizioni  degl'  intervaiU,  ci6  non  ostante  nei  decorso 
«  deli'  opéra,  al  libro  lerzo,  pnrianilo  di  proposito  dcgl' 
«  iutcrvalli,  egli  s'  iinifornia  al  sistcina  Pittagorico.  » 
iAittrtini,  Stor.  délia  musica,  l.  III.  r.  7,  p,  ;ii6.  ) 


tine  et  beaucoup  de  notes  critiques  et  gramtna- 
ticales.  Le  manuscrit  dont  il  f^e  servit  pour  cette 
publication  avait  appartenu  à  Joseph  Scaliger,  et 
était  ensuite  pas.^édans  la  bibliothèque  de  Leyde  : 
il  lui  fut  communiqué  par  Daniel  Hensius.  Mei- 
bomius  dit  dans  sa  préface  qu'il  coufionta  ce 
manuscrit  avec  deux  autres ,  l'un  de  la  biblio- 
thèque du  collège  delà  Madelaine  ,  à  Oxloid, 
l'autre  de  la  Bibliothèque  Bodléienne,  collationné 
par  Gérard  Langbain;  enfin,  Sauiiiaise  lui  en- 
voya de  Paris  divers  passages  rectifiés,  ainsi  que 
des  exemples  de  notation  tirés  des  manuscrits 
2455  et  2460  in-fol.  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  à 
Paris,  et  Allacci  lui  envoya  aussi  de  Rome  les 
mêmes  passages  et  les  mêmes  exemples  de  no- 
tation qu'il  avait  copiés  dans  un  manusciit  de  la 
Bibliollièque  Barberinne.  L'identilé  des  textes 
dans  les  bons  manuscrits  aurait  dû  éclairer  Mei- 
bomius  sur  la  nécessité  de  les  ('tiidier  avec  soin 
pour  en  .saisir  le  sens;  mais,  arrêté  en  plus  d'un 
endroit  par  des  difficultés  qu'il  ne  pouvait  surmon- 
ter, il  se  persuada  légèrement  que  ces  passages 
avaient  été  corrompus  par  les  copistes,  et  il 
leur  substitua  des  corrections  qui  sont  aidant 
d'erreurs.  Ces  manuscrits  (dit-il)  se  rappoi- 
tent  de  telle  sorte  l'un  à  Vautre,  qu'il  n'est 
pas  difficile  de  voir  qu'ils  découlent  tous  de 
la  même  source  (l).  Et  dans  un  autre  endroit 
il  dit  aussi  :  Tous  ces  mamiscrils  ne  m'ont 
servi  qu'à  me  prouver  que  partout  où  il  y  a 
des/aules,  elles  sont  anciennes  (2).  Préoccupé 
de  l'idée  de  ces  fautes  protendues,  il  a  changé  le 
sens  de  plusieurs  phrases  importantes,  et  a  subs- 
titué à  un  exemple  curieux  d'une  notation  très- 
ancienne  de  la  musique  grecque,  les  signes  plus 
modernes  de  la  notation  d'Alypius.  11  faut  lire, 
sur  ces  altérations  du  texte  d'Aristide  Quintil- 
lien |)ar  Meibomius,  lesiemarques  fort  savantes 
que  Perne  a  fait  insérer  dans  le  troisième  vo- 
lume de  la  Revue  musicale  (p.  481-491  ). 

Il  n'est  pas  inutile  de  relever  ici  une  inadver- 
tance singidière  échappée  à  Clavier  dans  l'article 
sur  Aristide  Quintillien,  qu'il  a  donné  dans  la 
Biographie  rmivei'selle  de  Michauô.  Ce  savant 
dit  que  l'édition  du  livre  de  cet  écrivain  donnée 
par  Meibomius  est  la  meilleure  :  il  avait  oublié 
qu'il  n'y  en  a  pas  d'autre.  On  assure  que  M.  Vin- 
cent, de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  l'Institut  de  France  ,  travaille  à  une 
traduction  de  l'ouvrage  d'Aristide  Quintillien,  qui 


(i)  Quippeltainler  seconveniunt,  ut  ab  unooinnes  raa- 
nasse  non  difflculter  perspiciatiir.  (  M.  Meiboin.  in  not. 
ad  Arist.  Qaint.,  p.  2î4.  ) 

(2)  Ab  his  ferme  alia  ralione  non  sum  adintiK,  quam 
qiiod  sua  aucloritate  vetera  tibique  nicnda  esse  conlir- 
marcnt.(  ifl.  \Icibom.  in  prxfat.  leetori  benevolo.) 


ARISTIDE  QUINTILLIEN  —  ARISTOTE 


135 


ne  peut  manquer  d'intéresser  le  monde  érndit. 

ARISTOCLES,  écrivain  grec  sur  la  musi- 
que, cité  par  Athénée  (lib.  XIV,c.  4),  n'est  connu 
que  par  ce  qu'en  dit  ce  compilateur.  Il  avait 
<ouiposé  un  Traité  sur  les  Chœurs,  et  un  au- 
tre sîir  la  Musique,  qui  ne  sont  pas  venus  jus- 
qu'à nous. 

ARISTOCLIDE,  fameux  joueur  de  flûte 
et  de  citiiare,  descendant  de  Terpandre,  fut  le 
maître  de  Plirynis.  (  Voy.  ce  nom.  )  Il  vivait 
du  temps  de  Xerxès. 

ARISTONIQUE,rausicien  grec,  néà  Argos, 
demeurait  dans  l'ile  de  Corfou,  et  fut  contem- 
porain d'Antioclius.  Ménechme,  cité  par  Athé- 
née, dit  que  l'art  déjouer  de  la  cithare  simple 
lui  est  dû.  (  Voy.  Athénée,  liv.  14,  c.  9.  ) 

ARISTOTE,  le  plus  célèbre  et  le  plus  savant 
des  philosophes  grecs,  naquit  à  Stagyre  (mainte- 
nant Libanova  ),  ville  de  la  Macédoine,  dans  la 
première  année  delà  quatre-vingt  dix-neuvième 
olympiade.  Nicomaque,  son  père,  était  médecin  du 
roi  Amintas,  aïeul  d'Alexandre.  A  l'âge  de  dix- 
sept  ans ,  il  passa  sous  la  discipline  de  Platon, 
dont  il  suivit  les  leçons  pendant  près  de  vingt 
ans.  Après  la  mort  de  son  maître,  Aristote  quitta 
l'Académie  pour  se  rendre  auprèS  de  Philippe, 
qui  lui  confia   l'éducation  d'Alexandre.  Le  phi- 
losophe avait  atteint  sa  quarante-septième  année, 
lorsque  le  fils  de  Philippe  monta  sur  le  trône 
de  la  Macédoine  :  après  cet  événement,  Aristote 
retourna  à  Athènes,  où  il  enseigna  au  lycée  pen- 
dant treize  ans.  Sa  faveur  auprès  de  son  royal 
élève  ne  diminua  jamais.  Non-seulement  celui-ci 
fit  rétablir  à  sa  demande  la  ville  «le  Stagyre,  que 
Philippe  avait  détruite,  mais  il  fit  d'énormes  dé- 
penses pour  procurer  à  son  maître  les  moyens 
de  pénétrer  dans  les  secrets  de  la  nature.  Ayant 
atteint  l'âge  de  soixante-trois  ans,  Aristote  cessa 
de  vivre,   la  troisième  année  de  la  cent  qua- 
torzième  olympiade  :  en  mourant  il  laissa  son 
école  sous  ladirection  de  ïhéophraste,  son  élève. 
La  philosophie  fondée  par  Aiistote  est  connue 
sous  le  nom  de  philosophie  péripatéticienne. 
Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'examiner  sa  doctrine, 
ni  d'analyser  les  nombreux  ouvrages  qu'il  a  lais- 
sés sur  presque  toutes  les  branches  des  sciences, 
encore  moins  de  considérer  l'influence  que  ses 
livres,  venus  de  l'Orient,  ont  exercé  sur  la  di- 
rection des  études  européennes  pendant  bien  des 
siècles;  il  ne  doit  être  parlé  que  de  ses  travaux 
relatifs  à  la  musique.  Un  homme  doué  d'un  sa- 
voir universel  comme  x'Vristote  ne  pouvait  né- 
gliger cet  art  à  une  époque  où  toute  la  Grèce  en 
faisait  l'objet   de  ses  études.  Diogène  de  Laërte 
nous  apprend,  en  effet,  qu'il  avait  écrit  un  livre 
sur   la   musique  et  un  autre  ouvrage  sur  les 


concours  de  musique   des  jeux  Pytiiiens.  Ces 
productions  sont  perdues.  Porphyre  a  conservé 
dans  gbn  commentaire  sur  les  Harmoniques  de 
Ptolémée  un   fragment  du  traité  de  l'Ouïe  d'A- 
ristote.  Antoine  Gogavini  a  donné  une  version 
latine  de  ce  fragment  à  la  suite  de  sa  traduc  tion 
des  Éléments  harmoniques  d'Aristoxène  et  du 
traité  de  musique  de  Ptolémée.  La  dix-neuvième 
section  des  Problèmes  d'ArIstote  est  relative  à  la 
musique  ou  plutôt  à  l'acoustique;  on  trouve  ces 
problèmes  dans  les  diverses  éditions  des  ouivres 
complètes    du  philosophe,    et  particulièrement 
dans  celles  de  Paris  de  1619  et  de  1639,  3  vol. 
in-folio.  On  en  a  donné  des  éditions  séparées, 
l'une  avec  une  traduction  latine  de  Gaza  et  d'Ap- 
poni,  Venise,   1501,  in-folio;  l'autre  avec  un 
commentaire  de  Louis  Septali  ;  Lyon  ,  1632,  in- 
fol.  Le  plus  ancien  commentaire   sur  les  pro- 
blèmes d'Aristote  est  celui  qui  a  été  fait  par  Al- 
bert le  Grand.   (Voy.  ce  nom.)  Pietro  d'Albano 
en  a  aussi  donné  un  très-ample  sous  le  titre  de 
Expositio  probtemaium  (sic)  Aristotelis;  cet 
ouvrage  a  été  im  primé  à  Mantoue,  en  1 475,  in  folio. 
Ce  qui  concerne  la  musique  y  est  traité  d'une 
manière  fort  étendue  dans  la  section  XIX.  Cha- 
banon  a  donné,  dans  le  46^  volume  des  Mé- 
moires de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres    de  Paris  une  traduction   française  des 
problèmes  d'Aristote  relatifs  à  la  musique,  avec 
un  commentaire  où  il  a  tâché  d'en  éclaircir  le 
sens,  en  général  fort  obscur.  Les  trois  mémoi- 
res de  Chabanon  s'étendent  depuis  la  page  285 
jusqu'à  355.  (Voy.  Chabanon).  François  Patri- 
zio  a  essayé  de  démontrer  dans  son  traité  Detla 
poetica,  deçà  istoriale,  deçà  disputata  (Fer- 
rare,   1586,  in-4o)  que  ces  problèmes  ne  sont 
point  l'ouvrage  d'Aristote.  Les  chapitres  3,  5,  6  et 
7  de  la  Politique  du  philosophe  traitent  aussi 
d'objets  relatifs   à  la  musique.  Enfin  on  trouve 
dans  la  Poétique  du  môme  auteur  des  passages 
assez  étendus  sur  la  musique  théâtrale. 

ARISTOTE,  nom,  ou  plutôt  sobriquet  sous 
lequel  l'auteur  d'un  traité  de  musique  écrit  au 
treizième  siècle  est  cité  par  Jean  de  Mûris,  dans 
son  Spéculum  Musicx.  Ce  traité,  dont  un  ma- 
nuscrit, qui  a  appartenu  à  l'abbé  de  Tersan,  existe 
à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  sous  le 
numéro  1136  du  supplément  latin,  petit  in^", 
se  trouve  aussi  à  la  bibliothèque  de  l'université 
d'Oxford,  dans  le  fonds  de  Bodiey,  no  2265-18, 
in-folio.  La  partie  la  plus  importante  de  l'ou- 
vrage est  rex.position  du  système  de  la  musique 
mesurée  dans  la  notation  noire,  accompagnée 
d'exemples.  L'ouvrage  est  suivi  de  sept  morceaux 
à  trois  voix,  qui  consistent  en  motets  et  chan- 
sons françaises,  lesquels  occupent  les  feuillets  37  k 


136 


ARISTOTE  —  ARISTOXEiNE 


42  du  manuscrit.  Ces  morceaux  sont  écrits  dans 
la  manière  ordinaire  de  ce  temps,  ciiaque  partie 
ayant  une  sorte  de  mélodie  sur  des  paroles  dif- 
férentes des  autres ,  et  le  ténor,  placé  dans  la 
voix  inférieure,  étant  coupé  par  des  repos  régu- 
liers, et  répétant ,  sur  un  mot  latin,  une  même 
plirase  en  mélodie  contrainte  ,  pendant  la  durée 
du  morceau.  Un  ou  plusieurs  feuillets  semblent 
manquer  à  la  fin  :  ils  conlenaient  sana  doute 
quelques  aulrcs  morceaux  du  même  genre;  car 
l'ouvrage  en  lui-même  est  complet,  à  l'exception 
de  la  lacune  du  commencement.  Les  motets  et 
chansons  à  trois  voix  n'existent  pas  dans  le 
manuscrit  d'Oxford.  Sous  le  rapport  de  l'harmo- 
nie, comme  sous  celui  des  formes  de  la  mélodie, 
les  chansons  de  cet  ouvrage  sont  inférieures  à 
celles  du  même  genre  qui  nous  restent  d'Adam 
de  la  Haie,  lequel  écrivait  à  la  même  époque , 
mais  dont  le  talent  est  bien  plus  remarquable. 
Le  traité  est  le  môme  qui  a  été  imprimé  dans  les 
œuvres  du  vénérable  Bède ,  dont  les  éditions  les 
plus  complètes  ont  été  publiées  à  Cologne  en 
1612  et  1G88,  8  vol.  in-lol.  11  a  pour  titre  : 
Musica  quadrilla  seu  mensurata.  Dans  l'é- 
dition de  1688,  il  y  a  une  singulière  faute  d'im- 
pression (t.  1,  col.  351  ),car  on  y  lit  :  Musica 
quarla  seu  mensurata.  C'est  Bottée  de  Toul- 
mont  qui  a  découvert  le  nom  ou  le  sobriquet 
sous  lequel  était  connu  l'auteur  de  cet  ouvrage, 
dans  les  citations  du  Spéculum  viusicœ  de  Jean 
de  Mûris ,  et  qui  l'a  fait  connaître  dans  un  rap- 
port sur  un  projet  de  publication  de  musique 
ancienne,  fait  au  comité  historique  des  arts  et 
monuments,  et  insère  au  Bulletin  archéolo- 
gique, t.  II,  p.  651.  M.  E.  de  Coussemaker,  qui 
fait  parfois  des  suppositions  hasardées  et  qui  ne 
se  souvient  de  mon  nom  que  pour  faire  des  cri- 
tiques bien  ou  mal  fondées,  m'a  attribue,  à  l'oc- 
casion de  ce  même  ouvrage  (  Histoire  de  l'har- 
monie au  moyen  âge,  p.  47),  une  absurdité 
dans  laquelle  il  devait  savoir  que  je  ne  suis 
pas  tombé;  car  après  avoir  copié  dans  l'article 
de  Bède  de  la  Biographie  uiverselle  des  mu- 
siciens tout  ce  qui  concerne  rintroduction  du 
môme  ouvrage  dans  les  œuvres  de  cet  écrivain 
anglo-saxon,  et  les  éditions  qui  en  ont  é!é  fai- 
tes, il  ajoute  :  Sans  se  prononcer  positivement , 
M.  Fétis  semble  considérer  Bède  le  Vénérable 
comme  pouvant  être  l'auteur  de  ce  traité.  Or 
il  lire  cette  conséquence  de  ce  que ,  pour  con- 
Ire-balancer  l'opinion  fausse  de  Burney  et  de 
Forkel,  à  savoir,  qu'il  n'existait  pas  de  musique 
mesurée  au  temps  de  Bède,  j'ai  écrit  ce  passage, 
dans  lequel  ii  n'est  pas  question  de  l'ouvrage, 
mais  (le  la  musique  mesurée  elle-même  :  «  Il 
«  n'est  cependant  pas  démontré  qu'il  n'existait 


«  pas  de  notions  de  la  musique  mesurée  chez 
«  les  peuples  du  INord  dès  le  huitième  siècle. 
«  Remarquons  en  passant  que  dans  son  His- 
«  taire  ecclésiastiqiie ,  dont  il  y  a  plusieurs 
«  éditions,  Bède  fait  mention  d'une  harmonie  à 
«  deux  parties,  en  consonnauces,  dont  il  y  avait 
<■  des  exemples  en  Angleterre,  de  son  temps.  » 
Or  ce  que  je  disais  alors,  et  ce  que  j'ai  soutenu 
depuis  lors  contre  Kiesewetter  sur  l'ancienneté 
de  la  musique  mesurée,  est  devenu  bien  plus 
clair  et  |)lus  positif  pour  moi  ;  car  j'ai  acquis  la 
conviction  que  la  musique  mesurée  a  existé  de 
tous  temps  chez  tous  les  peuples ,  qu'elle  est 
ancienne  comme  le  monde,  et  que  ce  qu'on  a 
appelé  l'invention  de  cette  musique  n'est  que 
celle  de  sa  notation  dans  un  système  particu- 
lier; système  qui,  suivant  ce  que  j'ai  dit  à  l'arti- 
cle Francon  de  la  môme  Biographie  universelle , 
date  du  onzième  siècle  ou  de  la  (in  du  dixième. 
Je  n'ai  donc  pu  ctjnsidérer  un  écrivain  qui  vi- 
vait à  la  fin  du  septième  siècle  et  au  commen- 
cement du  suivant  comme  l'auteur  de  l'ouvrage 
du  Pseudo-Aristote.  Tour  rétablir  la  lacune  du 
manuscrit  de  Paris,  on  a,  outre  le  manuscrit 
d'Oxford,  les  éditions  de  Bède,  où  le  passage  se 
trouve  en  entier.  Du  reste,  l'ouvrage,  tel  qu'il 
est  dans  ces  éditions,  a  été  étrangement  mutilé  : 
toute  la  partie  qui  concerne  les  tons,  les  hexa- 
cordes,  la  solmisation  et  les  muances,  ainsi  que 
les  intervalles,  y  manque;  dans  ce  qu'on  a  im- 
primé de  la  notation  mesurée,  les  figures  sont 
fautives,  et  la  plupart  des  exemples  ont  été 
laissés  en  blanc  pour  être  ajoutés  à  la  main  , 
mais  n'ont  pas  été  remplis. 

ARISTOXÈlXE,  philosophe  péripaféticien , 
naquit  à  Tarente  dans  la  centquinzièmeolympiade, 
c'est-à-dire  environ  3b4  ans  avant  J.-C.  (1).  Spin- 
tliarus,  son  père,  lui  donna  les  premières  notion!-' 
delà  musique  et  de  la  philosophie.  Aristoxène  passa 
ensuifesous  la  direction  deLamprus  d'Érythres, 
puis  il  entra  à  l'école  de  Xénophiie  de  Chalcis, 
philosophe  pjthagoricien.  Enfin  il  devint  le  dis- 
ciple d'Aristote,  à  qui  il  resta  longtemps  attaché; 
mais,  irrité,  suivant  ce  que  rapporte  Suidas,  de  ce 
que  ce  philosophe  avait  désigné  Théophrasle  pour 
son  .successeur,  il  calomnia  la  mémoire  de  .son 
maître,  et  montra  dès  lors  celle  basse  jalousie  dont 

(0  Dans  la  première  cdilion  de  cette  Biographie  vniv<r- 
sellé  desmusiciens  j'ai  placé  la  date  de  la  nais.sance  d'A- 
listoxène  dans  la  quatre-vingt-onzième  olympiade,  ayant 
mal  saisi  le  sens  de  Suidas  ;  mais  celte  date  est  évidemment 
trop  rapprochéejcnrce  fut  dans  la  troisième  année  de  cette 
olympiade  que  Théophrasle  succéda  à  Aristote  dans  l'en- 
seignement (le  son  école;  d'où  il  suit  qu'Arisloséne  n'au- 
rait pu  eu  avoir  de  la  Jalousie,  puisqu'il  aurait  élé  né  i 
peine. Ce  qui  parait  vraisemblable,  c'est  qu'il  avait  alors 
environ  vingt  huit  ans. 


ARISTOXÈNE 


i; 


il  a  donué  des  preuves  en  écrivant  la  vie  de  plu- 
sieurs grands  lioinnu's,  tels  que  I^ytliagore,  Ar- 
cliilas,  Socrate  et  Platon  (1).  On  ignore  l'époque 
de  sa  mort. 

Il  nous  reste  de  lui  un  Traité  des  éléments 
harmoniques ,  en  trois  livres  {ntçX  àpjxovixtôv 
CTToixeîwv),  dont  on  trouve  des  manuscrits  dans 
presque  toutes  les  grauiles  bibliothèques.  Le  pre- 
mier qui  publia  le  texte  d'Aristoxène  avec  das 
notes  fut  Jean  Meursius  ;  il  y  a  joint  les  ouvrages 
de  Nicliomaque  et  d'Aly  plus;  cette  collection  a  pour 
titre  :  Aristoxenus ,  Nichomachus ,  Alypiits, 
auclores  musices  antiquissimi  hactenus  non 
erfî^t,Lugdiini  Datavorum,  lGlC,in-4'*.  On  a  réim- 
primé le  texte  et  les  notes  dans  les  œuvres  de  ce 
philologue,  t.  VI,  p.  341  et  suiv.,  et  l'on  y  a 
joint  la  version  de  Meibomius.  Antoine  Gogavini  a 
publié  une  version  latine  fort  médiocre  des  élé- 
ments harmoniques  d'Aristoxène,  avec  les  har- 
moniques de  Ptolémée,  etc.,  sous  ce  titre  :  AriS' 
toxeni  antiquis.  Harmonicorum  elementortim 
Libri  très.  Cl.  Ptolemasi  hai-monicorum,  scu  de 
musica  lïbri  ///,  Venetiis;  1562,  in-4°.  L'édi- 
tion considérée  comme  la  meilleure  du  traité  de 
musique  d'Aristoxène  est  celle  qui  a  été  donnée 
par  Meibomius  dans  sa  collection  de  sept  auteurs 
grecs  sur  la  musique,  intitulée  :  Anttqux  imisicx 
auclores  septem,km?.ie\o(id.ïm,  1652,  in-4  2  vol.; 
toutefois  cette  édition  est  bien  imparfaite;  on  y 
trouve  du  désordre  dans  le  texte ,  et  Meibomius 
n'a  pas  toujours  saisi  le  sens  de  son  auteur  dans 
sa  version  latine.  Il  y  a  joint  des  notes  et  une 
préface. 

Le  texte  d'Aristoxène  a  été  fort  altéré  par  d'i- 
gnorants copisles.  Meibomius  a  fait  observer  que 
la  fin  de  chaque  livre  manque;  mais  il  n'a  pas 
vu  que  l'introduction  de  l'ouvrage  a  été  déplacée, 
et  qu'on  l'a  mise  dans  le  cours  du  second  livre; 
enfin  il  n'a  pas  vu  qu'une  autre  transposition  a 
eu  lieu  dans  le  premier  livre,  où  un  passage  du 
second  est  cité  comme  une  chose  connue.  C'est 
W'allis  qui,  dans  ses  notes  sur  Ptolémée,  a  fait 
ces  remarques  ;  elles  ont  été  répétées  par  Re- 
(pieno  (  Sacjgi  sul  Ristabilmento  deW  arte  ar- 
monica,  t.  I,  p.  221}  (2). 


(1)  Dans  une  Étude  sur  Jrhtoxéne  et  son  École,  insérée 
dans  la  Revue  arclieoloylgue  (XIV=  année,  i8S7),  M.  Ch. 
Kmni.  Ruelle  essaye  de  combattre  l'assertion  de  Suidas  par 
un  passage  où  Aristoiène  loue  U  niûtliode  de  son  maître. 
Ce  raisonnement  parait  peu  solide;  car  ce  n'est  pas  dans 
des  clioses  de  cette  nature  que  la  liaine  calomnieuse  se 
montre. 

(2)  Il  est  évident,  en  effet,  que  les  considérations  sur 
rtiarmonique,  l'énumération  de  ses  pariies,  et  la  discus- 
.sion  sur  la  valeur  ou  li  signification  absolue  des  mots,  de- 
vaient trouver  leur  place  après  le  plan  que  donne  Aris- 
toxCne  de  son  ouvrage. 


J.  Ij.  Doni  avait  iiidlipié  dans  son  traité  de 
Prscstant.miis.  velcr.  t.  1  de  ses  œuvres,  lib.  Il, 
p.  13<i,  des  fragments  des  Éléments  rhijthmi- 
ques  d'Aristoxène,  d'après  un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  du  Vatican  ;  il  en  avait  même  com- 
mencé la  traduction.  L'abbé  Moielli,  savant  bi- 
bliothécaire, a  publié  ces  fragments  en  1786,  d'a- 
près ce  manuscrit  et  im  antre  de  la  bibliothèque 
de  Saint-Marc  de  Venise. 

At-liénce  cite  quelques  ouvrages  d'Aristoxène  re- 
latifs à  la  musique,  qui  ne  sont  pas  venus  jusqu'à 
nous  :  l'un  était  un  Traité  des  joueurs  de  flûte, 
Ttept  à\jXif)Twv  ;  le  second  traitait  des  flûtes  et  des 
autres  instruments  de  musique  sous  le  titre  :  Ttepl 
àuXûv  xai  opYavwv;  le  troisième  était  im  traité  de 
musique,  différent  i\&?,  Éléments  harmoniques  an 
mêmeaulein;  il  avait pourtitre  :  Ttepl ;jiov(T;x>iç.  Ce 
livie  traitait  non-seulementdes diverses  parties  de 
rart,tellesque  la  Métrique,la  Rhythmique,  V  Or- 
ganique, la  Poétique  tiV Hiippocritique ,  mais 
encore  de  l'histoire  de  la  musique  et  des  musiciens. 
C'est  decelui-làque  Plularque  parle  dans  son  dia- 
logue sur  la  musique,  lorsqu'il  fait  dire  à  un  des 
interlocuteurs  :  «  Suivant  Aristoxène  (dans  son 
«  premier  livre  surla  musiq\ie),  ce  fut  sur  le  mode 
«  lydien  que  l'ancien  Olyiiipe  composa  l'air  de 
«  llûte  qui  exprimait  une  lamentation  sur  \-\ 
«  mort  de  Python.  »  Le  dernier  ouvrage  d'Aris- 
toxène relatif  à  la  musique  était  un  traité  de  l'art 
de  percer  les  flûtes,  Tispi  àuXov  Tpriaew;.  Les  écrits 
de  cet  ancien  auteur  ont  été  cités  avec  éloge  par 
Eiiclide,  Cicéron,  Vitruve,  Plutarque,  Athénée, 
Aristide  Quintilien ,  Ptolémée,  Boèce  et  plu- 
sieurs auties.  Saint  Jérôme  a  dit  aussi,  en  par- 
lant de  lui  :  Et  longe  omnium  doctissimits 
Aristoxenus  musicus;  et  Aulu-Gelle  (Aoct.  At- 
ticar.  lib.  IV,  c.  XI)  :  Aristoxenus  musicus 
vir  literatum  vetertim  diiigentissimus.  Il  est 
remarquable  que,  de  tous  les  musiciens  dogmati- 
ques grecs  qui  sont  venus  jusqu'à  nous,  Açjs- 
toxène  est  le  seul  dont  Plutarque  fait  mention. 

Les  Éléments  harmoniques qua  letempsnous 
a  conservés  ne  sont  pas,  comme  on  pourrait  le 
croire,  un  traité  de  cette  partie  de  la  musique 
qu'on  désigne  aujourd'hui  sous  le  nom  d'har- 
monie ;  àp[Aov(a,  chez  les  Grecs,  signifiait,  ainsi 
qu'Aristoxène  le  dit  en  plusieurs  endroits  de  son 
livre,  l'ordre  mélodique  des  sons,  le  système  sur 
lequel  le  chant  était  établi.  Avant  d'écrire  cet 
ouvrage,  Aristoxène  avait  donné  son  histoire  de 
la  musique  et  des  anciens  musiciens,  où  il  éta- 
blissait que  ceux-ci  divisaient  autrefois  le  ton  en 
quatre  parties  égales.  Il  ne  fut  pas  compris,  et 
l'on  crut  qu'il  avait  voulu  démontrer  que  dans  la 
pratique  on  peut  chanter  des  intervalles  de  quarts 
de  ton  ;  il  se  plaint  beaucoup  de  cette  erreur  eu 


138 


ARISTOXÈNE  —  ARMAND 


(ilusieurs  endroils  de  son  livre  et  affirme  qu'on 
ne  l'a  pas  enlendu.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fut 
pour  faire  prévaloir  le  système  de  la  division 
du  ton  en  deux  demi-tous  égaux,  suivant  le 
jugement  de  l'oreille  et  en  opposition  à  la  doc- 
trine des  pythagoriciens,  qu'Aristoxène  écrivit 
son  livre;  système  que  l'abbé  Requeno  a  voulu 
faire  prévaloir  dans  son  livre  intitulé  :  Saggi  sut 
liistabilmcnlo  deW  arte  armonica  dé"  Greci  e 
nomani  cantori  (Parme,  1798,  2  vol.  in-8  ),  et 
(|ue  Kiesewetter  a  vanté,  sans  en  avoir  l'inlelli- 
gence,  dans  l'écrit  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  : 
Der  neuen  Aristoxener  zerstreute  Avfseetze 
iiber  das  Irrige  der  musikalischen  Aritmetik 
und  das  Eitle  ihrer  Temperaturrechnungen 
(Mémoires  éparsdes  nouveaux  aristo\éniens,etc.). 
Il  y  recueilleles  opinions  mal  fondées  d'Eximeno, 
«le  Drieberg  ,  de  M.  J.  Krieger,  etc.,  qu'il  appuie 
des  siennes  propres.  Mais  la  théorie  dont  il  s'agit 
n'est  pas  soutenable;  car  on  a  suffisamment  dé- 
montré que  l'expression  numérique  du  demi-ton 
3 

vrai  est  une  quantité  irralionnelle. 

v/8 

Pour  principe  fondamental  de  son  système  de 
musique,  Aristoxène  établit  que  l'oreiile  est  le 
seul  juge  des  intervalles  harmoniques.  Pythagore 
voulait  que  l'homme  eût  «  priori  la  conscience 
matiiémalique  des  rapports  de  ces  intervalles  : 
Aristoxène,  suivant  la  doctrine  de  son  maître 
Aristole,  ne  lui  accorde  que  la  faculté  de  s'en  ins- 
truire par  l'expérience.  Didyme  {voij.  ce  nom), 
écrivain  grec,  avait  composé  un  livre  fort  étendu 
sur  ces  deux  systèmes  opposés  :  cet  ouvrage  est 
malheureusement  perdu  ;  il  ne  nous  en  reste  que 
des  fragments  conservés  par  Porphyre.  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  doctrine  d'Arisloxène,  sous  le  rapport 
de  l'égalité  des  demi-tons,  est,  comme  on  vient 
<le  le  voir,  tout  emi)yrique  ;  elle  ne  peut  avoir 
<l'autre  base  que  le  jugement  du  sens  musical  : 
instruit  par  l'expérience,  il  est  donc  assez  singu- 
lier que  ce  théoricien,  après  avoir  rejeté  les  cal- 
culs des  proportions  de  Pythagore,  ait  eu  recours 
lui-même  aux  chiffres  pour  démontrer  cette  éga- 
lité des  demi-tons,  base  de  tout  son  système, 
«t  de  plus  qu'il  ne  produise  sur  ce  sujet  que 
(les  calculs  faux,  victorieusement  réfutés  par 
Ptolémée  {Harînonic.,  lib.  I,  c.  9)  et  par  Por- 
phyre {Comment,  in  Ptolem.,  p.  298,  édit. 
Wallis).  Boèce  a  très-bien  résumé  en  peu  de  li- 
gnes le  principe  faux  qui  sert  de  base  à  la  doc- 
trine d'Aristoxène  (1).  Ce  principe  consiste  à 
donner  six  tons  à  l'étendue  de  l'octave;  au  lieu 
de  cinq  tons  et  deux  demi-Ions  mineurs,  et  à  faire 

(t)  De  Musica,  lib.  V.  cap.  xir.  Le  passnfrc  commence 
par  ces  mots  :  ^)aod  vero  de  his  ^-iristoxcnKS  scntiat, 
brevUer  aperiendinn  est.  etc. 


le  demi-ton  égal  à  la  moitié  d'un  de  ces  tons.  Il 
prend  le  résultat  du  tempérament  égal  des  mo- 
dernes pour  le  produit  de  la  nature. 

Aristoxène  dit  en  plusieurs  endroits  de  ses 
Éléments  harmoniques  (livre  premier)  que  per- 
sonne avant  lui  n'avait  considéré  la  musique  sous 
le  même  point  de  vue  et  n'en  avait  traité  de  la 
même  manière;  il  fait  connaître  sa  pensée  à  cet 
égard  en  disant  que  tous  les  auteurs  qui  avaient 
écrit  sur  cet  art  ne  l'avaient  considéré  que  sous 
le  rapport  harmonique ,  c'est-à-dire  que  selon 
l'ordre  des  Intervalles  calculés  proportionnelle- 
ment. Il  ne  faut  pas  croire  toutefois  qu'en  éta- 
blissant une  doctrine  tout  expérimentale  et  de 
sentiment,  ce  musicien  philosophe  ait  traité  de 
l'art  sous  le  rapport  de  la  pratique  ;  ce  n'est  qu'un 
écrivain  dogmatique  dont  le  livre  ne  nous  fournit 
pres(]ue  aucun  ren.seignement  sur  ce  qu'il  nous 
importerait  de  savoir  concernant  la  musique  de 
l'antiquité.  A  vrai  dire,  aucnn  des  auteurs  grecs 
ne  nous  instruit  à  cet  égard,  et  les  livres  des- 
tinés à  enseigner  la  pratique  de  l'art  ne  sont  pas 
parvenus  jusqu'à  nous. 

J'ai  dit  que  le  livre  d'Aristoxène,  tel  qu'il  a  été 
publié  plusieurs  fois,  porte  des  marques  évidentes 
de  l'altération  du  texte  et  d'un  grand  désordre. 
Parmi  tous  les  manuscrits  existants  dans  les 
grandes  bibliothèques  de  l'Europe,  et  qui  sont 
connus,  il  n'en  est  aucun  qui  puisse  aider  à  ré- 
tablir cet  ouvrage  dans  son  état  primitif  :  presque 
tous  sont  de  la  môme  époque  et  semblent  venir 
de  la  même  source.  Une  des  pins  singulières 
transpositions  qu'on  y  remarque  est  celle  de  l'In- 
troduction, où  se  trouve  l'énumération  des  di- 
verses parties  de  l'ouvrage,  et  qu'on  a  placée 
dans  le  second  livre. 

On  peut  consulter  avec  fruit,  sur  cet  auteur,  la 
savante  dissertation  de  M.  G.  L.  Mahne,  intitulée  : 
Diatribe  de  Aristooœno  philosopha  peripale- 
iico,  Amstelodami,  1793,  in-S»,  et  les  Lectiones 
Atlicx  de  M.  J.  Luzac,  Leyde,  1809,  in-8o.  Voyez 
aussi  l'ouvrage  de  François  de  Ceaumont ,  inti- 
tulé :  Memoria  sopra  Xanto,  Arislosseno  e 
SIesicoro.  Palerme,  J835,  in-8o,  et  une  Étude 
sur  Aristoxène  et  son  école,  par  M.  Ch.-Em. 
Ruelle,  dans  la  Revue  archéologique,  14'  année 
(  1-857). 

ARMAND  (M""  Anj<e-Aiiuée),  cantatrice, 
connue  sous  le  nom  de  M"®  Armand  l'aînée,  née 
à  Paris,  en  1774,  a  débuté  à  l'Opéra-Comique 
dans  la  salle  Favarl,  au  mois  de  juin  1793,  et  fut 
reçue  sociétaire  dans  la  môme  année.  Elle  chanta 
avec  succès  à  ce  théâtre  jusqu'à  la  réimion  des 
sociétaires  avec  les  comédiens  du  théâtre  Eey- 
deau,  en  1801.  Alors  elle  passa  à  l'Opéra,  et 
débuta  à  ce  théâtre,  le  8  germinal  an  ix  (29  mars 


AR^IAND  —  ARNALD 


13» 


1801),  dans  le  rôle  A'An/tgone  d'Œdipe.  Elle 
s'est  retirée  le  l^""  janvier  1811.  M"'  Armand 
possédait  une  voix  sorwre  et  fortement  timbrée  : 
elle  avait  de  l'énergie  et  produisait  de  l'effet  dans 
les  morceaux  d'ensemble  ;  mais  sa  vocalisation 
manquait  de  légèreté,  et  son  intonation  n'était 
pas  toujours  d'ime  justesse  irréprochable.  Elle  est 
morte  à  Paris,  le  4  avril  184G. 

ARMAIXD  (Joséphine),  nièce  de  la  précé- 
dente ,  et  son  élève  pour  le  chant ,  a  débuté  à 
l'Opéra,  le  16  février  1808,  dans  Iphigénie  en 
Aulicle.  En  1813,  elle  épousa  Félix  Cazot,  pro- 
fesseur de  piano  à  Paris.  Ayant  été  réformée  le 
1"  janvier  1817,  elle  fut  engagée  au  théâtre  de 
Bruxelles,  et  elle  y  a  chanté  jusqu'en  1826,  époque 
où  elle  s'est  retirée  à  Paris. 

ARMAIVSPERG  (Marie  d'),  pianiste  ama- 
teur, s'est  fait  connaître  depuis  1844  par  quel- 
ques compositions  légères  pour  son  instrument, 
telles  que  des  nocturnes  (œuvre  3),  polkas 
(op.  2),  etc.,  qui  ont  été  publiées  chez  Schott,  à 
Jlayeuce. 

ARMBRUST  (GoERGEs),  organiste  de  l'é- 
glise Saint- Pierre,  à  Hambourg,  a  pris  part  à  line 
|)olémique  relative  à  la  société  qui  a  pris  le  titre 
de  :  Hamburger  Bachgesellschafl,  et  s'est  for- 
mée en  concurrence  d'une  a\itre  association  anté- 
rieure de  LeipsicU.pourla  publication  des  Œuvres 
(complètes  de  Jean  Sébastien  Bach,  laquelle  avait 
déjà  fait  paraître  les  cinq  premiers  volumes  do 
sa  belle  collection.  La  polémique  commença  par 
un  article  qui  parut  le  1er  avril  1856  dans  le 
Tagesbericht  de  Hambourg.  On  y  ("aisait  remar- 
querqiie  la  nouvelle  sociétéde  Bach  n'avait  pasde 
raison  d'être,  puisqu'il  en  existait  déjà  une  qui 
avait  le  même  objet,  et  qui  s'acquittait  bien  de 
sa  mission.  M.  Charles  G.  P.  Gràdner  {voy.  ce 
nom)  (it  paraître  à  celle  occasion  divers  écrits 
auxquels  1\I.  Armbrust ,  membre  de  la  société  de 
de  Bach  de  Hambourg.,  a  lépondu  par  celui  qui  a 
pour  titre  :  Replick  aufdie  Vertheldigung  der 
Hamburger  Bac/igesellschaft  gegen  die  An- 
griffe  des  Herrn  Cari.  G.  P.  Gràdner  (\\6- 
plique  sur  la  défense  de  l'association  hambour- 
gcoise  de  Bach ,  contre  les  attaques  de  M.  Char- 
les G.  P.  «Graduer),  Hambourg,  Schuberth,  1856, 
in-.s'^de  29  pages. 

ARMII\GAUD  (Jules),  violoniste  et  com- 
positeur, est  né  à  Bayonne,  le  3  mai  1820.  Il  y 
a  reçu  des  leçons  de  violon  d'un  bon  maître 
qui  a  développé  son  talent  naturel.  Au  mois 
«le  juin  1839,  M.  Armingaud  s'est  présenté  au 
Conservatoire  de  Paris  pour  entrer  dans  une 
classe  de  perfectionnement  de  son  instrument  ; 
mais  déjà  sa  manière  avait  acquis  trop  d'in- 
«iividualité  pour  se  modifier  par  les  leçons  d'un 


professeur,  et  le  comité  d'examen  ne  crut 
pas  devoir  admettre  le  jeune  artiste,  bien  qu'il 
l'eût  entendu  avec  plaisir.  Depiu's  lors  le 
talent  de  M.  Armingaud  s'est  complété  par  ses 
études  particulières  et  par  l'audition  de  quelques 
artistes  éminents.  il  est  aujourd'hui  (  1857  )  con- 
sidéré comme  un  des  violonistes  les  plus  distin- 
gués de  Paris,  et  occupe  la  place  de  premier 
violon  au  théâtre  impérial  de  l'Opéra-Comique. 
Au  nombre  de  ses  compositions  publiées  jusqu'à 
ce  jour,  on  remarque  celles-ci  :  If  Fantaisie  sur 
Y  Absence,  de  Félicien  David,  pour  violon  et 
piano,  op.  8  ;  Paris,  Brandus.  —  2°  Sérénade  pour 
violon  avec  ace.  de  piano,  op.  9;  Paris,  Meisson- 
nier.  —  3°  Grande  fantaisie  sur  Zampa,  idem,  op. 
10;  Paris,  ibid.  —  4°  Villanelle,  idem,  op.  11  ; 
ibid.  —  5°  AndanCe  et  Scherzo  pour  violon  et 
piano,  op.  13  ;  Paris,  Richault.  —  6»  Fantaisie  et 
variations  pour  violon  et  orchestre,  op.  14  ;  Paris, 
P.ichault. — 7o  Souvenir  de  Vasconie,  idem, 
op.  15;  ibid. 

ARMOIVIST  (***),  virtuose  sur  un  instru- 
ment de  son  invention  qu'il  a  nommé  Holzhar- 
monika  (harmonica  de  bois)  :  cet  instrument 
n'est  autre  que  le  claquebois ,  échelletle  de 
morceaux  de  bois  dur  et  sonore,  originaire  de 
l'Inde  et  de  la  Chine,  dont  on  tire  des  sons  en 
frappant  les  barreaux  avec  un  petit  maillet.  Il 
n'est  ordinairement  composé  que  de  .sons  diato- 
niques d'après  l'échelle  musicale  des  Chinois  : 
M.  Armonist  a  fait  le  sien  sur  une  échelle  chro- 
matique de  deux  octaves.  Il  en  joue  avec  une 
dextérité  merveilleuse  et  exécute  les  passages 
les  plus  difficiles.  Cet  artiste  est  fixé  à  Péters- 
bourg.  Je  présume  que  le  nom  sous  lequel  il  est 
connu  est  un  sobriquet  qui  lui  a  été  donné  à 
cause  de  son  talent,  et  qu'il  est  Anglais  d'ori- 
gine. 

ARMSDORFF  (  Anoré  ) ,  organiste  de  l'é- 
glise du  Commerce  à  Erfiirt ,  naquit  à  IMuhIberg, 
le  9  septembre  1670.  Après  avoir  fini  son  cours 
d'études  latines,  il  se  livra  à  la  jurisprudence, 
devint  organiste  de  Saint-André,  et  ensuite  de 
l'église  du  Commerce.  H  remplissait  les  fonctions 
de  celte  dernière  place,  lorsqu'il  mourut,  le  31 
juin  1699,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans. '^11  a  laissé 
en  manuscrit  un  recueil  considérable  de  compo- 
sitions pour  l'église.  Kœrner,  éditeur  à  Eisenach, 
a  publié  un  trio  pour  l'orgue,  à  trois  claviers,  sur 
le  choral  Wieschœn  leuchtet,  de  la  composition 
de  cet  artiste. 

ARNALD  (Arild)  ,  fils  deThorwald  ,  fut  un 
scalde  islandais,  ou  poète  chanteur,  attaché  aii 
.service  de  Waldemar  le  Grand,  roi  de  Danemark. 
Saxo  le  Grammairien  accorde  de  grands  éloges  à 
son  talent  dans  la  poésie  et  dans  le  chant  accoin» 


140 


ARNALD  —  ARNE 


pa^né  de  la  harpe.  Arnald  vécut  dans  la  seconde 
moitié'  du  douzième  siècle. 

AIVNAUD  (L'abbé  François),  né  à  Aubignaii, 
près  de  Carpentras  ,  le  27  juillet  1721 ,  entra 
de  bonne  heure  dans  l'état  ecclésiastique.  Il  vint 
à  Paris  en  1752,  et  fut  pendant  quelque  temps 
attaché  au  prince  Louis  de  Wurtemberg,  qui  était 
alors  au  service  de  France.  En  1765,  il  obtint 
l'abbaye  de  Grandchamp;  dans  la  suite  il  eut  la 
place  de  lecteur  et  de  bibliothécaire  de  Monsieur, 
et  la  survivance  de  la  place  d'historiographe  de 
Tordre  de  Saint-Lazare  :  il  mourut  à  Paris  le  2  dé- 
cembre 1784.  Il  avait  été  reçu  membre  de  l'A- 
cadémie des  inscriptions  et  belles-lettres  en  1762, 
et  de  l'Académie  française,  le  15  mai  1771. 

L'abbé  Arnaud  joignait  à  beaucoup  d'instruc- 
tion un  goût  très-vif  pour  les  beaux-arts.  Il  fut 
un  chaud  partisan  de  Gluck,  et  prit  part  à  la 
guerre  musicale  entre  les  Gluckistes  et  les  Piccinis- 
tes.  La  Harpe,  Marmontel  et  quelques  autres  lit- 
térateurs, qui  s'étaient  mis  à  la  tête  de  ceux-ci, 
sans  savoir  pourquoi,  trouvèrent  dans  l'abbé  Ar- 
naud un  antagoniste  redoutable,  qui  avait  sur  eux 
l'avantage  d'entendre  la  question.  Il  écrivit  pour 
cette  querelle  quelques  brochures  anonymes  et  plu- 
siens  articles  dans  le  Journal  de  Paris.  On  ne  peut 
reprocher  à  l'abbé  Arnaud  que  d'avoir  vanté 
jusqu'à  l'exagération  l'utilité  de  la  déclamation 
lyrique,  et  d'avoir  méconnu  le  charme  de  la 
mélodie. 

Voici  la  liste  de  ses  écrits  qui  ont  la  musique 
pour  objet  :  lo  Lettre  sur  la  Musique  à  mon- 
sieur le  comte  de  Caylus;PaTis,  1754,in-8,36 
pages.  (Voy.  Journ.des  Sav.  de  1754,  p.  175.) 
Cette  lettre  a  été  insérée  par  La  Borde  dans  son 
Essai  sur  la  Musique,  t.  III,  p.  551  ;'Arteaga  en  a 
donné  une  traduction  italienne  dans  ses  Rioo- 
iuzionl  del  tcatro  musicale  italiano,  t.  III, 
p.  243.-20  Réilexions  sur  la  musique  en  géné- 
ral, et  sur  la  musique  française  en  particulier  ; 
Paris,  1754  ;  in-l2.  — 3°  Quelques  morceaux  :l;uis 
les  Variétés  littéraires,  publiées  eu  société 
avec  Suard,  Paris,  Lacombe,  I7CS,  4vol.in-12. 
Léon  Boudou  a  publié  les  Œuvres  complètes  de 
l'abbé  Arnaud  ,  à  Paris,  en  1808,  3  vol.  in-8"; 
on  y  trouve  les  morceaux  suivants,  relatifs  à  la 
musique  :  Tome  1er,  Lettre  sur  la  musique  (à 
M.  deCaylus);  —  Lettre  sur  un  ouvrage  italien  in- 
titulé :  llTcatro  allamoda.  — Tome  II  :  Essai  sur 
le  mélodrame  ou  drame  Ivrique.  —  Traduction 
manuscrite  d'un  livre  sur  l'ancienne  musique 
chinoise.  —  Lettre  à  Mme  d'Augni  et  à  la  com- 
tesse de  B...,  sur  Vlphigénie  de  Gluck.  —  La 
soirée  perdue  à  l'Opéra.  —  Lettre  d'un  Ermite 
de  la  forêt  de  Sénart,  avec  la  réponse.  —  Lettre 
iTi  P.  Martini,  avec  la  ré[)onse.  —  Profession  de 


foi  en  musique ,  d'un  amateur  des  beaux-arts  , 
à  M.  de  la  Haipe.  —  Lettre  sur  Vlphigénie  en 
Tauride  de  Gluck.  La  plupart  de  ces  morceaux 
avaient  été  publiés  précédemment  dans  les  Mé- 
moires  pour  servir  à  l'histoire  de  la  révolution 
opérée  dans  la  musique  par  M.  le  chevalier 
Gluck. 

ARNAUD  (Pierre),  violoniste  de  Paris, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle , 
y  a  fait  imprimer  trois  œuvres  de  quatuors  pour 
deux  violons,^  alto  et  basse,  depuis  1782  jus- 
qu'en 1787. 

ARNAUD  (Jean-Étienne-Goillaume),  connu 
sous  le  nom  à^Etienne  Arnaud,  est  né  à  Mar- 
seille, le  16  mars  1S07.  Arrivé  à  Paris  à  l'âge 
de  dix-huit  ans,  il  fut  admis  comme  élève  pen- 
sionnaire du  Conservatoire  pour  le  chant,  le  16 
juillet  1825,  et  suivit  le  cours  de  Plantade;  mais 
il  acheva  ses  études  sans  se  faire  remarquer,  et 
sortit  de  cette  école  pour  se  livrer  à  renseigne- 
ment ,  son  organe  vocal  n'ayant  pas  la  sonorité 
suffisante  pourla  scène.  M.  Arnaud  a  trouvé  une 
compensation  à  cette  infortune  dans  le  succès 
qu'ont  obtenu  les  jolies  romances  dont  il  e«t 
auteur,  et  dont  il  a  publié  un  grand  nombre, 
parmi  lesquelles  on  remarque  celles-ci  :  Jenntj 
l'ouvrière;  La  mère  du  mousse  ;  Soldat  du 
roi;  La  Reine  de  la  moisson;  Jean  ne  ment 
pas,  etc. 

ARNE  (Thomas-Augustin),  docteur  en  mii- 
sii]ue,  eut  pour  père  un  tapissier  de  Londres,  et 
naquit  au  mois  de  mars  1710.  Destiné  par  ses 
parents  à  la  profession  d'avocat,  il  fut  mis  au 
collège  d'Éton,  où  ses  éludes  se  ressentirent  des 
distractions  que  lui  causait  déjà  son  penchant 
pourla  musique.  Ce  penchant  devint  bientôt  une 
passion  insurmontable;  et,  malgré  les  obstacles 
que  lui  opposait  sa  famille  ,  il  parvint  à  se  livrer 
à  l'étude  du  violon  sous  la  direction  de  Festing, 
et  à  celle  du  clavecin  et  de  la  composition.  Son 
premier  essai  fut  la  musique  d'une  farce  inti- 
tulée Tom  Thumb ,  ou  l'Opéra  des  Opéras , 
représenté  sur  le  théâtre  de  tlaymarket,  en  1733. 
En  1738,  il  fit  jouer  son  opéra  de  Camus,  qui 
est  considéré  eu  Angleterre  comme  un  excellente 
production.  Arne  eut  du  moins  le  mérite  d'y 
mettre  un  cachet  particulier,  et  de  ne  point  se 
borner,  comme  tous  les  compositeurs  anglais 
de  cette  époque,   à  imiter  Purcell  ou  Haendel. 

Vers  le  même  temps,  il  épousa  Cécile  Yoimg, 
élève  de  Géminiani  et  cantatrice  distinguée  du 
théâtre  de  Drury-Lane.  En  1744,  il  fut  attaché 
comme  compositeur  au  même  théâtre.  Depuis 
lors,  jusqu'en  1776,  il  donna  plusieurs  opéras 
qui  eurent  presque  tous  du  succès,  et  qui  le  mé- 
ritaient; car,  si  l'on  ne  trouve  point  une  grande 


ARNE  —  ARNEST 


!4t 


originalité  d'idées  dans  les  productions  d'Ame, 
ni  beaucoup  d'expression  dramatique  ,  on  y  re- 
connaît du  moins  de  l'élégance  et  du  naturel  dans 
les  chants ,  de  la  correction  dans  Tliarmonie ,  et 
des  détails  agréables  dans  les  accompagnements. 
Ses  airs  ont  quelquefois,  il  est  vrai,  un  peu  de  la 
roideur  qui  semble  inséparable  de  la  langue  sur 
laquelle  il  travaillait;  mais  il  les  adoucissait  au- 
tant que  cela  se  pouvait  par  un  heureux  mélange 
du  style  italien  et  des  mélodies  écossaises.  En 
somme,  Arne  est  le  musicien  le  plus  remarquable 
qu'ait  produit  l'Angleterre  dans  le  dix-huitième 
siècle.  Il  a  composé  aussi  des  oratorios ,  mais 
il  ne  fut  pas  si  heureux  dans  ce  genre  de  compo- 
sition qu'au  théâtre.  Il  ne  pouvait  en  effet  lutter 
sans  désavantage  contre  la  réputation  de  Hsen- 
del  ;  car,  outre  qu'il  n'avait  point  la  fertilité  li'in- 
vention  de  ce  grand  liomme ,  ses  chœurs  sont 
d'une  faiblesse  que  ne  comporte  pas  cette  espèce 
de  drame.  Malgré  l'admiration  des  Anglais  pour 
Haendel ,  leurs  biographes  ont  essayé  de  démon- 
trer que  le  peu  de  succès  des  oratorios  d'Arne 
a  été  causé  par  l'infériorité  des  moyens  d'exécu- 
tion dont  il  pouvait  disposer,  comparés  à  ceux 
de  son  modèle.  Arne  est  mort  d'une  maladie  spas- 
modique,  le  5  mars  1778. 

Voicila  liste  de  ses  ouvrages  :  1°  Rosamonde,en 
ll'àZ.  —  TVOpéra  des  Opéras,  1733.  — 3"  Zaro, 
1736.  —  4°Co?nMA-,  1738,  gravé.  —  5°  Theblind 
Beggar  of  Bethnal  Green  (  Le  Mendiant  aveugle 
de  Bethnal  Green).  —  G*»  Fall  of  Phaeton  (  La 
Chute  de  Phaéton).  — 7"  King  Pepin's  Campaign 
(La Campagne  du  roi  Pépin),  1745.  — 8°  Don  Sa- 
verio,  1749.  —  9°  Temple  ofDulness  (Le  Temple 
de  la  Paresse),  174.ô.  —10°  Britannia,  1744. — 
11°  Elisa,  1750.  — 12°  Cimona.  —  io"  Artaxer- 
ces,  1762,  gravé  en  partition. —  W  Elfrida.  — 
15°  KingArlhur  (Le  Roi  Arthur).  —  16-   The 
Guardian  outivitted  (Le  Tuteur  dupé) ,  1765  , 
gravé  en  partition.  —  1 7°  The  Birth  of  Hercules 
(La  Naissance  d'Hercule),  I7G6. —  18°  Achilles  in 
petticoafs  (Achille  àScyros).  —  19°  Thomasand 
Satly ,  gravé  en  partition.  —  20°  The  Choice  oj 
/{arlequin  (Le  Choix  d'Arlequin).  —  21°  Sijren 
( La  Sy rêne).—  22°  TheLadïesfrolïck  (Les  Femmes 
gai  (fardes),  en  1770,  gravé  en  partition.  —  23° 
L'Olympiade,  opéra  italien.  Ses  oratorios  sont  : 
Alfred,  M k(>;  Judith,  il6i,Tripto-Portsmoiith^ 
gravé  à  Londres.  Tous  ces  ouvrages  ont  été  pu- 
bliés chez  Walsh  et  autres  éditeurs  de  Londres, 
en  extraits  ou  en  partitions  complètes.  1!  a  fait 
graver  aussi  pour   la  chambre  :  1°   Colin   and 
Phœbe  (CoVm  et  Phébé),  dialogue,  1745.  —  2°  Ode 
on  SAaAe.5pearp  (Ode  sur  Shakespeare).  —  3<>Song 
in  the  Fairy  taie.  —  4°  The  oracle  or  the  Rcsol- 
ViT  of  questions, ti'it  h  '^2  pages  ofsongs,  1703.— 


5°  /1/ff(/rfû?/ (Le  premier  Jour  de  Mai). —  fi»  îSinc. 
books  of  sélect  english  songs  (Neuf  livres  de 
chansons  anglaises). 

Madame  Arne,  femme  du  compositeur,  était 
excellente  cantatrice,  et  brillait  dans  les  opéras 
de  Haendel  :  elle  est  morte  vers  1765. 

ARNE  (Michel),  fds  du  précédent,  na- 
quit à  Londres  en  1741.  Ses  dispositions  pour 
la  musique  se  développèrent  si  tôt  qu'à  l'âge  do 
dix  ans  il  exécutait  sur  le  clavecin  des  leçons  de 
Haendel  et  de  Scarlatti  avec  une  rapidité  et  une 
correction  surprenantes.  En  1764  il  donna,  en  so- 
ciété avec  Battishill,  au  théâtre  de  Drury-Lane, 
l'opéra  d'^Zcme?îû!,  qui  n'eut  aucun  succès,  et 
The  Faifs  taie  (  Le  Conte  de  fées) ,  qui  fut  mieux 
accueilli.  Cymon  fut  jouée  en  1767  :  c'est  le  meil- 
leur ouvrage  de  Michel  Arne,  qui  en  écrivit  plu- 
sieurs autres,  mais  qui,  vers  1780,  eut  la  folie  de 
quitter  sa  profession  pour  se  livrer  à  la  recherche 
de  la  pierre  philosophale;  il  fit  même  construire 
kChelseawn  bâtiment  qui  lui  servait  de  labora- 
toire. Mais,  ayant  été  ruiné  par  les  dépenses  que 
lui  occasionna  l'objet  de  ses  recherches,  il  rentra 
courageusement  dans  la  carrière  de  la  musique, 
et  écrivit  de  petites  pièces  pour  les  théâtres  de 
Covent-Garden  ,  du  Vauxhall  et  du  Ranelagh  : 
il  est  mort  vers  1806. 

ARNEST,  premier  archevêque  de  Prague  , 
vers  le  milieu  du  quatorzième  siècle ,  composa, 
vers  l'année  1350,  un  chant  en  langue  bohème, 
avec  la  musique,  en  l'honneur  de  saint  Wences- 
las.  Ce  chant,  dont  les  paroles  sont  la  traduction 
du  Kyrie  Eleison,  se  chante  encore  dans  les 
églises  lie  la  Bohême  à  la  fête  de  saint  Wenceslas. 
Arnest  mourut  le  30  juin  1364 ,  et  fut  inhumé 
dans  le  monastère   des  chanoines  réguliers  de 
Sainte-Marie, qu'il  avait  fondé  àGlatz.  Berghauer, 
dans  son  Protomartyre  S.  Joanne  J\'epomuc., 
1. 1,  p.  102,  dit  qu'il  existe  dans  l'église  cathédrale 
de  Prague  un  beau  manuscrit  sur  vélin,  en  six 
volumes  grand  in-folio ,  qui  contient  une  collec- 
tion de  messes,  de  séquences  et  de  motets  notés, 
et  qui  a  été  exécuté  aux  dépens  et  par  les  or- 
dres d'Arnest  en  1363.  Au  premier  volume  de  ce 
manuscrit,  on  trouve  l'écusson  des  armes  d'Aruest, 
qui  consiste  en  un  cheval  blanc  dans  un  champ 
rouge,  avec   cette  inscription:   Anno  Domini 
MCCCLXiii.   Bominits  Arnestus  Pragensis  Ec- 
clesix  primus  Archiepiscopns  fecit  scrihere 
hune  librum,  ut  Domini  canonici  eo  utantur 
in  Ecclesia  predicta.  Obiit  aiitem  predictus 
Dominus  Arnestus  An.  Dom.  mccclxiv.  Vltima 
die  mensis  Junii.  Cujtis  anima  requiescat   in 
pace.  Amen.  Le  portrait  d'Arnest  a  été  gravé  par 
Malhias  Greischer  et  inséré  dans  l'ouvrage  qui  a 
pour  titre:  .-1;  ÉgrszVilagonslev's  Csudalatos 


142 


ARNEST  —  ARNOLD 


Boldogsagos  Szik.  Kepeineck  Rovideden  Jol  (et 
i'rerfe/i,  etc.,  et  qui  a  été  publié  à  Prague,  en  1690, 
in-4°,  aux  dépens  du  prince  Paul  Esterhazy. 

ARNETIl  (Fiunçois-Henri),  physicien,  né 
à  Vienne  vers  1815,  est  auteur  d'un  traité  de  la 
\io\\\mm?ime.,\aW\M\é:  Diemenschltche Stimme. 
Vienne,  1842,  1  vol.  in-8». 

ARIXIM  (  Louis- AcHiM  d' ) ,  poète  et  roman- 
cier allemand,  naquit  à  Berlin  le  26  janvier  1781, 
et  mourut  dans  une  maison  de  campagne  aux 
environs  de  cette  ville,  le  21  janvier  1831.  Son 
mérite  littéraire  ne  doit  pas  être  apprécié  ici  :  il 
n'est  cité  dans  celte  biographie  que  pour  une  suite 
d'articles  sur    les  airs  populaires  (  Von  Volhs- 
liedern)  qu'il  a  publiés  dans  la  Gazette  musicale 
de  Berlin  (1805,  nos  20,  21,22,  23  et  26).  D'Ar- 
nim  avait  parcouru  l'Allemagne  en  tout  sens ,  et 
y  avait  recueilli  un  grand  nombre  de  ces  chan- 
sons ,  les  notant  sous  la  dictée  des  artisans,  des 
jeunes  filles  et  des  pâtres.  11  en  forma  un  recueil 
qui  parut  à  Heidelberg,  en  1806,  sous  le  titre 
de  :  Das  Wunderhorn  (le  Cor  merveilleux),  et 
dont  il  a  été  publié  une  nouvelle  édition  en  1819. 
A IINIM  (Elisabeth  ou  Bettinad'),  femme 
du  précédent,  née  Brentano,  a  vu  le  jourà  Franc- 
fort-sur-le-Mein ,    en    1785.   Douée  d'une  ima- 
gination ardente,  elle  s'éprit  d'un  amour  pas- 
sionné pour  Goethe,  qu'elle  n'avait  jamais  vu,  à 
la  lecture  de  ses  ouvrages,  et  lui  écrivit  des  let- 
tres pathétiques  auxquelles  le  galant  vieillard  ré- 
pondit par  des  sonnets  et  par  des  épîtres  remplies 
de  grâce  et  de  douce  philosophie.  Cette  corres- 
pondance, commencée  en  1807,  a  été  publiée 
en  trois  volumes,  sous  le  titre  de  :  Gôth.e's  Brief- 
wecbseL  mit  einem  Kinde  (  Correspondance  de 
Gœthe  avec  un  enfant).  Cet  enfant  avait  vingt- 
deux  ans  quand  le  commerce  épistolaire  com- 
mença. La  célébrité  de  Bettina  n'est  pas  fondée 
seulement  sur  son  amour  pour  l'illustre  poète  : 
elle  y  a  d'autres  titres  par  ses  ouvrages  littéraires. 
On  n'a  pas  à  s'en  occuper  ici  :  M^é  d'Arnim  n'est 
mentionnée  dans  celte  biographie  que  pour  ses 
Lieder  pour  une  ou  deux  voix  avec  accompagne- 
ment de  piano  ,  dont  il  a  été  publié  un  recueil  à 
Leipsick,  chez   Breitkopf   et  Haertel.   Bettina 
Brentano  avait  éi)Ousé  le  littérateur  Loiiis  d'Ar- 
nim, dont  elle  est  devenue  veuve  en  i83t. 

ARI\K1EL  (Trogillcs),  fut  d'abord  pasteur 
à  Asparende ,  dans  le  Sleswick  ,  et  mourut  en 
1713,  surintendant  des  églises  luthériennes  du 
Holstein.  Il  a  beaucoup  écrit  sur  l'histoire  du 
Nord.  Au  nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve 
un  traité  de  l'usage  des  cors,  principalement 
dans  la  musique  sacrée,  qu'il  écrivit  au  sujet 
d'un  cor  en  or  trouvé  le  20  juillet  1639  à  Tun- 
dern,  en  Danemarli,  et  sur  lequel  plusieurs  sa- 


vants ont  écrit  des  dissertations  (Vid.  01,  Wor- 
mit  de  Aureo  cornu  Danico).  Le  titre  de  l'ou- 
vrage de  Arnkiel  est  :  Vom  Gebrmich  der  Uni- 
ner,  insonderheit  beym  Gottesdiensle  (Do 
l'usage  des  cors,  particulièrement  dans  le  service 
divin)  1683,  in^".  Il  y  a  joint  une  prélace  histo- 
ri(|ue  sur  le  chant  de  l'église. 

ARKOLT  ou  ARNOULD,  surnommé  le 
Vielleux,  c'est-à-dire  le  joueur  de  vielle  (1  ),  trou- 
vère du  treizième  siècle.  Le  manuscrit  7222  de  la 
Bibliothèque  du  Roi  nous  a  conservé  deux  de 
ses  chansons,  qui  sont  notées. 

ARNOLD  ou  ARNOLT,  surnommé   de 
Bruck,  de  Prug  ,  DE  Brucq  ,  et  même  de  Ponte  ; 
et  qui  est  quelquefois  désigné  simplement  par  le 
nom  à^ Arnoldus ,  est  un  musicien  flamand  qui 
brilla  au  commencement  du  seizième  siècle  ,  et 
qui  vit  le  jour  à   Bruges  (  vers  1480) ,  d'où  lui 
est  resté  le  nom  d'Arnold  van  Bnigge ,  van 
Bruck,  van  Bruch  {BrucK,  ancienne  orllio- 
graphe  flamande  de  Bruges).  Les  Allemands  lui 
ont  donné  le  nom  {['' Arnold  von  Bruck,  et  les 
Italiens  celui  à'Arnoldo  de  Ponte,  parce  que 
Bruch  ou  Brug  signifie  jPon^en  flamand,  comu.e 
Bruck  en  allemand,  et  Ponte,  en  italien.   On 
ignore  où  Arnold  a  fait  ses  études  musicales  ; 
mais  un   monument  intéressant  nous  apprend 
qu'il  fut  maître  de  la  chapelle  de  Ferdinand  V\ 
roi  des  Romains  ,  qui  devint  empereur  d'Alle- 
magne à  la  fin  de   1556,  après  l'abdication  de 
Charles-Quint.  Ce  monument  est  une  médaille 
en  argent,  qui  existe  dans  le  cabinet  impérial  à 
Vienne,  et  qui  représente   d'un  côté    le  busti; 
d'Arnold ,  avec  cette  inscription,  EIKON.  AH- 
NOLDI    A   BRVCK    R(omanorum)     R(egiae) 
M(ajestatis)   R.   C.    (  Uectoris   capellae)  CAN- 
TORVM  PRAESIDIS  1536.  Au  revers,  dans  une 
couronne  de  branches  d'olivier,  on  lit  le  dis- 
tique suivant,  en  huit  lignes  : 

OMNIA.  QVAE.  MVNDO.  SVNT.  ORNA- 
TISSIMA.  CESSANT.  INGENIL  SOLVM. 
STATQVE.  MANETQVE.  DECVS,  c'est-à- 
dire  :  «  Tout  ce  qui  dans  ce  monde  brille  d'un 
n  vif  éclat  disiiarait  :  la  gloire  du  génie. seule 
ce  reste  et  persiste.  «• 

Arnold  mourut  à  Vienne  le  22  septembre  1536. 
On  connaît  ju.squ'à  ce  jour  les  compositions 
suivantes  d'Arnold  de  Briigt>^  :  1"  Un  Dies  irx 
à  quatrevoixdans  le  ms.  in-fol.  m»,  de  la  Bibiio- 

(1)  Roquefort  a  prouvéqHcl'instriimonlqul  a  porté  le  nom 
de  vielle  dans  le  moyen  âge  n'est  autre  que  le  violon  ou  rc- 
bee  (  Voyez  l'ouvrase  intitulé  :i)e  la  poésie  française  dans 
tes  douzième  et  treizième  siècles,  p:>r  M.  Roquefort,  p.  107 
et  10a). On  peutvoirsur  cesa)ct\efi necherches histori,pies 
stcr  l'origine  et  les  tramformations  des  instrv.mcuts  a 
arcliet,  de  l'auteur  de  cette  biographie,  dans  le  livre  inti- 
tulé :, ^n(oini;5Jrarfiwri,  clc.  (I'ans,i8!)s,  i  volume  ii:  «". 


ARNOLD 


143 


thèqiie  royale  dcMunich,  colé  47.  —  2"  Lemolel  à 
cinq  voix  In  civitale  Dominl,  m\  iiianiiscril  à  la 
Bibliotlièque  impériale  lie  Vienne,  — S''  L'iiynine 
à  quatre  voix,  Gloria  latiset  honor,  ibid.  — 4° Le 
motet  Fortitudo  Dei,as\\  voix, dans  la  première 
partie  de  la  collection  intitulée  :  Novwii  et 
insigne  opus  mtisicmn,  sex,  quinque  et.  qua- 
tuor vocum,  etc.  ;  Norimbergaj,  Hier.  Graplieiis. 
1537,  petit  in-40  obi.  —  5"  Les  motets  à  cinq  voix 
Pater  noster,  et  ht  civitatem  Domini ,  dans 
la  seconde  partie  du  même  recueil  :  Nurem- 
berg, 1538  ,  petit  in-4°  obi.  —  C°  Des  motets 
<lans  la  collection  qui  a  pour  titre  :  Selectissimo- 
rwn  Motettorum  partim  quinine,  partim 
quatuor  vocum,  iomus  priimis,  dont  Georges 
Forster  fut  éditeur,  et  qui  a  été  publié  à  Nurem- 
berg, cbez  Petreius,  en  1540,  in-4°  obi.  —  7o 
Les  hymnes  Audi  Bénigne  conditor  ;Jesu  qua- 
dragenarise  ;  Adesto  nunc  Ecclesise;  0  Crux, 
ave ,  à  quatre  voix ,  dans  le  Sacrorum  Hym- 
norum  Liber  primus.  Centum.et  triginta 
quatuor  Hymnus  continens ,  ex  optimis  au- 
Ihoribus  musicïs  collectus  ;  inter quos primi 
artifices  in  hac  editione  sunt  Thomas  Stol- 
tzer,  Henricus  Finc/c,  Arnoldus  de  Bruck  ,  et 
alii  quidam  ;  Vitteberg.Te,  apudGeorgiiim  Rliaii, 
1542,  in-4  obi.  —  8°  Quelques  motets  dans  le  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  Quatuor  vocum  musicx 
modulationes  numéro  26  ex  optimis  auclo- 
ribus  diligenter  selectse,  prorsus  novx,  atque 
typis  hactenus  non  excusée;  Antverpiœ,  apud 
Guilielmum  Vissenxum ,  1542 ,  petit  in-4''  obi.; 
—  9°  Des  chansons  allemandes  dans  la  seconde 
partie  du  recueil  publiée  par  Forster,  sous  ce  ti- 
tre :  Ein  Ausszug  kurtziveiliger  guter  frisclier 
Liedlein  zusingen  (Choix  de  chansons  les  plus 
amusantes,  les  meilleures  et  les  plus  nouvelles 
à  chanter ),  Nuremberg ,  Petreius,  1540,  in-4° 
obi.  —  10°  Des  chants  à  l'usage  des  écoles  dans  le 
recueil  intitulé  :  123  Newe  geistliche  Gesxnge 
mitvier  und/ûnff  Slimmen,e[c.  (123  nouveaux 
chants  spirituels  à  quatre  et  cinq  voix,  etc.)  ; 
Witlenberg,  G.  Rhaw,  1544,  in-4''  obi.  Hans 
Walther  a  inséré  aussi  un  cantique  d'Arnold  de 
IJruges  dans  son  Cantionale,  imprimé  à  Wit- 
lenberg, en  1544.  Quelques  auteursont  confondu 
[lar  erreur  Arnold  de  Bruges  avec  Arnold  sur- 
nommé Flandrus.  (  Voy.  ce  nom.  ) 

ARNOLD  DE  FLANDRES ,  en  latin  Ar- 
noldus Flandrus,  musicien  belge,  qui  vécut  à 
la  fin  du  seizième  siècle  et  au  commencement 
du  dix-septième,  fut  moine  camaldule  (ere- 
mita)  et  organiste  de  son  couvent ,  àTolmezzo, 
dans  le  Frioul.  Quelques  auteurs  ont  cru  qu'il 
était  le  même  qu'Arnold  de  Bruck  ou  de  Bru- 
8CS  ;  mais  l'erreur  est  évidente,  car  celui-ci  est 


mort  en  1536  ,  taiulis  qu'Arnold  de  Flandres  vi- 
vait encore  soixante-dix  ou  douze  ans  plus  tard. 
On  a  de  ce  moine  les  ouvrages  dont  voici  les  li- 
tres: 1°  SacicC  Canliones  Arnokli  Flandriere.- 
mitai  (1)  organistee  7\ilmetini  (2)  quatuor  vo- 
cibus  decantandx,  liber  primus;  Venetiis 
apud  Angelum  Gardanum,  in-4''  obi.  Ce  re- 
cueil contient  20  motets.  L'épitre  dédicatoire  est 
datée  de  Venise,  aux  ides  dcjanvier  1 595.  Arnold  y 
dit  qu'il  s'est  livré  avec  ardeur  à  l'enseignement 
du  chant  aux  enfants  (^4  puero  quantum  in  me 
fuit,  ardentissime  colui  ).  —  2»  Madrigali  a 
cinquevoci;  Dillingen ,  1G08,  10-4".  Celte  édi- 
tion a  (iù  être  faite  d'après  une  autre  édition  île 
Venise.  —  3°  Sic  fortunajuvat,  messe  à  sept 
voix ,  ibid. 

ARNOLD  (Georges),  organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Bamberg,  naquit  dans  le  Tyrol, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle,  . 
et  fut  d'abord  organiste  à  Inspriick.  lia  publié 
les ouviages suivants  :  lo  Cantionum  sacrarum 
de  tempore,  op.  1,  in-4''.  —  2"  Très  Motet tos  de 
}iomineJesu,  op.  2, in  4°.  —  3°  Psalmi  de  neata 
Maria  Virgine  cum  Salve  Regina,  Ave  Regina, 
Aima Redemptoris  Mater,  et  Regina  Ca'U,cuni 
quinque  vel  sex,  scilicet  tribus  vocibus  ;  dnobvs 
violinis  concert antibus,  cum  viola  ad  libitum, 
Œniponti ,  typis  et  sumptibus  Michaeli  Wagiieri, 
1652,  in-4''. — 4°  Cantiones  et  Sonettœ,  uno, 
duobus,  tribus  et  quatuor  violinis  accomodalx, 
cum  basse  gênerait;  Œniponti,  1G59,  in-fol. — 
5"  Satrarum  cantionum  de  tempore  et  sanctis 
quatuor,  quinque,  sex  et  sepfem  vocibus  ac 
instrunLcnt.  concert.;  Œniponti,  IGGI,  iu-4". — 
6"  Psalmi  vespertini  quatuor  aiit  duabus  vocib. 
et  duobus  violinis  cancer  tan  tibus  vel  septem, 
decem,  quindecim  ad  placitum,  Bamhergse, 
in-fol.  —  7"  Très  missx  pro  de/ùnctis  et  alia 
laudativa  quatuor,  quinque,  septem  vocib. 
et  tribus  vel  quattior  violinis  ad  placittim  ; 
Bambergae,  1676,  in-4o.  —  8°  Missarumqua- 
tern.  cum  novem  vocibus,  1*  pars;  Bambergae, 
1673,  in-fol.  idem,  2^  pars  ;  1675,  in  fol. 

ARNOLD  (Je\n),  premier  trompette  de 
l'électeur  de  Saxe ,  au  milieu  du  dix-septième 
siècle,  a  composé  en  1652,  pour  les  noces 
de  Georges  F"",  une  sonate  à  quatre  trompettes 
qui  aété  imprimée  à  Dresde,  dans  la  même  année. 

(i)  En  Italio,  lea  crmilcs  étaient  de  l'ordre  des  camal- 
dules.  U  y  avait  aussi  les  ermites  de  Saint-Jérôme  ;  mais 
on  appelait  ceux-ci  hier ony mites.  En  Espagne ,  les  ermi- 
tes étalent  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  la  Pénitence,  et  en 
Portugal.  Ils  avalent  saint  Paul  pour  patron. 

(2)  Tulmetinum  est  le  nom  latin  de  Tolomezzo,  petite  ville 
des  États  vénitiens,  dans  la  province  appelée  Carnia 
ou  Cargna,  dont  elle  est  le  chef-lieu.  Cette  province  fait 
partie  du  Frioul. 


Ul 


ARNOLD 


ARNOLD  (Michel-Henri),  habile  orga- 
niste de  l'église  Saint-André,  à  Erfiirt ,  naquit  h 
Errùrt,en  1682.  Ses  préludes  d'orgue  pour  des 
cliants  simples  ou  chorals  ont  eu  une  grande  ré- 
putation; on  ne  croitpas  qu'il  les  ait  fait  impri- 
mer; mais  l'éditeur  Koerner,  d'Er/urt,  en  a 
donné  quelques  morceaux  dans  sa  collection  de 
pièces  des  anciens   organistes. 

ARNOLD  ( Jean-Georges),  organiste  à 
Shul,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  fait 
graver  à  Nuremberg,  en  1761,  deux  trios  pour 
clavecin  et  violon. 

ARNOLD  (  Samuel),  docteur  en  musique, 
né  à  Londres  le  10  août   1740,  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  musique  d'un  musicien  nommé 
Gates,  alors  maître  des  enfants  de  la  chapelle 
royale ,  et  termina  ses  études  dans  cet  art  sous 
le  docteur  Narcs.  C'est  donc  à  tort  qu'on  a  dit 
(Dict.  hisLdes  Mus.,  Paris,  1810)qn'ilétait  Al- 
lemand ,  et  qu'il  avait  été  élève  de  Hœndel.  A 
peine  Arnold  eut-il  atteint  l'âge  de  vingt-cinq 
ans  qu'il  (ut  engagé  par  les  directeurs  de  Co- 
venl-Garden  à  travailler  pour  leur  théâtre;  il 
débuta    par   le    petit  opéra-comique  intitulé  : 
Maid  qf  the  Mill  (la  Fille  du    Moulin).  Les 
éloges  qui  furent  donnés  à  sa  musique  le  détermi- 
nèrent à  s'exercer  sur  un  oratorio,   et  il  écrivit 
TheCure  ofSaûl  (la  Guérison  de  Saiil),  qui  fut 
exécuté  en  il7^,ei  qui  lui  fit  une  grande  réputa- 
tion en  Angleterre.  A  celui-ci  succéda,  dans  l'année 
^■mvanie,  Abimelech  ;  en  1776  il  donna  The  pro- 
(iigal  Son  (  l'Enfant  prodigue),  et  en  1777  La 
Résurrection.  Dans  les  intervalles  qui  séparent 
ces  productions  il  fit  la  musique   de  plusieurs 
opéras ,  farces  et  pantomimes.  A  la  mort  du  doc- 
teur Nares ,  qui  eut  lieu  au  commencement  de 
1783,  Arnold  lui  succéda  dans  la  place  d'orga- 
niste du  roi  et  de  compositeur  de  la  chapelle 
royale.    Ces    emplois   l'obligèrent  à  écrire  un 
grand  nombre  d'offices,  d'antiennes  et  de  psau- 
mes, qui  sont  fort  supérieurs  à  ses  autres  ou- 
vrages, bien  qu'ils  soient  moins  connus.   L'an- 
née suivante  il  fut  choisi  comme  sous-directeur 
de  la  musique  de  Westminster  jiour  la  commé- 
moration de  Hi'findel.  Ce  fut  aussi  Arnold   que 
le  roi  d'Angleterre  chargea  de  diriger  la  magni- 
fique édition  des  œuvres  de  ce  grand  musicien, 
qui  fut  publiée  à  Londres  en  1786,  en  3C  vol.  in- 
lol.  11  eut  le  tort  de  ne  pas  donner  assez  desoins 
à  cette  édition,  et  d'y  laisser  une  multitude  de 
fautes  qui  la  déparent,  et  qui  font  préférer  souvent 
les  anciennes  éditions  données  par  Walsh,  sous 
les  yeux  de  H.Tndel.  Vers  la  fin  de  l'année  1789, 
l'Académie  de  musique  ancienne  le  nomma  son 
directeur  :  il  a  conservé  cette  place  jusqu'à  sa 
mort.  C«lle-ci  lut  hùt^e  par  une  chute  qu'il  fit 


en  voulant  prendre  un  livre  dans  sa  bibliothè- 
que :  il  se  brisa  le  genou  ;  et,  nonobstant  ks  soins 
qu'on  lui  prodigua,  il  cessa  de  vivre  le  22  oc- 
tobre 1802,  après  avoir  langui  pendant  plus 
d'une  année.  Ses  restes  furent  déposés  à  l'abbaye 
de  Westminster;  et  les  choristes  de  cette  abbaye 
se  réunirent  à  ceux  de  Saint-Paul  et  de  la  cha- 
pelle royale  pour  chanter  à  ses  obsèques  un 
service  funèbre  composé  par  le  docteur  Calcott. 
De  pareils  honneurs  prouvent  -la  haute  estime 
que  les  Anglais  ont  eue  pour  les  talents  d'Arnold  ; 
tous  leurs  biographes  s'accordent,  en  effet,  pour 
vanter  le  mérite  de  ses  prodjctions  :  néanmoins 
j'avoue  qu'en  examinant  ceux  de  ses  ouvrages 
qui  ont  été  gravés  ,  je  n'y  ai  rien  trouvé  qui 
put  justifier  les  éloges  qu'on  leur  a  prodigués. 
Le  chant  en  est  commun  et  dépourvu  d'élégance  ; 
la  qualité  qui  m'y  a  paru  la  plus  remarquable 
est  la  pureté  d'harmonie. 

Le  docteur  Arnold  a  composé  .sept  oratorios , 
cinquante-cinq  opéras  anglais ,  outre  un  grand 
nombre  de  pantomimes,  odes,  séiénades  et 
farces.  Parmi  ses  opéras  et  pantomimes,  les  sui- 
vants sont  les  plus  connus  :  l»  Maid  of  the  Mill 

(  la  Fille  du  Moulin),  à  Covent-Garden,  17G5. 

2°  Rosamond,  ibid.,  1767.  —  3°  The  Portrait, 
farce,  ibid.,  1770.  —  4°  Mother  Shiplon  (la 
Mère  Shiplon),  pantomime ,  à  Hay-Market, 
1770.—  h"  Son-ïn-law  (le  Gendre),  farce,  ibid., 
1779.  —  6"  Fire  and  Water  (le  Feu  et  l'Eau  ), 
opéra  ballet,  ibid.,  1780.  — '"Wcdding  Nigh.t 
(la Nuit  des  Noces),  farce,  ibid.,  1780.  —  8°  Sil- 
ver  Tankard  (le  Pot  d'argent),  farce,  ibid., 
1781.  —  9°  Dcadin  live  (le  Mort  vivant),  opéra- 
comique,  ibid.,  1781.  —  10^  Castleof  Andalusia 
(le  Château  d'Andalou.sie),  opéra-comique,  à  Co- 
vent-Garden, 1782 1 1°  Gretna-Grcen  ,  farce, 

Hay-Market,  1783.  —  12°  Ilunt  the  lipper  (\à 
Pantoufle  qui  court),  farce,  ibid  —  13"  Peepii)g 
Tom,  opéra-comique, il)id.,  1784.  —  14°  JleiT, 
there ,  and  everywhere  (Ici,  là  et  partout), 
ibid.,  1784.  —  Ijo  Two  to  one  (Deux  à  un), 
opéra-comique,  ibid.,  1785.  —  10°  Tur/iand  no 
Tiirk  (Turc  et  |)oint  Turc),  opéra-comique, 
ibid,  1789.  —  M"  Sïege  o/  Ciirzola  (le  Siège  de 
Courzole),  opéra-comique,  ibid.,  1786.  —  18" 
Inideand  yrtnco.  opéra,  ibid.,  1787.  —  X^"  En- 
?«!7f!f/il/«s*cia?i  (le  Musicien  enragé),  intermède, 
ibid.,  \l&S.—  ').Q''BattleofHexhnm{\à\ia[A\\\(i  ■ 
d'Hexham), opéra,  ibid.,  1789.  —  2l°New  Spain 
(la  Nouvelle-Espagne),  opéra,  1790.  —  I")."  Basket 
Maker  (  le  Faiseur  de  corbeilles  ),  intermède, 
1790.  —  23°  Surrender  of  Calais  (la  Prise  de 
Calais),  ibid.,  1791.  —2^"  H  arlequin  and  Faus- 
ius  ,  pantomime,  à  Covent  Garden  ,  179."?. — 
75°  Children  in  the  wood  (Les  Enlànts  dans 


ARNOLD 


le  bois)  ,  inteimèJe,  Hay-Market,  I7a3.  —  2G" 
Hobin  Gray ,  intermède ,  ibid.  —  27»  Torinski , 
opéra,  ibid.,  i79b.  —28° Mountainers  (\es  Mon- 
tagnards), ibid.,  1795*  —  29°  Wopaijdtherecko- 
ning?  (Qui  paiera  l'écot?),  interniMe ,  ibid., 
1795.  —  30" Love  and  Mone?/ {Amour ei  Argent), 
farce,  ibid.,  1795.  —  31»  Bauninn  Day  ,  inter- 
mède, ibid.,  1796.  —  32"  Shipwreck,  opéra-co- 
mique, à  Drury-Lane,  1796.-33°  ItalïanMonk 
(le  Moine  italien),  opéra,  à  Hay-Mariset,  1797.  — 
34°  False  and  True  (  le  Faux  et  le  Vrai  ),  ibid., 
1798.  —  5°  Throw  physic  to  the  dogs  (Jeter 
ses  remèdes  aux  cliiens) ,  farce,  1798.  —  36'  Cam- 
bi-o-Britons, o\téra,\h\d.,  1798.  —37°  Review  (  la 
Revue), farce, ibid.,  1801.  —  38°  The  Corsair{le 
Corsaire),  ibid.,  1801.  — 39"  Vétéran  Tar  (le 
Vieux  Matelot),  op.  corn,  à  Drury-Lane,  1801.  — 
40°  Sixiy-third  Letter  (La  soixante-troisième 
Lettre  ) ,  farce ,  à  Hay-Marliet.  Une  collection 
complète. de  tous  les  ouvrages  gravés  d'Ar- 
nold, reliée  en  18  volumes  in-folio,  a  été  vendue 
à  Londres,  cliez  Kalkin,  en  1846,  9  guinées. 
Outre  cela,  Arnold  a  laissé  en  manuscrit  une 
grande  quantité  de  musique  sacrée ,  un  traité  de 
la  basse  continue,  et  a  fait  graver  douze  œu- 
vres de  sonates  et  de  pièces  pour  le  piano.  On  a 
aussi  de  lui  une  collection  de  cliansons  intitulée  : 
Anacreontic  songs,  duels  andglees,  Londres, 
1788.  Le  portrait  d'Arnold  a  été  gravé  dans  le 
Biographical  Magazine,  en  1790. 
-  ARIXOLD  (Ferdinand)  ,  habile  chanteur,  né 
à  Vienne,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
possédait  une  belle  voix  de  ténor.  Il  brilla  sur 
le  théâtre  de  Riga  en  1796  ,  et  puis  sur  ceux  de 
Hambourg,  de  Berlin  et  de  Varsovie. 

ARIXOLD  (  Ignace-Ernest-Ferdinand),  doc- 
teur endroit  et  avocat  à  Erfurt,  naquit  dans  cette 
ville,  le  4  avril  1774.  Il  a  donné  un  catalogue 
de  compositeurs  dramatiques  dans  l'Almanach 
de  Gotha  de  1799 ,  où  l'on  trouve ,  parmi  beau- 
coup d'erreurs  et  de  négligences,  quelques  dé- 
tails intéressants.  Eu  1803  il  publia  une  analyse 
esthétique  des  œuvres  de  Mozart ,  sous  ce  titre  : 
MozarVs  Geïst.  Seine  kurze  Biographie  und 
assthetische  Darstellung  seiner  Werke  (  Esprit, 
de  Mozart.  Sa  Biographie  abrégée,  et  tableau 
esthétique  de  ses  œuvres)  ;  Erfurt,  1803,  in-8°. 
Cet  essai  fut  suivi  de  publications  de  même  genre 
qui  parurent  à  des  époques  diverses,  et  qui 
concernent  Zumsteeg,  Dittersdorf,  Haydn,  Che- 
rubini ,  Paisiello ,  Cimarosa,  Winter  et  Himmel. 
Ces  opuscules  ne  portent  pas  de  nom  d'auteur. 
Ils  ont  été  réunis  en  deux  volumes,  sous  le  litre 
de  Galerie  des  musiciens  les  plus  célèbres  des 
dix-huitième  et  dix-neuvième  siècles  (Gallerie 
der  beriihmtesten  Tonkiinstler  des  achtzehnlen 

BIOCU.    UNIV.    des    musiciens.   T.    I. 


OndneunzehntenJalirliiind(!il.s);  Erfurt,  J.K.Mùl- 
1er,  1816,  2  vol.  in-8°,  Enlin  il  a  fait  paraître  un 
assez  bon  ouvrage  sous  ce  titre  :  Der  angehende 
Musikdirector,  oder  die  Kunst  ein  Orchesterzu 
bilden,  etc.  (Le  Directeur  de  Musique,  ou  l'art 
de  diriger  un  Orchestre);  Erfurt,  1806,  in-S». 
Danscelivre,diviséen  16  chapitres, Arnold  donne 
ime  idée  générale  des  fonctions  d'un  directeur  de 
musique,  delà  préparation  et  de  l'exécution. 
d'un  morceau,  des  répétitions,  de  la  disposition 
d'un  orchestre ,  de  la  mesure  et  de  la  manière 
de  la  hattie,  de  l'expression  et  de  la  précision  , 
de  la  direction  dans  les  divers  genres  de  musique 
d'église ,  de  concert,  de  l'opéra  ,  du  ballet ,  etc. 
Arnold  est  mort  à  Erfurt,  le  13  octobre  1812; 
il  avait  alors  le  titre  de  conseiller  privé  et  de 
secrétaire  de  l'université  de  cette  ville.  Outre  ses 
travaux  dans  la  littérature  musicale,  on  lui  doit 
aussi  quelques  romans. 

ARNOLD  (  Jean-Godefkoi  ) ,  compositeur 
agréable  et  virtuose  sur  le  violoncelle,  naquit  le 
l^'  février  1773,  à  Niedernhall,  près  d'Oehrin- 
gen,  où  son  père  était  encore  maftre  d'école 
en  1810.  Après  avoirterminé  ses  études  élémen- 
taires, Arnold  se  livra  exclusivement  à  la  musi- 
que, au  piano  et  surtout  au  violoncelle,  pour 
lequel  il  avait  un  goût  passionné.  Dès  l'âge  de 
dix  ans,  il  causait  déjà  l'étonnement  de  ceux 
qui  l'entendaient  jouer  de  ce  dernier  instrument; 
mais  il  y  avait  si  peu  de  moyens  de  développer 
ses  dispositions  naturelles  dans  le  lieu  qu'il  ha- 
bitait, que  son  père  se  décida  à  l'envoyer,  en 
1785,  à  Liingelsau  pour  y  prendre  des  leçons  du 
musicien  de  la  ville.  Ce  musicien  était  un  homme 
dur  qui  soumit  le  jeune  Arnold  aune  discipline 
si  sévère,  que  sa  santé  en  fut  altérée,  et  qu'il  ne 
se  rétablit  jamais  parfaitement.  Au  mois  de  mars 
1790,  il  entra  chez  son  oncle  Frédéric  Adam 
Arnold,  musicien  de  la  cour  à  Wertheim.  Là, 
il  eut  occasion  d'entendre  souvent  de  bonne  mu- 
sique exécutée  par  un  orche.stre  choisi,  et  son 
talent  sur  le  violoncelle  y  prit  de  nouveaux  dé- 
veloppements. Pour  compléter  son  éducation  mu- 
sicale, il  prit  des  leçons  d'harmonie  et  de  com- 
position d'un  habile  chanteur  et  organiste  nommé 
Frankenstein.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  il 
fut  bientôt  en  état  d'écrire  des  concertos  de  vio- 
loncelle qui  eurent  beaucoup  de  succès ,  non-seu- 
lement à  Wertheim,  mais  dans  toutes  les  villes 
où  il  se  fit  entendre  dans  le  cours  de  ses  voyages. 
Au  mois  d'avril  1795 ,  il  se  rendit  en  Suisse  pour 
y  donner  des  concerts  ;  mais  à  cette  époque  la 
guerre  désolait  ce  pays,  et  Arnold  ne  réussit  point 
dans  son  entreprise.  Le  succès  d'un  second  voyage 
qu'il  fit  par  Wetlersiein  et  Nordlingen  ne  fut  pas 
meilleur.   Mécontent  de  sa  position,  Arnold   se 

10 


146 


AR!^OLD 


rendit  à  Ralisbonne,  oà  il  fit  la  connaissance  de 
Willmann,  violoncelliste  célèbre,  dont  il  reçut 
des  leçons  pendant   quelques  mois.  Son  talent 
s'accrut  encore  dans  le  voyage  qu'il  fit  en  1796 
en  diverses  parties  de  l'Allemagne  ;  mais  ce  fut 
surtout  à  Berlin  et  à  Hambourg  qu'il  atteignit  à 
la  perfection  sous  plusieurs  rapports.  L'avantage 
qu'il  eut  d'entendre  Bernard  Romberg  pendant 
près  de  deux  mois  le  conduisit  à  réformer  quel- 
ques défauts  qu'il  avait  remarqués  dans  son  jeu. 
En  1797,  il  se  rendit  à  Francfortsur-le-Mein , 
et  y  fut  attaché  à  l'orchestre  du  théâtre.   H  se 
livra  alors  à   l'enseignement,  et  eut  un  grand 
nombre  d'élèves  pour  le  piano  et  le  violoncelle. 
Il  arrangea  beaucoup  d'opéras  en  quatuors  pour 
violon  ou  flûte ,  composa  des  concertos  pour  plu- 
sieurs  instruments,    particulièrement    pour   la 
llùte  et  pour  le  piano.  Pour  son  instrument,  il  écri- 
vit aussi  beaucoup  de  solos,  duos  et  trios ,  dont  la 
plus  grande  partie  fut  imprimée  à  Bonn,  à  Franc- 
fort et  à  Offenbach.  Outre  ces  composilions  ,  il 
voulut  aussi  traiter  le  genre  de  la  symphonie.  Sa 
première  production  de  celte  espèce  fut  exécutée 
avec  succès  :  sa  mort  prématurée  l'empêcha  déter- 
miner la  seconde.  Il  y  avait  neuf  années  qu'il 
était  établi  à  Francfort  lorsqu'il  fut  attaqué  d'une 
maladie  de  foie  qui  le  conduisit  au  tombeau  ,  le  26 
juillet  1806,  à  l'âge  de  trente-quatre  ans.  Parmi  les 
compositions  d'Arnold  qui  ont  été  imprimées,  on 
remarque  :  1°  Cinq  concertos  pour  le  violoncelle , 
le  premier  en  ut ,  le  second  en  sol ,  le  troisième 
en /a  ,  le  quatrième  en  mi  majeur,  le  cinquième 
eu  ré,  tous  gravés  à  Offenbach,  chez  André.  — 
2"  Une  symphonie  concertante  pour  deux  flûtes 
avec  orchestre,  qui  a  eu  beaucoup  de  succès,  et 
qui  a  été  gravée  à  Bonn,  chez  Simrock.  —  3°  Six 
thèmes  avec  variations  pour  deux  violoncelles, 
op.  9,  à  Bonn.  —  4°  Andante  varié  [lour  flûte 
avec  deux  violons,  alto  et  basse ,  Mayence,  chez 
Schott;  5"  Vingt-quatre  pièces  faciles  pour  gui- 
tare, Mayence,   Schotl;  6"  Duos  faciles    pour 
guitare  et   flûte,  Mayence,  Schott;  1°  Marches 
et  danses ,  ibid. 

ARI\OLI)(CuARLEs),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Neuliirchen ,  près  de  Morgentheiui ,  le  6  mai 
1794,  est  fils  du  précédent.  Élève  d'André  et  de 
Volweiler,  il  a  acquis  du  talent  comme  pianiste 
et  comme  compositeur.  Dès  son  enfance,  ayant 
déjà  une  habileté  fort  rare  sur  le  piano,  il  voyagea 
pour  donner  des  concerts,  et  se  fit  entendre  avec 
succès  à  Vienne,  à  Berlin ,  à  Varsovie  et  à  Pé- 
tt'rsbourg.  Il  épousa  M"*  Kesling  dans  cette 
dernière  ville.  A  Cracovie,  le  droit  de  bourgeoisie 
lui  fut  accordé  parce  qu'au  péril  de  sa  vie  il  sauva 
celle  d'un  jeune  homme  (lui  se  noyait  dans  la 
Vistule,  en  s'y  jetant  tout   Ihabiilé.  Il  demeura 


plusieurs  années  à  Pétersbourg;  mais  il  fut 
obligé  de  s'en  éloigner  parce  que  la  santé  de  sa 
femme  souffrait  de  la  rigueur  du  climat  de  la 
Russie.  Arrivée  Berlin,  il  y  donna  un  concert, 
le  15  novembre  1824,  et  s'y  fit  applaudir  comme 
compositeur  et  comme  pianiste.  Ce  succès  le 
décida  à  se  fixer  dans  cette  ville.  Appelé  à  Muns- 
ter, en  1835,  comme  directeur  de  musique,  il 
paraît  y  avoir  établi  définitivement  sa  demeure  ; 
cependant  il  se  trouvait  à  Pétersbourg  en  1847, 
y  donnait  des  concerts  et  y  faisait  entendre  son 
fils,  qui,  très-jeune  encore ,  excitait  l'intérêt  par 
son  talent  sur  le  violoncelle. 

Arnold  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Un 
excellent  sextuor  pour  lo  piano.  — 1"  Dps  sonates 
pour  le  piano,  œuvres  .3*  et  5^,  Offenbach  ,  An- 
dré. —  3°  Sonate  pour  le  piano,  avec  accompa- 
gnement de  clarinette  et  basse,  œuvre 7*^,  ibid.  — 
4°  Divertissement  pour  piano  seul,  n°'  1  et  2  , 
œuvres  12*  et  13® ,  Berlin,  Schlesinger.  —  5"  Ron- 
deau pour  le  piano,  op.  14,  tbid.  — 6°  Thème 
polonais  arrangé  en  rondeau ,  op.  15  —  1°  Varia- 
tions sur  un  thème  original,  op.  IG.  —  8°  Vive 
Henri  IV  en  rondeau  pour  piano  et  violoncelle, 
Leipsick,  Peters.  —  9°  Rondoletto  ou  divertisse- 
ment, n"  4 ,  — 10°  Concerto  pour  le  piano  avec  or- 
chestre, op.  17,  Berlin,  Christiani.  —  11°  Valses 
favorites,  Berlin,  Grochenschnelz.  —  12°  Rondo 
pour  piano  à  quatre  mains  ;  Offenbach ,  André.  — 
13°  Divertissements  pour  piano  seul,  op.  13,  14, 
16,  24.  — 14"  Fantaisies  et  variations,  op.  17, 
20.  —  15°  Cantique  pour  quatre  voix  d'houmies, 
Brunswick,  Spàhr.  —  1G°  Quatuor  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  li),  Leipsick,  Breitkopf  et 
Ilzertel.  La  musique  d'Arnold  est  d'une  exécution 
difficile.  Ilestaussi  auteur  d'une  méthode  pratique 
pour  le  piano  (  Praklisc/ie  Klavierschule  ),  qui  a 
étépubliée  à  Offenbach,  chezAndré.  Unopéra in- 
titulé rcZc^îAe,  de  sa  composition,  a  été  iepréseuté 
à  Kœnigsberg ,  et  il  a  fait  jouer  à  Berlin  frêne , 
grand  opéra,  le  15  octobre  1832  :  cet  ouvrage 
n'a  pas  réussi,  à  cause  de  la  faiblesse  du  poëme. 

ARi\OLD  (FRÉnÉRic-GuiLLAtME) ,  docteur 
en  philosophie,  né  à  Heilbronn  en  1810,  se  livra 
à  l'étude  de  la  musique  dès  ses  premières  années 
sous  la  direction  de  son  père,  (pii  était  habile 
musicien.  Destiné  aux  études  théologiques,  il  fré- 
quenta le  gyumase  de  sa  ville  natale,  puis  alla 
à  l'université  de  Tubingue  et  termina  ses  études 
à  l'université  de  Fribourg.  Bientôt  après  on  le 
chargea  de  la  rédaction  d'un  journal  qui  se  pu- 
bliait à  Cologne  sons  le  titre  de  Rheinblultcr 
(les  Feuilles  du  Rhin)  ;  mais  il  abandonna  cette 
position  pour  aller  à  Londres  diriger,  en  second, 
l'orchestre  de  l'opéra  allemand  au  théâtre  do 
Drury-Lane.  Depuis  lors  il  s'est  fi^xé  à  Elberfeld, 


ARNOLD  —  ARINOULD 


147 


oh  il  a  établi  un  commerce  de.  imisiqiie  et  d'ins- 
truments ,  sans  abandonner  toutefois  la  composi- 
tion et  les  arrangements  pour  le  piano  et  pour 
la  guitare.  Son  arrangement  des  symphonies  de 
Beethoven  pour  piano  et  violon  est  estimé  en  Al- 
lemagne ,  à  cause  de  sa  fidélité.  On  a  sous  son 
nom  des  rondeaux  et  des  pièces  faciles  pour 
piano  seul  ou  à  quatre  mains,  Cologne,  Eck 
vtO'^;  Des  pots-pourris  pour  guilare  et  flûte 
ou  violon,  ibid.;  des  recueils  de  Lieder  avec 
piano,  etc.  Le  fameux  chant  du  Rhin,  sur  les 
paroles  de  Becker,  qui  a  produit  une  vive  seii- 
safion  en  Allemagne,  vers  1835,  a  été  composé 
par  Arnold.  Ce  musicien  est  aussi  l'auteur  d'une 
méthode  élémentaire  de  musique ,  intitulée  : 
Allgemeine  MustkLehre,  als  Einleïtung  ztc 
jeder  Schule  (  Science  générale  de  la  musique , 
ou  introduction  à  toutes  les  méthodes)  ;  Cologne, 
lick  et  C'e.  Enfin  M.  Arnold  a  écrit  dans  plu- 
sieurs revues  et  journaux  des  articles  de  cri- 
tique et  d'esthétique   musicale. 

ARiXOLDI  (Jf.an-Cokrad),  recteur  à  Darms- 
tadt  et  ensuite  professeur  d'astronomie  à  Giessen, 
naquit  en  1C58,  à  Trobach  sur  la  Moselle,  et 
mourut  à  Giessen,  le  22  mai  1735.  Il  a  publié 
une  thèse  relative  à  la  musique,  sous  ce  titre  sin- 
gulier :  Musïca  Alcxikalws ,  declamationibus 
aliquot  soleinnibus  in  fine  examinis  verna- 
culis ,  Jforœ  dux  pomeridiana  d.  V  Martii , 
A.  1713,  Commcndanda auditor es  clémentes, 
faventes  et  benevolos  sibi  submisse  exoral  in- 
lerccdenle  Illiisl.  Pœdagogii  Dannstatlini 
liecfo)V,  elc,  Darmstadt,  12  pages  in-4". 

AR]\OLUT  (Gaspar),  constructeur  d'or- 
gues, vivait  à  Prague  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  En  1684,  il  fit  deux  positifs  pour  le  prince 
de  Lobkowilz ,  dont  l'un  existe  encore  dans  la 
chapelle  de  Lorette  à  Prague. 

ARI\Oj\I  (Guillaume),  compositeur  et  orga- 
niste de  la  cathédrale  de  Milan  vers  1580,  naquit 
à  Bergame  en  t546,  suivant  une  note  que  m'a 
envoyée  Mayr,  et  à  Milan ,  d'après  le  litre  d'un 
de  ses  ouvrages.  Il  fut  membre  de  l'académie 
des  Uniti.  Cet  artiste  a  publié  -.  1°  Magnificat  à 
quatre,  cinq,  six,  sept  et  huit  voix,  Milan,  1595. 
(Voy.  Morigia,  Nobillàdi  Milano).  —  1"  Il  primo 
libro  de'  Madrigali,  Venise,  Richard  Amadino, 
1600,  in-4''.  Trois  livres  de  Motets  de  sa  com- 
position ont  été  aussi  imprimés  :  je  ne  connais 
que  le  troisième,  qui  a  pour  titre  :  Gulielmi  Ar- 
noni  Mediolanensis ,  Academici  Uniti,  in  ec- 
clesia  metropolitana  organici,  Sacronim  mo- 
dulalionum  qux  vulgo  Motecla  vocantur  sex 
vocibus.  Liber  tertius.  Aune  primum  in  luceni 
editus;  Veneliis  apud  Ricciardum  Amadinum, 
IfiO?,  in-4°.  Dans  le  Bergameno  Parnasso  de 


1015,  on  trouve  un  morceau  de  sa  composition. 
Quatre  motets  à  six  voix  d'Arnoni  ont  été  in 
sérés  dans  le  Promptuarium  Musicum  d'A- 
braham Scbad  -.  le  premier  (  Exurgat  Deus)  est 
dans  la  première  partie;  le  second  [Cantabo  Demi- 
«?nji)  est  dans  ladeuNième  ;  le  troisième  (Inlabiis 
meis)  et  le  quatrième  (Domine  Deus)  se  trouvent 
dans  la  quatrième  partie.  On  trouve  aussi  des 
morceaux  de  la  composition  d'Arnoni  dans  le 
Parnassus  musicus  Ferdinandxus ,  publié  à 
Venise,  en  1615,  par  Bonometti  {Voy.  ce  nom.) 

Ai\i\OR  JARLASKALD,  scalde  ou 
poète  chanteur  islandais,  vécut  sous  les  règnes 
de  Magnus  le  Bon,  et  de  Harald,  fils  de  Sigurd, 
rois  de  Norwége,  au  onzième  siècle.  Il  fut  un  des 
auteurs  des  Knithllnga  Saga,  et  l'on  a  aussi  de 
lui  une  complainte  sur  la  mort  de  Geller  ïhor- 
killsons,  dont  la  mélodie  a  été  conservée  dans 
les  chants  de  tradition  populaire  en  Norwége. 
C'est  un  morceau  très-original. 

ARi\OT  (Hughes)  ,  écrivain  écossais  qui  vécu  t 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
On  lui  doit  une  histoire  d'Edimbourg  (History  qf 
Edinburgh),  Londres,  1779,  in-4  ),  dans  laquelle 
il  y  a  des  renseignements  intéressants  sur  la  mu- 
sique nationale  de  l'Ecosse. 

ARNOULD  (Madelaine-Sophie),  actrice  de 
l'Opéra,  naquit  à  Paris,  le  14  février  1744,  rna 
de  Béthisy,  dans  la  maison  et  dans  la  chambre 
où  l'amiral  de  Coligny  avait  été  tué  le  jour  de  la 
Saint- Barthélémy .  Elle  débuta  le  15  décembre 
1757,  à  l'âge  de  treize  ans,  et  obtint  beaucoup  de 
succès  :  depuis  ce  temps  jusqu'en  1778,  époque 
de  sa  retraite,  elle  fit  les  délices  des  habitués  de 
ce  speclacle.  Les  défauts  de  son  chant  étaient 
ceux  de  l'école  détestable  du  temps  où  elle 
vécut  ;  mais  sa  voix  touchante  et  son  expression 
vraie  étaient  des  qualités  qui  lui  appartenaient, 
et  ce  sont  elles  qui  lui  valurent  les  éloges  de 
Garrick,  lorsque  ce  grand  acteur  l'entendit.  Les 
rôles  qui  ont  fait  sa  réputation  sont  ceux  de  Thé- 
laïre,  dans  Castor  ;  à^Jphise,  i\àns  Dardanus, 
et  iVIphigénie  en  Aulide. 

m"»  Arnould  ne  fut  pas  moins  célèbre  par  ses 
bons  mots  que  par  ses  talents  :  presque  tous  sont 
brillants;  mais  le  plus  grand  nombre  sont  d'im 
cynisme  qui  ne  permet  pas  de  les  citer.  En  voici 
quelques-uns  qui  n'ont  pas  ce  défaut.  Une  dame 
qui  n'était  que  jolie  se  plaignait  d'être  obsédée 
par  ses  amants  :  «  Eh  !  ma  chère,  lui  dit  M"''  Ar- 
nould, il  vous  est  si  facile  de  les  éloigner  :  voi?s 
n'avez  qu'à  parler.  «  Une  actrice  vint  jouer  un 
jour  le  rôle  (Vfphigénic  en  Aulide  étant  ivre  -. 
"  C'est  Iphigénie  en  Champagne,  »  dit  M"*  Ar- 
nould. Quelqu'un  lui  montrait  une  tabatière  sur 
laquelle  on  avait  réuni  le  portrait  de  Sully  et  celui 

10. 


148 


ARNOULD  —  ARRIAGA 


du  duc  de  Clioiseiil  :  Voilà,  dit-elle,  la  recette 
et  la  dépense.  »  Elle  est  morte  en  1803. 

ARKOULT  DE  GRANDPOIVT,  ménes- 
trel de  la  cour  de  Charles  V,  roi  de  France,  était 
au  service  de  ce  prince  en  1364,  ainsi  qu'on  le 
voit  par  un  compte  du  mois  de  mai  de  cette 
année.  (Manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  coté 
F,  540  du  supplément.) 

ARNSTEIiV  (A.),  violoniste  à  vienne,  de 
l'époque  actuelle,  néà  Belichow,  en  Galicie,  a  pu- 
blié quelques  œuvres  légères  pour  son  instru- 
ment, parmi  lesquelles  on  remarque  une  Fan- 
taisie-capricc  pour  violon  et  piano,  op.  4  ;  Vienne, 
Millier. 

ARI\ULPI^E(MAÎTRE),surnomrné(/eSfl^n^ 
Ghislain  (S.  Gillenensis),  parce  qu'il  était  de 
cette  petite  ville  du  Hainaul,  vécut  dans  le  quin- 
zième siècle.  Un  petit  traité  de  Dif/erentiis  et  Gc- 
nerîbus  cantorum,  dont  il  est  auteur,  a  été  in- 
séré par  l'abbé  Gerbert  dans  ses  Scriptores  ec- 
clesiastici  de  Musica  sacra  pot  issimitm  (t.  III, 
p.  316-318),  d'après  un  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèqueimpériale  de  Paris.  Arnulphe  distingue  les 
chantres  de  son  temps  en  quatre  classes.  La  pre- 
mière, dit-il,  est  composée  d'ignorants  qui ,  sanr. 
aucune  connaissance  de  la  musique,  offensent  les 
oreilles  les  moins  délicates ,  et  mettent  en  fuite 
l'auditoire  par  les  horribles  discordances  dont  ils 
accompagnent  le  chant.  Dans  la  deuxième  classe 
se  rangent  ceux  qui,  bien  que  pourvus  d'un 
meilleur  sentiment,  n'ont  qu'une  connaissance 
imparfaite  de  l'art,  mais  suppléent  par  un  ins- 
tinct naturel  à  ce  qui  leur  manque  de  savoir.  La 
troisième  classe  est  formée  de  musiciens  instruits 
dont  l'organisation  naturelle  est  médiocre;  et, 
enfin,  la  quatrième  est  composée  de  chantres  par 
excellence,  qui  réunissent  l'instruction  à  l'instinct 
de  l'art. 

AROi\  (PiETKo).   Vo!j.  AARON. 

ARQUIER  (Joseph),  compositeur,  né  à 
Toulon  en  1763,  étudia  la  musique  à  Marseille 
et  y  lit  de  rapides  progrès.  En  1784,  il  entra  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  Lyon,  en  qualité  de  vio- 
loncelliste; quatre  ans  après,  il  était  à  Carcas- 
sonne,  où  son  premier  opéra  fut  représenté  sous 
le  titre  de  Vlndicnne.  En  1789,  Arquier  fut  ap- 
pelé à  Marseille  pour  y  remplir  les  ftinclions  de 
chef  d'orchestre  du  théâtre  du  Pavillon  :  il  y  lit 
jouer  IJaphnis  et  Horlensc,  opéra  dont  il  avait 
composé  la  musique  sur  les  paroles  du  com- 
mandeur de  Saint- Priest.  Encouragé  par  le  succès 
de  cet  ouvrage  et  par  celui  du  Pi ra/e,  représenté 
<lans  la  même  année  au  théâtre  de  Toulon,  Ar- 
quier voulut  s'essayer  sur  des  scènes  plus  impor- 
tantes, et  se  rendit  à  Paris  en  1790.  il  avait  espéré 
d'être  nommé  deuxième  chef  d'orchestre,  par  la 


protection  de  M.  De  Saint-Pricst,  alors  surin- 
tendant de  l'opéra  ;  mais,  privé  de  cet  appui 
par  les  événements  de  la  Révolution,  il  fut  obligé 
d'accepter  un  emploi  à  l'orchestre  du  théâtre  Mo- 
lière, nouvellement  établi  dans  la  rue  Saint- 
Martin.  En  1792,  il  en  devint  chef  d'orciiestre,  et 
pendant  plus  de  deux  ans  il  conserva  cette  po- 
sition. La  clôture  de  ce  théâtre,  après  plusieurs 
banqueroutes  des  entrepreneurs,  le  mit  dans  la 
nécessité  de  chercher  des  ressources  dans  les 
théâtres  de  province.  En  1798,  il  était  à  Tours, 
où  il  faisait  représenter  Les  Péruviens ,  opéra 
de  sa  composition.  Deux  ans  plus  tard,  il  accepta 
la  place  de  chef  d'orchestre  du  Théâtre  des 
Jeunes- Élèves,  rueThionville,  à  Paris  :  il  y  fit 
représenter  plusieurs  petits  opéras  dont  il  écri- 
vait la  musique  avec  une  prodigieuse  rapidité  ; 
mais,  bientôt  après,  il  partit  pour  la  Nouvelle-Or- 
léans avec  une  troupe  d'Opéra  dont  il  était  de- 
venu directeur  de  musique.  La  mauvaise  issue  de 
cette  entreprise  le  ramena  en  France;  et,  débarqué 
à  Brest  en  1804,  il  y  fit  jouer  l'opéra  de  La  Fée 
Urgèle ,  dont  il  avait  refait  la  musique.  De  re- 
tour à  Paris,  il  y  reprit  possession  de  son  ancien 
emploi  de  chef  d'orchestre  au  théâtre  des  Jeunes- 
Élèves;  mais  la  mauvaise  fortune  n'en  avait  pas 
encore  fini  avec  ce  pauvre  artiste  :  un  décret  im- 
périal supprima  ce  théâtre  ainsi  que  plusieurs 
autres,  en  1807;  et  Arquier  fut  obligé  d'accepter 
une  position  de  maître  de  musique  à  Toulouse. 
11  l'échangea,  en  1809,  contre  celle  de  chef  d'or- 
chestre du  Pavillon,  à  Marseille,  qu'il  avait  au- 
trefois occupée.  En  1812  il  était  à  Perpignan;  puis 
il  retourna  à  Toulouse,  et  enfin  il  alla  mourir  de 
misère  à  Bordeaux,  au  mois  d'octobre  1816.  Ce 
compositeur  a  donné  au  théâtre  lyrique  et  co- 
mique de  la  rue  de  Bondy,  à  Paris,  Le  Mari 
corrigé,  dont  la  musique  fit  le  succès  ;  au  théâtre 
Molière,  La  Peau  de  VOiirs;  au  théâtre  Mon- 
tansier.  Le  Congé ,  et  V Hôtellerie  de  Sarzano  ; 
au  théâtre  des  Jeunes-Elèves,  1800,  L'' Ermitage 
des  Pyrénées  et  Les  Deux  petits  Troubadours; 
à  la  Nouvelle-Orléans,  Le  Désert  ou  l'Oasis; 
à  Marseille,  Monrose ,  et  la  Suite  du  Médecin- 
Turc  ;  enl'm ,  à  Perpignan,  Zipéa.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  une  nouvelle  musique  pour  VAviant 
JalouxaiLe  Tableau  parlant,  ainsi  queles  deux 
premiers  actes  d'un  grand  opéra  sur  le  sujet  de 
Philoctète. 

ARRIIEIVIUS  (Laurent),  né  à  llpsal,  vers 
1680,  succéda  à  son  père,  en  1716,  dans  la  place 
de  professeur  d'histoire  à  l'université  de  sa  ville 
natale.  Il  a  fait  imprimer  :  Dissertatio  deprimis 
musicœ  Inventoribus ;  Upsal,  1729,  in-8. 

ARUIA(»A  (Jean-Cur-ysostome  de),  né  à 
lîilhyo,  en  1S08,  montra  dès  son  enfance  les  plus 


ARPxlAGA  —  ARRIGONI 


149 


Irenreuses  dispositions  pour  la  musique.  Il  apprit 
les  premiers  principes  de  cet  art  presque  sans 
maître,  guidé  par  son  génie.  Sans  avoir  aucune 
connaissance  de  l'harmonie ,  il  écrivit  un  opéra 
espagnol  où  se  trouvaient  des  idées  charmantes 
et  toutes  originales.  A  l'âge  de  treize  ans  il  lut  en- 
voyé à  Paris  pour  y  faire  de  sérieuses  études  au 
Conservatoire  de  son  art  ;  il  y  devint  élève  de 
Baillot  pour  le  violon,  et  de  l'auteur  de  ce  Dic- 
tionnaire pour  l'harmonie  et  le  contre-point ,  au 
mois  d'octobre  1821.  Ses  progrès  tinrent  du  pro- 
dige ;  moins  de  trois  mois  lui  suffirent  pour  ac- 
quérir une  connaissance  parfaite  de  l'harmonie; 
et,  au  bout  de  deux  années,  il  n'était  aucune  dilli- 
culté  du  contre-point  et  de  la  fugue  dont  il  ne 
se  jouât.  Arriaga  avait  reçu  de  la  nature  deux 
facultés  qui  se  rencontrent  rarement  chez  le 
même  artiste  :  le  don  de  l'invention  et  l'aptitude 
la  plus  complète  à  toutes  les  diflicultés  de  la 
science.  Rien  ne  prouve  mieux  celte  aptitude 
qu'ime  Fugue  à  huit  voix  qu'il  écrivit  sur  les 
paroles  du  Credo,  Et  vitam  venturi  :  la  perfec- 
tion de  ce  morceau  était  telle, que  Cherubini, 
si  bon  juge  en  cette  matière,  n'hésita  pas  à  le 
déclarer  un  chef-d'œuvre.  Des  classes  de  ré- 
pétition pour  l'harmonie  et  le  contre-point  ayant 
été  établies  au  Conservatoire  en  1824,  Ar- 
riaga lut  choisi  comme  répétiteur  d'une  de  ces 
classes.  Les  progrès  de  ce  jeune  artiste  dans  l'art 
de  jouer  du  violon  ne  fuient  pas  moins  rapides  : 
la  nature  l'avait  organisé  pour  faire  bien  tout  ce 
qui  est  du  domaine  de  la  musique. 

Le  besoin  de  produire  le  tourmentait,  comme 
il  tourmente  tout  homme  de  génie.  Son  premier 
ouvrage  fut  un  œuvre  de  trois  quatuors  pour  le 
violon,  qui  parut  à  Paris,  en  1824,  chez  Ph.  Petit. 
Il  est  impossible  d'imaginer  rien  de  plus  original, 
de  plus  élégant,  de  plus  purement  écrit  que  ces 
quatuors,  qui  ne  sont  pas  assez  connus.  Chaque 
fois  qu'ils  étaient  exécutés  par  leur  jeune  au- 
teur, ils  excitaient  l'admiration  de  ceux  qui  les 
entendaient.  La  composition  de  cet  ouvrage  fut 
suivie  de  celle  d'une  ouverture,  d'une  symphonie 
à  grand  orchestre ,  d'une  messe  à  quatre  voix , 
d'un  Salve  Regina,  de  plusieurs  cantates  fran- 
çaises et  de  quelques  romances.  Tous  ces  ou- 
vrages, où  brillent  le  plus  beau  génie  et  l'art  d'é- 
crire poussé  aussi  loin  qu'il  est  possible,  sont 
restés  en  manuscrit. 

Tant  de  travaux  faits  avant  l'âge  de  dix-huit 
ans  avaient  sans  doute  porté  atteinte  à  la  bonne 
constitution  d'Arriaga;  une  maladie  de  langueur 
se  déclara  à  la  (in  de  1825  :  elle  le  conduisit  au 
tombeau  dans  les  derniers  jours  du  mois  de  fé- 
vrier de  l'année  suivante ,  et  le  monde  musical 
fut  privé  de  l'avenir  d'un  homme  destiné  à  con- 


tribuer puissamment  à  l'aviincement  de  son  art, 
c>omme  les  amis  du  jeune  artiste  le  furent  de 
l'âme  la  plus  candide  et  la  plus  pure. 

ARRIETA  (Juan-Emile),  compositeur  es- 
pagnol, a  voyagé  en  Italie  dans  sa  jeunesse,  pen- 
dant les  années  1838  à  1845,  y  a  fait  des  études 
de  composition,  et  a  fait  représenter  à  Milan 
l'Opéra  Ildegonda,  qui  n'a  pas  réussi.  On  a 
gravé  de  sa  composition  une  ballade  pour  ténor 
et  piano,  intitulée  /'Oflsj  ;  iMilan,  Ricordi.  M.  Ar- 
riéla  est  retourné  dans  sa  patrie  en  1848, 
époque  des  troubles  de  l'Italie,  et  a  donné  au 
tliéâtre  d'opéra-comique  espagnol  de  Madrid  di- 
vers ouvrages  appelés  Zarzuelas,  entre  autres 
FA  Domino  azul  (Le  Domino  bleu),  3  actes, 
en  1852;  La  Estrella  de  Madrid  (L'Étoile  de 
Madrid),  en  3  actes;  El  Gmmete  (Le  Mate- 
lot), en  2  actes;  Guerra  à  Muerte,  représenté 
au  théâtre  du  Cirque  en  1855,  elle  grand  opéra 
Isabel  la  Caiolica,  au  Théâtre  Royal,  dans  la 
même  année. 

ARRIGHI  (Jacques- Antoine),  maître  de 
chapellede  lacathédrale  de  Crémone,  naquit  dans 
cette  ville  en  1702.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des 
messes ,  vêpres ,  psaumes  et  litanies  à  quatre  et 
à  huit  voix,  avec  violons  et  orgue,  qui  furent  es- 
timés autrefois  en  Italie.  L'Académie  des  Phil- 
harmoniques de  Bologne,  qui  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres  en  1745,  le  perdit  dans  l'année 
suivante,  et  fit  imprimer  un  éloge  de  ce  compo- 
siteur. 

ARRIGO.  Voyez  ISAAC  (  Henri  ). 

ARRIGONI  (Charles),  né  à  Florence,  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle ,  fut 
un  des  plus  habiles  luthistes  de  son  temps.  Le 
prince  de  Carignan  le  nomma  son  maître  de  cha- 
pelle, et  en  1732  il  fut  appelé  à  Londres  par  la 
Société  des  Nobles,  qui  voulait  l'opposer  à 
Hœndel  avec  Porpora  ;  mais  Arrigoni  n'était  pas 
de  force  à  lutter  contre  ce  grand  musicien.  Il  a 
donnéà  Londresson  opéra  Fernando,  en  1734; 
et,  en  1738  ,  il  a  fait  représenter,  à  Vienne,  son 
Esther.  Il  paraît  qu'avant  d'aller  en  Angleterre, 
Arrigoni  s'arrêta  à  Bruxelles  ;  car  on  a  imprimé 
dans  cette  ville  le  poëme  d'un  oratorio,  sous  ce 
titre  :  Il  Ripeniimento  d'Acabbo,  dopa  il  rim- 
provero  délia  strage  di  Nabot;  oratorio  a  cin- 
quc  voci,  musica  di  Carlo  Arrigoni,  cantato 
nella  reale  Cappella  délia  serenissima  Ar- 
chiduchessa  d'Axistria  Maria-EUsabetta.  Bru- 
xelles, oppressa  Eug.  Enrico  Frickx,  stampa- 
iore  disua  Maesta  impérialee  catolica,  1728, 
in-4°  de  34  pages.  On  manque  de  renseigne- 
ments sur  les  dernières  années  de  sa  vie  et  sur 
l'époque  de  sa  mort. 
ARRIGONI  (Rënato),  secrétaire  du  gouver- 


150 


ARRIGONI  —  ARÏOPHIUS 


neraent  de  Venise,  a  publié,  sous  le  voile  de  l'a- 
nonyme, lin  livre  qui  a^pour  titre  :  Notizie  ed  Os- 
servazioni  intorno  aW  origine  ed  al  progressa 
dei  teatri  e  délie  rappresentazioni  teatrali  in 
Veneziaenellecitlàprincipalideipaesi  veneti, 
in-8°.  Venezia,  tipografia  del  Gondoliere,  1840, 
Quelques  exemplaires  portent  le  nom  de  l'auteur. 

ARTARI A  (  Dominique  ) ,  célèbre  éditeur  de 
musique  à  Vienne,  naquit  à  Blevio  en  Toscane, 
le  20  novembre  1775.  Son  frère  aîné,  plus  âgé 
que  lui  de  trente-trois  ans,  après  avoir  par- 
couru l'Allemagne,  la  France,  l'Espagne  et 
l'Angleterre  pour  y  établir  des  relations  com- 
merciales ,  avait  obtenu  un  privilège  de  l'impé- 
ratrice Marie-Thérèse,  en  1770,  pour  le  com- 
merce des  objets  d'arts  de  tout  genre.  Il  ap- 
pela Dominique  à  Vienne  pour  l'aider  dans  ses 
entreprises,  et  celui-ci  s'appliqua  particulière- 
ment à  la  publication  des  grandes  œuvres  mu- 
sicales. Ce  fut  lui  qui  publia  d'origine  les 
plus  beaux  ouvrages  de  Mozart,  Haydn,  Beet- 
hoven, Hummel,  Moschelès  ,  etc.  Dans  les  der- 
niers temps  de  sa  vie ,  il  s'occupait  particuliè- 
rement du  commerce  de  tableaux  ;  mais  il  était 
toujours  resté  le  chef  de  la  maison  Artaria  et 
Ci*.  Il  est  mort  à  Vienne,  le  5  juillet  1842,  à 
l'ûge  de  soixante-sept  ans. 

ARTEAGA  (Etienne),  jésuite  espagnol, 
né  à  Madrid ,  était  fort  jeune  lors  de  la  suppres- 
sion de  la  compagnie  de  Jésus.  11  se  retira  en 
Italie,  et  fut  nommé  membre  de  l'Académie  des 
sfieiices  de  Padoue.  Il  vécut  longtemps  à  Bo- 
logne ,  dans  la  maison  du  cardinal  Albergati. 
Le  P.  Martini ,  qu'il  connut  dans  cette  ville , 
l'engagea  à  travailler  à  ses  Révolutions  du  théâtre 
musical  italien  ,  et  lui  procura  le  secours  de  sa 
nombreuse  bibliothèque.  Arteaga  se  rendit  en- 
suite à  Rome ,  où  il  seliad'amitié  avec  le  cheva- 
lier Azara,  ambassadeur  d'Espagne  à  la  cour  de 
Rome,  qu'il  suivit  à  Paris.  Il  mourut  dans  la 
maison  de  son  ami,  le  30  octobre  1799.  On  a 
publié  à  Bologne,  en  1783,  son  ouvrage  intitulé  : 
Le  Rivoluzioni  del  teatro  musicale  ilaliano, 
dalla  sua  origine,  fino  al  présente,  2  vol. 
in-8°.  Ayant  refondu  entièrement  ce  livre,  qu'il 
augmenta  de  sept  chapitres  au  premier  volume , 
et  d'un  troisième  volume  entièrement  neuf,  il  en 
donna  une  seconde  édition  à  Venise  en  1785,  en 
3  vol.  in-8".  Il  y  en  a  eu  une  troisième  édition, 
dont  j'ignore  la  date,  et  que  je  ne  connais  que 
par  l'avertissement  d'un  traduction  française  fort 
abrégée  qui  parut  à  Londres,  en  1802,  sous  ce 
titre  :  Les  révolutions  du  théâtre  musical  en 
Italie,  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours, 
traduites  et  abrégées  de  l'italien  de  Dont  Ar- 
teaga, in-8°,  102  pages.  Cet  abrégé  a  été  fait  par 


le  baron  de  Rouvron ,  émigré  français.  Lichlen- 
thal  ne  parle  pas  de  la  troisième  édition. 
E.  L.  Gerber,  et  d'après  lui ,  MM.  Choron  et 
Fayolle,  disent  que  le  livre  d'Arteaga  avait  eu 
déjà  cinq  éditions  en  1790  :  c'est  une  erreur, 
il  n'y  en  a  jamais  eu  que  trois.  Une  traduction 
allemande  a  été  publiée  à  Leipsick  en  1789, 
en  2  volumes  in-8°;  cette  traduction  est  du 
docteur  Forkel,  qui  l'a  enrichie  de  beaucoup 
de  notes. 

L'ouvrage  d'Arteaga  est  le  plusimportantqu'on 
ait  écrit  sur  les  révolutions  du  théâtre  musical; 
c'est  le  seul  où  l'on  trouve  de  l'érudition  sans 
pédantisme ,  des  aperçus  fins  sans  prétention , 
un  esprit  philosophique,  un  goût,  un  style  élé- 
gant, et  point  d'esprit  de  parti.  Il  serait  à  dé- 
sirer que  ce  livre  fiit  traduit  en  fiançais  ;  car  on 
ne  peut  considérer  comme  une  traduction  le 
maigre  extrait  dont  j'ai  parlé. 

Arteaga  a  laissé  en  manuscrit  un  ouvrage. in- 
titulé :  DeZ  ritmo  sonoro,edelritmo  mutodegli 
antichi,  dissertazioni  VU,  dont  il  avait  confié 
la  traduction  à  Grainville,  auteur  d'une  traduc- 
tion médiocre  du  poème  d'Yriarte  sur  la  mu- 
sique; ce  dernier  était  au  tiers  de  l'entreprise 
lorsque  Arteaga  cessa  de  vivre.  On  avait  annoncé 
dans  les  journaux  que  le  neveu  du  chevalier 
Azara  se  proposait  de  publier  le  manuscrit  ori- 
ginal, resté  entre  ses  mains;  mais  il  n'a  pas  tenu 
sa  promesse.  Il  avait  été  déjà  question  autrefois 
de  publier  l'ouvrage  à  Parme  avec  les  caractères 
de  Bodoni  ;  la  révolution ,  qui  avait  fait  de 
l'Italie  le  théâtre  de  la  guerre,  suspendit  cette 
entreprise  littéraire.  Aucuns  renseignements 
n'ont  été  donnés  plus  tard  sur  le  sort  du  ma- 
nuscrit d'Arteaga. 

ARTHUR   AUXCOUSTEAUX.    Voy. 

AUXCOUSTEAUX. 

ARTMAIXIV  (Jérôme),  un  des  meilleurs 
facteurs  d'orgues  de  la  Bohême,  naquit  à  Prague , 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
D'après  les  ordres  de  l'abbé  Norbert  d'Ame- 
luxen,  il  construisit,  en  1654,  l'excellent  orgue 
du  collège  des  Prémontrés  ,  sous  l'invocation  de 
saint  Norbert,   dans  le  Vieux-Prague. 

ARTOPIIIUS  (Baltuasar),  compositeur 
allemand,  vécut  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  On  trouve  des  motets  et  des 
psaumes  de  sa  composition  dans  les  recueils 
dont  voici  les  titres  :  1"  Selectissinix  nec  nonfa- 
miltarissimxCanlionesiiltracentum,  etc.  Au' 
gustx  Vindelicorum,  Melchior  Kriesstein  ex- 
cudebat ,  anno  Domini ,  1540,  petit  in-8°  obi. 
On  sait  que  cette  précieuse  collection  a  été  publiée 
par  Sigismond  Salblînger.  —  2''Novum  et  insigne 
opns  innsicum,  s"x,   quinquc  et  quatuor  vo- 


ARTOPHIUS  —  ARTUSI 


151 


cum,  etc  ;  Norimbergas,  Hier.  Graphxus,  1537, 
petit  in-4"  obi. —  3°  Psalmomm  selectorum  to- 
mus  tertiiis,  quatuor,  quïnqueet  quidam plu- 
riumvocum. Norimbergœ,  apttd  Jo.  Petreium, 
anno  salutis  154 1 ,  in-4"'. 

ARTOT  (ALEWNDRE-JosEPn  MONTAGNY, 
est  connu  sous  le  nom  d')    qu'avait  pris  son 
père  et  que  toute  sa  famille  a  conservé.  Né  à 
Bruxelles  le  4   février  1815,  il  eut  pour  premier 
maître  de  musique  son  père,  qui  était  premier 
cor  au  théâtre  de  cette  ville.  Dès  l'âge  de  cinq 
ans    Artot  solfiait  avec  facilité ,  et,  en  moins  de 
dix-huit  mois  d'études  sur  le  violon,  il  fut  en 
état  de  se  faire  entendre  au  théâtre  dans  un  con- 
certo de  Violti.  Charmé  par  les  heureuses  disposi- 
tions de  cet  enfant,  M.Snel,  alors  premier  violon 
solo  du  théâtre,  se  chargea  de  les  développer  par 
ses  leçons,  et  peu  de  temps  après,  il  l'envoya  à 
Paris.  Artot  y  fut  admis  comme  page  de  la  cha- 
pelle royale,  et,  lorsqu'il  eut  atteint  sa  neuvième 
année ,  il  passa  sous  la  direction  de  Kreutzer 
aîné,  pour  l'étude  du  violon.   Cet  artiste  dis- 
tingué le  prit  en  affection    et  lui  donna  sou- 
vent des  leçons  en  dehors  de  la  classe  du  Con- 
servirtoire.  A  la  retraite  de  Kreutzer,  qui  eut  lieu 
en  1826,  son  frère  ,  Auguste  Kreutzer,  ie  rem- 
plaça et  n'eut  pas  moins  de  bienveillance  que 
son  prédécesseur  pour  Artot.    CeUii-ci  venait 
d'accomplir  sa  douzième  année  lorsque  le  second 
prix  de  violon  lui  fut  décerné  au  concours  du 
Conservatoire  :  l'année  suivante  il  obtint  le  pre- 
mier. Alors  il  quitta  Paris  pour  visiter  son  pays  : 
il  se  fit  entendre  avec  succès  à  Biuxelles ,  et 
quelques  mois  après,  ayant  fait  un  voyage  à  Lon- 
dres, il  n'y  fut  pas  moins  heureux,  et  de  bruyants 
applaudissements  l'accueillirent  chaque  fois  qu'il 
joua  dans  les  concerts.  Depuis  lors,  Artot,  de  re- 
tour à  Pai  is  ,  fut  attaché  aux  orchestres  de  plu- 
sieurs théâtres  ;  mais  le  désir  de  se  faire  con- 
naître le  fit  renoncera  ces  places  pour  voyager 
dans  le  midi  de  la  France.    Plusieurs  fois  il  a 
parcouru  la  Belgique,  l'Angleterre,  la  Hollande 
l'Allemagne,  l'Italie  ;  deux  fois  il  est  ailé  en  Rus- 
sie, et  a  donné  des   conceits  jusqu'aux   fron- 
tières de  l'Asie.  En  1S43,  il  visita  l'Amérique  du 
Nord ,  la  Nouvelle-Orléans  et  la  Havane  ave« 
M"'^  Damoreau,   cl  y  donna  une  multitude  de 
concerts.  Déjà  atteint  dans  ce  voyage  du  piin- 
cipe  d'une  maladie  de  poitrine,  il  languit  pendant 
qivelques  mois,  et  mourut  à  Ville-d'Avray,  près 
de  Paris,  le  20  juillet  1845,    au  moment  où  il 
venait  de  recevoir  la  décoration  de   la  Légion 
d'Iwnneur.  Artot  manquait  de  largeur  dans  le 
8on  et  dans  le  style  ;  mais  il  avait'du  brillant'dans 
les  traits  etchantaitavecgrâcesurson  instrument. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  l''  Concerto  pour 


violon  et  orchestre  (en  In  mineur) ,  op.  18, 
Mayence  Schott  —  2°  Des  fantaisies  pour  violon  et 
piano,  op.  4,  5,  8, 11, 10,  19,  ibid.  —3°  Des  airs 
variés  pou  r  v  iolon  et  orchestre,  ou  violon  et  piano, 
op,  1,  2,  ilfibid. — 4"  Des  rondeaux  pour  violon 
et  orchestre  ou  piano,  op.  9  et  15  •,ibid.  —  5"  Des 
sérénades,  romances,  etc.,  ibid.  —  Artot  a  écrit 
aussi  plusieurs  quatuors  pour  violon,  et  un  quin- 
tetto  pour  piano,  deux  violons,  alto  et  basse, 
qui  n'ont  pas  été  publiés. 

ARTUFEL  (Damien  de)  ,  dominicain  espa- 
gnol, qui  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  a  écrit  un  traité  du  plain-chant,  intitulé  : 
Canto  llano,  Valladolid,  1672,  in-8°. 

ARTUSI  (Jean-Marie),  chanoine  régulier  de 
Saint-Sauveur,  né  à  Bologne,  florissait  vers  1590. 
Ses  études  avaient  été  classiques  et  sévères  ;  de 
là  vient  qu'il  fut  un  antagoniste  ardent  des  in- 
novations introduites  de  son  temps  dans  l'har- 
monie et  dans  la  tonalité  ;  innovations  dont  il  ne 
comprit  pas  plus  la  portée  que  ceux  qui  en 
étaient  les  auteurs. 

Il  a  publié  :  1°  Arte  del  contrappuntoridotto 
in  tavole,  Venise,  1586,  in-fol.  —  2°  Seconda 
parte  nella  quale  si  traita  delV  utile  ed  uso 
délie  dissonanze,  Venise,  1 589,  in-fol  :  la  seconde 
édition  de  cet  ouvrage  a  jwru  en  1 598  avec  des 
additions,  à  Venise,  in-fol.  Jean  Gaspard  Tro*^, 
le  père,  l'a  traduit  en  allemand,  mais  sa  traduc- 
tion n'a  pas  été  imprimée.  —  3°  V Artusi,ovvero 
délie  imperfezioni  délia  moderna  musica,  ra- 
gionamenti  due,  nei  qualisi  ragiona  di  moite 
cose  utili,  e  necessarie  agli  moderni  composito- 
r/,  Venise,  1600,  in-fol.  — i"  Seconda  parte  delP 
Artusi  délie  imper/ezzioni  délia  moderna  mu- 
sica,  etc.,  Venise,  1603,  in-fol:  Artusi  attaque 
dans  cet  ouvrage  les  innovations  de  Claude  Mon- 
leverde,  qui  venait  d'introduire  l'usage  de  la  sep- 
tième et  de  la  neuvième  de  la  dominante  sans  pré- 
paration, ainsi  que  les  retards  de  plusieurs  conson- 
nancesàlafois,usagequi  a  étéfunesteà  la  tonalité 
du  plain-chant,  mais  qui   a  donné  naissance  à 
la  musique  moderne.  —  5°  Difesa  ragionata 
délia  sentenza  data  da  Ghisilino  Dankerts,  et 
Bartolomeo  Escobedo  cantori  pontificia  fa- 
vore  di  D.  Vincenzo  Lusitano  contro  D.  Nicola 
Vtcentinu  :  ce  petit  éciit,  imprimé  d'abord  à  Bo- 
logne, sans  date,  petit  in-4°,  commence  par  ces 
mots  :  Leiiatemi  questo  pensiero,  et  ditemi; 
anticamente  haueano  le  consonanze  che  hab- 
biamo  noi  si  o  nà?  Artusi  l'a  ensuite  refondu 
dans  le  Ragionamento  primo  de  son  livre  Délie 
imperfezioni  délia  moderna  musica,  depuis  la 
page  14  jusqu'au  feuillet  38  {voyez  au  sujet  de 
cet  écrit  les  articles  Dankers ,  Lusitano  (  F.)  et 
Vicentino).  —  6°  Impresadelmolto  M.  R-  Gin- 


152 


ARTUSI  —  ASCHENBRËNNER 


seffo  Zarlino  diChioggia,  giàmaestro  di  cap- 
pella deir  illusthssima  signoria  di  Venezia , 
dichiarata  dal  R.  D.  Giov.  Maria  Artusi ,  Bo- 
logne, 1604,in-4°.  7°  Considerazionirmisicati, 
Venise,  1607,  10-4°.  Il  y  a  du  savoir  dans  les 
écrits  d'Arlusi,  mais  on  y  trouve  peu  de  raison 
et  de  philosophie.  La  loi  suprême  pour  lui  était 
la  tradition  d'école,  et,  de  ce  qu'on  n'avait  pas 
fait  usage  de  certaines  successions  harmoniques, 
il  concluait  qu'on  ne  pouvait  les  employer.  Au 
reste,  son  meilleur  ouvrage,  celui  qui  peut  être 
encore  consulté  avec  fruit  pour  l'histoire  de  l'art 
d'écrire  en  musique,  est  son  traité  du  contre-point  : 
malheureusement  les  exemplaires  en  sont  fort 
rares.  Comme  compositeur,  Artusi  a  publié  Ca7i- 
zonelte  a  quattro  vocï.  Libro  fin  Venezia ,  Giac. 
Vincenli,  1598,in-4".  On  trouva  un  Can^o/e  Do- 
mino  d'Artusi,  à  huit  voix  en  deux  chœurs,  dans 
une  collection  qui  a  pour  titre  Motetti  et  Salmi  a 
otto  voci,  composti  da  otto  eccellentissimi  àu- 
fori,  con  la  parle  del  basso  per  poter  sonarli 
velC  organo  dedtcati  alvioUoreverendo  sig  .Ce- 
xare  Schieti  dignissimo  canonico  d'Urbino,  In 
Venetia,  appr.  Giacomo  Vincenti,  1599,  in-4''.  — 
Les  auteurs  sont  Ruggiero  Giovanelli,  Cesare 
Schietti,  Gio.  Croce,  Palestrina,  Gio.-Mar.  Nanini 
Fel.  Anerio,  Luca  Marenzio,et  Gio.  Maria  Artusi. 
ARWIDSSOIV  (Adolphe-Iwar)  ,  conserva- 
teur de  la  hibliothèque  ii)yale  de  Stockholm,  est 
né  en  1791,  à  E»adajoki,  en  Finlande.  Après  avoir 
achevé  ses  études  à  l'université  d'Abo ,  il  fut 
chargé  d'y  enseigner  l'histoire.  En  1821  il  y  fonda 
un  journal  politique  et  littéraire,  sous  le  titre 
de  Abo  Morgenblad,  que  le  gouvernement  russe 
supprima  bientôt ,  à  cause  de  ses  tendances  li- 
bérales. Au  mois  de  mai  de  l'année  suivante ,  ce 
gouvernement  traita  plus  sévèrement  encore 
M.  Arwidsson  pour  un  article  politique  inséré 
dans  le  recueil  périodique  intitulé  Mnémosyne  : 
il  fut  révoqué  de  sa  place  de  professeur  et 
exilé  de  la  Finlande.  11  se  retira  en  Suède,  pour 
laquelle  il  avait  manifesté  ses  sympathies,  et  ob- 
tint la  place  de  bibliothécaire  à  Stockholm.  De- 
puis lors  il  s'est  livré  sans  relâche  à  de  grands 
travaux  littéraire?.  11  n'est  cité  ici  que  comme 
éditeur  d'une  belle  et  intéressante  collection 
d'anciens  chants  populaires  de  b  Suède  ,  tirée 
on  grande  partie  des  manuscrits  des  bibliothèques 
de  Stockholm  et  d'Upsal,  et  qui  a  paru  sous  ce 
titre  :  Svenska  Fornsanger.  En  samling  of 
Kcimpavisor,  Folk-visor,  Lekar  och  Dansar, 
samt  Bartioch  Vall-sânger  (  Anciens  chants 
suédois.  Recueil  de  chants  de  guerre,  chansons 
populaires,  badines etde  danse,  etc.).  3  vol,  in-8°. 
Le  premier  a  été  publié  à  Stockholm  en  1S34  ,  le 
second  en  1837,  et  le  troisième  en  1842.  A  la 


fin  des  deux  premiers  volumes,  on  trouve  los 
chants  harmonisés  par  le  maître  de  chapelle  Eg- 
gert  ;  mais  le  troisième  volume  a  particulièrement 
beaucoup  d'intérêt ,  parce  qu'il  est  entièrement 
rempli  de  chants  notés  dans  leur  forme  primi- 
tive et  populaire.  La  collection  de  M.  Arwidsson 
est  en  quelque  sorte  une  suite  de  celles  de  Geijer 
etd'Afzelius.  (  Voy.  ces  noms.) 

ARZBERGER  ( — ).  On  trouve  sousce  nom, 
dans  la  XI"*  année  de  la  Gazette  musicale  et 
de  Leipsick,  p.  481,  la  proposition  d'un  per- 
fectionnement essentiel  dans  la  construction  de 
la  guitare  (  Vorschlàge  zxi  einer  wesentUchen 
Verbesserung  im  Bau  der  Guitarrc.) 

ASCAMO  (JosQuiN  d')  ;  V.  JOSQUIN  D'AS- 
CAGNO. 

ASCHEI\BRE]VI\ER  (Chrétien-uenri), 
maître  de  chapelle  du  duc  de  Mersebourg,  na- 
quit au  Vieux  Stettin,  le  29  décembre  1C54.  Sou 
père,  qui  était  musicien  dans  celte  ville,  ai)rè.s 
avoir  été  maître  de  chapelle  à  WolfenbiJttel,  lui 
donna  les  premières  notions  de  la  musique.  A 
l'âge  de  quatorze  ans ,  il  reçut  des  leçons  de  J. 
Schiitzpour  la  composition.  Peu  de  tempsaprèsil 
perdit  son  père;  mais  il  en  trouva  nn  second  en 
Schiitz,  qui  l'envoya  à  Vienne,  en  1676,  pour 
perfectionner  son  talent  sur  le  violon  et  la  com- 
position, sous  la  direction  du  maître  de  cha- 
pelle André-Antoine  Schmelzer.  Lorsqu'il  se  crut 
assez  habile  ,  il  chercha  à  assurer  son  sort  par 
ses  talents,  et  entra  en  qualité  de  violoniste  à  la 
chapelle  du  duc  de  Zeitz,  en  1677.  Il  ne  possé- 
dait cette  place  que  depuis  quatre  ans  lorsque  le 
duc  mourut,  et  la  chapelle  fut  supprimée.  As- 
chenbrenner  alla  à  Wolfenbùltel,  et  y  acquit  la 
bienveillance  de  Rosenmiiller,  qui  le  fit  entrer  au 
service  de  son  maître;  mais  à  peine  fut-il  de  re- 
tour à  Zeitz,  où  il  était  allé  chercher  sa  famille, 
qu'il  apprit  la  mort  de  Rosenmiiller,  et  en  même 
temps  la  déclaration  que  le  duc  ne  voulait  point 
augmenter  sa  chapelle.  Il  resta  sans  emploi  deux 
ans  à  Zeitz  ;  enfin,  en  1683,  il  fut  nommé  pre- 
mier violon  du  duc  de  Mcrsehourg.  Cette  époque 
semble  avoir  été  la  plus  heureuse  de  sa  V\e,.  En 
1692,  il  entreprit  un  second  voyage  à  Vienne. 
Son  talent  était  formé  ;  il  joua  du  violon  devant 
l'empereur,  et  lui  dédia  six  sonates  pour  cet  ins- 
trument. Ce  prince  fut  .si  satisfait  de  cet  ou- 
vrage qu'il  lui  donna  une  chaîne  d'or,  avec  une 
somme  assez  forte.  Cependant  son  existence 
était  précaire,  et  il  éprouvait  beaucoup  de  diffi- 
cultés à  se  placer  d'une  manière  convenable  ; 
enfin,  en  1695,  il  retourna  à  Zeitz  en  qualité  de 
directeur  de  musique,  emploi  qu'il  conserva  jus- 
qu'à son  troisième  voyage  à  Vienne,  en  1703.  H 
vécut  à  Zeitz  jusqu'en  1713,  époque  où  il  fut 


ASCHENBRENJNER  —  ASHLEY 


Î53 


nommé  maître  de  ehapelle  du  duc  de  Merse- 
boiir^.  Quelque  avantageuse  que  parût  èlre  sa 
position,  il  fut  obligé  de  se  retirer  au  bout  de  six 
ans(i719}  àléna,  à  l'âge  de  soixante-cinq  ans, 
avec  une  modique  pension.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  13  décembre  1732. 

On  ignore  si  les  sonates  de  violon  qu'Aschen- 
brenner  à  dédiées  à  l'empereur  ont  été  publiées  ; 
mais  on  connaît  de  lui  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  Gast  und  Hochzeiff rende ,  bestekend  in 
SonaCen,  Prxludien,  Allemanden,  Curanien, 
Baletten.  Arien,  Sarabanden  mit  drei,  vier 
undfimfStimmen,  nebst  dem  basso  continua 
(  Plaisir  des  noces  et  des  soirées ,  contenant  des 
sonates,  préludes, allemandes,  courantes, ballets; 
et  airs  à  trois,  quatre  et  cinq  parties,  avec  basse 
continue),  Leipsick,  1673.  Corneille  à  Beughem 
(  Bibl.  Matth.,  p.  300)  cite  une  secondeédilion 
de  cet  ouvrage,  datée  de  Leipsick,  1675;  il  en 
a  paru  une  troisième  à  Inspruck,  en  1676. 

ASCHER  (J.),  pianiste  de  l'impératrice  des 
Françaiset  compositeur  pour  son  instrument,  est 
né  à  Londres  en  1829.  Après  avoir  commencé 
ses  études  musicales  à  l'institution  ro7alc  de 
cette  ville,  il  est  allé  les  terminer  au  conserva- 
toire de  Leipsick,  si  je  suis  bien  informé.  En 
1849  il  se  rendit  à  Paris,  et  s'y  fit  entendre  avec 
succès  dans  les  formes  brillantes  à  la  mode  et 
dans  le  genre  mis  en  vogue  par  Thalberg,  On 
a  publié  depuis  cette  époque  un  grand  nombre 
de  ses  productions  de  salon  et  de  concert,  parmi 
lesquelles  on  distingue:  La  Goutte  d'eau,  o\>.  17  ; 
La  Danse  espagnole,  op.  24  ;  La  Danse  anda 
louse,  op.  30;  la  Fanfare  militaire,  op.  40  ;  La 
Feuille  d'Album;  La  Perle  du  Nord;  des  ma- 
z.ourkas,  des  polkas,  et  des  transcriptions  d'opé- 
ras, telles  que  Robert  le  Diable,  Marta,  La  Fa- 
vorite, Le  Pré-aux- Clercs,  Les  Mousquetaires 
de  la  reine.  Le  Pardon  de  Ploërmel,  etc.  Toute 
cette  musique  légère  a  été  publiée  à  Paris. 

ASHE  (André),  flûtiste  habile,  né  vers  1759,  à 
Lisburn  (Irlande).  Ses  parents  l'envoyèrent  d'a- 
bord dans  une  école  près  de  Woolwicb  ,  en  An- 
gleterre, où  il  apprit  les  premiers  principes  de  la 
musique  ;  mais  la  perted'im  procès  ruineux  obli- 
gea sa  famille  aie  rappeler  auprès  d'elle.  Heureu- 
sement le  comte  Bentinck,  colonel  hollandais  au 
service  d'Angleterre,  vint  visiter  l'académie  de 
Wooiwich  ;  il  vit  le  jeune  Ashe  en  larmes,  te- 
nant dans  ses  mains  sa  lettre  de  rappel.  Touché  de 
son  désespoir,  il  prit  desinformations,  écrivit  aux 
parents,  et  finit  par  se  charger  de  l'enfant,  qu'il 
emmena  avec  lui,  d'abord  à  Minorque  et  ensuite 
en  Espagne,  en  Portugal,  en  France,  en  Allema- 
gne, et  enfin  en  Hollande.  Le  comte  avait  eu 
d'abord  l'intention  de  faire  du  jeune  Ashe   son 


homme  de  confiance,  et  de  lui  donnei  une  édu- 
cation convenable;  mais  les  dispositions  de  cet 
enfant  pour  la  musique,  et  particulièrement  pour 
la  fiûte,  décidèrent  son  protecteur  à  lui  ?aisser 
suivre  son  penchant,  et  à  lui  donner  des  maîtres. 
Ashe  acquit  en  peu  d'années  une  grande  habi- 
leté sur  la  flûte  :  il  fut  l'un  des  premiers  qui  fi- 
rent usage  sur  cet  instrument  des  clefs  addition- 
nelles. Le  désir  de  faire  connaître  son  talent  le 
porta  alors  à  quitter  son  bienfaiteur  :  il  se  rendit 
à  Bruxelles,  où  il  fut  successivement  attaché  à 
lord  Torrington,  à  lord  Dillon,  et  enfin  à  l'Opéra 
de  eette  ville.  Vers  1782,  il  retourna  en  Irlande, 
où  il  fut  engagé  comme  flûtiste  solo  aux  con- 
certs de  la  Rotonde,  à  Dublin,  Sa  réputation  ne 
tarda  poiitt  à  s'étendre  jusqu'à  Londres.  En  1791, 
Salomon,  qui  venait  d'attirer  Haydn  à  Londres, 
et  qui  voulait  former  un  orchestre  capable  d'exé- 
cuter les  grandes  symphonies  écrites  par  cet 
illustre  compositeu-r  pour  le  concert  d'Hannover- 
Square,  se  rendit  à  Dublin  pour  entendre  Ashe, 
et  lui  fit  un  magnifique  engagement.  11  débuta , 
en  1792,  au  deuxième  concert  de  Salomon,  par 
un  concerto  manuscrit  de  sa  composition.  De- 
venu en  peu  de  temps  le  flûtiste  à  la  mode,  il 
fut  de  tous  les  concerts.  A  la  retraite  de  Mon- 
zani,  il  devint  première  flûte  de  l'Opéra  italien, 
et  en  1810  il  succéda  à  Rauzzini  comme  direc- 
teur des  concerts  de  Bath.  Cette  entreprise, 
qu'il  conserva  pendant  douze  ans,  fut  produc- 
tive les  premières  années  ;  mais  les  dernières  fu- 
rent moins  heureuses,  et  Ashe  finit  par  y  perdre 
une  somme  considérable.  Il  a  vécu  dans  la  re- 
traite depuis  1822.  Aucune  de  ses  compositions 
pour  la  flûte  n'a  été  gravée.  Il  avait  épousé  une 
cantatrice,  élève  de  Rauzzini,  devenue  célèbre 
en  Angleterre  sous  le  nom  de  M"®  Ashe.  Sa 
fille,  pianiste  habile,  s'est  fait  entendre  avec 
succès  en  1821,  dans  les  concerts  de  Londre."?. 

ASHLEY  (Jean),  hautboïste  de  la  garde 
royale  anglaise,  vivait  à  Londres  vers  17S0.  A  la 
commémoration  de  Hacndel,  en  1784,  il  joua  le 
bnsson  double  (Contra-fagotto)  que  Hœndel  avait 
fait  faire  ,  et  que  personne  n'avait  pu  jouer  jus- 
qu'alors. Il  seconda  aussi  le  directeur  Bâtes  dans 
le  choix  des  muciciens,  et  eut  après  lui  la  direc- 
tion des  oratorios  pendant  sept  ans.  On  ignora 
l'époque  de  sa  mort. 

ASHLEY  (Général),  fils  du  précédent,  fut 
l'un  des  violonistes  les  plus  distingués» de  l'An- 
gleterre. Ce  fut  sous  Giardini,  et  ensuite  sous 
Barthelemon,  qu'il  apprit  àjouer  du  violon,  et  il 
parvint  à  un  tel  degré  d'habileté  que  Violti  le 
choisit  plusieurs  fois  pour  jouer  avec  lui  ses  sym- 
phonies concertantes.  A  la  mort  de  son  père, 
Ashley  lui  succéda  comme  directeur  des  orato- 


154 


ASHLEY  —  ASIOLI 


rios  de  Covent-Garckn,  conjointement  avec  son 
frère  (Jean-Jacques  ).  Il  n'a  rien  fait  imprimer 
de  ses  compositions.  Il  est  mort  près  de  Lon- 
dres, en  tSlS. 

ASHLEY  (Jean-Jacques),  frère  du  précé- 
dent, fut  organiste  à  Londres  et  professeur  de 
ciiant.  L'Angleterre  lui  a  l'obligation  d'avoir  for- 
mé des  chanteurs  habiles,  tels  que  M.  Elliot, 
C.  Smith,  M"^  Vaughan,  M""Salomon,etc.  Ash- 
ley  n'est  pas  moins  recommandable  comme  com- 
positeur que  comme  professeur  ;  élève  de  Schrce- 
ter,  il  possédait  des  connaissances  assez  étendues 
dans  la  musique.  On  a  de  lui  les  ouvrages  sui- 
vants :  1"  Twelve  easy  duetts  for  german 
flûte,  etc.,  Londres,  1795.  —  2°  Sonatas  for  the 
piano  forte,  op.  2.  — 3°  Six  progressive  airs  for 
the  piano  forte.  Ashiey  a  dirigé  les  oratoi  ios  de 
Covent-Garden  conjointement  avec  son  frère ,  à 
qui  il  a  peu  survécu. 

ASHTON  (  Hugues  ) ,  musicien  de  la  cha- 
pelle de  Henri  VII,  roi  d'Angleterre,  a  composé 
quelques  messes  à  quatre  voix  qui  se  trouvent 
dans  une  collection  d'ancienne  musique  à  la  bi- 
bliothèque de  l'université  d'Oxford. 

ASHWE LL  (  Thomas  ) ,  compositeur  anglais, 
vécut  sous  les  règnes  d'Henri  VII ,  d'Edouard  VI 
et  de  la  reine  Marie.  On  trouve  quelques-unes 
de  ses  compositions  pour  l'église  dans  la  biblio- 
thèque de  l'école  de  musique  d'Oxford. 

ASHWORTH  (Caleb),  ministre  non  con- 
formiste, naquit  à  Northampton,  en  1709.  Ses 
parents  le  mirent  d'abord  en  apprentissage  chez 
un  charpentier;  mais,  ayant  manifesté  du  goût 
pour  l'élude ,  on  le  fit  entrer  dans  l'académie 
du  docteur  Doddrige.  Après  qu'il  eut  terminé  ses 
cours,  il  fut  ordonné  ministre  d'une  congréga- 
tion de  non  conformistes  à  Daventry  ,  et  peu  de 
temps  après  il  succéda  au  docteur  Doddrige  dans 
la  direction  de  son  académie.  H  est  mort  à  Da- 
ventry en  1774,  ûgé  de  soixante-cinq  ans.  On  a 
de  lui  :  1"  Introduction  to  the  art  ofsinging 
(Introduction  à  l'art  du  chant),  dont  la  seconde 
édition  a  été  publiée  à  Londres  en  1787.  —  2" 
Collection  of  tunes  and  anlhems  (  Collection  de 
cantiques  et  d'antiennes). 

ASIAIN  (Joachim),  frère  hiéronymite  et 
organiste  du  monastère  de  Saint-Jérôme,  à  Ma- 
drid ,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  été 
considéré  par  les  meilleurs  musiciens  de  sa  pa- 
trie comme  un  des  artistes  les  plus  habiles  en 
son  genre.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  son  instru- 
ment; parmi  ses  meilleurs  ouvrages,  on  re- 
ïDurque  un  grand  nombre  de  pièces  pour  des  of- 
fertoires, une  suite  de  grands  versets  pour  les 
jours  solennels,  et  neuf  versets  (3u  huitième  ton, 
pour  la  fête  de  l'Ascension. 


ASIOLI  (Bomface),  né  à  Corregio,  le  30 
avril  1769,  commença  à  étudier  la  musique  dès 
l'âge  de  cinq  ans.  Un  organiste  de  la  collégiale  de 
San-Quirino,  nommé  D.  Luigi  Crotti,  lui  donna 
les  premières  leçons;  mais,  la  mort  lui  ayant  en- 
levé son  maître,  il  se  trouva  livré  à  lui-même 
avant  d'avoir  atteint  sa  huitième  année,  ce  qui 
n'empêcha  pas  qu'il  écrivit  à  cet  âge  trois  messes, 
vingt  morceaux  divers  de  musique  d'église,  un 
concerto  pour  le  piano  avec  accompagnement 
d'orchestre,  deux  sonates  à  quatre  mains  et 
un  concerto  pour  le  violon.  Il  n'avait  pris  cepen- 
dant jusqu'alors  aucunes  leçons  d'harmonie  ou  de 
contre-point.  A  dix  ans,  il  fut  envoyé  à  Parme 
pour  y  étudier  l'art  d'écrire,  ou,  comme  on  dit, 
la  composition,  sous  la  direction  de  Morigi. 
Deux  ans  après,  il  alla  à  Venise,  et  y  donna  deux 
concerts  dans  lesquels  il  fit  admirer  son  habileté 
sur  le  piano  et  sa  facilité  à  improviser  des  fugues. 
Après  quatre  mois  de  séjour  dans  cette  ville,  il 
retourna  à  Corregio,  où  il  fut  nommé  maître  de 
chapelle.  Asioli  était  à  peine  dans  sa  dix- 
huitième  année,  et  déjà  il  avait  écrit  cinq  messes, 
vingt-quatre  autres  morceaux  de  musique  d'é- 
glise, deux  ouvertures,  onze  airs  détachés,  des 
chœurs  pour  La  Clemenza  di  Tito;  deux  inter- 
mèdes, La  Gahbia  de'Pazzi  et  11  Ratto  di  Pro- 
serpina;  une  cantate,  La  Gioja  pastorale;  un 
oratorio,  Giacobbo  in  Galaad  ;  trois  opéras 
bouffes,  La  Volvbile ,  La  Contadina  vivace , 
La  Discordia  teatrale;  un  divertissement  pour 
violoncelle,  avec  accompagnement  d'orchestre; 
deux  concertos  pour  la  flûte;  un  quatuor  pour 
violon,  flûte,  cor  et  basse;  un  trio  pour  man- 
doline, violon  et  basse;  un  divertissement  pour 
basson ,  avec  accompagnement  d'orcliestre. 

En  1787  ,  Asioli  se  rendit  à  Turin  ,  où  il  de- 
meura neuf  ans.  Il  y  écrivit  neuf  cantates  qui  de- 
puis ont  plus  contribué  à  le  faire  connaître  avan- 
tageusement que  tous  ses  ouvrages  précédents. 
Ces  cantates  sont  :  La  Primavera ,  Il  Nome,  Il 
Consiglio,Il  Ciclope,  H  Complimento,  Quella 
cetra  pur  tu  sei ,  Piramo  e  Tisbe  et  La  Scusa  : 
tous  ces  ouvrages  sont  avec  accompagnement  d'or- 
chestrp;  /a  Tempesta,  qui  depuis  lorsa  été  publiée 
parmi  sf-s  nocturnes  et  avec  accompagnement 
de  piano.  Asioli  a  aussi  composé  dans  la  même 
ville  deux  drame  ,  Pimviaglione  et  La  Festa 
d'Alessandro ,  deux  ouvertures,  vingt  petits 
duos  et  douze  airs  avec  accompagnement  de 
piano,  des  canons  à  trois  voix,  neuf  airs  déta- 
chés avec  orchestre,  six  nocturnes  à  cinq  voix 
sans  accompagnement,  deux  nocturnes  pour  trois 
voix  et  harpe,  un  duo,  un  trio,  et  quatre  quatuors, 
une  sérénade  pour  deux  violons,  deux  violes, 
deux  flûtes ,  basson  et  basse,  douze  sonates  pour 


ASIOLI 


155 


le  piano,  enfin,  Gitstavo,  op(5ra  séria  en  deux  ac- 
tes, pour  le  théâtre  royal  de  Turin. 

En  1796,  Asioli  accompagna  la  marquise  Glie- 
rardini  à  Venise;  il  y  resta  jusqu'en  1799,  époque 
où  il  alla  s'établir  à  Milan.  Trois  ans  après ,  le 
vice-roi  du  royaume  d'Italie  le  nomma  son  maî- 
tre de  chapelle  et  censeur  du  conservatoire  de 
musique  de  Milan.  Lots  du  mariage  de  Napoléon 
avec  Marie-Louise,  en  1810,  Asioli  vint  à  Pa- 
lis; j'ens  l'occasion  de  le  connaître  à  cette  épo- 
que et  de  me  convaincre  qu'il  était  honune  ai- 
mable autant  que  musicien  de  mérite.  Il  conserva 
ses  places  jusqu'au  mois  de  juillet  1813.  Alors  il 
désira  se  retirer  dans  sa  ville  natale,  où  il  con- 
tinua d'écrire  jusqu'en.  1820.  Depuis  ce  temps 
il  a  renoncé  à  cultiver  la  musique  et  a  vécu  dans 
le  repos. 

A  JMilan,  il  a  écrit  deux  cantates  ,  Il  Dubio  et 
f.a  Medea;  une  scène  lyrique  avec  orcliestre  ; 
un  sonnet  (la  Cmnpnna  di  Morte)  pour  ténor; 
deux  duos,  douze  airs,  les  stances  Chiama  gli 
abitator  pour  ténor  ;  un  dialogue  entre  l'A- 
mour, Malvina  et  la  Mort;  on  sonnet  {in  quelV 
età)  ;  une  oie  anacréontiqueà  la  Lune,  pour  té- 
nor, avec  chœurs;  une  sérénade  pour  deux  vio- 
lons, llùte,  deux  cors,  viole,  basson,  basse 
et  piano;  une  symphonie  (en/a  mineur);  une 
ouverture  ;  une  sonate  pour  piano  avec  basse  obli- 
gée; une  sonate  pour  harpe;  le  cinquième  acte 
d'un  ballet,  et  Cinna,  o-pcra-séria  en  deux  ac- 
tes, pour  le  théâtre  de  la  Scala.  11  a  aussi  ar- 
rangé l'oratorio  de  Haydn ,  La  Création  ,  pour 
deux  violons ,  deux  violes  et  deux  bases. 

En  qualité  de  directeur  de  la  musique  du  vice- 
roi  d'Italie,  Asioli  a  composé  vingt  et  un  motets 
italiens  et  vingt-trois  autres  morceaux  d'église, 
deux  cantates  et  une  pastorale  à  quatre  voix 
pour  le  théâtre  de  la  cour.  Comme  censeur  du 
conservatoire  royal  de  Milan,  il  a  écrit  :  1" 
Principj  elc.mcntari  di.  musica ,  adottali  dal 
R.  Conservntorio  di  Milano,  perle,  ripetizioni 
giornaliere  degli  alunni;  con  tavelé.  Milano 
Massi,  1809,  47  page>  in-s°  (en  forme  de  dia- 
logues). La  seconde  édition  de  cet  ouvrage  a 
été  publiée  dans  la  même  ville  en  1811  ,  la  troi- 
sième à  Gênes  en  1S21,  la  quatrième  à  JMilan, 
chez  Giov.  Ricordi,  en  1823.  Une  traduction 
française  de  ces  éléments  a  paru  à  Lyon  chez 
Cartau\,  sous  ce  titre  :  Grammaire  musicale, 
ou  théorie  des  principes  de  musique,  par 
demandes  et  par  réponses,  adoptées  par  le 
conservatoire  de  Milan  pour  l'instruction  de 
ses  élèves,  traduite  de  Vitalien ;  1819,  in-R", 
avec  douze  planciies.  Une  deuxième  édition  de 
c«tte  traduction  a  été  faite  en  1833,  chez  le  môme 
éditeur.  C.  C.  Cùttner  a  publié  aussi,  en  alle- 


mand ,  une  traduction  libre  du  livre  d'AsioIi, 
chez  Schott,  à  Mayenee,  en  1824.  Le  mérite  de 
cet  ouvrage  consiste  dans  la  concision  et  la  dar 
té.  —  1°  l'Allievo  al  Cembalo,  Milan,  Ricordi , 
in-folio  obi.  Ce  livre  élémentaire  est  divisé  en 
trois  parties  :  la  première  contient  des  leçons  de 
piano,  la  seconde  traite  de  l'accompagnement 
de  la  basse  chiffrée,  la  troisième  est  un  petit 
traité  d'harmonie  avec  des  instructions  pour 
l'accompagnement  de  la  partition.  —  3»  Primi 
elementiper  il  canto,  con  dieci  ariette  istrut- 
tiveper  cantare  di  buona  grazia  ,  Milan,  Ri- 
cordi, in-fol.  obi.  — 4°  Elementiper  il contra- 
basso,  con  una  nuova  maniera  di  digitare. 
Milan,  Ricordi,  1823,  ia-(ol.  obi.  —  ô»  Trat- 
tato  d'armoniae  d'accompagnamenio  ,  Milan, 
Ricordi,  1813,  139  pages  in-folio.  Asioli  a  sui- 
vi dans  cet  ouvrage  la  doctrine  du  P.  Valotti  sur 
les  renversements  d'harmonie,  théorie  irration- 
nelle qui  avait  déjà  été  développée  parle  P.  Sab- 
batini  dans  son  traité  de  la  basse  chiffrée,  et  qui 
sera  toujours  rejetée  par  tout  bon  harmoniste, 
car  on  y  admet  la  résolution,  repoussée  par  l'o- 
reille ,  des  dissonnances  non  par  le  mouvement 
des  notes  dissonnantes  elles-mêmes,  mais  par 
celles  qui  leur  servent  de  soutien.  —  G°  Dialoghi 
siil  trattato  d'armonia ,  per  servir e  d'esame 
agit  aliievi  di  composizione  e  d'accompagna- 
mento  del  regio  conservatorio  di  musica  in 
Jî/i^rtno; Milan,  Ricordi,  1814,95  pages  in-8". — 
7°  Osservazioni  sut  temperamento  proprio  de 
gli  stromenti  stabili,  dirette  agli  Accordatori 
di  piano-forte  edorgano,  Mi\an,  Ricordi.  —8° 
Disinganno  sulle  osservazioni  fatte  sul  Tem- 
peramento proprio  degli  stromenti  stabili, 
ibid.  Ce  petit  écrit  est  une  réponse  à  une  cri- 
tique qui  avait  été  faite  de  son  système  de  tem- 
pérament.—  9°  Il  Maestro  di  composizione, 
ossia  Seguito  del  Trattato  d'armonia,  1  vo- 
lumes in-4°,  ornés  du  portrait  de  l'auteur,  ibid. 
Cet  ouvrage  n'a  été  publié  qu'après  la  mort  d'A- 
sioli.  On  trouve  dans  le  premier  volume  une  no- 
tice sur  sa  vie  et  toute  la  partie  théorique  de 
l'ouvrage.  Le  deuxième  vohmie  renferme  les 
exemples,  ou  la  partie  pratique.  Les  deux  vo- 
lumes forment  500  pages. 

Dans  les  compositions  sérieuses,  Asioli  a  man- 
qué de  force  ;  mais  dans  les  airs  et  les  duos  avec 
accompagnement  de  piano,  il  s'est  fait  une  ré- 
putation méritée  par  l'expression  et  la  grâce  de 
ses  mélodies.  On  peut  considérer  ses  ouvrages  ea 
ce  genre  comme  le  type  des  iN'oc/wnies,  que  beau- 
coup de  compositeurs  ont  imité  depuis  d'une  ma- 
nière plus  ou  moins  heureuse.  Comme  tliéoricien, 
il  n'a  rien  inventé  ;  mais  la  nature  l'avait  doué 
d'un  esprit  mélhodique  et  de  l'iirt  <roxposcT  avec 


156 


ASIOLI  —  ASOLA- 


clarté  ce  qn^l  savait  :  ce  sont  ces  qualités  qui 
brillent  surtout  dans  les  ouvrages  élémentaires 
qu'il  a  publiés. 

Asioli  a  cessé  de  vivre  à  Correggio ,  le  26  mai 
1832.  Une  notice  biographique  sur  sa  vie  et  ses 
ouvrages  a  été  publiée  par  M.  Antoine  Coli, 
prêtre  de  Corregio,  sous  ce  titre  :  VUa  di  lioni- 
fazio  Asioli  da  Correggio,  seguita  delV  elenco 
délie  Opère  del  medesimo.  Milan ,  Ricordi , 
1834,  1  vol.  in-8".  On  a  imprimé  à  Florence,  en 
1836,  sans  nom  d'auteur,  Elementi  dicontrap- 
punto,coi  tipi  de  V.Batellie  figli,  in-4",  avec 
planches  de  musique  :  M.  Gaspari,  de  Bologne, 
croit  que  cet  ouvrage  est  d'Asioli. 

ASOLA  (Jean-Matthieu),  en  latin  Asula', 
prêtre  et  compositeur  pour  l'église,  né  à  Vérone, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Les  titres  de  ses  ouvrages  ne  fournissent  pas  de 
renseignements  sur  la  position  qu'il  occupa  ;  mais 
il  est  vraisemblable  qu'il  fut  maître  de  chapelle 
d'une  église  importante,  car  le  nombre  de  ses 
compositions  religieuses  est  considérable.  Asola 
vivait  encore  en  1600,  et  paraît  avoir  été  un  des 
premiers  compositeurs  qui,  à  cette  époque,  adop- 
tèrent l'usage  de  la  basse  continue  pour  l'accom- 
pagnement de  la  musique  d'église  par  l'oigue, 
ainsi  que  l'indiquent  les  titres  de  deux  de  ses  ou- 
vrages. Dans  ses  œuvres  en  contre-point  sur  le 
plainchant,  son  style  a  de  l'analogie  avec  celui 
de  Constant  Porta  ;  style  très-pur,  mais  dont  la 
sévérité  est  un  peu  sèche.  Asola  fut  un  des  maî- 
tres qui  dédièrent  un  recueil  de  psaumes  à  J.  Pier- 
luigi  de  Palestriua,  en  1592,  pour  lui  marquer  la 
haute  estime  qu'ils  avaient  pour  son  génie.  Les 
ouvrages  connus  de  ce  maître  sont  ceux  dont  les 
litres  suivent:!"  Introihis  et  Âlleluyamissanim 
omnium  majorumsolemnitatum  totius  anni  su- 
per cantu  piano,  quatuor vocum. \&nei\\s a\>ud 
Ant.  Gardanum,  1565,  in-4°.  —  2"  Missarum 
quinque  voc.  concinn.  Liber  primiis.  Venetiis, 
apud  Herœd.  Ant.Gardanum,\bl  ï,'\\\-ti°  .  —  T 
Psalmodia  ad  vespertinas  horas  omnium  so- 
lemnit.octo  rocMm.  Venetiis,  apud  Haered.  Hie- 
ron.  Scottum,  1574,  in-4°.  — 4°  Falsi  hordoni 
sopra  Qliotlotuoni  ecclesiastici,  con  alcuni  di 
M.  Vincenzo  Rufo.  Venezia,  app.  gli  Figli  di 
Ant.  Gardano,  1575,  in-4Ml  y  a  d'autres  éditions 
de  cet  ouvrage  publiées  à  Venise,  en  1582,  1584, 

<età  Milan,  1587 5°  Vespertina  Psalmodia  ma  j- 

Solemnit.  oclo  voc. Venetiis  upud  Hieronymum 
Scotum,  1576,  ui-4''.  Il  y  a  une  deuxième  édition 
de  c«t  ouvrage  puhliée  à  Venise,  chez  Richard  Ama- 
dino,  en  1599,  in-4".  —  6"  Completorium  per 
totiim  quatuorqueillxB.  Virginis  antiphonx 
qux  in  fincproanni  tempore  secundumroma- 
num  curiam  decanlantur  cum  sex  vocibus, 


ibid.,  1576,  in-4''.  11  y  aune  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  publiée  à  Venise,  chez  les  héritieis  de 
Jér.  Scotto,  en  1585,  in-4"  ;  et  une  troisième  en 
1590.  —  7"  Vespertina  omnium  solemnitatum 
psalmodia  duoque  B.   Virginis  cantica  primi 
tonifCumquatucr  vocibus, \b\d.,iâ78,m-i°. — 8" 
llprimo  libro  délie  Messe  aquattro  voci.  In  Ve- 
nezia app.  A ngelo  Gardano,  1 579,  in-4».  —  9"  Il 
seconda  libro  délie  messe  a  quattro  voci;  ibid., 
1580,  in-4°.  Il  y  aunedeuxième  éditionde  ces  deux 
livres  de  messes  publiée  à  Venise  chez  Ang.  Gar- 
dane,  en  1586,  in-4°.  —  10"  Missa  et  major,  so- 
lemn.  Psalmodia  6  vocum.  Venetiis  apud  he- 
rœd.  Hier.  Scotîim,  1581,in-4°. — 11°  Vespertina 
omnium  majorem   solemnitatum   psalmodia 
quatuor  vocum.  Venetiis,  apud  Angelum  Gar- 
danum, 1582,  în-4".  Cet  ouvrage  n'est  pçut-ètre 
qu'une  deuxième  édition  du  n"  7.  —  12°   Officium 
majores  Hebdomadx  sanctse  quatuor  vocum  ; 
ibid,  1583,  in-4°.  —  13°  Secunda  pars  officii 
Hebdomadx sanctœ quatuor  voc.  ibid.,  1584, 
in-4*'.  Une  deuxième  édition  de  ces  deux  parties  de 
l'office  de  la  Semaine  sainte  a  été  publiée  à  Venise, 
par  Richard  Amadino,  en  1595,  in-4°.  —  14°  /« 
passionibus    quatuor  Evang.    Christi  locut. 
triiim  vocum.  Venetiis,  apud  Ang.  Gardanum, 
1583  in-4".  —  15°  Sacrae  cantiones  in  totius 
anni  solemnit atibus  paribus  quaternis  voci- 
bus decanlandx,  ibid,  1584,  in-4°.  Il  y  a  une 
deuxième  édition  de  ces  motets  publiée  à  Venise 
en  1591,  par  Richard  Amadino.  —  16°  Divinx 
Dei  Laudes  binis  vocibus  concinendx.  Venetiis 
ap.   Ang.   Gardanum.,  1580,  in-4°.  Ily  aune 
deuxième  édition  de  ces  cantiques  publiée  à  Ve- 
nise, en  1600,  par  Richard  Amadino.  —  17°   La- 
mentationes ,  improperia  et  alii  sac.  Laudes 
in  hebdom.  maj.  decanlandx  tribus  voc.Ve- 
netiisapud  r,ic.  Amadinum,  1588,  in-4". —  18" 
Secundapars  Vespertinx  omn.  solemn.  Horis. 
deservient.  quatuor  vocum,  Venetiis,  apud  Vi- 
centium  et  Rie.  Amandinuni,  1591,  iQ-4".  Il  y 
a  une  première  édition  de  ces  vêpres  solennelles  à 
quatre  voix,  impriméechezles  mêmes, en  1585.  — 
19°  Missa  Defunctorum  trium  voctim,  ibid., 
1 588,  in-4°.  Il  y  en  a  une  deuxième  édition  publiée 
chez  les  mêmes,  en  1600.  —  20°  Dicx  Missx  et 
decem  sacrx  laudes  trium  vocum;  ibid.,  1589, 
iu-4°.  —  21°  Misse  sopra  gli  otto  tuoni  eccle- 
siasHci  a  cinque  voci. ^\i\ân,  1590.  — 21°Canto 
fermo  sopra  le  messe,  inni  ed  altri  cose  eccle- 
siastiche  appartenenti  ai  suonatori  d'organo 
per  rispondere  al  coro.  In  Venezia  app.  Vin- 
centino  e  Ricc.  Amadino,  1596,  in-4°.  11  y  a  deux 
autres  éditions  de  cet  ouvrage  publiées  à  Venise, 
en  1602, et  16 (5.  —  2^° Sacro-sanctx Dei  Laudes 
octonis  vocibus  in  fractis  decantandae.  Ve- 


ASOLA  —  ASPRILIO 


157 


netiis,  apiid  Ricciardum  Amadhmm,  1600,  9 
voi.  in-4''.  Ces  compof5i lions  sont  divisées  en 
deux  ciiœurs  qui  se  répondent.  Le  neuvième  vo- 
lume contient  les  deux  basses  réunies  pour  l'u- 
sage des  organistes.  Celte  partie  a  pour  titre 
particulier  :  Gli  bassi  delli  Mottettl  aotlo  voci 
del  R.  D.  Gio.  Matteo  Asola  Veronese,  uniti 
insieme  et  stampati  pcr  commodità  dcglï  or- 
'  ganisti.  Asola,  bien  que  spécialement  livré  à  la 
composition  delà  musique  d'église,  aécrit,  comme 
tous  les  maîtres  de  son  temps,  des  madrigaux, 
dont  on  a  publié  les  recueils  suivants  :  24°  3Ja- 
drigali  a  due  voci  da  cantarsi  in  fiiga.  In  Ve- 
netia,  ap.  Gia.Vincenli,  1587,  in-4°.  Trois  au- 
tres éditions  de  cet  œuvre,  imprimées  à  "Venise 
en  1604,  1624  et  1665,  sont  à  la  bibliothèque  du 
Lycée  communal  de  muisique,  à  Bologne.  —  25" 
Le  Vcrgine,  madrigalï  a  tre  voci,  libro  primo. 
In  Venezia,  pressa  Ricciardo  Amadino,  1596, 
{n-4°.  LeP.  Martini  a  donnéen  partition  quelques 
morceaux  d'Asola  dans  son  Esemplare;  et  le  P. 
Paolucci  a  inséré  un  graduel  du  même  auteur  dans 
la  première  partie  de  son  Arte  pratica  di  Con- 
trappiinto.  On  trouve  aussi  quelques  motets 
d'Asola  dans  le  Promptuarium  musicum  d'A- 
braham Scbad. 

ASPA  (Mario),  compositeur  dramatique,  né 
à  Messine,  vers  1806,  a  fait  ses  premières  études 
musicales  dans  cette  ville ,  pais  s'est  rendu  à  Pa- 
lerme  et  de  là  à  Naples,  où  il  est  entré  au  collège 
royal  de  musique,  et  a  reçu  des  leçons  de  contre- 
point deZingarelli.  Sorti  de  cette  école,  il  s'est  livré 
à  l'enseignement  du  cliant  et  à  la  composition  pour 
le  théâtre.  Les  principaux  ouvrages  qu'il  a  écrils 
sont  :  r  Giovanni  Banier,  ossia  il  Castello  di 
Arolte,  en  deux  actes,  représenté  an  théâtre  du 
Fondo,  à  Naples,  en  18-30.  Cet  ouvrage  tomba 
à  plat.  —  2°  Il  Carcere  d'Ildegonda,  opéra  sé- 
rieux en  deux  actes,  mieux  accueilli  au  théâtre 
Nuovo,  dans  le  mois  d'octobre  1831.  —  3"  La 
7?«r/a ,  au  théâtre  au  Fondo,  le.  18  mai  1832. — 
4°  il  Litigante  senza  Vite,  opéra  bouffe  en  deux 
actes,  1833.  —  5°  La  Finta  grega,  farce  en  un 
acte.  —  6°  /  Due  Forzati ,  en  deux  actes.  —7° 
Il  20  Aiigusto,  en  deux  actes,  au  mois  de  dé- 
cembre 1835.  —  8°  Il  Marinaro,  en  deux  actes, 
au  théâtre  ISuovo,  en  1839;  ouviage  dans  lequel 
il  y  avait  de  jolies  cboses.  — 9°/  VueSavoiardi, 
en  deux  actes,  au  théâtre  du  Fondo,  le  16  mars 
1838.  —  10''  Il  Quadro  Parlante,  en  un  acte,  au 
théâtre  Nuovo,  novembre  1834.  —  11°  Barto- 
lomeo  del  Piombo,  en  deux  actes,  au  théâtre 
Nuovo,  en  1837.  —  12°  Allan  Mac  Aulay,  en 
trois  actes,  au  même  théâtre,  dans  l'été  de  1838. 
—  1 3°  Maria  d'Arles ,  en  deux  actes  ,  ouvrage 
qui  ouvrit  le  carnaval  de  1841,  avec  \\n  fiasco 


complet.  —  \k°  Il  Proscrit lo,  en  deux  actes,  égr- 
lement  tombé  dans  la  môme  année.  —  15*  Gu- 
glielmo  Colman,  en  deux  actes,  tombé  au  car- 
naval de  1843.  —  16°  Paolo  e  Virginia,  en  trois 
actes,  pour  l'ouverture  du  Ibéàlre  Metas/asio,  à 
Rome,  le  29avril  1843.  —  17°  Il  Travestimenlo, 
joli  ouvrage  représenté  au  théâtre  du  Fondo,  à 
Naples,  dans  le  carnaval  de  1846.  11  y  a  de  la 
facilité  dans  le  style  de  ce  compositeur,  mais  ab- 
sence complète  de  création.  Les  autres  ouvrages 
d'Aspa  dont  les  dates  de  représentation  et  le  succès 
me  sont  inconnus  ont  pour  titres  :  La  Verga  ma- 
gica;  la  Metamorfose  for tunata; Federico  II  ; 
L'Or  fana  muta;  Il  Muratore  di  Napoli;  Wer- 
ther. 

ASPELMAYER  ou  ASPELMEYER  (Fran- 
çois), musicien  et  compositeur  au  service  de 
l'empereur  d'Autriche,  mort  à  Vienne,  le  29  juillet 
1786,  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Die  Kinder  der  Natur  (les  Enfants  de 
la  Nature).  —  2°  Der  Sturm  (l'Orage).  —3»  Pig- 
malion —  4°  Agamemnon  vengé,  ballet.  —  5" 
La  Lavandaradi  Citere,  ballet. —  6"/  Mo7i 
Spagnuoli,  idem.  Il  a  composé  aussi  Six  duos 
pour  violon  et  violoncelle,  six  trios,  six  qua- 
tuors pour  violon,  et  dix  sérénades  pour  des 
instruments  à  vent. 

ASPERl  (Ursl'I-e),  née  à  Rome  en  1807,  a 
étudié  la  musique  dès  ses  premières  années ,  et  a 
acquis  du  talent  dans  l'art  du  chant  etsur  le  piano. 
Elle  a  reçu  les  leçons  d'harmonie  et  de  composi- 
tion de  Fioravanti.  En  1827  elle  a  écrit  pour  le 
théâtre  Valle  un  opéra  intitulé  •  Le  Avventure  di 
nna  giornata,  qui  a  été  représenté  le  13  mai. 
Le  public  a  si  bien  accueilli  celle  première  pro- 
tluction  de  sa  plume,  à  la  première  représenta- 
tion et  aux  suivantes,  qu'elle  a  été  obligée  de 
quitter  plusieurs  (ois  le  piano  pour  se  présenter 
sur  la  scène.  Le  18  novembre  1834,  elle  donna 
à  Rome  un  grand  concert  dans  lequel  on  en- 
tendit la  SchoLerluhner  et  la  Biondini,  et  où  elle 
exécuta  sur  le  piano  plusieurs  morceaux  de  sa 
composition.  En  1839,  elle  dirigeaitla  musique 
d'un  Ihoâlre  de  second  ordre,  à  Florence.  En 
1835,  M""  Aspeii  écrivit  l'ouverture  et  l'intro- 
duction du  mélodrame  I itir  Indiani,  qui  fut  re- 
présenté à  Rome,  et  en  1843  elle  adonné  dans 
la  même  ville  l'opéra  I  Pirati,  qui  a  été  joué 
avec  quelque  succès. 

ASPLIIVD  (...  ),  savant  suédois,  qui  vécut 
vers  le  milieu  du  dixhuilième  siècle,  a  publié  une 
dissertation  intitulée  :  De  Horologiis  Mitsico- 
Automatis;  Upsal,  1731. 

ASPRILIO  (Pal'l),  musicien  de  la  cour  de 

Ferrare,  au  commencement  du  dixseptièmesiècle, 

;  a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  Madrigali  a 


158 


ASPRILIO  —  ASTARITTA 


Quattro  voci,  libro  primo;  \cueiid,  lG01,in-4°. 
ASPULL  (Georges)  ,  jeune  pianiste  anglais, 
né  en  1813,  excitait  l'admiration  de  ses  compa- 
triotes dès  l'âge  de  huit  ans,  par  le  brillant  et  le 
fini  de  son  exécution.  Bien  que  sa  main  (ùt  trop 
petite  pour  embrasser  l'étendue  de  l'octave,  il 
jouait  les  compositions  les  plus  difficiles  de  Hum- 
mel,  de  Moschelès  et  de  Kalkhrennersans  en  ra- 
lentir le  mouvement  et  dans  l'intention  des  au- 
teurs. Telle  était  l'heureuse  organisation  du  jeune 
Aspull  qu'on  pouvait  espérer  de  le  voir  se  placer 
un  jour  parmi  les  pianistes  les  plus  distingués; 
mais  une  maladie  de  poitrine  l'a  conduit  au  tom- 
beau lorsqu'il  entrait  à  peine  dans  sa  dix-huitième 
année.  Ilestmort  à  Leamington,  le  20  août  1832, 
et  SCS  obsèques  ontété  faites  à  Notlingliam,  deux 
jours  après.  Il  avait  laissé  en  manuscrit  divers 
ouvrages  pour  le  piano  qui  ontété  publiés  après 
sa  mort,  avec  son  portrait,  sous  ce  titre  :  Georges 
AspulVs  posthumous  Works  for  the  piano -for  te. 
Londres  (sans  date). 

ASSAIXDRI  (Laure  ),  cantatrice  distinguée, 
est  née  à  Vailate,  dans  la  province  de  Lodi 
(Lombardie),  vers  1815.  Admise  au  conserva- 
toire de  Milan  à  l'âge  de  seize  ans ,  elle  y  reçut 
une  bonne  éducation  musicale,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides  que  lorsque  Rossini  l'entendit, 
en  1835,  il  l'engagea  immédiatement  pour  le 
théâtre  italien  de  Paris.  Elle  y  débuta  au  mois 
d'octobre  par  le  rôle  d'Adalgisa,  dans  la  Norma, 
et  se  montra  digne  de  chanter  à  côté  de  Rubini, 
de  Lablache  et  de  la  Grisi.  Le  Romeo  des  Mon- 
tecchi  e  Capuleti  de  Rellini ,  et  la  Donna  Eh 
vira  de  Don  Juan,  achevèrent  son  succès  sur 
la  première  scène  italienne  de  cette  époque.  Pen- 
dant les  années  1836  ,  1837,  et  1838  elle  fut  en- 
gagée pour  le  môme  théâtre  et  pour  l'Opéra  ita- 
lien de  Londres  ;  puis  elle  retourna  en  Italie. 
Après  y  avoir  chanté  à  Gênes  avec  Pasini  elBa- 
diali ,  elle  fut  appelée  à  Barcelonne ,  où  elle  resta 
une  année.  Son  engagement  terminé,  elle  partit 
pour  Berlin,  et  y  chanta  avec  succès  pendant 
plusieurs  années  tous  les  premiers  rôles  de  Lucia, 
Otcllo  ,  La  I\'orma,  Lucrezia  Borgia,  Béatrice 
di  Tenda,  etc.  En  1843,  elle  se  fit  entendre  à 
Varsovie  et  au  théâtre  italien  de  Pétersbourg. 
De  retour  à  Milan  au  mois  de  juillet  1845,  elle  a 
paru  depuis  lors  à  Bologne,  Maiitoue,  Turin,  etc., 
et  partout  elle  a  été  considérée  comme  une  can- 
trice  de  la  bonne  école. 

A8SEi\SIO  (  Don  Carlo  ) ,  professeur  de 
piano,  né  à  Madrid,  vers  1738,  s'est  fixé  à  Pa- 
lerrne,en  Sicile,  où  il  a  publié  en  1815  :  Scuola 
per  ben  suonare  il  piano  forte. 

ASSMA"VER  (Ic.NACE),  compositeur  et  or- 
ganiste ,  est  né  à  Salzbourg ,  le  1 1  février  1 790. 


Elève  de  Michel  Haydn,  il  est  devenu  ,  sous  la 
direction  de  c-et  habile  maitre,  un  des  musiciens 
les  plus  distingués  de  l'Allemagne  dans  le  genre 
de  la  musique  d'église.  En  1824  il  fut  nommé 
maître  de  chapelle  du  chapitre  des  Ecossais. 
Dans  l'année  suivante  il  reçut  sa  nomination  d'or- 
ganiste de  la  cour  impériale  de  Vienne.  Appelé 
en  1838  au  poste  de  vice-maitre  de  chapelle  de  la 
même  cour,  il  a  succédé  à  Weigl,  au  mois  de  fé- 
vrier 1846,  dansla  place  de  second  maître  de  cha- 
pelle titulaire.  Les  œuvres  de  musique  d'église 
composées  par  Assmayer  sont  importantes  et  en 
grand  nombre;  ellesconsistent  :  l°en  quinze  messes 
avec  orchestre,  dont  la  plupart  sont  en  manuscrit; 
on  n'en  a  publié  qu'une  messe  solennelle  (en  ut) 
à  quatre  voix,  violons,  viole,  violoncelle,  contre- 
basse, deux  hautbois ,  deux  bassons ,  deux  cors, 
deux  trompettes,  timbales  et  orgue  ;  Vienne,  Me- 
chetti  ;  et  une  messe  pastorale  allemande  à  trois 
voix,  instruments  à  vent  et  orgue,  op.  46; 
Vienne,  Haslinger. —  2°  Douze  graduels,  dont 
quelques-uns  seulement  à  quatre  voix  ou  à  voix 
seule ,  avec  orchestre,  ont  été  publiés  à  Vienne, 
chez  Mechetti  et  chez  Diabelli 3°  Dix-huit  of- 
fertoires à  voix  seule  avec  chœur,  ou  à  quatre 
voix  concertées  avec  orchestre,  dont  plusieurs 
ont  paru  chez  les  mêmes  éditeurs.  —  4°  Un  Te 
Deww  solennel  à  quatre  voix  et  orchestre,  op.  48, 
à  Vienne ,  chez  Haslinger.  —  5°  Deux  Requiem 
brefs.  —  6"^  La  mort  de  Sàûl,  oratorio  dratna- 
tique,  avec  orchestre,  op.  50  ibid.  —  T  David  et 
Saûl,  oratorio  dramatique,  avec  orchestre,  op- 
49,  ibid.  —  8°  Plusieurs  hymnes  et  motets.  —  9. 
Un  Te  Detfwi  à  huit  voix,  avec  accomp.  d'instru- 
ments de  cuivre.  —  10°  Plusieurs  ouvertures. 

—  11"  Divers  morceaux  de  musique  vocale  et 
instrumentale  pour  des  circonstances  particulières. 

—  12»Unesympbonie,  à  grand  orchestre  exécutée 
à  Vienne  en  1844.  —  13°  Des  pastorales  et  fugues 
pour  l'orgue.  —  14°  Des  rondeaux  et  autres  com- 
positions pour  le  piano. 

ASTARITTA  (Janvier  ),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Naplesvers  1749,  eut  une  grande 
réputation  en  Italie,  et  réussit  en  différents 
genres ,  mais  principalement  dans  l'expres- 
sion des  situations  comiques.  Dans  le  cours  de 
sept  années,  il  écrivit  plus  de  quatorze  opé- 
ras; celui  de  Circé  et  Ulysse  eut  un  succès  pro- 
digieux ,  non-seulement  en  Italie ,  mais  aussi  en 
Allemagne,  où  il  fut  représenté  vers  17S7. 

On  connaît  de  lui  :  La  Contessadi  Bimbin- 
poli,  illl;  I  Visionari,  1772;  Finezze  d"A- 
more,  o  la  forza  non  si  fa,  ma  si  prova,  1773; 
IlMaritochenon  hamoglie,  1774;  /  Fdosofi 
immaginari,  1788;  La  Contessina;  Il  principe 
spondriaeo,  1774;  La  Critica  ieatrale,  1775; 


ASTARITTA  —  ATHÉLARD 


159 


Il  Mondu  délia  Luna,  1775;  La  Dammaim- 
maginana ,  \111  ;  V Isola  di  Bimjoli ,  1777; 
Armida,  \111  ;  Circee  Vlisse,  1777  ;  JSiœlctto 
bella  vita,  1779.  Dans  l'automne  de  1791,  il 
donna  à  Venise  :  /  Capprici  in  amorc,  et  a»  car- 
naval de  1792,  Il  Medico  Parigino ,  ûam  la 
même  Tille.  Gerber  [Neues  Biogr.  Lex.  der 
Tonkûnstl.  )  cite  aussi  de  cet  auteur  :  La  Moli- 
narella,  op.  biiffa,  1783,  à  Ravenne;  Il  Di- 
vertimento  in  campagna,  op.  buffa,  1783,  à 
Dresde  ; /Z  i^ra/ice^e  ôjc-rorro,  op.  buffa,  1786, 
ibid.  ;  Il  Parruchiere,  1793,  à  Berlin. 

La  manière  de  ce  compositeur  se  rapproclie  de 
celle  d'Anfossi,  et  l'on  petit  dire  qu'il  a  les  mêmes 
qualités  et  les  mêmes  défauts.  La  coupe  de  ses 
airs  et  de  ses  morceaux  d'ensemble  est  heureuse  ; 
ses  accompagnements  sont  assez  purs ,  mais  trop 
nus;  ses  chants  sont  gracieux,  mais  ils  manquent 
d'originalité. 

ASTON  (Hugues),  organiste  anglais  sous 
le  règne  de  Henri  VUI,  auteur  d'un  Te  Deum  à 
cinq  voix,  qui  est  maintenant  dans  la  bibliothèque 
du  collège  de  musique  d'Oxford. 

ASTORGA  (Emmanuel,  baron  d')  né  à  Pa- 
lerme,  le  11  décembre  1681,  eut  un  existence 
toute  romanesque.  Fils  d'un  chef  de  bandes  mer- 
cenaires au  service  de  la  noblesse  de  Sicile,  qui, 
souffrant  impatiemment  le  joug  de  l'Espagne,  es- 
saya de  le  secouer  par  l'insurrection  en  1701, 
Astorga  vit  périr  son  père  sur  l'échafaud  dans  la 
même  année,  avec  plusieurs  nobles  siciliens.  Sa 
mère,  qu'on  obligea  d'assister  au  supplice, 
mourut  de  douleur,  et  lui-môme  s'évanouit.  La 
princesse  des  Ursins,  première  dame  d'honneur 
de  l'épouse  de  Philippe  Y,  prit  en  pitié  le  pauvre 
jeune  homme,  et  le  fit  entrer  au  couvent  d'As- 
torga,  eu  Espagne,  dont  plus  tard  il  prit  le  nom. 
Dans  cette  retraite  il  acheva  son  éducation  et 
perfectionna,  par  l'étude,  le  beau  sentiment 
musical  dont  la  nature  l'avait  doué.  Rentré  dans 
le  monde  trois  ans  après,  il  obtint ,  par  le  crédit 
de  sa  prolectrice ,  le  titre  de  baron  d'Astorga  , 
et  fut  chargé  d'une  mission  près  de  la  cour  de 
Parme  en  1704.  Il  y  devint  l'âme  de  toutes  les 
réunions  d'amateurs  de  musique  ;  car  il  était 
excellent  chanteur  et  compositeur  de  mélodies 
gracieuses  et  sentim^^ntales.  Sa  mission  terminée, 
il  continua  de  demeurer  à  Parme,  où  le  retenait 
son  amour  secret  pour  la  fille  du  souverain, 
Elisabeth  Farnèse.  Le  duc,  ayant  pénétré  dans 
les  sentiments  de  son  hôte,  trouva  le  moyen  de 
l'éloigner  en  lui  donnant  une  lettre  de  recom- 
mandation pour  l'empereur  Léopold  V^,  qui,  sé- 
duit par  les  talents  du  baron  d'Astor-ja,  voulut 
l'attacher  à  sa  cour;  mais  celui-ci  ne  jouit  pas 
longtemps  de  sa  faveur,   car  son   nouvean  Mé- 


cène mourut  le  0  mai  1705.  Le  baron  d'Astorga 
s'éloigna  de  Vienne  peu  de  temps  après,  et  mena 
une  vie  aventureuse,  visitant  l'Espagne,  où  il  re- 
trouva la  faveur  de  sa  bienfaitrice,  puisle  Portu- 
gal, l'Italie,  et  enfin  l'Angleterre,  où  il  demeura 
deux  ans.  En  1720,  il  reparut  à  Vienne  ;  mais  il  y 
resta  peu  de  temps,  et  se  retira  dans  un  couvent  »'u 
Bohême,oùilmounit  le  21  août  1736  (Voy.  YOes- 
lerrcichisc/ies  Biograpliisches  Lexicon  de  Ccr- 
niann,  t.  1,  p.  278.)  Parmi  ses  nombreuses  com- 
positions, on  ne  peut  citer  que  les  suivantes  :  1" 
Slabat  Mater,  qui  fut  exécuté  à  Oxford  en  1713, 
et  qui  obtint  beaucoup  d'applaudissements,  —  2" 
Dofne,  opéra,  à  Vienne,  en  1705.  —  3"  Cantate 
Quando  penso,  etc.  —  4°  Cantate  :  Torna  Aprile. 
—  5°  Cantate  :  In  questo  cor.  Burney  loue  dans 
ces  cantates,  qui  passent  pour  être  ses  meilleu- 
res, la  grâce  et  la  simplicité  de  la  composition 

6"  Cantate  :  Clorinda,  s'  io  Vamai,  etc. —  1" 
Cantate  :  Palpitar  già  senlo  il  cor.  Reichardt 
possédait  quelques  morceaux  inédits  de  la  compo- 
sition d'Astorga.  La  partition  du  Slabat  Mater, 
à  quatre  voix  et  instruments,  est  en  manuscrit  à  la 
bibliothèque  royale  de  Berlin;  on  la  trouve  aussi 
à  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne,  avec 
celle  de  la  pastorale  de  Dafne,  dans  le  fonds 
de  Kiesewetter.  La  collection  de  l'abbé  Santini, 
à  Rome,  renferme  54  cantates  d'Astoiga  pour 
soprano  et  clavecin,  44  idem  pour  contralto  et 
clavecin,  et  enfin  10  rfMc^^i  pour  deux  soprani. 
Toute  cette  musique  est  remarquable  par  l'origi- 
nalité, le  sentiment  et  l'expression.  Je  possède 
une  collection  considérable  d'œuvres  d'Astorga. 

ASTRUA  (Jeanne ) ,  excellente  cantatrice, 
née  à  Graglia,  près  de  Verceil ,  en  1730.  Graun, 
qui  l'entendit  par  hasard  dans  un  voyage  qu'il 
fit  en  Italie  en  1745,  fut  frappé  de  la  beauté  de 
sa  voix,  et  se  chargea  de  son  éducation  vocale; 
car  il  était  lui-même  bon  chanteur.  11  la  fit  dé- 
buter, le  3  août  1747,  dans  une  pastorale  composée 
par  le  roi  de  Prusse  Frédéric  II ,  laquelle  avait 
pour  titre  II  Repastore,  et  qui  fut  rcpré-senlée 
à  Charlottenbourg.  En  1750  elle  obtint  un  congé 
pour  aller  à  Turin  ,  et  dans  la  même  année  elle 
chanta  avec  un  brillant  succès,  aux  noces  de 
Victor-Amédée,  le  rôle  de  prima  donna  dans  l'o- 
péra de£a  Vittoria  d'Imeneo.  Elle  retourna  en- 
suite au  service  de  la  cour  de  Berlin ,  qu'elle  ne 
quitta  que  pour  revenir  à  Turin,  où  elle  est  morte 
en  1792,  à  l'âge  de  soixante-deux  ans. 

ATHÉLARD  ou  ATHELHARD,  moine 
bénédictin  de  Bath,  en  Angleterre,  vivait  sons  le 
règne  de  Henri  I,  vers  1200.  Il  eut,  pour  le 
temps  oii  il  vécut,  des  connaissances  étendues  ,- 
qu'il  augmenta  par  ses  voyages,  non-seulement 
en   Europe,   mais  en  Egypte  et   en  Arabie.   Il 


160 


ATHÉLARD  — 


écrivit  un  traité  des  sept  arts  libéraux,  qui  com- 
prenaient la  grammaire,  la  rhétorique,  la  dialec- 
tique, la  musique,  l'aritlimétique,  la  géométrie 
et  l'astronomie.  Ayant  appris  l'arabe,  il  traduisit 
de  cette  langue  en  latin  le  Traité  de  géométrie 
d'Euclide,  connu  sous  le  nom  d'Élémens,  et 
non  les  Éléments  harinoniques  de  cet  auteur , 
comme  La  Borde  (Essai  sur  la  mus.,  t.  III,  p. 
567),Forkel  (Allgem.  Litter.  dermusik,  p.  488) 
et  les  auteurs  du  Dictionnaire  historique  des  Mu- 
siciens (Paris,  1810)  ledisent.  Les  bibliothèques 
des  collèges  du  Christ  et  de  la  Trinité  à  Oxford 
possèdent  les  manuscrits  des  ouvrages  d'Athélard. 

ATHÉiVÉE,  grammairien  grec,  naquit  à 
Naucratis  en  Egypte,  vers  l'an  160  de  l'ère  vul- 
gaire ,  sous  le  règne  de  Marc-Aurèle  :  U  vivait 
encore  sous  celui  d'Alexandre-Sévère,  l'an  228  : 
c'est  tout  ce  qu'on  sait  des  particularités  de  sa 
vie.  On  doit  à  Alhénée  une  compilation  qui  a 
pour  titre  :  les  Deipnosophistes  ou  le  Banquet 
des  Savants;  elle  nous  est  parvenue  presque 
complète,  à  l'exception  des  deux  premiers  livres, 
que  nous  n'avons  qu'en  abrégé.  Cet  ouvrage  est 
précieux  par  les  renseignements  qu'il  fournit  sur 
une  multitude  d'objets  de  l'antiquité,  particulière- 
ment sur  l'histoire  de  la  musique  des  Grecs,  les 
écrivains  qui  ont  traité  de  cet  art,  les  instruments, 
leur  usage,  les  chansons,  etc.  11  est  divisé  en 
quinze  livres.  Dans  le  premier,  il  est  traité  de  la 
musique  et  des  chansons  dans  les  festins;  le 
quatrième  contient  des  renseignements  sur  quel- 
ques instruments  de  musique;  le  quatorzième 
traite  des  joueurs  de  flûte,  des  chansons,  de  l'u- 
tilité de  la  musique  et  de  la  danse ,  des  instru- 
ments de  tout  genre. 

Les  manuscrits  d'Athénée  sont  en  petit  nombre, 
ce  qui  est  d'autant  plus  fâcheux  que  le  texte  a 
été  considérablement  altéré  dans  ceux  que  nous 
possédons  :  de  là  vient  que,  malgré  les  travaux  de 
quelques  savants ,  nous  ne  possédons  pas  encore 
une  édition  d'Athénée  qui  soit  complètement 
satisfaisante;  la  meilleure  est  celle  qui  a  été 
donnée  par  Jean  Scliweighaeuser,  sous  ce  titre  : 
Atheneei  Deipnosophistx  a  codicibus  manus- 
cripti  emendavil,  etc.,  Strasbourg,  1801-1807, 
14  vol.  in-S".  On  peut  cependant  consulter  aussi 
ôvec  fruit  l'édition  donnée  parCasaubon  en  deux 
volumes  in-fol.  Les  cinq  premiers  volumes  de  l'é- 
dition deSehweighœuser  contiennent  le  texte  grec 
et  la  version  latine  ;  les  neuf  autres  renferment 
les  notes  et  les  tables.  Parmi  ces  notes,  celles  du 
quatrième  et  du  quatorzième  livres  sont  intéres- 
santes pour  l'histoire  de  la  musique.  L'abbé  de 
Marolles,  qui  n'entendait  pas  le  grec,  a  donné 
une  mauvaise  traduction  française  d'Athénée , 
d'après  la  version  latine,  Paris,    1680,  in-4''. 


ATÏAIGNANT 

Lefebvre  de  Yillebrune  en  a  publié  une  autre  en 
5  volumes  in-4°  (Paris,  1785-1787)  :  celle-ci  est 
peu  estimée  des  savants.  En  ce  qui  concerne  la 
musique,  il  est  évident  que  le  traducteur  ne  sai- 
sissait pas  toujours  le  sens  du  texte  original. 

ATI  S.  Voy.  ATYS. 

AÏTAIGIXAKT  eu  ATTAINGNANT  (Pier- 
re), imprimeurdeParisdans  le  seizième  siècle,  pa- 
raîtavoir  été  le  premier  qui  ait  imprimé  dans  cette 
vil'e  de  la  musique  avec  des  caractères  mobiles. 
Ceux  dont  on  se  servait  avaient  été  gravés  par 
Pierre  Hautin,  graveur,  fondeur  et  imprimeur 
de  Paris,  qui  en  fit  les  premiers  poinçons 
en  1525.  Pierre  Attaignant  paraît  en  avoir  fait 
l'essai  dans  le,  premier  livre  de  motets  à  quatre 
et  cinq  voix  de  divers  auteurs  qu'il  pubba 
en  1527,  in-8°  oblong,  avec  des  lettres  gothi- 
ques. Dix-neuf  autres  livres  de  cette  collection 
parurent  à  des  époques  plus  ou  moins  éloignées, 
jusqu'en  1536.  Leur  collection  forme  cinq  vo- 
lumes. C'est  un  recueil  précieux  pour  l'histoire 
de  la  musique  française  :  on  y  trouve  des  compo- 
sitions de  maistre  Gosse,  Mcolas  Gombert, 
Claudin ,  Hesdin ,  Consilium,  Certon,  Rousée, 
Mouton,  Holtinet,  A.  Mornable,  G.  le  Roy, 
Manchicourt,  Guillaume  [le  Heurteur,  Vermont 
l'aîné,  Richalort,  M.  Lasson ,  l'Héritier,  Lupi, 

Lebrun,  Wyllart,  Feuin,  l'Enfant,  Moulu,,  Ver- 
delot,   G.    Louvet,    Divitis,   Jacquet,   De  La 

Page,  Longueval,  Gascogne,  Briant  et  Passereau. 
(  Voy.  ces  noms.  )  Le  titre  de  chaque  livre  varie 
en  raison  de  son  objet.  Par  exemple  le  sep- 
tième livre,  qui  contient  vingt-quatre  motets 
pour  le  dimanche  de  l'Avent,  la  Nativité,  etc., 
a  pour  titre  :  Musicales  motetlos  quatuor, 
quinque  et  sex  vocum  modulos  Dominici  a.d- 
ventûs,  nativitatisque  ejus ,  ac  sanctorum 
eo  tempore  occurrentiuni  habet.  Parisiis,  in 
vico  Citbarœ,  apud  Petrum  Attaingnant  (aux 
autres  livres,  Attaignant,  excepté  au  onzième 
où  il  y  a  aussi  Attaingnant  )  musice  calcogra- 
phum  prope  sanctorum  Cosmi  et  Damiaui 
templum,  cum  gratia  et  privilegio  chris- 
tianissimi  Francorum  Régis.  Le  titre  du  hui- 
tième livre  est  :  XX  musicales  motettos  qua- 
tuor, quinque  vel  sex  vocum  modulos  habet. 
Mense  decembri  1534,  Parisiis,  etc.  Onze 
livres  de  chansons  françaises  à  quatre  parties, 
par  les  mêmes  auteurs ,  ont  été  aussi  publiés  à 
la  même  époque  par  Pierre  Attaignant,  en  4  vol. 
in-8°obl.  Le  premier  livre  est  daté  de  1530;  mais 
ce  doit  être  une  réimpression,  car,  dans  l'exem- 
plaire qui  est  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
(  n°  2689,  in-8°  V  ) ,  le  neuvième  livre  porte  la 
date  de  1529,  et  le  cinquième  est  de  1528.  Les  li- 
vres 2*= ,  3*,  4%  6*  et  8'  ne  sont  pa5  datés.  Voici 


ATTAIGNANT  —  ATTWOOD 


IGI 


le  titre  du  cinquième  livre  :  Trente  et  quatre 
chansoîis  musicales  à  qtialre  parties  impri- 
mées à  Paris  le  XXIII^jour  de  janvier  mil. 
V.  C.  XXVIlIpar  Pierre  Attaignant ,  demeu- 
rant en  la  rue  de  la  Harpe  près  l'église  Sainct 
Cosme ,  desquelles  la  table  sensuyt.  Les  noms 
des    auteurs  de  ces  ciiansons  ne  se  trouvent  ni 
dans  ce  livre  ,  ni  dans  les  deuxième,  quatrième, 
sixième,   liuitième    et  neuvième.   Le  onzième 
livre  ne  contient  que  des  chansons  de  Clément 
Jannequin;   en   voici  le  titre  :  Chansons   de 
Maistre   Clément  Jannequin,  nouvellement 
et   correctement    imprimées    à    Paris    par 
Pierre  Atteignant  (sic)  ;  demourant  à  la  rue 
de  la  Harpe  devant  le  bout  de  la  rue  des  Ma- 
thurins près  de  Véglise  de  Sainct  Cosme  (sans 
ilate).   Les  chansons  contenues  dans  ce  recueil 
sont  des  pièces  plus  développées  que  les  antres; 
ce  sont  :  1°  Le  Chant  des  Oyseaux   (  Réveillez- 
vous).  —  2"  La  Guerre  (Écoustez,  écouslez).  —  3° 
La  Chasse  (Gentilz  veneurs).  —  4°  L'Alouette.  — 
Or  sus, or  sus);  — 5°  Las  povre  cœur  (Y.Jan- 
neqxtin  ).  II  y  a  aussi  deux  recueils  de  motets  à 
quatre  et  cinq  parties  imprimés  par  Attaignant, 
et  qui  sont  de  ceux  qui  ont  été  cités  précédem- 
ment. Le  premier,  sans  date  et  sans  nom  d'au- 
teurs, a  pour  titre  :  Motetz  nouvellement  im- 
primes à   Paris  par  Pierre  Attaignant,  de- 
meurant à  la  rue  de  la  Harpe  près  St.  Cosme; 
le  second   intitulé  :  A7/  motetz  à  quatre  et 
cinq  voix  coviposés  par  les  autlieurs  cy  des- 
noubz  escripts ,  naguères  imprimés  à    Paris 
par  l'ierre  Attaignant,  demourant  à  la  rue 
de  la  Harpe  près  deVéglise  de  Sainct  Cosme. 
Ce  recueil,  daté  des  calendes  d'octohre   lô29, 
contient    des    compositions    de    Gombert ,    de 
Claudin  {Claude  de  Sermisy.  V.  ce  nom  ) ,  de 
Du  Croc,  de  Mouton,  de  Dorle  et  de  Deslouges. 
11  est  remarquable  que  l'imprimeur  dont   il 
s'agit  dans  cet  article  a  orthographié  son  nom 
de  diverses  manières;  sur  ses  recueils  on  trouve 
Attaignant ,  Attaingnant  et   Atteignant.  Ce 
peu  d'exactitude  dans  l'orthographe   des  noms 
s'est   reproduit  depuis   le  moyen   âge  jusqu'au 
commencement  du  dix-septième  siècle. 

Attaignant  imprimait  encore  en  1543  ,  car  il  a 
publié  dans  cette  année  un  Livre  de  danceries 
à  six  parties,  par  Consilium,  l  vol.  in-4"ol)l.; 
mais  il  avait  ces.sé  de  vivre  en  155C,  car  à 
cette  époque  ce  fut  sa  veuve  (jui  publia  plu- 
sieurs livres  de  pièces  de  violes  à  cinq  parties , 
par  Gervaise  (  Voy.  ce  nom  ). 

Les  caractères  de  musique  des  éditions  d'At- 
taignant  ont  assez  de  nelteté  ;  mais  ils  n'ont  pas 
l'élégance  de  ceux  dont  se  servirent  à  peu  près 
de  son  temps  Adrien  Le  Roy  et  Robert  BalLird; 

lilOGR.    UiMV.    DES  .lltSICIE.NS.    —    T.    I. 


ceux-ci  avaient  été  gravés,  en  1.^40,  par  Guil- 
laume Le  Dé,  graveur,  londeur  et  imprimeur 
à  Paris  (Voy.  Le  Bé).  Les  livres  de  musique 
imprimés  par  Attaignant  sont  d'une  rareté  ex- 
cessive. 

ATTEY  (JEA>),  amateur  de  musique  à  Lon- 
dres, au  commencement  du  dix- septième  siècle,  a 
publié  :  The  first  book  of  ayrcs  of  four  parts 
with  tablature  for  the  Lute,  sa  mode  that 
ail  the  paris  may  be  plaid  together  with 
the  Iule,  or  one  voyce  with  the  Lute  and 
bass  viol.  Londres,  1622  ,  in-fol.  (  Premier  livre 
d'airs  à  quatre  voix  en  tablature  de  luth  ;  de 
telle  sorte  que  toutes  les  parties  peuvent  être 
exécutées  ensemble  avec  le  luth ,  ou  chantée» 
par  une  voix  avec  accompagnement  de  luth 
et  de  basse  de  viole.) 

ATTWOOD  (THOMAS),  compositeur  an- 
glais, fils  d'un  charbonnier,  naquiten  1767.  Al'àge 
de  neuf  ans,  il  entra  comme  enfant  de  chœur  à  la 
chapelle  royale,  et  commença  son  éducation 
musicale  sous  le  docteur  Nares  et  sous  son  suc- 
cesseur le  docteur  Ayrton.  Après  avoir  passé 
cinq  ans  dans  cette  école,  il  eut  occasion  de 
chanter  devant  le  prince  de  Galles,  qui  le  prit 
sous  sa  protection,  et  l'envoya  étudier  à  Naples 
la  compositon  et  le  chant.  Ses  maîtres  furent 
Philippe  Cinque  et  Latilla.  De  Naples  il  alla  à 
Vienne,  où  il  reçut  dit-on,  des  conseils  et  des 
leçons  de  Mozart,  jusqu'en  1786.  De  retour  en 
Angleterre,  il  fut  attaché  à  la  musique  parti- 
culière du  prince  de  Galles,  puis  devint  maître 
de  musique  de  la  duchesse  d'York  et  de  la 
princesîie  de  Galles.  En  1795,  Altwood  suc- 
céda à  Jones  dans  l'emploi  d'organiste  de  Saint- 
Paul  ,  et  en  1796  il  obtint  la  place  de  composi- 
teur de  la  chapelle  royale  ,  en  remplacement  de 
D.  Dupuis,  décédé.  Enlin,  il  a  été  admis  en  182t 
comme  membre  de  la  chapelle  particulière  du 
Roi ,  à  Brighton. 

Parmi  les  nombreux  opéras  qu'il  a  écrits 
pour  le  théâtre,  les  jdus  connus  sont  ceux-ci  : 
lo  Prisoner  (  le  Prisonnier) ,  à  Drury-Lane, 
en  1792  .  —2°  AdoptedChild  {VEnfant  adoptif) 
ibid.,  1793. —  3°  Caernavoncust le (leChàteiu 
de  Caernavon) ,  Hay-Market,  1793.  — 4°  Poor 
Sailor  (le  pauvre  Matelot),  Covent-Garden, 
1795.  —  5°  the  Smugglers  (  les  Contrebandiers  ), 
Drury-Lane,  1796,  —  6"  Mouth  of  the  Nile 
(l'Embouchure  du  Nil),  Covent-Garden  1798.  —  7° 
A  Day  at  Rome  (  un  Jour  à  Rome  ),  divertisse- 
ment, Covent-Garden,  1798.  — 8°  C  asile  of 
Sorento  (le  Château  de  Sorento),  op.  com.,  Hay- 
Market,  1799.  —  9"  Magic  Oak  (  le  Chêne  ma- 
gique), pantomime  ,  Covent-Garden  ,  1799. — 
10°  Old  Clothes-Man  (le  vieux  Marchand  d'Ha- 
ll 


Ifi2 


ATTVVOOD  —  AUBER 


bits),  inlermècfe,  idem,  1799.—  11°  Red-Croas 
Knights  (les  Chevaliers  de  la  Croix-Rouge),  Hay- 
Mailiet,  1799.  —  12"  S.  David's  day  (le  Jour  de 
Saint-David),  farce,  1800.  —  13°  True  Friends 
(  les  vrais  Amis),  à  Covent-Garden ,  1800.  Outre 
ces  ouvrages,  Attwood  a  composé  plusieurs 
(Eiivres  de  sonates  pour  piano ,  et  des  leçons  pro- 
gressives pour  cet  instrument,  qui  ont  été  gra- 
vées chez  eiementi ,  à  Londres.  Il  a  écrit  aussi 
heaucoup  de  musique  d'église  pour  le  service 
'de  la  chapelle  royale,  et  notamment  l'antienne 
avec  chœup  et  orchestre  pour  le  couronnement 
du  roi  Georges  IV  ,  qui  est  d'une  beauté  remar- 
quable. Attwood  se  distingue  entre  les  mu- 
siciens anglais  par  un  style  |)lein  de  goût  et  de 
pureté;  sa  mustque  a  de  la  l<)rce ,  de  l'expres- 
sion et  de  l'effet.  Il  est  fâcheux  que  le  sol  de 
l'Angleterre  soit  si  peu  favorable  .i  la  musique  , 
qu'un  artiste  si  distingué  soit  ohligé  de  renoncer 
à  la  carrière  de  gloire  qu'il  aurait  pu  parcourir, 
pour  se  livrer  uniquement  à  l'enseignement. 

ATYS,  ou  ATÏS  ( ...),  créole,  né  à  Saint- 
Domingue,  vers  1715,  suivant  La  Borde  (Essai 
sur  la  Musique ,  t.  III,  p.  493),  fut  un  llù- 
liste  distingué  qui  se  fixa  en  France.  Une  af- 
faire qu'il  eut  en  Autriche  l'obligea  de  se  battre; 
il  reçut  une  balle  dans  le  menton,  et  cet  acci- 
dent altéra  sensiblement  son  embouchure.  De 
retour  à  Paris,  il  s'y  livra  à  l'enseignement,  et 
composa  beaucoup  de  sonates,  duos,  trios  et 
quatuors  pour  la  llûte.  On  trouve  de  lui ,  en 
manuscrit,  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris, 
un  œuvre  de  six  sonates  pour  deux  flûtes , 
en  forme  de  conversation.  Suivant  M.  Ber- 
mann  (Oesterreic/i.  Eiograph.  Lexikon,  t.  I, 
|).  287  ),  la  date  précise  de  la  naissance  d'Atis  se- 
rait le  18  avril  1715;  il  aurait  été  à  Vienne 
en  1760; et  il  serait  mort  le  8  août  1784.  M.  Ber- 
mann  sait  les  dates  d'une  manière  effrayante. 

ATZE  (FKÉDÉurc),  musicien  né  en  Alle- 
magne, était  organi-ste  à  Breslau  vers  1815; 
depuis  lors  il  a  quitté  cette  ville  pour  aller  en 
Russie,  où  il  était  encore  en  1833.  AIze  est  im 
artiste  distingué  comme  organiste  et  comme  pia- 
niste; il  a  fait  admirer  partout  la  délicatesse  et 
la  précision  de  son  jeu.  On  a  de  lui  :  1"  Polo- 
naise pour  le  piano  ,  Leipsick  ,  Hofmeisler.  — 
2"  Duo  pour  piano  et  violon,  œuvre  2. —  3^  Po- 
lonaise pour  le  piano,  œuvre  9,  Berlin,  Forster.  — 
4°  Grande  polonaise,  dédiée  à  M™*  Amalie  Ko- 
refpa,  Breslau,  Forster  etHoffinan,  œuvre  10.  — 
5°  Pot-pourri  pour  le  piano,  œuvre  11,  ibid. 

AUBER  (  D,vniel-Fra.nçois-Espkit  ) ,  né  à 
Caen.  le  29  janvier  1782  (I)  dans  un  voyage  que 

(Il  Cette  date  m'a  été  donnée  en  inio  par  le  père  du  cé- 
lèbre compositeur,  3r  l'époque  de  mes  premières  recher- 


ses  parents  firent  en  celte  ville,  est  fils  d'un  mar- 
chand d'estampes  de  Paris,  dont  la  situation  était 
aisée.  Sa  famille  était  originaire  de  la  Norman- 
die. Doué  des  plus  heureuses  dispositions  pour 
la  musique,  Auber  étudia  d'abord  cet  art  comme 
un  objet  d'agrément.  Après  avoir  appris  à  jouer 
dn  piano  sous  la  direction  de  Ladurner,  il  fat 
envoyé  à  Londres  pour  y  apprendre  la  profession 
d'u  commerce;  mais  bientôt,  dégoûté  d'un  état 
pour  lequel  il  ne  se  sentait  point  né,  il  revint  à 
Paris.  Accueilli  dans  le  monde  avec  plaisir  à 
cause  de  son  talent  et  de  son  esprit,  il  commençât 
à  se  faire  connaître  par  de  petites  composition.s 
telles  que  des  romances  -.  quelques-unes  de  celles- 
ci  eurent  un  succès  de  vogue.  Un  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  qu'il  pubïïa  vers  le 
même  temps  à  Paris,  fit  voir  qu'il  pouvait  traiter 
avec  talent  la  musique  instrumentale.  D'autres 
ouvrages  plus  considérables  vinrent  bientôt  aug- 
menter sa  réputation  parmi  les  artistes.  Il  était 
lié  d'amitié  avec  le  célèbre  violoncelliste  Lamare  - 
Celui-ci  avait  un  style  tout  particulier  dans  sa 
manière  déjouer  de  la  basse,  et  il  désirait  le  pro- 
pager par  un  genre  de  musique  qui  lui  fût  propre; 
mais,  par  une  singularité  qu'Userait  difficile  d'ex- 
pliquer, il  n'avait  pas  ime  idée  mélodique  ni  un 
trait  dans  la  tète  qu'on  pût  employer  dans  un 
morceau  de  musique.  A  sa  prière,  Auber  écrivit 
tous  les  concertos  de  basse  qui  ont  paru  sous  \e 
nom  de  ce  virtuose,  et  môme  quelques  autres 
qui  sont  restés  en  manuscrit.  Le  public  croyait 
que  ces  concertos  étaient  de  Lamare  ,  mais  tous 
les  artistes  savaient  qu'ils  étaient  dus  au  talent 
d'Auber.  Le  caractère  original  de  cette  musique 
produisit  tme  assez  vive  sensation  dans  le  monde, 
et  l'on  prévit  dès  lors  que  le  jeune  compositeur 
à  qui  on  la  devait  se  ferait  un  jour  une  brillante 
réputation.  Vers  le  même  temps,  Auber  écrivit 
un  concerto  de  violon  qui  fut  exécuté  au  Con- 
servatoire de  musique  de  Paris  par  Mazas,  et 
qui  obtint  un  brillant  .succès. 

Le  désir  de  travailler  pour  le  théâtre  lui  avait 
déjà  fait  remettre  en  musique  l'ancien  opéra  co- 
mique intitulé  Julie,  avec  accompagnement  de 
deux  violons,  deux  altos,  violoncelle  et  contre- 
basse. Cet  ouvrage,  qui  renfermait  plusieurs 
morceaux  charmants,  fut  réprésenté  surun  théâtre 
d'amateurs  à  Paris,  et  reçut  beaucoup  d'applau- 
dissements. Peu  de  temps  après,  Auber  écrivit 
pour  le  petit  théâtre  de  M.  de  Caraman,  prince 
de  Chimay,  un  autre  opéra  avec  orchestre  com- 
plet, dont  il  a  tiré  depuis  lors  plusieurs  mor- 
ceaux pour  ses  autres  ouvrages. 

ches  pour  la  Biographie  universelle  des  vuisiciens.  Tou» 
les  recueils  Mographiqucsdonort  celle  du  S9  janvier  i7s<i. 


AUBER 


163 


Malgré  ces  succès,  qui  jusqu'alors  avaient  été 
renfermés  dans  le  cercle  d'un  certain   monde 
d'artistes  et  d'amateurs,  Auber  s'apercevait  que 
ses  études  musicales  avaient  été  incomplètes,  et 
que  le  savoir  lui  manquait  dans  l'art  d'écrire  : 
il  voulut  aciiever  son  éducation  sous  ce  rap- 
port, et  se  livra  à  des  travaux  sérieux  sous  la 
direction  de  Clierubini.  Ces  études  terminées,  il 
écrivit  une  messe  à  quatre  voix,  dont  il  a  tiré 
la  prière  de  son  opéra  de  la  Muette  de  Por- 
tici.  En   1813,  il  fit  son   début  en  public  par 
un  opéra  en   un  acte   qu'il  fit  représenter  au 
théâtre  Feydeau  sous   le  titre  du  Séjour  mili- 
taire. Cet  ouvrage  ne    justifia   pas    les  espé- 
rances que  les  premiers  essais  d'Auber  avaient 
(ait  naître;  on  n'y  trouvait  rien  de  la  grâce  et 
de  l'originalité  d'idées  qui  avaient  fait  applaudir 
ses  premières  productions,  et  qui  plus   tard  lui 
ont  acquis  une  si   belle   et  si  juste  renommée. 
Un  repos  de  plusieurs  années  suivit  cet  échec, 
et  le  com|)Ositeur  semblait  avoir  renoncé   à  une 
carrière  où   l'attendaient  de  brillants   succès  , 
lorsqu'un  dérangement  de  fortune  et  la  mort  du 
père  d'Auber  obligèrent  celui-ci  à  chercher  des 
ressources  pour  son  existence  dans  l'exerciced'un 
art  qui   n'avait  été  pour  lui  jusqu'alors  qu'un 
délassement.  En  1819,  il  fit  représenter  à  l'Opéra- 
CQm\(\»&h&Tcstament  elles  Billets  doux,  opéra 
en  un  acte.  Cet  ouvrage  fut  moins  heureux  en- 
core que  ne  l'avait  été  le  premier  essai   public 
des  talents  d'Auber.  Déjà  l'on  accusait  de  par- 
tialité et  de  jugements  de  coterie  les  éloges  qui 
lui  avaient  été  prodigués  ;  mais  bientôt  le  com- 
positeur se  releva  par  La  Bergère  châtelaine, 
opéra  en   trois  actes  qui  fut  joué   au  môme 
théâtre  dans  les  premiers  mois  de  1820.  Des  idées 
originales,  de  la  mélodie,  une  instrumentation 
élégante  et  des  intentions  dramatiq  ues  distinguent 
cet  ouvrage,  qui  obtint  un  succès  complet,  et 
qu'on   peut  considérer  comme  le  premier  fon- 
dement de  la  brillante  réputation  de  son  auteur. 
Emma,  ou  la  Promesse  imprudente, o'^érà  en 
trois  actes,  joué  en  1821,  continua  ce  que   la 
Bergère  châtelaine  avait  commencé,  et  dès  lors 
Auber  ne  connut  plus  que  des  succès. 

Ce  fut  alors  qu'il  eut  le  bonheur  de  se  lier 
d'amitié  avec  Scribe,  et  que  tous  deux  unirent 
leurs  esprits,  si  parfaitement  analogues,  leur  ma- 
nière de  sentir,  et  leur  instinct  delà  scène.,  dans 
une  multitude  d'ouvrages  charmants  que  le  suc- 
cèscouronua.  Jamais  associationd'auteurs  ne  fut 
plus  heureuse.  Leicester,  la  Neige,  le  Concert' à 
la  Cour,  Léocadie,  le  Maçon,  Fiorella,  la 
Fiancée,  Fra  Diavolo,  la  Muette  de  Pvrtici,  le 
Philtre,  et  vingt  autres  ouvrages  devenus  populai- 
res, onl  été  les  fruits  de  celte  association  des  deux 


talents  les  plus  fins  delà  scène  française ,  pen- 
dant l'espace  de  t renie  ans.  Parmi  ces  ouvrages 
La  Muette  de  Portici  a  été  considérée  comme 
le  chef-d'œuvre  du  compositeur;  la  postérité 
sanctionnera  sans  doute  ce  jugement;  car  la 
variété  de  style ,  le  charme  des  mélodies  et  l'ex- 
pression dramatique  qui  distinguent  cet  opéra 
en  font  une  des  plus  belles  productions  musicales 
de  notre  époque.  Membre  de  l'Institut  de  France, 
dans  la  section  de  musique  de  l'Académie  des 
beaux-arts  ,  et  associé  de  plusieurs  autres  aca- 
démies, Auber  a  été  maître  de  chapelle  du 
roi  Louis-Philippe  :  il  occupe  aujourd'hui  la 
même  position  à  la  cour  de  l'Empereur  des 
Français.  Après  la  retraite  de  Cherubini ,  il  lui  a 
succédé  comme  directeur  du  Conservatoire  de 
musique  de  Paris.  Commandeur  de  la  Légion 
d'honneur,  officier  de  l'ordre  belge  de  Léopold  , 
et  décoré  de  plusieurs  autres  ordres,  Auber  a  vu 
récompenser  par  tons  les  honneurs  qu'il  pouvait 
désirer,  ainsi  que  par  les  faveurs  de  la  fortune, 
les  succès  obtenus  par  son  talent.  La  liste  des  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur  se  forme 
de  cette  manière  :  1°  Le  Séjour  militaire,  1  acte 
(  1813).  —  2°ie  Testament  et  les  Billets  doux, 
(acte  (1819). —  3"  Z,a  Bergère    châtelaine, 

3  actes  (  1820).  —  4°  Emma,  ou  la  Promesse  im- 
prudente ,  3  actes  (  1 82 1  ).  —  5°  Leicester,  3  actes 
(1822).  —  G°  La  Neige,  ou  le  nouvel  Éginhard 

4  actes  (1823),  tous  à  rOpéra-Comique. —  7"  Ven- 
dôme  en  Espagne,  en  1  acte ,  en  collaboration 
avec  Hérold  ,  à  l'Opéra ,  à  l'occasion  du  retour 
du  duc  d'Angouléme  à  Paris,  après  la  campagne 
d'Espagne,  en  1823. —  &" Les  Trois  Genres,  1  acte 
en  collaboration  a%'ec  Boïeldieu,  pour  l'ouverture 
du  théâtre  de  l'Odéon  (  1824).  —  9°  Le  Concert 
à  la  cour,  1  acte  (  1824) .  à  l'Opéra-Comique.  — 
10"  ZéocarfJe,  3 actes  (  1824),  idem.  —  i  1°  Le  Ma- 
çon, 3  actes  (  1825  ),  idem.  —  12"  £e  Timide ,  i 
acte(1826),irfe?rt.  — 13 °Fiore/Za, 3 actes (  (S26), 
idem.  — 14°  Za  Muette  de  Portici,  5  actes  (1 82S), 
à  l'Opéra.  —  15°  La  Fiancée,  3  actes  (  1829),  à 
l'Opéra-Comique.  —  16°  Fra  Diavolo  ,  3  actes 
(1830),  idem.  —  17°  Le  Dieu  et  la  Bayadère, 
1  actes  (1830).  à  l'Opéra.  —  IS"  La  Marquise  de 
Brinvilliers,  3  actes  (1831),  à  l'Opéra-Comique, 
en  collaboration  avec  Batton,  Berton  ,  Blangini, 
Boïeldieu,  Carafa,  Cherubini,  Hérold  et  Paër.  — 
19°  Z,e  Philtre,  2  actes  (1831),  à  l'Opéra.— 
20°  Le  Serment,  3  actes  (1832),  idem.  — 21»  Gz«- 
tave  III,  5  actes  (  1833),  idem.  —  22°  Lestocq,  3 
actes  (  1 834),  à  l'Opéra-Comique .  —  23°  ie  Cheval 
de  bronze,  3  actes  (1835),  idem.  — 24°  Actéon, 
1  acte  (  1836 ),ide»i.— 25°  Les  Chaperons  blancs, 
3  actes  (1836), idem.  —  26°  L'Ambassadrice-,  3 
actes  (1836)jdeni.  —  27°  Le  Domino  «ojr,  3  actes, 

11. 


1G4 


AUBER  —  AUBERLEN 


(tSSllidein.—lS"  Le  Fmc des  Fées,  5acles{\?,39) 
à  rOpéra.  —  29'  Zanetta,  3  actes  (1840),  à  l'Opéra- 
Comique.  — 30°  Les  Diamants  de  la  couronne, 
3  actes  (f  841),  idpm.~3l°  Le  Duc  d'Olonne , 
3  actes(  1842),  idem. —  32°  La  Part  du  Diable, 
3  actes  (1843),  idem.  —  33°  La  Sirène,  3  actes 
(1844),  idetn.  —  34»  La  Barcarolle,  Bâcles 
(1845),  idem.—  35°  Baydée,  3  actes  (1847), 
idem.  —36°  V  Enfant  prodigue,  5actes  (1850), 
à  l'Opéra.  —  37°  Zerline,ou  la  Corbeille  d'à- 
ranges,  3  actes  (1851),  idem.  —  2?>°  Marco - 
Spada,  3ac.tes  (1852), à  l'Opéra  Comique —  39° 
Jennij  Bell,  3  actes  (  1855),  idem.  — 40°  Manon 
Lescaut,  3  actes  {\%h%),idem.  Pour  l'opéra  inti- 
tulé, La  marquise  de  Brinvilliers,  dont  la  mu- 
sique était  de  plusieurs  auteurs,  Auber  a  écrit 
un  duo  au  troisième  acte  qui  est  un  chef-d'œuvre 
d'esprit  scénique. 

AUBERLEIV  (Samuel-Gottlob),  directeur 
de  musique  et  organiste  de  la  cathédrale  d'Ulm 
naquit  le  23  novembre  1758,  à  Fellbach  ,  près 
de  Stuttgani  ,  où  son  père  était  instituteur.  Ijien 
que  la  vie  des  artistes  soit  souvent  agitée,  il  est 
peu  d'entre  eux  qui  aient  connu  le  malheur 
comme  Auberlen  et  (jui  aient  langui  dans  un  état 
misérable  aussi  longtemps  que  lui.  Sa  vie  écrite 
par  luimôme  offre  un  tableau  toncliant  des  Iri- 
liiiiations  auxquelles  il  fut  en  butte,  et  du  cou- 
rage qu'il  mit  à  combattre  la  mauvaise  fortune. 
Cet  ouvrage  a  été  publié  à  Ulm,  en  1824,  sous 
ce  titre  :  Sanuiel  Gottlob  Aubcrlen's  Musik- 
direlilor  und  Organisten  avi  Munster  in 
Ulm,  etc.,  Lehen ,  Meinungen  und  Schiksale 
von  ihm  sclbst  beschrieben  (Vie,  opinions  et 
aventures  de  Samuel  Gottlob  Auberlen  ,  etc.,  un 
volume  in -8°  de  248  pages).  On  y  trouve  pres- 
que l'intérêt  du  roman  :  l'auteur  s'y  montre 
artiste,  et  il  y  a  de  la  poésie  dans  son  style.  J'ai 
tiré  de  son  livre  tout  ce  qui,  dans  cet  article, 
concerne  sa  personne  et  ses  ouvrages. 

Le  père  d'Auberlen  lui  enseigna  les  premiers 
éléments  de  la  musique.  A  l'âge  de  huit  ans ,  il 
.se  mit  à  apprendre  seul  à  jouer  du  violon,  du 
piano  et  du  violoncelle;  mais  ses  parents  le  des- 
tinaient à  être  instituteur  et  organiste ,  et  tout 
ce  qui  pouvait  le  détourner  de  ces  professions 
lui  était  interdit.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  quator- 
zième année,  il  dut  aider  son  père  dans  .ses  le- 
çons ;  mais  so;î pencbantdficidé  pour  la  musique 
lui  inspirait  du  dégoût  pour  l'état  auquel  on  le 
destinait.  Vers  ce  môme  tem[)S ,  le  violiniste  Kenz 
le  prit  en  amitié  et  lui  donna  des  leçons  de  son 
instrument  :  ces  leçons  et  les  représentations  de 
l'Opéra  de  Stuttgard  ,  où  on  lui  avait  permis  de  se 
rendie  quelquefois ,  développèrent  ses  heureuses 
dispositions  pour  l'art  musical.  Les  amateurs  de 


musique  de  Canstatl  lui  fournirent  l'occasion 
d'entendre  de  bonne  musique  et  de  former  son 
goût,  car  il  y  faisait  sa  partie  dans  les  sympho- 
nies et  les  autres  belles  productions  de  Haydn  et 
des  grands  maîtres  de  cette  époque.  Celte  cir- 
constance lui  procura  la  connaissance  d'Enslen, 
virtuose  de  la  chambre  du  duc  à  Sluttgard,  qui 
lui  donna  des  leçons  de  violon.  A  l'âge  de  vingt 
ans  il  se  rendit  à  JMurrbardt  comme  précepteur 
dans  une  maison  |)articulière.  Ce  fut  là  qu'il  écri- 
vit .son  premier  air  :  il  le  fit  exécuter  à  l'église 
par  un  de  ses  élèves. 

Après  deux  années  de  séjour  dans  cet  endroit, 
il  retourna  chez  son  père;  mais  il  y  demeura  peu 
de  temps  ,  parce  qu'il  obtint  la  permission  d'aller 
à  Zurich  pour  y  terminer  ses  études  musicales. 
11  partit  pour  cette  ville  en  1782,  et  il  y  trouva 
le  violoniste  Henri  Ritter,  qui  lui  donna  <les 
leçons.  Une  maladie  qui  conduisit  son  père  au 
tombeau  le  rappela  à  Fellbach,  où  on  espérait  le 
fixer  comme  instituteur;  mais  il  résista  à  toutes 
les  instances  qui  lui  furent  faites  à  ce  sujet,  et 
le  l^"'  juillet  1784,  il  retourna  à  Zurich.  Il  avait 
alors  vingt-six  ans.  Dans  la  même  année  il  épousa 
une  jeune  fille  qui ,  ainsi  que  lui ,  ne  possédait 
rien.  Il  crut  pouvoir  subvenir  aux  dépenses  oc- 
casionées  par  sa  nouvelle  position  au  moyen  de 
concerts  ;  il  se  mit  à  voyager  et  visita  Saint-Gall, 
Constance,  Ravensbourg,  Lindau  et  quelques 
autres  villes.  Une  maladie  de  .sa  femme  ne  lui 
permit  pas  d'aller  jusqu'à  Augsbourg  et  Munich, 
comme  il  en  avait  le  projet.  Il  retourna  donc  à 
Zurich,  dont  le  séjour  ne  lui  fut  pas  favorable, 
car  il  y  trouva  peu  d'élèves,  et  bientôt  il  eut  des 
dettes  qui  l'obligèrent  à  solliciter  une  place  dans 
la  chapelle  de  Stuttgard.  On  ne  lui  offrit  que  celle 
de  surnuméraire  :  il  l'accepta  dans  l'espoir  d'un 
prochain  avancement;  mais  l'avantage  le  plus 
réel  qu'il  relira  de  sa  translation  dans  cette  ville 
fut  d'y  recevoir  des  leçons  de  composition  de 
Poli ,  maître  de  chapelle  du  duc.  Malheureuse- 
ment il  n'en  profita  pas  longtemps,  car  ne  tou- 
chant aucun  traitement,  et  n'ayant  qu'un  petit 
nombre  d'élèves,  il  ne  put  subvenir  aux  besoins 
de  sa  famille.  Sa  situation  devint  telle, qu'il  se 
vit  obligé  d'abandonner  à  ses  créanciers  le  peu 
qu'il  possédait,  et  de  quitter  Stuttgard  à  pied, 
sans  vêtements,  sans  linge,  sans  argent ,  emme- 
nant avec  lui  sa  femme  et  son  fils,  qui  tous  deux 
étaient  malades  Auberlen  peint  d'un  style  pathé- 
tique les  scènes  de  désespoir  qu'il  y  eut  entre  lui, 
sa  femme  et  son  enfant,  après  ce  départ  précipité. 

Il  vécut  quelque  temps  dans  une  misère  pro- 
fonde, sans  pouvoir  trouver  d'emploi  utile  pour 
■ses  talents;  enfin  une  place  fort  peu  lucrative  de 
directeur  de  musique  à  Zoflngen  se  présenta,  et 


AUBERLEN  —  AUBERT 


165 


il  en  prit  possession  au  mois  de  janvier  1791.  A 
son  mince  traitement,  il  joignit  le  produit  de 
quelques  leçons  de  piano  et  de  plusieurs  mor- 
ceaux d'harmonie  pour  clarinettes,  flûtes,  bas- 
sons, cors  et  trompettes ,  qu'il  écrivit  pour  une 
société  d'amateurs.  Ces  morceaux  eurent  du 
succès  et  furent  cause  qu'on  lui  demanda  trois 
symphonies  à  grand  orchestre  pour  la  même  so- 
ciété. Ces  dernières  compositions  tiennent  le  pre- 
mier rang  parmi  ses  ouvrages. 

Après  neuf  mois  de  séjour  à  Zofingen,  Auber- 
len  fut  appelé  comme  directeur  de  musique  à 
Winterthur.  Là,  il  écrivit  ses  cantates:  Éloge 
de  la  Poésie ,  Éloge  de  la  Musique ,  pour 
Vélection  d'un  bourgmestre,  son  oratorio  la  Fête 
des  Chrétiens  sur  Ze  Go/r/o^Aa,  des  airs,  des 
duos,  des  morceaux  de  musique  instrumentale, 
et  en  1796,  une  messe  solennelle  qui  fut  consi- 
dérée comme  un  très-bon  ouvrage.  L'invasion 
de  la  Suisse  par  les  armées  françaises  le  priva 
tout  à  coup  de  sa  place  et  de  ses  moyens  d'exis- 
tence, après  sept  années  de  tranquillité.  Il  par- 
tit au  mois  de  juin  1798  pour  Esslingen,  et  sa 
vie  fut  livrée  de  nouveau  aux  agitations.  Il  crut 
trouver  un  terme  à  ses  maux,  lorsqu'au  mois  de 
mars  de  l'année  1800,  il  entra  au  service  de  la 
duchesse  de  Wurtemberg;  mais  il  ne  jouit' pas 
longtemps  des  avantages  de  cette  position  ,  car 
ia  duchesse  partit  pour  Vienne  lors  de  l'entrée 
des  Français  dans  le  Wurtemberg.  L'hiver  sui- 
vant une  place  de  professeur  de  musique  au  sé- 
minaire de  Bebenbausen ,  près  de  Tubinge,  de- 
vint vacante;  quoiqu'elle  fût  insuffisante  pour 
ses  besoins,  Auberlen  l'accepta.  Ce  poste  lui 
fournit  l'occasion  de  travaillera  l'amélioration  de 
l'état  de  la  musique  à  Tubinge,  et  il  réussit  si 
bien  dans  ses  travaux,  que  la  ville  manifesta  l'in- 
tention de  lui  donner  un  supplément  de  traite- 
ment; mais  il  n'en  eut  jamais  rien.  Après  sept 
ans  d'une  situation  assez  misérable  dans  cette 
ville,  il  partit  le  4  novembre  1807  pour  Scbaf- 
fouse ,  où  il  venait  d'être  appelé  comme  direc- 
teur de  musique.  Il  y  trouva  de  bons  amateurs 
dont  il  augmenta  le  nombre  par  ses  é!èves.  Ces 
ressources  lui  suggérèrent  le  projet  d'établir  de 
grandes  fêtes  musicales  dans  la  Suisse,  et  .ses 
efforts  furent  couronnés  par  le  succès.  La  pre- 
mière réunion  eut  lieu  à  Lucerne,  le  27  juin  1808. 
On  n'y  comptait  que  quatre-vingt-huit  artistes; 
mais  tous  étaient  de  bons  musiciens,  et  l'effet  de 
la  musique  répondit  aux  soins  qu'Auberlen  avait 
pris  pour  l'organiser.  La  seconde  fêle  fut  indi- 
quée pour  l'année  suivante  à  Zurich  ,  et  la  troi- 
sième à  Schaffouse.  Depuis  lors  l'association 
des  musiciens  de  la  S.uisse  a  été  dans  une  pros- 
périté toujours  croissante.  Pour  lui   donner  de 


la  consistance,  Auberlen  fonda,  en  1816,  une 
école  de  chant  choral,  qui  a  pris  ensuite  une 
grande  extension,  et  écrivit  pour  cette  institu- 
tion une  méthode  et  des  mélodies  à  quatre  voix, 
ainsi  que  des  odes  et  chants  sacrés  de  Gellert, 
trois  cahiers  de  chants  solennels ,  et  plusieurs 
autres  recueils  de  chants  à  plusieurs  voix,  qui 
ont  été  tous  imprimés  à  Schaffouse ,  en  1816  et 
1817.  Déjà,  en  1809,  il  avait  établi  un  théâtre 
d'amateursoù  ses  élèves  jouaient  de  petits  opéras: 
c'est  pour  ce  théâtre  qu'il  écrivit  ie  Jour  de  nais- 
sance d'une  7uère. 

Enfin  le  moment  du  repos  vint  pour  Auber- 
len :  le  6  juin  1817  i]  fut  nommé  directeur  de 
musique  et  organiste  de  la  cathédrale  d'Ulm, 
place  honorable  et  avantageuse  qu'il  occupait  en- 
core en  1824,  époque  où  il  écrivit  les  Mémoires 
de  sa  vie  dont  il  a  été  parlé  précédemment. 

Outre  les  ouvrages  qui  ont  été  cités,  on  connaît 
aussi  de  sa  composition  :  1°  Vingt-quatre  chan- 
sons allemandes  avec  accompagnement  de  piano, 
Heilbronn ,  1799.  —  2"  Sechs  moderne  ka- 
racteristische  Walzerfûr  Clavier  (six  valses 
pour  le  clavecin  dans  le  style  moderne),  V",  2^ 
et  2,"  recueils,  œuvre  7,  Augsbourg,  1799.  — 3" 
Vingt-quatre  allemandes  et  contredanses  pour 
le  clavecin,  î6id.,  1800.—  ii"  Euterpens  Opfer 
am  Alfar  der  Grasien  (Offrandes d'Euterpe sur 
l'autel  d<;s  Grâces),  l'^  suite,  1801.  —  5"  Douze  al- 
lemandes pour  piano-forté,  op.  8,Leipsick.  — 6° 
Versuch  elner  kurzen  leichtfasslic/ien  Anlei- 
tung  zîim  vierstimmigen  Choralgesang,  etc. 
(Essai  d'une  introduction  courte  et  facile  au  chant 
choral  à  quatre  voix,  etc).  Schaffouse,  Alexis  Ruk, 
in-8°de  63  pages. —  7°  Quarante  Mélodies  chora- 
les à  voix  d'hommes.  Munich,  Tidleer,  1834.  — 
8°  Cinquante  chants  à  deux,  trois  et  quatre  voix, 
à  l'usage  des  écoles,  en  chiffres.  Esslingen,  Daun- 
cheimer.  —  9°.  Chants  allemands  à  l'usage  des 
étudiants.  Ratisbonne,  Reitmayer. Auberlen  avait 
annoncé,  en  1786,  la  publication  d'uu  journal  de 
musique  sous  le  titre  de  Porte-Feuille  musical  : 
il  devait  renfermer  des  pièces  de  chant,  de  cla- 
vecin ,  des  notices  biographiques,  des  anecdotes 
et  des  annonces  :  mais  il  n'en  a  rien  paru.        , 

AUBERT  (Jacques),  surnommé  le  Vieux, 
violoniste  de  la  chambre  du  roi;  de  l'Opéra  et  du 
Concert  spirituel ,  entra  à  l'Académie  royale  de 
musique,  1727,  et  fut  nommé  chef  des  pre- 
miers violons  en  1748,  et  vers  le  même  temps 
surintendant  de  la  musique  du  duc  de  Bourbon. 
Au  mois  de  mai  1752,  il  se  retira  de  l'Opéra, 
et  il  mourut  à  Belleville  près  de  Paris,  le  19 
mai  1753,  et  non  en  1748,  comme  le  dit  La 
Borde  {Essai  sur  la  Musique),  ni  en  1 758,  comme 
raflirment  les  anlfuvs  du  Dictionnaire  des  Mu- 


160 


ATJBERT  —  AUBÉRY  DU  BOULLEY 


siciens  (Paris,  1810).  Aubert  a  écrit  pour  l'O- 
péra la  musique  des  ouvrages  suivants  :  1°  La 
Paix  triomphante,  1713,  ballet  non  repré- 
senté. —  2°  Diane,  divertissement,  en  1721,  en 
société  avec  Bourgeois.  — 3°  Le  Ballet  de  vitigt- 
quatre  heures,  1722.  —  4°  La  Reine  des  Péris 
paroles  de  Fuselier,  1725. — 5°  La  Fête  champêtre 
et  guerrière,  1746.  11  reçut  360  livres  pour  prix 
de  la  musique  de  cet  ouvrage.  On  a  aussi  d'Au- 
bert  Le  Ballet  de  Chantilly,  cantate  in-4° 
obi.,  Paris,  1728,  et  trois  livres  de  sonates  pour 
le  violon,  gravées  à  l*aris  ;  sans  date. 

AUBERT  (Louis),  fils  aîné  du  précédent , 
né  le  15  mai  1720,  entra  comme  violoniste  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra,  en  1731,  à  l'âge  de  onze  ans, 
et  quelques  années  après  au  Concert  spirituel.  Au 
mois  de  septembre  1755,  il  obtint  la  place  de 
chef  des  premiers  violons  de  l'Opéra,  place  qu'a- 
vait occupée  son  père.  C'est  en  cette  qualité  qu'il 
était  suppléant  de  Chéron  pour  battre  la  mesure; 
il  conserva  cet  emploi  jusqu'en  1771,  époque  de 
sa  retraite.  Il  vivait  encore  en  1798,  et  jouissait 
d'une  pension  de  1,000  fr.  sur  la  caisse  de  l'O- 
péra. Aubert  a  publié  six  livres  de  solos  pour  le 
violon,  six  livres  de  duos,  deux  concertos ,  et 
quelques  autres  ouvrages,  tous  gravés  à  Paris, 
sans  date.  Il  a  écrit  pour  l'Opéra  :  1°  la  mu- 
sique d'un  pas  de  deux  dans  l'acte  de  VEspa- 
(jne,  de  V Europe  galante,  à  la  reprise  de  1755. 
Ce  morceau  a  été  inséré  dans  un  livre  de  sym- 
phonies à  quatre  parties  dédié  à  la  marquise  de 
Villeroy  et  publié  en  1756. — 2°  la  musique  d'un 
pas  de  six,  ajouté  au  dernier  acte  de  Roland,  en 
1755. —  3°  unechaconnedans4toonHe,en  1756. 

AUBERT  (L'Abbé  Jean-Louis),  frère  du  pré- 
cédent, né  à  Paris,  le  15  février  1731,  rnorl 
dans  la  même  ville,  le  10  novembre  1814,  s'est 
fait  connaître  par  quelques  ouvrages  de  littéra- 
ture au  nombre  desquels  se  trouve  une  Réfuta- 
lion  suivie  et  détaillée  des  principes  de  M,  Rous- 
seau de  Genève,  touchant  la  musique  fran- 
çaise, adressée  à  lui-même,  en  réponse  à 
sa  lettre;  Paris,  1754,  in-8°. 

AUBERT  (**''),  plus  connu  sous  le  nom 
i\\Auberti,  était  violoncelliste  à  la  Comédie  ita- 
lienne, et  mîurut  à  Paris,  en  1805.  11  a  publié-: 
1°  Six  solos  pour  violoncelle,  op.  ;  1.  —  Paris  2° 
Sit  duos  pour  le  môme  instrument,  op.  2,  ibid. 

AUBERT  (Pierue-François-Olivier),  né  à 
A'miens,  en  1763  ,  apprit  à  la  maîtrise  de  cette 
ville  les  premiers  éléments  de  la  musique,  et 
parvint, par  son  travail  et  sans  le  secours  d'au- 
cun maître,  à  jouer  fort  bien  du  violoncelle.  Étant 
venu  à  Paris ,  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra- 
Comique,  où  il  est  resté  pendant  vingt-cinq  ans. 
il  a  publié  deux  métiiodes  de  violoncelle,  et  il 


fut  le  premier  en  France  qui  fit  succéder  un  bon 
livre  élémentaire  pour  cet  instrument  aux  ou- 
vrages insuffisants  de  Cupis  et  de  ïillière.  11  a  de 
plus  composé  :  1°  Trois  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  1;  Zurich,  1796.  —  2°  Trois 
idem,  op.  2.  —  3°  Trois  duos  pour  deux  violon- 
celles, op.  3.  —  4°  Trois  idem,  op.  5.  —  5''  Trois 
idem,  op.  6 .  —  6°  Trois  idem  ,  op.  7.  —  7" 
Études  pour  le  violoncelle,  suivies  de  trois  duos 
et  de  trois  sonates,  op.  8.  —  8°  Huit  livres  de 
sonates  pour  le  même  instrument.  Olivier  Au- 
bert a  publié  une  brochure  de  44  pages  in-12, 
sous  ce  titre  :  Histoire  abrégée  de  la  mu- 
sique ancienne  et  moderne,  ou  Réflexions 
sur  ce  qu'il  y  a  de  plus  probable  dans  les 
écrits  qui  ont  traité  ce  sujet,  Paris,  1827.  Dans 
l'introduction  de  ce  petit  ouvrage,  l'auteur  dit 
qu'il  n'a  pu  se  décider  à  garder  en  portefeuille  ce 
fruit  de  vint-cinq  années  de  recherches  et  de 
réflexions!  C'est  beaucoup  de  temps  employé 
pour  peu  de  chose. 

AUBERY  (F.  Félix),  amateur  de  musique 
à  Paris,  s'est  fait  connaître  par  un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Éléments  de  la  Tfiéorie  musicale, 
ou  Méthode  propre  à  en  abréger  l'étude.  Se- 
conde édition.  Paris,  Gibus,  1835,  in-4°. 

AUBÉRY  DU  BOULLEY  (Prudent- 
Louis  ) ,  né  à  Verneuil  (  département  de  l'Eure  ) , 
le  9  décembre  1796  ,  eut  pour  premier  maître  de 
musique  son  pire,  qui  était  bon  musicien.  A 
l'âge  de  cinq  ans  il  était  déjà  assez  instruit  pour 
lire  toute  espèce  de  musique  à  livre  ouvert;  à 
dix  ans  il  était  assez  habile  sur  la  flûte  et  sur  le 
cor  pour  jouer  sur  ces  instruments  des  concer- 
tos difficiles.  Après  avoir  reçu  quelques  leçons 
d'harmonie,  il  écrivit,  à  l'âge  de  onze  ans,  des 
marches  et  des  pas  redoublés  qui  furent  exécutés 
par  la  musique  de  la  ville.  En  1808  M.  Aubéry  du 
Boulley  fut  envoyé  à  Paris  pour  y  continuer  ses 
études  musicales.  Il  eut  d'abord  pour  professeur 
de  composition  Momigny  ;  ensuite  Méhul  et  enfin 
Cherubini  perfectionnèrent  ses  connaissances. 
Le  Conservatoire  de  musique  ayant  été  fermé  en 
1815,  M.  Aubéry  du  RouUey  retourna  à  Verneuil 
où  il  se  maria.  Rempli  du  plus  vif  enthousiasme 
pour  la  musique ,  il  saisissait  alors  toutes  les  oc- 
casions de  coopéier  aux  concerts  qui  étaient 
donnés  par  les  artistes  et  les  amateurs  dans  les  vil- 
les qui  environnent  Verneuil,  telles  qu'Évreux, 
Vernon,  Dreux,  etc.  Jusqu'en  1820,  la  musique 
n'avait  été  qu'un  plaisir  pour  lui  ;  mais  à  cette 
époque,  il  en  fit  sa  profession.  Malgré  la  multipli- 
cité de  ses  occupations,  il  trouvait  le  temps  d'é- 
crire ;  c'est  ainsi  qu'il  fit,  en  1824,  la  musique  d'un 
opéra  intitulé:  Les  Amants  querelleurs,  quj 
fut  reçu  à  l'Opéra-Comique  ,  mais  dont  l'auteyr 


AUBÉRY  DU  BOULLEY  —  AUBIGNY 


167 


des  paroles  relira  le  livret  pour  l'arranger  en 
vaudeville ,  qui  fut  joué  sans  succès  an  gymnase. 
M.  Aubéry  du  Boulley  écrivit  aussi  dans  le 
même  temps  beaucoup  de  musique  instrumentale 
qui  parut  chez  différents  éditeurs  de  Paris. 

Une  maladie  de  poitrine  dont  les  symptômes 
étaient  graves  obligèrent  M.  Aubéry  du  Boulley 
à  renoncer  à  l'enseignement  de  la  musique,  en 
1827,  à  se  retirer  à  la  campagne  (  à  Grosbois 
près  de  Verneuil)  et  à  s'y  livrer  à  l'agriculture. 
La  nouvelle  direction  qu'il  venait  de  donner  à  sa 
vieneluifitcependant  point  oublier  la  musique.  Il 
consacra  ses  loisirs  à  la  rédaction  dHine  métliode 
d'enseignement  qu'il  publia  en  1830,  sous  le  ti- 
tre de  Grammaire  musicale.  L'organisation 
de  la  garde  rwtionale,  dans  toute  la  France, lui 
fournit  à  cette  époque  l'occasion  de  formera  Ver- 
neuil un  corps  de  musique  militaire  de  quarante 
musiciens  et  de  ranimer  le  goût  de  la  popula- 
tion pour  l'art  musical.  L'heureux  essai  qu'il 
avait  fait  en  cette  circonstance  de  sa  méthode 
d'enseignement  lui  suggéra  l'espoir  d'en  faire  une 
application  utile  jusque  dans  les  moindres  villa- 
ges, et  le  hameau  qu'il  habite  fut  le  premier  où 
il  en  fit  l'essai.  Sa  persévérance  a  été  couronnée 
par  le  succès  ;  des  corps  de  musique  de  cuivre  ou 
d'harmonie  ont  été  successivement  organisés  à 
Breteuil,  Couches,  Nonancourt,  Damville,  dans  les 
bourgs  de  Brezolies  et  de  Ti  llères-su  r-Eure,  et  en  lin 
dans  le  petit  village  de  Grosbois,  où  il  y  a  main- 
tenant une  excellente  musique  composée  de  deux 
bugles,  dix  clairons,  quatre  trombones,  un 
buccin ,  nn  ophicléide  alto ,  deux  ophicléides 
basses  et  trois  caisses  à  timbre  ;  de  simples  pay- 
sans sont  devenus  des  artistes.  C'est  un  service 
réel  rendu  à  l'art  et  aux  populations  que  cette 
propagation  du  goût  de  la  musique  et  des  con- 
naissances qui  y  sont  relatives. 

Les  œuvres  musicales  de  M.  Aubéry  du  Boulley 
se  composent  de  sonates  pour  piano  ,  marches 
et  pas  redoublés  pour  le  même  instrument,  oeu- 
vres 1,  4,  6  et  8,  Paris,  M™*  Joly;  de  six 
quatuors  pour  piano,  violon,  flûte  et  guitare, 
œuvres  56,  66,  72,  74,  80  et  82,  Paris,  Ri- 
chault;  de  sept  duos  pour  piano  et  guitare, 
œuvres  31,  38,  4G,  52,  67,  78  et  81,  ibid.;de 
trois  trios  pour  piano ,  contralto  et  guitare , 
œuvres  32,  54  et  83,  ibid.  ;  d'un  quintetto 
pour  flûle,  piano,  violon,  alto  et  guitare,  œuvre 
76 ,  ibid.  ;  d'un  septuor  pour  violon ,  alto,  basse, 
flûte,  cor,  clarinette  et  guitare,  œuvre  C9,  ibid.; 
d'une  grande  sérénade  pour  deux  violons, 
alto,  basse,  flûte,  deux  clarinettes ,  deux  cors  et 
basson  ,  œuvre  48 ,  ibid.  ;  d'une  collection  de 
pièces  d'harmonie  contenant  soixante  mor- 
ceaux, publiée  en  dix  livraisons  formant  les  œu- 


vres 45,  47,49,  51,  53,  55,  57,  59,  61  et  63, 
ibid.;  d'un  recueil  d'harmonie  composée  pour 
être  exécutée  aux  messes  militaires,  œuvre 
68 ,  ibid.  ;  de  cinq  cahiers  de  contredanses 
pour  piano  et  guitare,  ibid.;  de  trois  recueils 
de  contredanses  en  sons  harmoniques  pour  gui- 
tare seule,  ibid.  ;  de  plusieurs  œuvres  pour 
guitare  seule,  deux  guitares,  guitare  et  flûte 
ou  violon,  ibid.  ;  de  l'opéra  des  Amants  que- 
relleurs arrangé  en  quatuor  pour  flûte ,  violon , 
alto  et  basse,  et  de  l'ouverture  du  même  opéra 
à  grand  orchestre,  œuvres  44  et  58,  ibid.;  de 
beaucoup  de  romances  avec  accompagnement 
de  piano  ou  de  guitare,  Paris  ,  Mme  joly,  Meis- 
sonnier,  Janet  et  Richault;  d'une  méthode  com- 
plète et  simplifiée  pour  la  guitare,  œuvre  42, 
Paris,  Richault;  enfin  d'une  Grammaire  mu- 
sicale, 1  vol.  in-S" ,  imprimée  avec  les  ca- 
ractères de  musique  de  Duverger,  Paris ,  Ri- 
chault. On  peut  voir  l'analyse  de  cet  ouvrage 
dans  la  9™^  vol.  de  la  Revue  musicale.  M.  Au- 
béry du  Boulley  a  aussi  publié  une  brochure 
qui  a  pour  titre  :  Des  Associations  musicales  en 
France ,  et  de  la  Société  philharmonique  rlr-. 
l'Eure,  de  l'Orne  et  d^ Eure-et-Loir, fondée, 
par  P.-L.  Aubéry  du  Boulley,  Versailles,  1839, 
in-8°de  8  pages. 

AUBIG!\  Y  (D'Engelbrenner  d').  Deux  sœurs 
de  ce  nom,  filles  d'un  major  au  service  du  prince 
de  Kesse-Cassel  ,  se  sont  fait  remarquer  par 
leur  talent  de  cantatrices ,  à  Coblence ,  en 
1790.  Elles  avaient  été  dirigées  dans  leurs  études 
par  Sales ,  maître  de  chapelle  de  l'électeur  de 
Trêves.  L'aînée  possédait  une  belle  voix  de  so- 
prano ;  la  plus  jeune  (Nina)  avait  une  voix  de 
contralto  fortement  timbrée.  Les  deux  sœurs  exé- 
cutèrent en  1790,  dans  des  concerts  publics,  le  Sta- 
bat  Mater  de  Rodewald,  et  s'y  firent  vivement 
applaudir.  En  1792  elles  étaient  à  Cassel  et  y 
faisaient  l'ornement  du  concert  d'amateurs.  A 
cette  époque,  l'aînée  épousa  M.  Horslig,  membre 
du  consistoire  de  Biickebourg;  Nina  suivit  sa 
sœur  dans  ce  lieu ,  et  acheva  de  perfectionner 
son  talent  dans  la  solitude.  Elle  y  vivait  heu- 
reuse lorsqu'elle  fit ,  en  1803,  la  connaissance 
d'une  dame  qui  se  faisait  passer  pour  une  com- 
tesse anglaise,  et  qui  lui  offrit  de  l'emmener  à 
Londres ,  et  de  se  charger  des  frais  du  voyage 
et  de  son  entrelien.  Nina  d'Aubigny  se  laissa  sé- 
duire et  partit  avec  elle.  Mais  à  peine  furent-elles 
arrivées  à  leur  deslination,que  la  préfendue  com- 
tesse avoua  qu'elle  n'avait  aucun  droit  à  porter 
ce  titre,  et  qu'elle  était  hors  d'état  d'offrir  au- 
cuns secours  à  sa  compagne.  Cette  déclaration 
était  un  coup  de  foudre  pour  la  jeune  cantatrice, 
qui  se  trouvait  sans  ressource  dans  uu  pays 


168 


AUBIGNY  —  AUDIFFRET 


ôlranger.  Toiilefois,  ses  talents  vinrent  la  liter 
d'embarras.  Elle  donna    des  leçons    de  chant , 
et   finit  par  s'attacher  à  une  famille  riche,  en 
qualité  d'institutrice.  Le  chef  de  cette  famille 
était  un  des  principaux  agents  de  la  Compagnie 
des  Indes;   ses  affaires  l'ohligèrenl  à  aller  s'é- 
tablir à  Bombay,  et  Nina  d'Aubigny  l'y  accom- 
pagna. On  ignore  ce  qu'elle  est  devenue  depuis 
lors.  On  a  sous  le  nom  de  cette  artiste  :  1°  Airs 
allemands,  italiens  et  français,  Augsbourg,  1797. 
—  T  Veber  das  Leben  und  den  Character  des 
Pompeo  Sales  (Sur  la  vie  et  le  caractère  de 
Pompeo  Sales) ,  dans  la  l"'"  année  de  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick,  pag.  377-384.  —  3"  Ueber 
die  Anfmerksamkeit ,  die  Jeder  dem  Saenger 
schuldig  ist  (Sur  l'attention  qu'on  doit  au  chan- 
teur ),  dans  la  môme  Gazette  musicale,  3^6  année, 
pag.  752.  —  4°  Mein  Lieblingswort,  Piano  (Mon 
mot  favori ,  Piano),  ihid.,  pag.  800.  —  5°  Bricf 
an  Natalia  iiber  den  Gesang,  als  Befœrderung 
der  hxitsUchcn  Glûcfiseligkeit  des  geselligen 
Vcrgnûgens.    Ein    Handbiich  fiir    Freunde 
des  Gesanges  die  sich  selbst,  oder  fûrMiit- 
ter  und  Erziehcrinnen,  die  ihreZœglinge  fiir 
die  Kunst  bilden  wollen  (  Lettres  à    Nafalie 
siu-  le  chant ,  considéré  comme  véhicule  du  bon- 
heur domestique  ,  etc.  ),  Leipsick ,  Voss ,   1803, 
gr.  in-8°  avec  5  planches  de  musique.  Ces  let- 
tres, écrites  d'im  style  fort   agréable,  sont  au 
nombre  de  31  ;  elles  contiennent  d'excellentes  ob- 
servations. On  en  a  publié  une  seconde  édition 
améliorée  à  Leipsick',  en  1824,  gr.  in-8°. 

AUBIIVS  DE  SEZAKNE,  poète  et  musi- 
cien français  ,  vivait  vers  1260.  On  trouve  deux 
chansons  notées  de  sa  composition  dans  deux 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris, 
n°s  65  et  66 ,  fonds  de  Cangé. 

ACDEBERT  (Pierre)  ,  chantre  à  dédiant 
(  contrapuntiste  )  de  la  chapelle  de  Jean  d'Or- 
léans ,  depuis  1455  jusqu'en  1467  ,  aux  appoin- 
tements de  24  liv.  tournois  (  140  francs  88  cen- 
times ) ,  suivant  un  compte  de  la  maison  de  ce 
prince  (Manuscrit  de  la  Bibl.  du  Roi,  F.  540, 
suppl.) 

AUDEFROI  LE  BATARD,  trouvère  ar- 
tésien du  treizième  siècle,  dont  on  trouve  une 
chanson  notée  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothè- 
que impériale,  à  Paris,  n"  C6,  fonds  de  Cangé,  et 
seize  romances  dans  un  autre  manuscrit,  coté  7222. 
AUDlBEBT(....),maîtredemusiquede  l'A- 
cadémie du  Roi,  à  Lyon,  naquit  à  Aix  en  Pro- 
vence, au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
11  apprit  les  éléments  de  la  musique  comme  enfant 
de  chœur  au  chapitre  de  Saint-Sauveur  de  sa  ville 
natale,  et  fut, dans  cette  école, le  condisciple  de 
l'abbé  Blanchard.  Son  éducation  finie,  il  alla  s'éta- 


blir à  Toulon  ,  où  il  fut  pensionné  du  Concert.  Il 
parait  qu'il  ne  quitta  cette  ville  que  pour  prendre 
possession  de  sa  place  de  maître  de  musique  d» 
l'Académie.Dans  une  lettre  qu'il  écrivit  au  ministre 
d'Argenson,  en  1746,  on  voit  qu'il  avait  sept  en- 
fants, que  l'aîné  de  ses  fils  ,  âgé  de  div-sept  ans  , 
était  musicien,  et  que  lui-même  faisaitsubsister  sa 
famille  au  moyen  des  leçons  qu'il  donnait.  Dan.s 
un  mémoire,  dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure , 
et  qui  est  joint  à  la  lettre  déjà  citée,  il  dit  aussi 
qu'il  est  connu  par  différents  ouvrages  en  plu- 
sieurs genres  giûil  a  donnés  au  public  dans 
les  provinces.  Cee  ouvrages  sont  depuis  long- 
temps tombés  dans  l'oubli ,  et  le  nom  d'Audi- 
bert  serait  aujourd'hui  parfaitement  inconnu,  si 
les  recherches  de  l'auteur  de  ce  Dictionnaire  ne 
lui  avaient  fait  découvrir  un  fait  qui  recommande 
ce  musicien  à  l'attention  des  historiens  de  l'art 
musical. 

Dans  un  recueil  manuscrit  qui  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris,  parmi  les  livres 
imprimés,  sous  le  numéro  V,  1840,  sont  contenus: 
une  lettre  écrite  par  Audibert  au  ministre  des  af- 
faires étrangères,  au  mois  de  février  1746,  et 
un  mémoire  sur  un  chiffre  musical  de  son  inven- 
tion pour  l'usage  de  la  diplomatie.  Selon  lui ,  ce 
chiffre,  dont  il  donne  un  exemple  dans  un  mor- 
ceau de  quinze  portées,  devait  être  à  l'abri  de 
toute  explication  par  ceux  qui  n'en  posséderaient 
pas  le  secret;  néanmoins  son  exemple  ayant 
été  soumis  à  l'analyse  dans  les  bureaux  des 
affaires  étrangères,  fut  déchiffré  avec  facilité,  et 
les  éléments  de  son  chiffre  furent  dégagés  mé- 
thodiquement par  l'employé  chargé  de  ce  travail. 
Sans  lui  avouer  que  son  secret  n'en  était  plus  un, 
le  ministre  lui  répondit  qu'il  possédait  déjà  plu- 
sieurs chiffres  du  môme  genre,  que  ces  chiffres 
ne  pouvaient  être  considérés  que  comme  des 
choses  curieuses,  et  qu'on  n'en  pouvait  faire 
usage  dans  les  expéditions  habituelles.  Dans  le 
fait,  le  grand  inconvénient  de  l'invention  d'Au- 
di bert  consistait  en  ce  que  chaque  signe  ne  re- 
présentait qu'une  lettre  de  l'alphabet,  ce  qui 
rendait  l'opération  de  la  traduction  fort  longue. 
L'analyse  de  ce  chiffre  musical  a  été  donnée 
dans  le  26"  numéro  de  la  cinquième  année  de 
la  Revue  musicale. 

AUDIFFRET  (Pierre- H yacinhte  -"Jac- 
ques-Jeak-Baptiste),  pé  à  Avignon,  le  7  no- 
vembre 1773,  fit  ses  études  chez  les  doctrinaires 
de  cette  ville  et  dans  la  maison  du  môme  ordre, 
à  Marseille.  Dès  son  enfance  il  avait  appris  la 
musique.  Il  môla  la  culture  de  cet  art  à  ses  tra- 
vaux littéraires  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Atteint 
par  la  réquisition,  en  1792,  il  fit,  comme  musi- 
cien de  régiment,  les  campagnes  de  1794  et  1795 


AUDIFFRET  —  AUFSCHNAITER 


IC9 


en  Belgique  et  en  Hollande.  De  retour  h  Paris  à 
la  tin  de  l7t)7,  il  entra  dans  les  bureaux  de  son 
père,  agent  de  change  à  la  bourse  de  cette  ville; 
mais  son  aversion  pour  les  affaires  financières 
le  décida  à  les  abandonner  en  1802.  Des  intérêts 
de  famille  l'ayant  conduit  en  Bretagne,  il  se  ma- 
ria a  Nantes,  et  y  obtint  la  place  de  directeur  du 
dépôt  de  mendicité.  Démissionné  en  1816,  il  re- 
vint à  Paris,  et  y  eut,  en  1820,  un  emploi  au  dépar- 
tement des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale. 
Audilîret  est  mort  à  Montmartre  ,  près  Paris ,  le 
l*^""  juillet  1841,  à  l'âge  de  soixante-dix-hnit  ans. 
Laborieux  écrivain,  il  a  fourni  à  la  Biographie 
universelle  des  frères  Micbaud  un  grand  nom- 
bre d'articles  relatifs  à  l'histoire  de  l'Orient,  et 
à  la  dernière  édition  de  VArt  de  vérifier  les  dates, 
la  Chronologie  historique  des  Maures  d'Es- 
pagne. On  lui  doit  aussi  beaucoup  d'autres  ou- 
vrages historiques  et  littéraires  qui  l'ont  fait 
admettre  dans  la  Société  asiatique  de  Paris  et 
dans  plusieurs  académies;  mais  il  n'est  cité  ici 
que  pour  la  partie  de  ses  travaux  qui  est  relative 
à  l'histoire  de  la  musique.  Il  fut  le  collaborateur 
de  Raguenaud  (  Voy.  ce  nom  )  pour  les  années 
1819-1831  de  VAlmanach  des  Spectacles  (Paris, 
Barba,  13  vol.  in-18  ),  et  y  a  fourni  toutes  les 
notices  biographiques  des  compositeurs  et  chan- 
teurs des  divers  théâtres.  11  a  été  aussi  un  des 
coopérateurs  de  la  Biographie  universelle  et 
portative  des  Contemporains,  dirigée  par  Rabe 
(  Paris,  1S2C-1834,  5  vol.  in-8°),  et  y  a  fourni 
un  grand  nombre  de  notices  du  même  genre 
parmi  lesquelles  on  remarque  celles  de  Grétry 
Méhul,  Piccinni ,  ainsi  qu'au  Supplément  de  la 
Biographie  universelle  de  Micbaud.  On  a  aussi 
de  sa  composition  :  6  Romances ,  avec  accom 
pagnement  de  piano  ;  Paris,  Leduc,  1801. 

AUDIXOÏ  (  Nicolas  ]MÉD.\RD  ),  acteur  de  la 
Comédie  italienne,  né  à  Nancy,  vers  1730,  est 
mort  à  Paris,  le  21  mai  1801.  Le  3  janvier  1764, 
il  débuta  dans  les  rôles  de  basse-taille,  qu'on  ap- 
pelle, dans  le  langage  des  coulisses,  rôles  à  ta- 
blier. Ce  fut  lui  qui  joua  d'origine  le  Maréchal 
ferrant,  de  Philidor.  Quelques  dégoûts  qu'il 
éprouva  de  la  part  de  ses  camarades,  l'obligèrent 
à  se  retirer,  eu  1767.  11  se  rendit  alors  à  Ver- 
.sailles,pour  prendre  la  direction  du  théâtre  de 
cette  ville;  mais  il  ne  la  garda  que  deux  ans,  et 
revint  à  Paris  en  1769.  Depuis  sa  retraite,  il  dé- 
sirait se  venger  de  la  Comédie  italienne.  Pour 
satisfaire  ce  désir,  il  loua  une  loge  à  la  foire 
Saint-Germain ,  et  y  plaça  des  marionnettes  ou 
comédiens  de  bois  qui  imitaient  la  tournure  et  le 
jeu  de  ses  anciens  camarades.  La  nouveauté  de 
ce  spectacle  et  la  ressemblance  des  personnages 
piquèrent  la  curiosité  publique;  les  marionnettes 


attirèrent  la  foule.  Le  succès  enhardit  Audinot 
qui  fit  bâtir  sur  le  boulevard  du  temple  le  Théâ- 
trede  l'Ambigu-Comique, dontW  fit  l'ouverture 
au  mois  de  juillet  17C9,et  qui  changea  .ses  ma- 
rionnettes contre  des  enfants.  11  mit  sur  le  rideau 
cette  inscription  :  Sicut  infantes  audi  nos.  Le 
succès  de  ce  nouveau  spectacle  fut  tel,qu'Audi- 
not  se  vit  obligé  d'agrandir  sa  salle  en  1772.  Ce 
fut  alors  qu'on  commença  à  y  représenter  de 
grandes  pantomimes,  qui  ont  lait  la  fortune  de 
l'entrepreneur. 

Audinot  a  composé  les  paroles  et  la  musique 
du  Tonnelier,  opéra-comique  qui  fut  représenté 
au  Théâtre-Italien,  le  28  septembre  1761,  et  qui 
n'obtint  point  de  succès.  Quêtant  y  ayant  fait 
des  changements,  et  Gossec  ayant  corrigé  quel- 
ques défectuosités  de  la  musique,  l'ouvrage  fut 
remis  au  théâtre,  le  16  mars  1765,  et  fut  dès 
lors  vivement  applaudi.  Audinot  fut  aussi  l'au- 
teur du  programme  et  de  la  musique  d'une  pan- 
tomime qui  fut  jouée  avec  succès  à  son  théâtre, 
en  1782,  sous  le  titre  de  Dorothée. 

AUFFM  AN  (  Joseph  -  Antoine  -  Xavier  ) , 
maître  de  chapelle  h  Kempten,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  .siècle,  a  publié  trois  concertos  pour 
l'orgue,  sous  ce  titre  :  Triplus  Concentus  har- 
7no?2iCM5,  Augsbourg ,  1754,  in-fol.  E.  L.  Ger- 
ber,  et  d'après  lui  les  auteurs  du  Dictionnaire 
historique  des  Musiciens  (Paris,  ISIO)  sont 
tombés  dans  une  erreur  singulière  sur  ce  musi- 
cien :  ils  en  ont  fait  un  maître  de  chapelle  du 
prince  Campidon ,  parce  qu'on  lit  au  titre  de 
son  ouvrage  :  Pr.  Campidon.  Music.  Chor. 
Procf.  Campidona  est  le  nom  latin  de  Kempten. 

AUFSCHNAITER  (  Benoit  -  Antoine  ), 
maître  de  chapelle  à  Passaw ,  vers  la  fin  du  dix- 
septième  siècle  et  au  commencement  du  dix- 
huitième,  a  publié  :  1°  Concors  discordia, 
imprimé  à  Nuremberg,  en  1695,  consistant  en 
six  ouvertures.  2°  Dulcis  fidium  harmonica, 
consistant  en  sonates  d'église  à  huit,  1699,  in- 
folio. 3°  Vesperse  solemnissimx ,  quatuor  vo- 
cibiis  concertantibus,  duobus  violinis  et  dua- 
bus  violis  necessariis,  quatuor  ripien.  pro 
pleno  choro,  violone  cum  duplici  basso  con- 
tinua, duobus  clarinis  concert. ,  op.  5,  Augs- 
bourg,  1709,  in-folio.  4°  Alaiidse  quinque, 
contenant  cinq  messes  solennelles,  op.  6,  Augs- 
bourg,  1711,  in-folio.  5°  Diiodena  offertoria 
de  venerabili  sacramento ,  etc.,  quatuor  vo- 
cibus ,  duobus  violinis,  duabus  violis,  cum 
duplici  basso  et  duobus  trombonis,  op.  7, 
Passaw,  1719.  &"  Cymbaliim  Davidis  vesper- 
tinum,  seu  vespera  pro  festivltatibus ,  etc., 
quatuor  vocibns,  quatuor  violinis  ,  duabus 
violis,  cum  duplici  basso,  duobus  haulb.  in 


170  AUFSCHNAIÏE 

tono  galHco,etdtiof)us  clarinis,  op.  8,  Passavv, 
1729,  in-folio. 

AUGER  (Paul  ),  surintendant  de  la  musique 
de  la  chambre  du  roi,  et  maître  des  concerts  de 
la  reine,  remplissait  ces  fonctions  avant  1629,  et 
en  était  encore  en  possession  à  l'époque  de  sa 
mort,  le  24  mars  )  660.  Cambefort,  surintendant 
et  maître  ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  épousa 
sa  fille.  Anger  a  composé  pour  la  cour  la  mu- 
sique du  Petit  et  Grand  Ballet  de  la  Douai- 
rière de  Bïllebahault ,  en  1626,  et  celle  d'un 
autre  ballet  intitulé  :  Le  Sérieux  et  le  Grotes- 
que, en  1627. 

AUGESKY  (Joseph),  dominicain  bohème, 
naquit  à  Iglau ,  le  26  novembre  1745,  fit  ses 
études  dans  cette  ville ,  entra  dans  son  ordre  à 
l'âge  de  seize  ans,  et  prononça  ses  vœux  le  27  août 
1763.  Il  fut  ensuite  envoyé  à  Pilsen,  comme  pro- 
fesseur de  latinité  au  collège  de  cette  ville  et 
comme  prédicateur.  Augesky  fut  un  des  harpistes 
les  plus  habiles  de  son  temps,  et  se  fit  remar- 
quer par  le  brillant  et  la  délicatesse  de  son  jeu. 
Il  a  composé  plusieurs  concertos  pour  la  iiarpe, 
qui  sont  restés  en  manuscrit.  En  1776,  il  fut  ap- 
pelé au  couvent  de  son  ordre ,  à  Prague  :  il 
paraît  y  avoir  terminé  ses  jours. 

AUGUSTE  (ÉMiLE-LÉopoLo),  duc  de 
Saxe-Gotha,  né  le  23  novembre  1772,  mort  le 
l7  mai  1822,  a  composé  quelques  chansons  avec 
les  mélodies,  lesquelles  ont  été  insérées  en  1806 
dans  la  Gazette  pour  le  monde  élégant  {Zeitung 
fur  die  eleg.  Well).  Il  en  a  inséré  deux  dans 
le  recueil  qu'il  a  fait  imprimer  sous  le  titre  de  : 
Kyllenion.  Ce  prince  a  fait  aussi  représenter 
sur  le  théâtre  de  sa  cour,  en  1808,  un  opéra  de 
sa  composition. 

AUGUSTI  (Jean -Chrétien -Guillaume)  , 
philologue  et  théologien  protestant,  né  à  Eschcn- 
berg  en  1772,  était  |)etit-fils  d'un  rabbin  qui  se 
convertit  au  christianisme  en  1722.  Après  avoir 
achevé  ses  éludes  à  l'université  d^léna,  il  y 
«nseigna  la  philosophie  et  les  langues  orientales. 
En  1812  il  fut  appelé  à  Breslau  en  qualité  de 
professeur  de  théologie ,  et  en  1819  il  passa  à 
l'université  de  Bonn  ,  pour  y  enseigner  la  même 
science.  Ayant  obtenu  en  1828  le  litre  de  con- 
seiller consistorial  à  Coblence,  il  alla  se  (ixer 
dans  celte  ville,  et  y  mourut  le  28  avril  1841.  On 
a  de  lui  quelques  ouvrages  estimés  sur  les  an- 
tiquités et  l'histoire  du  christianisme.  Il  n'est 
cité  ici  que  pour  deux  dissertations,  la  première 
intitulée  :  De  Hymnis  Syrorum,  Breslau,  1814, 
in-8o;  l'autre,  De  Hymnorum  sacrorum  usii, 
jbid.,  1817,  in-4o. 

AUGUSTIN  (Aurélien),  un  des  plus  grands 
liommes  entr*  les  docteurs  de  l'Église,  naquit  à 


R  —  AUGUSTIN 

Tagaste,  petite  ville  d'Afrique,  le  13  novembre 
354,  sous  le  règne  de  l'empereur  Constance. 
Ses  parents,  qui  désiraient  qu'il  fût  savant,  le 
firent  étudier  à  Madaure  et  à  Carthage.  Ses 
progrès  furent  rapides,  mais  sa  jeunesse  fut 
orageuse.  Après  avoir  professé  l'éloquence  à  Ta- 
gaste et  à  Cartilage,  il  se  rendit  à  Rome,  et  peu 
de  temps  après  à  Milan  ,  où  il  venait  d'être  ap- 
pelé comme  professeur.  Ce  fut  là  qu'il  entendit 
les  sermons  de  saint  Anibroise,'et  qu'il  se  con- 
vertit à  la  religion  chrétienne.  Il  ne  tarda  point 
à  quitter  toutes  ses  occupations  poursuivre  sans 
obstacle  la  carrière  religieuse  0*1  il  était  entré,  et 
il  retourna  en  Afrique,  où  il  fut  nommé  évêque 
d'Hipponc.  Il  se  trouva  à  plusieurs  conciles,  et 
combattit  avec  éclat  les  manichéens ,  les  dona- 
tistes ,  les  pélasgiens  et  toutes  les  autres  sectes 
qui  s'étaient  formées  dans  les  quatrième  et 
cinquième  siècles.  Il  mourut  à  Hippone,  le 
28  août  430,  pendant  que  cette  ville  était  assié- 
gée par  les  Vandales. 

Parmi  les  écrits  de  S.  Augustin ,  on  trouve  un 
traité  De  Musica,en  six  livres,  et  en  forme  de 
dialogue,  qui  a  été  imprimé  à  Bàle,  en    1521, 
in-4<',et  que  les  bénédictins  ont  inséré  dans  leur 
édition  de  ce  Père  de  l'église,  en  1 1  volumes   in- 
folio (  Paris,  1684  ).  On  le  trouve  aussi  dans  la 
première  édition  de  ses  œuvres,  Bàle,  1569,  in- 
folio. MM.  Gaume,  libraires  de  Paris ,  ont  pu- 
blié en  1835-1836,  une  belle  édition  des  œuvres 
de  saint  Augustin,  en  onze  volumes  in-S",  dans 
laquelle  on  trouve  son  traité  de  musique.  Cet 
ouvrage  en  a  été  extrait,  et  l'on  en  a  fait  un  ti- 
rage à  part,  en  un  volume  in- 12  de  268  pages, 
sous  ce  titre  :  S.  Aurelii  Augîcstini  Hipponen- 
sis  episcopi  de  Musica  libri  sex,  post  recensio- 
nem  monachorum  ordinis  sancti  Benedicti,e 
congregatione  S.  Mauri,  ad  Mss.  Bibliothecae 
regiœ  codices,  et  veteres  editiones  novis  nunc 
curisrecogniti  atqueemendati.  Parisiis,apud 
Gatime  fratres ,   1836.   Les  notes  qui  accom- 
pagnent cette  édition  sont  fort  bonnes.  Ce  serait 
en  vain  qu'on  chercherait  dans  cet  ouvrage  des 
renseignements  positifs  sur  la  musique  de   l'é- 
poque où  vivait  S.  Augustin;  ce  savant  homme  y 
traite  peu  dé  l'art  musical  en  lui-même.  Dans 
le  premier  livre  il  donne  une  définition  de  la 
musique,  et  s'attache  à  démontrer  que  les  notions 
que  nous  en  avons  nous  viennent  directement 
de  la  nature,  préalablement  à  toute  étude.  Les 
autres  livres  ont  plus  de  rapport  au  rhythme  et 
au  mètre   qu'à  la  musique  proprement  dite.  Au 
résumé,  le  traité  de  musique  de  S.  Augustin  est 
un  ouvrage  faible  et  peu  digne  de  son  auteur. 
Il  paraît  qu'il  n'en  avait  pas  lui-môme  une  opi- 
nion forl  avantageuse,  car  il  en  fait  une  crilique 


AUGUSTIN  —  AUMAl^fN 


171 


assez  sévère  dans  une  épltre  à  un  de  ses  amis , 
nommé  Memorius,  qui  lui  avait  demandé  ce 
traité  (August.  op.,  t.  2,  Epist.  101,  p.  487, 
édit.  1684  ).  Il  dit  qu'à  la  veillé  il  a  écrit  six  li- 
vres sur  la  partie  de  la  musique  qui  concerne  le 
temps  et  le  mouvement,  et  qu'il  se  proposait  d'en 
faire  encore  six  autres  sur  les  tons  et  les  modes, 
mais  que  Memorius  se  repentirait  de  son  empres- 
sement à  les  avoir  demandés,  tant  il  les  trouve- 
rait ennuyeux  et  difficiles  à  entendre.  Il  ajoute 
que  le  sixième  livre  est  en  quelque  sorte  le  ré- 
sumé des  cinq  autres,  qui  ne  valent  pas  la 
peine  qu'on  les  lise,  et  qui  n'avaient  point  plu 
même  à  son  cher  fils  Julien. 

M.  l'abbé  Angelo  Majo,  savant  bibliothécaire 
du  Vatican,  a  publié,  en  1S28,  dans  le  troisième 
volume  de  ses  Scriptorum  velerum  nova  Col- 
lecUo  e  Vatïcanis  codicibus  édita,  p.  116 
(troisième  partie),  un  abrégé  du  traité  de  mu- 
sique de  saint  Augustin,  fait  par  un  auteur  ano- 
njme,  sous  le  titre  de  Prcecepta  artis  Musicae 
collecta  ex  Libris  sex  Aurelii  Augustini  de 
Musica.  Cet  abrégé  est  divisé  en  vingt-un  cha- 
pitres ;  il  paraît  avoir  été  fait  dans  un  temps 
rapproché  de  celui  où  l'ouvrage  complet  a  ét« 
écrit ,  car  le  manuscrit  où  M.  Majo  l'a  découvert 
est  fort  ancien. 

AUGUSTIIV  (L.),  assesseur  à  Halberstadt 
et  amateur  de  musique,  fut  un  des  organisa- 
teurs de  la  sixième  fête  musicale  de  l'Eibe  ,  qui 
eut  lieu  à  Magdebourg  en  1834.  Il  a  rendu 
compte  de  cette  solennité  dans  un  écrit  qui  a 
pour  tilre  :  Die  Elb-Musikfeste  (La  Fête  musi- 
cale de  l'Elhe);  Halberstadt,  1834,  24  pages 
in-4o. 

AUGUSTONELLI  (  François  -  X.\vier  ) , 
premier  flûtiste  à  la  cour  du  prince  de  la  Tour- 
et-Taxis,  à  Ralisbonne,  naquit  à  Venise,  en  1741, 
et  mourut  en  1809.  On  vante  le  fini  de  son  jeu, 
et  surtout  le  son  pur  et  argentin  qu'il  tirait  de 
son  instrument. 

AULAGNIER  (Antonis),  professeur  et 
éditeurà  Paris,  est  néàManosque  (Basses-Alpes), 
en  1800.  Dans  sa  jeunesse,  il  fit  à  Marseille  des 
études  de  latinité  et  de  philosophie  qui  ne  l'em- 
liôchèrent  pas  de  se  livrer  à  son  goût  pour  la 
musique.  Plus  tard,  il  se  rendit  à  Paris,  et  en- 
tra au  Conservatoire  comme  élève  de  la  classe 
d'orgue,  sous  la  direction  de  M.  Benoist.  Ce 
maître  lui  lit  faire  un  cours  d'harmonie  et  d'ac- 
compagnement. Jusque  là,  M.  Aulagnier  n'avait 
considéré  la  musique  que  comme  un  délassement 
à  d'autres  travaux;  mais  à  dater  de  cette  époque 
il  abandonna  toutes  ses  autres  études,  pour  se 
livrer  à  l'enseignement.  Après  plusieurs  années 
çl'CNcrcicc  de  sa  nouvelle  |irofession,  il  s'est  fait 


éditeur  de  musique,  et  a  publié  quelques  ou- 
vrages de  sa  composition,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  I"  Méthode  élémentaire  pour  le  piano. 
Cette  méthode  a  eu  en  peu  de  temps  trois  édi- 
tions successivement  améliorées  et  augmentées. 
2"  Des  variations ,  rondos  et  mélanges  pour  le 
piano  sur  des  airs  d'opéras  et  de  ballets ,  envi- 
ron quinze  recueils.  3"  Trois  airs  variés  à  qua- 
tre mains.  4°  Des  recnoils  de  contredanses  pour 
plusieurs  instruments.  5°  Des  romances  pour 
une  et  deux  voix;  6°  Des  faux-bourdons  ro- 
mains et  parisiens  à  trois  voix,  à  l'usage  des 
séminaires  et  des  collèges.  1°  0  salutaris,  à 
trois  voix.  8°  Domine  salvum  fac  re^em,  à 
trois  voix.   9»  Deux  messes  brèves  à  trois  voix. 

AULEN  (Jean),  contrapuntiste,  dont  la  pa- 
trie n'est  point  connue.  Il  vivait  à  la  fin  du 
quinzième  siècle  et  au  commencement  du  sei- 
zième. Petrucci  a  inséré  des  motets  de  sa  com- 
position dans  la  collection  qu'il  a  publiée  sous  le 
titre  àeMotetti  Libre  quarto,  Venise,  1595,  petit 
in-40  obi. 

AULETTA  (  Pierre  ),  maître  de  chapelle  du 
prince  de  Belvédère,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  adonné  Ezio,  opéra  sérieux, 
à  Rome,  en  1728,  et  Orazio,'3i  Venise,  en  1748. 
Quelques  morceaux  de  sa  musique  ont  été  insérés 
dans  les  intermèdes  II  Giacatore,el  II  Maestro 
di  musica,  qui  ont  été  représentés  à  Paris,  en 
1752. 

AULETTA  (  Dominique  ) ,  né  à  Naples ,  et 
vraisemblablement  fils  du  précédent,  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  par  l'opéra  bouffe 
en  deux  actes  intitulé  La  Locandiera  di  spirito. 
On  connaît  aussi  sous  son  nom  une  messe  à  quatre 
voix  avec  orcliestre,  plusieurs  concertos  de  cla- 
vecin, et  des  airs  détachés  avec  orchestre. 

AUMAN  ( .  .  .  .), chanoine  régulier  du  mo- 
nastère de  Saint-Florian  en  Autriche,  naquit  en 
Bohême  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle. 
Il  vivait  encore  en  1795.  On  le  considère  comme 
un  bon  compositeur  de  musique  d'église,  et  l'on 
trouve,  dans  plusieurs  églises  d'Autriche,  des 
messes  et  des  motets  dont  il  est  auteur. 

AUMANN  (Dietrich-Chrétien),  composi- 
teur qui  vivait  à  Hambourg  vers  1789,  était, 
dans  le  même  temps ,  organiste  adjoint  dans  l'une 
des  églises  de  cette  ville.  On  a  de  lui  les  ouvrages 
suivants  :  C horalbiich  fiir  das  neue  Hambur- 
giscke  Cesangbuch  (  Livre  de  musique  cho- 
rale, etc.  ),  Hambourg,  1787,  in-4o.  2°  Hoch- 
zeitkantale  im  Klavierauszuge  (Cantate  de 
noce  pour  clavecin),  Hambourg,  1737".  3°  Oster- 
Oratorium ,  mit  einer  doppelter  Heilig ,  im 
Klavierauszuge  (Oratorio  pour  la  fête  lie  Pâ- 
ques, etc.),  Hambourg,  1788.  4i'  Dasuevuelioscn 


Î72 


AU  MANN  —  AUVER.UT 


mœdchen  (La  Nouvelle  P.osière  ),  opéra  co- 
mique en  deux  actes,  Hambourg,  17S9.  On 
trouve  dans  le  catalogue  de  Traeg  à  Vienne 
(1799)  un  ouvrage  d'Auman  manuscrit,  inti- 
tulé :  Das  Hochenauer  Schiffgesdirei ,  fur 
vier  Singsthnmen,  zwei  Viol,  et  Basso. 

AUM01\T  (Henri-Raymond),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Paris,  le  31  juillet  1818, 
(ut  admis  an  Conservatoire  de  cette  ville  le 
17  décembre  1832,  et  reçut  d'abord  des  leçons 
de  Guérin;  p-uis  il  devint  élève  de  Baillot,  et  le 
deuxième  prix  lui  fut  décerné  au  concours  de 
1837.  Dans  les  années  suivantes  il  suivit  des 
cours  d'harmonie  et  de  composition.  Il  s'est  re- 
tiré du  Conservatoire  en  1840.  On  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  1^''  air  varié  pour  violon  et 
ordiestre;  Paris,  Richault.  2°  Les  Caractères , 
trois  fantaisies  pour  violon  seul.  Paris,  Cballiot. 
3°  Duo  concertant  pour  piano  et  violon,  sur  un 
llième  de  Meyerbeer;  ibid.  4°  Fantaisie  sur  un 
thème  français  pour  violon  avec  ace.  de  piano  ; 
ibid.  5°  Idem  sur  un  thème  italien,  idem ,  ibïd. 
G"  Idem  sur  un  thème  allemand,  idem,  ibid. 

AURADOU  (.  .  .),  auteur  inconnu  d'un 
ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Principes  de  musi- 
que, suivi  d'un  petit  abrégé  sur  V harmonie 
et  le  discours  harmonique,  divisés  en  deux 
parties.  Moulins,  de  l'imprimerie  de  Desrosiers, 
1837,  in-S»  de  88  pages  de  texte  et  40  de  mu- 
sique. 

AURANT  (....),  second  sous-maître  de 
la  musique  de  la  chapelle  de  François  1*'',  roi 
de  France,  fut  nommé  à  cet  emploi  en  1543. 
Ses  appointements  étaient  de  trois  cents  livres 
iournois  (environ  dix-huit  cents  francs  dans 
la  proportion  de  notre  monnaie).  Le  premier 
sous-maître  de  la  chapelle  était  Claude  de  Ser- 
inisy.  A  l'égard  de  la  place  de  premier  maître 
de  la  chapelle,  elle  était  remplie  par  le  cardinal 
de  Tournon,  qui  n'était  point  musicien,  et  qui , 
conséquemment,  n'était  cliargé  d'aucunes  fonc- 
tions relatives  à  la  musique. 

AURÉLIEIV,  moine  de  Réomé  ou  Moutier 
Saint-Jean,  au  diocèse  de  Langres,  vivait  vers  le 
milieu  du  neuvième  siècle.  Il  a  écrit  un  traité 
de  musique,  divisé  en  vingt  chapitres,  qu'il 
dédia  à  Bernard,  abbé  de  son  monastère,  par 
deux  épîtres  dédicatoires,  l'une  au  commence- 
ment, l'autre  à  la  fin  de  son  ouvrage.  Sigebert  et 
Trithème ,  trompés  par  le  mol  latin  Reomensis 
qui  est  en  tête  de  l'ouvrage,  ont  cru  lire  Re- 
mensis,  et  ont  fait  d'Aurélien  un  clerc  de  l'église 
<le  Reims.  Ils  ont  été  copiés  en  cela  par  tous 
les  biographes.  Un  manuscrit  du  dixième  siècle, 
mil  est  le  plus  ancien  connu  du  traité  d'Au- 
rélien,  se  trouvait  à  l'abbave  de  Saint-Amand 


avant  la  révolution  de  1789.  L'abbé  Gerbert  a  in- 
séré cet  ouvrage  dans  le  premier  volume  de  ses 
Scriptores  ecclesiastici  de  musica ,  d'après  un 
manuscritde  la  bibliothèque  Laurentienne  de  Flo- 
rence. Les  bénédictins  Martenne  et  Durand  avaient 
déjà  publié  les  deux  épîtres  dédicatoires  et  l'é- 
pilogue de  ce  traité  dans  les  Veteru7n  Script,  et 
monum.  liist.,  Paris,  1724,  t.  1,  p.  123-125).  Le 
traité  d'Aurélien  ne  concernant  que  les  tons  du 
plain-chant,  et  ne  contenant  rien  sur  la  musique 
mesurée,  ni  sur  l'harmonie  ou  le  contre-point,  qui 
n'existaient  point  encore,  ou  qui,  du  moins,  ne 
faisaient  que  de  naître,  est  d'un  intérêt  médiocre 
pour  l'histoire  de  l'art. 

AURISICCHIO  (Antoine),  compositeur  de 
l'école  romaine,  mort  jeune ,  fut  maître  de  cha- 
pelle de  Saint-Jacques  des  Espagnols,  à  Rome.  11 
a  beaucoup  écrit  pour  l'église.  Oa  a  donné  à 
Londres,  en  1758,  l'opéra  d'Attalo,  dans  lequel 
on  avait  introduit  plusieurs  morceaux  de  sa  com- 
position. On  trouve  dans  la  bibliothèque  musicale 
de  l'abbé  Sanlini,  à  Rome,  les  ouvrages  de  ce 
compositeur,  en  manuscrit,  dont  voici  les  titres  : 
i°  Alcuni  sludi  }5ul  canto  fermo.  2°  Salmi  a 
Quattro  per  le  Vergine,  et  per  gli  Apostoli , 
C071  organe.  3°  Si  quasris  miracula,  à  quatre 
voix.  4°  Lauda  Sion  à  quatre.  5°  La  morte  di 
Gesu,  cantata  con  slromenti.  6°  Oratio  leremix 
a  canto  e  basso.  l°Te  Deum  Laudamus  a  quatro 
con  stromenti.  8°Salmi  à  quatro  con  slromenti. 
9°  Messe  a  quatro  con  stromenti. 

AURiVHAJMMER  (M""),  pianiste  distin- 
guée, à  Vienne  en  Autriche,  a  publié  pour  son 
instrument  les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Variations  sur  un  thème  en  sol.  Vienne,  Mollo. 
T  Variations  sur  un  thème  hongrois.  Vienne, 
Haslinger.  3°  Variations  sur  un  air  de  Nina,  ibid.; 
4°  Dix  variations  sur  l'air  allemand  0  mein  lieber 
Augustin ,  ibid.  5°  Neuf  variations  sur  un  thème 
en  sol.  Vienne,  Artaria. 

AUTRIVE  (Jacques-François  d'),  l'un  des 
meilleurs  élèves  de  Jarnovicli,  pour  le  violon, 
naquit  en  1758,  à  Saint-Quentin ,  département  de 
l'Aisne.  Il  joignait  à  des  sons  purs  beaucoup 
d'expression  dans  l'adagio.  Malheureusement  il 
devint  sourd  à  l'âge  de  trente-cinq  ans,  et  cet  acci- 
dent ne  lui  a  pas  permis  de  réaliser  toutes  les  espé- 
rances que  ses  débuts  avaient  données.  Ses  com- 
positions renferment  des  chants  gracieux.  Outre 
plusieurs  concertos  pour  son  instrument,  il  a  fait  , 
graver  plusieurs  œuvres  de  duos,  dont  l'un  est 
dédié  à  Kreutzer.  Plusieurs  ouvrages  pour  le 
violon,  de  sa  composition,  sont  restés  en  manus- 
crit. Il  est  mort  à  Mons,  en  Belgique,  au  mois  de 
décembre  1824. 

AUVERJAT  (Jeandel'),  maître  de  musique 


AUVERJAT  —  AVÊ-L'ALLEMAND 


f73 


(le  IVglise  cJes  Innocents,  à  Paris,  dans  la  seconde 
moilié  du  dix-septièmesiècie,  a  composé  beaucoup 
de  musique  d'église.  Il  a  publié  :  \'  31issa  Iste 
confessor,  quatuor  vocibus,  infol.,  Paris,  Ro- 
bert Ballaid.  2°  Missa  Legem  pone,  quatuor 
vocibus  decantandx,  in-fol.,  ibid.  3°  Missa  0 
gloriosa  Domina,  quatuor  vocibus,  infol., 
ibid.;  4°  ItHssn  Tu  es  petrus ,  quinque  vocibus, 
infol.,  ibid.  5°  Missa  Ne  moreris,  quinque 
vocum,  in-fol.,  ibid.  C°  Missa  Confitebor  Do- 
raini ,  quinque  vocibus,  '\n-(o\.,  ibid.  1°  Missa 
Fundamenta  ejus,  quinque  vocibus  decan- 
tandx, in-fol.,  ibid. 

AUXCOUSTEAUX,  ou,  comme  l'écrit  An- 
nibal  Gantez  (1),  HAUTCOUSTEAUX  (Arthur  ou 
Artus),  naquit  en  Picardie,  suivant  cet  auteur. 
M.  Victor  Magnien  croit  que  ce  fut  dans  les  en- 
virons de  Beauvais  (2);  mais  M.  Gomart  objecte 
contre  celte  opinion  (3)  qu'Auxcousteaux  ayant 
été  élève  de  Jean  Valentin  Bournonville,  à  la 
maîtrise  de  Saint-Quentin,  il  est  vraiscmblabiu 
qu'il  a  vu  le  jour  dans  cette  dernière  ville,  plutôt 
qu'à  Beauvais.  Il  y  a  cependant  des  motifs  en 
faveur  de  la  première  opinion  ;  car  il  existe  en- 
core des  familles  du  nom  d'Auxcousteaux  à  Amiens 
et  à  Beauvais,  et  M.  Gomart  lui-même  remarque 
que  ces  familles  ont  pour  armes  parlantes  A' Azur 
à  trois  cousteanx  d'argent  garnis  d'or,  posés 
en  pal  (4).  Quoi  qu'il  en  soit,  Auxcousteaux  fut 
d'abord  chantre  à  l'église  de  Noyon ,  ainsi  que  le 
prouve  un  compte  de  celte  église  pour  l'année  1627 
qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  d'Amiens.  Après 
avoir  occupé  ce  poste  pendant  un  petit  nombre 
d'années,  il  fut  appelé  à  Saint-Quentin  pour  y 
|)rendre  possession  de  l'emploi  de  maître  de  mu- 
sique de  la  collégiale.  Il  alla  ensuite  à  Paris,  et, 
après  y  avoir  publié  quelques  morceaux  de  mu- 
sique d'église,  il  fut  nommé  maître  de  la  Sainte- 
Chapelle.  Ses  envieux  prétendirent  qu'il  ne  tenait 
cette  maîtrise  que  de  la  faveur  du  premier  pré- 
sident du  parlement;  mais  on  ne  peut  nier  qu'il 
ne  fût  digne  de  sa  place,  car  ses  ouvrages  tien- 
nent le  premier  rang  parmi  les  productions  de 
l'école  française  de  son  temps.  Dans  un  avertis- 
sement au  lecteur,  le  libraire  Pierre  le  Petit, 
qui  a  publié  la  Paraphrase  des  pseaumes  de 
David ,  en  vers  français ,  par  Aritoine  Godeau, 
evesque  de  Grasse  et  de  Vence,  et  mis  en  chant 
par  Artns  Aucousteaux  (Paris,  1156,  1  vol. 
in-l2),nous  apprend  que  cehn-ci fut  autrefois 
haute-contre  de  la  musique  de  la  chapelle  du 

;i)  Voyez  ce  nom. 

(2)  Bulletin  de  rathcnéc  du  Beamoisis,  1843,  page  3ii. 
(5)  Notes  historiques  shv  la  maîtrise  de  Saiut-Qiientin 
et  snr  les  célébrités  7nusicales  de  cette  ville,  page  4s. 
•     (4)  Loc.  cit. 


Roy  Louis  XIII ,  et  qu'il  mourut  dans  cette 
même  année  ICôC,  pendant  l'impression  de  sa 
musique  du  recueil  des  psaumes.  On  connaît 
de  ce  compositeur:  1"  Psalmi aliqtiot  ad  nit- 
merum  musiccs ,  quatuor,  quinque  et  sex 
vocum  redacti,  Paris,  Ballard ,  1631  ,  in-4'' 
obi.  2°  Meslanges  de  chansons  à  six  parties 
(Dédiés  au  premier  président  Mole),  Paris,  P. 
Robert  Ballard,  1644,  in-4.  3°  Quatrains  de  Ma- 
thieu mis  en  musique  à  trois  voix,  selon  Tordre 
des  douze  modes,  Paris,  Robert  Ballard,  1G4S, 
in-4°.  4°  Suite  de  la  première  partie  des  quatrains 
de  Mathieu  à  trois  voix,  selon  l'ordre  des  douze 
modes,  ibid.,  1652,  in-4*  obi.  5°  Noèls  et  can- 
tiques spirituels  sur  les  mystères  de  N.  S.  et  sur 
les  principales  fêtes  de  la  Vierge;  premier  et 
deuxième  recueils,  ibid.,  1655.  6"  Missa  primi. 
font,  Paris,  Ballard,  in-fol.  7"  Missa  secundi 
to}ii,q7iatuorvocum, Pa.ni,Bà\\avà,in-(o\.  ma>., 
1643.  Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été 
publiée  par  le  même  imprimeur,  en  1658.  S"  Mis- 
sa ter  ta  toni,  quatuor  vocum,  ibid.,  in-fol. 
9°  Missa  quarti  toni,  quatuor  vocum,  ibid., 
in-fol.  10°  Missa  quinli  toni,  quatuor  vocum  , 
ibid.,  infol.  11°  Missa  sexti  toni,  quinque 
vocum,  in-fol.,  ibid.  12°  Missa  septimi  toni, 
quinque  vocum,  ibid.,  in-fol.  13°  Missa  octavi 
toni,  quinque  vocum,  ibid.,  in-fol.  14°  Me.sse 
Quelle  beauté,  6  mortels,  à  cinq  parties,  ibid., 
in-fol.  15°  yl/maLaus  angelorum  ,  à  six  parties  , 
\n-io\.,  ibid.  iiV  Magnificat  de  tous  les  tons, 
à  quatre  parties,  ibid.,  in-fol.  allant.  Ce  que  j'ai 
vu  d»  la  musique  d'Auxcousteaux  ])rouve  quw 
c'était  un  musicien  instruit,  qui  écrivait  avec  plus 
de  pureté  et  d'élégance  que  la  plupart  des  maîtres 
de  chapelle  français  de  son  temps.  Deux  mor- 
ceaux de  sa  composition,  que  j'ai  mis  en  partition 
pour  juger  du  mérite  de  l'auteur,  m'ont  lait  croire 
qu'il  avait  étudié  les  ouvrages  des  anciens  martres 
italiens. 

AVANZOLINI  (Jérôme),  né  à  Rimini,  dans 
les  États  Romains,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  sa  composition  : 
Salmi  a  otto  voci.  op.  1.  In  Venezia,  app.  Aless. 
Viceiiti,  1623,  in-4°. 

AVÉ-L'ALLEMAND  (B.),  docteur  en 
droit  à  Lubeck,  d'origine  française,  est  fils  d'un 
directeur  de  musique  de  Greisswald,  qui  mourut 
dans  cette  ville  en  1S31.  On  a  de  lui  un  compte 
rendu  de  la  troisième  lête  musicale  du  nord  de 
l'Allemagnedonnéeen  1841.  Cet  écrit  a  pour  titre: 
Ruckblicke  auf  das  dritte  norddeulsche  Mu- 
sikfest  zu  Hambourg.  Lubeck,  1841,  in-8°.  On  y 
voit  que  l'orchestre  et  les  chœurs  étaient  com- 
posés de  six  cents  personnes  <lirigées  par  Frédéric 
Schneiilcr,  Krebs,Grund,  llernr.ann,  de  Lubeck, 


174 


AVELLA  —  AVENTINTJS 


et  Haffner,  de  Hambourg;  que  les  solos  d'ins- 
truments y  furent  joués  par  Liszt  et  Queisser; 
que  M""*  Schroeder-Devrient  et  Dutlos-Maii- 
lardy  cliantèrent;  enfin,  que  le  produit  des  con- 
certs fut  de  04,060  marcs  15  scheliings;  que  la 
dépense  fut  de  79,070  marcs,  et  conséquemment 
que  le  déficit  fut  de  l'»,409  marcs  8  scheliings. 

AVELLA  (Jean  d'),  franciscain  au  monas- 
tère de  Terra  cli  Lavoro ,  dans  le  royaume  de 
Naples,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième  siè- 
cle. Il  était  prédicateur  de  son  ordre  et  sa- 
vant musicien  :  on  trouve  des  preuves  de  son 
.savoir  dans  l'ouvrage  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  : 
Regole  di  mu^ica,  divise  in  cinque  trattati, 
con  le  qualï  s''insegna  il  canto  fermo ,  e  figu- 
rato,  per  vere  efaciti  regole.  Il  modo  di  fare 
il  contrappunto ,  di  comporre  V  uno  et  l'altro 
canto ;di  caniare  alcunicanti  diJficiU,e  moite 
cose  nuove  e  curiose.  In  Roma,  nella  stampa  di 
Franc.  Moneta,  1657,  in-fol.  de  167  pages.  Cet  ou- 
vrage, qui  contient  des  cboses  utiles  et  curieuses, 
est  entaché  d'idées  bizarres  sur  les  rapports  de  la 
musique  avec  l'astronomie,  ou  plutôt  l'astrologie 
judiciaire.  Le  P.  Martini  possédait  en  manuscrit  des 
annotations  de  Jean  François  Beccatelli  sur  le  traité 
de  musique  d'Avella;  ellessont  aujourd'hui  dans 
la  bibliothèque  du  Lycée  musical  de  Bologne. 

AVEIVARIUS  (Philippe),  organiste  à  Al- 
tenbourg,  naquit  à  Lichtenstein,  en  1553,  E.  L. 
Gerber  est  tombé  dans  une  singulière  inadver- 
tance à  propos  de  ce  musicien  :  il  le  fait  (ils  de 
Jean  Avenarius,  qui  est  né  en  1670.  Philippe  Ave- 
narius  a  publié  un  recueil  de  motets  sous  ce  titre  : 
Cantiones  xacrœ ,  quïnque  vocum  accommo- 
daiœ  ad  omnes  usus,  tam  viva  voce,  quam 
omnis  generis  instrumentis,  etc.  Noriberga;,  in 
officina  viduœet  heredum  Ulrici  Aeuberi,  1572, 
in-4»  ohl.  Ce  nom  d'Avenaritis ,  donné  par  les 
éditeurs  et  bibliographes,  paraît  être,  suivant  l'u- 
sage des  seizième  et  dix-septième  siècles,  la  tra- 
duction d'un  nom  allemand,  peut-être  Liebhaber. 

AVENARIUS  (Mathieu),  en  dernier  lieu 
prédicateur  à  Steinbach  ,  naquit  à  Eisenach,  le 
21  mars  1025,  et  fit  ses  études  à  Cobourg,  Mar- 
bourg  et  Leipsick.  Il  fut  cantor  de  l'école  de 
Schmalkalde,  en  1650,  et  prédicateur  à  Steinbach, 
en  1662.  Il  mourut  le  17  avril  1692.  Strieder 
{Hess.Gel.  Geschichte)  cite  un  traité  De  Musica 
de  cet  auteur,  qui  est  resté  en  manuscrit. 

AVENARIUS  (Jean),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Steinbach,  en  1670.  11  commença  ses 
études  à  Meinungen  et  à  Arnstadt;  en  1688,  il 
alla  à  Leipsick ,  où  il  fut  nommé  Magister.  En 
1692,  il  se  rendit  à  Berka,  en  qualité  de  prédica- 
teur, et  en  1702  ilfutappeléàSchmalkaldecomme 
diacre;  enfin  il  alla  s'établir  à  Géra  en  1723,  et  y 


mourut  le  11  décembre  1736.  Ses  ouvrages  pu- 
bliés sont  :  1"  Sendschrciben  an  M.  Gottfr. 
Ludovici,  von  den  hymnopœis  Hennebergen- 
sibus  (Epître  à  M.  Gottfr.  Ludovici  sur  les  can- 
tiques de  Henneberg.,  1705,  in-4°).  2°  Erbaut- 
liche  /Âeder-Predigien,uber.vier  Evangelische 
Sterb-und  Trostlieder  (Chansons  édifiantes,  etc.) 
Francfort,  1714,  in -8  . 

AVEIVARIUS  (Thomas),  dont  le  nom  alle- 
mand était  Habermann,  naquit  à  Eulenbourg,  à 
trois  lieues  de  Leipsick,  vers  la  fin  du  seizième 
siècle.  lia  fait  imprimer  à  Dresde,  en  1614,  une 
collection  de  chants  sous  ce  titre  :  Horticello  an- 
muthiger,froelicher  and  trauriger  neues  amo- 
rischer  Gesanglein,  etc.(Pelitjardin  de  nouvelles 
chansonnettes  agréables,  joyeuses,  tristes,  amou- 
reuses ,  avec  de  jolis  textes  ,  non-seulement  pour 
les  voix,  mais  pour  toutes  sortes  d'instruments), 
à  quatre  et  cinq  parties ,  composées  et  publiées 
par  Thomas  Avenarius,  d'Eulenbourg ,  Poet. 
mus.  studiosus,  anno  fit  IVDICIVM  (c'est-à-dire 
10 IJ).  Malheson  a  publié  dans  son  Ehrenpforte 
(p.  12  et  suiv.)  l'épHre  dédicatoire  de  ces  chan- 
sons :  elle  est  en  style  burlesque,  mêlé  de  latin 
et  d'allemand,  à  peu  près  dans  le  goût  des  facé- 
ties de  la  cérémonie  du  Malade  imaginaire,  à 
l'exception  de  l'esprit  qu'il  y  a  dans  celles-ci. 
L'auteur  de  cette  dédicace  ne  paraît  pas  avoir  écrit 
de  trop  bon  sens.  Voici  un  échantillon  de  ce  mor- 
ceau bizarre  :  Avenarius  parle  de  son  ouvrage  et 
de  la  résolution  qu'il  a  prise  de  le  livrer  au  pu- 
blic, quoi  qu'il  en  puisse  arriver.  «  Je  veux  (dit-il) 
«  laisser  faire  maintenant  mon  premier  qualem- 
«  cunque  musicx  industrix  et  solertiœ  saltum 
«  in  publicum,  et  confier  vêla  ventis  ubi  in 
«  portti  nauta  malefidus  timet  pericula , 
«  ignorant  par  où  il  doit  naviguer  et  faire  voile 
«  pour  arriver  à  bon  port,  enfin  par  où  il  se  doit 
«  hasarder,  suivant  l'adaiie /ac^a  es^  aléa,  à  la 
'<  grâce  de  Dieu.  »  Si  le  mérite  de  la  musique 
d'Avenarius  équivaut  à  sa  prose ,  ce  doit  être 
quelque  chose  d'étrange. 

AVENTANO  (Pierre -Antoine).  Voy. 
AVONDANO. 

AVEJ\TIIVUS  (JEAN  THURNMAYER, 
plus  connu  sous  le  nom  d'),  fils  d'un  cabaretier 
d'Abensperg,  en  Bavière,  naquit  dans  cette  ville 
en  1466.  Après  atVoirétudié  à  Ingolstadt  et  à  Pa- 
ris, il  se  rendit  à  Vienne  ,  et  ensuite  à  Cracovie, 
où  il  enseigna  le  grec  et  les  mathématiques.  En 
1512,  il  fut  appelée  Munich  par  le  duc  de  Ba- 
vière pour  présider  à  l'éducation  des  jeunes  ducs 
Louis  et  Ernest.  11  composa  en  latin,  par  l'ordre 
de  ces  princes,  les  Annales  de^ Bavière,  qui 
ont  fait  sa  réputation  comme  historien.  Il  vécut 
célibataire  jusqu'à  l'âge  de  soixante-quatre  ans; 


AVENTINUS  —  AVIDÎUS 


17.5 


se  maria  alors,  fit  un  mauvais  choix,  et  mourut 
lie  chagrin  quatre  ans  après,  le  9  janvier  1534. 
Jérôme  Ziégler  a  donné  sa  vie  en  tête  de  !a  pre- 
mière édition  de  ses  Annalïum  Boiorum,  pu- 
bliée en  1554,  in-folio.  Comme  écrivain  sur  la 
musique,  il  a  publié  :  Musicœ  rudimenta  admodum 
brevia  atque  utilia  communia  quidem  spondeo 
focaeteris  pedibus  barbari  cantum  planum  ac 
mensurabilemvocant,  quamfacillime  qiiicquidad 
rem  musicum  spectat  ex  illis  disces,  simurerrores 
mfinitos  quibus  tota  nmsica  iiti  cseterjB  discipli- 
njp,  corrupta  depravataque  est  hand  dilficulter 
deprœhendosomnesomissa  rerum  diligenlia  mem- 
bramsutamurcircainanesvocumpugnasconsenes. 
cimus,  scribimur  indocLi,  doctique  poemata  pas- 
sim,  etc.  Joannes  AventinusThurinomarus  editit. 

A  la  fin  du  volume,  ou  trouve  celte  sous- 
cription :  Excusa  in  o/ficina  Milleixina  Au- 
gustx  Vindelicorum.  XII  Cal.  Junios.  Anno  a 
NativUdte  Domini  :  M.  D.  XVf,  in-4"  de  19 
Ccuillets.  Ce  petit  ouvrage  est  d'une  rareté  ex- 
cessive. Il  est  divisé  en  dix  chapitres,  dont  cha- 
cun est  relatif  à  un  des  éléments  de  la  musique. 

AVIAIXUS  (Jean),  ou  AVINIUS,  né  à 
Thiindorff,  village  à  trois  lieues  d'Erfurt,futd'abord 
recteur  de  l'école  de  Ronnebourg,  près  d'Alten- 
bourg,  ensuite  pasteur  à  Munich-Berendorff,  et 
enfin  surintendant  à  Eisenberg,  où  il  est  mort  en 
1617.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé:  Isagogen 
musicœ  Poeticœ,  Erfurt,  1581,  !n-4°.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  un  recueil  de  traités  sur  des  ques- 
tions de  musique  beaucoup  plus  importants  que 
son  livre  imprimé;  Waither,  quia  vu  ce  recueil 
autographe,  dit  qu'il  était  à  peu  près  illisible.  Les 
objets  traités  par  Avianus  dans  ces  écrits  sont 
les  suivants  :  1°  Musica  practica  vêtus,  ubi 
docebit,  plerosque  illos,  qui  viordiens  reti- 
nere  aniiqua  fabrorum,  et  tdgenus  alia  prse- 
cepta  velint ,  non  asseqiii  tanien  semper  sen- 
tentiam  quam  défendant.  T  Compendium 
veteris  imisicx  practïcœ.  3°  Compendium 
musicas  modulativx  novum.  4°  Scholse  mu- 
sicse,  quibus  explicantur  causx  mtitationis. 
5°  Musica  modulativa  nova  atque  intégra. 
6°  Progyninasmata  ludi  Rondeburgensis.  7° 
Cantor,  seu  instructio  eoruni,  qui  choro 
prxficiuntur ,  ut  in  omnes  casus  paratiores 
évadant.  8°  Criticus  in  tanta  varietate  can- 
tionum,  quee  probandx ,  quaz  improbandx , 
quce  quibus  prxferendœ  sint,  ostendens. 
9°  Disputatio  de  perfectissima  suavitate  titulo 
Orlandi,  seu  quid  spectare  qliive  mentent  di- 
rigere  debeat,  qui  prxstantem  suavitate  can- 
tilenam  sit  compositurus.  10"  Musica  poetica 
absolute  et  àTioôsixtixô;  tradita.  11°  Artili- 
cum  corrigendi  depravatas  cantilenas,  ut  ad 


veritatem  quondam  proxime  revocentur  :  re- 
prehQndetur  ibi  quorumdam  eodem  in  gé- 
nère temeritas  depravantium  quod  corrigere. 
suspîciebant.  12°  Aliquot  tomi  selectarum 
cantionum  quatuor,  quinque,  sex,  septem  et 
oclo  voclbus  compositarum ,  nec  antea  un- 
quam  expressarum.  13°  Aliquot  tomi  7nissa- 
rum  nova  quadam  methodo  ex  multis  harmo- 
niis  irapôSixcoç  derivatarum.  On  voit  par  la  date 
de  i'épitre  dédicatoire  du  recueil  d'Avianus, 
adressée  au  magistrat  de  Nuremberg,  que  cet  ou- 
vrage a  été  achevé  au  mois  d'octobre  158S. 
AVlCENl\E,ou  correctement  IBÎV'SIIVA 
(Abou-Aly  Hoceïn),  naquit  l'an  980,  à  Alclia- 
nah,  bourg  dépendant  de  Chyraz,  dont  son  père 
était  gouverneur.  Avicenne  est  le  plus  célèbre 
des  médecins  arabes.  Il  commença  ses  éludes  à 
Bokhara  dès  l'âge  de  cinq  ans,  et  apprit  en  peu 
de  temps  les  principes  du  droit,  les  belles-let- 
tres ,  la  grammaire,  et  toutes  les  branches  des 
connaissances  cultivées  de  son  temps  :  la  mé- 
decine fut  particulièrement  l'objet  de  ses  études  : 
elle  devint  la  source  de  sa  gloire,  de  sa  fortune 
et  de  ses  malheurs  ;  car  Mahmoud,  fils  de  Sé- 
bektéguyn,  conquérant  célèbre,  ayant  voulu  l'at- 
tirer à  sa  cour,  et  Avicenne  ayant  refusé  de  s'y 
rendre,  il  fut  forcé  de  s'enfuir  du  royaume  de  Kha- 
rizm,  où  il  se  trouvait,  et  d'errer  de  contrée  en 
contrée ,  comblé  partout  d'honneurs  et  de  ri- 
chesses, et  toujours  poursuivi  par  la  marche 
victorieuse  et  le  ressentiment  de  Mahmoud.  A  la 
mort  de  ce  prince,  il  alla  à  Ispahan,  et  Ala-Ed- 
daulah,  qui  y  régnait,  le  combla  de  bienfaits,  et 
l'éleva  à  la  dignité  de  vizir.  Un  de  ses  esclaves , 
qui  voulait  s'emparer  de  ses  richesses,  l'empoi- 
sonna avec  une  forte  dose  d'opium,  et  il  mourut 
en  1037  à  Hamadan,  où  il  avait  accompagné  Ala- 
Eddaulah.  Avicenne  a  beaucoup  écrit  sur  la  mé- 
decine, la  métaphysique  et  la  philosQphie;  on 
peut  voir  des  détails  sur  ses  ouvrages  dans  les 
recueils  de  biographies  ;  il  n'est  mentionné  ici 
que  comme  auteur  d'un  Traité  de  musique  en- 
langue  arabe,  qu'on  trouve  dans  plusieurs  biblio- 
thèques, et  notamment  dans  celle  de  Leyde.  V. 
Cat.  Libr.  tam.  impr.  quam  maniiscr .  Bibl. 
publ.  Ludg.  Batav.,  p.  453,  n"'  1059  et  lOfiO. 
Le  litre  de  cet  ouvrage  est  simplement  : 

Traité  de  musique. 

AVIDIUS  (Gérard),  né  à  Nimègue  dans  les 
premières  années  du  seizième  siècle,  ou  vers  la 
fia  du  quinzième,  fut  élève  de  Josquin  Deprès, 
Ce  renseignement  est  le  seul  qu'on  cite  sur  sy 


i76 


AVIDIUS  —  AYLWARD 


personne.  On  a  de  sa  composition  une  complainte 
à  quatre  parties  sur  la  morfde  son  maître,  que 
Tilman,  Susato  a  insérée  dans  le  septième  livre 
de  son  recueil  intitulé  :  Chansons  à  quatre , 
cinq ,  six  et  huit  parties  de  divers  auteurs 
(Livres  1-13.  Anvers,  1543  -  1550,  in-4<'obl.). 
La  pièce  de  Gérard  Avidius  a  pour  titre  :  In 
Josquinum  a  Prato  musicorum  Principem 
Monodia.  Avidius  est  souvent  désigné  dans  les 
recueils  de  motets  et  de  chansons  du  seizième 
siècle  par  son  prénom  de  Gérard  ;  circonstance 
qui  rend  difficile  la  distinction  de  ses  ouvrages  de 
ceux  deGérard  de  Turnliout,  souvent  aussi  désigné 
de  la  même  manière.  Je  crois,  d'après  l'analogie 
du  styledelacomplainte  citée  précédemment  avec 
deux  chansons  à  quatre  et  à  cinq  voix,  qui  se 
trouvent  dans  le  quatrième  livre  du  même  recueil 
(p.  13  )  et  dans  le  douzième  (p.  16),  sous  le  nom 
de  Gerardi,  que  celles-ci  appartiennent  à  Avidius. 

AVILA  (TnoMAS-Louis-ViTTORiA.  d'),  compo- 
siteur espagnol  qui  vivait  vers  la  lin  du  seizième 
siècle,  a  publié  un  ouvrage  de  sa  composition  sous 
ce  titre:  Motecta  festorum  totius  anni  cum 
communi  sanctorum,  quatuor,  quinque,  sex 
et  octo  vocibus  ;l{onie,  1585. 

AVILES  (Manuel  LEITAMDE),  compo- 
siteur portugais,  né  à  Portalègre,  lut  maître  de 
chapelle  à  Granada  vers  1625.  On  trouve  l'indi- 
cation de  plusieurs  messes  manuscrites  de  sa 
composition  à  huit  et  à  seize  voix,  dans  le  Ca- 
talogue de  la  Bibliothèque  du  roi  de  Portugal. 
Voy.  aussi  Machado,  Bibl.  Liisit.,  t. 3,  p.  294.) 

AVISON  (Charles),  musicien  anglais,  que 
l'on  croit  être  né  à  Newcastle ,  où  il  exerça  sa 
profession  dînant  toute  sa  vie.  Le  12  juillet  1736, 
il  fut  nommé  organiste  de  l'église  de  Saint-Jean 
de  cette  ville  ;  mais  au  mois  d'octobre  suivant,  il 
quitta  cette  place,  et  devint  organiste  de  Saint- 
Nicolas.  En  1748  ,  l'orgue  de  Saint-Jean  ayant 
exigé  des  réparations  qui  furent  estimées  160 
livres  sterling,  Avison  offrit  de  donner  100  livres 
pour  cet  objet ,  à  la  condition  qu'il  serait  nommé 
organiste  pour  toute  sa  vie,  avec  des  appointe- 
ments de  20  livres,  et  qu'il  aurait  le  droit  de  se 
faire  remplacer  :  son  offre  fut  acceptée ,  et  l'un 
de  ses  fils,  nommé  Charles,  fut  son  suppléant. 
En  1752 ,  il  publia  :  An  essay  on  musical  ex- 
pression, London,  in-12  (Essai  sur  l'expression 
musicale).  La  seconde  édition  parut  à  Londres 
en  1753  ,  in-8°,  avec  des  changements  et  quel- 
ques additions,  entre  autres  une  Ze^^re  à  fau- 
teur sur  la  musique  des  anciens ,  qu'on  sait 
maintenant  avoir  été  écrite  par  le  docteur  Jortin. 
Avison  soutient,  dans  son  ouvrage,  que  Mar- 
cello etGeminiani  sont  supérieurs  à  Haendel  :  as- 
sertion fort  extraordinaire,  an  moins  quant  au 


second  ,  et  qui  devait  déplaire  beaucoup  en  An- 
gleterre; aussi  parut-il  danfi  la  même  année  un 
petit  écrit  intitulé  :  Remarks  on  M.  Avison's 
Essay  on  musical  expression,  dans  lequel  il  est 
traité  d'ignorant  qui  a  eu  besoin  d'employer  la 
plume  d'autrui  pour  écrire  son  livre.  On  croit, 
en  effet,  que  le  docteur  Brown  et  Mason  l'ai- 
dèrent dans  la  rédaction  de  son  essai.  Ces  remar- 
ques sur  l'ouvrage  d'Avison  sont  du  docteur 
Hayes,  professeur  de  musique  à  Oxford.  Avison 
fit  une  réplique  à  ces  remarques,  qui  fut  insérée 
dans  la  seconde  édition.  La  troisième  a  été  pu- 
bliée à  Londres  en  1775,  in-8".  Une  traduction 
allemande  de  l'Essai  sur  l'expression  musicale  a 
été  publiée  sous  ce  titre  :  Ueber  d.  musizalischen 
Aûsdrûckt.  Leipsick  ,  1775  ,  in-S". 

Avison  avait  été  élève  de  Geminiani ,  qui  con- 
serva toujours  beaucoup  d'estime  pour  lui,  et  qui 
alla  même  le  visiter  à  Newcastle.  La  prédilection 
qu'il  avait  pour  le  style  de  son  maître  le  lui  fit 
adopter  exclusivement  dans  ses  propres  compo- 
sitions, qui  consistent  en  deux  œuvres  de  sonates 
pour  piano  ,  avec  accompagnement  de  deux  vio- 
lons, et  quarante-quatre  concertos  pour  violon. 
Il  publia  par  souscription  les  Psaumes  de  Mar- 
cello ,  avec  des  paroles  anglaises.  Avison  mourut 
à  Newcastle,  le  10  mai  1770  ,  et  eut  pour  suc- 
cesseur, comme  organiste  de  Saint-Nicolas,  son 
fils  Edouard,  qui  mourut  en  1776;  son  autre  fils, 
Charles,  qui  lui  succéda  dans  la  place  d'organiste 
de  Saint- Jean ,  donna  sa  démission  en  1777. 

A'VONDAJXO  (Pieriîe-Antoine),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Naples  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle  ,  est  connu  par  deux  opé- 
ras, Bérénice  ci  H  mondo  nellaL^ina;  un 
oratorio  intitulé,  Gioa,  re  di  Giuda;  douze  so- 
nates pour  violon  et  basse,  op.  l,  Amslerdam 
1732,  et  quelques  duos  de  violon  et  basse,  gravés 
en  Allemai^ne  et  à  Paris.  Les  partitions  manuscrites 
des  oratorios  d'Avondano  ;  Gioa  et  La  morte 
d^Abel, sonl  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin. 

AVOSANI  (Orfeo),  organiste  à  Viadana, 
petite  ville  du  Mantouan  ,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  y  était  né.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Concerti  à  cinq  voci,  op.  i;  in 
Venezia,  Bartol.  Magni,  in-4.  2°  Messe  a  ire  voci 
Venise,  1645.  3°  Salmi  e  compieta  concerta  a 
cinqup.  voci,  ibid. 

AXT  (Frédéric-Samuel),  néà  Stadt-ilm,  en 
1684,  fut  d'abord  cantor  à  Kœnigsee  vers  1713,  et 
ensuite  (en  l7l9)àFrankenhausen,  oùil  mourut 
en  1745-  Il  a  publié  sous  le  titre  d'Année  musicale 
un  œuvre  de  vingt-cinq  feuilles  pour  le  chant. 

AYLWARD  (Thomas),  organiste  et , pro- 
fesseur du  collège  de  Gresham,  à  Londres,  à  la 
fin  du  dix-huitième  siècle  et  au  commencement 


AYRTON 


AZAIS 


177 


du  suivant,  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  :  1  "  Six  Lessons  for  the  Organ, 
op.  1;  Londres  (S.  D).  —  1°  Elégies  and  Glees, 
op.  2.  ibid. —  3"  8  Canzonets  for  iwo  sopranos 
voices,  ihid. 

AYRTOIX  (Edmond),  docteur  en  musique, 
naquit  en  1734,  à  Ripou.  dans  le  duciié  d'York, 
où  son  père  exerçait  la  magistrature.  Destiné  par 
ses  parents  à  la  carrière   ecclésiastique ,  il   fut 
placé  au  collège  du  lieu  de  sa  naissance,  où  il  passa 
cinq  années  ;  mais,  ayant  montré  de  grandes  dis- 
p.-sitions  pour  la  musique,  on  le  confia   aux 
soins  du  docteur  Nares,  alors  organiste  à  la  ca- 
thédrale d'York.   Il  était  encore  fort  jeune  lors- 
qu'il fut  nommé  organiste  et  recteur  du  chœur 
de  Southwell.  Il  résida  plusieurs  années  dans  ce 
lieu,  et  s'y  maria  à  une  femme  de  bonne  famille, 
qui  le  rendit  père  de   quinze  enfimts.  En    1764 
il  se  rendit  à  Londres,  où  il  venait  d'être  appelé 
comme  musicien  de  la  chapelle  royale.  Peu  de 
temps  après,  on  le  nomma  sous-maître  de  chant 
à  la  cathédrale  de  Saint-Paul.  En  1780,  il  devint 
maître  des   enfants  de   la   chapelle  royale,   et 
quatre   ans  après  l'université  de  Cambrige    lui 
conféra  les  degrés  de  docteur   en  musique.  En 
1784  il  fut  l'un  des  directeurs  de  la  commémo- 
ration de  Hœndel.  Il  se   relira  de  la  chapelle 
royale  et  de  tous  ses  autres  emplois  en  1803 ,  et 
mourut  en  1808.   Ses  restes  furent  déposés  à 
l'abbaye  de  Westminster.  Le  docteur  Ayrton  a 
écrit  beaucoup   de  musique   d'église   qui  n'est 
connue  qu'en  Angleterre.  Un  de  ses  fils,  homme 
d'esprit  et  de  beaucoup  d'instruction,  passe  pour 
avoir  été  le  rédacteur   principal  du  journal  de 
musique  connu  sous  le  nom  de  the  Harmoni- 
con  ,  qui  a  commencé  à  paraître  en  1823,  et  qui 
a  fini  dans  le  cours  de  l'année  1833. 

AZAÏS  (Pierre-Hyacinthe),  né  en  1 743  à 
Ladern,  village  du  Languedoc,  près  de  Carcas- 
sonne ,  entra  de  très-bonne  heure,  comme  en- 
fant de  choeur,  à  la  cathédrale  de  cette  ville.  Vers 
l'âge  de  quinze  ans,  il  fut  placé  à  Auch,  comme 
sous-maître  de  musique,  dans  l'église  métropoli- 
taine. A  vingt  ans,  on  le  choisit  pour  diriger  un 
concert  d'artistes  et  d'amateurs  qui  venait  de 
s'établir  à  Marseille.  Deux  ans  après,  il  vint  à 
Paris,  fit  exécuter  plusieurs  motets  au  concert 
spirituel,  reçut  des  conseils  de  Gossec  et  se  lia 
d'amitié  avec  l'abbé  Roussier.  Le  collège  de 
Sorèze  s'élevait  à  cette  époque  :  Gossec,  à  qui 
le  directeur  de  cet  établissement  avait  demandé 
un  maître  de  musique,  lui  adressa  Azais,  qui, 
avant  de  se  rendre  à  sa  destination,  s'arrêta 
quelques  mois  à  Toulouse,  où  il  épousa  M"^  Lé- 
pine,  fille  d'un  facteur  d'orgue,  célèbre  dans  le 
midi  de  la  France.  Fixé  à  Sorèze,  Azaïs  y  passa 

BIOGR.    UNIV.     DES  MlSlCir.NS.    _    T.   I. 


dix-sept  ans.  En  1783,  il  quitta  ce  lieu  pour.se 
rendre  à  Toulouse,  où  il  continua  de  se  livref  .1 
l'enseignement  et  à  la  composition  de  la  musique 
d'église.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  en  179(5, 
âgé  de  cinquante-trois  ans.  En  1776,  il  avait 
publié  une  Méthode  de  musique  sur  un  nou- 
veaîi  plan,  à  Vusage  des  élèves  de  l'école  mi- 
litaire, in-12.  Il  a  fait  paraître  aussi,  en  1780, 
douze  sonates  pour  le  violoncelle ,  six  duos 
pour  le  même  instrument,  et  six  trios  pour  deux 
violes  et  basse.  Outre  ces  ouvrages,  il  a  laissé  eu 
manuscrit  un  grand  nombre  de  messes  et  de  mo- 
tets dont  son  fils  a  perdu  les  partitions  pendant 
la  première  révolution  française. 

AZAÏS  (PiEKRE- Hyacinthe),  fils  du  pré- 
cédent, est  né  à  Sorèze,  le  l"^""  mars  1766.  Ad- 
mis dans  l'école  militaire  de  cette  ville,  il  y  fit 
de  bonnes  études,  puis  il  entra  dans  la  con- 
grégation de  la  doctrine  chrétienne,  qu'il  aban- 
!  donna  pour  devenir  secrétaire  de  l'évoque  d'O- 
leron.  D'abord  partisan  de  la  révolution  de  1789, 
M.  Azaïs  en  fut  ensuite  l'une  des  victimes.  Con- 
damné à  la  déportation  par  le  tribunal  d'Alby, 
après  les  événements  du  18  fructidor,   il   fut 
obligé  de  se  cacher;  ce  fut  dans  l'hospice  des 
Sœurs  de  la  Charité  deTarbes  qu'il  alla  chercher 
un  asile.  Il  paraît  que,  dans  la  solitude  de  cette 
maison,  ses  méditations  le  conduisirent  à  poser 
les  bases  du  Système  universel  qui  depuis  lors 
lui  a  procuré  une  éclatante  renommée.  Devenu 
libre  par  la  réforme  du  jugement  rendu  contre 
lui,  il  se  retira  à   Bagnières  pour  se  livrer  à  la 
rédaction  de  son  système.  Vers  1 805,   il  vint  à 
Paris  où  il  essaya  l'effet  de  ses  idées  sur  le  pu- 
blic parun  ouvrage  intilidé  :  Essai  sur  le  monde- 
il  avait  alors  près  de  quarante  ans.   Cette  pre- 
mière publication  lui  fut  utile  et  lui  procura  suc- 
cessivement les  emplois  de  professeur  d'histoire 
et  de  géographie  au  prytanée  de  Sainl-Cyr,  d'ins- 
pecteur de  la  librairie  à  Avignon  et  ensuite  a 
Nancy,  puis  enfin  sa  nomination  de  recteur  de 
l'académiedecette  dernière  ville,  en  1815.  La  se- 
conde restauration  le  priva  de  cet  emploi.  Depuis 
lors  retiré  à  Paris,  où  il  continua  ses  recher- 
ches sur  l'application  de   ses  principes  de  phi- 
losophie, Azaïs  a  pris  part  aux  débats  politiques 
par  la  publication  de  plusieurs  brochures. 

Il  n'est  point  dans  l'objet  de  ce  Dictionnaire  de 
faire  l'analyse  des  principes  de  la  Vérité  univer- 
selle exposés  par  Azaïs  dans  son  Cours  de  phi- 
losophie générale,  qui  parut  à  Paris,  en  1824, 
8  vol.  in-S"  ;  je  ne  veux  considérer  ici  ses  idées 
que  dans  leur  rapport  avec  l'acoustique  et  la  mu- 
sique. Déjà  il  avait  jeté  quelques-unes  de  ces 
idées  dans  le  grand  ouvrage  qui  vient  d'être 
cité;  mais  depuis  lors  il  leur  a  donné  bcau- 

12 


178 


AZAIS  —  AZOPARDl 


coup  plus  de  développement  dans  une  série  de 
lettres  qu'il  a  adressées  au  rédacteur  de  la  /?e- 
vue  musicale,  et  qui  ont  paru  dans  les  n"'  37, 
38,  40,  42,   4G  et  49  (1831  )  sous  le  litre  d'^- 
coustique  fondamentale.  La  théorie  exposée 
dans  ces  lettres  n'a  rien  de  commun  avec  celle 
des  physiciens  :  elle  est  toute  d'invention.  Azaïs 
pose  en  principe  que  l'effet  de  la  musique  com- 
posée dans  divers  systèmes  dépend  du  rapport 
de   ces   syslèmes   avec  l'organisation   de  ceux 
qui  en   écoutent  les  produits;  il  en  donne  pour 
preuve  l'ennui    que  ferait  naître  aujourd'hui  un 
opéra  de  Lulli  ou  de  Campra,  tandis  que  cette 
musique   excitait  l'enthousiasme  des    Français 
au  temps  de  Louis  XIV;  il  n'hésite  point  à  dé- 
clarer que   la  musique    de  Rossini,  qui    nous 
cause  aujourd'hui  d'agréables  sensations,  n'au- 
rait  pas  seulement  été  sans   charme  pour    les 
contempor(\ins  de   Campra  ou    de  Lulli,  mais 
qu'elle  leur  aurait  même  semblé  insupportable. 
Sans  contester  ces  assertions,  on  voit  qu'Azaïs 
a  pris  l'effet  de  l'éducation  pour  celui  de  l'orga- 
nisation ;  car  il  est  certain  que  les  Français  n'é- 
taient pas  autrement  organisés  au  dix-septième 
siècle  qu'ils  ne  le  sont  aujourd'hui.  D'ailleurs 
il  n'est  pas  vrai  que  toute  musique  du  dix-sep- 
tième siècle  soit  insupportable  à  des  oreilles  du 
dix-neuvième;  plus  d'un  essai  fait  de  nos  jours 
a  prouvé  le  contraire. 

En  acoustique  Azaïs  commence  par  nierqnele 
son  soit  le  produit  de  l'air  vibrant,  et  il  élevé 
d'assez  jusies  diflicultés  contre  cette  théorie  de 
tous  les  physiciens.  Jusque-là,  rien  de  mieux, 
car  la  dilférence  des  timbres  et  la  diversité  des 
inlonalions  qui  se  propagent  à  la  fois  dans  l'air 
et  qui  aboutissent  concurremment  à  l'oreille,  don- 
nent beaucoup  de  probabilité  à  l'existence  de  la 
matière  du  son  dans  les  corps.  Malheureusement 
Azaïs  ajoute  que  «  les  divers  sons  produits  en 
«  même  temps  se  combinent,  se  séparent,  don- 
«  nent  par  leur  combinaison  naissance  à  des 
«  sons  nouveaux.  Que  pourrait-on  entendre  (dit- 
«  il)  par  des  vibrations  aériennes  qui  se  com- 
«  bineraient,  se  séjiarerai'^nt,  donneraient  nais- 
«  sance  à  des  vibiations  nouvelles?»  On  ne  sait 
ce  que  c'est  (ju'un  son  produit  par  d'autres  sons 
qui  se  combinent,  se  séparent,  etc.  ;  il  est  vrai- 
semblable qu'Azaïs  entend  par  là  les  accords  : 
mais  un  accord  n'est  point  un  son;  c'est  une 
réunion  de  sons  entendus  simnitané/nent. 

Au  reste,  ce  n'est  pas  là  le  plus  curieux  :  le 
voici.  Selon  la  doctrine  de  la  Vérité  îini- 
verselle,  une  force  universelle  d'expansion 
produit  une  projection  rayonnante  de  fluides 
sonores,  lumineux  ou  électriques  en  raison 
de  /a  *!ature  des  corps.  Tout  corps  de  nature 


et  de   dimensions  quelconques  est  essenlielle- 
ment,  constamment  pénétré  de  cette  force,  qui 
travaille  sans  cesse  à  étendre  indéliniment  hors 
de  lui-môme  toute  sa  substance.  Cette  extension 
indélinie,  dont  l'effet  inévitable,  si  elle  ne  ren- 
contrait pas   d'obstacles,   serait  la  dissolution 
rapide,  instantanée,  cette  extension  indéfinie  est 
modérée,  retardée,  balancée  à  l'égard  de  chaque 
corps,  par  l'expansion  également  indéfinie  de 
tous    les  corps  qui  l'environnent.  A  l'égard  du 
lluide  sonore ,    lorsqu'un   corps  est  élastique, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  est  constitué  de  manière  à 
pouvoir,  sans  se  briser,  réagir  confie  une  per- 
cussion accidentelle,   il  se  presse  d'abord  sur 
lui-même,  il  se  condense  au  gré  de  cette  per- 
cussion  dès  le    second    instant;   il    se   dilate 
au  degré  même  où  il  vient  d'être  condensé  ; 
par  celle  dilatation  expansive,  il  agit  sur   le'^ 
corps   environnants  qui,   par   leur   expansion 
coalisée,  lui  ont  donné  sa  densité  habituelle;  il 
tend  à  les  écarter  ;  mais  ceux-ci,  qui  sont  élasti- 
ques comme  lui,  réagissent  à  leur  tour  contre  sa 
réaction,  se  condensent,  provoquent  de  sa  part 
une  dilatation  nouvelle  que  suit  une  nouvelle 
condensation....  En  un  mot,  ce  corps  élastique 
est   soumis,  par  le   seul  acte  d'une   percussion 
instantanée,  à  une  vibration  continue,  c'est-à- 
dire  à  une  alternative  de  condensation  et  de  di- 
latation. 

Les  corollaires  de  cette  théorie  sont  faciles  à 
uediiire;  mais  Azaïs  a  cru  devoir  leur  donner 
beaucoup  d'extension  dans  les  six  lettres  qu'il  a 
insérées  sur  le  même  sujet  dans  la  Eevue  musi- 
cale. Une  des  choses  les  plus  curieuses  de  ce.^ 
développements  est  l'idée  de  globules  qui  s'é- 
chappent des  corps  sonores  à  chaque  vibration 
pour  arriver  jusqu'à  l'oreille  et  se  mettre  on 
équilibre  avec  les  globules  qu'elle-même  exhale 
lorsqu'elle  vibre,  il  explique  ensuite  comment  le» 
rapports  arithméitques  des  globules  produits  par 
plusieurs  sons  donnent  la  sensation  de  consoii- 
nance  ou  de  dissonance.  A  toutes  ces  hypothèses 
il  ne  manque  que  la  démonstration;  niais,à  l'air 
de  conviction  qui  règne  dans  le  langage  d'Azaïs, 
il  est  facile  de  voir  (pie  les  démonstrations  n'au- 
raient rien  ajouté  aux  clartés  dont  son  esprit  était 
illuminé.  Azaïs  est  mort  à  Paris ,  le  22  janvier 
1845. 

AZOPARDl  (  Françoi»)  ,  maître  de  cha- 
pelle à  Malle,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  éciit  beaucoup  de  musique  d'église, 
mais  il  est  plus  connu  par  un  traité  de  compo- 
sition qu'il  publia  en  1760  sous  ce  litre  :  Il  mu- 
sico pratico.  Framery  en  a  donné  une  traduction 
française  intitulée  :  Le  musicien  pratique,  ou 
leçons  qui  conduisent  les  élèves  dans  l'art  du 


AZOPARDI  —  AZZOLINO 


179 


contrepoint,  en  leur  enseignant  la  manière  de 
composer  correctement  toute  espèce  de  musi- 
que, Paris,  Ledac,  Il  9>6,  deux  volumes  in-8°, 
l'un  de  texte,  l'autre  d'exemples.  C'est  un  ou- 
vrage médiocre,  où  les  exemples  sont  faiblement 
conçus  et  mal  écrits.  Choron  en  a  donné  une 
édition  plus  commode,  dans  laquelle  il  a  inter- 
calé les  exemples  au  milieu  du  texte;  Paris, 
1824,  un  vol.  in-4''. 

AZPILÇUETA  (Martin  d'),  surnommé 
Aararnw,  jurisconsulte  fameux,  prêtre  et  cha- 
noine régulier  de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  de 
la  congrégation  de  Roncevaux ,  naquit  à  Vera- 
soin ,  dans  la  Navarre,  en  1491,  et  mourut  à 
Rome  en  1586.  Parmi  ses  nombreux  écrits  est 
un  traité  De  musica  et  canlu  figurato ,  qu'on 
trouve  dans  les  deux  éditions  de  ses  œuvres  im- 
primées à  Lyon,  1597,  et  Venise,  1602,  six 
vol.  in-fol.  On  a  aussi  réimprimé  à  Rome ,  en 
1783  ,  un  petit  ouvrage  de  sa  composition  inti- 
tulé :  li  Siicnzio  necessario  nell'  altare ,  net 


coro  ed  altri  luogfii,ove  si  cantànoi  divini 
ufjizii. 

AZZARITI  (...) ,  professeur  de  musique  à 
Naples,  s'est  fait  connaître  par  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Elementi  pratici  di  musica,  Naples, 
Trani,  1819,  in-8". 

AZZIA  (Alexandre  d'),  né  à  Naples,  vers 
1765,  fut  attaché  en  qualité  de  poète  traducteur 
de  libretti  au  théâtre  italien  établi  à  Paris ,  en 
l'an  IX,  par  M"*  Montansier.  On  a  de  lui  :  Sur 
le  rétablissement  du  théâtre  Bouffon  italien 
à  Paris,  Paris,  1801,  deux  feuilles  in-S".  D'Azzia 
est  mort  à  Paris  en  1804.  C'est  lui  qui  était  allé 
en  Italie  pour  y  rassembler  la  troupe  qui  produi- 
sit une  si  vive  sensation  dans  le  MairimonioSe- 
greto  de  Cimarosa  :  on  y  remarquait  M""  Stri- 
nasacchi,  Nozzari  et  Raffanelli,  alors  le  meilleur 
bouffe  de  l'Italie. 

AZZOLLXO  BERNARDINO  DELL  A 
CIAJA.  Voyez  CIAJA  (  Azzolino-Bernaruiwo, 
chevalier  della). 


t». 


B 


BAAKE  (Ferdinand-Gottfried),  pianiste  et 
compositeur,  né  le  15  avril  1800,  àHendeieer,  près 
de  Halberstadt,  où  son  père  était  cantor  el  or- 
ganiste. Il  était  âgé  de  dix  ans  lorsque  sa  mère 
alla  s'établir  à  Halberstadt,  afin  de  procurer  à 
ses  fils  les  moyens  de  recevoir  une  bonne  instruc- 
tion. Baake  suivit  les  cours  du  gymnase,  et 
reçut  ses  premières  leçons  de  musique  de  Samuel 
Mùller,  bon  organiste  de  la  catbédrale.  Après  la 
mort  de  ce  musicien ,  il  a  eu  pour  maîtres  de 
piano  et  de  composition,  Hummel  et  Fr.  Schnei- 
der. 11  a  d'abord  rempli  les  fonctions  d'organiste 
et  de  directeur  du  chœur  à  l'église  principale  de 
Halberstadt  ;  puis  il  a  occupé  quelque  temps  une 
place  d'organiste  à  Wolfenbuttel.  En  1836,  il  fut 
appelé  à  Miilhausen  pour  y  remplir  les  fonctions 
d'organiste  de  l'église  principale;  mais  il  ne  con- 
serva celte  position  que  pendant  deux  ans,  ayant 
été  rappelé  à  Halberstadt  pour  y  diriger  la  société 
de  chant. 

On  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Six  chansons 
allemandes,  op.  1 .  Leipsick,  Breilkopfet  Hœrtel.  — 
2°  Six  polonaises  pour  le  piano,  op.  2.  Ibid. — 
3*  I"  Rondeau  pour  le  piano  mêlé  d'un  thème  de 
Chérubini,  op.  3.  Berlin, Trautwein.  —  4°  Grandes 
variations  sur  un  thème  original,  op.  4.  Mayence, 
Scliott.  —  5"  Sept  chansons  allemandes  pour  voix 
desupiano.op.  n.  I5erlin,  Trautwein.  —  6°  Grande 
sonate  pour  le  piano,  op.  6.  Lei  psick,  Br.  et  Hœrlel 
—  1°  Odéon ,  recueil  de  nouvelles  compositions 
pour  le  piano.  1*''  volume.  Wolfenbiiltel,  Hart- 
man.  2*  vol.  Ibid.—  8"  Variations  et  rondo  sur  l'air 
allemand  :  ISoch  einmal  die  schœne  Gegend, 
op.  9.  Ibid.  —  9°  Amusement  pour  \e  piano,  op. 
10.  Ibid.  —  10°  Douze  valses,  op.  Il,  Leipsick, 
Hofmeisler.  —  IT Sonatine,  op.  12.  Wolfenbuttel, 

Hartmann 12"  Prélude  pour  l'orgue.  Erfurt, 

Kœrner,  in-4"'  obi. —  13°  Chants  à  quatre  voix  avec 
3cc.de  piano,  op.  13.  Halberstadt,  Franfz.  —  14" 
Chœurs  d'hommes  à  quatre  voix,  op.  16.  Ibid.  — 
15°  Salve  Peginaki  voix,  avec  orchestre.  Baake 
a  publié  contre  le  directeur  de  musique  M.  Wilke 
(voyez  ce  nom)  un  écrit  plein  d'aigreur,  sous  ce 
titre  :  Beschreibung  der  grossen  Orgel  der  Ma- 
rienkirchezu  Wismar,  so  wie  der  grossen  Or-gel 
des  Dômes  und  der  St.-Marienkirche  zii  Hal- 
berstadt. Ein  Beitrag  zur  Beleuchtung  and 
Wilrdigung  der  eigenthUmlic/ioi  Ansichten 
und  Gruudsaetze    des   Uerrn  Musikdlncior 


Wilke  zu  A'eu-Ruppin ,  in  Bezug  au/  die  Or 
gelbaukunst  (Description  du  grand  orgue  de  IMa- 
rienkirclie  à  Wismar,  ainsi  que  du  grand  orgue 
de  l'église  Ste-Marie  à  Halberstadt.  Essai  pour  lé- 
claircissement  el  l'appréciation  des  connaissances 
spéciales  et  des  principes  de  M.  le  directeur  da 
musique  Wilke  deNeu-Ruppin,ence  quiconcerno 
l'art  de  la  construction  de  l'orgue).  Halberstadt, 
Franiz,  1843,  in-8°.  Wilke  ayant  publié  une  bro- 
chure en  réponse  aux  attaques  de  Baake,  celui-ci 
lança  contre  lui  un  nouveau  pamphlet,  plus  acerbe 
encore,  lequel  a  pour  titre  :  Neuer  Beitrag  zur 
Beleuchtung  und  Wilrdigung  der  Parihei- 
lichkeit ,  Inconsequenz  und  Ignoranz  des 
Herrn  Musikrector  Wilke  in  Beziehung  au/ 
die  Orgelbaukunst,  etc.  (Nouvel  essai  pour  l'é- 
claircissement et  rappréciation  de  la  partialité,  de 
l'inconséquence  et  do  l'ignorance  de  M.  le  direc- 
teur de  musique  Wilke  en  ce  qui  concerne  la 
facture  de  l'orgue,  etc.;  ibid.,  1845,  gr.  in-8". 

BABAN  (Gkatien),  compositeur  espagnol,  et 
maître  de  chapelle  à  Valence  dans  les  années  1G50 
à  1665,  a  joui  d'une  grande  renommée  parmi  les 
maîtres  de  son  temps.  Il  écrivait  habituellement 
ses  messes  et  ses  motets  à  plusieurs  chœurs. 
Quelques-uns  de  ses  ouvrages  se  trouvent  en  ma- 
nuscrit dans  les  archives  de  l'église  métropoli- 
taine de  Valence. 

BABBI  (Chkistophe),  maître  des  concerts  de 
l'Électeur  de  Saxe,  naquit  à  Césène  en  1748.  Il 
étudia  le  violon  sous  Paul  Alberghi,  élève  de  Tar- 
tini  ;  ce  fut  en  1790  qu'il  entra  au  service  de  l'É- 
lecteur. Il  a  composé  des  concertos  pour  le  violon, 
des  .symphonies  pour  l'église  et  la  chambre,  des 
quatuors,  des  duos  pour  la  flûte,  et  une  cantate 
pour  le  clavecin,  publiée  à  Dresde  en  1789. 

BABBI  (  Gregohio),  né  aussi  à  Césène,  était, 
vers  1740,  un  des  premiers  ténors  de  l'Italie. 
En  1755,  il  fut  engagé  pour  le  théâtre  de  Lisbonne 
el  il  lui  fut  payé  pour  deux  années  d'appointe- 
ments 24,000  crusades  (132,000  francs.)  Retiré 
dans  sa  ville  natale  en  1777,  il  y  est  mort  dans  un 
âge  avancé.  Babbi  excellait  dans  le  chant  ex- 
pressif. 

BABBINI  (Matteo),  un  des  plus  célèbres 
ténors  de  l'Italie,  naquit  à  Bologne  en  1754  Des- 
tiné par  ses  [larenls  à  l'exercice  de  la  médecine  et 
de  la  chirurgie,  il  fréquenta  les  cours  de  ces 
sciences,  jusqu'à  ce  que  la  mort  de  ses  parents 


180 


BABBmi  —  BACCHINI 


181 


Peut  laissé  sans  ressources.  Alors  il  dut  renoncer 
à  la  continuation  de  ses  études  scientifiques ,  et 
chercher  un  asile  chez  une  lante  mariée  à  Cortoni, 
professeur  de  chant  de  quelque  mérite.  Elle  le  re- 
cueillit chez  elle  et  eut  pour  lui  les  soins  d'une 
mère.  Cortoni  ayant  remarqué  les  heureuses  dis- 
positions de  Babbini  pour  la  musique,  particuliè- 
rement pour  le  chant ,  lui  donna  des  leçons,  cor- 
rigea les  défauts  de  son  organe  et  en  développa 
les  qualités.  Quelques  années  d'études  sérieuses 
lui  tirent  acquérir  tout  ce  qui  constitue  un  grand 
chanteur  et  un  mu'iicien  instruit.  Son  éducation 
vocale  terminée,  il  embrassa  lacarrière  du  théâtre. 
Ses  débuts  furent  si  brillants,  que  le  roi  de  Prusse 
Frédéric  II  le  fit  engager  immédiatement  après 
pour  le  théâtre  de  sa  cour.  Après  un  séjour  d'une 
année  à  Berlin,  Babbini  partit  pour  la  Russie, 
où  l'impératrice  Catherine  II  l'attacha  à  son  ser- 
vice. En  1785,  il  se  rendit  à  Vienne  et  y  fit  ad- 
mirer l'excellence  de  sa  méthode.  Appelé  ensuite 
à  Londres,  il  s'y  rendit  en  [jassant  [lar  Paris,  où 
il  eut  l'honneur  de  chanter  un  duo  avec  la  reine 
Marie- Antoinette.  De  retour  en  Italie ,  il  brilla  à 
Venise,  en  1789,  dans  les  Horaces,  deCimarosa; 
puis  il  fut  engagé  au  théâtre  de  Turin.  En  1792, 
le  roi  de  Prusse,  Frédéric-Guillaume  II,  l'appela 
de  nouveau  à  Berlin,  où  il  .se  fit  admirer  dans 
l'opéra  sérieux  II  Dario.  Pendant  les  dix  années 
suivantes,  Babbini  chanta  avec  de  brillants  succès 
sur  les  principaux  théâtres  de  l'Italie;  puis  il  re- 
tourna à  Bologne,  où  il  se  fit  entendre,  pendant 
le  carnaval  de  1802,  dans  l'opéra  de  Nicolini  / 
Mania,  et  dans  les  Misteri  Eleusini,  de  Mayer, 
quoiqu'il  eût  alors  près  de  cinquante  ans.  Peu  de 
temps  après,  il  se  retira  du  théâtre  et  se  fixa  à  Bo- 
logne, où  il  vécut  environné  de  l'estime  générale, 
faisant  un  noble  usage  des  richesses  qu'il  avait 
acquises  par  son  talent,  et  partageant  ses  loisirs 
entre  la  culture  des  arts  et  la  société  de  quelques 
amis.  Il  mourut  à  Bologne  le  21  septembre  1816, 
à  l'âge  de  soixante-deux  ans.  Le  docteur  Pierre 
Brighenti,  ami  de  cet  artiste,  a  publié  :  Elogio 
di  Matteo  Babbini.  Bologne,  1822,  in-S". 

BABELL  (William),  fils  d'un  musicien  qui 
jouait  du  basson  au  théâtre  de  Drury-Lane,  naquit 
vers  1690.  11  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique de  son  père,  et  devint  ensuite  élève  de  Haen- 
del.  Mattheson  assure  qu'il  surpassa  son  maître 
comme  organiste.  Son  mérite  le  fit  nommer  or- 
ganiste de  l'église  de  All-Hallows  (Bread- Street), 
et  musicien  ()articulier  de  Georges  \".  Son  pre- 
.  mier  essai  dans  l'art  d'écrire  consista  en  leçons 
de  clavecin  sur  les  airs  de  Pyrrhus  et  de  quel- 
ques autres  opéras  de  Haendel.  Les  pièces  de  cla- 
vecin qu'il  fit  sur  les  airs  du  Rinaldo  sont  excel- 
lentes, et  si  difficiles, que  peu  de  personnes  ont 


pu  les  jouer  après  lui.  Ses  autres  compositions 
consistent  en  :  1°  Douze  solos  pour  violon  ou 
hautbois. —  "i."  Douze  solos  pour  flûte  allemande 
ou  hautbois,  op.  2.  —  3°  6  Concertos  pour  des 
petites  Jlùtes  et  des  violons.  Babell  mourut 
jeune,  en  1722,  ayant  beaucoup  abrégé  ses  jours 
par  son  intempérance. 

BABIXIGG  (Antoine),  ténor  quia  joui  d'une 
brillante  réputation  en  Allemagne,  est  né  à  Vienne 
le  10  novembre  1794.  Il  a  reçu  son  instruction 
musicale  dans  l'école  de  Vienne;  malheureusement 
ce  fut  dans  un  temps  où  l'art  du  chant  était  en- 
seigné en  Allemagne  d'une  manière  fort  impar- 
faite, et  lorsque  les  habiles  chanteurs  de  l'Italie 
ne  s'étaient  point  encore  fait  entendre  dans  la  ca- 
pitale de  l'Autriche.  De  là  vient  que  Babnigg  s'est 
toujours  fait  remarquer  par  la  singulière  beauté  de 
sa  voix,  plutôt  que  par  la  pureté  de  sa  méthode 
et  de  sa  vocalisation.  Il  commença  sa  carrière 
dramatique  à  Vienne,  puis  chanta  à  Linz,  Graetz, 
Prague,  et  plusieurs  autres  villes  de  l'Autriche. 
Partout  il  eut  de  brillants  succès,  à  cause  du 
charme  de  sa  voix,  et  bien  qu'il  fût  acteur  mé- 
diocre. Après  quelques  voyages  à  l'étranger,  il 
accepta  un  engagement  pour  le  théâtre  royal  de 
Dresde,  en  182C,  et  s'y  fit  applaudir  avec  trans- 
ports pendant  quelques  années;  mais,  vers  1830, 
l'altération  de  son  organe  vocal  devint  sensible. 
Il  chanta  cependant  encore  jusqu'en  1836,  puis  il 
partit  pour  la  Pologne  et  la  Russie,  où  il  demeura 
pendant  les  années  1837  et  1838.  De  retour  à 
Dresde,  il  reprit  son  service  au  théâtre  royal; 
mais  il  se  retira  définitivement  en  1842.  Sa  fille, 
Mlle    Emma  Babnigg,    a  chanté  avec  quelque 
succès  à  Dresde,  Leipsick,  Hambourg,  Paris  et 
Cologne.  En  1849 ,  elle  retourna  de  nouveau  à 
Hambourg,  et  y  prit  un  engagement  pour  le  Ihéûtro 
de  cette  ville. 

Une  sonate  à  quatre  mains  pour  le  piano  a  été 
gravée  à  Vienne  sous  le  nom  de  Babnigg. 

BACCELLI  (Dominique),  musicien  italien, 
vint  en  France  au  mois  de  juillet  1766,  avec  sa 
femme  qui  venait  d'être  engagée  par  Colalto  pour 
jouer  les  premières  amoureuses  à  la  comédie  ita- 
lienne. En  1770 ,  il  écrivit  la  musique  d'un  opéra 
comiquede  Cailhava,  intitulé  le  Nouveau  Marié, 
ou  les  Importuns.  Cette  musique  fut  goûtée. 
En  1779,  les  pièces  italiennes  ayant  été  aban- 
données, Baccelli  retourna  en  Italie  avec  sa 
femme  :  on  ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis  ce 
temps. 

BACCHIIM  (GiSLAMERio),  compositeur  ila- 
lien  du  dix-septième  siècle  ,  n'est  connu  que  par 
un  recueil  de  messes  inlUulé:  Il  primo  libro  délie 
messe  a  tre ,  quattro,  e  nove  voci  concertait, 
Venise,  Ale\andre  Vincenti,  1627,  in-é". 


182 


BACCHINI  —  BACCHIUS 


BACCHIIVI  (Benoît),  savant  littérateur  et 
religieux  bénédictin,  naquit  à  San-Domino,  dans 
l'État  de  Parme,  le  31  août  1651. 11  fit  ses  études 
à  Parme,  et  entra  dans  l'ordre  de  St- Benoît 
en  1668.  Ayant  été  nommé  secrétaire  de  l'abbé  de 
St-Benoît,  à  Ferrare,  il  alla  successivement  avec 
cet  abbé  à  Venise,  à  Plaisance  et  à  Pavie.  De  re- 
tour à  Parme,  il  se  livra  avec  ardeur  à  des  études 
sérieuses,  et  apprit  le  grec  et  l'bébreu.  Ce  fut  peu 
de  temps  après  qu'il  commença  la  publication  du 
journal  connu  sous  le  nom  de  Giornale  de'  Let- 
terati  d'italia.  11  mourut  à  Bologne  le  1*""  sep- 
tembre 1721,  âgé  de  soixante-dix  ans.  Il  était  de 
presque  toutes  les  académies  d'Italie,  et  prenait 
dans  celle  des  Arcades  le  nom  A^Ereno  Panor- 
mio.  On  trouve  sa  Vie,  écrite  par  lui-même,  en 
latin,  tome  34  du  Giornale  rfe*  Let  terati,  Sia- 
née  1723.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  on  re- 
marque le  suivant  :  Sistrorum  figurïs  ac  diffe- 
rentia...  ob  sistri  romani  effigiem  communi- 
catam  Dissertatio,  Bologne,  1691,  in-4".  Cette 
dissertation  ne  fut  tirée  qu'à  cinquante  exemplai- 
res, et  l'auteur  en  envoya  un  à  Jacques  Tollius, 
qui  la  fit  réimprimer  à  Utreclit,  en  1696,  in-4", 
avec  des  notes  et  une  petite  dissertation  sur  le 
même  sujet.  Le  titre  de  cette  seconde  édition  est  : 
De  sistris  ,  eorumque  figuris  ac  differentïa. 
Forkel  dit  (Allgemeinc  Litleratur  der  Musik, 
p.  86  )  que  la  dissertation  de  Baccliini  fut  d'abord 
écrite  en  italien,  et  que  Tollius  la  traduisit  en 
latin.  Elle  a  été  insérée  par  Grœvius  dans  son 
Thésaurus  aniiquitatum  romanarum,  t.  6, 
p.  407,  et  par  Ugolini  dans  le  Thésaurus  anii- 
quitatum sacrarum ,  t.  32.  Le  travail  de  Bac- 
cliini  laisse  beaucoup  à  désirer,  même  sous  le  rap- 
port de  l'érudition.  Quant  à  la  partie  musicale, 
tout  y  est  superficiel  :  l'auteur  n'y  entendait 
rien. 

BACCHIUS,  surnommé  le  Vieux,  écrivain 
grec,  auteur  d'un  traité  de  musique.  On  ignore 
quel  fut  le  lieu  de  sa  naissance  et  en  quel  temps 
il  vécut;  on  sait  seulement  qu'il  écrivit  posté- 
rieurement à  Nicomaque  ;  car  il  le  nomme,  ainsi 
que  Didyme,  dans  sa  définition  du  rliytbme. 
L'ouvrage  de  Baccliius  est  un  dialogue  sur  la 
musique,  intitulé  ElffayoïyTl  nept  [xovxrtxïi;  (Intro- 
duction à  la  musique).  C'est  une  sorte  de  ma- 
nuel, par  interrogations  et  réponses,  qui  semble 
avoir  été  destiné  à  des  écoles  publiques.  De  tous 
les  livres  sur  la  musique  que  les  Grecs  nous  ont 
laissés,  celui-ci  est  le  moins  prétentieusement  .sa- 
vant, et  c'est  le  seul  qu'on  puisse  considérer 
comme  un  traité  de  musique  pratique.  Les  ques- 
tions sont  posées  avec  netteté,  et  les  réponses 
sont  en  général  courtes  et  précises. 

On  trouve  l'ouvrage  de  Baccliius  en  manus- 


crit dans  presque  toutes  les  grandes  bibliothèques 
de  l'Europa  :  dans  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris  il  y  en  a  cinq  sous  les  numéros  2456,  2458, 
2460,  in-fol.,  2532,  in-4%  3027,  in-fol.  Le  texte 
de  Baccliius  fut  publié  pour  la  première  lois  par 
le  P.  Mersenne,  dans  ses  Quassliones  celeber- 
rimse  in  Genesim  (Paris,  1623,  in-fol.),  où  l'on 
est  fort  étonné  de  le  trouver.  Dans  la  môme  an- 
née, F.  Morel,  célèbre  imprimeur  de  Paris,  en 
donna  une  version  latine  en   un  petit   volume 
in-S",  qui  est  devenu  fort  rare.  On  trouve  une 
fort  mauvaise  traduction  française  du  même  ou- 
vrage dans  le  Traité  de  l' Hannonie  universelle 
que  Mersenne  a  publié  à  Paris,  en  1627  (1  vol. 
in-8°),  sous  le  pseudonyme  du  sieur  de  Sermes. 
Meibomius  a  inséré  le  texte  de  Baccliius  dans  sa 
collection  des   écrivains  grecs  sur  la  musique 
{Antiquse  musicx  auctores  scptem.  Amstelo- 
dami,  1652,  in-4o,   2  vol.),   et  l'a  accompagné 
d'une  nouvelle  version  latine  et  de  notes.  Dans 
la  préface  qu'il  a  mise  en  tête  de  cet  ouvrage  de 
Baccliius,  il  parle  d'un  manuscrit  de  Scaligerqui 
contenait  un  fragment  de  cet  auteur,  considéré 
par  lui  comme  inédit,  et  qu'il  promettait  de  pu- 
blier avec  un  traité  ou  plutôt  dans  deux  traités 
composés  par  deux  auteurs  anonymes,  suivant 
la  remarque  des  M.  A.  J.   H.  Vincent  (voy.  l'ou- 
vrage cité   plus  bas).  Remarquons  en    passant 
qu'il  était  assez  singulier  que  Meibomius  eût  re- 
mis à  un  autre  temps  la  [lublication  de  ce  qu'il 
considérait  comme  la  seconde  partie  de  l'ouvrage 
dont  il  donnait  alors  la  première  ;  car  ce  qu'il 
appelait  un  fragment  est  en  réalité  un  travail 
complet.  Au  surplus,  Meibomius  n'a  pas  tenu  sa 
parole;  l'ouvrage  de  Baccliius  n'a  pas  été  mis 
au  jour,  et  il  en  a  été  de  même  des  traités  ano- 
nymes. Depuis  l'époque  où   le  savant  critique 
écrivait,   le   manuscrit  de  Scaliger  avait  passé 
dans  la  célèbre  Ifibliotlièque  de  Meermann ,  et  il 
était  resté    ignoré  de  tout   le   monde  pendant 
cent  soixante-dix  ans,  lorsqu'en  1824  cette  bi- 
bliothèque fut  mise  en  vente  publique:  l'acqui- 
sition du   manuscrit  grec  fut  faite  par  un   An- 
glais; on  ne  sait  ce  qu'il  est  devenu  depuis  ce 
temps. 

Heureusement,  parmi  les  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris  qui  contiennent  le 
traité  de  musi(iue  de  Bacchius,  il  en  est  cinq,  cotés 
2458,  2460,2532,  3027  et  173  du  fonds  de  Coislin, 
qui  renferment  cette  seconde  partie,  ou  plutôt  cet 
autre  ouvrage,  dont  la  forme  est  absolument  dif- 
férente de  la  forme  du  premier.  M.  Frédéric  Bel- 
lermann, savant  professeur  deBerIin,en  a  trouvé 
deux  autres  à  Naples,  et  en  a  publié  le  texte, 
d'après  ces  sources,  à  la  suite  de  celui  du  traité 
de  musique  anonyme  dont  il  vient  d'être  parlé. 


BACCHIUS  —  BACCUSI 


183 


dans  le  volume  qui  a  poiirtilie  :  Anonyml  Scrip- 
tio  de  Musica.  Bacchn  senioris  Introductio 
artis  musiae.  E  cod'icibus,e[G.  Berolini,  1841, 
in- 4".  (Voyez  Bellermann).  L'ouvrage  de  Bac- 
cliiusa  pour  titre  :  ElaaywYr; té/vyi;  [xoyCTt:cri;  Bax- 
Xeiov)  ToO  Y£povTo;  (Introduction  à  l'art  musical ,  par 
Bacchius  l'Ancien).  L'auteur  y  établit,  contre  la 
doctrine  des  aristoxéniens,  que  les  sens  sont  im- 
puissants à  nous  donner  la  connaissance  exacte 
des  choses,  et,  en  particulier,  que  l'audition  est 
insuffisante  pour  juger  des  rapports  des  sons. 
M.  Bellerraann  remarque  (page  101)  que  les  vingt 
premiers  paragraphes  de  ce  petit  écrit  sont 
contenus  dans  le  sixième  chapitre  du  deuxième 
livre  des  Harmoniques  de  Manuel  Bryenne.  M.  A. 
J.  H.Vincent  en  adonné  unetraductiou  française 
dans  son  beau  travail  sur  quelques  manuscrits 
grecs  relatifs  à  la  nmsique,  qui  remplit  toute  la 
deuxième  partie  des  Notices  et  extraits  des 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Roi  et  au- 
tres bibliothèques,  publiés  par  l'Institut  royal 
de  France.  Paris,  Imprimerie  royale,  1847. 

Je  ne  terminerai  pas  cet  article  sans  faire  re- 
marquer qu'il  était  peu  exact  de  dire,  comme 
Meibomius,  que  cette  seconde  partie  était  abso- 
lument inédite,  car  la  mauvaise  traduction  fran- 
çaise de  Mersenne  a  le  mérite  d'être  complète.  Il 
est  vraisemblable  que  ce  moine  a  eu  connais- 
sance du  manuscrit  d'où  il  a  tiré  le  second  traité 
de  Bacchius,  postérieurement  à  la  publication  du 
texte  grec  qu'il  a  faite  dans  ses  Questions  sur  la 
Genèse.  Personne  n'a  remarqué  cette  différence 
entre  la  traduction  de  Mersenne  et  le  texte  publié 
par  Meibomius;  La  Borde  seul  a  eu  connaissance 
de  celte  traduction. 

BACCHYLIDES,  poëte  et  musicien  grec, 
né  à  Joulis  dans  l'île  de  Céos,  vécut  à  la  cour 
d'Hiéron,  tyran  de  Syracuse,  environ   470  ans 
avant  J.-C.  Neveu,  par  sa  mère,  du  poëte  chan- 
teur Simonide,  il  fut  oncle  d'Eschyle.  L'anti- 
quité fut  partagée  sur  le  mérite  des  poésies  de 
Bacchylides  ;  quelques-uns  les  préféraient  à  celles 
de  Pindare;  mais  Longin  les  considère  comme 
inférieures  à  celles-ci.  11  n'en  reste  aujourd'hui 
que  quelques  fragments,  dont  le  plus  considéra- 
ble est  un  beau  Pœan  adressé  à  la  paix,  qui  nous 
a   été  conservé  par  Stobée.  Comme  musicien, 
Bacchylides  s'est  distingué  par  la   création  de 
chants  dans  des  rhytbmes  nouveaux  et  variés, 
particulièrement  dans  les  chants  de  danses  et 
dans  les  hymnes.  Les  fragments  connus  de  ses 
poésies  ont  été  réunis  par  M.  Christian-Frédéric 
Neue,  qui  les  a  accompagnés  d'une  version  la- 
tine et  d'un  savant  commentaire,  dans  la  mono- 
graphie qui  a  pour  titre  :  Bacchylidis  Cet  frag- 
menta, Berlin,  1822,  in  8°  de  76  pages. 


BACGI  (DOMINIQUE),  mort  le  27  janvier  1549, 
à  Crémone,  sa  |)alrie,  fut  l'un  des  ])lus  grands 
chanteurs  de  son  siècle.  Louis  Cavitelli,  cité  par 
Arisi(Cremon.  Lelter.,  t.  II,  p.  451),  dit  de  lui  : 
Dominicus  Baccus,  quo  aller  non  fuit  prx- 
stantior  ciere  viras ,  turbamque  accendere 
cantu,  et  ad  magts  graphice  scribendum, 
obiit,  etc. 

BACCI( PIERRE-JACQUES),  né  à  Pérouse,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a  composé  la 
musique  d'un  opéra  intitulé  Abigail,  représenté 
à.  Città  délia  Pieve,  en  1691.  Le  style  de  Bacci 
a  de  l'élégance,  pour  le  temps  où  il  écrivait.  On 
trouve  dans  VAbigail  un  air  (Pensa  a  quesf 
ora),  qui  est  d'une  remarquable  beauté. 

BACCILIERI  (JEAN),  ecclésiastique,  né  à 
Ferrare ,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle,  et  au  commencement  du  dix-sep- 
tième. On  a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  La- 
mentationes,Benedictuset  Evangel.  Dom.  Pal- 
marum  et  Fer.  II,  qicinque  vocum ,  op.  1.  Ve- 
neliis,  1607,  in  fol.  —  2°  Vespri  a  otto  voci,  op. 
2.  Venezia,  app.  Angelo  Gardano,  IGIO,  in-4''.  — 
3"  Totumdefunctorumofficium,quinque  voci- 
bus.  op.  3.  Venetiis  apud  Bartbol.  Magni,  1619, 
in-4o. 

BACCINELLI  (jean-baptiste),  né  à  Sienne, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  Sacrse  cantiones 
duobus,  tribus  et  quatuor  vocibus  l\b.  I.  Ve- 
nise, Vincentini,  1616,  in-4''. 

BACCIOIVI  (JOSEPH),  l'un  des  huit  membres 
ordinaires  de  la  section  musicale,  dans  la  classe 
des  beaux-arts  de  la  société  italienne  des  scien- 
ces, du  royaume  d'Italie  sous  Napoléon  1,  belles- 
lettres  et  arts,  et  l'un  des  maîtres  de  chapelle 
du  collège  des  professeurs  de  musique  de  Flo- 
rence, naquit  dans  cette  ville  en  1763.11  a  beau- 
coup travaillé  pour  l'église,  et  ses  compositions 
sont  estimées  ;  elles  sont  restées  manuscrites, 
suivant  l'usage  d'Italie.  En  1807,  il  a  publié  à 
Florence  un  Traité  de  Vart  du  chant,  qui  a 
eu  beaucoup  de  succès 

BACCUSI  (nipPOLYTE),  moine  italien  du 
16"  siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale de  Vérone,  vers  1590.  Cerreto  assure 
qu'il  composait  déjà  en  1550.  Je  crois  que  c'est 
une  erreur.  Baccusi  fut  un  des  premiers  musi- 
ciens qui,  pour  soutenir  les  voix  dans  la  musique 
d'église,  y  joignirent  des  instruments  qui  jouaient 
à  l'unisson  des  voix.  Les  ouvrages  dans  lesquels 
il  a  introduit  celte  nouveauté  sont  intitulés  : 
1"  Hippolyti  Baccusii,  eccl.cath.  Veronse  mu- 
sica; magistri,  missx  très,  tumviva  voce,  tum 
omni  instrumentorum  génère  cantatu  acco- 
'  modatissimx ,  cum  octo  vocibus.   Vend,  ap- 


s  84 


BACCUSI  —  BACH 


Ricciarchim  Amadimnn,  1596.  —  2»  Hïppol. 
Baccusii,  eccl. calh.  Veronœ  musicesprsefecll, 
Psalmi  omnes  qui  a  S.  Rom.  ecclesia  in  so- 
lemnitatibus  ad  vesperas  decantari  soient 
cian  duobus  Magnificat,  tum  viva  voce,  tum 
omni  instrumentorum  génère  cantalu  acco- 
viodattssïmi,  cum  octo  vocibus,  mine  prinmm 
in  lucem  editi.  Venet.,  ap.  Ricciard.  Amadi- 
num,  1597.  Les  autres  productions  de  Baccusi, 
sont  :  l"  Madrigali  a  set  voci,  lib.  I  et  II,  Ve- 
nise, 1C04  (ce  sont  des  réirapressions);  lib.  III. 
Jbid.,  1579,  in-4o;Iib.  IV,  1587.—  2o Madrigali 
a  tre  voci,\ih.  I,  Venise,  1594;  lib.  II,  ibid., 
1597.  —  30  Motetti  a  cinque,  sei  e  otto  voci, 
ibid.,  1585,  in-4'' :  la  première  édilion  de  ces 
motets  a  paru  à  Venise,  chez  les  héritiers  de 
Fr.  Rampazetti,  en  1579,  in-4''.  Il  y  en  a  une 
troisième  édition  publiée  dans  la  même  ville, 
chez  Vincenti,  en  1608,  in-4o.  Ce  recueil  con- 
tient trente  motets.  —  4o  Messe  a  quattro  voci, 
ibid.,  1587.  —  5"  Messea  cinque,  sei  e  otto  voci, 
■ibid.,  1589.  —  60  Missarumquinque  et  novem 
vocum  liber  qiiartus.  Venetiis,  Gardano,  1593, 
in-40.  — losalmi  spczzati  a  quattro  voci,  ibid., 
]  594.  —  8"^  Salmi  a  cinque  voci,  ibid.,  1602.  Le 
P.  Martini  cite  un  recueil  de  motets  {Saggio  fon- 
dant, prat.  di  contrap.,  p.  74,  t.  2),  dédiés  à 
Palestrina,  par  plusieurs  contrapuntistes,  au  nom- 
bre desquels  se  trouve  Baccusi  ;  ce  recueil  a  été 
publié,  en  t592.  Luckner  a  aussi  donné  quelques 
morceaux  de  ce  musicien  dans  ses  Mutelx  sacrse, 
qui  ont  paru  en  1590.  Enfin  on  connaît  encore  de 
Baccusi  :  RcguLv spiritualis  melodix,  seu  Liber 
spirituaimm  cantionum,  Anxevs,  1617.  Je  crois 
quec'est  une  deuxième  édition.  Stanze  delV  Âri- 
osto  e  Tassoairevoci.  Venezia,Ricc.  Amadino, 
1597,  in-4°.  On  trouve  quelques  pièces  de  Baccusi 
dans  le  recueil  publié  par  André  Pevernage,  sous 
le  titre  de  Haruionia  céleste  di  diversi  eccel- 
lenlissimi  musici  (Anvers,  Pierre  Phalèse, 
1593,  in.4o,  obi.), dans  la  Sgmphonia  Angelica, 
collection  publiée  par  Hubert  Waelrant  (Anvers, 
Pierre  Phalèse  et  Jean  Bellere,  1594,  in-4'',obl.), 
dans  la  Melodia  Olympica,  recueillie  par  Pierre 
Phillips,  musicien  anglais  (Anvers,  mêmes  édi- 
teurs et  même  année),  dans  11  Trionjo  di  Dort, 
recueil  de  Madrigaux  publié  à  Venise,  par  Gar- 
dane,  en  1592,  et  à  Anvers,  par  Phalèse,  en  1596, 
danslei'a/flrfjso  musicale  di  madrigali  e  can- 
soni  a  cinque  voci  (Anvers,  Pierre  Phalèse, 
1596,  in-4°),  et  dans  plusieurs  autres  recueils 
du  même  genre. 

BACFARTjOuBACFARRE  (Valentin), 
lulhiste  du  seizième  siècle,  dont  le  nom  vérita- 
ble était  Grœw,  naquit  en  1515  dans  la  Transyl- 
vanie. Il  paraît  que  son  talent  sur  le   luth  fut 


admiré  de  ses  contemporains,  suivant  une  ins- 
cription placée  sur  son  tombeau,  et  qu'il  fut  at- 
taché au  service  de  Sigismond-Auguste,  roi  de 
Pologne,  après  avoir  voyagé  en  France,  en  Alle- 
magne, et  avoir  passé  quelque  temps  à  la  cour 
de  l'empereur  Ferdinand.  Vers  1570  on  le  re- 
trouve à  Vienne,  au  service  de  Maximilien  II. 
Dans  un  voyage  qu'il  lit  en  Italie,  il  mourut  à 
Padoue  le  13  août  1576,  à  l'âge  de  soixante  et 
un  ans.  Il  lut  inhumé  dans  l'église  Saint-Lau- 
rent, où  se  trouve  l'inscription  dont  il  vient  d'être 
parlé.  On  doit  ces  renseignements  à  Jean  Tœpeit 
qui,  dans  son  livre  des  origines  Transylvanien- 
nes (Origines  Transylv.,  cap.  III),  s'exprime 
ainsi  :  Patavii  ad  S.  Laurentium  sequens  in- 
scriptio  legitur,  qiiam  fere  extinctam  ego  lé- 
gère non  potui  :  Valentino  Graevio,  alias  Bac- 
fart,  e  Transylvania  Saxonum  Germanix 
colonia  oriundo,  quem  fidibiis  novo  plana  et 
inusitato  artificio  canentem,  audiens  œtas 
nostra  ut  altcrum  Orpheum  adniirata  obslii- 
puit- Obiit  anno  MDLXWl,  ibid.  Aug.  Vixit 
A.  LXI.  Natio  Germanica  unanimis  et  test, 
exec.  P.  —  Il  est  fâcheux  que  le  mauvais  état 
de  l'inscription  n'ait  pas  permis  de  lire  le  reste; 
on  y  aurait  trouvé  vraiseuiblahlement  d'autres 
lenseignements  intéressants  concernant  cet  ar- 
tiste. Dacfart  a  fait  imprimer  une  collection  de 
pièces  pour  le  luth,  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
Premier  livre  de  tabelature  de  luth,  conte- 
nant plusieurs  fantaisies,  motets,  chansons 
françaises,  et  madrigals.  Paris,  par  Adrian  Le 
Roy  et  Robert  Ballard,  1564,in-4o,  obi.  Sonoii- 
vrage  le  plus  important  est  celui  qui  a  pour  titre  . 
Harmonix  musicœ  in  usum  Testudinis .  La 
première  partie  a  été  publiée  à  Cracovie,  en 
1565,  in-fol.  La  deuxième  partie  a  paru  dans  la 
môme  ville  en  1568. 

BACFART  (Jean),  célèbre  joueur  de  luth, 
naquit  en  Hongrie,  à  la  (in  du  seizième  siècle. 
Besard  a  inséré  quelques  pièces  de  sa  composi- 
tion dans  son  Thésaurus  harmonicus ,  publié 
en  1603.  Les  événements  de  la  vie  de  cet  artiste 
sont  inconnus. 

BACH,  nom  d'une  famille  illustre  dans  l'his- 
toire de  la  musique,  de  laquelle  sont  sortis,  pen- 
dant près  de  deux  cents  ans,  une  foule  d'artistes 
de  premier  ordre.  Il  n'y  a  point  d'autre  exemple 
d'une  réunion  de  facultés  aussi  remarquables 
dans  une  seule  famille.  Le  chef  de  celle-ci , 
nommé  Veit  Bach,  fut  d'abord  boulangera  Pres- 
bourg.  Forcé  de  sortir  de  cette  ville,  vers  le  mi- 
lieu du  seizième  siècle ,  à  cause  de  la  religion 
protestante  qu'il  professait,  il  se  retira  dans  un  vil- 
lage de  Saxe-Gotha,  appelé  Wechmar,  et  s'y  fit 
meunier.  Là   il   se  délassait  de  ses  travaux  en 


BACH 


185 


chantant  et  s'acconipagnant  avec  une  guitare.  Il 
avait  deux  (ils,  auxquels  il  communiqua  son  goût 
pour  la  musique ,  et  qui  commencèrent  cette 
suite  non  interrompue  de  musiciens  du  même 
nom  qui  inondèrent  la  Tliuringe,  la  Saxe  et  la 
Franconie ,  pendant  près  de  deux  siècles.  Tous 
furent  ou  chantres  de  paroisses,  ou  organistes, 
ou  ce  qu'on  appelle  en  Allemagne  musiciens  de 
ville.  Lorsque,  devenus  trop  nombreux  pour 
\ivre  rapprochés ,  les  membres  de  cette  famille 
se  furent  dispersés  dans  les  contrées  dont  je  viens 
de  parler,  ils  convinrent  de  se  réunir  une  fois 
chaque  année,  à  jour  fixe  ,  afin  de  conserver  en- 
tre eux  une  sorte  de  lien  patriarcal  ;  les  lieux 
choisis  pour  ses  réunions  furent  Erfurt,  Eisenach 
ou  Arnstadt.  Cet  usage  se  perpétua  jusque  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  plusieurs  fois 
l'on  vil  jusqu'à  cent  vingt  personnes,  hommes, 
femmes  et  enfants,  du  nom  de  Bach,  réunis  au 
même  endroit.  Leurs  divertissements ,  pendant 
tout  le  temps  que  durait  leur  réunion ,  consis- 
taient uniquement  en  exercices  de  musique.  Ils 
débutaient  par  un  hymne  religieux  chaulé  en 
chœur,  après  quoi  ils  prenaient  pour  thèmes  des 
chansons  populaires ,  comiques  ou  libres ,  et  les 
variaient  en  improvisant,  à  quatre,  cinq  et  six 
parties.  Ils  donnaient  à  ces  improvisations  le 
nom  de  Quolibets.  Plusieurs  personnes  les  ont 
considérées  comme  l'originedesopérasalleniands; 
mais  les  quolibets  sont  beaucoup  plus  anciens  que 
la  première  réunion  des  Bach  ;  car  le  Dr  Forkelen 
possédait  une  collection  imprimée  à  Vienne,  en 
1542.  Un  autre  trait  caractéristique  de  cette  fa- 
mille remarquable  est  l'usage  qui  s'y  était  intro- 
duit de  rassembler  en  collection  les  compositions 
de  chacun  de  ses  membres  ;  cela  s'appelait  les 
Archives  des  Bach.  Charles-Philippe-Emmanuel 
Bach  possédait  une  partie  de  cette  intéressante 
collection  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  On 
trouve  une  généalogie  complète  des  Bach  dans 
l'ouvrage  de  Korabinsky  intitulé  :  Beschreibiing 
der  Kœnigl.  Ungarischen  Haupt-Frey-%ind 
Krœnungstadl  Presburg.  (  Description  de 
l'resbourg,  capitale  de  la  Hongrie),  t.  I,  p.  3. 
L'arbre  généalogique  de  cette  famille  a  été  aussi 
publié  dans  le  n°  12  de  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick,  année   1823. 

B.\Cil  (uANs),  fils  aîné  de  Veit  Bach,  fut 
boulanger,  puis  musicien  de  la  chapelle  du  duc 
de  Gollia.  Charles-Philippe-Emmanuel  Bach  pos- 
sédait son  portrait  dessiné  en  1C17  (Voy.  le 
catalogue  de  son  cabinet,  intitulé  :  Verzeichniss 
des  musikalischen  Nachlasses  des  verslor- 
benen  Capellmeislers  C.  Ph.  Emman.  Bach, 
Hambourg,  1790,  p.  90).  Ce  portrait  fut  vendu 
a  marcs.   Hans  Bach  mourut  en  1G26,   laissant 


trois  fils,  Jean,  Christophe  et  Henri ,  qui  furent 
des  musiciens  habiles.  On  ignore  quels  furent 
les  prénoms  des  enfants  et  les  fonctions  du  se- 
cond fils  de  Veit  Bach  ,  dontle  nom  était  Jean, 
et  qui  fut  fabricant  de  tapis. 

BACIl  (je\n),  fils  aîné  de  Hans  Bach  de 
Wechmar,  naquit  dans  ce  lieu  en  1604.  Après 
avoir  terminé  ses  études  musicales  sous  la  direc- 
tion de  son  père,  il  fut  appelé  à  Erfurt,  où  il  fut 
employé  comme  musicien  du  conseil  et  organiste 
de  l'église  paroissiale.  En  1664,  il  quitta  Erfiirt 
pour  aller  s'établir  à  Gotha.  Quelques  composi- 
tions qu'il  a  laissées  en  manuscrit  donnent  une 
haute  idée  de  son  mérite.  Il  eut  trois  fils  nom- 
més Jean-Chrétien  ,  Jean-Égide  et  Jean-Nicolas, 
qui  furent  aussi  des  musiciens  distingués.  Jean 
Bach  mourut  en  1673,  à  l'âge  de  soixante-neuf 
ans. 

BACH  (CHRISTOPHE) ,  deuxième  fils  de  Ilans 
Bach  de  Wechmar,  naquit  en  ce  lieu  en  1613. 
Ainsi  que  son  frère  aîné ,  il  reçut  de  son  père 
toute  son  instruction  musicale;  ses  études  ter- 
minées,  il  alla  se  fixer  à  Eisenach,  où  il  ob- 
tint l'emploi  de  musicien  de  cour  et  de  ville. 
Organiste  distingué ,  il  a  laissé  quelques  pièces 
pour  l'orgue  qui  existaient  dans  les  archives  des 
Bach.  Il  mourut  en  1661,  laissant  trois  fils, 
nommés  Georges-Christophe,  Jean-Ambroise  et 
Jean-Christophe. 

BACH  (uENRi) ,  troisième  fils  de  Jean  Bach 
de  Wechmar,  et  petit-fils  de  Weit  Bach,  naquit 
à  Wechmar,  le  16  septembre  1615.  Son  père 
lui  enseigna  les  premiers  principes  de  la  musi- 
que et  l'envoya  ensuite  compléter  son  instruc- 
tion à  Erfurt,  chez  son  oncle  Jean  Bach  l'aîné. 
En  1641,  il  fut  nommé  organiste  à  l'église  d'Arns- 
(adt.  LecomtedeSchwarzbourgArnstadt,  charmé 
des  talents  du  jeune  Bach ,  l'envoya  en  Italie 
pour  qu'il  s'y  perfectionnât ,  et  se  chargea  de  la 
dépense.  Après  avoir  passé  deux  ans  dans  cette 
contrée ,  il  revint  à  Arnstadt ,  où  il  reprit  sa 
place  d'organiste,  qu'il  occupa  pendant  cinquante 
ans.  Il  eut  le  plaisir  de  voir,  avant  de  mourir, 
ses  deux  fils  aînés  (Jean-Christophe  et  Jean- 
Michel),  plusieurs  petits-fils,  et  vingt-huit  ar- 
rière-petits fils ,  cultivant  tous  la  musique  avec 
plus  ou  moins  de  succès.  Son  troisième  fils, 
Jean-Gùnther,  mort  sans  enfants,  n'a  laissé  au- 
cun souvenir  comme  artiste.  Henri  Bach  mourut 
à  Arnstadt,  le  16  juillet  1692,  âgé  de  soixante- 
dix-sept  ans.  Les  compositions  de  ce  musicien 
consistent  en  pièces  d'orgueeten  musi()ue  simple 
pour  des  cantiques  ;  elles  sont  restées  en  ma- 
nuscrit. 

BACH  (jE\N-ÉGmE),  deuxième  fils  de  Jean 
Bach  d'Erfurt,  né  en  1645,  succéda ,  eu  qua- 


186 


BACH 


Jité  de  musicien  du  sénat  d'Eifmt,  à  son  père, 
Jorsque  celui-ci  alla  s'établir  à  Gotha.  Il  devint 
aussi  par  la  suite  organiste  de  l'église  de  Saini- 
Micliel,  et  mourut  en  1717.  Il  a  laissé  quel- 
ques compositions  pour  l'église,  conservées  dans 
les  archives  des  Bach,  entre  autres  le  motet  à 
neuf  voix  en  deux  chœurs  :  Unser  Leben  ist  ein 
Schatten, de, écrilen  10;)6.(Foj/.  leCataloguede 
la  Bibliothèque  de  Ch.  Ph.  Em.  Bach,  p.  85). 

Le  (ils  aîné  de  Jean-Egide  Bach,  nommé  Jean- 
Chrhiian,  lequel  était  né  en  1640,  et  mourut 
en  1082,  et  leplus  jeune (ilsdu  même  Jean-Egide 
Bachd'Erfiirt,  nommé  Jean-Nicolas,  né  en  1653, 
mort  en  1682,  furent  tous  deux  musiciens  de 
chapelle,  mais  ne  s'élevèrent  pas  au-dessus  de  la 
médiocrité.  La  postérité  de  Jean-Christian  ne 
sortit  pas  de  l'obscurité,  et  Jean-JNicolas  n'eut 
qu'un  fils  ,  du  môme  nom  que  lui ,  né  en  1682, 
et  qui  mourut  sans  enfants. 

BAClI  (  GEORGES-CHRISTOPHE) ,  fds  aîué  dc 
Christophe,  et  pelit-fils  de  HansBach,  naciuil  à 
Eisenach  en  1641.  Ses  études  terminées,  il  ob- 
tint la  place  de  chantre  et  de  compositeur  à 
Scinveinfurt.  Les  archives  des  Bach  conliennent 
un  motet  allemand  de  sa  composition,  écrit  en 
1C89  sur  le  texte  :  Sïehe,  wie  fein  und  lie- 
blich,  etc.,  pour  deux  ténors  et  basse,  avec  ac- 
compagnement d'un  violon,  trois  basses  de  viole 
et  basse.  (  Voy.  le  Catalogue  de  la  Bibliothèque 
de  Ch.  Ph.  Em.  Bach,  page  85.)  Il  mourut  en 
1697,  laissant  trois  fils,  Jean-Valentin,  Jean- 
Chrélien  et  Jean-Georges,  qui,  comme  artistes, 
ne  paraissent  pas  s'être  élevés  au-dessus  de  la 
médiocrité. 

BACH  (jean-christophe),  fils  aîné  de  Henri, 
fut  un  des  plus  grands  musiciens  que  l'Allema- 
gne ait  produits.  Il  naquit  à  Arnstadt  en  1643. 
Si  l'on  sen  rapporte  à  l'oraison  funèbre  que 
J.-G.  Olearius  fit  de  Henri  Bach,  il  paraît  qu'il 
fut  le  seul  maître  de  ses  fils  pour  tout  ce  qui  con- 
cerne la  musique.  Au  reste,  Jean-Christophe  étu- 
dia les  principes  de  son  art  avec  la  plus  constante 
application  jusqu'à  l'âge  de  vingt-deux  ans,  et 
développa  ses  heureuses  facultés  par  le  travail  le 
plus  obstiné.  En  1665,  il  fut  appelé  à  Eisenach 
pour  y  occuper  la  place  d'organiste  de  la  cour  et 
de  la  ville.  lien  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa 
mort,  qui  eut  lieu  le  31  mars  1703,  c'est-à-dire 
pendant  trente-huit  ans.  Dans  cet  intervalle  il 
lit  de  bons  musiciens  de  ses  trois  fils,  Jean-Nico- 
las, Jean-Christophe,  qui  donna  des  leçons  de 
musique  à  Erfûrt,  à  Hambourg,  à  Rotterdam  et  en- 
fin en  Angleterre  vers  1732,  et  Jean-Frédéric,  qui 
mourut  en  1731,  àMiillhause,oii  il  était  organiste 
de  l'église  de  Saint-Biaise.  Il  eut  aussi  un  qua- 
trième filsnomméJean-Michel,  qui  mourut  jeune. 


Les  ouvrages  de  Jean-Christophe  Bach  indi- 
quent dans  leur  auteur  un  talent  de  premier  or- 
dre. Original  dans  ses  mélodies,  énergique  et  pé- 
nétrant par  son  harmonie,  il  est  surtout  remar- 
quable dans  ses  compositions  vocales.  Les 
archives  des  Bach  contiennent  un  chant  de  noces 
à  douze  voix,  qu'il  a  écrit  sur  ses  paroles  :  Es 
erhub  sich  ein  Slreit;  c'est  un  morceau  de  la 
plus  grande  beauté  ;  on  n'y  aperçoit  pas  l'em- 
barras qui  semble  devoir  résulter  d'un  si  grand 
nombre  de  voix.  Un  autre  motet,  écrit  on  1684, 
contient  aussi  des  effets  neufs  qui  lui  appartien- 
nent. Reicliardt  vit  à  Hambourg  un  morceau  de 
musique  d'église  à  cinq  voix,  de  Jean-Christophe 
Bach,  daté  de  1676  :  il  n'en  parlait  qu'avec  ad- 
miration. Les  autres  ouvrages  qu'on  cite  de  ce 
musicien  remarquable  sont  :  1"  Un  motet  à  vingt- 
deux  voix  pour  la  fête  de  Saint-Michel. —  2°  Un 
motet  à  huit  voix  en  deux  chœurs,  écrit  en  1672. 
(Lieber  Herr  Goit,  u^ecke  uns  avf),  qui  se  trouve 
en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin. 
On  trouve  aussi  dans  la  même  bibliothèque  : 
3"  Le  motet  à  quatre  voix  Ich  lasse  dich  nicht.  — 
4"  Le  motet  à  huit  voix  Unsres  Herzens  Freude 
hat  ein  Ende.  —  5°  Le  motet  à  huit  voix  Herr 
mm  lassest  du  deinen  Diener.  —  6°  Le  motet  à 
cinq  voix,  avec  basse  continue,  Der  Gereichte 
Obergleich.  —  7°  Une  sarabande  pour  clavecin, 
avec  douze  variations. —  Enfin  on  connaitaussi  de 
se  compositeur  :  8°  Un  motet  à  quatre  voix,  com- 
posé en  1691.  —  9° Un  autre  motet  à  quatre  voix. 
— 10°  Un  solo  d'alto,  avec  accompagnement  d'un 
violon ,  basses  de  viole  et  basse  continue.  Le 
chant  de  noces  à  douze  voix  ,  et  le  chant  à 
vingt-deux  voix,  dont  il  est  parlé  ci-dessus,  étaient 
dans  la  collection  de  Ch.  Ph.  Em.  Bach.  {Voy. 
le  catalogue  de  sa  bibliothèque,  page  84.) 

Comme  organiste,  Jean-Chrislophe  Bach  était 
au  rang  des  plus  habiles.  Ses  doigts  et  sa  tête 
avaient  une  si  grande  facilité  à  traiter  l'harmo- 
nie pleine,  qu'il  ne  jouait  guère  qu'à  cinq  parties 
réelles.  Forkel  (dans  la  vie  de  J.-S.  Bach)  dit 
qu'il  a  vu  à  Hambourg  des  pièces  d'orgue  de  Jean- 
Christophe  qui  lui  ont  paru  être  des  modèles  de 
style  et  de  force  harmonique.  E.-L.  Gerher  pos- 
sédait huit  morceaux  du  même  compositeur  qui 
consistaient  en  préludes  variés  et  fugues  pour 
des  chorals.  Au  reste,  on  trouve  en  Allemagne 
un  assez  grand  nombre  de  pièces  qui  portent  le 
nom  de  Jean-Christophe  Bach  ;  mais  il  ne  faut 
pas  les  attribuer  légèrement  à  celui  qui  est  l'ob- 
jet de  cet  article;  car  beaucoup  de  membres  de 
cette  famille  extraordinaire  des  Bach  ont  eu  les 
mêmes  prénoms  :  outre  Jean-Christophe ,  fils  de 
Christophe  et  frère  jumeau  de  Jean-Ambroise, 
il  y  a  eu  :  1"  Jean-Christophe,  deuxième  fils 


BACH 


187 


de  celui  dont  il  s'agit  ici;  2°  Jean-Christophe, 
fils  de  Jean-Christopiie ,  etpetit-(ils  de  Cliristo- 
plie  (  né  en  1G82,  mort  en  1737)  ;  3°  Jean-Chrix- 
tophe,  fils  de  Jean-Ambroise ,  et  frère  aîné  du 
fameux  Jean-Sébastien;  4"  Jenn-Chrislophe , 
lils  de  Jean,  et  pelit-fils  de  Hans  (né  en  1073, 
mort  en  1727);  5°  Jean  Christophe,  fils  du 
frère  aîné  de  Jean-Sébastien  ;  6°  Jean-Christo- 
phe, deuxième  fils  de  Jean-Si'bastien  ;  1°  et  en- 
fin Jean-Christophe,  fils  de  Jean-Nicolas  et  pe- 
tits-fils du  célèbre  Jean-Cliristophe,  dont  il  vient 
d'être  parlé.  M.  F.  Naue  a  publié  à  Leipsick  , 
cliez  Hofmeister,  neuf  motets  en  chœur,  de  Jean- 
Cliristopiie  et  de  Jean-Michel  Bach.  Ces  motets, 
divisés  en  trois  recueils,  ont  paru  sous  ce  titre  : 
IX  Motettenfûr  Singechore.W?,  font  partie  d'une 
collection  de  musique  d'église  de  différents  temps 
et  de  divers  peuples,  qui  avait  été  entreprise  par 
l'éilileur. 

BACH    (jea.n-Michel),  deuxième   fils    de 
Henri,  et  frère  du  précédent,  fut  organiste  et 
grefticr  du  bailliage   de  Amte-Gehren,  dans  la 
principauté   de   Schwarzbourg-Sondershausen, 
jirès  de  la  forêt  de  Thuringe.  Comme  son  frère 
Jean-Christophe,  il  fut  excellent  compositeur  de 
musique  d'église.  Les  archives  des  Bach  contien- 
nent divers  motets  de  sa  composition,  dont  voici 
l'indication  :  1°  Un   motet  à  cinq  voi\  sur  le 
texte  ;  Ich  wciss  dass  mein  Erlœser  (Je  sais  que 
mon  Sauveur,  etc.  ).  —  2"  Un  autre  motet  pour 
soprano,  avec  accompagnement  de  cinq  instru- 
ments et  orgue,  sur  ces  paroles  :  Ach,  wle  sehn- 
lich  ivari  ich,  etc.  —  3o  Un  troisième  motet  à 
cinq  voix,  composé  en  1699  sur  ces  paroles  : 
Das  BliUJesu  (Lesangde  Jé.sus,etc.).— 40ylt</.' 
La&st  uns  den  JJerren  loben,  solo  de  contralto 
avec  accompagnement  de  quatre  instruments.  — 
50  Nun  habich  ilberivunden,  motet  à  huit  voix 
en  deux  chœurs  ,  composé  en  1679.  —  6"  Herr, 
ivenn  ich   niir  dich  habe,  etc.,  motet  à  cinq 
voix.  Tous  ces  ouvrages  se  trouvaient  dans   la 
collection  de  Cil.  Pli.   Em.   Bach  (  Foy.   le  Cat. 
de  sa  Bibliolh.  p.  84-85).  E.-L.  Gerber  possédait 
soixante-douze   préludes  fugues  pour  les  canti- 
ques composés  par  Jean-Michel  Bach;  ils  sont 
passés,  depuis  la  mort  de  ce  biographe ,  dans  la 
bibliothèque  de  la  Société  des  amis  de  la  musi- 
que, à  Vienne.  Quelques  motets  de  Jean-Michel 
Bach  ont  été  publiés  par  M.   Naue ,  dans  le  re- 
cueil dont  il  a  été  question  dans  l'article  précé- 
dent. On  ignore  les  dates  précises  de  la  nais- 
sance et  de  la  mort  de  Jean-Michel   Bach.  Une 
de  ses    filles   (Marie-Barbe)  a  été  la   première 
femme  de  Jean-Sébastien. 

BACH  (jean-ambroise),  fils  de  Christophe, 
Siaqiuit  à  Eisenach  en  1645,  et  succéda  à  son  père 


dans  la  charge  de  musicien  de  cour  et  de  ville 
au  môme  lieu.  ]t  avait  un  frère  jumeau  (Jean- 
Christophe),  musicien  de  cour  à  Arnstadt,  avec 
lequel  il  avait  tant  de  ressemblance  que  leurs 
femmes  ne  pouvaient  les  distinguer  que  par  la 
couleur  des  vêtements.  Leur  voix,  leurs  gestes  , 
leur  humeur,  leur  style  en  musique,  tout  était 
absolument  semblable.  Us  avaient  l'un  pour 
l'autre  l'amitié  la  plustendre.  Si  l'un  des  deux  était 
malade,  l'autre  éprouvait  bientôt  le  même  mal  ;  en- 
fin ils  moururent  à  très-peu  d'intervalle  l'un  de 
l'autre.  Ces  deux  frères  excitèrent  l'étonnement 
de  tous  ceux  qui  les  connurent.  Jean-Ambroise 
avait  un  talent  distingué  com  me  organiste  ;  mais 
sa  gloire  la  plus  solide  est  d'avoir  donné  le  jour  à 
l'immortel  Jean-Sébastien  Bach.  Charles -Phi- 
lippe-Emmanuel Bach,  son  petit-fils,  possédait 
son  portrait  peint  à  l'huile,  haut  de  3  pieds  2 
pouces,  large  de  2  pieds  9  pouces;  il  fut  vendu 
30  marcs  après  la  mort  du  possesseur. 

Jean-Christophe  Bach,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  le  fils  aîné  de  Henri,  et  qui  fut  le  troi- 
sième fils  de  Christopiie,  naquit  en  1645  à  Eise- 
nach, et  mourut  à  Arnstadt  en  1G94.  Celui-ci  fut  un 
habile  musicien  dont  il  reste  un  air  d'église  à 
quatre  voix,  composé  à  Arnstadt  en  1686,  sur  le 
texte  :  Nun  ist  ailes  nberjvunden,  elc.  (  Voy.  le 
Cat.de  la  Bibliot.  de  Ch.  Ph.  Em.  Bach  ,  \).  85.) 

BACH  (jEANBEHNAnn),  fils  de  Jean-Égide, 
naquit  à  Erfurt,  le  23  novembre  1676.  Il  fut  d'a- 
bord organiste  de  l'église  des  Négociants  dans 
sa  ville  natale;  de  là  il  passa  à  Magdebourg,  en 
1699,  pour  y  remplir  les  mômes  fonctions;  en- 
fin, en  1739,  il  succéda  à  Jean-Christophe  Bach, 
dans  la  place  de  musicien  de  la  cour  et  dans  celle 
d'organiste  de  l'église  Saint-Georges,  à  Eisenach. 
Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  11  juin  1749.  On 
a  de  lui  d'excellents  préludes  pour  des  cantiques, 
et  de  bonnes  ouvertures  dans  le  style  français  de 
son  temps.  Ch.  Ph.  Em.  Bach  en  possédait  cinq 
dans  les  archives  des  Bach,  dont  une  en  mi  bé- 
mol, une  en  sol  majeur,  deux  en  sol  mineur  ,  et 
une  en  ré  majeur.  H  ne  faut  pas  confondre  ce 
Jean-Bernard ,  avec  un  autre  Jean-Bernard  Bach, 
organiste  à  Ordruff,  qui  mourut  en  1742,  et  qui 
était  neveu  de  Jean-Sébastien  ,  et  fils  de  Jean- 
Christophe,  frère  aîné  de  ce  célèbre  compositeur. 
Adlung,  dit  de  celui-ci  que  ses  ouvrages  sont 
en  petit  nombre,  mais  qu'ils  sont  excellents. 

BACH  (JEAN-CHRISTOPHE),  fils  aîné  de  Jean- 
Ambroise,  naquit  à  Ei-senach  ,  et  fut  organiste  à 
Ordruff,  dans  le  duché  de  Saxe-Cobourg-Gotha. 
E.  L.  Gerber,  qui  l'appelle  Jean-Bernard,  dit 
qu'il  mourut  en  1742;  c'est  une  erreur  évidente; 
car  Jean-Sébastien,  son  frère,  né  en  1685  ,  per- 
dit, par  sa  mort,  l'asile  qu'il  avait  chez  lui,  à 


188 


BACH 


i'àge  de  quinze  ans  :  ce  fut  donc  en  1701  que 
Jean-Christophe  Baeli  cessa  de  vivre.  Son  meil- 
leur titre  au  souvenir  des  artistes  est  d'avoir  été 
Je  premier  maître  de  clavecin  du  grand  homme 
qui  est  l'objet  de  l'arlicle  suivant.  Son  fils,  Jean 
Hernard,  né  en  1700,  et  mort  en  1742,  qui  lui 
succéda  comme  organiste  à  Ordruff,  fut  un  com- 
positeur de  mérite. 

BACH  (  JEAN-SÉBASTIEN),  un des  plus  grands 
musiciens  de  l'Alleniagne ,  et  peut-être  le  plus 
grand  de  tous,  naquit  le  21  mars  1G85  à  Eise- 
nach,  oii  son  père,  Jean-Ambroise ,  était  musi- 
cien de  cour  et  de  ville.  Il  était  à  peine  âgé 
de  dix  ans  quand  il  devint  orphelin  ;  privé  de 
ressources,  il  futobligédecherciier  un  asile  auprès 
de  son  frère  aîné ,  Jean-Christophe  Bach ,  orga- 
niste à  Ordruff,  qui  lui  donna  les  premières  le- 
çons de  clavecin.  Son  heureuse  organisation  pour 
la  musique  se  manifesta  bientôt,  et  la  rapidité 
de  ses  progrès  surpassa  tout  ce  qu'on  pouvait 
espérer.  Ne  trouvant  pas  dans  la  musique  qu'on 
lui  faisait  étudier  de  diflicuités  qu'il  nepûtvaincre 
en  peu  de  temps,  elle  lui  devint  bientôt  insuffi- 
sante. Les  compositeurs  les  plus  célèbres  de  ce 
temps-là,  pour  le  clavecin,  étaient  Froberger, 
Fischer,  J.-G.  de  Kerl,  Pachelbel,  Buxtehude, 
Bruniis,  Bœhm,  etc.  Le  jeune  Bach  avait  re- 
marqué certain  livre  qui  contenait  plusieurs 
pièces  de  ces  auteurs  et  que  son  frère  cachait 
avec  soin;  son  instinct  musical  lui  en  avait  ré- 
vélé le  mérite;  mais,  quelles  que  fussent  ses  ins- 
tances auprès  de  son  frère  pour  qu'il  lui  prêtât 
ce  livre,  elles  furent  toujours  sans  succès.  Le  dé- 
sir de  posséder  ce  trésor,  devenu  plus  vif  par  le 
.refus  qu'il  éprouvait,  lui  suggéra  la  pensée  de 
chercher  à  se  le  procurer  par  la  ruse.  L'objet  de 
ses  souhaits  ardents  était  renfermé  dans  une  ar- 
moire, fermée  seulement  par  une  porte  en  treil- 
lis ;  les  mains  de  l'enfant  étaient  assez  petites 
pour  passer  à  travers  les  mailles;  il  parvint  à 
rouler  le  livre,  qui  était  couvert  seulement  en 
jiapier,  et  à  le  tirer  dehors.  Bach  résolut  alors 
de  le  copier;  mais  ne  pouvant  y  travailler  que 
la  nuit  et  n'ayant  point  de  chandelle,  il  fut  obligé 
d«  le  faire  à  la  clarté  de  la  lime,  et  il  s'ccoula 
près  de  six  mois  avant  que  cette  pénible  tâche 
fût  remplie.  Enfin  il  était  en  possession  de  cette 
copie  qui  lui  avait  coîité  tant  de  peine,  et  il 
commençait  à  en  faire  usage  en  secret,  lorsque 
son  frère  s'en  aperçut  et  la  lui  enleva  sans  pitié. 
\{  ne  put  la  recouvrer  qu'à  la  mort  de  Jean-Chris- 
tophe, qui  arriva  peu  de  temps  après. 

Jean-Sébastien,  se  voyant  abandonné  à  lui- 
môme,  se  rendit  à  Lunebourgavecun  de  ses  cama- 
rades d'étude,  nommé  Erdmann,et  tous  deux  s'en- 
gagèrent comme  choristes  à  l'église  de  Saint-Michel 


de  cette  ville,  et  y  suivirent  le  cours  d'études  du 
gymnase.  Tourmenté  du  désir  de  se  fortifier  sur 
le  clavecin  et  sur  l'orgue  ,  le  jeune  Bach  recher- 
chait avidement  les  occasions  de  voir  et  d'en- 
tendre tout  ce  qui  pouvait  hâter  ses  progrès  dans 
son  art.  Plusieurs  fois  il  fit  le  voyage  de  Ham- 
bourg pour  y  entendre  le  célèbre  organiste  J.-A. 
Reinke;  il  visita  aussi  la  chapelle  du  duc  de 
Celle,  qui  était  composée,  en  grande  partie,  d'ar- 
tistes français.  De  Lunebourg  il  se  rendit  à  Wei- 
mar,  où  il  devint  musicien  de  la  cour  en  1703, 
à  l'âge  de  dix-huit  ans;  mais  l'ennui  qu'il  éprou- 
vait d'être  obligé  de  jouer  du  violon  à  l'orchestre, 
au  lieu  de  toucher  l'orgue,  et  le  désir  qu'il  avait 
de  cultiver  son  talent  sur  ce  dernier  instrument, 
lui  firent  quitter  cette  place  dans  l'année  sui- 
vante, pour  celle  d'organiste  de  la  nouvelle  église 
d'Arnstadt. 

L'aisance  que  lui  procura  ce  nouvel  emploi  le 
mit  en  position  d'acquérir  les  ouvrages  des  meil- 
leurs organistes,  et  de  les  étudier  sous  le  double 
rapport  de  la  composition  et  de  l'exécution.  La 
proximité  où  il  était  alors  de  Lùbeck  le  déter- 
mina à  faire  plusieurs  fois  à  pied  le  voyage  de 
celte  ville,  pour  y  entendre  le  fameux  organiste 
Diétricht  Buxtehude,  dont  il  admirait  les  œu- 
vres. Le  jeu  de  ce  grand  artiste  eut  pour  lui  tant 
de  charme  qu'il  se  décida  à  passer  secrètement 
trois  mois  à  Lijbeck  pour  y  étudier  sa  manière. 
Déjà  les  talents  de  Bach  étaient  connus  et  le  fai- 
saient rechercher;  plusieurs  villes  de  la  Saxe  et 
du  Palatinat  se  disputaient  sa  possession.  En  1707, 
il  accepta  la  place  d'organiste  de  l'église  de  Saint- 
Biaise  à  Mùllhausen;  mais  ayant  fait  un  voyage 
à  Wei  mar,  l'année  suivante,  pour  y  jouer  de 
l'orgue  devant  le  duc  régnant,  son  talent  y 
causa  tant  d'admiration,que  la  place  d'organiste 
de  la  cour  lui  fut  offerte  sur-le-champ.  Do  tels 
succès ,  loin  de  diminuer  en  lui  l'amour  de  l'é- 
tude et  du  travail,  ne  faisaient  que  l'accroître  et 
que  lui  faire  désirer  d'atteindre  plus  près  de  la 
perfection.  Outre  ses  études  comme  organiste,  il 
avait  entrepris  de  graftds  travaux  pour  acquérir 
de  profondes  connaissances  dans  l'harmonie,  et 
il  écrivait  beaucoup,  soit  pour  l'orgue,  soit  pour 
l'église. 

Ses  efforts  furent  récompensés  en  1717  par  sa 
nomination  à  la  place  de  maître  des  concerts  du 
duc  de  Weimar.  Zachau ,  habile  organiste  à 
Halle  et  maître  de  Haendel ,  mourut  vers  cette 
époque  :  sa  place  fut  offerte  à  Bach  ;  il  se  fit  en- 
tendre, pourjustifier  le  choix  qu'on  avait  fait  de 
lui  ;  mais,  par  des  motifs  qui  ne  sont  point  con- 
nus, il  n'accepta  pas  cette  place. 

Jean-Sébastien  Bach  avait  atteint  sa  trente- 
deuxième  année  :  son  talent  était  dans  toute  sa 


BACH 


189 


force  cl  l'Allemagne  retentissait  du  l)niit  (le  ses 
succès ,  lorsque  Louis  3Iarcliand ,  célèbre  orga- 
niste français,  alors  exilé  de  Paris,  arriva  à 
Dresde  et  charma  toute  la  cour  d'Auguste ,  roi 
de  Pologne,  par  son  jeu  brillant  et  léger.  Le  roi 
offrit  à  cet  artiste  des  appointements  considérables 
pour  le  déterminer  à  se  fixer  à  Dresde;  mais 
Volumier,  maître  des  concerts  de  la  cour,  qui, 
vraisemblablement  était  jaloux  de  la  faveur  nais- 
sante de  Marchand,  et  qui  connaissait  la  supé- 
riorité de  Bach,  conçut  le  projet  d'établir  entre 
ces  deux  artistes  une  lutte  dont  le  résultat  devait 
être  désavantageux  à  l'organiste  français.  Il  in- 
vita donc  Jean-Sébastien  â  se  rendre  à  Dresde, 
et  s'empressa  de  lui  procurer  l'occasion  d'entendre 
Marchand  en  secret.  Bach  se  rendit  justice  et 
proposa  sur-le  champ  un  défi  à  celui  qu'on  lui 
présentait  comme  si  redoutable,  s'engageant  à 
improviser  sur  les  thèmes  que  Marchand  lui  pré- 
senterait ,  à  la  condition  que  l'épreuve  serait  ré- 
ciproque. Marchand  accepta  cette  proposition  , 
et  le  lieu  du  rendez- vous  fut  fixé,  avec  l'agré- 
ment du  roi.  Au  jour  convenu,  ime  brillante  so- 
ciété se  réunit  chez  le  comte  Marshal ,  ministre 
d'État.  Bach  ne  se  fit  pas  attendre  :  il  n'en  fut 
pas  de  même  de  son  antagoniste.  Après  un  long 
délai,  on  envoya  chez  lui  ;  et  l'on  apprit  avec 
étonnement  qu'il  était  parti  le  jour  même  ,  sans 
prendre  congé  de  personne.  Bach  joua  donc  seul 
et,  sur  les  thèmes  qu'il  avait  entendu  traiter 
par  Marchand ,  improvisa  longtemps  avec  une 
admirable  fécondité  d'idées  et  «ne  perfection 
d'exécution  qu'aucun  autre  ne  possédait.  Il  fut 
comblé  d'éloges;  mais  on  dit  qu'il  ne  reçut  point 
un  cadeau  de  cent  louis  que  le  roi  lui  avait  des- 
tiné, sans  qu'on  ait  pu  jamais  expliquer  cette 
circonstance.  Les  biographes  allemands,  qui  ne 
connaissent  Marchand  que  par  la  réputation  dont 
il  a  joui,  s'étendent  avec  complaisance  sur  la 
gloire  dont  Bach  se  couvrit  en  cette  occasion; 
mais  on  ne  peut  considérer  le  projet  de  mettre 
en  parallèle  l'organiste  français  avec  ce  grand 
musicien,  que  comme  une  insulte  falteà  celui-ci.  11 
se  peut  que  Marchand  ait  eu  ce  qu'on  appelle 
une  exéculion  brillante,  mais  ses  compositions 
sont  misérables.  On  n'y  trouve  que  des  idées 
communes,  une  harmonie  faible,  lâche,  incor- 
recte ;  son  ignorance  du  style  fugué  est  complète. 
Telle  était  son  infériorité  à  l'égard  de  Bach  qu'il 
n'est  pas  sûr,  malgré  sa  fuite  précipitée,  qu'il 
l'ait  bien  sentie ,  et  qu'il  ait  compris  tout  le  dan- 
ger de  sa  position. 

Bach  était  revenu  depuis  peu  à  Weimar,  quand 
le  prince  Léopoid  (l'Anhall-Cœlhen,  grand  ama- 
teur de  musique,  lui  offrit,  en  1720,  la  place  de 
maître  desa  clia|)elle.  Bach  entra  inuiiédiatement 


en  possession  de  cet  emploi.  Le  long  séjour  de 
Jean-Sébastien  dans  cette  résidence,  et  l'existence 
douce  et  calme  qu'il  y  avait  trouvée,  furent  fa- 
vorables à  ses  études,  ainsi  qu'au  besoin  de  pro- 
duire des  compositions  de  tout  genre  qui  tour- 
mentait incessamment  son  génie.  Durant  cette 
époque  il  fit  un  second  voyage  à  Hambourg 
(vers  1722)  pour  y  voir  encore  une  fois  Reinke, 
alors  presque  centenaire  ;  il  y  toucha  devant  lui 
l'orgue  de  l'église  de  Sainte  Catherine, et  impro- 
visa pendant  plus  d'une  heure  d'une  manière  si 
sublime  sur  le  choral  An  Wasscrflûssen  Babil- 
lons, que  le  vieux  Reinke  lui  dit  avec  atten- 
drissement :  Je  croyais  que  cet  arl  était  perdu, 
mais  je  vois  que  vous  le  faites  revivre. 

A  la  mort  de  Kiihnau,  en  1733,  Bach  fut 
nommé  directeur  de  musique  à  l'école  de  Saint- 
Thomas  de  Leipsick  ;  ce  fut  son  dernier  change- 
ment deposition.il  garda  cette  place  jusqu'à' sa 
mort.  Vers  le  même  temps ,  le  duc  de  Weis- 
senfels  le  nomma  maître  honoraire  de  sa  cha- 
pelle, et  en  1736  il  reçut  le  titre  de  compositeur 
du  roi  de  Pologne,  électeur  de  Saxe.  Depuis  sept 
ans  il  était  à  Leipsick,  lorsque  son  deuxième  fils, 
Charles-Pliilippe-Emmanuel,  entra  au  service 
de  Frédéric  II ,  roi  de  Prusse.  La  réputation  de 
Jean-Sébastien  remplissait  alors  toute  l'Allema- 
gne; Frédéric  exprima  plusieurs  fois  le  désir 
qu'il  avait  de  le  voir,  et  voulut  que  son  fils  l'en- 
gageât à  venir  à  sa  cour;  mais  Bach ,  alors  acca- 
blé de  travaux,  ne  donna  pas  d'abord  beaucoup 
d'attention  aux  lettres  de  Charles-Philippe-Km- 
manuel.  Enfin  ces  lettres  devinrent  si  pressantes, 
qu'il  se  décida  à  faire  ce  voyage,  et,  en  1747,  il 
se  mit  en  route  avec  son  fils  aîné,  Guillaume- 
Friedmann.  Frédéric  avait  tons  les  soirs  un  con- 
cert où  il  jouait  quelques  morceaux  sur  laflûte  : 
au  moment  oii  il  allait  commencer  im  concerto, 
un  officier  lui  apporta,  suivant  l'usage,  la  liste 
des  étrangers  arrivés  à  Postdam  dans  la  journée. 
Ayant  jeté  les  yeux  dessus  ,  il  se  tourna  vers  les 
nuisiciens  et  s'écria  :  Messieurs,  le  vieux  Bach 
est  ici.  Aussitôt  la  flûte  fut  mise  de  côté,  et  le 
vieux  Bach  y  sans  avoir  pu  quitter  ses  habits  de 
voyage,  fut  conduit  au  palais.  Le  roi,  ayant  re- 
noncé à  son  concert  pour  ce  soir-là,  proposa  à 
Jean-Sébastien  d'essayer  les  pianos  de  Silbermana 
qui  se  trouvaient  dans  plusieurs  salles  du  palais; 
les  musiciens  les  suivirent  de  chambre  en  cham- 
bre, et  Bach  improvisa  sur  chaque  instrument 
qu'il  rencontra.  Enfin  il  pria  Frédéric  de  lui 
donner  un  sujet  de  fugue  :  il  le  traita  de  manière 
à  faire  naître  l'admiration  parmi  tous  les  musi- 
ciens qui  étaient  présents,  quoiqu'il  nel'et'it  point 
préparé.  Étonné  de  ce  qu'il  venait  d'entendre, 
le  roi    lui  demanda   une   fugue  à  six  parties. 


190 


BACH 


demande  à  laquelle  Bach  satisfit  à  l'instant  sur  un 
thème  qu'il  s'était  choisi  lui-même.  Frédéric 
désirait  juger  de  son  talent  d'organiste:  le  jour 
suivant  Bacli  improvisa  sur  toutes  les  orgues  de 
Potsdam,  comme  il  avait  joué  la  veille  sur  tous 
les  pianos  de  Silbermann.  Après  son  retour  à 
Leipsick,il  écrivit  une  fugue  à  trois  parties  sur 
le  thème  du  roi ,  un  ricercare  à  six  ,  quelques 
canons  avec  l'inscription  :  Thematis  regii  ela- 
borationes  canonicee  ;  \\  y  joignit  un  trio  pour 
la  flûte  ,  le  violon  et  la  basse ,  et  il  dédia  le  tout 
à  Frédéric,  sous  ce  titre  :  Musikalisches  Opfer 
(Offrande  musicale). 

Le  voyage  de  Jean-Sébastien  Bach  à  Berlin  fut 
le  dernier  qu'il  fit.  L'ardeur  qu'il  portait  au  tra- 
vail, et  qui  souvent,  dans  sa  jeunesse,  lui  avait 
fait  passer  des  nuits  entières  à  l'étude,  avait  al- 
téré sa  vue;  l'affaiblissement  de  cet  organe  aug- 
menta beaucoup  dans  ses  dernières  années,  et  la 
cécité  finit  par  devenir  presque  complète.  Quel- 
ques amis  qui  avaient  confiance  dans  l'habi- 
leté d'un  oculiste  anglais,  arrivé  récemment  à 
Leipsick,  le  déterminèrent  à  tenter  l'opération  : 
elle  manqua  deux  fois  ;  et  non-seulement  Bach 
perdit  entièrement  la  vue  ,  mais  sa  constitution , 
jusqu'alors  vigoureuse,  fut  altérée  par  les  souf- 
frances et  le  traitement  qu'il  lui  fallut  subir.  Sa 
santé  déclina  pendant  près  d'un  an,  et,  le  30 
juillet  1750,  il  expira  dans  sa  soixante-sixième 
année.  Dix  jours  avant  sa  mort,  il  recouvra  tout 
à  coup  l'usage  de  ses  yeux.  Il  voyait  distincte- 
ment et  pouvait  supporter  la  lumière  au  jour; 
mais,  quelques  heures  après,  il  fut  frappé  d'une 
attaque  d'apoplexie  suivie  d'une  fièvre  inflam- 
matoire qui  l'enleva  en  peu  de  temps  à  sa  fa- 
mille et  au  monde  musical.  Cet  homme  célèbre 
s'était  marié  deux  fois.  De  sa  première  femme , 
fille  de  Jean-Michel  Bach,  il  avait  eu  sept  enfants, 
parmi  lesquels  deux  fils,  Guillaume-Friedmann  et 
Charles-Philippe-Emmanuel,  se  montrèrentdigues 
d'un  tel  père.  Sa  seconde  femme,  bonne  canta- 
trice, lui  donna  treize  enfants,  au  nombre  desquels 
étaient  huit  fils,  dont  le  plus  jeune,  Jean-Chré- 
tien ,  acquit  de  la  célébrité  comme  compositeur 
dramatique.  Jean-Sébastien  Bach  eut  donc  vingt 
enfants,  à  savoir,  onze  fils  et  neuf  filles.  Tous 
ses  fils  montrèrent  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique;  tous  furent  musiciens  de  profession; 
mais  quelques-uns  seulement  prirent  un  rang 
distingué  dans  leur  art. 

A  des  talents  extraordinaires  Bach  unissait 
toutes  les  qualités  sociales  :  bon  père,  bon  époux, 
bon  ami,  il  montrait  pour  tout  ce  qui  l'entourait 
une  bienveillance  rare  et  une  facilité  de  carac- 
tère toujours  égale.  Tout  amateur  de  musique, 
quel  que  fût  son  pays,  était  bien  reçu  dans  sa 


maison  ,  où  l'on  exerçait  l'hospitalité  d'une  ma- 
nière noble  et  généreuse.  Cependant  il  n'était  pas 
riche,  car,  bien  que  ses  emplois  et  le  produit  de 
ses  leçons  fussent  lucratifs,  sa  famille  était  si 
nombreuse,  qu'il  ne  pouvait  faire  d'économies. 
D'ailleurs,  quoiqu'il  jouit  de  l'estime  et  môme 
de  l'amitié  de  plusieurs  princes,  il  ne  songea  ja- 
mais à  en  tirer  parti  pour  sa  fortune.  Uniquement 
occupé  du  soin  de  perfectionner  son  talent,  ne 
chantant  que  pour  les  Muses  et  lui,  selon 
l'expression  d'un  ancien ,  il  n'était  pas  propre  à 
ces  manœuvres  dont  la  plupart  des  artistes  sa- 
vent maintenant  si  bien  se  servir  pour  leur 
avantage.  Son  talent  prodigieux  d'exécution  au- 
rait pu  l'enrichir,  s'il  eût  voulu  voyager  ;  mais 
il  dédaignait  les  succès  populaires  comme  les 
faveurs  delà  fortune;  les  éloges  des  connaisseurs 
avaient  seuls  droit  de  lui  plaire ,  et  il  préférait 
à  tout  les  douceurs  d'une  vie  retirée  et  labo- 
rieuse. Malgré  sa  grande  supériorité  sur  les  au- 
tres musiciens,  il  était  fort  modeste.  Quand  on 
lui  demandait  comment  il  était  parvenu  à  pos- 
séder son  grand  talent  :  «  En  travaillant  beau- 
coup, disait-il;  tous  ceux  qui  voudront  travailler 
de  la  même  manière  y  parviendront  comme 
moi.  »  Il  semblait  compter  pour  rien  le  génie 
extraordinaire  dont  la  nature  l'avait  doué. 

La  renommée  de  Bach  fut  immense  pendant 
sa  vie  ;  toutefois  on  peut  affirmer  aujourd'hui 
que  ce  grand  homme  n'a  point  été  connu  de  ses 
contemporains.  Ils  avaient  reconnu  qu'il  était  le 
plus  habile  des  organistes,  le  plus  étonnant  des 
improvisateurs ,  le  plus  savant  des  musiciens  de 
l'Allemagne.  Ses  fugues  étaient  considérées  par 
quelques  artistes  comme  les  plus  belles  qui  eus- 
sent été  écrites  pour  l'orgue  ou  pour  le  clavecin  ; 
ils  y  avaient  distingué  l'œuvre  d'un  génie  profond 
et  hardi  dans  un  genre  qui  semble  exclure  l'in- 
vention :  mais  là  se  bornait  la  connaissance  qu'on 
avait  du  talent  de  cet  homme  qui  renfermait 
en  lui-môme  tout  un  monde  de  musique.  Sa 
musique  d'orgue  et  de  clavecin,  objet  de  l'admi- 
ration universelle  aujourd'hui ,  n'existait  qu'en 
copies  manuscrites  dans  les  mains  de  quelques- 
uns  de  ses  élèves ,  particulièrement  de  ses  fils , 
Guillaume-Friedmann  et  Charles-Philippe- Em- 
manuel ,  de  Kittel ,  Krebs ,  Kirnberger  et  quel- 
ques autres.  Mais  ces  œuvres  mêmes,  bien 
qu'en  grand  nombre  et  toutes  admirables ,  n'é- 
taient que  la  minime  partie  des  productions  d'un 
génie  original  qui  semble  avoir  été  inépuisable. 
Sa  vie  calme  et  régulière  avait  favorisé  son  pen- 
chant au  travail  ;  son  activité  égalait  son  talent , 
et  l'éloignement  où  il  était  des  grandes  villes  le 
laissail,en  quelque  sorte,étranger  aux  variations 
de  goût  que  l'art  subissait  de  son  temps.  L'ori- 


BACÎI 


191 


ginalilé  si  piiissanfe  de  ses  compositions  se  con- 
serva sans  tlmite  plus  intacte  par  risolement  où  il 
se  tint  pendant  sa  laborieuse  vie.  Du  reste ,  fort 
modeste,  nonobstant  sa  grande  valeur,  il  ne  re- 
clierchait  pas  les  applaudissements,  ne  travaillait 
que  pour  lui  et  quelques  amis ,  et  condamnait 
en  quelque  sorte  à  l'oubli  les  ouvrages  qu'il  pro- 
duisait, et  qui  n'étaient  entendus  qu'au  moment 
où  il  venait  de  les  terminer,  puis  liaient  rangés 
dans  une  armoire  d'où  ils  ne  sortaient  pins.  De 
là,  l'ignorance  où  l'on  fut  longtemps  de  l'exis- 
tence de  ces  œuvres  sublimes.  Après  sa  mort,  il 
en  resta  quelques  morceaux  chez  Breilkopf;  ses 
(ils  Guillaume  Friedmann  et  Cliarles-Pbilippe- 
Kmmaniiel  en  eurent  beaucoup  d'autres  en  par- 
tage; Kirnberger,  alors  au  service  de  la  princesse 
Amélie  de  Prusse,  sœur  de  Frédéric  II,  en  re- 
cueillit un  grand  nombre  pour  la  bibliothèque 
musicale  de  cette  princesse ,  et  le  reste  se 
dispersa. 

Les  choses  étaient  en  cet  état,  lorsqu'en  1788  , 
Mozart ,  alors  dans  toute  la  force  de  son  talent , 
et  après  avoir  produit  VIdoménée,  les  Aoces  de 
Figaro  et  Don  Juan,  passa  à  Leipsick.  Doles, 
alors  directeur  de  musique  à  l'école  Saint-Thomas, 
lui  fit  entendre  à  l'oflice  du  dimanche  un  motet 
ou  cantate  d'église  composée  par  Bach  qui  pro- 
duisit une  si  vive  impression   sur  le  grand  ar- 
tiste qu'il  s'écria  :  Grâces  au  ciel ,  voici  du 
nouveau,   et  j'apprends  ici  quelque   chose/ 
A  peine  rentré  chez  Doles ,  il  demanda  qu'on  lui 
fît  voir  la  partition  de  l'ouvrage  qui  lui  avait 
causé  tant  d'émotion  ;  mais  on  ne  la  possédait 
pas,  et  l'on  n'avait  que  les   parties  séparées. 
Mozart  les  disposa  autour  de  lui  sur  des  chaises 
et  sur  une  table.  Là ,  portant  rapidement  les  yeux 
d'une  partie  à  l'autre,  il  passa  plusieurs  heures 
dans  la  contemplation  de  ce  nouveau,  dont  la 
création  remontait  peut-être  au  temps  où  Jean- 
Sébastien  Bach  était  attaché  au  service  du  prince 
d'Anhalt-Cœthen ,  c'est-à-dire  à  quelque  soixante 
ans  de  là.  Cette    anecdote   lit   du  bruit,  et  la 
grande  autorité  de  l'opinion  de  Mozart  commença 
à  (i\er  l'attention  des  artistes  sur  des  produc- 
tions si  belles,  presqueoubliées  jusqu'alors.  Fasch, 
fondateur  de  l'académie  de  chant  de  Berlin,  et 
son  successeur  Zelter,  se  mirent  en  quête  de  la 
musique  religieuse  de  Bach ,  en  rassemblèrent 
une  quantité   considérable,  et  firent   exécuter 
avec  soin  quelques-unes  des  plus  belles  pièces 
qui  firent  éclater  des  transports  d'enthousiasme. 
D'autre  part,  des  amateurs  zélés  s'étaient  mis 
en  recherche  de  ces  précieuses  reliques;  leurs 
soins  sauvèrent  de  la  destriiction  des  chefs- d'oeu- 
vre qu'on  commence  seulement  à  connaître,   et 
(pii  seront  toujours  des  sujets  d'étonncment  et 


d'admiration  pour  les  connaisseurs.  De  proche 
en  proche ,  l'enthousiasme  s'est  communiqué  en 
raison  de  la  connaissance  qu'on  acquerrait  du 
génie  immortel  de  Bach.  Dans  ces  derniers  temps 
les  éditions  de  ses  œuvres  se  sont  multipliées , 
et  l'exécution,  faite  avec  les  soins  nécessaires, 
de  quelques-unes  de  ses  grandes  cotnpositions, 
en  a  fait  comprendre  la  valeur  à  des  assemblées 
nombreuses. 

Dans  l'immense  quantité  de  grands  ouvrages 
sortis  de  sa  plume,  Bach  semble  avoir  voulu 
laisser  aux  siècles  futurs  la  preuve  la  plus  écla- 
tante de  la  puissance  de  son  génie.  La  force  du 
récitatif,  dont  on  a  fait  honneur  à  Gluck,  se 
montre  à  sa  plus  haute  expression  dans  ses 
cantates  d'église,  et  dans  son  Oratorio  de  la 
Passion  d'après  saint  Matthieu.  Les  mélodies 
sont  neuves,  originales,  expressives  surtout,  et 
supérieurement  adaptées  aux  paroles.  Jamais 
l'art  de  faire  mouvoir  un  grand  nombre  de  voix 
et  d'instruments  ne  fut  porté  si  loin,  et  ce  qui 
frappe  d'ime  admiration  irrésistible,  c'est  que 
toute  cette  complication  est  évidemment  conçue 
d'un  seul  jet.  Les  effets  d'instrumentation  sont 
si  variés  dans  ces  compositions ,  et  sont  si  re- 
marquables, qu'on  a  peine  à  comprendre  com- 
ment Bach ,  qui  longtemps  a  vécu  dans  de  pe- 
tites villes ,  et  qui  avait  peu  d'occasions  d'étu- 
dier les  instruments,  a  pu  si  bien  les  connaître, 
et  devancer  son  siècle  dans  l'art  et  les  em- 
ployer. 

Comme  organiste  et  comme  virtuose  sur  le 
clavecin,  aucun  de  ceux  qui  l'avaient  précédé 
et  qui  l'ont  suivi  ne  l'ont  égalé  :  ce  qui  le  prouve^ 
c'est  que  ses  ouvrages,  qui  n'étaient  pour  lui 
que  des  badinages,  présentent  de  si  grandes 
diflicultés  que  les  plus  habiles  artistes  ne  les 
considèrent  que  comme  des  études  pénibles  qui 
leur  coûtent  beaucoup  de  travail,  et  qu'ils  ne 
peuvent  les  jouer  que  dans  des  mouvements 
beaucoup  plus  lents  que  ceux  où  Bach  les  exé- 
cutait. Tous  ses  doigts,  également  agiles,  se 
prêtaient  aux  combinaisons  du  doigter.  Ses  pieds 
même  s'étaient  accoutumés  à  des  mouvements 
si  rapides,  qu'avec  eux  il  jouait  sur  la  pédale  de 
l'orgue  des  difficultés  que  beaucoup  d'autres 
n'auraient  jouées  qu'avec  peine  au  moyen  des 
mains.  A  ces  qualités  il  joignit  un  goût  exquis 
dans  le  mélange  des  registres  de  l'orgue  et  dans 
les  effets  qu'il  savait  en  tirer.  Quand  il  essayait 
un  de  ces  instruments  pour  la  première  fois ,  il 
jugeait  avec  promptitude  de  ses  qualités  et  de 
'  ses  défauts  ,  et  savait  éviter  d'employer  les  jeux, 
dont  l'effet  n'était  pas  satisfaisant.  Son  expé- 
rience et  ses  connaissances  positives  dans  les 
détails  de  la  construction  d'un  orgue  le  faisaient 


192 


BACH 


souvent  choisir  comme  arbitre  pour  la  réception 
et  la  vérification  des  instruments  de  cette  espèce 
nouvellement  établis.  Il  en  était  de  même  pour 
l'admission  des  organistes  aux  places  vacantes. 
11  portait  dans  ces  examens  l'attention  la  plus 
scrupuleuse  et  l'impartialité  la  plus  sévère.  Cette 
sévérité  lui  fit  quelquefois  des  ennemis  de  ceux 
dont  il  blessait  les  intérêts  ou  l'amour-propre; 
mais,  s'il  était  sans  pitié  pour  la  médiocrité,  nul 
plus  que  lui  n'était  adinirateur  du  véritable 
talent.  Les  ouvrages  de  tous  les  grands  composi- 
teurs étaient  rassemblés  chez  lui,  et  il  avait  la 
plus  haute  estime  pour  Fnx,  Keiser,  Caldara, 
Reinke,  Hasse,  les  deux  Graun,  Telemann  et 
Haendel.  L'un  des  chagrins  de  sa  vie  fut  de  n'a- 
voir pas  vu  ce  dernier.  Hœndel  fit  trois  voyages 
à  Halle,  sa  ville  natale,  après  qu'il  se  fut  fixé 
en  Angleterre  ;  mais  ces  deux  grands  artistes  ne 
purent  parvenir  à  se  réunir.  Le  premier  voyage 
eut  lieu  en  1719;  Bach  était  alors  à  Cœthen. 
Aussitôt  qu'il  fut  informé  de  l'arrivée  de  Haendel, 
il  partit  pour  se  rendre  auprèsde  lui;  mais  Hœndel 
avait  quitté  Halle  le  même  jour.  La  deuxième  fois 
que  cet  homme  célèbre  retourna  en  Allemagne, 
Bach  était  malade  à  Leipsick;  au  troisième 
voyage  de  Haendel,  en  1752 ,  Bach  n'était  plus. 
Les  caractères  distinctifs  des  compositions  de 
Jean-Sébastien  Bajch  sont  une  originalité  soutenue, 
un  style  élevé ,  une  teinte  mélancolique ,  une 
mélodie  quelquefois  bizarre ,  mais  sublime  ;  une 
harmonie  plus  hardie  que  correcte,  mais  pleine 
d'effet.  Souvent  on  dirait  qu'il  choisit  à  plaisir  des 
thèmes  ingrats  ou  baroques,  qui  inspirent  d'abord 
plus  d'étonnement  que  de  plaisir;  mais  sa  ferlile 
imagination  sait  bientôt  y  introduire  des  res- 
sources inattendues  dont  le  charme  s'empare  de 
l'exécutant  et  de  l'auditeur.  Son  caractère  sérieux 
le  portait  au  style  grave  et  sévère  ;  ses  fonctions 
de  maître  de  chapelle  et  d'organiste  ne  lui  laissè- 
rent d'ailleurs  pas  le  temps  d'en  cultiver  d'autre. 
Ses  habitudes  ,  son  éducation  musicale  et  sa  vie 
retirée  l'avaient  rendu  insensible  au  mérite  de  la 
musique  dramatique;  il  avait  si  peu  d'estime  pour 
ce  genre  qu'au  moment  de  partir  pour  la  capitale 
de  la  Saxe,  où  il  était  toujours  invité  aux  spec- 
tacles de  la  cour,  il  disait  ordinairement  à  son  fils 
aîné,  Guillaume-Friedmann,  compagnon  habituel 
de  ses  voyages  ;  Allons  entendre  les  chanson- 
nettes de  Dresde.  11  travaillait  beaucoup  ses  ou- 
vrages ,  y  revenait  souvent ,  et  y  faisait  de  nom- 
breuses variantes  :  de  là  vient  qu'il  n'est  pas  rare 
d'en  trouver  des  copies  fort  différentes.  Sa  fé- 
condité était  prodigieuse;  aussi  le  nombre  de  ses 
ouvrages  est-il  immense.  11  est  même  douteux 
qu'aucun  musicien  ait  écrit  autant  que  lui.  La  ré- 
capitulation de  ses  œuvres  de  musique  d'église 


dont  l'existence  a  été  signalée  dans  quelques 
grandes  collections  ^'t  chez  plusieurs  amateurs, 
ou  dont  quelques-unes  ont  été  déjà  publiées,  a 
donné  le  nombre  prodigieux  de  deux  cent  cin- 
quante-trois grandes  cantates  religieuses , 
composées  chacune  de  quatre  ou  cinq  morceaux, 
quatuors,  chœurs,  airs,  duos  et  récitatifs,  avec 
des  chorals  à  quatre  parties  et  toutes  instrumen- 
tées; sept  messes  à  quatre  voix  et  orchestre  en 
la,  en  sol,  en  ré  mineur,  en  fa,  en  sol  mineur,  en 
si  mineur,  en  ?'d  majeur;  le  catalogue  de  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Berlin  indique  aussi  une 
messe  (en  si  mineur)  à  cinq  voix,  six  instru- 
ments et  basse  continue ,  et  M.  Hilgenfeldt  (  Jo- 
hann-Sebastian  Bach's  Leben  ,  Wirken  und 
Werke,  p.  116)  dit  qu'il  en  existe  deux  autres 
à  cinq  voix  et  grand  orchestre  dans  la  bibliothèque 
du  Gymnase  de  Joachimsthal,  dans  la  même  ville. 
Deux  messes  à  huit  voix  réelles,  quatre  de  ri- 
pieno  et  deux  orchestres,  la  première  en  ut, 
l'autre  en  fa  ;  plusieurs  Kyrie ,  Credo  et  Sanc- 
tus  à  quatre  voix  avec  ou  sans  orchestre  ;  trois 
Magnificat ,  le  premier,  en  ré  majeur,  à  cinq 
voix,  deux  violons,  viole,  deux  flûtes,  deux 
hautbois,  trois  trompettes,  timbales  et  orgue,  qui 
est  à  la  Bibholhèque  royale  de  Berlin;  le  second, 
en  mi  bémol,  à  cinq  voix,  deux  violons,  viole, 
deux  llûtes,  deux  hautbois,  trois  trompettes  et 
timbales  ;  le  troisième  et  dernier,  à  huit  voix 
réelles,  deux  violons,  viole,  trois  trompeltiS  et 
timbales,  dont  le  manuscrit  est  à  la  Bililiothèque 
de  Berhn. 

Le  nombre  de  motets  produits  par  la  verve 
inépuisable  du  grand  artiste  est  consiiiérable; 
peut-être  ne  connaît-on  pas  tout  ce  qu'il  a  pro- 
duit en  ce  genre.  M.  Hilgenfeldt  n'en  compte  que 
dix-sept  (  p.  111  et  112),  dont  sept  à  huit  voix, 
mais  il  en  existe  trois  autres  à  quatre  voix  dans 
le  fonds  Poelchau  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Berlin ,  que  M.  J.  P.  Schmidt  a  publiés  chez 
Trautwein  ,  dans  la  même  ville  ;  l'auleur  de  celte 
biographie  en  possède  un  à  cinq  voix  {Ist  Golt 
J'iir  tins);  enfin  on  doit  considérer  comme  de  vé- 
ritables motets  le  chœur  à  quatre  voix  et  basse 
continue  Aus  tiefer  Nothschrei  ich;  le  chœur  à 
quatre  voix  et  orchestre  (en  sol  mineur)  Cfins/e 
du  Lamm  Gottes,  de  la  main  deCh.  Phil.  Euun. 
Bach  ;  le  chœur  :  Herrdeine  Augen^schen  nach 
dem  Glauben,  à  quatre  voix  et  instruments, 
copié  de  la  main  de  Schwenke  de  Hambourg,  et 
le  chœur  Sehet  welch  eine  Liebe  hat  uns,  à 
quatre  voix  et  basse  continue ,  qui  sont  dans  le 
fonds  de  Poelchau  ,  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Berlin. 

On  connaît  de  Bach  plusieurs  psaumes  conj- 
plets.  On  a  publié  le  cent  dix-septième  à  Leipsick, 


BACH 


Vu?, 


di07.  Rreilkopl  et  Haertel ,  (ruprès  le  inanuscal 
original  (U>  l'auteur.  Le  cent  (luaruntc-neiivièmo 
a  paru  à  lierlin,  chez  Traulwein,  et  le  manuscrit 
oiii-inaldu  cent  qiiarante-linitièineeslà  la  Biblio- 
tlièque  royale  de  Berlin. 

Au  nombre  des  compositions  les  plus  impor- 
tanles  de  cet  homme  extraordinaire  sont  ses  ora- 
torios, et  surtout  celui  de  la  Passion,  d'après 
St-Mathicii.  Le  premier  de  ces  ouvrages  est  une 
prande  cantate  pour  les  fêtes  de  Noël  [Oiatorium 
fcmpote  Naiivitaiis  Chrisli],  divisce  en  six 
parties,  avec  accompagnement  d'orchestre.  Le 
deuxième  est  l'oratoiio  des  fêtes  de  Pâques,  avec 
crcliestre.  Puis  vient  VOratorio  de  VAscension, 
idem.  La  fassjon,  d'après  Saint-Malliieu,  est  une 
sublime  inspiration  ,  une  conception  colossale  , 
écrite  àdeux  chœurs  et  deux  orchestres,  avec  des 
récitatifs,  des  airs  ,  des  chœurs  et  des  chorals 
liarmoniscs,  où  les  idées  les  plus  neuves,  les 
plus  hardies,  les  combinaisons  les  plus  compli- 
quées, les  effets  ks  plus  inattendus  se  succèdent 
sans  interruption  dans  une  partition  énorme.  Une 
autre  Passion ,  d'après  St-Jean,  beaucoup  moins 
développée,  a  été  écrite  par  J.  S.  Bach  ,  vraisem- 
blablement à  une  époque  où  son  talent  n'avait  pas 
encore  acquis  toute  sa  maturité;  car  l'examen  de 
la  partition  n'y  fait  pas  découvrir  l'abondance  de 
traits  de  génie  qui  brillent  dans  ses  autres  ou- 
vrages. 

Pai  aii  les  manuscrits  rassemblés  dans  diverses 
collections,  on  trouve  aussi  des  cantates  pour  des 
anniversaires  de  naissance  de  différents  princes, 
ou  pour  des  réjouissances  publiques;  des  drames 
apologétiques  ou  mythologiques  pour  des  fêtes, 
tels  que  Le  Combat  (musical)  A' Apollon  et  Pan  ; 
Éolc,  Pallas  et  Pomone  ;  Honneur  à  la  reine, 
cantates  comiques,  cantate  de  noces  (  0  holdcr 
Tug .'),  cantate  pour  la  fête  de  la  Kéf'ormatiou 
Récrite  en  1717);  musique  funèbre  pour  les  ob 
sèques  d'une  princessede  Saxe,  composée  en  1727; 
enlin,  un  très-grand  nombre  de  chorals  harmo- 
nisés pour  les  voix  ,  ou  combinés  avec  l'instru- 
mentation. Les  collections  les  plus  considérables 
qu'on  connaisse  aujourd'hui  des  ouvrages  ma- 
nuscrits de  Bach  sont  :  1°  celle  qu'on  trouve 
dans  la  bibliothèque  de  l'Académie  de  cliaut 
{  Singakademie  )  à  Berlin  ;  T  celle  de  la  Biblio- 
thèque royale  delà  même  ville  ;  3"  la  collection 
du  Gymnase  de  Joacbimstbal,  également  à  Berlin. 
Poelchau,  grand  amateur  de  musique,  avait 
acheté  une  partie  des  œuvres  de  Bach  qui  se 
trouvaient  cliezson  fils  Cbarles-Philippe-Emma- 
nuel,  et  la  collection  de  ce  musicophile  a  passé 
dans  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  ;  cependant 
bi'aucoup  d'autres  ouvrages  ont  été  acquis  par 
d'autres  amateurs  à  la  vente  de  ia  bibliolLièquo  de 
Diocn.   i!MV.   DES  r.isicirss.  —  t.  i. 


Oharles-Philippe-Emmanuel  Bacli;  car  il  ixisl.iit 
dans  cette  bibliothèque  soixante-dix  cantates  d'i- 
glise,  dont  on.  ne  trouve  qu'ime  partie  à  la  Bi- 
bliothèque de  Berlin. 

Tels  sont  les  trésors  qui ,  pendant  un  siècle  en- 
viroh,  ont  été  inconnus  au  monde  Muisicaj ,  et  (jui! 
des  hommes d'elites'elïorcentaiijourd'bui de  pro- 
duire à  la  lumière.  Zelter,  à  qui  l'inslitution  de 
r.-Vcadémie  de  chant  offrait  des  moyens  d'ex(''cu  lion 
sid'lisants,  fut  un  des  premiers  qui  enlrejirirent 
de  faire  connaître  cette  musifiue  d'église  de  Ikcli, 
si  différente  du  style  de  tous  les  autres  maîtres. 
Son  élève,  Mendelssohn,se  passionna  aussi  pour 
ces  mêmes  œuvres,  et  ne  contribua  pas  peu  à 
leur  donner  de  la  vogue.  Ce  fut  lui  qui ,  en  di- 
verses circonstances ,  fit  entendre  dans  diffé- 
rentes exécutions  solennelles,  le  grand  oratorio 
de  la  Passion  et  l'admirable  messe  en  si  mineur. 
Lui-même  se  ressentit  de  l'étude  qu'il  avait  faite 
de  ces  cliose.s  ,  car  le  Paulus  et  V Elias  offi  ent 
quelques  réminiscences  de  leurs  formes.  Après 
lui,  Mosewiiis,  directeur  de  musique  et  pro- 
fesseur à  l'université  de  Breslau  et  à  l'inslilut 
académicpie  de  musique  d'égli.se  de  la  même  ville, 
donna  une  impulsion  nouvelle  à  la  curiosité  des 
amis  dévoués  de  l'art  par  l'écrit  qu'il  publia 
en  1845,  sous  le  titre  de  Jean  Sébastien  Bach 
dans  ses  cantates  d'église  et  dans  ses  chants 
de  chœur.  Enfin,  à  l'occasion  de  l'anniver- 
saire séculaire  de  la  mort  de  Bach ,  une  société 
s'est  formée  en  1850  pour  la  publication  d'une 
édition  complète,  imprimée  avec  luxe,  de  toutes 
les  œuvres  de  Bach.  Le  manifeste  en  fut  publié 
le  f''  novembre  de  la  même  année,  et  l'on  ouvrit, 
non  une  souscription  proprement  dite,  mais  une 
association  entre  tous  les  artistes  et  amateurs  de 
musique  pour  la  fondation  de  ce  tardif  monument 
élevé  à  la  gloire  d'un  des  plus  puissants  génies 
qui  aient  brillé  dans  l'art.  L'exécution  de  cette 
généreuse  entreprise  est  en  tout  digne  de  sa  con- 
ception. 

D'autres  entreprises  s'étaient  déjà  formées  au 
commencement  du  dix-neu\ièmesiècle,  et  dans  la 
suite,  pour  la  publication  des  œuvres  instrumen- 
tales de  Bach,  dont  quelques-unes  seulement 
avaient  paru  séparément.  La  première  fut  celle 
que  Schicht  (vo!/.  ce  nom  )  fit  conjointement 
avec  le  savant  ForKel  pour  une  édition  des  œu- 
vres de  clavecin  de  ce  grand  homme ,  laquelle  fut 
publiée  chez  Kùhnel ,  à  Leipsick.  Bien  (princom- 
plèlc,  cette  collection  fut  considérée  couune  im 
trésor  par  les  connaisseurs.  Elle  reproduisait  quel- 
ques collections  d'exercices  ainsi  que  le  c^ilèbre 
recueil  (le  quarante-huitfugues  et  préludes  connu 
sous  le  nom  de  Clavecin  bien  tempéré,  lequel 
avait  été  déjà  publié  auparavant,  etl'ony  trouvait 

13 


194 


BACH 


enouire  six  admirables  sonates  pour  clavecin  et 
violon,  (]ui,(]ans  les  manuscrits  possédés  parCli. 
l'h.  Em.  Dacli,  portent  le  nom  de  Trios;  le  fameux 
air  avec  trente  variations,  prodige  de  facture  et 
d'imagination;  les  petites  suites  ajipelées  Suites 
françaises,  les  six  grandes  suites,  dites  Suiles 
anglaises, et  le  recueil  des  quinze  inventions  ou 
pièces  de  différents  caractères  à  trois  parties. 
Quelques  années  après  la  publication  de  Kùlinel , 
parut  celle  de  Naegeli ,  à  Zurich  ,  qui  ne  différait 
de  la  première  que  par  l'addition  de  l'Art  de  la 
fugue  à  quatre  parties ,  ouvrage  de  Bach  non 
achevé,  dont  une  édition  gravée  avait  été  piibliée 
par  ses  fils,  avec  une  préface  de  Marpurg,  en  1752 
et  plus  tard  à  Paris,  chez  Pleyel.  A  cette  diffé- 
rence près,  l'édition  de  Naegeli  n'est  pas  plus 
complèteque  ceilede  son  prédécesseur.  Vers  1835 
un  comité  d'artistes  s'est  constitué  pour  la  publi- 
cation d'une  nouvelle  édition  des  œuvres  de  Bach 
pour  le  clavecin,  corrigée  sur  les  manuscrits  ori- 
ginaux avec  le  doigter  et  les  mouvements  du  mé- 
tronome pris  dans  la  tradition  la  plus  authentique. 
Charles  Czerny  a  été  un  des  éditeurs  de  cette  col- 
lection,qiii  paraît  chez  Péters  àLeipsick.  Elle  con- 
tient des  choses  importantes  qui  ne  se  trouvent 
pas  dans  les  éditions  antérieures. 

Les  concertos  de  Bach,  restés  inédits  jusque 
vers  1836,  ont  trouvé  un  éditeur  intelligent  dans 
M.  Dehn ,  conservateur  de  la  partie  musicale  de 
la  Bibliothèque  royale  de  Berlin,  qui,  s'unissant 
au  comité  d'artistes  dont  il  vient  d'être  parlé ,  a 
publié,  non-seulement  les  composilionsde  cegenre 
dont  il  existait  des  copies  manuscrites  dans  les 
mains  de  quelques  artistes,  mais  plusieurs  autres 
inconnues,  et  tiréesdu  trésormusical  de  toutes  les 
productions  de  Bach  que  renferme  le  dépôt  qui 
était  confié  à  sa  garde. 

La  musique  d'orgue,  celte  gloire  immortelle  de 
Bach,  fut  comme  on  l'a  dit  précédeoiment,  long- 
temps renfermée  dans  les  manuscrits  qui  restèrent 
entre  les  mains  de  l'artiste ,  ou  dans  celles  de  ses 
enfants  et  de  ses  élèves.  A  l'exception  de  six 
chorals  variés  et  (ugués  pour  deux  claviers  et 
pédale,  qui  avaient  été  publiés  à  Leipsick  en  1760, 
dix  ans  après  la  mort  de  l'auteur,  on  n'en  avait 
rien  fait  paraître;  mais  après  la  visite  de  Mozart 
à  Leipsick,  on  s'occupa  sérieusement  de  ces  chefs- 
<l'œuvre  trop  peu  connus,  et  la  célèbre  maison 
Breitkopf  et  Haertel  publia  les  admirables  pré- 
ludes pour  des  chorals  { C floral- Vorspiele)  en 
quatre  suites,  dans  les  premières  années  du  siècle 
présent.  Dans  le  même  temps  parurent  chez 
Kiihnel  plusieurs  fantaisies  et  fugues  avec  pédale 
obligée.  Naegeli  publia,  sous  le  titre  d'£'co/e  d'or- 
gue  pratique,  six  sonates  pour  deux  claviers  et 
pédale,  qui  furent  reproduites  à  Vienne  avec  le 


litre  de  Trios.  Hofmeistei'  fit  paraître  à  Vienne 
et  à  Leipsick  un  intéressant  recueil  sous  le  litre 
d'£'j;nx/ce5,  lequel  renferme  des  préludes,  des  fu- 
gues et  des  chorals  variés  avec  pédale;  des  fugueset 
lies  |)réludes  séparés  parurent  chez  la  plupart  des 
éditeurs  à  Leipsick,  à  Berlin,  à  Hambourg;  entin, 
M.  Marx,  professeur  de  musiciue  à  l'université  de 
Berlin,  publia  neuf  magnifiques  |iréludes  suivis 
d'autant  de  fugues ,  pour  deux  claviers  et  pédale  ; 
et  M.  Kœrner,  éditeur  à  Erfurt,  mit  également  au 
jour  un  grand  nombre  de  pièces  publiées  dans 
d'autres  recueils  ou  connues  seulement  des  or- 
ganistes de  l'Allemagne.  Une  des  plus  belles 
pièces  de  ce  genre  est  la  fameuse  Passacaglia, 
qui  exige  la  plus  rare  habileté  d'exécution  pour 
être  rendue  dans  son  mouvement  et  dans  son 
caractère.  Une  association  s'est  aussi  formée 
vers  1839  pour  la  publication  des  œuvres  com- 
plètes de  Bach  pour  l'orgue.  Les  éditeurs  sont  Grie- 
penkerl,  amateur  passionné  de  musiqueet  savant 
auteur  dun  bon  traité  d'esthétique,  etM.Roitzscli, 
amateur  distingué.  Il  a  paru  huit  volumes  de 
cette  collection,  chez  Péters,  à  Leipsick.  La  mort 
de  Griepenkerl,  en  1849,  a  suspendu  un  moment 
l'entreprise;  mais  elle  est  maintenant  achevée. 

Bach  ne  lut  pas  seulement  un  homme  de  génie 
et  le  plus  grand  musicien  de  son  temps;  il  eut 
aussi  le  talent  d'enseigner,  avec  une  incontestable 
supériorité,  la  composition  et  l'art  de  jouer  du 
clavecin  et  de  l'orgue.  La  nature  compliquée  des 
ouvrages  pour  ces  deux  instruments,  toujours 
écrits  à  trois,  quatre  ou  cinq  parties,  l'avait 
obligé  à  inventer  un  doigter  particulier,  qui  tut 
connu  longtemps  en  Allemagne  sous  le  nom  de 
doigter  de  Bach,  mais  qu'on  peut  désigner  d'une 
manière  plus  significative  par  le  nom  de  doigter 
de  substitution,  parce  que,  dans  la  musique  à  la- 
quelle il  s'applique,  un  doigt  prend  souvent  la 
place  qu'occupait  un  autre  pour  tenir  le  son  pen- 
dant que  l'autre  doigt,  devenu  libre,  agit  dans 
l'exécution.  Les  plus  anciens  élèves  dont  il  forma 
le  talent  lurent  Jean-Martin  Schubert,  qui  devint 
nuisicicn  de  chambre  et  organiste  du  duc  de 
Weimaret  mourut  à  l'ilge  de  trcnte-et-im  ans; 
Jean-Tobic  Krebs,  im  des  plus  grands  organistes 
de  l'Allemagne  ;  et  Jean-Gaspard  Vogler,  né  dans 
le  Hanovre,  et  qui  succéda  à  Schubert  dans  ses 
places  à  la  cour  de  Weimar;  puis,  en  première 
ligne  se  |)résentent  ses  deux  illustres  lils,  Guil- 
laume-FriedmannetCharles-Pliilippe-EmmanupI, 
dont  les  notices  suivent  celle-ci  ;  puis  Homilius, 
artiste  distingué,  directeur  de  musique  des  églises 
principales  de  Dresde  et  cantor  de  l'École  de  la 
Croix,  dans  cette  ville;  Jean  Louis  Krebs,  fils  de 
Jean-Tobie,  organiste  du  château  à  Zeits,  ensuite 
à  la  cour  de  Golha;  Jean-Frédéric  Doles,  d'abord 


lîVCH 


l*}- 


cantOK  à  Freiberg,  et  après  la  iiiorl  de  llaru-r,  un 
(ies  successeurs  de  Jean-Sébastien  Bacli  à  l'École 
Saint-Tliomas;  Allnikol, organiste  à  Nanmlwnrg; 
l'excellent  organiste  et  compositeur  Fischer,  qui 
fut  le  maître  de  Vierling  ;  Jean-Frédéric  Agricola, 
compositeur  de  la  cour  de  Prusse,  tliéoricien  et 
critique  distingué;  Kirnberger,  artiste  de  grand 
mérite  comme  compositeur  et  comme  tliéoricien, 
qui  a  compté  parmi  ses  élèves  Fascli,  J.  P.  A. 
Scliùltz  etZolter;Goldberg,  compositeur  au  ser- 
vice du  comte  de  Briibl,  à  Dresde;  Charles- Fré- 
déric-Abel,  le  célèbre  jo-uenr  de  basse  de  viole 
et  compositeur  ;  Jean-Gottfiied  Miithel,  grand  or- 
ganiste et  compositeur;  et  entln  Kittel ,  qui  n'était 
iigé  que  dedix-lniit  ans  quand  il  perdit  son  maî- 
tre, m;iis  (jui  avait  si  bien  profité  de  ses  leçons, 
qu'il  l'ut  organiste  de  premier  ordre.  De  son  école 
s.int  sortis  Haessler,  Umbreit,  M.  G.  Fiscli«r,  et 
Hindi. 

Les  ouvrages  de  Jean-Sébastien-Bach  publiés 
jusqu'à  ce  jour  sont  :  I.  Musiquf,  keuGif.use  : 
1  Missa  a  (junltrovoci,  2  violini,  viola,  ?. 
Jlautied  orijann,  \\°  l.en  Za  majeur;  Bonn,  Sim- 
rock.  —  2°  Missa  a  quattro  voci,  viola,  flanti, 
trombe  ed  organo ,  n"  2,  en  sol  majeur;  ibid. 
Pffilchau  fut  l'éditeur  de  ces  deux  ouvrages.  — 
3"  Messe  à  quatre  voix,  avec  accompagnement 
(le  deux  violons,  deux  flûtes,  contrebasse  et  basse 
continue  pour  l'orgue,  en  la;  Berlin, Trautwein. 
—  4"  Grande  messe  (en  si  mineur)  à  quatre  voix  et 
orciieslre;  Zurich,  Naegeli.  Autre  édition,  Bonn^ 
Simrock.  Cet  ouvrage  est  un  des  chefs-d'œuvre 
de  son  illustre  auteur.  Ch.  Pli.Ém.  Bach  a  ajouté 
une  intioduction  au  Credo  de  cette  messe.  — 
5"  Missa  a  otto  voci  reali  e  4  rfi  ripieno,  coW 
(iccomp.  di  due  orchestre  (en  ut);  Leipsick , 
Breitkopfet  Haertel. — 6°  Magnificat  à  3  voix,  2 
violons,  viole,  2  flûtes,  2  hautbois,  3  trombes, 
timbales  et  basse  continue  pour  l'orgue  (en  mi 
héuiol)  ;  Bonn  ,  Simrock.  Prelrhau  a  été  l'éditeur 
de  cet  ouvrage.  —  7°  Joh.  Seb.  Bach' s  Moletten 
in  ParlMur  (Motets  de  Jean-Séb.  Bacli  en  parti- 
tion ),  l"'  et  V  suites,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel.  Cette  collection,  formant  98  pages  in-fol. 
renferme  ses  six  motels  à  8  voix  sans  accompa- 
gnement :  Sinrjpt  (lem  Herrn  ein  nettes  Lied; 
Fûrchtedich  nicht,  etc.;  Ich  Lasse dich  nicht; 
Komm ,  Jcsu ,  homm ,  etc.;  Jesu!  meine 
Freude,etc.;  Der  Geist  kilft  zmsrer  Schicach- 
heit,  etc.  Ces  motets  renferment  de  très-belles 
choses;  le  quatrième,  particulièrement,  est  très- 
remar(iuable  par  l'art  avec  lequel  Bach  lait  dia- 
loguer les  deux  chœurs.  Schicht  {voy.  ce  nom) 
a  été  l'éditeur  de  ce  recueil.  M.  Hilgenfeldt  assure 
que  le  troisième  motet  ( /c/i  lasse  dich  nicht) 
n'est  pas  l'ouvrage  de  Jean-Sébastien  Bach,  mais 


bien  de  Jean-Christop'.ii;  Bach  d'Arn^tadt  (vo>iz 
Johann  Sébastian  liach's  Lcben  ,  Wirken  und 
Werke,  p.  112).  — s"  Motet<à8  voix  eu|)aitilion 
{Lob,  Ehre  undWeisheit);  Mil.  — d<* Motet  al- 
lemand à  httit  voix  ,  avec  basse  continue  ,  eu 
parlition,  surictexte  :  Janchzet  deni  Herrn  aile 
Welt  ;  Leipsick,  Kollmann.  J.  P.  Doering  a  été 
l'éditeur  de  ce  morceau.  —  lO"  Le  117"  psaume  à 
quatre  voix  et  orchestre,  en  partition  ;  Lei()sick  , 
Breitkopl.  —  1 1°.  Le  l49e  psaume  à  huit  voix  en 
deux  chœurs;  Berlin  ,  Trautwein.  Simrock,  de 
Bonn,  en  a donnéune  autre  édition.  — 12°  Cantate 
à  quatre  voix  et  orcliestre  sur  le  texte  :  Ein' 
feste  Biirgist  tinser  Gotl  ;  Leipsick,  Breitkopf. 

—  13°  Litanies  à  quatre  voix,  en  paililiou; 
Bonn,  Simrock.  —  14°  Motet  à  quatre  voix, 
sur  le  texte  :  Herr,  deine  Augen;  ihid  —  16" 
Motet  à  quatre  voix  :  Ihr  werdetweinen.  Ibid. 

—  16°  Autre molet  <à  quatre  voix  :  Du  Hirle  Is- 
raël ;  ibid.  —  17"  Motet  à  quatre  voix  :  Herr, 
gehc  nicht  in's  Gerirht.  —  18°  Gottes  Zeit  ist 
die  allerbeste  Zeit;  ihid.  Ces  six  derniers  ou- 
vrages ont  été  publiés  en  deux  livraisons  sous  le 

j  titre  suivant  :  Joh.  Seb  Hachas  Kirchenmusick 
zu  4  Singstimmen  (Musique  d'église  de  Jean-Sé- 
bastien Bach  à  quati'e  voix.  —  19"  Grosse  Passions 
musik  nachdem  Evangelium Matthei  {La Pas- 
sion, d'après  l'évangile  de  saint  Mathieu,  pour 
deux  chœurs  et  deux  orchestres)  ;  Berlin,  Schlesin- 
ger.  L'une  des  plus  vastes  conceptions  musicales 
qui  aient  vu  le  jour  est,  sans  nul  doute,  cet  ouvrage, 
qui  est  resté  inconnu  pendant  près  d'un  siècle 
après  ([ue  Bach  l'eut  composé.  On  ne  peut  consi- 
dérer sans  la  plus  vive  admiration  l'introduclion, 
dans  le  style  fugué,  où  deux  chœurs  à  quatre  voix 
et  deux  orchestres  se  meuvent  avec  élégance  et  fa- 
cilité dans  des  formes  scientifiques  et  compliquées, 
pendant  qu'un  troisième  chœur  de  voix  de  soprani 
fait  entendre  un  choral  à  l'unisson  d'un  mouve- 
ment large  et  simple.  La  manière  dramatique  et 
neuve  dont  Bach  a  su  employer  le  chœur  comme 
interlocuteur  n'est  pas  moins  digne  de  remarque, 
l.e  récitatif  est  d'une  rare  beauté  de  déclamation; 
les  mélodies  sont  d'une  mélancolie  pénétrante, 
remplies  de  nouveautés  et  de  hardiesses;  enfin, 
l'instrumentation  ofire  des  combinaisons  variées 
qui  prouvent  que  Bacli  avait  mieux  compris  les 
ressources  des  instruments  qu'aucim  autre  com- 
positeur. —  20"  Passionsmusiknach  dem  Evan- 
gelium Johannis  {La  Passion,  d'après  l'évan- 
gile de  saint  Jean,  pour  quatre  voix  et  orchestre)  ; 
Berlin,  ïraulwein,  1S31,  in-fol.  Cet  ouvrage  est 
très-inférieur  au  précédent.  —21"  Kirckengesœn- 
gefûrSolound  Chorslinimen  mit  Instrumental 
beglcitung  (Chants  d'égtise  pour  voix  seule  et 
chœur  avec  accompagnement  iustrumenl.-.li.  |»,(;- 


1.10 


BACH 


titiou  avec  acrompagncmpnt  ^^c  p.aiio  par  J.  P. 
Stlimidt;  Berlin,  Traulweiii.  Ce  recueil  contient 
trois  motels,  le  premier  pour  le  dimanche  de 
Septuagésime,  le  second  pour  le  dimanche  des  Ra- 
meaux ,et  le  dernier  pour  le  premier  dimanche  après 
la  Trinité.  —  2'2°  Offertoire  {Da  pacem  nobis), 
piur  quatre  voix  et  petit  orchestre,  en  partition  ; 
Vienne,  Diabelli.  —23»  Le  motet  Jésus  ricfite 
meine  Beginnen,  à  4  voix,  2  violons,  deux  haut- 
bois, 2  cors  ,  et  basse  continue  pour  l'orgue,  en 
partition,  dans  le  troisième  volume  du  livre  de 
M.  de  Winterfeld  intitulé  :  Der  evangelisclie 
Kirchengesang,  etc.,  pages  121-127  desexemples 
demusique.  —  24°  Cantate  pour  le  15*  dimanche 
après  le  Trinité,  Warum  betrûbst  du  dich 
mein  Herz  (Pourquoi  aifliges-tu  mon  cœur?), 
A  4  voix,  2  violons,  viole,  2  hautbois  et  basse  con- 
tinue pour  l'orgue,  ibid.  p.  145-171.  —  25°  Can- 
tate pour  le  27*  dimanche  après  la  Trinité,  Wa- 
cfiet  au/  rii/t  uns  die  Stimme,  e/c.,à  4  voix  , 
2  violons,  viole,  2  hautbois,  taille  de  hautbois, 
et  basse  continue  pour  l'orgue,  ibid.  p.  172-2t8. 
Admirable  composition  où  la  puissance  du  génie 
se  fait  sentir  depuis  le  commencement  jusqu'à 
la  lin.  —26°  Cantate  pour  la  2e  férié  de  la  Pente- 
côte, Also  liât  Gott  die  Welt-geliebt ,  k  4  voix, 
2  violons,  viole,  3  hautbois  et  basse  continue 
pourl'orgue,  ibid.  p.  230-261.-27°  Johann  Sé- 
bastian nach's  Werke  {Œu\res  de  Jean-Sébas- 
lien  Bach),  publiées  par  l'association  dite  Bach- 
Gcsellschaft  zu  Lnpsick,h  Leipsick,  chez  Breit- 
kopfet  Hacrtel,in-lol., gravées  et  imprimées  avec 
luxe,  et  ornées  d'un  beau  portrait,  gravé  par 
Lichting,  d'après  l'original  peint  par  Haussmann 
i|ue  possédait  Charles-Philippe-Emmanuel  Bach. 
Au  moment  où  ceci  est  écrit  (1858),  huit  vo- 
lumes de  cette  intéressante  collection  ont  paru  : 
ils  contiennent  des  cantates  religieuses  qui  sont 
autant  d'oeuvres  de  premier  ordre,  aussi  remar- 
quables par  la  nouveauté  des  idées  que  par  la 
forme,  la  messe  en  si  mineur,  l'oratorio  de  la  Pas- 
sïon,  celui  de  Noël,  et  un  volume  de  musii|iie 
d'orgue. 

11.  Chant  Choral.  Joh.  Seb.  Saches  viers- 
tinimige  Choraigesœnge,  gesammelt  von  C. 
P.  E.  Bach  (chants  è  quatre  voix  de  Jean- 
Sébastien  Bach  ,  recueillis  par  C.  P.  £.  Bach). 
l"'  Partie;  Berlin,  1765,  infol.  obl.  de  50  pages. 
2*  partie;  ibid.  1769  ,  in-fol.  de  54  pages.  Cette 
édition  est  la  première  de  ce  recueil.  Kirn- 
berger,  élève  de  Bach  ,  ajant  recueilli  d'autres 
chants  de  même  genre ,  harmonisés  par  son 
maître,  se  proposait  vraisemblablement  d'en  pu- 
blier une  nouvelle  édition  ;  mais  il  ne  donna  pas 
de  suite  à  ce  projet,  et  ses  matériaux  passèrent 
dans  les  mains  de  Cliarles-Philipi.e  Emmanuel 


Bach,  qui  donna  une  deuxième  édition  en  quiilre 
parties  in-4°,  dont  la  première  parut  chez  Jeau- 
Gottlieb-EmmanuelBreilkopf,  à  Leipsick,  en  1784, 
et  la  quatrième  en  1787,  avec  une  préface  de  l'é- 
diteur. Cette  deuxième  édition  ,  qui  a  pour  titre 
comme  la  première,  Joh.  Seb.   Bach's    Viers- 
timmige  Choral-Gesaenge,  contient  371  chorals. 
En  1832,  M.  Ch.  Ferd.  Becker  {voij.  ce  nom)  a 
publié  ime  troisième  édition  du  même  recueil  avec 
une  prélace  nouvelle,  sous  ce  titre  :  371   viers- 
timminge  Choraigesœnge  von  Johann  Sébas- 
tian Boc/i,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  Cette 
édition,  peu  satisfaisante  par  sa  disposition  et  par 
ses  nombreuses  négligences ,  a  été  l'objet  de  cri- 
tiques assez  sévères  en  Allemagne.  Quelque  temps 
après  cette  publication,  M.  Becker  fit  paraitie, 
comme  supplément  à  son  édition,  69  chorals  avec 
la  basse  chiffrée  (69  Chorœlemït  bezi/Jcr/em 
Bass,  etc.)  ;  ibid.  Sensible  sans  doute  aux  criti- 
ques dont  son  travail  avait  été  l'objet,  le  même 
artiste  publia  une  autre  édition  des  chants  chorals 
de  Bach ,  à  laquelle  il  donna  une  disposition  nou- 
velle, sous  ce  titre  :  Johann  Sébastian  Bach's 
Vierstimmigc  Kirchengesœnge ,  geordnet  vnd 
mit  einem  Vorworte  begleilet  Von  C.  F.  Bcclicr  ; 
Leipsick,  Robert  Friese,  1843,  in-4°.  Cette  édi- 
tion est  ornée  du  portrait  de  Bach.  Elle  n'a  pas 
été  à  l'abri  de  toute  critique.  On  a  repioché  par- 
ticulièrement à  l'éditeur  d'avoir  mal  à   propos 
transposé  quelques-uns  des  chorals  ,  et  d'y  avoir 
introduit  des  chants  qui  n'ont  pas  été  harmonisés 
par  Bach ,  et  qui  môme  ont  été  publiés  avant  sa 
naissance.  On  est  redevable  au  savant,  exact  et 
soigneux   M.  Louis   Erk  (voij.   ce  nom)   d'une 
excellente  édition  des  chants  chorals  et  airs  spi- 
rituels de  Bach  ,  dont  la  première  partie  a  paru 
à  Leipsick,  chez  C.  F.  Péters,  en  1850,  sous  ce 
titre  :  Johann  Sébastian  BaclCs  mehrstiminige 
Choraigesœnge  undgeistliche Arien,  etc.  Pour 
cette  édition,  M.  Erk  a  puisé  aux  sources  authen- 
tiques et  originales.  Il  indique  les  éditions  d'où 
Bach  a  tiré  les  mélodies  qu'il  a  harmonisées,  et 
les  accompagne  de  leurs  textes  primitifs.  La  iirc- 
mière partie contientlôO chants, dont  22  n'avaient 
jamais  été  publiés.  Quelques-uns  sont  accompa- 
gnés de  l'instrumentation  que  Bach  leur  a  donnée 
dans  ses  cantates,  et  les  numéros  149  et  150  of- 
frent la  mélodie  chorale  accoiiipagnée  des  trois 
autres  voix  en  style   fugué  avec  basse  continue. 
Une  table  analytique  des  sources  où   l'auteur  a 
puisé  chaque  chant  termine  le  volume.  Eu  gé- 
néral, ces  sources  sont  les  manuscrits  des  can- 
tates de  Bach ,  le  Musicatisches  Gesang-Buch 
de  George  Christian  Schmelli  (Leipsick,  1736, 
in-8°),  et  le  petit  livre  d'orgue   et  de  clavecin 
écrit  par  Bach  ,  en  1725,  pour  sa  seconde  femme, 


BACH 


197 


Anne  Maileleinc,  dont  leinamiscril  est  inlilulé  : 
Clavier- liûcJilein  dcr  Anna-  Magdelena  Ëachin- 
le  manuscrit  est  l'original  de  la  main  de  Bacli. 

III.  MusiQLK  vo<;ale  mondaine.  De  toutes 
les  compositions  vocales  de  Bach  écrites  pour  des 
lètesde  cour,  des  anniversaires  de  naissances,  des 
mariages,  ou  des  avènements  de  princes,  ou  enfin 
pour  des  amis  de  l'artiste,  on  n'a  publié  jusqu'à 
ce  jour  que  deux  cantates  comiques,  dont  la  pre- 
mière est  sur  un  sujet  villageois,  pour  soprano  et 
basse,  avec  2  violons,  alto,  une  tlùte,  un  cor, 
ft  basse  continue  pour  le  clavecin;  la  deuxième 
a  pour  titre  :  Schlendrian  et  sa  fille  la  petite 
Lisette,  pour  soprano,  ténor,  et  basse  avec  2 
violons,  alto,  flûte  et  basse  continue.  M.  Delin 
{voy.  ce  nom)  est  éditeur  de  ces  deux  pièces, 
dont  la  première  a  paru  à  Leipsick  ,  (liez  Klemm, 
et  l'autre  à  Berlin,  chez  G.  Crantz,  en  1837. 

IV.  Musique  pour  clavecin  seul  ou  accompa- 
gné. 1°  Clavierûbungen,  bcstehend  in  Prœ- 
ludien ,  Allemanden ,  etc.  (  Exercices  pour  le 
clavecin,  consistant  en  préludes,  allemandes, 
courantes,  sarabandes,  gigues,  menuets,  etc.), 
œuvre  premier,  gravé  sur  cuivre;  Leipsick,  1728- 
1 73 1 ,  six  suites  in-fol.  obi .  —  TZioeiterTheil  der 
Clavierûbungen,  bestehend  in  cinem  Concerto 
nach  italiaenischem  gusto  undeiner  Ouverture 
nach  franzoesischcr  Art,  vor  ein  Clavicymbel 
mil  zweyen  Manualen,  etc.  (Deuxième  partie 
des  Exercices  pour  le  clavecin  consistant  en  un 
concerto  dans  le  goût  italien  et  une  ouverture 
dans  la  manière  française,  pour  un  clavecin  à 
deux  claviers),  publiés  par  Christ.  Weigl,  à  Nu- 
remberg, 1735.  — 3"  Clavierûbungen, bestehend 
inverschiedenen  Vorspielenûber  die  Catechis- 
mus  und  andereGesœnge  vor  die  Or  gel, 
Dritter  Theil  (Exercices  <le  clavecin,  consistant 
en  différents  préludes  sur  le  catéchisme  et  au- 
tres chants  pour  l'orgue,  etc.;  troisième  partie);  à 
Leipsick,  chez  l'auteur,  1739.  Cet  ouvrage  ap- 
partient plutôt  à  la  catégorie  des  pièces  d'orgue , 
qu'à  la  musiijne  de  clavecin.  11  fut  gravé  sur  des 
planches  de  cuivre  par  Bach  lui-même  et  par 
ses  fils. —  4°  Clavierûbungen,  etc.  (Exevdces 
pour  le  clavecin  ou  air  avec  plusieurs  variations). 
Cette  quatrième  partie  des  exercices,  publiée 
d'abord  pour  Balthazar  Sclimid ,  à  Nuremberg , 
en  1742,  puis  par  J.  Scbûbler,  à  Celle,  en  Thu- 
ringe,  a  été  réimprimée  à  Zurich,  chez  Naegeli, 
et  dans  toutes  les  éditions  postérieures ,  sous  ce 
titre:  Air  avec  trente  variations.  Les  ressources 
immenses  du  génie  de  Bach  se  retrouventdans  cet 
air  varié.  La  plupart  des  variations  sont  en  ca- 
nons à  divers  intervalles;  on  y  trouve  des  re- 
ciierches  d'harmonie  des  plus  compliquées,  et  une 
abondance  de  motifs  qui  dénotent  l'imagination  la 


plus  féconde.  —5"  Daswohllemjierirte  Clavier 
(Le  Clavecin  bien  tempéré,  consistant  en  qua- 
rante-huit préludes  et  autant  de  fugues  dans  fous 
les  tons  majeurs  (!t  mineurs),  collection  souvent 
réimprimée  h  Leipsick,  à  Zurich,  à  Olfenbach, 
à  Paris,  etc.  Quoique  rempli  d'incorrections  et 
de  bizarreries,  cet  ouvrage  n'en  est  pas  moins 
une  des  plus  étonnantes  productions  musicales 
du  dix-huitième  siècle.  Les  préludes  sont  tous 
excellents;  quant  aux  fugues,  malgré  les  défauts 
qui  viennent  d'être  signalés,  on  y  trouve  une 
abondance  d'idées  peu  communes,  des  modulations 
inattendues  et  d'un  grand  effet,  et,  ce  que  Bacli 
seul  a  su  faire,  les  fugues  à  trois  ou  quatre  par- 
ties conservent  le  même  nombre  jusqu'à  la  fin, 
quels  que  soient  les  obstacles  du  doigter.  Cet  ou- 
vrage a  été  longtemps  le  seul  de  Bach  qui  fût 
généralement  connu  en  France.  —  6°  Musikalis- 
ches  Opfer  (Offrande  musicale ,  dédiée  à  Fré- 
déric 11,  roi  de  Prusse,  contenant  une  fugue  à 
trois,  un  ncercare  à  six,  plusieurs  canons,  et 
un  trio  pour  flûte,  violon  et  basse;  le  tout  sur 
un  thème  choisi  parle  roi);  Leipsick ,  1747, 
in-fol.  D'autres  éditions  postérieures  ont  paru  à 
Leipsick,  chez  Breitkopf  et  Haertel,en  1831 ,  et 
chez  Naegeli,  à  Zurick.  —  7"  Six  sonates  pour  le 
clavecin  avec  accompagnement  de  violon 
obligé;  Zurich,  Naegeli,  1800,  in-fol.;  compo- 
sition d'un  style  sévère,  mais  admirable  sous 
tous  les  rapports.  Les  sonates  sont  en  général 
dans  le  genre  fugué  ;  mais  Bach  a  su  jeter  un  si 
grand  nombre  d'idées  profondes  et  neuves  an 
milieu  du  travail  scientifique,  que  ces  fugues 
n'ont  rien  de  la  sécheresse  du  genre.  Les  adagios 
sont  remplis  de  mélancolie;  l'un  d'cox,  surtout, 
en  si  mineur,  est  d'un  effet  irrésistible.  Les  au- 
tres productions  de  Bach  pour  le  clavecin  et  le 
clavicorde  étaient  restées  inédites  jusqu'à  sa 
mort,  et  même  environ  soixante  ans  après, 
lorsque  Kiihnel,  éditeur  de  musique  à  Leipsick, 
entreprit  d'en  donner  une  édition  complète  dont 
il  a  paru  plusieurs  cahiers,  mais  qui  n'a  pas  été 
achevée,  Voici  la  liste  de  ce  qui  en  a  paru  : 
1°  Toccate.  — 2» Quinze  inventionsou  petites 
pièces.  —  3°  Qicinze  symphonies  à  trois  parties  ; 
—  io  Exercices  pour  le  ctoeciw,  œuvre  premier, 

six  suites. —  5Q  Fantaisie  chromatique G'Six 

petits  préludes  pour  les  commençants;  1"  Fan- 
taisie, no  1.  — 9,°  Six  suites  pour  le  clavecin, 
appelées  les  petites  suites  françaises ,  n"»  i— 6. 

— 9°  Aria  con  variazioni 10°  Le  clavecin  bien 

tempéré. —  11°  Grandes  suites,  dites  suites  an- 
glaises, contenant  des  pièces  de  différents  genres. 
Ces  œuvres  ont  été  reproduites  en  tout  ou  en  par- 
tie dans  d'autres  éditions  à  Francforl;  à  Olfenbach, 
chez  .\ndré  ;  à  Berlin,  Traulwein;  ibid.  Schlesinew 


198 


BACH 


àZnrick.Nîrçeli.  Celui  ci  y  a  ajouté:  —  12')  Lavl 
de  laftiguea  (|iiatre  parties.  Cet  ouvrage  avait  été 
}^iavé  sur  cuivre  en  grande  partie  par  .1.  S.  Gach 
et  ses  tils  ,  au  fur  et  mesure  qu'il  en  écrivait  les 
pièces;  mais  les  progrès  rapides  de  sa  cécité 
reinpêchèreut  de  le  terminer  comme  il  le  voulait, 
par  des  fugues  à  quatre  sujets  dans  lesquels  tous 
les  artifices  du  genre  auraient  été  réunis.  Ses  en- 
tants le  publièrent  en  1752,  c'est-à-dire  deux  ans 
après  sa  mort,  dans  l'élat  où  il  se  trouvait,  et 
avec  une  préface  de  Marpurg.  Dans  cette  édition 
originale,  et  dans  une  autre  publiée  à  Paris,  cliez 
Pleyel,  en  1801  ,  les  quatre  parties  sont  en  par- 
tition; mais  dans  l'édition  de  Nœgeli,  un  ar- 
rangement pour  le  piano  se  trouve  au-dessous 
de  l'accolade  des  parties  séparées.  La  nouvelle 
édition  publiée  chez  Péters ,  à  Lcipsick ,  a  été 
revue  et  doigtée  par  C.  Czerny.  Elle  fait  partie 
des  œuvres  complètes  de  clavecin  publiée  par 
une  société  d'artistes  et  d'amateurs.  M.  Haupl- 
mann {voy.  ce  nom),  cantor et  directeur  de  mu- 
sique à  Saint-Thomas  de  Leipsick,  a  fait  imprimer 
en  1841,  cliez  Péters ,  de  très-bonnes  observa- 
tions et  des  commentaires  sur  ces  ouvrages  de 
Bach.  —  13°  Une  grande  fantaisie  avec  fugue  (en 
ré),  quatre  autres  fantaisies  avec  fugue  (en  la, 
si  bémol ,  et  deux  en  ré),  des  toccates  et  fugues, 
des  préludes  et  fugues ,  et  des  fugues  séparées 
ont  été  publiées  à  diverses  reprises  à  Leipsick ,  à 
Berlin,  à  Olfenbacb  ;  mais  toutes  ces  pièces  ont 
été  réunies  aux  autres  compositions  indiquées 
précédemment,  et  avec  beaucoup  d'autres  iné- 
dites, sous  la  direction  de  Czerny  et  de  Griepcn- 
kerl.  Celle  collection  a  pour  titre  :  Œuvres 
complètes  de  Jean-Séba&lien  Bach  pour  le 
clavecin.  Édition  nouvelle,  soigneusement 
revue ,  corrig^,  métronomisée  et  doigtée,  par 
un  comité  d'artistes.  Leipsick,  Péters.  Ces  œu- 
vres sont  réparties  de  la  manière  suivante  dans 
les  livraisons  :  f  et  î""".  Le  clavecin  bien  tem- 
péré; 3™^,  VArt  de  la  fugue;  4"'^,  4  fantaisies, 
1  fugue,  4  toccates,  4  duos;  5'"'',  6  exercices 
(  c'est  l'œuvre  1"  )  ;  6"»',  concerto ,  ouverture  et 
thème  avec  30  variations  (c'est  la  deuxième  et 
la  quatrième  partie  des  exercices  réunis)  ;  ?'"<',  6 
préludes,  1  petite  fugue,  30  inventions,  6  suites; 
S""»,  les  six  grandes  suites  ;9'">",  loccate,  4  prélu- 
des, 3  fantaisies,  8  fugues,  fragment  d'une  suite  ; 
10™*,  G  grandes  sonates  |)0ur  piano  et  violon  ;  11™« 
concerto  (en  ré  mineur),  pour  3  clavecins,  avec  2 
violons,  alto  et  basse;  12'"«,  concerto  (en  w/), 
pour  2  clavecins,  avec  2  violons,  alto  et  basse  ; 
13ine,  concerto  (en  z<<nuneur),  pour  2  clavecins,  2 
violons,  alto  et  basse;  l^'"",  concerto  (en  ut) 
pour  ;î  clavecins,  avec  2  violons,  alto  et  basse; 
l.i'^<",  16   concertos  de  Vivaldi    pour  violon  et 


quatuor  arrangés  par  J.  S.  Bach  pour  clavecin 
seul;  16""',  concerto  (en /a)  pour  clavecin  et  2 
flûtes  concertantes;  l?"»*,  concerto  (en  sol  mi- 
neur), pour  clavecin,  2  violons,  alto,  violoncelle 
et  contrebasse.  Il  reste  à  comprendre  dans  cette 
collection  :  1  concerto  (en  ré  mineur  )  pour  cla- 
vecin, 2  violons,  alto  et  basse,  déjà  publié  à 
Leipsick,  chez  Whislling;  1  concerto  (en  la 
mineur  ),  pour  clavecin,  2  violons ,  alto  et  basse  ; 
1  concerto  (en  la  mineur)  pour  clavecin,  flûte 
ou  violon  obligé,  2  violons,  alto,  violoncelle  et 
contrebasse,  déjà  publié  à  Mayence,  chez  Scholt  ; 
1  concerto  (en  la  majeur)  pour  clavecin  et  qua- 
tuor; 1  concerto  (en  ré  majeur)  pour  cla- 
vecin, flfite  et  violon  concertants,  2  violons,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse;  1  concerto  (en  sut 
mineur)  pour  clavecin  ,  2  violons  ,  alto  et  basse  ; 

1  concerto  pour  3  clavecins  (en  ré  majeur),  avec 

2  violons,  alto  et  basse;  1  concerto  pour  quatre 
clavecins  concertants ,  2  violons,  alto  et  basse  ; 
huit  trios  pour  clavecin,  violon  ou  flûte  et  basse  : 
et  quelques  pièces  détachées. 

V.  Musique  tour  orgue.  Les  compositions 
pour  l'orgue  de  J.  S.  Bach  sont  en  nombre  \m- 
mense  :  on  en  connaît  beaucoup  aujoind'hui  ; 
mais  peut-être  en  est-il  d'autres  égarées  dans  des 
collections  particulières.  Dans  ce  genre ,  comme 
dans  tous  ceux  qu'il  a  traités,  son  génie  a  trouvé 
des  tré.sors  d'imagination  inépuisable,  d'origina- 
lité, et  de  variété  dans  les  formes.  Son  style  a 
toujours  lecaractère  de  la  grandeur,  et  son  senti- 
ment d'harmonie  est  rempli  de  traits  inattendus 
dont  l'effet  estirrésistible.  Un  art  prodigieux  règne 
dans  ses  préludes  sur  des  chorals ,  par  sa  ma  - 
nière  de  présenter  le  même  sujet  sous  des  formes 
variées  et  toujours  neuves.  Les  épisodes  de  ses 
fugues  sont  riches  d'invention,  et  les  rentrées 
des  sujets  se  font  toujours  d'une  manière  inat- 
tendue, vive,  puissante  d'effet,  bien  que  l'har- 
monie laisse  quelquefois  désirer  plus  de  correc- 
tion. Au  surplus,  ce  défaut  de  correction,  dont 
Chérubini  était  si  choqué,  tient  à  ce  que  Bach 
exécutait  en  général  ses  préludes  et  ses  fugues 
dans  un  mouvement  rapide,  et  qu'il  savait  que 
les  rencontres  de  dissonances  non  préparées  ou 
non  résolues  régulièrement  sont  peu  remarqua- 
bles dans  la  vitesse.  Il  savait  aussi  que  dans  la 
musique  de  cette  espèce,  toutes  les  incorrections 
sont  absorbées  par  le  sentiment  tonal,  quand 
celui-ci  est  bon. 

Les  ouvrages  pour  orgue  de  ce  grand  homme 
publiés  jusqu'à  ce  jour  sont  :  t"  La  troisième 
partie  des  exercices,  indiquée  précédemment,  et 
qui  a  pour  titre  :  Clavierubunq,  bestehend 
in  verschiedcnen  Vorspielen  ûbcr  die  Catlie- 
c/iisiinis-u)id  andcrc  Gesxnge  cor  dic  Orgel  ;. 


BACH 


199 


Leipsicli,  1739,  in-fol.  Ce  recueil  renferme  des 
prières  pour  le  cafécliismc ,  des  préludes  et  des 
fugues  sur  des  chorals,  à  2  claviers  à  la  main  et 
pédale,  et  quelques  pièces  pour  des  claviers  ma- 
nuels seulement.  On  y  trouve  de  fort  belles  choses. 
—  2°  Scc/is  Chorœle  verschiedencr  Art,  auj 
cïncr  Orgel  mit  zwci  Clavieren  und  Pedal  vor- 
z-uspie leti,  elc.  (six  chorals  traités  de  différentes 
manières,  pour  jouer  sur  l'orgue  avec  deux  cla- 
viers et  pédale,  etc.);  Zelle,  ou  Celle,  chez  Jean- 
George  Schûbler,   1740.  Cet  ouvrage  est  d'une 
facture  admirable.  —  3°  Canonische  Verœnde- 
rungen  ûber  dus  Weinachtslied  :  Vom  Himmel, 
lihoch  da  ovun  Ich  hcr,  etc.  (  Variations  ca- 
noniques sur  le  chant  de  Noël,  Vom  Himmel, 
etc.,  pour  orgue,  à  2  claviers  et  pédale)  ;  Nurem- 
berg,  CalUiasar  Sciimid,   1747,  in-4"  obi.  Une 
deuxième  (-dition  de  cet  ouvrage  intéressant  a 
paru  à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Haertel,  et 
Hasslinger,  de  Vienne,  en  a  donné  ime  autre 
dansles  premiers  numéros  d'ime  coiieclion  pro- 
jetée des  œuvres  de  Dach  pour  l'orgue  qui  n'a 
pas  été  continuée.  —  4"  Choral-  Vorspielefur  die 
Orgel  mit  cinem  und    zwei  Clavieren    und 
Pedal  (l'réludes  pour  des  chorals  à  un  et  deux 
claviers  et  pédale);  Leipsick,  BreitkopfetEIaerlel, 
2  parties  in-fol.,  1800.  Ces  préludes,  au  nombre 
des  40,  sont  le  chef-d'œuvre  du  genre.  Le  mé- 
lange des  claviers  y  est  traité  avec  tant  d'ha- 
l)ileté,  les  citants  chorals  y  sont  variés  avec  une 
telle  puissance  de  génie  et  une  imagination  si 
féconde,  qu'on  peut  affirmer  qu'il  n'existe  aucune 
composition  de  cette  espèce  digne  de  soutenir 
la  comparaison  avec  celle-là.  —  50  44  kleine 
Choral- Vorspiele   (44  petits  préludes  pour  des 
chorals).  Ces  préludes  sont  tirés  d'un  petit  livre 
d'orgue  que  Bach  écrivit  pour  ses  élèves  lors- 
qu'il était  au  service  du  duc  d'Anhalt-Cœthen, 
et  qui  contient  de-  instructions  sur  la  manière  de 
traiter  les  chorals,  des  modèles  et  des  exercices 
pour  le  jeu  du  clavier  de  pédale.  Ce  livre,  qui  se 
trouve  à  la  bibliothèque  royalede  Berlin,  a  pour 
titre  :    Orgelbûchleinf  worinne  einem   anfa- 
henden  Organislen  Anleitung  gegeben  wird, 
aiiff  allerhund  Arlh,  einen  Choral  durchzu- 
fûhren,  etc.  (Petit  livre  d'orgue,  dans  lequel 
une  instruction  est  donnée  aux  organistes  com- 
mençants concernant  les  différentes  manières  de 
traiter  un  choral,  etc.)  —  6"  15  Grosse  Choral- 
Vorspiele   (  quinze   grands   préludes  pour  des 
chorals),  ibid.  — 7"  52  Choral- Vorspiele  ver- 
schiedener  Form  (52  préludes   pour  des  cho- 
rals, en  diverses  formes);  ibid., 4  suites. — ^8°  18 
Choral-Vorspielemit  denb  variationen  iiber  : 
vom  Himmel  hoch  da  komm  Ich  her,   etc. 
(18  préluder  avec  5  variations  sur  le  chant  de 


Noël  :  Vom    Himmel,  etc.);    Leipsick,   Poters. 
Plusieurs  pièces  des  recueils  précédents  se  re- 
trouvent dans  celui-ci.  —  g»  Der  angehende  Or- 
ganist  :  46   kleine  Choralvorspiele  mit    obi. 
Pedal  (l'Organiste   commençant  ;  46  petits  pré- 
ludes de  chorals,  avec  pédale  obligée)  ;  Erfurt, 
Koenier.  —  10°  Variationen  iiber  den  Choral  -. 
Christ,  der  du  bist  der  helle  Tag  (6  variations 
sur  le  choral  :  Christ,  der  du  bist,  etc.);  Leip- 
sickjBreitkopfet  Haertel.—  11°  It  Variationen 
iiber  den  Choral  :  Sei  gegriisset,  Jesu  giitig 
(11  variations  sur  le  choral  :  Sei  gegriisset,  Jesu 
giitig);  ibid.  12.  PrakischeOrgelschule,  enthal- 
tend  6  Sonaten  fur  2  Manuale  undoblig.  Pe- 
dal (École  pratique  d'orgue,  contenant  6  sonates 
pour  2  claviers  et  pédale  obligée)  ;  Zurick ,  Nae- 
geli.    Le  même  ouvrage  a  été  publié  à  Vienne, 
chez  Haslinger,  sous  le  titre  de  Six  Trios  pour 
l'orgue  à  2  claviers  et  pédale).  Cet  œuvre  est  de 
la  plus  grande  beauté.  -    13"  Six  Préludes  etsix 
Fugues  pour  l'orgue  avec  pédale  obligée.  Vienne, 
Steiner.  --  14°  Johann  Sébastian  Hachas  noch 
wenig  bekannte  Orgel-compositïonen,  gesam- 
melt  und  herausgegebenvon  Ad.  Bern.  Marx 
(Compositions    |)Our  l'orgue  de  Jean-Sébastien 
Bach,    recueillies    et  publiées   par   Ad.    Bern. 
Marx);  Leipsick,  Breitkopfet  Haertel,  3  suites, 
in-fol.  obi.  Ce  recueil  contient  un  choix  de  pré- 
ludes magnifiques  et  des  plus  beHes  fugues  de 
l'auteur,  au  nombre  de  neuf  pièces.  —  15°  Pas- 
sacaglia  fiir  0/-(;e^  (Passacaille  pour  l'orgue); 
Francfort,  Dunst.  Il  y  a  plusieurs  autres  éditions 
de  cette  composition  sublime  et  célèbre,  à  Pra- 
gue, chez  Berra;  à  Erfurt,  chezKoerner;  à  Leip- 
sick, chez  Peters;  etc.  —  16°  Pastorale  (en /a) 
pour  orgue  avec  pédale;  Berlin,  Schlesinger;  Pra- 
gue, Berra;  etc.  —  17°  Thema    Legrentianum 
elaboratum  cum  subjecto  pedaliler;  Vienne, 
Haslinger. — 18°  Pracludien  und  Fugen  fiir  die 
Orgel  ;  no  1  ûber  den  Namen  B-AC-H  ;n<>  2 
Fuge  (Préludes  et  Fugue  pour   l'orgue;  no  1. 
Prélude  et  higue  sur  le  nom  de  Bach,  c'est-à- 
dire,  si  h,    la,  ut,  si;n°  2   fugue);   Leipsick, 
Breilkopf  et  Haertel.  Nonobstant   l'opinion  gé- 
nérale qui  attribue  à  Jean-Sébastien  Bach   la  fu- 
gue sur  B-A-C-H,  il  est  douteux  que  cette  com- 
position  lui  appartienne;  car  on  n'y  trouve  pas 
le  feu  de  son  génie.  Beaucoup  de  fugues,  de  pré- 
ludes, de  toccates,  et  de  fantaisies  pour  l'orgue, 
composés  par  cet  homme  illustre,  ont  été  publiés 
séparément  à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Haer- 
tel, chez  Péters,  à  Berlin,  chez  Trautwein  ,  et  à 
Erfurt,  chez  Koerner.  Toutes  ces  pièces  ont  été 
réunies  aux    autres  compositions  de  J. S. Bach 
pour  l'orgue,  déjà  publiées,  et  en  partie  inédites, 
dans  une  collection  de  ses  œuvres  complètes  pu- 


200 


BACH 


liliées  par  Griepenkerl  et  Roitscli,  en  7  volumes, 
«liez  Peters.à  Leipsick.  Le  premier  volume  con- 
tient les  G  sonales  pour  2  claviers  et  pédale,  la 
Passacaille  et  la  Pastorale  ;  dans  le  second,  on 
trouve 9  préludes  et  autant  de  fugues,  une  fan- 
taisie suivie  d'une  fugue;  dans  le  troisième,  6 
préludes  et  autant  de  fugaes,  3  toccates  suivies 
d'une  fugue,  et  une  fantaisie  avec  fugue;  dans 
le  quatrième,  6  préludes  suivis  Je  fugues,  4  fu- 
gues séparées,  un  prélude  séparé,  une  toccate 
et  fugue,  une  canzona  (  en  ré  mineur) ,  2  fan- 
taisies (en  sol  et  en  ut  mineur),  et  un  tiio»(en 
ré  mineur);  dans  le  cinquième,  56  préludes 
courts  pour  des  chorals,  et  4  suites  de  varia- 
tions sur  des  chorals  ;  le  sixième  volume  con- 
tient 34  grands  préludes  de  chorals,  et  une  col- 
lection de  variations;  et,  enfin,  le  septième  ren- 
ferme 33  grands  préludes  de  chorals,  et  une  suite 
de  variations. 

VI.  MUSIQLE  POCR  DIVERS  INSTRUMENTS.  1"  TrOiS 

sonates  pour  un  violon  seul;  Leipsick,  Breit- 
kopf  etHaertel.  Ces  sonates  sonttirées  de  l'œuvre 
de  Bach  contenant  six  solos  pour  violon,  dont 
le  manuscrit  original ,  qui  a  appartenu  à  l'au- 
teur de  cette  biographie,  est  passé  dans  la  pos- 
session de  Baillot.  Une  autre  édition  des  trois 
sonates  a  été  donnée  par  Siinrock,  à  Bonn,  sous 
ce  titre  :  Studio,  o  tre  sonate  per  violino.  M. 
F.  David,  professeur  au  conservatoire  de  Leip- 
sick {votj.  ce  nom)  en  a  publié  une  troisième  pour 
l'usage  des  élèves  de  cette  institution,  avec  une 
instruction  sur  le  doigter  et  le  mécanisme  de 
l'archet,  sous  le  même  titre  ;  Leipsick ,  Kislner. 
—  2°  Ciacona  (Chaconne)  avec  variations,  pour 
■violon  seul;  Berlin,  Schlesinger.  Cette  belle 
pièce  est  tirée  de  la  deuxième  sonate.  Menduls- 
sohn  y  a  ajouté  un  accompagnement  de  piano  et 
l'a  publiée  avec  cette  addition,  sous  ce  titre  :  Cha- 
conna,  with  variations  Jor  violin  solo,  wilh 
additional  accompaniment  of  piano -forte; 
Londres,  Boosey.  Cet  arrangement  a  été  réim- 
primé parCrantz,à  Hambourg.  — 3°  Cinq  duos 
pour  deuxviolons  ;  Vienne,  Haslinger. —  4"  Six 
solos  ou  sonates  pour  violoncelle  publiés  par 
Z>o;;aHer;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  Une 
autre  édition  a  paru  dans  la  même  ville,  chez  Kist- 
ner,  sous  ce  titre  -.  Six  sonates  ou  études  pour 
violoncelle  solo.  —  5°  Six  concertos  publiés 
pour  la  première/ois  d'après  les  manuscrits  ori- 
ginaux, par  S.  W.  Dehn  ;  Leipsick,  Péters  ;  n°  1 , 
Concerto  pour  violino  piccolo,  3  hautbois  et  2 
cors  de  chasse,  avec  accompagnement  de  2  vio- 
lons, alto,  violoncelle  et  contrebasse  ;  n"  2,  Con- 
certo pour  violon,  llùte,  hautbois  et  trompette 
concertants,  avec  accompagnement  de  2  violons, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse  ;  n"  3,  ConcL-rto 


pour  3  violons,  3  altos  et  3  violoncelles  avec 
basse  continue  pour  le  clavecin  ;  n»  4,  Concerto 
pour  violon  et  2  flûtes  concertants,  avec  accom- 
pagnement de  2  violons,  alto,  violoncelle  et 
contrebasse;  n"  5,  Premier  concerto  en  la  mi- 
neur pour  le  violon,  avec  accompagnement  de  2 
violons,  alto  etbasse;n"  6,  Concerto  pour  clave- 
cin, flûte  et  violon  concertants,  avec  accomp.  de 
violon,  alto,  violoncelle  et  basse.  Il  reste  à  pu- 
blier :  Une  symphonie  concertante  pour  2  vio- 
lons (en  ît^  mineur),  avec  2  violons,  alto  et  basse, 
dont  le  manuscrit  existait  chez  Ch.  Ph.  Em. 
Bach  (voyez  son  Catalogue,  p.  67);  une  sonate 
(en  si  mineur),  sous  le  nom  de  Trio,  pour  cla- 
vecin et  violon,  qui  n'est  pas  celle  qu'on  trouve 
dans  le  recueil  de  6-sonatespour  ces  instruments. 
Le  manuscrit  original  était  chez  Ch.  Ph.  Em. 
Bach.  Il  en  existe  une  copie,  de  la  main  d'Alt- 
nikol,  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin;  sonate 
(en  mi  majeur)  pour  clavecin  et  fîûte  (Catal.  de 
Ch.  Ph.  Em.  Bach);  Trio  (en  si  mineur)  pour 
2  flrttes  et  clavecin  (ibid)  ;  Trio  (en  fa  majeur) 
pour  2  violons  et  basse  (copie  de  la  main  d'Alt- 
nikol,à  lu  bibliothèque  royale  de  Berlin)  ;  Sonate 
(en  ut  majeur)  pour  fliite  et  basse  (Catal.  de  Ch. 
Ph.  Em.  Bach)  ;  Trio  pour  (lùte,  violon  et  basse 
(en  z<^  mineur),  ibid.  ;  Ouverture  (en  lit  majeur)- 
pour  2  violons,  alto,  2  hautbois,  basson  et  basse 
continue  pour  le  clavecin,  à  la  bibliothèque  royale 
de  Berlin  ;  Ouverture  (en  si  mineur)  pour  2  vio- 
lons, alto,  flûte  et  basse  (Catal.  de  Ch.  Ph.  Em. 
Bach);  ouverture  (en  re  majeur)  pour  2  violons, 
alto,  2  hautbois,  trompette  et  basse  (ibid.)  ;  Sym- 
phonie (en  ré  majeur)  pour  2  violons ,  alto,  2 
hautbois,  liasson^  3  trompettes  et  basse  (ibid).; 
Symphonie  concertante  pour  violon  et  hautbois 
concertants,  2violons,  alto  et  basse;  quatuor  pour 
haulbois,  violon,  alto  et  basse;  Trois  Caprices 
pour  luth  seul.  On  peut  juger,  par  les  détails 
qui  viennent  d'être  donnés,  de  la  prodigieuse 
fécondité  de  Jean-Sébastien  Bach  ;  fécondité 
d'autant  plus  étonnante,  que  ses  emplois,  ses 
voyages,  ses  élèves,  et  les  soins  qu'exigeait  sa 
famille  l'occupaient  beaucoup  ;  mais  c'est  préci- 
sément un  des  caractères  du  génie  que  la  faci- 
lité de  produire  au  milieu  des  obstacles  qui  l'en- 
vironnent. 

La  vie  et  les  ouvrages  de  J.  S.  Bach  ont  été 
les  objets  de  plusieurs  monographies  dont  voici 
les  titres  :  1°  Ueber  Johann-Sébastian  BacIVs 
Leben,  Kunst  und  Kunstwerke  (Sur  la  vie  de 
Jean  Sébastien  Bach,  son  talent  et  ses  œuvres, 
par  le  docteur  Jean-Nicolas  Forkel  ;  Leipsick, 
1S02,  in- 4°,  avec  le  portrait  de  Bach.  Il  a  paru 
une  traduction  anglaise  de  cet  ouvrage,  sous  ce 
litre  ••  Life  of  John  Sébastian  Bach;   tvilh  a 


BACH 


201 


cri/icnl   vicw  of  his  composi/ions  ;  Loiulrcs, 
1820, gr.  in-S^de  116  pages.— 2°  Lcbensbeschrei- 
bumj  des  Kapel/meisler,  etc..  Johann  Sébas- 
tian Bach,  etc.  (Histoire  de  la  vie  du  maître  de 
chapelle,  etc.,  Jean-Si^basticn  Bach,  ^nhlive  par 
J.  E.  Grosser);  Breslau,  1834,  petit.  iii-8°.  Coin- 
(liiation  sans  valeur.  La  pins  grande  partie  du 
volume  est  remplie  par  des  anecdotes  concernant 
des  artistes  étrangers  a  l'objet  principal.  —  3°  Jo- 
^ /innn  Sébastian  Bach's  Lebcn,  Wirken  iind 
Werke  (Vie,  talents  et  œuvres  de  Jean-Sébas- 
tien Bach,  par  C.-L.  Hilgenfeldt);Leipsick,  Hof- 
ineister,  1850,   l   vol.  in-4°  de  182 pages,  avec 
(luelques  pages  de  musique.  Cet  ouvrage  est  ce 
qu'on  a  faitdcplus  complet  et  de  plus  exact  sur 
Bach.  —  -i"  Joli.  Seb.  Bach  in  seinen  Kirchen 
Cantaten  iind  Choralgesangeiiiienn-Séh-asiiea 
Bach  dans  ses  cantates  d'église   et  dans  seschants 
dechœur,  par  Jean-Théodore  Mosewius)  ;  Ber- 
lin, I8'i5,  gr.  in-4''.  On  peut  aussi  consulter,  au 
point  de  vue  esthétique,  un  travail  concernant  le 
génie  et  les  œuvres  de  Bach,    par  l'auteur  de 
la  présente  biographie  ,   inséré  dans  la  Gazette 
musicale  de  Paris  (année  iSb3,no^  14,  17  et  19). 

BACH  (Guillaume-Friedmann)  ,  (ils  aîné  de 
Jean-Sébastien,  naquit  à  Weimar  en  1710.  11 
apprit  de  bonne  heure  la  musique  sous  la  direc- 
tion de  son  illustre  père,  qui  prit  plaisir  à  cul- 
tiver ses  heureuses  dispositions.  Il  reçut  aussi 
queliiiics  leçons  de  Graun  l'aîné,  alors  maître 
des  concerts  à  Mersehotirg.  Jean-Sébastien  Bach 
ayant  été  noniiiié  directeur  de  musique  à  l'école 
Saint-Thomas  de  Leipsick,  en  1723,  Guiilaume- 
Fiiedmann  profita  de  cette  circonstance  pour 
suivre  les  cours  de  l'université,  et  s'adonna  par- 
ticulièrement avec  ardeur  à  l'étude  de  la  juris- 
prudence et  des  mathématiques,  dans  lesquelles 
il  devint  fort  habile.  En  1732  ,  il  fut  appelé  à 
Dresde,  comme  organiste  de  l'église  de  Sainte- 
Sophie;  mais  il  paraît  qu'il  ne  garda  cette  place 
que  peu  d'années  ,  et  qu'il  revint  chez  son  père, 
dont  il  fut  le  compagnon  de  voyage  en  plusieurs 
occasions.  Nommé  en  1747  directeur  de  musique 
a  l'église  Notre-Dame  de  Halle,  il  se  rendit  dans 
cette  ville,  où  il  se  fixa  pendant  vingt  ans.  Ce 
long  séjour  lui  a  fait  donner  souvent  le  nom  de 
Bach  de  Halle.  En  1767,  il  quitta  sa  place,  sans 
motif  apparent,  et  vécut  sans  emploi  d'abord  à 
Leipsick,  ensuite  à  Brunswick,  en  1771,  à  Goet- 
tingue  en  1773,  et  enfin  à  Berlin,  où  il  mourut 
dans  une  extrême  misère,  le  l*"' juillet  1784. 

Un  génie  hpi;reux  et  des  études  profondes 
avaient  failde  Guillaume  FriedmannBach  le  plus 
faraud  organiste,  le  plus  habile  fuguiste  et  le  plus 
savant  nuisicien  de  l'Allemagne,  après  son  père. 
"  Au  clavecin,  dit  le  docteur  Forkel,  son  jeu  était 


«  léger, brillant, cliai-manl; à l'orguesonstyleélait 
"  élevé,  solennel  ,  et  saisissait  d'un  respect  reli- 
«  gicux.  >>  Malheureusement  il   aimait  à  impro- 
visi  r  et  écrivait  peu  ;  mais  ce  qu'il  a  laissé  est 
marqué  au  coin  du  génie  et  de  la  science  la  plus 
|)rofonde.  On  a  lieu  de  s'étonner  qu'avec  des  ta- 
lents si  remarquables,  ce  musicien  ait  eu  sipeud(^ 
bonheur,  et  jiu'il  ail  été  réduit  à  vivre  des  secours 
de  ses  amis  pendant  les  dernières  années  de  sa 
vie,  (luoiqu'il  n'eût  aucun  de  ces  vices  honteux 
(jui  conduisent  quelquefois  les  artistes  à  la  mi.sère. 
Mais  il  avait  un  caractère  opiniâtre  et  sombre 
qui  rendait  son    commerce  difficile;  il   s'irritait 
du  peu  de  succès  desa  musique  ,  dont  le  carac- 
tère élevé  n'était  apprécié  que  par  les  connais- 
seurs, et  il  dédaignait  défaire  des  démarches  pour 
tirer  parti  de  ses  talents.  Ce  n'est  que  depuis  sa 
mort  qu'il  a  été  estimé  à    sa  juste   valeur   et 
que  ses  ouvrages  ont  été  recherchés.  On  a  de 
lui  :  1°  Une  Sonate  pour  clavecin;\\A\e.,  1739. — 
2°  Six  Sonates  pour  clavecin  ;  Dresde,  ilib.— 
3"  Trois  Sonates  avec  accompagnement  de  vio- 
lon, œuvre  2^;  Amsterdam,  Hummel. —  4°  Six 
Sonates  pour  clavecin  seul ,  ibid.  On  a  publié, 
dans  ces  derniers  temps  :  5"  12  Polonaises  pour 
piano  seul  ;  Leipsick,  Péters.  — 6"  Orgelstucke 
Prdeludien   und  Fugen  (Pièces  d'orgue,  l", 
2* et  S^suites);  Leipsick,  Breilkopf. —  7^ Concerto 
pour  orgue  à  deux  claviers  et  pédale,  publié  par 
Griepenkerl,  d'après  le  manuscrit  autographe; 
Leipsick,  Péters.  11  a  laissé  en  manuscrit:  TFoni 
harinonisehen  Drcylilange  — 2°  Quatorze  polo- 
naises. —  30 Huit  pelites  fugues  pour  l'orgue.  — 
4°  Concerto  de  clavecin  à  huit  parties. — 5"  concei  to 
de  clavecin  à  quatre  mains.  —  6°  Quatre  fugue.s 
pour  l'orgue  à  deux  claviers  et  pédale.  —  7°  Deux 
sonates  pour  deux  clavecins  concertants.  —  8°  Un 
Aveutà  quatre  voix.  —  9°  Une  musique  complète 
pour  la  Pentecôte,  avecorchestre  et  orgue.  La  bi- 
bliothèque royale  de  Berlin  possède  de  ce  grand 
musicien,  en  manuscrits  autographes  ou  autres  ; 
1°  Dix  sonates  de  clavecin,  dont  une  a  pour  titre  : 
La  Revedlo.  Le  manuscrit  de  celle-ci  est  de  la 
main  deKirnberger.  — 2°  Huit  fugues  pour  clave- 
cin (en  ut  majear,  ré  majeur,  m  i  bémol,  ré  mineur, 
nu  mineur,  si  bémol  et /a  mineur).  —  3°  Cinq 
fantaisies  idem  (en  la  mineur,  ??ii  mineur, Mfma- 
jeur,soZ  majeuret  ré  mineur.  —  4o  Concerto  pour 
2  clavecins  concertants  (en /a  majeur),  sans  ac- 
compagnement. —  5°  Symphonie  pour  2  violons, 
alto,  basse  et  deux  flùles.  —  6»  Trio  pour  deux 
llûtes  et  basse.  — 7°  Deux  cantates  pour  la  fête 
de  Noël,  à  4  voixet  instruments.  —  8°  Une  can- 
tate pour  la  première  férié  de  Pâques,  idem.  — 
QoAirsd'égliseavec  orgue  et  un  cor. —  10°  Quinze 
compositions  pour  les  fêles  principales  de  l'église. 


202 


BACH 


la  plupart  à  quatre  voix,  orgue  et  instruments  (ma- 
nuscrits originaux).La  plupart  de  ces  ouvrages  ont 
été  composés  pendant  le  séjour  de  l'auteur  à  Halle. 

B/VCII  (Charles  -  Piiilii-pd  ■  Emmanuel), 
deuxième  lils  de  Jeau-Séhaslien,  naquit  à  Wei- 
inar  le  14  mars  1714.  On  le  désigne  ordinaire- 
ment par  le  nom  de  Bach  de  Berlin,  parce  qu'il 
demeura  dans  cette  ville  pendant  vingt-neuf  ans. 
]|  lit  ses  premières  études  de  musique  à  l'école 
de  Saint-Thomas,  à  Leipsick.  Son  père  le  prit  en- 
suite sons  sa  direction,  et  lui  enseigna,  pendant 
plusieurs  années,  le  clavecin  et  la  composition. 
Pendant  ce  temps,  il  lit  à  l'université  de  Leipsick 
un  cours  de  jurisprudence  qu'il  acheva  à  Franc- 
fort-sur-l'Oder.  Il  fonda  dans  cette  dernière  ville 
une  académie  de  musique,  dont  il  eut  la  direc- 
tion, et  pour  laquelle  il  composait  dans  les  occa- 
sions solennelles.  En  1738,  il  se  rendit  à  Berlin  pour 
y  professer  la  musique,  etdenx  ans  après  il  entra 
au  service  de  Erédéric  le  Grand  ,  qui  venait  de 
monter  sur  le  trône.  Il  conserva  cet  emploi  jus- 
qu'en 1767 ,  où  il  alla  à  Hambourg  comme  di- 
recteur de  musique  pour  y  remplacer  Telemann. 
Avant  son  départ,  la  princesse  Amélie  de  Prusse 
lui  conféra  le  titre  de  maître  de  sa  chapelle  ,  en 
récompense  de  ses  services.  Ce  n'est  pas  sans 
beaucoup  d'obstacles  queCb.-Ph.-Em.  Bach  par- 
vint à  s'affranchir  de  l'espèce  d'esclavage  oii  il 
était  à  la  cour  de  Pi  usse ,  pour  se  transporter  à 
Hambourg;  plusieurs  fois  il  avait  demandé  son 
congé  sans  pouvoir  loblcnir  :  on  se  contentait 
d'augmenter  ses  appointements.  N'étant  pas  né 
Prussien,  il  semble  qu'il  devait  être  libre  d'aller  où 
il  voulait  :  mais  il  s'était  marié  à  Berlin,  et,  dans  les 
usages  despotiques  de  ce  temps -là,  sa  femme  et 
!«es  enfants  ne  pouvaient  quitter  la  Prusse  sans  la 
permission  du  gouvernement  dont  ils  étaient  les 
sujets.  Le  souvenir  de  ce  qu'il  avait  souffert  en 
cette  occasion  lui  rendit  si  chère  la  liberté  dont 
il  jouissait  à  Hambourg,  qu'il  ne  voulut  jamais 
quitter  cette  ville,  quels  que  fussent  les  avantages 
que  lui  offraient  plusieurs  princes  d'Allemagne 
pour  l'attirer  à  leur  service. 

Le  docteur  Burney  le  connut  en  1773  ;  il  jôuis- 
saitd'une  honnéteaisance,  mais  non  de  toute  la 
considération  que  méritaient  ses  talents.  Accou- 
tumé comme  on  l'était  en  Allemagne  au  style  sa- 
vant, harmonieux,  mais  plus  ou  moins  lourd  des 
compositeurs  de  ce  pays,  la  musique  de  Cb.-Ph.- 
Em.Bach,  pleine  de  nouveauté,  de  grâce,  de 
légèreté,  et  qui  s'éloignait  des  formes  scientifiques, 
ne  (ut  pas  estimée  ce  qu'elle  valait,  et  ce  n'est 
guère  qu'en  Franco  et  surtout  en  Angleterre 
qu'on  sut  apprécier  tout  son  mérite.  C'est  cepen- 
dant ce  môme  style,  perfectionné  par  Haydn  et 
Moznrt,  qui  depuis  a  charmé  toute  l'IIuropc.  L'in- 


justice de  ses  compatriotes  fit  longtemps  le  tour- 
ment de  Bach,  qui  avait  le  sentiment  de  son  ta- 
lent :  «  Mns,  disait-il  à  Burney  ,  depuis  que  j'ai 
cinquante  ans,  fai  quitté  toute  ambition.  Je 
me  suis  dit  :  Vivons  en  repos;  car  demain  il 
faudra  mourir;  et  me  voilà  tout  réconcilié 
avec  ma  position.  Ce  grand  artiste  mourut  à 
Hambourg,  le  14  décembre   1788.  Il  eut  deux 
fils,  dont  l'un  suivit  la  carrière  de  la  jurispru- 
dence, et  l'autre  celle  de  la  peinture  :  ce  sont  les 
preun'ers  membres  de  la  famille  des  Bach  qui  ne 
se  soient  pas  livrés  à  l'étude  de  la  musique.  Bach 
possédait  une  belle   collection  de  miLsique  an- 
cienne, de  livres,  d'instruments  et  de  portraits  de 
musiciens  :  elle  fut  vendue  en  1790,  et  le  cata- 
logue en  fut  imprimé  sous  ce  titre  :  Verzeichniss 
des  musjkalischen  ISachlasses  des  verstorbe- 
nen  Capellmeislers   Cari.   Phil.  Emmanuel 
Bach.  Hambourg,  1790,  142  pages  in-8''.  On  y 
trouve  une  notice  de  ses  compositions  imprimées 
et  manuscrites;   elles  consistent  :    1°  en  deux 
cent  dix  solos   pour  clavecin,  composés  depuis 
1731  jusqu'en  1787,  dont  70  sont  restés  en  manus- 
crit. —  20  Cinquante-deux  concertos  pour  le  cla- 
vecin et  orchestre,  composés  de  1723  à  1788, 
dont  neuf  seulement  ont  été  imprimés.  —  3o  Qua- 
rante-sept trios,  partie  pour  clavecin  et  (lartie  pour 
flûte,   violon  et  basse,  desquels  vingt-sept  sont 
encoreinédits.  — 4o  Dix-huit  symiihonies  à  grand 
orchestre ,  composées  de  1741  à  1776  :  on  n'en 
a  imprimé  que  cinq.  —  5"  Douze  sonates  pour  cla- 
vecin obligé  avec  accompagnement  de  plusieurs 
instruments,  dont  trois  seulement  ont  été  pu- 
bliées. —  0°  Dix-neuf  solos  pour  divers  instru- 
ments, tels  que  llûte,  hautbois,  viola  di  gamba, 
harpe ,  etc.  :  on  n'a  imprimé  que  deux  de  ces 
pièces.  —  7°  Trois  quatuors  pour  clavecin,  flûte, 
alto  et  basse,  composés  en  1 788,  et  encore  inédits. 
—  8°  Une  foule  de  petites  pièces  pour  divers  ins- 
truments, imprimées  et  manuscrites;  de  plus,  en 
manuscrit  :  un  Magnificat,  com^o?,é  en  1749; 
un  5anc<«s; un  Veni  Creator;  vingt-deux  can- 
tates et  motets,  composés  de  1763  à  1788;  quatre 
services  pour  la  fôtede  Pâques, composésen  1756, 
l77S  et  1784  ;  un  service  pour  la  fête  de  Noël , 
en  1775;  neuf  chœurs  religieux  avec  orchestre, 
de  1771   à  178.S  ;  trois  services  pour  la   fête  de 
Saint-Michel,  i772,  1775  et  1785;  cinq  motets 
f.ans  instruments  ;  une  antienne  à  quatre  voix  ;  un 
Amen,  idem;  une  cantate  de  noces,  en  17GG  ;  un 
chœur   italien  pour  le  roi  de  Suède,  en  1770; 
une  cantate  pour  une  naissance,  1769;  deux  ora- 
torios, 1780  et  1783  ;  deux  sérénades  ;  une  hymne 
di!   naissance  en  deux    parties  ;  dix-sept  pièces 
pour  des  installations  de  prédicateurs ,  de  1769 
il  1787  ;  deux  musiques  de  jubilé,  toutes  deux  en 


BACH 


20,'î 


1775;  une  cantate  pour  (l'nor,  avec  orchestre, 
en  1772;  .Se/»ja  ,  cantate  pour  soprano,  avec 
orcliestre,  1776;  cinq  airs,  avecorcliestre;  qualre- 
vingt-qiiinze  ciiants  imprimés  et  manuscrits,  et 
une  quantité  considérable  fie  cliants  simples  ou 
chorals.  Le  nombre  des  ouvrages  que  Rach  a 
publiés  depuis  1731 ,  par  la  voie  de  l'impression 
ou  de  la  gravure,  se  monte  à  plus  de  cinquante; 
eu  voici  l'indication  :  I.  Pour  le  chant:  I°  Me- 
lodien  zu  Gellerts  geistlichen  Liedern  (Mélo- 
dies pour  les  cantiques  de  Gellert)  ;  Berlin,  1754. 
Cet  ouvrage  eut  en  1784  sa  cinquième  édition. 

—  2"  Oden  Sflmm^ffnp' (Recueil  d'Odes)  ;  Berlin, 
1761.  3»  Anhang  zu  Gellerts  geistlichen  Oden 
(Appendix  aux  odes  religieuses  de  Gellert).  Ber- 
lin, 1764.  — 4°  Une  multitude  d'airs  et  de  chan- 
sons dan>.  les  recueils  de  Graef,  deKraus,  de  Lang, 
de   Breitkopf   et  autres  ouvrages   périodiques. 

—  5"  Philix  et  Tir  ci  s,  canlale;  I5erlin,  1706. — 
60  Der  Wirthunddie  G^ri^e  (l'Hôte  et  les  Con- 
vives); Berlin,  1796.  — 7o  Les  psaumes  de  Cramer; 
Hambourg,  1774.  —  8°  Die  Israeliten  in  der 
Wiiste  (les  Israélites  dans  le  désert),  Oratorio, 
en  partition  ;  Hambourg,  1779.  — 9°  Sancttis,  à 
deux  chœurs,  en  partition,  Hambourg,  1779.  — 
10°  Sturm's  geistliche  Gesœnge  mit  Melodien 
(cantiques  deSturm,  mis  en  musique);  Ham- 
bourg, 1779.  Le  second  volume  du  même  ouvrage 
a  paru  à  Hambourg,  en  1 78 1 . —  11°  Kloptoks  Mor- 
gengesxng  am  Schœpfungsfeste  (  Hymnes  du 
matin,  pour  la  fête  de  la  Création,  par  KIopstock), 
enfiartition;  Leipsick,  1787.—  12°  Deux  litanies 
à  huit  voix  eu  deux  chœurs;  Copenhague,  1786. 

—  13°  Rammlcrs  Auferstehung  und  Himniel- 
fcihrt  Jesii  (la  Résurrection  et  l'Ascension  de 
Jésus,  par  Ramier),  en  partit.;  Leipsick ,  1787. 

—  H.  PocK  LE  CLAVECIN  :  14°  Un  menuet  à  mains 
croisées;  Leipsick,  1731. —  lb°Six  sonates  dédiées 
au  roi  de  Prusse;  Nuremberg,  1742;— IC'^  con- 
certo pour  clavecin  en  ré;  Nuremberg,   1745. 

—  n'Un  id.e.n  si  hémo[,ibid.,  1753.  —  18° Six 
sonates;  Berlin,  1753.  —19° Dix  sonates,  dans  les 
œuvres  mêlées  de  Haffner;  Nuremberg,  1755  et 
1756 —  20°  Deux  sonates  et  une  fugue  dans  le 
recueil  de  Breitkopf,  1757  et  1758.  —  21°  Une 
fiigue  à  deux  parties  pour  clavecin ,  dans  le  re- 
cueil de  fugues  de  Marpurg ;  Berlin,  1758.— 
22°  Douze  petits  morceaux  pour  clavecin,  Berlin, 
1758.  —  23°  Six  sonates,  avec  des  variantes  dans 
les  reprises  (il  y  a  joint  une  préface  sur  ces  varian- 
tes); Berlin,  1759.  H  yen aeuunedeuxième édition 
en  1785.  — 24°  Six  sonates;  Berhn,  1761.  — 
25"Six  sonates;  ;&if/.,  1762.— 26°  Concerto  en  mi 
majeur;  ibid  ,  1763.  —  27"  Trois  sonatines,  avec 
accompagnement,  de  1764  à  1765,  imprimées  sé- 
paii'inent.  —  28';»  Si\    sonates  faciles  ;  Leipsick, 


1760.  —  29"  Recueil  de  pièces  pour  leclavcfiii  ; 
Berlin,  1765. —  3o°  douze  petits  morceaux  à  l'u- 
sage des  commençants  ,  premier  recueil;  Berlin, 
17G.").  —31°  deuxième  recueil  des  mèmts;  ibid., 
170S.  —32°  six  sonatesà  l'usage  des  dames,  1770. 
Il  y  a  en  4eux  éditions  de  cet  ouvrage,  l'une  gra- 
vée à  Amsterdam,  l'autre  imprimée  à  Riga.  — 
S.'î"  douze  petites  pièces  à  deux  et  trois  parties  ; 
Hambourg,  1770. —  34°  Musikalische  Vermis- 
chuitg  (Mélanges  musicaux);  Hambourg,  1771. — 
35"  Six  concertos  faciles  avec  accompagnement; 
ibid.,  illï. —  30°  Six  sonates  pour  clavecin,  vio. 
Ion  et  violoncelle  ;  Berlin,  1776. —  37°  Trois  sona- 
le-i ,  avec  accomiiagncment  de  violon  et  viol'ui- 
celle,  premier  recueil;  Leipsick,  1776. — 38°  Quatre 
sonates,  ibid,  deuxième  recueil  ;  Leipsick,  1777. 
—  39°Six  sonates  pour  les  connais.seurs,  Leipsick; 
1779. —  40°  deuxième  recueil  (les  mêmes;  Leip- 
sick, 17S0.  —  41°  troisiènie  idem;  ibid  1783.  — 
42"  Quatrième /rfent;jiirf.  1785.  —  43°  cinquième 
idem;  ibid.  1785.—  44°  sixième  recueil  idem, 
avec  des  fantaisies  libres;  ibid.,  1787.  —  45°  So- 
nnta  péril  ccmbalo  solo;  Leipsick,  1785.  — 
Pour  divers  instruments  :  —  46°  Trio  pour  vio- 
lon, en  ut  mineur,  avec  des  observations,  suivi 
d'un  autre  trio  pour  flûte,  violon  et  basse;  Nu- 
remberg, 1751.  —  47»  symphonie,  en  ?ni  mineur, 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  ibid.,  1759.  — 
48°  Quatre  symphonies  à  grand  orchestre;  Leip- 
sick, 1780.  —  idoPreludio  e  set  sonate  per  or- 
gane ;  Berlin,  1790,  grand  in-fol.—  l'V.  Écrits 
SUR  LA  MUSIQUE  :  50°  Einfall  einen  doppelten 
Contrapunct  in  der  Octave  von  6  Tacten  zu  ma- 
chenohnedie  Regelndavon zuwissen  (Idée pour 
composer  un  contrepoint  double  à  l'octave,  de  six 
mesures,  sans  en  connaître  les  règles)  ;  1757,  dans 
le  troisième  volume  dus  essais  de  Marpurg.  — 
31°  Versuch  iiber  die  wahre  Art  das  Klavier 
zu  spielen,mit  Exemplen  und  18  Probstûcken 
in  6  Sonaten  (Essai  sur  la  vraie  manière  déjouer 
du  clavecin,  avec  desexempleset  dix-huit  modèles 
en  six  sonates)  ;  Berlin,  1752  — 1762,  in-4°,  2  vo- 
lumes. Les  exemples  de  cet  ouvrage  forment  un 
volume  grand  in-folio.  La  deuxième  édition  de 
cet  excellent  ouvrage  a  été  publiée  à  Leipsick  , 
en  1782,  la  troisième  en  1787,  la  iquatrième  en 
1797.  Rien  ne  peint  mieux  l'indifférence  ou  l'on 
est  en  France  pour  les  progrès  de  la  musique,  que 
l'absence  d'une  traduction  de  ce  livre,  beaucoup 
plus  important  que  son  titre  ne  l'annonce.  Le  se- 
cond volume  contient  d'excellents  principes  d'ac- 
compagnement. L'auteur  de  cette  biographie  pos- 
sède le manuscritautograplied'iin  petit  ouvrage  de 
Ch.-Ph.-Emra.  Bach,  intitulé  :  Kurze  Anwei- 
sung  znm  General-Bass  (courte  instruction 
pour    la  basse  continue),  petit  in-4o  obi.  de  3>t>< 


204 


BACH 


pages,  ainsi  que  seize  lettres  de  sa  main,  relalives 
à  sa  vie  et  à  ses  ouvrages  ;  enfin  le  catalogue 
thématique  de  loiifes  ses  (ruvres  imprimées  et 
inédites,  manuscril  supérieurement  exécuté  en 
un  volume  in-fol.  de  98  pages,  précédé  d'une 
helie  vue  de  son  tombeau  sur  les  bords  de  Ttilbe, 
peint  en  gouache.  On  lit  dans  le  Correspondant 
de  Hambourg  (1790,  no  160),  que  Bach  lui- 
luôme  fut  le  rédacteur  de  ce  catalogue,  dont  on 
a  extrait  celui  qui  a  été  publié  après  sa  mort.  On 
a  imprimé  quelques  ouvrages  posthumes  de  lîach 
à  lîcrlin  et  à  Leipsick,  consistant  principalement 
en  musique  de  cliant  et  de  clavecin.  M.  A. -F. 
Riccius  publie  en  ce  moment  (  1853)  une  édition 
complèle  des  œuvres  de  Charles-Philippe  Emma- 
nuel Bach,  pour  le  clavecin, chez  Frédéric  Hof- 
meister,  à  Leipsick.  La  première  livraison 
contenant  six  sonates,  est  accomjjagnée  d'une 
intrcdiiclion  historique  et  critique.  Le  cataIo;;ue 
thématique  de  toutes  les  compositions  inédiles 
de  Bach  pour  le  clavecin  et  pour  d'autres  instru- 
ments, avec  l'indication  de  ieiu-  date,  se  trou  ve  dans 
le  catalogue  général  de  sa  collection  cité  précédem- 
ment. Les  manuscrits  autographes  d'une  partie  de 
?es  cantates  d'égliseet  autresouvrages  de  musique 
religieuse,  ainsi  quede  ses  symphonies  et  deses  con- 
certos pourclavecin  et  pour  divers  rnstrnments, 
se  trouvent  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin. 

Créateur  de  la  sonate  moderne,  Emmanuel 
Bach  a  eu  le  sort  souvent  réservé  à  ceux  qui  ou- 
vrent des  voies  nouvelles  dans  l'art  :  il  fut  mé- 
connu de  ses  contemporains ,  parce  que  son  style 
était  trop  nouveau  pour  eux,  et  .ses  ouvrages 
ont  vieilli  rapidement,  parce  que  ses  successeurs, 
instruits  par  son  exemple,  ont  développé  ce  qu'il 
avait  inventé  et  en  ont  perfectionné  les  formes. 
Jugées  au  point  de  vue  de  l'époque  actuelle,  les 
pièces  composées  parce  grand  musicien  nous  sem- 
blent trop  courtes,  accoutumés  que  nous  som- 
mes à  l'ampleur  parfois  ex.agérée  de  la  musique 
de  Beethoven ,  de  Weber  et  de  Mendelssohn. 
l'armi  les  nombreux  recueils  de  sonates  qu'il 
a  mis  au  jour,  on  rein;ii(pie  eu  première  !i- 
une  celui  qui  a  pour  lide  Sonates  île  cla- 
vecin pour  les  connaisseurs  (Clavier-Sona- 
leu  fiir  Ifenner),  dont  il  a  paru  six  suites  à 
t-<'ipsick,  depuis  1779  jusqu'en  1787,  et  dont  la 
réunion  forme  un  gros  volume  in-fol.  Cette  im- 
portante production  renferme  dix-huit  sonates, 
douze  rondeaux  détachés,  et  six  fanlaisies.  Le 
titre  Sonates  pour  les  Connaisseurs,  semble 
une  protestation  contre  l'indifférence  que  le 
vulgaire  montrait  pour  les  ouvrages  de  Bach.  Un 
des  traits  caractéristiques  du  talent  d'Emma- 
nuel Bach  est  son  pencliaul  pour  la  mélodie. 
A  le   voir   s'éloigner  avec  soin  du   .style  fugué 


dans  la  plupart  de  ses  ouvrages,  on  a  peine 
à  comprendre  qu'il  ait  pu  s'affranchir  avec 
tant  de  liberté  de  l'éducation  qu'il  avait  reçue 
et  des  habitudes  de  son  enfance.  Des  quatre 
lils  de  Jean-Sébastien  Bach  qui  se  sont  montrés 
dignes  de  leur  illustre  père,  l'aîné  (Guillaume- 
l'riedmann)  et  Jean-Chistoplie-Frédéric  ont  été 
les  continuateurs  de  sa  manière,  et  l'on  voit  dans 
leurs  œuvres  qu'ils  ont  été  inspirés  par  son  génie. 
Les  deux  autres,  au  contraire  (Charles  Pluliiipc- 
Emmanuel  et  Jean-Chrétien),  ont  été  mélodistes 
avec  passion,  et  ont  employé  toutes  les  ressour- 
ces de  leur  imagination  à  la  création  ou  à  la  pro- 
pagation des  formes  modernes.  Jean -Sébastien 
était  encore  dans  toute  la  force  de  son  talent 
lorsque  son  fils  Emmanuel  publia  ses  premiers 
ouvrages.  11  serait  intéressant  de  savoir  quelle  fut 
l'opinion  de  ce  grand  homme  sur  des  choses  si 
différentes  de  son  style.  Vraisemblablement  il 
les  aura  considérées  comme  des  bagatelles  ;  car 
c'était  par  C(!  mot  qu'd  désignait  les  opéras  ita- 
liens (le  sou  temps,  et  toute  la  musique  libre  qui 
n'avait  de  base  que  dans  l'imaginalion,  quoiqu'il 
eût  lui-même  l'imagination  la  plus  riche  et  la  [plus 
indépendante.  Quoi  (ju'il  en  soit,  Emmanuel  Bach 
fit  voir  dans  son  premier  œuvre  de  .sonates  ,  déilié 
au  roi  de  Prusse,  et  publié  en  1742,  la  voie  nou- 
velle où  il  voulait  s'engager,  quoicpi'il  y  eût  en- 
core quelque  incertiUule  dans  sou  style;  mais  il 
caractérisa  davantage  sa  n'.anière  dans  les  six  so- 
nates qu'il  fit  paraître  en  1753.  Là,  les  formes 
qu'il  a  reproduites  ilans  ses  autres  œuvres  sont 
arrêtées,  et  l'on  n'y  retrouve  plus  rien  del'ancienne 
école. 

Cependant  ces  œuvres ,  et  quelques  sonates 
détachées  du  môme  genre,  qu'Emmanuel  Bach 
avait  fournies  aux  recueils  de  compositions  de  di- 
vers auteurs  publiés  k  Nuremberg,  chez  Haflner, 
et  à  Leipsick  chez  Breitkopf,  ayant  fait  accuser 
cet  artiste,  par  quelques  critiques  allemands, 
(le  n'avoir  adopté  des  formes  libres  dans  ses  com- 
positions ,  que  parce  qu'il  n'avait  pas  assez  d'ha- 
bileté dans  l'art  d'écrire  pour  traiter  avec  talent 
des  ouvrages  plus  scolasfiqucs ,  il  crut  devoir 
démontrer  l'injustice  de  cette  attaque,  en  faisant 
insérer  dans  le  reci'.eil  intitule  Musicalisches 
Allerlcij,  pirblié  à  Berlin  en  1761  ,  deux  sonates, 
dont  la  première  (en  nii  mineur)  est  composée 
de  pièces  d'anciennes  formes  d'irn  style  serré,  et 
dont  l'aulre  (en  rd  mineur)  a  poirr  dernier  mor- 
ceau une  fugue  excellente.  S'il  était  nécessaire 
d'avoir  une  autre  preirve  d.e  la  valeur  des  œu- 
vres de  lîacli  qrre  ces  mêmes  ouvrages,  on  la 
trouver-ail  dans  la  haute  estime  que  Haydn  , 
Mozart  et  Clementi  eurerrt  toirjours  pour  l'origi- 
nalité du  style  de  cet  artiste. 


BACH 


2U5 


BACH  (.IrvN-CiinisTOPiiE-FiiÉDÉnic),  (ils 
do  Je:in-Sél)astien ,  né  à  Leipsick,  en  1732, 
étudia  d'abord  le  droit  à  l'université  de  sn  ville 
natale;  mais  bientôt  il  abandonna  cette  science 
ponr  la  musique,  qu'il  aimait  avec  passion. 
Ses  heureuses  dispositions  et  les  leçons  de  son 
père  en  firent  un  compositeur  habile  et  nn  pia- 
niste distingué.  Charmé  de  ses  talents,  le  comte 
de  Schaumbourg,  grand  amateur  de  musique, 
le  nomma  son  maître  de  chapelle,  et  lui  donna 
des  appointements  de  1000  tlialers  (3,750  fr.). 
Les  devoirs  de  sa  place  l'obligeaient  à  compo- 
ser des  canlates  et  des  oratorios  ponr  toutes  les 
féfcs  de  la  petite  cour  de  Bùckebourg;  du  reste, 
il  jouissait  d'une  existence  douce  ,  tranquille,  et 
pouvait  se  livrer  aux  travaux  qu'il  affectionnait, 
sans  être  troublé  par  un  service  fatigant.  Il  ne 
s'éloigna  qu'une  seule  fois  de  la  résidence  du 
comte  de  Schaumbourg:  ce  fut  pour  faire  avec 
son  frère,  Jean-Chrétien  Bach,  nn  voyage  de 
quelques  mois  à  Londres.  De  retour  à  Bùcke- 
bourg, il  y  mourut  le  26  janvier  1795,  d'une  in- 
flammation de  poitrine,  laissant  après  lui  la  ré- 
putation d'un  artiste  distingué  et  d'un  homme 
respectable.  On  ne  trouve  point  dans  ses  com- 
positions le  feu  qui  distingue  celles  de  ses  frères 
Cliarles-Philippe-Emmanuel  et  Guillaume-Fried- 
mann  ;  mais  elles  se  font  remarquer  par  la  force 
de  l'harmonie  et  par  l'habHeté  avec  laquelle  le 
siyle  fugué  y  est  traité.  Bach  aimait  son  art 
avec  passion,  et  s'en  occn|)ait»ans  cesse  :  jusqu'à 
sa  mort,  il  conserva  riiabitiide  de  consacrer  toutes 
SOS  matinées  à  la  composilion.  Ses  ouvrages 
sont  en  grand  nombre  ;  la  bihliolhèque  royale  de 
Berlin  possède  en  manuscrit:  /no,  cantate  de 
Bamler,  à  voix  seule  avec  deux  violons,  viole  et 
basse.  —  La  jeunesse  de  Jésus,  tableau  biblique  à 
quatre  voix,  deux  violons,  viole,  basse  continue, 
deux  (lûtes  et  deux  cors.  —  La  RésuiTeclion  de. 
Lazare,  oratorio  de  Herder,  à  quatre  voix  et 
oichestre.  —  Une  Cantate  pour  l'anniversaire  de 
la  naissance  du  comte  de  Schaumbourg,  composée 
en  1787,  à  quatre  voix  etorchestre.  —  Unecau- 
iale  pour  l'Ascension,  à  quatre  voix,  deux  violons, 
alto  et  basse  continue.  —  Deux  motets  à  quatre 
voix.  — Une  symphonie  (en  si  bémol)  pour  deux 
violons,  alto,  basse,  deu<  clarinettes,  basson  et 
deux  cors.  —  Pygmalion,  cantate  théâtrale.  — 
Deux  concertos  pour  le  piano  avec  orchestre.  —  Un 
trio  pour  (lûte,  violon  et  basse. —  Un  autre  trio  pour 
deux  violons  et  basse  ;  et  des  airs  avec  orchestre. 
Il  n'a  été  imprimé  de  lacomposilion  de  Jean-Chris- 
topbe-Frédéric  Bach  que  des  sonates  isolées, 
dans  les  mélanges  de  musique  (iMiisicalisclics 
Vielerley),  les  cantiques  de  Munter  {Munter's 
geistliche  iitY/cr),  dont  la  deuxième  livraison 


a  paru  en  1774.  —  Six  quatuors  pour  (lùle,  violon, 
viole  et  basse,  gravés  à  Hambourg. —  Ino,  caii- 
taie  arrangée  pour  le  clavecin,  t^n  1 780.  —  Musi- 
caiische  Ncbenstunden  (les  Heures  d'amuse- 
ment de  musique  ,  collection  de  petites  pièces)  : 
le  premier  cahier  a  paru  en  1787  et  les  antres 
dans  les  années  suivantes,  jusqu'en  179 1.  —  Enfin, 
six  quatuors  pour  le  violon, à  Londres,  en  i7S^). 
Les  .sonates  faciles  pour  le  clavecin,  et  la  cantate 
V Américaine,  que  Gerber  attribue  à  Jean-Cbris- 
toplie-Frédéric,  dans  son  ancien  lexique,  ap- 
partiennent à  son  frère  Jean-Chrétien.  L'épouse 
de  Bach  était  cantatrice  à  la  cour  du  comte  de 
Schaumbourg. 

BACH  (Jean-Chrétien),  onzième  fils  de 
Jean-Sébastien ,  naquit  à  Leipsick  en  1735.11 
n'avait  pas  encore  quinze  ans,  lorsqu'il  perdit  son 
père  ;  ce  malheur  l'obligea  de  se  rendre  à  Berlin 
chez  son  frère  Ch.-Ph.-Emmanuel,  pour  y  per- 
fectionner son  talent  sur  le  clavecin  et  dans  la  com- 
position. Ses  progrès  étaient  sensibles,  et  déjà  quel- 
ques-unes  de  ses  productions  avaient  été  remar- 
quées du  public,  lorsque  la  connaissance  qu'il  fit 
de  quelques  cantatrices  italiennes  (it  naître  en  lui 
le  désir  de  visiter  l'Italie.  Il  quitta  Berlin  en  17;i4, 
et  se  rendit  à  Milan  ,  où,  peu  de  temps  après, 
il  fut  nommé  organiste  de  la  cathédrale.  On 
ignore  les  motifs  qui  lui  firent  quitter  cette  ville, 
mais  il  est  certain  qu'il  .se  rendit  à  Londres  en 
1759.  Il  n'y  (ut  pas  longtemps  sans  être  fait  mu- 
sicien de  la  reine,  et  peu  après  maître  de  sa 
chapelle.  En  1763,  il  fit  représenter  son  opéra 
(\''Orione,ossia  Diana  vendicata,  ouvrage  qui  a 
fait  sensation  par  quelques  l)eaux  airs,  et  par  des 
effets  nouveaux  d'instruments  à  vent.  C'est  dans 
cet  opéra  que  les  clarinettes  furent  entendues 
pour  la  première  fois  en  Angleterre.  Le  succès 
de  Bach  dans  cet  opéra  fixa  son  sort  à  Londres, 
où  il  demeura  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut  lieu  en 
1782.  Il  fit  cependant  un  voyage  à  Paris  vers 
1780,  mais  il  resta  peu  de  temps  dans  cette  ville. 
Sans  avoir  la  puissance  d'invention  et  la  ri- 
chesse d'harmonie  de  son  père,  ni  la  variété  d'i- 
dées et  la  profondeur  de  son  frère  Cliarles-Phi- 
lippe-Emmanuel, Chrétien   Bach  fut  cependant 

i  un  des  musiciens  remarquables  du  dix-huitième 
siècle  ;  et  tels  sont  les  avantages  de  la  carrière 
dramatique,  que  son  nom  et  ses  ouvrages  ont  été 

I  bien  plus  généralement  connus  que  ceux  de  ces 

I  deux  grands  artistes.  Ses  airs  Pont  fort  beaux, 
et  plusieurs  ont  joui  d'une  grande  célébrité.  Son 
chant  n'a  point  de  caractère  qui  lui  soit  particu- 

i  lier;  il  se  rapproche  beaucoup  de  la  manière  des 
maîtres  italiens  de  l'époque  où  il  écrivait,  et 
surtout  de  ceux  de  l'école  de  Naples  ;  mais  \\  a 
du  brillant ,  de  la  facilité;  ses  mélodies  sont  fa- 


206 


BACn 


vorables  aux  voix,  et  les  accompagnements  en 
sont(^,Iéganls  et  d'un  bon  effet.  Bach  a  eu  le  m('- 
rite  de  donner  aux  airs  d'opéra  un  effet  plus  dra- 
matique, en  lie  ramenant  point  après  l'allégro  le 
mouvement  lent  du  commoncemenf,  comme  l'a- 
vaient fait  tous  les  compositeurs  italiens  qui  l'a- 
vaient précédé.  Les  opéras  les  plus  connus  de 
Chrétien  Bach  sont  :  1°  Calorie;  Milan,  1758, 
ctLondres,  1704. — 2°  Ono«e;  Londres,  1763. — 
•^"Znuaida,  ilans  la  même  année.  —  4°  Bérénice, 
|)asticc!o,  avec  des  morceaux  de  Hasse ,  Galuppi 
etFerradini;1764.  —  5"  Adriano  in  Siria  ;  17G4. 
— (j° Carattaco ;  1767. — 7°  VOlimpiade;  1769. 

—  8°  Ezio.  —  9°  Or/eo;  1770.  — 10»  Temistocle, 
dont  la  partition  manuscrite  est  à  la  bibliothèque 
royale  de  Berlin.  — 11°  Si/ace. —  12"  Lucio  Silla. 

—  13° ia  Clemenzadi  Scipione.  —  14°  Gioas  re 
di  Giuda,  oratorio.  —  15°  Amadis  des  Gaules, 
eu  trois  actes,  gravé  à  Paris.  Cet  ouvrage,  en- 
trepris sur  la  demande  des  directeurs  de  l'Opéra, 
lut  représenté  en  1779,  et  le  manuscrit  fut  payé 
10,000  fr.  par  l'administration,  suivant  le  compte 
<les  dépenses  de  1779  à  1780.  VOrione  de  Bach 
fut  traduit  en  français,  en  1781 ,  et  reçu  à  l'O- 
jiéra  dans  la  même  année  ;  mais  il  n'a  pas  été 
représenté.  Ses  autres  compositions  pour  le  chant 
<onsistcnt  en  un  Salve  Regina,  un  Magnificat  k 
deux  voix  et  orchestre,  un  Laudate  piieri  à  deux 
voix  et  orchestre,  un  Gloria  à  quatre  voix  et 
orchestre,  deux  motets  pour  ténor  composés  pour 
le  célèbre  chanteur  Raff,  quelques  autres 
compositions  pour  l'église,  et  une  cantate  inti- 
lul(^  Die  Amcrikanerinn  (L'Américaine); 
Dresde.  La  bibliothèque  royale  de  Berlin  pos- 
sède vingt-quatre  volumes  d'airs  en  partition, 
extraits  des  opéras  de  Chrétien  Bach. 

Bach  a  eu  aussi  de  la  célébrité  pour  sa  mu- 
sique instrumentale,  qui  se  compose  de  quinze 
symphonies  à  huit  instruments  ;  une  symphonie 
concertante  pour  plusieurs  instruments;  dix- 
liiiit  concertos  pour  clavecin  avec  accompagne- 
ment; six  quintetti  pour  la  flûte  et  le  violon  , 
trente  trios  ou  sonates,  pour  clavecin  ,  violon 
et  basse;  une  sonate  à  quatre  mains;  une  pour 
lieux  pianos;  six  trios  pour  violon;  douze  so- 
nates pour  clavecin  seul;  six  quatuors  pour  vio- 
lon ;  deux  quintetti  pour  piano,  flûte,  haut- 
bois, alto  et  violoncelle,  et  un  quatuor  pour 
|iiano,  deux  violons  et  basse.  Toute  cette  musi- 
que est  facile  à  jouer;  c'est  plutôt  à  cet  avantage 
qu'an  mérite  de  la  composition,  qu'il  faut  attri- 
buer les  succès  qu'elle  a  obtenus. 

BACH  (Cécile), femme  du  précédent,  née  à  Mi- 
lan, en  1746 ,  d'une  famille  nommée  Grassi,  fut 
cantatrice  au  théâtre  italien  de  Londres,  depuis 
i7f)7  jusqu'à  la  mort  de  son  mari.  Elle  n'était 


pas  jolie  et  n'avait  aucun  talent  comme  actrice , 
mais  le  timbre  de  sa  vuix  clait  si  agréable,  son 
intonation  si  juste,  son  expression  musicale  si 
naïve  et  si  pénétrante,  qu'elle  faisait  oublier  ces 
défauts.  La  perte  de  son  éi)onxliii  (itquilter  Lon- 
dres pour  retourner  dans  sa  patrie. 

BACH  (Jean-Nicolas),  tils  aîné  de  Jean- 
Christophe ,  naquit  à  Eisenach  ,  le  10  octobre 
1C69.  En  1695,  il  fut  nommé  organiste  à  Jena, 
où  il  établit  une  fabrique  de  clavecins.  Vers  la 
fin  de  sa  vie,  il  se  retira  dans  sa  ville  natale,  oii 
il  mourut  en  1738.  lia  composé  des  suites  de 
pièces  pour  l'orgue  et  pour  le  clavecin,  qui  prou- 
vent qu'il  avait  un  grand  talent  comme  organiste 
et  comme  compositeur.  En  1787,  on  trouvait 
dans  le  magasin  de  Breitkopf,  à  LeipsicK,  un  motet 
manuscrit  à  deux  chœurs  sur  le  texte  :  Merk 
aitf  mein  fferz,  etc. ,  qui  était  l'ouvrage  de  ce 
musicien.  La  bibliothèque  royale  de  Berlin  pos- 
sède de  sa  composition,  en  manuscrit,  un  Kyrie 
et  un  Gloria  à  quatre  voix  avec  instruments, 
composé  sur  le  cantique  allemand  :  Allein  Gotl 
in  der  Hôh  sei  Ehr  (en  mi  mineur).  Jean-Ni- 
colas Bach  eut  deux  frères  qui  exercèrent  aussi 
la  profession  de  musiciens  ;  l'un,  nommé  Jean- 
Christophe,  demeura  d'abord  à  Erfurt,  puis  à 
Hambourg,  ensuite  à  Rotterdam  et  enfin  à  Lon- 
dres, où  il  est  mort  ;  l'autre,  nommé  Jean-Fré- 
déric, fut  organiste  de  Sainf-Blaise  à  Mùlhausen. 
Un  troisième  frère  de  Jean-Nicolas,  nommé 
Jean-Michel,  mourut  dans  son  enfance. 

BACH  (Jean-Louis),  lils  de  Jean-Michel, 
naquit  en  1077  à  Amte-Gehren,  dans  la  princi- 
pauté de  Schwartzbourg-Sondershausen,  et  fut 
maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Saxe-Meinun- 
gen.ll  mourut  en  1730.  La  bibliothèque  royale  de 
Berlin  possède  une  musique  funèbre  à  deux  chœurs 
avec  instruments,  divisée  en  trois  parties,  et 
composée  par  cet  artiste,  en  1724,  pour  les  obsè- 
ques du  prince  Ernest-Louis  de  Saxe  Meinungen. 
Ernest-Louis  Gerber  possédait  aussi  du  même 
compositeur  une  grande  cantate  d'église  écrite  en 
1710,  pour  le  25"  dimanche  après  la  Trinité. 
Gerber  accorde  beaucoup  d'éloges  à  cette  com- 
position, écrite  h  quatre  voix,  deux  violons ,  deux 
violes  et  basse  continue. 

BACH  (Jean-Eknf.st),  fils  de  Jean-Bernard 
et  petit- fils  de  Jean- LIgide,  maître  de  chapelle  du 
duc  de  Saxe-Weimar,  à  Eisenach  ,  naquit  dans 
cette  ville,  le  28  juin  1722.  Il  demeura  six  ans 
à  l'école  Saint-Thomas  de  Leipsick  ,  et  à  l'uni- 
versité de  la  même  ville.  Il  y  étudia  la  juris- 
prudence, ei,  de  retour  à  Eisenach,  il  y  exerça 
la  profession  d'avocat.  Mais  il  paraît  s'être  sur- 
tout occupé  de  la  iiiusi(iue,  car,  en  1748  ,  il  tut 
donné  comme  adjoint  à  son  père  (Jean-Bernard , 


BACn 


207 


dont  il  a  été  parlé  ci-dessus) ,  dans  la  place 
(i'organistt;  de  l'ci-lise  de  Saint-Georges.  Il  moti- 
1  lit  à  Eisenacli  vers  1781 ,  avec  le  titre  et  la  pen- 
sion (le  maître  de  ciiapelle.  On  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Sammiung  ausscrlesener  fa- 
bef.ii  mit  Melodien  (  Recueil  de  fableschoisies  mi- 
ses enmiisique);Niiremberg.  —  2°  Trois  sonates 
pour  clavecin  avec  violon  ;  ibid.,  1770,  in-fol. 
—  3"  Deux  idem;  ibid.,  1772.  Ses  antres  compo- 
sitions sont  restées  en  manuscrit  :  elles  consis- 
tent en  unequantité  de  psaumes;  deux  Magnifi- 
cat; deux  services  pour  la  Passion;  deux  can- 
tates à  quatre  voix  et  orchestre;  une  gramle 
musique  funèbre  pour  les  obsèques  du  duc  I£r- 
nest-Auguste-Constantin  de  Saxe-Wcimar,  des  j 
chansons,  et  quelques  symphonies  composées 
pour  le  service  de  la  cour  à  laquelle  il  était  at- 
taché. On  lui  doit  aussi  la  préface  de  la  première 
édition  de  l'ouvrage  d'Adelung,  intitulé  Musika- 
lische  Gelahrtheit.  Son  (ils,  excellent  organiste, 
lui  a  succédé  dans  ses  places  d'organiste  et  d'a- 
vocat de  la  cour.  On  trouve  en  manuscrit  à  la 
l.ihliothèqueroyale  de  Berlin  :  un  Hyrieet  Gloria  à 
(piatre  voix  et  basse  continue,  le  18*  psamiie  à  qua- 
tre voix  et  instruments,  trois  cantates  d'église,  un 
motet  à  cinq  voix  et  instruments,  une  fugue  à 
quatre  voix  et  orchestre,  et  une  fantaisie  pour 
le  clavecin ,  composi'S  par  Jean-Ernest  Bach. 

BACH  (Jean-Éue),  second  fils  de  Jean-Va- 
lentin,  et  petil-tils  de  Georges-Christophe,  na- 
quit en  1705,  et  fut  maître  de  musique  et  inspec- 
teur du  gymnase  de  Schweinfurt;  il  y  fut  installé 
solennellement  le  29  mai  i743,  etmouruten  1755, 
à  rage  de  cinquante  ans.  il  a  laissé  quelques 
campositions  pour  l'Église  qui  sont  restées  en 
manuscrit. 

BACH  (JeanMicuel),  surnommé  Ze  Jeune, 
fut  d'abord  cantor  k  Tonna,  vers  17f>?;  ti ,...-, 
entraîné  par  le  goût  des  voyages, il  abandonna  «a 
place,  et  voyagea  en  Hollande,  en  Angleterie  et 
en  Amérique.  De  retour  en  Allemagne,  il  étudia 
pendant  quelque  temps  à  Gœttingue,  en  1779,  et 
se  fixa  ensriite  à  Custrow,  dans  le  duché  de 
rdecklembourg,  où  il  exerçait  encore  la  profession 
d'avocat  en  1792.  Ses  ouvrages  se  composent 
de  six  concertos  aisés  pour  le  clavecin ,  op.  1; 
nerlin,  1770.  Il  a  publié  aussi  un  ouvrage  m- 
titulé  :  Kurze  und  systematische  Anleiliing 
zum  Generalbass  und  der  Tonkunst  uber- 
haupt,  mit  Excmpeln  erlœutert,  zum  Lehren 
und  Lerncn  cntworfen  (Instruction  systéma- 
tique pour  apprendre  la  basse  continue  et  la 
musique  en  généial ,  avec  des  exemples  pour 
loiix  qui  veulent  enseigner  et  pour  ceux  qui 
veulent  apprendre);  Cassel ,  1780,  in  4°. 

BACH  (  Guillaume  ),  (ils  de  Jean-Christophe- 


Frédéi ic ,  et  pclil-lils  de  Jean-Sébastien,  naquit 
en  1754  à  Dùckebourg,  où  son  père  était  raaitre 
de  chapelle  du  comte  de  Schaumbourg.  Il  sé- 
journa d'abord  quelque  temps  à  Londres  chez; 
son  oncle,  Jean-Chrétien  Bach ,  par  les  soins 
duquel  il  acquit  du  talent  dans  la  musique.  De 
retour  en  Allemagne,  il  composa  une  cantate,  qui 
fui  exécutée  à  Minden  en  1789,  en  présence  de 
I-redéric-Guillaume  II.  Cette  composition  plut 
au  roi,  qin  accorda  à  l'auteur  la  place  de  timbal- 
lierdansla  nouvelle  chapelle  de  la  reine,  eu  1790, 
et  ensuite  celle  de  musicien  de  la  chambre.  Guil- 
laume Bach,  dont  le  fils  était  naguère  le  seul 
rejeton  vivant  de  l'illustre  famille  de  son  nom, 
a  rempli  ces  emplois  pendant  près  de  40  ans.  Les 
ouvrages  de  sa  composition  qui  ont  été  publiés 
sont  :  1"  la  cantate  dont  il  a  été  parlé  ci-dessus, 
et  qui  a  paru  sous  le  titre  de  Joie  du  peuple  de 
voir  son  roi  bien-aimé ,  avec  accompagnement 
de  clavecin;  Buckebourg;  1790.  —  2"  Six  sonates 
pour  clavecin  et  violon,  œuvre  premier;  Berlin, 
1788.  —  3°  Trois  sonates  pour  clavecin  et  violon, 
op.2;Berlin,  1790. — 4°  sixsonatespour  le  clave- 
cin seul,  op  3;  Berlin,  1796.  —  5°  Deutsche  und 
frunzœsische  Licder  (chansons  allemandes  et 
(rançaises);  Leipsick.  Guillaume  Bach  est  moit 
à  Berlin  en  1846,  à  l'ûge  dequatre  vingt-douze  ans. 

BACH  (OswALD),  professeur  de  chant,  dont 
l'origine  est  ignorée,  n'est  connu  que  par  la  cita- 
tion que  Ch.  M.  de  Weber  a  faite  d'un  ouvrage 
de  sa  composition  qui  a  pour  titre  :  Leçons  de 
chant  pour  mes  élèves  ,  Salzbourg,  1790,  2  par- 
ties in-4o. 

BACH  (Jean-George).  On  trouve  sous  ce 
nom  un  Sextuor  pour  piano,  hautbois,  violon, 
violoncelle  et  deux  cors,  œuvre  troisième,  gravé 
à  Offenbach,  chez  André. 

BACH  (JEAN-CiutisTOPHE),  dernier  descen- 
dant de  la  famille  des  Bach,  naquit  en  1780  à 
Bindersleben,  près  d'Erfurt,  où  il  fut  économe 
de  la  commune.  Il  y  mourut  le  2i  mars  1846. 
Jean-Christophe  Bach  cultivait  la  musique 
comme  amateur  et  était  bon  organiste.  Kœrner, 
éditeur  à  Erfurt,  a  juibliéune  fugue  pour  l'orgue 
(en  la)  de  sa  composition. 

BACH  (Henri-Amand),  docteiir  en  médecine 
et  en  philosophie ,  est  né  à  Ober-Scbred'eldorf 
dans  le  comté  de  Glatz,  en  1791 .  Sou  éducation 
musicale  fut  commencée  au  gymnase  de  cette 
ville.  Bach  se  rendit  ensuite,  en  1811,  à  l'uni- 
versité de  Breslau,  et  y  termina  ses  études.  En 
1813  il  partit  pour  Vienne,  et  deux  ans  après 
il  alla  à  Berlin,  où  il  acheva  ses  cours  de  méde- 
cine. Comme  compositeur  et  comme  pianiste,  il 
possède  un  talent  distingué;  mais  il  s'est  fait  re- 
marquer principalement  par  un  livre  qu'il  a  pu- 


208       I 


BACH  —  BACHINI 


l)lié  sous  ce  titre  :  De  musices  effeciu  in  ho- 
mine  sann  et  segro;  Berlin,  Fred.  Stark,  1817, 
in-8".  On  connaît  de  sa  composition  :  Thème 
avec  sept  variations  pour  le  piano.  Bresiau, 
Bartii. 

BACH    (Auouste-Guu.laume),   organiste  de 
fi^giise  de  Sainte-Marie  {Marienkirche)  à  Ber- 
lin, né  dans  cette  ville,  le  4  octobre  179G,  ne 
descendait  pas    de  l'illustre  famille  de  ce  nom. 
Son  père  était  secrétaire  île  la  direction  royale 
des  loteries,  et  organiste  de  la  Trinité.  Après 
avoir  terminé  ses  études   musicales,    Auguste- 
Guillaume  Bach  se  livra  à  l'enseignement,  et  fut 
altaclié  comme  professeur  de  musique  à  plu- 
sieurs institutions  et  gymnases;  puis  il  fut  ap- 
pelé en  1822,  à  SIettin  en  qualité  de  directeur  de 
musique.  La  manière  dont  il  remplit  ses  nou- 
velles fonctions  l'ayant  fait  connaître  avanla- 
gcuseinent,  Zelter,  qui,  conjointement  avec  Ber- 
nard Klein,  venait  de  fonder  un  nouvel  institut 
de  musique,  jeta  les  yeux  sur  Bach  pour  y  rem- 
plir les  fonctions  de  (trofcsseur  de  composition. 
Dans  l'espace  de  dix  ans  '1  y  forma  beaucoup 
de  bons  élèves  qui  se  sont  fait  connaître  comme 
organistes  et  professeurs.  Après  la  mort  de  Zelter 
et  le  départ  de  Klein,   Bach  eut  la  direction  de 
cet  institut  normal.  Dans  le  môme  temps  il  reçut 
aussi  sa  nomination  de  membre  de  la  commis- 
sion consultative  pour  la  construction  des  orgues 
en  Prusse,  parce  qu'il  avait  acquis  des  connais- 
sances pratiques  dans  la  facture  de  ces  instru- 
ments par  l'examen  qu'il  avait  fait  dans  ses  voya- 
ges des  pins  belles  orgues  deLeipsick,  Dresde, 
Prague,  Vienne,  Bresiau,  Munich  et  Hambourg. 
Kn  1834,  l'Académie  royale  des   beaux-arts  de 
Berlin  l'admit  au  nombre  des  membres  de  sa  sec- 
tion de  musique.  Cet  artiste  est  mort  à  Berlin 
eu  1853  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans.  Il  a  pu- 
blié plusieurs  ouvrages  do  sa  composition  pour 
le  |)iano  et  pour  l'orgue,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  1°  Divertissement  pour  le  piano,  Berlin, 
IJchke.  —  2"   Fantaisie   pour  le  piano,  op.  3.; 
iind.  —  3° Fantaisie  et  fugue,  en  nt  mineur,  o|). 
4;  ihid. — 4»  Variations  sur  l'air  :  4?z  Alexis send 
ich  dich;  ibid.  —  ;")°  Variations  sur  un  llièiue 
original,  op  G;  Leipsick,Probst.  — G°12  Grandes 
variations  sur  l'air  :  Gestern  abend  inar  ;  Ber- 
lin.—  7°Marciietriompliale  pour  le  piano,  op.  7; 
ibid.  —  8°  Pièces  d'orgue  consislantenpréhnlcs, 
fugues,  chorals  variés,  etc.  ;  quatre  suites;  Leip- 
sick,Br.  et  Haertel. — 9°  Fantaisies,  préludes  et 
fugues  pour  l'orgue;  Berlin.  —  10°  Chants  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano,  op.  3  ; 
Berlin.  —  \{°Der  praklisclie  Organist {VOtga- 
nisfe  praticien,  contenant  un  recueil   de  divers 
l  reludes,  chorals,  fugues  et  autrescompositions). 


diviséen  trois  parties;  Berlin, Traulwein.  —12" 
Pièces  d'orgue  pour  le  concert,  supplément  a 
VOrganiste  praticien,  ibid.  Bach  s'est  aussi 
fait  connaître  par  de  grandes  compositions  exé- 
cutées à  Berlin,  à  Dresde,  et  dans  plusieurs  villes 
<le  la  Prusse,  entre  autres  :  Uonifacius,  ora- 
torio avec  orchestre,  exécuté  à  Berlin,  en  1837, 
et  le  psaume  lOC,  à  4  voix  et  orchestre,  dont 
la  partition  arrangée  pour  piano  acte  publiée  eu 
1840,  ci  Berlin,  chez  Trautwein.  Enfin  il  a  été 
éditeur  du  livre  choral  pour  les  églises  évangé- 
liques  de  la  Prusse  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
ClioraUnich  fur  das  Gesangbuch  zum  ootles- 
(liensll.  Gcbr.  fur  evang.  Gemcïndcn;-  Berlin, 
Trautwein. 

BACH  ^Jean-David),  professeur  de  musique 
à  Berlin  ,  n'est  connu  que  par  un  ouvrage  élé- 
mentaire .';ur  cet  art  intitulé  :  Klciner  Gesaijg- 
catechisimis  oder  die  irahre  und rechteArt  des, 
ersten  Gesang  Unte.rrichts  in  Volksschulen. 
Erster  Lehrgang  (Petit  catéchisme  de  chant, 
ou  véritable  et  bonne  méthode  d'enseigner  les 
éléments  du  chant  dans  les  écoles  populaires. 
Premier  enseignement).  Berlin,  Reimer,  1827, 
gr.  in-8°,  obi. —  2"  Cours  de  la  science  du  chant, 
suite  du  petit  catéchisme,  eic-^ibid.  —  1828. 
Suivant  31.  Gassner  (  Vniversal-Lexikon  dcr 
Toukunst,  p.  88),  l'auteur  de  cet  ouvrage  serait  le 
dernier  rejeton  de  la  grande  famille  des  Bach. 

Vn  autre  musicien  de  ce  nom  (Bach,  M.),  pro- 
fesseur de  musique  à  Cologne,  actuellement  vi- 
vant (1855),  est  auteur  d'une  méthode  de  chant 
(Singsclmle)  publiée  en  trois  parties,  à  Cologne, 
chez  Haelscher,  et  de  deux  recueils  de  Liedcr 
avec  accompagnement  de  piano,  ibid. 

BACHAUS  (Jean-  Louis),  organiste  de  Sainte 
iMarguerite  et  de  l'église  du  cloître,  à  Gotha,  vi- 
vait en  1758.  11  étudia  la  composition  sous  le 
maître  de  chapelle  Stœlzel.  On  le  range  parmi 
les  bons  compositeurs  pour  le  clavecin. 

BACHELERIE  (Hugues  DE  LA),  trouba- 
dour français,  né  à  Uzerche,  dans  le  Limousiq, 
vécut  vers  la  seconde  moitié  du  douzième  siècle. 
On  a  de  lui  des  chansons  d'amour  dont  les  ma- 
nuscrits ont  conservé  le  chant. 

BACHELET  (L. -P.),  chantre  de  l'église 
métropolitaine  de  Rouen,  est  auteur  d'un  petit 
recueil  intitulé  :  Psaumes  et  cantiques  en  faux- 
bourdon.  Rouen,  l'ieuri  fils  aîné,  1837,  in-S^de 
IG  pages. 

BACHl  (Jean  de),  compositeur  français  du 
seizième  siècle,  dont  Jean  Monlanus  et  Ulrich 
Neubert  ont  publié  des  motets  dans  leur  Thésau- 
rus Musicus,  Nuremberg,  1564,  t.  l^'. 

IJACHIiMI  (TnÉonor.E),  né  à  Mautoue,  vers 
la  lin  du  seizième  siècle  ou  dans  tes  premières 


RACHIIS'I 


BACII.MANN 


209 


annios  du  17""",  fut  coidelier  au  couvent  do 
«elt»^  ville,  docteur  en  tlicologie,  et  maître  de 
cljiipelle  de  l'arcliiduc  d'Auliiclic,  duc  de  Man- 
foui'.  Le  P.  de  Villiers  de  Saint-Étienne  dit  (Bi- 
blioth.  Carmelit.,  t.  II,  col.  793)  que  Bacliini  a 
écrit,  vers  1(530,  un  traite  De  musica,  qui  est 
vraisemblablement  resté  en  manuscrit,  car  au- 
cun bibliographe  n'a  cité  cet  ouvrage.  Forkel  ni 
Licbtenthal  n'en  ont  eu  connaissance. 

BACHMAIXIV  (Frédéric),  auteur  allemand 
qui  vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-bui- 
tième  siècle,  a  publié  une  dissertation  De  effec- 
tibus  musices  in  corpore  humano.  Leipsick  , 
1734. 

BACI1MA1\M  (Charles-Louis),  habile  lu- 
Ibier  et  musicien  delacbambredu  roi  dePrusse, 
naquit  à  Berlin  en  1716.  Comme  instrumentiste. 
Il  se  distinguait  par  son  talent  sur  la  viole;  mais 
c'est  surtout  comme  luthier  qu'il  mérite  d'être 
placé  au  rang  des  artistes  les  i)liis  recommanda- 
bles.  Ses  instruments,  et  particulièrement  ses 
violonsetses  violes,  sont  fort  recherchés  en  Alle- 
magne. Il  est  l'inventeur  des  chevilles  à  vis  pour 
la  contrebasse,  invention  qu'il  appliqua  parla 
suite  aux  violoncelles  et  môme  aux  violons.  11 
imagina  aussi,  vers  1780,  une  espèce  de  guitare 
à  clavier  qui  portait,  vers  la  droite  de  la  table,  un 
mécanisme  au  moyen  duquel  on  faisait  frapper 
les  cordes  par  de  i)etits  marteaux.  Cet  instru- 
ment eut  peu  de  succès.  En  176,')  Bachmann 
reçut  son  diplôme  de  luthier  de  la  cour.  Cinq  ans 
après,  il  fonda,  conjointement  avec  F.rnesl 
Benda,  le  concert  des  amateurs  de  Berlin,  (|ui 
eut  une  existence  brillante,  et  qui  ne  finit  «lu'en 
1797,  lorsque  Bachmann  fut  devenu  trop  vieux 
pour  y  donner  des  soins.  Cet  artiste  estimable 
est  mort  à  Berlin  en  1800,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-quatre  ans.  11  eut  deux  (ils,  qui  furent 
musiciens  de  la  chapelle  du  roi  de  Prusse. 

BACHMANN  (Charlotte-Chkistine-Gl'il- 
hf.lmink),  femme  de  Cbarles-Louis-Baclimann, 
fut  depuis  1779  cantatrice  du  concert  des  ama- 
teurs de  Berlin,  oii  elle  chantait  encore  en  1797. 
Lors  de  l'exécution  de  l'oratorio  intitulé  Lamort 
de  Jésus  {>}&  Grann),  elle  y  cbanta  les  solos,  con- 
jointement avec  madame  .Scliick.  Elle  était  aussi 
comptée  parmi  les  premières  virtuoses  de  Berlin 
ïur  le  clavecin.  Le  catalogue  de  Rellstab  indique 
(pielques  cbansons  de  sa  composition. 

BACH.MANN  (Le  P.  Sixte),  religieux  pré- 
inontré  à  Marchthal  en  Autriche,  naquit  le  18 
juillet  1734  à  Kittershausen.  La  nature  l'avait 
doué  de  dispositions  si  heureuses  pour  la  musi- 
<|ue  qu'à  l'âge  de  neuf  ans  il  lutta  avec  le  jeune 
Mdzatt,  sur  le  piano,  sans  être  vaincu  par  lui.  Il 
était  déjà  piw  venu   alors  à  jouer   correctement 

BIOCIÎ.    IJMV.    DES    MLSlCir.NS.     —    T.    I. 


plus  de  deux  cenls  morceaux  difficiles,  parmi 
lesquels  se  trouvaient  des  pièces  et  des  fugues  de 
Jean-Sébaslien  Bach.  Ses  parents,  qui  le  desti- 
naient à  l'élat  ecclésiastique,  le  firent  entrer  de 
bonne  heure  au  monastère  des  bénédictins  de 
Kittersbausen.  Il  n'y  trouva  point  de  ressources 
pour  continuer  ses  études  musicales,  mais  cela 
ne  l'empêcha  pasde  commencer  à  composer  pour 
le  piano  ,  bien  qu'il  n'eût  pas  les  premières  no- 
tions de  l'art  d'écrire.  Il  sentait  le  besoin  d(î 
s'instruire  dans  le  contrepoint  ;  son  désir  fut  sa- 
tisfait lorsqu'il  fut  envoyé  chez  îes  prémontrés 
de  Marcbtbal  pour  y  faire  son  noviciat,  car  il 
trouva  dans  la  bibliothèque  du  monastère  une 
riche  collection  d'ouvrages  théoriques  etde  com- 
positions des  meilleurs  maîtres,  qu'il  se  mit  à 
étudier  avec  persévérance.  L'arrivée  du  maître 
de  chapelle  Koa  à  Marchthal  lui  fournit  ensuite 
l'occasion  de  perfectionner  son  éducation  mu- 
sicale. Ses  études  dans  la  théorie  ne  lui  avaient 
point  fait  négliger  son  talent  d'exéiulion  sur  le 
piano,  et  il  avait  acquis  une  grande  habileté  dans 
la  mau'ère  de  Bach,  non-seulement  comme  pia- 
niste, mais  comme  organiste.  Ayant  été  nommé, 
en  1780,  membre  de  la  société  musicale  établie 
par  Holïmeister,  il  prit  l'engagement  de  compo- 
ser plusieurs  morceaux  pour  celte  société  ;  mais, 
ayant  été  mécontent  de  la  publication  de  ses 
deux  premières  sonates  de  piano,  il  rompit  avec 
Hoffmeister,  et  retira  les  compositions  qu'il  des- 
tinait à  cet  institut.  Depuis  lors  il  a  vécu  dans 
la  retraite  à  Marchthal,  composant  toujours,  siu-- 
tout  dans  le  style  ecclésiastique,  mais  publiant 
peu  de  chose.  Les  ouvrages  de  sa  composition 
qui  o.nt  été  imprimés  sont  :  1°  Deux  sonates  pour 
le  clavecin;  Vienne,  1780.  —  2°  Collection  de 
petites  pièces  pour  le  même  instrument  ;  Spire, 
1791. —  3"  Sonate  pour  le  piano;  Munich,  1800. 
—  4°  Fugue  pour  l'orgue  ;  Spire,  1792.  Parmi  ses 
ouvrages  restés  en  manuscrit,  on  remarque  plu- 
sieurs messes  dont  les  quatre  dernières  sont 
écrites  dans  le  style  rigoureux,  une  cantate  re- 
ligieuse, une  grande  symphonie,  trois  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  trois  sonates 
pour  le  piano  et  quelques  fugues  pour  l'orgue. 

BACHMANN  (Gottloe),  organiste  de  Saint- 
Nicolas  à  Zeitz,  naquit  à  Bornitz,  village  voisin 
de  cette  ville,  le  28  mars  1763.  A  l'âge  de  quinze 
ans  il  fut  admis  à  l'école  de  Zeitz,  où  l'organiste 
Frech  lui  donna  des  leçons  de  piano  et  d'iiar- 
monie.  Aju-ès  avoir  employé  environ  se(it  années 
à  l'élude  de  la  musique,  Bachmann  essaya  ses 
forces  dans  la  composition  par  quelques  sonates 
de  piano;  mais,  considérant  combien  il  lui  res- 
tait à  acquérir  de  connaissances  pour  écrire  cor- 
rcctcmcnl,   il  prit,  en  17H5,  la  résolution  de  se 

14 


210 


BACHMANN 


reuJrc  à  Leipsick,  pour  y  étudier  à  fond  le  con- 
trepoiat  et   les    belles-lettres.   A  cette  époque 
les  compositions  de  Kozelucli  et  les  quatuors  de 
Pleyel  jouissaient  d'une  vogue  décidée  ;  Baclininnn 
se  passionna  pour  ce  genre  de  musique  et  s'en 
fit  l'imitateur;  il  ne  tarda  pas  cependant  à  s'en 
dégoûter,  après  qu'il  eut  entendu  les  ouvrages  de 
Haydn  et  de  Mozart,  et  ce  furent  ces  deux  grands 
artistes  qu'il  prit  pour  modèles.  Il  passa  plusieurs 
années  à  écrire  des  quatuors  et  des  syvnphouies 
dans  leur  style.  Ses  amis,  auxquels  il  les  faisait 
entendre,  applaudissaient  à  ses  efforts,  au  lieu  de 
lui  faire  remarquer  qu'il  y  a  peu  de  gloire  à  ac- 
quérir dans  l'imitation   des  meilleures  choses; 
mais,  ayant  quitté  Leipsick   en  1790  pour   se 
rendre  à  Dresde  auprès  de  Naumann,  il  trouva 
dans  ce  compositeur  un  juge  plus  sévère  que 
ses  amis,  et  il  commença  à  comprendre  qu'il 
resterait  toujours  fort  loin  de  Haydn  et  de  Mo- 
zart, parvînt-il  à  imiter  aussi  exactement  (lue 
possible  leur  manière  savante  et  pure.  Né  avec 
un  sentiment  vif  du  beau  en  musique,  Bachmann 
était  dépourvu  d'imagination  et  de  génie;  il  fal- 
lait qu'il  imitât  quelqu'un  :  ce  fut  Naumann  qui 
devint  son  modèle,  et,  après  avoir  aimé  passion- 
nément  la  musique  instrumentale,  il  en  vint  à 
adopter  les  préjugés  de  ce  compositeur  contre  ce 
genre,  et  à  se  persuader  qu'il  ne  peut  être  ex- 
pressif. La  simplicité  du  style  de  Naumann,  de 
Weigl,  de  Salieri,  de  Cimarosa  et  de  Vincenzo 
Martini  devint  l'objet  de  ses  préférences,  et  c'est 
dans  cette  manière  qu'il  écrivit  depuis  lors  la 
plupart  de  ses  ouvrages.  La  nécessité  d'obtenir 
une  position  lixelui  faisait  solliciter  depuis  quel- 
que temps  la  place  d'organiste  à  Zeitz;  il  l'obtint 
en  1791,  et   depuis  lors  il  n'a  plus  quitté  cette 
ville.  Les  ouvrages  de  Bachmann  se  divisent  en 
plusieurs  classes;  voici  l'indication   des  princi- 
paux :  Opéras.  1°  Phaedon  et  Naïde,  cii  un 
acte.  —  2°  Don  Silvio  de  Rosalva,  en  deux  actes, 
arrangé  pour  le  piano;  Brunswick,  1797.  — 3°  Or- 
phée et  Eu7-idice,en  deux  actes  ;  Brunswick,  1 798. 
— 4°  Cantate  sw  la  mort  d' Orphée  ;  Brunsv/ick, 
1799.  La  mélodie  de  ces  compositions  est  gra- 
cieuse et  ne  manque  pas  d'expression;  maison 
y  trouve  peu  d'invention.  Ballades  et  chansons: 
5°  Poésies  légères  de  Matthisson  et  de  Jacobi, 
mises  en  musique;  Halle,  1795.  —  6°  V Elysée, 
ballade  de  Matthisson  ;  Vienne,  Riedt.  — 7°  Douze 
chansons  allemandes,  œuvre  sixième  ;  onenl)acli, 
André.  — 8°  Héroet  Léandre,ha.\\&Ae.  de  Dùrger; 
Offenbach,  1798.  —  9°  Complainte  d'une  jeune 
,/ti/e,  de  Schiller;  Augsbourg,  1799. — 10"  Léonard 
et  Blondme,  ballade  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haer- 
tt'l.  —  11"  At'/fo/T,  ballade  de  Ciirger  ;  Vienne, 
Riedt. —  12"  Arion,  ballade;  Coiin,  Siinrock,  — 


13°  Die  Burgschaft  (la  Caution),  ballade  de 
SchiUt^r;  Vienne,  Riedt.  —  14°  La  plainte  do, 
Cérès,  de  Schiller;  ibid.—  15"  Dit'  Schlacht  ; 
ibid.~  16"  Ballades  de  Goethe  ;  Leipsick,  Kiih- 
nel.—  17° Douze  chansons  allemandes,  œuvre 
vingt-deuxième  ;  Vienne,  Eder.  —  18°  Six  chan- 
sons, op.  25  ;  Vienne ,  Riedt.  —  1 9"  Six  odes  alle- 
mandes, op.  33;  ibid.  —  20o  Six  chansons  alle- 
mandes, op.  45  ;  Berlin,  Dunker.  —  21°  Six  idem 
op.  51;  Leipsick,  Hofl'meister.  — 22"  Six  idem, 
op.  59  ;  Worms,  Kreitner.  —  23° Trois  morceaux 
deRochlilz  ;  Leipsick.  —  Musique  instrumentale. 

—  2i"  Symphonie  pour  l'otxhestre,  op.  2;  Of- 
fenbach, André.  —  25°  Deux  id. ,  œuvres  neu- 
vième et  dixième  ;  Brunswick  ,  Spehr.  Ces  com- 
positions sont  très-faibles.  —  26°  Deux  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre  troisième; 
Offenbach,  André.  —  27°  Deux  ide7n,  op.  5  ; 
ibid.  —  28"  Trois  idem,  œuvre  septième  ;  Vienne  , 
Eder.  —  29o  Deux  idem  en  sol  et  en  mi-bémol, 
op.  8;  Brunswick,  Speiir. —  30°  Un  idem,  op. 
32;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  —  31"  Un 
idem,  op.  57  ;  Worms,  Kreitner.  —  32» Un  idem, 
dédiéà  Haydn,  Augsbourg,  Gomharf .  —  33o  Qutn- 
^e^/o pour  piano,  flûte,  violon,  altoet  violoncelle, 
op.42;  Vienne,  Eder.  —  34"  Deux  trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  Brunswick,  Spehr. 

—  35"  Sonate  pour  piano  et  violon  obligé,  op.  4; 
Offenbach,  André.  —  3G"  Andante  pour  piano 
et  violon,  tiré  de  la  Symphonie  op.  9;  Bruns- 
wick, Spehr. —  37°  Sonate  [lour  piano  et  violon 
obligé,  op.  23;  Vienne,  Eder. —  38°Sonate  pour 
les  mêmes  instruments,  op.  1k,  ibid.  —  30"  .S'ci- 
nate  pour  piano,  à  quatre  mains, o\).k\  ;  Bonn. 
Simrock.  —  40°  Sonate  pour  piano  seid,  op  21  ; 
Leipsick,  Breitkojif.  —  4  l"So)iale  idem,  op.  36  ; 
Vienne,  Riedt. —  42°  Six  petites  pièces  idem; 
Leipsiik,  Breitkopf.  — 43°  Douze  pièces  favo- 
rites ;  Vienne,  Eder.  —  ik» Sonate,  ibid. —  45" 
Une  idem,  n»  76  du  Journal  de  Musique  ;  Offen- 
bach, André.  — 46°  Deicx  sonates;  Dresde, 
Hilscher.  —  47"  Douze  danses  et  marches,  op. 
58;  Worms,  Kreilner.  —  48°Six  pièces  d'orgue, 
œuvre  trente-quatrième;  l^eipsirk,  Breilkopt  et 
Haertel.  — i9° Douze  i(/c/H;  Leipsick,  Hoffmeis- 
ter.  On  a  aussi  de  Bachmann  un  petit  traité  d'har- 
monie intitulé  :  Kurze  und  deulliche  Gene- 
ralbass  Anweisung  ;  Zeitz  (  sans  date  ),  in-S». 
Enfin,  vers  la  lin  de  sa  vie,  il  a  publié  :  Allge- 
meine  Musikschule  nach  der  neuesten  Méthode 
eingericlitel  (École  complète  de  musique,  d'après 
les  méthodes  les  plus  nouvelles);  Zeitz,  1833, 
in-8°. 

BACHMANN  (CnRÉiiEN-Louis),  médecin, 
né  à  Scliwni  tz,  près  de  Henneherg,  étudia  à  l'u- 
niversité d'Erlangen,  en  1785,  et  y  fit  imprimer. 


BACIIMANN 


BACILLY 


211 


dans  la  mùiuo  anm^c,  un  ouvrage  in-4°,  intitult^  : 
Enluurf  zu  Vorlesungen  uber  die  Théorie 
lier  Miisik,  insofern  sie  IÂebIiabcr)i  derselben 
nothwendig  und  iriilzlich  isl  (Idée  d'un  cours 
de  théorie  de  la  musique,  en  tant  qu'elle  est  né- 
cessaire et  utile  aux  anoateurs  de  cet  artj.  Ger- 
ber  (liiogr.  Lex.  der  Tonkunstler)  dit  que  ce 
n'est  qu'une  co|)ie  fidèle  de  la  dissertation  du 
docteur  Forkel  sur  le  même  sujet.  Vers  1797, 
Bacliniann  se  (ixa  à  Cuimbacli ,  où  il  exerça  la 
médecine.  On  a  aussi  du  même  auteur  :  Disser- 
tatio  inauguralis  medica  de  Effectibus  mu- 
sicx  in  hominem.  Erlangen,  1792. 

BACHMAi\i\  (O.),  fabricant  d'instruments 
à  arcliet  à  Halberstadt,  est  auteur  d'un  livre  in- 
tiiulé  :  Theoretisch-praktisches  Handbuch  des 
Gcigenbaues  ;  oder  Anweisung ,  italienische 
îind  dcutsche  Violincn,  Bralschen,  Violoncel- 
lo's.  Violons  sa  voie  Guitarren  undGeigenbogen 
iinch  den  neuesten  Grundsœtzen  und  in 
hocclister  Vollkommenheit  zu  vei'fertigen  (Ma- 
nuci  théorique  et  pratique  de  la  construction  des 
instruments  à  archet, etc.); Quedlinbourg et  Leip- 
sick,  Gott.  Basse,  1835,  1  vol.  in-8°  de  92  pages, 
avec  4  planches.  Le  livre  de  Bachmann  n'est 
guère  qu'un  abrégé  du  grand  ouvrage  de  Wetten- 
gel,  publié  quelques  années  auparavant  (V.  Wet- 
tengel). 

BACHMAYER.  On  a  sous  ce  nom,  qui 
est  probablement  celui  d'un  musicien  autrichien, 
Irente-six  airs  nationaux  arrangés  pour  deux 
clarinettes,  deux  corset  deux  bassons,  imprimés 
à  Vienne,  chez  Steiner. 

BACHMEISTER  (Lucas),  docteur  en  théo- 
logie, professeur  et  surintendant  a  Rostock,  na- 
quit à  Lunehourg  le  18  octobre  1530,  et  mourut 
à  Rostock  le  9 juillet  J608.  On  a  de  lui:  Oratio 
de  Luca  Lossio  ;  Rostock  1562.  II  prononça  cet 
éloge  du  musicien  Lossius  le  jour  où  il  prit  pos- 
session de  sa  chaire  de  théologie. 

BACHSMIDT  (Antoine),  compositeur  et 
virtuose  sur  la  trompette  et  sur  le  violon  ,  naquit 
à  Moelk  en  Autriche,  vers  1709.  Il  fut  pendant 
quelque  temps  inspecteur  des  prisons  dans  sa 
ville  natale;  mais  il  abamlonna  cet  emploi,  et 
se  mit  à  voyager.  Partout  il  obtint  des  applau- 
dissements pour  son  talent  extraordinaire  sur  la 
trompette ,  dont  il  savait  tirer  d<»8  sons  qui  sem- 
blaient ne  pas  appartenir  à  cet  -ustrument.  Il  fut 
enfin  placé  à  la  chapelle  du  prince-évêque  de 
Wùrtzbourg;  mais  il  ne  put  y  rester  longtemps  : 
le  son  de  son  instrument  ayant  causé  des  maux 
de  nerfs  à  la  tanle  du  prince ,  Bachsmidt  fut 
obligé  de  quitter  ce  service  et  fut  récompensé 
ningnifiqucment.  Il  se  rendit  de  là  à  Eichsladt, 
ou   il   fut  placé  à  la  chapelle  du  prince-évôque 


(Jean-Antoine  III).  Bachsmidt ,  y  ayant  arqnis 
une  grande  habileté  sur  le  violon  ,  fut  employé 
par  le  comte  de  Strasoldo,  successeur  du  prince- 
évôque  ,  comme  premier  violon-  de  sa  musique, 
et  |)eu  de  temps  après  comme  directeur  de  ses 
concerts.  Il  commença  alors  à  se  livrer  avec  ar- 
deur à  la  composition  et  à  l'étude  des  ouvrages 
des  meilleurs  maîtres  anciens  et  modernes.  Ses 
premiers  essais  ayant  eu  du  succès,  le  prince 
d'Eichastadt  l'envoya  en  Italie  pour  se  perfection- 
ner. A  son  retour  dans  la  résidence,  le  prince 
le  nomma  directeur  de  sa  chapelle.  Il  composa 
alors  plusieurs  opéras  allemands  et  italiens  qui 
furent  représentés  à  la  cour  et  sur  le  théâtre  de 
la  ville;  sa  musique  d'église  lui  acquit  surtout  une 
grande  réputation.  Il  a  écrit  beaucoup  de  messes, 
vêpres  ,  litanies,  etc.,  dont  les  copies  manuscrites 
se  sont  répandues.  On  connaît  aussi  un  grand 
nombre  de  symphonies,  de  quatuors,  de  con- 
certos ,  de  sa  composition;  mais  il  n'a  été  gravé 
que  six  quatuors  de  violon ,  et  un  concerto  pour 
haut  bois,  deux  violons ,  alto,  basse  et  deux  cors. 
Son  style  rappelle  celui  de  Graun.  Bachsmidt  de- 
vint aveugle  quelques  années  avant  sa  mort,  qui 
arriva  vers  1780. 

BACILERI  (DoM  Jean),  ecclésiastique  né 
à  Ferrare ,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle ,  est  connu  comme  compositeur  par  les 
ouvrages  suivants  :  1°  Vespri  a  otlovoci,  op.  2; 
Venise,  AngeloGardano,  1610,  in-4''.  —  2°  To- 
tum  de/unctorian  oflicium  quinque  vocibus , 
op.  3;  Venise,  Bail.  Magni,  1619. 

BACIL1ER1  (Louis),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Bologne,  et  élève  du  lycée  commu- 
nal de  musique  de  celte  ville ,  a  fait  représenter 
au  petit  théâtre  ContavaHi,  eu  1842,  Sesostri, 
opéra  en  trois  actes  dont  la  musique  a  eu  peu 
de  succès.  Cet  essai  n'a  point  été  suivi  par  d'au- 
tres productions. 

BACILLY  (  BÉNIGNE  de)  ,  prêtre,  né  dans  la 
Basse-Normandie,  vers  1625, n'était  pas  un  com- 
positeur habile,  comme  on  l'assure  dans  le  Dic- 
tionnaire historique  des  musiciens  (Paris,  1810); 
il  avait  au  contraire  fort  peu  de  pratique ,  quoi- 
qu'il ne  manquât  pas  d'une  sorte  de  génie  naturel. 
Bacilly  avait  obtenu  un  bénéfice  qui  l'a  fait  dési- 
gner par  ses  contemporains  sous  le  nom  de 
Prieur  de  Bacilly.  On  volt  par  le  titre  d'un  de 
ses  ouvrages  qu'il  avait  cessé  de  vivre  en  1692. 
Il  a  publié  :  1°  Recueil  des  plus  beaux  vers 
qui  ont  été  mis  en  chant,  avec  le  nom  des 
auteurs,  tant  des  airs  que  des  paroles;  Paris, 
1661  ,  2  vol.  in-12.  —  2°  Remarques  curieuses 
sur  Vart  de  bien  chanter;  Paris,  1668,  in-12. 
—  3"  Premier  et  deuxième  recueils  d'airs  spi- 
rituels à  deux  parties,  par  feu  M.  de  Bassillg 

14. 


212 


BACILLY 


BACKOFEN 


(sic);  Paris,  1692,  2™*'  édition.  —4"  Premier  et 
deuxième  recueils  d'airs  bachiques;  Paris , 
1G77  ,  in-8"  obi. ,  2"""  édition.  Forliel ,  d'après  le 
catalogue  fort  mal  fait  qui  se  trouve  dans  l'iiis- 
toire  de  l'Opéra  du  président  Durey  de  Noinvilie, 
a  écrit  {Allgemeine  Litteratur  der  Musik,  p. 
309  )  De  Bailly  au  lieu  de  Bacilltj  ;  Liclitenthal 
le  copie  aveuglément  en  cette  circonstance  (Bio- 
grafia  délia  Musica,  t.  4,  p.  142),  comme 
il  le  fait  presque  toujours,  et  reproclie  à  E.  L. 
Gerber  d'avoir  écrit  de  Bacilly  d'après  l'autorité 
de  La  Borde.  La  Borde  et  Gerber  ont  nommé  l'au- 
teur des  Remarques  curieuses  par  son  véritable 
nom ,  et  Forkel  et  Lichenthal  ont  été  induits  en 
erreur.  Voici ,  à  cet  égard ,  des  renseignements 
dont  je  garantis  l'exactitude.  L'ouvrage  de  Ba- 
cilly fut  d'abord  imprimé  sans  nom  d'auteur, 
sous  ce  titre  :  Remarques  curieuses  sur  Vart 
de  bien  chanter,  et  particulièrement  pour  ce 
qui  regarde  le  chant  français.  Paris,  Ballard, 
1668,  in-12.  Dans  la  même  année  le  frontispice 
du  livre  fut  changé,  et  l'on  y  ajouta  :  par  le 
Pr.  B.  D.  B.  Le  titre  de  la  deuxième  édition , 
qui  parut  à  Paris,  en  1671 ,  in-12,  chez  G.  de 
Luyne  ,  est  le  même  que  celui  d ,  avec  les  lettres 
initiales  (1).  La  troisième  édition  est  intitulée  : 
L'Art  de  bien  chanter  de  M.  de  Bacilly;  Paris, 
Claude  Bageart,  1679,  in-12.  Le  frontispice  de 
celle-ci  fut  encore  changé  dans  la  même  année , 
et  Bacilly  y  ajouta  une  défense  de  son  livre , 
dont  il  avait  été  fait  une  critique  anonyme.  L'ou- 
vrage ainsi  remanié  porte  pour  titre  :  L'Art  de 
bien  chanter  de  M.  de  Bacilly,  augmenté 
d'un  discours  qui  sert  de  réponse  à  la  critique 
de  ce  traité.  Paris,  chez  l'auteur,  1679,  in-12. 
Enfin  la  quatrième  édition  est  intiliAée  :  Traité 
de  la  méthode  ou  art  de  bien  chanter, par  M. 
de  B***.  Paris,   Guill.    de  Luyne,  1681,  in-12. 

BACK  (P.  CoNRARD  ),  naquit  en  1749  à  Hci- 
gerlo«;li.  En  1770  il  entra  dans  l'ordre  des  Bénér- 
dictins  à  Ottobeuern,  où  il  mourut  en  1810.  Ses 
études  de  musique  ont  été  faites  à  Zweifatlen  , 
sous  le  P.  Ernest  Weibrauch,  ensuite  à  Ottobeuern 
sous  le  P.  François  Scheitzer,  et  enfin  sous  Neu- 
bauer.  11  a  composé  beaucoup  de  messes,  lita- 
nies, etc.  Parmi  ses  compositions,  on  connaît 
aussi  un  opéra  de  Joseph,  dont  les  journaux 
allemands  ont  vanté  le  mérite. 

BACKHAUS  ( Jean-L.  )  ;  V.  Bachaus. 


(1)  B.irbier,  Dictionn.  des  Anonymes,  t.  III,  p.  337, 
n»  18029 ,  2°'=  édit.  )  prétend  que  les  exemplaires  de 
1671  ont  pour  titre  :  Traite  de  la  Méthode,  ou  V/irt  de 
bien  chanter,  et  que  ers  exemplaires  sont  de  la  pre- 
mière édition  avec  iiii  nouveau  frontispice.  Il  y  a  dans 
cette  assertion  plusieurs  erreurs  que  n'aurait  pas  faites 
ce  biblidgraplic  s'il  eût  vu  les  diverses  éditions  du  livre. 


BACKOFEIX  (J.-G.-Heni!1  ) ,    compositeur, 
littérateur  et  virtuose  sur  la  harpe,  le  cor  anglais, 
la  clarinette  et  la  flûte,  vivait  à  Nuremberg  en 
1803 ,  et  naquit  à  Durlach  en  1768.  En  1780  ,  il 
fut  envoyé   à   Nuremberg ,  avec   deux  de   ses 
frères  ,  pour  y  étudier  la  musique  ,   la  peinture 
et  la  littérature.    Il  apprit  en  peu  de  temps  le 
français,   l'espagnol,   l'italien,  et  devint  habile 
peintre  de  portraits.  Ses  maîtres  de  musique  fu- 
rent Gruberpour  la  composition,  et  Birckmann 
pour  les  instruments.  En  1789,  Backofen  était 
déjà  compté  parmi  les  bons  clarinettistes,  et  les 
voyages  qu'il  fit  alors  augmentèrent  beaucoup  sa 
réputation.  Eentré  à  Nuremberg  en  1794,  il  se  mit 
à  étudier  la  flûte,  et  devint  bientôt  l'un  des  pre- 
miers flûtistes  de  l'Allemagne.  Mais  c'est  surtout 
comme  harpiste  et  comme  virtuose  sur  le  cor 
anglais  qu'il  s'est  distingué.  Après  avoir  voyagé 
pendant  plusieurs  années,  il  s'arrêta  à  Gotha  en 
1802,  et  revint  à  Nuremberg  l'année  suivante. 
On  a  de  sa  composition  :  1°  Seize  variations  sur 
l'air    :   Ah!    vous  dirai-je    maman,    pour  la 
harpeà  crochets;  Leipsick,  1779. —  2°  Sonate  pour 
la  harpe ,  avec  ace.  de  violon  ;  ibid.,  1 798.  —  3" 
Concertante  pour  haipe,  cor  de  bassette ,  et  vio- 
loncelle. —  4°   Concertante  pour  harpe,  alto  et 
violoncelle.  —  5°  Treize  variations  pour  la  harpe, 
sur  l'air  Ach  die  lieber  Augustin,  etc. ,  op.  41; 
Leipsick,    1801.  —  6"    Premier,   deuxième  et' 
troisième  caiiiers  de  pièces  pour  la  harpe;  ibid. 
l79d-i802.  —  ~°  Anleitung  zu7nHarfenspiel  mit 
eingeslreuten Bemerhungen  ûker  den  Bander 
ffa//e  (Instruction  sur  l'art  de  jouer  de  la  harpe  , 
avec  des  remarques  sur  la  construction  de  cet 
instrument)  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel,1802. 
Une  deuxième  édition  augmentée  de  cet  ouvrage 
a  paru  en  1827,  sous  le  titre  de  Harfenschule ; 
ibid.  —  8°Anweisung/ur die  Klarinette  und  das 
Bassethorn.  {'^éihoào;   pour  la  clarinette  et  le 
cor  de  bassette);  ibid.,  1803.-9°  Concertante 
pour  deux  clarinettes.  —  10°  Quintuor  pour  corde 
hasselte,  2  violons,  alto  et  basse.  —  1 1°  Premier 
recueil  pour  la  harpe ,  avec  le  doigté  indiqué , 
à  l'usage  des  commençants.  De  plus,  en  manus- 
crit :  1»  Te  Deitm  bref;  — 2°  Musique  pour  l'ou- 
verture du  théâtre  de  Nuremberg,  —  3"  Scène  de 
Métastase. — 4°  Chant  funèbre  pour  la  mort  d'un 
Franc-Maçon,  à  quatre  voix.  — 5°  Trois  concertos 
jiour  cor  de  bassette  ;  —  6°  Grand  concerto  pour  la 
harpe  <i  pédales.  — 7°Quintetto  pour  la  clarinette. 
8°  Plusieurs   pièces  d'harmonie  pour  deux  cla- 
rinettes, deux   cors  et  deux  bassons.  En  1806, 
Backofen  fut  nommé    nmsicien  de  la    chambre 
à  la  cour  de  Gotha.  Il  fit  de  là  quelques  excur- 
sions   à   Leipsick,    à    Munich   et  à    Francfort. 
En  1815,  il  se  fixa  à  Darmstadt,  et  y  établit  une 


BACKOFEN  —  BADER 


213 


iiianufarlnie  (1c  daiinoKes,  quelques  années  aptes. 
Il  y  vivait  encore  en  IS37.  Deux  de  ses  frères  ont 
aussi  emhrassé  la  profession  ilc  musicien.  Le  pre- 
mier, Ernest  né  à  Durlacli  en  1770,  était  premier 
hasson  au  théâtre  de  Nuremberg,  en  1S03;  le 
second,  Godefroid,  né  aussi  à  Durlach,  en  1771, 
jouait  la  première  clarinette  au  môme  théâtre, 
dans  le  même  temps. 

BACON  (Roger),  franciscain  anglais,  na- 
quit à  Ilcliester,  dans  le  comté  de  Sommerset, 
eu  1214.  Il  étudia  d'abord  à  Oxford  ,  puisa  l'u- 
niversité de  Paris,  où  la  réputation  des  profes- 
seurs attirait  des  disciples  de  toutes  les  parties  de 
riilurope.  Revenu  en  Angleterre  en  1240,  il  y 
entra  dans  l'ordre  de  Saint-Fiançois,  et  alla  se 
(i\er  à  Oxford,  où  il  se  livra  à  l'étude  de  la  phy- 
sique. La  nature  l'avait  doué  d'un  génie  qui  le 
porta  à  s'élever  au-dessus  de  son  siècle  et  à  faire 
des  découvertes  qui  lui  ont  mérité  l'admiralion 
des  nations  éclairées  et  les  persécutions  de  ses 
contemporains.  Il  moiiiut  à  Oxford,  vers  1292. 
Au  nombre  de  ses  écrits  se  trouve  un  traité  De 
valore  musices ,  qui  a  été  inséré  dans  son  Opus 
inajus ,  Londres,  1733,  in  fol.  Un  manuscrit  du 
14*  siècle  de  la  bibliothèque  Ambrosienne  de  Mi- 
lan ,  coté  R.  47  ,  in-fol.,  contient  un  petit  traité 
de  musique  de  Roger  Bacon,  sous  ce  titre  : 
Opusculum  valdè  utile  de  musicâ.  Ce  traité, 
<livisé  par  chapitres,  s'étend  depuis  la  page  43 
jusqu'à  la  57*.  Il  ne  contient  rien  qui  le  distingue 
des  écrits  de  .son  temps  sur  cette  matière ,  à  l'ex- 
ception de  celte  question  assez  curieuse  :  Quo- 
modo  pulsus  siie  arterix  musice  moveantiir, 
de  seconda  vero  promissionis  quomodo  natura 
musïcx  in  pulsu  inveniatur,  sicut  dicunt 
Galienuset  Avicena.  C'est  cette  nnême  question 
qui,  longtemps après^a  fourni  au  médecin  Marquet 
le  sujet  d'un  livre  singulier.  (Voy.  Marql'et.  ) 

BACON  (François),  de  Verulam  ,  célèbre 
chancelier  d'Angleterre,  né  en  1560,  mourut 
en  1626.  Cet  homme  de  génie,  l'un  de  ceux  qui 
ont  le  plus  contribué  aux  progrès  des  sciences 
naturelles  par  la  philosophie  positive  qu'il  y  a 
introduite,  a  traité  de  plusieurs  objets  relatifs  à 
la  production  et  à  la  piopagation  des  sons  dans 
les  deuxième  et  troisième  centuries  de  son  im- 
[)ortant  ouvrage  intitulé  :  Sylva  sylvancm,  sive 
liistoria  naturalis.  Ce  livre  se  trouve  dans  ses 
œuvres  complètes  imprim.éesà  Francfort  en  1065, 
iri-fol.,  p.  754. 

BACON  (Richard  Macrensie),  littérateur  et 
musicien  anglais  ,  né  à  Norwich  vers  1788  ,  s'est 
fait  connaHre  avantageusement  par  la  publication 
d'un  écrit  périodique  relatif  à  la  musique,  intitulé  : 
The  Quarterly  musical  Magazine  and  Review, 
dont  le  premier  numéro  a  été  publié  au  mois  de 


]  janvier  1818.  Ainsi  que  l'indique  son  litre,  celte 
j  levuc  devait  paraître  de  trois  en  trois  mois  par 
i  cahiers  qui ,  étant  réunis,  formaient  des  volumes 
d'environ  550  pages;  mais  la  publication  n'a  été 
régulière  que  dans  les  premières  années  ;  dan.-' 
les  derniers  temps,  les  numéros  ont  paru  près  de 
deux  ans  après  l'époque  indiquée.  Le  dixième 
I  volume  a  été  complété  en  1830.  Ainsi  que  la  plu- 
I  part  des  livres  anglais  qui  traitent  de  la  musique, 
ieQuarlerly  musical  Magazine  est  assez  super- 
ficiel en  ce  qui  concerne  les  parties  principales 
de  l'art,  et  en  même  temps,  diffus  sur  des  ques- 
tions de  peu  de  valeur  ;  cependant  cet  écrit  pé- 
riodique n'est  pas  dépourvu  de  mérite.  M.  Ba- 
con, suivant  l'usage  des  anglais,  ne  s'est  pas  fait 
connaître  comme  rédacteur  du  Quarterly  mu- 
sical Magazine;  mais  il  a  publié  sous  son  nom 
un  traité  du  chant  extrait  de  son  recueil  périodi- 
que, sous  ce  titre  :  Eléments  of  vocal  science 
being  a  phtlosophical  enquiry  into  soine  ofthe 
principîes  of  singing  ;  Londres,  Baldwin,  Cra- 
dock  and  Joy,  1824,  in-l2.  Cet  ouvrage  est  écrit 
sous  la  forme  de  lettres,  qui  sont  signées,  dans  le 
Quarterly  musical  Magazine,  du  pseudonyme 
de  Timotheus. 

En  1821 ,  le  projet  d'une  Encyclopédie  de  mu- 
sique fut  fait  à  Londres  :  elle  devait  former  deux 
volumes  grand  in-4''.  démenti,  Bishop,  le  Dr. 
Grotch,  M.  Adams,  et  quelques  autres  musiciens 
et  littérateurs  y  devaient  fournir  des  articles ,  et 
la  rédaction  générale  de  l'ouvrage  devait  être 
confiée  à  M.  Bacon  ,  qui  en  publia  un  prospec- 
tus bien  fait  dans  la  même  année ,  en  une  de- 
mi-feuille in-4o,  du  format  que  devait  avoir  l'En- 
cyclopédie. Celte  entreprise  ne  s'est  pas  réalisée. 
M.  Bacon  habitait  ordinairement  dans  une  maison 
de  campagne  à  Cossey,  près  de  Norwich ,  et  non 
loin  de  Londres. 

BACQUOY  GUÉDON  (Ale.xis),  danseur 
de  la  comédie  française,  retiré  en  1767,  est  auteur 
d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Méthode  pour  exer- 
cer l'oreille  à  la  mesure  dans  l'art  de  la  danse, 
Amsterdam  (Paris),  1778,  in-8°  de  56  pages, 
avec  20  planches  de  umsique.  Le  même  livre  a 
re(>aru  avec  un  nouveau  frontis|)ice,  en  1784. 

BAUENHAUPT(HERMANiN),  directeur  de 
musique  à  l'église  de  Glùkstadt,  dans  le  duché  de 
Holstein,  sur  les  bords  de  l'Elbe,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  dans  cette  ville, 
en  1674  ,  un  ouvrage  intitulé  :  Choragïum  Me- 
licum,  qui  renferme  quarante  morceaux  de  mu- 
sique sacrée  à  troix  voix ,  deux  vicions  et  basse. 
BADER  (Charles- Adam),  néà  Bamberg,  le  10 
janvier  1789,  futconsidérécommeundesmeilleurs 
ténoi  s  de  l'Allemagne.  Son  début  dans  la  carrière 
dramalicpie  eut   lieu   tn   1814,  au    ttjéàtre  de 


214 


BADFR  —  BAKCKEPx 


l?riinswick ,  alors  dirigé  par  Kliiigemann.  Deux 
ans  après,  il  obtint  un  congé  pour  aller  se  l'aire 
entendre  à  Berlin.  Sa  voix  et  son  talent  comme 
acteur  n'avaient  point  encore  acquis  leur  déve- 
loppement; néanmoins  les  représentations  où 
Bader  se  (il  entendre  lurent  autant  de  triomphes. 
Son  engagement  achevé  à  Brunswick,  il  en  con- 
tracta un  à  Berlin,  qui  l'a  fixé  dans  cette  ville. 
Comme  la  plupart  des  chanteurs  allemands,  Ba- 
der  manquait  d'une  éducation  vocale  basée  sur 
une  bonne  mise  de  voix  et  sur  un  noécanisme 
pratique  de  la  vocalisation;  mais  le  timbre  de  sa 
voix  était  de  la  plus  belle  qualité ,  et  son  accent 
avait  beaucoup  de  pathétique  et  d'expression. 
Comme  acteur,  il  avait  d'ailleurs  beaucoup  d'in- 
telligence, de  chaleur  el  de  force.  Son  genre 
était  le  drame ,  et  les  rôles  qui  lui  ont  fait  le 
plus  d'honneur  sont  ceux  d'  Adolar  dans  \''Eu- 
rianthe  de  Weber,  Ae  Liciniiis  dans  la  Veslale, 
de  Corlez  el  de  Masaniello.  Il  comptait  beau- 
coup d'admirateurs  parmi  les  habitués  du  théâtre 
royal  de  Berlin,  mais  les  partisans  de  la  musi- 
que italienne  lui  contestaient  le  titre  dechantenr, 
cl  prétendaient  qu'il  ne  méritait  ses  succès  que 
par  son  jeu.  Bader  parut  pour  la  dernière  fois  sur 
1(!  théâtre  de  Berlin  le  IS  janvier  1849,  dans  le 
lôle  de  Blondel  de  Richard- Cœur-de-lion , 
opéra  de  Grétry.  11  a  publié  de  sa  composition  : 
I  °  V'eni  Creator  à  quatre  voix  et  orchestre;  Bonn, 
Siinrock.  —  2°  Six  Lieder,  avecaccomp.  de  piano; 
Berlin,  Schlesinger. 

BADIA  (C  HAKLES- AUGUSTIN  ) ,  compositcur, 
né  à  Venise,  était  au  service  de  la  cour  de 
Vienne  au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
Ses  ouvrages  sont  :  l"  Nai-ciso,  à  Vienne,  1699. — 
2"  LaNïnfa  Apollo;\'ieme,  1700.  — 3°  La  Cor  te 
céleste,  oratorio  pour  la  fête  de  Sainte-Catherine, 
1702.  —  40  Amore  vuol  somiglianza  ;  1702.  — 
5°  Il  Profeta  EHa,  oratorio,  à  Venise ,  1720.  — 
6°  Giesù  nei  Prestorio,  oratorio,  en  1730.  On  con- 
naît aussi  de  sa  composition,  Tributi  armonici, 
collection  composée  dedouze  cantates  à  voix  seule 
et  clavecin,  gravée  sans  date  et  sans  nom  de  lieu. 

BADIA  (  Louis),  compositeur,  né  à  Tiramo, 
dans  le  royaume  de  Naples  ,  vers  1822,  a  fait 
représenter  à  Bologne,  pendant  la  saison  du  car- 
naval, en  1846,  son  premier  opéra,  intitulé  Gis- 
mondo  de  Mendrisio.  Cet  ouvrage  n'eût  pas  de 
succès.  Un  autre  opéra,  écrit  pour  Florence  par 
le  même  artiste,  n'a  eu  qu'une  représentation. 
Le  15  lévrier  1853  M.  Badia  a  fait  jouer  au  grand 
tliéûtre  de  Trieste  Flavïo  Rachis  ,  opéra  sérieux 
qui  n'a  pas  été  plus  heureux. 

BADiALl  (Ci';sAU  ) ,  ba'^se  chantante  distin- 
guée des  théâtres  d'Italie,  débuta  à  Triesfe  en 
1827.  Après  avoir  brillé  sur  les  Ihéâtres  princi- 


paux ,  particulièrement  à  Milan ,  où  il  chanta 
[tendant  les  années  1830,  31  et  32,  il  fut  engage; 
au  tliéûlre  de  Madrid,  puis  à  celui  de  Lisbonne, 
et  ne  revint  en  Italie  qu'en  1838.  Lorsqu'il  re- 
parut au  théâtre  de  la  Scala ,  à  Milan,  il  y  ob- 
linl  im  succès  d'enthousiasme,  el  il  y  chanta  al- 
ternativement ainsi  qu'à  Vienne  et  à  Turin.  En 
18'i2,  letilre  de  premier  chanteur  de  la  cham- 
bre impériale  lui  fut  accordé,  puis  il  se  fit  enten- 
dre à  RoiiiC,  à  Venise,  à  Trieste,  à  Turin,  et 
dans  d'aulres  villes  moins  imporlanlos.  V.n  184.i 
il  était  à  Livourne;  mais  il  parait  avoir  quille 
la  scène  peu  de  temps  après.  L'Académie  de 
Sainte-Cécile,  de  Rome,  l'admit  au  nombre  de 
ses  membres.  Jl  s'est  fait  connaître  comme  com- 
po^iteur  par  trois  mélodies  intitulées-.  1"  VAd- 
dionMce,  Homauza  ;  Vienne,  Mechelli.  —  2°  H 
Ginramenlo,  pour  mezzo  soprano  ibid.  —  S" 
L'ombra,  romanza,  idem,  ibUI. 

BADIIVO  (Louis-Dii;ui>ONM3),  pocfe  et  mu- 
sicien italien,  naquit  à  Mondovi  le  7  août  I(!7.t. 
Après  avoir  terminé  ses  éludes  littéraires  et  mu- 
sicales, il  embrassa  l'état  ecclésiasli(ine,  et  ob- 
tint les  places  de  maître  de  chapelle  et  de  rec- 
teur du  séminaire  de  Mondovi.  Il  mourut  en 
cette  ville  le  18  novembre  1742.  On  a  imprimé 
de  sa  composition:  Sacri  affectus  pnctici  in 
honorem  D.  Mariai  Virginis,  quatuor  vocum; 
Mondovi,   1712,  in-4'». 

BAfcCKER  (Casimir),  né  à  Berlin,  vers  1790, 
fut  amené  (01 1  jeune  en  France  par  M'"*  de  Gen- 
lis,  qui  en  lit  son  élève  de  prédilection,  particu- 
lièrement pour  la  harpe.  Elle  lui  enseigna  à  jouer 
de  cet  instrument  d'après  son  système,  qui  con- 
sistait à  faire  usage,  dans  l'exécution,  du  petit 
doigt  de  chaque  main  ,  ce  qui  est  contraire  aux 
principes  ou,  si  l'on  veut,  aux  habitudes  des  har- 
pistes. Quoi  qu'il  en  soit  des  avantages  de  ce 
système ,  il  est  certain  qu'il  réussit  complète- 
ment dans  l'éducation  de  M.  C.  Baecker,  doué 
par  la  nature  des  plus  heureuses  dispositions  et 
d'une  volubilité  de  doigts  jusqu'alors  sans  exem- 
ple. Vers  1808,  M.  Baecker  débuta  dans  les  con- 
certs, et  se  fit  applaudir  par  le  brillant  et  la  net- 
teté de  son  jeu  ,  ainsi  que  par  la  beauté  des  sons 
qu'il  tirait  de  l'instrument.  H  était  alors  âgé 
d'environ  dix-huit  ans,  et  n'était  connu  dans  le 
monde  que  sous  le  nom  de  Casimir.  Après  de 
brillants  succès,  il  cessa  tout  à  coup  de  paraître 
en  public,  et  rentra  dans  l'obscurité  de  la  vie 
privée  ,  mettant  autant  de  soin  à  se  faiie  oublier 
(pi'il  en  avait  mis  naguère  à  se  faire  connaître. 
Plus  de  dix-huit  ans  s'écoulèrent,  et  un  petit 
nombre  d'artistes  avaient  seuls  conservé  le  sou- 
venir du  talent  de  M.  Baecker,  lorsqn'en  1829 
il   vint  réveiller  l'attention  du  public  jiar   l'an- 


BAECKER  —  BAKR 


nonce  d'un  cours  de  harpe ,  dont  le  prospectus 
indiiiiiait  la  niiseei:  pratique,  dans  l'enseignement 
de  cet  instrument,  du  système  de  M™*^  de  Gen- 
lis,  devenu  celui  de  son  élève.  J'ignore  quel  fut 
le  succès  de  ce  cours,  mais  je  sais  que  depuis  ce 
it'inps  M.  Baecker  n'a  point  cessé  de  se  livrer  à 
i  enseignement  de  la  harpe.  Au  mois  d'avril  de 
r.innce  1835,  il  s'est  fait  entendre  dans  un  con- 
cert; mais  il  y  fit  peu  de  sensation. 

Dans  les  concerts  qu'il  a  donnés  ,  M.  Casimir 
JJaecker  a  joué  quelques  morceaux  composés  ou 
orrangos  par  lui  :  il  paraît  avoir  gardé  cette  mu- 
sique pour  lui  seul ,  car  je  ne  crois  pas  qu'il  en 
ait  eh'  lien  publié.  Tous  les  catalogues  de  la  France 
et  de  l'Allemagne  sont  muets  à  cet  égard. 

BAEHR  (Jean),  ou  Béer,  ou  Baei\  maître 
des  concerts  du  à'zc.  de  Weissenfels  ,  naquit  en 
1655  à  Saint-Georges  sur  l'Ems,  bourg  du  comté 
de  Klevenhaller,  en  Autriche.   Ses  parents,  qui 
professaient  la  religion  protestante,  étaient  pau- 
vres et  hors  d'état  de  rien  faire  pour  l'éducation 
de  leurs  (ils;  des  moines,  possesseurs  de  la  sei- 
gneurie catholique  où  il  était  né,  se  chargèrent 
de  son  entretien  et  de  son  instruction,  dans  l'es- 
poir de  le  faire  changer  de  religion.  Lorsqu'il  fut 
âgé  de  dix  ans,  on  l'envoya  au  couvent  des  bé- 
nédictins, à  Lambach.  Il  y  fit  de  si  rapides  pro- 
grès dans  les  lettres,  les  sciences  et  la  musique, 
qu'il  put  être  admis,  le   20  octobre    1670,  au 
gymnase  poétique  de  Ralishonne.  Il  s'était  réuni 
dans  celte  ville  à  ses  parents,  qui  avaient  dû  s'y 
retirer  à  cause  de  leurs  opinions  religieuses.    11 
y  resta  plusieurs  années.  Le  magistrat  de  Ratis- 
bonne  lui  fournil  ensuite  les  moyens  d'aller  étu- 
dier la  théologie  à  l'université  de  Leipsick  ;  mais 
il  y  resta  peu  de  temps,  parce  que  sa  belle  voix  de 
ténor,  son  talent  sur  le  violon  et  sur  le  clavecin, 
enfin  son  mérite  comme  compositeur,  le  firent 
appeler  à  la  chapelle  du  duc  Auguste  de  Saxe. 
Après  la  mort  de  ce  piiuce,  il  fut  nommé  maître 
de  chapelle  des  concerts  du  duc  Jean-Adolphe 
de   Weissenfels.  Atteint  d'une  balle  à  la  chasse 
du  sanglier,  il  est  mort  au  mois  d'août  1700,  âgé 
de  quarante-huit  ans. 

Baehr  est  plus  connu  comme  écrivain  polé- 
mique, que  commecompositeur.  Plus  pédant  en- 
core que  savant ,  il  a  porté  dans  ses  disputes 
littéraires  l'oubli  de  toute  convenance.  Ses  ou- 
vrages consistpJit  en  pamphlets  assez  courts, 
quoique  les  titres  en  soient  fort  longs  :  en  voici 
la  liste.  Ursus  murmurât,  das  ist  :  klar  und 
Jeudicher  Beweiss  ,  welcher  gestalten  Herr 
Gottf.  Vockerod,  Recior  des  Gymnasii  illustr. 
zu  Gotha,  in  seinem  den  10  aug.  des  abge- 
tvichenen  1696  Jahres  heraiisgegebencn  pro- 
gramma te  der  Miisik,  und  pcr  consequens  de- 


tien  von   dcrselbcn    dcpenJircndcn   zu    viel 
gelhan  (  L'Ours  murmure ,  ou  preuve  claire  et 
évidente  de  l'ignorance  de  M.  Godefroi  Vocke- 
rodt,  etc.  )  ;   Weimar,  1697,  in-S",   42  pages. 
Celle  diatribe  est  dirigée  contre  un  programme 
intitulé   :  Consultatio  IX  de  cavendo  falsa 
mentium    intemperatarum    medecina;   sive 
abusu  musicorum  exercitiornm,  sub  exemplo 
prmcipum  romanorzim,    par  G.  Vockerodt, 
recteur  à  Gotha.  Baehr  se  désigne  lui-même  sous 
le  nom  àWrsi(s ,  parce  que  celui  de  Baer  signi- 
fie un  ours  dans  la  langue  allemande.  Vokerodt 
ayant  défendu  son  opinion  dans  un  autre  écrit 
intitulé  :  MissbraiKh  der  freijne  Kûnste,  in- 
sonderheit  der  Musik.  {khxxs  i\e&  beaux-arts, 
et  notamment  de  la  musique) ,  Baehr  l'attaqua 
plus    violemment  encore  dans  une   satire  qu'il 
intitula  :  Vulpes  vulpinatur ,  List  wider  List , 
oder  die  musikalische  Fuchsjagd  (  Le  renard 
est  pris,  ruse  contre  ruse,  ou  la  clia«se  musi- 
cale   aux   renards);  Weissenfels ,   1697,   iu-4", 
12  feuilles.  Cette    dispute  donna  encore  lieu   à 
d'autres  pamphlets  de  Baehr,  qu'  il  intitula  Ur- 
sus  sallat,   Ursus  triomphât,  etc.   Les   au- 
tres  ouvrages    de   ce  musicien   sont   :  \" Bel- 
lum  musicum,  oder  musikalischer  Krieg.  (I,a 
guerre  musicale)  ;  Weimar,  1701,  in-4",  4  feuil- 
les 1/2.  —  2o  Musikalische  Discurse  durch  die 
Principia  der  Philosophie  deducirt,  etc.  Nu- 
remberg, 1719,  in-8%  219  pages.  Cet  ouvrage, 
comme  on  voit,  a  été  publié  longtemps  après  la 
mort  de  l'auteur.   Baehr  y  donne  la  solution  de 
soixante  questions  relatives  à  la  musique,  dans  un 
nombre  égal  de  chapitres.  A  la  lin  du  volume,  on 
a  réimprimé  l'opuscule  intitulé  -.  Bellum  musi- 
cum. Baehr  a  laissé  en  manuscrit  un  traité  de 
composition  intitulé  :  Schola  phonologica ,  seu 
Tractalus  doctrinalis  de  compositione  harmo- 
nica, qui  a  été  en  la  possession  de  Mattheson. 
Celui-ci,  dont  le  caractère  avait  de  l'analogie  avec 
celui  de  Baehr,  assure  que  ce  musicien  était  gai , 
qu'il  était  recherché  dans  le  monde,  et  que  ses 
ouviages  portent  l'empreinte  de  la  sérénité  de  son 
esprit.  (V.  Mattheson,  Grundlage  einer  Ehren- 
pforte,  p.  15.).  Baehr  a  laissé  en  manuscrit  quel- 
ques ouvrages  de  philosophie. 

BAEHR   (O.).  On  a  publié   sous  ce  nom 
six  Lieder  h  quatre  voix  (  soprano,  alto,  ténor  et 
basse  ) ,    Leipsick  ,   Breitkopf  et  Haertel ,  et  six 
Lieder  pour  mezzo  soprano  ,  avec  accomp.  de 
piano,  ibid. 
BAEHR  (Joseph).  Foyes  Béer. 
BAER  (Henri).   On  a  gravé  sous  ce  nom 
trois  duos  pour  deux  violons ,  chez  Breitkopf  et 
Haertel ,  à  Leipsick. 
BAERMAKÎV  (JEAN-FrÉDÉiuc),  bassoHisle 


316 


BAERMANN 


et  flûtiste  à  Halfe ,  a  publié  divers  ouvrai;es  <le 
sa  composition  :  1°  Trois  duos  pour  deux  lli"itcs, 
œuvn; premier;  Leipsick,  1798.  — 2"  TTohidcm, 
œuvre  deuxième;  ibid. —  3°Troisduos  pour  violon 
et  violoncelle,  œuvre  quatrième;  ;6i(/,  1799. — 
4°  Trois  duos  pour  violon  et  alto,  op.  fi,  et  trois 
idem,  op.  7  ;  Offenbacli ,  17'J!).  —  5°  Trois  duos 
pour  deux  llùles,  o|).  8,  18()'2. 

BAEH!VIAi\I\(  HENni-JosKPu),  virtuose  sur 
la  clarinette,  est  né  à  Fotsdam,  le  14  février  1 783. 
A  l'âge  de  onze  ans  il  fut  admis  dans  l'école  de 
musique  militaire  de  cette  ville,  et  y  commença 
son  éducation  nnisicale.  l'ius  tard  il  eut  le  bou- 
deur de  recevoir  des  leçons  ducélèbre  clarinettiste 
Béer,  qui  lui  (it  faire  de  rapides  progrès  dans 
l'art  de  jouer  de  son  instrument.  Malbeureusement 
les  devoirs  multipliés  du  service  militaire,  oij  il 
était  engagé,  lui  laissaient  peu  de  temps  à  donner  à 
ses  études.  Mis  de  soldat,  il  était  de  droit,  suivant 
les  lois  de  son  pays,  soldat  lui-môme,  et,  comme 
tel ,  obligé  de  sacrilîer  sans  cesse  ses  pencliaiils 
aux  exigences  despotiijues  de  sou  état.  Pemlant 
dix  ans,  lui  que  la  nature  et  le  travail  avaient 
fait  lui  des  artistes  les  plus  remarquables  de  son 
temps,  fut  obligii  de  faire,  comme  un  simple 
manœuvre  de  musique  ,  le  service  declarinetlisie 
ordinaire  dans  le  premier  bataillon  de  la  garde 
royale  de  Prusse ,  cl  celui  de  première  clarinette 
de  la  musique  du  roi.  Les  événements  qui  suivi- 
rent la  bataille  d'iéna  lui  rendirent  la  liberti'  ;  il 
en  profita ,  quitta  sa  patrie,  et  se  rendit  en  Ba- 
vière, où  il  fut  [)lacé  en  1806  dans  la  musique  de 
la  cour.  En  1818  il  fit  son  premier  voyage  dans 
la  Suisse  et  le  midi  de  la  France,  et  partout  son 
talent  excita  l'entbousiasme.  De  retour  à  Mu- 
nicb  ,  il  y  apprit  la  réorganisation  de  la  cbapelle 
du  roi  de  Prusse,  et  crut  devoir  offrir  d'y  re- 
j)rendredu  service;  mais,  ses  propositions  n'ayant 
pas  été  acceptées ,  sa  liberté  lui  fut  définitivement 
acquise.  En  1811,  Cbarles-Marie  de  Weber  alla  à 
IMunicb  pour  y  donner  des  concerts;  Baermann, 
dont  ce  compositeur  admirait  le  grand  talent,  se 
lia  avec  lui  d'une  étroite  amitié ,  et  en  obtint  trois 
concertos  de  clarinette,  qui  furent  composés  ex- 
pressément pour  lui.  Pendant  l'automne  de  la 
même  année,  ces  artistes  firent  ensemble  un  voyage 
de  concerts ,  et  se  firent  entendre  à  Gotlia,  Wei- 
mar,  Dresde,  Prague  et  Berlin.  En  1813  Baermann 
visita  pour  la  première  fois  la  capitale  de  l'Autriclie  ; 
son  talent  y  excita  l'enthousiasme,  comme  cela 
était  arrivé  dans  toutes  les  villes  que  l'artiste  avait 
visitées.  Deux  ans  après  il  lit  un  voyage  en 
Italie,  et,  malgré  l'indifférence  des  habilanis  de 
ce  pays  pour  la  musique  instrumentale  ,'  il  obtint 
partout  de  brillants  succès,  |)articulièreuient  à 
Venise,  où  il  donna  un  concert  qui  (ut  dirigi-  par 


Eybler.  Arrivé  à  Paris  vers  la  fin  de  1817,  il  y 
donna  des  concerts  avec  M""'  Catakni ,  et  s'y  (it 
entendre  plusieurs  fois  dans  les  concerts  de  ta 
semaine  sainte.  Ou  y  admira  la  belle  qualité  des 
sons  qu'il  tirait  de  son  instrument,  le  brillant  de 
son  exécution  et  l'élégance  de  son  style  ;  mais 
cette  admiration  fut  stérile,  car  on  ne  songea 
point  à  fixer  Baermann  à  Paris  pour  servir  de 
modèle  aux  jeunes  gens  qui  se  livraient  ii  l'étude 
de  la  clarinette  dans  le  Conservatoire.  Depuis 
cette  époque,  Baermann  a  l'ait  plusieurs  au- 
tres voyages,  recueillant  partout  des  témoignages 
d'intérêt  pour  son  beau  talent;  le  premier  à 
Dresde,  en  1819;  l'année  suivante  à  Londres, où 
il  était  appelé  par  la  Société  pbilbarmonique;  en 
1821  à  Vienne;  en  1822  et  1823  en  Russie  et  en 
Pologne  ,  enlin,  en  1827,  à  Berîin,  Copenhague 
ctllambourg.  En  1833,  il  retourna  à  Pétersbourg, 
et  postérieurement  il  visita  de  nouveau  quel- 
ques grandes  villes  de  l'Allemagne  et  (it  un 
.«lecond  voyage  à  Paris.  Toute  l'Allemagne  le  con- 
sidéia  longtemps  comme  un  modèle  de  pcrfei'- 
tion  dans  l'art  de  jouer  de  la  clarinette.  Les 
compositions  qu'il  a  publiées  sont  au  nombre 
d'environ  trente-cinq  œuvres.  On  y  remarque 
plusieurs  concertos  et  concerlinos,  particulière- 
ment les  œuvres  24  ,  27  et  28,  publiés  à  Leipsick, 
chez  Breitkopf  et  Haeitel  ;  des  airs  variés  avec 
orchestre,  œuvres  12,20,  21  et  29,  Bonn,  Siin- 
rock;  Paris,  Gambaro;  Leipsick,  Hofmeister,  et 
Br.  et  Haertel  ;  des  fantaisies  et  des  sonates  avec 
orchestre,  œuvres  20  et  31;  des  quinlettis  pour 
clarinette,  deux  violons,  alto  et  violoncelle,  œu- 
vres 19,  22  et  23,  Leipsick,  Br.  et  Haerlel  ;  des 
quatuors  pour  clarinette,  violon,  alto  et  basse,  œu- 
vres, 18  et  25,  Leipsick,  Br.  et  Haertel,  Mayence, 
Schott  ;  des  duos,  études  et  solos.  Baermann  est 
mort  à  Munich  le  16  juin  1847,  à  làge  de 
soixant-quatre  ans. 

BAERMAI\I\  (Charles),  frère  du  précé- 
dent, né  comme  lui  à  Potsdam,  reçut  aussi  son 
éducation  musicale  dans  l'école  de  musique  mi- 
litaire des  grenadiers  de  la  garde  royale.  Après 
avoir  servi  longtemps  comme  musicien  dans  un 
bataillon  de  cette  garde,  il  fut  noinmé  premier 
bassoniste  de  la  chapelle  du  roi  de  Prusse,  tl 
mourut  il  Berlin,  le  31  mars  1842,  comme  mu- 
sicien pensionné  de  la  cour.  On  a  de  cet  artiste 
un  article  qui  a  été  publiédansla  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick  (ann.  22*,  col.  601  ),  sous  ce 
titre  :  Ueber  die  Nalurund  Eigenthûmliclilicit 
des  Fagots  ,  iiber  seinen  Gtbraucli  als  Solo 
und  Orchcsler-Itistrument  (Sur  la  nature  et  les 
propriétés  du  basson,  sur  son  usage  comme  ins- 
trument de  solo  et  d'orchestre).  Cet  article  est 
peu  développé. 


BAERMANN  —  BAGLIONI 


217 


BAERMi\I\I^  (Charles),  fili  de  Henri- 
Joseph,  né  à  Munich,  en  1820,  a  reçu  de  son  père 
toute  son  éducation  musicale.  Devenu  fort  habile 
sur  la  clarinette  et  lecordebassetle  (sorte  de  clari- 
nette alto),  il  fut  placé  comme  seconde  clarinette 
dans  la  chapelle  royale  de  Bavière,  à  l'âge  de  qua- 
torze ans.  Dans  les  années  1838  et  1839  il  a  fait 
avec  son  père  un  grand  voyage  dans  l'Allemagne 
méridionale ,  dans  les  provinces  rhénanes ,  en 
Hollande,  en  Belgique  et  à  Paris.  Us  obtinrent 
dans  celle  ville  un  grand  succès,  particulièrement 
dans  «n  concert  du  Conservatoire,  oii  ils  exécu- 
tèrent une  symphonie  concertante.  De  retour  à 
Munich,  Charles  Baermann  y  a  repris  ses  études 
et  a  perfectionné  sou  talent  presque  à  l'égal  de 
celui  de  son  père,  dont  il  a  été  le  successeur  dans 
la  chapelle  royale  de  Bavière.  On  a  publié  de  sa 
composition  jusqu'à  ce  jour  (1858)  environ  vingt- 
cinq  œuvres  de  fantaisies,  vai  iations  et  divertis- 
sements pour  clarinette,  avec  orchestre  ou  piano, 
à  Munich,  chez  Falter,  et  à  Mayence,  chez  Schott. 

BAERWALD  (Frédékic-Henki).  Il  a  paru 
sous  ce  nom ,  une  brochure  de  quatre  feuilles , 
qui  a  pour  titre  :  Die  neuesten  Erfindungen 
und  Verbesserungen  an  den  musikalisciicn 
Instnnnenten ,  soioohl  Saiten-als  Blasinstru- 
menten,  insbesondere  des  Forte-piano  und 
anderer  Tastenïnstrumente ,  etc.  (Les  plus 
nouvelles  inventions  et  les  derniers  perfection- 
nements des  instruments  de  musique,  etc.); 
Quedlinbourg  et  Leipsick,  Gott.  Basse,  1833, 
in-S",  avec  trois  planches  contenant  77  figures. 

lîAGATELLA  (Antoink),  né  à  Padoue, 
veis  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  écrit  un 
opuscule  intitulé  :  Régale  per  la  costruzione 
de'  violini,  viole,  violoncelli  evioloni,  Memoria 
presenfataair  Academia  délie  scienze,  lettere 
ed  arli  di  Padove,  al  concorso  del  pretnio 
delV  arli  delV  anno  1782;  Padoue,  1786,  24  pa- 
ges gr,  in-4°,  avec  2  planches.  Le  travail  de  Ba- 
gatella,  qui  avait  été  fait  pour  un  concours  proposé 
par  l'académie  de  Padoue,  obtint  le  prix  et  fut 
publié  aux  frais  de  l'académie.  Il  y  a  dans 
cet  ouvrage  quelques  préceptes  utiles  pour  la 
construction  des  instruments  à  archet,  puisés 
dans  les  proportions  de  Stradivari  et  des  autres 
habiles  luthiers  de  l'école  de  Crémone;  mais  il 
est  à  regretter  que  l'auteur  du  mémoire  ne  lui  ait 
pas  donné  plus  de  développements.  L'opuscule 
de  Bagatellaaété  traduit  en  allemand  parSchanm, 
sous  ce  titre  :  Ueber  den  Bau  der  Violine, 
Bratsclie  und  Violoncell  ;  Leipsick,  Kùhnel, 
1806,  in-8°. 

BAGATTI  (François),  excellent  composi- 
teur et  organiste  à  Sainte-Marie  délia  Porta ,  à 
.Saint-Victor  et  au  Saint-Sépulcre  à  Milan,  vers 


le  commencement  du  dix-septième  siècle,  a  publié 
deux  œuvres  de  motets,  ainsi  que  des  messes  et 
des  psaumes.  Piccinelli,  qui  nous  fait  connaître  ce 
musicien  dans  son  Ateneo  de"  Letterati  Mila- 
nesi  (p.  139),  n'indique  ni  le  lieu  ni  la  date  de 
ces  publications. 

BAGGE  (Charles- Ernest,  baron  de),  cham- 
bellan du  roi  de  Prusse,  vivait  à  Paris  vers  1783. 
Amateur  passionné  de  la  musique,  il  recherchait 
les  artistes,  leur  ouvrait  sa  bourse,  les  accueillait 
chez  lui,  et  appréciait  bien  leur  talent.  Malheu- 
reusement il  ne  conservait  pas  le  même  tact 
lorsqu'il  s'agissait  de  lui.  Il  avait  appris  à  jouer 
du  violon,  et,  quoiqu'il  jouût  faux,  il  croyait 
être  de  la  première  force.  Dans  cette  persuasion , 
il  invitait  la  plupart  des  violinistes  qu'il  connais- 
sait, ceux  même  qui  jouissaient  de  la  plus  bril- 
lante réputation,  à  prendre  de  sas  leçons;  et 
lorsqu'ils  lui  objectaient,  pour  se  débarrasser  de 
ses  importunités ,  la  nécessité  d'utiliser  le  temps 
pour  vivre  ,  il  leur  offrait  île  les  payer  pour  qu'ils 
devinssent  ses  élèves.  Ce  ridicule  lui  fit  donner  le 
nom  de  Francaleu  du  violon.  L'empereur  Jo- 
seph II  loi  dit  un  jour  :  Baron,  je  n''ai  jamais 
entendu  personnetjouer  du  violon  comme  vous. 
Outre  son  goût  pour  le  violon,  il  avait  aussi  la 
manie  de  composer;  il  a  fait  graver  à  Paris, 
en  1783,  un  concerto  que  Kreutzer,  alors  fort, 
jeune,  exécuta  avec  beaucoup  de  succès,  et 
précédemment  (en  1773),  six  quatuors  concer- 
tants pour  deux  violons,  alto  et  basse,  œuvre  I. 
On  trouve  aussi  dans  le  catalogue  de  Westphal , 
marchand  de  musique  à  Hambourg,  l'indication 
d'une  symphonie  à  huit  parties ,  de  la  composition 
du  baron  de  Bagge.  H  est  mort  à  Paris,  en  1791. 
Hoffmann  a  fait  du  baion  de  Bagge  le  sujet  d'un 
conle  où  l'on  trouve  le  cachet  deson  talent  original. 

BAGGE  (Selmar),  violoncelliste  à  Lemberg, 
né  eu  Bohême  vers  1815,  est  élève  du  Conserva- 
toire de  Prague.  En  1841  il  se  fit  remarquer 
comme  compositeur  distingué  par  une  ouverture 
exécutée  dans  le  troisième  concert  de  celte  année 
à  Lemberg,  et  par  un  concerto  de  violoncelle  dans 
lequel  il  fit  preuve  d'une  rare  habileté  sur  son 
instrument.  En  1847  il  était  à  Vienne,  et  y  brillait 
dans  les  concerts.  Il  a  publié  quelques  composi- 
tions parmi  lesquelles  on  remarque  une  jolie  so- 
nate facile  pour  piano  et  violoncelle,  op.  3;  Vienne, 
Hasiinger. 

BAGL10;\I  (Louis),  de  Milan,  fils  de  Fran- 
çois Baglioni ,  musicien  de  la  chambre  à 
Ludwigsburg,  et, depuis  1770,  un  des  meilleurs 
violinistes  de  la  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg, 
a  composé  la  musique  de  Tancref/c,  etdeto  Giiin- 
guctle  allemande  (1777),  qui  ont  été  repré- 
sentes à  l'Opéra  deSlultgard. 


218 


BAGLIONI  —  BAILLON 


Un  avilio  artiste  (le  ce  nom,  qui  vit  à  Milan,  s'est 
(ait  connaître  par  un  grand  duo  pour  violon  seul, 
à  l'usage  de  Paganini ,  Milan,  Ricordi,  et  par 
des   Eserclzï  per  iLCunto  lib.  1  et  2.  ibid. 

Plusieurs  chanteurs  et  cantatrices  de  la  mûme 
famille  ont  brillé  sur  les  théâtres  d'Italie  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huilième  siècle. 

BAGLÎVI  (Georges),  célèbre  médecin  et 
professeur  de  la  Sapience  à  Rome,  membre  de  la 
Société  Royale  de  Londies  et  de  celle  des  Curieux 
de  la  nature,  naquit  à  Haguse  en  1663,  et  mourut 
à  Rome  en  1706,  à  l'âge  de  trente-huit  ans, 
épuisé  par  le  travail.  H  a  publié  une  dissertation 
Deanatomia,  morsu  et  cjfect'ibiis  Tarentiilœ,- 
Kome  1695.  Elle  a  cto  iu^^éne ensuite  dans  la  col- 
lection de  ses  œuvres,  intitulée  :  Opéra  omnia 
medico-praclica  et  anatomica,  dont  il  y  a  eu 
des  éditions  à  Lyon  en  1704,  1710,1715,  1745;  à 
Paris,  1711  ;  à  Anvers,  1715;  à  RAle,  1737;  à 
Venise,  17.'i4  ,  et  enlin  une  dernière  donnée  jiar 
Pinel,  avec  des  corrections,  des  notes  et  une 
préface,  Paris,  1788,  2   vol.  in-8°. 

L'abbé  lieriim  {Dizion.slor.  ait.  degli  Scril- 
tori  di  musica,  etc.,  t.  I,  p.  73),  cite  une  tra- 
duction italienne  de  la  diss^tation  de  Baglivi, 
sous  ce  titre  :  Dissertazione  sugli  e/fetli  délia 
musica  nelle  malattie  occagionate  dalla  mor- 
.sicatura  délia  tarnntola ,  Rome,  1696.  Dans 
ce  morceau,  Baglivi  établit  comme  des  faits  irré- 
cusables et  les  effets  de  la  morsure  de  l'araignée 
connue  sous  le  nom  de  tarentule ,  et  ceux  de  la 
musique  pour  la  guérison  du  mal.  Il  cite  à  ce 
sujet  plusieurs  expériences  qui  lui  paraissent 
di'cisives;  mais  Serao,  professeur  de  médecine  à 
l'Université  de  Naples,  a  attaqué  avec  vivacité 
la  réalité  de  ces  expériences,  dans  ses  Lezioni 
academiche  délia  Tarantola  (Naples,  1742); 
plusieurs  savants  médecins  se  sont  rangés  de  son 
avis,  tandis  que  d'autres,  tels  que  Kaliler,  Sta- 
roste,  Mojon  et  Licbtenthal,  ont  adopté  les  idées 
de  Baglivi. 

BAGI\I  (Benoît),  musicien  né  à  Ferrare 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
attaché  au  service  de  l'illustre  maison  des  Anziani 
de  Bologne.  Il  a  publié  de  sa  composition  Motetti 
a  olto  voci ,  lib.  I.  Venise,  Vincenti ,  1608, 
in-'i". 

lîAHlX  (t. -G.),  claveciniste,  qui  vivait  à 
Berlin  en  1790  ,  a  publié  dans  cette  ville  six  so- 
nates pour  le  cl.ivecin,  œtivre  l". 

BAIF  (Jean-Antoine  he),  fds  de  Lazare  de 
Baif,  naquit  à  Venise  en  1532.  Au  lieu  de  suivre 
la  carrière  diplomatique,  dans  laquelle  il  eftt  pu 
réussir  par  sa  naissance  et  ses  latents,  il  aima 
mifMix  se  livrer  exclusivement  à  la  poésie  :  il  ne 
fut  (epcndant  qu'un   poète  médiocre,   dans   la 


manière  de  Ronsard.  En  1570,  il  obtint  de 
Charles  IX  des  lettres  patentes  pour  l'établisse- 
ment d'une  académie  de  poésie  et  de  musique, 
qui  ne  put  se  soutenir.  Il  mourut  à  Paris,  pauvre 
et  oublié,  le  19  septembre  1589.  Indépendamment 
de  ses  poésies,  il  a  publié  quelques  ouvrages  re- 
latifs à  la  musique;  en  voici  les  titres  :  1"  Ins- 
truction pour  toute  musique  des  huit  divers 
tons,  en  tablature  de  Luth,  Paris,  15..,in-8". 
—  2"  Instruction  pour  apprendre  la  tablature 
de  guiternc  {guitare);  Paris  15..  —  's"  Douze 
chansons  spirituelles,  paroles  et  musique; 
Paris,  Adrien  Le  Roy,  1562,  in-4°.  —  4°  Premier 
et  deuxième  livres  de  chansons  à  quatre  par- 
ties;P!nh,  1578,  1580.  Les  auteurs  du  Diction- 
naire des  musiciens  (Paris,  1810-1811)  disent 
que  Buïf  fut  secrétaire  de  Charles  IX  :  je  ne 
trouve  celte  assertion  confirmée  nulle  part. 

BAILDOIV  (Joseph),  musicien  anglais,  a 
fait  graver  une  collection  de  chansons  anglaises 
intitulée  :  The  Lavrel,  a  new collection  o)  en- 
glish  songs  ;  Londres  1797.  — -  2°  Ode  ta  conten- 
tment;  Londres,  .sans  date.  —  3"  Love  in  a  vil- 
lage, petit  opéra  en  collaboration  avec  Beinard, 
1763. 

B  AILE  Y  (Anselme),  musicien  anglais  qui 
vivait  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  publié 
un  ouvrage  intitulé  :  A  practical  Treatise  on 
singing  and  playing  with  just  expression  and 
rcal  élégance  (Traité  pratique  sur  l'art  de 
chanter  et  de  jouer  avec  élégance  et  expression)  ; 
Londres,  1771,  in-8°.  C'est  un  livre  de  peu  de 
valeur  et  qui  ne  contient  que  des  préceptes  géné- 
raux assez  vulgaires. 

BAILLEUX  (Antoine),  professeur  et  mar- 
chand de  musiqueà  Paris,  était  aussi  compositeur. 
On  a  de  lui  les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Le  Bouquet  de  l'Amitié ,  cain\ali\\p..  — 2°  Six 
Symphonies  à  quatre  parties,  Paris,  1758.  — 
3°  Méthode  de  chant,Par\s,  l760,in-lol.— 4"S/.2; 
Symphonies  à  grand  orchestre ,  1767.  —  5"  Jlé- 
thode  raisonnée  pour  apprendre  à  jouer  du 
violon,  avec  le  doigté  de  cet  instrument,  et  les 
différents  agréments  dont  il  est  susceptible;  pré- 
cédée des  principes  de  la  musique.  Paris,  1779, 
iu-fol.  Le  même  ouvrage  a  été  reproduit  avec  lui 
autre  litre,  comme  une  nouvelle  édition,  en  1 798. — 
6°  Les  petits  concerts  de  Paris.  —7°  Solfèges 
pour  apprendre  facilement  la  musique  vocale 
et  instrumentale,  Purh,  1784,in-4°.  —  8"  Jour- 
nal d'ariettes  italiennes,  dont  il  a  paru  dix 
années.  Bailleux  est  mort  à  Paris,  en  1791. 

BAILLOIV  (  Pierre  Joseph),  maître  ordi- 
naire de  la  musique  du  duc  d'Aiguillon,  vivait  à 
Paris  vers  latin  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de 
lui   :   Psouvelle  méthode  de   guitare  selon  le 


BAILLON  —  BA.ILLOT 


21» 


syslhne.  des  meilleurs  antenrs,  contenant  les 
moyens  les  p/j<.s-  clairs  et  les  plus  aisés  pour 
apprendre  à  accompagner  une  voix,  et  par- 
venir à  jorter  tout  ce  qui  est  propre  à  cet 
instru7nent iPsivis,  1781,  in-4°.  Bâillon  a  aussi 
rédigé  un  journal  de  violon  et  La  muse  lyrique, 
journal  d'ariettes  avecaccomp.  de  liarpe  ou  de 
tjuitare,  depuis  1772  jusqu'en  1784. 

lîAILLlOIVI  (M.  Giovanni),  mécanicien ,  né 
à  Milan,  a  invente  un  orgue  mécanique  d'une 
construction  fort  ingénieuse,  pour  être  placé  dans 
les  jardins  de  la  villa  de  Leinate  qui  appartenait 
à  la  comtesse  Visconti.  La  description  de  cet  ins- 
trument a  élé  donnée  par  riiiventeiir  dans  le 
Giornale  de' Lefferatl  d'Italia,  tom.  X,  t.  XI, 
p.  489-498.  Cette  description  a  pour  titre  :  Ma- 
china pneumalica,  inventa/a  da  M.  G.  Bail- 
Honni  ,fatta  d'ordine  délia  eccellentissima 
signora  Visconti,  per  le  delizie  délia  sua  villa 
di  Leinate. 

BAILLOT  (  PiERKE- Marie-François  de  Sa- 
i.KS  ),  un  des  plus  célèbres  violinistes  que  la 
France  ait  [)roduits,  est  né  à  Passy,  piès  de  Paris, 
le  1"  octobre  1771.  Son  père,  avocat  au  parle- 
ment de  Paris ,  avait  été  envoyé  en  1768  en  qua- 
lité de  procureur  du  roi ,  à  Ajaccio  en  Corse,  où 
il  avait  su  se  concilier  l'estime  et  l'affection  géné- 
rale. De  retour  en  France  en  1771,  il  établit  à 
Passy  une  maison  d'éducation,  et  plus  tard,  à 
Paris ,  un  pensionnat  pour  l'enseignement  de  la 
jurisprudence.  Dès  l'âge  le  plus  tendre,  Baillot 
annonça  de  rares  dispositions  pour  la  musique, 
elle  violon  avait  tant  d'attrait  pour  lui,  qu'il  par- 
vint à  jouer  sur  cet  instrument  plusieurs  airs  sans 
qu'on  les  lui  eût  enseignés.  Vers  l'âge  de  sept  ans, 
on  iui  donna  pour  premier  maître  Polidori ,  Flo- 
rentin, qui  avait  peu  d'exécution,  mais  qui  ne  man- 
quait |)asd'enlliousiasme  et  qui, cliaque  jour,  par- 
lait à  son  élève  de  l'Italie.  En  1780,  Baillot  étant 
revenu  à  Paris  avec  ses  parents,  son  professeur 
de  violon  fut  Sainte-Marie,  artiste  français  dont 
la  sage  sévérité  lui  donna  ce  goût  de  l'exactitude 
et  de  la  netteté  qu'on  remarquait  dans  son  jeu. 
Baillot  n'a  point  oublié  ce  qu'il  doit  à  son  maître, 
sous  ce  rapport;  il  en  conserva  de  la  reconnais- 
sance jusque  dans  sa  vieillesse.  Une  circonstance 
inattendue  vint  exercer  tout  à  coup  sur  ses  progrès 
une  influence  remarquable  et  prolongée.  Il  n'avait 
que  dix  ans  lorsqu'on  le  conduisit,  en  1782,  au 
concert  spirituel  qui  se  donnait  alors  au  palais  des 
Tuileries,  dans  l'endroitqu'onappelleaujourd'hui 
la  Salle  des  Maréchaux  :  il  y  entendit  une  seule 
lois  Viotti  dans  ses  brillants  débuts.  Sans  avoir 
pu  garder  à  cet  âge  aucun  souvenir  positif  ni  du 
morceau  joué  par  Viotti ,  ni  du  caractère  de  son 
talent,  il  lui  resta  de  ce  grr;!id  artiste  une  telle 


impression  que  dès  ce  moment  il  devint  l'idéal 
de  sa  pensée,  et  que  longtemps  après,  babitant 
des  contrées  éloignées  ,  Viotti  était  toujours  poiu- 
lui  le  modèle  de  la  perfection  qu'il  voulait  at- 
teindre ,  mais  à  sa  manière.  Le  basard  ne  lui 
fournit  que  vingt  ans  après  l'occasion  de  l'en- 
tendre de  nouveau  et  de  savoir  enfin  s'il  allait 
retrouver  en  lui  le  héros  que  son  imagination 
s'était  créé  ;  ce  fut  alors  que,  frappé  d'admiration 
pour  le  style  de  Viotti,  si  simple,  si  expressif  et 
tout  à  la  fois  si  majestueux,  il  s'écria  :  Je  le 
croyais  Achille  ;  mais  c'est  Agamemnon. 

En  1783  Baillot  parfit  avec  sa  famille  pour 
Bastia,  où  son  père,  nommé  substitut  du  procu- 
reur général  au  conseil  supérieur  de  Corse,  mou- 
rut quelques  semaines  après  son  arrivée.  M.  de 
Bonclieporn,  intendant  de  cette  île,  touché  de  la 
pénible  position  de  sa  famille,  qui  venait  de  per- 
dre son  seul  appui,  offrit  à  la  veuve  de  se  char- 
ger de  l'éducation  de  son  fils.  11  l'associa  à  ses 
enfants  et  l'envoya  avec  eux  à  Rome,  où  ils  res- 
tèrent treize  mois.  Là,  Baillot  eut  pour  troisième 
et  dernier  maître  de  violon  Pollani,  élève  deNai- 
dini,  qui,  dans  ses  leçons ,  ne  cessait  de  dire  à  son 
élève  :  Bisogna  spianare  l'arco  (il  faut  étendre 
l'archet,  élargir  le  jeu)  ;  obligation  qui  sympa- 
thisait à  merveille  avec  l'enthousiasme  excité 
dans  l'âme  du  jeune  disciple  par  la  vue  du  Ca- 
pitole.  Pendant  son  séjour  à  Rome,  Baillot,  âgé 
seulement  de  treize  ans ,  se  fit  entendre  aux 
conversations  du  cardinal  de  Binnis  et  à  l'Aca- 
démie de  France,  dont  Lagrenée  était  directeur. 
Le  célèbre  peintre  David  s'y  trouvait  alors.  De 
retour  en  Cor.^e  dans  l'année  1783,  Baillot  se  ren- 
dit bientôt  à  Bayonne,  habita  pendant  cinq  ans 
alternativement  cette  ville,  Pau,  Auch  et  les  Py- 
rénées, s'occupant  peu  de  musique,  et  accornpa- 
gnantM.de  Bonclieporn  dans  toutes  ses  tournées, 
en  qualité  de  secrétaire.  Cependant,  toujours 
passionné  pour  le  violon,  il  profitait  de  tous  les 
instants  de  loisir  pour  s'exercer  dans  la  solitude 
des  bois  et  des  montagnes. 

Les  intendances  ayant  été  supprimées,  Baillot 
vint  à  Paris  an  mois  de  février  1791,  résolu  d'y 
chercher  provisoirement  des  ressources  dans 
son  talent.  Présenté  à  Viotti,  il  l'élonna  pnr  la 
largeur  de  son  exécution.  Lé  célèbre  maître  lui 
offrit  une  place  dans  l'orchestre  du  théâtre  Fey- 
deau,  où  les  admirables  chanteurs  italiens  de 
l'opéra  bouffon  jouaient  alternativement  avic 
l'opéra  français.  Baillot,  qui  avait  d'autres  projets, 
n'accepta  cette  place  que  temporairement.  C'est 
alors  qu'il  se  lia  d'une  tondre  amitié  avec  Rode, 
qui  était  chef  des  seconds  violons  de  cet  orches- 
tre. Après  y  être  resté  cinq  mois,  il  quitta  le 
liiéâtrp,  parce  qu'il  obtint  une  place  qu'il  sollici- 


220 


BAiLLOT 


tait  au  ministère  tlps  finances,  el  la  musique  re- 
devint pour  lui  ce  qu'cl'e  avait  été  longtemps, 
*''esl  à-dire  un  délassement  au  lieu  d'être  une 
profession.  Dix  années  s'écoulèrent  dans  l'exer- 
cice de  ses  fonctions  au  ministère  des  finances, 
et  ce  service  ne  (ut  interrompu  que  par  l'appel 
de  Baillot  comme  volontaire  de  la  première  ré- 
quisition. Cet  appel  le  conduisit  pendant  vingt 
mois  à  l'armée  des  côtes  de  Cherbourg.  En  1795 
le  hasard  lui  lit  découvrir  les  compositions  de 
Corelli,  Tartini,  Geminiani,  Locatelli,  Bach  et 
riœndel,  qui  lui  avaient  été  inconnues  jusque-là; 
il  en  fit  sa  principale  élude,  et  il  y  retrouva  toute 
riiisloire  du  violon.  De  retour  de  l'armée,  il  se 
fit  entendre  pour  la  première  fois  en  public  comme 
artiste,  dans  le  14«  concerto  de  Viotti ,  au  con- 
cert de  la  maison  Wenzel,  rue  de  l'Échiquier. 
Le  succès  qu'il  y  obtint  fixa  sur  lui  l'attention 
générale,  et  dès  ce  moment  commença  sa  répu- 
tation, qui  alla  grandissant  chaque  jour  quand 
on  l'entendit  exécuter  ses  propres  concertos  aux 
concerts  de  la  rue  de  Cléry,  du  théâtre  Louvois 
et  du  théâtre  di'  la  Victoire.  Le  22  décembre 
1795,  il  fut  admis  au  nombre  des  membres  du 
Conservatoire  de  musique,  pour  y  occuper  tem- 
porairement la  place  de  Rode,  alors  en  voyage. 
Celui-ci  s'etant  fixé  ensuite  en  Russie,  Baillot 
fut  nommé  titulaire  et  remiilit  les  fonctions  de 
professeur  de  violon  depuis  l'ouverture  des 
classes,  qui  n'eut  lieu  qu'un  peu  plus  tard,  jus- 
<|u'en  1842,  époque  de  sa  mort.  C'est  à  cette  épo- 
<|ue,  je  crois,  qu'il  faut  reporter  les  études  d'har- 
monie qu'il  a  laites  sous  la  direction  deCalel.  Plus 
tard,  il  a  pris  des  leçons  decontrepoint  de  Reiclia 
et  de  Cherubini. 

Lorsque  le  Conservatoire  de  Paris  l'ut  définiti- 
vement constitué,  et  que  tous  les  genres  d'étu- 
des y  furent  mis  en  activité  ,  une  nouvelle  car- 
rière s'ouvrit  devant  Baillot.  Il  était  appelé  à  y 
fonder  une  école  de  violon  dont  les  conditions 
principales  étaient  de  résumer  ce  qu'il  y  avait 
de  meilleur  dans  les  anciennes  écoles  italienne, 
allemande  et  française.  Gaviniès,  vénérable  chef 
de  celle-ci,  descendait  alors  dans  la  tond)e,  et 
laissait  à  ses  jeunes  successeurs  la  mission  de 
créer  par  éclectisme  un  nouvel  ordre  de  choses. 
La  nécessité  de  l'unité  d'enseignement  se  faisait 
sentir  pour  tontes  les  branches  de  l'art.  Le  comité 
du  Conservatoire  comprit  la  position  où  il  se  trou- 
vait à  cet  égard  ,  et  il  arrêta  dans  une  de  ses 
séances  que  des  ouvrages  élémentaires  pour  le 
solfège,  le  chant,  l'harmonie,  la  composition  et 
tous  les  instruments  seraient  rédigés  par  quel- 
ques professeurs,  après  que  les  bases  du  travail 
auraientété  posées  en  assemblée  générale.  Rode, 
Kreutzer  et  Baillot  se  réunirent  donc  pour  for- 


mer une  méthode  de  violon  ;  mais,  si  grand  que 
frtt.le  mérite  des  deux  premiers,  les  éludes  clas- 
siques de  Baillot,  ses  habitudes  de  méditation  et 
sa  facilité  à  s'exprimer  en  termes  élégants  et 
précis,  lui  donnaient  un  avantage  reconnu  pour 
la  rédaction  d'un  tel  ouvrage.  D'un  commun  ac- 
cord, il  fut  convenu  que  ce  travail  lui  serait  dé- 
jiarti,  et  c'est  à  cette  résolution,  digne  d'aussi 
grands  artistes,  qu'est  dû  le  beau  monument  qui 
lut  alors  élevé  par  le  Conservatoire  à  l'art  du 
violon. 

Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  ici  un  de  mes 
souvenirs  qui  se  rapportent  à  celle  époque  de  la 
vie  de  Baillot.  Depuis  peu  de  mois  j'étais  élève  au 
Conservatoire,  lorsque  le  ministre  de  l'intérieur 
Chaptal  vint  poser  la  première  pierre  de  la  biblio- 
thè(]ue  et  de  la  grande  salle  de  concerts  de  cette 
école.  La  cérémonie  fut  suivie  d'un  concert  impro- 
visé. Arrivé  depuis  peu  de  ma  province,  tout  était 
nouveau  pour  moi;  toutefois,  bien  que  fort  igno- 
rant, je  comprenais  par  instinct  la  possibilité  du 
beau  etj'apcrcevais  jusqu'où  il  pouvait  aller.  Aussi 
dois-je  avouer  que  lorsque  j'entendis  Rode  jouer 
à  un  concert  de  madame  Grassini  son  septième 
concerto,  bien  que  je  fusse  charmé  parce  jeu  si 
élégant,  si  pur,  si  brillant  et  si  jeune,  je  ne  fus 
point  étonné.  J'avais  compris  d'avance  que  ()our 
jouer  du  violon  avec  perfection,  il  fallait  en  jouer 
ainsi.  Mais  j'éprouvai  dans  le  même  temps  deux 
sensations  auxquelles  je  n'étais  pas  préparé,  et 
dont  l'ébranlement  est  encore  présent  à  ma  pen- 
sée. La  première  fut  causée  par  l'audition  de  1'/- 
phigénie  en  Tauride  de  Gluck  !  Je  ne  connais- 
sais pas  Gluck  !  Malheureux  que  j'étais  !  Sa  mu- 
sique ne  ressemblait  à  rien  de  ce  que  j'avais  en- 
tendu auparavant;  c'était  un  monde  nouveau 
poiu'  moi,  et  plusieurs  mois  se  passèrent  avant 
que  je  |)usse  songer  à  autre  chose.  Eh  bien  !  une 
émotion  d'un  genre  aussi  neuf  pour  mon  ûme 
fut  celle  que  je  ressentis  à  la  séance  dont  je  viens 
de  parler,  lorsque  j'entendis  Baillot  jouer  un  trio 
(c'ftait  enyii  mineur,  je  m'en  souviens),  accom- 
pagné par  Rode  et  par  de  Lamare.  Là  je  com- 
pris tout  à  coup  que  le  violon  peut  être  autre 
chose  qu'un  instrument  bien  joué,  et,  sous  l'im- 
pression des  accents  passionnés  de  l'artiste  qui 
m'inondaient  d'un  plaisir  inconnu,  je  me  fis  tout 
d'abord  l'idée  de  sa  mission  et  de  son  avenir; 
mission  qu'il  a  remplie  dans  toute  son  étendue; 
avenir  qui  s'est  réalisé  tel  que  je  l'avais  prévu. 

Nommé  chef  des  seconds  violons  de  la  musique 
particulière  du  premier  consul  Bonaparte ,  le  2(i 
juillet  1S02,  Baillot  occupa  ensuite  la  même  place 
dans  la  cliai»elle  de  l'empereur  Napoléon.  Au 
mois  d'août  1805,  il  se  décida  à  .suivre  l'exemple 
de  Rode,   de  Boieldicu  et   de  queUpies  autres 


BAILLOT 


22! 


articles  français  qui  s^Maiollt  lendiw  en  RuRsic  ; 
et,  d'après  rinvilalion  du  C(^lobte  violoncelliste 
de  Lamare  (Voij.  ce  nom),  qui  lui  avait  donné 
rendez-vous  à  Vienne,  il  partit  pour  Moscou. 
L'Europe  était  alors  en  paix  ;  mais  à  peine  Bail- 
lot  avait-il  atteint  les  frontières  des  pays  étran- 
gers que  la  guerre  éclafa.  Commencée  à  Ans- 
lerlitz,  elle  n'eut  de  terme  qu'à  la  bataille  de 
Friedland,et  l'exil  de  Baillot  en  Russie,  qui,  sui- 
vantses  projets,  ne  devait  être  que  d'une  année, 
se  prolongea  au  delà  de  trois  ans.  De  tous  les 
artistes  voyageurs,  il  est  le  seul  qui  ait  traversé 
deux  fois  l'Kurope  sans  pouvoir  donner  un  con- 
cerl,  poursuivi  qu'il  était  par  de  graves  événe- 
ments politiques  et  par  leurs  résultats.  Arrivé  à 
Vienne  dans  une  saison  déjà  avancée,  il  ne  put 
y  rester  que  douze  jours,  et  n'eut  que  le  temps 
de  voir  Haydn,  Salieri,  Beellioven,  et  d'y  serrer 
la  main  de  Cliérubini,  qui  étaitallé  composer  son 
opéra  de  Faniska  dans  la  capitale  de  l'Autriche. 

Arrivés  à  Moscou  au  mois  de  novembve  1805, 
Baillot  et  de  Lamare  y  donnèrent  de  brillants 
concerts  qui  tenaient  de  la  féerie ,  à  l'époque 
même  de  la  bataille  d'Austerlitz  dont  on  igno- 
rait l'issue.  Seize  séances  de  quatuors  et  de  qiiin- 
tetli  suivirent  ces  concerts  et  furent  fréquentées 
avec  beaucoup  d'intérêt  par  plus  de  deux  cents 
souscripteurs  principaux.  Chacune  de  ces  séances 
avait  lien  alternativement  dans  le  palais  d'un  des 
douze  premiers  souscripteurs.  Un  concert  pour 
la  noblesse  fut  donné  dans  une  salle  de  gigan- 
tesques proportions,  où  se  réunit  un  auditoire 
de  quatre  mille  personnes.  Rode  ayant  quitté 
Saint-Pétersboug  au  commencement  de  1808, 
alla  retrouver  ses  deux  amis  à  Moscou.  A  cette 
époque  la  place  de  chef  d'orchestre  du  firand- 
ïhéàtre  de  cette  ville  fut  offerte  à  Baillot,  qui  ne 
l'accepta  pas,  et  qui  ne  tarda  point  à  partir  pour 
Saint-Pétersbourg  avec  son  compagnon  de  voyage. 
Boieldieu,  alors  maître  de  chapelle  de  l'empe- 
reur Alexandre,  les  accueillit  en  frère.  Les  deux 
virtuoses  se  firent  entenrire  à  l'Ermitage  devant 
l'empereur,  puis  ils  jouèrent  au  Grand-Tliéàtre,  et 
au  concert  de  la  noblesse.  D'assez  grands  avan- 
tages semblaient  devoir  les  fixer  dans  la  ca- 
pitale de  la  RuNsie;  mais  Baillot,  ne  pouvant  se 
décidera  être  plus  longtemps  éloigné  de  sa  patrie 
et  de  sa  famille  qu'il  chérissait,  refusa  de  rem- 
placer Rode  dans  l'emploi  qu'il  avait  occupé  à  la 
cour,  et  se  mit  en  route  pour  la  France.  Un  con- 
cert fut  donné  à  Riga,  un  autrb  à  Mittau  par  les 
deux  artistes,  qui  trouvèrent  dans  celte  dernière 
ville  et  à  Stalgen  la  plus  noble  et  la  plus  cor- 
diale hospitalité  chez  M.  de  Berner,  dont  la  fille 
possédait  un  grand  talent  sur  le  violon. 

Après  une  yhsence  de  plus  de  trois  ans,  et 


quatre  mois  après  .son  retour  de  Ru.ssie,  Baillot 
reparuten  public  le  17  jtanvicr  1809,  dans  un  con 
cert  qu'il  donna  à  l'Odéon.  Rode,  dont  l'éloigne- 
nient  avait  été  beaucoup  plus  long ,  s'était  fait 
entendre  pour  la  première  fois,  dans  la  môme  salle, 
onze  jours  auparavant.  L'effet  produit  par  ces 
deux  artistes  fut  différent.  Bien  qu'admirable 
par  sa  justesse,  le  fini  et  l'élégance  de  son  jeu 
Rode  parut  avoir  perdu  quelque  chose  de  sa  cha- 
leur dans  le  long  séjour  qu'il  avait  fait  en  Rus- 
sie; Baillot,  au  contraire,  en  conservant  tout 
son  feu,  toute  sa  sensibilité,  montrait  plus  de 
délicatesse  dans  son  exécution  ,  et  son  archet 
avait  acquis  plus  de  variété.  Son  succès  fut  com- 
plet. En  1812  ce  virtuose  fit  un  voyage  de  .six 
mois  dans  le  midi  de  la  France,  et  donna  des  con- 
certs à  Bordeaux,  Bayonne,  Pau ,  Toulouse, 
Montpellier,  Marseille,  Avignon  et  Lyon.  De  re- 
tour à  Paris,  il  songea  à  réaliser  la  pensée  qu'il 
avait  depuis  quelque  temps  de  fonder  des  séances 
de  musique  instrumentale,  dans  le  genre  duqua- 
luoret  du  quintette,  pour  y  faire  entendre,  dans 
une  progression  de  styles,  les  diverses  transfor- 
mations imprimées  à  ce  genre  de  musique  par  le 
génie  si  différent  de  Boccherini,  de  Haydn,  de 
Mozart  et  de  Beethoven.  Ce  projet,  dont  l'exé- 
cution devait  révéler  en  Baillot  un  immense  ta- 
lent qu'on  ne  lui  connaissait  point  encore,  lut 
réalisé  en  1814  ,  et  la  première  de  ces  séances 
eut  lieu  le  12  décembre  de  la  même  année.  De- 
puis lors  il  en  a  été  donné  chaque  hiver  un  cer- 
tain nombre  de  semblables '.  Baillot,  considéré 
comme  un  exécutant  de  solos,  était  sans  doute 
un  grand  violiniste;  mais  sa  supériorité,  sous  le 
rapport  du  mécanisme  le  plus  savant  qu'il  y  eût 
en  Europe,  était  une  qualité  qui  ne  pouvait  être 
appréciée  que  par  un  petit  nombre  de  connais- 
seurs :  d'ailleurs  ces  connaisseurs  et  les  ama- 
teurs les  plus  enthousiastes  de  son  talent  ne  sa- 
vaient pas  qu'il  y  avait  en  lui  un  autre  talent 
plus  grand  encore,  talent  rare,  miique,  dirai-je, 
qui  lui  faisait  prendre  autant  de  manières  qu'il  y 
avait  de  styles  dans  la  musique  qu'il  exécutait. 
Le  temps,  loin  d'affaiblir  cette  faculté  si  rare  , 
ou  plulôt  unique,  ne  fit  que  la  développer  en 
Baillot,  et  sa  sensibilité  musicale  semble  avoir 
acquis  chaque  jour  plus  d'énergie.  Baillot,  dans 
le  quatuor,  était  plus  qu'un  grand  violoniste  :  il 
était  poète. 

Les  malheurs  de  la  France  en   1815  avaient 
fait  fermer  le  Conservatoire  au  mois  de  juillet  de 

I  Dans  l'origine  de  ces  séances,  le  quintctto  fut  compose 
de  MM.  Baillot  et  Guynemer  au  premier  et  au  deuxième 
violon,  Tariût  et  St-l,aurrnt  à  l'alto,  [)e  Lamare  et  Norbliu 
à  la  basse,  et  plus  tard  par  MM.  Baillot,  Vidal,  Sauzay,  IJr- 
han,  Mialle,   N'orblin  et  Vasiin. 


BAILLOT 


cette  cTP.née  :  ces  tristes  circonstances  déterminè- 
rent Caillot  à  voyager.  Il  prit  sa  route  par  la  liei- 
giiliie  et  donna  des  conceiis  à  liruxelles,  à  Lié;;e, 
à  Uotterdam,  à  Amsterdam,  recueillant  partout 
des  témoignages  d'admiration  pour  son  beau  ta- 
lent. Arrivé  à  Londres  au  mois  de  décembre,  il 
y  fut  reçu  membre  delà  société  philharmonique. 
Selon  l'usage  établi  en  Angleterre,  il  dirigea  les 
concerts  et  exécuta  des  solos  dans  ces  mômes 
concerts  à  Leicester,  Birmingham,  Liverpool, 
ISIanchester  et  Londres,  à  la  société  philharmo- 
nique. Après  dix  mois  d'absence,  il  revint  à  Paris 
dans  l'été  de  1816.  Nommé  premier  violon  et 
violon  solo  à  l'Académie  royale  de  musique  (l'O- 
péra) au  mois  de  novembre  1821,  il  demanda  et 
obtint  en  IS'26  que  ses  fonctions  fussent  res- 
treintes à  celles  de  l'exécution  des  solos.  Les 
concerts  spirituels  donnés  à  l'Opéra  dans  les  an- 
nées 1822,  23  et  24  furent  dirigés  par  lui.  L'ad- 
ministration de  rOpéra  ayant  été  donnée  par 
entreprise  à  M.  Véron,  au  mois  de  juin  1831 ,  ce 
spéculateur  supprima  la  place  de  premier  violon 
solo,  et,  après  dix  ans  de  service,  Baillot  cessa 
ses  fonctions  le  l*'  novembre  de  la  même  année. 
Dès  l'année  1825  il  avait  tenu  la  place  de  premier 
violon  de  la  chapelle  du  roi,  au  sacre  de  Char- 
les X,  en  l'absence  de  Kreutzer  ;  il  reçut  sa  no- 
mination définitive  à  cette  place  en  1827.  Trois 
ans  après,  la  révolution  qui  éclata  au  mois  de 
juillet  ayant  amené  un  changement  de  dynas- 
tie, la  chapelle  se  trouva  supprimée  de  fait  ;  mais 
en  1832  Paër  fut  chargé  d'organiser  la  musique 
particulière  du  roi  Louis-Philippe,  et  Baillot  fut 
compris  dans  celte  organisation  comme  chef 
des  seconds  violons.  Dans  l'été  de  1833,  il  a  fait 
un  voyage  en  Savoie,  en  Piémont,  en  Lombar- 
die,  en  Suisse,  et  a  donné  des  concerts  à  Lyon, 
Chambéry,  Aix-les-Bains,  Lausanne  et  Genève. 
Partout  son  admirable  talent  a  excité  le  plus  vif 
enthousiasme,  et  ce  voyage  a  été  pour  lui  un  vé- 
ritable triomphe. 

lin  1834  Baillot  a  mis  le  comble  à  sa  gloire 
par  la  publication  d'une  nouvelle  méthode  qu'il 
a  rédigée  et  qui  a  paru  sous  le  titre  de  l'Art  du 
violon.  Les  bornes  d'une  notice  telle  que  celle- 
ci  ne  permettent  pas  de  donner  l'analyse  raison- 
née  de  ce  beau  tiavail ;  je  renverrai  pour  celte 
analyse  à  celle  qin  a  été  faite  dans  la  Kevue  mu- 
xicale,  au  mois  de  mars  1835,  et  je  me  bornerai 
à  dire  que,  de  tous  les  livres  élémentaires  qui  ont 
été  faits  surl'art  de  jouer  des  instruments,  celui-là 
est  le  mieux  pensé,  le  mieux  écrit,  le  plus  pré- 
voyant et  le  plus  utile.  Par  cette  pubh'cation, 
Baillot  consolide  cette  belle  et  savante  école  fran- 
çaise du  violon,  qui  lui  est  redevabled'une  grande 
partie  de  sa  gloire,  qui  a  élé  longtemps  l'objet 


!   de  l'admiralion  des  étrangers,  et  ntii  a  pcujjlé 
les  orchestres  d'une  multitude  de  virtuoses. 

Dans  tout  ce  qui  précède,  Baillot  n'a  été  con- 
sidéré que  sous  le  rapport  de  son  talent  d'exécu- 
tion; comme  com|)ositeur  de  musique  pour  son 
instrument,  il  ne  me  paraît  pas  qu'on  lui  ait  rendu 
justice,  ni  que  ses  ouvrages  aient  été  estimés  à 
leur  juste  valeur.  Son  style  est,  en  général,  grave 
ou  passionné,  et  l'on  y  voit  que  l'artiste  a  moins 
cherché  à  plaire  par  des  sacrifices  au  goût  du 
public  qu'à  satisfaire  ses  penchants,  qui  sont  tou- 
jours élevés.  De  là  vient  le  reproche  qu'on  a 
quelquefois  fait  à  l'artiste  de  manquer  de  charme 
dans  sa  musique  et  d'y  mettre  de  la  bizarrerie. 
Cette  prétendue  bizarrerie  n'est  que  de  l'origina- 
tité  qui  peut  être  ne  s'est  pas  produite  dans  un 
temps  favorable.  La  difficulté  d'exécution  de  la 
musique  de  Baillot  a  pu  nuire  aussi  à  son  succès. 
Empreinte  de  la  véhémence  et  de  la  souplesse  de 
son  archet,  elle  était  rendue  par  lui  comme  elle 
avait  clé  conçue  ;  mais  il  y  a  si  peu  de  violinistes 
capables  de  sentir  et  d'exprimer  ainsi,  qu'il  n'est 
point  étonnant  que  le  découragement  se  soit  em- 
paré de  la  plupart  d'entre  eux,  quand  ils  ont  es- 

!   sayé  d'imiter  le  maître.   De  tous  les  morceaux 

I 

j  composés  par  Baillot,  les  airs  variés  sont  ceux 
!  qui  ont  été  le  mieux  compris  et  qui  ont  obtenu 
!  le  plus  de  popularité.  Parmi  ses  ouvrages,  ceux 
qui  ont  élé  gravés  sont  :  1»  Quinze  trios  pour 
deux  violons  et  basse.  —  2o  Six  duos  pour  deux 
violons.  —  3"  Douze  caprices  ou  études  pounvio- 
lon  seul.  —  4°  Neuf  concertos. —  5°  Une  sympho- 
nie concertante  pour  deux  violons,  avec  orchestre 
ou  accompagnement  de  piano.  —  6"  Trente  airs 
variés  avec  orchestre,  ou  quatuor,  ou  seulement 
violon  et  basse.  —  7°  Trois  nocturnes  en  quintet- 
tes.—  8°  Trois  andante,  dont  un  avec  sourdine, 
morceau  charmant  etdel'effet  le  plus  heureux. — 
9"  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse. 
—  tO° Une  sonate  pour  piano  et  violon. —  1 1°  Un 
adagio  suivi  d'un  rondo —  12°Un  souvenir. - 
13°  Vingt-quatre  préludes  dans  tous  les  tons  Plu- 
sieurs éditions  de  ces  ouvrages  ont  élé  faites  en 
France  et  en  Allemagne.  Les  compositions  inédiles 
sont  celles  dont  les  titres  suivent:  1°  Vingt-quatre 
caprices  ou  études  dans  tous  les  tons  et  suivant 
leurs  divers  caractères,  pour  faire  suite  à  l'Art  du 
violon.  —  2°  Un  dixième  concerto.  —  3°  Plusieurs 
fantaisies.  — 4oUn  Boléro.  — 5°  Plusieurs  airs 
variés.  —  6"  Quelques  morceaux  détachés . 

Comme  écrivain ,  Baillot  a  publié  :  1°  Mé- 
thode de  violon  adoptée  par  le  Conservatoire, 
avec  Rode  et  Kreutzer.  La  première  édition  de 
cet  ouvrage  a  paru  au  magasin  de  musique  du 
Conservatoire  ;  Weissembruck  en  a  donné  une 
autre  à  Bruxelles;  Schott,  de  Mayence,et  Pé- 


BAILLOT  —  BAI  NI 


1ers,  (le  Leipsick,en  ont  pnblii'  des  fradnclions 
allemandes,  dans  lesquelles  on  a  siippiimo  les 
exercices;  Hreitkopf  et  Haertel ,  de  Leipsick  , 
Lischke  et  Schlesinger,  de  Berlin,  Haslinger,  de 
"Vienne,  et  Berra,  de  Prague,  en  ont  donné  des 
traductions  complètes  ;  enfin  André,  d'Offen- 
bacli ,  en  a  fait  paraître  nne  édition  en  allemand 
et  en  français.  Rolla  a  fait  nne  traduction  ita- 
lienne du  même  ouvrage;  elle  a  paru  à  Turin 
t  Irz  les  frères  Reycend.  —  2°  Méthode  de.  violon- 
celle adoptée  par  le  Conservatoire ,  par  Levas- 
seur ,  Catel  et  Baudiot,  rédigée  par  Baillot; 
Paiis,  imprimerie  du  Conservatoire,  in-fol.  Pe- 
ters,  de  Leipsick,  a  donné  nne  traduction  alle- 
mande de  cette  méthode.  —  3°  L'Art  du  violon, 
nouvelle  métliode.  Paris;  1835,  in-fol.  —4°  Rap- 
port fait  au  Conservatoire  sur  l'orgue  expres- 
sif de  M.  Grenié;  Paris,  1812,  une  feuille in-8". 

—  5°  Rapport  sur  un  nouveau  chronomètre  pré- 
senté au  Conservatoire  par  M.  Despréaux,Pa- 
ris,  1813, unedemi-feuillein-l2 — 6°  lyoticesur 
Grétnj;  Paris,  lSii,in-S°.—  l° NoticesurJ.-B. 
Viotti,  né  en  1755  à  Fontanetto,  en  Piémont, 
mort  à  Londres,  le  3  mars  1824;  Paris  1823, 
une  feuille  in-S".  —8°  Barhier  (DJc/ion.  des  Ano- 
nymes, t.  3  ,  p.  137  ,  n"  15495)  et  M.  Quérard 
(La  France  littéraire,  t.  1,  p.  156)  attribuent 
k  Baillot  la  rédaction  d'un  écrit  qui  a  paru  sous 
ce  litre  :  Recueil  de  pièces  a  opposer  à  divers 
libelles  dirigés  contre  le  Conservatoire  de  mu- 
sique; Paris,  1803,  in-4".  — 9»  On  a  aussi  de  ce 
laborieux  artiste  deux  discours  sur  les  travaux 
du  Conservatoire  aux  distributions  des  prix  en 
1812  et  1813;  ces  morceaux  se  font  remarquer 
par  le  mérite  d'un  style  élégant  et  facile.  Baillot 
est  mort  à  Paris,  le  15  septembre  1842,  à  l'âge 
de  soixante  et  onze  ans,  laissant  un  vide  immense 
dans  l'école  qu'il  avait  fondée.  Le  gouvernement 
français  a  rendu  un  éclatant  hommage  à  la  mé- 
moire de  cet  artiste,  en  faisant  placer  son  buste 
dans  les  galeries  de  Versailles. 

BAILLOU(Loi!isije),  musicien  français,  reçut 
des  leçons  de  violon  de  Capron ,  puis  se  rendit  eu 
Italie  pour  y  perfectionner  son  talent.  A  Milan  il 
fut  attaché  au  théâtre  de  la  Scala  comme  chet 
d'orchestre,  et  les  entrepreneurs  de  ce  théâtre  le 
chargèrent  d'écrire  la  musique  de  plusieurs  ballets. 
Les  principaux  ouvrages  de  ce  genre  auxquels  il 
a  travaillé  sont  :  —  1°  Andromacca  et  Pirro,  re- 
présenté en  1777.  —  2°  L'' Amante  generosa,  dans 
la  même  année.  —  3°  Apollo  placafo,  1778.  — 
4o  Calipso  abbandonata,id.  —  5o  Mirza,  1783. 

—  6°  La  Guinguetta  inglese,  id.  —  70  La  Zin- 
gara  riconosciuta,  id.  — &"  Giulto  Sabino,  en 
1784.—  9"Lodovicoil  moro,  1780.—  lO»  Amore 
maestro  discuola,id.—  Il"  Il  Popolo  d'Argo 


fcsteggiante,  iil.  —  12°  Vologese,  id.—  \2^Gu(i- 
timnzin  0  la  Conquista  del  Messico  1787. — 
14"  H  primo  viaggiatore,  id.  —  15°  Il/anfaro 
miiilare  ,  id.  —  I60  /  due  Acari,  id.  —  170  II 
Ma/riinonio  per  concorso,  1788. —  iSo  Gui/" 
lelmo  Tell,  1797.  — 19"  L^icio  Giuniol}ruto,id. 
—  20"  La  Disfdtta  di  Abderamo,  1809.  Une 
partie  de  ce  dernier  ouvrage  est  de  Capuzzi. 

BAILLY  (Henri  de),  surintendant  de  la 
musique  du  roi  Louis  XIII,  en  1C25,  mourut  à 
Paris,  le  25  septembre  1039.  Il  composa  plu- 
sieurs motets  pour  la  chapelle  du  roi,  entre  au- 
tres un  Super  Jlumina,  qui  eut  quelque  réputa- 
tion. Bailly  a  écrit  aussi  quelques  ballets  et  des 
divertissements  pour  la  cour  ,  qui  sont  restés  en 
man\iscrit. 

BAILS  (D.  Benito),  directeur  de  mathéma- 
tiques de  l'Académie  de  San-Fcrnando,  et 
membre  de  l'acailémle  royale  espagnole  d'his- 
toire, sciences  naturelles  et  arts  de  Barcelone , 
naquit  dans  cette  ville  en  1743.  Il  a  donné  une 
traduction  espagnole  des  leçons  de  clavecin  de 
Bemetzrieder ,  sous  le  titie  de  Lecciones  de 
clave  y  principios  de  harmonia.  Madrid,  1775, 
in-4o. 

BAI1\I  (Laurent),  compositeur  né  à  Venise, 
fut  élève  de  Gaelano  Carpani ,  maître  de  chapelle 
de  l'église  del  Gesîi,  à  Rome,  et  fut  lui-même 
maître  de  chapelle  à  Venise ,  puis  de  l'église  des 
Douze-Apôtres,  à  Rome,  de  la  cathédrale  de 
Terni,  et  enfin  de  Rieli,  où  il  mourut.  11  a  beau- 
coup écrit  pour  l'Église.  L'almanach  de  Milan  le 
cite  comme  ayant  écrit  plusieurs  opéras,  de- 
puis 1785  jusqu'en  1788,  mais  les  titres  n'en  sont 
pas  connus.  Vn  Stabat  pour  deux  ténors  et 
basse,  et  des  motets  à  trois  parties ,  composés 
par  Laurent  Baini ,  sont  à  Rome  dans  la  biblio- 
thèque musicale  de  M.  l'abbé  Sauliui. 

BAÎJXI  (L'abbé  Joseph),  neveu  du  précédeul, 
est  né  à  Rome,  le  21  octobre  1775.  De  bonnes 
études  dans  les  arts,  les  lettres  et  la  théologie 
préparèrent  ce  savant  homme,  dès  sa  jeunes.se,  à 
remplir  avec  distinction  ses  fonctions  sacerdota- 
les, et  <à  prendre  une  place  aussi  honoiahle  parmi 
les  écrivains  sur  la  mu.sique  que  parmi  les  compo- 
sit<!urs.  Après  avoir  reçu  de  sou  oncle,  Laurent 
Baini ,  de  bonnes  instructions  préliminaires  dans 
les  diverses  parties  de  l'art ,  et  particulièiement 
dans-le  conliepoinl,  .suivant  la  doctrine  de  l'an- 
cienne école  romaine,  l'abbé  Baini  devint  l'élève 
et  l'ami  de  Joseph  Jannaconi  ,  en  1802.  Peu  de 
temps  après,  il  fut  admis  comme  chapelain 
chantredans  la  chapelle  pontificale.  Sa  belle  voix 
de  basse  et  ses  profondes  connaissances  dans  le 
plain-chantel  dans  la  musique  ecclésiastique  lui 
procurèrent  sans  peine  l'entrée  de  cette  chapeile 


BAINI 


célèbre,  dontil  devint  ensuite  Icdirecteur.  Fran- 
çois Kondler  a  exprimé  avec  chaleur,  dans  son 
travail  intéressant  sur  Tétatdela  musique  à  Rome, 
6on  admiration  et  pour  le  bel  organe  vocal  de 
Haini ,  et  pour  la  manière  simple  et  savante  dont 
il  dirigeait  le  chœur  des  chanteurs  pontilicaux. 
Comme  compositeur  de  musique  d'église,  il  no 
mérite  pas  moins  d'éloges.  Bien  qu'il  n'ait  rien 
publié  de  ses  ouvrages  en  ce  genre,  il  n'en  est 
pas  moins  connu  et  renommé  en  Italie ,  particu- 
lièrement à  cause  du  mérite  de  son  Miserere  , 
compo-é  pour  le  service  de  la  chapelle  Sixtine, 
par  ordre  du  pape  Pie  VU  (Voy.  aul"'  vol.de  cette 
Jiiogr.  tiniv.  des  Musiciens,  une  notice  sur  les 
divers  Miserere  qui  ont  été  composés  pour  cette 
clia|ielle,  à  l'article  ALLixiii).  Ce  morceau  ,  écrit 
etexécuté  pour  la  première  fois  en  1821,  est  le 
seul  qui  ait  pu  soutenir  la  comparaison  avec  les 
Misercreà^KWcgn  et  de  Caj;  il  est  exécuté  alter- 
nativement avec  ceux-ci. 

Comme  écrivain  sur  la  musique,  l'abbé  Baini 
s'est  placé  fort  haut  par  ses  divers  ouvrages,  sur- 
tout par  sa  monographie  de  Palestrina.  Son  pre- 
mier écrit  fut  une  brochure  intitulée  :  Leltera 
sopra  il  moteito  a  quattro  cori  del  Sig.  D. 
Marco  Sanlticci,  premialo  delV  academia 
ISapoleone  in  Lucca,  Vanno  1806,  corne  lavoro 
dï  génère  nuovo.  II  y  fait  ressortir  l'erreur  de 
l'académie,  qui  considérait  comme  un  genre  neuf 
de  composition  le  motet  à  quatre  chœurs  de  San- 
tucci ,  tandis  qu'il  existe  un  nombre  considérable 
de  motets,  de  messes  et  de  psaumes  à  seize, 
vingt,  vingt-quatre,  trente-deux  et  m(^me  qua- 
rante-huit voix,  écrits  dans  les  seizième,  dix- 
septième  et  dix-!\nitième  siècles,  parMassaini, 
Antonelli,Agostini.  Pacelli,  Valerio  Bona,Savetla, 
Benevoli,  Abbatini,  Beretta,  Pitoni,  Jannaconi, 
Ballabene,  et  beaucoup  d'autres  compositeurs. 

Le  deuxième  ouvrage  relatif  à  la  musique, 
composé  par  l'abbé  Baini ,  a  pour  titre  :  Saggio 
sopra  Videntità  de'  ritmi  musicale  e  poetico. 
Firenze,  dalla  stamperia  Piatti,  1820,  76  |>a- 
ges  in-8°. Le  savant  directeur  delà  chapelle  Six- 
tine a  écrit  cet  opuscule  en  réponse  à  seize  ques- 
tions qui  lui  avaient  été  proposées  par  le  comte 
de  Saint-Leu,  frère  de  l'empereur  Napoléon.  C'est 
le  prince  lui-même  qui  s'est  fait  l'éditeur  de  la 
brochure,  et,  dans  le  temps  où  il  publiait  l'origi- 
nal, il  en  faisait  une  traduction  française  qui  \>di- 
T»i  s,omceA\Ue  :  Essai  sur  ridenlilé durhythme 
poétiqueet  musical,  traduit  de  Vouvrage  italien 
de  M.  l'abbé  Baiyn,  par  Le  comte  de  Saint-Leu, 
Florence,  Piatti,  1820,  in-8".  L'opuscule  dont  il 
s'agit  brille  partout  d'une  érudition  solide  et  d'un 
profond  savoir.  Des  idées  très-heureuses  abon- 
dent dans  les  solutions  des  diverses  questions  (jui 


avaient  été  adressées  à  l'auteur;  cependant  je  ne 
puis  partager  l'opinion  de  Kandler,  lorsqu'il  dit 
que  Baini  a  prouvé  jusqu'à  l'évidence  <iuc  le 
rhythme  des  poètes  grecs  et  latins  est  absolument 
le  même  que  celui  des  compositeurs  modernes 
dans  toute  l'Europe  civilisée.  J'ai  démontré,  au 
contraire,  en  plusieurs  endroits,  particulièrement 
dans  le  travail  spécial  sur  le  rhythme  que  j'ai 
publié  en  1852  dans  la  Gazette  musicale  de 
Paris,  que  le  rhythme  musical  a  pour  base  la 
symétrie  et  la  régularité  des  temps,  qui  ne  sontpas 
les  principes  de  la  métrique  des  anciens.  Dans  la 
musique  moderne  le  rhythme  musical  absorbe  le 
rhythme  de  la  versification  ;  chez  les  anciens,  au 
contraire,  le  mètre  poétique  absorbait  le  ihylhme 
de  la  musique. 

Le  travail  le  plus   im[)ortant  de  ce  musicien 
érudit  est  celui  qu'il  a  publié  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  l'illustre  compositeur  Jean  -Pierre-Louis 
de  Palestrina,  sous  ce  titre  :  Memorie  storico- 
critiche  délia  vita  e  délie  opère  di  Giovanni 
Pierluigida  Palestrina,  cappellano  cantore,  e 
qulndi  compositore  délie  cappella  ponti/icia, 
maestro  di  cappella  délie  basiliche  valicana, 
lateranense,    e   liberiana,  detlo  il  Principe 
dellavnisica.  Honia,  dallaSocielà  Tipogra/icu, 
1828,  2  vol.  in-4°.  L'esprit  de  critique  littéraire, 
l'cruiiitioti,  le  .savoir  musical   et  la  connaissance 
parfaite  des  styles  brillent  partout  dans  cet  ou- 
vrage, et  en  font  un  des  plus  beaux  monuments  de 
l'histoire  de  l'art.  Le  très-petit  nombre  d'erreurs 
qui  s'y  trouvent  (  quel  écrivain  est  absolument  a 
l'abri  de  l'erreur  ?)  ne  saurait  en  diminuer  le  mé- 
rite. Le  désir  d'approfondir  toutes  les  questions 
qu'il  touchait  en  passant  a  souvent  conduit  Baini 
dans  des  développements  qui  font  perdre  de  vue 
l'objet  principal  :  inconvénient  qui  serait  grave,  si 
les   Mémoires  historiques  pouvaient  être  consi- 
dérés comme  un   livre  destiné  à  être  lu  d'une 
manière  suivie,   mais  qui  s'alfaiblit  si  l'on  consi- 
<lère  que  les  ouvrages  de  cette  esjièce  sont  des- 
tinés à  être  consultés  plutôt  que  lus.  Au  reste, 
l'abbé  Baini  paraît  avoir  aperçu  le  reproche  qu'on 
pourrait  lui  faire  à  ce  sujet,  car  il  a  résumé  les 
princi|)aux  événements  de  la  vie  de  Palestrina  à 
la   fin  du    deuxième  volume    de   son    ouvrage 
(p.  372-383).  La  plupart  des  objets  intéressants 
de   l'histoire  de   la   musique  italienne,  dans  les 
seizième  et  dix-septième  siècles,  sontéclaircis  par 
l'auteur  des  Mémoires  historiques  et  critiques , 
dans  de  longues  et  savantes  notes  répandues  au 
nombre  de  659  dans  les  deux  volumes   de  cet 
ouvrage.  Les  registres  de  la  chapelle  pontificale, 
les  mémoires  manuscrits  de  Pitoni  sur  les  com- 
positeurs de  l'école  romaine  ,  et  les  ancioniK  :; 
compositions  des  maîtres  belg'^s,  italiens  et  es 


BAINI  —  BAT 


22."; 


pflgnols  qui  existent  dans  les  archives  de  la 
chapelle  Sixtine ,  ont  fourni  à  cet  écrivain  des 
documents  authentiques  qui  ne  pouvaient  être 
connus  que  d'un  diantre  de  la  chapelle  pontifi- 
cale, et  qui  donnent  un  prix  inestimable  au  tra- 
vail de-l'abbé  Baini.  Bien  supérieur  dans  l'em- 
ploi qu'il  a  su  faire  de  ses  matériaux  à  Adami  de 
Bolsena  {Voy.  ce  nom),  il  en  a  discuté  la  valeur 
avec  une  rare  sagacité.  On  désire  quelquefois 
plus  de  philosophie  dans  les  idées  de  Baini,  ja- 
mais plus  de  savoir  ni  de  bonne  foi. 

L'admiration  sans  bornes  et  justement  méritée 
que  Baini  professe  pour  Jean-Pierre-Louis  de  Pa- 
lestrina  lui  a  fait  consacrer  une  grande  partie  de 
sa  vie  à  mettre  en  partition  les  œuvres  complètes, 
publiéesou  inédites,  dece  grand  compositeur,  pour 
en  doimer  une  édition  soignée.  Pour  n'être  point 
effrayé  par  l'immensité  d'un  tel  travail,  il  a  failn 
être  animé  d'un  pur  amour  de  l'art  comme  l'était 
l'auteiirdes  Mémoires  historiques  et  critiques.  A 
la  (in  du  deuxième  volume  de  cet  ouvrage  il  a 
donné  une  liste  de  toutes  les  compositions  qui 
entreraient  dans  nne  si  belle  collection.  Malheu- 
reusement il  n'a  pu  réaliser  son  projet.  Admira- 
teur exclusif  du  maître  qu'il  affectionnait  et  des 
formes  anciennes  de  la  musique  d'église,  Baini 
ne  comprenait  rien  à  l'art,  sous  d'autres  formes  , 
et  ne  savait  même  pas  en  quoi  la  tonalité  de  la 
musique  moderne  diffère  de  l'ancienne.  Pour  lui, 
l'art  était  en  décadence  depuis  la  fin  du  seizième 
siècle.  Ce  digne  ecclésiastique,  esclave  des  devoirs 
de  son  état,  avait  porté  atteinte  à  sa  robuste 
constitution  par  des  travaux  multipliés,  parti- 
culièrement par  ceux  de  la  confession.  Il  est 
mort  à  Rome  le  21  mai  1844 ,  laissant  par  son 
testament  ses  livi-es  et  ses  manuscrits  à  la  con- 
grégation de  la  Minerva.  M.  Adrien  de  La  Page 
a  publié  en  1845,  dans  la  Gazette  musicale  de 
Paris,  une  Notice  sur  Joseph  Baini,  écrivain 
musical  et  compositeur.  Il  a  été  fait  de  cette 
notice  un  tirage  à  part,  Paris,  1845,  in-8°. 

B.\11\VILLE  (.  .  .),  organiste  à  l'église 
principale  d'.\ngers,  vers  le  milieu  du  dix- 
liuilième  siècle,  a  publié  :  Nouvelles  pièces 
d'orgue,  composées  sur  différents  tons,  Pa- 
ris 1767. 

BAIR  (Antoine),  facteur  d'orgues  à  Munich, 
a  construit  celui  du  couvent  de  Attl ,  composé 
de  seize  registres,  ef,  en  1743,  celui  de  l'ancien 
couvent  de  Schefllarn  ,  composé  de  vingt-deux 
registres. 

BAISSIÈRES  (Faber),  trompette-major 
dans  un  régiment  de  la  garde  royale  de  Char- 
les X,  est  né  à  Rouen,  vers  1795.  Il  s'est  fait  con- 
naître par  une  Méthode  simplifiée  pour  le  cor- 
net à  pistons,  contenant  les  principes  élémen- 

BIOCR.   LNIV.    DES     MUSICIENS.   T.    I. 


taires  de   cet  instrument.  Paris,   Petit,  (8,!<.t, 
in-4°  gravé. 

BAITZ  (Jean-Andké- Hartmann),  bon  cons- 
tructeur d'orgues  à  Ufrecht,  mourut  peu  de 
jours  avant  la  dédicace  d'un  nouvel  orgue  qu'il 
avait  fait  à  Zierikzée  en  Hollande,  et  qu'il  avait 
fini  le  20  décembre  1770.  Cet  orgue  est  un  seize 
pieds  ouverts,  à  quarante-six  jeux  ,  trois  claviers 
à  la  main ,  un  de  pédale ,  et  neuf  soufllets.  La 
montre  est  en  étain  fin  d'Angleterre.  Outre  cet 
orgue,  qui  a  coûté  19,500  écus  de  Hollande,  il 
a  construit  :  1°  celui  de  Benschop,  positif  à  un 
seul  clavier  ;  2 "celui  de  la  grande  église  deGorin- 
chem  (en  1755),  seiise  pieds,  trois  claviers, 
pédale ,  trenle-deux  jeux  ;  3°  celui  de  l'église  des 
Mennonitesà  Utrecht(en  1765),  positif  de  dix  jeux 
avec  un  seul  clavier;  4°  celui  de  Wœrden  (en 
1768),  seize  pieds,  deux  claviers,  pédale  et 
vingt-sept  jeux;  5°  celui  de  Ysselsteyn,  à  deux 
claviers,  pédale  et  seize  jeux  ;  6"  celui  de  l'église 
française  de  Heusden ,  à  neuf  jeux;  7°  celui  de 
Oosterhout,  de  huit  piedi  et  seize  jeux;  8°  en- 
fin celui  deTilborg,  de  huit  pieds  et  onze  jeux. 

BAJ  (Thomas),  né  à  Crevalciiore,  an  terri- 
toire de  Bologne,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  fut  pendant  plusieurs  années  té- 
nor de  la  chapelle  du  Vatican.  Le  19  novembre 
1713  il  fut  élu  maître  de  la  même  chapelle  (selon 
lin  journal  manuscrit  cité  par  l'abbé  Baini),  corne 
il  più  anlico  e  virtuoso  délia  cappella.  11  ne 
jouit  pas  longtemps  de  l'honneur  que  lui  avaient 
mérité  ses  longs  services  ,  car  il  mourut  le  22 
décembre  1714.  Un  seul  ouvrage  a  suffi  pour 
faire  la  réputation  de  Baj  ;  mais  cet  ouvrage  est 
un  chef-d'œuvre  dans  son  genre.  Treize  miserere 
avaient  été  écrits  pour  le  service  de  la  chapelle 
du  Vatican,  pendant  la  semaine  sainte  ;  mais  un 
seul  avait  réuni  tous  les  suffrages,  et  était  exécuté 
chaque  année,  depuis  près  d'un  siècle;  ce  mi- 
serere était  celui  d'Allegri.  A  la  prière  du  collège 
des  chantres  delà  chapelle  pontificale,  Thomas 
Baj  en  écrivit  un  nouveau  ,  dont  les  versets  sont 
alternativement  à  cinq  voix  et  à  quatre,  avec  le  der- 
nier à  huit.  Il  y  suivit  à  peu  près  exaclement  le 
plan  du  miserere  de  Grégoire  Allegri ,  mais  en  y 
introduisant  quelques  modifications  bien  conçues. 
La  mélodie  de  ce  morceau  est  fort  simple,  mais 
d'un  style  élevé.  Il  fut  trouvé  si  beau  qu'on 
l'adopta  sur-le-champ,  et  qu'il  fut  exécuté 
chaque  année  dans  la  chapelle  du  Vatican  ,  sans 
interruption,  concurremment  avec  le  miserere 
d'Allegri ,  jusqu'en  1767.  En  1708  on  essaya  un 
nouveau  miserere  de  Tartini ,  qui  ne  parut  pas 
digne  de  ce  grand  musicien; et,  l'année  suivante, 
on  reprit  celui  de  Baj  jusqu'en  l770.  Plus  tard 
on  voulut  exécuter  un  miserere  de  Pasquale  Pi- 

15 


226 


BAJ  —  BALBASTRE 


sari  ;  mais  ce  morceau  éprouva  le  même  sort  que 
celui  de  Tartini;  et  depuis  lors  ou  n'a  cessé  de 
chanter  chaque  année  le  miserere  de  Baj.  Cho- 
ron a  publié  ce  morceau  dans  sa  collection  de  la 
musique  sacrée  qui  se  chante  à  la  chapelle  pon- 
tificale pendant  la  semaine  sainte.  Le  catalogue  de 
musique  de  M.  l'abbé  Sanlini,  de  Rome,  indique 
d'autres  compositions  manuscrites  de  Baj  ;  elles 
consistent  en  une  messe  à  cinq  voix  sur  les  no- 
tes :ut,  ré,  mi,, fa,  sol,  la;  les  motets  à  quatre  voix 
Virgo  glorîosa;  Salva  nos,  Domine;  CumJu- 
cun dilate  ;  Beatus  Laurentius  ;  Christe;  Serve 
bone  ;  Dominus,  qunndo  veneris;  les  motets  à 
cinq  voix  Iste  est  Johannes;  Millier  quas  erat  ; 
les  motets  à  huit  voix  Inveni  David;  Sacerdotes 
Domini;  In  omnem  terrain;  et  un  De  pro/un- 
dis ,  également  à  huit  voix. 

BAJETTl  (Jean),  compositeur  milanais  et 
directeur  de  musique  au  théâtre  de  la  Scala  de 
cette  ville,  a  fait  représentera  ce  théâtre,  le  19 
mars  1841  ,  l'opéra  :  Gonsalvo,qu\  eut  quelque 
succès,  et  qui  fut  joué  au  théâtre  S.  Carlo,  à 
Naples,dans  l'année  suivante.  Dans  la  .saison  du 
carnaval  de  1844  il  adonné  l'opéra  :  l'Assedio  di 
Brescia,  qui  ne  réussit  pas.  En  1843  il  avait  fait 
exécuter  à  Plaisance  la  cantate  intitulée  :  Il  ge- 
nio  d'Italia,  qui  a  été  publiée,  avec  accompa- 
Snement  de  piano ,  chez  Ricordi ,  à  Milan.  Enfin 
M.  Bajetti  a  écrit  un  grand  nombre  de  morceaux 
de  danse  pour  les  ballets:  G;5e/Ze,  d'Adam,  Odetta, 
avcQ  Panizza  et  Croff,  Esmeralda,  avec  Pugni, 
et  Caterina,  ossia  lafiglia  del  Bandilo,  avec  le 
même.  Tous  ces  morceaux  ont  été  publiés  pour 
lé  piano,  à  Milan,  chez  Ricordi. 

BAKER  (Le  docteur  ),  pianiste,  violoniste  et 
compositeur,  naquit  à  Exeter,  en  1768.  La  sœur 
de  sa  mère  lui  donna  les  premières  leçons  de 
musique  et  de  piano.  A  l'âge  de  sept  ans,  il  jouait 
déjà  les  pièces  de  Haendel  et  de  Scarlatti.  Vers  le 
même  temps  on  lui  donna  pour  maîtres  Hugues 
Bond  et  Jackson  ,  alors  organiste  de  l'église  ca- 
thédrale d'Exeter  :  il  prit  aussi  des  leçons  de 
Ward  pour  le  violon.  Quand  il  eut  atteint  sa  dix- 
septième  année  il  quitta  Exeter  pour  aller  à  Lon- 
dres ,  oii  il  fut  accueilli  dans  la  maison  du  comte 
de  Uxbrige.  Là  il  perfectionna  ses  talents  par 
les  leçons  de  Cramer  le  père  et  de  Dussek.  Ayant 
été  nommé  organiste  à  Stafford,  il  se  rendit  dans 
ce  lieu,  où  il  résidait  encore  en  1835.  Vers  1801, 
il  s'est  fait  recevoir  docteur  en  musique  à  Oxford. 
Ses  compositions  consistent  en  deux  œuvres  de 
sonates  de  piano,  publiés  à  Londres;  trois  duos 
à  quatre  mains  ;  six  antiennes  à  quatre ,  cinq  et 
six  voix;  fantaisies  pour  l'orgue;  l'Orage  et  la 
Tempête,  glees  à  trois  et  quatre  voix  ;  duos  à 
deux  voix;  l'ouverture  et  les  airs  des  Coffres, 


divertissement  représenté  à  Covent-Garden ,  et 
beaucoup  de  concertos  pour  violon,  de  duos,  et 
d'airs  variés  pour  piano. 

BAKER  (James-Andrew),  organiste  dis- 
tingué et  compositeur  à  Birmingham,  est  né  dans 
cette  ville  le  8  novembre  1824.  il  a  publié  deux 
recueils  de  préludes  (ro/o«<a/ies)  pour  l'orgue, 
et  beaucoup  de  pièces  détachées  pour  le  piano , 
Londres,  Boosey. 

BALANI  (d.  Gabriel),  compositeur  qui 
vivait  à  Fano,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle, 
a  écrit  la  musique  pour  la  prise  d'habit  d'une 
religieuse  etl'a  fait  imprimer  sous  ce  titre  :  Sacre 
CaHsoHe;Fano,  1682,  in-4". 

BALARD  (Jean),  habile  joueur  de  luth, 
vers  la  fin  du  seizième  siècle ,  dont  Besani  a 
inséré  quelques  pièces  dans  son  Thésaurus  llar- 
monicus. 

BALBASTRE  (Claude),  né  à  Dijon  le  s  dé- 
cembre 1729,  arriva  à  Paris  le  16  octobre  1750. 
11  y  fut  accueilli  par  Rameau,  son  compatriote  et 
son  ami,  qui  lui  donna  des  leçons.  Son  début,  au 
concert  spirituel,  se  fit  le  21  mars  1753,  par  iia 
concerto  d'orgue  qui  fut  fort  applaudi ,  comme 
on  le  voit  par  le  Mercure  d'avril  de  celte  année. 
Balbaslre  fut  reçu  organiste  de  l'église  de  Saint- 
Roch ,  en  survivance  de  Landrin,  organiste  du 
roi,  le  26  mars  1756,  et  composa  pour  cette  pa- 
roisse ses  noëls  en  variations  qu'il  exécuta  tous 
les  ans  à  la  messe  de  minuit,  jusqu'en  1702.  À 
cette  époque,  l'archevêque  de  Paris  lui  lit  dé- 
fendre de  jouer  l'orgue  à  la  messe  de  minuit, 
et  pareille  défense  lui  fut  faite  en  1776  pour  ses 
Te  Deum  de  la  veille  de  Saint-Rocli ,  parce 
qu'ils  attiraient  trop  de  monde  dims  l'église.  Reçu 
organiste  de  la  cathédrale  en  1700,  il  obtint 
aussi  le  brevet  d'organiste  de  Monsieur,  en  1776, 
et  conserva  cet  emploi  jusqu'à  la  révolution.  Bal- 
bastreest  mort  à  Paris  le  9  avril  1799.  I!  passe, 
en  France,  pour  avoir  imaginé  le  premier  de 
faire  organiser  le  piano,  invention  qui,  dit-on, 
fut  exécutée  par  Ciiquot,  lacteur  d'orgues  re- 
nommé; mais  elle  est  plus  ancienne.  On  a  de 
Balbastre  les  compositions  dont  les  titres  suivent  : 
■ —  1°  plusieurs  concertos  d''orgue,  manuscrits.  — 
20  Un  livre  de  pièces  de  clavecin;  Paris,  .sans 
date.  —  30  Quatre  suites  de  Noëls  avec  varia- 
tions ;  Paris,  sans  date.  ■ — 4°  £/»  livre  de  qua- 
tuors pour  le  clavecin,  avec  accompagnement 
de  deux  violons,  .une  basse,  et  deux  cors  adli- 
hïlum.  Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  d'un  style 
lâche  et  incorrect.  Comme  la  plupart  des  organis- 
tes français  de  son  temps,  Balbaslre  n'avait  que 
de  l'exécution  sur  les  claviers  à  la  main  et  la  con- 
naissance des  effets  de  l'orgue  parle  mélange  des 
jeux  et  des  claviers;  mais,  comme  tous  ses  confrères 


BA.LBASTRE  —  BALDENECKEll 


227 


<!«  Taiis  il  n'avait  aucune  connaissance  du  jeu 
lie  la  pédale  (dont  le  clavier  n'était  pas  jouable, 
«railleurs,  sur  les  orgues  françaises) ,  et  il  était 
ii;norant  du  grand  style  des  organistes  italiens  et 
allemands  des  anciennes  écoles. 

BALBI  (Marc-Antoine),  moine  vénitien, est 
auteur  d'un  petit  traité  dont  le  premier  titre-est  : 
Régula  brevis  musicx  practïcabiiis  cum  quin- 
qne  generibus  proportionwn  praciicabilitim, 
et  le  second  :  Qui  commenza  la  nobil  opéra  di 
pralica  musicale,  ne  la  quale  se  traita  lutte 
le  cose  a  la  prattica  pertinente,  fada,  com- 
pilata  e  ordinata  per  fraie  Marco-Antonio 
Balbi,  vcneto.  L'existence  de  cet  ouvrage  a  été 
Ignorée  de  tons  les  bihliograplies.  Bien  que  le 
juemier  titre  soit  en  latin,  louviage  est  écrit  en 
assez  mauvais  italien.  Il  est  imprimé  en  caractères 
golliiques,  et  ne  contient  que  sept  feuillets  ou  qua- 
torze pages,  sans  date,  sans  lieu  d'impression,  et 
sans  nom  d'imprimeur.  L'objet  principal  de  cet 
ouvrage  est  un  traité  succinct  des  proportions  de 
l'ancienne  notation  de  la  musique. 

D.\LBÎ  (Louis),  né  à  Veni.se  dans  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle,  fut  élève  et  imita- 
teurde  Constant  Porta.  Il  entra  jeune  dans  l'ordre 
des  grands  Coideliers,  ou  mineurs  conventuels, 
et  fut  maître  de  cbapelle  de  l'église  Saint-Antoine, 
à  Padoue.  Il  occupait  encore  cette  place  en  1591, 
car  Auguste  Gardane,  qui  publia  dans  cette  an- 
née une  édition  du  Graduale  romanum,  dit  dans 
la  préface  qu'elle  a  été  revue  par  trois  des  plus 
excellents  musiciens  de  l'Italie  :  par  Gabrieli, 
organiste  de  Saint- Marc,  par  maître  Louis  Balbi, 
in  ecclesia  D.  Antonii  Palavini  musices  mo- 
doratorc,  et  par  Horace  Vecchi.  Balbi  a  publié 
des  messes,  des  motets  et  des  madrigaux.  Ses 
ouvrages  connus  jusqu'à  ce  jour  sont  :  1°  Sacra- 
rum  Missarum  liber  primus,  quatuor,  quinque 
c^5ea;î;o««m;Venetiis,apudVincenli,  lb84,in-4°. 
—  2°  Cantiones  ecclesiasficœ  quinque  vocum; 
Venetiis,  1576.  —  3°  Motettia  quattro  voci;  in 
Venezia,  Vincenti,  1578,  in-4°.  —  i°  Ecclesiastici 
concentus,  una-octo  vocibus,  lib.  1;  Venetiis, 
npudAlex.  Raverium,  1606,  in-4°.  Onvoitparle 
titre  de  cet  ouvrage  que  l'auteur  était  alors  (160r.) 
niaîliede  cbapelle  du  grand  couvent  de  son  ordre, 
àVenise.  LeP.  Balbiaétéundesédileursdugraduel 
et  de  l'antiphonaire  publiés  sous  ce  titre  :  Gra- 
duale et  Antiphonarium  ;juxta  ritiim  Missalis 
et  Brcviarii  novi;  Venetiis  apud  Ang.  Garda- 
num,  1591,  gr.  in-fol.  gotb.  Dodenscbatz  a  inséré 
quatre  motets  à  liuit  voix  de  ce  musicien  dans  ses 
Florilegii  musici  Portensis. 

BALBI  (Laurent),  amateur,  né  en  Italie,  et 
bon  violoncelliste,a  publié  les  œuvres  suivants  : 
1°  Sonata  da  camcra,  a  violino,  violoncello  e 


continuo.  —  2°  Sonate  a  violinosoloecontimio. 
—  3°  Sonate  a  due  violini  e  violoncello.  Toutes 
ces  compositions  ont  été  gravées  à  Amsterdam, 
sans  date. 

BALBI  (Ignace).  On  a  publié  sous  ce  nom 
en  Allemagne,  vers  1782,  quelques  ariettes  avec 
accompagnement.  On  présume  qu'elles  sont  d'un 
ténor  qui  chantait  à  Lisbonne  en  1756. 

BALBI  (Melchior),  noble  Vénitien,  né 
en  1759,  fut  élève  d'Antoine  Calegari,  et  cultiva 
la  musique  comme  amateur.  Il  mourut  à  Padoue, 
dans  sa  soixante-neuvième  année,  au  mois  de 
juillet  1828,  laissant  en  manuscrit  un  ouvrage  qui 
fut  publié  après  son  décès,  sous  ce  litre  :  Trattato 
del  sistema  annonico  di  Antonio  Calegari, 
mxstro  deir  insigne  Cappella  délia  basilica 
dis.  Antoniodi  Padova, propostoedimostrato 
da,  etc.;  Padova,  pel  Valenlino  Crescentini,  1829  , 
in-S"  de  141  pages,  avec  2  planches  de  musique. 

BALBIIV  (BoaosLAw),  jésuite  hongrois,  né  à 
Kœiiiggratz  en  1621,  mort  en  1688.  Il  a  écrit 
des  Miscellan.  Regni  Bohem.,  où  il  donne  des 
détails  intéressants  sur  le  grand  orgue  de  Prague 
et  les  cloches  des  églises  de  la  Bohème. 

BALDACINI  ( Antoine -LoL'is),  violoniste 
italien  qui  vivait  vers  1720,  a  publié  douze  so- 
nates à  trois  parties;    Amsterdam,  sans  date. 

BALDAMUS  (...).  On  connaît  sous  ce  nom 
des  Sonatines  pour  le  piano  à  quatre  mains 
(vuvre  premier  (Hambourg,  Cranz),  et  deux 
chansons  (Lieder)  à  deux  voix  avec  accompagne- 
ment de  piano  (Berlin,  Cosmar). 

BALDASSABE.  Voyez  BALDISSERA. 

BALDASSAUI  (Pierre)  compositeur,  né 
à  Rome,  dans  le  dix-septième  siècle,  a  écrit  à 
Brescia,  en  1709,  un  oratorio  intitulé  :  Applausi 
eterni  delV  amore  manifestato  nel  Tempo. 

BALDEKECKEB  (Uldaric),  musicien  de 
cour  et  violoniste  à  Mayence,  a  publié  à  Francfort 
ver.s,  1784, Sia;  trios  concertants  pour  violon, 
viole  et  violoncelle. 

BALDEXECKER  (Jean-Bernard),  violo- 
ni.ste  et  pianiste  fixé  à  Francfort  sur  leMein,  s'est 
fait  connaître  par  diverses  compositions  pour  le 
violon  et  le  piano.  Il  avait  été  premier  violon  de 
l'opéra  d'Amsterdam  avant  de  passer  à  l'orches- 
tre de  celui  de  Francfort.  11  est  mort  dans  un  âge 
avancé  en  1849. 

Ses  ouvrages  les  plus  connus  sont  :  1"  Trois 
duos  pour  deux  violons,  op.  1  ;Offenbacb,  André. 
—  2"  Polonaise  pour  le  piano,  œuvre  2  ;  Franc- 
fort, Fischer.  —  3"  Six  trios  pour  violon,  alto 
et  basse;  Offenbach,  André;  —  4°  Polonaises; 
pour  le  piano,  œuvres  4  et  6  ;  Francfort,  Hoff- 
mann et  Dunst.  —  5°  Polonaise  en  r^  mineur  pour 
le  piano  ;  Mayence,  Scliolt.  —  9"  Le  Cercle,  di  ver-; 


228 


BALDENECKER  —  BALDRATI 


tissementen  trio  pour  violon,  alto  et  violoncelle; 
Amsterdam,  Steup.  —  7°  Thème  varié  pour  le 
piano,  op.  7  ;  Francfort,  Hoffmann  et  Dunst.  — 
8"  Thème  varié  pour  le  violon,  avec  accomp.  de 
violon  et  violoncelle;  Bonn,  Simrock. 

BALDENECKER  (Nicolas),  frère  du  pré- 
cédent naquit  à  Mayence,  le  27  mars  1782.  Dans 
sa  jeunesse  il  dirigea  l'orchestre  des  vaudevilles 
du  Théâtre  français  à  Mayence;  puis  il  entra 
comme  violoniste  au  nouvel  orchestre  du  théâ- 
tre de  Francfort-sur-le-Mein  en  1801.  Ce  fut  lui 
qui,  avec  Scheible,  organisa  le  concert  des  ama- 
teurs dans  cette  ville,  et  fonda  plus  tard  la  so- 
ciété de  chant  connue  sous  le  nom  de  Csecilia. 
Le  1"  octobre  1851  il  fêta  son  jubilé  de  cinquante 
ans  comme  premier  violon  et  directeur  du  chœur 
au  théâtre.  Il  a  publié  plusieurs  œuvres  de  so- 
nates et  de  solos  pour  le  piano. 

BALDENECKER  (Jean-David),  fils  du 
précédent,  un  des  premiers  violons  de  l'orchestre 
du  théâtre  de  Francfort,  vécut  quelque  temps  à 
Leipsick,  puis  fut  directeur  de  musique  à  Carls- 
ruhe.  Il  est  mort  le  22  juillet  1854,  dans  toute  la 
force  de  l'âge.  On  connaît  de  lui  quelques  œuvres 
de  peu  d'importance  pour  le  piano. 

BALDENECKER  (Jean-Bernard)  le  jeune, 
pianiste  de  talent,  naquit  à  Mayence  le  23  août 
1791.  Il  fut  élève  de  Blenkner,  et  alla  s'établir  à 
Francfort  en  1807.  En  1830  il  fonda  dans  cette 
ville  ime  école  d'après  le  système  de  Logier  et  de 
Stœpel  pour  l'enseignement  du  piano.  Il  y  réu- 
nissait souvent  ses  élèves  pour  exécuter  des 
morceaux  sur  douze  à  seize  pianos  à  la  fois.  Plus 
tard  il  établit  une  fabrique  d'encre  pour  l'impres- 
.sion  en  taille-douce.  Cet  artiste  est  mort  à  Franc- 
fort, le  25  juin  1855.  Ses  meilleures  compositions 
pour  le  piano  sont  :  1°  Grande  sonate  pour  le 
piano  avec  violon  obligé,  op.  7;  Offenbach, 
André.  —  2°  Deux  sonates  à  4  mains,  op.  9.  — 3» 
Sonate  pour  piano  seul  (en /a  mineur),  op.  10. 

Conrad  et  Aloys  Baldenecker  sont  les  fils 
de  Jean -Bernard  le  jeune.  Conrad  a  été  attaché 
comme  professeur  à  l'école  de  piano  d'ensemble, 
fondée  par  son  père  ;  Aloys  a  fait  partie  de  l'or- 
chestre du  théâtre  de  Francfort,  comme  violo- 
nisle,  jusqu'en  1854;  il  est  maintenant  (1859) 
raaltre  de  concerts  à  Wiesbaden. 

BALDEWEIN  (Jean- Chrétien),  né  à 
Cassel,vers  1784,  devint  en  1820  chef  des  chœurs 
du  théâtre  de  cette  ville,  et  occupait  encore  cette 
place  en  1831.  Précédemment  il  avait  été  cantor 
de  l'école  communale.  En  1839,  il  fit  exécuter  une 
OdeàV  amitié  pour  quatre  voix  d'hommes,  et  dans 
l'année  suivante  il  fit  entendre  une  hyrame  égale- 
ment pour  desvoix  masculines.  On  aimpriméde  sa 
composition  :  l'Six  chants  pour  voix  de  soprano 


avec  accompagnement  de  harpe  ou  piano,  1"  re- 
cueil;Leipsick,BreitkopfetHaertel.— 2°Sixidem, 
2156 recueil; ibid.  —  3°Sixidem,3™e  recueil  ;Lcip- 
sick,  Peters. — 4"  Six  Lieder,  i"  et  2"  livraisons  ; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  La  fille  de  Bal- 
dewein  se  fit  entendre  dans  un  concert,  en  1826; 
et  son  fils,  après  avoir  chanté  pendant  plusieurs 
années  au  théâtre  de  Cassel,  débuta  à  celui 
d'Amsterdam,  en  1846,  comme  première  basse. 

BALDI  (Jean),  organiste  à  Pistoie,  né  dans 
cette  ville  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  est 
considéré  en  Italie  comme  un  des  meilleurs  élè- 
ves de  Philippe  Gherardeschi.  Baldi  a  composé 
beaucoup  de  musique  pour  le  violon,  des  messes  et 
des  psaumes.  Il  s'est  fixé  dans  sa  ville  natale. 

BALDI  (Dominique).  La  Bibliothèque  impé- 
riale de  Paris  possède  des  cantates  italiennes  ma- 
nuscrites, sous  le  nom  de  cet  auteur. 

BALDINI  (Jérôme),  professeur  de  flûte,  né 
à  Vérone,  a  vécu  à  Paris  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle.  On  a  de  sa  composition 
un  livre  de  .sonates,  pour  une  flûte  seule, 

BALDINI  (Charles),  compositeur,  est  né  à 
Bologne  au  commencement  du  dix-neuvième 
siècle,  et  a  fait  ses  études  musicales  sous  la  di- 
rection de  Mattei.  Il  a  écrit  de  la  musique  d'église 
qui,  jusqu'à  ce  jour,  est  restée  en  manuscrit.  En 
1837  cet  artiste  a  été  nommé  membre  de  l'Aca- 
démie philharmonique  de  Bologne. 

BALDISSERA  ou  BALDASSARE  ou  BAL- 
DESSARI,  organiste  et  compositeur,  naquit  à 
Imola  dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle,  ou  au  commencement  du  seizième  (i).  Le 
29  mars  1533  il  fut  nommé  organiste  du  second 
orgue  de  la  cathédrale  de  Saint-Marc  à  Venise, 
et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'au  mois  de  juil- 
let 1541,  époque  qui  est  vraisemblablement  celle 
de  sa  mort.  Il  eut  pour  successeur  Jachet  ou 
Jacques  de  Berchem.  La  seule  composition  de 
Baldissera  connue  jusqu'à  ce  jour  est  un  madrigal 
à  cinq  voix  qui  se  trouve  (page  37)  dans  une  col- 
lection intitulée  :  Le  dotte  et  eccellente  compo- 
sitioni  de'  Madrigali,  \n-k°  oblong,  imprimé  à 
Venise  en  1540.  C'est  entête  de  ce  morceau  qu'il 
est  nommé  Baldissera. 

BALDRATI  (Le  P.  Barthélémy),  moine 
cordelicr,  naquit  àRiminivers  1645,  el  fut  maître 
de  chapelle  de  l'église  Saint-François  de  cette 
ville.  On  a  imprimé  de  sa  composition  un  œuvre 

(f)  M.  Caffl  n'est  pas  certain  si  le  nom  de  Baldassare  fut 
un  nom  de  famille  ou  nn  prénom.  Il  dit  que  cet  artiste  fut 
d'abord  organiste  de  l'Kglise  paroissiale  de  Saint  Jcrémie, 
que  son  traitement  comme  organiste  de  Saint-Marc  fut 
d'abord  de  Go  ducats,  puis  de  80.  (Voyez5(oria  delta  m«- 
sUa  sacra  nella  gia  cappella  ducale  di  SanlUaico. 
tom.  I,  p.  1076  ) 


BALDRATI—  BALFE 


229 


qui  a  pour  titre  :  Messe  a  quattro  voci  da  Ca- 
pelln,  op.  1.  Rome,  Jacques  Monti,  1678.  La  Bi- 
biioliièque  impériale  de  Paris  possède  en  manuscrit 
une  messe  à  vingt-quatre  voix  de  ce  maître,  et  des 
motets  à  cinq  et  à  six  voix,  également  en  ma- 
nuscrit. 

BALDUCCI  (Marie),  cantatrice,  née  à 
Cônes  en  I7.i8 ,  avait  une  voix  d'une  étendue  ex- 
traordinaire; mais  son  exécution  était  incorrecte, 
et  son  chant  dépourvu  d'expression.  Elle  chantait 
les  rôles  de  prima  donna  à  Venise  en  1778.  Au 
carnaval  de  1779,  elle  était  à  Milan,  où  elle  chanta 
avec  succès  les  rôles  de  Calliroe,  dans  l'opéra 
de  Felice  Alessandri,  et  de  Cleopatra,  dans  celui 
d'Anfossi. 

BALDUCCI  (M...  ),  compositeur  napo- 
litain ,  a  fait  ses  études  musicales  au  collège  royal 
de  musique  de  Naples.  Son  entrée  dans  la  carrière 
du  théâtre  s'est  faite  avec  succès  par  son  opéra 
intitulé  Bianca  Turenga  ,  représenté  à  Naples 
en  1838.  Les  morceaux  détachés  de  cet  ouvrage 
ont  été  publiés  à  Milan,  chez  Hicordi.  M.  Bai- 
ducci  a  écrit  aussi  II  Conte  dl  Marsico,  mélo- 
drame pour  des  voix  de  femme,  avec  accompa- 
gnement de  deux  pianos,  dont  un  à  quatre  mains. 
BALDUIN  (Noël).  Foye:;  BAULDUIN. 
BALDUS  (Bernardin),  ou  plutôt  Baldi, 
abbé  de  Guastalla,  dans  le  Mantouan,  naquit  à 
Urbino  dans  l'État  de  l'Église,  le  6  juin  1553  ,  et 
mourutle  10  octobre  \f\\l .  On  a  de  ce  fécond 
écrivain  près  de  cent  ouvrages,  dont  une  partie 
est  inédite.  Parmi  ceux  qui  ont  été  imprimés, 
on  remarque  un  Lexicon  vilriivianum,  seu  de 
verborum  vitruvïanorum  sïgnificatione  (Ve- 
nise, 1594)  dans  lequel  il  explique  tous  les  ter- 
mes de  musique  contenus  dans  le  traité  d'archi- 
tecture de  Vitruve.  La  description  de  l'orgue 
hydraulique  de  cet  auteur  a  mis  à  la  torture  Baldi , 
comme  tous  les  autres  commentateurs. 

BALESTRA  (Raimond),  compositeur  ita- 
lien, vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.J.-B.  Bonometti  a  inséré  plusieurs  psaumes 
el  motets  de  Balestra  dans  sa  collection  intitulée  : 
Parnassiis  musicus  Ferdinandxus  ,  publiée  à 
Venise  en  1615. 

BALETTl  (Elene-Riccoboni),  connue  sous 
le  nom  de  Rose  Baletti ,  cantatrice  distinguée , 
naquit  à  Stiittgard  en  1768.  Au  mois  de  novem- 
bre 1788,  elle  débuta  au  concert  spirituel,  à 
Paris,  et  elle  entra  immédiatement  après  dans 
la  troupe  des  Bouffons  du  théâtre  de  Monsieur. 
Sa  voix  était  douce ,  sa  vocalisation  parfaite  et 
son  expression  touchante  :  aussi  obtint-elle  le 
plus  beau  succès  parmi  les  amateurs  (alors  eu 
petit  nombre)  qui  fréquentaient  ce  théâtre.  Vers 
l."9a,  elle  retourna  àStuttgard,  où  elle  devint 


cantatrice  de  la  cour  du   duc  de   Wurtemberg. 
BALFE  (Michel-Guillaume),  dont  le  nom 
de  famille  est  Balph,  est  né  le  15  mai  1808,  à 
Limerick  en  Irlande,  et  non  à  Dublin,  comme  il 
est  dit  dans  la  Conversations- Lexicon.  Doué  de 
la  plus  heureuse  organisation  pour  la  musique, 
il  apprit  le  chant  et  le  piano  presque  en  se  jouant, 
et  ne  fit  jamais  d'étude  sérieuse  de  la  composi- 
tion ;  cependant  il  a  obtenu  des  succès  comme 
chanteur  avec  une  voix  médiocre,  il  accompa- 
gne au  piano  avec  beaucoup  d'intelligence  et  d«' 
verve  ,  il  possède  beaucoup  d'habileté  dans  la 
direction  des  orchestres ,  enfin   il  a  improvisé 
une  vingtaine   d'opéras   peu  remarquables  par 
l'invention,  mais  où  il  y  a  de  l'instinct,  un  bon 
seutiuient  d'harmonie  et  la  connaissance  de  l'ins- 
trumentation.  Homme  d'esprit,   d'ailleurs,   et 
plein  de  confiance  en  lui-même,  il  a  su  tirer  de 
ses  facultés  plus  d'avantages   qu'elles  ne  sem- 
blaient en  promettre.  Son  père  et   le  musicien 
Horn  furent  ses  premiers  maîtres,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'il  pût   se  faire  entendre  en 
public  dès  l'âge  de  sept  ans,  dans  un  concerto  de 
Viotti.  Arrivé  à  Londres  à  peine  âgé  de  seize  ans, 
il  chanta  le  rôle  du  chasseur  dans  quelques  re- 
présentations du  Freyschiitz.   Dans   le   même 
temps  il  entra  dans  un  des  petits  théâtres  de 
Londres,  en  qualité  de  chef  d'orchestre.  En  1825 
il   fit  un  voyage  à  Rome,  avec   une   riche  fa- 
mille anglaise.  Dans  l'année  suivante,  il  écrivit 
à  Milan  la  musique  du  ballet  de  La  Pérouse,  pour 
le  théâtre  de  La  Scala.  Arrivé  à  Paris,  à  la  fin 
de  celte  même  année  1826,  il  débuta  au  théâtre 
italien,  sous  le  nom  de  Balfi ,  dans  le  rôle  de 
Figaro  du  Barbier  de  Séville.  Sa  voix  de  bary- 
ton mal  timbrée  et  son  inexpérience  de  la  scène 
étaient  des  obstacles  trop  sérieux  pour  qu'il  put 
réussir  à  côté  des  excellents  chanteurs  qui  bril- 
laient alors  sur  cette  scène.  Peu  de  temps  après, 
il  retourna  en  Italie.  Engagé  à  Plaisance  au  prin- 
temps de  1830,  il  y  chanta  pendant  toute  la  sai- 
son ;  puis  il  se  rendît  en  Sicile,  chanta  au  théâ- 
tre de  Palerme,  et  y  donna  son  premier  opéra 
sous  le  titre  de  /  Rivali.  En  1832  il  était  à  Flo- 
rence, où   il   fit  jouer  l'opéra  bouffe  un  Avve- 
timente.  XMWm,  il  chanta  en  1833  au  théâtre 
Carcano,  où  il  fit  représenter  EnricoIValpasso 
délia  Marna,  nouvel  opéra  de  sa  composition 
dans  lequel  M"e  Roser,  devenue  sa  femme  depuis 
peu  de  temps,  chanta  le  premier  rôle.  Les  rémi- 
niscences nombreuses   que  le  public  remarqua 
dans  cette  partition   en  empêchèrent  le  succès. 
Après  avoir   chanté  à   Bologne,  Balfe  obtint  i;n 
engagement  pour  le  théâtre  de  La  Fenice,  à  Ve- 
nise. Ce  lut  là  qu'il  eut  la   malheureuse  idée  do 
mutiler  le  Crocia'o  de  Meyeibeor,  en  y  introdui.- 


230 


BALFE  —  BALLABENE 


sant  des  roorceanx  de  sa  composition, et  d'autres 
de  Kossini  el  de  Donizelli.  L'indignation  de  l'I- 
talie contre  cet  acte  de  bailiaiie  obligea  Balfe  à 
s'éloigner  de  ce  pays.  Arrivé  à  Londres  en  1835, 
il  y  donna  des  leçons  de  cliantet  écrivit  pour  le 
théâtre  italien  lMs5e(//o  de  la  Rochelle,  opéra 
en  trois  actes  qui  eut  quelque  siucès.  M™'  Ma- 
hhran  ayant  été  engagée  an  printemps  de  1836 
pour  jouer  l'opéra  anglais  au  théâtre  de  Drwry- 
Xane,  Balle  écrivit  pour  elle   Tke  Maid  of  Ar- 
tois, dont  le  sujet  avait  beaucoup  de   ressem- 
blance avec  celui  du  ballet  et  de  l'opéra  de  Clari, 
joués  longtemps  auparavant  à  Paris.  Peu  scrupu- 
leux sur  le  choix  des  idées,  il  en  avait  pris  dans 
plusieurs  partitions  en  vogue  poiu-  fabriquer  la 
sienne  ;  mais  ime  valse  de  Strauss,  dont  il  avait 
(ait  un  air  chanté  par  M"'e  Malibran  avec  une 
verve  merveilleuse,  assura  le  succès  de  cet  ou- 
vrage. Le  2"  mai  1837,  il  donna  au  même  théâ- 
tre Jeanne   Gray;  opéra  en  trois  actes,  qui  ne 
réussit  pas.  Dans  l'année  1838,  Balfe  lit  repré- 
senter à  Londres /4??ia/««,  or  tke  love  test  (Amé- 
lie, ou  l'amour  éprouvé),  puis  Falstaff;  Jeanne 
d'/l rc,  fut  jouée  en  1839.  Tout  cela  était  écrit 
fro|)  rapidement  pour  prendre   place    parmi  les 
belles  œuvres  d'art  ;  cependant  les  connaisseurs 
rrconnurent  des  progrès  dans  Falsta//,  sous  le 
rapport  de  l'originalité  du  style.  Le  Diadesté, 
joué  en  1839,  ne  réussit  pas.  Chargé  de  la  direc- 
tion de  l'orchestre  du  théâtre  de  Drury-Lane, 
Balfe  ne  donna  pas  d'ouvrage  nouveau  en  1840; 
dans  celte  môme  année  et  dans  la   suivante,  il 
fit  des  voyages  en  Irlande  et  en  Ecosse  avec  sa 
femme  et  le  célèbre  pianiste  Thalberg,  pour  y 
donner  des  concerts.    A  son  retour  à  Londres, 
il  lit  jouer  Kéolanthe,  opéra  romantique  qui  ne 
réussit  que  médiocrement.  Dans  l'été  de  1842 
IJalfe  fut  chargé  de  la  direction    de  la  grande 
léle  nuisicale  de  Norwicli.  l'eu  de  temps  après, 
il  partit  pour  Paris,  où  il  écrivit  Le  Puits  d'à 
moîir,  (]ui  fut  représenté  à  l'Opéra-Comique  ao 
mois  d'avril  1843.  Cet  ouvrage,  dépourvu  d'ori- 
ginalité, mais  où  il  y  a  du  mouvement  et  de  la 
dislinctiin  dans  l'harmonie,  a  eu  du  succès  et  a 
été  joué  à  l'étranger  comme  en  France.  The 
bohémien  Girl  (  La  jeune  bohémienne) ,  jouée 
à  Hambourg,  sous  le  titre  de  La  Gilana,  et  à 
"Vienne  sous  celui  de  die  Zigeunerin,  marqua 
du  progrès  dans  le  talent  de  Balfe,  et  fit  voir 
qu'il  avait  été  sensible  à  la  critique  des  jour- 
neaux  de  Paris.  Cet   ouvrage  fut  joué  pour  la 
première  fois  à  Londres,  en  1844.  Dans  la  môme 
année  l'auteur  fit  représentera  l'Opéra-Comique 
(\t  Vavis  JjCs  quatre  jUs  yl?/?HOH,  en  trois  actes. 
De  tous  ses  ouvrages,  c'est  celui  dont  le  succès 
a  été  te  plus  générai,  en  France,  dans  toutes  les 


grandes  villes  de  l'Allemagne,  en  Angleterre  et 
en  Hollande.  Quoiqu'on  y  remarque  toujours  la 
négligence  et  la  trop  grande  facilité  du  compo- 
siteur, on  ne  peut  nier  que  ce  ne  soit  sa  meil- 
leure production,  et  qu'il  ne  s'y  trouve  de  jolies 
choses.  Depuis  cette  époque,  Balfe  a  écrit  au^si 
La  fille  de  la  place  Saint-Marc  ;  L'Étoile  de 
Séville,  en  1846,  pour  l'Opéra  de  Paris,  et  qui 
ne  réussit  [)as, quoique  les  principaux  rôles  fus- 
sent chantés  par  Gardoni  et  par  M'"^  Stolz  ;  The 
Bond-man  (L'Esclave),  dan.s  la  même  année,  et 
The  tnaidof  honour  (La  fille  d'honneur)  ;  mais 
ces  ouvrages  ont  fait  peu  de  sensation.  Lorsque 
M.  Costa,  suivi  de  tout  l'orchestre  qu'il  dirigeait 
quitta  le  Théâtre  de  la  Reine  pour  passera  celui 
de  Covent-Garden,  M.  Lumiey  ciiargea  Balfe  de 
l'organisation  d'unaulre  orchestre  et  lui  en  confia 
la  direction.  Dans  ces  fonctions,  il  a  fait  preuve 
de  beaucoup  d'habileté,  d'intelligence  et  de 
goût;  mais,  l'entreprise  ayant  cessé  en  1852,  il 
partit  pour  l'Allemagne.  Balfe,  très-bon  maître 
de  chant,  avait  publié  à  Londres,  en  1862,  un 
ouvrage  élémentaire  de  chant  intitulé  :  Indis- 
pensable studïes  for  a  soprano  voice,  in-fol.  A 
son  retour  à  Londres  en  1855,  il  y  a  fait  paraître 
une  méthode  de  chant ,  et  a  donné  au  commen- 
cement de  1859  Satanella,  opéra  romantique 
en  trois  actes,  qui,  d'après  les  journaux,  a  obtenu 
un  brillant  succès,  et  qui  est  considéré  en  An- 
gleterre comme  son  meilleur  ouvrage. 

BALHOKIV  (Locis-Guillaume),  né  dans  le 
duché  de  Holstein,  mourut  le  20  mai  1777.  Il 
est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Prolusio  de 
phonascls  veterum  vocis  Jormandw  conscr- 
vandseque  magistris.  Alloua  et  Hanovre,  17G6, 
in-4°.  Il  y  a  de  l'érudition  dans  cet  écrit;  mais 
il  n'y  a  guère  que  cela;  l'auteur  laissa  voir  à 
chaque  instant  qu'il  était  étranger  à  la  matière 
qu'il  traitait.  Il  a,  au  reste,  ce  rapport  avec  tous 
les  savants  qui  ont  écrit  sur  la  musique  des 
anciens. 

BALÏNO  (  A^NlBAL-Plo-FABRI  ) ,  surnommé 
il  Bolognese,  parce  qu'il  était  né  à  Bologne,  fut 
élève  de  Pislocchi,  et  l'un  des  meilleurs  ténors  de 
son  temps.  Appelé  à  la  cour  de  Portugal  pour  y 
être  premier  chanteur  de  la  chapelle  royale ,  il 
mourut  à  Lisbonne,  le  12  août  17C0. 

BALLABEiME  (Grégoire)  ,  né  à  Rome  , 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
est  mort  dans  la  même  ville  vers  ISOO.  Il  s'est 
fait  connaître  du  monde  musical  par  une  messe 
composée  du  Kyrie  et  du  Gloria,  à  quaranlc- 
huit  voix  divisées  en  douze  chœurs,  chef-d'œu- 
vre de  patience  et  de  savoir.  La  cour  de  Portugal 
ayant  fait  demander  à  Pasquale  Pisari ,  par  .son 
ambassadeur  à  Rome,  un  Dixit  à  seize  v<ii\  ,  en 


BALLABENE  —   BALLAUl) 


2;îi 


quatre  clioxirs  réels  :  ce  DixU  fut  essayé  dans 
l'église  des  Douze-ApOtres  par  cent  cinquante 
chanteurs,  et  on  profita  de  celte  occasion  pour 
essayer  aussi  l'ouvrage  de  Ballabene,  dont  l'eftet 
parut  obscur  ;  inconvénient  inévitable  dans  des 
compositions  si  compliquées.  D'ailleurs  des 
masses  cliantantes  beaucoup  plus  considérables 
auraient  été  nécessaires  pour  rendre  sensibles  les 
entrées  des  parties  de  chaque  chœur.  En  1778, 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Pierre , 
lie  Rome,  étant  devenue  vacante  par  la  mort  de 
,lean-Costanzi ,  Ballebene  se  mit  sur  les  rangs 
poiM'  l'obtenir,  mais  ce  fut  Antoine  Buroni  qu'on 
choisit.  Ballabene  fut  élu  membre  de  l'Académie 
<\e^  philharmoniques  de  Bologne  en  1754.  Joseph 
Heiberger,  musicien  allemand  fixé  à  Rome,  a  fait 
imprimer  dans  cetle  ville,  en  1774,  une  lettre  con- 
cernant l'effet  de  la  messe  à  quarante-huit  voix  , 
<lans  l'essai  qui  en  avait  été  fait.  M.  l'abbé  San- 
tini  possède  en  manuscrit  im  DixH  à  seize  voix  , 
de  Ballabene,  un  autre  Dixit  à  huit,  des  messes 
et  des  motets  à  cinq,  la  Séquence  de  Saint-Au- 
gustin à  quatre,  et  un  Amen  à  quatre.  On  peut 
obtenir  du  même  amateur  des  copies  de  la  grande 
messe  à  quarante-huit  voix,  moyennant  le  prix 
de  dix  écus  romains. 

BALLARD,  famille  d'imprimeurs  de  musi- 
cpie  qui,  pendant  près  de  deux   siècles,  eut  en 
ipielque  sorte  le  monopole  de   l'impression  des 
livres  de  musique,  en  France.  Les  divers  privi- 
lèges qui  successivement  furent  accordés  à  cette 
famille  peuvent  être  considérés   comme  la  cause 
la  plus  puissante  de  l'état  stalionnaire  dans  lequel 
1  esta  ce  genre  d'impression  jusque  dans  la  seconde 
moitié   du  dix-huitième  siècle.   Les  caractères 
flont  se  servaient  les  Ballard  avaient  été  gravés 
en  1540  par  Guillaume  le  Bé  ;  en  1750,  ils  s'en 
servaient  encore  après  y  avoir  ajouté  seulement 
quelques  signes  devenus  indispensables.  Cliafpie 
Ibis  qu'un  typographe  voulut  introduire  quelque 
|)erfeclionnement  dans  cette  partie  de  l'art ,  les 
lîallard  s'y  opposèrent,  en  vertu  de  leurs   privi- 
I  iges,  et  la  cour  soutint  leurs  prétentions.  Robert 
Ballard,  chef  de   la  famille,    fut  pourvu    de  la 
charge  de  seul  imprimeur  de  la  musique  de  la 
chambre,  chapelle  et  menus  plaisirs  du  roi , 
conjointement  avec  Adrien-le-Roy  son  beau  frère, 
par  lettres  patentes  de  Henri  II ,  en  date  du  15 
(év.  1552.   Charles  IX  confirma  leur  privilège. 
Ils  imprimèrent  en  société  1°  Le  livre  de  Tabla- 
ture de  guiterne  (guitare)     d' Adrien-le-Roy , 
in-i°,  1561  ;  2°  les  Psaumes  de  David  en  vers  , 
par  Maroi,  avec  la  musique,  1562,  in-8' ;  les 
œuvres  de  Nicolas  de  la  Grotte,  1570,  in-S", 
et  beaucoup  d'autres  collections. 
BALLARD  (Pierre),  tils  du  précédent,  fut 


maintenu  dans  la  charge  de  son  père  par  Henri  III 
et  Henri  IV.  Ayant  f.iit  près  de  cinquante  mille 
livres  de  dépenses  pour  l'acquisition  des  poinçons 
et  des  matrices  de  Le  Bé,  somme  énorme  pour  ce 
temps,  Louis  XIII  le  récompensa  en  lui  accordant 
des  lettres  patentes  en  1633.  Parmi  les  ouvrages 
qu'il  imprima^  on  remarque  Cent  cinquante 
psaumes  de  David ,  mis  en  musique  par  Claudia 
le  Jeune,  1615,  in-s";  et  Ai7:s  de  différents 
auteurs,  mis  en  tablature  deluth  ,1617 ,  in-4°. 

BALLARD  (Robert),  fils  de  Pierre,  tut 
pourvu  de  la  même  charge  de  seul  imprimeur  du 
roi  pour  la  musique,  par  lettres  patentes  de 
Louis  XIII,  en  date  du  24  octobre  1639.  11  fut 
successivement  juge,  consul,  administrateur  des 
hôpitaux  ,  et  syndic  de  la  chambre  des  libraires, 
depuis  1652  jusqu'en  1657. 

BALLARD  (Christophe), fils  de  Robert, fut 
conlirmé  dans  les  attributions  de  ses  pères,  par 
lettres  patentes  de  Louis  XIV,  en  date  du  11  mai 
1673.  Un  très-grand  nombre  d'ouvrages  théori- 
ques et  pratiques  de  musique  est  sorti  des  pres- 
ses de  cet  imprimeur. 

BALLARD  (Jean-Baptiste-Christophe),  fils 
du  précédent,  obtint  les  mêmes  prérogatives  que 
ses  ancêtres ,  par  lettres  patentes  de  Louis  XIV, 
en  date  du  5  octobre  1095.  Ha  beaucoup  imprime, 
tant  en  ouvrages  théoriques  que  pratiques.  Il  mou- 
rut avec  le  titre  de  doyen  des  grands  juges  con- 
suls, en  1750. 

BALLARD  (  Christophe- Jean-François)  , 
(ilsdeJean-Baptiste-Christophe,  obtint  de LouisXV 
des  lettres  patentes  confirmatives,  en  date  du  6 
mai  1750.  Il  mourut  en  1765,  laissant  un  fils 
nommé  Pierre-Robert-Christophe,  qui  obtint 
aussi  des  lettres  patentes  de  Louis  XV,  en  date 
du  20  octobre  1763.  Tous  ces  privilèges  ont  été 
abolis  depuis  lors.  La  famille  des  Ballard ,  qui 
s'était  montrée  si  peu  désireuse  de  faire  faire  des 
progrès  à  l'impression  de  la  musique,  parce  qu'elle 
avait  pour  elle  la  faveur  des  gens  en  place  et  une 
longue  possession  du  monopole,  fut  attaquée 
dans  ses  intérêts  par  la  gravure ,  et  ne  put  sou- 
tenir longtemps  sa  dangereuse  concurrence.  Ce- 
pendant, sans  inventer  de  nouveau  système  pour 
la  composition  des  caractires,  il  aurait  été  facile 
d'en  rajeunir  les  formes  ;  mais  les  Ballard  s'obs- 
tinèrent à  conserver  leurs  notes  gothiques.  En 
vain  Fournier  et  de  Gando,  en  France,  Antonio 
de  Castro  à  Venise,  et  Breitkopf,  à  Leipsick, 
voyaient  leurs  efforts  couronnés  par  le  succès, 
la  lamilledes  Ballard,  fièrede  son  privilège,  crut 
pouvoir  se  reposer  sur  lui  du  soin  de  sa  fortune  : 
cette  fortune  était  déjà  anéantie  plusieurs  années 
avant  la  révolution,  qui  rendit  à  chacun  la  liberté 
de  son  industrie. 


2:52 


BALLAROTTI  —  BALTZIAR 


BALLAROTTI  (fkançcis),  musicien  ila- 
lien  qui  vivait  à  la  fin  du  dix-septièm*  siècle,  a 
composé  la  musique  d'A  Iciade  o  violen  za  d'Amore 
conjointement  avec  François-CliarlesPoilaroloet 
François  Gasparini.  Cet  opéra  a  été  représenté 
à  Venise  en  1699.  Ballarotti  a  écrit  aussi  Ario- 
visto,  avec  Perli  et  Magni  (Milan  1699)  et  VA- 
viante  impazzito  (Venise,  1714). 

BALLIÈREDE  LAISSEMEAT  (Char- 
les-Louis-Denis),  né  à  Paris,  le  9  mai  1729,  est 
mort  à  Rouen,  le  8  novembre  1800.  11  cultiva 
tour  à  tour  la  musique,  les  lettres,  la  chimie, 
les  mathématiques  ,  et  devint  vice-président  de 
l'académie  de  Rouen.  Il  eut  des  relations  avec 
J.-J.  Rousseau,  d'Alembert,  Diderot  et  Vol- 
taire, écrivit  les  livrets  de  quelques  opéras  comi- 
ques ,  et  publia  une  Théorie  de  la  Musique, 
Paris,  1764,  in-4".  Les  auteurs  du  Dictionnaire 
des  Musiciens  (Paris  1810)  ont  remarqué  avec 
justesse  que  cette  théorie  est  essentiellement  vi- 
cieuse, l'échelle  de  sons  y  étant  fondée  sur  la 
gamme  du  cor  et  de  la  trompette,- qui  est  fausse 
en  ce  qu'elle  déplace  le  demi-ton  de  la  gamme, 
anéantit  celui  qui  est  caractéristique  de  la 
tonalité  moderne,  et  y  introduit  un  son  qui  lui 
est  étranger  (l).  Cet  ouvrage  fut  cependant  ap- 
•  prouvé  par  l'Académie  de  Rouen  ;  mais  on  sait 
que  de  pareilles  approbations  ,  accordées  par  des 
savants  étrangers  à  la  musique ,  sont  de  peu  de 
valeur.  (  Voy.  le  Journ.  des  Savants,  ann.  17G5  , 
p.  291-320.  )Jamard,  chanoine  régulier  de  Sainte- 
Geneviève,  s'est  emparé  du  système  de  Ballière 
et  l'a  développé.  (Votj.  Jamard.) 

BALLIOM  (Jérôme),  organiste  de  l'église 
royale  et  ducale  de  Sainte-Marie  Alla  Scala,  de 
Milan,  naquit  dans  la  seconde  moitiédu  seizième 
siècle,  et  fut  élève  du  maître  de  chapelle  Guil- 
laume Arnoni.  Il  a  fait  imprimer  plusieurs  ou- 
vrages de  sa  composition,  dont  on  connaît  :  Sa- 
crarum  cantiomim  una,  dtiabus,  tribus,  qua- 
tuor, quinque  et  sex  vocibus  liber primus,  Op. 
Il;  Mediolani  apud  heredes  Tint  et  Lomacii, 
1608.  On  trouve  deux  motets  de  ce  maître  dans 
\esFlorilegii  musici  PortensiSyôe  Bodenschatz. 

BALOCIII  (Louis),  dont  le  nom  exact  est 
Balloco,  naquit  à  Verceil,  en  1766.  Après  avoir 
terminé  ses  humanités,  il  étudia  la  jurisprudence 
au  collège  del  Pazzo,  à  Pise,  et  fut  reçu  docteur 
en  1786  à  l'université  de  cette  ville.  Le  goût  de 
la  poésie  lui  tit  abandonner  le  barreau,  et  sa  vo- 
cation se  lit  connaître  par  une  traduction  en  vers 
du  Mérite  des  Femmes,  de  Legouvé.  Après  la 
réunion  du  Piémont  à   la  France,  en  1802,  Ba- 

(4)  Une  théorie  à  peu  près  semblabk  avait  été  déjà  pro- 
posée en  AllmiKigno  par  Sorge  {f-'oycz  ce  nom)  devi  I74l. 


Icchi  se  rendit  à  Paris.  Il  y  fut  attaché  comme 
poète  et  chef  de  la  scène  au  théâtre  italien,  et 
conserva  cet  emploi  pendant  plus  de  vingt-cinq 
ans.  Les  libretti  de  plusieurs  opéras  furent  com- 
posés par  lui  pour  ce  théâtre.  Il  a  traiiuit  aussi 
pour  l'Opéra  français  le  Maometto  et  le  Mosè, 
de  Rossini.  Balochi  était  musicien  et  composait 
les  paroles  et  la  musique  de  canzoni  et  de  roj 
mances  françaises,  dont  plusieurs  ont  été  publiées 
chez  Garii,  à  Paris.  Une  de  ces  romances,  L'A- 
mandier, a  eu  un  succès  de  vogue  :  la  mélodie 
en  est  charmante.  On  a  aussi  de  lui  un  recueil 
de  nocturnes  français  à  deux  voix,  dont  plusieuis 
ont  été  chantés  dans  tous  les  salons.  Batochi  est 
mort  à  Paris,  du  choléra,  au  mois  d'avril  1832. 

BALSAMINA  (Camille),  excellente  canta- 
trice, naquit  à  Milan  en  1784.  Douée  d'une  très- 
belle  voix  decontralto,  d'une  sensibilité  profonde, 
et  possédant  une  vocalisation  parfaite,  elle  fut 
accueillie  avec  enthousiasme  partout  où  elle  se  lit 
entendre.  Vers  1807  elle  fut  engagée  comme  pre- 
mière cantatrice  à  la  cour  du  prince  Eugène,  vice- 
roi  d'Italie.  Appelée  à  Paris,  à  l'occasion  du  ma- 
riage de  Napoléon  Bonaparte  avec  MailÇ-Louise, 
archiduchesse  d'Autriche,  elle  fut  surprise  par 
un  temps  affreux,  sur  le  Mont-Cenis  ;  sa  santé 
en  fut  dérangée  ;  le  mal  augmenta  pendant  son 
séjour  en  France.  On  crut  que  l'air  de  l'Italie  lui 
rendrait  la  santé;  mais,  de  retour  à  Milan,  elle 
ne  se  rétablit  point,  et  enfin  elle  mourut  le  9  août 
1810. 

BALTAZARINI,  musicien  italien,  connu 
en  France  sous  le  nom  de  Beaujoyeux,  fut  I& 
meilleur  violon  de  son  temps.  Le  maréchal  de 
Brissac  l'amena  du  Piémont,  en  1577,  à  la  reine 
Catherine  de  Médicis,  qui  le  nomma  intendant 
de  sa  musique,  et  son  premier  valet  de  chambre. 
Henri  III,  le  chargea  de  l'ordonnance  des  fêtes 
de  la  cour; il  s'acquitta  longtemps  de  cet  emploi 
avec  intelligence.  C'est  lui  qui  conçut  le  plan  du 
spectacle  dramatique  mêlé  de  musique  et  de 
danse  qu'il  a  fait  imprimer  sous  le  titre  de  Bal- 
let comique  de  la  roy)ie,  faict  aux  tiopces  de 
M.  le  duc  de  Joyeuse  et  de  mademoiselle  de 
Vaiidemont,  rempli  de  diverses  devises ,  mas- 
carades, chansons  de  musique  et  autres  gen- 
tillesses. Paris,  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Bal- 
lard,  1582,  in-4<'.  Toutefois  la  musique  de  cette 
pièce  ne  (ut  pas  composée  par  lui  ;  car  il  dit  dans 
sa  préface  que  Beaiilieu  et  Maistre  Sabnon , 
musiciens  de  la  chambre  du  roi,  furent  chargés 
de  celte  partie  de  l'ouvrage. 

BALTZ AR  (TnoMAs),  né  à  Lubeck  vers  1 030, 
fut  le  premier  virtuose  sur  le  violon  qu'on  en- 
tendit en  Angleterre.  Arrivé  à  Londres  en  1656, 
Raltzar  n'y  resta  pas   longtemps;  il  se  rendit  à 


BALTZAR  —  BANCHIERI 


23J 


Oxford,  où  il  séjourna  pendant  deux  ans.  Avant 
qu'on  ne  l'eût  entendu  dans  la  Grande-Bretagne, 
un  horloger  de  ce  pays,  nommé  David  Meli,  y 
passait  pour  le  plus  habile  violoniste.  La  préven- 
tion anj;iaise  opposa  cet  horloger,  pendant  quel- 
que temps,  à  Ballzar;  mais  la  supériorité  incon- 
testable de  celui-ci  finit  par  l'emporter.  A  la  res- 
tauration, lîalfzar  obtint  la  place  de  maître  des 
concerts  de  Charles  II,  mais  il  ne  jouit  pas  long- 
temps des  avantages  de  celte  position,  car  son 
intempérance  le  conduisit  au  tombeau  dans  le 
mois  de  juillet  1663.  Burney,  qui  possédait  une 
collection  de  ses  compositions,  assure  qu'elles 
renferment  des  dilficultés  qu'on  ne  trouve  dans 
aucun  des  ouvrages  composés  de  son  temps 
pour  le  violon.  Un  œuvre  de  sonates  pour  viole 
à  six  cordes,  violon,  basse  de  viole  et  basse  con- 
tinue pour  le  clavecin,  composé  par  Baltzar,  exis- 
tait autrefois  dans  la  collection  de  Britton  {voy. 
ce  nom).  Les  seules  compositions  imprimées  de 
cet  artiste  se  trouvent  dans  la  collection  publiée 
par  Henri  Playford ,  sous  le  titre  de  Divisicn 
violin,  Londres,  1692. 

BAMBERGER  (Sabine  et  Eve),  sœurs,  nées 
dans  le  midi  de  l'Allemagne,  sont  d'agréables 
cantatrices  qui  ont  obtenu  des  succès  au  théâtre 
depuis  quelques  années,  particulièrement  dans  le 
genre  qu'on  appelle opere^ie.  L'aînée  (Sabine), 
après  avoir  chanté  quelque  temps  à  Wùrzbourg, 
à  Francfort  sur  le  Mein,  et  à  Berlin,  au  théâtre 
de  Kœnigstadt,  a  été  engagée  à  Cassel.  Eve,  née 
en  1811,  et  beaucoup  plus  jeune  que  sa  sœur,  a 
débuté  à  Berlin  (au  théâtre  de  Kœnigstadt)  en 
1828.  Sa  voix  a  paru  douce,  son  jeu  expressif  et 
son  aspect  agréable. 

BAMBINI  (FÉLIX),  né  à  Bologne  vers  1742, 
vint  en  France  en  1752,  avec  une  troupe  de  comé- 
diens italiens,  dont  son  père  était  directeur;  Après 
avoir  séjourné  quelque  temps  à  Strasbourg,  cette 
troupe  vint  à  Paris,  où  elle  représenta  les  inter- 
mèdes de  Pergolèse ,  de  Jomelli ,  et  d'autres 
maîtres  célèbres  de  cette  époque,  sur  le  théâtre 
del'Académie  royale  de  musique.  Bambini,  alors 
âgé  de  neuf  ans,  tenait  le  clavecin  et  même 
composait  quelques  airs  de  seconds  rôles,  qu'on 
Introduisait  dans  les  intermèdes.  La  lettre  de 
J.-J.  Rousseau  sur  la  musique  française  ayant 
allumé  la  guerre  entre  les  partisans  de  cette  mu- 
sique et  ceux  de  la  musique  italienne,  ces  dis- 
putes se  terminèrent  par  l'expulsion  des  bouffons. 
Le  jeune  Bambini  resta  en  France  et  continua 
ses  études  sous  Bordenave  et  Rigade,  dont  le 
mauvais  goût  et  l'ignorance  gâtèrent  vraisembla- 
blement les  heureu-^es  dispositions  de  cet  enfant, 
car  après  avoir  été  un  prodige  dans  ses  premières 
années,  il  ne  devint  qu'un  artiste  médiocre.  Son 


existence  à  Paris  ne  fut  que  celle  d'un  maître  de 
clavecin.  On  a  de  lui  les  ouvrages  dont  les  titres 
suivent:  1'  Les  Amants  de  village,  eail7i. — 
2°  Nicaise,  en  1776,  tous  deux  à  l'Opéra-Comi- 
que.  —  3°  Les  fourberies  de  Mathurin.  —  4° 
V Amour  remporte,  aux  Beaujolois.  —  5"  huit 
œuvres  de  sonates  de  piano.  —  6°  un  œuvre 
de  trios  pour  violon,  alto  et  basse. — 1°  Méthode 
pour  lepiano,  avecNicolay;  Paris,  in-fol.  —  s" 
Six  srjmphonies  à  quatre. — d"  Petits  airs  pour 
le  piano-forte  avec  accompagnement  de  w/o- 
Zo?j,  in-fol.  oblong. 

BAMFl  (Alphonse),  compositeur  italien, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il 
fut  d'abord  maître  de  chapelle  à  Reggio,  puis  or- 
ganiste à  l'église  collégiale  de  Domo  d'Ossola. 
On  connaît  sous  son  nom  un  œuvre  qui  a  pour 
titre  :  Selva  di  sacri  ed  ariosi  eoncerti  a  1,  2, 
3, 4  voci,  con  una  Messa  brève.  Magnificat,  Salve 
e  Litanie,  lib.  1.  Milano,  per  li  eredi  di  Carlo 
Camagni,  1655,  in-4''. 

BAiXCHIERl  (AnRiEN),  compositeur  et 
tiiéoricien,  naquit  à  Bologneen  1567,  suivant  son 
portrait  placé  dans  la  troisième  édition  de  sa 
Cartella  di  Musica,  où  il  est  représenté  à  l'âge 
de  quarante-six  arts,  en  1613.  On  voit  aussi  dans 
le  môme  ouvrage  (page  101,  3*"®  édit.)  qu'il  fut 
élève  de  Joseph  Guami ,  organiste  de  la  cathé- 
drale de  Lucques,  puis  de  la  chapelle  de  Saint- 
Marc  de  Venise.  Banchieri  fut  d'abord  orga- 
niste de  Sainte-Marie  in  Regola,  à  Imola,  où  il 
se  trouvait  encore  au  mois  de  janvier  1 603  lors- 
qu'il signa  l'épître  dédicatoire  de  ses  Fantaisies 
instrumentales  à  quatre  parties,  imprimées  dans  la 
même  année,  chez  Richard  Amadino  à  Venise  ; 
puis  il  fut  moine  olivétain  et  organiste  du  cou 
vent  de  Saint-Michel  in  Bosco,  près  de  Bologne. 
Suivant  J. -G.  Walther  (3fM5iAaZ.  Lexicon,  art. 
Banchieri),  il  aurait  été  fait  abbé  de  son  ordre 
vers  1612;. mais  je  ne  trouve  aucune  indication 
de  ce  fait  dans  les  ouvrages  publiés  par  lui;  car 
dans  tous  il  prend  simplement  le  titre  de  Bolo- 
gnese  monaco  olivetano.  Mazzuchelli  fixe  en 
1634  l'époque  de  la  mort  de  Banchieri  {GliScrit- 
tori  d'Italia,  art.  Banchieri).  Ce  moine  s'est 
distingué  par  des  compositions  de  musique  reli- 
gieuse et  profane  d'un  bon  style,  et  par  la  publi- 
cation de  plusieurs  ouvrages  didactiques  où  l'on 
remarque  une  instruction  solide.  Sa  première 
production  intitulée  :  Conclusioni  per  organo, 
parut  à  Lucques  chez  Sflvestre  Marchetti,  en 
1591,  in-fol.,  lorsqu'il  était  encore  sous  la  dis- 
cipline de  Guami.  La  liste  de  ses  nombreux  ou- 
vrages se  présente  dans  l'ordre  suivant  :  \o  Primo 
libro  di  madrigali  a  5  voci,  in  Milano,  ap- 
presso  Filippo  Lomazzo,  1593,  in-4°.  —1°l\i- 


234 


BANCHIERI 


îWe  (I)  etconcerti  a  otto  voci;  in  Venetia,  op- 
pressa Ricciardo  Amad'mo,\n-ii°.  — 3"  Il  primo 
libro dimadrigal i  a :i  voci;  ïbk\.  1594,  in^-' obi. — 
k" Salulazione loretane a olto  voci,  op.  quarta  ; 
ibi(J.  1594,  iii -4°.  —  o°  Piimolibrodi  canzoneite 
à  qualtiovoci;  ibid.,  1595,  in-4o.  Cet  ouvrage 
a  éléréimpiinii'i  trois  fois  par  le  même  éditeur.— 
«o  Seconda  iibro  di  canzoneite  a  4  voci;  ibid., 
1595,  in-4'^.  Piéimprimé  sept  fois  par  le  môme 
l'dileur. — 7°  Terzo  Iibro  di  canzoncttea  kvoci, 
in  Milano,  oppressa  Filippo  Lomazzo,  1596, 
in-4''.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de  ce  troi- 
sième livre  publiée  par  le  même.  —  8"  Il  quarto 
Iibro  di  canzoneite  a  4  voci;  in  Venelia,  op- 
pressa Ricciardo  Amadino,  1597,  in-4'^.  liy  a 
deux  autres  éditions  de  ce  livre  publiées  cliez  le 
même.  — 9"  //  quinto  Iibro  di  canzoneite  a  4 
voci, in  Milano, upp.  Fil.  Lomazzo;  1598,  in-4''. 
Il  y  a  unedenxième  édition  de  ce  livre  publiée  chez 
le  même. — 10°  La  Pazziasenile,raggiona7nentl 
vaghi  e  dilettcvoli,  composli  e  dali  in  luce 
colla  musica  a  tre  voci;  Venise,  1598,  in-4° 
obl.;Colosne,  1001,  in^",  et  Venise,  1C27,  in-4°. 
Cet  ouvrage  est  une  espèce  de  comédie  en  musi- 
que à  trois  voix  ,dans  le  genre  madrigalesque,  à 
l'imitation  de  V Anfiparnasso  A'WovaLCQ  Vecciii.  — 
1 1»  Cancer  ti  ecclesiastici  aotlovoci;  in  Venezia, 
app.  Ricc.  Aviadino,  1598,  in-4°.  —  12°  Salmi 
a  quattro  voci  intiéri  in  concerta;  ibid.,  159S, 
in-4".  —  13°  Missa solennc  aotlo  vocidenlrovi 
variati  concerti  aW  introilo,gradtiale,  offer- 
torio,  levatione  et  communione.  Et  ncljlne 
Hinno  de  gli  gloriosissimi  SS.  Ambroggi  et 
Agoslina.  Libro  terzo  degli  sacri  concerti.  Il 
tutlo  nuovamenfe  composlo,  et  data  in  luce 
neir  occasione  del  Capitolo  générale;  in  Ve- 
netia, app.  Ricc.  Amadino,  1599,  in-4".  11  y  a 
une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  publiée 
chez.  Giacoino  Vincenti,  en  1606,  in-4". —  14°  Se- 
conda libro  di  Madrigali  a  5  voci  ;  in  Venetia, 
app.  Ricc.  Amadino,  1600,  in-4°.  — 15"  Sinfonie 
ecclesiastiche  ossia  canzoni  francesi  percan- 
tare  et  sonare  a  4  voci,  op.  10;  ibid.,  1601, 
:n  4".  Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage 
pu!)liée  cbezlemêmc,  en  1607,  in-4".  —  \&°  Terzo 
libro  di  Madrigali  a  5  voci  ;  ibid.,  1602,  in-4" 
obi.  Ce  livre  a  été  réimprimé  en  1608,  chez  le 
même  éditeur,  sous  ce  titre  :  Festino  nella  sera 
del  giovedi  grosso.  Terzo  libro  madrigalesco 
C071  5  voci.  — 17°  Fantasie  ecanzoni allafrun- 
cese  a  quattro  voci  per  sonare  nel  orgono, 
ossiaallro  sïromen^o;  ibid.,  1 603,  in-4°.  —  is" 

M;  J'ignore  la  valeur  de  oe  mot  qui  ne  .se  trouve  dans 
aucun  dictionnaire,  et  qui  doit  appartenir  a  quel(|ue  paluis 
Vénitien  ou  bolonais,  à  moins  (|ne  ce  ne  soit  une  cun- 
traclioii  de  Letanie. 


Tirsi,Fili  et  Clori,  Madrigali  a  3  voci,  libro 
;er:;o;ibi(l.,  l604,in-4°  ob'.  —  19°  Conclusioni 
nel  suono  dell'  organo,  novellamenle  tradotlc 
et  dilucidalejn  scrittori  musici  ed  organisti 
celebri,  op.  20;  in  Bologna,app.  Gio.  Rossi, 
1609,iii-4".  Cette  édition  est  la  deuxième  :  j'i- 
gnore la  date  de  la  première.  —  20"  Motetti  a  due 
voci,  che  roncertano  a  vicenda  in  vari  modi, 
op.  21.;  ibid.,  1609,  in-fol.  Cette  édition  est  la 
deuxième.  Je  crois  que  cet  ouvrage  est  le  même 
qui  a  paru  à  Milan,  cbez  Philippe  Lomazzo,  sous 
le  litre  de  Concerti  modernl  a  due  voci  con  il 
basso  per  Vorgano.  —  2 1°  Z,i  Metamor/osi  mu- 
sicali,  quarto  libro  délie  canzoneite  a  tre 
voci;  in  Venelia,  app,  Ricc.  Amadino,  1606, 
in-4"  ohl.  J'ai  vu  un  exemplaire  de  cet  ouvrage 
avec  un  frontispice  daté  de  1005.11  est  vraisem- 
blable que  c'est  la  même  édition. — 22"  Caria  di 
sacre Lodi  a  4  voci;  in  Milano,  opp.  Fil.  Lo- 
mazzo, 1605,  in-4".  —  lo"  Vorgano suonarino, 
opéra  ventcsimaquinta;  in  Venetia,  app.  Ricc. 

I  Amadino,  1605,  in-fol.  Je  ne  connais  cet  ouvrage 
que  par  la  deuxième  édition,  publiée  chez  le 
même,  en  1611 ,  in-fol.  Pour  introduction  à  ce 
livre  intéressant,  ou  trouve  dans  la  deuxiètne 
édition  un  dialogue  de  sept  pages  concernant 
l'art  déjouer  correctement  la  basse  continue  sur 
l'orgue,  de  toutes  les  manières.  Parmi  les  règles 
quu  donne  l'auteur  pour  cet  accompagnement 
sontcelles-ci  :  «  i"Que  sur  les  notes  qui  n'ont 
«  pas  la  quinte  juste,  il  faut  mettre  la  tierce  et 
«  la  sixte  ;  2"  que  les  notes  altérées  par  les  acci- 
''  dents  veulent  également  la  tierce  et  la  sixte.  » 
Si  ces  règles  se  trouvent  dans  l'édition  de  1605, 
Banchieri  doit  être  placé  parmi  les  plus  anciens 
auteurs  qui  ont  posé  les  bases  d'ime  bonne  mé- 
thoded'harmonie  pratique.  Cet  écrivain  cite  son 
dialogue  {Cartella  di  musica,  p.  150)  comme 
ayant  été  iiTiprimé  séparément  à  Milan,  cbez 
Lomazzo;  mais  il  n'en  indique  pas  la  date.  Il  y 
a  une  troisième  édition  i\e  \^ Organo  suonarino, 

I  datée  de  Venise,  1628,  in-4o  :  elle  est  à  la  bi- 
bliothèque du  Lycée  communal  de  musique  de  ' 
I5ologne.  M.  Gaspari ,  ;-,avant  musicien  et  biblio- 
graphe en  cette  ville,  possèdeun  exemplaire  d'une 
quatrième  édition  donnée  à  Venise  par  Alexandre 
Vincenti,  en  1638.  Elie  est  indiquée  comme  l'œu- 
vre 43™'  de  l'auteur; mais  il  s'y  trouve  de  grands 
ciinngements,  et  l'important  dialogue  dont  il 
vieutd'être  parlé  ne  s'y  trouve  pas.  — 24°  Lapru- 
denza  giovenile,  comedia  in  musica;  in  Mi- 
lano, app.  Tini,  1607,  in-4"  obi.  Cet  ouvrage 
est  la  contrepartie  de  LaPazzia  senile.  —  25" 
Vorgano  suonarino  piccolo  ;  in  Venetia,  app. 
Ricciardo  Amadino,  1608,  in-4".  C'est  \m 
abrégé  du  grand  ouvrage  précédemment  cité.— 


BANCUIpyRI 


235 


20°  Cartella  musicale  nel  canlo  figiiralo;  in 
Venetia,  app.  Giacomo  Vincenfi,  IC.IO,  111-4". 
Cette  t'dition est  la  deuxième  :j'ignore  la  date  de 
la  première,  qui  avait  paru  également  chez  Jac- 
ques Vincenti.  L'ouvrage  a  été  réimprimé  avec 
un  petit  traité  du  plain-cliant  qui  avait  paru  en 
ifill  chez  Lomazzo,  à  Milan,  sous  le  titre  de 
Carleltina  di  canio/ermo ,  et  qui  a  été  réim- 
primé à  Bologne,  en  1614,  sous  le  même  titre. 
La  troisième  édition  de  la  Cartella  a  pour  titre  : 
Cartella  musicale  nel  canto  figurato,  ferma 
et  contrapunto  del  P.   D.  Adriano  Banchieri, 
Bolognese  monaco  Olivetano.  Novamente  in 
questa  terza  impressione  ridotta  dalV  antica 
alla    modcrna   praitica,    et    dedicata    alla 
santissima    Madonna   di  Loreto;   in  Vene- 
zia,app.  Giac.  Vincenti,  1614,  l  vol.  in-4''.  Ce 
livre  est  composé  de  plusieurs  parties  qui,  dans 
la  première  édition  de  cette  Biographie  des  mu- 
siciens ont  été  indiquées  comme  autant  d'ouvra- 
ges différents,  quoique  leur  pagination  se  suive 
sans  interruption.  Je  crois  pointant  qu'il  n'y  a 
pas  eu  d'erreur  dans  cette  indication  et  qu'il  a 
été  fait  des  tirages  séparés  de  chacune  de  ces 
parties,  car  elles  ont  toutes  un  frontispice  spécial, 
avec  la  date  de  1613,  tandis  que  le  titre  générai 
du  livre  porte  celle  de  1614.  Quoi  qu'il  en  soit 
l'ouvrage  est  composé  de  la  manière  suivante  : 
1"  un  cahier  non  chiffré  contenant  au  revers  du 
frontispice  la  figure  de  la  Vierge  de  Lorette  avec 
deux  canons,  le  premier  à  trois  voix  et  l'autre  à 
cinq  voix;  puis  l'épitre  dédicatoireo  /a  santissima 
Madonna  di  Loreto,  unavis  de  l'imprimeur  au 
lecteur,  le  plan  d'une  académie  de  sciences,  de  lit- 
térature et  de  musique  que  Banchieri  voulait  faire 
ériger  dans  sou  monastère ,  la  table  des  matières 
et  les  errata.  2»  A  la  page  première  du  cahier 
suivant,  l'auteur  s'excuse  de  ce  que  plus  d'une 
année  s'est  écoulée  pendant  l'impression,  sur  ce 
que  l'imprimeur  l'avait   prié  d'ajouter  quelque 
chose  à  son  livre  concernant  l'art  moderne  de 
la  composition  (c'est-à-dire  celui  queMonteverde, 
Jacques  Péri,  Caccini,  Marco  de  Gugliano  et  d'au- 
tres avaient  mis  en  vogue  depuis  environ  quinze 
ans) ,  ce  qu'il  a  lait.  Puis  viennent  des  madri- 
gaux et  des  canons  à  la  louange  de  Banchieri , 
un  avis  sur  l'étude  des  éléments  de  la  musique, 
du  plain-cliant  et  du  contrepoint,  le  portrait  de 
l'auleui,  et  enfin  la  méthode  de  soluiisation  d'a- 
près  la  main  musicale  attribuée  à  Guido  d'A- 
rezzo,  et  les  muances.  De  la  page  18  jusqu'à  la 
page  24  se  trouve  l'exposé  d'une  nouvelle  mé- 
thode sans  muances  par  les  six  syllabes  ut,  ré, 
mi,  fa,  sol,  la,  auxquelles  Banchieri  ajoute  une 
septième  qu'il  nomme  ba.  Il  avait  emprunté  cette 
idée  à  la  Modulata  Pallas  de  Henri   Van  de 


Putte  (Erycius  Putianus),  publiée  à  Milan  en 
1599;  mais  il  fut  le  seul  théoricien  italien  de  ce 
temps  qui  l'adopta.  3°  La  deuxième  partie  de  l'ou- 
vrage est  intituh'c  :  Brcvi  et  primi  documenti 
musicali  a  gliJlfjliuoU,  et  altri,  che  deside- 
rano  assicurarsi  soprail canto  figuratoiin  Ve- 
netia,app.  Giac.  Vincenti,  1613.  Ces  documents 
ont  pour  objet  l'ancien  système  de  mesures,  des 
lig:itures  et  des  points  dans  ses  diverses  accep- 
tions, avec  des  exercices  pour  la  division  des 
temps.  Cette  partie  est  renfermée  dans  les  pages 
26  à  51.  4°  Des  solfèges  en  canons  à  deux  voix 
forment  la  troisième  partie  du  livre  et  ont  pour 
titre  :  Duo  in  eontrappunto  sopra  îU,  re,  mi, 
fa,  sol,  la,  utili  a  gii  figliuoli,etprincipianti, 
cke  desiderano  praticare  le  note  cantabiii, 
cor  le  reali  mutationi  semplicemento,  econ  il 
maestro. InVenctia,  app.  Giac.  Vincenti,  1613. 
5°  Dans  la  quatrième  partie  se  trouve  le  petit 
traité  du  piain-chaut,  sous  le  titre  de  Altri  do- 
cumenti nel  canto  ferma,  etc.;  i)i  Venetia, 
etc.,  1613.  6°  Le  traité  des  règles  du  contrepoint 
remplit  la  cinquième  partie,  qui  commence  à  la 
page  89  et  finit  à  la  page  150.  7°  La  sixième 
partie  a  pour  titre  :  Canojvi  musicali  a  quattro 
voci.  Entra  gli  quali  (oltre  la  curiositù)  si 
comprendona7nolteutilità,ches'appartengono 
al  canto  figurato  ,  eontrappunto  ,  et  canto 
ferma,  in  Venetia,  etc.,  1613.  Ces  canons,  au 
nombre  de  huit,  sont  curieux  par  leurs  énigmes. 
8°  Enfin  la  septième  partie  est  le  traité  de  la  com- 
position appelée  moderne  par  Banchieri,  auquel 
il  a  donné  cetitre  :  Modernapratica  musicale, 
prodatta  dalle  buane  osservationi  de  gli  Mu- 
sici  antichi,  ail'  atto  pratico  de  gli  composi- 
tari  moderni.  Operu  trentesima  settima,  no- 
vamente nella  ter  za  impressione  delta  car- 
tella aggiuntata,  etc.,  in  Venetia,  etc.,  1613. 
L'objet  principal  de  celte  partie  du  livre  est  de 
faire  comprendre  le  nouveau  système  de  not^tiou 
substitué  à  celui  des  proportions  ;  ce  que  Ban- 
chieri explique  par  des  exemples  pratii|ues  em- 
pruntés à  divers  auteurs  célèbres;  piiis  il  en- 
seigne brièvement  à  former  la  basse  continue 
sous  le  chant,  et  termine  par  des  exemples  des 
formes  nouvellement  introduites  dans  les  orne- 
ments de  ce  chant.  A  l'égard  des  changements  ra- 
dicaux qui  viennent  d'être  faits  dans  l'harmonie 
et  dans  la  tonalité,  il  ne  les  comprend  pas  plus 
que  les  autres  maîtres  de  son  temps.  —  27"  Diret- 
torio  manastica  di  canto  ferma  per  uso  delta 
congregazione  Olivetana.  Bologne,  Gio.  Rossi, 
1615,  in-40.  Mazzuchelli  cite  cet  ouvrage  sous 
le  titre  latin:  Birectorium  cantus  monastici , 
de  preparatione  ad  cantuni  et  de  moduiatione.- 
organi.   Bologne,  1615.  C'est  le  même  ouvraj^tà- 


236 


BANCHIERI  —  BANDEIXONI 


dont  Bancliieri  adonné  une  nouvelle  édition  inti- 
tulée :  llcantore  OUvetano;  Bologne,  Girolamo 
Mascheroni,  lG22,in-4°.  — 18<>Salmispezzatiab 
voci;in  Venetia,npp.  Ricc.Âmadmo,i6l6,in-i°. 

—  29"  Nuovi  pcnsieri  ossia  concerti  açîiaiiro 
per  sonare;  in  Milano,  appresso  Fil.  Lomazzo, 
1616,10-4°.  —  3Q''Seco»dinîiovipensieriaquat- 
tro;Md.,  1617,in-4°.  —  Zi"  Concertimodernial 
voci  con  il  basso  da  sonare  per  gli  stromenti  a 
penna;Mà.,  1617,  in-4°  obi.  Il  y  a  une  deuxième 
édition  de  cet  œuvre,  publiée  par  le  même  édi- 
teur, mais  dont  j'ignore  la  date.  —  32°  Moderna 
Armonia  per  sonare  a  quattro  voci  e  stro- 
menti ;in  Venelia  app.  Bicc.  Amadino,  1619, 
in-4''.C'est  une  deuxième  édition.  —  33°  Vezzodi 
Perle  sopra  la  caniic-a  délia  B.  M.  F.  a  2  voci  ; 
in  Venezia,  FincewiJ,  1620,  in  4".  —  Zi°  Libro 
primo  délie  messe  etMotteticorrenti  con  basso 
continitoel  ienori,  op.  il;  in  Venezia,  app. 
Vincenti,  1620,  in-4o.  —  35"  La  Barca  di  Venezia 
a  Padua,madrigalia3  wci;  Venise,  1623, in-4o 
obi. — 36°Villanellegiovenileatrevoci;Venezia, 
Vincenti,  \623,\n-i°.— 37° Canoni  ai  voci; in  Mi- 
lano; Fil.  Lomazzo,  in-fol. — 3i°$[esse,  Salmi 
e  Litanie  a  3  voci;  Venise,  Vincenti,  1625,  in-4°. 

—  39°  Tanie  econcerti  délia  Madonna a1,3et 
4  voci;  ibid.,  in-4°.  —  40°  Messe  a  cinque  voci, 
ibid.,  l625,in-4<'.  —  41°  Terzo  librodi  novi  pen- 
sieri  ecclesiasiicia  2  roci; Bologne,  Rossi,  1626, 
in-4°.— 420  Quarto  Hbro  di  novipensieri  a  voce 
soZa;  Venise,  Vincenti,  1626,  in-fol.  —  ^3° Messe 
in  concerto  a  i,  5  e<8  voci;  ibid.,  1627,  in-4°. — 
44°  Gemelli  armonici,  motleli  a  2  voci;  ibid. 
1625,  in^o. —  ibo  II  sesto  libre  di  canzonettea 
3  roci;  ibid.,  1628,  in-4o.  —  46°  Il  quarto  libre 
dimadrigali  a  b  voci;  ibid.,  1628,  in-4o. —  47° 
Jl  principiante  Fanciulle,  Venise,  1626,  in-4o. 
— 48°  Il  virluoso  ritrovato  accademico,  concerti 
a  2,  3,  4  ef  5  stromenti;  Venise,  1626,  in-4o.  — 
49°  Lu  Fida  Fancmlla,  comedia  esemplare  (en 
prose)  con  musicali   intermedi  apparenti  e 
inapparenti;  Bologne,  1628 et  1029,  in-8°  obi. — 
50°   Trattenimenti    di  villa  concertati   a  5 
voci;  Venise,  1630,  in-40.  L'ouvrage  qui   a  été 
publié  à  IngolstadI,  en  1629,  sous  ce  titre  :  Dia- 
logi,  concentiis  et  symphonix   1  vocibus  de- 
cantandx ,  et  avec  le  nom  de  Banchieri,  est  sans 
doute  la  réimpression  d'un  des   recueils   précé- 
dents. Donfrid    a  inséré  dans  sa  Cerella  mu- 
sica  une  messe   dominicale  à  4   voix   sur  le 
plain-cbanl  de  la  messe  des  dimanches,  par  Ban- 
chieri. On  a  inséré  des  madrigaux  à  5  voix  de 
cet  auteur  dans   la  collection  de   pièces  de  ce 
genre  intitulée:  Il  Cardillo  cantante  (Le Char- 
donneret chantant),  ossia  madrigali  a  5  voci 
di  vari  autori   eccellenfissimi:   in   Venetia,  I 


app.  Giac.  Vincenti,  1607,  in-4'  obi.  Le  re- 
cueil de  motets  arranges  par  Coppine,  ou  Cop- 
pinus,  imprimé  chez  ïini  à  Milan,  en  1607  {vog. 
Coppinns),  contient  des  pièces  de  ilanchieri.  ]| 
s'en  trouve  aussi  dans  la  Batluta  dichiarata 
de  Pisa  {voy.  ce  nom) ,  et  des  pièces  d'orgue 
du  même  ont  été  insérées  dans  la  seconde  partie 
du  Transilvano  de  Diruta  (voy.  ce  nom). 
Mazziichelli  attribue  à  Banchieri  un  écrit  inti- 
tulé :  Lettere  armoniche;  Bologne,  1628.  Ce 
moine  était  aussi  poète,  et  a  composé  plusieurs 
comédies  qu'il  a  publiées  sous  le  nom  académi- 
que de  Camillo  Scaligeri  délia  Fratta. 

BAIVCK  (Chables),  compositeur  de  chan- 
sons allemandes,  né  à  Magdebourg  en  1804. 
Après  avoir  appris  les  éléments  de  la  musique  et 
avoir  terminé  ses  études  littéraires,  il  se  rendit 
à  Dessau  près  de  Frédéric  Schneider,  en  1829, 
et  prit  de  lui  des  leçons  d'harmonie  et  de  com- 
position. En  1833  il  partit  pour  l'Italie  avec  le 
poète  G.  Alexander,  son  ami  ;  il  y  passa  deux  an- 
nées, puis  revint  en  Allemagne.  Après  avoir  sé- 
journé quelque  temps  à  léna,  où  il  publia  diffé- 
rentes œuvres,  il  est  retourné  à  Dresde  et  a  rédigé 
les  articles  de  critique  musicale  au  journal  de 
cette  ville.  Dans  une  lettre  iusérée  au  lexique  de 
Gassner  {voy.  ce  nom) ,  Banck,  dit  que  ses  pre- 
mières œuvres  intitulées  :  Citants  de  VAlle- 
magne  et  Chants  de  V Italie  (sur  les  poésies 
d'Alexander),  furent  composées  pendant  sa  tra- 
versée de  la  Sicile  à  Trieste  et  à  Venise.  Ses 
Matinées  musicales  (op.  27);  son  Deutscher 
Z/ierferÔMcA  (Livre  de  Z,jerfer  allemands),  op.  30; 
son  Salon  de  Centert,  op.  33;  ses  Chants  de 
Marie  (Manen-Leder),  op.  39;  son  Repos  du  soir 
(Abendruch)  ;  enfin,  son  Recueil  de  douze  chants 
pour  la  jeunesse,  op.  48,  sont  empreints  d'un  sen- 
timent poétique  et  original.  Le  succès  des  œuvres 
de  Banck  a  été  populaire  en  Allemagne  :  par 
quelles  circonstances  se  fait-il  que  leur  mérite, 
leur  existence  même,  soient  ignorées  hors  de  la  pa- 
trie de  l'auteur? 

BAi\DELL01\I  (LuiGi),  poète  et  com- 
positeur, né  à  Rome ,  et  vivant  actuellement 
(  1858)  en  cette  ville,  a  eu  pour  maître  de  con- 
trepoint un  moine  nommé  le  P.  Teofilo.  Pour 
le  chant  et  l'expression,  il  s'est  fait  imitateur  de 
Zingarelli.  Kandier  a  dit  de  lui,  dans  sa  disser- 
tation sur  l'état  actuel  de  la  musique  à  Rome  : 
«  Nous  considérons  Bandelloni  comme  un  génie 
«  pour  la  poésie,  et  comme  un  beau  talent  pour  la 
«  musique.  Poète,  il  crée;  musicien,  il  arrange 
«  avec  goût.  Ses  ouvrages  sont  tous  d'après  les 
«  règles  de  l'art  et  prouvent  une  s'ande  pro- 
«  fondeur  de  jugement.  »  Le  même  ciilique 
ajoule,  dans  un  autre  endroit  :  «  Bandellùiii   vi- 


BANDELLOWI 


BA^DIERA 


237 


n  très- retiré,  et  regrette  en  philosophe  les  erreurs 
«  (le  son  époque,  qu'il  châtie  souvent  fort  poé- 
<(  tiquement  dans  ses  satires.  Son  dernier  poëiiic 
«  inédit,  dans  le  genre  didactique,  Stella  mmica 
«  orficrna,  contient  tant  de  passages  pleins  d'es- 
«  prit,  tant  de  portraits  piquants  des  composi- 
»  teurs  de  nos  jouis,  qu'il  mériterait  bien  les 
«  honneurs  d'une  traduction.  »  Les  meilleures 
compositions  de  M.  Bandelloni sont,  dit-on,  quel- 
ques sonnets  de  Pétrarque,  desoctavesdu  Tasse, 
et  quelques  morceaux  du  Dante  qu'il  a  mis  en 
musique,  avec  accompagnement  de  piano  ou  de 
divers  autres  instruments.  Ses  Preghiere  a  Dio, 
pour  trois  voix,  ont  été  publiées  à  Naples.  On 
connaît  aussi  de  ce  poëte-compositeur  un  Tan- 
tum  ergo,  un  hymne  à  sainte  Agnès,  des  messes, 
des  motets  et  des  psaumes  pour  plusieurs  voix 
et  orchestre,  ainsi  que  des  cantates,  sous  le  nom 
à'Azioni  teatrali,  pour  différentes  voix  avec 
chœurs  et  instruments.  On  remarque  parmi 
celles-ci  Alceste,  Pyrame  et  Thisbé,  l'Amour 
et  Psyché,  Clytemnestre  et  Égisthe,  la  Cas- 
sandra  et  Agamemnon.  Tous  ces  ouvrages  sont 
dans  la  bibliothèque  musicale  de  M.  l'abbé  San- 
tini,  à  Rome. 

BANDERALI  (D  wid),  professeur  de  chant 
au  Conservatoire  royal  de  Paris,  est  né  à  Lodi , 
en  1780.  Après  avoir  fini  ses  études  musicales, 
il  débuta,  dans  l'été  de  1806,  au  théâtre  Carcano 
de  Milan,  comme  bu/fo  tenore,  emploi  fort  rare 
et  qui  fut  en  quelque  sorte  créé  pour  lui.  Je 
crois  que  c'est  dans  l'opéra  d'Orgitano  Non  cre- 
dere  aile  apparenze  qu'il  se  fit  entendre  pour 
la  première  fois.  Après  ce  début,  Banderali  chanta 
dans  différentes  villes  jusqu'en  1811,  où  il  re- 
vint à  Milan  pour  y  jouer,  pendant  les  saisons 
du  printemps  et  de  l'été,  au  théâtre  Carcano. 
Peu  de  temps  après  il  quitta  la  scène  pour  se 
livrer  à  l'enseignement  du  chant  et  fut  nommé 
professeur  de  cette  partie  de  l'art  musical  au  con- 
servatoire de  Milan.  Dans  cette  situation,  plu- 
sieurs cantatrices,  qui  depuis  lors  ont  acquis 
de  la  réputation,  devinrent  ses  élèves.  Bien  que 
Banderali  ne  parût  plus  sur  le  théâtre  ,  il  se  fai- 
sait entendre  quelquefois  dans  des  concerts; 
c'est  ainsi  qu'en  1817  il  chanta,  le  11  et  le  15 
avril,  à  la  Scala,  et  le  7  mars  1819,  au  même 
théâtre. 

Consulté  par  M.  le  vicomte  de  Larochefou- 
cault  sur  le  choix  d'un  bon  maître  de  chant  ita- 
lien pour  le  Conservatoire  de  Paris,  Rossini  in- 
diqua Banderali.  Un  commissaire  (ut  envoyé  à 
Milan  pour  traiter  avec  lui  ;  des  avantages  con- 
sidérables lui  furent  assurés,  et  il  vint  s'établir  à 
Paris  au  commencement  de  1828;  mais  la  ré- 
volution de  juillet  1830  vint  ensuite  changer  sa 


position  et  l'obliger  à  réclamer  par  les  voies  ju- 
diciaires l'exécution  des  engagements  qu'on  avait 
pris  avec  lui  ;  cependant  il  n'a  jamais  cessé  ses 
fonctions  de  maître  de  chant  au  Conservatoire, 
et  forma  quelques  bons  élèves.  Il  est  mort  à  Pa- 
ris, le  13  juin  1849,  d'un  anévrysme  dont  il  souf- 
fraitdepuis  plusieurs  années. Comme  compositeur, 
Banderali  s'est  fait  connaître  par  quatre  Ariette 
italïane  per  soprano ,  publiées  à  Milan  ,  chez 
Ricordi ,  une  Cavatine  pour  soprano,  ibid.,  et 
Vingt-quatre  vocalises  élémentaires  pour  mezzo 
soprano,  en  quatre  livres  ;  Paris  et  Milan. 

BAI\DI  (Giorgi-Brigida),  cantatrice  connue 
en  France  sous  le  nom  de  Pan  <i,  naquit  à  3/on/i- 
celli  d'Ongina,  dans  le  Parmesan,  vers  1756, 
et  mourut  à  Bologne  le  18  février  1806.  Suivant 
uneautreopinion,  elle  serait  née  en  1757,  àCrema, 
dans  la  Lombardie  vénitienne.  La  beauté ,  l'é- 
tendue et  l'accent  de  sa  voix  en  (irent  une  can- 
tatrice de  premier  ordre.  De  Vismes,  ancien  en- 
trepreneur de  l'Opéra,  entendit  un  soir,  en  1778, 
près  d'un  café,  sur  les  boulevards,  une  voix  dont 
l'accent  le  frappa.  C'était  Brigide  Bandi  :  il  lui 
glissa  un  louis  dans  la  main,  et  lui  dit  de  venir  chez 
lui  le  lendemain  matin.  Elle  fut  exacte  au  rendez- 
vous.  Après  avoir  entendu  deux  fois  un  air  de 
bravoure  de  Sacchini ,  elle  le  chanta  admirable- 
ment. De  Vismes  l'engagea  sur-le-champ  pour  la 
troupe  de  l'Opéra-Buffa,  et  la  fit  débuter  par  im 
air  qu'elle  chanta  entre  le  second  et  le  troisième 
acte  d^  Jphïgénie  en  Aulide;  son  succès  fut 
prodigieux  ,  et  dès  ce  moment  commença  pour 
elle  une  nouvelle  carrière.  Tour  à  tour  elle  a 
brillé  sur  les  principaux  théâtres  de  l'Europe.  En 
1780,  elle  alla  à  Vienne;  de  là  à  Florence;  en- 
suite à  Milan,  à  Venise,  à  Naples  et  à  Londres, 
où  elle  chanta  avec  le  même  su<;cès  pendant  neuf 
années  consécutives.  En  1786  elle  chantait  avec 
Crescenlini  au  théâtre  de  la  Scala  de  Milan,  et 
ce  fut  pour  elleque  Salvatore  Rispoli  écrivit  dans 
cette  saison  son  Ipermestra.  Dans  l'été  de  1789, 
elle  chanta  au  même  théâtre  VEnea  e  Lavinia  de 
Guglielmi.  Enfin,  au  carnaval  et  au  printemps  de 
1805,  elle  se  fit  entendre  avec  Marchesi,  Gaetano 
Crivelli  et  Binaghi  sur  la  môme  scène;  elle  n'était 
plusalorsquei'ombred'elle-même;  cependant  elle 
était  encore  écoutée  avec  plaisir.  Après  .sa  mort 
on  ouvrit  son  corps  pour  connaître  la  cause  delà 
puissance  extraordinaire  de  sa  voix,  et  l'on  crut 
pouvoir  l'attribuer  au  volume  considérable  de  ses 
poumons.  Les  auleurs  du  Dictionnaire  des  Mu- 
siciens (Paris,  1810)  ont  fait  deux  articles  de 
Bandi  et  de  Banti. 

BANDIERA  (Louis),  grand-cordelier  ou 
mineur  conventuel ,  docteur  en  théologie ,  et 
maîlre  de  chapelle  de  la  basilique  des  XII  apôti  es. 


23S 


BAlVDIERrV.  —  BANISTER 


à  Rome,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
a  publié  un  ouvrage  de  sa  composition  intitulé  : 
Psalmi  vesperltni  una  cum  antiphona; ,  Li- 
ianiis  B.  M.  V  et  responsorii  S.  Antonii  4 
vocum;  Rome,  And.  Rhei,  1663. 

BAIXDIIVI  (Ange-Marie),  né  à  Florence, 
le  25  septembre  1726,  fut  l'un  des  littérateurs 
les  plus  savantsdii  dix-huilièmesiècle.  Aprèsavoir 
fait  ses  études  chez  les  jésuites,  il  se  livra  en- 
tièrement aux  recherches  relatives  à  l'histoire 
littéraire.  Au  milieu  de  ses  travaux,  il  fit  un 
voyage  à  Vienne,  un  autre  à  Rome,  et  il  prit 
dans  cette  dernière  ville  les  ordres  ecclésiastiques. 
En  1756,  il  fut  pourvu  par  l'Empereur  d'un  ca- 
nonicat  à  Florence  et  de  la  place  de  bibliothé- 
caire en  chef  de  la  bibliothèque  Laurent.ienne. 
Il  conserva  ce  dernier  emploi  jusqu'à  sa  mort  ar- 
rivée en  1800.  Par  son  testament  il  a  fondé  une 
maison  d'éducation  publique  et  a  consacré  le 
reste  de  son  bien  à  divers  actes  de  bienfaisance. 
Parmi  ses  écrits,  on  distingue  ceux-ci,  relatifs 
à  l'histoire  de  la  musique;  1°  Dissertatio  de 
saltationibus  veterum  ,  qui  a  été  insérée  dans 
le  tome  V  des  œuvres  de  Meursius.  —  2°  De  vUâ 
et  scrtptis  Joan.  Bapt.  Donii  Pairicii  Floren- 
tini ,  libri  V,  adnotationibus  illustrati,  acce- 
dit  ejusdem  Donii  litterarium  commercium 
ïtunc  primumin  lucemeditum;  Florence,  1755, 
in-fol.  Je  ne  sais  où  Forkel  a  trouvé  que  cette 
dissertation  sur  la  vie  et  les  écrits  de  Doni  est 
en  deux  volumes  in-folio;  Lichtenthal  n'a  pas 
manqué  de  le  copier  en  cela. 

BAINEUX  {....),  né  à  Paris  en  1795,  a 
été  admis  au  Conservatoire  comme  élève,  et  y 
a  reçu  des  leçons  de  M.  Dauprat  pour  le  cor. 
Après  avoir  terminé  ses  études,  il  est  entré  à 
l'orcliestre  du  Gymnase  dramatique  comme  pre- 
mier cor,  et  de  là  est  passé  à  l'Opéra-Comique 
en  1825,  où  il  a  été  nommé  cor  so?o  en  1837.  Pen- 
dant toute  la  durée  de  l'existence  du  Gymnase 
de  musique  militaire,  Baneux  y  fut  professeur 
de  cor.  Il  est  mort  subitement  le  15  octobre  1854 , 
à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  Il  s'est  fait  con- 
naître comme  compositeur  par  une  Fantaisie 
pour  cor  et  piano  ,  publiée  à  Paris,  chez  Janet 
et  Cotelle. 

BA1\EUX  (Mathied-Gustave),  fds  du  pré- 
cédent, né  à  Paris,  le  12  juin  1825,  fut  admis  au 
Conservatoire  le  24  octobre  18.36  ,  comme  élève 
de  Daupriit  pour  le  cor,  après  avoir  reçu  de 
son  père  les  premières  leçons  de  cet  instrument. 
Le  premier  prix  lui  fut  décerné  en  1840.  Il  fit 
aussi  à  la  môme  époque  des  études  de  compo- 
sition sous  la  direction  d'Halévy.  Engagé  comme 
premier  cor  à  l'Opéra-Comique,  il  a  été  pendant 
plusieurs  années  attaché  à  l'orchestre  de  ce  théàl  re; 


mais  i\  a  donné  sa  démission  en  1849,  et  a  voyagé 
ensuite  pour  donner  des  concerts.  En  1853 ,  il 
était  en  Italie;  mais  après  la  mort  de  son  père 
il  est  rentré  à  l'Opéra-Comique  en  qualité  de  cor 
solo.  Il  a  écrit  plusieurs  morceaux  pour  son  in.s- 
f  rument  et  a  publié  des  Variations  sur  un  air  fa- 
vori de  /  Capuleti,  de  Bellini,  pour  cor  et  or- 
chestre. Œuvre  l"^*;  Paris,  Richault. 

BA]\FI  (  Jt'LEs),  luthiste  né  à  Milan,  dans  la 
première  moitié  du  dix-seplième  siècle,  était  fds 
d'un  médecin  de  cette  ville.  Ayant  perdu  son  père 
dans  sa  jeunesse,  il  fut  obligé  de  se  réfugier  chez 
son  oncle,  Carlo  Francesco  Banfi,  qui  lui  apprit 
à  jouer  du  luth.  Des  affaires  de  famille  ayant 
obligé  Jules  Danfi  à  faire  un  voyage  en  Espagne, 
son  vaisseau  fut  pris  par  un  corsaire,  près  des 
côtes  de  la  Catalogne,  et  lui-même  fut  conduit  à 
Tunis  et  vendu  comme  esclave.  Dans  cette  si- 
tuation il  se  souvint  qu'un  franciscain  lui  avait 
dit  qu'étant  aussi  esclave  à  Tunis,  il  avait  obtenu 
sa  liberté  en  jouant  du  luth  devant  le  bey.  Banfi 
demanda  à  être  présenté  à  ce  prince  et  à  entrer 
à  son  service.  Son  espoir  ne  fut  point  déçu,  car 
il  devint  bientôt  le  favori  du  bey.  Prolitant  de 
la  liberté  dont  il  jouissait,  il  se  mit  à  étudier  la 
forlilication  des  places  et  l'artillerie.  Après  quel- 
ques années  de  séjour  à  Tunis  ,  il  obtint  de  son 
maître  la  permission  de  faire  un  voyage  en  Ita- 
lie, d'où  il  passa  à  Madrid.  Le  roi  d'Espagne  ayant 
été  informé  des  connaissances  que  possédait  Banli, 
le  nomma  ingénieur  et  ensuite  lieutenant-général 
d'artillerie.  Walther  dit  qu'il  mourut  à  Madrid 
dans  cette  position  élevée.  Avant  d'entreprendre 
ses  voyages,  Banfi  avait  publié  un  traité  de  l'art 
de  jouer  de  la  guitare,  sous  ce  titre  :  Il  maes- 
tro di   chitarra;  Milano,  1653. 

BAI\ISTER  (Jean),  violoniste  et  directeur 
de  la  chapelle  de  Charles  II,  roi  d'Angleterre, 
naquit  dans  la  paroisse  de  Saint-Gilles ,  près  de 
Londres,  vers  1630.  Son  père,  musicien  au  ser- 
vice de  cette  paroisse ,  lui  enseigna  les  premiers 
principes  de  la  musique;  en  peu  de  temps  il  de- 
vint un  violoniste  habile  ;  le  roi  d'Angleterre  l'en- 
voya en  France  à  ses  frais,  pour  qu'il  y  pertéc- 
tionnât  son  talent.  A  son  retour  il  fut  nommé 
membre  de  la  chapelle  royale;  mais  il  perdit  cette 
place  pour  avoir  dit  devant  le  roi  que  le  talent 
des  Anglais  sur  le  violon  était  inférieur  à  celui 
des  Français.  Dans  cette  situation  ,  il  chercha  à 
tirer  parti  de  son  talent  en  fondant  chez  lui  des 
soirées  de  musique  et  une  école  à  laquelle  il 
donna,  en  1676,  le  titre  pompeux  à' Académie. 
Banister  a  mis  en  musique  l'opéra  de  Circé ,  qui 
fut  représenté  au  théâtre  de  Dorset-Garden  ,en 
1670.  Onaaussi  des  airsdesa  composition  insérés 
dans  les  collections  de  son  temps,  et  plusieurs 


BAÎilSTER  —  lîANWART 


2:^9 


morcoaux  pour  le  violon.  Il  mourut  le  3  octobre 
IG7(),  et  tut  inhumé  à  l'abbaye  de  Wetsminster. 

BAIVISTER  (  Jean  ) ,  surnommé  le  Jeune, 
(ils  du  précédent,  né  à  Londres  vers  1GG3,  apprit 
à  jouer  du  violon  sous  la  direction  de  son  père. 
Ayant  été  admis  comme  violoniste  au  théâtre  de 
Drury-Lane,  il  conserva  cet  emploi  jusqu'en  i7'.',0, 
époipie  où  il  fut  remplacé  par  CurbonelU.  Il  est 
mort  en  1725.  On  a  de  lui  des  caprices  variés 
pour  violon,  insérés  dans  la  collection  intitulée 
Division  Violin;  il  a  aussi  publié  une  collection 
de  musique  de  différents  caractères  composée 
par  lui  et  par  Godefroy  Finger. 

Un  descendant  de  cette  famille,  nommé  Henri 
J.  Banister,  est  un  bon  violoncellisle  qui  a  pu- 
blié une  suite  d'études  pour  son  instrument ,  et 
un  livre  intitulé  Douiesticmusicforthe  weal- 
thy;or  a  pleafor  the  arts  audits  progress 
(  Musique  domestique  pour  le  riche,  ou  plaidoyer 
en  faveur  des  arts  et  de  leurs  progrès  ),  Londres, 
184.'5,  in-S". 

BANiXER  (Richard),  savant  ecclésiastique 
anglais,  docteur  eu  théologie  à  l'université 
d'Oxford,  naquit  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  fait  imprimer  un  discours  d'inaugura- 
tion d'un  orgue  qu'il  avait  i)rononcé,sous  le  titre 
de  Muslck  at  Worcester  ;  Londres,  1737,  in-S". 

BA1\]\1ERI  (Antoine),  né  à  Rome  en  1638, 
fut  amené  très-jeune  à  Paris.  Il  était  laid  et 
contrefait,  mais  doué  d'une  des  plus  belles  voix 
de  soprano  qu'on  eût  jamais  entendues.  Ayant 
eu  l'honneur  de  chanter  devant  Anne  d'Autriche, 
mère  de  Louis  XIV,  cette  princesse  le  prit  en 
affection  et  le  combla  de  hontes.  Pour  prévenir 
la  perte  de  sa  voix,  Bannieri  engagea  un  chirur- 
gien à  lui  faire  l'opération  de  la  castration.  Ce- 
lui-ci n'y  consentit  que  sous  la  promesse  d'un 
secret  inviolable.  Quelques  années  après  ,  on 
s'aperçut  qu'au  lieu  de  muer,  la  voix  de  Ban- 
nieri embellissait  tous  les  jours,  et  l'on  découvrit 
enfin  quelle  en  était  la  cause.  Cela  vint  aux  oreil- 
les du  roi ,  qui  l'interrogea  pour  savoir  qui  lui 
avait  fait  l'opération  :  Sire,  lui  dit  Banmeri,  f ai 
donné  ma  parole  d'honneur  de  ne  point  le 
nommer,  et  je  supplie  Votre  Majesté  de  ne 
pas  m'y  contraindre.  —  Tufais  bien ,  lui  répon  ■ 
dit  Louis  XI V,  car  je  le  ferais  pendre ,  et 
c'est  ainsi  que  je  ferai  traiter  le  premier  qui  s'a- 
visera decommettreune  pareille  abomination. 
Le  roi  voulait  d'abord  chasser  le  chanteur  ;  mais  il 
lui  rendit  ses  bontés,  et  ne  lui  accorda  sa  re- 
traite que  lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  soixante- 
dix  ans.  Bannieri  vécut  encore  plus  de  trente  ans 
et  mourut  en  1740,  âgé  de  cent  et  deux  ans. 

BANIMUS  (Jean-Abeut),  ou  Cannus.  D'a- 
près le  titre  d'un  livre  publié  par  ce  savant  son 


nom  serait  Bannu ,  car  il  y  est  mis  au  génitif 
Banni.  Il  a  été  réimprimé  de  la  même  manière 
dans  les  diverses  éditions;  mais  Descartes,  qui 
était  son  ami,  et  qui  en  parle  dans  plusieurs  de 
ses  lettres,  l'appelle  Bannius.  Dans  une  de  ces 
lettres ,  écrite  en  1640 ,  et  adressée  à  M.  de 
Zuitlichem  (1),  l'illustre  philosophe  nous  apprend 
que  Banniusétaitprôtre  catholi(iue,  fixé  à  Harlem, 
très-honnête  homme ,  qu'il  y  jouissait  d'une  cer- 
taine aisance  modeste,  et  que  non-seulement  il 
s'occupit  de  la  musique  théorique,  mais  qu'il  y 
avait  beaucoup  d'art  et  de  beautés  dans  les  airs 
de  sa  composition.  Ces  renseignements  senties 
seuls  que  j'aie  pu  trouver  sur  ce  savant,  de  qui 
l'on  a  un  petit  ouvrage  de  quelque  intérêt  con- 
cernant la  musique  des  anciens ,  sous  ce  titre  : 
Dissertatio  epistolica  de  miisicx  nattira,  ori- 
gine,  progt-essu  et  denique  studio  bene  insti- 
tuendo,  ad  incomparabilcm  virum  Petrum 
Smyenum; Harlem,  1637,  in-l2(2).  Cepetitécrit 
a  été  inséré  dans  la  deuxième  édition  du  recueil 
intitulé  :  Hîigonis  Grotii  et  aliorum  de  omni 
génère  studiorum  recti  institucndo  disserta- 
iiojifs.  Amsterdam,  1645,  in- 12.  La  dissertation  de 
Bannius  a  reparu  une  troisième  fois,  quelques  an- 
nées après,  dans  un  recueil  qui  a  pour  titre  :  Gc- 
rardiJo.Vosiiet  aliorumdissertationes  de  stu- 
diis  beneinstituendis;Tn]&c\.idiA  Rhenum,  169S 
in-12.  Le  livre  de  Bannius  ou  Bannus  cité  par 
Boeder  (Bibliogr.  crit.,  p.  509),  sous  le  litre 
de  Delicias  musicee  veleris ,  pourrait  bien 
n'être  ((ue  l'ouvrage  précédent. 

BANTI.  Voyez  Bandi. 

BAl\ VVART  (  jACOCEs),  compositeur,  né  en 
Suède  au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
fut  maître  de  chapelle  à  la  cathédrale  de  Cons- 
tance. Il  est  mort  peu  avant  lCà7.  Onconnait  de 
lui:  —  1"  Teutschmit  neu componiren  Stûc/ten 
und  Couranten  gemehrte  Tafel  Musik,  von  2, 3, 
4  Instrumenten  ;  Constance,  1052,  in-4"; 
_  2"  Motetx  sacrx  ex  Thesauro  musico  Jac. 
Bamvart,  von  1,  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  9,  10,  11 
Stinunen,  mit  4  /?)pie«/5;  Constance,  1061, 
in-4°.  LaBibliothèque  impériale  de  Paris  possède 
aussi  de  cet  auteur  :  3"  Missartim  opus  i  et  b 
vocibus,  addita  unaa  10  vere  18  (vocibus)  cum 
triplicibasso adorganum, lib.  \.et7; Constance, 
1 6o7 ,  iu-4°.  Cet  ouvrage  est  indiqué  au  titre  comme 
l'œuvre  premier  (posthume),  ou  cinquième  de 
l'auteur.  Aucun  mérite  remarquable  ne  distingue 


(i)  T.  II.  Lettre  31«  de  l'édition  latine  publiée  par  C4er- 
selicr,  et  tome  y\l\'^  des  œuvres  de  Descartes  publiées  par 
M.  Cousin,  p.  424  et  suiv. 

(2)  La  date  de  1(î34  donnée  dans  la  première  édition  de 
cette  biographie  est  évidemment  inexacte,  car  l'ouvrage 
est  daté  des  calendes  d'octobre  1S36. 


240 


BANWART 


BARBARINÏ 


ces  messes  :  cependant  il  y  en  a  une  à  trois  cliœuis 
qui  est  curieuse. 

BAPTISTA  (Jean),  compositeur  de  mu- 
sique, vivait  vers  1550.  On  Irouvequelques  mor- 
ceaux de  sa  composition  dans  l'ouvrage  d'Am- 
merbacli  intitulé  :  Orgel  oder  Instrumenten 
Tabulatur  (Tablature  pour  orgue  et  autres  ins- 
truments); Leipsick,  1571,  iu-fol. 

Un  autre  musicien  du  même  nom,  qui  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
a  composé  plusieurs  œuvres  de  sonates  de  flûte 
qui  ont  été  gravés  à  Paris. 

BAPTISTE  ANET,  dit  Baptiste,  eut  en 
France  la  réputation  d'être  le  plus  habile  violoniste 
de  son  temps.  Il  avait  reçu  pendant  quatre  ans 
des  leçons  de  Corelli,  qui  lui  avait  enseigné  à  jouer 
correctement  ses  sonates,  ce  que  peu  de  gens 
pouvaient  faire  alors.  Lorsqu'il  vint  à  Paris,  il  fut 
regardé  comme  un  prodige,  et  cela  ne  paraîtra 
pas  étonnant,  si  l'on  se  rappelle  l'état  de  faiblesse 
où  était  alors  la  musique  instrumentale  en  France. 
On  assure  que  Baptiste  fut  l'un  des  premiers  vio- 
lonistes qui  jouèrent  sur  la  double  corde  :  cela 
n'est  pas  exact.  Ce  fut  vers  1700  qu'il  vint  à 
Paris  :  un  des  seigneurs  de  la  cour  le  présenta  à 
Louis  XIV,  en  donnant  de  grands  éloges  à  son  fa- 
lent.  Après  que  le  roi  l'eut  entendu,  il  donna 
l'ordre,  sans  rien  dire  à  l'artiste,  qu'on  fit  venir 
«m  des  violons  de  sa  musique.  Aussitôt  qu'il  fut 
arrivé,  Louis  XIV  lui  dit  :  Un  air  de  Cadmus 
(opéra  de  Lulli).  Le  ménétrier  joua  un  de  ceux 
dont  il  se  souvenait.  Quand  il  eut  fini  :  Je  ne 
saurais  que  vous  dire ,  Monsieur,  dit  le  roi  à 
Baptiste  :  voilà  mon  goût ,  à  moi.  Le  pauvre 
élève  de  Corelli  comprit  qu'il  ne  pouvait  trouver 
de  position  à  Paris  ;  car  la  France  n'offrait  alors 
aucunes  ressources  en  dehors  de  la  cour  {voy. 
Comparaison  de  la  musique  italienne  et  de  la 
musique  française ,  par  De  la  Viéviile  de  Pre- 
neuse, 1"^"  partie)  :  il  passa  en  Pologne,  où  il  est 
mort,  chef  de  la  musique  du  roi.  11  a  publié  à 
Paris,  1°  Sonates  de  violon,  l",  2%  3e  livres.  — 
2°  Deux  suites  de  pièces  à  deux  musettes,  œu  vre 
2. — 3"  Six  duos  pour  deux  musettes,  œuvre  3. 

BAPTISTE  (Louis-Albekt-Fri:i)éiuc),  bon 
violoniste  et  compositeur  pour  son  instrument, 
naquit  à  Attingen,  en  Souabe,  le  8  août  1700. 
Sa  famille,  française  d'origine,  avait  dû  s'expa- 
trier par  suite  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
A  l'ûge  de  trois  ans,  il  suivit  son  père  à  Darm- 
stadt,  et  il  y  resta  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint  sa 
dix-septième  année.  Ses  voyages  l'amenèrent  à 
Paris  en  1718;  mais  la  musique  française  ne  fut 
point  de  son  goût  et  il  partit  pour  l'Italie,  qu'il 
parcourut,  ainsi  que  plusieurs  autres  pays  de 
l'Europe.  En  1723  il  se  fixa  à  Cassel,  où  il  se  fit 


maître  de  danse.  On  a  de  lui  :  —  i»  Douze  solos 
pour  le  violon.  —2°  Six  solos  pour  le  violoncelle. 
—  3"  Six  trios  pour  hautbois  et  basse.  —  4"  Plus  de 
trente-six  solos  pour  la  basse  de  viole.  — S»  Douze 
concertos  pour  le  même  instrument.  —  6°  Six  so- 
nates pour  la  (lùte  traversière  :  ces  dernières  ont 
été  publiées  à  Augsbourg. 

BARATHE  (L'abbé),  organiste  delà  cathé- 
drale de  Saint- Flour,  est  auteur  d'un  petit  écrit 
où  se  font  remarquer  de  très- bonnes  idées  et  des 
sentiments  élevés.  Cet  ouvrage  a  pour  litre  :  Le 
culte  religieux  aux  âges  de  la  foi,  ou  Vin- 
fluence  du  chant  ecclésiastique  dans  la  reli- 
gion; Paris,  1847,  in-12de  96  pages. 

BARBAJXT  (Chaules),  musicien  anglais, 
fut  organiste  de  la  chapelle  du  comte  Haslang, 
ambassadeur  de  Bavière  à  Londres,  en  17 64.  Les 
catalogues  des  marchands  de  musique  de  Londres 
indiquent  les  ouvrages  suivants  de  sa  composi- 
tion : —  1"  Symphonies  à  grand  orchestre,  œuvre  5. 
— 2°  Un  livre  de  trios  de  violon.  —  3"  Un  œuvre 
de  trios  de  clavecin.  —  4°  Un  œuvre  de  duos  de 
flûte.  —  5°  Deux  sonates  pour  clavecin.  On  con- 
naît aussi  de  lui  en  manuscrit:  Htjmni  Sacri, 
Antiphonas,  en  partition. 

BARBABIIVl    (Manfred-Lupi),    composi- 
teur qui  vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
était  né  vraisemblablement  à  Correggio  ,  dans  le 
duché  de  Modène,  car  il  ajoute  à  son  nom  la  qua- 
lification de  Corregensis.  Quoi  qu'il  en  soit,  Bar- 
barini,qui,d'aprèslesavertissements  placés  en  tête 
de  ses  ouvrages,  paraît  avoir  vécu  quelque  temps 
en  Suisse,  puis  en  Bavière,  a  mis  en  musique  à 
cinq  voix  l'éloge  des  villes  fédérées  de  la  Suisse 
par  Glaréan,  et  a  publié  son  ouvrage  sous  ce  titre: 
Symphonix,  seu  insigniores  aliquotac  dulci- 
sonai  quinque  vocummelodix  super  1).  Jlen- 
rici  Glareani  Panegijrico  de  Helvetiarum  tre- 
decim  Urbium  laudibus  ;  Basilese,  ex  of/icina 
Hieronymi  Curionis ,  impensis  Henrici  Pétri, 
155§,  in-8°.  Celte  musique  est  réimprimée  ou 
ajoutée  à  la  suite  de  la  deuxième  édition  de  l'a- 
brégé du  Dodàcacorde  de  Glaréan,   par  Won- 
negger  {Voyez  Glaréan),  qui  parut  chez  le  nième 
éditeur,  en  1559.  On  connaît  aussi  de  Barliarini 
une  collection  de  motets  à  4  voix  intitulée  :  Can- 
tiones  sacrx  quatuor  vocuni,  quai  vulgo  Mu- 
leta vocantur,  novde  eompositx;  Auguslx  Vin- 
delicorum,  per  Philippum  Vhlardum,  15C0, 
in-4''   obi.  Quelques  morceaux  de  ce  musicien 
lépandus  dans  divers  recueils  sont  désignés  sim- 
plement par  le  piénom   Lupi ,  ce  qui  ajoute  à 
l'incertitude  et  à  la  confusion  occasionnées  par 
les  musiciens  qui  ont  porté  le  même  nom,  et  qui 
ne  sont  pas  distingués  d'une  manière  suflisantt!. 
( Foy CI  Lupi.) 


BARBARINO 


BAUBF-: 


241 


B.\Illî:\HII\0  (lîvnTOi.oMKo),  compositcnr, 
nô  à  Fabiano,  dans  la  IMarclte  (TAiinMio,  el  qui 
fut  nommé  //  Pesai  ino,  a  piihlio  :  —  \n  Mitdnçinll 
a  ciuqiie  voci  ;  Venise,  ICO'.).  — 2°  Il  primo  libro 
de'  Motet ti  a  voce  soin,  o  in  soprano,  o  in  te- 
nore  ;  Venise,  Amadino,  IfilO,  in-4''.  —  3°  Il  se- 
conda libro  de.  Motetli;  Venise,  Barl.  Magni , 
If)  14  ,  in-'i".  — 4°  Mndrignlia  trevoci  da  can- 
tarsl  nel  clavicembalo;  Venise,  1G17.  Des  mo- 
tels de  I5arbarino  ont  ('•[è  insciés  par  Bonomeiti 
dans  son  l'nrnnisus  mitsicus  Ferdinandicus,e[c. 
Venise,  ICI 5.  (Voy.  Bonometti.) 

BAllIiARO  (Oamei,),  palriaiclie  d'Aquilée, 
et  l'un  des  descendants  de  François  Darliaro  ,  cé- 
ièhre  littérateur  du  quinzième  siècle,  naquit  à 
Venise,le  8  février  1513. 11  fit  ses  études  à  Pailoiie, 
et  s'adonna  particulièrement  aux  mathématiques. 
Ayant  été  reçu  docteur  de  la  faculté  des  arts 
en  l;)4C,  il  retourna  h  Venise,  et  vers  1548  il 
fut  chargé  d'une  ambassade  auprès  du  roi  d'An- 
gleterre, Kdouard  VI.  En  1550,  on  le  nomma 
coadjiiteur  du  patriarche  d'Aquilée,  et,  dès  ce 
moment,  il  prit  le  titre  de  Patriarche  éln.  Barbare 
est  mort  à  Venise,  le  12  avril  1570.  Il  a  donné 
une  traduction  italienne  de  Vitruve  sous  ce  titre  : 
/  dieci  lïbri  delV  archlteltura  di.  M.  Vitruvio, 
tradotti  e commentati ;  Venise,  1556,in-fol.  Il 
y  en  a  une  seconde  édition ,  qui  est  la  plus  es- 
timée; Venise,  1567,  in-4°.  On  y  trouve  quelques 
notes  sur  la  musiquedcs  anciens.  En  1567  Barbaro 
a  donné  à  Venise  d'autres  commentaires  latins 
sur  Vitruve,  in-fol.,  dans  lesquels  on  trouve  des 
notes  importantes  sur  le  13^  chapitre  du  10^  livre, 
qui  traite  de  l'orgue  hydraulique.  Le  père  Martini 
cite  aussi  de  lui  un  traité  intitulé  :  Délia  musicn, 
qui  est  resté  en  manuscrit.  (  Voy.  Stor.  délia 
imisica,  t.  I,  p.  449.) 

liARBELLA  (Emmanuel),  né  à  Napics, 
commença  l'étude  du  violon  à  six  ans  et  demi , 
sous  la  direction  de  son  père,  François  Barbella. 
Après  la  mort  de  celui-ci ,  Emmanuel  recul  des 
conseils  deZaga.  Pascalino  Bini,  élève  de  Tar- 
lini ,  lui  donna  ensuite  des  leçons  pendant  plu- 
.sicurs  années.  Le  premier  maître  de  contrepoint 
de  Barbella  fut  Michel  Gabbalone;  puis  il  devint 
élève  de  Léo,  qui  disait  en  plaisantant  :  Ao»  pcr 
queslo,  Barbella  èïin  vero  asinoche  non  sa 
nicntc  (Si  ce  n'est  pour  la  musique,  Barbella  est 
un  âne  qui  ne  sait  rien).  Il  devint  habile  violo- 
ni.-te ,  et  fit  quelques  élèves,  parmi  lesquels  on 
distingue  Raimondi.  Barbella  fut  grand  partisan 
du  système  harmonique  de  Tartini,  qu'il  ne  com- 
prenait pas.  Il  mourut  à  Naples  en  1773.  On  a 
publié  les  ouvrages  suivants  de  sa  composition  : 
—  1°  Six  duos  pour  deux  j;io/oHS;  Londres,  sans 
«   date.   —  2°  Six  sonates  pour  violon;  Londres. 

BIOCR.    tNlV.    DES   MUSICIENS.  —    T.    1. 


I  — 3'>  Six  duns pour  violon, op.  3;  Paris.—  \°Six 
duos  pour  violoncelle  ,  op.  4  ;  Paris.  Burney  n 
inséré  dans  le  troisième  volume  de  son  histoire 
générale  de  la  musique  (p.  561  )  une  pièce  char- 
mante, à  double- corde,  de  ce  violoniste;  elle  a 
pour  titre  :  Tinna  nonna,  per  prender  sonno. 
On  a  gravé  chez  Louis,  à  Paris,  trois  œuvres  de 
duos  pour  deux  violons,  sous  le  nom  de  Bar- 
bella. 

BARBE  ou  Barbé  (Antoine)  (1),  musicien 
belge,  devint  maître  de  musique  de  la  maîtrise, 
à  Notre-Dame  d'Anvers  en  1527.  Il  était  renommé 
comme  musicien  de  grand  mérite  et  com|iosa 
beaucoup  de  musique  d'église  dont  la  plus  grande 
partie  est  aujourd'hui  perdue.  De  son  tem|)s,  la 
musique  prit  un  grand  essor  à  Anvers.  Après  le 
décès  de  sa  femme,  il  se  fit  prêtre  et  célébra  .sa 
première  messe  en  1548,  en  même  temps  que 
son  fils  Jean  Barbe  ou  Barbé,  qui  fut  chapelain 
à  Notre-Dame  et  mourut  en  1573.  Antoine  Barbe 
mourut  le  2  décembre  1564,  el  eut  pour  succes- 
seur Gérard  de  Turnliout.  Outre  le  (ils  dont  il 
vientd'ôtre  parlé ,  il  eut  une  fille  nonnnée  Jeanne, 
qui  fut  la  femme  du  com[>ositeur  Sévcrin  Cornet 
(V.  Counet),  un  (ils  naturel  appelé  CAfl//ev, 
et  un  autre  lils,  nommé  Antoine ,  comme  lui. 
Dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  :  Quatuor  vo- 
cum  musicx  modulationcs  numéro  XXVJ  ex 
optimis  Auclorihus  diligenlcr  salutx  prorsus 
novœ,  atque  typis  hac tenus  non  IJxcusx 
(Antverpvv,  npud  Guillclmuni  Visscnxrmi, 
1549.,  petit  in -4"  obi.),  on  trouve  deux  motels  de 
cetartiste.  Lequalrièmelivredeschansoiisàiiuatie 
parties,  aM7î<e/  sont  contenues  XX.XIV chan- 
sons nouvelles  (Anvers,  Tylman  Susato,  1544), 
contient  aussi  une  chanson  d'Antoine  Barbe. 

BARBE  ou  BARBÉ  (Maître  Antoine  11*), 
fils  du  précédent,  fut  musicien  instrumentiste  à 
Anvers.  Il  mourut  le  10  février  1604  et  fut  in- 
humé, comme  son  père,  dans  la  cathédrale.  C'est 
sans  doute  cet  artiste  qui  est  l'auteur  de  pavannes 
et  courantes  in-sérées  dans  le  recueil  intitulé  Pe- 
tit trésor  des  danses  et  branles  à  quatre  et 
cinq  parties  des  meilleurs  autheurs  propres 
à  jouer  sur  toxis  les  estrumenz  (sic);àLoii- 
vaiii,chez  Pierre  Plialèse,  libraire  juré,  1  an  1573, 
in-4°  obi. 

BARBE  ou  BARBÉ  (Antoine  III«),  filsdii 
précédent,  et  petit-fils  de  Maître  Antoine  I", 
fut  excellent  musicien  et  organiste  distingué. 
En  15'J5,  il  obtint    la  place    d'organiste  à   l'é- 

(1)  Je  suis  redevable  à  l'obligeance  de  M.  Léon  de  Bur- 
bure  des  noiivraiix  rcnstij.'nciiieiits  qu'on  trouve  ici  sur 
ces  anciens  artistes  belRes,  et  qu'il  a  puisés  d.ms  Icsdocu- 
iiiiiits  aiithentitiru'S  des  aiciiivcs  de  t'cgiisc  Notre-Dame 
d'Anvers. 

16 


.•Î42 


BARBE  —  BARBIKRI 


glise  Saint-Jacques  d'Anvers  :  il  en  rem|)lit  les 
(onctions  pendant  trente  et  un  ans,  et  mourut 
'  le  15  mars  1626.  Il  paraît  certain  que  cet  artiste 
est  l'auteur  du  livre  intitulé  :  Exemplaire  des 
douze  tons  de  la  musique,  et  de  leur  nature 
(Anvers,  1599,  in-4''),  indiqué  sous  le  nom 
<IeBar6e#  (Adrien),  dans  la  première  édition  de 
cette  Biographie. 

BARBEREAU    (  Mathubin-auguste-Bal- 
THASAR  ),  né  à  Paris,  le  14  novembre  1799,  a  été 
îidmis  au  Conservatoire  le  14  août  1810 ,  et  y  a 
fait  toutes  ses  études  musicales ,  depuis  le  solfège 
t'I  le  violon  jusqu'à  la  composition.  Reicha  a  été 
son  maître  de  contrepoint.  Au  concours  de  l'Ins- 
titut de  France,  en  1824,  M.  Barbereau  a  obtenu 
le  premier  grand  prix   de  composition  musicale 
pour  la  cantate  intitulée  Agnès  Sorel,  qui  fut 
exécutée  à  grand  orchestre  le  4  octobre   de  la 
même  année.  Après  avoir  voyagé  en  Italie  et  en 
Allemagne,  comme   pensionnaire  du   gouverne- 
ment, M.  Barbereau  est  revenu  à  Paris  ,  où  il  a 
élé  choisi  pour  chef  d'orchestre  du  Théâtre  des 
Nouveautés.  Il  y  a  fait  exécuter  plusieurs  ouver- 
tures ,  et  a  composé  une  partie  de  la  musique  de 
ro|>éra  pas^jccio  qui  fut  représenté  à  ce  théâtre, 
au  mois  de  novembre  1831,  sous  ce   titre  :  Les 
Sybarites  de  Florence.  Postérieurement  il  a  suc- 
cédé à  Léopold  Aimon  dans   la  place  de  chef 
d'orchestre  du  Théâtre  Français;  mais  après  quel- 
ques années,  il  a  pris  sa  retraite  pour  se  livrer  à 
ses  travaux ,  particulièrement  à  l'enseignement 
de  la  composition.  En  1844, il  commença  la  publi- 
cation d'un  grand  tr-aité  de  composition  qui  devait 
former  cinq  ou  six   volumes  grand  in-S";    mais 
le  premier  volume  seulement,  relatif  à  l'harmonie 
élémentaire,  et  quelques  livraisons  du  second  ont 
paru  jusqu'à  ce  jour  (1858),  c'est-à-dire,  dans 
l'espace  de  quatorze  ans.  Cet  ouvrage  a  pour  titre: 
Traité  théorique  et  pratique  de  composition 
musicale;  ouvrage  divisé  en   trois   parties. 
1'^  partie  :  Harmonie  élémentaire  (Théorie  gé- 
nérale des  accords);  2e  partie  :  Mélodie.  —  Son 
application  à  l'harmonie.  3*  partie  :  Harmonie 
concertante   (  Contrepoint  et  fugue.    —  Style 
scientifique).  Première  partie,  I   volume  grand 
in-8";  Paris,  Schoncnberger,  1845.  La  méthode 
exposée  dans  cet  ouvrage  est  obscure ,  embar- 
rassée, basée  sur  une  mauvaise  classification  des 
faits  harmoniques ,  et  surchargée  de  détails  inu- 
tiles. M.  Barbereau  a  aussi  publié  des  Études 
sur  Vorigine  du  système  musical.  Premier  mé- 
moire ;  Paris,  Bacheher,  1852,  gr.  in-8<»  de  125 
pages.  CeMémoire  devait  cire  Suivi  d'un  autre  qui 
n'a  pas  paru  jusqu'à  ce  jour  (  1858),  quoique  sa 
publication  (ùt  annoncée  pour  la  même  année. 
On  peut  voir  dans  la  Gazette  musicale  de  Paris 


(année  1853,  n"'  4,7),  l'analyse  de  la  théorie 
exposée  dans  ce  mémoire,  par  l'auteur  de  cette 
notice;  et  la  polémique  sur  cette  analyse,  dans 
les  numéros  8,  9,  11  du  même  journal. 

BARBETTI  (Jules-Cksar),  luthiste  de  Pa- 
doue,  a  publié  dans  cette  ville,  en  1582,  un  ou- 
vrage intitulé  :  Tabulx  Musicse  testudinarix 
hexacordx  et  heptacordx,  in-4''.  C'est  une  mé- 
thode de  doigté  pour  les  deux  luths  à  six  et  à 
sept  cordes  qui  étaient  encore  en  usage  du  temj)s 
de  l'auteur.  On  a  aussi  de  Barbetti  :  Intavola- 
tura  di  l/nito  délie  Canzonet/e  a  Ire  voci;  Ve- 
nise, G.  Vincenti,  1603,  in-4".  Le  poitrait  de 
Barbetti  ou  Barbetta  se  trouve  au  commence- 
ment de  cet  ouvrage. 

BARBIERI  (Ll'Cio),  organiste  de  l'église  S. 
Petronio  de  Bologne,  naquit  en  cette  ville,  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  Il  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  :  Motletli  a  5,  C,  7,  8 
voci  coir  organo;  Venezia  appressoAless.  Vin- 
centi,  1620,  in-4".  L'abbé  Santini ,  de  Rome, 
possèdeen  manuscrit  des  motets  à  six  voix  et  des 
psaumes  à  huit  de  cet  artiste,  lesquels  portent 
la  date  de  1608. 

BARBIERI  (Jean-Ange),  chanteur  et  com- 
positeur, était  au  service  du  prince  de  Gonzague, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Un  oratorio 
de  sa  composition  était  en  manuscrit  dans  la  bi- 
bliothèque royale  de  Copenhague  avant  qu'elle 
ertt  été  la  proie  d'un  incendie,  en  1794. 

BARBIERI  (Le  comte  Louis),  de  Vicence, 
est  auteur  d'un  opuscule  intitulé  :  Nuova  sco- 
pcrla  e  dichiarazione  délia  vera  corrispon- 
denza  et  analogia  del  colorito  co"  suoni  chia- 
mati  vocatif  e  del  chiaroscuro  co'  tuoni  mu- 
sici;  con  la  espressione  dé'  caralteri  di  vari 
lingnaggio ;  Vicence,  1780,  in-8°  de  37  pages. 
BARBIERI  (Gaetano),  littérateur  et  ama- 
teur de  musique,  à  Milan  ,  né  vers  1780,  a  ré- 
digé, depuis  1828  jusqu'en  1832,  un  journal  heb- 
domadaire intitulé  /  Tealri,  dans  lequel  il"  rendait 
compte  des  opéras  nouveaux,  des  concerts,  débuis 
de  chanteurs,  etc.,  et  où  il  a  inséré  de  bonnes 
notices  biographiques  sur  les  compositeurs  et  les 
chanteurs  les  plus  distingués  de  cette  époque.  11 
a  publié  aussi  :  Notizie  biografiche  di  M.  F. 
Malibran,raccolte  e  publicate  da,  etc.;  Milano, 
Fort.  Stella  e  Figli,  1836  ,  in-8"  de  54  pages  avec 
le  portrait  lithographie  de  M""*  Malibran. 

BARBIERI  (...),  compositeur  espagnol  de 
l'époque  actuelle,  a  fait  quelques  études  musi- 
cales en  Italie,  si  je  suis  bien  informé.  Vers  1850 
il  forma  une  association  avec  d'autres  composi- 
teurs nommés  Hemando,  Oudin,  Inzenga,  Gaz- 
tambide,  le  chanteur  Salas,  et  l'auteur  dramalique 
D.  Luiz  Olona ,  pour  l'établissement  d'un  théâtre 


RARBIKKI 


barr!iii*:au 


m 


d'opéra  espaj^nol ,  et  cette  siniélé  en  fit  l'entre- 
prise au  llié;\tre  du  cirque  de  ÎMadrid.  l'ii  des 
premiers  ouvrages  représenté  sur  ce  lliéâtre,  an 
mois  de  septeu)l)re  18jl,  l'ut  la  zarziieia  (opéra 
conii(iue)  \ni\h\\è  Jugar  con  Juego  (Joner  avec 
fureur),  qui  obtint  un  brillant  succès,  et  dont  la 
musique  était  de  M.  Barbieri.  Depuis  lors  cet 
artiste  a  donné  au  même  théâtre  /^a  Hcchicera 
(leSorliléf^e),  en  trois  actes,  La  Espadade  lier- 
vardo  (l'Épée  de  Bernardo),  en  trois  actes,  et  El 
marques  de  Caravaca  (  le  Marquis  de  Carabas) 
en  deux  actes.  M.  Barbieri  est  considéré  en  Ls^ 
pa^ne  comme  le  plus  habile  compositeur  dra- 
matitiue  de  ce  pays,  à  l'époque  actuelle. 

liARBIERI  ou  BARBIIU^E  (Cu.vrles  de), 
compositeur  italien  de  l'époque  actuelle  (  IS.îo), 
lut  d'abord  accompagnatein-,  ou  maestro  al  Ccm- 
balo,  dans  quelques  théâtres  de  sa  patrie,  puis 
obtint  en  1845  la  place  de  chef  d'orchestre  <Iu 
théâtre  sur  la  Vienne,  à  Vienne.  Kn  \M1  il  lut  ap- 
pelé à  Berlin  pour  diriger  la  musique  de  l'Opéra 
italien.  Dans  l'année  suivante  il  donna  dans  celte 
ville  l'opéra  intitulé  Christoph  Colombus,  i\\\\  fut 
joué  le  26  décembre  avec  sucrés.  Il  est  vraisem- 
blable que  cet  artiste  est  le  même  (pii  a  publié 
à  Milan,  cliez  Ricordi,  quatre  ouvertures  (pii 
avaient  été  exécutées  dans  cette  ville,  en  1844. 

BARBIKUOLLI  (Laurent),  compositeur, 
né  à  Rovigo  en  1813,  a  fait  repréfenter  en  18;j(i, 
dans  celte  ville  ,  son  opéra  intitulé  :/  Trojani 
in  Laurento,  qui  fut  applaudi  avecentiiousiasme. 
La  reprise  de  cet  ouvrage,  en  1837,  ne  fui  pas 
moins  heureuse,  et  dans  la  môme  année  il  fut 
joué  également  avec  succès  au  théâtre  Apollo 
de  Venise.  Bien  qu'un  tel  essai  dût  être  un  en- 
couragement pour  l'auteur,  aucune  autre  pro- 
duction de  sa  plume  n'a  été  livrée  au  public  pos- 
térieurement. 

BAÏlBI\GAi\T.  Voije-^  BAucmEAu. 

B.VBBIOIV  (Eistache),  mu.sicieii  français, 
parait  avoir  vécu  dans  le  commencement  du 
seizième  siècle.  11  a  composé  quelques  chansons 
françaises  à  quatre  parties  qui  se  trouvent  daiis 
unecoUection  manuscrite  de  compositions  de  cette 
espèce  qui  appartenait  à  la  duchesse  d'Orléans, 
more  du  roi  Louis-Philippe  Les  autres  compo- 
siteurs de  ce  recueil  sont  Le  Gendre,  Samirin, 
Janneqiun,  Mornable,  Jacotin,  Passereau,  etc. 
On  a  imprimé  de  Barbion  dans  Le  XII  livre  con- 
tenant XXX chansons  amoureuses  àh  parties 
par  divers  autheurs  ;  Anvers,  Tylman  Siisato, 
1558;  et  dans  les  Cantionum  sacraruni  vulgo 
Motetta  vacant  5  e«  6  vocum,  ex  optimis  qui- 
busque  imisicis  seleclarum,  Lib.LVJII  [Lo- 
vanii, apiid  Petrum  Phalcsium,  1 554-1557,  pelit 
m-4"  (ilil.)  ou  trouve  (juelques-uns  de  ses  motets. 


BABBIBEAll  (Maître  Jacqip.s),  qu'on 
prononçait  ISAiiBiitiAr',  des  lut  mailre  de  nuisi(pi(î 
et  précepteur  des  enfants  de  dueur  de  l'église 
collégiale  de  Notre-Dame  (  maintenant  la  cathé- 
drale) à  Anvers,  en  1448.  Il  est  nommé  fiarbij- 
rianus  dans  un  manuscrit  delà  bibliothètpie im- 
périale de  Vienne.  C'est  vraisemblablement  le 
même  musicien  que  ïinctoris,  son  conltuipoiain, 
appelle  Barbingant  (dans  le  recueil  manuscrit 
de  ses  ouvrages  que  je  possède).  Kiesewetler  de 
Wiesenbrunn  a  changé  ce  nom  en  celui  de  Har- 
biryant ,  dans  le  catalogue  de  sa  collection  d'aq- 
cienne  musique  {Catalog  der  Sammlung  alter 
Musik,  etc.,  p.  8),  et  l'a  attribué  à  un  artiste 
différent  de  Barbijrianus  {ibid.};  et  il  a  répété 
celle  double  faute  dans  sa  Galerie  des  anciens 
contrepointistes  (Galerie  der  al ten  Conlrapun- 
tlsten,  p.  2  et  3).  Un  document  authculi(|ue  qui 
e>iste  akx  archives  du  royaume  de  Belgique  ,  à 
Bruxelles,  sous  le  numéro  1926  de  la  chambre 
des  comptes,  fol.  cxviu,  v%  donne  à  lartiste 
dont  il  s'agit  le  nom  de  maistrc  Jacques  Barbi- 
rian,  maistre  de  chant  et  des  effans  (enfants) 
decolr  (de chœur)  de  Végliscen  la  ville  d'An- 
vers. Ce  document  se  trouve  dans  un  com|)te 
de  l'argenterie  (trésor)  de  l'empereur  Maximi- 
lien  !•=',  en  date  du  24  janvier  1487,  etmenlionne 
une  souuue  do  soixante-douze  livres  payée  à  ce 
même  Barbirian  pour  l'entretien  el  nourrituie 
d'un  des  enfants  de  chœur  de  l'église  Notre- 
Dame,  lils  naturel  d'un  sieur  Guillaume  de  Ter- 
nay,  en  son  vivant  d'esciirie  (écuyer)  du  souve- 
rain. Le  copiste  aura  lu  sans  doute  Barbirian 
pour  Barbiriau.  La  déplorable  négligence  qu'on 
mettait  aux  quinzième  et  seizième  siècles  dans  ta 
manière  d'écrire  les  noms  propres ,  et  la  manie 
qu'on  avait  de  les  di'naturer  étaient  telles,  que 
dans  les  regi-stres  et  titres  de  l'église  même  à  la- 
quelle Barbireau  ctiit  altaclié,  sou  nom  est 
changé  en  ceux  de  Barbereau,  Barbarieu,H 
même  Burbacola;  mais  M.  de  Burbure  (Voy. 
ce  nom)  qui  a  employé  sept  années  à  mcltrc  ei» 
ordre  les  archives  de  cette  cathédrale,  et  qui  a 
fait  d'immenses  recherches  sur  les  musiciens  qui 
y  furent  attachés ,  s'est  assuré  par  la  lecture  at- 
tentive de  tous  les  documents  qui  concernent 
celui  dont  il  s'agit,  notamment  par  son  testament, 
que  son  nom  était  bien  Barbireau  et  qu'on  le 
prononçait  Barbiriau  (I).  Si  j'entre  dans  ces  dé- 
tails minutieux  sur  le  nom  véritable  de  ce  musi- 
cien, c'est  qu'il  s'agit  d'un  des  artistes  belges  les 

(I)  Celte  prononcintion  du  nom  de  Barbirc.nu  peut 
faire  croire  qu'il  Olait  né  dans  le  pays  Wallon  ,  où  l'on  a 
toujours  dit  un  sciau  pour  un  seau  (  sorlc  de  vase),  un 
tonniau  pour  un  tmincuu ,  un  chapiau  pour  un  chu- 
peau  ,  etî. 

16. 


244 


BARBIREAU  —  BARDELLA 


pliis  intéressants  ■du  quinzième  siècle;  car  il  fut 
le  maître  <le  beaucoup  de  musiciens  célèbres  qui 
vécurent  dans  ce  siècle,  ou  au  commencement  du 
seizième.  On  vient  de  voir  qu'il  fut* nommé  maître 
de  musique  et  précepteur  des  enfants  de  chœur 
de  Notre-Dame  d'Anvers,  en  1448;  il  en  remplit 
les  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  En  t484  il 
avait  été  mis,  en  outre,  en  possession  d'une  clia- 
pelanie.  Il  mourut  à  Anvers  le  8  août  1491.  Par 
son  testament  il  a  fait  des  legs  importants  en  fa- 
veur du  chapitre  de  Notre-Dame ,  des  chapelains, 
et  des  enfants  de  chœur. 

Une  lettre  écrite  à  Barbireau  par  Rodolphe 
Agricola,  au  mois  d'octobre  1482,  prouve  que 
ces  deux  hommes  remarquables  étaient  en  cor- 
re,spondance  habituelle.  On  y  voit  que  le  maître 
des  enfants  de  chœur  de  la  cathédrale  d'Anvers 
avait  invité  son  savant  ami  à  accepter  une  place  de 
professeur  dans  cette  ville ,  et  que  celui-ci  refuse 
cet  emploi  en  faisant  connaître  les  motifs  qui  lui 
font  préférer  le  séjour  de  Heidelberg.  Dans  une 
autre  lettre  (De  formando  studio),  Agricola  de- 
mande à  Barbireau  quelques-unes  de  ses  compo- 
sitions ,  choisies  parmi  celles  qu'il  a  faites  avec 
soin,  et  qu'il  croit  dignes  d'applaudissements 
(  Oro  remitte  ad  me  aliquid  ex  lis  qux  ad  ca- 
nendtnn  composuisti,  sed  quod  accuraium  sit, 
cf.  cum  laude  ostende  t'efe).Tinctoris,  contem- 
porain de  Barbireau  ,  le  cite  en  plusieurs  endroits 
de  ses  ouvrages,  comme  une  des  plus  grandes 
autorités  dans  la  musique  de  son  temps,  notam- 
ment dans  le  troisième  chapitre  du  Traité  de 
r imperfection  des  noies,  où  il  donne  un  frag- 
ment de  la  chanson  française  de  ce  compositeur 
qui  commence  par  ces  mots  :  Lame  (l'homme) 
bany  de  sa  plaisance.  La  Bibliothèque  impériale 
de  Vienne  possède  de  ce  musicien ,  dans  un  ma- 
nuscrit sur  vôlin  du  seizième  siècle  :  1°  La  messe 
à  cinq  voix  intitulée  :  Virgo  parens  Christi.  — 
2°  Une  messe  à  quatre  voix  qui  a  pour  titre  : 
Faulx perverse.  —  3o  Et,  enfin,  le  £:yne  d'une 
messe  pasc/w^e,  à  quatre  voix .  Un  autre  manuscrit 
de  la  mi^me  bibliothèque  contient  le  Kyrie  ft  le 
Chrisle  d'une  messe  (sine  nomine)  de  Barbireau. 
Kiesewetter  avait  mis  en  partition  la  chanson 
à  trois  voix  de  ce  musicien.  L'homme  banni  de 
sa  plaisance,  et  le  Kyrie  à  cinq  voix  de  la  messe, 
Virgo  parens  Christi.  Ces  deux  morceaux  sont 
passés  à  la  Bibliothèque  impériale  après  la  mort 
de  ce  savant,  ainsi  que  toute  sa  collection  d'an- 
cienne musique.  Enfin,  un  manuscfit  précieux 
de  la  Bibliothèque  de  Dijon,  coté  9.95,  renferme 
plusieurs  chansons  notées  à  3  et  à  4  voix,  de 
Barbireau  (sou-s  le  nom  de  Harbinguant),  et  de 
plusieurs  autres  musiciens  célèbres  du  quinzième 
siècle. 


BARBOSA  (Arias  ),  né  à  Aveiro,  en  Por- 
tugal, étudia  à  Florence  sous  Ange  Politien,  et 
alla  ensuite  à  Salamanque  prendre  possession  de 
la  chaire  d'éloquence,  qu'il  conserva  pendant 
vini;t  ans.  Le  roi  de  Portugal,  Jean  III,  le  donna 
ensuite  comme  précepteur  à  ses  deux  frères.  Il 
est  mort  en  1520,  et,  selon  d'autres,  en  1530.  On 
a  de  lui  un  ouvrage  intitulé  :  Epomctria  ;  8é- 
tille,  1520,  in-4°,  dans  lequel  il  traite  de  la  gé- 
nération des  sons. 

BARCA  (Franco  s),  moine  portugais,  naquit 
à  Evora,  dans  les  premières  années  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  entra  dans  l'ordre  des  chanoines 
réguliers,  au  monastère  de  Tous  les  Saints,  à 
Palmela,  eu  1625,  et  devint  maître  de  chapelle  de 
son  couvent,  en  1640.  H  a  beaucoup  écrit  pour 
l'église.  Tous  ses  ouvrages,  restés  en  manuscrit, 
étaient  dans  la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal , 
avant  le  tremblement  de  terre  qui  détruisit  la 
ville  de  Lisbonne,  en  1755. 

BARCA  (Alexandre),  de  la  congrégation 
des  écoles  chréliennes,  professeur  émérite  de 
droit  naturel  et  social  à  l'université  de  Padoue, 
et  membre  de  l'académie  de  cette  ville,  naquit  à 
Bergame,  le  20  novembre  1741,  et  mourut  à  Pa- 
doue, le  13  juin  1814.  Son  premier  ouvrage  relatif 
à  la  théorie  de  la  musique  a  pour  titre  :  Nuovi 
teoremi  sulle  divisioni  délie  ragioni  degli  in- 
tervalli de'  siioni; Bergame,  1781,  in-4°.  1 1  publia 
ensuite,  dans  les  Essais  scienfijiqnes  et  litté- 
raires de  l'Académie  de  cette  ville  (I.  I,  1780, 
in-4°),  un  mémoire  de  53  pages  intitulé  :  Intro- 
duzione  ad  una  niiova  Teoria  di  Musica,  qu'il 
avait  lu  à  l'académie,  le  23  janvier  1783.11  y 
analyse  la  théorie  du  père  Valotti  (Saggi  scien- 
tiftcieletter.  delV  Academiadi  Padova,  tom.  1, 
p.  365-418  ).  Il  paraît  qiie  Barca  écrivit  une  suite 
de  mémoires  siu-  cette  nouvelle  théorie  de  Va- 
lotti ,  car  son  biograidie  ,  le  professeur  Gio.  Mai- 
roni  da  Ponte  cite  le  sixième,  qui  existe  chez  les 
héritiers  de  l'auteur,  sous  ce  titre  :  Memoria 
sesta  délia  nuova  teoria  dimtisica  (  V.  Orazione 
recitata  nelle  solenni  esequie  del  P.  D.  Aies- 
sandro  Barca,  etc.,  il  dî  li  giugno  1814;  Ber- 
game ,  stamperia  Natali ,  1814 ,  in-8''  ).  Un  autre 
mémoire  manuscrit  intitulé  :  Memoria  intorno 
allô  stato  atfuale  delta  musica,  s'est  trouve 
entre  les  mains  du  maître  de  chapelle  Simon 
Mavr  à  Bergame.  Ce  dernier  ouvrage  avait  été 
écrit  parordie  du  ministre  de  l'instruclion  publi- 
que, sous  le  gouvernement  de  Napoléon. 

BARCICKY  (  A.-J.  ),  pianiste  polonais  ac- 
tuellement vivant  (1859)  a  publié  à  Vienne,  (liez 
Diabelli,  deux  Fantaisies  polonaises  pour  te 
piano,  u°   l,en  sol  mineur,  n°  2,  en  ré. 

BARDELLA  (Antoine  NALDI  ,  surnommé 


BARDFXLA. 


BAREO 


245 


ÎL),  musicien  alLirhé  au  service  tlii  duc  de  Tos- 
cane, vécut  à  Florence  dans  les  vingt-cinq  der- 
nières années  du  seizième  siècle  et  au  commen- 
cement du  dix-septième.  Il  fut  l'inventeur  du 
théorlie,  auquel  on  donna  d'ahord  le  nom  de 
cbitarone  (grande  guitare).  Il  parait  que  cette 
dénomination  (ut  cau.se  que  l'invention  fut  con- 
testée à  son  auteur  ;  car  antérieurement  à  l'époque 
où  vivait  Barilella,  il  existait  à  Naples  et  dans 
quelques  autres  lieux  de  l'Italie  une  grande  gui- 
tare appelée  chilaronc,  qui  n'avait  pas  de  res- 
semblance avec  le  Ihéorbe.  Non-seulement  Bar- 
<lella  fut  l'inventeur  de  cet  instrument,  mais  il 
en  joua  avec  une  habileté  qui  surpassa  celle  de 
tous  ses  rivaux  ,  particulièrement  dans  l'art  d'ac- 
compagner l'harmonie  sur  une  basse  chiffrée  ou 
sans  chiffres.  Jules  Caccini  (  Voij.  ce  nom  )  nous 
fournit  à  ce  sujet  des  renseignements  positifs, 
dans  l'avertissement  au  lecteur  qu'il  a  mis  en  tôte 
de  ses  Nuove  Masiclie  (f"  édition;  Florence, 
Marescotti,  1601,  in-fol.).  Voici  comme  il  s'ex- 
prime :  Ma  intorno  a  dette  parti  di  mezzo 
(  l'harmonie  qui  accompagne  la  basse  du  chant 
sur  le  théorbe)si  èveduta  osservanza  singolare 
in  Antonio  Naldi  del.to  il  Bavdella,  gratissimo 
servitore  a  queste  Allezze  Sereniss.  il  quale  si 
corne  vcramentc  ne  è  stato  Vinventore,  cosi  è 
reputato  da  tutti  per  lo piùeccclleiite  clie  sino 
a  noatri  tempi  habbia  mai  sonato  di  taie  strti- 
mento,  corne  con  loro  utiiUà  fanno  fede  i  pro- 
fessori  e  qiiellï  che  si  dilettano  ncll'  esercizio 
dcl  chitarone,  etc. 

BARDESAXES,  ou  BARDESANE,  né  à 
Édesse,  dans  la  Mésopotamie ,  plusieurs  années 
avant  156,  fut  le  premier  auteur  des  hymnes 
en  usage  dans  l'église  de  Syrie.  D'après  l'his- 
toire des  dynasties  arabes,,  par  Aboidfarage, 
il  paraît  que  son  nom  oriental  était  Ebn  Disann. 
Celui  sous  lequel  il  est  connu  lui  est  donné  par 
S.  Ephrem  ,  S.  Epiphane  ,  Porjjhyre,  Nicéphore, 
Eusèbe ,  et  quelques  autres  écrivains  grecs.  Bar- 
<lesanes  appartint  à  la  secte  des  gnostiques.  On  voit 
rtans  S.  Ephrem  qu'à  l'imitation  de  David ,  il 
avait  com()osé  cent  cinquante  hymnes  ou  canti- 
ques, dont  il  avait  fait  les  mélodies.  Ce  pète  de  l'é- 
glise ,  qui  a  combattu  l'hérésie  de  Bardesanes  en 
ixlusieurs  endroits  de  ses  ouvrages  ,  lui  reproche 
d'avoir  excité  les  sens  par  ses  chants  eiféminés  et 
lascifs  [inHijmn.  55,  p.  557).  Il  faut  voir  ce  que 
ditÉtienne,  patriarche  desSyriens  Maronites,  des 
talents  de  Bardesanes  pour  la  musique,  dans  son 
opuscule  De  Tonis  Syrorum,  publié  à  Rome 
(s.  d.).  On  peut  aussi  consulter  avec  fruit  l'ex- 
cellente dissertation  du  Dr.  Auguste  Hahn  intitu- 
lée :  Bardesanes  Gnosticus  Syrorum  primus 
hymnologus ,   Lipsix,  1819,  in-8"  de  9 'i  pages. 


Eusèbe  {l'ra:p.  Evang,  VI,  10)  nous  a  conservé 
un  fragment  do  Bardesanes  sur  le  destin ,  re- 
marquable par  l'élévation  des  idées. 

BARDI  (Jean),  comte  de  Vernio,  noble  flo- 
rentin, vivait  dans  la  dernière  moitié  du  seizième 
siècle,  et  se  distingua  par  ses  talents  et  ses  con- 
naissances dans  les  lettres ,  dans  les  sciences  et 
dans  les  arts.  Il  était  membre  de  l'académie  de 
la  Crusca  «f  de  celle  de  Alterati  de  Florence. 
Le  pape  Clément  VIII  (1)  l'appela  à  Rome» 
et  le  lit  son  maestro  di  caméra.  Doni,  dans 
son  Traité  de  la  Musique  théâtrale  (Musica 
scenica  ,  t.  II,  p.  31),  lui  attribue  l'honneur 
d'avoir  fait  naître  l'idée  de  l'opéra  en  musique. 
Il  avait  établi  dans  sa  maison  une  sorte  d'a- 
cadémie où  l'on  s'occupait  spécialement  de 
cet  objet.  Les  premiers  essais  furent  faits  à  sa 
prière  par  Vincent  Galilée  et  Jules  Caccini 
(  Voij.  ces  noms).  Il  se  réunit  ensuite  à 
P.  Strozzi  et  à  Jarques  Corsi  pour  faire  compo- 
ser le  premier  poëme  régulier  par  0^^  Rinuccini, 
qui  fut  mis  en  musique  par  Jacques  Péri  (  Voy. 
ce  nom  ).  On  trouve  dans  les  œuvres  de  Doni , 
tom.  II,  p.  233-248,  un  petit  ouvrage  de  Bardi 
intitulé  :  Discorso  mandata  da  Giov.  de  Bardi 
à  Giulio  Caccini  detto  Romano,  sopra  la 
musica  antica  e'Z  cantar  bene. 

BARDI  (Jérôme),  docteur  en  théologie  et  en 
médecine,  naquit  à  Rapallo,  en  Sardaigne  le  7 
mars  1603.  En  1619,  il  entra  chez  les  Jésuites, 
mais  sa  mauvaise  santé  l'obligea  d'en  sortir  cinq 
ans  après.  Il  alla  à  Gènes  où  il  fit  de  nouvelles 
éludes,  et  après  y  avoir  été  nommé  docteur  en 
théologie  et  en  médecine,  il  fut  appelé  h  Pise,  pour 
y  occuper  la  chaire  de  philosophie  h.  l'université. 
En  1651  il  se  rendit  à  Rome,  où  il  exerça  la  méde- 
cine jusqu'en  ir,07.  Bardi  e.st  auteur  d'un  traité 
dont  voici  le  titre  singulier  :  Musica  medica , 
magica,  moralis,  consona,  dissona,  curativa, 
catholica,  rationalis.  Selon  la  Biographie  uni- 
verselle, cet  ouvrage  serait  resté  manuscrit  :  mais 
Oldoini  {Athenxum  Ligusticum,  p.  238)  dit 
qu'il  fut  imprimé  à  Rome  en  1651.  Forkel,  d'a- 
près Walther,  a  cru  que  cet  auteur  était  fils  de 
Jean  Bardi ,  comte  de  Vernio  :  c'est  une  erreur 
que  Lichtenthal  a  copiée. 

B.ARDON  (Dandré)  ;  V.  DANDRÉ  BARDON. 

BAREO  (V.),  guitariste  italien,  fixé  à  Vien- 
ne ,  a  public  pour  son  instrument  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  :  1°  Rondeau  pour  deux 
guitares,  op.  1  ;  Vienne,  Arlaria.  — 2' Caprice  bril- 
lant pourdeuxguilares.op.  2;  Vienne,  Weigl.  — 
3"  12  Écossaises  pour  deux  guitares,  op.  3  ;  Vien- 

(1)  Et  non  Urbain  VIII,  comme  on  le  ditd.mste  Hiogra- 
phie  Universelle;  car  ce  pape  ne  parvint  an  siège  pontifical 
«lu'en  1662  ,  époque  où  il  parait  que  Bardi  ne  vivait  plus,. 


246 


lie,  nermaim.  —  4"  12  X/rte»f?to' pour  deux  gui-  j 
tares,  o;>.  4  ;  Vienne,  Diabelli. 

BARETA  (  RoDRiANo),  musicien  de  la  ca- 
iliédrnle  de  Crémone,  naquit  dans  cotte  ville  en 
1581.  Il  a  pnblié:  1"  Il  primo  libro  de  madri- 
qali  a  cinque  voci;  Venise,  I6l5,in-4°.  — 2°  Il 
seconda  libro  ;  iliid.,  1615,  in-4''. 

BARETTI  (  Joseph  ),  littérateur  etpoctedu 
di\-liiiitième  siècle,  naquit  à  Turin  te  22  uiars 
1716.  Après  avoir  voyagé  pendant  quelques  an- 
nées eu  Italie,  il  se  rendit  à  Londres  au  mois  de 
janvier  1751 ,  avec  le  projet  d'y  être  directeur  de 
l'Opéra  italien,  et  mourut  dans  cette  ville  le  5 
mai  1789.  Il  a  publié  :  Account  of  the  manners 
and  custom  of  Italij;  Londres,  1768  ,  in-S°;  on 
y  trouve  des  détails  sur  l'Opéra  se?'ia  et  V Opéra 
huffa.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français 
|)ar  Fréville  sous  ce  titre  :  Lex  Italiens,  ou 
Mœurs  et  coutumes  d"  Italie  ;  Paris,  1775,  in-l2. 
Il  y  en  a  aussi  une  traduction  allemande  intitulée  : 
Beschrcibung  der  Sitlen  und  Gebrœuchenin 
Italien;  2  parties  in-8",  Breslau  ,  1781.  Le  frère 
de  Baretti ,  professeur  de  musique,  vécut  à  Tu- 
rin, et  a  publié  six  duos  pour  violoncelle,  qui 
ont  été  gravés  à  Paris,  vers  1770. 

BARGAGLIA  (Scipion),  violoniste  ou 
plutôt  violiste  napolitain,  dont  parle  Cerreto,  et 
qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  un  œuvre  de  musique  instru- 
mentale intitulé  :  Trattenimenti  ossia  diverti- 
menti  da  suonare  ;  Venise ,  1587.  C'est  dans 
cet  ouvrage  qu'on  trouve  pour  la  première  fois 
l'emploi  du  mot  concerto,  dans  le  sens  de  pièce 
pour  un  instrument  principal. 

BARGES  (Antoine),  maître  de  chapelle  alla 
Casa  grande  de  Venise ,  a  publié  :  Il  primo 
libro  de  villote  a  quattro  voci ,  con  un  altro 
canzon  delta  Galina;  Venise,  1 550,  in-4°.  C'est 
un  recueil  curieux  pour  le  style  des  airs  de  ce 
temps.  On  trouve  dans  le  Catalogue  de  Butscli 
(  Augsbourg,  1846 ,  in-8'3  )  un  ouvrage  de  cet  au- 
teur intitulé  :  H  primo  libro  di  Violetta  a  4 
voci,  etc.  C'est  celui  dont  le  titre  est  ci-dessus 
avec  une  faute  d'impression  où  Villoteest  changé 
en  Violetta. 

BARGIXANI  (  Ottavio)  ,  né  à  Brescia,  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle  ,  fut  organiste  de 
l'église  principale  de  Salo.  On  a  imprimé  les  ou- 
vrages de  sa  composition  dont  les  titres  suivent  : 
r  Canzonette  a  quattro  e  otto  î;oci  ;  Venise, 
I5!)5.  —  2°  Motteti  a  1,  2,  3,  4  ;  Venise  ,  presso 
BartolonieoMagni,1597.  —  .3°  Madrigali  a  cin- 
que voci;  Venise,  1001. 

BARILLI  (Louis),  bouffe  chantant  qui  a  eu 
l>eaucoup  de  célébrité  à  Paris,  naquit  à  Modène, 
eu  1767,  suivant  certains  renseiijueaicals  biogra- 


BAREO  —  BARILLI 

phiques,  ou  àNaplcs,  en  1764,  si  l'on  en  croit 
d'autres  versions  qui  paraissent  plus  vraisem- 
blables. On  ne  sait  rien  concernant  l'époque  de 
ses  débuts,  ni  sur  les  théâtres  où  il  parut  avant 
d'arriver  à  Paris  :  les  almanachs  de  théâtres  de 
l'Italie  ne  m'ont  rien  fourni  à  ce  sujet.  Ce  fut 
le  19  août  1805  qu'il  joua  pour  la  première  fois  à 
la  salle  de  la  rue  de  Louvois,  dans  la  Locandiera 
de  Farinelli,  où  il  était  chargé  du  rôle  du  comte 
Cosmopoli.  Doué  de  naturel  et  de  verve  comi- 
que, il  y  eut  un  brillant  succès  qui  ne  fut  que  le 
prélude  de  ceux  qu'il  obtint  plus  tard  dans  le  per- 
sonnage du  musicien  Bucefalo  des  Cantatrice 
villane,  et  dans  celui  de  Bellarosa  des  Virtuosi 
ambulanli,  quoiqu'il  fût  médiocre  musicien  et 
que  sa  voix  eût  de  la  lourdeur.  C'est  au  talent  de 
coméflien  original  qu'il  y  déploya,  que  ces  deux 
ouvrages  de  Fioravanti  durent  la  vogue  dont  ils 
jouirent  à  cette  époque.  Pendant  plus  de  dix-huit 
ans,  Barilli  eut  le  privilège  de  faire  rire  les  di- 
letlanti  parisiens,  quoique  son  organe  eût  perdu 
de  sa  sonorité  dans  les  dernières  années. 

Devenu  un  des  quatre  administrateurs  de  l'O- 
péra italien,  au  théâtre  del'Odéon,  en  1809,  il 
y  perdit  beaucoup  d'argent  et  se  vit  plus  tard 
obligé  d'accepter  de  médiocres  appointements, 
lorsque  Mme  Catalani  eut  obtenu  le  privilège  de 
cette  entreprise  dramatique.  La  moi  t  de  sa  femme 
(  Voyez  l'article  suivant),  et  celle  de  trois  fils 
qu'elle  lui  avait  donnés,  vinrent  successivement 
combler  la  mesure  de  ses  chagrins.  Ayant  été 
désigné,  en  1820,  pour  remplir  la  place  de  ré- 
gisseur de  l'opéra  italien,  il  déploya  beaucoup 
d'activité  dans  ces  nouvelles  fonctions;  mais  ses 
malheurs  avaient  affaibli  sa  santé,  et  pour  comble 
d'infortune,  il  se  cassa  la  jambe  en  1824.  A 
peine  convalescent  àe  cet  accident,  il  fut  frappé 
d'apoplexie,  le  26  mai  suivant,  et  cessa  de  vivre 
sans  proférer  une  parole.  La  probité,  le  désinté- 
ressement de  cet  excellent  acteur  lui  avaient  fait 
beaucoup  d'amis,  qui  fuient  obligés  de  se  cotiser 
pour  payer  les  frais  de  ses  funérailles ,  et  qui  lui 
tirent  élever  un  tombeau  près  de  celui  de  sa 
femme,  dans  le  cimetière  de  l'est. 

BARILLI  (Mmue-Anne)  ,  dont  le  nom  de 
famille  était  Bondini ,  femme  du  précédent  et 
cantatrice  distinguée,  naquit  à  Dresde  le  18  oc- 
tobre 1780,  de  parents  originaires  de  Bologne, 
lesquels  étaient  attachés  au  service  de  l'électeur 
de  Saxe.  Plus  tard  ,  son  père  se  chargea  de  l'en- 
treprise du  théâtre  italien  de  Prague.  Ruiné  par 
un  incendie  qui  consuma  le  théâtre  et  les  maga- 
sins, il  prit  le  parti  de  retourner  en  Italie  ,  où  il 
espérait  trouver  des  ressources  pour  rétablir  ses 
affaires  ;  mais  il  mourut  dans  le  trajet,  et  sa  famille, 
réduite  à  la  situation  la  plus  pénible,  ne  paivinl 


BARILLI  —  BARKER 


247' 


qu'avec  peine  jusqu'à  Bolo;;ne.  Marie-Anne  I5on- 
(lini,  àg(H\  alors  de  dix  ans,  montrait  d'Iieureuses 
dispositions  pour  la  musique,  et  jouait  di'jà  du 
piano  avec,  (jnelque  talent.  On  la  mit  dans  l'école 
de  chant  de  Sarlorini,  où  elle  accpiit,  par  des 
études  bien  faites,  une  vocalisation  li'gère ,   une 
mise   de  voix    lacilc,  et  toutes    les  traditions 
d'une  bonne  méthode.  Devenue  la  femme  de  Oa- 
rilli ,  elle  le  suivit  à  Paris,  en  1805,  et  ne  se 
(it  entendre  d'abord  que  dans  quelques  concerts  ; 
mais  le  succès  qu'elle  y  obtint  fut  si  brillant,  que 
malgré  sa  répugnance  pour  le  théâtre  et  sa  timi- 
dité naturelle,  elle  se  laissa  persuader  par  les 
sollicitations  des  directeurs  du  théâtre  Louvois, 
et  débuta  le  14  janvier  1807  ,  dans  les  Due  Ge- 
melli  de  Guglielmi.  Dominre  par  l'émotion ,  elle 
n'y  montra  pas  seulement  peu  d'intelligence  de  la 
scène,  mais  son  chant  môme  ne  s'éleva  pas  au- 
dessus  du  médiocre.  Découragée  par  ce  premier 
essai,  elle  ne  se  décida  à  tenter  une  nouvelle 
épreuve  qu'après  plusieurs   mois   d'hésitation. 
Enfin  son  second  début  se  fit  le  30  mai  dans  la 
Griselda  de  Paer,  et  cette  fois  elle  obtint  le  suf- 
frage unanime  du  public.  Chacun  des  ouvrages 
où  elle  parut  ensuite  fut  marqué  par  un  succès 
d'enthousiasme.  Sa  voix,  quoique  peu  timbrée, 
était  d'une  admirable  pureté;  la  justesse  de  ses 
intonations  était  irréprochable  ;   sa  vocalisation 
parfaite  et  le  fini  de  son  chant  égalaient  les  qua- 
lités des  meilleurs  chanteurs  de  l'Italie.  Le  seul 
défaut  qu'on  pflt  lui  reprocher  était  de  nianqi:er 
un  peu  d'animation  et  de  force  dramatique  dans 
les  morceaux  de  caractère  pathétique.  Au  milieu 
de  ses  triomphes,  une  maladie  grave  et  longue 
vint  la  frapper.  A  peine  rétablie,  elle  voulut  (aire 
des  efforts  pour  indemniser  l'administration  des 
pertes  que   son  absence  de  la  scène  avait  occa- 
sionnées ;  elle  reparut  en  effet  dans  La   Donna 
di  génie  volubile,  de  Portogallo;  mais  après  la 
troisième   représentation    de  cet  ouvrage,  une 
fièvre  maligne  la  saisit  et  la  mit  au  tombeau ,  le 
24  octobre  I8I3  ,  à  l'âge  de  trente-trois  ans.  Les 
graves  événements  qui  pesaient  alors  sur  les  des- 
tinées de    la    France  n'empêchèrent    pas    les 
manifestations  des  regrets   universels    dont    la 
mort    de   cette   excellente   cantatrice  fut  l'ob- 
jet. 

BARIOLA.  (Octave),  compositeur  et  orga- 
niste distingué  à  l'église  délia  Madona  di  S. 
Celso  à  Milan,  a  publié  dans  cette  ville  :  l''  Ri- 
cercatepersuonar  l'organo.ibSb.  —  l"  Caprici, 
ovvero  canzoni  a  4,  libri  3,  1594.  Le  style  de 
Bariola  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  Claude 
Merulo. 

BARIZEL(  Charles),  virtuose  sur  le  basson, 
oaipiit  en  1788  à  Merville,  près  d'IIazebrouck., 


dans  le  départt«inent  du  Nord  (l).' Parti  à  l'âge 
de  dix-huit  ans  de  la  maison  paternelle,  il  entra 
comme  musicien  soldat  dans  un  régiment  et  par- 
vint rapidement,  par  son  mérite, au  grade  dechef 
I  de  musique  d'un  autre  corps,  avec  lequel  il  fit 
la  campagne  d'Espagne  en  1808.  Fait  prisonnier 
à  l'affaire  de  Cabrera,  il  fut  transporté  sur  les 
pontons  anglais ,  où  il  eut  à  souffrir  toutes  les 
tortures  qui  ont  été  signalées  par  divers  écri- 
vains. Rentré  eu  France  après  trois  années  de 
captivité ,  Barizel  entra  comme  chef  de  musique 
dans  un  régiment  de  la  jeune  garde  impériale; 
il  fit  en  cette  qualité  la  campagne  de  Russie  en 
1812  ,1a  campagnede  Saxe  en  1813,  et  se  trouva 
à  toutes  les  grandes  affaires  de  la  campagne  de 
France  en  1814.  Rentré  dans  la  vie  civile  en  1815,' 
après  le  licenciement  de  l'armée,  il  se  livra  à  des 
études  sérieuses  (lour  perfectionner  son  talent, 
qui  bientôt  le  plaça  au  rang  des  artistes  les  plus 
distingués  de  Paris.  Devenu  premier  basson  de  la 
chapelle  du  roi ,  sous  la  Restauration ,  il  entra 
dans  la  musique  particulière  du  roi  Louis-Phi- 
lippe en  1831,  devint  professeur  de  basson  au 
Conservatoire  après  la  retraite  de  Gebauer,  pre- 
mier basson  de  l'Opéra,  et  chef  de  musique  de 
la  2"'®  légion  de  la  garde  nationale  de  Paris.  En 
récompense  de  ses  services ,  il  fut  décoré  de  la 
Légion  d'Honneur.  Le  dérangement  de  sa  santé 
l'ayant  obligé  à  demander  sa  retraite  des  posi- 
tions qu'il  occupait,  il  crut  que  l'air  natal  pour- 
rait le  guérir  et  retourna  à  Merville;  mais  les 
progrès  du  mal  ne  s'arrêtèrent  point,  et  Barizel 
mourut  en  ce  lieu  le  25  mai  1850,  à  l'âge  de 
soixante-deux  ans.  On  ne  connaît  pas  de  com- 
position de  cet  artiste  pour  son  instrument. 

BARKER  (Cuaules-Spackman),  inventeur 
du  levier  pneumatique  pour  l'allégement  du  cla- 
vier des  grandes  orgues ,  est  né  à  Bath ,  en  An- 
gleterre, le  10  octobre  1806.  Orphelin  dès  l'âge 
de  cinq  ans,  il  fut  laissé  aux  soins  de  son  par- 
rain ,  ami  généreux  de  sa  famille  qui  lui  fit  donner 
une  éducation  libérale  et  le  destina  à  la  méde- 
cine; mais  la  vocation  de  Barker  ne  le  portait 
pas  vers  l'exercice  de  celte  science.  Le  hasard 
lui  fit  découvrir  sa  destination  naturelle;  car 
ayant  eu  occasion  de  voir  les  travaux  d'un  fac- 
teur d'orgues  renommé  de  Londres  qui  montait 
un  instrument  neuf  dans  son  voisinage,  il  se 
passionna  pour  un  art  où  le  génie  d'invention 
l)eut  développer  toutes  ses  ressources ,  et  fit  avec 
ce  facteur  des  arrangements  pour  apprendre  dans 

(1)  C'ost  un  fait  assez  remarquable  que  les  trois  basso- 
nistes les  plus  distingués  de  la  France,  dans  la  première 
moitié  du  dix-neuvième  siècle,  ;'i  savoir,  Delcimbre, 
Bari7,cl  et  Willent,  étaient  nés  dans,  le  département  da. 
Njord, 


-24S 


BARRER  —  BARftUlNN 


Bes  atelifirs  la  Uiéorie  et  la  pratique  de  la  cons- 
truction des  orgues.  Deux  ans  plus  tard  il  sortit 
de  chez  ce  facteur  et  retourna  à  Batli,  où  il  éta- 
l)lit  un  atelierde  facture  des  mêmes  instruments. 
Ce  fut  alors  qu'il  entendit  parler  du  grand  orgue 
qu'on  venait  de  construire  dans  l'église  cathédrale 
d'York ,  et  dont  les  proportions  colossales  lui 
firent  pressentir  la  dureté  excessive  des  claviers; 
c'est  à  cette  occasion  qu'il  se  livra  à  une  série 
d'expériences  pour  vaincre  la  résistance  opposée 
à  la  main  des  organistes  par  le  tirage  de  l'ou- 
verture des  soupapes  dans  les  grands  instruments , 
où  les  jeux  sont  distribués  sur  plusieurs  sommiers. 
Le  résultat  de  ces  recherches  fut  la  découverte 
du  levier  pneumatique,  lequel  consiste  dans  l'ac- 
tion d'un  air  comprimé  sur  de  petits  soudlets  at- 
tachés aux  tringles  des  tirages  et  faisant  mouvoir 
le  mécanisme  de  chaque  note  au  moment  où  le 
doigt  de  l'organiste  abaisse  la  touche;  en  sorte 
que  toute  la  résistance  est  vaincue  par  ce  levier, 
et  cesse  de  peser  sur  les  claviers.  M.  ISarker 
trouva  dans  la  rivalité  de  ses  confrères  des  ob- 
stacles pour  l'introduction  de  sa  remarquable  in- 
vention dans  les  orgues  d'Angleterre;  les  dégoûts 
qu'il  en  éprouva  le  décidèrent  à  se  rendre  à  Paris. 
11  y  arriva  au  moment  où  M.  Cavaillé  était 
chargé  de  la  construction  du  grand  orgue  de 
Saint- Denis,  et  il  offrit  à  cet  éininent  facteur  sa 
coopération  pour  l'introduction  de  son  mécanisme 
dans  cet  instrument.  M.  Cavaillé  n'hésita  pas  à 
reconnaître  l'importance  de  celte  invention  et 
accueillit  les  propositions  de  M.  CarUcr.  Depuis 
lors,  M.  Cavaillé  a  fait  entrer  le  levier  pneuma- 
tique dans  les  grandes  orgues  qu'il  a  construites. 
Conservant  toutefois  la  propriété  de  son  méca- 
nisme, M.  barker  en  traita  également  avec  la 
maison  Uauhiaine  et  Caliuet  (postérieurement 
Ducrocquet  puis  Mcrkiin  et  Schiitz)  et  prit  la 
direction  des  ateliers  de  cette  maison  pour  la 
construction  du  grand  orgue  de  l'église  Saint- 
Eustache,  qu'il  acheva  en  1845,  et  (pii  lut  mal- 
heureusement détruit  par  un  incendie,six  mois 
après.  C'est  aussi  à  M.  Barker  qu'on  doit  la  belle 
restauration   de  l'orgue  de  SaiiitSulpice. 

BARLAAM,  moine  de  Saint-Basile,  qui  se 
rendit  célèbre  par  sa  science  et  ses  hérésies,  dans 
la  première  moitié  du  quatorzième  siècle,  naquit 
à  Seminara,  dans  la  Calabre  idtérieure.  Il  était 
fort  jeune  quand  il  prit  l'habit  religieux  ;  aupa- 
ravant il  se  nommait  Bernai d,  et  il  quitia  ce 
nom ,  en  entrant  dans  le  cloître,  pour  celui  de 
Burluam.  Le  désir  de  s'instruire  le  détermina  à 
passer  dans  lOrient ;  il  y  adopta  In  doctrine  de 
l'Église  grecque,  et  écrivit  pour  elle  contre  l'l> 
glise  latine;  puis  il  en  fit  abjuration  et  rentra 
dans   la  communion    catholique.    Ses    disputes 


théologiques  n'ayant  point  de  rapport  avec  l'ob- 
jet de  ce  livre,  on  n'en  [larierai  pas,  et  l'on  se» 
bornera  à  dire  qu'il  obtint  de  l'elnpereur  Andto- 
nic  l'abbaye  de  Saint-Sauveur,  par  le  crédit  de 
Jean  Cantacuzène,  en  1332,  et  que  Clément  VI 
le  nomma  évêque  de  Geraci ,  dans  le  royaume 
de  Naples,  en  1348.  Bien  que  l'époque  précise 
de  sa  mort  ne  soit  pas  connue,  il  paraît  cepen- 
dant qu'il  avait  cessé  de  vivre  au  mois  d'août 
1 348.  Au  nombre  des  écrits  de  Barlaam  on  trouve, 
non  des  scolies  sur  les  livres  des  Harmoniques  de 
Ptoiémée,  comme  Gesuer,  dans  sa  Bibliothèque 
universelle,  Adelung,  dans  son  Dictionnaire  des 
Savants,  Walther,  l''orkcl,Lichtenthalet  d'autres 
l'ont  dit,  mais  un  coinineiilaiie  sur  les  chapi- 
tres 14*,  15^  et  16'  du  troisième  livre  de  cet 
auteur.  Ce  connnentaire,  qui  commence  par  ces 
mots  :  c7t£Î  ôày.al  rà;  ÈTttYpasàv ,  est  à  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris,  parmi  les  manuscrits 
grecs,  sous  le  n°  2381,  in-fol.  Walther  et, 
d'après  lui,  Forkel,  Lichlenthal,  etM.  Cli.  F.  Be- 
cker  disent  que  ce  commentaire  a  été  publié  à 
Venise,  mais  sans  pouvoir  indiquer  la  date  de 
l'impression  ;  je  n'ai  vu  citer  nulle  part  celte  édi- 
tion ,  et  je  la  crois  supposée.  Le  14e  chapitre  du 
troisième  livre  «les  Harmoniques  de  Ptoiémée 
a  pour  objet  d'examiner  Par  quels  nombrrs 
premiers  on  compare  les  cordes  stables  du 
système  parfait  (des  Grecs)  avec  les  sphhres 
principales  du  (système  du)  monde.  Le  là*". 
Comment  on  trouve  par  les  nombres  les  rap- 
ports des  mouvements  des  planètes  (  avec  les 
consonnances  musicales);  et  enfin  le  16*,  Com- 
ment  les  propriétés  des  planètes  se  rapportent 
à  celles  des  sons.  C'est  sur  ces  chapitres  que  Bar- 
laam a  écrit  son  commentaire,  dont  le  texte  a  été 
publié  parM.  Jean  Franz,  docteur  en  philosophie 
et  professeur  à  l'université  de  Berlin ,  d'après  un 
manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Naples,  à  la  suite 
de  sa  dissertation  intitulée  :  De  Musicis  (jraxis; 
Berlin,  1840,  in-4°  de  23  pages.  L'éditeur  y  a 
ajouté  le  texte  des  trois  chapitres  du  livre  de 
Ptoiémée.  {Voy.  Franz  ) 

BAHMANIV  (  Jean-Bai'tiste)  ,  prieur  de 
l'abbaye  de  VVeingarten,  dans  la  Forêt  Noire, 
et  ensuite  professeur  et  prieur  à  Hof,  naquit  à 
Immenstadt,  le  1*"^  mars  1709,  et  mourut  à  Hof, 
le  16  avril  1788.  lia  publié  un  ouvrage  de  sa  com- 
position, sous  ce  titre  :  Christ- Katholisches  Kir- 
chengesangbuch  nach  den  Gcdankcn  des  <je- 
krwnlen  Propheten  am  9bsten  Psalm,,  ersten 
Vers.  aufalleJalirs-seilenund  Gclegenheiten, 
in  anmuthigen  Melodien  angestimmt  (Livre 
de  chant  des  églises  catholiques,  etc.  );  Augsbourg, 
17C0,  in-4".  On  lui  attribue  aussi  la  composi- 
tion   de    plusieurs   opMas,    comme    poète    et 


BARMAKN  —  BARNI 


?in 


comme  musicien  ;  mais   les  (lires  n'en  sont  pas 
connus. 

BARiVARD  (Jean),  chanoine  mineur  de 
l'église  (le  Sainl-Paui,  à  Londres,  vers  le  mi- 
lieu (lu  dix-septième  siècle,  a  publié  une  collec- 
tion précieuse  d'hymnes,  d'antiennes,  de  prières 
et  de  répons  à  plusieurs  parties ,  par  les  anciens 
compositeurs  anglais  Tallis,  Parsons ,  Morley, 
Giles,  0.  Gibbons,  W.  Mundij ,  }yno((son , 
Battcn ,  Hooper,  Tye,  Weelkes,  White,  Bull, 
et  Jf'ard.  Cette  collection  a  pour  titre  :  The 
first  hook  qf  sclectcd  church  Miisic,  consis- 
ting  of  services  and  anlhems,  such  as  arc 
now  tiscd  in  ifie  cathcdral  and  collégial 
churcfies  of  this  Kingdom,  never  bcj'ore 
prïntcd ,  etc.;  Londres,  1641.  Malheureusement 
elle  a  été  imprimée  en  parties  séparées,  main- 
tenant disséminées ,  et  l'on  croit  qu'il  serait  iui- 
possible  d'en  compléter  un  exemplaire.  Le  plus 
complet  est  celui  de  l'église  d'tiereford,  mais  il  y 
manciue  la  partie  du  soprano. 

BARIVBECK  (Fkédéuic)  ,  né  à  Cassel,  vers 
ISOI ,  est  (ils  d'un  maître  de  concerts  qui  moiuut 
dans  celte  ville  en  1S30.  lîarnbeck  ,  élève  de  son 
père,  puis  de  Spohr,  fut  d'abord  attaché  comme 
violonisteà  la  chapelle  de  Stuttgart ,  puis  s'est  lixé 
à  Halberstadl.  On  a  de  Ini  une  méthode  de  vio- 
lon qui  a  pour  titre  :  Theorct.  praf.tisc/ie  Anlei- 
iiing  zum  Violinspiel ;  Halberstadl,  184  5.  La 
seconde  i)artie  de  cet  ouvrage,  op.  9,  a  paru 
dans  la  môme  ville,  en  t84G.  On  a  du  même 
arliste  plusieurs  recueils  de  chan.sons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano. 

BARNÈS  (JoscÉ),  théologien  et  [)hilologue, 
naquit  à  Londres  le  10  janvier  IG54.  Ses  études 
dans  les  langues  grecque  et  latine  furent  brillard(\s 
cl  ses  progrès  rapides.  Llevé  à  l'université  de 
Cambridge,  il  y  fut  nommé  professeur  de  grec 
en  1695.  Il  ne  manquait  pas  d'imagination,  et 
sa  mémoire  était  prodigieuse;  mais  il  était  dé- 
pourvu de  goût  et  de  critique.  De  là  vient  que 
malgré  rérudilion  qui  y  es^t  répandue,  ses  édi- 
tions d'auteurs  grecs  sont  aujourd'hui  peu  esti- 
mées. Dans  son  Euripide  (  Euripidis  qux  exlanl 
oninia;  Cambridge,  1694,  in-fol.)  on  trouve 
une  dissertation  sur  la  musique  scéniquc  des 
Grecs,  cl  sur  les  lois  mécaniques  du  drame  des 
anciens.  Uarnès  mourut  à  Cambridge ,  le  3  août 
1712. 

BARNETT  (Jean),  fils  d'un  marchand  de 
diamants  de  Lomires,  naquit  à  Bedford  en  1802. 
Des  dispositions  précoces  pour  la  nuisique  et 
une  voix  dont  l'étendue  était  extraordiiiaire  le 
tirent  remarquer  par  Arnold ,  alors  dire('teur 
du  (héâtre  de  Drury-Lane,  qui  se  chargea  de 
son  instruction  ,  et   qui  le  fit  débuter,  comme 


enfant,  en  18  l."?,  sur  son  tlK^AIre,  dans  l'opéra 
intitulé  :  The  Sfiipwreck  (le  Naufrage).  Le  suc- 
cès que  Barnelt  obtint  le  fit  engager  pour  rann(^e 
suivante  comme  premier  soprano  des  oratorios. 
En  1815,  les  directeurs  de  Covent-Gardeu  l'en- 
gagèrent pour  deux  ans;  mais  bientôt  après  il 
perdit  la  voix  et  fut  obligé  de  se  livrer  exclusi- 
vement à  la  musique  instrmuentale,  sous  ladi- 
rech'on  de  Ries  qui  lui  donna  des  leçons  de  piano 
et  de  composition.  Il  a  publié  depuis  quelques  an- 
ni^es  :  X"  Messe  solennelle  n»  1,  en  sol  mineur.  — 
2°  Messe  n"  2,  en  ut.  —  3°  Un  volume  de  mélo- 
dies russes.  —  4°  Plusieurs  recueils  de  chansons 
(  Gleps  et  Catches).  —  5"  PInsieurs  scènes,  dont 
celle  d'/i6rfl/(fl»t.  —  6o  Trois  sérénades  dans  le 
style  espagnol.  —  7"  Des  airs  et  des  duos  italiens 
en  plusieurs  recueils  —  8"  Deux  ouvertures  à 
grand  orchestre.  —  9°  Une  fugue  à  deux  voix  pour 
ténor  et  basse. —  10"  Des  sonates,  des  fugues  et  des 
variations  pour  piano.  —  ll"Uneintro(iuclion,  un 
rondo  et  un  air  pour  l'opéra  du  Mendiant  (Beggar). 
—  12"  Trois  valses  brillantes  pour  le  violon.  — 
13°  Une  fantaisie  pour  flûte  sur  un  air  de  Mozart. 
Le  2S  février  1837 ,  Barnelt  a  fait  représenter  au 
théâtre  de  l'opéra  anglais,  à  Londres,  Fair 
liosamond,  opéra  en  2  actes.  Deux  ans- âpre; 
il  donna  au  même  théâtre  Farinelli,  opéri 
en  2  actes.  Enfin,  il  a  fait  représenter  en  1841 
l'opéra  féerique  The  Mountain  Sylph  (  Le  Sylphe 
de  la  Montagne).  On  a  aussi  de  cet  artiste  un 
Ess.ii  analytique  sur  les  méthodes  d'ensei- 
gnement de  la  musique,  particulièrement  sur 
celle  de  Bocquillon-Wilhem  (  Voy.  ce  nom),  sous 
ce  litre  :  Systems  and  Singing  Masters  :  an 
analytical  comment  upon  thc  Wilhem  Sys- 
tem, as  taught  in  England;  Londres,  1843, 
in-S". 

BARNI  (Camille),  compositeur  et  habile 
violoncelliste,  est  né  à  Cômo,le  18 janvier  1762. 
A  quatorze  ans  il  commença  l'étude  du  violon- 
celle, sous  la  direction  de  son  grand-père,  David 
Ronchetti.  11  reçut  ensuite  pendant  trois  mois 
des  leçons  de  Joseph  Gadgi,  chanoine  de  la  ca- 
thédrale de  Cômo.  A  vingt-six  ans  il  quitta  sa 
ville  natale  pour  aller  remplacer  le  second  vio- 
loncelle au  grand  théâtre  de  Milan ,  oii  il  resta 
huit  années  chez  le  comte  Imbonati,  prolecteur 
éclairé  des  artistes.  Après  la  mort  du  premier 
violoncelle,  arrivée  en  1791,  il  joua  le  solo  au 
grand  théâtre.  En  1799  il  se  mit  sous  la  direc- 
tion de  Minoja  pour  l'élude  de  la  composition. 
Il  fit  plusieurs  quatuors  en  Italie,  et  vint  en- 
suite à  Paris,  où  il  se  fixa  en  1802.  L'année sui- 
vaide  il  donna  un  concert  au  Théâtre  Olympique, 
et  joua  un  concerto  de  violoncelle  de  sa  compo- 
siiiiin.  De  ISO'i  à  1809  ila  publié  :  l"Dcux  thèmes 


250 


BARNI  —  BARON 


(l 'airs  italiens  avec  variations  pour  violon  et  violon- 
celle.—  20  Six  duos  pour  violon  et  violoncelle 
•  -  3°  Six  trios  pour  violon ,  alto  et  violoncelle.  — 
40  Trois  œuvres  de  quatuors  pour  deu\  violons, 
alto  et  violoncelle.  —  5"  Douze  ailettes  italiennes. 
—  6°  Six  romances  françaises.  Baini  a  écrit  la 
musique  d'un  opéra  qui  lut  représenté  au  tliéâ- 
tre  Feydeau,  en  1811 ,  sous  le  titre  de  Edouard, 
ou  le  Frère  par  supercherie,  qui  ne  réussit 
pas.  Cet  artiste  a  été  pendant  plusieurs  années 
violoncelliste  à  l'opéra  italien. 

B A  RON  (EiîN est-Th éophile),  cél èhre luthiste, 
naq-.iit  à  Breslau,    le  27  février   1696,  et  non 
en  1G85,   comme  le   dit  Lichtenllial.   Dès   son 
enfance,   il  montra  un  goût   passionné  pour  la 
niusi(iue,  particulièrement  pour  rinstrument  au- 
fjuel   il  dut  ensuite   sa  brillante   réputation.  Un 
Holiéuiien ,  nommé  Koliatt,  lui   donna   les  pre- 
mières leçons  de  cet  instrument  en  1710.  Il   fré- 
quentait alors  les  cours  du   gymnase  de  Sainte- 
Klisabelh,  dans  sa  ville  natale.  Plus  tard  il  alla 
étudier  le  droit  et  la  pliilosopliie  à  l'université 
de  Leipsick,  puis  à  Halle,  à  Cd-tlien,  Scliaitz , 
Saaifeld   et  Riidoîstadt.    En  1720  il  se  rendit  à 
iéna,  où  il   séjourna  deux  ans.  Ce  fut  là  qu'il 
commença  à  se  faire  connaître  par  son  talent  sur 
le  Inlli.  Au  commencement  de  l'année  1722,   il 
se  mit  à  voyager,  alla  à  Cassel ,  où  il  joua  devant 
le  landgrave;   puis   à  Fulde,  à  Wùrzbourg,   à 
Nuremberg  et  à  Ratisbonne.  Partout  il  excita  l'é- 
tonnement  et  l'admiration.  De  retour  à  Nurem- 
berg, il  y  demeura  pour  y  faire  imprimer  son 
Traité  du  luth,  en  1727.  Le  12  mai  de   l'année 
suivante  il  reçut  sa  nomination  de  lutliisle  de  la 
cour  de  Saxe-Golha,  enremplacemient  deMeiisel, 
mort  le  27  mars  1727,  d'une  chute  de  cheval. 
Baron  ne  jouit  des  avantages  de  sa  nouvelle  po- 
sition que  pendant  cinq  années i  carie  duc  de 
Saxe-Gotha  étant  mort  en  1732,  des  réformes 
lurent  opérées,  et  l'artiste  donna  sa  démission. 
Peu  de  temps  après  il  fut  appelé   à   Eisenach, 
comme  membre  de  la  chapelle.  Il  y  resta  jus- 
qu'en 1737,  époque  où  il  se  rendit  à  Berlin.  Il 
n'alla   pas  directement  dans  cette  ville,    car  il 
n'y  arriva  qu'à  la  (in  de  l'année,  ayant  pris  sa 
route  parMersebourg,  Cœthen  et  quelques  autres 
petites  cours  où  il  y  avait  des  chapelles  organi- 
sées.  Arrivé  enfin  à  Berlin,  Baron  fut  présente 
au  roi,  qui  l'engagea  comme  Ihéorbiste.  11  n'avait 
point  de  Ihéorbe;  on  lui  accorda  la  permission 
d'aller  à  Dresde  pour  en  chercher  un  qui  lui  fut 
cétié   par  Wciss,  rx)nnu  par  son  talent  sur  cet 
instrument  et  sur  le  luth.  Ce  voyage  contribua  à 
perfectionner  le  goût  de   Baron,  car  non-seule- 
menl  il  eut  le  plaisir  d'entendre  Weiss,  mais  il 
touva  à  Dresde  une  réunion  de  lulliistes  distin- 


gués tels  que  llofer,  qui  était  alors  au  service 
"de  l'électeur  de  Mayence,  Kropfgans  et  sa  sieur 
tous  deux  élèves  de  Weiss,  et  Belgratzky,  Cir- 
cassien  de  naissance,  qui  d'abord  s'était  distingué 
comme  pandoriste,  et  qui  s'était  ensuite  livré  à 
l'élude  du  luth ,  sous  la  direction  du  même 
maître.  Ce  voyage  fut  le  dernier  que  lit  Baron. 
De  retour  à  Berlin  il  ne  s'occupa  plus  que  de 
son  service  à  la  cour  et  de  ses  recherches  sur  di- 
verses parties  de  son  art.  Il  mourut  dans  celte 
ville  le  12  avril  1760. 

Ce  luthiste  célèbre  a  écrit  une  grande  quantité 
de  musique  pour  son  instrument;  ses  principaux 
ouvrages  en  ce  genre  sont  :  T  Sel  partite  à 
liuto  solo.  Trois  recueils  de  ces  pièces  se  trou- 
vaient en  manuscrit  chez  Breilkopf,  à  Leipsick, 
dans  l'année  1761.  —  2"  Sonate  a  due  liuti.  — 
S"  Six  trios  pour  luth,  violon  et  violoncelle, 
premier,  deuxième  et  troisième  recueils.  Ces 
compositions  existaient  aussi  en  manuscrit  dans 
le  magasin  de  Breilkopf,  en  1764.  Je  possède  de 
lui  en  manuscrit  quatre  suites  de  pièces,  un  duo 
pour  luth  et  llùte,  un  concerto  pour  luth,  violon 
et  basse,  et  deux  fantaisies. 

C'est  principalement  comme  écrivain   sur  la 
musique  que  Baron  est  maintenant  connu.  Les 
ouvrages  qu'il  a  publiés  sont  :  Historisch-thco- 
retischund  praktische  Untersuchung  des  In- 
struments der  Lauten,  etc.  (Recherches  histo- 
riques, théoriques  et  pratiques  sur  le  luth,  etc.); 
Nuremberg,  Jean  Fred.  Riideger,  1727,  in-S°  de 
218  pages.  Celivre  est  undesmeillcursetdes  plus 
intéressants  qu'on  ait  publiés  sur  l'histoire  et  la 
pratique  des  instruments.    La  première  partie 
est  diviséeen  septchapitres  oùilcst  traité  :  (cliap. 
1  et  2)  du  nom  et  de  l'origine  du  luth;  (chap. 
3)  de  la  différence  des  instruments  qu'on  désigne 
en  général  sous  le  nom  de  Luth ,  et  de  leurs 
qualités;  (chap.  4)  de  quelle  manière  le  luth  est 
parvenu  en  Italie;  (chap.  5)  comment  le  luth  a 
été  porté  en  Allemagne  par  les  Francs  ;  (cliap. 
6)  des  maîtres  célèbres  qui,  à  dilférentes  époques, 
se  sont  distingués  parleur  talent  sur   le  luth; 
(cliap.  7)  des  célèbres  fabricants  de  luths,  et  en 
quoi  consiste  la  beauté  des  instruments  de  cette 
espèce.  La  seconde  partie  de  l'ouvrage  de  Baron 
expose,  en  six  chapitres,  la  manière  de  jouer 
dululh.  — 2°  Un  supplémentà  ce  travail  a  été  pu- 
blié par  l'auteur  dans  le  deuxième  volume  des 
Essais  historiques  et  critiques  de  Marpurg  (pag. 
65-83),  sous  ce  titre  :  Beitrxge  zur  historisch- 
theoretischen  und  praktischen  Untersuchung 
der  Laute  (Essais  de  recherches  historiques, 
théoriques  et  pratiques  sur  le  luth).  —  3°  Baron  a 
complété  son  travail  sur  cette  matière  en  pu- 
bliant, dans  le  même  volume  des  Essais  de  Mar- 


BARON  —  BARRA 


25  f 


purg  'p.ig.  119-123)  un  petit  traité  du  système  de 
la  notalion  du  luth  et  du  lliéorbe,  intitule  :  AO- 
handlung von  dem Noleusijstemder  Lauteund 
der  Tlieorbe.  — ko  Abriss  einer  Abhandlung 
von  der  Mélodie  (Essai  d'une  disseilalion  sur 
la  mélodie);  Berlin,  175C,  61  pages  in-4o  :  bon 
ouvrage  sur  une  matière  intéressante.  —  5°  Zu- 
fœllkje  Gedanken ueber  verschiedene Materien 
(Pensées  sur  divers  objets  relatifs  à  la  musique), 
dans  le  deuxième  volume  des  Essais  de  Marpurg 
(p.  124-144).  IJaron  traite  dans  ce  morceau  des 
qualités  naturelles  d'un  inaître  de  chapelle  et  de 
ses  devoirs.  —  Go  Une  traduction  allemande  de 
Y  Essai  sur  le  beau  de  J.-M.  André,  sou?ce  titre  : 
\ersuch  ueber  das  Sckœne,  etc.  Altenbourg, 
I  17.^7,  in-8".  — 7"  Une  traduction  dix  Discours  szir 
l'harmonie,  de  Gresset,  intitulée  :  Von  dem 
Uralten  Adel  und  dem  Atilzen  der  Musi/i. 
Berlin,  1757. 

BARONI  (Léonoue),  cantatrice  célèbre,  née 
à  Rlanloue,  vers  1610,  était  fille  de  la  belle 
Adriana,  qui  avait  aussi  brillé  par  la  beauté  de 
sa  voix  dans  les  premières  années  du  dix-sep- 
tième siècle.  Maugars  (  Voij.  ce  nom),  qui  l'enlen- 
<lit  à  Rome  en  1639,  en  parle  en  ces  termes  : 
"  Sa  voix  est  d'une  haute  étendue,juste,  sonore, 
«  harmonieuse;  l'adoucissant  et  la  renforçant 
«  sans  |)eine,  et  sans  faire  aucune  grimace.  Ses 
<i  élans  et  ses  soupirs  ne  sont  point  lascifs,  ses 
«  regards  n'ont  rien  d'impudique,  et  ses  gestes 
«  sont  de  la  bienséance  d'une  honnèlo  (ille.  En 
«  passant  d'un  ton  à  l'autre,  elle  tait  quelquefois 
«  sentir  les  divisions  des  genres  chromatiques  et 
«  enharmoniques,  avec  tant  d'adresse  et  d'agré- 
«  ment,  qu'il  n'y  a  personne  qui  ne  soit  ravi  à 
«  cette  belle  et  difficile  méthode  de  chanter.  Elle 
«  n'a  pas  besoin  de  mendier  l'aide  d'un  tuorbe  ou 
«  d'une  viole,  sans  l'un  desquels  son  chant  se- 
«  rait  imparfait,  car  elle-même  touche  les  deux 
«  instruments  parfaitement  (  Responce  faite 
«  à  un  curieux  sur  le  sentiment  de  la  vm- 
«  sique  d'Italie,  écrite  à  Rome  le  I"  octo- 
«  bre  1639.  Paris,  1639,  in-8").  »  Les  succès 
de  Léonore  Baroni  sur  le  théâtre  eurent  tant 
d'éclat,  que  Vincent  Costazuti  a  pu  faire  un  vo- 
lume de  toutes  les  pièces  de  vers  publiées  à  sa 
louange;  ce  recueil,  formé  de  pièces  dont  quel- 
(|ues-unes  sont  en  langue  grecque,  d'auties  en 
h.lin,  en  italien,  en  français  et  en  espagnol,  a 
paru  sous  ce  titre  :  Applausi  poetici  aile  glorie 
délia  siynora  Leonora  liaronï  ;  Rome,  1639, 
in-4".  Il  en  a  été  fait  une  deuxième  édition  dans 
la  même  ville,  en  IGU.  Jean-Victoriu  Rossi , 
connu  sous  le  nom  dtJanus-ISiàas  Enjthrxus , 
contemporain  de  Léonore  Baroni,  [>arle  d'elleavec 
<^loge.  ainsi  que  des  pièces  écrites  en  son  hon- 


neur (1).  En  1G45  le  cardinal  Mazarin  engagea 
Léonore  Baroni  pour  chanter  dans  les  opi^ias  de 
Cavalli,  Serse  et  Ercole  amante,  qu'il  lit  repri'- 
senter  à  Paris  pendant  la  minorité  de  Louis  XIV. 
Elle  tut  ensuite  attachée  au  service  du  roi  pour 
les  concerts  de  la  cour  ;  mais  la  musique  ita- 
lienne n'étant  pas  alors  goûtée  en  France,  cette 
grande  cantatrice  finit  par  prendre  sa  situation 
en  dégoAt,  et  retourna  en  llalie.  On  ignore  l'é- 
poque de  sa  mort. 

BARONI  (Philippe),  né  à  Ancône,  vécut  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de 
sa  composition  :  Psalmodia  vespertina  octo 
vocibus,  op.  II.  Bologne,  Silvani,  1710. 

DAROi\I-CAVALCABO  (Julie),  pianiste 
et  compositeur  distinguée,  née  à  Vienne  vers 
1803,  de  parents  italiens,  fut  élève  de  Mozart 
fils,  et  acquit  sous  sa  direction  im  talent  élégant 
et  solide.  Son  premier  ouvrage  parut  en  1830; 
en  1838,  son  œuvre  douzième  fut  publié  à  Vienne, 
chez  Hasiingcr.  Les  œuvres  3,  4, ont  paru  à 
Leipsick,  chez  Breitkopf  et  Haerlel.Ces  ouvrages 
consistent  en  caprices,  sonates  et  fantaisies  pour 
le  piano.  G.  W.  Fink  en  a  fait  des  analyses  dans 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  (ann. 
1831  et  1838).  Les  ouvrages  de  M"^  Baroni- 
Cavaloabo  sont  jusqu'à  ce  jour  au  nombre  d'en- 
viron quarante. 

BARONI  (...),  compositeur  dramatique  de 
l'époque  actuelle  (IS50),  a  fait  jouer  à  Milan, 
avec  quelque  succès,  un  opéra  intitulé  Ricciarda, 
dont  lu  partition  réduite  pour  le  piano  a  été  pu- 
bliée <laus  cette  ville,  chez  Ricordi. 

BAROTIUS  (SciPioN),  cantor  à  l'église 
Saint-Martin  de  Cologne,  au  commencement  du 
dix-sei>lième  siècle,  a  publié  :  Sacri  concentus 
8  voc,  suivis  d'une  Messe  et  d'un  Magnificat. 
Cologne,  1622. 

BARRA  (Hôttinet),  musicien  français,  est 
plus  connu  sous  le  nom  de  Holtïnet  (jue  sous 
celui  de  Barra,  qui  paraît  avoir  été  tuiliii  de  s.i 
famille.  Il  vécut  sous  le  règne  de  François  1*"", 
roi  de  France.  On  trouve  des  motets  de  sa  com- 
position dans  les  recueils  intitulés  :  1"  lAber 
quintus  XII  trium  priinorum  tonorum  Ma- 
gnificat continet.  Parrhisiis  apud  PetrumAt- 
taingnant  musicecalcographîwi,  etc.  1534, petit 
in-4"  obi.  —  2°  Liber  septimus  XXII II  ti  ium, 
quinque,  sex  vocum  modulos  Dominici  adven- 

'(1)  LeKiego,  m  ttiealro  EleonorœBaronae,  cantricis  cxi- 
miae,  in  qui)  oinncs  hic  Roinie,  qiiotquol  ingenio  et  poetica- 
facultatis  lande  prsestaut,  caniiinibus  tum  etruscè  tiiiii 
latine  scriptis,  singulari  ne  prope  divino  mulieris  illiii» 
canendi  arlificio  tanquam  faustes  quosdam  clamorcs  et 
plaiisiisediint  :  Icgi  uniim  I.oclii  (Guidiccioni)  epigramma 
Ita  pariim,  ita  elegans,  etc.  {Pinacotheca  imagimim  il 
liist..  ri)-.,  pari.  Il,  p.  129.) 


252 


BARRA  —  RARRE 


tus,  nativïtalisque  ejus,  ac  Sanclorum  co 
temporeoccurrent'mmhabet.  Parlsïis,  in  vico 
citharea,  apud  Petrum  Attaingnant ,  in-4". 
ROth.  (sans  date,  mais  imprimé  en  1533  ou  1534, 
suivant  les  dates  des  autres  livres).  On  y  trouve 
deux  motets  à  quatre  parties,  0  Radix  et  0  Rex 
gentium,  de  Hottinet  Barra.  ' —  3°  Libe7'  duodcci- 
mus  XVII  mnsicales  ad  Virginum  Chrisli 
.pariim  salutationes  habet.  ibid.  1535,  in-4o. 
On  y  trouve  un  Salve  Regina  de  Barra.  —  4°  Li- 
ber tcrtiits,  cum  quatuor  vocibus  (  Motccto- 
7-um),  Impressum  Lugduni  per  Jacobum 
Modernum  de  Pinguento,  1539. 

DA.RRE  (Léonahd),  contrapuntiste  du  sei- 
zième siècle,  naquit  à  Limoges  et  se  rendit  en 
Italie.  Il  y  devint  élève  d'Adrien  Willaert ,  ainsi 
qu'on  le  voit   |)ar  ce  titre  d'une  collection    de 
madri;;aux  :    Le  dottc  et  excellente  composi- 
tioni  de  Madrigali  a  cinque  voci  da  diversi 
perfeltisshni  jmisici  Jatte ,  cioè,  di  Adriano 
Willar,  et  di  Leonarde  Barre  suo  d'tscipulo  , 
etc.  Apud  Hieronymum  Scotum,  1540,  in-4'' 
obi.  Ses  études  musicales  terminées.  Barré,  qui 
était  prôtre,  se  rendit  à  Rome,  où   il  entra  en 
qualité  de  chantre  à  la  chapelle  pontificale,   le 
13  juillet  1537.  tl  fut  un  des  ciianlres  aposto- 
liques que  le  pape  envoya  au  concile  de  Trente, 
on  1545,  pour  donner  leur  avis  sur  ce  qui  con- 
cernait le  chant  ecclésiastique  et  la  musique  d'é- 
glise.  Ces  cJiantres  furent  Léonard  Barré,  Jean 
Barré,  Jean  Le  Cont,  Jean  Mont,  Simon  Barto- 
lini  de  Pérouse,  Pierre  Ordenez,   Antoine  Loyal 
et  Ivon  Barry  ;  ils  se  trouvèrent  à  la  première 
session  du  concile,  le  13  décembre  1545.   Une 
maladie  épidémique  s'étant  déclarée  à  Trente  , 
plusieurs  chantres  apostoliques  retournèrent  à 
Rome  précipitamment;  mais  Barré,   Le  Cont, 
Ordenez  ,    Bartolini  et  Loyal    restèrent  à   leur 
poste,  et  suivirent  le  concile  à  Bologne,  en  1547, 
quand  il  (ut  transporté  dans  cette  ville.  Quel- 
cpies  motets  de  Barré  qui  ont  été  publiés  par 
Gardane  de  Venise,  dans  son  recueil   de  1544, 
prouvent  que  ce  musicien  était  fort  instruit  dans 
son  art.  On  trouve  aussi  quatre  madrigaux  à 
cinq  voix  de  sa  composition  dans  le  recueil  cilé 
précédemment,  pages  8,  9,  11   et  21.   Plusieurs 
messes  et  des  motets  de  sa  composition  se  con- 
servent en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  de  la 
chapelle  pontificale.  Le  contrapuntiste  cilé  sous 
le  nom  de  Léonard  Barre  ou  Barra  par  Kiese- 
wetter,  dans   son  Mémoire  sur  les    nnisiciens 
néerlandais,   est  le  même  que  Léonard   Barré 
dont  le  nom  a  élé  défiguré. 

BARRE  (Antoine),  musicien  français,  s'é- 
tablit à  Rome  vers  1550,  et  s'y  fit  remarquer 
comme  compositeur.  En  1555,  il  ouvrit  v.nç  im- 


primerie de  musique  dans  celte  ville,  et  y  pu- 
blia Il  primo  libro  dette  muse,  a  cinque  voci, 
madrigali  di  diversi  autori.  Ce  recueil  contient 
des  compositions  d'Arkadelt,  de  Vincent  Ruffo  , 
de  Jacquet  de  Berchem  et  d'Antoine  Barré  lui- 
même.  11  paraît  qu'un  personnage  de  haut  rang, 
nommé  Onofrio  Vigili,  lui  avait  fourni  les  moyens 
d'élever  son  imprimerie,  car  il  s'exprime  ainsi 
dans  son  épître  dédicatoirc  :  Le  primitie  délie 
cose  meritamente  si  spettano  a  quello  ch'è 
'  dell'  origine  e  principio  di  dette  cose  sono ca- 
gione...  Da  taie  esempio  con fer mato,  vengo  a 
I  consacrare   le  primitie  délia  mia  stampa  a 
j   voi....  Accettate adunque  conlieto  volto  questi 
I  nuovijrutti  di  variati  gusti,  perché  le  mie 
j  fortune  dianzi  cran  nulla,  etc.  Dans  la  môme 
1   année  1555  un  second  recueil  fut  publié  par  l'im- 
primerie d'Antoine  Barré,  sous  ce  titre  :  Primo 
libro  ilelte  Muse  a  4  voci ,  madrigali  ariosi 
di  Antonio  Barré,  e   altri  diversi  autori.  Les 
noms  des  auteurs  soûl  Antoine  Barré,  Alexan- 
dre Ruffo,  Vincent  Ruffo ,  Jean-Dominique  de 
Nola,Lerma,  Lupaccbino,  Vincent  Ferro,  Lam- 
berlo  il  Caldarino,  Jules  Fiesco,  Paul  Aniinuc- 
cia  et  Ghislain   Dankerts.   Parmi    des   millierb- 
d'œuvres  de  musique  imprimés  dans  le  seizième 
siècle,  l'abbé  Baini  dit  {Mem.  stor.  crit.  délia 
vita  e  délie  opère  di  Gio-Pierl.  de  Palestrina, 
t.  II,  p.  202,  n"  581)  (ju'il  n'a  pas  trouvé  un  seul 
cahier  qui  porlât  le  nom  de  Barré,  postérieure- 
ment à  1555;  mais  M.  Gaspari,de  Bologne,  m'a 
signalé  deux  publications  laites  par  Antoine  Barré 
postérieurement  à  cette  date,  à  savoir  :  Seconda 
libro  délie  muse  a  quattro  voci.  Madrigali 
ariosi  di  diversi  eccellentissimi  autori  con  due 
canzoni  di  Giannetto  di  nuovo  raccolti  et  dati 
in  luce.  In  Romse  appresso  Antonio  Barre, 
1558;  et  Madrigali  a  quattro  voci  di  Fran- 
cesco  Menta   novamente  da   lui  composti  et 
dati  in  luce  :  In  Roma  per  Antonio  Barre, 
1500.   D'autre  part,  j'ai  trouve  la  partie  d'alto 
d'un  œuvre  intitulé:  Il  primo  libro  de  Madri- 
gali a  quattro  voci  di   Olivier  Brassart-  In 
Roma,  per  Antonio  Barre,  1564,  in-4o.  On 
trouve  à  la   Bibliothèque  impériale  de  Paris  un 
recueil  qui  démontre  que  Barré  avait  quitté  Rome 
et  s'était  établi  imprimeur  de  musique  à  Milan. 
Ce  recueil  a  pour  litre  :   Liber  primus  Musa- 
rum  cum  quatuor  vocibus  seii    sacrx  can- 
tiones,  quasvulgo  motetta  appellant.  Milan, 
A.  Barré,  1588,  in- 4°.  Cette  collection  contient 
29  morceaux  de  Palestrina,  d'Orlamîo  Lassus,  de 
Clément  Non-papa,  de  Cypricn  Rore,  deLerma, 
de  Maillart,  d'Adrien  Willaert,  de  Paul  Animuc- 
cia,  d'Annibal  Zoilo,  de  Lupi  et  d'Horace  Vccchi. 
BARRE  (Chaules  Heniu  delv),  clavccinisle 


BARRE  —  B/VRRINGTOIN 


25} 


(le  la  reine,  (épouse  de  Louis  XIV,  occupait  celte 
place  eu  10C9.  On  a  de  ce  nuisicieu  un  recueil 
intitulé:  Anciens  airs  a  chanter  à  deux  parties , 
avec  les  deuxièmes  couplets  en  diviiniitions  ; 
Paris,  Ballard,  1(589,  in-4°  obi. 

BARRE  (L'abbé  DE  LA),  organiste  de  la 
chapelle  de  Louis  XTV,  mort  en  1078,  était 
considéré  à  la  cour  comme  un  compositeur  ha- 
bile. Il  a  écrit  plusieurs  morceaux  de  musique 
<réglise  que  le  roi  aimait  à  entendre,  mais  qui 
n'ont  pas  été  publiés.  L'abbé  de  La  Barre  était 
seul  organiste  du  roi  ;  après  sa  mort,  sa  place 
fut  divisée  en  quatre,  pour  les  organistes  Tome- 
lin,  Le  Bègue,  Buterne  et  Nivers,  qui  étaient  de 
service  alternativement  pendant  un  trimestre. 

BARRE  (Michel  de  la)  ,  compositeur  et 
flûtiste  célèbre  de  son  temps,  naquit  à  Paris  vers 
1C80,  et  mourut  dans  la  même  ville  en  1744.  Il 
était  fils  d'un  marchand  de  bois.  En  1700  il 
donna  à  l'Opéra  Le  Triomphe  des  arts,  et  en 
1705  La  Vénitienne.  On  a  aussi  de  lui  :  1°  Trois 
livres  de  trios  pour  la  flûte,  imprimés  à  Paris, 
in-4°.  —  2°  Treize  suites  de  pièces  à  deux  flûtes, 
idem,  in-4°  oblong.  —  3°  Sonates  pour  la  llùle 
avec  basse,  œuvre  4.  —  4"Recueilsd'airsà  boire, 
à  deux  parties,  1  vol.  in-4°  obi. 

BARRE  (La).  Voyez-  Labarre. 

B  A  RRET(Apollon-Mauie-Rose),  hautboïste 
distingué,  est  né  en  1804,  dans  le  midi  de  la 
France.  Après  avoir  appris  la  musique  dans  son 
enfance  et  s'être  livré  à  l'étude  du  hautbois,  il 
perdit  ses  parents  ;  cet  événement  lui  fit  prendre 
la  résolution  de  se  rendre  à  Paris  ,  où  il  fut  ad- 
mis comme  élève  de  Vogt  dans  le  Conservatoire, 
au  printemps  de  1823.  Ses  progrès  furent  si  ra- 
pides que,  seize  mois  après,  le  premier  prix  de 
hautbois  lui  fut  décerné  au  concours  de  1824. 
Lorsque  Bernard  obtint  à  cette  époque  le  privi- 
lège du  théâtre  de  l'Odéon,  pour  y  jouer  les  tra- 
ductions d'opéras  allemands  et  italiens,  Barret 
entra  dans  l'excellent  orchestre  formé  à  ce  théâ- 
tre par  Crémont,  en  qualité  de  premier  haut- 
bois. La  ruine  de  l'entreprise  de  l'Odéon  dans 
l'été  de  1827  fit  passer  cet  artiste  dans  l'orches- 
ti  e  de  l'Opéra  comique  ;  mais  deux  ans  après,  des 
offres  avantageuses  lui  ayant  été  faites  pour  oc- 
cuper la  place  de  premier  hautbois  au  théâtre  du 
roi  (Opéra  italien)  à  Londres,  il  alla  se  fixer  dans 
«elle  ville,  où  il  est  encore  au  moment  où  cette 
notice  est  écrite  (1858).  A  ses  fonctions  de  pre- 
mier hautbois  de  l'opéra  italien,  il  réunit  celles 
de  membre  de  l'orchestre  de  la  Société  philhar- 
monique et  de  professeur  de  hautbois  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique,  où  il  a  formé  de  bons 
élèves.  Barret  a  publié  plusieurs  morceaux  pour 
son  instrument,  parmi  lesquels  on  remarque  : 


lo  Mélange  sur  un  motif  d'Onsiow  avec  accom- 
pagnement de  piano,  Paris,  Braudus.  — 2°  Air  lan- 
guedocien variéavecacc.  de  piano;  ihid. —  3"  Di- 
vers morceaux  gravés  à  Londres.  Sa  i)roduc- 
tion  la  plus  importante  est  une  méthode  pour  le 
hautbois  qui  a  pour  titre  :  A  complet  Mel/iod 
for  the  Oboe,  comprising  ail  tlie  new  fingc- 
rings,  neio  tables  of  sha/ces,  scales,  exercises, 
etc.;  Londres,  Jullien  et  Cie  (s.  d.)gr.  in-4°.  Cet 
ouvrage  est  le  meilleur  et  le  plus  complet  qui 
ait  été  fait  sur  le  hautbois;  il  est  terminé  par 
40  i)ièces  progressives ,  4  sonates ,  et  quinze 
grandes  études. 

BARRETT  (Jean  ) ,  maître  des  enfants  de 
chœur  de  l'hôpital  du  Christ,  à  Londres,  et  or- 
ganiste de  l'église  de  S.  Rlary-al-Hill,  vers 
1710,  fut  élève  du  D.  Blow.  Plusieurs  de  ses 
chansons  ont  été  insérées  dans  la  collection 
intitulée  ;  Pills  ta  purge  melancholy.  On  con- 
naît de  lui  Pair  agréable  Janlhe  the  lovely,  qui 
a  été  introduit  dans  l'opéra  du  Mendiant  (Beggarj. 

BARRIÈRE  (....),  violoncelliste  français, 
a  joui  d'une  brillante  réputation  à  Paris ,  vers 
1740.  Il  avait  déjà  publié  deux  livres  de  sonates 
pour  le  violoncelle  lorsqu'il  partit  pour  l'Italie, 
en  1736  ,  dans  le  dessein  d'y  entendre  Francis- 
celloet  de  perfectionner  son  talent  par  des  leçons 
de  ce  grand  maître.  De  retour  à  Paris  ,  en  1739, 
il  fit  graver  son  troisième  œuvre  de  sonates  où 
l'on  remarqua  les  progrès  que  son  goût  avait 
faits.  Son  quatrième  (fuvre  renferme  des  solos 
pour  le  violoncelle;  le  cinquième  est  composé  de 
sonates  pour  le  par-dessus  de  viole,  et  le  sixième, 
de  conceris  pour  le  clavecin. 

BARRIERE  (Étienne-Beunaud-Joseph),  né 
à  Valenciennes  au  mois  d'octobre  1749,  se  rendit 
à  Paris  à  l'Age  de  douze  ans,  où  ili)rit  des  leçons 
de  violon  «le  Pagin  ,  élève  de  Tartini,  et  eut  pour 
maître  décomposition,  Philidor.  Après  s'être  fait 
entendre  au  Concert  spirituel,  il  lut  l'un  des  vio- 
linistcs  solo  de  ce  concert  et  de  celui  des  Ama- 
teurs. En  1801  il  joua  une  symphonie  concer- 
tante avec  Lafont  à  un  concert  de  la  Salle  Olym- 
pique. Il  a  composé  plusieurs  œuvres  de  quatuors, 
de  symphonies,  de  trios,  de  duos,  de  concertos, 
qui  ont  été  gravés  à  Paris. 

BARR!i\'GT01\  (Daines),  né  à  Londres 
en  1727,  fit  ses  études  à  l'université  d'Oxford 
et  au  coih'ge  du  Temple.  Ajirès  avoir  fait  un  cours 
de  droit,  il  devint  greffier  à  Bri.stol.  Au  mois  de 
mai  1751  il  fut  nommé  maréchal  de  la  ciiambre 
haute  de  l'amirauté,  et  successivement  secrétaire 
des  alfaires  de  l'hôpital  de  Greenvvich  ,  juge  des 
comtés  de  Mcrioncth,  de  Carnavon  ,  d'Angle.sey, 
second  juge  de  Chester,  et  enfin  commissaire  des 
munitions  à  Gibraltar.   11  est  uiort  le  1 1    mars 


2S4 


BARRINGTON  —  BARSOTTI 


1800,  Agé  de  soixante-treize  ans ,  membre  de 
j)liisieur.s  sociélés  savantes  et  président  de  celle 
<les  Antiquaires  de  Londres.  Parmi  les  pièces  qu'il 
a  fait  paraître  dans  les  Transactions  pliilosopliiques, 
on  trouve  (t.  LX,  p.  54)  une  lettre  sur  Mozart, sous 
ce  titre  :  Account  of  a  very  remarkable  young 
musician  (Notice  sur  un  jeune  musicien  très-re- 
marquable). Il  a  inséré  aussi  un  petit  ouvrage  inti- 
tulé: Expériences  stir  le  chant  des  oiseaux,  dans 
ses  MsceZ^a/î(^e5,  publiés  à  Londres  en  1781,  in-4''. 
Knlin,  on  a  de  Darrinston  quelques  notes  sur  deux 
instruments  en  usage  dans  le  pays  de  Galles 
(Le  Crowth  et  le  Pib-Corn  ) ,  lesquelles  sont  in- 
sérées dans  le  3'"*  volume  de  L'Archéologie  (  I  ), 
sous  ce  titre  :  Sorne  Account  of  two  Musical 
instruments  used  inWales ,  avec  une  planclie. 
Ces  notes  ont  été  lues  à  la  Société  des  Antiquaires 
de  Londres,  le  3  mai  1770.  Bien  que  trop  som- 
maires, elles  ont  de  l'intérêt,  parce  que  Daines 
Banington  avait  habité  le  pays  de  Galles  et  y 
avait  non-seulement  vu,  mais  entendu  jouer  ces 
deux  instruments. 

BARUOILHET(Pal'l),  chanteur  fiançais, 
est  né  à  Bayonne  le  22  septembre  ISIO.  Fils  d'un 
négociant  de  cette  ville,  il  était  destiné  au  com- 
merce et  fut  envoyé  à  Paris  pour  y  faire  des  étu- 
des spéciales  et  relatives  à  son  étal  futur  ;  mais  un 
goiU  passionné  pour  la  musique  le  poussa  à  re- 
noncer à  la  carrière  qu'on  voulait  lui  faire  suivre 
et  à  entrer  au  Conservatoire  comme  élève  de 
chant.  L'époque  de  son  admission  dans  cette  école 
est  1828.  Il  était  ûgé  de  dix-hnit  ans.  L'au- 
teur de  cette  notice  leçnt  alors  plusieurs  lettres 
ilu  père  de  Barroilhef,  lequel  voyait  avec  chagrin 
Il  résolution  que  celui-ci  avait  prise.  «  Je  ne 
«  crois  pas,  disait-il ,  qu'il  y  ait  en  mon  (ils  l'or- 
-  panisation  d'tm  artiste  distingué,  et  je  ne  me 
«  consolerais  pas  de  le  voir  musicien  médiocre. 
«  Si  vous  le  croyez ,  au  contraire,  destiné  à  se 
«  faire  un  nom  honorable  dans  votre  art,  je  ne 
«  m'opposerai  pas  à  ce  qu'il  suive  son  penchant.  » 
Les  réponses  étaient  rassurantes,  bien  que  les 
progrès  de  l'élève  ne  répondissent  pas  exacte- 
ment à  ce  qu'on  en  avait  attendu.  Après  deux 
années  d'études  sous  la  direction  de  Banderali ,  au 
concours  de  chant  de  1830  aucune  distinction  ne 
fut  décernée  à  Barroilliet  qui,  ne  pouvant  espérer 
d'admission  à  l'Opéra,  se  décida  à  aller  tenter  la 
fortune  sur  les  théâtres  de  l'Italie.  Arrivé  à  Milan, 
il  y  prit  des  leçons  de  Panizza;  puis  il  fit  ses 
débuts  sur  des  théâtres  de  troisième  ordre.  A|)rès 
y  avoir  acquis  de  l'habitude  et  de  l'assurance,  il 


(1)  .érchxologiu  or  miscellaneous  Tracts  relating  to 
antiguity.  Piiblished  by  the  Society  of  Àntiquarics  nf 
iMtldon,  ium.  III,  p.  30-3:i;  Lontlri'.s,  niS,  111-4"=. 


chanla  à  Gènes,  Vérone,  Brescia,  Bergame, 
Tricste,  Turin,  et  (ut  engagea  Palerme,  en  1835. 
Les  succès  qu'il  y  obtint  le  tirent  appeler  à 
Rome,  l'année  suivante.  Ce  fut  alors  qu'il  prit 
position  parmi  les  artistes  les  plus  distingués, 
par  le  talent  dont  il  fit  preuve  dans  VAssedio  di 
Calais,  que  Donizetti  écrivit  pour  lui ,  et  plus 
encore  dans  le  Roberto  Devereux  et  dans  leCo- 
lombo  du  même  maître.  Une  maladie  de  larynx  , 
qui  lui  survint  à  la  fin  de  1837,  l'éloigna  momen- 
tanément de  la  scène.  Il  se  rendit  alors  à  >ai)ies 
et  y  trouva  Nourrit,  peu  de  temps  avant  sa  fin 
tragique.  Après  ce  triste  événement,  Barroilliet 
s'éloigna  de  l'Italie,  et  vint  à  Paris,  où  il  fut  engag(! 
pour  l'Opéra.  Donizetti,  qui  n'avait  pas  perdu 
le  souvenir  de  ses  succès  de  Rome,  écrivit  pour 
lui  le  rôle  de  bariton  de  la  Favorite,  par  lequel 
Barroilliet  conquit  la  faveurdu  public.  Guillaume 
Tell,  Lusignan,  dans  la  Heine  de  Chypre,  et 
Charles  17,  mirent  le  sceau  à  sa  réputation  de 
chanteur  dramatiiiue.  Ce  fut  au  milieu  de  ses 
triomphes  qu'il  quitta  l'Opéra  en  1847,  parcequ'il 
ne  put  s'arranger  avec  l'administration  de  ce 
spectacle  pour  le  chiffre  de  ses  appointements. 
Depuis  lors,  Barroilliet  ne  s'est  plus  fait  entendre 
que  dans  des  concerts,  et  sur  les  théâtres  des 
départements. 

BARSANTI  (l^R.\Kçois),  né  à  Lucques  vers 
1 090,  étudia  d'abord  à  l'uni  versité  de  Padoiie  ;  mais 
il  ne  tarda  point  à  abandonner  ses  éludes  littéraires 
pour  se  livrer  à  celle  de  la  musique.  En  1714  il 
se  rendit  à  Londres,  et  entra  à  l'Opéra  counne 
(lùtiste.  Pendant  sou  séjour  en  cette  ville,  il  pu- 
blia :  1°  Six  solos  pour  flûte  avec  accompagne- 
ment de  basse,  r""  livre;  2o  Six  solos  idem, 
2"  livre;  3"  Six  sonates  pour  deuxviolonset  basse 
tirées  des  solos  de  Geminiani.  Après  plusieurs 
années  de  résidence  à  Londres,  Barsanti  accepta 
une  place  lucralive  qui  lui  fut  offerte  enÉcos.se. 
Il  profita  de  son  séjour  dans  ce  jiays  pour  ras- 
sembler une  grande  quantité  de  chansons  popu- 
laires auxquelles  il  fit  des  basses.  Vers  1750  ,  il 
retourna  à  Londres.  Le  mauvais  état  de  ses  af- 
faires l'obligea  à  solliciter  une  place  d^alto  dans 
l'orchestre  de  l'Opéra  et  dans  celui  du  Vauxhall , 
quoiqu'il  filtdéjà  fort  âgé.  Vers  le  même  temps  il 
publia  Douze  Concertos  pour  violon,  et  Six  ,4»- 
/jp«ne5dans  le  style  de  Palestrina  ;  mais  ces  ou- 
vrages ne  lui  ofliirenlque  de  faibles  ressources, 
et,  vers  la  fin  de  sa  vie,  il  tomba  dans  une  mi- 
sère profonde.  Onignoreen  quelleannécil  mourut. 

BARSOTTI  ( TuoMAs  -Gaspaud  -  Fortuné  ) , 
né  à  Florence  le  4  septembre  1786,  fut  appelé  en 
1809  par  la  reine  d'Étrurie,  infante  d'Espagne, 
alors  à  Compiègne,  pour  remiilir  aujuès  d'elle 
et  de  ses  curants  les  fonctions  de  professeur  de 


BARSOTTI  —  BARTII 


2.".-> 


piano  et  <le  chant.  Cette  princesse  ayant  t^té  relé- 
guée à  Rome  par  Napoléon,  M.  Barsotli  s'étaidit 
à  Nice,  où  il  fnt  nommé  organiste  et  maître  <le 
chapelle  de  la  cathédrale.  En  1815,  il  se  rendit  à 
Marseille,  et  cinq  ans  après  il  y  fonda  une  école 
de  cliant  pour  les  femmes,  et  un  enseignement 
de  musique  au  collège  royal.  En  1821,  il  proposa 
au  maire  de  la  ville  de  Marseille  l'établissement 
d'une  école  gratuite  de  musique  ;  son  projet  fut 
goùlé;  l'école  fut  fondée;  et  il  en  fut  nommé  di- 
recteur. Dans  ces  fonctions,  il  a  montré  autant 
d'intelligence  que  de  dévouement.  M.  Barsotti  est 
auteur  des  ouvrages  suivants  qu'il  a  publiés  : 
1°  Voir  des  Tyroliens,  varié  pour  le  piano,  avec 
accompagnement  de  violon  et  basse.  —  2°  Air 
varié  en /(7,  avec  accompagnement  de  violon  et 
basse.  —  3"  Di  tantipalpitï,  varié  pour  le  piano. 
—  4°  Les  Folies  (V Espagne,  ynr'xé&s. —  5"  Six 
nocturnes  à  deux  voix.  —  6°  Domine salvum  fac 
regem,  à  trois  voix  et  chœur,  avec  orchesire.  — 
7°  Méthode  de  viusiqneh  l'usage  de  l'école  gra- 
truite  de  Marseille;  Marseille ,  1828  Plusieurs 
compositions  du  môme  artiste,  parmi  lesquelles 
est  une  messe  à  trois  voix  avec  chœurs  et  or- 
chestre, sont  encore  inédites. 

BARTA  (JosEi'u),  compositeur,  né  en  Bo- 
hême ,  vers  1744 ,  fut  d'abord  organiste  à  l'église 
de  Saint-Paulin  à  Prague,  et  établit  ensuite  sa 
résidence  à  Vienne  ,  où  il  écrivit  pour  le  théâtre. 
11  est  mort  dans  cette  ville  en  1803.  Ses  opéras 
les  plus  connus  sont  :  1"  Da  ist  nicht  gut  zti  ra- 
then  (Il  estdangereux  de  conseiller  ici),  opérette, 
1780. —  2°  llmercatodi  3Ialmanlile,op.  butta, 
"Vienne,  1784.  —  3^  Der  adelic/ie  Tagelœ/iner  (le 
Journalier  noble),  opérette,  ibid.,  1793.  —  4»  Die 
donnernde  Légion  (La  Légion  d'éclaireurs),  opé- 
rette en  2  actes.  On  a  aussi  de  lui  six  quatuors 
pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  1  et  6  ;  quatre 
concertos  de  clavecin; 6  diielti  a  due  soprani. 

BARTALI  (Antoine),  maître  de  chapelle 
de  l'empereur,  à  Vienne,  vers  1680,  passait  pour 
l'tm  des  plus  iiabiles  compositeurs  de  son  temps. 
Il  a  publié  des  trios  pour  divers  instruments  sous 
<e  titre  :  Thésaurus musicus  tritim instrumen- 
/onwi,  Dillingue,  1671,in-fol.  et  des  sympho- 
nies à  3  et  à  4  parties,  sous  ce  titre  :  Prothimia 
stiavissima  sonatarum  siiavïssimarum  qux 
nanc prima  ediiionein  Ger mania prodienoit, 
cum  tribus  et  quatuor  instrumentis  redactse, 
1G72,  in-40  obi.,  sans  nom  de  lieu. 

BARTEI  (Jérôme), en  latin  Barthœus,  moine 
augustin,  né  à  Arezzo,  fut  général  de  son  ordre  à 
Rome,  au  commencement  du  dix-seplième  .siècle. 
Il  a  fait  imprimer  les  ouvrages  suivants  :  lo  Ues- 
ponsor.  Sanctxfer.  5,  0  et  Sabb.  major.  Heb- 
dum.  4  parib.  l'oc. .Venise,  1 007,  in-4".—  2"  Misse 


I  (id  Otto  voi'i  con  basso  continuo;  Rome,  ICOH.  — 
3"  Il  primo  libro  de  riccrcaria  duevoci.  —  4"  H 
seconda  libro  degli  concerti  a  due  voci ,  ce- 
comodati  per  suonare  con  qualsïvoglïa  siro- 
vicnto,  con  la  parte  continua  per  Voryaiio; 
Rome,  1618. 

B ARTEL  (  Fkançois  -  Conrao  )  ;  Voyez 
BARIL. 

BARTH(HEiNRi))™3îtrc  de  musique  de  l'église 
Saint-Bavon,  à  Gand,  depuis  1763  jus(|u'à  1780,  a 
publié  de  sa  com()osition  :  Six  motets  a  grand 
chœur  et  six  diiettes  (sic)  pour  deux  basses , 
avec  deux  violons  et  orgue,  dédiés  axi  prince 
Charles  de  Lorraine,  gouverneur  des  Pays- 
Bas  ;  in-fol.  (sans  date  et  sans  nom  de  lieu). 

BARTII  (ChrétienSamijkl),  né  àGlaucha, 
dans  le  comté  lie  Schœnburg,  en  1735,  fut  l'un 
des  plus  grands  virtuoses  de  son  temps  sur  le 
hautbois.  11  reçut  des  leçons  du  célèbre  Joait- 
Sébaslien  Bach,  au  gymnase  de  Saint-Thomas,  à 
Leipsidi.  Au  sortir  de  cette  école,  en  1753,  il 
entra  au  service  de  la  petite  cour  de  Rudolstadl, 
qu'il  quitta,  en  1762,  pour  une  place  de  niiisie.ic.i 
de  la  chambre  du  duc  de  Weimar.  Eu  1708, 
il  s'attacha  au  prince  de  Mecklembourg,  et  enfin, 
en  1772,  il  fut  admis  à  la  chapelledu  Landgrave 
de  HesseCassel,  avec  un  traitement  de  huit  cents 
rixdalers  (environ  mille  écus  de  France); 
mais  à  l'avénemeut  du  dernier  landgrave  (eu 
1780),  les  théâtres  français  et  italien  ayant  été 
congédiés,  Barth  passa  à  la  chapelle  du  roi  de 
Danemarck  aux  mêmes  conditions.  On  liù  doit 
plusieurs  concertos  de  hautbois  fort  brillants 
pour  le  temps  où  ils  ont  été  écrits.  Les  trois  pre- 
miers ont  été  publiés  à  Copenhague,  le  quatrième 
à  Olfenbach,  chez  André,  le  cinquième  (œuvre 
12)  à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Haertel.  Au 
nombre  de  ses  autres  compositions,  on  remar- 
q'je  :  1°  Rondeau  suisse ,  pour  hautbois  ,  avec 
orchestre,  œuvre  10;  Jbid.  —2"  Divertissement 
pour  hautbois,  deux  violons,  viole  et  basse, œuvre 
%  ;  Ib.  —  3°  Pot-pourri  pour  liautbois  et  piano, 
œuvre  9,  Offeubach  ,  André.  —  4°  Sonates  pour 
piano  et  hautbois,  Hanovre,  Kruschwitz.—  5°  Six 
éco.ssaises  pour  piano,  Copenhague,  Lose.  —  6° 
Grande  symphonie  pour  instruments  à  vent,  Of- 
feubach,  André. —  7°  Ouverture  pour  wchestre, 
œuvre  18,  Ibid.  Barth  est  mort  à  Copenhague  le 
8  juillet  1809,  avec  le  titre  de  musicien  pen- 
sionnaire de  la  chambre  du  roi. 

BARTH  (  F. -Philippe-  Charles- Antoine  ) , 
fds  du  précédent,  né  à  Cassel,  en  1773,  succéda  à 
son  père  dans  la  place  de  liautboïste  de  la  cha- 
pelle royale  à  Copenhague.  11  s'est  livré  aussi  à 
la  composition,  et  s'est  fait  connaître  par  deux 
recueils,  l'un  de   chansons  danoise.s,   l'autre  do 


RAPvÏH  -    BARTIÎÉLEMON 


chansons  allemandes,  publiés  à  Copenhague,  et 
par  un  concerto  pour  flûte,  publié  àLe^psick,chPz 
Breitkopfet  Haerlel.  Parnii  sesonvra<;es  inédits, 
on  compte  plusieurs  concertos  pour  hautbois, 
d'autres  pour  flûte,  et  une  symphonie  concer- 
tante pour  deux  cors.  Le  roi  de  Danemark  a 
nommé  Barth  directeur  de  sa  musique  d'har- 
monie. On  a  exécuté  à  Copenhague  deux  ouver- 
tures de  sa  composition  en  1S29. 

BARTII  ( ),  neveu  et  élève  de  Charles 

Stamilz,  né  en  1774,  joua  à  la  cour  de  Turin,  à 
l'ilge  de  huit  ans,  des  concertos  de  violon  et  fit 
naître  l'admiration  des  amateurs,  parla  hardiesse 
et  le  lin!  de  son  jeu  ;  mais  plus  tard  il  ne  réalisa 
pas  les  espérances  qu'il  avait  données.  A  près  avoir 
été  un  prodii^e  dans  son  enfance,  il  ne  fut  qu'im 
artiste  médiocre  dans  la  force  de  l'âge.  11  a  p.'.d)lié 
à  Rotterdam,  en  1795,  des  pots-pourris  pour 
deux  violons,  n"s  1,2  et  3;  un  pot-pourri  pour 
violon  seul,  et  un  pot-pourri  vo">'  piano  et  vio- 
lon. On  croit  qu'il  est  mort  vers  1798. 

BARTII  (Gustave),  fils  d'un  ténor  de  la 
ciiapclle  impériale,  est  né  à  Vienne  vers  1818.  11 
y  est  directeur  de  la  société  de  chant  des  chœurs 
d'hommes,  depuis  1848.  On  a  publié  de  sa  com- 
position des  Lïeder  à  voix  seule,  des  quatuors 
et  des  chœurs  pour  voix  d'hommes.  En  1843  il 
a  fait  exécuter  à  Vienne  une  messe  de  sa  com- 
position qui  a  obtenu  l'approbation  des  connais- 
seurs. 

BARTHEL  (Jean-Chrétien),  organiste  de 
la  cour  à  Altenbourg,  naquit  àPlaueu  le  19  avril 
1776.  Une  réunion  de  circonstances  heureuses 
favorisa  le  développement  de  ses  dispositions 
pour  la  musique.  Son  père,  qui  aimait  beaucoup 
cet  art,  lui  fit  prendre  à  l'âge  de  cinq  ans  des 
leçons  de  piano  du  célèbre  organiste  Rœsler. 
Deux  années  après  il  lui  donna  un  maître  de 
violon.  Les  progrès  de  l'enfant  furent  si  rapides, 
qu'il  excita  l'admiration  de  Mozart,  à  l'âge  de 
douze  ans,  dans  un  concerto  de  piano  qu'il  exé- 
cuta ciifcz  le  cantor  Doles,  à  Leipsick.  Peu  de 
temps  après,  il  entra  à  l'école  de  Saint-Thomas 
de  celte  ville,  et  sous  la  direction  de  Hiller  et 
de  l'organiste  Goerner  il  acquit  un  talent  re- 
marquable sur  le  violon  et  sur  l'orgue.  11  n'olait 
âgé  que  de  quatorze  ans,  lorsqu'on  lui  offrit  une 
place  d'organiste;  à  seize  ans,  il  fut  nommé  direc- 
teur des  concerts  de  la  cour  de  Scliœnebourg, 
sur  la  recommandation  de  Hiller.  Quelque  temps 
après,  Barthel  retourna  à  Leipsick  pour  conti- 
nuer ses  études;  mais  deux  ans  s'étaient  à  peine 
écoulés  quand  il  fut  nommé  directeur  de  musi- 
que à  Greitz.  Ce  fut  dans  celte  ville  qu'il  com- 
mença à  donner  des  preuves  de  son  talent  par 
ses  compositions  pour  l'église  et  pour  les  con- 


certs. Il  se  fit  aussi  admirer  par  son  exécution 
savante  sur  l'orgue.  Après  avoir  passé  plusieurs 
années  à  Greitz,  il  cntrepiit,  d'a|)rès  les  conseils 
de  son  ami  Brand,  un  voyage  musical  en  Alle- 
magne. Dans  les  grandes  villes  où  il  se  lit  enten- 
dre, il  donna  une  si  haute  idée  de  son  talent, 
qu'on  lui  offrit  la  place  d'organiste  de  la  cour  à 
Altenbourg,  devenue  vacante  par  la  mort  du  cé- 
lèbre Krebs,  élève  de  Jean  Sébastien  iiach.  Il 
prit  possession  de  cette  place  en  1806,  et  ne  l'a 
point  quittée  depuis  lors.  Darthel  a  beaucoup 
écrit  pour  l'église  :  on  cite  particulièrement  une 
suite  de  cent  quatre  psaumes  à  quatre  voix,  une 
cantate  pour  le  jour  de  Pâques,  et  une  grande 
quantité  de  pièces  d'orgue;  mais  aucune  de  ces 
productions  n'a  vu  le  jour.  On  n'a  |)tiblié  de  sa 
composition  qu'un  recueil  de  dix-huit  dau.-es  pour 
le  piano,  sous  le  titre  de  Flore  vmsicale  (Musi- 
kalische  Flora)  ,  et  douze  valses  |)our  le  mémiï 
instrument,  Leipsick,  Kollmanu.  Ijartliel  est  mort 
le  10  juin  I83i. 

BARTUÉLEMOIV  (F.-Hipi'olvtiO,  com- 
positeur et  violoniste,  ajipelé  par  les  Anglais  Bnrl- 
leman,  est  né  à  Bordeaux  en  i73l.  En  i7g6  il 
alla  à  Londres  où  il  lit  représenter  son  opéra  de 
Pclopïdas,  qui  eut  un  si  grand  succès,  que  Gar- 
lick  alla  trouver  l'auteur  sur-le-cliamp  et  lui 
proposa  de  travailler  pour  son  théâtie  ;  mais, 
craignant  qu'il  ne  pût  composer  sur  des  [larolts 
anglaises,  il  prit  nue  phui'.e  el  se  mit  à  écrire 
des  vers  pour  un  air,  afin  que  Barthélemon  s'y 
exerçât.  Celui-ci  regardait  par-dessus  l'épaule 
de  Garrick,  et  écrivait  en  même  temps  la  mu- 
sique de  l'air.  Le  grand  acteur  s'étant  levé,  re- 
mit le  papier  à  Barthélemon,  en  lui  disant  : 
Tenez,  monsieur,  voici  mes  paroles;  à  quoi 
le  musicien  répondit  :  Tenez,  monsieur,  voilà 
ma  musique.  Une  telle  facilité  causa  l'admira- 
tion de  Garrick,  qui  proposa  à  Barthélemon  de 
composer  la  musique  de  la  farce  intitulée  :  A 
peep  bchind  the  curtain  (  le  jour  |)asse  à 
travers  les  rideaux),  tl  qui  promit  de  faire  sa 
fortune;  mais,  loin  détenir  sa  j)arole  ,  il  reh;s,i 
même  de  lui  payer  la  somme  dont  ils  étaient  con- 
venus, quoique  la  pièce  eût  eu  108  représenta- 
tions. En  1768, Barthélemon  fit  un  voyagea  Paris 
et  y  donna ,  le  28  décembre,  la  pastorale  in- 
titulée Le  Fleuve  Scamandre ,  dont  les  paroles 
étaient  de  Renout.  Puis  il  retourna  à  Londres. 
En  1770,  Barthélemon  devint  chef  d'orchestre 
du  Wauxhall.  Pendant  les  quatre  années  sui- 
vantes, il  lit  représenter  le  Jugement  de  Paris  ; 
la  Ceinture  enchantée,  et  (en  1774)  the  Muid 
of  the  Oaks  (La  fille  des  Chênes)  ;  mais,  dé- 
goûté par  les  tracasseries  que  lui  faisaient  éprou- 
ver les  directeurs  de  spectacles,  il  prit  le  parti 


BARTHÉLEMON  —  BARTHOLIN 


257 


(Je  voyasor  en  Allemagne  et  en  Italie,  où  son 
talent  comme  violoniste  lui  procura  des  succès. 
La  reine  de  Naples,  à  qui  son  jeu  avait  plu,  lui 
donna  une  lettre  pour  sa  sœur,  Marie-Antoi- 
nette ;  il  eut  l'honneur  de  la  remettre  lui-même 
à  Versailles;  mais  il  nere-ta  pas  longtemps  en 
France.  Un  engagement  avantageux  lui  fut  offert 
pour  Dublin,  et  il  s'y  rendit  en  1784  avec  sa 
lemme,  cantatrice  fort  habile  qu'il  avait  épousée 
en  Italie.ll  est  mort  à  Londres  en  1808.  Outre 
ses  opéras,  il  a  publié  :  1°  Concerti  a  violino 
principale,  Londres.  —  2"  Six  duos  pour  deux 
violons ,  œuvre  huitième ,  ibid.  —  3°  Six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse.  —  4° 
Petites  leçons  pour  le  piano.,  ibid.  —5°  Pré- 
ludes potcr  Vorgue,  op.  11,  ibid.  —  6"  Trois  le- 
çons pour  le  piano,  dans  le  style  des  plus 
grands  maîtres,  ibid.  —  7"  Une  leçon  dans  le 
style  de  Slerkel,  ibid.;  1800.  —  8°  Duos  pour 
deux  violons,  ibid.;  1800. 

BAllTîîELEMY  (  Jean- Jacques  ) ,  abbé, 
grand  trésorier  de  Saint  Martin  de  Tours,  secré- 
taire général  des  Suisses  et  Grisons,  etc.,  naquit 
à  Cassis,  prèsAubagne,  le  20  janvier  1716.  Après 
avoir  fait  de  brillantes  études,  dans  lesquelles  il 
apprit  presque  en  môme  temps  le  latin,  le  grec, 
riiébreu ,  le  syriaque ,  le  chaldécn,  l'arabe,  les 
mathématiques,  l'astronomie,  etc. ,  il  se  rendit  à 
Paris  en  1744,  où  il  se  livra  à  l'étude  de  la  nu- 
mismatique par  les  conseils  de  Gros  de  Boze, 
alors  garde  du  cabinet  des  médailles.  En  1747, 
Barthélémy  fut  nommé  à  l'Académie  des  ins- 
criptions ,  en  remplacement  de  Duretle ,  mort 
dans  la  même  année.  Nommé  successivement 
membre  de  la  société  royale  de  Londres  et  de 
celles  des  Antiquaires  de  la  même  ville,  il  par- 
vint en  1753  à  la  place  de  garde  du  cabinet  des 
antiques,  vacante  par  la  mort  de  Boze.  Ayant 
fait  un  voyage  en  Italie  pour  des  recherches  re- 
latives à  sa  place,  il  (it  à  Rome  la  connaissance 
du  duc  de  Choiseul ,  alors  ambassadeur  de 
l^rance,  qui  conçut  pour  lui  l'amitié  la  plus  vive, 
et  qui,  parvenu  au  ministère,  s'occupa  constam- 
ment du  soin  de  sa  fortune.  L'Académie  fran- 
çaise le  reçut  dans  son  sein  en  1789;  mais  la 
fortune  qui,  jusqu'alors,  lui  avait  été  favorable, 
l'accabla  bientôt  de  revers.  Privé  de  vingt-cinq 
mille  livres  de  rentes  par  la  révolution,  il  lut 
réduit  au  plus  étroit  nécessaire,  et  mourut  ac- 
cablé d'infirmités  leSOavril  1795, âgé  de  soixante 
dix-neuf  ans.  Il  a  publié  :  Entretiens  sur 
l'état  de  la  musique  grecque  vers  le  milieu 
du  quatrième  siècle  de  l'ère  vulgaire ,  Paris 
1777,  in 8°.  Cet  opuscule,  écrit  avec  élégance, 
et  contenant  des  notions  assez  exactes  sur  la 
musique  grecque  à  l'époque  que  l'auteur  a  choi- 

BIOGU.    UMV.    DES   Ml'SlCIKNS.    —    T.    1. 


sie,  est  extrait  de  son  grand  ouvrage  intitulé  : 
Voyage  du  Jeune  Anacliarsis  en  Grèce,  et  y  a 
été  refondu  dans  toutes  les  éditions  qu'on  a  faites 
de  ce  livre.  Sur  la  foi  d'une  mauvaise  compila- 
tion intitulée  Bibliographie  musicale  de  la 
France,  Licbtenfhal  a  attribué  à  Barthélémy  un 
livre  qui  a  pour  titre  La  Cantatrice  grammai- 
rienne, etc.  ;  jamais  le  savant  académicien  n'a 
songé  à  une  production  de  cette  espèce.  (Voyez 
l'article  suivant.) 

BARTHELEMY  (L'abbé  Louis),  né  à  Gre- 
noble, vers  1750,  quitta  de  bonne  heure  sa  ville 
natale  et  se  fixa  à  Paris.  On  a  de  lui  quelques 
ouvrages  médiocres  ,  au  nombre  desquels  se 
trouve  celid  qui  a  pour  titre  :  La  cantatric£ 
grammairienne,  ou  l'art  d'apprendre  Vortho 
graphe  française  sans  le  secours  d''aucun 
maître,  par  le  moyen  des  chansons.  Genève 
et  Lyon,  1787,  in-s». 

BARTHELEMY  (Pierre),  liftérateur,  né 
à  Boulogne-sur-mei-,  est  connu  par  plusieurs  ou- 
vrages au  nombre  desquels  on  remarque  :  Le 
Rideau  levé,  ou  conspiration  flagrante  contre 
l'Opéra.  Boulogne,  Grisel  jeune,  1829,  in-8°,  de 
10  pages. 

B.ARTHEZ  (Paul-Joseph),  célèbre  physio- 
logiste,  professeur  honoraire  de  la  faculté  de  mé- 
decine de  Montpellier,  médecin  consultant  de 
Napoléon  Bonaparte,  membre  do  la  Légion  d'hon- 
neur et  associé  de  l'Institut,  naquit  à  Montpellier 
le  11  décembre  1734.  il  fit  ses  études  à  Narbonne, 
où  résidait  son  père,  ingénieur  du  Languedoc, 
puis  à  Toulouse,  et  fut  reçu  en  175.3  docteur  en 
médecine  à  la  faculté  de  Monl|)ellier.  Il  mourut 
à  Paris,  d'une  fièvre  maligne,  le  13  octobre  1806. 
On  ne  parlera  point  ici  de  ses  travaux  sur  la  mé- 
decine, qui  n'ont  aucun  rapport  avec  l'objet  de  ce 
dictionnaire,  mais  d'un  ouvrage  posthume  publié 
par  les  soins  de  M.  Barthez  de  Marmorières,son 
frère,  intitulé  :  Traité  du  beau;  Paris,  1807, 
in-8''.  On  y  trouve  un  chapitre  très-curieux  inti- 
tulé -.  Nouvelles  recherches  sur  la  déclamation 
théâtrale  des  anciens  Grecs  et  Romains.  Voy. 
le  Magas,  encyclopédique,  sixième  année,  t.  V, 
p.  209. 

BARTHOLDY  (Salomon),  d'une  famille 
israëlite  de  Berlin,  a  publié  dans  la  Gazette  mu- 
sicale de  cette  ville  (an  1805,  n°  5)  un  article 
intitulé  :  Veber  den  Volksgesang  der  Sicilianer 
(  Sur  le  chant  populaire  des  Siciliens). 

BARTHOLIN  (Gaspard),  «ils  de  Thomas 
Barlholin,  médecin  du  roi  de  Danemark,  naquit 
à  Copenhague,  en  1654,  et  mourut  vers  1705.  Il 
fut  aussi  docteur  en  médecine  et  professeur  d'a- 
natomie.  On  a  de  lui  beaucoup  d'ouvrages  au 
nombie  desquels  se  trouve  un  traité  De   Tibiis 

17 


*268 


BARTUOLIN  —  BARTLETT 


Veterum,  etearum  usa,  libri  très;  Rome,  1C77, 
in-S",  lig.  Ce  livre,  queraiifenr  composa  à  l'âge 
de  vingt-deux  ans,  est  rempli  d'érudition,  mais  en- 
tièrement dépourvu  de  critique,  et  à  pou  près  inu- 
tile pour  l'histoire  de  l'art.  Il  y  en  a  une  seconde 
édition,  Amsterdam,  Wetstein,  1679,in-12;  Grœ- 
vius  l'a  aussi  inséré  dans  le  tome  6  de  son  The- 
saur.antiq,  roman.,  p.  1157. 

BARTHOLIN  (  Jean-Frédkric  ),  professeur 
de  mathématiques  et  assesseur  du  consistoire,  à 
Copenhague,  naquit  dans  cette  ville  le  27  no- 
vembre 1665.  Après  avoir  fini  ses  études,  il 
voyagea  en  Hollande ,  en  Angleterre ,  en  France 
et  eu  Italie.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  prit  pos- 
session des  places  dont  il  est  parlé  ci-dessus,  et 
se  livra  à  des  travaux  littéraires.  Il  mourut  le  30 
mai  1708.  Parmi  les  ouvrages  de  sa  composition 
qui  ont  été  imprimés  après  sa  mort,  on  remar- 
que :  Dïssertaiio  de  Saule per  musicam  ctirato. 
Copenhague,  1745. 

BARTHOLLXI  (Oriondo),  ou  plutôt  Bar- 
tolini,  compositeur  né  à  Sienne,  vers  la  lin  du 
seizième  siècle,  est  indiqué,  par  le  catalogue  de 
l'astorff  (Munich,  1653),  comme  auteur  des 
ouvrages  suivants  :  1°  Messe  concertate  a  5-9 
roci.  —  20  Motetti  a  1,  2,  Z-8vocl,con  basso  con- 
timio.  —  3°  Canzonette  ed  arie  alla  rnmana ,  a 
3  voci,  tous  imprimés  à  Venise.  On  trouve  quelques 
motets  de  Bartholini  dans  les  collections  publiées 
h  Anvers, chez  Phalèse. 

BARTHOLOM^US  DE  GLAIVT- 
VILLE,  descendait  de  la  famille  des  comtes  de 
Suffolk,  et  fut  moine  franciscain.  11  écrivit, 
vers  1-366,  un  traité  De  proprietatibus  rerum, 
qui  fut  traduit  en  français  par  un  moine  nommé 
Jean  Corbichon  ,  dans  l'année  1372,  et  en  anglais 
])ar  Jean  Trevisa,  vicaire  de  la  paroisse  d(  Ber- 
keley, en  1398.  Hawkins  s'est  trompé  lorsqu'il  a 
dit  (  History  of  tfie  science  and  practice  of 
Mtisic,  t.  II,  p.  123)  qu'il  parait  que  l'original 
a  été  publié  à  Harlem  ,  en  1485.  Le  livre  imprimé 
dans  cette  ville,  en  1485,  par  Jacques  Dellaert, 
est  une  traduction  hollandaise.  La  pins  ancienne 
édition  connue  du  texte  latin  de  Bartholomé,  avec 
une  date  certaine,  est  celle  qui  a  été  imprimée 
en  1480  (in-fol.  gothique),  par  Nicolas  Pisloris 
àe  Bensheym  (ou  plutôt  Bensheim,  ville  du  duché 
de  Hesse-Darmstadt)  et  Marc  Reinhardt,  de 
Strasbourg ,  sans  nom  de  ville  (I).  Dans  ce  livre 
de  la  propriété  des  choses,  Bartholomé  traite 
d'une  manière  assez  étendue  delà  trompette,  de 
la  llûte,  du  chalumeau,  de  la  sambuquc,  de  la 

(1)  On  pcutconsulter  le  Manutldu  lÀhraire.  deAî.  Bru- 
net  ,  pour  les  diverses  (éditions  du  texte  original ,  et  des 
traductions  (iomc2  de  la  troisième  édition,  p.ngcslOO  et  101, 
cl  tome  2  dii  supplément  du  môme  ouvrjgc,  p.  93  et  04). 


symphonie,  des  timbales,  de  la  cithare,  du 
psaltérion ,  de  la  lyre,  des  cymbales,  du  sistre 
et  des  cloches.  Hawkins  a  ccnsulté  cet  ouvrage 
pour  son  histoire  de  la  musique ,  et  a  cité  de 
longs  passages  de  l'ancienne  traduction  anglaise 
(t.  M,  p.  279  à  288). 

BARTHOLOM^US  (  Jean-Chrétien  ), 
littérateur  qui  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle  ,  a  publié  une  dissertation  qui  a  pour  titre  : 
Surdus  de  sono  judkans.  léna,  1690,  in-4''. 
D'après  une  note  que  je  trouve  dans  les  papiers 
de  Perne,  il  paraît  qu'il  s'agit  dans  cet  ouvrage 
d'une  expérience  renouvelée  de  nos  jours  pour 
rendre  sensibles  'aux  sourds  les  vibrations  des 
sons  par  le  moyen  d'un  conducteur  métallique 
appuyé  sur  la  poitrine. 

BARTHOLOMEI  (  Le  comte  ),  de  la  famille 
des  comtes  Gallici,  com[)ositeur  italien,  vécut  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  une  col- 
lection de  motets  qui  a  pour  litre  :  Motetta 
quinque vocibus suavissime sonantia.  Venetia, 
app.  Ant.  Gardane,  1547,  in-4o  obi. 

BARTHOLOMEI  (Ange-Michel).  Voyez 
BAKTOLOMJ. 

BARTL  (FRANçois-CoNRAn),  docteur  en  phi- 
losophie, et  professeur  de  mathématiques  trans- 
cendantes au  Lycée  normal  d'Olmiitz,  naquit  le  .14 
juin  1750  à  Weyperth  ,  en  Bohême.  Après  avoir 
enseigné  à  Vienne,  à  Prague  et  à  Briinn ,  il  se  fixa 
définitivement  à  Olmiitz  en  1800.  Il  y  mourut 
le  28  octobre  1813.  Auteur  de  plusieurs  ouvrages 
estimés  concernant  les  mathématiques  pures  et 
appliquées,  il  cultivait  aussi  la  nnisi(iue  avec  suc- 
cès et  passait  pour  un  virtuose  sur  l'harmonica. 
Il  publia  d'abord  une  notice  sur  cet  instrument, 
sous  ce  titre  :  Nachrichtvon  der  Harmonica, 
Prague,  1796,  brochure  in-8°.  Plus  tard  il  s'oc- 
cupa du  perfectionnement  de  cet  instrument,  et 
y  ajouta  un  clavier  avec  un  système  de  leviers  à 
frottement  qui  faisaient  l'office  des  doigts.  Bartl  a 
donné  la  description  de  son  invention  dans  un 
écrit  intitulé  :  Abhandlnng  von  der  Tasten- 
Harmonika  (Dissertation  sur  l'Harmonica  à  cla- 
vier). Brunn ,  Leop.  Haller,  1798  ,  gr.  in-4o  de 
75  pages  avec  5  planches. 

BARTLEMAN  (Jean),  chanteur  célèbre  en 
Angleterre,  était  doué  d'une  très-belle  voix  de 
basse.  Il  fut  élève  du  D.  Cooke  et  enfant  de  chœur 
à  l'abbaye  de  Westminster.  Ce  fut  aux  anciens 
concerts  d'Hannover-square  qu'il  fit  sa  réputation. 
Postérieurement,  il  devint  copropriétaire  et  Tuii 
des  directeurs  de  cet  établissement.  H  est  mort 
en  1820. 

BARTLETT  (Jean),  musicien  anglais  qui 
vivait  au  commencement  du  dix-septièiuc  siècle, 
a  publié  un  recueil  de  sa  composition  intitulé  :  A 


BARTLETT  —  BARTOLUS 


S.^O 


JJoofi  of  ai/res  tvifh  a  triplicitie  of  musicke, 
v'hereot  llie  first  part  isjor  (lie  Iule  or  orpha- 
xion,  and  the  viole  da  gamba  and  4  paris  to 
sing.  The  second  is  for  trebles  lo  sing  to  the 
lute  and  viole.  The  third  part  is  for  the  Itite 
andvoyce,  and  the  viole  da  gamba(Li\re  d'airs 
avec  un  triple  arrangement  de  musique,  savoir  : 
la  première  partie  pour  le  lutli  ou  orpliarion, 
la  basse  de  viole,  et  quatre  parties  de  chant; 
ia  seconde,  pour  des  voix  de  dessus,  le  luth 
et  la  viole;  la  troisième,  pour  le  luth,  les 
voix  et  la  basse  de  viole);  Londres,  1606,  in- 
fol. 

BARTOLI  (Jean-Baptiste),  compositeur  ita- 
lien du  seizième  siècle.  Le  catalogue  de  la  Biblio- 
thèque musicale  du  roi  de  Portugal  indique  sous 
ce  nom  :  Madrigali  a  cinque  voci,  llb.  1;  mais 
sans  date  ni  nom  de  lieu. 

BAUTOU  (Danie-l),  savant  jésuite,  né  à 
Ferrare  en  1608,  mort  à  Rome  le  13  janvier  1C85, 
a  pubiii'  un  livre  très-curieux  intitulé  :  Del 
suono  de'  tremori  armonici  e  delV  udito, 
trattati  IV;  Rome,  1679,  in-4o.  La  seconde  édi- 
tion est  de  Bologne  ,  1 680  ,  in-4°,  et  la  troisième 
de  Rome,  1681,  in-4°.  Il  y  examine  les  effets 
du  son  dans  l'air  et  dans  l'eau.  Le  chapitre  7  du 
second  traité,  qui  traite  des  salles  parlantes,  est 
fort  intéressant;  il  y  décrit  les  salles  de  Manloue 
et  de  Capraroia,  qui  excitent  rétonnement  de 
toutes  les  personnes  qui  visitent  ces  lieux.  La 
dissertation  de  Bartoli,  dont  on  trouve  un  long 
détail  dans  la  Littérature  musicale  de  l^orkel  et 
dans  la  Bii'liograpliie  de  la  musique  de  Lichten- 
tlial,  est  insérée  dans  le  troisième  volume  des 
œuvres  de  cet  auteur. 

BARTOLI  (  Le  P.  Erasmo),  né  àGaëte,  dans 
le  royaume  de  Naples,  en  1600,  était  connu  dans 
i:etle  ville  sous  le  nom  du  P.  Raimo ,  nom  qui , 
ilans  la  terre  de  Labour,  est  la  traduction  vulgaire 
ii'Erasmo.  Bartoli  était  prêtre  séculier  depuis 
l)lusde  trente  ans,  lorsqu'il  entra  dans  la  congré- 
gation de  l'Oratoire,  à  Napies ,  où  il  passa  le  reste 
de  sa  vie  dans  les  exercices  de  piété  et  dans  la 
culture  de  la  musique.  Il  mourut  de  la  peste,  le  14 
juillet  1636,  à  l'âge  de  cinquante  ans.  Les  produc- 
tions musicales  de  cet  ecclésiastique,  qui  se  con- 
servent chez  les  F/Z/p;3inJ(oratoriens),  à  Naples, 
sont  celles-ci  :  1"  Plusieurs  motets  à  4  voix.  — 
2"  D'autres  motets  à  4  chœurs.  —  3o  Des  psaumes 
à  8  voix.  —  4"  Des  cantates  spirituelles.  —  5°  une 
messe  à  10  voix.  G»  Deux  inesses  pastorales  pour 
la  fête  de  Noël.  —  7°  Les  répons  de  la  semaine 
sainte.  —  8°  Deux  messes  et  deux  vêpres  com- 
plètes pour  des  fêtes  solennelles.  —  Oo  Plusieurs 
motets  à  8  voix  en  deux  chceurs.  -  lOo  Des  ré- 
pons pour  les  principales  fêles  de  l'année. 


BARTOLIlM  (BvuTuoi.oMÉ),  l'un  des  plus 
grands  chanteurs  du  conuuenccment  du  dix  hui- 
tième siècle,  naquit  à  I  aénza  ,  vers  1685.  Il  lut 
élève  de  Pistocchi  et  de  Bernacchi.  L'époque  la 
plus  brillante  de  sa  vie  fut  depuis  1720  jus- 
qu'à 1730.  H  était  alors  au  service  de  l'électeur  de 
Bavière. 

BARTOLINI  (Vincfjnt),  habile  sopraniste, 
brilla  au  théâtre  de  Cassel  en  1792. 

BARTOLOCCJ  (Jules),  religieux  de  l'ordre 
de  Saint-Bernard ,  et  professeur  de  langue  hé- 
braïque au  collège  delà  Sapienza  à  Rome,  naquit, 
en  1613,  à  Célano  dans  l'Abruzze.  Après  avoir  élé 
attaché  à  la  bibliothèque  du  Vatican  ,  en  qualité 
d'orientaliste,  il  devint  abbé  de  son  ordre  et 
mourut  d'apoplexie,  le  l""  novembre  1687.  Dans 
sa  Bibliothèque  Rabbinique ,  Rome,  1675,  4 
vol.  in  folio,  on  trouve  :  1»  De  Psalmorum 
libro,  Psalrnis  etmusicis  instrumentis,  part  ii, 
p.  184.  —  2o  De  Hcbrœorum  7niisica,brevis dis- 
sertai., part.  IV,  p.  427.  Ces  deux  dissertations 
ont  été  insérées  dans  le  Thesaur.  anliquilat.  sa 
crarum  d'Ugolini,  t.  XXXII,  p.  457  et  Miiv.  On 
trouve  aussi  dans  le  même  volume,  p.  679,  E.x- 
cerpta  ex  bibliotheca  Rabbinica  Julii  Barlho- 
locci  de  voce  Sela.  11  y  a  peu  d'utilité  à  tirer  de 
tout  cela. 

B.'VBTOLOAÎEl  (Antoine),  dit  Maurice, 
premier  violon  et  directeur  de  l'orchestre  de  la 
ville  e!  du  théâtre  de  Parme,  naquit  on  cette  ville 
en  1760.  Il  commença  ses  études  très-jeune,  à 
Turin,  dans  l'école  de  Pugnani,  et  les  termina 
à  Parrae,  sous  la  direction  de  iilorigi.  Les  Ita- 
liens lui  accordent  beaucoup  de  talent.  On  con- 
naît de  lui  des  solos  pour  son  instrument,  qui 
sont  restés  en  manuscrit.  Il  vivait  encore  en  1815. 

BARTOLOMI  (  A^GE■MIC^EL  ),  théorbiste 
italien,  se  fixa  à  Paris  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  ainsi  qu'on  le  voit  par  l'avertissement 
d'un  ouvrage  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Table 
pour  apprendre  à  toucher  parfaitement  le 
théorbe.  Paris,  Ballard,  1669,  in-4°ûbl.  Barlo- 
lomi  fut  attaché  au  service  du  prince  de  Condé 
vers  1660. 

BARTOLOMEO (Baptiste),  voyez  Batista 
De  Viei.mis. 

BARTOLOMIO  (Bmîbarino),  compositeur, 
né  à  Fabriano,  dans  l'État  de  rii4;lise,  fut  sur- 
nommé Ji  Pesarino,  vraisemhlabiement  à  cause 
d'un  séjour  prolongé  dans  la  ville  de  Pesuro.  Il  fut 
éditeur  de  deux  recueils  de  madii;'aux  de  divers 
auteurs,  parmi  lesquels  on  en  trouve  plusieurs 
de  sa  composition.  Ces  recueils  ont  pour  litres  : 
Il  primo  et  il  .seconda  libro  de'  madrigali  di 
dirersi  nutori;  Veneha,  Amndori,  1607,  in-i". 

BAUTOLUS  (ABRAUAM),lll•^g'^^f"■  à  Allen- 

17. 


BARTOLUS  -  BARYPHONUS 


260 

honig,  né  à  Bentcn  m  Misnie,  est  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Musica  mathematica  dos  ist 
das  Fundament  der  Allerliebstein  Kunst  der 
Musica  (La  musique  mathématique  qui  est  le 
fondement  du  tout-aimable  art  de  la  musique). 
Altenbourg,  1608,  in-4°  obi.  de  174  p.  Le  titre 
indiqué  par  Forkel  et  par  Lichtenlhal  :  Bes- 
chreibung  der  Instruvients  Magadis  oder  Mo- 
7Wchords  (  Description  du  Magadis  ou  Mono- 
chorde)  n'est  que  celui  d'un  second  frontispice 
ajouté  à  l'ouvrage  avec  la  date  de  1614. 

BARTSCH  (François-Xavier),  claveciniste 
à  l'orchestre  du  théâtre  national,  à  Vienne,  vers 
1797,  a  mis  en  musique  les  opéras  dont  voici 
les  titres  :  i"  Victor  und  Heloise  (Victor  et 
Héloise).  —  2°  2)05  Hexengericht  (Le  jugement 
du  Sorcier). 

BARUCH  (N.),  pianiste  établi  à  Vienne,  s'est 
fait  connaître  par  les  productions  dont  les  titres 
suivent  :  1°  Variations  et  polonaise  (en  ré)  sur 
un  <Aènie  oHi^inaZ.  Vienne,  Diabelli.— 2"  Valses 
brillantes  pour  le  piano,  œuvre  2^  ;  Vienne, 
Cappi.  —  zo  Introduction  et  variations  sur  la 
■polonaisefavorite  d'Ogïnski,  œuvre  3";  Vienne, 
Mechetti.  —  4"  Variations  sur  un  air  favori  de  La 
Famille  Suisse ,  op.  4  ;  Vienne,  Diabelli.  —  5° 
Rondo  Scherzando,  op.  5  ;  Vienne,  Mechetti.  — 
Go  Variations  et  Polonaise,  en  ré  ;  Vienne,  Dia- 
belli. —  70   Heures  du  soir,  douze  fantaisies 
mignonnes,  op.  8  ;  Milan,  Ricordi. 

BARUZZI  (M.),  professeur  de  musique  à 
Milan,  a  publié  quelques  compositions  pour  di- 
vers instruments,  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
10  Variations  pour  la  flûte  sur  Deh  !  cari,venite, 
avec  deux  violons,  alto  et  basse,  Milan,  Ri- 
cordi.— 2oDivertimento  péril  piano-forte  ad 
usodi  grand  valz;  ibid.—  3°  Fantasia  con  va- 
riazioni  sopra  la  cavatina  del  Crociato.  Op. 
8  ibid.  —4°  La  Tyrolienne  de  Guillaume  Tell, 
variée  ;  ibid.  —  5"  Introduction  et  variations 
sur  le  chœur  0  Figli  d'Eroi,  de  La  Donna  del 
Lago,  op.  17;  ibid. 

BARYPHONUS  (Henri),  dont  le  nom  al- 
lemand était  Grobstimm  (1),  naquit  à  Werni- 
gorod,  vers  1584,  et  fut  musicien  de  ville  à  Qued- 
linbourg  :  on  n'a  point  d'autres  renseignements 
.sur  ce  savant ,  qui  a  publié  plusieurs  ouvrages 
relatifs  à  la  musique.  Ces  ouvrages  sont  :  1°  plé- 
iades musicae  qusein  certas  sectiones  distri- 
hutx  prxcipuas  queestiones   mustcas  discu- 


•  Grobstimm,  en  allemand,  signifie  grosse  voix.  Suivant 
les  idées  pédantesques  de  son  temps.  Baryphonus  ne  man- 
qua pas  de  traduire  son  nom  en  grec  ■.  ^apùcpwvo:;  de 
Papû;,  prave,  et  de  çwv^n,  '«>•»,  avec  une  terminaison  la- 
tine. 


tiunt,  et  omnia  qux  ad  theoriam  périment, 
etc.;  Halberstadt,  1615,  in-80  de  86  pages.  La 
deuxième  édition  de  ce  livre  a  paru  à  Leipsick, 
en  1630,  avec  des  augmentations,  Lipenius  {Bi- 
blioth.  philos.,  p.  975)  indique  une  édition  qui 
aurait  été  publiée  à  Copenhague,  en  ICI 5;  je 
pense  que  cette  édition  est  supposée.  Les  pléia- 
des de  musique  de   Baryphonus  sont  sept  di- 
visions, dont  chacune  renferme  sept  questions  sur 
sept  objets,  tels  que  sept  dissonances,  sept  con- 
sonnances,  etc.  On  comprend  que  ces  nombres 
sont  arbitraires  et  que  l'auteur  lésa  établis  pour 
justifier  le  titre  qu'il  avait  choisi.  On  peut  voir, 
dans  le  Lexique  de  Walther.dans  la  Littérature 
musicale  de  Forkel,  et  dans  la  Bibliographie  de 
la  mîisique,  par  Lichtenthal,  le  sommaire  de  tout 
l'ouvrage.  —  2°   Jsagoge  musica  ,  Magdebourg, 
1609.  Forkel,  copié  par  Lichtenthal,  présume 
que  ce  livre,  cité  par  Lipenius,  est  le  même  que 
celui  qui  est  indiqué  par  Draudius  dans  sa  Bi- 
bliothèque classique  (p.  1609)  sous  ce  titre  : 
Ars  canendi,  aphorismis  succinctis  descripta 
et  notis  philosophicis,  mathematicis,physicis 
et  historicis  illustrata,  Leipsick,  1630,  in-4o  : 
en  sorte  que  celui-ci  n'en  serait  que  la  deuxième 
édition.  Baryphonus  avait   composé   beaucoup 
d'autres  ouvrages  dont  la  publication  aurait  pu 
être  utile  à  cause  du  choix  de  leurs  sujets,  mais 
qui  malheureusement  paraissent  avoir  été  perdus, 
Prœtorius  en  a  donné  le  catalogue  tel  qu'il  est 
ici,  dans  son  Syntagma  musicum{i.  111,  p.  227): 
1»  Exercitationes  harmonies,  quibus  omnia 
tam  ad  theoriam  quam  ad  praxin  musicam 
necessariaperaphorismos,  iheoremata  et  pro- 
blemata  nervose  et  dilucide  expediuntur  ; -l" 
Diatribe  de  musica  Artusia,  ex  tabulis  Joan. 
Mariée  Artusii  collecta,  latine  reddita,  exem- 
plis  illustrata  et  publici  juris,  in  usum  et 
gratiamGermanicorum  italicam  lingnam  non 
callentium  facta.  Cette  traduction  latine  du 
traité  du  contrepoint  en  tableaux  de  Jean  Artusi 
est  le  moins  regrettable  de  tous  les  travaux  de 
Baryphonus, parce  que  nous  avons  l'original.— 
30  Dissertatio  de  modis  musicis  e  veterum  et 
recentiorum  tam  Grsecorum  quam  Latinorum 
etitalorum  monumentis  excerpta,  ctinlucem 
édita  in   gratiam  philologorum  et  musices 
amantium.  Cet   ouvrage  aurait  pu  être  d'u'i 
grand  intérêt  s'il  eût  été  exécuté  suivant  le  plan 
indiqué  au  titre.— 4"  isagoge  musico-theorica, 
exfundamentomaihematicocoram  ratione  et 
sensu  judicium  proportione  et  monochordo 
exercentibus  producto  in  gratiam  Pétri  Con- 
radi  çlXo!xoû(Tou.    Peut-être  cet  ouvrage   est-d 
celui  qui  a  été  publié  à  Magdebourg  en  160!).- 
^r,Logistïca  musiea,ïn  quaususproporlionvm 


BARYPUONUS  —  BASE VI 


261 


in  nddendis,  subir ahendis,  copulandis,  com- 
parandis,a;quiparandïs  intervallis  synoplice 

oboculos  ponitur 6"  Isagoge  musica  Eiicli- 

dis,  cum  notis.  Praclorius  ne  dit  pas  si  cette  tra- 
duction latine  du  traité  de  musique  attribué  à 
Euclideétait  la  version  publiéeà  Venise,  en  1497, 
par  George  Valla,  ou  si  c'était  celle  du  jésuite 
Possevin,  ou  enfin  si  Baryphonus  en  avait  fait 
une  nouvelle.' — l°Arithmologia harmonica,  in 
qua  az-Kiozic,  tam  numerorum  harmonicorum 
prïmorum  et  radicalmm,  quam  inter  se  coin- 
positorum  et  secundariorum  et  tetrariorum 
tabellares  in  constituendis  intervallis  s'impli- 
cibus,  compositis,  prohibitis,  diminulis  et  su- 
per/luis oboculos  ponuntur.  —  ^oConsonan- 
tiarum  progressiones,  quse  ad  quosvis  animi 
affcctus  expi'imendas  accomodatœ,  etc.  —  9° 
Progijîunasma  melopoeticum  in  jiaiôsîav  et 
■Kponaiûdm  iribututu. —  10°  Catatogus  musico- 
rum  tam  priscorum  quam  recentium.  —  Ilo 
Uistoria  veterum  instrumentorum  musico- 
rum  e  sacris  lïtteris,  grsecis  et  latinis  monu- 
mentis,  atque  philosophorum ,  philologorum, 
musiccn'um  et  historicorum  scriptis  collecta, 
et  publici  juris  facta.  —  12°  Exercitationes 
IV  de  musica  vocali;  de  musica  instrumen- 
tali;de  musica  invcntoribus ;  de  musica  usu. 
—  13"  Monochordi  in  diatonico,  chromatico 
et  enharmonico  génère  descriptio.  —  14°  Spi- 
cilegiuvi  miisïcum,  in  quo  qusestiones  musi- 
corutn  prsecipux  per  theoremata  et  proble- 
vuita  succincte  et  nervose  discutiuntur. 

UASADONNA  (Jeain),  ténor  très-distingué 
de  la  bonne  école,  a  été  un  des  derniers  dian- 
leurs  dramatiques  qui  conservèrent  les  traditions 
de  l'ancien  art  du  chant  en  Italie,  il  naquit  à 
Naples  en  180G,y  (it  de  bonnes  études  musicales 
dès  son  enfance,  puis  devint  élève  de  Nozzari 
pour  le  chant.  Le  début  de  sa  carrière  théâtrale 
se  fit  à  Venise,  en  1828,  età  Vérone  dans  la  même 
armée;  mais  il  ne  se  (il  remarquer  qu'à  Naples, 
en  1830.  11  y  chanta  de  nouveau  en  1832  et 
1833,  fut  engagé  à  Modène  et  à  Vienne  en  1834  ; 
à  Gènes,  au  carnaval  de  la  même  année,  puis  à 
Lucques,  Milan,  Palerme,  Rome,  où  déjà  il  avait 
chanté  en  1833;  à  Trieste,  àTurin,  Padoue,  Ve- 
nise, et  partout  obtint  des  applaudissements  mé- 
rites. Pendant  les  années  1838  à  1844,  il  se  |)ar- 
tagea  entre  Naples  et  Vienne,  où  les  amateurs 
de  la  plus  haute  distinction  le  recherchaient 
comme  professeur  de  chant.  Je  le  trouvai  à  Na- 
ples en  1841  :  il  chantait  alors  au  théâtre  Saint- 
Gharles,  et  luttait  par  son  talent  contre  une  ma- 
ladie dont  sa  voix  était  attaquée.  Il  se  persuadait 
que  le  mai  ne  serait  que  passager  et  qu'il  re- 
trouverait bientôt  ses  succès  d'auirefois.  J'es- 


sayai de  le  détromper,  et  lui  proposai  de  renon  - 
cer  au  théâtre  pour  accepter  la  place  de  profes- 
seur de  chant  au  conservatoire  de  Bruxelles, 
avec  un  traitement  de  6,000  francs  ;  mais  je  ne 
pus  triompher  de  ses  illusions.  En  1845  \\  accepta 
un  engagement  pour  un  théâtre  italien  qu'on  es- 
sayait d'organiser  dans  la  capitale  de  la  Belgi- 
que :  il  y  chanta  Otello;  mais  il  n'était  plus 
I  que  l'ombre  de  lui-même.  Il  comprit  alors 
I  que  tout  était  fini  pour  lui  dans  la  carrière  du 
théâtre  :  il  vint  me  voir,  et  me  demanda  de  réa- 
liser les  propositions  que  je  lui  avais  faites  à 
Naples;  mais  la  place  que  je  lui  avais  offerte 
n'était  plus  vacante  alors  :  j'eus  le  regret  de  ne 
pouvoir  accepter  ses  services.  Il  retourna  à 
Vienne,  et  s'y  fixa  en  qualité  de  professeur  de 
chant;  mais  trois  ans  après,  la  révolution  dont 
l'Autriche  fut  le  théâtre  et  les  événements  qui 
agitèrent  la  population  de  Vienne  déterminèrent 
Basadonna  à  s'éloigner  de  cette  ville.- Des  i>ro- 
positions  lui  furent  faites  pour  Rio- Janeiro; 
l'inquiétude  que  lui  donnait  la  situation  de  l'Eu- 
rope à  cette  époque  le  décida  à  les  accepter.  Sa 
nouvelle  situation  lui  parut  d'abord  agréable; 
mais,  atteint  de  la  fièvre  jaune,  il  succomba  aux 
suites  de  cette  affreuse  maladie,  dans  le  mois 
de  juin  1850.  Basadonna  n'était  pas  seulement  un 
chanteur  de  grand  mérite;  il  avait  de  l'esprit,  de 
l'instruction,  et  sa  conversation  avait  beaucoup 
d'agrément. 

BASANIER  (Martin),  mathématicien  et 
musicien,  qui  vivait  à  Paris  vers  la  fin  du  sei- 
zième siècle,  a  fait  imprimer  un  livre  inlitidé  : 
Plusieurs  beaux  secrets  touchant  la  théorie 
et  pratique  de  la  musique.  Paris,  1584.  Cet 
ouvrage  est  de  la  plus  grande  rareté. 

BASCH  (Sigismond),  professeur  de  philoso- 
phie, né  à  Juliusbourg,  dans  la  Silésie,  le  3  sep- 
tembre 1700,  mourut  le  2  avril  1771.  Il  fut  succes- 
sivement co-inspecteur  à  Christianstadt,  en  1730, 
archidiacre  ,  membre  du  consistoire  ,  premier 
prédicateur  de  la  cour  et  surintendant  général  à 
Hildburghausen,  en  1732,  puis  occupa  les 
mêmes  places  à  Weimar,  en  1756,  et  y  joignit 
les  fonctions  d'inspecteur  du  gymnase.  On  a  de 
lui  un  livre  de  chorals  et  la  préface  du  livre  in- 
titulé :  Von  der  Sprache  des  Herzens  im  Sin- 
gen  (Le  langage  du  cœur  dans  le  chant),  im- 
pritTié  en  1754. 

BASEGGIO  (LoRENzo),  né  à  Venise,  a 
composé  la  musique  de  Equivoci  del  caso,  Ve- 
nise, 1712;  et  Laomedonte,  Venise,  1715. 

BASEVI  (A.),  docteur  en  médecine  à  Flo- 
rence; écrivain  philosophe  et  amateur  de  mu- 
sique, est  auteur  de  deux  opéras,  dont  le  pre- 
mier, Romilda  ed  Azzelino,  fut  joué  sans  suc- 


262 


BASEVI  —  BASILI 


ces  au  llioùtre  Alfieri,  le  11  août  1840;  l'aufre, 
Eiirico  Odoardo,  fut  représenté  au  théâtre  de 
la  Pergola,  dans  l'été  de  1847,  et  eut  trois  re- 
présentations. M.  Basevi  a  fondé  à  Florence  un 
journal  de  musique  intitulé  l'Armonia,  dont  il 
est  le  rédacteur  principal.  Appréciateur  impartial 
des  ouvrages  du  compo'-ileur  Verdi,  il  a  publié  un 
livre  où  sont  exposées  ses  opinions  et  ses  idées 
à  ce  sujet,  sous  le  titre  de  Studio  sulle  opère  di 
Giusepi>e  Verdi;  Florence,  1859,  l  vol.  in-12. 

BASILI  (D.-Francesco),  né  à  Pérouse,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  fut  maître  de 
cliapelle  de  l'église  neuve  de  cette  ville.  En  1796, 
il  écrivit  pour  l'académie  des  Vnissoninn  drame 
qui  fut  exécuté  sous  le  titre  de  Santa  CeciUa 
Vergine,  et  peu  de  temps  après  un  oratorio  in- 
titulé :  /  Martiri. 

BASILI  ou  BASILY(D. -André),  composi- 
teur de  l'école  romaine,  fut  maitrede  cliapelle  de 
l'église  dcLorette,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  etmouruten  1775.  lia  beaucoup  écrit  pour 
l'église.  Je  possède  huit  messes  à  quatre  voix  de  ce 
maître,  en  manuscrit,  et  deux  à  huit  voix.  Dans 
la  bibliothèque  musicale  de  l'abbé  Santini,  à 
Rome,  on  trouve  des  motets  à  trois,  quatre  et 
cinq  voix  de  Basili,  un  Salve  Reyina,  en  deux 
canons  doubles;  deux  Clmstiisfaclus  est,  à  qua- 
tre ;  un  Miserere  à  huit,  et  un  autre  à  douze. 
Ce  maître  a  fait  graver  sur  cuivre  un  ouvrage 
composé  pour  ses  élèves,  sous  ce  titre  :  3Iusica 
nniversale  armonico-pratica ;  Venise,  Alessan- 
di  i,  in-fol.  (s.  d.).  Cet  ouvrage  consiste  en  vingt- 
quatre  exercices  majeurs  et  mineurs  pour  le  cla- 
vecin. Chaque  exercice  est  composé  d'une  basse 
cliiifrée  pour  l'accompagnement,  d'une  fugue  et 
d'une  sonate.  Les  basses  (  partimentï)  et  les 
fugues  ont  du  niérife,  quoiqu'on  y  remarque  de 
la  sécheresse  ;  mais  les  sonates  sont  de  pauvres 
compositions  dépourvues  d'idées.  J'ai  attribué 
par  erreur,  dans  la  première  édition  de  cette 
Biographie,  à  André  Basily  le  Miserere  à  8  voix 
avec  un  verset  à  seize  publié  chez  Breitkopf  et 
Haertel,  à  Leipsick,  et  chez  Ricordi,  à  Milan  : 
celte  œuvre  appartient  à  son  (ils  (Voyez  la  no- 
tice suivante). 

BASILI  (François),  ou  Basily,  fils  du  pré- 
cédent, est  né  à  Lorette,  au  mois  de  février  17G6. 
Ayant  perdu  son  père  à  l'âge  de  neuf  ans,  il  fut 
conduit  à  Rome,  et  se  livra  à  des  études  de  mu- 
siquequ'il  termina  sous  la  direction  de  Jannaconi, 
savant  compositeur  de  l'école  romaine.  Jeune 
encore,  il  obtint  une  place  de  maître  de  chapelle 
à  Foligno  :  ce  fut  alors  qu'il  commença  à  éarire 
pour  le  thi'âtre.  Son  prenn'er  ouvrage  en  ce  genre 
fut  la  cantate  ù'Ariuna  e  Teseo.  Il  n'était  âgé 
([ue  de  vingt-deux  ans  lorsqu'il  donna  à  Milan, 


eu  178S,ia  Bella  incognita,  qui  plut  beaucoup 
aux  liahitants  de  cette  ville.  Cet  ouvrage  lut 
suivi  de  La  Locaridiera,  farce  qu'on  représenta 
avec  succès  à  Rome;  puis  Basily  écrivit  pour 
Florence  les  ojiéras  <\'Achille  neW  assedio  di 
Troja,  représenté  au  théâtre  de  la  Pergola,  dans 
le  carnaval  de  1798,  et  de  il  lUiorno  d'Uli/sse 
au  même  lhëàtre,dans  l'auiomne  de  1799.  A 
Venise,  il  fit  représenter  Anligona,  qui  fut  bien 
accueillie.  Quelque  temps  après,  il  quitta  FolLgno 
pour  la  place  de  maître  de  chapelle  de  Mace- 
rata.  C'est  vers  ce  temps  qu'il  écrivit  pour  le 
théâtre  S.  Mosè  de  Venise  l'opéra  bouffe  inti- 
tulé Conviene  adatiarsi,  dont  le  succès  fut 
brillant,  et  VUnionevial  pcnsata,  (iirce  qui  lut 
moins  heureuse  au  théâtre  San  Benedetlo.  Lo 
Stravagantc  e  il  Dissipatore ,  écrit  pour  les 
deux  bouffes  célèbres  Rafanelii  et  Bassi,  et  re- 
présenté au  i)rintemps  de  1802,  n'eut  pas  le  suc- 
cès que  semblait  promettre  le  talent  de  ces 
deux  artistes  et  le  mérite  du  compositeur. 
Quelque  temps  après,  Basily  se  maria  avec  une 
dame  riche  de  iMacerata,  dont  il  eut  un  (ils  et 
cinq  fdles.  Sa  nouvelle  fortune  lui  fit  quitter  la 
profession  de  la  musique,  et  cet  art  ne  fut  plus 
pour  lui  qu'un  délassement.  Des  chagrins  do- 
mestiques l'ayant  ensuite  obligé  de  se  séparer  de 
sa  femme,  il  dut  rentrer  dans  sa  première  car- 
rière, et  la  |)lace  de  maître  de  chapelle  de  la 
SantaCasa,  de  Lorette,  qu'avait  occupée  son 
père,  étant  devenue  vacante,  il  l'accepta.  Son  re- 
tour à  la  musique  fut  signalé  par  deux  opéras, 
rira  d'' Achille,  écrit  pour  la  Malanotte  et  re- 
présenté au  carnaval  de  1817,  et  VOrfuna  cgi- 
ziana,  qui  furent  applaudis  avec  chaleur  à  Ve- 
nise. Isaura  e  Ricciardo,  qui  fut  joué  à  Rome 
peu  de  temps  après,  n'obtint  que  trois  représen- 
tations. Appelé  à  Milan  dans  l'année  1818,  Basily 
y  lit  représenter,  le  27  janvier,  un  opéra  dont  le 
poëme  était  de  Romani,  et  qui  avait  pour  titre  : 
gV  Ilienesi.  Le  21  août  suivant  il  donna  aussi 
au  théâtre  de  la  Scala,  il  Califfoela  Schiava, 
poésie  du  même  auteur.  Enfin,  dans  lecarêmede 
1824,  Basily  donna  au  lliéâtre  Saint-Charles,  àNa- 
ples,  l'oratorio  dramatique  //  Sansone,  dont  les 
rôles  principaux  étaient  écrits  pour  Nozzari  et  La- 
blache.  Basily  a  écrit  aussi  beaucoup  d'œuvres 
de  musique  d'église,  parmi  lesquels  on  remarque 
une  messe  de  Requiem,  avec  orchestie,  qui  a 
été  exécutée  dans  l'église  des  Douze-Apôtres,  à 
Rome,  pour  les  obsèques  de  Jannaconi,  le  23 
mars  18IG.  En  1827,  Basily  a  été  nommé  cen- 
seur du  conservatoire  inqiérial  de  musique  de 
Milan.  Après  avoir  occupe  cette  place  pendant 
dix  ans,  il  fut  appelé  à  Rome  par  le  rhapitie  de 
Saint-Pierre  du  Vatican,  pour  succéder  a  iioja- 


BASILI 


263 


vanli,  en  qnalilé  de  maître  de  cliapelle  de  cette 
éf^lise.  Il  prit  possession  de  cet  emploi  au  mois 
d'août  1837,  et  l'occupa  jusqu'à  sa  mort,  qui  ar- 
riva le  25  mars  18bO,  à  Và\2,e  de  quatre-vingt- 
trois  ans.  Au  mois  d'août  1841,  j'avais  vu, cet 
artiste  remarquable  à  Rome,  et  avais  éprouvé 
un  sentiment  pénible  de  l'isolement  où  il  vivait 
dans  un  âge  avancé,  découragé  (ju'il  était  de  ne 
pouvoir  faire  la  restauration  de  la  bonne  musi- 
que d'église,  en  l'absence  de  moyens  (rexéculion 
suffisants.  Ce  qu'il  me  dit  alors  de  l'ignorance 
des  musiciens  de  cette  chapelle  était  quelque 
chose  d'inouï  pour  moi  ;  elle  était  telle,  que,  di- 
sait-il, il  ne  pouvait  leur  faire  entreprendre  l'é- 
tude de  ses  propres  ouvrages,  et  qu'il  était  oblii;é 
de  leur  faire  chanter  les  choses  qu'ils  avaient 
dans  la  mémoire.  L'abbé  Santini,  qui  m'accom- 
pagnait dans  la  première  visite  que  je  fis  à  Basily, 
confirma  ces  faits  par  son  témoignage.  Si  les 
musiciens  de  la  chapelle  de  Saint- Pierre  du  Va- 
tican n'étaient  pas  arrivés  à  ce  degré  d'inhabileté, 
ce  grand  artiste,  bien  <)u'âgé  de  soixante-quatorze 
ans  alors,  aurait  été  capable  encore  d'y  faire  re- 
naître les  beaux  jours  de  l'art;  car,  malgré  la 
goutte  qui  paralysait  en  partie  ses  doigts,  il  vou- 
lut improviser  pour  moi  sur  un  vieux  piano  placé 
dans  sa  chambre,  et  je  fus  frappé  de  la  jeunesse 
de  ses  idées,  de  son  excellent  sentiment  d'har- 
monie, et  du  feu  qu'il  mettait  dans  son  exécu- 
tion. Lorsque  je  le  quittai,  il  me  dit  qu'il  voulait 
écrire  une  symphonie  qu'il  désirait  que  je  fisse 
exécuter  par  l'orchestre  du  conservatoire  de 
Bruxelles.  Quelques  mois  après,  je  reçus  en  effet 
le  manuscrit  original  de  cette  (Kuvre,  que  je 
conserve  précieusement  :  L'ouvrage,  dans  le  style 
de  Haydn,  fut  répété  plusieurs  fois,  et  produisit 
un  très-bon  effet.  On  a  gravé  quelques-unes  de 
ses  compositions  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
lo  Une  fugue  pour  le  piano;  Milan,  Ricordi.  — 
2"  Une  sonate  pour  le  même  instrument,  ibid. 
3°  Deux  fugues,  idem,  ibid.  —  4o  Ave  Maria  a 
tre  voci  e  piano  forte,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel.  —  5°  Kyrie  a  quattro  brève,  coW  ac- 
comp.  di  piano,  ib.  —  C^  OJfertoire  à  quatre 
voix  et  orgue,  ibid.  —  7°  Miserere  ad  otto  voci 
concerlati  cou  repieni  ed  un  versetto  a  sedici 
renli;  Milan,  Ricordi,  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel.—  8°  Confitebor...  SalmoCX  a  quattro 
voci  cou  grande  orchestra  ;  Milan,  Ricordi. 
—  i)°  Invitatoria  del  Mattulino per  la  Nali- 
vità  di  N.  S.,  a  quattro  voci  concertate  oolP 
organo;  ibid.  —  10°  Responsori  del  mattutlno 
per  la  Natività  di  N.  S.  a  A  voci  colV  organo; 
ibid.  —  11°  Magnificat,  a  otto  voci  con  l'or- 
gano;  ibid.  —  IS»  La  Salutazione  angelica, 
ossla  l'Ave  Maria,  a  quattvo  voci  colV  or- 


gano;  ibid.  —  13"  Motelto  ossia  offertorio, 
/irr  rnrc  di  luis'so  con  nrcnmp.  d''organo  ;  ibid. 
—  14o  Aurca  luce,  inno  ad  otto  voci  coW  or- 
gano; ibid.  —  15°  Quatre  fugues  à  quatre  mains 
pour  le  piano;  ibid.  —  16°  Thème  et  variations 
pour  le  piano  ;  ibid.  —  17<»  Ouverture  de  l'opéra 
gli  Illinesi ;  idem  ,  ibid. —  18°  Idem  de  Plîa 
d'' Achille;  idem  ,  ibid.  —  19"  Idem  de  Sansone, 
idem,  ibid.  —  20°  Première  Symphonie  à  grand 
orchestre,  dédiée  à  Rossini;  ibid.  — 21°  Sol- 
fèges pour  basse,  composés  pour  les  élèves  du 
conservatoire  de  Milan;  en  trois  livres;  ibid.  — 
22°  Quelques  airs  et  duos  des  opéras  Antigone, 
il  Califfoela  Schiava,  gV  Illenesi,  lo  Strava- 
gante  ed  il  Dissipatore,  et  Sansone;  ibid.  Les 
œuvres  de  musique  d'église  laissés  en  manus- 
crit par  Basily,  et  dont  les  originaux  ont  été 
trouvés  chez  lui  après  sa  mort,  sont  en  nombre 
immense;  en  voici  l'indication  abrégée  :  Mes- 
ses. t°  Kyrie  et  Gloria  brefs  (en  50/  mineur) 
à  quatre  voix  et  orgue.  —  2°  Idem  concertés  à 
quatre  voix  et  orgue  (en  si  bémol),  divisés  en  dix 
morceaux.  —  3°  idem  à  quatre  voix  concertés  et 
orgue  (en  50^  mineur),  divisée  en  onze  morceaux. 

—  40  idein  en  pastorale  à  quatre  voix  et  orgue 
(en  fa  mineur),  divisés  en  dix  morceaux.  — 
5°  idem  à  quatre  voix  et  orgue  ou  orchestre 
(en  ut  mineur),  divisés  en  douze  morceaux.  — 
6°  Idem  à  quatre  voix  et  orgue  (en  ré  mineur), 
divisés  en  douze  morceaux.  —  1°  Kyrie,  Gloria, 
Credo,  Sanctus  et  Agnus  Dei,  à  quatre  voix  et 
orgue  (en  ut).  —  80  Kyrie  et  Gloria  à  quatre 
voix  et  orgue  (en  ré  mineur),  divisés  en  onze 
morceaux.  —  9°  Kyrie  et  Gloria  à  huit  voix, 
orgue  et  grand  orchestre  (en  mi  bémol),  divisés 
en  neuf  morceaux.  —  10«  Kyrie  et  Gloriahrck, 
avec  le  Ciedo,  le  Sanctus  et  l' Agnus  Dei  à  qua- 
tre voix  et  orgue  (en  ré  majeur),  en  un  seul 
morceau  chacun. —  11°  Kyrie  et  Gloria  solen- 
nels à  quatre  voix  et  orgue  (en  sol),  divisés  en 
dix  morceaux.  —  12o  Idein  à  quatre  voix  et 
orgue  (enré  mineur),  divisés  en  dix  morceaux. 

—  13°  Idem  à  huit  voix  et  grand  orchestre 
mi  bémol),  divisés  en  dix  morceaux.  Très-belle 
composition.  —  14o  Kyrie,  Gloria,  Credo,  Sanc- 
tus et  Agnus  Dei  à  trois  voix  (deux  ténors  et 
basse)  avec  orgue  «rf  libitum  (en  la  mineur).  — 
16"  Kyrie  et  Gloria  brefs  à  quatre  voix  et  orgue 
(en  sol),  en  un  seul  morceau.  —  16°  Kyrie  et 
Gloria  à  huit  voix,  en  deux  chœurs, orgue  et  or- 
chestre (en  mi  mineur),  divisés  en  dix  morceaux. 

—  17°  Kyrie  et  Gloria  à  quatre  voix  et  orgue 
(en  ré  mineur),  divisés  en  dix  morceaux.  — 
18°  Kl/rie  et  Gloria  à  quatre  voix  et  orgue  (en  mi 
bémol)  divisés  en  douze  morceaux.  —  l!)o  Idem 
à  quatre    voix  concertées  et  otcheslrc  (en  sol). 


2G4 


BASILI 


—  20»  Grande  messe  3e  Requiem  à  quatre  voix 
et  grand  orchestre  (en  fa  mineur).  Très-bel  ou- 
vrage.—  210  Messe  de  Requiem  pour  des  cou- 
vents de  religieuses,  à  treis  voix  (deux  soprani 
et  contralto)  avec  orgue  (en  la  mineur).  — Gra- 
DDELS  :  Six  graduels  à  quatre  voix  et  orgue  (en 
si  bémol,  en  fa,  en  ré,  en  ut ,  en  mi  bémol). 

—  Six  graduels  pour  diverses  voix  de  solo,  avec 
orgue  ou  orchestre.  —  Séquences  :  1°  Victimae 
Paschali  à  quatre  voix  concertées  et  orgue  (en 
si  bémol).  —  1°  Deux  Veni  Creator  à  quatre 
voix  et  orgue  (  tous  deux  en  si  bémol).  —  3°  Si 
quœris  bénéficia  à  quatre  voix  et  orchestre  (en 
si  bémol).  —  4°  Si  quseris  miracula  à  quatre 
voix  et  orgue  (en  sol).  —  5°  Responsario  de 
saint  François  de  Paule  à  deux  ténors  et 
basse  avec  orchestre  (en  si  bémol) .  —  6°  Tota 
Pulchra  pour  deux  soprani  et  contralto  avec 
orgue,  pour  des  couvents  de  religieuses.  — 
Credo  :  \°  Credo  à  quatre  voix,  orgue  et  or- 
chestre (en /a).  —  2"  Credo  à  quatre  voix,  or- 
gue et  orchestre  (en  ut).  — Offertoires  : 
1°  Soixante  offertoires  pour  différentes  voix  de 
solo  et  orgue.  —  2°  Treize  idem  à  quatre  voix  et 
orgue.  —  3°  Un  idem,  à  cimi  voix  et  orgue.  — 
4°  Deux  idem  à  six  voix  et  orgue.  —  5°Deuxi(;fewt 
à  huit  voix  et  orgue.  —  Motets  :  l"  Un  motet  à 
huit  voix  et  orgue.  —  2"  Quatre  idem  à  quatre 
voix  et  orgue.  —  3o  Deux  idem  à  trois  soprani, 
contralto ,  ténor  et  orgue.  —  4o  Un  idem  à  deux 
soprani,  contralto  et  chœur  de  voix  de  femmes 
avec  orgue.  —  5°  Un  idem  à  deux  soprani  et 
orgue.  —  6»  Deux  idem  pour  voix  de  basse  et 
(«chestre.  —  7»  Deux  idem  pour  voix  de  soprano 
et  orchestre.  —  Introït  :  Deux  Introït  à  quatre 
voix  et  orgue.  —  Antiennes  :  1°  Tu  es  Petrus  à 
huit  voix  et  orgue.  —  2°  Tu  es  Petrus  à  quatre 
voix  et  orgue.  —  3'  Magi  videntes  stellam, 
pour  voix  de  basse  et  orgue.  —  Vêpres  :  1°  Do- 
mine ad  adjuvendum  bref  (en  itt)  à  quatre 
voix  ,  orgue  et  orchestre.  —  2°  idem  (  en  ré  ) 
idem.  —  3"  idem  (en  ré  mineur  ),ïrfem.  —  Psau- 
mes :  l"  Trois  Dixit  à  quatre  voix  et  orgue 
(en  la,  en  si  bémol,  en  sol).  —  2°  Trois 
Diocit  à  quatre  voix  ,  orgue  et  orchestre  (en  mi 
bémol,  en  ré  et  en  si  bémol).  — 3°  Un  Dixit 
à  huit  voix  et  orgue.  —  4»  Grand  Conjitebor  à 
quatre  voix  de  solo  ,  chœur  et  grand  orchestre. 

—  50  Confitebor  bref  à  quatre  voix,  orgue  et 
instruments.  —  6°  Deux  Beatns  Vir  à  huit  voix 
et  orgue.  Beatur  Vir  pour  soprano  et  chœur 
avec  orgue.  —  7°  Trois  Laiidate  pueri  à  quatre 
voix  concertées  et  orgue  (en  fa,  si  bémol  et 
la).  —  8°  Laudate  pueri  à  huit  voix  et 
orgue.  —  90  Lsetatus  sum  à  quatre  voix  et 
grand  orchestre.  —  10"  Laudate  Dominum  à 


quatre  voix,  orgue  et  orchestre.  —  tl"  Landa 
Jérusalem  bref  à  quatre  voix,  orgue  et  orches- 
tre. —  12°  Neuf  psaumes  brefs  sur  le  plain-chant, 
et  deux  Magnificat,  idem.  —  IS"  Benedictris 
Dominus  Deus  meus  à  quatre  voix  et  orgue.  — 
14°  In  exitu,  en  style  dramatique  pour  exécuter 
dans  des  concerts  spirituels  ,  à  quatre  voix  de 
chœur,  solos ,  récitatifs  avec  grand  orchestre. 
— Magnificat  :  1"  Magnificat  bref  à  qtiatie  voix 
concertées  et  orgue.  —  2°  deux  Magnificat  à  qua- 
tre voix,  orgue  et  orchestre  (  en  si  bémol,  et  en 
fa).  —  30  Magnificat  à  huit  voix  et  orgue.  — 
4°  Lauda  anima  mea  Dominum  bref,  à  quatre 
voix  et  orgue.  —  5o  Les  cinq  Antiennes  de  Vêpres 
pour  l'église  Saint-Pierre  à  voix  solo  avec  chœur 
et  orgue.  —  Hymnes:  l"  Urbs  beata  Jérusalem 
à  4  voix  et  orgue.  —  1°  Aurea  luce  à  huit  voix  et 
oigue.  —  3°  Iste  confesser  à  quatre  voix  et  or- 
cliestre.  —  4°  Jesu  Redemptor  omnium kquaUe 
voix  et  orgue.  —  5°  En  gratulemur  liodie ,  à 
quatre  voix  et  orgue.  —  C»  0  Ludovice  angelice, 
pour  voix  de  basse,  chœur  et  orgue.  —  1°  Deux 
Te  Deum  à  quatre  voix  et  orchestre.  —  8°  Ave 
Maris  Stella  à  quatre  voix  et  orgue.  —  9°  Ave 
Maris  Stella  à  quatre  voix,  orgue  et  orchestre. 
—  10"  Sept  Tantupi  ergo  pour  différentes  voix 
solo  avec  orgue  et  diverses  combinaisons  d'ins- 
truments.—  \\.o  Tantum  ergo  à  cinq  voix  et 
orchestre.  —  12°  Tantum  ergo  à  quatre  voix 
et  orchestre.  —  Litanies  :  \°  Deux  litanies  de 
la  Vierge  à  quatre  voix,  orgue  et  orchestre  (en 
la  majeur  et  en  si  mineur).  —  2°  Litanie  inti- 
tulée :  Salus  infirmorum,  à  cinq  voix  de  solo, 
chœur,  orgue  et  orchestre.  —  3°  Litanie  carac- 
téristique tirée  du  thème  en  usage  parmi  les 
pèlerins  qui  visitent  la  Santa  Casa  de  Lorctte, 
à  huit  voix  en  deux  chœurs,  l'un  de  voix  d'hom- 
mes ,  l'autre  de  voix  de  femmes ,  avec  orgue  et 
orchestre.  —  4»  Litanie  des  saints  à  quatre  voix, 
orgue  et  orchestre.  —  5°  Litanie  à  quatre  voix 
principales ,  quatre  voix  dites  de  voncerto ,  et 
quatre  voix  di  pieno,  formant  douze  parties  réel- 
les avec  orgue.  Ouvrage  que  j'ai  vu  à  Rome,  et 
dont  la  facture  est  admirable.  —  6°  Litanies  brè- 
ves à  quatre  voix  et  orgue.  —  Antiennes  de  l4 
Vierge  :  1°  Onze  Salve  Regina  pour  différen- 
tes voix  de  solo,  avec  orgue  ou  orchestre.  — 
2°  Sept  Ave  Regina  Cœlorum,  pour  différentes 
voix  de  solo  et  orgue.  —  3°  Alma.Redemptoris 
pour  ténor  solo ,  chœur  et  orchestre.  —  i°  Re- 
gina Cœli  pour  basse,  chreur,  orgue  et  orches- 
tre. —  Musique  a  Capella  sans  accompagnement  : 
l''  Oraison  de  Jérémie  (Incipit  Oratio)  pour 
trois  soprani,  contralto  et  ténor.  —  2°  Christus 
à  quatre  voix  (en  fa).  —  3°  Christus  à  cinq 
voix  soli  (en  fa).  —  4"  Miserere  à  huit  avec 


BASILI  —  BASSANI 


205 


lin  verset  à  seize.  C'est  celui  qui  est  publié.  — 
5°  Miserere  à  quatre  voix  chorales.  Ouvrage  d'iin 
grand  effet.  —  6°  Miserere  pour  deux  soprani 
et  contralto  avec  orgue .  pour  les  couvents  de 
religieuses.  Outre  tous  ces  ouvrages,  Bas%  a 
laissi^  beaucoup  d'airs  d'église  séparés,  avec  or- 
gue ou  orchestre,  trois  quatuors  pour  deux  vio- 
lons,  alto  et  violoncelle,  et  trois  symphonies  à 
grand  orchestre. 

BASILI  ou  BASILY  (  B.vsilio  ),  fils  du  pré- 
cédent, néà  Macerata,  en  1 803,  a  débuté  comme  té- 
nor au  théâtre  de  Ferrare  en  1 856,  et  se  fitentendre 
sur  plusieurs  autres  scènes  dans  les  années  suivan- 
tes. Il  se  rendit  ensuite  au  Brésil,  où  il  chanta 
pendant  plusieurs  années  ;  puis  il  se  fixa  à  Ma- 
dnd,  en  qualité  de  professeur  de  chant.  En  1844, 
il  y  était  entrepreneur  de  l'Opéra  italien.  Deux 
ans  après,  il  fit  représenter  un  opéra  de  sa  compo- 
sition, en  langue  espagnole,  sous  ce  titre  :  El 
Diablo  predicator,  qui  eut  quelque  suscès. 

BASLER  (Charles),  professeur  de  musique 
àOppenheimsurle  Rhin,  dans  le  duché  de  Darm- 
sfadt,  n'est  connu  que  par  une  méthode  pratique 
pour  étudier  l'harmonie  au  moyen  d'un  tableau 
sphérique  qui  indique  la  position  de  tous  les  tons 
et  les  passages  de  l'un  à  l'autre,  par  la  simple  suc- 
cession de  l'accord  parfait,  de  celui  de  septième  et 
de  ses  dérivés;  enfin,  de  l'accord  de  quinte  et  sixte. 
Des  cartons  découpés  de  diverses  formes,  dont  la 
base  est  toujours  appuyée  sur  l'accord  parfait  du 
ton  primitif,  donnent  les  solutions  des  problèmes 
de  successions.  L'ouvrage,  qui  renferme  l'ex- 
plication de  la  méthode,  le  tableau  et  les  cartons 
mobiles,  a  pour  titre  :  Reisekarle  filr  das  Reicli 
der  Tône,  oder  bildliche  Darstellung  der  Ton 
verwandtschajten  (Carte  de  voyage  pour  l'em- 
pire des  tons,  ou  tableau  figuré  de  la  patenté  des 
tons).  Carlsruhe,  Bielefeld  ,  1S50,  in-4°  avec  le 
tableau  et  les  cartons.  Une  traduction  anglaise, 
par  M.  G.  French  Flowers,  organiste  de  l'église 
Saint-Jean,  àPaddington,a  paru  en  même  temps 
que  l'ouvrage  original,  sous  ce  titre  :  Pictorical 
représentation  of  the  science  ofharmony  and 
ilie  relationship  of  cords.  Lomlres,  1850,  gr. 
in-4' ,  très-élégamment  imprimé  et  accompagné 
du  tableau  et  des  cartons  découpés. 

BASSAIVI  (.Jean),  ou  BASSANO,  musicien 
au  service  de  la  Serenissima  Signoria  de  Venise, 
et  maître  de  musique  du  séminaire  de  Saint- 
Marc,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-septième. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  -.  1'^  Concerli 
ecclesiastici  a  b,  6,  7,  s  e  12  voci,  libro  1°  ;  Ve- 
nezia,app.  Giac.  Vincenii,  1598, in-4". —  Idem, 
libro  2°  ;  ibid.,  1599,  in-4°.  —  loCanzonette  a  4 
voci;  Venezia,  1587,  in-4°.  Bodenchatz  a  inséré 


un  motet  à  huit  voix  ,  de  la  composition  de  Bas- 
sani ,  dans  ses  Florilegii  mtisici  portensis. 

BASSANI  (Jean-Baptiste),  néà  Padoue  vers 
1657,  fut  élève  du  père  Castrovillari,  cordelier. 
Après  avoir  été  maître  de  chaitelle  de  l'église  ca- 
thédrale de  Bologne  pendant  plusieurs  années, 
ilaccepla,  en  1685,  la  place  de  maître  de  chapelle 
à  Ferrare.  Il  y  fut  membre  de  l'Académie  délia 
Morte,  et  mourut  dans  cette  ville  en  1716.  L'A- 
cadémie des  Philharmoniques  de  Bologne  l'avait 
admis  dans  son  sein  en  1677,  et  il  en  avait  été 
prince  en  1682.  Ses  compositions  religieuses, 
dramatiques  et  instrumentales  lui  assurent  une 
place  distinguée  parmi  les  plus  habiles  mu.siciens 
de  son  temps.  Il  fut  aussi  grand  violoniste,  et  eut 
pour  élève  le  fameux  Conili.  Ses  ouvrages  fu- 
rent publiés  de  IGSO  à  1710  ;  ils  se  compo.sent 
de  six  opéras  et  de  trente-un  œuvres  de  musique 
religieuse  et  instrumentale.  Voici  les  titres  de  ses 
opéras:  Falaride,  tirarino  d'Agrigente,  h\e- 
nise,  en  1684;  Amorosa  preda  di  Paride,  Bo- 
logne, 1684  ;/lZi7rico,  rerfe'  Coi;,  Ferrare,  1585  ; 
Ginevra,  infanta  di  Scozzia,  Ferrare,  rc90; 
il  Conte  di  Bacheville,  Pisfoie,  i696;  La  Morte 
delusa,  Feriare,  1696.  Ses  autres  ouvrages  sont  : 
—  1°  Sonate  da  caméra,  cioè  balletti ,  cor- 
renti,  gighe  e  sarabande  a  violino  e  violone 
ovvero  spinetta ,  con  il  seconda  violino  a  be- 
neplacito,  opéra  prima;  Bologne,  1693.  C'est 
une  réimpression.  —  2°  Ricercate,  passagi  e 
cadentie;  Venise,  Gia.  Vincenti  et  Rie.  Amadino, 
1685,in-fol.  —  3"  V Armonia délie  Sirène, can- 
tate amorose  musicaliavoce sola,  op.  2%-  ibid., 
1692  ,  in-4°  oBI.  in  partit.  — 4°  Cantate  a  voce 
sola,  op.  3"  ;  Bologne,  1698,  in-4''  ohl.  —  5"  La 
Moralità  armonica,  cantate  a  due  e  tre  voci, 
op.  4";  ib.;  1700  in-4°  obi.  —  6"  Dodici  sonate 
a  due  violini  e  basso  ,  op.  h^.  Cet  ouvrage  e,st 
excellent;  le  style  en  est  noble,  pathétique,  et  la 
facture  élégante  et  pure.  —  7°  A/fctti  canori, 
cantate  ed  ariette,  op.  6";  Bologne,  1697, in-4" 
obi.  in  partit.  —  8"  Eco  armonica  délie  muse, 
cantate  amorose  a  voce  sola  ,  op.  l'^;ibid., 
1694,  in-4°  obi.  in  partit.  —  9°  Resi  armo- 
nici  in  motteti  a  voci  sola  con  violini,  opéra 
ottava, in  Venezia,  Gia.  Vincenti,  1691,  in-4°. 
Des  exemplaires  de  cette  édition,  dont  a  on  changé 
le  frontispice,  portent  l'indication  d'Anvers,  et 
la  môme  date.  C'est  ce  même  ouvrage  qui  a 
été  ensuite  réimprimé  sous  ce  titre  :  Metri  sacri 
armonici  in  motetti  a  voce  sola  con  violini. 
op.  8";  ib.,  1696,  in-4°.  —  10"  Armonici  Entu- 
siasmï  di  Davide,  ovvero  Salmi  concertati  à 
Quattro  voci,  con  violini  e  suoi  ripieni,  con 
allri salmi  a  due  e  tre  voci  e  violini;  Venise  , 
1695  et  lC98,in-4°.  —  \\"  Salmi  di  compléta 


266 


BASSANI  —  BASSI 


a  tre  e  quattro  voci,  con  violini  e  ripieni,  op. 
10°;  ibid.,  1691,  in-4°.  —  12°  Concerti  sacrï , 
molelti  a  una,  due,  ire  e  quattro  voci  con  vio- 
lini e  senza,  op.  10",  Bologne ,  1697,  in-4°.  — 
1 3"  Motetti  a  voce  sola  con  violini ,  op.  1 2°  ; 
Venise,  1700,  in-4°,  in  partit.  —  14°  Armonie 
festive,  o  siano  motetti  sacri  a  voce  sola,  con 
violini, op.  1-3'*;  Bologne,  1696,  in^".  —  Xh"  Amo- 
rosi  sentimenti  di  cantate  a  voce  sola,  op.  14"; 
A^enise,  1696,  in-4°  obi.  in  partit.  —  16°  Ar- 
moniche  fantasie  di  cantate  amorose  a  voce 
sola,  op.  15^;  Ibid.,  1694,  in-4°  in  partit.  — 
17°  La  Musa  armonica,  cantate  amorose  mu- 
sicali  a  voce  sola,  op.  16";  Bologne,  1695,  in-4° 
obi.  —  IS»  La  Sirena  amorosa,  cantate  a  voce 
sola  con  violini,  op.  17"  ;  Venise,  1699,  in-4o.  — 
19°  Tre  messe  concertate  a  quattro  e  cinque 
voci,  con  violini  e  ripieni,  op.  18";   Bologne, 

1698,  in-4°.  —  20»  Languidezza  amorosa,  can- 
tate a  voce  sola,  op.  19";  ibid.,  1698.  —  21° 
Messa  per  gli  defunti  a  quattro  voci  con  viole 
e  ripieni,  op.  20",in-4°;  ibid.,  1698.—  22°  Sal- 
mi  concertati  a  due,  tre,  quattro  e  cinque 
voci  con  violini  e  ripieni,  op.  21",  in-4'';  ibid., 

1699.  — 23°  Lagrime  armoniche,  ossia  il  Ves- 
pero  de  defunti,  a  quattro  voci,  con  violini  e 
ripieni,  op.  22"  ;  Venise,  1699,  in-4o.  —  24"  Le 
notti  luguhri  concertate  ne'  responsori  delV 
uffizio  de''  morti ,  a  quattro  voci  con  viole  e 
ripieni,  op.  23";  Venise,  1700,  in-4o.  — 25"  Da- 
vide  armonico  cspresso  ne'  salmi  di  mezzo , 
concertati  a  due  e  tre  voci ,  con  violini  per 
tutto  Vanno,  op.  24";  Venise,  1700  ,  in-4°.  — 
26°  Compietori  correnti  a  quattro  voci  con- 
certate, con  violini  e  ripieni  a  beneplacito.op. 
25";  Bologne,  1701,  in-4°.  —  27°  Antifone  sacre 
a  voce  sola  con  violini  per  tzitto  Vanno,  e  due 
Tantumergo,  op.  26";  ib.,  1701,  iH-4°.  —  28° 
Motetti  sacri  a  voce  sola  con  violini ,  op.  27"  ; 
ib.,  1701,  in-4°.  — 29''  Cantate  amorose  a  vo- 
ce sola,  op.  28",  in-4°,  obi.  in  partit.;  Bologne, 
1 70 1 . — 30°  Corona  difiori  musicali,  ossia  XXIV 
arie  a  voce  sola,  con  dite  violini,  op.  29''';  Bo- 
logne, 1702.  —  31o  Cantate  amorose  a  voce 
sola  con  violini,  op.  31";  Bologne,  1705.  — 
32°  Misse  concertate  a  quattro  voci,  violini  e 
ripieni,  con  una  Messa  per  i  defonti  op.  32", 
Bologne,  Silvani,  1710,in-4°.  La  bibliotbèqne 
impériale  de  Paris  possède  quatre  messes  à  quatre 
et  cinq  voix,  ainsi  que  des  motets  et  des  anlien- 
nes  de  cet  auteur,  le  tout  en  manuscrit.  On  trouve 
aussi  de  Bassani,  à  la  Bibliothèque  royale  de  Ber- 
lin ,  en  manuscrit  :  1°  Messa  canonica  4  vo- 
cum  cum  basso  continua.  —  2°  Le  motet  à  qua- 
tre voix  Jesu  salus  peccatorum.  — ^i"  De  pro- 
fanais à  huit  voix  en  deux  chœurs. —  4°  Le  psaume 


Beatus  vir  à  quatre  voix  endeux  canons.  — 5°  Un 
recueil  de  messes  à  quatre  voix  concertanles, 
quatre  voix  de  r/piewo  et  six  instruments. 

BASSANI  (Jérôme)  ,  élève  de  Lotti ,  chan- 
teur distingué ,  compositeur  dramatique  et  ha- 
bile contrapuntiste ,  naquit  à  Venise ,  vers 
la  fin  du  dix-septième  siècle.  Il  a  composé  beau- 
coup de  messes,  de  vêpres,  de  motets,  et 
quelques  opéras ,  parmi  lesquels  on  remarque  il 
Bertoldo ,  représenté  à  Venise  en  17i8,  et  VA- 
mor  pcrforza,  dans  la  même  ville,  en  1721. 
Bassani  a  joui  de  la  réputation  d'un  très-habile 
maître  de  chant. 

BASSENGIUS,  ou  BASSENGE  (Egide), 
né  à  Liège  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut 
maître  de  chapelle  de  l'archiduc  Mathias  (Er- 
nest,  suivant  l'histoire),  qui  fut  élu  roi  de  Polo- 
gne en  concurrence  avec  Henri  de  Valois  (plus 
tard  roi  de  France  sous  le  nom  de  Henri  III). 
On  connaît  sous  le  nom  de  Bassenge  l'ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  Motectorum  quinque  ,  sex  , 
octo  vocum  liber  jyrlmus  ;  Viennœ  Austrix, 
excudebat  Leonhardus  Formica,  1591,  petit 
in-4°  obi. 

BASSI  (M.),  secrétaire  du  prince  de  Condé  , 
membre  de  la  société  des  Amateurs  fondée  et 
dirigée  (lar  Gossec,  a  publié  un  pamphlet  sur 
l'opéra  italien  que  Léonard  ,  coiffeur  de  la  reine, 
avait  essayé  d'établir  à  Versailles,  avant  que  ce 
speclacle,  qu'on  appelait  alors  les  Bouffons, 
fût  établi  à  Paris  à  la  foire  Saint-Germain.  Cette 
l)rocliure  a  pour  titre  :  Lettre  adressée  à  la  So- 
ciété Olympique,  à  l'occasion  de  l'Opéra  Bouf- 
fon italien  établi  à  Versailles  ;  Paris,  novem- 
bre 17S7,  24  pages  (  Voy.  le  Mercure  de  France, 
1787,  n°  51). 

BASSI  (Louis),  chanteur  distingué,  naquit  à 
Pesaro  en  1766.  ImIs  d'artistes  dramatiques,  il 
accompagna  ses  parents  à  Sinigaglia  ,  et  y  reçut 
des  leçons  de  musique  et  de  chant  de  Pietro  Mo- 
randi ,  élève  du  P.  Martini.  Ses  progrès  furent 
si  rapides,  qu'à  l'âge  de  treize  ans  il  chantait 
déjà  des  rôles  de  femme  dans  les  opéras  bouf- 
fons et  s'y  faisait  applaudir.  Le  désir  de  per- 
fectionner son  talent  lui  fit  abandonner  la  maison 
paternelle  lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-septième 
année ,  et  dès  lors  il  prit  la  résolution  de  pour- 
voir à  son  existence.  Arrivé  à  Florence,  il  y  trouva 
un  prolecteur  dans  le  chanteur  Pierre  Laschi, 
dont  il  reçut  de  bonnes  leçons,  et  qui  le  fit  dé- 
buter au  théâtre  de  la  Pergola.  Ce  même  Laschi 
lui  donna  une  lettre  de  recommandation  pour 
Dominique  Guardasoni,  entrepreneur  du  théâtre 
italien  de  Prague,  qui  l'admit  dans  sa  troupe 
chantante,  et  Bassi  commença  à  chanter  dans 
celte  ville,  au  mois  d'octobre  1734,  n'ayant  pas 


BASSI  —  BASTIAANS 


207 


encore  dix-neuf  ans.  Fii  peu  de  temps  il  devint 
l'idole  des  amateurs  (jiii  (i('(iiit'iilaient  iiabiliiel- 
lemciit  ce  tliéâtre.  Il  brilla  parliculièrement  dans 
il  re  Teodoro,  dans  le  Barbier  de  Sdville,de 
Paisieilo,  et  dans  la  Cosa  rara  ,  de  Martini.  Ce 
fut  pour  lui  que  Mozart  écrivit  le  rôle  de  Don 
Juan,  et  celui  du  (onite  Almaviva  dans  les 
Nozze  di  Figaro,  fendant  que  l'illustre  compo- 
siteur dirigeait  les  répétitions  de  son  immortel 
Don  Juan,  on  rapporte  que  Bassi  lui  demanda 
plusieurs  fois  qu'il  lui  fit  un  air  pour  remplacer 
le  rondo  fui'  che  dal  vino ,  qu'il  ne  croyait  pas 
susceptible  d'effet.  Mozart,  certain  de  ne  s'être 
pas  trompé  dans  la  composition  de  ce  morceau  , 
se  contentait  de  répondre  au  cbanteur  :  Atten- 
dez la  représentation  :  si  le  rondo  n'est  pas 
applaudi,  je  votis  en  écrirai  tni  autre.  Ce 
qu'il  avait  prévu  arriva  :  non-seulement  l'air  fut 
goûté,  mais  on  le  fit  recommencer.  Le  Don  Juan 
et  les  Nozze  di  Figaro  achevèrent  la  réputation 
de  Bassi  en  Allemagne,  et  pendant  plus  de  vingt 
an-!,  son  talent  lit  les  délices  de  la  liante  société 
de  la  Boliême.  La  situation  politique  de  l'Alle- 
magne Ht  fermer  le  théâtre  italien  de  Prague  on 
tSOti.  Dassi  avait  alors  quarante  ans.  Inconnu 
dans  sa  patrie,  il  était  trop  tard  pour  qu'il  y 
relournât  comme  chanteur,  et  la  modicité  de  ses 
aipointements  au  théâtre  de  Prague  ne  lui  avait 
pas  permis  de  faire  d'économies.  Dans  cette  si- 
tuation il  trouva  une  ressouice  inattendue  chez 
le  prince  de  Lobkowitz,  grand  amateur  des  arts, 
(|ui  le  prit  à  son  service.  Pendant  quelques  an- 
nées ,  Bassi  trouva  une  existence  agréable  chez 
ce  noble  seigneur,  passant  les  étés  dans  une  terre 
magnifique,  et  les  hivers  à  Vienne,  où  il  excita 
l'enthousiasme  en  1808,  dans  le  Barbier  de  Se- 
ville  de  Paisieilo.  Cette  situation  se  prolongea 
jusqu'en  1814;  mais  alors  des  économies  consi- 
dérables ayant  été  faites  dans  la  maison  du 
prince  de  Lobkowitz,  dont  la  grande  fortune  était 
obérée ,  Bassi  reçut  sa  démission.  Il  retoursia 
alors  à  Prague,  où  il  se  lia  d'amitié  avec  quel- 
ques artistes  distingués.  Dans  l'automne  de  1815, 
il  reçut  une  invitation  pour  donner  quelques  re- 
présentations au  théâtre  de  Dresde  ;  mais  sa  voix 
avait  perilu  beaucoup  de  son  timbre  et  de  sa  sûreté 
dans  les  intonations  :  l'effet  qu'il  produisit  ne 
répondit  pas  à  ce  qu'on  attendait  de  lui.  Ce- 
pendant la  direction  du  théâtre  traita  avec  lui 
pour  une  année.  Avant  que  ce  terme  lût  expiré 
Bassi  fut  nommé  régisseur  du  thcàtreitalien,  avec 
800  écus  de  traitement.  Il  conserva  cet  emploi 
jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  le  13  septembre  1825. 
Les  avantages  qui  distinguèrent  cet  artiste  furent 
une  belle  et  noble  figure ,  une  taille  élevée  et 
bien    proportionnée,  une  voix    dont   le  timbre 


était  égal  dans  toute  son  étendue  et  dont  l'é- 
mission, était  naturelle,  enfin  une  rare  intelligence 
de  la  scène. 

BASSI  (Nicolas),  excellent  bouffe  chantant, 
et  l'un  des  derniers  qui  ont  possédé  la  tradition 
de  l'ancienne  école,  naquit  à  Naples  eu  17C7 
Après  avoir  fait  de  brillants  débuts  à  Venise , 
en  1791,  il  chanta  à  Milan  l'année  suivante,  et 
y  fut  si  bien  accueilli,  qu'il  fut  rappelé  dans  cette 
ville  en    1793,  1794,  1808,  1810,  1816  et  1820. 

11  se  trouvait  à  Paris  en  1808,  et  chanta  avec 
beaucoup  de  succès  dans  il  Marco  Antonio,  de 
Pavesi.  11  est  mort  à  Vicence,  le  3  décembre 
1825.  Plusieurs  recueils  d'ariettes  italiennes  ont 
été  publiés  à  Vienne,  à  Paris  et  à  Milan,  sous  le 
nom  de  Bassi  :  ces  morceaux  ont  été  composés 
par  le  chanteur  qui  est  l'objet  de  cet  article. 

Un  autre  artiste  de  ce  nom  (  Vincent  Bassi) 
brilla  aussi  comme  basse  chantante  sur  les  théâ- 
tres d'Italie,  depuis  1827  jusqu'en  1842. 

BASSI  (Caroline),  cantatrice  napolitaine, 
née  vers  1780,  obtint  de  brillants  succès,  qu'elle 
devait  à  la  beauté,  au  volume  extraordinaire  de 
sa  voix,  à  la  justesse  exquise  de  ses  intonations, 
et  à  la  pureté  de  sa  mise  de  voix  et  de  sa  voca- 
lisation. Elle  débuta  à  Naples  en  1798;  puis  elle 
chanta  à  Venise,  à  Gênes  et  dans  quelques  autres 
villes  de  l'Italie,  recueillant  partout  les  témoigna- 
ges d'admiration.  Au  carnaval  de  1820,  elle  joua 
à  Milan  au  théâtre  de  la  Scala,  dans  l'opéra  de 
Bianca  e  Falïero ,  que  Rossini  écrivit  pour  elle 
et  pour  M"*  Camporesi  ;  mais  alors  elle  avait 
beaucoup  perdu  de  l'éclat  et  de  la  flexibilité  de 
sa  voix.  Peu  de  temps  après  elle  se  retira  du 
théâtre. 

Il  y  a  eu  dans  le  même  temps  une  autre  can- 
tatrice nommée  Caroline  Bassi,  qui  chantait  au 
théâtre  Be  de  Milan,  en  1813,  et  au  théâtre 
Carcano,  en  1314.  On  l'appelait  la  Milana/se 
pour  la  distinguer  de  la  NapoHtaine.  Elle  était  née 
en  effet  à  Milan. 

BASSIRON  (Philippe),  contrapuntiste  du 
quinzième  siècle,dont  Otta  vianoPetrucci  de  Fos- 
sorrfbrone  a  inséré  des  messes  dans  sa  précieuse  col- 
lection intitulée  :  Missx  diversorum  auctoruni, 
Venise,  1508,  in-4°.  Dans  le  quatrième  livre  des 
moteiti  imprimé  à  Venise,  par  le  même  Petrucci, 
on  trouve  un  Inviolata  de  Bassiron. 

BASTARDELLA  (LA).Foy.  Agujari. 

BASTERIS(Cajetan-Pompée),  chanteur  cé- 
lèbre, né  à  Bologne,  fut  au  service  du  roi  de 
Sardaigne,  depuis  1730  jusqu'en  1740. 

BASTIAANS  (J.-G.),  habile  organiste  eî 
compositeur,  né  à  Deventer,  est  fixé  à  Amster- 
dam. Le  10  mai  1837,  il  a  donné  un  concerl 
d'orgue  à   Leipsick.  La  société  hollandaise  pour 


L>G8 


BASTIDE  —  BATESON 


l'encoiiragement  de  la  musique  a  fait  imprimer, 
•lans  le  recueil  qu'elle  publie,  un  motet  et 
(les  pièces  d'orgue  de  sa  composilion,  en  1839 
et  1844. 

BASTIDE  (Jean-François  de),  né  à  Mar- 
seille, le  15  mars  1724,  est  mort  à  Milan  ,  le  4 
juillet  1798.  11  a  publié  des  Variétés  histori- 
ques, littéraires,  galantes ,  Paris ,  1774,  deux 
part.  in-8°.  Dans  la  seconde  partie  on  trouve 
une  Lettre  sur  les  grandes  écoles  de  musique, 
où  les  styles  de  LuUi,  de  Pergolèse  et  de  Hàndel 
sont  analysés. 

BASTI]\Ï  (Vincent),  compositeur  italien, 
vivait  vers  le  milieu  de  16*  siècle  ;  il  a  fait  im- 
primer :  Madrigali  a  sei  voci ,  op.  l'',  Venise, 
1567.  Cette  édition,  qui  est  la  seconde,  a  été 
corrigée  par  Claude  Meriilo. 

BASTOjV  (Josquin),  compositeur  flamand, 
vivait  en  1556,  époque  où  Guicbardin  écri- 
vait sa  Description  des  Pays-Bas.  On  l'a 
quelquefois  confondu  avec  Josquin  des  Prés, 
Salblinger  a  placé  quelques  motets  de  Baston 
dans  sa  collection  intitulée  :  Concentus  musicus 
octo,  sex,  qiiinqxie  et  quatuor  vocuvi;  Augs- 
bourg,  1545,  in-4''.  On  trouve  aussi  de  ses  compo- 
sitions dans  ces  recueils  :  1°  Quatuor  vocum 
musicx  modulationes  numéro  XXVI  ex  opti- 
mis  cantoribus  dillgenter  selectx  prorsus 
novœ,  elc;  Antverpiae.apud  Guill.  Vissenacum  , 
1542,  petit  in^".  —  2°  Chansons  à  (\uailie  parties, 
auxquelles  sont  contenues  XXXI  nouvelles 
chansons,  convenables  tant  à  la  voix  comme 
aux  instruments;  WsxQ  i"  ;  imprimé  à  Anvers 
par  Tylman  Susato,  etc.,  1 543,  in-4°  obi.  —  3°  Le 
quatrième  livre  des  chansons  à  quatre  par- 
ties, e\c.;ib\ii.,  ihii.—  i"  L€V''Livreideni.;ib\d. 
1544.  — 5"  Le  VIIl"  Livre,  etcv,  ibid.,  1545.— 
G"  Z,e  A7«  livre,  etc.,  ibid.,  1 549.—  7°  Le  XI 1"  livre, 
etc.,  1558.  —  8°  Le  XI IT  livre,  etc  ;  ibid.  (sans 
date).  —  9"  Chansons  musicnles  à  cinq  parties  , 
Anvers,Tylman  Susato  (sansdate),in-8°. — 10°  Can- 
tionum  sacrarumvulgo  Motettn  vacant  à  et  G 
vocum,  ex  optimis  quibtisque  nmsicis  sele- 
ctarum  lib.  I-VIll;  Lovanii ,  1554-1557. — 
1 1°  Liber  VIII  b  etS  vocum  cantionum  sacra- 
rum  vulgo  Molctta  vocant;  Lovanii,  apud  Pc- 
trum  Phalesium, ann.  1561,  in-4". 

BATAILLE  (Gabriel),  luthiste,  qui  vivait  à 
Paris  au  commencemeiU  du  dix-septième  siècle,  a 
publié  des  Airs  mis  en  tablature  de  luth,  premier 
livre;  Paris,  Oallard,  1608,  in-4''.  Le  deuxième 
livre  a  paru  en  1609;  le  troisième,  en  ICU,  et 
le  quatrième,  en  1613.  On  trouve  aussi  des  airs 
de  Bataille,  avec  d'autres  de  Bailly,  de  Guedron, 
de  Boesset,  de  Ballard  et  de  Savorny,  dans  le 
recueil  (lui  a  pour  litre  :    Airs  de  cour  de  dif- 


férents auteurs  ;  Ptius ,  Ballaid,  1615,  in-18. 
Il  composa,  en  société  avec  Guedron  ,  Mauduif 
etBochet,  le  ballet  dansé  par  Louis  Xlll,  en  1617, 
le  ballet  sur  la  dernière  victoire  du  roi  en  1620, 
et  plusieurs  autres ,  qui  furent  exécutés  dans 
les  appartements  du  Louvre.  Bataille  eut  le 
titre   de  luthiste  de  la    chambre  de  la  reine. 

BATEN  (  Henri  ),  nommé  aussi  par  quelques 
écrivains  Henricus  de  Malinis,  parce  qu'il  était 
né  à  Malines,  vivait  vers  la  fin  du  treizième  siècle, 
comme  il  paraît  par  la  lettre  qu'il  écrivit  à  Guy 
de  Hainaut ,  trésorier  de  la  cathédrale  de  Liège, 
qui  fut  élu  évêquc  d'Utrecht  en  1301.  Balen  fut 
docteur  en  théologie  et  chancelier  de  l'université 
de  Paris ,  et  ensuite  chanoine  et  chantre  de  la 
cathédrale  de  Liège.  On  a  de  lui  Spéculum  Di- 
vinorum  et  Naiuralium  quorondam,  Mss. 
qui  était  avant  la  révolution  française  chez  les 
chanoines  réguliers  de  Saint-Martin  àLouvain,  et 
à  l'abbaye  de  Tongerloo.  Cet  ouvrage  est  divisé 
en  dix  livres;  l'auteur  y  traite  de  la  musique  et 
des  principales  questions  de  la  philosophie  de 
son  temps. 

BATES  (Jean),  musicien  et  bon  organiste 
anglais,  naquit  en  1740  à  Halifax,  dans  le  duché 
d'York.  En  1784  il  fut  chargé  de  la  direction  des 
oratorios  exécutés  à  "Westminster,  à  l'anniver- 
saire de  la  mort  de  Hândel,  et  il  continua  ce 
service  pendant  plusieurs  années.  Ce  fut  lui  qui 
organisa  aussi  le  concert  de  musique  ancienne , 
en  1776,  et  il  le  dirigea  jusqu'en  1793.  Comme 
compositeur.  Bâtes  est  connu  par  un  opéra  in- 
titulé Pharnaces,  et  par  les  opérettes  suivants  : 
1°  Theatrical Candidates.  —  Flora,  or  lob  in 
the  Well.  —  Lady's  Frolic.  Il  a  écrit  aussi  plu- 
sieurs œuvres  de  musique  vocale  et  instrumentale, 
dont  on  n'a  publié  que  six  sonates  pour  le 
piano;  Londres,  Cleraenti.  Bâtes  est  mort  le  8 
juin  1799,  avec  le  titre  de  directeur  del'hôpital  de 
Greenwich. 

BATES  (Sara),  femme  du  précédent,  can- 
tatrice excellente,  connue  en  1784  sous  le  nom 
de  Miss  Harrop,  fut  élève  de  Sacchini.  Elle  étu- 
dia aussi  avec  son  mari  le  slyle  de  Hàndel  ;  elle 
chantait  fort  bien  les  ouvrages  de  ce  maître.  On 
vantait  beaucoup  sa  prononciation,  qu'on  com- 
parait à  celle  de  Garrick.  Le  docteur  Burney  dit 
que  sa  voix  était  pure  et  étendue,  sa  vocalisation 
brillante,  et  qu'elle  joignait  à  ces  avantages  beau- 
coup d'expression  dramatique.  On  a  gravé  son 
portrait,  d'après  Angelica  Kauffmann. 

BATESOIV  (Thomas),  organiste  de  l'église 
cathédrale  de  Chester,  en  1600,  fut  nommé, 
en  16 1 8,  organiste  et  maître  des  enfants  de  chœur 
de  la  Trinité  à  Dublin.  Vers  le  même  temps  il 
prit  ses  degrés  de  bachelier  en  musique    à  l'uni- 


BATHE  —  BATKA 


200 


versité  de  la  mémo  ville.  Il  a  publié,  en  1014, 
un  recueil  de  madri^iuix  sous  ce  titre  :  Englisli 
madrigals  for  three,  four,five.  and  six  voices. 
BATHE  (Guillaume),  d'une  famille  ancienne 
et  considérée  en  Irlande,  naquit  à   Dublin,  en 
1564.  Il  commença  ses  études  dans  cette  ville  et 
les  acbeva  à  Oxford.  A  l'âge  de   trente  ans,  il 
abjura  le  protestantisme  dans  lequel  il  était  né, 
quitta  son  pays ,  et  se  fit  jésuite  en  Flandre,  vers 
1396.  Après  avoir  voyagé  quelque  temps  en  Italie 
et  en  Espagne,  il  fut  nommé  directeur  du  sémi- 
naire irlandais  de  Salamanque,  et  mourut  à  Ma- 
drid, le  17  juin  1614.  Dans  sa  jeunesse  il  publia  : 
A  briefc  introduction  tothetrue  artofmusicke, 
wherein  are  set  doume  exact  and  easie  rides 
for  suc  h  as  seekebut  to  know  the  trueth,  loith 
arguments  and  their  solutions,  for  such  as 
seeke  also  to  know  thereason  of  the  trueth  : 
which  rules  be  meanes  vjhereby  anij  by  his 
otvne  industrie  ma  y  shortly ,  easily,  and  re- 
gularly  attaine  to  ail  such  thinys  as  to  his 
arte  doe  belong,  etc.;  by  W.   Bathe ,  student 
at    Oxenford  (Courte  introduction  aux  vrais 
principes  de  la  musique,   etc.)  Londres,    1584, 
in-4°  ;  une  seconde  édition  de  cet  ouvrage  a  paru 
sous  ce  titre  :  A  briefe  introduction  to  the  skill 
of   song ,    concerning    the   practice  (  Courte 
introduction  à  l'art  du  cbant ,   etc.);    Londres, 
sans  date.  Thomas  Este,  à  qui  l'on  doit  cette 
édition ,  y  a  fait  des  corrections  et  des  change- 
ments. Batlie  s'est  fait  connaître  aussi  comme 
écrivain  ascétique,  et  de  plus  a  publié,  sur  le  plan 
de  Comenius,  un  Janua  Linguarum  (Salaman- 
que, 1611,  in-4°)  qui  est   fort  estimé. 

BATHIOLI  (Fkançois),  ou  plutôt  Batioli, 
guitariste  italien  fixé  à  Vienne,  y  a  fait  imprimer 
plusieurs  ouvrages  de  sa  composition ,  parmi  les- 
quels on  remarque  :  1°  Concert-polonais  pour 
guitare  avec  quatuor,  œuvre  troisième;  Vienne, 
Diabelli.  —  2°  Douze  valses  pour  une  ou  deux 
guitares,  œuvre  quatrième;  ib.  —  3°  Grandes 
variations  sur  l'air  allemand  An  Alexis  send^  ich 
dich,    pour    llùle    et   guitare,     op.    5;    ibid. 

—  4°  Pot-pourri  pour  guitare,  flûte  et  alto, op. 
6;    ibid.   —  5"    Rondo  de  chasse,  op.  7;  ibid. 

—  6°  Une  méthode  de  guitare  avec  une  introduc- 
tion sur  le  chant,  publiée  en  allemand  sous  ce 
titre  :  Guitarschule  nebst  einer  kurzen  Anlei- 
tung  zu7n  singen;  ibid.  Une  espèce  d'abrégé  de 
cet  ouvrage  a  été  publié  chez  le  même  éditeur 
en  allemand,  français  et  italien.  Il  paraît  que 
M.  Barthioli  s'est  retiré  à  Venise  vers  1S30. 

BATI  (Luc),  fut  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise de  Saint-Laurent,  à  Florence,  dans  les  der- 
nières années  du  seizième  siècle.  On  ne  connaît 
lien  de  ses  ouvrages,  mais  on  sait  qu'il  composa 


la  nuisique  de  la  mascarade  qui  parcourut  le* 
rues  de  Florence  le  20  février  1 595.  Cette  mas- 
carade avait  pour  sujet  les  flammes  de  l'amour 
(LeFiammedi  amorc).  Dix-huit  couples  achevai 
étaient  accompagnés  chacun  de  quatre  estaffiers, 
ce  qui  faisait  un  nombre  de  cent  huit  masques,  non 
compris  les  chanteurs  et  les  instrumentistes, 
qui  étaient  sur  un  char.  M.  Adrien  de  Lalage  a 
tiré  ces  renseignements  d'im  manuscrit  du 
commencement  du  dix-septième  siècle  à  la  Ki- 
bliollièqueMagliabechiana  de  Florence  (Voy.  Gaz- 
zetta  musicale  di  Milano,  anno  V! ,  n"  22.  ) 
BATISTADEVIELMIS(BARTOLOMKODf:), 
organiste  vénitien  du  quinzième  siècle,  succéda 
à  Bernardo  di  Stefanium  Murer,  comme  orga- 
niste de  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc,  le  12 
oclobre  1459,  et  conserva  cette  plac«  jusqu'au 
mois  d'aoïU  1490,  qui  fut  vraisemblablement  l'é- 
poque de  sa  mort.  On  ne  connaît  jusqu'à  ce  jour 
(1859)  aucune  composition  de  cet  artiste. 

BATISTIIV  (Jean-Baptiste  Stklt.k  et  non 
Stuck),  Allemand  d'origine,  néà  Florence,  connu 
sous  le  nom  de  Batistin  ,  fut  ordinaire  de  la  mu- 
sique du  duc  d'Orléans  et  de  l'Opéra,  et  mourut 
à  Paris  le  9  décembre  1755.  Il  fut,  avec  Labbé,  le 
premier  qui  joua  du  violoncelle  à  l'Opéra. 
Louis  XIV  lui  accorda  une  pension  pour  le  fixer 
en  France;  il  en  obtint  une  autre  de  500  francs,  le 
15  décembre  1718,  sur  le  produit  des  repré.sen- 
tations  et  des  bals  de  l'Opéra  ,  pour  en  jouir  pen- 
dant tout  le  temps  où  il  demeurerait  à  Paris.  Il 
a  fait  représenter  à  L'Opéra  :  Méléagre  (1709). 
—Manto  la  fée  (1711).—  Polidore  (  1720).  Ses 
autres  ouvrages,  ballets  ou  opéras,  ont  été  écrits 
pour  la  cour,  et  n'ont  pas  été  représentés  à  Pa- 
ris ;  ce  sont  :  L'Amour  vengé. —  Céphale.—  Thé- 
tis,  ou  la  Naissance  d'Achille.  — Neptune  et' 

Amymone.  — Proserpine.  —  Diane. —  Flore. 

Heraclite  et  Démocrite.—Philomèle.  — Ariane. 
—  Les  Fêles  Bolonaises.  —  Lérida.  —  Mars  ja- 
loux.— Le  Sommeil  deV Amour.—  Les  Troubles 
de  VAmour.On  a  aussi  quatre  livres  de  cantates 
de  sa  composition,  publiés  en  1706,  1708  ,  1711 
et  1714,  ainsi  qu'un  recueil  d'airs  nouveaux; 
Paris,  Ballard,  1709,  petit  in-s^obl. 

BATKA  (Laurent),  père  de  plusieurs  mu- 
siciens avantageusement  connus  en  Allemagne, 
possédait  lui-même  des  connaissances  peu  com- 
munes en  musique.  Il  naquit  à  Lischau ,  en  Bo- 
hême, en  1705,  fut  nommé  directeur  de  musique 
à  plusieurs  églises  de  Prague,  et  mourut  dans 
cette  ville  en  1759.  lia  laissé  cinq  fils,  dont  la 
plupart  vivaient  encore  en  1800.  (  Voy.  ci-des- 
sous. ) 

BATKA  (Wenceslas),  musicien  de  chambre 
de   l-'évêque  de  Brcslau ,  à  Johannisberg ,  né  à 


270 


BATKA  —  BATT  A 


Prague  le  14  octobre  1747  ,  (Hait  un  excellent  té- 
nor et  jouait  fort  bien  du  basson.  On  a  de  lui 
des  concertos  pour  cet  instrument  qui  sont  restés 
en  manuscrit. 

BATKA  (Martin),  virtuose  sur  le  violon, 
succéda  à  son  père  dans  sa  place  de  directeur 
de  musique.  Il  est  mort  à  Prague  en  1779.  11  a 
laissé  en  manuscrit  plu.sieurs  concertos  et  des 
éludes  pour  le  violon. 

BATKA  (Michel),  excellent  violoniste,  né 
le  79  septembre  1755,  vivait  encore  à  Prague  en 
1800.  On  ne  connaît  rien  de  sa  composition. 

BATKA  (Antoine),  babile  chanteur,  né  le 
21  novembre  1759,  devint  musicien  de  chambre 
de  l'évéque  de  Bre^slau,  et  vivait  encore  en  1800. 
Sa  voix  était  une  basse  du  phis  beau  timbre. 

BATKA  (Jean),  fils  de  Michel,  né  à  Prague 
vers  1791  ,  est  un  pianiste  distingué,  qui  s'est 
fixé  à  Pesth,  en  Hongrie.  On  connaît  sous  son  nom  : 
10  Piondino  pour  le  piano  sur  un  motifde  Spolir, 
Pesth  ,  Miller.  —  2"  Six  variations  pour  piano  et 
violoncelle  sur  l'airallemand  :  Wir  ivinden  dir  ; 
ibid. —  3"  Des  recueils  de  danses  hongroises,  de 
valses  et  de  quadrilles  ;ib.  —  4"  La  marche  natio- 
nale hongroise  pour  le  piano;  ihid. —  des  pièces 
d'orgue;  Vienne,  Wilzend  ;  un  i/ôpra  me  Do- 
mine, à  quatre  voix  et  orgue  ;  Vienne  ,  Diabelii. 
—  Un  Graduel  pour  deux  soprani  et  basse,  avec 
violoncelle  solo  et  orgue;  Vienne,  Wilzcnd.  — 
Et  quelques  Lieder  ou  chansons  allemandes. 

BATOIV  (Henri),  connu  sous  le  nom  de 
Bâton  Vaine,  né  à  Paris,  vers  1710  ,  eut  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle  la  réputation  d'im 
virtuose  sur  la  musette  ,  qui  était  en  vogue  à 
celte  époque  chez  les  Français.  Il  a  fait  graver  à 
Paris  trois  livres  de  sonates  et  deux  livres  de 
duos  pour  cet  instrument. 

BATON  (Charles)  ,  frère  du  précédent  sur- 
nommé le  Jeune,  \nUtOf'e ,  autant  qu'on  peut 
l'être,  sur  l'instrument  appelé  viei^e,  en  donnait 
des  leçons  à  Paris,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Il  prit  la  défense  de  l'ancienne  musique 
française  contre  les  attaques  de  J.-J.  Rou.sseau, 
dans  une  brochure  de  trente-six  pages,  intitulée  : 
Examen  de  la  lettre  de  M.  Rousseau  sur 'la 
musique  française,  Paris,  1754,  in-8".  C'est  une 
des  meilleures  pièces  qu'on  ait  publiées  dans 
cette  controverse  :  elle  eut  deux  éditions  en  peu 
de  temps;  la  première,  publiée  en  1753  ,  est  ano- 
nyme. Bâton  a  donné  aussi  un  mémoire  sur  la 
FieZ/edansle  Mercure  de  France,  octobre  1757, 
p.  143.  Ses  compositions  pour  la  vielle  sont  : 
10  Suites  pour  deux  vielles,  musettes,  etc.,  op. 
1:  Paris,  1733,  in-fol.  —  2o  Pièces  pour  la  vielle, 
op.  2.  —  3"  Amusements  d'une  heure,  duos  pour 
deux  vielles,  op.  4  ,  in-fol.,  sans  date.  Bâton  est 


mort  en  1758.  Il  s'était  occupé  longtemps  de  per- 
fectionnements qu'il  voulait  introduire  dans  la 
construction  delà  vielle.  On  voit  dans  le  Mercure 
de  France  (sept.  1750,  p.  153)  ,  qu'il  avait  aug- 
menté l'étendue  de  son  clavier  et  qu'il  y  ava  t 
ajouté  les  notes /a  dièse ,  la  et  la  bémol  graves, 
qui  ne  se  trouvaient  pas  dans  les  anciennes  viel- 
les. Deux  ans  après  il  inventa  une  antre  vielle 
qui  avait  l'étendue  de  la  Hûte  et  sur  laquelle  on 
pouvait  imiter  le  coup  de  langue  de  cet  inslru- 
mentetle  coup  d'archet  du  violon  (Foy.Merc.  de 
France,  juin  1752,  p.  161  ).  C'est  de  cet  instru- 
ment qu'il  a  donné  l'analyse  dans  le  Mercure  de 
1757.  Son  mémoire  a  pour  titre  :  Mémoire  sur 
la  vielleen  D-\a-ré,  dans  lequel  on  rend  compte 
des  raisons  qui  ont  engagé  à  la  faire,  et  dont 
Vextrait  a  été  présenté  à  la  reine. 

BATRACHUS  (Jean).  Sous  ce  nom,  J.-G. 
Heuning  a  mentionné,  dans  .«a  BibUotheca  seu 
notitia  Z/^?'o?7artranorwm  (Kilionae,  1766,  in-S", 
part.  I,  p.  2(1),  un  livre  sous  ce  titre:  Opuscu- 
lum  reriun  musicalium  totam  ejus  negotii 
rationem  explicans  ;  Argentorati ,  1536.  Or,  ce 
titre  est  celui  du  livre  de  Frosch,  mais  dénaturé 
(  Voyez-  Fkosch  ) ,  et  avec  une  date  fausse  ;  car 
ce  livre  porte  1535  et  non  153G.  En  cherchant  ce 
qui  a  pu  conduire  Heuning  à  changer  le  nom 
de  l'auteur  de  l'ouvrage,  j'ai  trouvé  que  Batra- 
chus  est  le  nom  latin  d'un  poisson  marin  qui  se 
nomme  Frosch  en  allemand.  Le  nom  latinisé 
Froschius  ,  qui  se  trouve  au  frontispice  du  livre, 
n'avait  pas  satisfait  l'érudition  de  ce  pédant.  Que 
de  sottises  ont  faites  les  savants  ! 

BATTA  (Alexandre),  violoncelliste,  fils 
d'un  professeur  de  solfège  au  conservatoire  royal 
de  Bruxelles,  est  né  à  Maestricht  le  9  juillet 
1816.  Élève  de  son  père  pour  les  éléments  de 
la  musique,  il  étudia  d'abord  le  violon,  sur 
lequel  il  faisait  peu  de  progrès;  mais  après  que 
sa  famille  se  fut  établie  à  Bruxelles  ,  et  lorsqu'il 
eut  entendu  le  violoncelliste  Platel,  il  sentit  que 
le  violoncelle  était  l'instrument  auquel  il  était 
destiné.  A  force  de  sollicitations  il  obtint  de  son 
|)ère  la  permission  de  renoncer  au  violon ,  et 
d'entrer  au  conservatoire,  où  il  reçut  des  leçons 
du  virtuose  qui  l'avait  charmé.  Après  plusieurs 
années  d'études  sans  la  direction  de  cet  excellent 
maître,  Batta  obtint  le  premier  prix  de  son  ins- 
trument au  concours  de  1834,  en  partage  avec 
Demunck.  En  1835  il  sortit  du  conservatoire  et 
se  rendit  à  Paris,  où  les  succès  de  salon  (jii'il  ob- 
tint tout  d'abord  le  décidèrent  à  se  fixer.  A  celte 
époque,  Rubini  brillait  encore  au  théâtre  de  la 
rue  Favart  et  jouissait  de  toute  la  faveur  du  pu- 
blic, autant  par  ses  défauts  que  par  ses  qualités  in- 
contestables. Le  plus  remarquable  de  ces  défauts 


BATTA  —  BATTEUX 


271 


était  une  formule  d'opposition  du  forU  et  du 
piano  qui  se  reproduisait  incessamment,   quel 
que  fût  d'ailleurs  le  caractère  de  la  phrase.  Ce 
moyen  de  séduction  ne  manquait  jamais  son  effet 
sur  les  cUlettantï  :  Batta  comprit  qu'il  pouvait  l'ap- 
pliquer au  violoncelle,  dont  le  diapason  et  le  timbre 
ont  de  l'analogie  avecla  voix  de  ténor.  Il  ne  s'était 
pas  trompé  sur  le  résultat  que  pouvait  avoir  celle 
application  pour  sa  fortune  et  sa  renommée  ;  car, 
en  l'entendant  chauler  ainsi  sur  sa  basse,  les 
femmes  du  monde  se  passionnèrent  jtour  sou  ta- 
lent, quelques-unes  même,  dit-on,  pour  sa  per- 
sonne. Quoi  qu'il  en  soit,  il  devint  l'instrumen- 
lisle  à  la  mode.  Mais  tout  n'est  pas  bénéfice  pour 
l'art  dans  les  moyens  faciles.  En  rétrécissant  son 
mécanisme  aux  proportions  d'une  mélodie  ren- 
fermée dans  une  étendue  restreinte,  et  toujours 
phrasée  de  la  même  manière,  Batta  perdit  la 
l)uissance  d'exécution  ;le  son,  l'archet,  le  méca- 
m'sme  de  la  main  gauche,  tout  s'en  ressentit.  C'est 
dommage,  car  son  sentiment  de  musique  était 
naturellement  bon  ;  il  avait  reçu  de  Platel  les 
principes  d'une  belle  et  large  manière  avant  qu'il 
allât  à   Paris;  enfin,  il  avait  un  talent  remar- 
quable par  la  précision  et  le  sentiment  dans  la 
musique  classique   du  quatuor  et  du  quintette. 
Au  surplus,  il  n'a  vraisemblablement  pas  de  re- 
gret de  sa  métamorphose;  car  les  succès  ne  lui 
ont  pas  manqué.  Partout,  à  Paris,  en  Belgique, 
en  Hollande,  dans  les  départements  de  la  France, 
en  Suisse,  en  Allemagne,  à  Pélersbourg,ses  con- 
certs ont  atliré  la  foule;  les  journaux  lui  ont  pro- 
digué des  éloges  sous  toutes  les  formes,  il  est  dé- 
coré de  plusieurs  ordres,  et  les  éditeurs  publient 
sa  musique.  Ce  n'est  pas  tout  ce  qu'un  artiste 
peut  désirer;  mais  on  ne  peut  tout  avoir. 

On  a  gravé  de  cet  artiste  :  1°  Trois  nocturnes 
pour  violoncelle  et  piano,  avec  Osborne;  Paris, 
Schonenberger.  —  2°  Grand  duo  de  piano  et  violon  ' 
sur  Lucrèce  Borgia,  avec  Edouard  Wolff;  Paris,  , 
Mayaud 3°  Fantaisie  pour  violoncelle  et  piano 

sur   Lucia  de  Lammermoor  ;   ibid.   —  4»  Ro-  i 

i 

mance  de  l'Elisire  d'amore  ;   idem,  ibid.  —  ' 

5°  Romance  de  Richard  Coeur  de  Lion;  idem,  j 

ibid.  — 6°  Andante  pour  violoncelle  et  piano;  I 

ibid.  —  7"  Mélodie  de  Lucrèce  Borgia;  idem,  I 

ibid;  —  80  La  Viennoise,   grande  valse;  idem,  ! 

ibid.  —  9°  Souvenirs;  idem,  ibid.  —  10"   Airs  \ 

Béarnais,  dant  des  Montagnes;  idem,  ibid.  1 

11°  Fantaisie  et  adagio  de  lacavatinede  la  Son-  ; 

tianbtila; idem. — 12°.  Réminiscencesdela/idî;e,  ' 

fantaisie, idem;  Paris,  Brandus.  —  \3" Souvenir  ' 

de  Dom  Sebastien,  élégie  pour    violoncelle   et  | 

piano,  op.  48; Paris, Escudier.  —  14"  Six  Zicrfcr  \ 

de  Schubert,  idem,  en  deux  suites;  Paris,  Mes-  | 

sonnier.  —  15o  Grande  fantaisie  sur  des  thèmes  ' 


originaux  de  Bériot;  idem,  ibid.  —  IC°  Sérénade 
de  Hartog,  idetn;  Paris,  Ricliault,  etc.,  etc. 

Deax  frères  de  Batta  se  sont  aussi  fait  con- 
naître dans  la  musique.  Le  premier,  Laurent, 
né  à  Maestricht ,  le  30  décembre  18l7  ,  a  lait  ses 
études  de  piano  au  conservatoire  de  Bruxelles 
et  y  a  obtenu  le  premier  prix  en  ISoG.  Pendant 
quelques  années  il  a  vécu  à  Paris  et  a  voyagé 
avec  Alexandre,  pour  donner  des  concerts.  En 
1848  il  s'est  fixé  à  Nancy  comme  professeur  de 
piano. 

Le  plus  jeune  des  trois  frères,  Joseph,  né  h 
Maestricht,  le  24  avril  1820,  a  fait  également  ses 
études  au   conservatoire   de  Bruxelles,  comme 
violoniste  et  comme  compositeur.  En  1845  il  a 
obtenu   le  second   prix   au    grand   concours  de 
composition  musicale  institué  par   le  gouverne- 
ment belge.  L'année  suivante  il  s'est  fixé  à  Paris 
et  y  a  été  attaché  comme  violoniste  au  théâtre 
I   de  rOpéra-Comique.    Il   a   en  portefeuille    des 
I   cantates,   des  ouvertures,  des  symphonies,  etc. 
I       Bx\TTALUS  ou    BATALUS,  joueur  de 
:   flûte  qui  a  joui  d'une  grande  célébrité  dans  Tan- 
I  cienne  Grèce,  naquit   à  Éphèse,  et  vécut  vers 
l'an  408  avant  J.-C.  Sa  mollesse  devint  prover- 
biale :  Aristophane  en  avait  fait   le  sujet  d'ime 
comédie  satirique  qui  n'est  pas  parvenue  jusqu'à 
nous. 

BAÏTANCHONT  (Félix),  violoncelliste 
distingué,  né  à  Paris  le  9  aviil  1814  ,  est  ancien 
élève  de  Vaslin  et  de  Norblin,  au  Conservatoire. 
Il  a  été  attaché  à  l'orchestre  de  l'Opéra  de  cette 
ville  depuis  1840.  31.  Battanchon  .s'est  fait  con- 
naître avantageusement  dans  les  concerts  de  celle 
capitale  pendant  plusieurs  années,  et  a  eu  de  bril- 
lants succès  en  parcourant  les  départements  de  la 
France,  particulièrement  la  Bretagne.  Un  instru- 
ment appelé  baryton  par  son  inventeur,  et  qui 
tient  le  milieu  entre  l'alto  et  le  violoncelle,  a  été 
joué  à  Paris  par  M.  Battanchon,  avec  un  talent 
remarquable,  dans  les  années  1846  et  1847.  On  a 
imprimé  de  cet  artiste  :  1°  Trois  études  en  double 
cordepoîir  violoncelle,  op.  l;Paris,Richaull.  — 
2"  Airs  bretons,  pour  violoncelle  et  piano  ;  ibid. — 
3°  Deux  mélodies  pour  violoncelle  et  piano,  op.  3  ; 
Leipsick,  Holmeister.  —  4°  24  études  pour  violon- 
celle adoptées  pour  l'enseignement  du  Conserva- 
toire de  Paris, op.  4. 

BATTEN  (Adrien),  organiste  et  vicaire  du 
ehœur  de  Saint-Paul,  à  Londres,  exerça  ces  em- 
plois sous  les  règnes  de  Charles  l®""  et  de  Charles  IJ, 
c'est-à-dire  de  1C40  à  1680.  C'était  un  bon  har- 
moniste de  l'ancienne  école.  Plusieurs  de  ses  an- 
tiennes ont  été  insérées  dans  la  collection  de  Bar- 
iiard. 
BATTEUX  (Charles),  chanoine  honoraire 


272 


BATTIFERRI  —  BATTISTA 


de  Reims,  et  l'un  des  plus  savants  hommes  de 
France  dans  le  dix-liuifième  siècle,  naqnit  le  7 
mai  1715  à  Allend'huy,  près  de  Reims.  En  1730 
il  vint  à  Paris,  où  il  enseigna  les  humanités  et  la 
rhétorique  aux  collèges  de  Lisieux  et  de  Navarre, 
puis  la  philosophie  grecque  et  latine  au  collège 
royal.  Il  fui  admis  à  l'Académie  des  inscriptions  en 
1754,  et  à  l'Académie  française  en  1761.  ilestmort 
d'une  hydropisie  de  poitrine,  le  14  juillet  1780. 
Au  nombre  de  ses  ouvrages  on  compte  celui-ci  ; 
Les  beaux-arts  réduits  à  zin  seul  principe, 
Paris,  1743  ,  1747  et  1755,  in-12  ;  livre  qui  a  été 
réuni  depuis  à  son  Cours  de  belles-lettres, 
Paris,  1774,  3  vol.  in-12.  Le  principe  auquel 
l'ahbè  Battcux  ramène  les  arts  est  l'imitation  de 
la  nature:  principe  fécond  en  apparence,  mais 
vague  et  de  peu  d'utilité  lorsqu'on  vient  à  l'appli- 
cation, surtout  en  nnisicpje,  de  tous  les  arts  le 
moins  positif.  Son  objet  n'est  pas  d'imiter,  mais 
d'émouvoir.  Malheur  au  compositeur  qui  en 
cherche  le  secret  dans  des  déclamations  acadé- 
miques, au  lieu  de  le  trouver  dans  son  Ame  !  Au 
reste ,  il  est  arrivé  à  l'abbé  Batteux ,  comme  à 
tous  les  savants  qui  ont  écrit  sur  la  musique,  de 
prouver  à  chaque  page  qu'il  n'en  avait  pas  la  plus 
légère  notion.  On  a  cependant  beaucoup  loué  son 
ouvrage.  Il  y  en  a  eu  quatre  traductions  alle- 
mandes, parmi  lesquelles  on  distingue  celle  de  C- 
G.  Ramier  et  celle  de  J.-A.  Schlegel  {voy.  ces 
articles  ).  On  trouve  dans  les  essais  de  Marpurg, 
t.  I ,  p.  273,  325,  quelques  pièces  relatives  au 
système  de  Balteux,  par  Ga^ipard  Ruelz  et  Over- 
beck  (voy.  ces  articles). 

BATTIFERRI  (Louis),  comiwsiteiir  ita- 
lien, né  au  commencement  du  dix-septième  siècle 
à  Pascorbara,  près  de  Bologne,  fut  maître  de 
chapelle  à  l'église  Saint- Angelo  in  Vado,  dans 
cette  ville.  Il  a  publié  différentes  œuvres  parmi 
lesquelles  on  remarque  celles-ci  :  1°  Missa  e 
Salmi  concertati  a  3  voci  con  Motetti  e  Salve 
aies  voci,  op.  If;  Venezia,  appr.  Alessandro 
Fi?2Cen<(,  1642,  in-4°. — 2° Primo  Hbro  de  Motetti 
a  voce  sola  coir  organo,  op.  IV  ;  Bologna  per 
Giac.  Monti,  1669,in-4°.  —  ^Secondo  librode' 
Motetti  a  voce  sola,  op.  5,  ibid.,  1669,  in-4°. 

BATTIFERRO  (S.-D.-Lou!s),  maître  de 
chapelle  à  l'église  dello  Spirito  Santo  de  I''errare, 
naquit  à  Urbino,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  douze  Ri- 
cercatia  cinqiie  e  sel  soggetti,  Ferrare,  1719. 
Ces  compositions  sont  très-estimables. 

BATTISIIILL  (Jonathan  ),  (ils  d'un  procu- 
reur, naquit  à  Londres,  au  mois  de  mai  1738. 
Vers  l'âge  de  neuf  ans  ,  on  le  plaça  parmi  les  en- 
fants de  chœur  de  Saint- Paul  ;  il  y  fit  ses  éludées 
musicales  sous  Savage,  et  devint  un  des  plus 


liabiles  organistes  de  l'Angleteire.  Après  sa  sortie 
de  la  maîtrise  de  Saint-Paul,  il  fut  nommé  cla- 
veciniste du  théâtre  de  Covent-Garden  ,  et  orga- 
niste des  églises  de  Saint-Clément,  d'East- 
Chen,  du  Christ  et  de  Nevgate-Streel.  En  1764, 
il  composa  pour  le  théâtre  de  Drury-Lane  un 
opéra  intitulé  Alcmena,  qui  ne  fut  pas  bien 
accueilli  du  public,  quoique  la  musique,  dit  le 
docteur  Busby,  en  fût  excellente.  Cette  pièce  fut 
suivie  de  The  rites  of  Hécate  (Les  mystères 
d'Hécata  ),  drame.  Vers  le  même  temps,  il  se  livra 
aussi  à  la  composition  de  la  musique  d'église,  et 
fit  un  grand  nombre  d'hymnes  et  d'antiennes  à 
plusieurs  voix.  Ses  chansons  lui  procurèrent  une 
grande  réputation  dans  sa  patrie  :  il  en  publia 
deux  collections  à  trois  et  à  quatre  voix  en  1776. 
Battishill  avait  déjà  obtenu,  en  1770,  le  prix  de 
la  médaille  d'or,  décernée  pour  ce  genre  de  com- 
position par  la  Société  musicale  des  nobles  de 
Thatched-House  S.  James-Streel.  Il  avait 
épousé  miss  Davies,  célèbre  cantatrice  de  Co- 
vent-Garden ;  mais  elle  mourut  en  1775,  et  Bat- 
tishill se  livra  dès  ce  moment  à  des  excès  d'in- 
tempérance qui  altérèrent  sa  constitution  et  qui 
le  firent  tomber  dans  le  mépris.  Il  est  mort  à 
Islington,  le  10  décembre  1801.  On  dit  que  ses 
ouvrages  se  font  remarquer  par  de  la  vigueur 
d'harmonie  et  une  grande  justesse  d'expression. 
Smith  a  inséré  plusieurs  de  ses  antiennes  dans 
son  Hnrmonia  sacra. 

BATTISTA  (  Vincent),  compositeur  napo- 
litain de  l'époque  actuelle  (1854),  a  fait  ses  études 
musicales  au  collège  royal  de  musique  à  Naples. 
Son  premier  opéra  ,  Anna  La  Prie,  fut  joué  au 
théâtre  Saint-Charles  de  cette  ville,  en  1843;  oa 
y  remarqua  quelques  bons  morceaux  et  il  fut 
joué  et  repris  plusieurs  fois  avec  succès.  En  1844 
M.  Baltista  donna  au  môme  théâtre  son  second 
ouvrage  dramatique ,  intitulé  Margherita 
d'Arragon,  qui  fut  moins  heureux,  quoi'iu'on  y 
trouvât  quelques  morceaux  d'effet.  Appelé  en- 
suite à  Milan,  le  jeune  compositeur  y  écrivit 
llosvina  de  la  Forêt,  qui  fut  chanté  au  théâtre 
de  la  Scala ,  en  1845,  par  la  Frezzolini,  Poggi  et 
Colini,  et  auquel  on  reprocha  d'être  un  mélange 
des  styles  de  Donizelti,  Bellini  et  Mercadante. 
En  1846  Baltista  donna  à  Naples  Zfmo,  qui  fut 
opposé  parles  dilettauti  napolitains  à  VMzira  du 
Verdi.  Postérieurement  il  a  écrit  Irène,  qui  ne 
réussit  pas,  Eleonara  Dnri,  il  Corsaro  delta 
Guadalupa  ,  au  théâtre  Nuovo  de  Naplès,  le  16 
octobre  1853  ,  Ermellnda  et  d'autres  ouvrages 
moins  connus.  On  a  aussi  de  cet  artiste  le  cin- 
quième chant  de  l'Enfer  du  Dante,  pour  voix  de 
soprano  et  piano,  et  un  chant  de  basse  avec  chanir, 
intitulé  il  Bivacco  Ces  ouvrages  .sont  publiés  a 


BATTlSTliM  —  BAU 


273 


Milan,  chez  Ricordi,  ainsi  qu'un  clioix  de  cava- 
tines,  airs  et  duos  iWlmm  La  Prie,  de  Mnrgfif- 
rita  d'Aragon,  d'A'/Ho,  de  la  Rosvinadc  La  Fo- 
rêt, et  de  Leonora  Dori.  Ce  qui  manque  dans 
tout  cela,  c'est  l'originalité;  mais  il  y  a  de  l'in- 
telligence dans  la  disposition  des  idées  et  dans 
l'effet  des  morceaux. 

BATTISTIIXI  (Jacques),  maître  de  cha- 
[lelle  de  l'église  cathédrale  de  ^'ovare ,  dans  le 
Milanais ,  a  i)ublié  :  1°  Motetti  sacri,  op.  1  ;  Ik)- 
logne,  1700,  op.  2  ,  in-4o.  —  2»  Armonie  sagre; 
Cologne,  l/OOjOp.  2,  in-4o.  Cet  œuvre  consiste  en 
douze  pièces  à  une,  deux  et  trois  voix,  avec  ou 
sans  violons. 

BATTOi\  (Désiré-Alexandre),  né  le  2  jan- 
vier 1797,  à  Paris,  où  son  père  était  fabricant  de 
fleurs  artificielles,  entra  au  mois  d'octobre  1806 
dans  une  classe  de  solfège,  au  Conservatoire  de 
musique,  et  passa  ensuite  à  l'étude  du  piano,  au 
mois  de  juillet  1807.  Quelques  années  après  il  fut 
admis  dans  une  classe  d'harmonie ,  et  enfin  il 
devint  l'élève  de  Clierubini  pour  le  contrepoint. 
En  1816  il  se  présenta  au  concours  de  Tlnstilut 
de  France,  et  y  obtint  le  deuxième  grand  prix  de 
composition  musicale;  l'année  suivante  le  pre- 
mier grand  prix  lui  fut  décerné  pour  la  cantate 
de  la  Mort  d'Adonis.  Ce  prix  donnait  à  Bat- 
ton  le  titre  de  pensionnaire  du  gouvernement  et 
le  droit  de  voyager  pendant  cinq  ans  aux  frais  de 
l'État  en  Italie  et  en  Allemagne.  Avant  de  quitter 
Paris,  il  fit  représenter  au  théâtre  Feydeau  (en 
1818)  un  opéra  comique   en  trois  actes  intitulé 
la  Fenêtre  secrète.  Le  sujet,  du   genre  de  la 
comédie,  était  peu  favorable  à  la  musique;  ce- 
pendant  Dation  sut  faire  remarquer  dans    cet 
ouvrage  d'heureuses  dispositions  pour  la  compo- 
sition dramatique  ;  on  y  trouvait  une  harmonie 
pure  et  correcte,  et  le  sentiment  de  la  scène  s'y 
faisait  apercevoir.  Arrivé  à  Rome,  le  jeune  com- 
positeur se  livra  à  des  travaux  sérieux,  et  écrivit 
des  morceaux  de  musique  religieuse,  un  oratorio 
et  quelques  pièces  de  musique  instrumentale.  A 
Munich ,  il  fut  invité  à  composer  une  symphonie 
et  d'antres  ouvrages  pour  la  société  des  concerts 
de  cette  ville.  De  retour   à  Paris   vers   1823, 
Balton ,  comme  la  plupart  des  jeunes  composi- 
teurs français,  fut  obligé  de  frapper  longtemps 
à  la  porte  des  faiseurs  de  livrets  d'opéras  pour  en 
obtenir  im;  enfin  il  eutcc\u\ii'Etheli:iHa,  drame 
en  trois  actes,  d'un  genre  sombre,  qui  ne  fut 
point  heureux.  La  musique  de  cet  ouvrage  était 
trop  uniforme;  elle  manquait  d'effet,  quoique 
^in^trumentalion  eût  de  l'éclat.  Le  6  février  182S 
Batton    fit  représenter    au    théâtre  Fey<Ieau    le 
Prisonnier  d'État,  opéra  comique  en  un  acte,  qui 
n'eut  pas  de  succès.  Un  mois  après,  en  joua  au 

BIOGR.    UNIV.     DES  MUSICIENS.  —    T.   1. 


même  lliéiitre  le  Camp  du  drap  d'or,  ouvrage 
en  (rois  actes  que  ce  compositeur  avait  écrit  en 
collaboration  deMVL  RKaut  etLeborne.  Il  ne  fut 
pas  plus  heureux  cette  fois  que  les  précédentes,  et 
le  dégoût  de  la  carrière  d'artiste  sembla  s'emparer 
de  lui  à  la  suite  de  ces  échecs.  C'est  sans  doute 
à  ce  dégoût  qu'il  faut  attribuer  la  résolution  que 
prit    Batton    de   succéder  à  son   père    dans   le 
commerce  des  fleurs  artificielles.  Ceiiendant  il 
tenta  un  dernier  essai  en  1832 ,  et  cette  fois  il  fut 
plus  heureux  ,  car  le  drame  de  la  Marquise  de 
lirinvilliers,  qu'il  écrivit  en  société  avec  Auber, 
Carafa,  Hérol  I  et  quelques  autres  mu.siciens,  fut 
favorablement  accueilli  du  public ,  et  fournit  à 
Batton  l'occasiond'écrireun  beau  finale etqnelques 
autres  morceaux  qui  ont  prouvé  que  des  circons- 
tances favorables  lui  ont  manqué  seulement  pour 
se  faire  une  réputation  plus  brillante.  Depuis  lors 
ilaécrit  un  petit  opéra  pour  le  carnaval  de  1835; 
cet  ouvrage  a  été  mis  en  répétition,  mais  n'a  point 
été  représenté.  En    1837,   il  fit  jouer  un  opéra 
comique  en  trois  actes,  intitulé  le  Remplaçant , 
dont  le  libretto,  l'un  des  ouvrages  les  plus  faibles 
de  Scribe ,    nuisit  au  .succès   de   ia   musique. 
En    1842  Balton  a   été  nommé   inspecteur  des 
succursales  du  Conservatoire  de  Paris.  Sans  cesser 
d'en  remplir  les  fonctions,  il  a  été  chargé  en  1849 
de  la  direction  d'une  classe  d'ensemble  de  mu- 
sique vocale  dans  ce  même  établissement.  Batton 
est  mort   à  Paris  le  10  octobre  1855,  à  l'âge 
de  58  ans. 

BATTU  (P.),  violoniste  et  compositeur,  est 
né  à  Paris  en  1799.  Admis  comme  élève  au  Con- 
servatoire de  musique,  dans  des  classes  prépa- 
ratoires, il  devint  ensuite  élève  de  Rodolphe 
Kreutzer,  et  après  avoir  achevé  ses  études  musi- 
cales d'une  manière  brillante,  il  obtint  le  premier 
prix  de  violon  au  concours  de  l'année  1S22.  De- 
puis lors  M .  Battu  s'est  fait  entendre  dans  plusieurs 
concerts  et  toujours  avec  succès.  Parmi  les  élèves 
de  Kreutzer,  il  est  un  de  ceux  qui  ont  le  moins 
copié  la  manière  de  leur  maître.  Après  être  de- 
venu successivement  l'un  des  violons  de  l'orches- 
tre de  l'Opéra  et  de  la  chapelle  du  roi,  M.  Ballu 
a  été  privé  de  ce  dernier  emploi  par  la  révolution 
du  mois  de  juillet  1830.  En  1846,  il  a  été  nomme 
second  chef  d'orchestre  de  rO[)éra.  lia  fait  graver 
quelques  ouvrages  de  sa  composition ,  entre 
autres  :  1°  Concerto  pour  le  violon,  œuvre  1'*; 
Paris,  Baucé.  —  2°  l^rois  duos  concertants  pour 
deux  violons,  op.  2  ;  ibid.  —  3°  Deuxième  con- 
certo, œuvre  3*;  Paris, Frey>  —  4°  Thème  varié 
pour  le  violon,  avec  orchestre  ;  ibid.  —  5°  Quel- 
ques romances  avec  accompagnement  de  piano. 
BAU  (N.  ).  Cafliaux  cite  sous  cenom,di>ns 
son  histoire  manuscrite  de  la  musique,  un  écri- 
ts 


274 


BAUCK  —  BAUDIOT 


vain  français  qni  vivait  en  1754.  11  dit,  en  par- 
iant de  cet  auteur  :  IS'ous  avons  de  lui  un  petit 
Traité  de  musique  théorique.  Je  ne  connais  pas 
d'autre  indication  de  cet  ouvrage. 

BAUCK  (Matthieu-André),  organiste  à  l'é- 
glise Saint-Jacques  de  Lubeck,  mort  vers  1831, 
a  publié  à  Hambourg  :  1°  Musikalisches  An- 
denken  fur  Clavier  und  Gesang  (  Souvenirs 
musicaux  pour  le  clavecin  et  pour  léchant);  1799. 
—  2°  Alléluia  de  Hàndel  arrangé  pour  l'orgue, 
suivi  d'une  fugue  à  trois  parties;  ibid.,  1799. 
Il  est  aussi  auteur  d'un  manuel  d'harmonie ,  par 
demandes  et  réponses,  intitulé  ;  Anleitung  zitr 
Kenntniss  der  Harmonie  in  Fragen  und  Ant- 
ivorten,  als  Handbuch;  Lubeck,  Michelsen, 
1813,4  feuilles  1/2  in-8°.  Les  exemples  de  mu- 
sique sont  à  la  fin  du  volume;  mais  dans  la  se- 
conde édition,  publiée  à  Leipsick  en  1818,  les 
exemples  ont  été  ajoutés  dans  le  texte.  On  a  aussi 
de  Bauck  :  Lûbekisches  Choralmelodienbïich 
(  Livre  de  mélodies  chorales  de  Lubeck) ,  dont  la 
deuxième  édition  a  été  publiée  à  Lubeck,  en  1826, 
iu-S^et  Lubekischesvierstïmmigcs  Choralbuch 
(  Livre  choral  de  Lubeck  à  quatre  voix);  ibid. 
1828  ,  in-'4o  oblong. 

BAITD  (...).  habitanlde  Versailles,  a  inventé 
vers  1796  une  machine  propre  à  fabriquer  des 
cordes  de  soie  torse,  destinées  à  remplacer  celles 
de  boyaux  dans  la  monture  de  la  harpe,  de  la  gui- 
tare, et  même  du  violon,  de  l'alto  et  du  violon- 
celle. 11  déposa  des  échantillons  de  ses  cordes  à 
rinstitut,  et  Gossec  lit,  en  l'an  vu  (1798),  un 
rapport  à  la  classe  des  beaux-arts  ,  où  il  est  dit 
que  ces  cordes  peuvent  se  substituer  avec  avantage 
à  celles  de  boyaux,  pour  la  harpe  et  la  guitare, 
mais  qu'elles  sont  moins  sonores  pour  les  instru- 
ments à  archet.  Baud  a  fait  imprimer  une  bro- 
chure de  47  pages,  intitulée  :  Observations  sîir 
les  cordes  à  instruments  de  musique,  tant  de 
boyau  que  de  soie,  suivies  d'une  lettre  du  ci- 
toyen Gossec  au  citoyen  Baud,  du  rapport  du 
citoyen  Gossec  à  l'Institut  national  sur  les 
cordes  de  soïedu  citoyen  Baud,  et  de  l'extrait 
du  procès -verbal  de  V  Institut  national;  Ver- 
sailles, 1803,  in-8°.  Soit  à  cause  du  préjugé  qui 
fait  repousser  eu  France  toute  innovation,  soit 
que  les  inconvénients  de  ces  cordes  en  balan- 
çassent les  avantages,  il  ne  paraît  pas  qu'on 
en  ait  jamais  fait  usage.  En  1810,  Baud  soumit  à 
l'examen  de  l'Institut  un  violon  construit  dans  un 
système  de  proportions  particulières  et  dont  la 
table  n'était  pas  barrée,  parce  que  l'auteur  de  cet 
essai  considérait  la  barre  comme  un  obstacle  aux 
vibrations  longituoinales.  Le  rapport  de  l'Instilut 
ne  fut  pas  favorable  à  cette  invention;  il  a  été 
imprimé  dans  la  mauvaise  compilation  de  César 


Gardeton,  intitulée  :   Bibliographie  musicale    de 
la  France  et  de  l'étranger.  (Pag.  348  et  suiv.) 

BAUD  DELA  QUARRIÈBE,  trouvère, 
vivait  vers  le  milieu  du  treizième  siècle.  Le  ma- 
nuscrit n"  66  (fonds  de  Cangé)  de  la  Bibliothèque 
impériale,  contient  deux  chansons  notées  de  sa 
composition.  La  Borde  en  cite  deux  autres, 
t.  II,  p.  313. 

BAUDERON  (Antoink),  sieur  de  Sénecé. 
V.  Senecé. 

BAUDIOT  (Charles-Nicolas),  violoncel- 
liste, né  à  Nancy,  le  29  mars  1773,  reçut  des 
leçons  de  Janson  l'aîné,  et  succéda  à  son  maître 
comme  professeur  au  Conservatoire,  en  1802. 
Peu  de  temps  après  son  entrée  dans  cette  école, 
il  fut  chargé  de  faire  avec  Levasseur  une  mé- 
thode de  violoncelle  qui  fut  rédigée  par  Baillot. 
Baudiot,  qui  avait  un  emploi  au  ministère  des  fi- 
nances, fut  du  nombre  des  professeurs  qui  con- 
servèrent leurs  places  au  Conservatoire,  lorsque 
cet  établissement  fut  réorganisé,  en  1816  ,  sous 
le  nom  d'école  royale  de  musique ,  et  il  y  joi- 
gnit le  titre  de  premier  violoncelle  de  la  chapelle 
du  roi.  En  1822  il  demanda  et  obtint  sa  retraite 
de  professeur  du  Conservatoire  avec  une  pension 
pour  ses  anciens  services.  Depuis  lors,  il  a  fait 
plusieurs  voyages  en  France  pour  y  donner  des 
concerts.  Le  caractère  du  talent  de  cet  artiste 
était  un  son  pur,  mais  peu  puissant,  la  justesse 
de  l'intonation  et  la  netteté  dans  l'exécution  des 
traits  ;  mais  son  archet  manquait  de  variété  ;  son 
jeu  était  froid  et  sans  verve.  Dans  un  concert 
donné  par  M""  Catalani  à  la  salle  Chantereine, 
en  1807,  il  arriva  à  Baudiot  une  des  aventures 
les  plus  péniblesqui  puissent  se  rencontrer  dans  la 
vie  d'un  artiste.  11  y  devait  jouer  un  solo,  et  il  s'é- 
tait retiré  dans  une  chambre  du  théâtre  pour  pré- 
luder et  se  préparer  pendant  qu'on  exécutait  une 
symphonie  de  Haydn.  Par  un  singulier  hasard  , 
Baudiot  avait  écrit  la  fantaisie  qu'il  allait  exécuter 
sur  le  thème  de  Vandante  de  cette  symphonie, 
et  il  ignorait  que  c'était  précisément  celle»là  qu'on 
avait  choisie  pour  le  concert.  Le  moment  venu 
où  il  devait  jouer,  on  alla  le  chercher.  11  arrive, 
accorde  son  instrument  et  commence.  Quel- 
ques accords  de  l'orchestre  servent  de  prélude; 
mais  Tient  le  thème ,  et  lorsque  Baudiot  com- 
mence ce  même  thème  qu'on  venait  d'entendre, 
avec  les  riches  développements  qu'y  avait  mis  le 
génie  de  Haydn,  un  éclat  de  rire  part  dans  toute 
la  salle.  Baudiot  ne  sait  ce  qui  motive  cette  hila- 
rité; il  se  trouble,  et  dans  son  agitation,  prend 
mal  une  position  au  démanché  et  joue  faux.  Les 
rires  redoublent  et  avec  eux  l'angoisse  de  Baudiot, 
dont  toutes  les  Aicultés  morales  sont  anéanties 
cl  qiii  manque  la  plupart  des  traits.  Enfin,  d  est 


B. vu  nom 


BAUER 


275 


obligé  lie  s'anôter  et  ilc  se  retirer,  soiilcim  pnr 
un  de  ses  camarades;  car  les  forces  1  abandon- 
nent. Il  n'apprit  la  cause  de  son  mallieur  qu'après 
(pi'il  eut  reprisses  sens. En rapportaiitcctle scène, 
dont  je  fus  témoin,  je  ne  puis  penser  sans  peine  à 
la  situation  de  l'artiste  de  talent  qui  en  fut  la  vic- 
time. Les  ouvrages  de  sa  composition  qu'il  a  publies 
sont:  1°  Deux  concertos  pour  le  violoncelle; 
Paris,  Frey.  — 2o  Deux  concertinos  pour  le  même 
instrument,  œuvres  19"  et  20^;  Paris,  Pleyel. — 
3"  Trio  pour  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  3; 
ibid.  — 4"  Deux  œuvres  de  duos  pour  deux  vio- 
loncelles, op.  6  et  7  ;  ibid.  —  5°  Pot-pourri 
pour  violoncelle,  avec  accompagnement  de 
quatuor;  Paris,  Frey.  —  6°  Trois  fantaisies  pour 
violoncelle  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  12;  Pari-;,  Pleyel.  — 7"  Trois,  idem,  op.  20; 
il».  —  8''  Trois  nocturnes  pour  violoncelle  et 
harpe;  Paris,  Pacini. —  9"  Deuxœnvres de  sonates 
pour  violoncelle  avec  accompagnement  de  basse; 
Paris  ,  Pleyel  et  Naderman.  —  10°  Des  trios 
pour  piano,  violoncelle  et  cor,  et  pour  piano, 
harpe  et  violoncelle.  —  ir  Des  thèmes  variés 
pour  violoncelle  et  piano.  —  12°  Trois  duos 
d'une  difficulté  progressive  pour  violoncelle  et 
piano  sur  des  thèmes  de  Rossini  et  d'Auber,  op. 
31.  —  13"  Beaucoup  de  morceaux  arrangés  d'a- 
près Lafont  et  de  Bériot,  pour  le  violoncelle.  — 
14"  Métliode  de  violoncelle  pour  l'usage  du  Conser- 
vatoire, avec  LevasseuretBaillot;  Paris,  Brandus. 
—  150  Mélhodecomplète  de  violoncelle,  op.  25. 

160  instruclion  pour  les  compositeurs,  ou 

Notions  sur  le'  mécanisme  et  doigter  du  vio- 
loncelle et  la  manière  d'écrire  pour  cet  ins- 
tniment;  Paris,  Richaul.  Baudioî  est  mort  le 
26  septembre  1849,  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans. 

BAUDOIN  DESAUTIEX  ou  DES  AU- 
TELS, poëte  et  musicien  français,  llorissail 
vers  1250  (Voy.  la  Bibliothèque  de  La  Croix 
(lu  Maine).  On  trouve  une  chanson  notée  de  sa 
composition  dans  un  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque impériale  (n°  65  du  londs  de  Cangé). 

BAUDOIN  (Noël).  Voyez  RAULDUIN. 

BÎAUDREXEL  (Philippe-Jacques),  doc- 
teur en  tliéologie,  et  curé  de  Kauffbourg,  près 
d'Ulm,  naquit  à  Fies,  dans  la  Souabe ,  vers 
1635.  Après  qu'il  eut  achevé  le  cours  de  ses  étu- 
des, l'électeur,  dont  il  était  le  sujet,  l'envoya  à 
Rome  [)oury  apprendre  la  composition.  De  retour 
d:ins  £on  pays,  il  fut  pourvu  de  sa  cure,  et  em- 
ploya les  loisirs  de  sa  place  à  conqioser  pour  l'é- 
glise. On  a  de  lui  :  1°  Primitix  musicales,  co)t- 
linentcs  Te  Deum,  missas,  rcqu'iem,  motettas 
sexdccini  de  communi  quinquc  et  sexvoc- con- 
cert, cumduo  vioUn'is,ctc.;\Jh(\,  lG(/i,in-V'. — 


?"  Psnhni  rosperlini  de  dominica,  de  fi.  Vir- 
(jiiie,  .i/ios/otis  et  J'estis  lotius  anni,  inprimis 
etsecnndis  vespcris  ;  Cologne,  166S,  in-4". 

BAUDBON  (Ant()Ine-L\uue.nt),  premier 
violon  du  Théâtre-Français,  est  né  à  Amiens,  le 
16  mai  1743.  Après  avoir  fait  ses  études  au  col- 
lège des  Jésuites  de  cette  ville,  il  ,vint  à  Pari-, 
et  prit  des  leçons  deGaviniès  pour  le  violon.  Fn 
1763  il  entra  à  l'orchestre  du  Théâtre-Français, 
et  en  devint  le  chef  en  1766.  En  1780  il  composa, 
à  la  sollicitation  de  Larive,  la  nouvelle  nuisique 
du  PijcjmulUm  de  J.-J.  Rousseau.  Il  a  fait  aussi 
les  airs  du  Mariage  de  Figaro,  à  l'exception  du 
vaudeville  de  la  fin,  qui  est  de  Beaumarchais, 
et  cent  vingt  morceaux  de  différents  caraclères, 
pour  des  tragédies,  entre  autres  la  musique  du 
troisième  acte  d'/l//?o//e.  Les  ouvrages  de  Ban- 
dron  n'ont  pas  été  publiés.  Cet  aitiste  estimable 
s'est  retiré  en  1822,  et  les  comédiens  français, 
en  considération  de  ses  longs  services,  lui  ont 
accordé  une  pension  égale  à  la  totalité  de  ses  ap- 
pointements. Il  a  cessé  de  vivre  en  1834,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-onze  ans. 

BAUER  (Curvsostome),  habile  constructeur 
d'orgues,  naquit  dans  le  Wurtemberg  ,  et  vécut 
au  commencement  du  dix-liiiitiènie  siècle.  Cet 
artiste  est  signalé  par  Adelung  (  Mus'ica  meclia- 
n'ica  organxdi,  p.  270)  comme  auteur  d'un 
perfectionnement  inipoi  tant  dans  la  construction 
de  l'orgue.  Avunt  lui  ,  les  soufflets  qui  fournis- 
saient le  vent  à  cet  instrument  étaient  de  petite 
dimension,  et  Ton  ne  suppléait  à  leur  insuffi- 
saHce  qu'en  les  multipliant.  Mais  outre  l'incon- 
vénient de  la  nécessité  de  plusieurs  hommes 
pour  le  service  de  tous  ces  soufflets,  il  était  im- 
possible d'obtenir  delà  petitesse  et  de  la  multipli- 
cité de  ceux-ci  un  souflle  égal  et  une  pression 
constante,  en  sorte  que  lèvent  n'arrivait  souvent 
aux  tuyaux,  particulièrement  aux  jeux  de  flûte, 
(|ne  par  bouffées  et  par  secousses.  Bauer  sub- 
stitua à  cet  ancien  système  de  soufflerie  des  soul- 
llets  |)lns  grands.  Le  premier  essai  qu'il  fit  de 
celle  amélioration  lut  appliqué  à  la  réparation 
de  l'orgue  de  la  calhéîlrale  d'Ulm,  où  seize souf- 
tlets  furent  remplacés  avec  avantage  par  huit 
autres  plus  grands  et  plus  puissants. 

BAUER  (Joseph),  maître  de  chapelle  de 
l'évêque  de  Wûr/bourg  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  k  Vlanheim,  de 
1772  à  1776,  cinq  œuvres  de  quatuors  pour 
piano,  flûte,  violon  et  basse.  Il  mourut  à  Wûrz- 
bourg,  en  1797.  Bauer  était  bon  [)ianiste  et  com- 
(lo.-ait  bien  pom-  son  instrument.  Sa  fille,  Cathe- 
rine Bauer ,  pianiste  distinguée,  s'est  fait  con- 
naître par  trois  œuvres  d'airs  variés,  pu!>liés  à 
o;ïenbaeli ,  chez  André,  et  par  deux  recueils  de 

18. 


27G 


BAUER  -  BAULDllIN 


danses  alleniamles  et  de  walses,  qui  ont  paru  à 
MimiclijCliez  Falter.  Née  à  Wùrtzbourg  en  1785, 
elle  a  en  pour  maître  de  piano  et  de  composition 
le  maître  de  chapelle  Sterkel. 

BAUER  (***),  conseiller  de  cour  du  roi  de 
Prusse,  vers  1786,  se  fit  remarquer  à  cette 
époque  par  l'invention  de  deux  pianos  d'espèce 
particulière.  Le  premier,  appelé  crescendo,  était 
vertical,  déforme  pyramidale,  et  avait  huit  pieds 
et  demi  de  liauteur,  trois  pieds  de  largeur,  dix- 
huit  pouces  d'épaisseur  ;  son  clavier  avait  cinq  oc- 
taves d'étendue,  et  trois  pédales  savaient  à  mo- 
difier le  son  par  gradation,  et  aussi  à  transposer 
de  deux  ou  trois  tons  à  volonté,  en  imprimant  un 
mouvement  au  clavier.  Le  piano  de  la  seconde 
espèce  s'appelait  roya/crescenrfo.  Il  avait  la  forme 
d'un  petit  piano  de  quatre  piedsde  longueur.  Des 
tuyaux  de  jeu  de  flûte  se  trouvaient  sous  une 
partie  du  clavier  de  cet  instrument.  Bauer  s'est 
fait  aussi  de  la  réputation  par  ses  liorlo{;es  à  mu- 
sique. Le  roi  de  Prusse  lui  en  acheta  une  pour  le 
château  de  Potsdam  en  1769,  et  l'impératrice 
de  Russie  en  paya  une  3,000  ronhles. 

BAUER  (Jean-Frédéric),  virtuose  sur  le 
hautbois  ,  est  né  vers  1785  dans  le  grand-duché 
de  Saxe-Weimar.  Jiickel ,  hautboïste  de  la  cha- 
pelle du  roi  de  Saxe,  lui  donna  les  premières  le- 
çons de  son  instrument;  mais  il  ne  doit  son  talent 
(ju'à  ses  propres  éludes.  Il  fut  d'abord  attaché  à 
l'orchestre  de  la  cour  de  Cassel ,  puis  il  entra 
comme  professeur  au  conservatoire  de  Prague, 
où  il  se  trouvait  encore  en  1841.  Bauer  a  composé 
plusieurs  choses  pour  son  instrument;  mais  il 
n'a  rien  publié. 

BAUER  (Edouard),  compositeur  allemand 
fixé  à  Turin  vers  1830,  a  donné  à  Cagliari,  en 
ts36,  l'opéra  intitulé  Due  Vecchi  eci  un  al- 
bero,  et  en  1843  ,  Chi  più  guarda  meno  vede, 
à  Turin  ;  compositions  de  peu  de  valeur,  oubliées 
dès  leur  naissance. 

BAUER  (  Aloys  ) ,  maître  de  chapelle  à 
Augsbourg,  né  en  Bavière,  et  actuellement  vi- 
vant (1854),  s'est  fait  connaître  par  de  nom- 
breux ouvrages  de  musique  d'église,  parmi  les- 
quels on  remarque  :  1°  Messe  de  requiem  à 
trois  voix,  orgue  et  orchestre,  op.  5  ;  Augsbourg, 
Bôlime.  —  2°  Idem  à  quatre  voix  et  orgue;  ibid. 
—  3°  Messe  de  Noël  à  trois  voix ,  orchestre  et 
orgue,  op.  26  ;  ibid.  — 4°  Messe  pastorale  (en  ut) 
à  trois  ou  quatre  voix ,  petit  orchestre  et  orgue, 
op.  27;  ibid.  —  5"  Plusieurs  messes  allemandesà 
trois  voix,  petit  orchestre  et  orgue;  ibid. — 6o  Messe 
solennelle  (en  «<)  à  trois  ou  quatre  voix,  petit 
orchestre  et  orgue,  oi>.  'M;  ibid.  — 7"  Messe  so- 
Jenneile  (en  ré)  à  trois  voix,  orchestre  et  orgue, 
ibid.  —  8"  Vêpres  chorales  à  deux  chœurs  avec 


orgue,  ibid.  —  9"  Six  petites  messes  de  campa- 
gne pour  trois  voix ,  petit  orchestre  et  orgue,  op. 
22  et  25;  ibid.  _  10"  Beaucoup  d'offertoires, 
litanies,  Tanliun  ergo,  etc.,  à  trois  ou  quatre 
voix,  petit  orchestre  et  orgue;  ibid.  Les  œuvres 
de  Bauer  appartiennent  au  genre  qu'on  nomme 
musique  courante  ,  à  l'usage  des  petites  villes  et 
des  villages. 

BAUERSACHS  (Charles-Frédéric),  vir- 
tuose sur  le  cor  de  bassetle  et  sur  le  violoncelle, 
naquit  à  Pegnilz,  le  4  juin  1770.  La  guerre  qui 
éclata  en  1790  lui  fit  perdre  une  place  qu'il  occu- 
pait dans  une  petite  cour  des  bords  du  Rhin,  et 
l'obligea  d'entreprendre  un  voyage  dans  diverses 
petites  villes.  En  1796  il  partit  pour  Vienne, 
d'où  il  alla  ensuite  en  Hongrie  et  à  Venise.  De 
retour  dans  sa  patrie  en  1802,  il  entra  dans  un 
corps  de  musique  militaire ,  en  qualité  de  haut- 
boïste. Retiré  ensuite  à  Sommerda,  près  d'Erfurt, 
il  y  mourut,  le  14  décembre  1845.  11  a  écrit  beau- 
coup de  musique  pour  le  cor  de  bassette  ;  elle  est 
restée  en  manuscrit. 

BAUERSCHMIDT.  Il  y  a  eu  deux  frères 
de  xe  nom ,  qu'on  désignait  seulement  par  les 
dénominations  d'aîné  et  de  cadet.  L'un  d'eux 
fut  d'abord  maître  de  chapelle  du  margrave  de 
Baden-Baden.  On  croit  que  c'est  le  même  qui  vint 
h  Paris  vers  1784,  et  qui  y  publia  six  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  et,  peu  de  temps 
après,  six  trios  pour  harpe,  piano  et  violon. 
L'autre  s'établit  en  Russie  et  se  trouvait  encore 
àPélersboiirg  en  1794.  Il  paraît  que  depuis  lors 
il  est  revenu  en  Allemagne ,  où  l'on  a  imprimé 
deux  ouvrages  de  sa  composition  :  1°  An- 
dante  favori  varié  pour  piano;  1797.  —  2°  VI 
Lieder  mit  Klavierbegleitung  (Six  chansons 
avec  accompagnement  de  clavecin  )  ;  Heilbronn. 
On  a  aussi  sous  le  môme  nom  Six  grandes  sym- 
phonies; Paris,  in-fol.  sans  date. 

BAULDUIIV  ou  BALDUIN,  ou  enfin 
BAUDOUIN  (Noël),  en  latin  Balduinus,  mu- 
sicien belge,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle ,  fut  maître  de  musique  de  l'é- 
glise collégiale  Notre-Dame  à  Anvers,  depuis 
1513  jusqu'en  1518.  On  ignore  ce  (|ui  lui  lit 
quitter  cette  position ,  car  il  ne  s'éloigna  pas 
d'Anvers,  et  il  y  mourut  en  1529.  On  voit  dans 
les  comptes  de  l'église  d'Anvers  et  des  confréries 
que  Noël  Baulduin  y  est  toujours  nommé  maître 
Noël  ou  msester  Noël,  Nouel,  Noé,  etc.;  repen- 
dant M.deBurburea  trouvé  que  dans  l'Hunte 
qui  précéda  sa  nomination  de  maître  deiuusiiiue, 
on  l'avait  inscrit  dans  les  comptes  des  chanteurs 
sous  le  nom  de  Balduinus,  qui  ne  lui  est  donné 
qu'une  seule  fois ,  parce  qu'il  y  avait  un  autre 
chantre  dans  le  même  temps  qui  se   nommait 


BAULDUIN  —  BAUMEISTER 


277 


Bauvxns,  en  latin  Balduinns,  et  (lu'on  voulait 
éviter  la  confusion  tians  les  relevés  des  droits  de 
présence  au  chœur.  Je  viens  de  dire  que  Noël 
Baulduin  ne  s'éloigna  pas  d'Anvers;  cependant 
il  est  possible  qu'il  ait  fait  un  voyage  en  Italie ,  car 
en  1519  Petrucci  de  Fossoml)rorie  iniprimadeuv 
de  ses  motets  dans  un  de  ses  recueils.  Un  volume 
des  archives  de  la  chapelle  pontificale  à  Rome, 
coté  n"  22,  et  noté  partie  en  1565  et  partie  en 
1568  ,  contient  six  messes  par  Noël  Baudotiijn, 
Robledo  et  Rosso.  On  voit  que  ces  messes  ont 
été  recueillies  longtemps  après  la  mort  de  Baul- 
duin. Les  deux  motels  de  Balduin  ,  insérés 
par  Octave  Petrucci  dans  le  quatrième  livre  des 
Motettide  la  Coro?2a, sont:  0  pulcherrima  inu- 
licrum ,  à  quatre  voix ,  et  Exallabo  te  Deus 
meus,  également  à  quatre  voix.  Ce  dernier  motet 
a  été  reproduit  dans  un  recueil  intitulé  :  Psal- 
morum  seleclorum  a  prxstantissimis  huius 
noslri  temporis  in  arte  musica  artificibus  in 
harmoniaa  quatuor,  quinque  etsex  vocum  rc- 
dactorum  ,  tomi  quatuor  ;  Aoribergx  ex  ofjl- 
cina  Joannis  Montant  et  Ulrici  Neiiberi,  1553- 
1554,  in-4''  obi.  Le  recueil  de  Salblinger  intitulé  : 
Selectissimœ  nec  non  famiiuirissimx  cantio- 
nes  ulira  centitm,  publié  à  Augsbourg  en  1540, 
contient  plusieurs  pièces  de  ce  nmsicien.  Tylman 
Susato  a  mis  aussi  un  morceau  de  Noël  Baulduin 
dans  son  Sixième  livre  contenant  XXXI  chan- 
sons nouvelles  à  cinq  et  six  parties,  etc.;  Anvers, 
1545,  in-4o  obi.  Dans  les  Selectissimœ  sr/mpho- 
nix  compositx  ab  excellentibus  nmslcis  unie 
hac  non  editx.  (Norimbergcie,  inoHicina  Joannis 
Montani  et  Ulrici  Neuberi ,  154C,  iu-4°  ob.  ),  on 
trouve,  sous  le  nom  de  Natalis  Baudouijn ,  le 
motet,  Quam  pulchra  es  ,  à  quatre  voix  ,  coté 
n°  11.  Natalis  est  ici  la  traduction  latine  de 
Noël,  linfin  le  recueil  qui  a  pour  titre  :  Musis 
dicatum,  Libro  llamado  Silva  de  Sirenas  ,  re- 
cueilli parEnriquez  de  Ualderavano,  et  imprimé 
par  François-Fernandez  deCordoue,  en  1547, 
renferme  des  airs  à  plusieurs  parties  du  même 
comiiositeur. 

BAUMAI\1\  (  Jean-Godefroy),  pasteur  de 
l'i'glise  de  la  nouvelle  ville,  à  Schneeberg,  vers 
1760,  a  écrit  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Sche- 
diasma  historico-  theoloijicumde  hymnis  hijm- 
nopœis  veteris  et  recentiorïs  ecclesix  verx 
atque  christianx  religioni  promovendx  ac 
propagandx  inservientibus  :  Brème,  1765, 
in-S",  de  54  pages. 

BAUMANiV  (A.),  compositeur  de  chansons 
allemandes,  né  à  Vienne,  a  publié  environ  vingt- 
cinq  œuvres  dédiants  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

BAUMBACII  (Fkédéric-Auguste),  compo- 


[■  sitcur,  écrivain  sur  la  musique,  né  en  17i)3, 
I  mort  à  Leipsick  le  50  novembre  181.'},  fut  nommé 
j  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Hambourg,  en 
1778.  Ne  trouvant  pas  au  milieu  de  l'exercice 
de  ses  fonctions  le  temps  nécessaire  pour  se 
livrer  à  ses  travaux  il  donna  sa  démission  en 
1789  et  se  retira  à  Leipsick,  où  sa  vie  tout  en- 
tière fut  consacrée  à  l'art  qu'il  aimait  avec  pas- 
sion. Le  premier  œuvre  de  sa  composition  qui 
a  été  publié  consiste  en  six  sonates  pour  le  piano 
(Gotha,  1790).  Parmi  ses  autres  ouvrages  on 
remarque  •  i"  Six  duos  pour  deux  violons. 
Spire,  1791.  — 2°  Air  à  trois  notes  de  J.-J.  Rous- 
seau, avec  vingt-quatre  variations  pour  clave- 
cin,violon  obligé  et  violoncelle,  Berlin  et  Leip- 
sick, 1792.  —3°  Choix  d'airs  et  de  chansons, 
Leipsick,  1793.  —  4°  Russisches  VolksUed  mit 
50  Vernnderungen  filr  Clavier  (Air  rus--c  avec 
cinquante  variations)  ;  Gotha,  1793. —  5o  Lgrische 
Gedichte  zum  singen  beym  K'iavJer;  Leipsick, 
179.'î. —  ù°  Theresiens  Klagen  iiber  den  Tod 
ihrer  unglucklichen  Mutter  Marie-Antoinette, 
eine  Kantate  am  Forte-piano  zu  singen,  mit 
einer  Kupfer  Von  Rosmœsler  (Con^plainte  de 
Thérèse  sur  la  mort  de  sa  mère  infortunée,  Marie- 
Antoinelte ,  cantate  avec  accompagnement  de 
piano),  Leip.sick,  1794;  —  7"  Alphonso  und 
Zaide,  clc.  (  Alphonse  et  Zaïde,  duo  avec  accompa- 
gnementdepiano  à  quatre  mains)  ;  Leipsick,  1794. 

—  S°  Le  Songe  de  La/ayette.  PaT\s,lmlmi\t,  i795. 

—  9°  Maria-  Theresia  bey  ihrem  Abschiede  von 
Frankreich  (Marie-Thérèse  quittant  la  France, 
rondeau  pour  piano),  Leipsick,  1796.  —  10° 
Duettinotturni,  con  ace.  rZi  pirtjjo;  Leipsick 
1798.  —  ir  Gesànge  am  Klavicr,  premier  et 
deuxièmerecueil,  Gotha,  1798.  —  12"  Trois  ron- 
deaux pour  le  piano;  1798.  —  13"  Air  italien  : 
Ombre  amené,  avec  accompagnement  de  piano, 
violon  obligé  et  violoncelle.  —  14"  Variations  sur 
un  allegretto  pour  deux  violons;  Leipsick,  1799. 

—  15°  Études  pour  la  guitare,  consistant  en  seize 
préludes  dans  les  tons  majeurs  et  mineurs,  vingt- 
qnatre  pièces  progressives,  siîi  variations ,  deux 
romances,  deux  airs,  Leipsick.  Baumbach  a  écrit 
lesarticlesdemusiquedu  Dictionnairedes  Beaux- 
Arts  qui  a  paru  à  Leipsick  en  1794  sous  ce  titre  : 
Kurz  gefasstes  Handworterbuch  ilber  die 
schônen  Kiinste.  La  musique  de  cet  auteur  .se 
fait  remarquer  par  un  caractère  de  profondeur 
et  de  grave  pensée.  Baumbach  était  également 
habile  sur  le  piano  et  sur  la  mandoline. 

BAUMBEKG  (....).  On  connaît  sous  ce 
nom  :  l"  Six  trios  pour  deux  llùles  et  basse, 
op.  1,  Amsterdam,  1783.  —  2°  Six  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  2.  Berlin,  1784, 

BAUMEISTEB  (GeorgeOtumau)  ,  asses- 


278 


BAUMFJSTKÎl  —  RAU^iSTARCK 


siHif  à  Glogaii,  est  ;îii  nombie  des  plus  Laliiics 
p'uiiiistes  (ie  la  Silésie.  Jl  iia(|iiit  à  Guiiiiîz  le  27 
«■(•,tiil)!e  1800  et  reçut  les  premières  leçons  de 
musique  de  son  père.  Il  étudia  ensuite  le  piano 
et  la  tlK'Oi'ie  de  la  composition  sons  la  direction 
«le  M.  Schneider,  organiste  à  Dresde.  Ayant  été 
envoyé  à  l'université  de  Breslau,  il  s'y  lia  d'a- 
mitié avec  Sclinabel  et  participa  à  ses  concerts.  A 
lîerlin,  il  fut  membre  de  la  société  de  cJiant  di- 
rifjée  p;ir  Zelîer  jusqu'en  1821,  on  il  reçut  sa 
noniinalion  d'assesseur  à  Glogau.  M.  Hoffmann 
(Die  Tonkûnstler  Schlesiens)  fait  l'éloge  du  ta- 
lent de  cet  artiste,  de  son  \)abileté  dans limpro- 
%isalion,  et  de  son  fioîit.  lïaumeister  a  publié  : 
1"  Grand  rondeau  pour  le  piano  ;  Breslau,  Focrs- 
1er.  —  2°  Deux  valses  et  un  cotillon  pour  le 
l)iaiio,  ibid. 

BAUMG.ï:RT]\rER  (Jean-Baptiste),  habile 
violoncelliste,  né  à  Augsbourg,  de  Jean  Baum- 
f^œrlner,  flûtiste  de  la  chapelle  du  prince-évéque, 
passa  la  plus  grande  partie  de  sa  jeunesse  à  voya- 
ger. Eu  1774  il  élait  à  La  Haye  ;  deux  ans  après 
à  Amsierdam.  Il  fut  ensuite  appelé  à  la  chapelle 
loyale  de  Stockholm  ;  mais  le  froid  rigoureux  <le 
le  pays  l'obligea  bientôt  à  le  quitter.  Après  avoir 
séjourné  queUjuetemps  à  Hambourg  et  à  Vienne, 
il  se  fixa  enlin  à  Eicbsladt,  où  il  mourut  de 
phtliysie,  le  18  mai  1782.  Baumgœrlner  a  publié  : 
Instruction  de  musique  théorique  et  pratique 
sur  V'usage  chi  violoncelle  ;  La  Haye,  1774, 
in-4°.  On  a  aussi  de  sa  composition  :  1°  Quatre 
concertos  pour  le  violoncelle  avec  orchestre; 
—  2"  Six  solos  avec  trente-cinq  cadences  dans 
fous  les  tons.  Ces  ouvrages  sont  restés  en  ma- 
nuscrit. 

BAUaiGJEflTNER  (...),  directeur  de 
musique  d'une  troupe  d'acteurs  ambulants,  a 
composé  la  timsique  de  Persée  et  AndromèdCy 
opéra  allemand  q\ii  a  été  représenté  en  1780. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sur  cet  auteur  ni  sur  ses 
(luviages.  On  a  sous  ce  nom  un  recueil  de  six 
chansons  allemandes ,  en  deux  cahiers,  Mayence, 
Schott. 

BAUMGABTEiM  (Gotthilf  dk),  conseiller 
prwviucial  du  canlon  de  Gross-Strehlilz,  en  Si- 
lésie, naquit  à  Berlin,  le  12  janvier  l74l.  Il  avait 
élé  d'abord  capitaine  au  régiment  de  Tauen- 
zien-înfanterie,  en  garnison  à  Breslau,  d'où  il 
passa  à  la  place  qui  a  été  mentionnée  ci-dessus. 
Baumgarten  est  connu  par  la  composition  de 
trois  opéras  intitulés  :  {°  Zémire  et  Azor,  repré- 
senté en  1775 2°  Andromède,  1776.  — 3"  Le 

tombeau  du  Muphti,  1779.  Ce  sont  des  compo- 
sitions dans  la  manière  de  Dittersdorff.  Baum- 
garten  avait  fait  ses  études  au  Gymnase  de  Co- 
logne, était  ensuite  entré  comme  sous-lieuteuanf 


dans  w\  régiment  dy  lanciers,  avait  été  fait  lieu- 
tenant en  17(jS,  et  entin  avait  élé  conseiller  d'i> 
tatà  Breslau,  en  1770. 

BAUMGARTEIV  (Georges),  Cuntor  et 
maître  d'école  à  Landsbcrg  sur  la  Warfa,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  est  auteur  d'un 
traité  de  musique  intitulé  :  Rudimenta  musices  : 
Kurzejcdoch  griindliche  Anleitung  zur  Figu- 
ral-Musik,  fiirnehmlich  der  studirenden  Ju- 
gend  zu  Landsberg  an  der  Warthe ,  zum  Bf- 
sten  vorgeschrieben  (Introduction  courte  mais 
fondamentale  à  la  musique  figurée,  etc.);  Berlin, 
1673,  in-8o,  2^  édition.  On  ignore  la  date  de  la 
première. 

BAUMGARTEN  (CnAni.Es-FnÉDÉRic),  né 
en  Allemagne,  vers  le  milieu  (\^i  dix-huitièu'.e 
siècle,  était  bassoniste  au  IhéAtre  de  Covenl- 
Garden,  à  Londres,  vers  1784.  En  178G,  il  com- 
posa la  mHsi(]ue  d'un  opéra  anglais,  intitulé  : 
Jiobin  Hood,  qui  fut  reçu  du  public  avec  de 
grands  applaudissements.  On  a  publié  en  Alle- 
magne, sous  le  nom  de  Banmgarten  (J.-C.-F.), 
un  recueil  de  chants  à  voix  seule  pour  des  écoles 
de  campagne. 

BAUMGARTxXER  (Guillaume),  directeur 
de  mu.siqueà  Saint-Gall,  en  Suisse,  actuellement 
vivant  (1856),  s'est  fait  connaître  par  des  com- 
positions pour  léchant,  au  nombre  desquelles  se 
trouvent:  1°  6  Lieder  à 4  voix,  pour  2  sopranos  et 
2  altos;  Saint-Gall,  Haher.  —  2°  G  idem,  op.  2; 
i!i)id.  —  3°  2  chansons  comiques  avec  piano,  op. 
8  ;  Offenbach,  André.  —  4°  6  petites  chansons  à 
voix  seule  et  piano,  op.  lO;  Leipsick,  Senff. 

BAUIVIGARTNER  (Auguste),  organiste  à 
Munich  et  membie  de  l'institut  central  de  sténo- 
graphie fondé  dans  cette  ville  par  Gabeisberger, 
est  inventeur  d'un  nouveau  système  de  sténogra- 
phie musicale  dont  il  a  publié  les  premiers  essais 
dans  l'écrit  périodique  \n[iU\\é Stenographischen 
Zeitschrift ,  n"  4  (juin  1852).  Son  système 
complet  a  paru  ensuite  sous  ce  litre  :  Kurzgefasste 
Anleitung  zur  musikalischen  Stenograpkieoder 
Tonzeicfiene-Kunst  (Brève  introduction  à  laslé- 
nographie  musicale,  ou  Art  de  noter);  Munich,  G. 
Franz,  1853,  in- 12  de  42  pages  avec  16  planches. 
Le  système  de  Baumgartner  a  sur  ceux  qui  l'ont 
pn'cédé  l'avantage  d'une  plus  grande  ^simplicité 
pour  la  représentation  des  groupes  do  sons  en 
séries  et  en  progressions. 

RAUMSTARCK  (A.  Fr.)  Sous  ce  nom  d'un 
écrivain  inconnu  (pii,  selon  les  probabilités,  vit  à 
Leipsick,  on  a  publié  un  petit  écrit  intitulé  : 
Justus  Thibaut.  Blàtter  der  Erinnerung  fur 
seine  Vcrehrer  und  fiir  die  Freunde  der  rci- 
nen  Tonkunst  (Juste  Thibaut.  Feuilles  de  sou- 
venir (tour  honorer  sa  mémoire,  et  pour  les  amis 


BAUMSTARCK  —  BAYER 


279 


de  la  musi(nie  pure  ;  Lcipsick  ).  Eiigelmann  , 
1S4I,  in -8°. 

BAUMULLER  (Joseph),  né  en  1780  à  Man- 
lieim ,  acquit  beaucoup  de  talent  sur  le  violon , 
par  les  soin»  de  François  Scliemenatier,  musicien 
de  la  cour  de  Munich.  En  1800  il  obtint  la 
place  de  premier  violon  à  l'orcliestre  de  cette 
cour.  On  connaît  de  lui  un  œuvre  de  trois  duos 
pour  deux  violons;  Munich,  Falter. 

BAUR  (Charles-Alexis),  professem-  de 
harpe  et  de  piano,  est  né  à  Tours  ,  en  1789.  Son 
père  et  sa  mère,  qui  tous  deux  donnaient  des  le- 
çons de  ces  deux  instruments  dans  sa  ville  natale, 
lui  donnèrent  les  premières  notions  de  musique 
vocale  et  instrumentale.  Venu  ;à  Paris  à  l'âge 
de  seize  ans,  M.  Eaur  devint  élève  de  Nader- 
mann.  En  1820  il  s'est  rendu  à  Londres,  oii  il 
s'est  fixé  comme  professeur  de  harpe.  Ses  com- 
positions consistent  en  :  Trois  sonates  pour  la 
harpe,  œuvre  l"^*^.  —  Trois  idem,  œuvre  2'^.  — 
Recueil  d'Airspoiirlemémeinstrument.— Duos 
pour  harpe  et  piano,  œuvre  3*.  —  Quatuors 
pour  harpe,  clavecin,  violon  et  basse.  —  Dicos 
pour  harpe  et  flûte.  11  est  aussi  auteur  de  deux 
livres  de  sonates  pour  le  violoncelle. 

BAURÏEGEL  (Jean-Chrétien),  organiste 
à  Grinuna,  petite  ville  de  la  Saxe,  a  donné  im 
livre  choral  à  quatre  voix  pour  le  livre  de  chant 
de  la  Saxe,  avec  des  conclusions  pour  l'orgue,  sous 
ce  titre  :  Choralbuch  fur  sâmmtUche  sàch- 
sische  Gesangbûcher ,  vierstimmig.  mit  Zwi- 
sc//enspielen  ,Gr\mma,  1835,  in-4°. 

BAUSCH  (...),  fabricant  d'archets  à  Dessau, 
est  le  Tourte  de  l'Allemagne,  car  ses  archets  y 
sont  recherchés  par  tous  les  artistes.  lia  reçu, 
dit-on ,  des  conseils  de  Spohr  pour  la  bonne 
construction  de  cet  agent  si  important  de  l'art 
du  violoniste.  En  1840  une  médaille  d'argent  a 
été  décernée  à  M.  Bausch  à  l'exposition  de 
Dresde. 

BAUSTETTER  (Jean -Conrad),  musicien 
allemand,  fut  organiste  de  l'église  neuve  à  Ams- 
terdam, dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  On  connaît  sous  son  nom  :  —  l»  Six  trios 
pour  violon,  hautbois  et  violoncelle,  op.  1;  Ams- 
terdam, 1729.  —  2°  Six  sonates  pour  deuxllûtes, 
violoncelle  et  orgue,  op.  2.  —  3"  Six  suites  pour 
le  clavecin ,  composées  de  sonates  ,  siciliennes , 
caprices,  gigues  et  menuets.  —  4°  Six  trios 
pour  flùle.  —  5°  Otto  concerti  a  sei  e  scite 
stromenti,  due  fl.,  due  viol.,  alto,  violonc.  e 
eembalo. 

BAVERINI  (François)  ,  contrapuntiste  ita- 
lienqui  vivait  versle  milieu  duquinzième  siècle,  est 
le  premier  qui  mit  en  musique  une  espèce  de  drame 
qui  avait  pour  Ulre  :    La  conversione  di  San 


Paolo.  Il  fut  représenté  à  Rome  pour  la  première 
fois  en  1440.  Cet  ouvrage  est  perdu. 

BAWR  (M""^  LA  COMTESSE  pe),  est  née  à 
Stuttgart,  de  parents  français,  en  1770.  Son  nom 
de  famille  était  Changran.  Venue  fort  jeune  en 
France,  elle  y  reçut  une  éducation  brillante, 
apprit  la  musique,  devint  bonne  pianiste,  et  prit 
des  leçons  de  composition  de  Gréiry.  Sous  sa 
direction  ,  elle  écrivit  la  musique  d'un  opéra  qui 
n'a  point  été  représenté ,  et  celle  d'un  mélodrame 
qui  fut  joué  à  Paris  avec  quelque  succès.  Plu- 
sieurs romans,  de  jolies  comédies,  et  des  résumés 
historiques,  ont  fait  connaîîre  avantageusement 
M™^  de  Bawr  dans  la  littérature.  Ai;  nombre  de 
ses  productions  est  une  Histoire  de  la  Musique 
(Paris,  Audot,  1823),  dont  il  a  été  fait  deux 
tirages,  l'un  in-l2,  l'autre  in-l8.  Ce  petit  ou- 
vrage fait  partie  d'une  collection  connue  sous  le 
nom  iV Encyclopédie  des  dames.  M.  Auguste  Le- 
wald  a  donné  une  traduction  allemande  de  ce 
livre  sous  le  titre  :  Geschichte  der  Musik  fur 
Freunde  und  Vehrerer  dieser  Kunst ;  Nurem- 
berg, Haubenstriker,  in-8°,  1825.  Connue  d'a- 
bord sous  le  nom  de  M"^  de  Saint-Simon ,  M'"" 
de  Bawr  a  épousé  en  secondes  noces  un  gentil- 
homme russe,  qui  fut  tué  en  1809  par  la  roue 
d'une  lourde  charrette. 

BAYART  (CoNSTANT-A.-M.),  musicien  à 
Œdinberg  près  d'Osnabruck ,  a  publié  un  recueil 
de  chansons  avec  accompagnement  de  piano , 
sous  ce  litre  :  Gesànge  von  Groninger  mit 
Musik  fur  Klavier  ;  Osnabruck,    1799,  iii-fol. 

BAYER  (  André  ) ,  organiste  de  l'église  ca- 
thédrale de  Wiirzbourg,  naquit  à  Gesenheim  en 
1710.  Doué  d'une  fort  belle  voix  dans  son  en- 
fance, il  fut  admis  à  l'école  de  l'hôpital  de  Wiirz- 
bourg, où  il  fit  de  grands  progrès  dans  la  mu- 
sique. A  la  mort  de  l'organiste  de  la  cathédrale, 
il  lui  succéda.  Bientôt  il  se  fit  remarquer  par  une 
exécution  brillante,  une  grande  profondeur 
d'Iiarmonie  et  un  style  élevé  et  solennel.  A  l'é- 
poque du  couronnement  de  l'empereur  Fran- 
çois F'',  il  fit  à  Francfort  la  connaissance  de 
Wagenseil ,  qui  vint  le  voir  à  Wiirzbourg,  et  qui, 
l'ayant  entendu  déployer  toutes  les  ressources  de 
son  talent  sur  l'orgue,  fut  obligé  d'avouer  qu'il 
était  un  des  plus  grands  organistes  de  l'Allemagne. 
Cet  habile  homme  mourut  à  Wiirzbourg  en  1749, 
n'étant  âgé  que  de  trente-neuf  ans.  Malheureuse- 
ment ses  compositions  n'ont  point  été  im|)riuiées 
et  se  sont  perdues. 

BAYER  (Jacques),  excellent  organiste  à 
Kuttenberg,  en  Bohême,  remplissait  déjà  ses 
fonctions  en  1783  et  vivait  encore  en  1807.  Ce 
musicien ,  qui  a  écrit  beaucoup  de  pièces  d'oi  gue, 
restées  en  inanusciit,  avait  réuni  une bibliotliù- 


280 


BAYER 


que  de  musique  fort  riclic,  où  l'on  Iroiivail  les 
ouvrages  les  plus  rares  concernant  la  tlu'orie  et 
riiistoire  de  l'art. 

BAYER  (  ANTorNE) ,  conservateur  des  liypo- 
tlièqnes  de  la  seigneurie  de  Reiclienbacli ,  est  né 
en  IJoliêine  en  1785.  Destiné  à  l'étude  du  tiroit, 
il  ne  négligea  pas  celle  de  la  musique,  pour  la- 
quelle il  avait  d'heureuses  dispositions.  Ses 
maîtres  dans  cet  art  furent  Joseph  Roesler, 
l'abbé  Vogler,  et  Charles-Marie  de  Weber,  qui  se 
trouvait  à  Prague  dans  le  même  temps  que  lui. 
Il  possédait  une  rare  habileté  sur  la  flûte,  qui 
lui  procura  l'emploi  de  première  tlûtedu  théâtre. 
Depuis  1802  jusqu'en  1805  il  dirigea  l'orchestre 
lie  l'opéra  populaire,  tant  bohémien  qu'allemand, 
et  écrivit  plusieurs  ouvrages  qui  plurent  au  pu- 
blic. Ses  études  de  droit  achevées,  Bayer  entreprit 
lies  voyages  comme  artiste  en  1805,  afin  d'é- 
tiiapper  au  service  militaire.  Il  parcourut  une 
grande  partie  de  l'Allemagne,  la  France  et  l'Italie, 
donnant  des  concerts,  ets'arrôtant  çà  et  là  pour 
se  livrer  à  l'étude  du  piano.  Après  le  congrès  de 
Vienne,  il  retourna  à  Prague,  et  entra  chez  le 
comte  Gallas,  en  qualité  de  secrétaire  et  de  pro- 
(tsseur  de  musique.  Il  reprit  bientôt  après  ses 
fonctions  de  première  flûte  du  théâtre ,  et  fut 
nommé  professeur  de  son  instrument  au  conser- 
vatoire. Dans  le  même  temps  il  écrivit  pour  les 
acteurs  Schikaneder  et  Feistmantel  quelques  pe- 
tits opéras  comiques,  parmi  lesquels  on  remarque 
les  Amazones  bohémiennes  (  Bohamische  Ama- 
ronen),  le  Jongleur  indien  (Indianische  Gauk- 
Icr  ),  la  Magie  naturelle  (  Naturalische  Zau- 
ùerei),  etc.  Quelques-unes  de  ces  pièces  se  jouent 
encore  au  théâtre  de  Prague.  En  1824  Bayer 
obtint  la  place  qu'il  a  occupée  depuis  lors  dans  la 
conservation  des  hypothèques,  et  réserva  pour 
ses  amis  seuls  son  double  talent  de  flûtiste  et 
de  pianiste.  On  a  gravé  de  sa  composition  un 
grand  sombre  de  morceaux  pour  le  violon,  la 
flûte,  le  piano  et  la  guitare.  Ces  compositions 
consistent  principalement  en  variations,  danses 
caractéristiques ,  valses ,  etc.  On  a  aussi  de  lui 
une  instruction  pour  apprendre  à  jouer  de  la 
flûte,  à  l'usage  du  conservatoire  de  Prague,  in- 
titulée :  Tonlelter/ûr  die  Fiole;  Prague,  Berra 
(sans  date). 

BAYEIl  (Guillaume),  ténor  distingué  du 
théâtre  de  Munich,  y  brilla  depuis  1829  jusqu'en 
18i0.  Il  joua  et  chanta  avec  succès  sur  les  théâ- 
tres de  Berlin  ,  de  Vienne  et  Weimar  â  plusieurs 
époques.  Cet  artiste  s'est  f;iit  connaître  aussi 
comme  compositeur  parune  prière  de  Marguerite, 
d'après  le  Faust  de  Goethe ,  qui  fut  exécutée 
dans  un  concert  à  Munich,  en  1832,  et  par  des 
Romances    publiées    chez  Schott ,    à  Mayence. 


-  BAYR 

BA.YLOJ\  (  Anicet  ),  connu  en  Espagne  sous 
la  dénomination  de  El  Bmjlon  ,  fut  un  des  meil- 
leurs compositeurs  du  dix-septième  siècle.  Instruit 
à  l'école  valencienne,  il  y  puisa  la  manière  de 
traiter  la  musique  d'église  à  trois  chœurs  ,  et  ac- 
quit dans  cet  art  difficile  une  habileté  extraordi- 
naire. Plusieurs  de  ses  grandes  compositions  se 
trouvent  dans  les  archives  des  églises  de  Valence 
et  à  l'Escurial. 

B  AYLY  (  Anselm  ),  sous-doyen  de  la  chapelle 
du  roi  d'Angleterre  vers  la  fin  du  dix-huilième 
siècle,  lut  gradué  docteur  eu  uîiisique  à  l'univer- 
sité de  Cambridge  en  1783.  Il  a  fait  iiupriiner  \n{ 
livre  intitulé  :  The  Alliance  of  Music ,  J'oelnj 
and  Oratorij  (L'Alliance  delà  Mu>i(ii!e,  de  la 
Poésie  et  de  l'Éloquence);  Londres,  I7h9,  in-8", 
390  pages.  C'est  un  ouvrage  de  peu  de  valeur.  On 
a  aussi  de  B:iyly  un  traité  de  l'expression  dans  le 
chant  et  dans  le  jeu  des  instruments  sous  ce 
titre  :  Praclical  Trealise  on  sinyiny  and 
playing  icilh  Jiist  expression  and  real  élé- 
gance; Londres,  1771,  in-S". 

BAYR  (Georges),  virtuose  sur  la  flûte,  né 
en  1773  ,  de  [larents  [lauvres,  a  Boemisrhbiod , 
dans  la  basse  Autriche,  reçut  les  preinieis  prin- 
cipes de  musique  dansTécolede  chant  du  couvent 
de  Heiligenkreutz  (Sainte-Croix  )  à  quatre  lie  ics 
de  Vienne.  Jeune  encore,  il  obtint  l'emploi  de  secré- 
taire dans  une  seigneurie  du  pays  ;  mais  il  ne  tarda 
point  à  quitter  cette  place  pour  se  livrer  exclusive- 
ment à  l'étude  de  la  flûte,  pour  laquelle  il  avait  un 
goûtinvincible.  Ses  progrès  furentrapides.  Eu  1803 
il  était  employé  comme  flûtiste  dans  un  théâtre 
de  Vienne;  peu  de  temps  après,  il  entreprit  un 
voyage  en  Suisse  par  l'ouest  de  l'Allemagne,  puis 
il  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg  par  Varsovie  et 
Riga.  Après  un  séjour  de  quelques  années  dans 
la  capitale  de  la  Itussie,  il  se  fixa  à  Kreuiinierk, 
dans  la  Podolie,  où  des  avantages  lui  étaient  of- 
ferts comme  professeur  de  flûte.  Le  désir  de  re- 
voir sa  patrie  le  ramena  à  Vienne,  en  1810.  C'est 
alors  seulement  qu'on  commença  à  connnîlre  le 
talent  de  cet  artiste,  et  qu'on  admira  l'artifice  par 
lequel  il  parvenait  à  produire  des  sons  doubles 
sur  son  instrument.  Les  compositions  qu'il  ()ublia 
depuis  cette  époque  ont  mis  le  sceau  à  sa  ré|)u- 
tation.  Telle  était  l'habileté  de  Bayr  dans  l'art  de 
jouer  à  deux  parties  sur  une  seule  flûte,  qu'il 
soutenait  un  son  dans  le  haut  de  l'instrument 
pendant  qu'il  exécutait  des  passages  rapides  dans 
le  bas,  soit  par  degrés  conjoints,  soit  par  sauts, 
et  ses  sons  étaient  à  volonté  forts  ou  doux,  coulés 
ou  détachés.  Cette  découverte  parut  si  extraordi- 
naire ,  que  des  commissaires  furent  nommés  à 
Vienne  pour  en  vérifier  la  réalité.  Leur  rapport 
ne  laissa  aucun  doule  à  cet  égard.  M  Domcur, 


BAYR  —  BAZZINI 


281 


ancien  jirofesseur  de  fiùle  an  constTvntoire  de 
BrnxeHes,  a  renouvelé  cet  effet  en  «847.  Qnelques 
personnes  ont  nttribnéà  Hayr  l'invention  de  la  flûte 
recourbée  qui  descend  jusqu'au  50/  bas  ,  et  à  la- 
quelle on  a  donné  le  nom  de  Panmilon  ou  Pa- 
naylon;  cependant  un  facteur  d'instrunients  de 
Vienne,  nommé  M.  Trexlcr,  est  généralement 
considéré  comme  l'inventeur  de  celui-ci ,  qu'il  a 
peut-être  seulement  perfectionné.  Rayr  est  mort  à 
Vienne  en  1833.  Ses  compositions  gravées  con- 
sistent en  plusieurs  concertos  i)our  la  flûte,  des  so- 
loset  rondeaux ,  deux  caprices,  quatre  polonaises, 
plusieurs  airs  variés,  douze  Lxndlcr,  cent  un  exer- 
cices sur  la  gamme,  et  une  volumineuse  méthode 
pour  la  flûte.  Tous  ces  ouvrages  ont  été  publiés 
à  Vienne. 

BAZIN  (FRANÇOis-EMMANUEL-JosErn),  com- 
positeur, né  à  Marseille,  le  4  septembre  1816, 
fut  admis  comme  élève  au  Conservatoire  de  P-a- 
ris,  le  18  oclobre  1834,  et  y  eut  pour  maîtres 
d'harmonie  et  d'accompagnement  Dourlen  et  Le- 
coupey.   Benoît    fut    son    professeur  d'orgue  ; 
Haléry  et  Berlon  lui  enseignèrent  la  composition. 
Le  premier  prix  d'harmonie   et  d'accompagne- 
ment pratique  lui   fut  décerné  au  concours  de 
1830;  dans  l'année   s\ii vante  il  obtint  le  second 
prix  d'orgue,  et  le  premier  de  contrepoint    et  fu- 
gue. Admis   au  grand  concours  de  composition 
ouvert  par  l'Académie  des  l>eaux-arts  de   l'Ins- 
titut, il  s'y  distingua  dans  la  composition  d'une 
cantate,  et  le  second  prix  lui  fut  décerné  en  1830. 
Quelques  jours  après  il  obtint   le  premier  prix 
d'orgue  au  conservatoire.  Enfin  le  grand  concours 
fie  composition  de  l'Institut  lui  fut  de  nouveau 
favorable,  et  le  premier  prix  lui  fut  décerné  en 
1840.  Sa  cantate    Luijse  de  Montfort  fut  exé- 
cutée solennellement  le  4  octobre  de  la  même 
année,  à  la  séance  publifjue  de  l'Académie  des 
beaux-arts.  Peu  de  temps  ajirès  il  partit  pour 
Rome,  où  l'auteur  de  celte  Biographie  le  trouva 
dans  l'été  de  1841.  Pendant  son  séjour  en  Italie 
il  écrivit  une  messe  solennelle  qui  fui  exécutée 
à  l'église  Saint-Louis  des  Français,  dans  les  an- 
nées 1842  et  t8i3;  l'oratorio  iaPe/Uecoi/e, et  le 
psaume  .SM/Jer/Z«/HiiiaZJflôj/^o«iS,  qui  furent  exé- 
cutés plusieurs  fois  en  1843  |>arla  société  philhar- 
monique de  Rome.  De  retour  à  Paris,  après  trois 
années  d'absence,  M.  Bazin  fut  nommé  professeur 
de  solfège  au  Conservatoire,  place  qu'il  échangea 
plus  tard  pour  celle  de  professeur  d'harmonie. 
Au  mois  de  mai  1846  il  fit  représenter  au  théâtre 
de  rOpéra-Comique  un  petit  opéra  en  un  acte 
intitulé  :  Le  Trompette  de  M.  le  Prince,  joli 
ouvrage  dans  lequel  il   y  a  quelques  morceaux 
bien  faiis.  Cet  opéra  fut  suivi  d'un  autre  ouvrage 
du  même  genre  :  Le  malheur  d'être  jolie,  en 


un  acte,  reprcsonlé  au  (hé;Uro  de  rOjiéra-Comi- 
queen  1847.  La  Nuit  de  In  Saint-Sylvestre, 
ojvéra  en  trois  actes,  représenté  au  mois  de  juil- 
let 1849,  est  une  œuvre  plus  imporlante  dans  la- 
quelle le  compositeur  a  fait  preuve  de  talent 
dramatique.  Après  un  repos  de  trois  années, 
Bazin  a  donné  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique,  le 
26  mars  1852,  Madelon,  opéra  en  deux  actes, 
où  l'on  remarque  de  jolies  effets  d'instrumen- 
tation et  de  la  distinclion  dans  les  mélodies.  En 
1850,  Maître  Pathelin,  nouvel  ouvrage  de  ce 
compositeur,  a  été  joué  avec  succès  à  l'Opéra-Co- 
mique. Sa  dernière  production  pour  le  théâtre 
jusqu'à  ce  jour  (1859),  est  un  petit  opéra  en 
un  acte  intitulé  Les  Désespérés ,  qui  a  éié  re- 
présenté en  1859.  On  a  aussi  de  M.  Bazin  un 
Cours  d'harmonie  théorique  et  pratique  a  Vu- 
sage  des  classes  du  Conservatoire.  Il  est  membre 
de  l'Académie  de  Sainte-Cécile  et  de  l'Académie 
plulharmoni(]ue  de  Rome  :  il  est  aussi  un  des 
membres  de  la  commission  de  surveillance  de 
l'enseignement  du  chaut  dans  les  écoles  commu- 
nales de  Paris. 

BAZZANI  (  François-M.vrie),  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Plaisance,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle  ,  jouissait  de  son  temps  de 
la  réputation  d'un  bon  compositeur  pour  l'église 
et  pour  le  théâtre.  Il  a  donné  les  opéras  suivants  : 
1°  Vinunno,  représenté  à  Parme  en  1673;  il 
Pédante  di  Tarsia,  Bologne,  1680. 

BAZZI A'VELLI  (A.-R.-D.-Z.),  compositeur 
italien  qui  vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  plusieurs  œuvres  de  messes 
et  de  motets,  parmi  lesquels  on  remarque  ceux-ci  : 
—  1°  M  m  Junfstirnmiye  Missen  (Huit  messes  à 
cinq  voix),  Cologne,  1668; —  Missœoclo  brèves, 
faciles,  suaves,  etc.,  Cologne,  1669,in-fol.  Cet 
auteur  n'a  point  mis  son  nom  à  ses  ouvrages, 
mais  seulement  ses  lettres  initiales  :  c'est  le  cata- 
logue de  Francfort  (automne  de  1668)  qui  nous 
l'a  faitconnaîlre. 

BAZZINE  (Antoine),  violoniste  distingué,  né 
àBrescia,en  1818,  a  commencé  à  faire  connaître 
sentaient,  en  1840,  par  ses  voyages  et  ses  con- 
certs. Après  avoir  joué  à  Milan  et  dans  quelques 
autres  villes  de  sa  patrie ,  il  se  rendit  dans  le 
Nord,  en  passant  par  la  Suisse  et  Francfort,  où 
il  donna  deux  concerts.  Puis  il  joua  à  Hambourg, 
à  Krel ,  à  Erfurt ,  à  Weimar,  à  Berlin ,  à  Leipsick, 
ensuite  il  retourna  en  Italie  et  sefit  entendre  à  Na- 
ples,à  Crémone  et  dans  sa  ville  natale.  En  1849  il 
arriva  à  Marseille  et  parcourut  le  midi  delà  France 
avec  de  brillants  succès;  de  là  il  se  rendit  en  Bre- 
tagne, puis  il  donna  des  concerts  dans  beaucoup 
de  villes  cpii  environnent  Paris;  mais  il  parut 
éviter  avec  soin  d'entrer  dans  cettecapilalc.oùse 


282 


BAZZIINI  —  BEALE 


consacrent  et  quelquefois  s'affaiMissent  les  réputa- 
tions. C'est  ainsi  qu'il  visita  les  villes  principales 
(le  la  Picardie,  delà  Champagne  etdu  département 
(1(1  Nord  pendant  les  années  1830  et  1831,  tournant 
aiilour  de  Paris,  et  s'en  éloignant  toujours.  Enfin 
il  Cranchit  les  barrières  de  cotte  grande  cité ,  et 
«lébuia  en  1852  au  Théâtre-Italien,  entre  deux 
actes  d'un  opéra;  il  eut  alors  la  preuve  qu'il  avait 
eu  tort  de  redouter  un  public  qui  a  plus  qu'aucun 
autre  le  sentiment  juste  et  fin  des  véritables 
beautés  de  l'art.  Il  n'y  trouva  pas  sans  doute  tet 
enthousiasme  un  peu  naif  qu'il  avait  rencontre 
ilans  les  i)rovinces;  mais  on  rendit  justice  au  brio 
de  son  jeu ,  à  la  prestesse  de  son  archet ,  et  au 
brillant  de  son  trille  :  la  critique  ne  lui  reprocha 
que  de  la  maigreur  dans  le  son,  et  certaines  té- 
mérités dans  les  traits  difficiles  qu'il  ne  réussis- 
•sait  p;is  toujours.  Après  deux  mois  de  séjour, 
l'.endant  lesquels  il  ne  se  (it  entendre  que  trois  (bis, 
il  s'éloigna  de  Paris  et  recommença  ses  tournées 
dans  les  provinces.  Arrivé  en  Belgique,  il  y  a  tenu 
la  môme  conduite  qu'en  France  ;  car  il  y  a  joué 
dans  les  petites  villes,  à  Spa,  à  Yerviers,  à  Na- 
mur,  et  ne  s'est  pas  fait  entendre  à  Bruxelles,  la 
ville  des  violonistes.  Au  moment  où  cette  notice 
est  écrite  (décembre  1853),  M.  Bazzini  vient  de 
s'éloigner  de  cette  ville ,  sans  avoir  tiré  le  violon 
de  son  étui.  Cet  artiste  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  —  l^Concertino  pour  violon  et  orchestre, 
op.  14;  Milan,  Ricordi,  et  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haeitel.  —  2"  Grand  allegro  de  concert,  idem, 
op.  lô;  Leilin,  Meyer.  —  3"  Variations  brii- 
lanteset  finale  sur  la  Sonnambula,  idem,  op.  3; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel;  3Iilan,  Ricortii. 
—  4"  Estnerukia,  [antaisie  sur  un  thème  de 
Mazzucato,  idem,  ibid.  —  5°  Souvenir  de  la 
Sonnambula,  grande  fantaisie,  idem,  op.  19; 
ibid.  M.  Bazzini  a  aussi  publié  un  très-grand 
nombre  de  morceaux  de  salon  pour  violon  et 
piano,  des  romances,  etc  ,  qui  ont  paru  à  Milan, 
chez  Ricordi,  et  en  Allemagne.  Il  a  aussi  des 
morceaux  difficiles  qu'il  réserve  pour  ses  concerts, 
et  qui  sont  encore  en  manuscrit. 

BAZZINO  (FiuNçois),  grand  théorbiste  et 
compositeur,  né  vers  IGOO  à  Lovero,  dans  l'I-ltat 
Vénitien.  11  fit  ses  études  musicales  au  séminaire 
de  Berganie,  sous  la  direction  de  Jean  Cavaccio, 
et  fut  ensuite  nommé  oi  ganiste  de  l'église  Sainte- 
IMarie  Majeure  de  la  même  ville.  De  là  il  passa 
au  service  du  duc  de  Modène,  puis  à  Vienne,  et 
euiln ,  en  1630  ,  il  revint  à  Bergaine,  où  il  mourut 
le  15  avril  IGGO.  Ses  ouvrages  consistent  en  so- 
nates pour  le  tlieorbe,  et  en  canzonelte  à  voix 
.seule.  Il  a  aussi  composé  la  musique  d'un  ora- 
torio intitulé  ;  La  licprescniaz'wne  di  S.  Or- 
Sdla. 


DAZZIKO  (Natale),  frère  aîné  du  précédent, 
et,  connue  lui,  compositeur  et  organiste,  mouiut 
en  1639.  Il  a  fait  imprimer  :  —  1°  Messe,  mo- 
lelli  e  dialoghi  a  cinque  voci  conccriati;  Ve- 
nise, 1627.  —  2°  Motettï  a  una ,  due.  Ire  e 
quattro  voci,  lib.  1  e  2 —  3»  Messe  e  salmi  a 
tre  concertati.  —  'k°  Arie  diverse. 

BAZZONl  (Joseph),  ancien  élève  du  Conser- 
valoire  de  Milan,  et  en  particulier  de  Ray  pour 
la  composition,  a  écrit  en  183C  le  petit  opéra  i 
tre  Marili,  qui  a  été  exécuté  dans  cette  ville. 

BE  (Guillaume  le),  graveur  de  caractères, 
fondeur  et  imprimeur  à  Paris,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  a  gravé  vers  1540  et  en  1555 
deux  sortes  de  caractères  de  musique  et  une 
suite  de  caractères  pour  la  tablature  de  luth. 
Le  premier  de  ces  caractères,  qui  était  en 
grosse  musique,  était  fait  pour  imprimer  en  une 
seule  fois  les  notes  et  la  portée.  Celui  de  1555 
était  disposé  de  manière  à  imprimer  la  musique 
en  deux  tiiages,  l'un  pour  les  notes  ,  l'autre  pour 
la  portée.  Cette  portée  n'était  pas  d'une  seule 
pièce,  mais  se  composait  au  moyen  de  filets  et  de 
cadrais.  On  trouve  des  spécimen  de  ces  deux 
sortes  de  caractères  dans  les  Observations  de 
Gando,  père  et  fils,  sur  le  Traité  historiqtie  et 
critique  de  Fournier  (p.  28).  Le  premier  a  été 
employé  par  Adrien  le  Roy  et  Robert  Ballard. 
Les  poinçons  et  les  matrices  de  ces  deux  carac- 
tères ont  passé  par  la  suite  dans  l'imprimerie  des 
Ballard  où  ils  existaient  encore  en  1760. 

Le  Bé  eut  un  fils,  nommé  Guillaume  comme 
lui,  et  qui,  comme  lui,  fut  fondeur  et  imprimeur. 
Par  un  inventaire  de  sa  fonderie  qu'il  a  fait  lui- 
même  et  qui  a  été  cité  par  Fournier  dans  son 
Traité  historique  et  critique  sur  l'origine  et 
les  progrès  des  caractères  de  fonte  pour  Vim' 
pression  de  la  musiqiie,  on  voit  que  les  poin- 
çons et  les  matrices  de  la  fonderie  de  Nicolas 
Ducbemin  [)our  la  musique,  et  gravés  par  ce 
même  Duchemin  et  par  Nicolas  de  Villiers  et 
Philippe  Danfiie  ,  étaient  passés  dans  la  sienne. 
Ces  matrices  et  ces  poinçons  existaient  dans  l'ini- 
primnrie  de  Fournier  l'aîné,  en  1765. 

BEALE  (WiLLiAJi),  compositeur  de  madri- 
gaux, de  glees  et  d'autre  musique  vocale,  est  né 
à  Londres  vers  1790.  Sofi  éducation  s'est  faite  a 
la  maîtrise  de  Westminster,  où  il  a  été  enfant  de 
chœur.  En  1813,  il  a  obtenu  le  prix  de  la  coupe, 
décerné  parla  Société  des  Madrigaux.  lia  publié, 
en  1820,  une  collection  de  madrigaux  et  ôe  glees 
(cliansons)  qui  jouissent  d'une  grande  rép'Jtation 
en  Angleterre. 

BEALE  (JEAiN),. pianiste  anglais,  né  à  Lon- 
dres, vers  1796,  est  élève  de  Cramer.  Fji  1820, 
il  fut  nommé  membre  de  la  société  philharmo' 


BEALE  —  BEAU LIEU 


283 


niiiiio  ,  où  il  avait  souvent  exécute  des  pièces  sur 
le  [('iino  C'est  lui  (jui  a  proposé  le  grand  concert 
<(ui  a  été  donné  à  Londres  pour  l'anniversaire 
de  la  naissance  de  Mozart;  il  y  a  joué  un  duo 
pour  deux  pianos  avec  Cramer.  M.  Beale  a  été 
nommé  professeur  de  piano  de  l'école  Royale  de 
Musique  de  Londres.  Parmi  ses  composltion.s,  on 
remarque  surtout  deux  rondeaux  iwur  piano,  sur 
un  air  anglais  (  WiU.  grcai  lords  and  ladies),  et 
sur  un  air  de  Caraffa. 

lîEANOlX  (Lambert  de),  chantre  de  la  clia- 
pelle  pontiliciile,  à  Rome,  vers  14C0,  est  cité 
comme  un  compositeur  fort  habile  par  l'abbé 
lîaini.  J'ignore  s'il  existe  encore  quelqu'une  de 
ses  compositions. 

BEATTIE  (James),  naiiuit  le  5  novem- 
bre 1733,  à  Laurencckirk,  en  Ecosse.  Eils  d'un 
simple  fermier,  il  ne  dut  (pi'à  ses  talents  la  con- 
sidération dont  il  a  joui  en  Angleterre  et  dans  sa 
patrie.  Après  avoir  fait  ses  premières  études  dans 
le  lieu  de  sa  naissance,  il  concourut  pour  une 
bourse  au  collège  Marschal  à  Aberdeen ,  et  l'ob- 
tint. Il  y  resta  quatre  ans  et  prit  ses  degrés  à  l'âge 
de  dix  huit  ans.  Successivement  il  fut  nommé 
maître  d'école  à  Fordoun,  professeur  à  l'école  de 
grammaire  latine  d'Aberdeen,  et  professeur  de 
philosophie  au  collège  Marschal.  La  douleur  qu'il 
ressentit  de  la  perte  de  deux  fds,  dont  l'ua  mourut 
en  1790,  âgé  de  vingt-deux  ans,  et  le  second 
m  179G ,  âgé  de  quinze  ans ,  altéra  sa  santé  et  le 
lit  se  retirer  entièrementdu  monde.  Dans  les  trois 
dernières  années  de  sa  vie,  il  ne  sortit  point  de 
sa  chambre  et  presque  pas  de  son  lit.  Il  est  mort 
le  8  août  1803.  Beattie  est  auteur  de  deux  ou- 
vrages qui  concernent  la  musique;  l'un  est  inti- 
tulé :  Essaij  on  poetrti  and  miisic,  as  theij 
offect  Ihe  mind,  dont  la  première  édition  parut 
à  Edimbourg  en  1762,  in-8".  On  en  a  une  bonne 
traduction  française  sous  ce  titre  :  Essai  SU7-  la 
poésie  et  sur  la  musique, considérées  dans  les 
affections  de  l'âme;  Paris,  an  vi  (1797),  in-8". 
Le  second  ouvrage  de  Beattie  est  son  Essai  sur 
la  nature  et  Vimmutabililé  de  la  vérité  {Es- 
says  on  the  nature  and  immutabiiify  of 
Iruth,  etc.,  in-4"),  auquel  il  dut  principalement 
sa  réputation.  La  première  dissertation  ti  aile  <né- 
cialemcnt  de  la  musique.  Une  traduction  alle- 
mande deces  deux  essais  aparuàLeipsick  en  1799, 
in-8°.  Forkel  en  a  donné  une  analyse,  dans  sa 
Bibliothèque  critique  de  musique,  t.  Il, p.  341- 
355.  Une  édition  de  ces  deux  ouvrages,  réunis  à 
quelques  autres,  a  été  publiée  à  Edimbourg, 
eu  1770.  .Absolument  ignorant  sur  le  mécanisme 
de  l'art,  Beattie  émet  cependant  quelques  vues 
assez  fines  en  parlant  delà  musique;  il  a  du 
moins  le  mérite  de  ne  pas  répéter  tous  les  lieux 


communs  qui  ont  l'té  débités  sm-  ce  sujet  par  les 
philosophes  de  tons  les  âges,  et  d'avoir  vu  (|ue  la 
musique  n'est  pas  essentiellement  un  art  iuiitatil. 
M.  Forbe  a  publié  à  Édindiourg  en  1806  :  Ac- 
count of  the  life  and  writings  of  D^  James 
Beattie  (Histoire  de  la  vie  et  des  écrits  de  Jac- 
ques Beattie),  2  vol.  in-4". 

BEilUCHAMPS  (  Pierre-François  GO- 
DARD DE),  littérateur  médiocre,  né  à  Paris 
vers  1689,  est  mort  dans  cette  ville  en  1761.  On  a 
de  lui  deux  ouvrages  intitulés  :  i"  Becherches  sur 
les  théâtres  de  France,  depuis  llGl  jusqu'à 
présent  ;  Paris,  1733,3  vol.  in-12.  —  2°  lUblio- 
Ihèque  des  théâtres  ,  contenant  le  catalogue 
alphabétique  des  pièces  dramatiques ,  opéras 
parodiés  et  opéras  comiques,  le  temps  de  leur 
représentation ,  avec  des  anecdotes  sur  les  piè- 
ces, les  auteurs,  les  musiciens  et  les  acteurs  ; 
Paris ,  1746. 

BEAIIJOYEUX.  Voyez  Balt.azarini. 

BEAULAIGNE  ou  BAULÈGINE  (Barthé- 
LEMi),  musicien  français,  était  enfant  de  chœur  à 
la  cathédrale  de  Marseille  en  1.559 ,  lorsqu'il  dédia 
à  la  reine  Catherine  de  Médicis  des  Mottez  mis 
en  musique  à  quatre  parties ,  qui  furent  impri- 
més à  Lyon  par  Robert  Granjon  {voyez  ce  nom), 
avec  des  caractères  d'un  genre  nouveau  gravés 
par  ce  typographe,  in- (2  obi.  Beaulaigne  a  publié 
un  second  œuvre  dans  la  môme  année ,  composé 
de  Chansons  nouvelles  mises  en  musique  à 
quatre  parties  et  en  quatre  livres  ;  Lyon,  chez 
le  même  imprimeur,  in-12  obi.  On  trouve  quel- 
ques motets  de  ce  musicien  dans  le  Thésaurus 
musicus,  publiée  Nuremberg,  en  1564. 

BEAULÎEU  (EusTACHE  ou  Huitaces  de), 
poète  et  musicien,  né  à  Amiens,  vivait  en  1300. 
On  a  plusieurs  chansons  notées  de  sa  composi- 
tion. 

BEAULIEU ,  m.usicien  de  la  chambre  de 
Henri  111,  roi  de  France,  vers  1580,  a  composé 
une  partie  de  la  nmsiquc  du  ballet  dontBaltaza- 
rini  avait  fait  le  programme,  pour  les  noces  du 
ducdeJoyeuse  et  qui  a  été  publié  sous  le  titre  de 
Ballet  comique  de  la  royne,  fait  aux  nopces 
de  monsieur  le  Duc  de  Joyeuse  et  mademoy- 
selle  de  Vaudemont  sa  sœur  à  Paris,  par 
Adrian  le  Roy.  Robert  Ballard ,  et  Mamert 
Pâtisson,  imprimeurs  du  Roy.  1583,  in-4°. 
Cette  musique  est  assez  purement  écrite.  Beau- 
lieu  avait  eu  pour  collaborateur  Salmon,  autre 
musicien  de  la  cour  de  Henri  III,  dans  la  com- 
position de  cet  ouvrage.  Il  y  a  lieu  de  croire  que 
ce  musicien  est  le  même  que  Lambert  de  Beau- 
lieu  dont  il  est  parlé  dans  une  lettre  de  l'empereur 
Rodolphe  I!  à  son  ambassadeur  à  Paris,  Auger 
Busheck...  Nous   avons  appris,  dit  ce  prince. 


28-1 


BEAELIEU 


«  que  le  roi  de  France,  morde  puis  peu  de  temps, 
«  avait  à  son  service  un  bassiste  d'une  voix  ad- 
<t  niirable  et  qui  s'accompagnait  sur  le  lutli , 
«  nommé  Lambert  de  Beaulieu.  Nous  vous  prions 
«  de  faire  des  reeiierches  pour  tlécouvrir-  cet 
«  homme  et  de  l'engager  pour  notre  cour  à  des 
«  conditions  honnêtes  et  justes.  »  (V.  Divi  Eo- 
dolphï  II,  imp.  Epistolx  ineditx,  p.  210.)  La 
conjecture  lormée  d'après  cette  lettre  est  rendue 
vraisemblable  par  ce  que  dit  Balthazar  de  Beau- 
joyeux  dans  sa  description  du  Ballet  comique  de 
la  Royne  (p.  16)  :  «  Au  deçà  et  delà  de  leurs 
«  queues  (des  chevaux  marins)  estoyenl  deux 
«  autres  chaires,  en  l'une  desquelles  s'asseoit  le 
«  sieur  de  Beaulieu,  représentant  Glaucus,  appelé 
«  par  les  poètes  dieu  de  la  mer  :  et  en  l'autre  la 
«  damoyselle  de  Beaulieu  son  espouse ,  tenant  un 
«  luth  en  sa  main ,  et  représentant  aussi  Téfhjs, 
«  la  déesse  de  la  mer ,  etc.  »  Or  le  chant  de 
Glaucus,  qui  est  à  la  page  19,  est  écrit  pour  une 
basse.  D'après  cela  il  est  présumable  que  le  vé- 
ritable nom  de  Beaulieu  était  Lambert ,  et  que, 
suivant  un  ancien  usage  qui  subsistait  encore  au 
.seizième  siècle,  on  le  désignait  par  celui  du  lieu 
de  sa  naissance. 

BEAULIEU  (  EusTORG  ou  Hector  he),  né 
dans  un  village  du  Limousin,  dont  il  i)rit  le  nom, 
avait  appris  la  musique  dans  son  enfanci;;  ayant 
j)erdu  ses  parents  fort  jeuae,  il  trouva  des  res- 
sources dans  cet  art.  Il  fut  d'abord  organiste  de 
la  cathédrale  de  Lectoure,  en  Gascogne;  puis  il 
s'attacha  comme  musicien  à  une  trou[)e  de  comé- 
diens ambulants.  On  sait  qu'il  était  à  Lyon  en  1636; 
peu  de  temps  après,  il  quitta  les  comédiens  et  se 
lit  prêtrp catholique;  mais,  ayant  embrassé  les  opi- 
nions do  Calvin,  il  se  retira  à  Genève  et  devint 
ministre  réformé.  Beaulieu  a  mis  en  musique  un 
recueil  de  chansons,  qui  a  été  imprimé  sous  le  li- 
tre de  Chrétiennes  réjouissances,  \  646,  in-8°.  On 
ÏL^nore  l'époque  de  sa  mort,  mais  il  paraîtparladate 
d'un  de  ses  ouvrages  qu'il  vivait  encore  en  1665. 

BEAULIEU  (Marie-Désiré  MARTIN),  com- 
positeur, écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Paris 
le  11  avril  1791.  Bien  que  le  nom  de  sa  famille 
soit  Martin,  il  est  plus  généralement  connu  sous 
celui  de  Beaulieu.  Son  père,  officier  d'artillerie 
était  de  Niort  (Deux-Sèvres),  où  sa  famille  avait 
figuré  dans  les  fonctions  municipales  pendant  plus 
d'un  siècle.  Retiré  depuis  longtemps  dans  celte 
ville,  M.  Martin-Beaulieu  lui-môme  y  occupe  une 
po.sition  analogue.  A  l'âge  de  sept  ans  et  demi  il 
reçut  les  premières  leçons  de  musique  d'un  mu- 
sicien nommé  Damé  :  quelques  mois  après  il 
commença  l'étude  du  violon  sous  la  direction 
d'Alliaume,  élève  de  Berthaume  et  bon  artiste  que 
'"ai  connu  dans  la  position  de  premier  alto  au 


Théâtre  llalien.  Plus  tard,  M.  Beaulieu  reçut  pen- 
dant plusieurs  années  des  leçons  de  Rodolphe 
Kreutzer.  A  l'âge  de  quatorze  ans  le  désir  decom- 
poser  s'étant  einparé  de  lui ,  son  père  le  conlin 
aux  soins  de  Benincori  (Voyez  ce  nom),  qui  lui 
enseigna  pendant  trois  ans  les  éléments  de,  l'art 
d'écrire.  Ayant  appris  que  son  élève  était  destiné 
à  prendre  part  au  concours  de  l'Institut  pour  le 
grand  prix  de  composition,  Benincoii  conseilla 
de  le  rapprocher  d'im  compositeur  dont  la  répu- 
tation fût  mieux  établie  en  France  que  la  sienne; 
le  père  du  jeune  Beatdieu  repoussa  d'abord  cette 
proposition;  mais  Benincori  insista,  et  l'ahbé 
Roze  fut  le  maître  qu'on  choisit.  Le  pauvre  abbé, 
excellent  homme  d'ailleurs,  et  qui  n'était  pas 
dépourvu  de  mérite,  ne  convenait  guère  pour  le 
but  qu'on  se  proposait:  lui-même  le  sentit  bien- 
tôt et  conseilla  de  demander  àMéhul  l'admission 
du  jeune  artiste  dans  son  cours  de  composition  : 
il  y  remplaça  Blondeau  qui  venait  de  se  rendre 
à  Rome  comme  pensionnaire  du  gouvernement. 
M.  Beaulieu  suivit  les  leçons  du  maître  célèbre 
pendant  trois  années  :  Cest  là,  dit-il  lui-même, 
que  f  acquis,  non-seulement  la  plus  grande 
partie  de  ce  que  je  sais  dans  la  science  du  con- 
trepoint et  de  la  fugue,  mais  encore  ce  que 
j'ai  pu  apprendre  et  mettre  en  pratique  rela- 
tivement à  la  philosophie  de  Vart  musical. 
Au  mois  de  septembre  1809  il  obtint  au  concours 
de  l'Institut  le  l"^""  second  grand  prix  de  compo- 
sition, et  le  premier  grand  prix  lui  fut  décerné 
dans  l'année  suivante.  MéhuI,  par  affection  pour 
son  élève,  ne  voulut  pas  le  laisser  partir  immé- 
diatement pour  rilalie ,  afin  de  lui  faire  redou- 
bler son  cours  de  contrepoint  pour  compléter 
son  éducation  d'artiste.  Cette  circonstance  dé- 
cida du  reste  de  la  vie  de  M.  Beaulieu.  A  la  fin 
de  l'année  1810,  après  l'exécution  de  sa  cantate 
couronnée,  son  père  l'avait  conduit  à  Niort, 
dans  sa  famille.  Quoique  bien  jeune  encore,  il  y 
forma  des  projets  de  mariage  qui  se  sont  réalisés 
plusieurs  années  après  et  l'ont  fixé  dans  cette 
ville.  M.  Beaulieu  n'alla  donc  point  en  Italie; 
mais  bien  qu'il  ne  profitât  pas  des  avantages  de 
la  pension  du  gouvernement,  il  ne  se  conforma 
pas  moins  aux  prescriptions  du  règlement  imposé 
aux  élèves  pensionnaires  :  en  I8t2,  il  envoya  à 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut  un  Mi- 
serere à  quatre  voix;  en  1813,  un  Laudale  à 
deux  chœurs,  et  une  cantate  de  Sapho  avec 
chœur;  enfin,  en  1814,  un  Domine  salvum  à 
cinq  voix.  De  plus,  après  la  mort  de  RléhuI, 
M.  Beaulieu  composa  une  messe  de  Requiem  en 
son  honneur,  qui  fut  aussi  envoyée  à  l'inslitut, 
et  sur  laquelle  un  rappoi  t  a  été  fait  à  l'Académie 
des  beaux  arts. 


BEAU  LIEU 


28: 


Fixé  à  Niort,  il  forma  chez  lui  des  si'ances  ne 
quatuors  et  parvint,  en  IS'>0,  à  offî'i'iiser  une 
société  pliilliarnioiiique.nion  de seinl)lal)le n'avait 
jamais  existé  dans  cette  ville;  car,  il  tant  bien 
le  reconnaître  ,  si  Paris  fut  longtemps  le  centre 
des  arts,  par  la  réunion  des  hommes  distingués 
(le  toute  l'tinrope,  la  France,  à  l'exception  de 
quelques  provhicfis  et  d'un  très-petit  nombre  de 
grandes  villes,  a  été  longtemps  le  pays  le  plus 
arriéré  pour  la  musique.  Les  départements  du 
centre  et  de  l'Ouest  particulièrement  étaient  en 
quelque  sorte  à  l'état  sauvage,  sous  le  rapport 
de  cet  art,  il  y  a  moins  d'un  demi-siècle.  Ce  fut 
cet  état  de  choses  qui  inspira  à  M.  Beaiilieu  le 
dessein  de  former  une  grande  association  nmsi- 
cale  dans  ces  provinces  :  il  lui  fallut  du  courage 
et  de  la  persévérance  pour  triompher  de  tous 
les  obstacles  que  rencontra  ce  projet;  mais, 
enfin,  en  1S35,  l'Association  musicale  de  l'Ouest 
fut  fondée.  Composée  des  départements  de^ 
Deux-Sèvres ,  de  la  Vienne,  de  la  Charente- 
Inférieure,  de  la  Charente,  de  la  Haute- 
Vienne  et  de  la  Vendée,  elle  n'a  cessé  d'fxis- 
teret  de  fonctionner  chaque  année,  sauf  en  lS48  et 
1849,  et  tour  à  tour  Niort,  Poitiers,  la  Rochelle, 
Angoulême,  Limoges  et  Rochefort  ont  été  le  siège 
de  grandes  fêtes  musicales  dans  lesquelles  les 
compositions  classiques  les  plus  importantes  ont 
été  rendues  avec  des  progrès  remarquables.  Cette 
institution  est  la  seule  en  France  qui  ait  une 
existence  permanente  :  elle  est  aussi  la  seule  qui 
ne  recule  pas  devant  l'exécution  complète  des 
plus  grands  ouvrages.  C'est  ainsi  que  le  Paulus 
et  VElie  de  Mendelssohn  ont  été  entendus  en 
entier  à  la  Rochelle  longtemps  avant  qu'on  ne 
songeAt  à  en  laire  des  essa's  partiels  à  Paris. 
M.  tSeaulieu  est  resté  l'âme  de  l'association,  après 
en  avoir  été  le  créateur  :  sr)n  nom  y  est  intime- 
ment attaché,  et  son  souvenir  sera  impérissable 
tlans  l'avenir  chez  les  artistes  et  les  amateurs 
de  musique  de  cette  vaste  contrée. 

Comme  compositeur,  comme  écrivain  sur  l'art, 
iSL  Beaulieu  n'est  pas  moins  estimé  que  comme 
organisateur  et  directeur  de  fêtes  musicales.  Sa 
messe  de  Requiem,  composée  pour  honorer  la 
mémoire  de  Méhul ,  a  été  exécutée  en  1840  à 
l'église  de  la  Sorbonne ,  avec  la  coopération  de 
l'orchestre  de  la  Société  des  concerts,  du  Conser- 
vatoire et  des  artistes  Ii's  plus  distingués  ;  elle  a 
laissé  |)arini  eux  les  meilleurs  souvenirs.  Dans 
les  années  1842,  1844  et  1856,  M.  Beaulieu  a 
donné  dans  la  salle  de  Herz,  et  dans  la  salle 
Bonne-Nouvelle  ,  à  Paris ,  des  matinées  et  soirées 
de  musique  dans  lesquelles  il  a  fait  entendre  ses 
oratorios  V  Hymne  du  Malin  et  C  Hymne  delà 
Auif,   paroles  de   M.    de  Lamartine ,    ainsi  (jne 


divers  fragments  de  ses  autres   ouvrages.  Les 
journaux,  notamment  la  Gazette  musicale,  ont 
accordé  beaucoup  d'éloges  à  ces  compositions. 
En  1S46,  une  messe  solennelle!  du  même  artiste 
a   été  exécutée   à  l'église  Saint-Eustache,  cl  en 
1851  ime  deuxième  exécution  de  sa  messe  de  Re- 
quiem a  été  faite  dans  l'églisede  Saint-Rocli ,  en 
mémoire  de  R.  Kreutzer,  et  au  profit  de  l'As- 
sociation des  musiciens.  Parmi  les  compositions 
les  plus  importantes  de  M.  Beaulieu  ,  ou  remar- 
que :  1°  Miserere  à  quatre  voix,  solos  et  chœur 
(1812).  —   T    Snpho,   scène   lyrique,  solo  et 
chœur  (1813).  —  3°  Laudate  Dominum,h  deux 
chœurs  (1813). — 4°  Domine  salvum  a  cinq  voix, 
solos  et  chœurs    (1814).  —  5°   Jeanne  d'Arc, 
cantate,  voix  seule  (1817).  —  G»  Messe  de  Re- 
quiem ii  quatre  voix,  solos  et  chœurs  (1819). — 
7°  Anacréon,  opéra,  paroles  de  Gentil  Bernard. 
—  8°  Sixième  Ode  sacrée   de  J.-B.  Rousseau , 
solos  et  chœur   (1828).   —   9°   Quinzième  Ode 
sacrée    de    J.-B.    Rousseau,    voix    seule.    — ■ 
10°  Fantaisie  pour  violon,  solo  et  chœurs,  sur  des 
airs  des  Pyrénées.  —  11°  Fantaisie    pour  violon 
solo  sur  des  airs  espagnols.  — 12°  Plusieurs  mor- 
ceaux (  8  numéros)  de  l'opéra  Ninette  à  la  cour, 
de  Favart  (1829).  —  13°  La  Prière  des  mate- 
lots ,  morceaux    d'ensemble,  solos   et  chœurs 
(1831).  —  14°  Psyché  et  V Amour,  scènes,  solos 
et    chœur,   paroles  de  P.   Corneille  (1833).  — 
15°  Fête  bachique,  scène,  ténor  solo  et  chœur 
(1835). — 16°  Hymne  pour  la  première  communion, 
morceau  d'ensemble,  solos  et  chœur  (1840).  — 
17"  VOcéan,  morceau    d'ensemble,    solos   et 
chœur   (1841).    18°  VHymne   du  matin,  ora- 
torio (1843).  —  19°  Messe   solennelle  à  quatre 
voix  ,  solos  et  chœurs  (1845).  —  20°  Llmmor- 
talité  del'âme,  oratorio  (1851).  —  2-1°  VHymne 
de  la   nuit,  oratorio    (1851).  —   22°  Jeanne 
d'Arc,  grande  scène  lyrique   en  deux    parties 
(1853).  —  23°  Messe  à  trois  voix  avec  accon)- 
pagnement  d'orgue  (1853). — 24°  Philadelphie, 
opéra  en  1  acte  (1855).  —  2.5°  Un  assez  grand 
nombre   d'airs  détachés,  chœurs  ave-c  ou  sans 
accompagnement,  morceaux  à  deux  et  un  plus 
grand   nombre  de  voix;  nocturnes,    mélodies, 
romances. 

Écrits  de  M.  Beaulieu  :  1°  Dn  Rhythme,  des 
ef Jets  qu'il  produit  et  de  leurs  causes.  Paris, 
Dentu;Niort,Robin,  1852,gr.iu-8°  de  105  pages. 
—  2°  Mémoire  sur  ce  qui  reste  de  la  musique 
de  l'ancienne  Grèce  dans  les  premiers  chants 
de  V Église.  (Lu  à  l'Académie  des  beaux-arts, 
dans  sa  séance  du  31  mai  1852.)  Niorl ,  impri- 
merie de  L.  Favre,  gr.  in-8°  avec  10  pages  de 
musique.  —  3°  Mémoire  sur  le  caractère  que 
doit  avoir    la   musique  d'église,   et   sur  les 


286 


BEAULIRU  —  BEAUPLAK 


éléments  de  Vart  musical  qui  constituent  ce  ca- 
ractère. (Lu  à  l'Académie  des  beaux-arts  dans 
sa  séance  du  17  avril  1858).  Paris,  imprimerie 
de  N.  Chaix,  gr.  in-8'\  M.  lîeaulieu  estcoircs- 
pondant  de  l'Académie  des  beaux-arts  de 
l'Institut. 

BEAUMAVIELLE  (...),  basse-taille  qui  eut 
beaucoup  de  réputation  à  l'Opéra,  lorsque  Lulli 
en  avait  l'entreprise  :  ce  ne  fut  pas  cependant  ce 
célèbre  corapositeurquilefil  venir  de  Languedoc, 
comme  l'assure  le  président  de  IVoinville  dans  son 
Histoire  de  VOpéra  (t.  H,  p.  54),  et  comme 
je  l'ai  dit,  d'après  lui,  dans  la  l"'  édition  delà 
Biographie  universelle  des  Musiciens  (t.  II, 
arl.  I)EaU!\iavielle).  Perrin,  qui  obtint  le  premier 
privilège  de  l'Opéra  en  1G69,  et  s'associa  avec 
Cambert  {voy.  ce  nom)  pour  la  composition  de 
la  musique,  et  avec  le  marquis  de  Sourdeac  ponr 
les  macliines, fil  venir  Beaumavielle  de  Toulouse, 
en  1670,  avec  d'autres  musiciens,  pour  former  la 
troupe  de  son  tbéàtre,  dont  l'ouverture  eut  lieu 
au  mois  de  mars  1671.  par  la  pastorale  intitulée 
Pomonc.  Les  autres  acteurs  étaient  Rossignol, 
autre  basse-taille,  Cledière  et  Tliolet,  haute- 
contres  ou  ténors  aigus,  et  Miracle,  ténor  grave. 
Tous  étaient  des  cliantres  de  [)aroisse  ;  mais  Beau- 
mavielle avait  la  tlgure  agréable,  la  voix  fort 
belle,  et  mettait  beaucoup  d'intelligence  et  d'ex- 
pression dramatique  dans  son  jeu.  Après  que  Lulli 
eut  enlevé  à  Perrin  son  privilège  ,  Beaumavielle 
entra  dans  la  troupe  du  nouvel  Opéra.  Il  ne  sur- 
vécut pas  longtemps  à  ce  musicien  célèbre,  car 
il  mourut  à  Paris,  en  1688.  Ce  fut  Tliévenard 
(voij.  ce  nom)  qui  le  remplaça  à  l'Opéra. 

BEAUMESi\!L  (Henuiette-Auélaïde  YIL- 
LARD  DE),  née  le  31  août  1758,  débuta  à  l'Opéra 
dans  Silvie,  le  27  novembre  1760,  et  fut  reçue 
peu  de  temps  après.  Les  opéras  de  Castor  et 
Pollux  et  à' Jphigénie  en  Aulide  furent  ceux  où 
elle  brilla  le  plus.  Elle  se  retira,  avec  une  pension 
de  1,500  francs,  le  l'^'"  mai  1781.  Peu  de  temps 
après,  elle  devint  la  femme  de  Pbilippe,  acteur 
de  la  Comédie  Italienne.  Elle  était  bonne  musi- 
(  ienne  et  avait  appris  l'Iiarmonie  et  l'accompa- 
gnement sous  la  direction  de  Clément,  On  lui  doit 
lu  nnisi(]uedes  Saturnales,  ou  Tibulleet  Délie, 
des  Fêtes  grecques  et  romaines  qu'on  repré- 
.=enta  à  l'Opéra  en  1784.  Elle  avait  écrit  au.ssi 
Anacrcon;  mais  cet  ouvrage  n'a  jamais  été  repré- 
senté. El!e  est  morte  à  Paris  en  1813. 

BEAUMONT  (Messuie  Gilles  ,  comte  de), 
(bambrierde  France,  épousa  en  premières  noces 
Certrude,  Mlle  aînée  de  naoul  de  Soissons,  et 
d'Alix  de  Dreux.  Il  mourut  en  1220.  On  trouve 
une  cbanson  notée  de  sa  composition  dans  un  ma- 
nuscrit de  la  Bibliothèque  im[iérialeco(é  u"  7222. 


BEAU]M01\T  (François  de),  écrivain  fran- 
çais (ixé  en  Italie  ,  est  auîeiir  de  [ilusieurs  ou- 
vrages au  nombre  desquels  on  remarque  :  Me- 
moria  sopra  Zanto ,  Arislosseno  e  Sl^esicoro; 
Palerme,  1835,  in-S".  Cet  écrit  n'est  i)as  sans 
intérêt  pour  l'Iiistoire  delà  musique. 

BEAUMONT  (Saumer  de).  On  connaît 
sous  ce  nom  un  oiuiscule  intitulé  :  Lettre  sur  la 
musique  ancienne  et  moderne;  Paris,  1743, 
in-12.  Dans  celte  brochure  il  est  particulièrement 
traité  de  l'opéra,  et  la  musique  de  Rameau  y  e>t 
sacrifiée  à  celle  de  Lulli.  L'auteur  de  cet  écrit  était 
né  dans  la  province  de  Normandie,  et  frère  d'un 
ecclésiastique  du  diocèse  de  Rouen ,  de  qui  l'on 
a  quelques  ouvrages  médiocres  de  littérature  et 
d'histoire. 

BEAUPLAN  (Amédée  de),  dont  le  nom  vé- 
ritable était  Rousseau ,  était  fils  d'un  maître 
d'armes  des  enfants  de  France.  Il  naquit  en  1790 
dans  une  petite  terre  près  de  Cbevreuse,  à  quatre 
lieues  de  Paris,  laquelle  appartenait  à  sa  mère. 
C'est  de  cette  propriété,  nonnni'e  Beauplan , 
qu'Amédée  Rous.seau  a  pris  le  nom  sous  lequel  il 
s'est  fait  une  certaine  réputation  de  musicien  et 
de  littérateur.  Ses  premières  années  furent  mar- 
quées par  de  tristes  événements;  car  son  père 
périt  sur  l'écliafaud  révolutionnaire;  ses  tantes, 
M""«  Campan  et  M""»  Auguier,  toutes  deux  atta- 
chées au  service  de  la  reine  Marie-Antoinette, 
furent  persécutées  sous  le  règne  de  la  Terreur,  et 
RI"*  Auguier,  sur  le  point  d'être  arrêtée,  se  donna 
la  mort  en  sautant  par  une  fenêtre  (l).  L'éduca- 
tion musicale  de  Beauplan  fut  assez  faible;  mais 
rin.stinct  lui  tenait  lieu  de  savoir.  U  trouvait , 
presque  sans  les  chercher,  des  mélodies  gracieuses 
qui  ont  fait  la  fortune  de  quelques-unes  de  ses 
romances  et  qui  ont  rendu  son  nom  populaire. 
Homme  du  monde  et  doué  d'un  esprit  agréable, 
il  était  recherché,  fêté  dans  les  salons;  partant, 
il  lui  restait  peu  de  temps  pour  travailler.  De  là 
vient  qu'avec  des  idées  charmantes  et  faciles ,  il 
a  fait  peu  de  chose.  D'ailleurs  peu  constant 
dans  ses  goûts  il  cares.sait  tour  à  tour  la  mu- 
sique ,  la  peinture ,  les  lettres ,  écrivait  des  co- 
médies, des  vaudevilles,  des  opéras  comiques, 
des  romans  et  des  fables.  Mais  de  tout  cela  il 
ne  reste  guère,  et  ses  meilleurs  titres  au  sou- 
venir de  la  postérité  seront  toujours  ses  lo- 
mances,  Bonheur  de  se  revoir,  Vlngénue,  le 
Pardon,  Taisez-vous,  et  le  ravissant  nocturne 
Dormez,  mes  chères  amours,  que  toute  ta  France 
a  chanté.  Eu  1830,  Amédée  de  Beauplan  eut  la 
fantaisie  de  travestir  en  opéra  comique,  sous  le 

(1)  On  s;iit(|iif  1,T  srrondo  fille  de  rcUe  diime,  cousine 
d'Aiiiecko  de  nc.iiiplaii ,  ile\int  la  femme  du  marcctinl 
Nev,  piiiice  de  la  MosKiiwa. 


BEA.TIPÎ..\IN  —  HECCATELLl 


2,S7 


l\lrc<\eV Amazone,  un  vaiulevillf  joué  qiieknies 
années  auparavant  sons  celui  ila  Prlif  drognn 
de  Vincennes.  Sa  partition  avait  été  arrangée  par 
un  homme  du  iné(ier,  mais  elle  nVn  parut  |)as 
meilleure.  L'ouvrage,  représenté  le  15  novembre, 
n'eu!  que  deux  représentations.  Cet  édiec  décou- 
ragea d'abord  Beauplan  ;  mais  en  1845,  il  tenta 
un  nouvel  essai  à  l'Opéra-Comique  dans  un  ou- 
vrage en  un  acte  intitulé  :  Le  mari  au  bal,  dont  il 
avait  tâché  cette  fois  de  faire  seul  la  musique  : 
cette  nouvelle  production  ne  vécut  pas  plus  que 
la  première.  Amédée  de  Beauplan  est  mort  à  Paris 
le  24  décembre  1853,  à  l'âge  de  soixante-frois 
ans. 

BEAUPUI  (....),  fameuse  haute-contre  de 
l'Opéra,  sous  l'administration  de  Lulli,  était  élève 
de  ce  grand  musicien ,  et  débuta  en  1672.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort. 

BEAUVAULET  -  CHARPENTIER 
(Jean-Jacques),  né  à  Abbeville,  en  1730,  était 
organiste  à  Lyon  lorsque  Jean-Jacques  Rousseau, 
passant  par  cette  ville,  l'entendit  et  le  félicita  sur 
ses  talents,  qu'il  jugea  dignes  de  la  capitale.  M.  de 
Montazet,  archevêque  de  Lyon  et  abl)édc  Saint- 
Victor  de  faris,  lui  fit  donner  l'orgue  de  cette 
abbaye,  dont  il  vint  prendre  possession  en  1771. 
Daquin  étant  mort  l'année  suivante,  un  concours 
fut  ouvert  pour  lui  donner  un  successeur  dans 
l'emploi  d'organiste  de  Saint-Paul  :  Charpentier, 
qui  s'y  présenta,  l'emporta  sur  tous  ses  rivaux 
et  fut  nommé.  Il  fut  aussi  Tun  des  quatre  orga- 
nistes de  Notre-Dame.  Son  sort  était  fixé  de  la 
manière  la  plus  brillante,  lorsque  la  subversion 
du  culte  catholique  le  priva  de  ses  places  d'orga- 
niste de  Saint-Paul  et  de  Saint- Victor,  en  1793  ; 
le  chagrin  qu'il  en  conçut  le  conduisit  au  tombeau, 
au  mois  de  mai  1794.  Après  la  mort  d'Armand- 
Louis  Couperin,  Charpentier  fut  considéré  géné- 
ralement comme  le  plus  habile  organiste  français; 
cependant  on  ne  trouve  point  dans  ses  ouvrages 
de  quoi  justifier  cette  réputation.  Les  plus  connus 
sont  :  —  1°  Pièces  d'orgue;  Paris,  in-fol.  ;  — 
2°  Sonates  de  clavecin ,  op.  2  et  8  ;  —  3°  Airs 
variés  pour  piano,  op.  5  et  12  ;  —  4°  Fugues 
pour  l'orgue,  op.  C  ;  —  5°  Trois  Magnificat  pour 
l'orgue,  op.  7,  in-fol.  ohl.;—  C»  Deux  con- 
certos pour  clavecin,  op.  10.  Son  Journal  d'orgue, 
qui  parut  en  1790  (Paris,  Le  Duc),  est  composé 
de  douze  numéros,  dont  voici  l'indication  :  — 
1°  Messe  en  mi  mineur;  —  2°  Six  fugues;  — 
3°  Deux  Magnificat  ;  —  4°  Messe  en  ré  mineur  ; 
—  5°  Quatre  hymnes  pour  la  Circoncision  ,  l'E- 
piphanie, la  Purification  et  l'Annonciation;  — 
6"  Messe  royale  de  Dumont;  —  7°  Quatre  hym- 
nes; —  8°  Plusieurs  proses  pour  les  principales 
fêtes  de  l'année  ;  —  9°  Deux  Magnificat,  avec  un 


carillon  des  morts  au  Gloria  Pahi;  — 10"  Messe 
e.'i  sol  mineur;  —  11°  Deux  Magnificat  où  l'on 
trouve  des  noëls  variés;  —  12°  Trois  hymnes, 
celles  de  Saint-Jean-Ba[itiste,  de  l'Assomption 
et  de  l'Avent,  avec  quatre  grands  chœurs  pour 
les  rentrées  de  processions. 

BEAUVARLET  -  CHARPENTIER 
(Jacques-Marie),  fils  du  procèdent,  est  né  à  Lyon 
le  3  juillet  1766.  Il  eut  pour  maître  de  clavecin 
et  de  composition  son  père,  à  qui  il  succéda 
dans  la  place  d'organiste  de  Saint-Paul,  après  le 
rétablissement  des  églises.  Il  a  fait  un  grand 
nombre  de  pièces  de  clavecin  et  d'orgue,  parmi 
lesquelles  on  remarque  :■ —  1°  Victoire  de  l'armée 
d'Italie,  ou  bataille  de  Montenotle;  Paris,  1796; 
—  2°  Airs  variés  à  quatre  mains  pour  le  clavecin, 
1799  ;  —  3"  La  bataille  d'Austerlitz,  1805;  — 
4°  La  bataille  d'Iéna,  1807;  —  5°  Méllioile  d'or- 
gue, stiivie  de  l'office  complet  des  dimanches  et 
d'un  Te  Dcnm  pour  les  solennités,  etc.,  etc. 
Charpentier  a  donné  aussi  au  lliéàlre  des 
Jeunes  Artistes,  en  1602,  Gerrnix,  eu  le  Jeune 
Aveugle,  opéra  en  un  acte.  Dans  les  dernières 
années  de  sa  vie ,  il  fut  organiste  de  l'église 
Saint-Germain-des-Prés.  Cet  arliste  a  cessé  de 
vivre  au  mois  de  novembre  1834. 

BECCATELLI  (Jean-François),  Florentin, 
fut  maître  de  chapelle  à  Prato,  petite  ville  de  la 
Toscane,  et  mourut  en  1734.  Il  fit  paraître  dans 
le  33"  volume  du  journal  rfe'  Lelleratï  d'italia, 
une  dissertation  sur  un  problème  singulier  qui 
consistait  à  trouver  le  moyen  d'écrire  un  morceau 
de  musique  pour  des  instruments  accordés  de  di- 
verses manières  ,  en  sorte  que  chaque  partie  pût 
être  jouée  aune  clef  quelconque  sans  désignation. 
Ce  morceau  a  pour  titre  :  Parère  sopra  il  pro- 
blema  armonico  :  fare  un  cancer lo  con  piii 
stromenti  diversamente  accordait,  e  spassare 
la  composizionc  per  qualsivoglia  inlervallo. 
On  a  aussi  du  même  auteur  :  —  1°  Lcttera  cri- 
tico-musica  ad  un  suo  amico  sopra  due  dif- 
ficoltà  r.ella  facoltà  musica  ,  da  un  modernn 
autore  prnticata.  Dans  le  supplément  du  Journal 
des  Lettrés  d'Italie,  t.  III,  année  1726,  p.  1-55, 
une  critique  de  cette  lettre  parut  sous  ce  titre  : 
Parère  del  sig.  N.  N.  sopra  la  lellera  cri- 
tico-musica  del  sig.  Giovan  Francisco  Bec- 
calelli,  Fiorentino.  Beccatelii  y  fit  une  réponse, 
et  l'intitula  :  Risposta  al  parère  scrilto  da  i\. 
N.  sopra  la  lettera  critico-musica.  Celle  ré- 
ponse fut  insérée  dans  le  môme  journal  et  dans  le 
même  volume,  p.  67-83.  Une  autre  dissertation 
a  paru  dans  ce  volume  sur  l'usage  du  bécarre 
dans  la  musique  moderne (SM/J/^^emen^i  al  Gior- 
nale  de:"  Lelleratï  d'italia,  1. 111,  Venise,  1726, 
in-8",  p.  ^i92).  Le  père  Martini  possédait  aussi 


288 


BECCATELLl  —  lîECHKR 


une  Spie^nziorie  sopra  la  letlcra  crilko  mu- 
sica,  en  nianusciit.  Parmi  les  ouvrages  inédits 
de  Beccatelli ,  on  trouve  :  —  1°  Document},  e 
reijole  per  imparure  a  sunnare  il  basso  con- 
tïnuo;  —  1"  Spoxizione  délie  musichedottrine 
degli  antichi  grecï  e  latmi;  —  3"  Divisione 
del  monocordo sccondo  Pit /agora,  e  Tolomeo, 
nei  gencri  diaionico ,  cromatico  ed  enarmo- 
nJcOjVoy.  Martini,  Star,  di  mus.,  t.  I,  p.  449. 
BECELLl  (Jules-César),  littérateur  et 
poète ,  naquit  à  Vérone  en  1683.  Après  avoir 
lait  ses  études  chez  les  jésuites  de  cette  ville,  il 
entra  dans  leur  société;  mais  en  1710  il  mani- 
festa le  désir  d'en  sortir,  et  il  en  obtint  l'autori- 
sation. Plus  tard  il  se  maria  et  se  livra  à  l'en- 
seignement. Il  était  des  Académies  de  Vérone, 
de  Bologne,  de  Modène,  de  Padoue  ,  et  il  four- 
nissait à  toutes  des  mémoires  et  des  dissertations. 
11  mourut  au  mois  de  mars  1750.  Parmi  ses  nom- 
breux ouvrages  on  com[)te  deux  morceaux  re- 
latifs à  l'Académie  pliilliarmonique  de  Vérone; 
le  premier  a  pour  titre  :  1"  Lezione  nelV  Aca- 
demiafilarinonica;  Vérone,  1728. 11  paraît  que 
ce  sont  des  lectures  faites  dans  cette  académie 
par  l'auteur.  Le  second  ouvrage  est  un  dialogue 
intitulé  :  De  JEdibiis  Academix  phïlarmonicse 
Vcronensis,ejusdemquenwseo;  Vérone,  1745, 
in-4^ 

BÊCHE.  Trois  frères  de  ce  nom  étaient  atta- 
chés à  la  musique  du  P.oi ,  vors  1750.  L'aîné,  qui 
était  doué  d'une  fort  belle  voix  de  haute-contre, 
était  chanteur  à  la  chapelle  royale;  il  s'est  retiré 
vers  1774 ,  après  plus  de  vingt-cinq  années  de 
service.  Il  était  instiuit  dans  tout  ce  qui  concer- 
nait son  art,  et  c'est  en  partie  sur  les  notes  qu'il 
avait  remises  à  Labonle,  qu3  celui-ci  a  composé 
son  Essai  sur  la  musique.  Le  plus  jeune  fut  un 
<les  compilateurs  du  solfège  d'Italie. 

BECHER  (Alfred-Jules),  docteur  endroit 
et  compositeur  de  musique,  naquit  à  Manchester 
en  1804,  de  parents  allemands  qui,  jouissant 
d'une  certaine  aisance,  revinrent  dans  leur  patrie 
et  s'y  fixèrent.  Héclier,  dès  son  enfance  ,  se  livra 
à  l'étude  de  la  musique;  |)uis  il  suivit  les  cours 
des  universités  de  Heidelberg  et  de  Gœttingue, 
et  alla  achever  ses  éludes  de  droit  à  Berlin,  où 
il  obtint  le  doctorat.  Compromis  par  ses  relations 
avec  des  sociétés  démagogiques,  il  subit  une  dé- 
tention de  quelques  mois  dans  une  forteresse; 
mais  aucune  preuve  de  conspiration  n'ayant  pu 
être  fournie  contre  lui ,  il  fut  remis  en  liberlé,  et 
alla  s'établir  à  Elberfeld  comme  avocat.  Cepen- 
dant, entraîné  par  sa  passion  pour  la  musique  et 
par  les  bizarreries  de  son  caractère,  il  négligea 
ses  affaires.  Bientôt  abandonné  de  ses  clients,  il 
lie  trouva  plus  d'cxislence  assurée  dans  celle  ville. 


e'  il  alla  passer  queliiiies  mois  à  Cologne,  où  il 
rédigea  un  journal  couimeicial  qui  n'eut  \)à&  de 
succès.  Dégoûté  de  cette  entrejjrise,  il  alla  s'éta- 
blir à  Dusseldorf,  s'y  lia  avec  quelques  artistes, 
particulièrement  avec  le  peiutreGrobbe,  ety  vécut 
dans  une  sorte   d'enthousiasme  que  troublaient 
quelquefois  les  besoins  de  la  vie  réelle,  mais  dont 
Pinduence  se  fit  sentir  dans  quelques-uns  de  ses 
ouvrages.  Un  moment  vint  pourtant  où  des  em- 
barras pécuniaires  l'obligèrent  à  s'éloigner  d'une 
ville  qui  lui  plaisait,  pour  aller  chercher  ailleurs 
des  moyens  d'existence.  Il  se  dirigea  vers  la  Hol- 
lande :  mais  son  dénûment  était  tel,  qu'il  fut 
très-heureux  de  vendre  la  propriété  d'un  de  ses 
ouvrages  pour  quelques  écus,  à  un  marchand  de 
miLsique  de  Wésel.  Arrivé  à  La  Haje,  il  y  donna 
des  leçons  de  musique  et  fit  un  cours  de  théorie 
de  cet  art   :  mais  peu  satisfait  encore  de  cette 
position,  il   se  rendit  à  Londres  en  1840,  avec 
quelques  lettres  de  recommandation  qui  lui  pro- 
curèrent l'avantage  d'être  attaché  comme  pro- 
fesseur à  l'Institution  royale  de  musique.  Les 
cinq  années  qu'il   passa  dans  celle  grande  ville 
furent  les  plus  heureuses  de  sa  vie.  Parmi  les  re- 
lations qu'il  y  avait  formées  se  trouva  celle  d'un 
riche  négociant  (jui  le  chargea  d'aller  à  Vienne, 
en  1845,   pour  y  suivre  les  détails  d'un  procès 
important  pour  lequel  il  lui  fut  avancé  une  somme 
assez  considérable.  Bêcher  partit  donc  de  Londres 
et  arriva  à  Vienne,  dont  il  ne  devait  plus  sortir. 
En  passant  à  Leipsick,  il  y  avait  vu  Mendelssohn 
qui  lui  avait  donné  quelques  lettres  de  recom- 
mandation à  l'aide  desquelles  il  fut  bien  accueilli 
dans  i^lusieurs  cercles  d'artistes  et  de  littérateurs. 
Bientôt  attaché  à  quelques  journaux  d'art ,  il  se 
fit  remarquer  par  l'originalité  de  sa  critique.  Ce 
fut  aussi  à  cette  époque  que  furent  publiées  ses 
compositions  les  plus  importantes.  Il  venait  de 
faire  paraître  la  deuxième  édition  d'un  écrit  rempli 
d'enthousiasme  sur  le  talent  de  Jenny  Lind  et  sur 
sa  vie,  lorsque  la  révolution  populaire  de  Vienne 
éclata  au  mois  de  mars  1848.  Entraîné  par  ces 
circonstances,  qui  d'ailleurs  se  trouvaient  en  har- 
monie avec  ses  sentiments  et  ses  opinions,  il  de- 
vint un  des  plus  ardents  chefs  de  la  révolte,  et 
entra  dans  le  comité  central  démocralique  qui 
dirigeait  alors  les  événements.  Avec  lacoopéralion 
des  chefs  de  clubs,  tels  que  Fauseneau,  Jellineck, 
Sfift  et  Kolisch,  il  fonda  le  journal  Le  Radical, 
dont  le  premier  numéro  parut  à  Vienne  le   16 
juin  1848,  et  qui  ne  cessa  qu'à  la  prise  de  Vienne 
par  les  troujies  impériales.  Jusqu'au  dernier  mo- 
ment, il  combattit  avec  énergie  dans  les  rangs 
de  la  garde  mobile,  excitanî  toute  la  population 
de  Vienne  à  une  résistance  désespérée.   Arrêté 
(luehiues  joins   «iirès   la  prise  d'assaut  de  cette 


BECHER 


281) 


ville,  il  fut  traduit  devant  un  conseil  de  guerre 
qui  le  condamna  à  la  peine  de  mort,  le  n  no- 
vembre. Celte  sentence  l'ut  exécutée  le  lendemain, 
et  Bêcher  fut  fusillé  avec  Jellineck  et  quelques 
auties  cliefs,  dans  les  fossés  de  la  ville  ,  hors  de 
la  Poi  te-Neuve  de  Vienne.  Ainsi  périt  à  l'âge  de 
quarante-quatre  ans  un  homme  qui  aurait  pu  se 
faire  un  nom  iionorabledans  son  art,  si  ses  pas- 
sions ne  l'eussent  pas  souvent  jeté  dans  des  voies 
opposées  au  but  qu'il  voulait  atteindre.  Son  ami, 
M.  Walter  de  Gœthe,  nous  a  révélé  le  secret 
molifdes  violences  où  Bêcher  s'est  laissé  entraîner, 
par  ces  paroles  tirées  d'une  touchante  élégie  : 
«  Infortuné  !  ce  qui  t'enllammait  le  cœur,  ce  n'é- 
«  tait  point  l'amour  de  la  liberté,  comme  tu  le 
«  pensais  dans  ton  aveuglement  ;  c'était  l'effer- 
«  vescence  de  tes  passions;  tu  te  laissas  entraîner 
«  par  la  plus  misérable  de  toutes,  par  la  vanité! 

<i  Tu  voulais  à  tout  prix  sortir  de  l'obscurité; 
«  tii  voulais  briller;  au  lieu  de  souffrir,  tu  vou- 
«  lais  dominer;  ce  qu'il  te  fallait ,  c'était  de  l'ad- 
«  miration,  une  foule  attentive  ....  »  Plus  loin, 
M.  de  Gœthe  apprécie  le  talent  de  Bêcher  en 
termes  correspondants  à  ceux-ci  :  «  C'est  dans 
«  les  quatuors  de  Bêcher,  et  non  dans  le  déver- 
«  gondage  de  son  journal,  que  nous  devons  cher- 
«  cher  (nous  autres  artistes  du  moins)  la  profes- 
t.  sion  de  foi  de  son  âme.  Or,  dans  ces  quatuors, 
«  malheureusement  inédits,  Bêcher  nous  a  laissé 
«  un  solide  et  superbe  édilice ,  dont  ses  compo- 
«  sillons  de  moindre  étendue  représentent  en 
«  quelque  sorte  l'ornementation  fantastique.  Bé- 
«  cher,  je  le  dis  dans  la  plus  intime  conviction, 
«<  nous  a  révélé  un  riche  trésor  dans  ses  qua- 
«  tuors  :  la  profondeur  du  sentiment,  l'élan 
«  vigoureux  de  la  pensée,  la  connaissance  vrai- 
«  ment  prodigieuse  de  tous  les  elfets  dont  les 
«  instruments  à  cordes  sont  susceptibles ,  voilà 
Il  des  qualités  qu'on  ne  peut  lui  contester,  et  qui 
«  font  pardonner  quelques  longueurs  et  des  pas- 
«  sages  entachés  de  recherche  et  d'affectation. 
«  Un  jour  ses  compositions  seront  aimées  et  ad- 
<i  mirées ,  à  moins  qu'elles  n'aient  le  sort  de 
«  beaucoup  d'autres  éminentes  productions  d'ar- 
«  tisles  allemands,  et  qu'elles  ne  disparaissent 
«  à  jamais  dans  les  cavités  poudreuses  d'une  ar- 
«  moire. 

«  Que  de  belles  choses  ne  devons-nous  pas  à 
«  Bêcher  !  et  que  de  chefs-d'œuvre  il  nous  eût 
«  donnés  encore,  si  l'infatigable  travailleur  avait 
«  pu  exécuter  tous  ses  projets!  L'été,  pendant 
«  son  séjour  à  la  campagne,  Bêcher  produisait 
«  plus  en  un  mois  que  beaucoup  d'autres  en  un 
«  an.  Ses  admirables  Lieder  de  Mignon  et  du 
«  Jouetir  de  harpe,  qu'il  se  proposait  de  lier 
c  par  des  morceaux  de  musique  instrumentale 

BIOGR.   UNIV.   DES  MUSICIEiNS. 


«  et  des  chœurs  pour  en  former  unecompositiou 
«  de  quelque  étendue,  n'arriveront  sans  doute 
n  jamais  à  la  publicité,  quoique  les  esquisses  de 
«  son  travail  soient  à  peu  près  terminées.  Béchér 
«  couvait  dans  sa  pensée  la  musi(jue  d'un  opéra 
«  (  In  Mort  de  César)  ;  il  avait  aussi  conçu  le 
«  projet  de  faire  un  opéra  avec  le  poëme  diainati- 
«  i\\w,  Elrinde,  du  jeune  Max  Wollgang  de  Gre- 
«  the;  un  troisième  cahier  de  pièces  lyriques  était- 
«  prêt  à  être  livré  à  l'impression;  sa  symphonie 
«  avançait,  et  des  Lieder  de  toute  dimension 
«  naissaient  chaque  jour  sous  sa  plume.  Bêcher 
«  secouait  tout  cela  comme  d'une  corne  d'ahon- 
«  dance  devant  ceux  qui  le  recherchaient.  Il  se 
«  sentait  heureux  et  se  Tivrait  à  une  joie  tout 
«  enfantine,  toutes  les  fois  qu'une  de  ses  compo- 
«  sillons  éveillait  les  sympathies  de  ses  au- 
«  diteurs  ;  et  [Hiis,  il  était  partout,  aidant  et  con- 
«  seillant,  lui  qui  trouvait  si  peu  d'assistance,  etc.  » 
L'Allemagne  n'a  point  partagé  l'admiration  de 
l'auteur  de  ces  paroles  pour  les  productions  de 
Bêcher.  Ainsi  que  le  dit  lui-même  M.  de  Gœlhe, 
Berlin  savait  à  peine  son  nom;  Vienne  le  repous- 
sait, et  Leipsick,  oii  plusieurs  de  ses  ouvrages 
ont  été  publiés,  a  montié  pour  eux  jusqu'à  ce 
jour  une  complète  indifférence.  11  y  a  quelque 
chose  pourtant  qui  n'est  pas  commim  dans  ses 
Lieder,  et  ses  pièces  ly  ricpies  pour  le  piano  ont  de 
la  fantaisie  ;  mais  le  désordre  règne  dans  tout 
cela;  on  y  sent  la  recherche,  le  désir  de  l'ex- 
traordinaire ,  et  celte  antipathie  du  simple  qiu  a 
saisi  beaucoup  de  musiciens  de  l'époque  actuelle. 
Les  ouvrages  publiés  par  Bêcher,  avant  les  évé- 
nements qui  furent  causes  de  sa  lin  tragique, 
sont  :  1°  Huit  poésies  (Gedichte)  pour  voix  seule 
et  piano ,  op.  l  ;  Leipsick,  Hofmeister.  —  2°  Huit 
pièces  lyriques  pour  le  piano,  op.  2;  Cologne, 
Eck.  —  3"  Six  poésies  à  voix  seule  et  piano,  op. 
3;  Elberfeld,  Arnold.  —  4°  Rondo  pour  le  piano, 
op.  5;  Vienne,  Meclietti.  —  5°  Trois  sonates  pour 
piano  seul,  op.  7  ;  'Wesel,  Printz.  —  6°  Six  chants 
à  voix  seule  avec  piano,  op.  6;  Cologne,  Eck. 
7°  Thème  original  varié  pour  piano;  Ams- 
terdam, Steup.  —  8°  Monologue  pour  piano, 
op.  9;  Vienne,  Millier.  —  9°  Six  chants  à  voix 
seule  avec  piano,  op.  10,  4®  recueil  de  chants; 
Vienne,  Haslinger.  —  10°  Sonate  pour  piano,  op. 
II;  Vienne,  Miiller.  —  11"  Neuf  pièces  lyriques 
pour  le  piano,  op.  18;  p.  Vienne,  Mecbetti.  — 
12°  La  Housarde,  a.\v  hongrois  varié  pour  le 
piano;  Amsterdam,  Steup.  —  13"  Adagio  ap- 
passionato  pour  le  piano,  op.  20;  Vienne,  Miiller. 
On  a  aussi  de  Bêcher  un  compte  rendu  de  la  fête 
musicale  donnée  à  Cologne,  en  1836,  sous  ce 
titre  :  Das  Niederrheinisdie  Musihfest  naihe- 
lisch  und  historisch  betrachtet  von^etc.  Co- 

19 


290 


BECHER  —  BECK 


Jogne,  ïïuscbler,  1836,  in  8°  de  'zà  pages.  Sa  no- 
tice sur  laviedeJenn?/  Lindest  iniitulée  :  Jennij 
Lind,  eirie  Skizze  ihres  Lebens,  avec  le  portrait 
de  la  cantatrice;  Vienne,  Japper,  1847,  in-8°. 

BECHSTEIN   (Louis),  conseiller  privé   à 
Gotlia,  est  né  à  Meiniingen,le  24  novembre  1801. 
Après  qu'il  eut  terminé  ses  études  de  collège,  il 
fut  destiné  à  la  profession  de  pharmacien  et  alla 
.  faire  son  apprentissage  àArnstadt;maisnn  recueil 
de  poésies  qu'il  publia  dans  cette  ville,  en  1828, 
ayant  fixé  sur  lui  l'attention  du  duc  de  Saxe- 
Meinungen ,  ce  prince  lui  fournit    les   moyens 
d'aller  étudier  l'histoire  et  la  philosophie  à  l'uni- 
Tersité  de  Leipsick.  De  retour  à  Meinungen  dans 
l'automne  de  1831,  il  obtint  la  place  de  conserva- 
teur de  la  bibliothèque  du  dnc  et  celle  de  bi- 
bliothécaire adjoint  de  la  bibliothèque  publique. 
Fn  1833,  il  reçut  sa  nomination  de  bibliothécaire 
en    chef.   Depuis   lors   M.   Bechsîein  a  publié 
beaucoup  de  poésies  de  différents  genres  et  un 
livre   intitulé   :    Fahrten    eines    Musikanten 
(Voyages  d'un   musicien);  Schleusingen ,    Glâ- 
ser,  1837,   3  vol.   in-8°,  avec  des  planches   de 
musique.  Le  héros  de  ce  livre  est  le  professeur 
Klsler,  connu  en  Allemagne  comme  savant  et 
comme    musicien  distingué.    Suivant    certains 
bruits  qui  se  sont  répandus,  Elster  serait  lui- 
même  l'auteur  de  l'ouvcage  :  mais  il  n'aurait  pas 
vonlu  le  publier  sous  son  nom,  et  il  aurait  obtenu 
de  M.  Beclistein  d'en  prendre  la  responsabilité. 
BECK  (David),  habile  constructeur  d'orgues, 
vivait  à  Halberstadt  en  1590.  Son  premier  ou- 
vrage fut  l'orgue  de  l'église  Saint-Martin  de  cette 
ville  ;  mais  ce  qui  assura  surtout  sa  réputation 
fut  l'orgue  de  l'église  du  château  de  Groningue , 
qu'il  entreprit  en  1592,  auquel  il  employa  neuf 
ouvriers,  et  qu'il  acheva  en  1596.  Cet  ouvrage, 
restauré    en    1705    par    ChristG[ihe    Conlius, 
fut  examiné    solennellement   et   reçu    par  cin- 
quante-trois des  plus  célèbres  organistes  et  cons- 
tructeurs d'orgues  de  l'Allemagne.  11  est  composé 
de  cinquante-sept  jeux,  deux  claviers,   pédale, 
et  a  coilté  dix  mille  écus  de  Hollande;  somme 
énorme  pour  ce  temps.  Werckmeisler  a  décrit 
la  cérémonie  de  la  réception  de  cet  orgue  dans 
un  écrit  spécial  intitulé  :  Organum  Gruningense 
redivivtim,  etc.;  Quedlinbourg,  1705,  in-4°.  (V. 
Werormeister.) 

BECK  (Michel),  professeur  de  théologie  et 
de  langues  orientales  à  Ulm,  né  dans  cette  ville, 
le  24  janvier  1653,  a  publié  une  dissertation  De 
accent uum  Hebrœormn  usu  musico;  léna, 
1678,  in-4".  Elle  a  été  réimprimée  dans  le  Thé- 
saurus theolog.  philolog.,  etc. ;  Amsterdam, 
1701 ,  sous  ce  titre  :  De  accenluum  usu  et  abusu 
musico  hermeneutko.   Beck  a  composé  celte 


dissertation  pour  défendre  l'antiquité  des  accents 
musicaux  des  Juifs  contre  les  attaques  de  Bohlius, 
qui  prétendait  qu'ils  étaient  inconnus  des  anciens 
Hébreux.  Il  avoue  cependant  que  ces  accents  va- 
rient de  signification  entre  les  Juifs  allemands , 
italiens,  espagnols  et  portugais.  Au  reste,  ces 
deux  savants  manquaient  de  documents  authen- 
tiques pour  traiter  cette  question,  qui  pourrait 
être  examinée  aujourd'hui  avec  quelque  succès. 
BECK  (Reichardt-Charles),  musicien  alle- 
mand, vivait  à  Strasbourg  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  :  Erster  Theil 
neuer  AUemanden,  BaUetten,  Arien,  Gigen , 
Couranten ,  Sarabanden,  mit  zwey  Violincn 
und  eincm  Bass  (Première  partie  de  nouvelles 
allemandes,  ballets ,  airs,  gigues,  courantes  et 
sarabandes  pour  deux  violons  et  basse);  Stras- 
bourg, 1654. 

BECK  (Jean- Philippe ) ,  musicien  allemand 
du  dix-septième  siècle,  vraisemblablement  de  la 
famille  du  précédent,  a  fait  imprimer  .  ,4^/6- 
manden ,  Gigen  ,  Couranten  und  Saraban' 
den  au/  der  Viola  da  Gamba  zu  streicheu 
von  etlichen  Accorden  (Allemandes,  gigues, 
courantes  et  sarabandes  pour  la  basse  de  viole). 
Strasbourg,  1677. 

BECK  (GoDEFKOi- Joseph), né  à  Podiebrad, 
en  Bohème,  le  15  novembre  1723,  fut  dans  sa 
jeunesse  un  excellent  organiste  à  l'église  Saint- 
Kgide,  de  Prague,  et  plus  tard  devint  un  bon 
chanteur  en  voix  de  basse.  Après  avoir  fait  ses 
études  dans  sa  ville  natale  et  à  Prague  où  il  ter- 
mina son  cours  de  philosophie,  il  entra  dans 
l'ordre  des  dominicains,  puis  se  rendit  en  Italie 
en  1752,  et  séjourna  quelques  années  à  Bologne 
et  à  Rome.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  y 
fut  nommé  professeur  de  philosophie  à  l'univer- 
sité de  Prague,  et  enfin  supérieur  et  provincial 
de  son  ordre.  Savant  musicien,  il  écrivit  beau- 
coup de  musique  d'église  et  s'essaya  dans  le  st}  le 
instrumental.  Au  nombre  de  ses  ouvrages, on  cite 
une  grande  symphonie  qu'il  composa  en  1786  et 
qu'il  dédia  à  l'archevêque  de  Prague.  Celui-ci  se 
chargea  de  toute  la  dépense  de  l'exécution.  Btck 
mourut  à  Prague  le  8  avril  1787. 
BECK  (Jean-Éberuaro).  Voyez  Beek. 
BECK  (Léonard).  Vojez  Becee. 
BECK  (Françols),  fils  d'un  conseiller  prive 
du  prince  Palatin,  naquit  à  Mannheim  en  1730, 
et  fut  adopté  par  le  prince  ,  qui  le  fit  élever  jus- 
qu'à l'âge  de  quinze  ans.  Son  père,  bon  musicien 
et  qui  jouait  bien  du  violon,  lui  donna  des  leçons 
de  cet  instrument,  et  lui  fit  faire  de  rapides  pro- 
grès, grâce  à  l'heureuse  organisation  que  le  jeune 
Beck  avait  reçue  de  la  nature.  Devenu  le  favori 
du  prince  et  l'objet  de  l'envie  des  courtisans,  il 


BECK  —  BECKER 


29 1 


eemblait  destiné  à  la  plus  heureuse  existence; 
mais  une  affaire  malheureuse,  causée  par  un  bon 
mot  imprudent  du  jeune  homme,  l'obligea  à  se 
battre  en  duel.  Son  adversaire  fut  blessé  mor- 
tellement, et  Beck  dut  chercher  son  salut  dans 
la  fuite.  Il  se  rendit  à  Paris,  puis  alla  s'établir, 
à  Bordeaux,  et  y  devint  directeur  du  concert, 
vers  1780.  C'était  un  compositeur  fort  habile, 
qui  aurait  pu  se  faire  une  brillante  réputation, 
s'il  eût  voulu  se  fixer  à  Paris  ;  mais  il  n'était 
point  aiguillonné  par  le  besoin  de  renommée,  et 
son  indifférence  sur  ce  point  allait  même  jusqu'à 
l'excès.  Il  en  résulta  qu'il  produisit  peu ,  quoique 
sa  carrière  ait  été  longue ,  et  que  sa  fortune  en 
souffrit  autant  que  sa  réputation.  Il  est  mort  à 
Bordeaux,  le  31  décembre  1809,  dans  un  âge 
avancé.  La  quatrième  classe  de  l'Institut  l'avait 
nommé  son  correspondant.  En  1776,  il  publia 
quatre  œuvres  de  symphonies  de  sa  composition, 
chacun  de  six  symphonies.  En  1783  ,  il  fit  exé- 
cuter au  concert  spirituel  un  Stabat  qui  fut  très- 
applaudi.  Le  2  juillet  17S9,  il  fit  représenter,  sur 
le  théâtre  de  Monsieur,  Prt?jcfore,  mélodrame; 
cet  ouvrage  eut  peu  de  succès.  La  partition  a  été 
gravée.  On  connaît  aussi  de  lui  un  Gloria  et  un 
Credo  qui  sont  excellents.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
des  quatuors  pour  violon  et  des  sonates  de 
piano. 

BECK  (Guillaume),  né  à  Carlshaveu  dans 
le  duché  de  Hesse-Cassel ,  en  1765,  a  publié  en 
1787,  dans  un  almanacb  de  la  Hesse,  un  essai 
intitulé  :  Etwas  liber  die  Musik  (Bagatelle  sur 
la  musique). 

BECK  (  Chrétien-Frédéric  ) ,  compositeur  et 
pianiste  à  Kirckheim,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié  les  ouvrages  suivants  de  sa  com- 
position :  1°  Deux  sonates  pour  le  clavecin  à 
quatre  mains;  Spire,  1789.  —  2°  Fantaisies  pour 
le  clavecin;  Dresde,  1791.  —  3"  Concerto  pour  le 
clavecin ,  en  si  bémol ,  avec  accompagnement  ; 
Spire,  1792.  —  4°  Six  menuets  à  quatre  mains; 
Heilbronn  etOffenbach,  1794.  — 5'Concerto  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  alto,  basse, 
deux  fltftes  et  deux  cors;  Mayence,  Schott.  — 
6"  Six  pièces  faciles  à  quatre  mains;  ibid.  — 
7°  Dix  variations  faciles ,  ib.  —  8°  Douze  varia- 
tions sur  l'air  God  save  the  King;  ibid.,  et  d'au- 
tres morceaux.  Gerber  a  attribué  à  Chrélien-Fré- 
(léjic  Beck  le  mélodrame  de  Pandore,  qui  est 
lie  François  Beck. 

BECK  (JosEPHA),  née  Scheefer,  cantatrice 
allemande,  élève  de  madame  Wendling,  débuta 
en  1788  au  théâtre  de  Manheim,  comme  première 
chanteuse.  Elle  y  re^ta  jusqu'en  1797 ,  6|)oque 
où  elle  passa  à  Munich.  On  vante  l'étendue  de  sa 
voix  et  la  hardiesse  de  son  exécution.  Les  pre- 


miers rôles  des  opéras  de  Moxart  étaient  ceux 
où  elle  brillait  particulièrement. 

BECK  (Frédéric-Adolphe),  répétiteur  du 
corps  royal  des  nobles  cadets  ,  à  Berlin ,  a  publié 
un  petit  ouvrage  intéressant  sous  ce  titre  :  Dr. 
Martin  Luther's  Gedanken  iiber  die  Musik 
(Idées  de  Martin  Luther  sur  la  musique)  ;  Berlin  et 
Posen,  E. S.  Mittler,  1825,  in-8%  de  XXVllI  et  1 15 
pages.  Ce  livre  est  rempli  d'une  érudition  solide. 

BECKE  (Léonard),  musicien  à  l'église  de 
Notre-Dame  à  Nuremberg ,  naquit  dans  cette 
ville  en  1702,  et  mourut  en  1769.  11  jouait  su- 
périeurement du  hautbois  d'amour,  et  a  composé 
des  Par  Me  pour  son  instrument,  luth  et  basse 
de  viole ,  qui  sont  restés  en  manuscjit. 

BECKE  (Jean-Baptiste),  fils  du  précédent, 
et  non  son  frère,  comme  le  disent  les  auteurs 
du  Dictionnaire  des  Musiciens ,  qm  le  nom- 
ment Jean  Beek,  naquit  à  Nuremberg  le  24 
août  1743.  Son  père  lui  donna  des  leçons  de 
clavecin,  de  chaut,  de  basson,  de  flûte,  et  lui 
fit  faire  ses  études  près  de  lui.  Après  avoir  achevé 
sa  philosophie ,  le  jeune  Becke  embrassa  l'état 
militaire,  en  1762,  et  obtint  une  place  d'adju- 
dant près  du  feld-maréchal-lieutenant  baron  de 
Rodh ,  pendant  la  guerre  de  Sept  ans.  Pendant 
la  paix,  il  fit,  avec  son  général,  un  voyage  à 
Stuttgart,  et  pendant  son  séjour  en  cette  ville, 
il  prit  des  leçons  de  tlûte  du  professeur  Steinhard. 
En  1764,  il  partit  pour  la  Suisse  et  passa  l'hiver  à 
Mersebourg.  Ayant  perdu  son  général  en  1766,  il 
quitta  le  service  et  se  rendit  à  Munich.  Il  obtint 
de  se  faire  entendre  du  prince  électoral  Maxi- 
milien  III,  à  qui  son  jeu  plut  beaucoup ,  et  qui 
le  plaça  dans  sa  chapelle.  Dans  le  même  temps 
il  se  rendit  près  du  célèbre  Windiing,  afin  de 
perfectionner,  sous  sa  direction,  son  talent  sur 
la  flûte.  Becke  passa  huit  mois  à  Manheim  au- 
près de  cet  artiste.  De  retour  à  Munich,  il  prit 
des  leçons  de  composition  de  Joseph  Miclil ,  et 
commença  à  publier  ses  ouvrages  pour  la  flûte. 
Vers  1780,  Becke  était  compté  parmi  les  plus 
habiles  flûtistes  de  l'Allemagne ,  et  ses  composi- 
tions, particulièrement  ses  concertos,  étaient 
recherchés.  Les  Catalogues  de  Breilkopf  (de 
Leipsick)  etdeWestphal  (de  Hambourg),  publiés 
à  cette  époque,  indiquent  les  titres  de  ses  ouvrages. 

BECK  EN  (  Frédéric- Augoste).  On  a  sous 
ce  nom  un  recueil  de  chansons  intitulé  :  Samm- 
lung  schôner  Lieder  mit  Melodien;  Francfort, 
1775. 

BECKER  (  DiETRiCH  ou  THiERRY),violoniste 
et  compositeur  du  sénat  de  Hambourg ,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  : 
1°  Sonatenfûr  1  Violine,  1  Viol  di  gambe  und 
den  General- Bass,  ilber  Chorallieder  (Sona- 
ta. 


292 


BECKER 


les  pour  on  violoH,  Une  basse  de  viole  et  la 
basse  continue,  sue  des  cantiques);  Hambourg, 
1C68.  —  Die musikalischen  l<ruhlings-Frûcltt.c, 
bestehend  in  dreï,  vier  undj'unfstimmlger  In- 
strumental-Harmonie, nebst  dem  B.  C.  (Les 
Jruits  du  printemps  musical,  consistant  en 
barmonie  instrumentale  à  trois ,  quatre  et  cinq 
parties,  avec  la  basse  continue);  Hambourg;, 
166S,  in-foi, 

BECHER  (Jean),  organiste  de  la  cour  à 
Casse!,  né  le  1"  septembre  1726a  Helsa,  près 
de  celte  ville,  est  mort  en  1803.  Il  avait  étudié 
la  composition  à  Cassel  sous  la  direction  de  Suss. 
Ses  ouvrages  pour  l'église  sont  nombreux,  mais 
il  ne  les  a  pas  publiés.  On  connaît  seulement 
sous  son  nom  un  livre  de  cantiques  intitulé  : 
Choralbuch  zu  dem  bey  den  hessischen  jrfor- 
mirten  Gemeinden  eingefûhrten  verbesserten 
Gesangbuches  (Livre  de  cborals  pour  le  nou- 
veau recueil  de  cantiques  introduit  dans  les  con- 
grégations reformées  de  la  Hesse);  Cassel ,  1771  , 
in-4°. 

BECHER  (Cu.VRLES-Louis),  né  dans  un 
village  de  la  Saxe,  en  1756,  a  été  organiste  à 
Nordlieim,  et  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
suivants  :  1°  Arietten  tind  Lieder  mit  Klavier; 
Gœttingue,  1784,  in-4».  —  2"  Idem,  2*  et  3" 
Recueils.  —  3°  VI  Lieder  dcr  Freundschaft 
und  Liebe  gewidmet,  viit  Klavier,  op.  16; 
Ol'fenbacli,  1802.  —4*  Andante  avec  dix-huit 
variations;  Offenbacb ,  André.  —  5°  Six  valses 
pour  lepiHno  ;  ibid.  —  6°  Douze  préludes  pour 
l'orgue,  avec  ou  sans  pédale  ;  ibid.  Eecker  est 
mort  en  1812. 

BECHER  (Charles-Ferdinand),  organiste 
de  l'église  Saint-Nicolas  et  professeur  du  conser- 
vatoire de  Leipsick ,  est  né  dans  cette  ville  le 
17  juillet  1804.  Scliiclit  et  Frédéric  Scbneider 
ont  été  ses  maîtres  de  piano,  d'harmonie  et  de 
composition.  A  l'âge  de  quatorze  ans,  il  débuta 
comme  pianiste  dans  un  concert;  puis  il  se  livra 
à  l'élude  de  l'orgue  et  s'adonna  spécialement  à 
cet  instrument.  Après  avoir  rempli  les  fonctions 
d'organiste  dans  quelques  petites  églises  de  sa 
ville  natale,  il  obtint  en  1825  la  place  d'orga- 
niste de  Saint-Pierre,  vacante  par  la  mort  de 
Droebs ,  et  douze  ans  après  il  succéda  à  Henri 
Millier,  en  la  même  qualité,  dans  l'église  de 
Saint-Nicolas.  Enfin  ,  sa  position  s'est  complétée 
par  sa  nomination  de  professeur  d'harmonie  et 
d'orgue  au  Conservatoire  de  Leipsick.  BecKer 
s'est  fait  connaître  comme  artiste  par  la  publi- 
cation de  quelques  bagatelles  pour  le  piano  ;  par 
un  recueil  de  12  adagios  pour  orgue,  op.  9;  par 
deux  œuvres  de  trios  pour  le  môme  instrument, 
op.    10  et   1 1 ,  et  par   un  recueil  de   dix-huit 


pièces  de  différents  caractères,  op.  12.  On  a 
a\isside\ui -.Evangel.  Choralbuch,  138 enthal- 
tend  vïerstimm.  Chorale  (Livre  choral  consis- 
tant en  cent  trenle-liuit  cborals  à  quatre  voix, 
pour  le  nouveau  livre  du  chant  de  Leipsick); 
Leipsick, Fr.  Fleischer in-4°;  —  Lelivrecomplet 
de  mélodies  pour  le  môme  chant  (  Vollstdndiges 
Choralmelodienbueh),  ibid.  ;  et  un  recueil  de 
cborals  pour  le  nouveau  livre  de  chant  de  Ham- 
bourg, Craulz.  M.  Becker  a  aussi  donné  en  1832 
une  édition  des  Chorals  à  quatre  voix  de  Jean- 
Sébastien  Bach,  qui  n'a  pas  obtenu  l'approbation 
des  connaisseurs ,  et  il  a  été ,  conjointement  avec 
Billroth  ,  éditeur  d'une  collection  de  chorals  des 
seizième  et  dix-septième  siècles;  Leipsick,  Tau- 
chnitz.  M.  Cb.  F.  Becker  est  plus  connu  par 
ses  travaux  de  littérature  musicale  que  par  ses 
compositions.  Son  premier  ouvrage  dans  cette 
branche  de  l'art  a  paru  sous  ce  titre  :  Ralhge- 
berjilr  Organisten  (  Conseils  pour  les  orgam's- 
tes);  Leipsick,  Schwickert;  1828,'in-8"  de  142 
pages.  Dans  la  môme  année,  il  commença  à 
écrire  sur  son  art  dans  les  journaux,  et  fit  in- 
sérer des  morceaux  sur  divers  sujets  dans  la  Cœci- 
/m, rédigée  parGottfriedWeber  (t.  IX,  p.  69-84), 
dans  la  Gazette  générale  des  églises  (Allyem. 
Kirchenzeitung)  ]}\\h\iée  a  Darmstadt  (1828, 
p.  910,  982  ,  1558),  Dans  YEutonia,  publiée  à 
Breslau  (t.  ),  p.  131 —135;  t.  II,  p.  241— 246); 
dans  le  Tageblatt  de  Leipsick  (an.  1830, 
p.  677— C81  et  753— 755);  dans  les  Zei/p'eno5sen 
de  la  même  ville  (  1832  ,  p.  1  —  39  )  ;  et  dans 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  (ann. 
37,  38,  et  44).  Lorsque  la  nouvelle  Gazette  mu- 
sicale fut  fondée,  en  1834,  par  Robert  Schumann, 
M.  Becker  fut  au  nombre  des  collaborateurs  de 
cette  feuille,  lesquels,  sans  le  savoir,  se  prêtaient 
aux  intérêts  de  novateurs  dont  l'impuissance 
s'est  manifestée  dans  la  suite.  Il  a  publié  dans 
cette  feuille  un  certain  nombre  d'articles  sur  des 
objets  d'érudition  musicale.  Outre  ces  morceaux 
détachés ,  il  a  donné  les  ouvrages  dont  les  titres 
suivent  :  1°  Systematisch-chrortologische  Dar- 
stellung  der  musikalischen  Literatur  von  der 
fruhesten  bisaufdie  neucsteZeit  (Exposé  systé- 
rnatico-cbronologique  de  la  littérature  musicale 
depuis  l'antiquité  jusqu'à  l'époque  actuelle); 
Leipsick,  Robert  Friese ,  1836,  I  vol.  in-4".  En 
1839,  il  a  fait  paraître  un  supplément  du  même 
ouvrage,  sous  le  même  titre  et  chez  le  môme  édi- 
teur, en  un  cibler  de  12  feuilles  in-4"'.  Ce  livre 
est  la  reproduction  delà  Littérature  générale 
de  la  musique  de  Forkel ,  avec  les  quelques  ad- 
ditions de  Lithtenthal,  et  celles  que  M.  Becker 
y  a  faites.  Dans  le  supplément  se  trouvent,  en 
assez  grand  nombre,  des  rectifications  et  addi- 


BECKER 


293 


lions  bien  faites,  lesquelles  sont  distinguées  par 
un  W.,  et  que  je  crois  avoir  été  fournies  par 
M.  Antoine  Sciimid,  de  Vienne,  auteur  de  l'excel- 
lent travail  sur  Ottaviano  de  Petrucci  et  sur  ses 
successeurs.  —  1°  Die  Haiismusik  in  Deutsch- 
land  in  dem  iç,ten,  ilten  und  ISten  Jahr-, 
Inmderte.  Malerialien  zii  einer  Gcschichte 
desselbenes,  etc.  (La  musique  de  chambre  en  Al- 
lemagne dans  les  seizième,  dix-septième  etdix- 
liuitième  siècles.  Matériaux  pour  son  histoire, 
etc.)  ;  Leipsick,  Fest,  1840,  in-4°  de  123  pages. 

—  3°  Die  Tomverkedes  idten  und  iltenJahr- 
hundert,  oder  systematisch  chronologische 
Zusammenstelhmg  der  in  diesen  zwei  Jahr- 
hunderten  gedruckten  Miisikalïen  (Les  œuvres 
de  musique  des  seizième  et  dix-septième  siècles , 
ou  tableau  systématico-clironologique  de  la  mu- 
sique imprimée  dans  ces  deux  siècles)  ;  Leipsick, 
Ernest  Fleischer,  1847,  in-4°  de  22  feuilles,  avec 
le  portrait  de  l'auteur.  Ces  deux  derniers  ou- 
vrages ont  été  entrepris  dans  le  but  de  faire  pour 
les  œuvres  pratiques  de  l'art  ce  que  Forkel  a 
fait  pour  sa  littérature  ;  mais  il  y  a  loin  de  l'une 
à  l'autre  œuvre  sous  le  rapport  de  l'exécution. 

—  4°  Alphnhetisch  und  chronologïsch  geord- 
netes  Verz-eichniss  einer  Sammlung  von  mu- 
sikalischen  Schriften.  Ein  Beitrag  zur  Lite- 
ratur-Geschichte  der  Musik  (Catalogue  alpha- 
bétique et  chronologique  d'une  collection  d'écrits 
sur  la  musique.  Essai  pour  l'histoire  de  la  litté- 
rature de  cet  art);  Leipsick,  Breitkopf  etHàr- 
tel,  1847,  gr.  in-8».  Ce  catalogue  est  celui  de  la 
collection  d'ouvrages  sur  la  musique  possédée  par 
RL  Becker  lui-même.  —  5°  Die  Tonkilnstler 
des  neunzehnten  Jahrhunderts  ;  einKalenda- 
risches  Handbuch  zur  Kunztgeschichte  (  Les 
Musiciens  du  dix-neuvième  siècle.  Manuel  dans 
la  forme  d'un  calendrier  pour  l'histoire  de  l'art)  ; 
Leipsick,  Kôssling,  1849,  in-8°  de  177  pages. 
M.  Becker  m'a  fait  l'honneur  de  me  dédier  ce  pe- 
tit ouvrage.  Hélas!  je  ne  me  montre  guère  re- 
connaissant! Mais  quoi.^  la  vérité  !  Je  ne  la  tra- 
liirai  pas  en  déclarant  que  M.  Becker  m'a  paru 
un  excellent  homme,  et  qu'il  m'a  fait  un  accueil 
rempli  de  bienveillance,  lorsque  je  l'ai  visité  à 
Leipsick. 

BECKER  (  CoNSTAïfTiN-JuLEs),  compositeur 
et  écrivain  sur  la  musique,  est  m;  le  3  février 
1811  à  Freiberg,  où  son  père  était  professeur 
du  collège.  Dans  cette  institution,  comme  dans 
toutes  celles  du  même  genre,  il  y  avait  une 
école  de  musique  et  de  chant  en  chœur  dirigée 
par  Anacker.  Ce  professeur,  ayant  reconnu  dans 
le  jeune  Becker  d'heureuses  dispositions  pour  la 
musique,  donna  des  soins  à  leur  culture,  et  mit 
son  élève  en  état  de  prendre  part  à  l'exécution 


des  grands  ouvrages  de  Haendel ,  de  Bach ,  de 
Mozart  et  de  Beelhoven.  A  l'époque  de  la  mue, 
Becker  perdit  sa  belle  voix  de  soprano  :  il  inter- 
rompit alors  l'étude  de  la  musique  pour  suivre 
les  cours  du  collège  et  terminer  ses  études  classi- 
ques; puis  il  entra  au  séminaire  où  ses  connais- 
sances musicales  lui  firent  bientôt  obtenir  une 
place  de  professeur.  Eu  1835,  il  se  rendit  à 
Leipsick  dans  le  but  de  perfectionner  son  instruc- 
tion et  d'y  suivre  les  cours  de  philosophie  à  l'u- 
niversité. Charles-Ferdinand  Becker  devint  son 
maître  de  contrepoint ,  et  lui  fit  faire  la  connais- 
sance des  artistes  les  plus  distingués  de  Leipsick. 
En  1837,  il  entra  dans  la  rédaction  de  la  nou- 
velle Gazette  musicale  fondée  par  Schumann, 
à  laquelle  il  a  fourni  un  grand  nombre  d'articles 
juqii'en  1846.  Trouvant  néanmoins  peu  de  res- 
sources pour  son  existence  dans  cette  ville,  il 
alla  se  fixer  à  Dresde,  vers  1843,  et  y  vécut 
comme  professeur  de  chant  et  de  composition. 
On  ignore  les  motifs  qui  lui  firent  abandonner 
cette  ville  trois  ans  après,  et  se  retirer  à  Ho- 
flœssnitz,  ou  Oberlœsenitz,  où  il  vécut  dans  nn 
isolement  presque  absolu  ,  sans  renoncer  néan- 
moins à  cultiver  la  musique  commecompositeuret 
comme  écrivain.  Les  ouvrages  les  plus  importants 
de  cet  artiste  sont  :  1"  Une  symphonie  à  grand 
orchestre  exécutée  avec  succès  au  concert  de 
Leipsick,  le  20  avril  1843.  —  2°  Das  Zigeuner- 
lebcn  (  La  vie  des  Bohémiens  ) ,  rapsodie  en  sept 
chants  pour  un  chœur  d'hommes,  exécutée  à 
Leipsick,  en  1845.  —  3°  Le  siège  de  Belgrade, 
opéra  représenté  à  Leipsick,  le  21  mai  1848.  — 
4°  Recueils  de  Lieder  avec  accompagnement  de 
piano,  œuvres  2,5,  6,8,  14,  17;  Leipsick  et 
Dresde.  —  5"  Trois  duos  pour  des  voix  de  fem- 
mes, op.  36.  —  6"  Lieder  à  trois  voix  et  piano, 

op.  21 ,  23 7°  Pièces  de  chant  détachées.  — 

8°  Sérénade  pour  violon  et  violoncelle,  op.  34. 
Becker  s'est  distingué  comme  écrivain  par  les 
ouvrages  suivants  :  9°  Mànner-Gesangschuls 
(  Méthode  de  chant  pour  les  hommes)  ;  Leipsick, 
Klem,  1845.  —  10°  Harmonie-Lehre  fur  Di- 
letlanten.  Briefe  an  eine  Dame  (Science  de 
l'harmonie  pour  les  amateurs.  Lettres  à  une 
dame  );  Leipsick ,  Frièse,  1842,  in-8».  —11° 
Kleine  Harmonielehre  odcr  Anweisung  zur 
leichten  Erlernung  der  Kiinst,  etc.  (Petite  mé- 
thode d'harmonie,  ou  instruction  pour  apprendre 
l'art  avec  facihté,  etc.);  Leipsick  ,Friedlein,  1844. 
— 12°  Die  Neuromantiker  (Les  nouveaux  roman- 
tiques. Roman  musical);  Leipsick,  Weber 
1840,  2  vol.  in-S".  On  a  aussi  de  Becker  une 
traduction  allemande  du  voyage  musical  de  Ber- 
lioz en  Allemagne;  Leipsick,  1843,  et  un  roman 
satirique    intitulé    Klubien    und   Compagnie, 


294 


BECKER  —  BÉCOURT 


ibid.,  1841.  Cet  artiste  est  mort  à  Oberlœsenitz,  le 
26  février  1859,  à  l'âge  de  quarante-huit  ans. 

BECKMAIVIV  (  Jean-Fkédéric-Théophile  ), 
organiste  de  la  grande  église  deCelle,  né  en  1737, 
est  mort  dans  cette  ville  le  25  avril  1792,  dans  la 
cinquante-sixième  année  de  son  âge.  Cet  artiste 
fut  un  des  plus  habiles  pianistes  du  dix-huitième 
siècle  :  il  excellait  surtout  dans  l'improvisation, 
où  il  montrait  une  grande  habileté  à  faire  usage 
du  contrepoint  double.  Les  compositions  qu'il  a 
publiées  sont  :  1"  Trois  sonates  pour  le  clavecin, 
première  partie;  Hambourg,  1769.  —  2°  Trois 
id.  deuxième  partie;  ibid.  ,  1770.  —  3°  Trois 
concertos  pour  le  clavecin;  Berlin,  1779.  —  4° 
Trois  idem;  ib\(i.,  1780.  —  5°  Six  sonates  pour 
le  clavecin,  œuvre  3*;  ibid  ,  1790.  —  6°  Solo 
pour  le  clavecin;  Hambourg,  1797.  En  1782, 
il  fit  représenter  à  Hambourg  l'opéra  de  Lu- 
cas et  Jeannette,  qui  (ut  bien  accueilli  parle 
public. 

BECKWITH  (Jean  ) ,  docteur  en  musique, 
et  organiste  de  la  cathédrale  de  Saint- Pierre  à 
Norwich,  né  à  Oxford,  est  mort  à  Norwicli,  le 
15  mai  1823.  Il  avait  été  élève  de  Hayes,  et  de- 
vint habile  organiste  et  théoricien  instruit.  Il  a 
fait  insérer  dans  le  premier  volume  du  Quar- 
terltj  musical  Review  (p.  380]  quelques  instruc- 
tions fort  simples  sur  l'accompagnement  de  la 
basse  chiffrée.  Ses  ouvrages  publiés  sont  :  1°  So- 
nates pour  le  piano;  Londres,  Clementi.  — 
2°  Six  antiennes;  ibid.;  —  3°  Des  j/Zees et  chan- 
sons; Londres ,  Goulding.  —  4°  Concerto  pour 
/'org'Me ,  œuvre  4'';  Londres ,  1792.  Le  docteur 
Beckwitli  a  été  le  maître  de  Vaughan  ,  l'un  des 
plus  habiles  chanleurs  de  l'Angleterre  pour  la 
musique  d'église. 

BECQUIÉ  (J.-M.),  né  à  Toulouse,  en  1800, 
entra  comme  élève  au  Conservatoire  de  musique 
dans  une  classe  de  solfège  à  l'âge  de  dix  ans, 
puis  fut  admis  comme  élève  de  M.  Tulou  pour  la 
flûte,  et  enfin,  après  la  retraite  de  celui-ci,  ter- 
mina ses  études  sous  la  direction  de  Guillou. 
Une  qualité  de  son  charmante,  une  netteté  pro- 
digieuse dans  l'exécution  des  traits,  et  une  élé- 
gance de  style  fort  remarquable,  présageaient  à 
ce  jeune  homme  une  brillante  carrière  d'artiste. 
Kn  1822  il  obtint  au  concours  du  Conservatoire 
le  premier  prix  de  flûte.  Après  avoir  été  pendant 
quelques  années  flûtiste  dans  un  petit  théâtre  de 
Paris,  il  devint,  en  1821,  première  flûte  de  l'O- 
péra-Comique. Ses  succès  dans  les  concerts  l'a- 
vaient déjà  placé  três-liaut  dans  l'opinion  publi- 
que, quand  une  maladie  inflammatoire  vint  l'en- 
lever à  l'art  et  à  ses  amis,  le  10  novembre  1825. 
r.  n'était  âgé  que  de  vingt-cinq  ans.  Non  moins 
distingué  comme  compositeur  pour  son  instru- 


ment que  comme  exécutant,  il  mettait  dans  ses 
ouvrages  du  goût  et  de  la  grâce.  On  connaît  de 
lui  :  1°  Grande  fantaisie  et  variations  pour  la 
flûte,  avec  o-chestre,  sur  l'air  II  pleut,  bergère; 
Paris,  A.  Petit;  2° Ronde d'JFmma  variée  ;  idem, 
ibid.; —  3°  Air  nouveau  varié  pour  piano  et  flûte  ; 
ibid.  ;  —  4°  Air  varié,  idem,  œuvre  2''ie;  Paris, 
Frère  ;  —  h"  Les  regrets  ,  grande  fantaisie  pour 
llùteet  piano,  œuvre  12'. —  6°  Fantaisie  sur  divers 
motifs  de  Rossini  pour  flûte  et  piano,  œuvre 
13tne.  — 7°  Fantaisie  sur  l'air  écossais  delà  Dame 
Blanche,  œuvre  posthume;  Paris,  Ph.  Petit. 
Celte  fantaisie  fut  composée  pendant  les  répé- 
titions de  l'opéra  de  Boieldieu. 

Le  frère  aîné  de  Becquié,  connu  sous  le  nom  de 
Becquié  de  Pvy reville  (Jean-Marie),  est  né  à 
Toulouse  en  1797.  Admis  au  Conservatoire  de 
Paris,  le  20  octobre  1820,  il  y  devint  élève  de 
Rodolphe  Kreutzer,  puis  d'Auguste  Kreutzer, 
frère  de  cet  artiste  célèbre.  Le  second  prix  de 
son  instrument  lui  fut  décerné  en  1823,  et  le  pre- 
mier en  1826, en  partage  avec  Cuvillon  (Voy.  ce 
nom).  Becquié,  fut  attaché  successivement  aux 
orchestres  de  divers  théâtres  de  Paris  et  a  public 
plusieurs  ouvrages  pour  son  instrument ,  entre 
autres  une  fantaisie  pour  piano  et  violon,  un  air 
varié  avec  accompagnement  de  violon,  alto  et 
basse,  œuvre  2'"*,  et  un  autre  air  varié  avec  qua- 
tuor. 

BEC WARZOUSKY  (Antoine-Fra>çois  ), 
organiste  excellent,  né  en  1750  à  Jungbunzlau, 
en  Bohême,  fut  d'abord  attaché  à  l'église  de  Saint- 
Jacques  à  Prague,  vers  1777.  De  là  il  se  rendit 
à  Brunswick,  où  il  devint  organiste  de  l'église 
principale,  en  1788.  Dix  ans  après  il  se  trouvait 
à  Bamberg,  sans  emploi,  et  enfin,  en  1800,  i!  de- 
meurait à  Berlin,  où  il  est  mort,  le  17  mai  1823. 
Ses  ouvrages  les  plus  connus  sont  :  1°  Concerto 
en  fa  pour  le  clavecin,  avec  accompagnement, 
œuvre  1";  Offenbacb,  1794;  — 2°  Concerto  en 
rondo  pour  le  clavecin,  op.  2;  ibid.,  1794  ;  — 
3°  Trois  sonates  pour  piano,  op.  3,  Berlin,  1797; 
— 4°  Concerto  pour  piano ,  en  fa,  op.  6  ;  Bruns- 
wick ;  —  5°  Nà/ie  der  Geliebten  ,  mit  Klavier- 
Begleitung  (Laprésencedu  bien-aimé)  ; — 6°  Ge- 
sànge  am  Klavier,  premier  recueil  ;  Offenbach  , 
1799  ;  —  7°  'Die  Wûrde  der  Frauen  (Le  mérite 
des  femmes),  avec  accompagnement  de  clavecin  , 
1800;  — 8°  Gesànge  beym  Klavier,  deuxième 
recueil,  1801. 

BÉCOURT  (...),  musicien  français,  vivait  à 
Paris  vers  1785.  Violoniste  au  théâtre  des  Beau- 
jolais, il  composa  quelques  airs  de  danse  pour 
ce  spectacle,  tparmi  lesquels  il  y  en  eut  qui  eu- 
rent de  la  vogue.  Au  nombre  de  ces  airs  se  trou- 
vait une  contredanse  qui  fut  connue  sous  le  nom 


SECOURT  —  BEDFORD 


291 


de  Carillon  national.  Elle  devint  populaire.  La 
reine  de  France,  Marie-Antoinette,  la  jouait  sou- 
vent sur  son  piano.  C'est  sur  cet  air  qu'un  chan- 
teur des  rues,  nommé  Ladre  arrangea,  en  1789, 
les  paroles  de  la  chanson  révolutionnaire  :  Ah  !  ça 
ira,  qui  fut  entonnée  pendant  la  nuit  du  5  au 
6  octobre,  par  les  insurgés,  dans  l'invasion  du 
château  de  Versailles,  et  qui  fut  chantée  par  le 
peuple  jusqu'à  la  fin  du  règne  de  la  Terreur.  C'est 
ce  même  air  dont  on  fit  un  pas  accéléré  pour 
les  corps  de  musique  des  armées  de  la  répu- 
blique française. 

BEDARD  (Jean-Baptiste),  violoniste,  né  à 
Hennés,  en  Bretagne,  vers  1765,  fut  d'abord  pre- 
mier violon  et  maître  de  musique  au  théâtre  de 
cette  ville.  En  1796,  il  vint  à  Paris,  où  il  se  fixa. 
Il  est  mort  vers  1815.  Les  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés sont  :  1°  Deux  symphonies  a  grand  orchestre. 

—  2'  Un  duo  pour  harpe  et  cor.  — 3°  Plusieurs 
suites  d'harmonie  pour  des  instruments  à  vent. 

—  4°  Des  duos  pour  deux  violons,  œuvres  2%  'd" , 
4^,  28^,  53*  et  58*.—  5°  Suites  de  duos  pour  un 
violon  seul ,  ou  manière  agréable  d'exercer  la 
double  corde.  —  6o  Méthode  de  violon  comte 
et  intelligible,  Paris,  Le  Duc,  1800.  —  7"  Des 
contredanses  et  des  valses  pour  l'orchestre.  — 
8°  Des  airs  variés  et  des  pots-pourris  pour  le  vio- 
lon. Bédard  a  écrit  aussi  pour  la  fiùte  et  pour 
divers  autres  instruments  à  vent. 

BEDE,  surnommé  le  Vénérable ,  naquit  en 
672,  près  de  Weremouth ,  dans  le  diocèse  de 
Diirham,  en  Angleterre,  et  fut  élevé  au  monas- 
tère de  Saint-Paul,  à  Jarrow,  dans  lequel  il  passa 
toute  sa  vie.  Il  fut  ordonné  diacre  à  l'âge  de 
dix-neuf  aas  et  prêtre  à  trente.  On  croit  qu'il 
mourut  dans  son  couvent,  en  735,  à  l'âge  de 
.soixante-trois  ans.  Dans  l'édition  de  ses  œuvres 
publiée  à  Cologne,  en  1612,  8  vol.  in-fol.,  on 
trouve  deux  traités  de  musique,  dont  l'un  est  in- 
titulé iMusica  quadrata  seu  mensiirata,l.  I, 
p.  251,1e  «econd  :  Musica  theoreiica,  t.  I, 
p.  344.  Burney,  et  Foikel  d'après  lui  ,  ont  fait 
remarquer  que  le  premier  de  ces  écrits  doit  être 
d'un  auteur  plus  moderne  que  Bède  (Voyez 
Burney,  4  gênerai  histonj  ofimisic,  et  Forkel, 
Allgem.  Litter.  der  Musik,  p.  117).  On  sait  au- 
jourd'hui que  ce  traité  est  l'ouvrage  d'un  musi- 
cien du  treizième  siècle  connu  sous  le  sobri- 
quet d''Aristote  (Voyez  Akistote  dans  cette  Bio- 
graphie, t.  I,  p.  125,  2"  col.).  Il  ne  faut 
pas  croire  toutefois  que  la  musique  mesurée 
n'existait  pas  au  temps  de  Bède,  car  elle  est  an- 
cienne comme  le  monde  ,  et  2,000  ans  avant 
l'ère  chrétienne  la  notation  de  la  mesure  exis- 
tait dans  l'Inde.  Remarquons,  en  passant,  que 
dans   son  Histoire  ecclésiastique,  dont   il    y 


a  plusieurs  éditions,  Bède  fait  mention  d'une 
harmonie  à  deux  parties,  en  consonnances, 
dont  il  y  avait  des  exemples  eu  Angleterre  de 
son  temps.  Les  deux  ouvrages  sur  la  musique 
attribués  à  Bède  ont  été  réunis  sous  ce  titre  : 
Venerabilis  Bedxde  Musica  Ubridiio;  Basi- 
leae,  Hervag,  1565,  in-fol.  Cette  édition,  excessi- 
vement rare,  a  échappé  aux  recherches  de  tons 
les  bibliographes  ;  M.  Brunet  n'en  a  point  eu  con- 
naissance, et  Tanner  n'en  a  point  parié  dans  lu 
catalogue  étendu  des  œuvres  de  Bède  qu'il  a 
donné  dans  sa  Bibliothèque  britannique.  Il  en 
existait  autrefois  un  exemplaire  dans  le  cabinet 
de  lecture  musicale  établi  par  Auguste  Le  Duc, 
où  je  l'ai  vu  ;  je  crois  qu'il  a  passé  depuis  lors 
dans  la  Bibliothèque  de  Choron.  Le  livre  est 
mentionné  dans  le  catalogue  (in-4°)  de  ce  cabinet 
de  lecture.  On  trouve  dans  le  huitième  volume 
des  œuvres  de  Bède  un  opuscule  intitulé  :  In- 
terpretatio  vocirni  rarioruni  in  Psalmis,  qui- 
bus  instrumenta  musica  vel  alix  species  sin- 
gulares  denotantur. 

BEDESGHI  (Paul),  surnommé  Pao^jno, 
castrat  et  chanteur  du  premier  ordre ,  naquit  à 
Bologne  en  1727.  Son  premier  maître  fut  le  com- 
positeur J.  Perti.  En  1742  il  entra  au  service  du 
roi  de  Prusse  et  reçut  des  leçons  de  François 
Benda.  Il  resta  constamment  attaché  à  celte  cour 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  12  février  1784. 

BEDFORT  (Akthuk),  chapelain  de  l'hôpi- 
tal de  Haberdasher  à  Hoxton,  naquit  à  Tidden- 
liam,  dans  le  comté  de  Gioucester ,  en  septem- 
bre 16(58.  Il  rciçut  de  son  père  les  premiers  élé- 
ments des  sciences  et  fut  envoyé  en  1684  au 
collège  de  Brazen-Nose,  à  Oxford,  pour  y  con- 
tinuer ses  études  ;  il  s'y  distingua  bientôt  comme 
orientaliste.  En  1088  il  reçut  les  ordres  mineurs 
des  mains  du  docteur  Brompton,  évêque  de 
Gioucester,  et,  vers  1692 ,  ayant  été  ordonné 
prêtre,  il  fut  nommé  vicaire  de  l'église  du  Tem- 
ple à  Bristol.  En  1724,  il  fut  appelé  comme  cha- 
pelain à  riiôpital  de  Haberdasher,  à  Hoxton,  et 
il  occupa  cette  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
15  septembre  1745-  On  a  de  lui  ;  1"*  The  Temple 
of  Musik,  Londres,  1706,  in-8°,  réimprimé  sous 
le  titre  de  Essay  on  singing  Drtvid''s  psalms, 
Londres,  1708,  in-8°.  Une  troisième  édition  aug- 
mentée a  paru  sous  le  titre  de  The  Temple  of 
Musik,or  an  essay  and  method  of  singing  the 
psalms  of  David  in  the  temple,  bejore  the 
Dahylonian  captivity,  etc.  {Le  temple  de  la  mu- 
sique, ou  Essai  sur  la  manière  de  chanter  les 
psaumes  dans  le  temple,  avant  la  captivité  de 
Babyloue),  Londres,  in-8°,  1712.  —2"  The  great 
abuse  oj  Musik  (Le  grand  abus  de  la  musique); 
Londres,  1711,  in-8°  de  276  pages.  Cet  ouvrage 


296 


BRDFORD  —  BEER 


est  terminé  par  un  Gloria  à  quatre  parties,  de 
la  composition  de  Bcdfort. — 3°  Scrïpture]chro- 
nology  demonstrafed  bij  astronomical  calcu- 
lations,  etc.  (La  chronologie  de  l'Écriture  prou- 
vée par  des  calculs  astronomiques)  ;  Londres, 
1730,in-fol.  L'auteur  y  traite  :  1°  0/  theviusic 
of  the  Greeks  and  Hebrews  (De  la  musique  des 
Grecs  et  des  Hébreux  ).  —  2°  Ofthe  musïc  and 
services,  as  performed  in  the  temple  (De  la 
musique  et  du  service  qu'on  exécutait  dans  le 
temple).  Voyez  sur  cet  ouvrage  The  présent 
State  of  the  republick  of  letterS;  Londres,  1730 
Jn-8°,  p.  335.  —  3°  The  excellency  of  divine 
Miisik  (L'excellence  de  la  musique  divine),  Lon- 
dres, 1733,  in-S".  Ce  dernier  ouvrage  est  indi- 
qué par  le  catalogue  des  livres  imprimés  du  Mu- 
sée britannique;  Londres,  1813-1819,8  vol. 
in-S".  Je  le  soupçonne  d'être  plutôt  un  livre  as- 
cétique que  musical. 

BEDOS  DE  CELLES  (Dom  François), 
liénédiclin  de  la  congrégation  de  Saint-Maur, 
membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Bordeaux 
et  correspondant  de  l'Académie  des  sciences  de 
Paris,  né  à  Caux,  diocèse  de  Béziers,  en  1706, 
entra  dans  son  ordre  à  Toulouse,  dans  l'année 
1726.  Il  est  mort  le  25  novembre  1779.  On  lui 
doit  :  VArt  du  facteur  d'orgues,  Paris,  1766- 
1778,  quatre  parties  en  3  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage 
important  fait  partie  de  la  Collection  des  arts 
et  métiers,  publiée  par  l'Académie  des  sciences. 
La  quatrième  partie  contient  un%  Histoire  abré- 
gée de  l'Orgue,  qui  a  été  traduite  en  allemand, 
par  Wolbeding,  sous  ce  titre  :  Kurzgefasste 
Geschichte  der  Orgel,  Berlin,  1793,  ia-4".  On  a 
aussi  de  D.  Bedos  un  Examen  du  nouvel  orgue 
construit  à  Saint-Martin  de  Tours,  qui  a 
paru  dans  le  Mercure  de  France  (Janvier  176'.«, 
p.  133),  et  dont  une  traduction  allemande  de 
J.-Fr.  Agricola  a  été  inséré  dans  la  Musica  me- 
chanica  organxdi  d'Adlung,  p.  287.  Barbier  et 
quelques  autres  bibliographes  assurent  que  le  vé- 
ritable auteur  de  VArt  du  facteur  d'orgues  est 
un  bénédictin  de  Saint- Germain -des-Prez  , 
nommé  Jean-Franç.  Monniot,  qui  était  né  à 
Besançon,  et  qui  mourut  à  Figery,  près  de  Cor- 
beil,  le  29  avril  1797.  Cette  assertion  n'est  point 
fondée,  car  je  possède  une  lettre  autographe  de 
D.  Bedos  de  Celles  à  un  M.  Nantouville,  datée 
<lu  17  septembre  1763,  où  il  dit  :  «  Ce  n'est 
«  pas  sans  beaucoup  de  fatigue  que  je  peux  rc- 
«  cueillir  tous  les  matériaux  qui  me  sont  néces- 
«  saires  pour  faire  le  Traité  de  la  facture  des 
«  orgues  ;  je  m'en  occupe  sans  relâche.  » 

BEECKE  (Ignace  de),  capitaine  h  l'ancien 
régiment  de  dragons  de  Hohenzollern,  gentil- 
homme de  la  chambre  et  de  la  vénerie,  ensuite 


directeur  de  la  musique  du  prince  d'Œtting-Wal- 
lerstein,  fut  un  des  plus  habiles  clavecinistes  de 
son  temps.  Il  se  lia  d'amitié  avec  Gluck,  Jo- 
melli,  qui  fut  son  maître  de  composition,  et  W.- 
A.  Mozart,  avec  lequel  il  joua  un  concerto  de 
piano  à  quatre  mains,  au  couronnement  de  l'Em- 
pereur, à  Francfort.  Il  est  mort  à  Wallerstein 
au  commencement  du  mois  de  janvier  1803. 
Parmi  ses  compositions,  on  remarque  les  opéras 
dont  les  titres  suivent  :  1°  Claudine  de  Villa 
Bianca,  joué  à  Vienne  en  1784.  —  2"  Die 
Weinlese  (Les  Vendanges).  —  3°  Klagen  iibef 
den  Tod  der  grossen  Sangerin  Nanette,  von 
Gluck  (Air  funèbre  sur  la  mort  de  la  grande 
cantatrice  Nanette  de  Gluck  ),  imprimé  à  Augs- 
bourg  en  1777.  —  4°  Der  brave  Mann  (L'Hon- 
nête homme)  de  Biirger,  gravé  à  Mayence  en 
1784.  Sa  musique  instrumentale  se  compose  de 
Six  Sonates  pour  clavecin;  Paris,  1767 .  —  2° 
Quatre  trios  pour  le  clavecin;  ibid.,  1767.  — 
3°  Six  symphonies  à  huit  parties.  —  4°  Six 
symphonies  à  six.  —  5°  Trois  quatuors  pour 
flûte,  violon,  alto  et  basse,  livre  1^'  ;  Spire, 
1791.  —  6°  Trois  idem,  livre  2^;  ibid.,  1791. 
—  7°  Ariette  avec  quinze  variations;  Heilbronn, 
1797.  —  Air  avec  dix  variations  pour  clavecin; 
Augsbourg,  1798.  Outre  cela,  il  a  composé  en 
1794  un  oratorio  intitulé  :  Die  Auferstefmng 
Jesu  (La  Bésurrection  de  Jésus) ,  et  une  grande 
quantité  de  musique  pour  le  chant,  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

BEELER  (J.-N.-E.),  organiste  et  compo- 
siteur à  Deventer,  en  Hollande,  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  en  1762,  une 
collection  de  chansons  françaises  avec  la  basse. 

BÏ^ER  (Joseph),  dont  le  nom  est  écrit  Bœr 
par  quelques  auteurs  allemands,  naquit  le  18 
mai  1744  à  Griinwald,  en  Bohême.  Les  premières 
leçons  de  musique  lui  furent  données  par  un 
maître  d'école  de  Mœldau  ,  nommé  Kleppel.  A 
l'âge  de  quatorze  ans,  il  s'engagea  dans  les  trou- 
pes de  l'empereur,  mais  bientôt  il  quitta  ce  ser- 
vice pour  entrer  à  celui  de  la  France,  et  fit  quel- 
ques campagnes,  comme  trompette,  pendant  la 
guerre  de  Sept  ans.  Le  hasard  l'ayant  conduit  à 
Paris,  il  y  entra  dans  la  musique  du  duc  d'Or- 
léans. Ce  fut  à  cette  époque  qu'il  commença  à 
se  livrer  à  l'étude  de  la  clarinette;  en  peu  de 
temps  il  devint  sur  cet  instrument  le  plus  habile 
artiste  qu'il  y  eût  en  France.  Son  talent  le  fit 
choisir  pour  chef  de  la  musique  des  gardes  du 
corps,  et  pendant  vingt  ans  il  en  remplit  les 
fonctions.  En  1788,  il  quitta  le  service,  et  après 
avoir  visité  la  Hollande  et  l'Italie,  il  se  rendit 
en  Russie  où  son  talent  extraordinaire  excita 
l'admiration.  De  retour  à  Prague  en  1791,  il  y 


BEER  —  BEETHOVEN 


297 


donna  un  concert  le  28  mars  de  cette  année,  et  y 
obtint  le  plus  brillant  succès.  Il  partit  enMiite 
pour  la  Hongrie,  revint  à  Prague  en  1792,  pour 
le  couronnement  de  l'empereur  François  II,  et  y 
excita    l'enthousiasme  dans  les  concerts  qu'il 
donna  à  cette  occasion.  Appelé  à  Derlin  peu  de 
temps  après,  en  qualité  de  maître  des  concerts 
du  roi  de  Prusse,  il  y  resta  jusqu'en  1808.  où  il 
voulut  revoir  la  capitale  de  la  Bohême.  L'année 
d'après  il  retourna  à  Berlin,   où  il  est  mort  en 
1811.  Parvenu  au  plus  haut  degré  du  talent. 
Béer  n'a  commencé  à  se  faire  connaître  qu'à  un 
âge  oîi  les  artistes  jouissent  habituellement  de 
toute  leur  renommée;  mais  la  sienne  ne  tarda 
point  alors  à  se  répandre  dans  toute  l'Europe.  Il 
n'avait  point  eu  de  modèle,  car  avant  lui  l'art 
de  jouer  de  la  clarinette  était  en  quelque  sorte 
dans  son  enfance,  et  l'on  peut  dire  que  ce  fut  lui 
qui  créa  cet  instrument,  dont  il  sut  corriger  les 
imperfections  à  force  d'habileté.  Ce  fut  lui  qui 
y  ajouta  la  cinquième  clef;  car  la  clarinette  n'en 
avait  auparavant  que  quatre.  Ayant  reçu  des  le- 
çons de  cet  instrument  à  Paris,  il  eut  d'abord  le 
son  qu'on  peut  appeler  français,  dont  la  qualité 
est  puissante  et  volumineuse,  mais  auquel  on 
peut  reprocher  de  la  dureté.  Il  communiqua  ce 
son  à  son  élève  Michel  Yost,  connu  particulière- 
ment sous  le  nom  de  Michel,  et  considéré  comme 
le  chef  de  l'école  française  des  clarineltistes.  C'est 
ce  même  son  qui,  propagé  par  Xavier  Lefebvre, 
élève  de  Michel,  dans  le  Conservatoire  de  Paiis, 
a  prévalu  parmi  les  artistes  français.  Béer,  pas- 
sant en  Belgique  pour  se  rendre  en  Hollande, 
eut  occasion  d'entendre  à  Bruxelles  Schwartz, 
maître  de  musique  du  régiment  de  Kaunitz  ;  c'é- 
tait la  première  fois  que  la  douceur  du  son  al- 
lemand frappait  son  oreille;  il  en  fut  charme, 
et  sa  résolution  fut  prise  à  l'instant  de  travailler 
à  la  réforme  de  son  talent  sous  ce  rapport.  En 
moins  de  six  mois  d'études,  il  parvint  à  joindre  à 
son  admirable  netteté  dans  l'exécution  des  dif- 
ficultés, et  à  son  beau  style  dans  le  phrasé  d'ex- 
pression, la  moelleuse  qualité  de  son  qui  n'est 
pas  un  de  ses  moindres  titres  de  gloire,  et  qu'il 
a  transmise  à  son  élève  Baermann.Beer  jouissait 
du  rare  avantage  de  régler  sa  respiration  avec 
tant  de  facilité,  qu'aucune  marque  extérieure  de 
fatigue  ne  paraissait  sur  sa  figure  pendant  qu'il 
exécutait,  soit  par  l'enflure  des  joues,  soit  par  la 
rougeur  du  teint.  Enfin,  tant  de  qualités  com- 
posaient l'ensemble  de  son  talent,  qu'il  est  per- 
mis d'affirmer  qu'il  fut  en  son  genre  un  des  ar- 
tistes les  plus  remarquables  qu'ait  produits  l'Al- 
lemagne. On   connaît  jieu  de  morceaux   de  sa 
comi)osition;  Breitkopf  et  Haertel  n'ont  publié 
de  lui  qu'un  concerto  pour  la  clarinette  en  si  -. 


on  trouvait  chez  Naderman  à  Paris,  six  duos  pour 
deux  clarinettes  qui  portent  son   nom.  Un  air 
avec  sept  variations  écrites  par  lui  est  aussi  dans 
les  mains  de  quelques  artistes  en  Allemagne. 
BEER.  T'oy.  Berr. 

BEER(Gi\coMo  Meyep.).  Voy.  Meyer-Beer. 
BEERALTHEÏl  (Aloys  ),  virtuose  sur  la 
clarinette  et  sur  le  cor  debassette,  naquit  en  1800 
au  village  de  Merckingen ,  près  de  Neresheim, 
dans  le  royaume  de  Wiirtemberg.  Fils  d'un  mu- 
sicien de  village,  il  fut  envoyé  à  l'âge  de  douze 
ans  chez  Sauerbrey,  musicien  de  ville  à  Neres- 
heim. En  1815  il  se  rendit  à  Tubinge,  chez  le  mu- 
sicien de  ville  Hetsch,  qui  lui  apprit  à  jouer  de 
plusieurs  instruments,  et  lui  donna  une  connais- 
sance élémentaire  de  tous  les  autres.  Il  acquit 
de  l'habileté  sur  le  violoncelle,  le  trombone,  la 
flûte  et  surtout  sur  la  clarinette  et  le  cor  de  bas- 
sette.  En  1819  il  entra  comme  flûtiste  dans  la 
chapelle  du  prince  de  Latour  et  Taxis.  Deux 
ans  après  il  accepta  une  place  de  tromboniste 
dans  le  3""*  régiment  d'infanterie  du  royaume  de 
Wurtemberg,  et  fut  admis  comme  violoncelliste 
dans  la  chapelle  royale.  Ce  fut  alors  qu'il  com- 
mença à  se  faire  connaître  par  son  talent  sur  la 
clarinette  et  le  cor  de  bassette  (sorte  d'alto  de  la 
clarinette).  En  1828  il  abandonna  tous  les  autres 
instruments  pour  ne  plus  s'occuper  que  de  ceux- 
là,  et  la  place  de  première  clarinette  lui  fut  don- 
née dans  la  chapelle  royale  de  Stuttgart.  Il  ne 
quitta  plus  cetie  ville  et  y  mourut  le  21  mars 
1852.  Beeralther  avait  composé  pour  son  usage 
des  concertos  et  d'autres  ouvrages  qui  sont  restés 
en  manuscrit. 

BEETHOVEIV  (Locrs  Van),  illustre  com- 
positeur du  dix-neuvième  siècle,  fut  un  de  ces 
hommes  rares  dont  le  nom  est  le  signe  caractéris- 
tique de  toute  une  époque  d'art  ou  de  science; 
sorte  de  phénomène  dont  la  nature  est  avare,  et 
qui  n'apparaît  que  de  loin  en  loin.  De  tels  hommes 
ne  se  font  pas  toujours  connaître  pourcequ'llssonl 
dès  leurs  premiers  pas,  comme  l'imaginent  les 
gens  à  préjugés;  leur  force  d'invention  ne  se  ma- 
nifeste pas  dès  leurs  premiers  essais,  et  ce  n'est 
pas  pour  eux ,  comme  on  le  croit  communément, 
une  condition  nécessaire  de  leur  génie  que  de 
se  faire  pressentir  au  berceau.  Le  génie  est  fan- 
tasque parce  qu'il  est  le  génie  ;  son  allure  n'est 
point  uniforme;  tantôt  il  se  révèle  d'une  ma- 
nière, tantôt  d'une  autre.  Parfois  il  se  montre 
tout  d'abord  plein  d'audace  et  de  fougue  ;  ail- 
leurs on  le  voit  se  développer  lentement,  ou 
même  languir  longtem[)s  comme  engourdi  par  la 
paresse.  Chez  Mozart,  faible  enfant  bégayant  à 
jieine,  il  avait  fait  une  irruption  violente; 
il    paraît   au    contraire    que   chez  Beethoven, 


298 


BEETHOVEN 


nonobslant  les  traditions  les  plus  répandues ,  le 
{iéiiie  ne  sembla  point  affecter  de  spécialllc^  dans 
ses  premièresannées;  carM.Baden,  de  Bonn,  qui 
fut  le  ecmpagnon  d'enfance  du  grand  artiste,  etqui 
fréquentait  avec  lui  les  écoles  primaires,  rapporte 
que  ce  fut  en  usant  de  violence  que  le  père  de 
Beethoven  parvint  à  lui  faire  commencer  l'étude 
de  la  nuisique  ,  et  qih'il  y  avait  peu  de  jours  où  il 
ne  le  frappât  pour  l'obliger  à  se  mettre  au  piano. 
Ce  fait,  qui,  par  la  source  dont  il  vient ,  semble 
mériter  toute  croyance ,  est  en  opposition  for- 
melle avec  ce  que  rapportent  les  biographes,  par- 
ticulièrement M.  de  Seyfried,  dans  sa  notice 
placée  en  tête  de  l'édition  des  éludes  de  Beetho- 
■ven  sur  l'harmonie  et  le  contrepoint ,  et  Schlos- 
ser,  dans  sa  biographie  de  ce  grand  musicien. 
Cependant,  M.  Baden  s'accorde  avec  ces  écri- 
vains sur  la  rapidité  des  jjrogrès  de  Beethoven  -. 
après  que  ses  premiers  dégoûts  étirent  été 
vaincus,  il  se  prit  de  passion  pour  l'art  qu'on 
l'avait  obligé  d'étudier,  et  s'avança  à  pas  de 
géant  dans  une  carrière  où  la  contrainte  seule 
avait  pu  le  conduire.  Que  serait-il  advenu  si , 
laissé  libre  de  ses  déterminations,  il  eût  eu  le 
loisir  de  se  choisir  lui-même  une  direction?  Ques- 
tion singulière  où  l'imagination  peut  aborder  les 
suppositions  les  plus  étranges. 

L'origine  de  Beetlioven  a  donné  lieu  à  des 
conjectures  et  à  des  bruits  mal  fondés.  Les  au- 
teursdu  Dictionnaire  des  Musiciens  (Paris,  1810) 
disent  qu'on  a  cru  qu'il  était  (ils  naturel  de  Fré- 
déric-Guillaume li,  roi  de  Prusse;  mais  le  fait 
est  que  son  père ,  Jean  van  Beethoven  ,  était  un 
ténor  de  la  chapelle  de  l'électeur  de  Cologne, 
et  son  aïeul,  Louis  Van  Beethoven,  d'abord 
chanteur,  puis  maître  de  la  même  ciiapelle. 
D'autres  ont  afiirmé  qu'il  était  Hollandais,  parce 
<iue  la  particule  van  est  jointe  à  son  nom  (1). 

(  I  )  Dans  une  brochure  intitulée  -.  Lettre  à  Monsieur  le 
hoiirijmestre  de  Bonn  (Amsterdam,  1837,  in-8°  de  îo  pâ- 
lies),  M.  van  Marsdijk,  écrivain  hollandais,  a  essayé  de 
démontrer  que  ce  grsud  hoiiiine  était  Ois  de  m\isicicns 
ambulants  qui  fréquentaient  les  foires  de  la  HiiUande,  et 
que  sa  mcTC  ,  lielena,  Keverich  ,  \c  mit  au  monde  au 
■mois  d'août  1772,  à  la  foire  de  Zutphen,  ville  de  la  Gueldre, 
dans  une  chétive  auberge  qui  avait  pour  enseigne  ■■  De 
fransche  Tuin, c'ef<l-d-iiire,  au  Jardin  français.  L'inexac- 
titude de  ce  fait  est  déinonirée  par  M.  le  Dr.  !•'.  G.  Wegeler, 
ami  d'enfance  des  Beethoven  ,  qui  prouve  ,  par  un  calen- 
drier de  la  cour  de  l'éleeleur  de  Cologne,  que  son  grand- 
père  /-OMIS  Fan  Beethoven,  et  son  père  Jean,  étaient 
attachés  à  la  musiciue  cie  ce  prince  en  1760,  et  n'étaient 
conséquemment  pas  dans  la  profession  de  musiciens  am- 
bulants de  foires  (V.  liiograyhisclic  JVotizen  Uber  Uiduig 
van  Beetlioven  von  Dr.  F.  G.  IFeyeler.  etc  ,  pages  t  et  a). 

De  nouvelles  découvcrics  faites  par  M.  Léon  de  Burbure 
à  Anvers  font  enfin  connaître  l'origine  de  la  famille  Van 
Beethoven;  il  a  eu  l'obligeance  de  me  les  communiquer, 
en  attendant  que  lui-n>éme  publie  un  travail  complet  sur 
)e  même  sujet.  Bien  que  simplement  résumés  ,  ce^  rensei- 


Ce  qui  est  certain,  c'est  que  l'illustre  artiste  naquit 
à  Bonn,  sur  le  Rhin  ;  mais  il  y  a  eu  longtemps  de 
l'incertitude  sur  l'année  où  il  vit  le  jour.  M.  de  Sey- 

grements  rendent  ma  note  bien  longue  ;  mais  J'espère 
qu'on  les  lira  avec  intérêt. 

M,  de  Burbure  a  trouvé  la  souche  de  la  famille  f^an 
Beethoven  au  commencement  du  dix-septième  siècle  dans 
un  village  aux  environs  de  Louvain.  Un  descendant  de 
cette  famille  s'était  fixé  à  Anvers  vers  le  milieu  du  même 
siècle.  Un  de  ses  fils,  Guillaume  Fan  Beethoven,  épousa, 
le  11  septembre  1680,  Catherine  Grandjean.  De  cette  union 
naquirent  huit  enfants  au  nombre  desquels  fut  Henri 
Adelard  Fan  BeefAoî-en,  baptisé  le  8  septembre  1683  dans 
la  paroisse  >'otre-Dame  (Nord),  à  Anvers,  et  qui  eut  pour 
parrain  Henri  Van  Beethoven,  remplaçant  Adelard  de  Re- 
dineg,  baron  de  Roegeney,  absent,  et  pour  marraine  Jac- 
queline Grandjean.  Cet  Adelard  Van  Beethoven  épousa 
Marie-Catherine  de  Herdt  et  en  eut  douze  enfants,  dont 
la  troisième  fut  Louis  Beethoven ,  et  le  douzième  Louis- 
Joseph. 

Louis  Fan  Beethoven  fut  baptisé  à  l'église  Saint-Jacques, 
a  Anvers, le 83  décembre  1712.  11  quitta  jeune  sa  famille, et 
l'on  ne  trouve  aucune  trace  de  son  séjour  à  Anvers. 
Louis-Joseph  Fan  Beethoven,  né  le  9  décembre  1728,  bap- 
tisé à  l'église  St-Jacqiies,  ti  Anvers,  et  décédé  le  11  no- 
vembre 1808  à  Oostcrvvyck,  près  de  Bois-le-Duc,  épousa 
le  3  novembre  1773,  Marie-Thérèse  sehuerwerghem,  née  à 
WuUe,  et  décédée  le  26  juillet  1794.  Ils  eurent  deux  lilles, 
Jnne-Thérèse  Fan  Beethoven  ,  née  à  Anvers  le  29  jan- 
vier r774  (  qui  suivit  de  près  le  mariage),  et  Marie- 
Thérèse  Fan  Beethoven,  qui  épousa,  le  6  septembre  1808, 
Joseph-Michel  Jacobs ,  père  de  M.  Jacob  Jacobs,  peintre 
distingué  de  paysage,  en  ce  moment  (1839)  vivant  à  An- 
vers. Or,  interrogé  par  M.  de  Burbure  sur  ce  qu'il  avait 
appris  de  sa  mère,  décédée  à  Anvers.le  23  janvier  1824,  M.  Ja- 
cobs lui  expliqua  la  cause  du  départ  de  plusieurs  membres 
de  sa  famille  pour  Maëstricht,  Tongres,  et  Jerueren,  près  de 
Bruxelles  ,  où  l'on  retrouve  en  effet  rie  leurs  descendants, 
et  lui  dit  que  sa  mère  lui  avait  répété  plusieurs  fois  qu'un 
frère  de  son  aïeul  maternel ,  nommé  Louis,  avait  quitté 
furtivement  Anvers,  par  suite  de  contestations  avec  sa 
famille;  qu'on  avait  eu  plusieurs  fois  de  ses  nouvelles, 
mais  qu'il  n'avait  Jamais  revu  ses  parents  depuis  sa  fuite. 
Ce  Jjmis  Fan  Beethoven,  nous  le  retrouvons  dans  la  po- 
sition de  chanteur  à  la  chapelle  de  l'électeur  à  Bonn,  en 
1760,  où  il  devient  maître  de  la  chapelle  en  176J.  Il  est  ma- 
rié, et  a  plusieurs  enfants  au  nombre  desquels  est  Jean  Fan. 
Beethoven,  ténor  de  la  chapelle  électorale  dès  1762.  Celui- 
ci  épousa  ,  en  1767,  Marie-iMadeleine  Keverich,  dont-il  eut 
quatre  enfants,  au  nombre  desquels  est  le  célèbre  compo- 
siteur. Le  vieux  Louis  Van  Beethoven  mourut  à  Bonn  le 
24  décembre  1774 ,  après  avoir  été  le  parrain  de  son  illustre 
petit-fils  ,  le  29  décembre  1770.  Cette  filiation  est  trop  bien 
établie  pour  être  l'ohjet  d'un  doute. 

Remarquons  toutefois  le  singulier  rapport  entre  cette 
Marie-3iadeleine Keverich,  mère  àa  grand  artiste,  etlJé- 
léne  Keverich  laquelle  accouche  à  la  toire  de  Zutphen  d'un 
garçon  auquel  on  donne  le  nom  AeLouis  Fan  Beethoven.Ne 
pourrait-on  pas  en  conclure  qu'un  fràfe  de  Jean  avait  épouse 
la  sœur  de  Marie  Madeleine, laquelle  était  fille  de  Henri  Ke- 
verich,cuisinier  de  l'électeurPL'existenced'HélèneKevericlj 
ne  peut  être  mise  en  doute,  car,  par  une  erreur  singulière, 
le  curé  de  la  paroisse  Saint-Remi  de  Bonn,  qui  avait  marié 
Jean  Van  Bcrthoven  le  12  novembre  1747  avec  Marie-Madc- 
IeineKeverich,veuveieï/m  d'Ehrenbrei.'itcin.et  fille  de  Henri 
Keverich,  ayant  aus.si  inscrit  dans  le  registre  des  naissan- 
ces de  son  église  le  b.iptême  de  Louis  Van  Beethoven  ,  le 
7  décembre  1770,  nomme  sa  mère  Hélène  Keveî-ich,  ayanl 
confondu  sans  doute,  dans  un  moment  de  distraction,  deux 
personnes  qu'il  connaissait.  Si  ma  conjecture  était  adii.ise, 


BEETHOVEN 


299 


fried  dit  que  ce  fut  le  17  décembre  1770  ;  Gerber, 
Sclilosser,  le  Conversations- Lexikon  et  tous  les 
autres  biographes  disent  que  ce  fut  en  1772,  sans 
indiijuer  le  jour  précis.  Beethoven  a  toujours  dit 
qu'il  était  né  le  16  décembre  1772,  et  attribuait 
l'acte  baptistaire  portant  la  date  du  17  décembre 
1770  à  un  frère  aîné ,  mort  en  bas  âge,  qui  aurait 
été  appelé  Louis,  comme  lui.  Seytried  ,  qui  a  eu 
connaissance  de  ce  fait,  et  qui  le  rapporte,  n'en 
persiste  pas  moins  à  fixer  la  date  indiquée  pré- 
cédemment comme  la  véritable,  mais  il  ne  fait 
pas  connaître  les  motifs  de  sa  conviction. 

J'ai  dit,  dans  la  première  édition  de  cette  Bio- 
graphie, que  M.  Simrock,  éditeur  de  musique  à 
Bonn  ,  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  faire  des  re- 
cherches dans  les  registres  de  cette  ville,  dont 
les  résultats  étaient  :  1°  que  l'illustre  compo- 
siteur Louis  van  Beethoven  est  né  le  17  décem- 
bre 1770  ;  2°  que  le  frère  aîné  dont  il  parlait, 
et  qui  s'appelait  aussi  Louis ,  était  né  le  2  avril 
1769,  et  mourut  le  8  du  même  mois;  3°  qu'il 
n'était  né  aucun  enfant  du  nom  de  Beethoven  en 
1772;  4°  que  les  autres  enfants  du  père  de  Bee- 
thoven ont  été  Nicolas-Jean ,  né  le  2  octobre 
1776,  Anne-Catherine,  née  le 25  février  1779, 
et  François- Georges ,  né  le  17  janvier  1781.  Ce- 
pendant ,  trois  ans  après  la  publication  du  vo- 
lume de  mon  livre  où  se  trouve  la  notice  du 
grand  compositeur,  M.  le  docteur  Wegeler,  son 
ami  d'enfance,  a  publié  un  ouvrage  intéressant 
qui  renferme  des  renseignements  biographiques' 
sur  sa  jeunesse,  accompagnés  de  beaucoup  d'a- 
necdotes et  de  détails  sur  sa  personne  et  son  ca- 
ractère, écrits  par  Ferdinand  Ries,  son  élève  et  son 
ami  (l)  :  Or  M.  Wegeler,  d'accord  avec  M.  Sini- 
roclisur  les  trois  premiers  points,  en  diffère  sur  les 
autres.  D'abord  ,  il  démontre  par  l'acte  de  nais- 
sance de  Beethoven ,  que  son  père  ne  s'appelait 
pas  Théodore ,  comme  M.  Simrock  le  nonune , 
mais  Jean  ;  en  second  lieu,  il  fait  voir  que  le 
frère  puîné  du  compositeur  était  Gaspard-An- 
toine-Charles,  né  le  8  avril  1774,  et  mort  à 
Vienne  en  1SI5.  Enfin,  il  s'accorde  avec  M.  Sim- 
rock sur  les  prénoms  de  l'autre  frère,  Nicolas- 
Jean,  et  sur  la  date  de  sa  naissance,  le  2  oc- 
tobre 1776.  Celui-là  fut  pharmacien  à  Vienne. 
Ce  sont ,  dit  M.  Wegeler,  les  seuls  enfants  qu'ait 
eu  Jean  van  Beethoven.  Il  est  hors  de  doute  que 
M.  Simrock  n'a  pas  imaginé  les  faits  relatifs  à 


la  coïncidence  de  deux  Louis  yan  Beethoven ,  le  premier 
(qui  fnt  l'illustre  compositeur)  né  à  Bonn  le  16  ou  17  dé- 
cembre 1770,  l'autre  (resté  dans  l'obscurité)  né  à  Zutphen, 
dans  la  Gueldre  au  mois  d'août  177-2  ,  serait  expliquée. 

(i)  Biogr'aphische  Notiien  iiber  Ludiviq  van  Beetho- 
ven von  Dr.  G.  Jf^egeler  und  Ferdinand  Ries  ;  Coblentz, 
iJaedeker,  1838,  in-8°  de  164  pages. 


Anne-Catherine  et  à  François-Georges,  et 
qu'il  les  a  tirés  des  registres  de  naissance  de  la 
ville  de  Bonn.  Louis  van  Beethoven,  grand-père 
du  compositeur ,  a-t-il  eu  deux  fils  dont  un  se 
serait  nommé  Théodore  et  aurait  été  père  de  ces 
deux  derniers?  C'est  ce  que  je  n'ai  point  essayé 
de  vérifier,  parce  que  cela  est  sans  intérêt  pour 
l'objet  de  cette  notice. 

Beethoven  était  âgé  de  cinq  ans  lorsque  son 
père  lui  enseigna  les  premiers  principes  de  la  mu- 
sique; puis  il  eut  pour  maître  Pfeiffer,  haut- 
boïste qui  plus  tard  fut  cb.ef  de  musique  d'un 
régiment  bavarois,  à  Dusseldorf.  Vander  Eden, 
organiste  de  la  cour ,  fut  son  premier  maître  de 
piano.  Le  revenu  de  Jean  Beethoven  était  trop  mi- 
nime pour  qu'il  pût  payer  les  leçons  données  à 
son  fils;  mais  artiste  véritable  par  le  désintéres- 
sement, Vander  Eden  offrit  gratuitement  ses 
conseils  à  celui  dont  il  ne  prévoyait  pas  la  re- 
nommée future.  Il  ne  pouvait  accorder  que  peu 
de  temps  aux  études  de  cet  enfant;  mais  le  tra- 
vail excessif  que  celui-ci  était  obligé  de  faire 
suppléait  à  l'insuffisance  des  leçons.  Une  année 
s'était  à  peine  écoulée  dans  ces  études  prélimi- 
naires, lorsqu'un  goût  passionné  pour  la  mu- 
sique se  développa  tout  à  coup  en  Beethoven; 
dès  lors,  au  lieu  d'exciter  son  ardeur,  il  devint 
en  quelque  sorte  nécessaire  d'en  arrêter  l'élan. 
Ses  progrès  tinrent  du  prodige. 

En  1782,  Vander  Eden  mourut;  il  fut  rem- 
placé, comme  organiste  de  la  cour,  par  Neefe, 
homme  de  talent,  que  l'électeur  Maximilien  d'Au- 
triche chargea  du  soin  de  continuer  l'éducation 
musicale  de  Beethoven  ;  car  déjà  cet  enfant  avait 
fixé  sur  lui  l'attention  publique,  quoiqu'il  n'eûî 
atteint  que  sa  douzième  année.  Neefe  ne  tarda 
point  à  discerner  le  génie  de  son  élève;  il  com- 
prit qu'il  devait  l'initier  sans  délai  aux  grandes 
conceptions  de  Bach  et  de  H.Tndel ,  au  lieu  d'é- 
puiser sa  patience  sur  des  compositions  d'un 
ordre  inférieur,  ainsi  que  l'avait  fait  Vander 
Eden,  qui  semblait  ne  s'être  proposé  que  de  d^'- 
velopper  le  talent  d'exécution  de  l'enfant.  Les 
sublimes  ouvrages  des  deux  grands  hommes 
échauffèrent  l'imagination  du  jeune  artiste,  et  lui 
inspirèrent  une  admiration  qui  ne  s'est  jamais 
affaiblie,  et  qui,  vers  la  fin  de  sa  vie,  ressem- 
blait encore  à'unesortede  culte.  Son  habileté 
à  exécuter  ces  difficiles  compositions  était  déjà 
si  grande,  à  douze  ans ,  qu'il  jouait  dans  un  mou- 
vement très-rapide  les  fugues  et  les  préludes  du 
recueil  de  Jean-Sébastien  Bach,  connu  sous  le 
nom  de  Clavecin  bien  tempéré.  Déjà  un  irrésis- 
tible instinct  l'entraînait  vers  la  composition. 
Des  variations  sur  une  marche,  trois  sonates 
pour  piano  seul ,  et  quelques  chansons  alleman- 


soo 


BEETHOVEN 


des  furent  les  fruits  de  ce  besoin  précoce  de  pro- 
duire. Nulle  connaissance  des  règlesde  l'harmonie 
n'avait  été  donnée  jusque-là  à  Beethoven;  les 
incorrections,  l'incohérence  desidées,  lesbrusques 
modulations  et  le  désordre  régnaient  donc  dans 


ces  ouvrages,  qui  furent  publiés  à  Spire  et  à 
Maulieim  par  les  soins  de  Neefe.  Il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  connaître  les  thèmes  de  ces  sonates , 
dont  il  serait  difficile  de  trouver  aujourd'hui  un 
exemplaire.  Les  voici  : 


-tr—^ — 


1.  Allegro  cantabile 


^ 


t — « 


p-^F-* 


^ 


-6>- 


^i 


P    F 


m^ 


^ 


■o- 


P    F 


sgi^g= 


feÉ 


■&- 


etc. 


2.  Larghetto  sostenuto. 
tr 


3.  Allegro. 


^ggj 


tr 


r 


? 


s^s 


i^=i=j 


^~3      é  — ^-#-i- 


¥=tf^ 


^ 


^ 


Plus  tard ,  Beethoven ,  choqué  de  leurs  défauts  , 
les  désavoua,  et  ne  reconnut  pour  son  premier 
(puvre  que  ses  trios  de  piano  gr'avés  à  Vienne. 
Plus  habile  à  cette  époque  de  sa  vie  dans  l'art 
d'improviser  que  dans  celui  d'écrire,  il  mettait 
dans  ses  fantaisies  libres  une  richesse  d'imagi- 
nation qui  frappait  d'étonnement  tous  ceux  qui 
l'entendaient.  Gerber(iYeKC.s  Lex.  der  Tonkunst- 
ler)  rapporte  que,  bien  jeune  encore,  il  excita 
l'admiration  du  compositeur  Junker,  en  impro- 
visant devant  lui  j  à  Cologne ,  sur  un  thème 


donné.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Aschaffenbourg 
avec  la  (X)ur  de  l'électeur,  il  étonna  aussi  Ster- 
kel,  très  bon  pianiste  et  compositeur  {voy.  ce 
nom),  qui  ne  dissimula  pas  son  doute  qu'il  fût 
l'auteur  des  variations  jouées  par  lui  sur  le  thème 
de  Righini,  Vieni^amore.  Piqué  de  ce  doute, 
Beethoven  improvisa  sur-le-champ  d'autres  va- 
riations sur  le  môme  thème.  Un  autre  exemple 
beaucoup  plus  remarquable  de  son  talent  en  ce 
genre  estcelui-ci.  Dans  l'hiver  de  1786  à  1787  il 
fit  une  courte  excursion  à  Vienne ,  pour  y  en- 


BEETHOVEN 


30  J 


tendre  Mozart ,  dont  il  aimait  passionnément  la 
musique,  et  pour  qui  on  lui  avait  donné  des  let- 
tres de  recommandation.  Sur  ce  qu'on  lui  en  di- 
sait dans  ces  lettres ,  Mozart  invita  Beethoven  à 
s'asseoir  au  piano,  et  celui-ci  se  mit  à  improvi- 
ser; mais  le  grand  artiste  l'écoufa  avec  indiffé- 
rence ,  persuadé  que  ce  qu'il  entendait  était  ap- 
pris de  mémoire.  Piqué  de  ce  dédain ,  le  jeune 
liomme  pria  Mozart  de  lui  donner  un  thème.  — 
«  Soit ,  dit  tout  bas  le  maître  ;  mais  je  vais  t'at- 
traper.  »  Sur-le-champ  il  nota  un  sujet  de  fugue 
chromatique,  qui,  pris  par  mouvement  rétro- 
grade, contenait  un  contre-sujet  pour  une  double 
fugue.   Beethoven ,  bien  que  peu  avancé  dans  la 
science,  devina  par  instinct  le  piège  qu'on  lui 
tendait.  11  travailla  ce  thème  avec  tant  de  force, 
d'originalité,  de  véritable  génie,  que  son  auditeur, 
devenu  plus  attentif  et  confondu  par  ce  qu'il  enten- 
dait, se  leva ,  et  retenant  sa  respiration,  finit  par 
passer  sans  bruit,  sur  la  pointe  du  pied,  dans 
la  pièce  voisine,  où  il  dit  à  demi-voix  à  quel- 
ques amis  qui  s'y  trouvaient  :  «  Faites  attention 
à  ce  jeune  homme  !  Vous  en   entendrez  parler 
quelque  jour.  » 

Beethoven  ne  montrait  pas  moins  de  talent 
naturel  pour  l'orgue  que  pour  le  piano.  Des  ren- 
seignements inexacts  ont  fait  dire  qu'il  avait  été 
désigné  par  l'électeur  de  Cologne  pour  succéder 
à  Neefe  comme  organiste  de  la  cour;  mais 
M.  Wegeler  a  prouvé  par  l'Almanach  de  cette 
cour,  que  dès  1785  tous  deux  furent  organistes 
conjointement  et  alternèrent  dans  leurs  fonctions. 
Suivant  le  même  écrivain  Beethoven  étonnait 
alors  les  artistes  par  la  science  profonde  dont  il 
faisait  preuve  dans  ses  improvisations;  mais  cette 
science  prétendue  était  simplement  l'inspiration 
du  génie;  car  lorsque  le  compositeur  devint  élève 
d'Albrechtsberger  à  Vienne,  il  dut  commencer 
ses  éludes  par  les  premières  notions  de  l'harmonie. 
L'éducation  de  Beethoven  fut  bornée  à  la  fré- 
quentation d'une  école  où  il  apprit  à  lire ,  à 
écrire,  les  éléments  de  larithméliqucet  quelque 
peu  de  latin.  Trop  exclusivement  occupé  de  mu- 
sique pour  qu'il  lui  fût  possible  d'acquérir  une 
instruction  plus  étendue,  il  ne  fut  initié  à  la  lit- 
térature de  son  pays  qu'à  l'âge  d'environ  vingt- 
tinq  ans ,  après  qu'il  se  fut  fixé  à  Vienne.  Alors 
seulement  il  s'éprit  d'une  véritable  passion  pour 
la  lecture  des  grands  poètes  allemands,  ainsi 
que  des  œuvres  d'Homère,  de  Virgile  et  de 
Tacite.  Se  amis  les  plus  infimes  ont  toujours 
assuré  que  cette  occupation  et-la  composition  de 
ses  ouvrages  pouvaient  seules  le  distraire  de  ses 
maux  et  de  ses  chagrins. 

Dans  sa  jeimesse  il  n'était  pas  heureux  chez 
ses  parents.  L'ivrognerie  de  son  père,  et  les  ex- 


cès de  brutalité  qui  en  étaient  la  suite,  lui  fai- 
saient chercher  au  dehors  des  consolations  :  il 
les  trouva  dans  une  famille  pour  laquelle  il 
éprouva  la  plus  vive  amitié ,  et  qui  lui  fut  fidèle 
jusqu'à  la  mort.  Cette  famille  se  composait  de 
M""  de  Breuning,  veuve  d'un  conseiller  de  cour, 
de  ses  trois  fils  et  d'une  fille.  Inculte  et  d'un  abord 
peu  gracieux  ,  il  trouvait  en  général  peu  de 
sympathie  dans  le  monde  ;  mais  M'"*  de  Breu- 
ning sut  découvrir  sous  sa  rude  enveloppe  des 
sentiments  nobles,  une  âme  pure,  et  des  (acuités 
intellectuelles  peu  communes.  Elle  le  traita  comme 
un  fils  et  lui  montra,  en  raille  circonstances,  une 
affection  dévouée. 

S'attachant  à  le  polir  autant  que  cela  se  pou- 
vait ,  elle  avait  fini  par  exercer  de  l'ascendant 
sur  son  caractère  et  sur  sa  conduite.  Nul  autre 
n'eût  osé  lui  demander  ce  qu'elle  obtenait  sans 
peine  :  il  suffisait  qu'elle  en  exprimât  le  désir.  Il 
ne  résistait  que  pour  une  seule  chose  qui  fut 
toujours  pour  lui  l'objet  d'une  répugnance  invin- 
cible, à  savoir,  les  leçons  que  sa  famille  exigeait 
qu'il  donnât,  afin  de  venir  en  aide  aux  dépenses 
de  la  maison.  Enseigner  était  pour  lui  un  supplice 
véritable.  M™^  de  Breuning  lui  faisait  souvent  des 
observations  à  ce  sujet;  mais  toujours  en  vain. 
Un  jour  elle  le  pressait  vivement  d'aller  donner 
une  leçon  de  piano  chez  le  ministre  d'Autriche 
dont  l'hôtel  était  en  face  de  sa  maison  :  vaincu 
par  ses  sollicitations,  Beethoven  se  décide  et  sort  ; 
mais  arrivé  près  de  la  porte  de  l'hôtel ,  son  dé- 
goût pour  l'enseignement  l'emporte;  il  retourne 
chez  M""^  de  Breuning,  et  lui  dit  d'un  air  sup- 
pliant : /e  vous  demande  grâce,  Madame;  il 
in'est  impossible  de  donner  aujourd'hui  cette 
leçon;  demain  feu  donnerai  deux! 

Le  18  décembre  1792,  le  père  de  Beethoven 
mourut  :  déjà  il  avait  perdu  sa  mère  en  1787. 11 
était  entré  dans  sa  vingt-troisième  année  :  son 
génie  l'avertissait  que  la  petite  ville  de  Bonn  n'é- 
tait pas  le  centre  où  son  activité  devait  se  déve- 
lopper. Il  lui  fallait  un  plus  grand  théâtre  :  Beetho- 
ven le  sentait ,  et  le  droit  qu'il  venait  d'acquérir 
de  suivre  sa  vocation  le  décida  à  demander  à 
son  prince  une  pension  qui  lui  fut  accordée , 
pour  aller  à  Vienne  achever  ses  études  musicales 
sous  la  direction  de  Joseph  Haydn.  C'était  en 
1793  :  Beethoven  possédait  un  talent  original 
d'exécution  ,  et  son  génie  annonçait  déjà  sa  puis- 
sance; mais  il  n'avait  que  des  notions  confuses 
de  l'art  d'écrire.  «  Lorsqu'il  arriva  à  Vienne,  dit 
«  Schindler  {Biographie  von  Ludwig  van  Bee- 
'ithorcn,  p.  31),  Beethoven  ne  savait  rien  du 
«  contrepoint  et  ne  connaissait  que  peu  de  chose 
n  de  l'harmonie.  »  Haydn,  préoccupé  alors  de 
h  composition  de  quelques-unes  de  ses  dernières 


302 


BEETHOVEN 


grandes  symphonies,  ne  donna  pas  aux  études  de 
son  élève  toute  l'attention  que  sa  grande  et  belle 
nature  méritait;  il  lui  laissait  écrire  à  peu  près 
tout  ce  qu'il  voulait  et  ne  corrigeait  les  fautes 
qui  se  trouvaient  dans  ses  essais  qu'avec  beau- 
coup de  négligence.  Or  il  arriva  qu'un  jour  le 
composileur  Scbenck,  savant  musicien  et  auteur 
de  plusieurs  opéras  joués  avec  succès  en  Alle- 
magne ,  rencontra  Beethoven  lorsqu'il  revenait 
de  rhez  Haydn  avec  son  cahier  d'études  sous  le 
bras.  Schenck  parcourut  ce  cahier  et  indiqua  au 
jeune  artiste  plusieurs  passages  mal  écrits;  Bee- 
thoven s'en  étonna  ,  parce  que  Haydn  venait  de 
corriger  ce  travail.  Sur  cette  observation,  Schenck 
examina  le  cahier  avec  plus  d'attenlion  et  y  décou- 
vrit beaucoup  de  fautes  grossières.  Atterré  par 
ces  observations  failes  avec  sincérité,  Beethoven 
voûtait  rompre  immédiatement  avec  Haydn  ;  mais 
bientôt  le  départ  de  celui-ci  pour  l'Angleterre  lui 
fournit  l'occasion  de  changer  de  maître  sans  être 
obligé  d'avoir  une  explicrstion  pénible.  Depuis 
lors  il  y  eut  plus  que  delà  froideur  entre  Haydn  et 
son  ancien  élève  :  en  parlant  l'un  de  l'autre,  ils 
s'exprimaient  presque  toujours  avec  amertume. 
Interrogé  par  Ries  sur  ses  rapports  avec  le  père 
de  la  symphonie ,  Beethoven  lui  dit  qu'il  en  avait 
reçu  quelques  leçons ,  mais  qu'il  n'avait  rien  ap- 
pris de  lui  (1).  Après  le  départ  de  Haydn,  il  alla 
demander  des  leçons  à  Albrechtsberger,  considéré 
alors  comme  le  plus  savant  professeur  de  Vienne, 
C'est  quelque  chose  de  curieux  et  de  digne  d'ob- 
servation que  le  singulier  spectacle  de  l'imagina- 
tion la  plus  hardie  et  la  plus  fantasque,  livrée  au 
rigorisme  scolastique  du  musicien  le  plus  positif 
et  le  plus  sec.  A  vingt-deux  ans  ,  avec  une  édu- 
cation musicale  mal  faite  et  la  fièvre  d'invention 
dans  le  cœur,  on  est  peu  propre  à  se  livrer  sans 
réserve  à  d(!S  études  didactiques  telles  que  celles 
du  coûlrepoint.  Une  méthode  esthétique  et  ra- 
tionnelle eût  été  la  seule  qu'on  eût  pu  employer 
avec  succès;  malheureusement,  au  savoir  pra- 
tique d'Albrechtsberger  ne  s'unissaient  pas  les 
vues  d'une  théorie  philosophique.  Sa  méthode 
était  toute  traditionnelle  et  empirique.  11  s'ap- 
puyait sur  l'autorité  de  l'école,  mais  il  était  in- 
capable de  discuter  la  valeur  de  cette  autorité. 
Il  appliqua  donc  à  Beethoven  ses  procédés  ordi- 
naires d'études  progressives  ;  procédés  excellents, 
quand  ils  sont  employés  à  former  des  élèves  d'un 
âge  fort  tendre,  mais  qui  ont  besoin  d'être  modi- 
fiés dans  l'éducation  d'un  homme  de  vingt-trois 
ans.  Rien  de  plus  intéressant  que  de  voir  dans  les 
études  d'harmonie  et  de   contrepoint  de  Beetho- 


(1)  Biographiiches  JSotizen  ûber  L.  van  Beethoven, 

p.  M. 


ven  le  combat  de  sa  persévérance  à  apprendre 
les  règles  ,  et  de  son  imagination  qui  le  porte  à 
les  enfreindre.  Son  penchant  le  conduisait  ce- 
pendant aux  formes  scientifiques,  et  l'on  voit  en 
mille  endroits  de  ses  ouvrages  qu'il  aimait  à  s'en 
servir;  mais  elles  lui  résistaient,  parce  qu'il 
^avait  commencé  tard  à  connaître  leur  mécanisme 
et  à  le  mettre  en  pratique. 

En  arrivant  à  Vienne ,  Beethoven  trouva  une 
puissante  protection  dans  le  prince  Lichnowsky, 
amateur  passionné  de  musique,  dont  Mozart 
avait  dirigé  les  études.  C'était  un  de  Ces  nobles 
seigneurs  qu'on  trouvait  alors  en  Autriche  et  dont 
la  générosité  ne  connaissait  pas  de  bornes  pour 
l'encouragement  des  hommes  détalent.  La  prin- 
cesse Lichnowsky,  née  comtesse  de  Thun,  parta- 
geait le  goût  du  prince  ponr  la  musique,  et  était 
elle-même  musicienne  distinguée  et  très-habile 
pianiste.  Tous  deux  accueillirent  Beethoven  avec 
une  bonté  parfaite ,  le  logèrent  dans  leur  hôtel , 
et  le  prince  lui  accorda  une  pension  de  600 
florins,  somme  considérable  pour  ce  temps.  La 
bonté  de  la  princesse  pour  son  protégé  était  iné- 
puisable. Elle  excusait  ses  brusqueries,  sa  mauvaise 
humeur  et  son  aspect  habituellement  taciturne; 
car  Schindier,  qui  a  vécu  dans  l'intimité  de  Bee- 
thoven pendant  une  longue  suite  d'années,  avoue 
que  personne  n'était  moins  aimable  que  lui  dans 
sa  jeunesse.  Souvent  la  princesse  Lichnowsky 
était  obligée  de  l'excuser  près  du  prince,  plus  sé- 
vère qu'elle. 

Dans  les  premiers  temps  de  son  séjour  à 
Vienne,  Beethoven  fixa  particulièrement  les  yeux 
du  public  sur  lui  par  son  talent  d'exécution  et 
d'improvisation  ;  il  passait  alors  pour  un  pianiste 
de  la  première  force ,  et  l'on  disait  même  qu'il 
n'avait  point  de  rival.  Mais  dans  les  dernières 
années  du  dix-huitième  siècle,  il  s'en  présenta  un 
qui  était  digne  de  lutter  avec  lui  :  ce  rival  était 
Wœin ,  qui  depuis  lors  est  venu  à  Paris ,  où  son 
talent  n'a  été  apprécié  que  par  un  petit  nombre 
de  connaisseurs.  Voici  comment  M.  de  Seyfried 
s'exprime  à  l'égard  de  cette  rivalité.  «  On  vit  se 
n  renouveler,  en  quelque  sorte,  l'ancienne  qiie- 
«  relie  française  des  gluckietes  et  des  piccinisles, 
«  et  les  nombreux  amateurs  de  la  ville  impériale 
n  se  divisèrent  en  deux  camps  ennemis.  A  la  tête 
n  des  partisans  de  Beethoven  figurait  le  digne  et 
«  aimable  prince  de  Lichnowsky  ;  l'un  des  plus 
«  ardents  protecteurs  de  Wœlfl  était  le  baron 
«  Raymond  de  Wezslar,  dont  la  charmante  villa 
«  (située  à  Grùnberg  près  du  château  impérial  de 
«  Schœnbrunn  )  offrait  à  tous  les  artistes  natio- 
«  naux  ou  étrangers  ,  pendant  la  belle  saison, 
«  une  retraite  délicieuse ,  où  ils  trouvaient  ac- 
«  cueil  plein  de  franchise  et  jouissance  d'une  li- 


BEETHOVEN 


303 


«  heifé  précieuse.  C'est  là  que  rintéiessante  ri- 
«  valitc  (les  deux  athlètes  procura  souvent  de 
K  vives  jouissances  à  une  société  nombreuse, 
«  mais  choisie.  Chacun  d'eux  y  apportait  ses 
«  compositions  les  plus  nouvelles;  chacun  d'eux 
«  s'y  abandonnait  sans  réserve  aux  inspirations 
«  de  sa  verve  entraînante  :  quelquefois  ils  se 
«  mettaient  en  même  temps  à  deux  pianos,  et 
«  improvisaient  alternativement  sur  un  thème 
«  réciproquement  donné  ,  ou  bien  ils  exécutaient 
«  à  quatre  mains  un  caprice,  qui,  si  l'on  eût  pu 
«  l'écrire  à  mesure  qu'ils  le  composaient,  aurait 
«  obtenu  sans  doute  une  longue  existence. 

«  Sous  le  rapport  de  l'habileté  mécanique,  il 
«  eût  été  difficile,  impossible  peut-être,  d'adjn- 
«  ger  l'a  palme  à  l'un  des  rivaux  :  cependant  la 
«  nature  avait  traité  bien  favorablement  Wœlfl, 
«  en  lui  donnant  des  mains  d'une  grandeur  si 
•(  prodigieuse ,  qu'il  atteignait  des  dixièmes  aussi 
•i  facilement  que  d'autres  peuvent  embrasser  des 
«  octaves,  et  qu'il  pouvait  exécuter  des  deux 
«  mains  de  longs  passages  à  cet  intervalle,  avec 
«  la  rapidité  de  l'éclair.  Dans  la  fantaisie,  Bee- 
«  thoven  annonçait  dès  lors  son  penchant  au 
«  sombre  et  au  mystérieux.  Quelquefois  il  se 
«  plongeait  dans  une  large  et  puissante  harmonie, 
«  et  alors  il  semblait  avoir  dit  adieu  à  la  terre; 
«  son  esprit  avait  brisé  tous  ses  liens ,  secoué 
«  toute  espèce  de  joug;  il  s'élevait  triomphant 
«  dans  les  régions  de  l'air.  Tout  à  coup  son  jeu 
«  bruissait,  semblable  à  une  cataracte  écu mante  : 
<t  et  l'artiste  forçait  son  instrument  à  rendre  des 
«  sons  étranges;  puis  il  redevenait  calme,  n'ex- 
«  halant  plus  que  des  soupirs,  n'exprimant  plus 
«  que  la  tristesse  ;  enfin ,  son  âme  reprenait  l'es- 
«  sor ,  échappant  à  toutes  les  passions  humai- 
«  nés,  pour  aller  chercher  là-haut  de  pures  con- 
'(  solations  et  s'enivrer  de  pieuses  mélodies.  » 
Dans  l'année  1800,  une  antre  occasion  de  ri- 
valité fut  présentée  à  Beethoven  par  Steibelt  qui 
se  trouvait  à  Vienne,  après  avoir  parcouru  l'Alle- 
magne. On  rapporte  à  ce  sujet  l'anecdote  suivante. 
»  Dans  une  soirée  musicale  donnée  par  le  comte  de 
Pries  ,  Beethoven  joua  son  grand  trio  en  si  bé- 
mol (œuvre  11*)  pour  piano,  clarinette  et  violon- 
celle, encore  inédit,  et  qu'il  a  dédié  à  la  comtesse 
de  Tliun  ;  puis  Steibelt,  invité  à  se  faire  entendre, 
exécuta  un  de  ses  quintettes  pour  piano,  deux 
violons,  alto  et  basse,  et  dans  une  improvisation 
fit  entendre  son  trémolo  ,  qui  était  dans  sa  nou- 
veauté et  qui  produisit  beaucoup  d'effet.  Pressé 
de  jouer  après  lui,  Beethoven  s'y  refusa.  Huit 
jours  après  il  y  eut  une  autre  réunion  chez  le 
comte  de  Fries.  Après  y  avoir  exécuté  avec  beau- 
coup de  succès  un  second  quintette,  Steibelt  y 
lit  entendre  une  fantaisie  brillante  sur  le  thème 


des  variations  du  trio  que  Beethoven  avait  joué 
dans  la  séance  précédente.  Blassés  de  ce  procédé, 
les  amis  du  compositeur  le  pressèrent  pour  qu'il 
en  tirât  une  satisfaction  digne  de  lui.  Le  mécon- 
tentement qu'avait  éprouvé  l'homme  de  génie  le 
fit  céder  sans  peine  à  ce  qu'on  lui  demandait.  ICn 
se  dirigeant  vers  le  piano,  il  enleva  du  pupitre 
du  violoncelliste  la  partie  de  basse  du  quintette 
du  Steibelt  qui  venait  d'être  exécuté  et  la  plaça 
devant  lui  ;  puis  il  en  joua  quelques  notes  avec 
un  seul  doigt,  et  sur  ce  thème  informe  il  déploya 
par  degrés  toutes  les  ressources  de  sa  puissante 
imagination.  Les  sublimes  inspirations  auxquelles 
il  s'éleva  furent  telles ,  que  Steibelt,  anéanti  sous 
ces  traits  de  génie,  s'esquiva  sans  attendre  la  fin. 
Après  cette  épreuve,  il  évita  toujours  la  présence 
de  Beethoven,  et  lorsqu'il  fut  invité  à  se  faire 
entendre  dans  les  salons  ,  il  n'accepta  que  sous 
la  cpndilion  que  ce  maître  n'y  serait  pas. 

Au  surplus,  si  les  amateurs  de  la  haute  société 
montraient  peu  de  discernement  en  plaçant  en 
quelque  sorte  sur  la  même  ligne  Beethoven  et 
Steibelt,  il  n'en  était  pas  de  même  du  public  et 
surtout  des  musiciens;  car  à  cette  même  époque 
les  deux  artistes  donnèrent  chacun  un  concert 
dont  le  correspondant  de  la  Gazette  générale  de 
musique  de  Leipsick  rend  compte  dans  le  n°  du 
là  octobre  1800.  On  y  voit  que  Steibelt  ne  satisfit 
que  médiocrement  les  connaisseurs,  tandis  que  le 
concert  de  Beethoven  saisit  tout  l'auditoire  d'une 
profonde  admiration.  Certes  ce  sentiment  était 
bien  justifié,  non-seulement  par  le  talent  d'exé- 
cution, mais  par  l'importance  des  ouvrages  inédits 
qu'il  y  fit  entendre.  Ce  fut  dans  ce  concert  qu'on 
entendit  pour  la  première  fois  son  second  con- 
certo de  piano  (en  si  bémol),  son  grand  septuor 
(œuvre  20) ,  et  sa  première  symphonie  (en  ut  )  ; 
enfin  ,  il  y  improvisa  une  grande  fantaisie  toute 
d'invention. 

Quelle  que  fût  la  puissance  d'imagination  de 
Beethoven  à  cette  époque,  son  originalité  ne  s'é-^ 
tait  point  encore  entièrement  caractérisée, 
parce  que,  placé  comme  il  l'était  sous  l'empire 
d'une  admiration  sans  bornps  pour  les  ouvrages 
de  Mozart ,  il  subissait  à  son  insu  l'influence  de 
ce  penchant ,  et  contenait  l'élan  de  son  individua- 
lité dans  les  limites  posées  par  le  goût  exquis  de 
son  modèle.  Cet  entraînement  à  l'imitation  qui  se 
manifeste  dans  le  génie  le  plus  audacieux  est  moins 
rare  qu'on  ne  pense,  à  l'aurore  du  talent.  C'est 
sans  doute  à  la  conviction  de  cet  entraînement 
où  il  s'était  trouvé  dans  les  ouvrages  qui  vien- 
nent d'être  cités  et  dans  ses  premiers  quatuors  ,. 
qu'il  faut  attribuer  le  dégoût  que  montrait  Beetho- 
ven, vers  la  fin  de  sa  vie,  pour  ces  productions. 
Un  artiste,  qui  le  visita  en  182:; ,  nous  apprend 


304 


BEETHOVEN 


que  ce  dégoût  allait  souvent  jusqu'à  lui  donner 
de  l'humeur  quand  on  lui  parlait  avec  éloge  de 
ces  ouvrages.  Il  n'aimait  que  ceux  oii  il  avait , 
dans  ses  dernières  années ,  donné  une  libre  car- 
rière à  toutes  les  fantaisies  de  son  imagination 
{The  Harmonicon ,  volume  11,  partie,  I,  page 
10). 

La  guerre  qui  troublait  l'Allemagne   et  la  mort 
de  l'électeur  de   Cologne,  en  1801,  privèrent 
Beethoven  de  la  pension  qui  lui  fournissait  de- 
puis longtemps  des  moyens  d'existence.  Ces  évé- 
nements ajoutèrent  à  sa  tristesse  habituelle ,  et 
son  dégoût  pour  la  société  s'en   augmenta.  Ses 
dispositions  à  la  solitude  avaient  commencé  à 
se  montrer  dès  1798,  époque  où  il  sentit  les  pre- 
mières atteintes  de  la  surdité  qui  résista  à  tous 
les  genres  de  traitement,  qui  alla  «'augmentant 
sans  cesse,  et  qui  finit  par  le  priver  absolument 
du  plaisir  d'entendre  de  la  musique.  Ses  deux 
frères  l'avaient  suivi  à  Vienne,  et  s'étaient  char- 
gés de  tous  les  détails  de  la  vie  commune,  lui 
donnant  toute  liberté  de  ne  s'occuper  que  de 
son  art.  Dans  un  testament  qu'il  fit  en  1802,  en 
faveur  de  ses  frères,  on  voit  que  le  désespoir 
s'était  emparé  de  lui  depuis  le  funeste  accident 
qui  le  privait  de  l'ouïe  ;  qu'il  fuyait  le  monde , 
parce  qu'il  n'osait  avouer  sa  surdité;  et  que  plu- 
sieurs fois  il  avait  été  près  d'attenter  à  ses  jours, 
pour  mettre  fin  à  ses  souffrances  morales.  Son 
infirmité  lui  paraissait  un  déshonneur  pour  un 
musicien;  il  avoue  que  le  plus  vif  chagrin  pour 
lui  était  d'être  forcé  d'en  révéler  le  secret.  L'art 
seul  m'a  retenu,  dit-il  dans  cet  écrit  que  M.  de 
Seyfried  nous  a  fait  connaître;  il  me  semblait 
impossible  de  quitter  le  monde  avant  d'avoir 
produit  tout  ce  que  je  sentais  devoir  pro- 
duire. C'est  ainsi  que  je  continuai  cette  vie 
misérable,  oh!  bien  misérable,  avec  une  or- 
ganisation si  nerveuse,  qu'un  rien  peut  me 
faire  passer  de  l'état  le  plus  heureux  à  la  si- 
tuation la  plus  pénible.  Par  une  lettre  de  Bee- 
thoven à  son  ami  Wegeler  (1),  sous  la  date  du  29 
juin  1800,  on  voit  que  la  surdité  était  déclarée,  que 
le  mal  était  déjà  grave,  et  que  Wegeler  en  avait 
eu  connaissance  antérieurement.  Cependant  ses 
amis  ne  s'en  apercevaient  pas  encore,  parce  que 
sa  distraction  habituelle  leur  semblait  l'exphca- 
tion  naturelle  de  son  défaut  d'audition.  Ries,  ar- 
rivé à  Vienne  en  1800,  et  placé  aussitôt  dans  l'in- 
limité   de  Beethoven ,  ne  découvrit  sa  surdité 
que  deux  ans  après.  Dans  une  promenade  qu'il 
faisait  à  la  campagne  avec  son  maître,  il  en  eut 
les   premiers  indices.   Ils  traversaient  un  bois 

(1)  Voyez  BiographUche  Notizen  iiber  Ludwlg  van 
Beethoven  von  Dr.  F.  G.  tregeler  mid  Ferdinand  Ries, 
pages  20  et  suiv. 


lorsque  les  sons  de  la  flûte  d'un  berger  frappa 
l'oreille  de  Ries.  Charmé  de  cette  musique  cham- 
pêtre, il  voulut  la  faire  remarquer  à  Beethoven  ; 
mais  en  vain  le  maître  prêta  l'oreille;  il  n'enten- 
dit rien.  A  l'instant  même,  il  devint  triste  et  rê- 
veur. Ries,  qui  s'en  aperçut,  s'efforça  de  le  dis- 
traire; mais  il  n'y  put  parvenir.  Beethoven  acheva 
sa  promenade  plongé  dans  une  profonde  mélan- 
colie. 

La  réputation  de  Beethoven  s'étendait  de  jour 
en  jour;  ses  beaux  ouvrages  de  musique  instru- 
mentale étaient  déjà  entre  les  mains  de  tous  les 
artistes  et  des  amateurs  distingués.  L'auteur  de 
ces  ouvrages  s'était  lié  avec  Salieri,  et  avait  puisé 
dans  ses  entretiens  des  instructions  sur  la  musi- 
que dramatique.  Déjà  il  avait  composé  pour  le 
théâtre  impérial  de  l'Opéra,  en  1799,  la  musique 
du  ballet  de  Vigano,  les  Créations  de  Promé- 
thée,  dont  il  n'a  publié  que  l'ouverture  avant  sa 
mort.  Tous  ses  amis  le  pressaient  pour  qu'il 
écrivît  un  opéra  :  il  céda  enfin  à  leurs  instances. 
Sonleithner,  conseiller  de  régence,  se  chargea 
d'arranger  pour  le  théâtre  de  Vienne  Léonore, 
d'après  la  pièce  française  mise  autrefois  en  mu- 
sique par  Gaveaûx.  Beethoven  prit  alors  un  lo- 
gement dans  le  théâtre  même  et  se  mit  au  travail 
avec  cette  ardeur  qu'il  portait  dans  tout  ce  qui 
tenait  à  l'art  objet  de  sou  amour.  Cette  époque 
de    sa  vie   est  celle  où  l'individualité  de  son 
talent  commença  à  se  développer  avec  force.  L'o- 
péra de  Léonore,  plus  connu  maintenant  sous 
le  nom  de  Fidelio,  et  qui  jouit  aujourd'hui  d'une 
grande  renommée ,  ne  réussit  pas  dans  la  nou- 
veauté. L'ouvrage  fut  représenté  au  théâtre  sur 
la  Vienne  (  an  der  Wien  )  dans  l'automne  de 
1805.  L'exécution,  plus  que  médiocre,  ne  put  faire 
comprendre  les  choses  profondément  senties  qui 
abondent  dans  cette  originale  production,  laquelle 
d'ailleurs,  sous  le  rapport  de  la  marche  scénique, 
n'était  pas  à  l'abri  de  tout  reproche.  Plus  tard, 
Beethoven  écrivit  pour  le  théâtre  de  Prague  une 
nouvelle  ouverture  (en mi  majeur),  moins  dit 
ficile  que  la  première,  puis  deux  autres  qui  n'on 
été  publiées  qu'après  sa  mort.  La  première  re- 
présentation de  Léonore  avait  été  donnée,  comme 
on  vient  de  le  voir,  à  la  fin  de  1805.  Le  rappro- 
chement progressif  du  théâtre  de  la  guerre,  et 
enfin  l'occupation  de   Vienne  par  les  Français, 
n'avaient  pas   peu  contribué  au  mauvais   sort 
de  cet  ouvrage.  Dans  le  cours  de  l'année  sui- 
vante, les  directeurs  du  théâtre  de  Karnthner- 
thor  choisirent  Fidelio  pour  une  représentation 
à  leur  bénéfice.  L'ouvrage  prit  alors  la   forme 
qu'il  a  maintenant.  Originairement  en  trois  actes, 
il  fut  réduit  en  deux,  et  fut  précédé  de  l'ouver- 
ture en-JHJ  majeur  qui  a  pris  la  place  de  celle  de 


BEETHOVEN 


SOS 


I/onore.  Celte  ouverture  n'élait  pa.?  aclicv(«e  le 
jour  (le  la  première   représentation  de  cette  re- 
prise; il  y  fallut  suppléer  parcelle  des  Ruines 
(T Athènes.  Dans  ce  remaniement  de  son  opéra, 
Beotlioven  composa  la   petite  marche  si  origi- 
nale <lii  premier  acte,  les  couplets  du  geôlier  et 
le  premier  finale;  mais  il  fit  dis|)aiaître  un  trio 
plein  de  mélodie  (ea  mi  bémol  majeur),  et  un 
délicieux  duo  pour  voi\  de  soprano  avec  violon 
et  violoncelle  concertant  (en  ut  majeur)  qui  ne 
sont  pas  dans  la  partition  qu'on  a  publiée.  Fi- 
deliOy  les  ouvertures  et  entr'actes  des  Ruines 
d'Athènes,  de  PrométMe,  de  Coriolan  etû'Eg- 
mont,  sont  tout  ce  que  Beethoven  a  écrit  pour 
le  théâtre.  Il  avait  composé  la  musique  des  Ruines 
d'Athènes  pour  l'ouverture  du  théâtre  de  Pestli, 
sur  un  canevas  deKotzbue.  Cette  singulière  com- 
position, dont  le  chœur  de  derviches  et  la  mar- 
che avec  chœur  en  mi  bémol  sont  les  meilleurs 
morceaux,  n'était  qu'un  prologue  d'ouverture; 
elle  fut  oubliée  après  la  circonstance  qui  en  avait 
été  l'occasion.  Beethoven  n'en  publia  rien  de  son 
vivant.  Cependant,  le  3  octobre  1822,  fête  de 
l'empereur  François  II,  ayant  été  fixé  pour  l'ou- 
verture du  nouveau  théâtre  de  Josephstadt,  à 
Vienne,  on  prit  la  résolution  d'y  faire  entendre 
la  musique  des  Ruines  d'Athènes  sur  des  paroles 
nouvelles  écrites  pour  cette  solennité,  et  Bee- 
thoven s'engagea  à  l'arranger  et  à  y  ajouter  de 
nouveaux  morceaux.  Il  entreprit  cet  ouvrage  au 
mois  de  juillet  ;  mais  la  chaleur  excessive  qu'il 
fit  cet  été-là  ne  lui  permit  pas  de  se  livrer  au  tra- 
vail. Il  était  alors  à  Baden,  près  de  Vienne,  et 
passait  presque  toutes  les  journées  à  l'ombre  des 
forêts  qui   environnent  ce  lieu.  Le  maître   de 
ballet  était  incessamment  sur  la  route  de  Baden, 
pour  obtenir  les  airs  de  danse  que  Beethoven 
devait  écrire,  afin  de  commencer  les  répétitions  ; 
mais  le  compositeur  ne  se  dessaisissait  qu'avec 
peine  de  ces  morceaux  auxquels  il  aurait  voulu 
donner  autant  de  soins  qu'à  ses  autres  compo- 
sitions.  Il  écrivit  aussi  une  ouverture  nouvelle 
(en  ut,  avec  une  grande  fugue),  qui  a  été  publiée 
à  Mayence,  comme  œuvre  124  ;  mais  elle  ne  fut 
terminée  que  la  veille  de  l'ouverture  du  théâtre, 
et  les  parties  d'orchestre,  remplies  de   fautes, 
furent  livrées  aux  exécutants  qui  durent  jouer 
toute  cette  musique  sans  avoir  fait  de  répétition. 
Beethoven  était  au  piano  pour  diriger.  Complè- 
tement sourd  à  cette  époque,  il  ralentissait  tous 
les  mouvements  et  ajoutait  aux  embarras  de  l'or- 
chestre. Ce  fut  une  déroute,  et  l'ouvrage  produi- 
sit le  plus  mauvais  effet.  La  surdité  de  Beetho- 
ven   était  si  complète,  qu'il  ne  s'aperçut  pas 
même  du  désordre  de  l'exécution. 
En  1823,  la  direction  du  théâtre  impérial  de 

BmCR.     UNIV.    DES  MUSICIENS. 


Vienne  le  fit  solliciter  par  ses  meilleurs  amis 
pour  qu'il  écrivît  uu  nouvel  opéra,  et  dans  le 
même  temps  le  comte  de  Bruhl,  intendant  du 
théâtre  royal  de  Berlin,  lui  fit  la  même  demande. 
Des  poèmes  lui  arrivèrent  de  toutes  parts  ;  mais 
aucun  ne  lui  plaisait;  enfin  Grilparzer  lui  com- 
muniqua sa  Mclusine,  qui  parut  le  séduire.  Tou- 
tefois il  demanda  des  changements  sur  lesqueJs 
le  poète  lui  fit  des  concessions.  Le  souvenir  des 
chagrins  que  lui  avait  causés  Fidelio  n'était  point 
effacé  de  la  mémoire  de  Beethoven;  pour  en 
éviter  de  semblables,  il  voulut  s'assurer  au  moins 
que  le  poème  plairait  à  la  cour  de  Prusse,  et  il 
l'envoya  en  secret  au  comte  de  Bruhl ,  dont  la 
réponse  contenait  beaucoup  d'éloges  de  la  poésie, 
mais  avec  la  remarque  que  l'action  dramatique 
avait  de  l'analogie  avec  un  ballet  de  Mélusine 
joué  peu  de  temps  auparavant  à  Berlin.  Cette 
observation  dégoûta  Beethoven  de  l'ouvrage,  et 
il  défendit  à  ses  amis  de  lui  parler  désormais  de 
la  composition  d'un  opéra. 

De  1805  à  1808,  l'activité  du  génie  de  Beetlio- 
ven  avait  pris  un  grand  essor,  car  c'est  à  cette 
époque  de  sa  vie  qu'il  écrivit  Léonore,  l'oratorio 
du  Christ  au  mont  des  Oliviers,  les  sympho- 
nies héroïque,  pastorale  ,  et  en  ut  mineur;  les 
concertos  de  piano  en  sol,  en  mi  bémol  et  en 
ut  mineur,  et  quelques-unes  de  ses  plus  belles 
sonates  de  piano,  entre  autres  les  trois  sonates 
dédiées  à  l'empereur  Alexandre.  Les  symphonies 
et  les  concertos  furent  exécutés  dans  des  concerts 
donnés  à  Vienne  au  bénéfice  de  leur  auteur.  Lui- 
môme  joua  les  concertos  ;  il  fut  accompagné  par 
un  excellent  orchestre  dirigé  par  M.  de  Seyfried. 
Ces  concerts  étaient  la  source  principale  de  son 
revenu;  car,  malgré  son  activité  de  production, 
il  tirait  alors  peu  de  chose  de  la  vente  de  ses 
ouvrages  ;  en  cela ,  il  partageait  le  sort  de  la 
plupart  des  grands    compositeurs  qui  ont  vécu 
en  Allemagne.  Son  existence  était  précaire.  Dé- 
laissé par  la  cour  impériale,  qui  montrait  pour 
les   compositeurs  allemands  la   même   indiffé- 
rence que  Frédéric  II  avait  tait  voir  autrefois 
pour  les  littérateurs  prussiens,  il  n'en   recevait 
aucune  sorte  de  pension  ou  de  traitement.  Cet 
abandon  le  détermina  à  accepter ,  en  1 809 ,  la 
place  de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Westpha- 
lie,  Jérôme  Napoléon,  qui  lui  était  offerte.  Ce 
fut  alors  que  l'archiduc  Rodolphe  (  plus  tard  car- 
dinal aicbevêque  d'Olmutz) ,  le  prince  de  Lob- 
kowitz  et  le  comte  de  Kinsky,  résolurent  de  con- 
server à  l'Autriche  l'homme  illustre  qui  en  était 
la  gloire,  et  firent  dresser  un  acte  par  lequel  ils 
assuraient  au  célèbre  artiste  une  rente  annuelle 
dont  M.  de  Seyfried  porte   le  chiffre  à  quatre 
mille  florins,  pour  qu'il  en  jouît  toute  sa  vie, 

30 


30& 


BEETHOVEPÏ 


jusqu'à  ce  qu'il  eût  obtenu  un  emploi  d'une 
somme  égaie  (il  ne  l'eut  jamais)  ;  sous  la  condition 
de  consommer  ce  revenu  dans  les  limites  du  ter- 
ritoire autrichien,  et  de  ne  point  entreprendre  de 
voyage  sans  le  consentement  de  ses  mécènes. 
Éiïiu  par  ce  témoignage   de   l'admiration  qu'il 
inspirait,  vaincu,  enchaîné  par  un  sentiment  de 
reconnaissance,  Beethoven  renonça  à  ses  pro- 
jets, et  se  fixa  pour  toujours  à  Vienne,  ou  plutôt 
au  joli  village  de  liaden,  à  cinq  lieues  de  cette 
capitale;  car  il  y  passait  la    plus  grande  partie 
de  l'année.  Là,  il  se  promenait  quelquefois  des 
journées  entières,  seul,  et  dans  les  lieux  les  plus 
agrestes  et  les  plus  solitaires.  Il  composait  en 
marcliaut,  et  n'écrivait  jamais  une  note  avant 
que  le  morc«au  dont  il  avait    le  plan  dans  la 
tête  fût  entièrement  achevé.    Isolé  du  nvonde 
extérieur  par  son  infirmité,  la  musique  n'existait 
plus  pour  lui  qu'au  dedans  de  lui-même.  Sa  vie 
d'artiste  tout  entière   était  renfermée  dans   ses 
méditations,  et  c'était  troubler  le  seul  bonheur 
dont  il  pût  encore  jouir  que  de  les  interrompre. 
De  là  vient  que  les  visites  l'importunaient,  à 
moins  que  ce  ne  fussent  celles  d'un  très-petit 
nombre  d'amis  intimes.  A  la  vue  d'un  étranger, 
sa  figure  prenait  un  caractère  sombre,  inquiet, 
souffrant  même.  Si  quelque  circonstance  dissi- 
pait cette  impression,  alors  il  devenait  affectueux, 
simple  et  cordial,  gai  même  ;  surtout  si  l'on  n'a- 
vait pas  l'air  d'être  trop  occupé  de  sa  surdité,  et 
si  l'on  se  tenait  avec  lui  dans  une  certaine  ré- 
serve ;  car  une  question  indiscrète,  un  conseil 
donné  pour  saguérisou,  suftisaientpoiir  l'éloigner 
à  jamais  de  l'imprudent   qui  s'y  était   hasardé. 
Il  avait  deux  goûts  dominants,  ou  plutôt  deux 
passions  :  celle  des  déménagements  et  celle  de 
la  promenade.  A  peine  avait  il  découvert  un  lo- 
gement qui  lui  convenait,  à  peine  s'y  était-il  ins- 
tallé, qu'il  y  trouvait  quelque  chose  qui  lui  déplai- 
sait ;  il  n'avait  point  de  repos  qu'il  ne  l'eût  quitté. 
Peu  de  mois  après,  l'opération  d'un  nouveau  dé- 
ménagementrecommençait.Tous  les  jours,  après 
son  dîner,  qui  était  fixé  à  une  heure,  il  partait 
pour  sa  promenade.  Quelle  que  fût  la  saison, 
quelque  temps  qu'il   fît,  le  froid,  le  chaud,  la 
pluie, la  grêle,  rien  ne  pouvait  l'arrêter;  et  il  tai- 
sait à  grands  pas  deux  fois  le  tour  de  la  ville ,. 
s'il  était  à  Vienne,  ou  de  longues  excursions  dans 
la  campagne,  s'il  était  à  Baden.  C'était  alors  que 
sa  verve  était  dans  toute  son  ardeur  ;  le  mouvement 
de  ses  jambes  était  utile  à  l'activité  de  son  génie. 
Ses  fréquentes  promenades  l'avaient  fait  connaître 
de  tous  les  habitants  de  Vienne  :   tout  le  monde 
disait  en  le  voyant  :  Voilà  Beethoven!  un  sen- 
timent d'admiration  pour   son    sublime    talent 
avait  pénétré  jusque  dans  les  classes  les  moins 


élevées;  tous  les  passants  se  rangeaient  avec 
respect  pour  ne  pas  troubler  ses  méditations 
dans  ses  courses  silencieuses,  et  l'on  vit  un  jour 
une  troupe  de  charbonniers  s'arrêter  sous  le 
poids  de  leurs  lourds  fardeaux  jusqu'à  ce  qu'il 
fût  passé. 

Beethoven  ne  se  maria  point;  M.  de  Seyfried 
dit  même  qu'on  ne  lui  connut  aucun   attache- 
ment sérieux.  Cependant,  le   docteur  W^egeler , 
son  ami  d'enfance  et  de  jeunesse,  dit  (p.  42)  qu'il 
n'était  jamais  sans  amour  dans  le  cœur,  et  qu'il 
en  était  épris  jusqu'à  l'exaltation  {Beethoven  war 
nie  ohne  eine  Liebe  und  meistens  von  thrim- 
hohen  Grade  ergrijfen).  Schindier  avoue  (p.  33) 
que  cette  assertion  est  exacte,  et  fournit  à  ce 
sujet  des  renseignements  qui  ne  sont  pas  sans 
intérêt.  Les  objets  de  ses  affections  étaient  tou- 
jours d'un  rang  élevé,  circonstance  qui  s'explique 
par  son  noble  caractère  et  par  ses  relations  fré- 
quentes avec  les  hautes  classes  de  la  société.  Du 
reste  son   amour  était  tout  platonique  :  le  cœur 
et  l'imagination  en  faisaient  tous  les  frais,  et  les 
sens  n'y  avaient  que  peu  de  part.  Pendant  plu- 
sieurs années  il  fut  épris  de  M"*  Julie  de  Guic- 
ciardi,  qui,  plus  tard,  épousa  le  comte  de  Gal- 
lenberg,  et  à  qui  il  a  dédié  sa  sonate  en  ^lt  dièse 
mineur.  Quelques  lettres  écrites  dans  l'été  de 
1806,  d'une  localité  de  bains  en  Hongrie  où  il 
était  allé  pour  essayer  la  guérison  de  sa  surdité, 
et  qui  ont  été  publiées  par  Schindier  (p.  63  et 
suiv  ),  nous  apprennent  que  son  amour  était 
partagé.  Schindier  cite  aussi  (p.  67)  une  tendre 
liaison  de  l'illustre  compositeur  avec  la  (;omtesse 
Marie  d'Erdœdy,  à  qui  il  a  dédié  ses  deux  beaux 
trios  de  l'œuvre  70.  L'auteur  de  cette  Biogra- 
phie se  souvient  que  Woefll  lui  a  parlé  d'une 
dame  chez  qui  Beethoven  allait  souvent  dans  sa 
jeunesse,  et  qu'il  aimait  beaucoup,  sans  le  lui 
avoir  jamais  dit.  Il  paraissait  ému  de  jalousie, 
quand  des  propos  galants  étaient  adressés  à  l'ob- 
jet de  son  amour;  le  piano  devenait  alors  le  con- 
fident de  ses  pensées  et  recevait  l'impression  des 
orages  de  son  cœur  ;  mais  un  regard  de  la  dame 
et  quelques   mots  bienveillants    ramenaient  le 
calme  dans  son  âme  ,  et  faisaient   succéder  les 
douces  mélodies  aux  âpres  accents  de  sa  verve 
passionnée.  Ries,  élève  de   Beethoven  pour   le 
piano,  et  qui  vécut  pendant  plusieurs  années 
dans  son  intimité,  à\i  {Notices,  etc.,  p.  117)  que 
les  passions  amoureuses  de  son  illustre  maître 
n'étaient  jamais  de  longue  durée,  et  que  l'épreuve 
la  plus  persévérante  de  constance  qu'il  pût  citer 
avait  iXwrésept  mois.  Cependant  sonamour  pour 
m"®  Julie  de  Guicciardi  l'occupa  pendant  plu- 
sieurs années. 

Beethoven  n'était  pas  moins  sensible  à  l'amitié 


BEETHOVEN 


307 


qu'à  l'amour;  mais,  très-susceptible,  il  se  bles- 
sait facilement  et  se  brouillait  avec  ses  amis  les 
plus  intimes.  Ses  frères,  qui  troublèrent  souvent 
sa  tranquillité  et  furent  cause  de  ses  plus  vifs 
chagrins,  jetaient  à  plaisir  dans  son  esprit  des 
doutes  sur  les  hommes  pour  qui  il  avait  une  sin- 
cère affection,  afin  de  le  dominer  sans  tt'moins, 
Beethoven  prétait  trop  légèrement  l'oreille  à  ces 
propos,  et,  au  lieu  de  s'en  expliquer  avec  fran- 
chise, il  boudait  et  repoussait  par  sa  froideur 
ceux  dont  il  croyait  avoir  à  se  plaindre.  Mais 
si  l'on  parvenait  à  l'éclairer  sur  son  erreur,  il 
se  hâtait  d'avouer  ses  torts,  en  demandait  par- 
don, et  les  réparait  avec  empressement.  Bien 
que  très  attaché  aux  amis  de  sa  jeunesse,  des 
années  s'écoulaient  quelquefois  sans  qu'il  y  pen- 
sât. On  voit  par  une  de  ses  lettres  à  M.  Wege- 
ler,  compagnon  de  son  enfance,  et  son  ami  in- 
time, qu'il  ne  lui  avait  pas  écrit  une  fois  dans 
l'espace  de  sept  années.  Très-lié  avec  Schenck, 
qui  l'avait  éclairé  sur  les  défauts  de  son  éduca- 
tion harmonique,  il  paraissait  cependant  l'avoir 
compli^tement  oublié,  lorsqu'un  jour,  se  prome- 
nant en  société  de  Schindier  sur  le  boulevard  de 
"Vienne,  il  le  rencontra,  après  l'avoir  perdu  de  vue 
jiendant  près  de  vingt  ans.  Ivre  de  joie  de  revoir 
€e  vieil  ami  qu'il  croyait  descendu  dans  la  tombe, 
Beethoven  l'entraîna  dans  un  cabaret  voisin 
(au  Cor  du  chasseur),  se  fit  apporter  du  vin, 
et  là,  avec  un  épanchement  semblable  à  celui  de 
la  jeunesse,  cet  homme,  si  taciturne  et  si  distrait 
d'ordinaire,  se  livra  à  des  élans  de  gaité,  et 
régala  le  vieux  Schenck  d'une  multitude  d'his- 
toriettes et  d'anecdotes.  Après  une  heure  passée 
dans  cette  effusion,  ils  se  séparèrent,  et  ce  fut 
pour  toujours;  car  ceci  se  passait  en  1824;  et 
moins  de  trois  ans  après  le  grand  homme  n'exis- 
tait plus. 

On  vient  de  voir  que  ses  frères  troublèrent 
souvent  son  repos  et  lui  causèrent  des  chagrins 
de  plus  d'une  espèce.  Après  la  mort  de  l'aîné, 
Gaspard-Antoine-Charles,  en  1815,  l'illustre 
artiste  fut  chargé  de  la  tutelle  de  son  ne- 
veu, fils  de  ce  frère.  Il  l'adopta,  soigna  son  édu- 
cation et  le  fit  son  héritier.  Ce  jeune  homme, 
qui  ne  manquait  ni  d'instruction  ni  de  mérite, 
lui  donna  aussi  des  chagrins  qu'il  supporta  avec 
une  patience  qu'on  n'aurait  pas  attendu  d'un 
caractère  tel  que  le  sien.  Pour  que  rien  ne  man- 
quât aux  tourments  que  lui  causait  sa  famille, 
il  eut,  à  l'occasion  de  sa  tutelle,  un  procès  avec  sa 
belle-sœur  qui  dura  plusieurs  années  et  lui  coûta 
beaucoup  d'argent. 

Si  Beethoven  eut  des  amis  dévoués,  H  eut 
aussi  des  ennemis  et  ces  envieux  que  tont 
liomme  de  génie  rencontre  en  son   chemin.  M 


n'était  pas  homme  d'ailleurs  à  éviter  ce  qui  pou- 
vait les  blesser;  car  il  avait  des  mots  cruels 
pour  la  médiocrité  prétentieuse.  Dans  un  voyage 
qu'il  fit  à  Berlin,  vers  1797,  il  rencontrait  sou- 
vent dans  le  monde  le  compositeur  Himœei, 
auteur  d'un  opéra  intitulé  Fanchon,  qui  avait 
alors  du  succès.  Un  jour  Himmel  pria  Beethoven 
d'improviser,  ce  que  le  grand  artiste  s'empressa 
de  faire.  Invité  à  son  tour  à  se  mettre  au  piano, 
Himmel  n'hésita  pas  et  ne  parut  pas  intimidé  par 
ce  qu'il  venait  d'entendre.  Jl  y  avait  déjà  long' 
temps  qu'il  s'escrimait  sur  le  clavier,  lorsque 
Beethoven  l'interrompit  par  ces  mots  : .  Eh 
bien!  commencerez-vous  enfin P  L'épigramme 
était  dure  :  furieux,  Himmel  se  leva  et  dit  des 
injures  à  Beethoven,  qui  ne  resta  pas  en  défaut' 
Depuis  lors  ,  le  compositeur  prussien  fut  un 
des  ennemis  acharnés  du  grand  homme.  Bee- 
thoven assurait  cependant  plus  tard  à  Ries  qu'il 
avait  cru  que  Himmel  préludait;  mais  cela  est 
douteux. 

Ennemi  de  tonte  contrainte,  Beethoven,  quoi- 
qu'il eût  vécu  dans  le  monde  élégant  depuis  son 
arrivée  à  Vienne,  ne  put  jamais  s'habituer  aux 
exigences  de  l'étiquette.  Chez  l'archiduc  Rodol- 
phe, à  qui  il  avait  eu  l'honneur  de  donner  des 
leçons  de  piano  et  de  composition,  cette  éti- 
quette était  sévère,  suivant  l'usage  de  la  cour 
impériale;  elle  faisait  le  supplice  du  grand  ar- 
tiste. Ses  bévues  ordinaires  lui  attiraient  à  chaque 
instant  quelque  observation  des  personnes  at- 
tachées au  prince;  mais  ce  fut  toujours  en  vain 
qu'on  essaya  de  lui  enseigner  les  règles  de  la  po- 
litesse. Fatigué  enfin  de  ces  avis  sans  cesse  re- 
nouvelés, Beethoven  s'avança  un  jour  vers  l'ar- 
chiduc, devant  une  brillante  assemblée,  et  lui 
dit  :  «  l'rince,  je  vous  estime  et  vous  vénère 
«  autant  que  personne  au  monde  ;  mais  je  ne 
«  puis  m'habituer  aux  détails  de  cette  gênante  et 
«  minutieuse  étiquette  qu'on  s'obstine  à  m'ensei- 
«gner.  Je  prie  votre  Altesse  de  m'en  dispenser.  » 
Admirateur  du  talent  de  son  ancien  professeur, 
et  plein  de  bonté,  l'archiduc  fit  aussitôt  donner 
l'ordre  à  toute  sa  maison  de  laisser  à  Beethoven 
la  liberté  de  ses  allures. 

Celui-ci  ne  se  contenait  pas  toujours  dans  les 
bornes  où  il  était  resté  dans  la  circonstance  qui 
vient  d'êtr«  rapportée  ;  car,  lorsqu'il  était  blessé 
dans  son  amour-propre,  son  irascibilité  pouvait 
le  porter  jusqu'à  se  servir  d'expressions  les 
plus  grossières.  Sa  colère,  lui  faisant  oublier 
toutes  les  convenances,  lui  attirait  quelquefois 
des  désagréments  et  des  humiliations.  En  voici 
un  exemple  :  Dans  une  soirée  musicale,  chez  le 
comte  de  Brown,  où  se  trouvait  réunie  l'élite  de 
la  haute  société  viennoise,   Beethoven    devait 

20. 


308 


BEETOOVEN 


jouer  une  nouvelle  composition  à  quatre  mains 
avec  son  élève  Ries.  Ils  avaient  déjà  commencé 
l'exécution  de  ce  morceau,  lorsque  le  jeune 
comte  de  P....,  placé  à  l'entrée  du  salon,  troubla 
le  silence  en  parlant  à  une  dame.  Après  quel- 
ques efforts  inutiles  du  maître  de  la  maison  pour 
faire  cesser  cette  conversation ,  Beethoven,  ar- 
rêtant les  mains  de  Ries  sur  le  clavier,  se  leva 
brusquement,  et  dit  assez  haut  pour  être  en- 
tendu de  tout  le  monde  :  «  Je  ne  jouerai  pas  de- 
«  vant  de  semblables  pourceaux  {Fiir  solche 
n  Schweinespiel'  ichnickt).  »  On  peut  imagi- 
ner la  rumeur  causée  par  une  telle  incartade  ! 
Tout  autre  que  Beethoven  eût  été  mis  dehors 
par  les  valets  ;  mais  l'admiration  pour  son  génie 
fit  taire  l'indignation  et  l'indulgence  fut  seule 
écoutée.  Quand  le  calme  fut  rétabli,  on  pria  Bee- 
thoven de  reprendre  sa  place  au  piano  ;  il  s'y 
refusa  obstinément.  Ries  fut  alors  invité  à 
jouer  une  sonate;  mais  Beethoven  lui  dé- 
fendit de  toucher  une  seule  note,  et  tous  deux  se 
retirèrent. 

Les  explosions  de  la  colère  de  Beethoven  étaient 
fréquentes  dans  les  répétitions  et  même  dans  les 
concerts  où  il  faisait  essayer  ses  ouvrages  nou- 
veaux. Il  était  chef  d'orchestre  assez  médiocre, 
et  n'indiquait  pas  toujours  bien  la  mesure,  parce 
que,  préoccupé  de  méditations  sur  l'effet  qu'il 
Hvait  voulu  produire,  il  suspendait  quelquefois 
l'action  de  son  bras  sans  le  remarquer.  Dans  un 
concert  où  il  faisait  exécuter  pour  la  première 
fois  sa  fantaisie  pour  piano  avec  orchestre  et 
chœur,  la  clarinette  fit  une  faute  :  elle  fut  d'au- 
tant plus  sensible,  que  peu  d'instruments  se  fai- 
saient entendre.  Beethoven  se  leva  aussitôt  en 
fureur,  et  se.  tournant  vers  l'orchestre,  adressa 
aux  musiciens  des  injures  qui  furent  entendues 
de  tout  l'auditoire.  Recommençons  ,  s'écria-t-il 
d'une  voix  tonnante  :  interdit,  fasciné  par  le 
regard  et  par  la  voix  du  maître ,  l'orchestre 
obéit.  Cette  fois,  l'exécution  fut  irréprochable , 
et  le  succès  tut  complet.  Le  concert  terminé, 
les  artistes  de  l'orchestre  s'assemblèrent  en  tu- 
multe et  décidèrent  qu'ils  refuseraient  désormais 
leur  concours  à  Beethoven  pour  ses  concerts. 
Toutefois  leur  ressentiment  ne  fut  pas  de 
longue  durée;  car  Beethoven  ayant  terminé 
une  nouvelle  composition  peu  de  temps  après, 
le  désir  de  l'entendre  et  le  sentiment  de  l'art 
l'emportèrent  sur  la  rancune  des  musiciens,  qui 
s'empressèrent  de  l'exécuter  sous  la  direction  du 
maître. 

Beethoven  avait  le  cœur  bon,  généreuxet  porté 
h  l'obligeance.  Simple,  naïf,  il  était  complètement 
étranger  à  toute  manœuvre,  soit  pour  faire  valoir 
ses  ouvrages,  soit  pour  nuire  aux  autres  artistes; 


car  il  avait  autant  de  justice  que  de  noblesse 
dans  l'âme,  et  l'on  peut  affirmer  que  la  pen- 
sée d'une  action  mauvaise  envers  quelqu'un 
n'est  jamais  entrée  dans  son  esprit.  Il  avait 
d'ailleurs  un  défaut  qui  n'est  pas  celui  des  mé- 
chants; car  il  était  distrait.  On  cite  des  traits 
fort  plaisants  de  ses  distractions  :  en  voici  un 
qui  m'a  été  rapporté  à  Vienne  par  des  témoins 
oculaires. 

11  entre  un  jour  chez  un  restaurateur  pour  y 
dîner,  s'assied  près  d'une  table ,  prend  la  carte 
des  mets  du  jour,  et  la  paicourt  pour  y  choisir 
quelque  chose.  Pendant  ce  temps,  une  idée  mu- 
sicale le  saisit  ;  il  prend  son  crayon,  retourne  la 
carte  sur  laquelle  il  trace  des  portées  de  musique, 
puis  écrit  la  pensée  qui  le  préoccupe  et  reste 
plongé  dans  une  profonde  méditation.  Enlin  il 
sort  de  sa  rêverie,  prend  la  carte  et  la  met  dans 
sa  poche  ;  puis  il  demande  au  garçon  ce  qu'il 
doit.  • —  Monsieur,  vous  ne  devez  rien,  car  vous 
n'avez  pas  dîné.  . —  Vous  croyez  que  je  n'ai  pas 
àiué?  — Non,  assurément. —  Eh  bien,  donnez- 
moi  quelque  chose.  —  Que  désirez-vous  .'  —  Ce 
que  vous  voudrez. 

La  constitution  physique  de  Beethoven  était 
robuste.  Sa  taille  était  moyenne,  et  la  charpente 
osseuse  de  ses  membres  offrait  l'image  de  la 
force.  Jamais  il  n'avait  été  malade,  et  jamais  il 
n'aurait  eu  besoin  de  médecin,  si  l'infirmité  qui 
altaqua  chez  lui  l'organe  de  l'ouïe  ne  l'avait  obligé 
de  se  confier  à  leurs  soins.  Cependant,  vers  les 
dernières  années  de  sa  vie,  sa  vigoureuse  orga- 
nisation s'alléra  visiblement,  et  bientôt,  il  ne  fut 
plus  possible  de  ne  pas  apercevoir  des  symptô- 
mes d'hydropisie  qui,  se  produisant  à  des  époques 
plus  rapprochées,  finirent  par  ne  laisser  au- 
cun espoir  de  conserver  la  vie  au  grand  artiste. 
Vers  la  fin  de  1826,  le  mal  devint  plus  grave.  Les 
désordres  du  neveu  deBeethoven  lui  avaient  fait 
intimer  par  la  police  de  Vienne  la  défense  d'ha- 
biter dans  cette  ville.  Résolu  de  faire  entrer  ce 
jeune  homme  dans  un  régiment,  l'illustre  com- 
positeur quitta  la  campagne,  le  2  décembre,  pour 
suivre  les  détails  de  cette  afiaire  ;  mais,  arrêté 
dans  sa  route  par  le  mauvais  temps,  il  fut  obligii 
de  passer  la  nuit  dans  une  misérable  auberge  où 
il  fut  saisi  d'un  rhume  violent.  L'inflammation 
des  poumons  devint  très-ardente,  et  lorsque  le 
malade  arriva  à  Vienne,  sa  situation  était  telle 
que  tous  ses  amis  prévirent  le  malheur  dont  ils 
étaient  menacés.  A  peine  la  toux  eut-elle  cessé, 
qu'il  fallut  avoir  recours  à  de  douloureuses  opé- 
rations pour  l'hydropisie  :  elles  affaiblirent  ra- 
pidement les  forces  de  Beethoven,  et  le  26  mars 
1827,  ce  grand  homme  expira,  à  six  heures  du 
matin.  Malgré  ses  vives  souffrances,  il  montra 


BEETHOVEN 


309 


beaucoup  de  sérénité  d"âme  pendant  les  derniers 
iiiois  de  sa  vie.  Lorsqu'il  y  avait  quelque  relâche 
à  ses  maux,  il  relisait  Homère,  particulièrement 
l'Odyssée,  son  livre  favori,  ou  quelques  romans 
deWalter  Scott,  qu'il  aimait  avec  passion.  Lors- 
que ses  forces  affaiblies  ne  lui  permirent  plus  de 
se  livrer  à  ces  distractions,  il  retrouvait  encore 
de  temps  en  temps  assez  dVnergie  pour  montrer 
«a  résignation  à  la  (in  dont  il  était  menacé.  Deux 
jours  avant  sa  mort,  il  disait  en  souriant  à  ses 
amis  le  conseiller  Brcuning  et  W.  Schindler  : 
Plaudite,  amici,  comœdia  finila  est.  Ce  grand 
homme  avait  goûté  les  jouissances  que  donne 
l'art  à  ceux  qui  l'aiment  d'une  affeclion  pure  ; 
mais  en  dehors  de  cet  art,  il  ne  fut  pas  heureux. 
Le  malheur  d'une  infirmité  dont  plus  qu'un 
autre  il  aurait  dû  être  à  l'abri,  le  frappa  avant 
qu'il  eût  atteint  l'âge  de  trente  ans  ;  et  le  mal 
s'aggravant  d'année  en  année,  parvint  à  un  tel 
degré  d'intensité,  que,  vers  la  fin  de  sa  vie,  la 
puissance  sonore  d'un  grand  orchestre  ne  par- 
venait pas  jusqu'à  lui.  Jamais  surdité  ne  fut  plus 
complète.  Sa  famille  fut  aussi  pour  lui  une  cause 
de  profonds  chagrins  et  lui  coûta  beaucoup  d'ar- 
gent, ainsi  qu'il  le  déclare  dans  une  de  ses  let- 
tres. Enfin,  ses  moyens  d'existence  furent  tou- 
jours précaires  ;  car,  ainsi  que  Haydn  et  Mozart, 
ce  sublime  artiste  ne  reçut  jamais  la  moindre 
marque  d'intérêt  de  la  famille  impériale  ni  du 
gouvernement  autrichien  ;  il  n'obtint  aucun  em- 
ploi, et  ses  cinquante  premiers  œuvres  ne  lui 
furent  payés  qu'à  vil  prix  par  les  éditeurs. 
Presque  toujours  il  vécut  dans  la  gêne.  Dans  les 
dix  dernières  années  de  sa  vie,  il  en  souffrit  da- 
vantage. Il  craignait  de  voir  augmenter  ses  em- 
barras d'argent  dans  sa  vieillesse,  alors  qu'il  ne 
pourrait  plus  ajouter  à  son  revenu  par  le  travail 
de  sa  plume.  On  a  vu  précédemment  que  l'ar- 
chiduc Rodolphe,  le  prince  de  Lobkowitz  et  le 
comte  de  Kinsky  lui  avaient  assuré  une  pension 
que  M.  de  Seyfried  porte  à  la  somme  de  quatre 
mille  florins;  mais  Streicher,  célèbre  facteur  de 
pianos  de  Vienne,  écrivant  (le  28  mars  1827)  à 
M.  Stumpff,  de  Londres,  pour  lui  annoncer  la 
mort  de  Beethoven,. réduit  le  produitdes  pensions 
réunies  à  la  modique  somme  de  sept  cent  vingt 
florins  !  M.  de  Seyfried  et  Streicher  étaient  tous 
deux  amis  intimes  de  l'illustre  compositeur;  il 
y  a  donc  lieu  de  s'étonner  qu'il  y  ait  une  si 
grande  différence  entre  leurs  évaluations  de  son 
revenu;  mais  Beethoven  lui-même  nous  apprend 
que  c'est  M.  de  Seyfried  qui  est  dans  le  vrai, 
car  il  écrivait  à  Ries,  le  22  novembre  1815  : 
«  J'ai  perdu  600  florins  sur  ma  pension  annuelle... 
t  Je  paie  1,000  florins  pour  mon  loyer;  imagi- 
«  nez  d'après  cela  la  misère  qui  résulte  de  la  dé- 


«  prédation  du  papier-monnaie  (t).  Mon  pauvre 
«  frère  Charles  vient  de  mourir;  sa  femme  était 
«  méchante  ;  il  était  attaqué  de  la  poitrine,  et 
«  je  puis  dire  que  pour  le  soulager,  j'ai  dépensé 
rt  environ  10,000  florins,  etc.  »  Dans  une  autre 
lettre  du  8  mars  1816,  il  dit  encore:  «  Ma  pen- 
«  sion  est  de  3,400  florins  en  papier,  etc.  »  Pré- 
cédemment Beethoven  avait  perdu  600  florins  de 
cette  pension  :  elle  était  donc  originairement  de 
4,000  florins.  Cette  somme,  à  l'époque  où  elle 
avait  été  assurée  par  contrat  à  Beethoven,  repré- 
sentait celle  de  10,157  francs  ;  mais  la  déprécialio» 
du  papier-monnaie  créé  plus  tard  en  Autriche 
fut  telle,  qu'à  l'époque  où  Beethoven  écrivait  celte 
dernière  lettre,  ses  3,600  florins  en  papier  ne  re- 
présentaient plus  en  valeur  réelle  que 3,040  francs. 
On  ne  doit  donc  pas  être  étonné  de  trouver  dans 
d'autres  lettres  de  ce  pauvre  artiste  des  passages 
tels  que  ceux-ci.  «  Cette  sonate  (dit-il  à  Ries, 
«  en  lui  envoyant  l'œuvre  106  pour  le  vendre  à 
«  Londres),  cette  sonate  a  été  écrite  dans  des 
«  circonstances  bien  pénibles  ;  car  il  est  triste 
«  d'être  obligé  d'écrire  pour  avoir  du  pain.  C'est 
«  là  où  j'en  suis  maintenant.  »  Et  dans  une  autre 
lettre  écrite  quelques  années  après:  «  Si  je  n'étais 
n  pas  si  pauvre  et  obligé  de  vivre  de  ma  plume, 
«  je  n'exigerais  rien  de  la  société  philharmoni- 
«  que;  mais  dans  la  position  où  je  me  trouve,  il 
«  faut  que  j'attende  le  prix  de  ma  symphonie.  » 
Jamaisl'intérêt  qu'inspirait  un  si  grand  homme 
ne  se  manifesta  avec  tant  de  force  que  pendant 
sa  dernière  maladie.  L'inquiétude  était  sur  tous 
les  visages;  la  foule  obstruait  les  abords  de 
son  logement  pour  apprendre  de  ses  nouvelles  ; 
les  plus  grands  personnages  se  faisaient  ins- 
crire à  sa  porte.  Le  bruit  du  danger  qui  le  me- 
naçait s'était  répandu  avec  rapidité;  il  parvint 
bientôt  à  Weimar  où  se  trouvait  Hummel,  qui 
partit  à  l'instant  pour  Vienne,  dans  le  dessein 
de  se  réconcilier  avec  Beethoven,  qui  s'était 
brouillé  avec  lui  quelques  années  auparavant.  Ea 
entrant  dans  la  chambre,  Hummel  fondit  en  lar- 
mes; Beethoven  lui  tendit  la  main,  et  ces  deux 
hommes  célèbres  ne  se  séparèrent  que  comme 
deux  vrais  amis.  Après  le  moment  fatal,  une 
consternation  générale  se  répandait  dans  la  ville. 
Plus  de  trente  mille  personnes  suivirent  le  convoi 
funèbre;  parmi  les  huit  maîtres  de  chapelle  qui 
portaient  le  drap  mortuaire,  on  remarquait  Ey- 
bler,  Wcigl,  Hummel,  Gyrowetz  et  Seyfried. 
Trente-six  artistes,  au  nombre  desquels  étaient 
les  poètes  Grillparzer  et  Castelli,  portaient  des 
flambeaux.  Le  requiem  de  Mozart  fut  exécuté 

(1)  Leflorin  d'Autriche  en  argent  valait  2  francs  74  cen- 
times; mais  le  florin  en  papier  tomba  à  90  cenUmes,  9 
une  certaine  époque. 


310 


BEETHOVEN 


pour  les  obsèques  dans  l'église  des  Augnstins, 
ainsi  qu'un  hymne  de  M.  de  Seyfrii'd.  Les  restes 
du  grand  homme  furent  déposés  au  cimetière  de 
Wahring,  près  de  Vienne,  et  peu  de  temps  après 
un  monument  fut  élevé  sur  sa  tombe. 

On  ne  connaît  que  deux  élèves  formés  par 
Beethoven  :  le  premier  fut  l'archiduc  Rodolphe, 
qui  possédait  un  talent  remarquable  comme  pia- 
niste et  qui  s'est  exercé  avec  quelque  succès 
comme  compositeur;  le  second  est  Ferdinand 
Ries.  Beethoven  était  peu  propre  à  diriger  une 
éducation  musicale;  trop  préoccupé,  trop  impa- 
tient, il  ne  pouvait  suivre  les  progrès  d'un  élève 
dans  un  ordre  méthodique. 

Bien  qu'il  fût  âgé  de  vingt-quatre  ans  lorsqu'il 
publia  les  trios  de  piano,  violon  et  violoncelle, 
qu'il  a  considérés  comme  son  premier  œuvre, 
Beethoven  a  laissé  un  nombre  considérable  d'ou- 
vrages de  tout  genre.  Son  activité  productrice 
pourrait  être  considérée  comme  un  prodige,  si 
l'on  ne  savait  qu'isolé  de  la  société  par  l'accident 
cruel  qui  commença  à  le  priver  de  l'ouie  vers 
1798,  il  a  dû  concentrer  toute  son  existence  dans 
ia  composition.  Le  catalogue  de  ces  productions 
renferme  trente-cinq  sonates  pour  piano  seul, 
treize  œuvres  de  pièces  de  différents  caractères 
pour  cet  instrument,  telles  que  des   andante  , 
fantaisies,    préludes,  romios   et  danses;  vingt 
thèmes  variés  pour  piano  seul  ;  vingt-deux  autres 
thèmes  variés  pour  le  piano,  avec  accompagne- 
ment de  violon,  de  violoncelle  ou  de  flûte;  une 
sonate,  deux  thèmes  variés  et  des  marches  pour 
piano  à  quatre  mains;  dix  sonates  pour  piano 
avec    accompagnement   de   violon,    six    duos 
pour  piano  et  violoncelle  ;  six  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle;  un  trio  pour  piano,  clari- 
nette et  violoncelle;  un   quatuor   pour  piano, 
violon,  viole  et  violoncelle;  un  quintetto  pour 
l)iano,  hautbois,  clarinette,  basson  et  cor  ;  sept 
concertos  pour  le  piano,  le  premier  en  ut,  le 
second  en  si  bémol,  le  troisième  en  ut  mineur, 
le  quatrième  en  ut,  avec  violon,  violoncelle  con- 
certant et  orchestre;  le  cinquième  en  so^  (por- 
tant le  n»  4  des  concertos  pour  piano   seul),  le 
sixième  en  ré  (qui  n'est  que  le  concerto  de  vio- 
lon arrangé),  et  le  dernier  en  mi  bémol  (portant 
le  n»  5  des  concertos  originaux  pour  piano  seul), 
une  fantaisie  pour  piano,  avec  chœur  et  orches- 
tre ;  cinq  trios  pour  violon,  viole  et  violoncelle; 
une  sérénade  pour  violon,  flûte  et  alto  ;  dix -sept 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle  ; 
trois   quintettis  pour  deux  violons ,  deux  altos 
et   violoncelle;  im  septuor  pour  violon,  alto, 
violoncelle,  clarinette,  basson,  cor  et  contrebasse, 
un  sextuor  pour  deux  violons,  alto,  deux  cors 
et  violoncelle;  deux  romances  pour  violon  et 


orchestre,  la  première  en  sol,  la  deuxième  en 
fa;    un  concerto   pour    violon   et   orchestre; 
soixante-quatorze  pièces  pour  le  chant  avec  ac- 
compagnement de  piano,  parmi  lesquelles  on  re- 
marque la  cantate  d'^d^/aide,  V Invitation  à  la 
walse,  des  romances,  des  chansons,  des  airs  à 
boire,  des  canons,  et  le  Cri  de  guerre  de  V Au- 
triche, chant  national  composé  en  1797;  douze 
morceaux  de  chant  pour  une  ou  plusieurs  voix 
avec  orchestre,  dont  une  scène  et  air  :  Ah  !  per- 
fido  ;  le  chant  intitulé  Germania,  trois  suites 
d'airs  écossais,  les  morceaux  de  chant  des  Rui- 
nes d'Athènes  ;  le  trio  Tremate,  empi,  tremate, 
et  un  chant  élégiaque;  deux  messes  à  quatre 
voix,  chœur  et  orchestre,  la  première  en  ^lt  (œu- 
vre 86),  la  seconde  en  ré  (œuvre  123);  l'oratorio 
le  Christ  au  mont  des  OZîyiers;  une  cantate 
dramatique  (/'/jîi^an^  glorieux);  Fidelio,  opéra; 
Egmont,  mélodrame  ;  neuf  symphonies  pour  or- 
chestre, lapremière  &nut  (œuvre21),  la  deuxième 
en  ré  (œuvre  36),  la  troisième  en  mi  bémol  {hé- 
roïque, œuvre  55),  la  quatrième  en  si  bémol 
(œuvre  60),  la  cinquième  en  ut  mineur  (œuvre 
67),  la  sixième  en  fa  {pastorale,  œuvre  68),  la 
septième  en  la  (œuvre  92),  la   huitième  en  Ja 
(œuvre  93),  la  neuvième  en   ré  mineur,   avec 
chœur  (œuvre  125);  la  Victoire  de  Welling- 
ton à  la  bataille  de  Victoria,  symphonie  mili- 
taire à  deux  orchestres  ;  onze  ouvertures  à  grand 
orchestre,  savoir  :  de  Prométhée  (œuvre  43), 
de  Coriolan  {œuvre  62),  d' Egmont  (œuvre  84), 
de  Léonore  (œuvre  87),  de  Fidelio,  des  Ruines 
d'Athènes  (œuvre  113),   Nahmensfeyer  (De  la 
fête  patronale,  œuvre  115),  du  Roi  Étienne{œu- 
vre  117),  Weihe  des  Hauses  (De  la  dédicace  du 
temple,  œuvre  124),  caractéristique  (œuvre  138); 
œuvres  détachées  pour  orchestre,  qui  consistent 
en  deux  menuets,  des  danses  allemandes,  deux 
valses  et  le  ballet  de  Prométhée;  un  trio  pour 
deux  hautbois  et  cor  anglais  (œuvre  60),  un  sex- 
tuor pour  deux  clarinettes,  deux  cors  et  deux 
bassons  ;  et  une  troisième  ouverture  pour  l'opéra 
de  Fidelio,  qui  est  celle  de  Léonore  refaite,  la- 
quelle n'a   été  publiée  qu'après  sa  mort;  une 
pièce  en  harmonie  complète,  un  morceau  pour 
quatre  trombones,    et   une  marche    pour  mu- 
sique militaire.  Quelques  ouvrages  avaient  été 
commencés  |)ar  l'illustre  compositeur  et  n'ont 
pu  être  achevés  avant  sa  mort.  Parmi  ces  frag- 
ments,   on  remarquait  le  plan  d'une  dixième 
symphonie  (un  allegretto  en  mi  bémol,  publié  à 
Vienne,  chez  Artaria,  a  été  peut-être  extrait  de 
cet  ouvrage),  un  octuor  pour  deux  clarinettes, 
deux  hautbois,  deux  cors  et  deux  bassons  ;  une 
harmonica  huit  parties  en  si  bémol,  dont  la  par- 
tition a  été  publiée  chez  Diabelli,  à  Vienne.  Les 


BEETHOVEN 


311 


deux  premiers  morceaux   d'un  quintelto   pour 
deux  violons,  deux  altos  et   violoncelle,  acquis 
par  le  môme  éditeur;  un  rondeau  pour  piano  et 
orciiestre,  Vienne,  Diabelli  ;  trois  quatuors  pour 
piano,  et  quelques  autres  morceaux  moins  im- 
portants. On  a  trouvé  aussi  parmi  les  manuscrits 
de  Beethoven  un  grand  nombre    de  morceaux 
inédits,  la  plupart  écrits  dans    sa  jeunesse  et 
qu'il  avait  condamnés  à  l'oubli.  Les  manuscrits 
autographes  de  ces  compositions  ont  été  acquis 
à  des  prix  très-élevés  après  sa  mort.  Enfin  une 
immense  quantité  d'études  de  Beethoven  sur  le 
contrepoint  et  l'harmonie  a  été  remise  par  leur 
acquéreur,  M.  Haslinger,  à  M.  de  Sejfried,  avec 
toutes  les  notes  que  Beethoven  avait  écrites  sur 
ces  études  ;  l'éditeur  en  a  fait  un  choix  qu'il  a 
publié  sous  ce  titre  :  Ludwig  van  Beethoven's 
Sludien  im  Generalbasse,  Contrapuncte  und 
in  der  Compositmis  Lehre;  Vienne,  T.  Has- 
linger, (831,  l  vol.  in-8°.  L'éditeur  y  a  joint  un 
supplément  qui  contient  une  notice  biographique, 
quelques  anecdotes,  quelques  lettres  de  Beetho- 
ven à  ses  amis,  l'inventaire  de  ses  manuscrits  et 
de  ses  livres,  quelques  poésies  allemandes  dont 
Beethoven  est  l'objet,  le  catalogue  systématique 
de  ses  œuvres  et  quelques  autres  pièces.  L'auteur 
de  ce  Dictionnaire  Biographique  des  Musiciens  a 
donné  une  traduction  française  des  Études  de 
Beethoven,  avec  sa  biographie,  des  notes  criti- 
ques et  une  préface,  sous  te  titre  :  Études  de 
Beethoven,  Traité  d' harmonie  et  de  compo- 
sition, Paris,  Maurice  Schlesinger,  1833,  2  vol. 
grand  in-8°. 

Les  œuvres  de  Beethoven  peuvent  être  classés 
en  plusieurs  catégories  dont  chacune  indique 
«ne  transformation  progressive  de  son  génie. 
D'abord  enthousiaste  admirateur  de  Mozart,  il  ne 
put  échapper  à  l'effet  de  cette  admiration  ;  effet 
qui  se  manifeste  toujours  chez  les  hommes  les 
plus  originaux  et  les  mieux  disposés  pour  l'in- 
vention ;  je  veux  parler  de  cette  imitation  plus 
ou  moins  sensible  des  formes  du  modèle  de  per- 
fection adopté  par  le  jeune  artiste.  L'originalité 
des  idées,  quand  elle  est  accompagnée  de  juge- 
ment et  de  rectitude,  éprouve  le  besoin  de  se 
produire  sous  des  formes  intelligibles.  Or  l'art  de 
créer  des  formes  nouvelles  et  d'une  facile  per- 
ception ne  peut  être  que  le  fruit  de  l'expérience, 
tandis  que  l'aperçu  de  l'idée  n'est  qu'une  produc- 
tion de  l'instinct.  Aucun  ouvrage  durable  ne  ré- 
sultera de  ces  aperçus  instinctifs,  si  la  foi  me  ne 
vient  à  leur  secours,  et,  conséquemment ,  si  l'ex- 
périence ne  les  met  en  valeur.  Si  l'expérience 
propre  n'est  pas  encore  acquise,  il  faut  avoir  re- 
cours à  celle  d'un  maître  ;  c'est  ce  qu'avait  fait 
Mozart  en  prenant  Ch.-Ph.-Em.  Bach  pour  son 


modèle  dans  ses  premières  compositions  pour  le 
piano,  et  Hasse  dans  sa  musique  dramatique; 
c'est  ce  que  fit  à  son  tour  Beellioven ,  en  mar- 
chant sur  les  traces  de  Mozart.  Ainsi,  malgré  l'o- 
riginalité incontestable  des  idées,  les  trios  de 
piano,  violon  et  basse  (œuvre  1  ),  les  sonates  de 
piano  seul  (œuvre  2,7  et  10),  les  sonates  da 
piano  et  violon  (œuvre  12),  les  trios  de  violon, 
viole  et  basse  (œuvres  3 ,  8  et  9  ),  et  les  quatuors 
de  violon  (œuvre  18),  rappellent  dans  les  dispo- 
sitions et  dans  les  formes  le  type  du  style  mozar- 
tiste,  bien  que  diverses  nuances  d'individualité 
plus  prononcée  se  fassent  remarquer  en  avançant 
jusqu'à  l'œuvre  18.  Dans  la  symphonie  en  ut 
(ceuvre  21),  cette  nuance  devient  plus  vive,  k 
scherzo  de  cette  symphonie  est  déjà  de  la  fan- 
taisie pure  de  Beethoven.  Plus  énergiquement 
sentie  encore ,  la  richesse  d'imagination  du  com- 
positeur se  montre  avec  éclat  dans  le  quintetto 
en  ut  pour  violons,  altos  et  basse  (œuvre  29), 
et  dans  les  belles  sonates  de  piano  avec  violon. 
Beethoven  a  élargi  dans  des  proportions  immenses 
la  sonate  de  piano.  Il  y  a  porté  le  génie  de  la 
symphonie,  et  a  fait  de  l'instrument  un  orchestre. 
Parmi  les  sonates  pour  le  piano  seul  ou  avec 
accompagnement  de  violon  les  plus  remarquables 
de  ses  trois  époques,  on  peut  citer,  comme  des 
œuvres  de  la  plus  grande  valeur  :  la  sonate  en  ré 
majeur,  œuvre  10;  les  soadXGS  pathétique  {en  ut 
mineur),  œuvre  13  ;  en  ut  dièse  mineur,  œuvre 
27  ;  en  ré  mineur,  œuvre  31  ;  en  la  majeur,  avec 
violon,  œuvre47  (dédiée à  Kreutzer);  en  ut  ma- 
jeur (piano  .seul),  œuvre  53;  en /a  mineur,  œuvre 
57;  les  Adieux,  en  mi  bémol  majeur,  œuvre 
81;  enfin,  en  si  bémol  majeur,  œuvre  106. 
La  symphonie  en  ré  (œuvre  36)  est  une  compo- 
sition moins  remarquable  par  l'originalité  des 
idées  que  par  le  mérite  de  la  facture,  qui  est  très- 
grand.  C'est  dans  celle  symphonie  qu'on  aperçoit 
pour  la  première  fois  cet  admirable  instinct  des 
dispositions  instrumentales  qui  donna  ensuite 
aux  symphonies  de  Beethoven  un  coloris  si  varié, 
si  vigoureux  et  si  brillant.  Mais  c'est  surtout 
dans  la  troisième  symphonie  (/jéroïg'Me,  œuvre  55) 
que  le  génie  de  l'artiste  se  manifeste  par  le  ca- 
ractère absolu  de  la  création.  Là ,  toute  rémini.s- 
cence  de  formes  antérieuresdisparaît;  le  composi- 
teur estlui;  son  individualité  se  pose  avec  majesté; 
son  œuvre  devient  le  type  d'une  époque  de  l'his- 
toire de  l'art.  Le  temps  où  Beethoven  conçut  le 
plan  de  cet  ouvrage  remontée  1804.  Il  était  cer-- 
tainemenl  bon  Allemand  et  attaché  de  cœur  an 
gouvernement  de  l'Autriche  ;  mais  comme  poêle, 
comme  homme  d'imagination ,  il  n'avait  pu  s'em- 
pêcher d'admirer  le  génie  de  Napoléon  ;  il  se  l'était 
représenté  comme  un  héros  républicain,  et  la 


313 


BEETHOVEN 


puissance  réunie  en  lui  au  désintéressement ,  à 
l'amour  pur  de  la  patrie  et  de  la  liberté,  en  fai- 
saient à  ses  yeux  l'homme  modèle  des  temps 
modernes.  C'est  dans  ces  dispositions  qu'on  as- 
sure qu'il  commença  à  écrire  sa  symplionie  hé- 
roïque; il  était  décidé  à  lui  donner  le  nom  de 
Bonaparte,  quelque  danger  ([u'il  y  eût  à  le  faire 
dans  un  pays  où  ce  nom  devait  rappeler  des  temps 
d'humiliation.  Il  voulait  la  dédier  au  premier 
consul  de  la  république  française  :  déjà  sa  déiiicace 
était  écrite.  On  dit  encore  que  le  second  morceau 
decetouvrageétaitacbevé.etqu'iin'élaitautreque 
le  colossal  début  du  dernier  mouvement  de  la 
symphonie  en  ut  mineur,  quand  un  de  ses  amis 
entrant  un  jour  dans  le  cabinet  de  Beethoven,  et 
tenant  un  journal  à  la  main ,  lui  annonça  que  le 
premier  consul  venait  de  se  faire  nommer  empe- 
reur. Stupéfait,  Beethoven  garda  le  silence,  puis 
il  s'écria  :  «  Allons,  c'est  un  ambitieux  comme 
tous  les  autres.  »  Il  prit  sa  partition,  en  déchira 
la  première  page  et  la  jeta  à  terre.  Sa  pensée 
changea  alors  de  direction  :  à  l'héroïque  mouve- 
ment, il  substitua  la  marche  funèbre  qui  forme 
aujourd'hui  le  second  morceau  de  sa  symphonie, 
et  au  lieu  de  la  simple  inscription  de  son  ouvrage, 
^o«a;)arie,  il  mit  celle-ci  :  Sivfonia  eroïca per 
festeggiare  il  sovvenire  dhin  grand  uomo.  Son 
héros  lui  semblait  déjà  descendu  dans  la  tombe; 
au  lieu  d'un  hymne  de  gloire,  il  avait  besoin  d'un 
chant  de  deuil.  Le  grand  morceau  en  ut  fit  peu 
de  temps  après  naître  dans  la  tète  de  Beethoven 
le  projet  de  sa  symphonie  en  ut  mineur. 

La  seconde  époque  de  Beethoven ,  qui  se 
marqua  si  bien  par  la  symphonie  héroïque ,  ren- 
ferme une  période  d'environ  dix  ans ,  pendant 
laquelle  il  écrivit,  outre  cet  ouvrage,  les  sym- 
phonies en  si  bémol,  en  tit  mineur,  et  pastorale, 
les  beaux  quatuors  de  l'œuvre  59,  l'opéra  de  Fi- 
delio,  l'ouverture  de  Coriolan,  les  belles  sonates 
de  piano  en/o  mineur,  en  fa  dièse  et  en  mi  mi- 
neur, les  concertos  de  piano  en  ut,  en  50/  et  en 
mi  bémol,  le  concerto  de  violon ,  le  sextuor  pour 
deux  violons,  alto,  deux  cors  et  violoncelle,  et 
la  première  messe.  Tout  cela  est,  en  général, 
fondé  sur  une  fantaisie  libre  et  pleine  de  har- 
diesse ,  mais  renfermée  dans  les  bornes  fixées  par 
le  goût,  par  un  vrai  sentiment  d'analogie  dans 
l'harmonie ,  et  par  le  besoin  de  netteté  dans  la 
pensée.  A  la  même  époque  appartient  aussi  l'ora- 
torio du  Christ  au  mont  des  Oliviers;  mais  une 
sorte  de  gêne  qui  se  fit  souvent  sentir  dans  les 
compositions  vocales  de  Beethoven,  quand  il 
voulait  employer  les  formes  scientifiques,  a  jeté 
sur  cet  ouvrage  je  ne  sais  quelle  teinte  de  froi- 
deur qui  nuit  à  son  mérite,  malgré  les  belles  idées 
qui  p'y  trouvent  répandues.  M.  Oiilibichclf,  dans 


son  livre  intitulé  Beethoven,  ses  critiques  et  ses 
glossateurs  ,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  recon- 
naît (p.  10.i)  que  je  suis  le  premier  qui  ait  si- 
gnalé les  transformations  du  style  de  Beethoven 
et  divisé  la  totalité  de  son  œuvre  en  trois  classes 
de  productions  (dans  la  première  édition  de  la 
Biographie  universelle  des  mtisiciens).  H  ajoute 
(p.  106)  :  «  Ses  trois  manières  ,  comparées  entre 
«  elles,  laissent  bien  apercevoir  un  genre  de  snc- 
rt  cession  qui  constate  leur  réalité  ,  au  point  de 
«  vue  de  M.  Fétis  ;  mais  un  examen  attentif  nous 
«  prouve  également  que  ces  trois  systèmes  de 
n  composition,  qui  au  fond  se  réduisent  à  deux 
«  (M.  Oulibicheff  confond  dans  la  môme  impro- 
«  bation  le  second  et  le  troisième),  ne  s'excluaient 
«  nullement  dans  l'esprit  de  Beethoven,  puisqu'il 
«  les  a  employés  et  mêlés  à  toutes  les  époques  de 
«  sa  carrière  d'artiste  ;  mais  dans  une  proportion 
«  de  plus  en  plus  inégale.  »  A  cette  observation 
critique,  il  y  a  une  réponse  dont  la  vérité  est 
saisissante  :  c'est  que  le  génie  d'un  artiste ,  ses 
penchants  et  ses  habitudes  ne  se  transforment  pas 
à  tel  jour  donné,  de  tellesorte  que  dans  le  présent 
il  ne  reste  rien' du  passé.  C'est  par  degrés  (pie  le 
changement  s'opère  dans  la  direction  des  idées  et 
dans  le  style.  Au  surplus,  j'ai  établi  suffisam- 
ment, je  crois,  dans  les  paragraphes  suivant-; 
les  caiîses  qui  ont  produit  la  dernière  manière 
de  l'illustre  artiste. 

Il  paraît  que  l'habitation  de  Beethoven  à  la 
campagne  fut  plus  constante  après  1811  qu'au- 
paravant ,  et  qu'à  cette  époque  il  se  livra  dans  s(", 
promenade»  solitaires,  ou  dans  le  silence  de  son 
cabinet,  à  des  études  historiques  et  philosophiques 
qu'il  n'avait  qu'ébauchées  jusque-là.  Ses  lectures 
devinrent  fréquentes ,  et  chaque  jour  il  conçut 
davantage  la  nécessité  de  se  renfermer,  comme 
artiste,  dans  une  disposition  d'idéalité  indépen- 
dante de  toute  communication  extérieure.  Insen- 
siblement, et  sans  qu'il  s'en  aperçût,  ses  études 
donnèrent  à  ses  idées  une  légère  teinte  de  mys- 
ticisme qui  se  répandit  jusque  sur  ses  ouvrages, 
comme  on  peut  le  voir  par  ses  derniers  quatuors. 
Sans  qu'il  y  prît  garde  aussi,  son  originalité  perdit 
quelque  chose  de  .sa  spontanéité  en  devenant  sys- 
tématique; les  bornes  dans  lesquelles  il  l'avait 
retenue  jusqu'alors  furent  renversées.  Les  redites 
des  mêmes  pensées  furent  poussées  jusqu'à  l'ex- 
cès; le  développement  du  sujet  qu'il  avait  choisi 
alla  quelquefois  jusqu'à  la  divagation  ;  la  pensée 
mélodique  devint  moins  nette,  à  mesure  qu'elle 
était  plus  rêveuse  ;  l'harmonie  fut  empreinte  de 
plus  de  dureté  et  sembla,  de  jour  en  jour,  té- 
moigner de  l'affaiblissement  de  la  mémoire  des 
sons;  enfin,  Beethoven  affecta  de  trouver  des 
formes  nouvelles,  moins  par  l'effet  d'une  sou- 


BEETHOVEN 


313 


(laine  inspiralion,  que  pour  satisfaire  aux  con- 
ditions d'un  plan  médité.  Les  ouvrages  faits 
dans  cette  direction  des  idées  de  l'artiste  com- 
posent la  troisième  période  de  sa  vie,  et  sa 
dernière  manière.  Cette  manière  se  fait  déjà 
remariuer  dans  la  symphonie  en  la,  dans  le 
trio  (le  piano  en  si  bémol  (œuvre  97),  et  dans  les 
cinq  dernières  sonates  de  piano,  beaux  ouvrages 
ou  la  somme  des  qualités  l'emporte  sur  les  dé- 
fauts; elle  arrive  à  son  dernier  terme  dans  la 
grande  messe  en  ré,  dans  les  dernières  ouver- 
tures, dans  la  symphonie  av^c  chœur,  et  surtout 
dans  les  quatuors  de  violon  (œuvres  127,  130, 
131,  132  et  135). 

Ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  les  productions  de 
Beethoven  se  partagent  en  trois  classes  qui  mar- 
quent autant  de  directions  particulières  de  son 
esprit.  Beethoven  n'estimait  pas  les  ouvrages  de 
la  première;  il  n'aimait  pas  qu'on  en  parlât  avec 
éloge,  et  croyait  de  bonne  foi  que  ceux  qui  les 
vantaient  étaient  des  ennemis  qui  n'agissaient 
ainsi  que  dans  le  dessein  de  déprécier  les  autres. 
Une  telle  disposition  d'esprit  n'est  pas  sans 
exemple  parmi  les  grands  artistes ,  quand  ils  s'é- 
loignent de  la  jeunesse.  Nonobstant  son  oi)inion 
à  cet  égard ,  il  n'en  est  pas  moins  viai  que  beau- 
coup d'ouvrages  appartenant  à  la  première  pé- 
riodede  la  vie  artistique  de  Beethoven  renlèrment 
d'admirables  beautés.  Les  compositions  de  la 
seconde  période  sont  celles  où  le  grand  musicien 
a  montré  la  plus  grande  force  d'invention  réunie 
à  la  connaissance  la  plus  étendue  des  belles  formes 
de  l'art.  Cette  période  s'étend  depuis  l'œuvre  55 
jusqu'à  l'œuvre  92.  Au  commencement  de  la 
troisième  période,  sa  pensée  éprouva  une  der- 
nière transformation,  qui  alla  se  développant  de 
plus  en  plus  jusqu'à  son  dernier  ouvrage.  Plus  il 
avançait  dans  cette  nouvelle  carrière,  pins  il 
cherchait  à  faire  entrer  dans  son  art  des  choses 
qui  sont  hors  de  son  domaine,  et  plus  le  souve- 
nir de  l'objet  intime  de  cet  art  s'affaiblissait  en 
lui.  L'analyse  que  j'ai  faite  avec  soin  des  œu- 
vres 127  à  135,  m'a  démontré  que  dans  ces 
dernières  productions ,  les  nécessités  de  l'harmo- 
nie s'effaçaient  dans  sa  pensée  devant  des  con- 
sidérations d'une  autre  nature.  On  le  lui  a  re- 
proché quelquefois  vers  la  fin  de  sa  vie  dans  des 
critiques  qui  parvenaient  jusqu'à  lui  ;  on  dit  qu'a- 
lors il  s'écriait  en  se  frottant  les  mains  :  «  Oui, 
«oui,  ils  s'étonnent  et  n'y  comprennent  rien, 
«  parce  qu'ils  n'ont  pas  trouvé  cela  dans  un  livre 
«  de  basse  générale!  »  Dans  un  autre  temps,  il 
défendait  avec  énergie  les  doctrines  de  ces  livres 
d'école  ;  car  ses  études  sont  remplies  d'expressions 
de  confiance  dans  les  règles  qu'on  y  trouve.  Ces 
deux  opinions  si  différentes  représentent  deux 


systèmes  contraires,  et  renferment  toute  l'histoire 
de  la  transformation  du  génie  de  Beethoven. 
M.  Oulibicbeff,  dont  le  goût  se  révoltait  contre 
les  productions  de  cette  dernière  période  de  l;i 
vie  du  grand  artiste,  et  qui  fait,  dans  son  livre, 
une  analyse  juste  ,  mais  dure,  de  certains  pas- 
sages, n'hésite  pas  à  donner  une  autre  cause  aux 
égarements  de  son  génie  :  suivant  lui,  ils  provien- 
nent uniquement  de  l'affaiblissement  de  ses  fa- 
cultés ,  occasionné  par  des  chagrins  domesti- 
ques et  des  préocupations  d'affaires  qui  avaien 
porté  chez  lui  jusqu'à  l'excès  l'agitation  nerveuse. 
Une  craint  pas  de  déclarer  Beethoven  tombé  sou.». 
l'empire  d'une  hallucination.  Dans  le  récit  fait 
par  Rellstabt  de  Berlin,  d'une  visite  qu'il  fit  à 
cet  homme  extraordinaire  dans  ses  dernières 
années,  il  exprime  aussi  l'opinion  que  sa  puis- 
sante organisation  avait  reçu  de  graves  atteintes 
et  n'était  plus  que  la  dégénération  de  son  état 
primitif. 

Ce  qui  distingue  les  compositions  de  ce  grand 
homme,  c'est  la  spontanéité  des  épisodes  par 
lesquels  il  suspend  dans  ses  beaux  ouvrages  l'in- 
térêt qu'il  a  fait  naître,  pour  lui  en  substituer  un 
autre  aussi  vif  qu'inattendu.  Cet  art  lui  est  par- 
ticulier, et  c'est  à  lui  qu'il  est  redevable  de  ses 
plus  beaux  succès.  Étrangers  en  apparence  à  la 
pensée  première ,  ces  épisodes  occupent  d'abord 
l'attention  parleur  originalité  ;  puis,  quand  l'effet 
de  la  surprise  commence  à  s'affaiblir,  le  compo- 
siteur sait  les  rattacher  à  l'unité  de  son  plan,  et 
fait  voir  que,  dans  l'ensemble  de  sa  composition, 
la  variété  est  dépendante  de  l'unité.  Beethoven 
joignait  à  cette  rare  qualité  le  sentiment  intime 
de  l'effet  d'une  instrumentation  qui  ne  ressemble 
à  celle  d'aucun  autre  auteur.  Personne  n'a  pos- 
sédé aussi  bien  que  lui  l'art  de  remplir  l'or- 
chestre et  d'opposer  des  sonorités  à  d'autres 
sonoiités.  De  là  vient  que  l'effet  de  ses  grands 
ouvrages  surpasse  en  puissance  tout  ce  qu'on 
avait  fait  avant  lui. 

Quelle  que  soit  la  divergence  d'opinions  sur 
les  ouvrages  des  diverses  périodes  de  la  vie  de 
Beethoven ,  il  est  un  point  sur  lequel  tout  le 
monde  sera  éternellement  d'accord  :  c'est  que 
l'auteur  de  ces  ouvrages  mérite  d'être  compté  au 
nombre  des  plus  grands  artistes  et  de  ceux  qui 
par  leur  talent  ont  le  plus  contribué  au  dévelop- 
pement de  leur  art.  Il  eut  un  de  ces  rares  gé- 
nies qui  dominent  toute  une  époque  et  lui  im- 
priment (me  direction  caractéristique  dans  l'art 
qu'ils  cultivent.  La  grandeur,  la  force  poétique  sont 
ses  attributs.  Il  n'eut  pas  comme  Mozart  l'abon- 
dance d'idées  qui  déborde  de  toutes  parts;  sa 
pensée  s'élaborait  lentement,  laborieusement,  »»t 
ses  thèmes,  même  ceux  qui  se  présentent  saus 


314 


BEETHOVEN 


l'aspect  le  plus  simple  et  le  plus  naturel,  étaient 
souvent  remaniés  par  lui  avant  qu'il  s'arrêtât  à 
leur  fornae  définitive  ;  mais  lorsqu'il  était  fixé  , 
tout  l'ensemble  de  la  composition  était  saisi  par 
sa  puissante  intelligence.  Un  des  exemples  les 
plus  remarquables  de  ses  longues  méditations 
dans  le  travail  d'enfantement  d'un  thème  auquel 
il  se  proposait  de  donner  de  grands  développe- 
ments est  celui  de  la  mélodie  principale  du  grand 
finale  de  la  neuvième  symphonie  (avec  chœur). 
Il  fit ,  défit  et  refit  plusieurs  fois  les  phrases  de 
ce  chant  et  bien  des  journées  s'écoulèrent  avant 
qu'il  l'eût  arrêté  définitivement.  Enfin ,  il  s'écria 
avec  enthousiasme  :  Je  Vax!  je  Vaïl  Cependant 
celte  mélodie  qui  lui  causait  ces  transports  de 
joie  est  assez  vulgaire;  mais  il  la  considérait 
moins  au  point  de  vue  musical  qu'à  celui  du  sen- 
timent qu'il  voulait  exprimer.  Il  y  avait  dans  sa 
préocupation  à  ce  sujet  plus  de  rêverie  allemande 
que  de  conception  esthétique. 

Les  numéros  des  œuvres  de  Beethoven  ne  re- 
présentent pas  toujours  l'ordre  dans  lequel  ils 
ont  été  composés  :  il  est  plusieurs  de  ses  ou- 
vrages qu'il  a  gardés  longtemps  en  portefeuille, 
tandis  que  d'autres  écrits  à  des  époques  posté- 
rieures étaient  publiés.  Souvent  aussi  il  a  négligé 
d'indiquer  sur  ses  manuscrits  les  numéros  d'or- 
dre sous  lesquels  il  voulaitqu'ils  fussent  publiés: 
dans  ce  cas,  les  éditeurs  se  chargeaient  de  ce 
soin  et  tombaient  dans  des  erreurs  considérables; 
car  il  arriva  plusieurs  fois  qu'on  plaça  le  même 
chiffre  sur  deux  œuvres  diflérents,  ou  qu'on 
laissa  des  lacunes  dans  leur  série.  D'ailleurs, 
Beethoven  écrivit  plusieurs  de  ses  ouvrages 
pour  des  amateurs  qui  désiraient  en  avoir  le 
manuscrit  de  sa  main,  et  les  copies  qu'il  en  fai- 
sait faire  ne  portaient  pas  d'indication  pour  les 
«lasser  :  après  plusieurs  années  lui-même  ne  se 
souvenait  plus  de  l'ordre  dans  lequel  il  les  avait 
produits.  On  a  rectifié  par  la  suite  une  partie  des 
«rreursqui  avaient  été  commises  originairement, 
et  le  catalogue  des  compositions  de  ce  grand  ar- 
tiste a  été  arrêté  définitivement  dans  l'ordre 
suivant  : 

OEUVRES  NUMÉBOTÉS  : 

Op.  1.  Trois  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle 
(en  mi  bémol,  en  sol,  en  ut  mineur),  dé- 
diés à  la  princesse  Lichnowski. 

—  2.  Trois  sonates  pour  piano  (en  fa  mineur,   en 

la,  en  ul),  dédiées  à  Haydn. 

—  3.  Grand  trio  (en  mi  bémol)  pour  violon,  alto 

et  violoncelle. 

—  k.  Quintette  (en  mi  bémol)  pour  deux  violons, 

deux  altos  et  violoncelle. 
=-      3.  Deux  grandes  sonates  (en /<2  et  soZ  mineur) 
pour  piano  et  violoncelle ,  dédiées  au  roi 
de  Prusse,  Frédéric-Guillaume  IL 


-     W 


—     12, 


t3. 


Op.      6.  Sonate  facile  (en  re  majeur)  pour  piano  à 
quatre  mains. 

—  7.  Grande  sonate  (en  mi  bémol)  pour  piano, 

dédiée  à  Babette  de  Keglevics. 

—  8.  Sérénade  (en  ré  majeur)  pour  violon,  alto  et 

violoncelle. 

—  9.  Trois  trios  (en  sol,  ré  et  ut  mineur)  pour  vio- 

lon, alto  et  violoncelle,  dédiés  au  comte  de 
Browne. 

—  tO.  Trois  sonates  (en  nt  mineur,  fa  et  ré)  pour 

piano,  dédiées  à  la  comtesse  de  Browne. 
Grand  trio  pour  piano,  clarinette  et  violon- 
celle (en  si  bémol),  dédié  à  la  comtesse  de 
Thun. 
Trois  sonates  pour  piano  (en  ré,  la  et  mi 

bémol)  dédiées  à  Salieri. 
Sonate  (pathétique)  pour  piano  (en  ut  mi- 
neur"!, dédiée  au  prince  Lichnowski. 
14.  Deux  sonates  pour  piano  (en  mi  majeur,  en 

sol),  dédiées  à  la  baronne  de  Braun. 
13.  le'  Concerto  pour  piano  (en  vt)   avec  or- 
chestre, dédié  à  la  princesse  Odescalchi, 
née  comtesse  Keglevics  (Babette). 

16.  Grand  quintette  (en  mi  bémol)  pour  piano, 
hautbois,  clarinette,  cor  et  basson. 

17.  Sonate  (en  fa)  pour  piano  et  cor. 
1«.  Six  quatuors  (en /ff,  sol,  ré,  vt  mineur,  la 

et  si  bémol)  pour  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle, dédiés  au  prince  de  Lobkowitz. 

19.  2ini=  concerto  (en  si  bémol)  pour  piano  et 
orchestre,  dédié  à  M.  de  Nikelsberg. 

20.  Septuor  (en  »««  bémol)  pour  violon,  alto, 
cor  ,  clarinette  ,  basson  ,  violoncelle  et 
contrebasse. 

1"  grande  symphonie  (en  «<)  pour  l'orches- 
tre. 

Grande  sonate  pour  piano  (en  si  bémol), 
dédiée  au  comte  de  Browne. 

Sonate  (en  la  mineur)  pour  piano  et  vio- 
lon, dédiée  au  comte  de  Pries. 

—  24.  Sonate  (en  fa)  pour  piano  et  violon. 

—  23.  Sérénade  (en  ré]  pour  flûte,  violon  et  alto. 

—  26.  Grande  sonate  pour  piano  (en  la  bémol), 

dédiée  au  prince  Lichnowski. 

—  27.  Deux  sonates  [quasi  fantasia)  pour  piano 

(en  mi  bémol  et  u(  dièse  mineur)  dédiées 
à  la  princesse  Lichtenstein. 

—  28.  Grande  sonate  (Pastorale)  pour  piano  (en 

ré),  dédiée  à  M.  de  Sonneufels. 

—  29.  Quintette  (en  ut)  pour  deux  violons,  deux 

altos  et  violoncelle,  dédié  au  comte  de 
Pries. 

Sous  le  même  numéro,  Artaria  de  Vienne  a 
publié  un  trio  pour  violon,  allô  et  violoncelle, 
mais  ce  n'est  qu'un  arrangement  du  quintette.   , 

Op.  30.  Trois  sonates  (eu  la,  vt  mineur  et  sol)  pour 
piano  et  violon,  dédiées  à  l'empereur 
Alexandre. 

—  31.  Trois  sonates  pour  piano  (en  sol,  ré  mineur 

et  mi  bémol),  dédiée  à  la  comtesse  de 
Browne. 


—    21 


—    22 


23 


BEETHOVEN 


315 


Op.  32.  Six  cantiques  de  Gellert  pour  voix  seule  et 
piano). 

—  33.  Bagatelles  (7  pièces  pour  piano). 

—  34.  Six  variations  sur  un  tliùiiie  original  pour 

piano  [en fa),  dédiées  à  la  princesse  Odes- 
chalchi. 

—  33.  Quinze  variations  avec   une  fugue  (en   mi 

bémol)  pour  piano,    dédiées  au    comte 
Lichnowski. 

—  36.  2me  symphonie  (en  ré)  pour  l'orchestre. 

—  37.  3nie  concerto  (en  ut  mineur)  pour  piano  et 

orchestre,  dédié  au  prince  Louis-Ferdinand 
de  Prusse. 

—  38.  Grand  trio  (en  mi  bémol)  pour  piano,  cla- 

rinette et  violoncelle,  arrangé  par  Beelho- 
ven  d'après  son  septuor  œuvre  20. 

—  39.  Deux  préludes  passant  dans  les  12  tons  ma- 

jeurs et  mineurs,  pour  piano  ou  orgue. 

—  40.  Romance  (en  sul)  pour  violon  et  orchestre. 

—  41.  Sérénade  (en  rc)  pour  piano  et  flûte,  arrangée 

par  Beethoven  d'après  la  Sérénade  œu- 
vre 23. 

—  42.  Nocturne  (en  ré]  pour  piano  et  alto,  arrangé 

par  Beethoven  d'après  sa  Sérénade  œuvre  8. 

—  43.  Les  Créations  de  Prométhée,  ballet. 

—  44.  Quatorze  variations  (en  mi  bémol),    pour 

piano,  violon  et  violoncelle. 

—  43.  Trois  grandes  marches  pour  piano  à  quatre 

•     mains  ;en  lit,  mi  bémol  et  ré). 

—  46.  Adélaïde  (poërae  de  Matthison)  à  voix  seule 

et  piano. 

—  47.  Sonate  (en  la)  pour  piano  et  violon  {sa  illa 

in  uiio  slilo  molto  concertante ,  quasi 
corne  d'un  concerto),  dédiée  à  Kreutzer. 

—  48.  Scène  et  air,   ahl  perjido,  pour  soprano  et 

orchestre. 

—  49.  Ueux  sonates  faciles  pour  piano  (en  «o^  mi- 

neur et  rc). 

—  30.  Romance  (en  fa)  pour  violon  et  orchestre . 

—  31.  Deux  rondos  pour  piano  (en  ut  et  en  sol). 

—  32.  Huit  cliants  ou  Lieder  à  voix  seule  avec  ac- 

compagnement de  piano. 

—  53.    Grande  sonate  pour  piano  (en  «0.  dédiée  au 

comte  de  WaUlstein. 

—  54.  Sonate  pour  le  piano  (en  fa). 

—  33.  Troisième  s>Tnphonie  (en  mi  bémol)  pour  or- 

chestre {Sinfonia  eroica  comp  ista  pcr  fes- 
leggiare  il  sovvenirc  d'un  grand'uomo), 
dédiée  au  prince  de  Lobkowitz. 

—  5G.  Concerto  (en  vt)  pour  piano,  violon  et  vio- 

loncelle, avec  orchestre. 

—  5".  Grande  sonate  pour  piano   {appassionata, 

en  fa  mineur),  dédiée  au  comte  de  Bruns- 
wick. 

—  38.  Quatrième  concerto  (en  sol)  pour  piano  et 

orchestre,  dédié  à  l'archiduc  Rodolphe.      < 

—  39.  Trois  grands  quatuors  (en /a,  mi  mineur  et 

vt)  jjour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
dédiés  au  comte  Rasoumowsky. 

—  60.  Quatrième  symphonie  pour  l'orchestre   (en 

si  bémol).  / 

—  61    Concerto  (en  re)  pour  violon  et  orchestre, 

dédié  à  son  ami  de  Breuning. 


Op.  62.  Ouverture  de  la  tragédie  de  Coriolan  (en  ut 

mineur),  à  grand  orchestre. 
-    63.  Grande  sonate  (en  mi  bémol),  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  arrangée  par  Beetho- 
ven d'après  le  quintette  œuvre  4. 

—  64.  Grande  sonate  (en  mi  bémol),  pour  piano  et 

violoncelle,  arrangée  par  Beethoven  d'après 
le  trio  œuvre  3. 

—  63.  Scène  et  air  (.:/A.'  perfide),   pour  soprano 

et  orchestre,  arrangée  pour  piano. 

—  66.  Douze  variations  (en /a),  pour  piano  et  vio- 

loncelle. 

—  67.  Cinquième  symphonie  (en  ut  mineur)  pour 

l'orchestre. 

—  68.  Sixième  symphonie  (Pasforoie,  en /a)  pour 

l'orchestre. 

—  69.  Grande  sonate  (en  la)  pour  piano  et  violon- 

celle. 

—  70.  Deux  trios   (en  ré  et  en  mi  bémol)  pour 

piano,  violon  et  violoncelle. 

—  71.  Sextuor  (en  j?!i  bémol)  pour  deux  clarinettes, 

deux  cors  et  deux  bassons. 

—  72.  Léonore  {Fidelio),  opéra  en  deux  actes. 

— -  73.  Cinquième  concerto  (en  nu  bémol)  pour  pia- 
no et  violon,  dédié  à  l'archiduc  Rodol- 
phe. 

—  74.  Quatuor  (en  mi  bémol)  pour  deux  violons, 

alto  et  basse,  dédié  au  prince  de  Lobkowitz 
(n»  10). 

—  73.  Six  chants  de  Grethe  à  voix  seule  avec  ac- 

compagnement de  piano ,  dédiés  à  la  prin- 
cesse de  Kinski. 

—  76.   Variations   (en  ré  majeur)  pour  piano. 

—  77.    Fantaisie  (en  so/ mineur)  pour  piano,  dédiée 

au  comte  de  Brunswick. 

—  78.  Sonate  (en /a  dièse  majeur)  pour  piano,  dé- 

diée à  la  comtesse  de  Brunswick. 

—  79.  Petite  sonate  (en  sol]  pour  piano. 

—  80.  Fantaisie  (en  vl  mineur)  pour  piano,  chœur 

et  orchestre,   dédiée  au  roi  de   Bavière 
Maximilien- Joseph. 

—  81.  Sonate  caractéristique   (en  mi  bémol),  les 

Adieux,  l'absence  et  le  retour,  pour  piano 
dédiée  à  l'archiduc  Rodolphe. 

—  81  bis.  Sextuor  (en  mi  bémol)  pour  deux  violons, 

alto,  violoncelle  et  deux  cors  obligés. 

—  82.  Quatre  ariettes  et  un  duo  (en  italien  et  en 

allemand), avec  accompagnement  de  piano, 

—  83.  Trois  chants  de  Grelho  à  voix  seule,  avec  ac- 

compagnement de  piano,  dédiés  à  la  prin- 
cesse de  Kinski. 

—  84.  Ouverture  et  entr'actes  pour  l'Egmont  de 

Gœthe,  a  grand  orchestre. 

—  83.  Le  Christ  au  mont  des  Oliviers,  oratorio 

pour  voix  seule,  chœur  et  orchestre. 

—  86.  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre,  dédiée  au 

prince  de  Kinski. 

—  87.  Trio  (en  ut)  pour  deux  hautbois  et  cor  an- 

glais, publié  aussi  comme  œuvre  33. 

—  88.  Das  Gluck  der  Freundschaft  (Le  bonheur 

de  l'amitié),  chant. 

—  89.  Polonaise  (en  ut)  pourpiano,  dédiée  à  l'im- 

pératrice de  Russie  Élisabeth-Alexiowna. 


316 


BEETHOVEN 


op.  90,  Sonate  (en  mi  bémol)  pour  piano,  dédiée  au 
comte  Lichnowsky. 

—  91.  La  Fictoire  de  fFelUngton,  ou  la  bataille 

de  Fictoria  pour  orcheslre,  décliéeau  prince 
régent  d'Angleterre  (George  III.) 

—  92.  Septième  symphonie  (en  la)  pour  l'orchestre. 

—  93.  Huitième  symphonie  (en  fa]  pour  l'orchestre. 

—  94.  Jn  die  Hoffiuing  (A  l'Espérance),  tirée  de 

VUrania  de  Tiedgc,  pour  voix  seule  avec 
piano,  dédiée  à  la  princesse  de  Kinski. 

—  93.  Quatuor  (en /a  mineur)  pour  deux  violons, 

alto  et  violoncelle  (n°  I  f). 

—  96.  Sonate  (en  sol)  pour  piano  et  violon,  dédiée 

à  l'archiduc  Uodolphe. 

—  97.  Grand  trio  (en  si  bémol)  pour  piano,  violon 

et  violoncelle,  dédié  au  même  prince. 

—  98.  An  die  fcrnc  Geliehte  (A  l'Amie  absente), 

pour  voix  seule  et  piano. 

—  9a.  Der  Mann  vom  îForl  [L'Homme,  àe^idxolQ) y 

poème  de  Rleinschmidt,  pour  voix  seule 
avec  piano. 

—  100.  Merkenstein  (château  près  de  Baden),  bal- 

lade à  voix  seule  ou  deux  voix  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

—  101.  Sonate  (en  la  majeur)  pour  piano. 

—  102.  Deux  sonates  (en  nt,  en  ré)  pour  piano  et 

violoncelle  ,  dédiées  à  la  comtesse  Marie 
d'Erdœdy. 

—  103.  Grand  octuor  (en  mi  bémol)  pour  deux  cla- 

rinettes, deux  hautbois,  deux  cors  et  deux 
bassons,  arrangé  par  Beethoven  d'après  le 
quintette  œuvre  4. 

—  104.  Quintette  (  en  tit  mineur)  pour  deux  vio- 

lons, deux  altos  et  violoncelle,  arrangé 
par  Beethoven,  d'après  le  troisième  trio 
de  l'œuvre  l^'. 

—  103.  Six  thèmes  variés  pour  le  piano,  avec  vio- 

lon ou  flûte  à  volonté,  en  deux  suites. 

—  106.  Grande  sonate  (en  si  bémol)  pour  piano,  dé- 

diée à  l'archiduc  Rodolphe. 

—  107.  Dix  thèmes  variés  pour  piano  avec  violon 

ou  flûte  à  volonté,  en  cinq  suites. 

—  108.  Vingt-cinq  chansons  écossaises  (avec  texte 

allemand  et  anglais),  à  voix  seule  avec  ac- 
compagnement de  piano,  violon  et  violon- 
celle obligés.  (Ces  airs  ont  été  arrangés 
pour  la  collection  de  Thompson.) 

—  109.  Sonate  (en  mi  majeur)  pour  piano. 

—  110.  Sonate  (en  la  bémol),  idem.  , 

—  11).  Sonate  (en  ul  mineur),  idem,  dédiée  à  l'ar- 

chiduc Rodolphe. 

—  112.  Meeresiille  vnd  glûcldiche   Fa/ir<(  Calme 

de  la  mer  et  heuieuse  navigation),  poëme 
de  Gœthe,  à  quatre  voix  et  orchestre. 

—  113  et  114.  Z-es /??<;«<;'«  d'^^/(c/(es,  divertissement 

final  avec  chœur,  chant  et  orchestre  pour 
l'ouverture  du  théâtre  de  Pesth  en  1812. 
L'ouverture  a  été  publiée  comme  œuvre 
113,  et  la  marche  avec  chœur  comme  œu- 
vre H  4. 

—  113.  Grande  ouverture  (enwfl,  pour  orchestre, 

dédiée  au  prince  Radziwill. 

—  416.  Trio  {Trcmale,  cmpi,   trcmate)  pour  so- 


prano, ténor  et  basse  avec  accompagne- 
ment d'orchestre. 
Op.  H7.  Ouverture  du  prologue  le  Roi  Etienne  (en 
mi  bémol) ,  composée  pour  l'ouverture  du 
théâtre  de  Pcsth,  à  grand  orchestre. 

—  118.  Chant  élégiaque  à  quatre  voix  avec  accom- 

pagnement de  deux  violons,  alto  et  vio- 
loncelle ou  piano. 

—  119.  Douze  bagatelles  nouvelles  pour  piano. 

—  120.  33  variations  sur  une  valse  de  Diabelli  (en 

nt)  pour  piano. 

—  121.  Adagio,^  variations  et  rondo  (en  «oi)  pour 

piano.  ' 

—  121  bis.  Opferlied  (cantique)  de  Matthison  à  voix 

seule,  avec  chœur  et  orchestre. 

—  122.  Bundeslied  (chant  de  fédération)  de  Gœthe, 

pour  deux  voix  solos,  chœur  à  trois  voix, 
avec  accompagnement  de  deux  clarinettes, 
deux  cors  et  deux  bassons. 

—  123.  2me  messe  solennelle  (en  ire),  pour  quatre 

voix  solos,  chœur  et  orchestre. 

—  124.  Ouverture  de  fête  (en  ut)  pour  l'orchestre, 

dédiée  au  prince  Nicolas  de  Galitzin. 

—  123.  Neuvième  symphonie,  avec  chœur  (enre  mi- 

neur) ,  sur  l'ode  de  Schiller,  An  die  Freunde, 
dédiée  au  roi  de  Prusse  Frédéric-Guil- 
laume III. 

—  126.  Six  bagatelles  pour  piano. 

—  127.  Quatuor  (en  mi  bémol)  pour  deux  violons, 

alto  et  violoncelle,  dédié  au  prince  Nicolas 
Galitzin  (n»  12). 

—  128.  Der  Kiiss  (Le  Baiser),  ariette  à  voix  seule 

avec  piano. 

—  129.  Rondo  a   capricio   (en    sol  )    pour  piano, 

œuvre  posthume. 

—  130.  Quatuor  (en  si  bémol) ,  pour  deux  violons, 

alto  et  violoncelle,  dédiée  au  prince  Nico- 
las Galitzin  (n"  13). 

—  13t.  Quatuor  (en  vt  dièse  mineur),  idem,  dédié 

au  baron  de  Stutterheim  (n°  14). 

—  132.  Quatuor  (en  lamineur),  idem,  dédié  au  prince 

Nicolas  Galitzin  (n»  13). 

—  133.  Grande  fugue  (tantôt  libre,  tantôt  recher- 

chée,en  si  bémol),  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle,  dédiée  à  l'archiduc  Rodol- 
phe (n°  IC). 

—  134.  La  même  fugue  arrangée  pour  piano  à  quatre 

mains,  par  Beethoven. 

—  133.  Quatuor  (en  fa)  pour  deux  violons,  alto  et 

violoncelle  (œuvre  posthume)  (n"  17). 

—  136.  I)er   glorreiche  Augenblick    (Le  moment 

glorieux)  ,  cantate  sur  un  poëme  d'Al. 
Weissenbach,  pour  quatre  voix  et  orches- 
tre, exécutée  au  congrès  de  Vienne,  en  1814. 
La  même  composition  a  été  arrangée  sur 
un  autre  texte  de  F.  Rochlitz  sous  ce  titre  : 
Preis  derTonkunst  (Éloge  de  la  Musique), 
à  quatre  voix  et  orchestre. 

—  137.  Fugue  (enr-f)  pour  deux  violons,  deux  altos 

et  violoncelle,  composée  le  28  novembre 
1817. 

—  138.  Ouverture  de  Léonore  (en  itt),  à  grand  or- 

chestre (cette  ouverture  est  la  plus  belle 


BEETHOVEN 


3f7 


et  la  premiîre  qui  fut  composée  en  1803 
pour  l'opt'ra  qui  porte  maintenant  le  titre 
de  Fidel io. 
La  plupart  de  ces  ouvrages  ont  élé   arrangés 
de  vingt  manières   différentes  pour  les  admira- 
teurs de  Beetlioven,  et  les  éditions  qui  en  ont 
élé  faites  se  sont  multipliées  en  Allemagne,  en 
France  et  môme  en  Angleterre. 

Ouvrages  non  classés. 


1°  Pour  l'orchestre. 


—      K 


—    K 


2. 


—    12 


—  \h. 


-    1 


-    16 


2me  ouverture  (en  «/)  de  Léonorc  refaite 
sur  les  thèmes  de  la  première,  et  très-in- 
férieure. 
Allegretto    (en    mi    bémol),  ouvrage    pos- 
thume. 
Marche  triomphale  pour  la  tragédie  intitu- 
lée Tarppja   (en  ut). 
2"  Pour  les  instruments  à  cordes. 
3.  Andante  favori  [fin  fa),  pour  deux  violons, 
alto  et  basse. 

"io  Pour  les  instruments  à  vent. 
U.  Rondino  {en  mi  bémol)  pour  deux  clarinet- 
tes, deux  hautbois,  deux  bassons  et  deux 
cors,  œuvre  posthume. 

5.  Trois  duos  (en  ut,  en  fa,  en  si  bémol)  pour 

clarinette  et  basson. 
W  Pour  piano  avec  accompagnement. 

6.  Rondo  (en  si  bémol)  avec  orchestre,  œuvre 

posthume. 
Trois  quatuors  originaux  (en  mi  bémol,  en  ré, 
en  ut)  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 
celle, œuvre  posthume. 

8.  Petit  trio  (en  si  bémol)  pour  piano,  violon 

et  violoncelle.  Composé  en  <8I2. 

9.  Trio  {en mi  bémol),  idem,  œuvre  posthume. 
5o  Pour  piano  et  violon,  ou  violoncelle, 

10.  Uondo  (en  sol)  pour  piano  et  violon. 

11.  Douze  variations  (en/a),  idem  (sur  le  thème 

de  Figaro:  Se  vuol  ballare). 
Douze  variations  (en  sol),  idem  (sur  un  thème 

de  l'oratorio  de  Judas  Machubée). 
Sept  variations  (en  mi  bémol),  idem  (sur  un 

thème  de  la  Flûte  enchantée). 

6*  Pour  piano  à  quatre  mains. 
Six  variations  (en  ré]  sur  un  thème  allemand, 

écrites  au  mois  de  juin   1800  sur  \'.4lbum 

des  comtesses  Joséphine  Deyen  et  Thérèse 

Brunswick. 
Variations  sur  un  thème  du  comte  Walds- 

tein  (en  ut). 

7"  Pour  piano  seul. 
Trois  sonates  (en  mi  bémol,  en  fa  mineur, 

et  en  ré),  composées  k  l'âge  de  dix  ans. 

17.  Sonate  facile  (en  «(0,  dédiée  à  Eléonore  de 

Breuning. 

18.  Deux  petites  sonates  faciles  (en  soi,  en /a). 

19.  Ronde  (en  la). 

20.  Prélude  (en  fa  mineur). 

21.  Dern  ère  pensée  musicale  (en  si  bémol). 

22.  Neuf  variations  (en  ut  mineur) ,  sur  une  mar- 
che de  Drcssicr,  cnn![iosées  à  l'âge  de  dix  ans. 


23. 
24. 
23. 
26. 

27. 
28. 
29. 


30. 
31. 


32. 
33. 


—    34. 


—  36. 

—  57. 

—  58. 


—  39. 

—  40. 

—  41. 


—  42. 

—  43. 

—  44. 

—  43 

—  46. 

CU.ANTS 

—  47. 

—  48. 

—  49. 


—  50. 

—  51, 

—  32, 


Neuf  variations  (en  la) ,  sur  le  thème  de  la 
Mulinara:  QuanCé  piu  bello. 

Six  variations  (en  sot),  sur  le  thètne  de  la 
Molinara  :   î^el  cor  piu  non   mi  sento. 

Douze  variations  (en  ut)  sur  le  Menuet  à 
la  Figano. 

Douze  variations  (en  la)  sur  le  thème  d'une 
danse  russe,  dansée  par  Madame  Cassenlini 
dans  le  ballet  :  la  fille  de  la  Foret. 

Huit  variations  (en  ni)  sur  le  thème  de  Ri- 
chard Caur  de  Lion.  Une  fièvre  brûlante. 

Dix  variations  (en  si  bémol)  sur  un  thème 
ûeFalstaff,  opéra  de  Salieri. 

Sept  variations  (en/a)  sur  le  thème  :  Kind, 
willst  du  ruhig  schlafen  (Enfant,  veux- 
tu  dormir  tranquillement). 

Huit  variations  (en  fa). 

Treize  variations  (en  la)  sur  le  thème  de 
l'opéra  le  Chaperon  rouge  :  Eshallein  mahl 
ein  aller  Mann  (Il  y  avait  une  fois  un  vieil- 
lard). 

Six  variations  très-faciles  (enso^- 

Six  variations  faciles  (en /a)  sur  un  air  suisse 
pour  piano  ou  harpe. 

\ingt-quatre  variations  (en  ré)  sur  le  thème 
Fieni,  Amore,  dédiées  à  la  comtesse  de 
Halzfeld. 

Sept  variations  (en  ni)   sur  God  save  the 
King. 
Cinq  variations  (en  ré)  sur  Rule  Brilannia. 

Trente-deux  variations  (en  ut  mineur)  sur 
un  thème  original. 

Huit  variations  (en  si  bémol),  sur  l'air  : 
Ich  hab'  ein  kleines  Hûttchen  mehr  (Je 
n'ai  qu'une  petite  chaumière). 

danses   et  mabcues. 

Six  danses  dans  la  manière  des  Landler 
(valses  lentes). 

Sept  idem. 

Douze  danses  allemandes  qui  ont  été  exécu- 
tées dans  la  petite  salle  de  la  Redoute  im- 
périale, à  Vienne. 

Six  contredanses. 

Menuet  (en  ??ii  bémol). 

Six  menuets. 

Douze  menuets  qui  ont  été  exécutés  dans  la 

petite  salle  de  la  Hedoute  impériale,  àVienne. 

Marche  militaire  pour- instruments  à  vent 
(œuvre  posthume). 

ET  LIEDER   AVEC  ET    SANS  ACCOMPAGNEMENT. 

Canon  pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse. 

Chant  des  moines  pour  le  Guillaume  Tell 
de  Schiller,  à  deux-  ténors  et  deux  basses. 

Chant  final  du  vaudeville  patriotique  Die 
Ehrenpforten  (Les  arcsde  triomphe),  pour 
voix  seule  avec  chœur  et  piano. 

Der  Abschied  (Le Départ),  chant  à  voix  seule 
avec  piano. 

Andenhen  (Souvenir),  de  Matlhisson,  idem. 

Empfindungen  bei  Lydien's  Untreue  (Sen- 
sations produites  par  l'infidélité  de  Lydie), 
iiicm. 


318 


BEETHOVEN 


—  53.  Gedevhe  mein  (Ma  pensée),  idem  {œuvre 

posthume). 

—  S4.  Six  poèmes  allemands,  etc.,  idem. 

—  55.  Trois  chants  à  voix  seule  avec  piano. 

—  56    Ich  liebe  Dich  (Je  l'aime),  idem. 

—  57.  £iedaMsrfer/*'e>-«c  (Chant  dans  le  lointain), 

idem. 

—  58.  Deux  Lieder  à  voix  seule  avec  piano. 

—  59.  Der   freie  Mann  (L'Homme  libre),    pour 

voix  solo,  chœur  et  piano. 

—  60.  O  dass  ich  Vir  vom  stillen  Auge  pour  voix 

seule  et  piano   (écrit  sur  l'album  de  Mlle 
Regina  Lang,  cantatrice  de  la  cour  de  Ba- 
vière) . 
•—    61.  Cantiqueà  voix  seule  avec  accompagnement 
de  piano. 

—  62.  Die  Sfhnsucht  narh  dem  Rheiii  [les   Sou- 

venirs du  Rhin),  idem. 

—  63.  Seufzer  eines  Ungeliebten   (Soupir    d'un 

amant  malheureux)  ,  de  Biirger,  et  die 
Klaje  (La  Plainte,  de  Gœthe,  idem 
(œuvre  posthume). 

—  64.  Tri/iAZJed  (Chanson  à  boire),  idem. 

^    65.  Der  Trachlelschlag  (Le  Cri  de  la  caille), 
idem. 

Plusieurs  biographies  de  Beethoven  ont  paru, 
non-seulement  dans  les  recueils  biographiques 
généraux  ,  mais  en  notices  spéciales.  Les  notices 
publléesjusqu'à  cejour  ont  pour  titres  -.  1°  Ludwig 
Van  Beethoven,  Biographie  desselben,  ver- 
bundenmit  Vrtheilen  ûber seine  Werke {Loah 
Van  Beethoven,  sa  biographie,  avec  des  appré- 
ciations de  ses  œuvres,  par  Jean  Aloys  Schlosser)  ; 
Prague,  1828,  in-8°  de  93  pages,  ornée  de  son 
portrait.  Ouvrage  fort  médiocre  dont  le  fond  est 
emprunté  aux  gazettes  musicales.  —  2°  Biogra- 
phische  Nolizen  ûber  Ludwig  Van  Beethoven 
(Notices biographiques  sur  Louis  Van  Beethoven, 
par  le  docteur  F.  G.  Wegeler  et  Ferdinand  Ries). 
Coblence,  Bàdeker,  1838,  1vol.  petit  in-8°  de 
164  pages,  avec  le  portrait  de  Beethoven  en 
silhouette,  à  l'âge  de  seize  ans,  et  des  fac-similé 
de  son  écriture  à  diverses  époques.  Ce  petit  vo- 
lume, rempli  d'intérêt,  n'est  pas  un  livre  à  pro- 
prement parler;  ce  sont  des  souvenirs  rapportés, 
sans  prétention  littéraire,  par  le  docteur  Wege- 
ler, médecin  distingué  et  ami  d'enfance  de  Bee- 
thoven ,  et  par  le  compositeur  Ries,  qui  fut  élève 
de  l'illustre  maltreàVienne  et  vécut  dans  son  inti- 
mité pendant  plusieurs  années.  Les  faits  sont  pré- 
sentés dansdes  paragraphes  qui  ne  se  lient  point 
entre  eux  par  un  ordre  logique,  et  sont  entremêlés 
de  lettres  de  Beethoven  ;  mais  M.  Wegeler,  qui  a 
puiséà  des  sources  authentiques,  éclaircit  beaucoup 
de  points  concernant  la  famille  du  compositeur, 
sa  jeunesse  ,  ses  études  et  ses  relations ,  sur  les- 
quelles on  n'avait  auparavant  que  des  notions 
douteuses  ou  erronées.  Les  souvenirs  de  Ries 


sont  aussi  jetés  sans  ordre  et  pêle-mêle  dans  sa 
narration;  mais  ils  sont  remplis  d'intérêt  pour 
l'élade  du  caractère  et  de  la  vie  intime  de  son 
illustre  maître.  Un  extrait  du  livre  de  Wegeler 
et  de  Ries  a  été  publié  en  langue  française  par 
M.  G.-E.  Anders ,  sous  le  titre  de  Détails  bio- 
graphiques sur  Beethoven;  Paris,  1839,  in-8° 
de  48  pages.  —  3°  Biographie  von  Ludwig  van 
Beethoven.  Verfosst  von  Anton.  Schindler; 
Munster,  1840,  1  vol.  in-S"  de  296  pages,  avec 
le  portrait  de  Beethoven  et  deux  fac-similé. 
Ami  de  Beethoven  pendant  plus  de  vingt  ans, 
Schindler  a  pu  recueillir  sur  la  vie  et  les  travaux 
de  ce  grand  homme  des  renseignements  que  d'au- 
tres n'ont  point  connus;  sous  ce  rapport,  son 
livre  est  digne  d'intérêt,  quoique  le  narrateur, 
assez  médiocre  écrivain,  se  livre  à  des  divaga- 
tions fatigantes.  Il  est  en  quelque  sorte  l'histo- 
rien du  ménage  de  l'artiste  et  n'épargne  pas  les 
détails  sur  les  choses  les  plus  vulgaires;  mais, 
quels  qu'en  soient  les  défauts,  cette  Biographie  de 
Beethoven  est,  avec  le  petit  volume  de  Wegeler  et 
Ries,  la  source  où  il  faut  puiser  pour  écrire  un  bon 
ouvrage  sur  le  même  sujet.  Le  célèbre  pianiste 
et  compositeur  Moscheles  a  traduit  en  anglais  le 
livre  de  Schindler,  avec  des  additions  et  des  ana- 
lyses des  œuvres  de  Beethoven;  Londres,  1841 , 
2  vol.  gr.  in-12.  Schindler  a  publié,  comme  sup- 
plément à  son  ouvrage,  un  volume  intitulé  Lud- 
ivig  Van  Beethoven  in  Paris  (Louis  Van  Bee- 
thoven à  Paris);  Miinster,  1842,in-8°.  Sous  ce 
tilre  assez  bizarre,Schindler  entend  l'opinion  qu'on 
a  du  génie  et  du  talent  de  Beethoven  dans  la  ca- 
pitale de  la  France  et  les  traditions  d'exécution 
qu'on  y  a  de  ses  œuvres.  Les  aperçus  erronés  et 
les  appréciations  fausses  abondent  dans  cevolume. 
4°  Une  Esquisse  biographique  de  Beethoven  , 
composée  par  Ignace  de  Seyfried,  a  été  placée 
comme  supplément  dans  le  volume  intitulé  : 
Ludwig  Van  Beethoven's  Studien  im  General- 
basse,  Contrapuncte  und  in  der  Compositions- 
Ze/îre;  Vienne,  1832,  in-8'',  ainsi  que  dans  la 
deuxième  édition  du  même  livre  dont  le  texte  a 
été  revu  par  Henri  Hugh  Pierson  (Edgar  Manns- 
feldt);  Hambourg,  1853,  in-8°.  On  la  trouve  aussi 
dans  la  traduction  française  du  même  ouvrage 
par  F.-J.  Fétis  intitulée  :  Études  de  Beetho- 
ven. Traité  d''harmonie  et  de  composition; 
Paris,  M.  Schlesinger,  1833,  2  vol.  in-S".  Bien 
qu'incomplète,  cette  notice  a  de  l'intérêt  et 
doit  être  consultée ,  comme  complément  des  ou- 
vrages précédents. 

On  a  aussi  quelques  petits  écrits  et  brochures 
sur  des  circonstances  particulières  relatives  à 
Beethoven ,  parmi  lesquels  on  remarqile.  — 
5°  Ludwig  Van  Beethoven''s  Tod  (Mort  de  Louis 


BEETHOVEN 

Van  Beethoven),  par  Frédéric-Auguste  Kaunc  ; 
Vienne,  1827  ,  in-8°.  —  6"  Erlnnerung  an  Lud- 
wig  Van  Beethoven  tmd  Feier  der  Enthûllung 
seines  Monumentes  zu  Bonn  am  10,  H,7ind 
12  Auguste  {?,kb,Enthaltend  L.  V.  Beethoven  s 
Biographie,  tic.  (  Souvenir  ù  Beethoven  et  fête 
de  l'inauguration  de  son  monument  à  Bonn  les 
10,  11  et  12  août  1845, contenant  la  Biographie 
de  Beeliioven ,  etc. ) ;  Bonn,  (845,  in-8°  de  30 
pages  avecle  portrait  de  Beethoven,  et  des  planciies 
représentant  la  maison  où  il  naquit,  son  monu- 
ment funéraire  à  Vienne,  et  sa  statue  à  Bonn. 
L'auteur  de  cet  écrit  est  M.  Breidenstein,  pro- 
fesseur de  musique  à  l'université  de  Bonn.  — 
7°  Ludwig  Van  Beethoven;  Festgabe  bei  der 
Inauguration  seines  Denkmales.  (Louis  van 
Beethoven  :  fôles  données  pour  l'inauguration  de 
son  monument,  par  Wilhelm  Millier)  ;  Bonn, 
1845,  in-8».  Le  grand  artiste  est  aussi  le  sujet 
des  ouvrages  suivants  :  —  8°  Beethoven  :  Fine 
phantastische  Charakteristik  (Beethoven  :  Ca- 
ractéristique de  fantaisie,  par  Ernest  Ortiepp); 
Leipsick,  J.-H.  Hartknoch;  183tî,  petit  in-8°  de 
96  pages.  L'auteur  de  cet  écrit  s'est  proposé  de 
faire  une  sorte  de  roman  dans  la  manière  de 
Hoffmann  ;  mais  il  est  resté  loin  de  son  modèle. 
—  9"  Beethoven  et  ses  trois  styles.  Analyses 
des  sonates  de  piano,  suivies  de  l'essai  d'un 
catalogue  critique,  chronologique  et  anecdoti- 
que  de  l'œuvre  de  Beethoven,  par  W.  deLenz; 
Saint-Pétersbourg,  Bernard,  1852,  deux  volumes 
in-8°,  tissu  d'extravagances  et  de  niaiseries,  écrit 
d'un  style  ridicule.  Enfin ,  M.  F.-L.  Berlhé  a 
publié  un  volume  qui  a  pour  titre  :  Beethoven , 
drame  lyrique,  précédé  de  quelques  mots  sur 
Vexpression  en  musique  et  sur  la  véritable 
poésie  dans  le  drame  lyrique;  Paris,  Denain, 
1836,  in-8''  de  230  pages.  Les  quelques  mots 
sur  l'expression  en  musique  forment  136  pages; 
la  véritable  poésie  dramatique  de  M.  Berthé  est 
un  peu  vulgaire. 

Deux  monographies  importantes  de  Beethoven 
ont  été  publiées  postérieurement  à  tous  ces 
écrits  :  La  première  est  l'ouvrage  de  feu 
M.  Alexandre  Oulibicheff  {Voyez  ce  nom),  ama- 
teur distingué  et  auteur  d'une  Biographie  de 
Mozart,  en  3  volumes  in-8°,  où  l'on  trouve  d'ex- 
cellentes choses.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  Bee- 
thoven,  ses  critiques  et  ses  glossateurs  (Leip- 
sick et  Paris,  1857,  1  vol.  gr.  in-8°).  L'autre 
monographie,  ouvrage  de  M.  le  professeur  Marx 
de  Berlin,  a  pour  titre  :  Ludwig  Van  Beethoven. 
Leben  und  Schaffen  (Louis  Van  Beethoven, 
Vie  et  travaux),  Berlin,  OttoJanke,  1859,  2.  vol. 
in-8°.  L'amateur  russe  et  le  professeur  allemand 
sont  à  des  points  de  vue  absolument  différents; 


--  BEFFARA  319 

car.  pour  le  premier,  la  plus  belle  période  de 
gloire  de  Beethoven  est  la  première,  et  les  deux 
autres  ne  sont  qu'une  décadence  progressive  ; 
pour  M.  Marx,  au  contraire,  il  y  a  progrès  dans 
toute  la  carrière  de  Beethoven.  A  la  vérité,  il  ne 
s'abandonne  pas  aux  élans  excentriques  de  ces 
admirateurs  fanatiques  appelés  glossateurs  par 
M.  Oulibicheff;  son  analyse  est  calme  et  presque 
didactique;  mais  il  n'en  repousse  pas  moins  avec 
énergie  mon  jugement  sur  les  dernières  œuvres 
de  son  héros  ,  et  surtout  celui  de  M.  Oulibicheff, 
qn'il  appelle,  je  ne  sais  pourquoi,  mon  copiste 
(  Herr  Fetis  und  sein  Nachsprecher  Oulibi- 
cheff, 1'"'  partie,  page  310  ).  Laissons  le  temps 
faire  son  œuvre  sur  toutes  ces  opinions. 

BEFANI  (Le  P.  Isidore),  grand  cordelier, 
né  à  Rome  vers  1740 ,  fut  agrégé  à  la  chapelle 
pontificale  en  1788,  et  nommé  ensuite  maître  de 
chapelle  à  l'église  des  Douze-Apôtres.  Il  a  com- 
posé pour  l'église;  ses  ouvrages  sont  restés  en 
manuscrrt.  M.  l'abbé  Santini  possède  de  cet  au- 
teur des  messes  à  huit  voix,  un  Dixit  à  huit, 
un  Benedictus  à  huit ,  un  Salvum  me  fac  à 
huit,  des  messes  à  quatre,  Beatus  vir  à  six, 
beaucoup  d'études  sur  les  tons  du  plain-chant,  et 
quelques  canons. 

BEFFARA  (Louis-François),  né  à  Nonan- 
court  (Eure),  le  23  août  1751,  a  rempli  les  fonc- 
tions de  commissaire  de  police  à  Paris,  depuis 
1792  jusqu'en  1816,  et  s'est  retiré  des  affaires  h 
cette  dernière  époque.  Outre  divers  travaux  in- 
téressants sur  Molière  et  Regnard,  dont  une  partie 
a  été  imprimée,  Beffara  a  fait,  pendant  cinquanle 
ans,  d'immenses  recherches  sur  les  théâtres  lyri- 
ques de  la  France  et  de  l'étranger,  particulière- 
ment sur  les  auteurs  et  sur  les  compositeurs  des 
opéras,  ballets  et  divertissements  qui  y  ont  été 
représentés,  sur  les  acteurs,  danseurs  et  musi- 
ciens de  l'orchestre.  Elles  sont  consignées  dans 
les  ouvrages  dont  les  titres  suivent,  lesquels 
sont  en  manuscrit  et  ne  peuvent  être  considérés, 
en  l'état  où  ils  sont ,  que  comme  d'excellents 
recueils  de  matériaux.  \°  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie royale  de  musique,  contenant  l'his- 
toire de  son  établissement,  le  détail  de  ses  di- 
rections  et  administrations,  des  pièces  représen- 
tées sur  son  théâtre  jusqu'à  présent,  les  diction- 
naires des  auteurs  des  paroles  et  de  la  musique, 
avec  la  liste  de  leurs  pièces,  7  vol.  in-4'',  avec  7 
autres  volumes,  aussi  in-4°,  d'ordonnances  et  de 
règlements  sur  ce  spectacle  ;  2°  Dictionnaire  al- 
phabétique des  acteurs,  actrices,  danseurs  et 
danseuses  de  V Académie  royale  de  musique,. 
3  vol.  in-fol.  —  3°  Tableau  chronologique  dea- 
représentations  journalières  des  tragédies  ly- 
riques, opéras,  ballets,  depttis  V établissement 


320 


BEFFARA  —  BÈGUE 


de  V Académie,  en  1671,  jusqu'à  présent;  4° 
Dictionnaire  alphabétique  des  tragédies  ly- 
riques, opéras,  ballets ,  pantomimes,  non  re- 
présentes à  l'Académie  royale  de  musique; 
sui\1  du  Dictionnaire  des  auteurs  des  paroles 
f.t  des  compositeurs  de  musique,  avec  la  liste 
de  leurs  pièces,  5  vol.  iii-fol.;  5°  Dramaturgie 
lyrique  étrangère,  ou  Dictionnaire  des  opé- 
ras, cantates,  oratorios,  etc.,  représentés  et 
imprimés  dans  les  pays  étrangers,  depuis  la 
fin  du  quinzième  siècle,  avec  des  notices  sur 
les  auteurs  des  paroles  et  les  compositeurs  de 
la  musique,  il  volumes  in-4°.  Les  soins  que 
Beflara  a  portés  dans  l'examen  des  registres  de 
baptême,  de  mariage  et  de  décès,  ainsi  que  dans 
les  titres  des  archives  du  département  de    la 
Seine,  donnent  à  son  travail  un  caractère  d'au- 
thenticité irrécusable.  Beffara  a  rassemblé  une 
collection  nombreuse  et  complète,non-seulement 
de  tous  les  poèmes  d'opéras  qui  ont  été  repré- 
sentés, mais  des  diverses  éditions  qui  en  ont  été 
données  ;  le  catalogue  de  cette  collection  forme 
un  vol.  in-4°.  Beffara  est  mort  à  Paris  le  2  fé- 
vrier 1838,  à  l'âge  de  près  de  quatre-vingt-sept 
ans.  Par  son  testament  il  a  laissé  ses  collections 
de  manuscrits  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Paris. 
BEFFROY  DE  REIGIVY  (Lodis-Abel), 
plus  connu  sous  le  nom  de  Cousin-Jacques,  né 
à  Laon  le  6  novembre  1757,  est  mort  à  Paris, 
le  18  décembre  1811.  Dominé  par  son  penchant 
à  la  bizarrerie,    ce  littérateur  n'a  dû   le  succès 
éphémère  de  la  plupart  de  ses  pièces  de  théâtre, 
qu'à  la  singularité  des  titres  et  des  sujets.  1!  en 
faisait  les  paroles  et  la  musique  ;  mais  il  n'avait 
guère  plus  de  talent  dans  un  genre  que  dans 
l'autre;  aussi  tout  cela  est-il  déjà  tombé  dans 
l'oubli.  Les  pièces  dans  lesquelles  il  a  mis  de  la 
musique  de  sa  composition  sont  celles  dont  les 
titres  suivent  :  1°  Les  ailes  de  l'Amour,  diver- 
tissement en  un  acte,  1786. —  2° L'Histoire  uni- 
verselle, opéra  comique,  1789.  —  3"  Nicodème 
dans  la  Lune,  en  trois  actes,  avec  des  ariettes, 
1790.  Cette  pièce  eut  191  représentations  en  13 
mois.  —  4°    Le  Club  des  bonnes  gens,  opéra 
comique,  1791,  au  théâtre  de  Monsieur,  et  dans 
la  même  année,  au  tlwâtre  Feydeau,  Nicodème 
aux  en/ers.  —  6°  Les  deux  Nicodèmes,  opéra 
comique,  1791,  qui   excita  de  grandes  rumeurs 
parmi  les  démocrates,  et  qui  ne  put  aller  au  delà 
de  la  septième  représentation.  —  6°  Toute  la 
Grèce,   opéra  comique,   1794.  —  7*  La  petite 
Nanette,  opéra  comique  en  deux  aoles,  repré- 
senté  au  théâtre  Feydeau,  le  19  frimaire  an  v 
(179G).  —  8°  Turlulutu,  empereur  de  l'Ile- 
verte,  folie,  bêtise,  farce,  comme  on  voudra, 
en  trois  actes,  avec  une  ouverture,  des  entr'ac- 


tes,  des  chœurs,  des  marches,  des  ballets ,  des 
cérémonies,  du  tapage,  le  diable,  etc.,  1797.  — 
9"  Jean-Baptiste,  opéra  comique  en  un  acte, 
1798. —  10°  Madelon,  comédie  mêlée  d'ariettes, 
1800.  Beffroy  de  Reigny  a  publié  aussi  un  recueil 
de  chansons  intitulé  :  Soirées  chantantes,  ou 
le  Chansonnier  bourgeois,  Paris,  1805,  3  vo- 
lumes in- 8",  et  les  Romances  de  Berquin  mi- 
ses en  musique,  Paris,  1798,  deux  volumes, 
in-S". 

BEGER  (Laurent),  fils  d'un  tanneur  de  Hei- 
delberg, naquit  le  19avril  1653.  Il  étudia  d'abord 
la  théologie,  mais  il  l'abandonna  pour  se  livrer 
à  l'étude  du  droit.  Il  fut  successivement  biblio- 
thécaire de  Charles-Louis ,  électeur  Palatin  ,  et 
conseiller  de  Frédéric -Guillaume,  électeur  de 
Brandebourg.  Béger  mourut  à  Berlin,  le  21  avril 
1705,  âgé  de  cinquante-deux  ans.  Dans  son  Thé- 
saurus Brandenburglcus  selectus ,  Cologne, 
1696,  in-fol.,  continué  en  1699,  et  augmenté 
d'un  troisième  volume  en  1701,  il  traite  des  ins- 
truments de  musique  des  Grecs. 

BEGER  (M. -Auguste),  recteur  de  l'école 
communale  de  Neustadt,  en  Bavière,  s'est  fait 
connaître  par  un  écrit  intitulé  :  Die  Wûrde  der 
Musik  im  griechlschen  Alterthume  zur  Beach- 
tung  fur  die  Gegenwart  (L'importance  de  la 
musique  dans  l'antiquité  grecque,  etc.).  Dresde, 
Arnold,  1839,  in-8"  de  119  pages  in-8").  Dans 
ce  petit  ouvrage,  l'auteur  traite  en  particulier  des 
diverses  espèces  d'instruments  à  cordes  chez  les 
Grecs  et  de  leur  usage  dans  l'accompagnement 
de  la  poésie  chantée. 

BÉGREZ  (Pierre  Ignace),  né  à  Namur,  en 
Belgique  le  23  décembre  1787,  entra,  à  l'âge  de 
six  ans,  à    l'église   cathédrale  de   Saint-Aubin 
comme  enfant  de  chœur.  Quelques  années  après 
il  vint  à  Paris,  et  fut  reçu  au  Conservatoire  de 
musique  dans  une  classe  de  violon,  le  17  floréal 
an  XII ;  il  fut  aussi  attaché  comme  violoniste  à 
l'orchestre  du  Théâtre  italien;  mais  sa  voix  étant 
devenue  un  ténor  assez  beau  ,  il  abandonna  le 
violon,  et  entra  au  pensionnat  du  Conservatoire, 
où  il  devint  élève  de  Garât,  au  mois  d'octobre 
1806.  En  1814  il  obtint  le  premier  prix  de  chant 
dans  cet  établissement,  et  en  1815  il  débuta  à 
l'Opéra  dans  Armlde,  Anacréon,  et  les  Baya- 
dères.  Vers  la  lin  de  la  même  année,  M.  Waters, 
alors  propriétaire  du  Théâtre  du  Roi, à  Londres, 
l'engagea,  et  Bégrez  débuta  à  ce  théâtre  comme 
premier  ténor;  il  y   est  resté  attaché  jusqu'en 
1821,  où  il  a  quitté  la  carrière  dramatique  pour 
l'enseignement.  Il  a  publié  plusieurs  pièces  dé- 
tachées pour  le  chant  et  s'est  fixé  à  Londres. 

BEGUE  (Nicolas-Antoine  LE),  organiste  de 
léiilise  de  Saint-Méry,  naquit  à  Laon  en  1630. 


RÊGUE  (T.K1  —  BELCKE 


"51 


îl  fui  nomnii"  orj;.inislc  <1n  roi  par  quartier,  ù  la 
mort  (le  l'abbé  de  la  l'arre,  en  1078,  et  mourut 
à  Paris,  le  6  juillet  1702.  On  dit  qu'il  se  faisait 
aider  par  un  de  ses  élèves,  pour  embrasser  à  la 
fois  une  grande  partie  du  clavier,  ce  qui  donnait 
à  son  exécution  un  effet  extraordinaire  :  c'est 
un  conte  puéril.  Le  Bègue  a  publié  :  \°  Pièces 
d'orgue,  i",  2"  et  .T  livres;  Paris,  1670,  in-4'> 
oblong.  —  2"  Pièces  pour  le  clavecin;  Paris, 
1677,  iu-4''  oblong.  La  Bibliotbèquc  impériale  de 
Paris  pos-ède  des  Magnificat,  des  pièces  d^orgiif 
de  sa  composition,  en  manuscrit,  et  des  airs  à 
deux^et  trois  parties  avec  la  basse  continue; 
Paris,  1678,  in  4". 

BEIIAGIIEL  (Gottueb),  professeur  au 
Lycée  de  Heidelberg,  actuellement  vivant  (1857), 
€st  auteur  d'une  petite  dissertation  intitulée  : 
Die  erhal/enen  Reste  altgriechischer  Musik 
(  Les  restes  conservés  de  l'ancienne  musique 
grecque);  Heidelberg,  1844,  in-8°  de  12  pages, 
avec  deux  planclies  de  mcsiqus.  L'objet  de  cet 
opuscule  est  de  traduire  et  d'barmoniserun  clinnt 
de  l'hymne  12"  d'H-omère^  déjà  publié  par  Mar- 
cello dans  sa  colleclion  de  psaumes. 

BEILM  (Georges),  né  en  1621  à  Leitmcritz, 
en  Bohême,  entra  chez  les  jésuites  en  1636,  à 
l'âge  de  quinze  ans.  11  y  enseigna  successivement 
les  humanités,  la  philosophie,  les  mathématiques 
et  la  théologie.  Il  mourut  à  Znaym,  le  7  novem- 
bre 10G6.  On  a  de  lui  :  Propositiones  mathe- 
matico-musurgica.'  ;  Prague,  1050,  in-4°.  C'est 
un  recueil  de  curiosités  sur  l'acoustique. 

BEUR  (Samuel-Bodolphï),  compositeur  qui 
vivait  au  tomraentement  du  dix-huitième  siècle, 
est  connu  par  un  recueil  intitulé  :  Mnsicaiia, 
contenant  des  menuets,  des  passe-pieds,  etc.,  pour 
deux  violons  et  basse  ;  Leipsick,  1703. 

BEHREIXDT  (Jacques- Joseph),  professeur 
au  séminaire  des  Instituteurs  à  Graudenz,  ville 
des  États  prussiens  en  Pologne,  a  publié  un  re- 
cueil de  chants  poiu'  une,  deux,  trois  et  quatre 
voix,  avec  les  textes  en  allemand,  en  polonais 
et  en  latin,  à  l'usage  des  écoles,  sous  ce  litre  : 
Snmmlung  ein,zwetj,drey-und  vierstimmiger 
Blrckenund  Schullieder,Motetten,  Intonation 
in  Chorale,  Liturgieen,  Chore,  Messen,  Ves- 
per  und  andcrer  Geistlieder  atif  aile  Festtage 
im  Jahre,  etc.;  Glogau  ,  1831,  2  vol.  gr.  in-4" 
ob.  Ce  recueil  est  noté  en  chiffres. 

BEHRENS  (Jean-Jacques),  organiste  de 
l'église  des  Orphelins,  à  Hambourg  ,  et  directeur 
d'une  école  de  chant  attachée  à  cette  institu- 
tion, vers  1840.  Il  s'est  fait  connaître  par 
quelques  compositions  dont  les  titres  suivent  : 
r  Mélodie  chorale,  Wie  herrlich  strahlt  der 
Morgenstern ,  avec  cinq  harmonies  différentes 

BIOCR.   JINIV.    DES    MUSICIE.NS.     —    T.    I. 


pour  l'orgue  oh  pour  quatre  voix;  Hambourg, 
Cranz.  —  2"  Double  cho'ur  sur  un  choral  avec 
luie  fugue;  ibid.  — 3°  Plusieurs  recueils  de 
chants  à  plusieurs  voix,  avec  ou  sans  accompa- 
gnement de  piano;  ibid.  —  4°  Trois  chansons  al- 
lemandes avec  accompagnement  de  piano,  œu- 
vre 7;  ibid.  On  a  aussi  de  cet  artiste  des  exercices 
do  chant  intitulés  :  Vorûbungen  zum  Gesang- 
unterrichte  fur  Schulen  ;  Hambourg,  Cranz. 
BEHRENS  (CnRisT0PnE-HENR[-TnÉ0D0RE), 
compositeur  et  professeur  de  musique  à  Bruns- 
wick, est  né  à  Erckerode,  près  de  cette  ville, 
le  27  mars  IS08.  On  a  de  lui  les  ouvrages  dont 
voici  les  litres  :  1°  6  Lieder  et  chants  pour  voix 
de  basse  avec  piano  ;  Brunswick  ,  Rademach.  — 
2"  Deux  rondeaux  pour  piano  sur  des  thèmes  de 
Guillatime  Tell;  Brunswick,  Meyer.  —  3"  Trois 
chansons   allemandes   avec  piano;    Hambourg. 

—  4"  6  Lieder  pour  bariton  avec  piano ,  op.  7; 
Brunswick,  Meyer.  —  5°  Six  idem,  op.  8;  ibid. 

—  6"  Chants  et  Lietier  pour  basse  ou  bariton, 
op.  10;  Leipsiek,  Whistliiig.  Behrens  a  écrit  une 
ouverture  et  des  entr'actes  pour  le  drame  d'fni- 
mermann,  intitulé  :  Trauerspiel  in  Tyrol  (  tra- 
gédie dans  le  Tyrol  )  ;  plusieurs  ouvertures  de 
concert  exécutées  à  Brunswick,  des  ouvertures 
pour  les  tragédies  Wallenstein  et  Loiiis  XI ; 
une  symphonie  à  grand  orchestre,  en  fa  mineur  ; 
une  cantate, Da.ç  Loos  des  Kriegers  (Le  sort  du 
guorrier),  et  plusieurs  autres  compositions. 

BEISSEL  ou  BEYSSEL  (  Jonocus),  con- 
seiller des  archiducs  d'Autriche ,  orateur,  poêle, 
jurisconsulte  et  piiilosophe,  vécut  à  Aix-la-Cha- 
pelle depuis  1474  jusqu'en  1494.  Parmi  ses  ou- 
vrages, on  en  trouve  un  intitulé  :  Dialogus  ad 
Hennolaum  Barbarxim  de  optimo  génère  mu- 
sicorum.  Cet  ouvrage  est  resté  en  manuscrit. 

BEKUIIR  (Gottiob-Frédéric-Guillaume), 
prédicateur  à  Vogelsdorf,  en  Saxe,  vers  la  fin 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  un  livre  intitulé  : 
Ueber  die  Kirchen-Melodien  (Sur  les  mélodies 
de  l'Église);  Halle,  1796,  in-S",  154  pages.  Cet 
ouvrage  est  excellent,  et  l'un  des  plus  instruc- 
tifs qu'on  possède  sur  cette  matière. 

BELCKE  (Frédéric-Auguste),  célèbre  trom- 
boniste et  compositeur,  est  né  à  Lucka  , 
dans  le  duché  de  Saxe-Altenbourg,  le  27  m^'i 
1795.  Fils  d'un  musicien  de  ville,  et  destiné  à 
remplir  les  mômes  fondions ,  il  dut  apprendre, 
suivant  l'usage,  à  jouer  de  tous  les  instruments 
mais  le  cor  fut  celui  qu'il  sembla  d'abord  pré- 
férer. Déjà ,  à  l'âge  de  onze  ans  ,  il  se  distinguait 
par  son  habileté  à  jouer  de  cet  instrument,  quand 
il  fut  obligé  d'apprendre  à  jouer  du  tromhont- 
basse,  parce  qu'il  n'y  avait  point  de  tromboniste, 
dans  sa  ville  natale.  A  défaut  de  musique  pour 

21 


322 


BELCKE  —  BELDEMANDIS 


)o  trombone ,  son  père  lui  fit  jouer  des  éhules  et 
(ies  solos  de  basson;  il  en  résulta  pour  lui  qu'il 
apprit  à  jouer  de  son  instrument  avec  plus  de 
délicatesse  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'à  lui.  A 
ràjic  de  seize  ans,  il  remplaça  Saclise  comme 
musicien  de  ville  à  Âllenbourjî.  Au  retour  de  cet 
artiste,  Beleke  se  rendit  à  Leijjsick  pour  y  ache- 
ver SCS  études.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il  se  fit 
entendre  pour  la  première  fois,  en   1 81",  dans 
un  «oncert  public.  Il   y   exécuta  un  pot-pourri 
pour  le  trombone ,  composé  par  C.  H.  Meyer ,  et 
fit  naître  le  plus  vif  étonnenient  par  sou  talent 
extraordinaire.  Feu  de  temps  après  ,  il  entreprit 
son  premier  voyage  avec  son  frère,  flûtiste  dis- 
tingué. Ils  se  firent  entendre  avec  succès  à  Mer- 
sebourg,  Halle,  Dessau  et  Berlin.  Arrivé  dans 
cette  dernière  ville  ,  il  y  fut  nommé  musicien  de 
la  cliambre  du  roi.  Ce  fut  là  <pie  Cb.-M.  de  We- 
ber  l'entendit;  ce  compositeur,  émervefllé  de  son 
talent,  l'engagea  à  se  rendre  à  Dresde  ;  il  y  arriva 
au  mois  de  mars   1S17.  Weber   lui   oITrit  une 
place  d.ms  la  chapelle  du  roi;  mais  Beleke  ne  crut 
pasdevoiraccepter.il  continua  ses  voya^^es,  et 
reparut  en  1S21  à  Berlin,  oii  il  se  fit  entendre  sur 
le  cor  à  pistons  de  Stoelzel.  l^n  1824   il   donna 
des  concerts  à  Leipsitk  ;  en  1828,  à  Dresde;  en 
1830,  à  Breslau,  Vienne  et  Presbourg.  En  1832, 
il  entreprit  un  nouveau  voyage  avec  son  frère 
et  visita  le  cours  de  Brunswick ,  Hanovre  et  Co- 
penhague. De  retour  à  Berlin  par  Hambourg,  il 
paraîts'être  fixé  enfin  dans  la  capitalede  la  Prusse. 
H  s'y  est  fait  particulièrement  admirer  en  exécu- 
tant dans  l'église  Sainte-Marie  {Marïenkirche) , 
avec  le  directeur  de  musique  Baeh,  des  morceaux 
concertants  pour  trombone  et  orgue.  Le  premier 
essai  de  ce  genre  de  inusique  a  été  fait  en  1827 
jxir  ces  deux  artiste';.  Ou  connaît  de  Beleke  des 
pièces  faciles  pour  le  piano ,  des  variations  et  des 
walses  (Leipsick,   Hambourg  et  Berlin);   une 
grande  quantité  de  danses  pour  le  môme  instru- 
ment; un  recueil  des  chants  pour  quatre  voix 
d'hommes  ;  un  canon  pour  les  mêmes  voix  ;  six 
duos  pour  deux  trombones, œuvre  50;  duo  con- 
certant pour  deux  trombones-basses,   op.   55; 
douzeétudes  pour  trombone-basse  avec  lagamme, 
op.   43;    concertino  pour  trombone,    op.   40; 
étude  pour  trombone,  œuvre  18  ;  fantaisie  pour 
trombone    et  orgue  ,  exécutée  à  Potsdam ,    le 
5  juin  1834,  à  la  lôte   musicale;  concerto  mili- 
taire pour  trombone  et  orchestre  ;  pol-pouiri 
sur  des  airs  de  Don  Juan    et  de  Jessonda; 
adagio  et  rondeau  pour  deux  trombones,  exé- 
cuté en  1832  avec  M.  Schweizer.  Beleke  a  beau- 
coup écrit  pour  le  piano,  particulièrement  des 
pièces  facilss  à  quatre  et  à  deux  mains,  telles 
«4»e  marclics  à  quatre  mains,  op.  19  et  29;  exer- 


cices faciles,  idem ,  op.  22  et  26  ;  pièces  faciles 
idem,  en  plusieurs  cahiers,  rondos  à  deux 
mains,  op.  8,  25  et  45;  plusieurs  cahiers  d'exer- 
cices; de  petites  sonates  et  des  variations  idem. 

1ÎELCISE(Chrétien-Gottuebou  Théophile), 
frère  du  précédent,  né  le  7  janvier  1796,  est 
considéré  comme  un  des  bons  flûtistes  de  l'Alle- 
magne. Après  avoir  fait  ses  premières  études  de 
musique  sous  la  direction  de  son  père,  il  se  rendit 
à  Berlin,  où  il  prit  des  leçons  de  M.  Schœck , 
première  flûte  du  théâtre  royal  et  de  la  chambre 
du  roi.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  avec  son  père, 
il  fut  atteint  d'une  assez  longue  maladie  qui  l'o- 
bligeade  suspendre  ses  travaux.  En  1819,  il  obtint 
une  place  de  seconde  fiûle  à  l'orchestre  de  Leip- 
sick, et  il  profita  de  son  séjour  en  celte  viUe 
pour  apprendre  les  règles  de  l'harmonie  sous  la 
direction  de  'Veinling,  directeur  de  l'école  de 
Saint-Thomas.  Quelques  voyages  qu'il  fit  ensuite 
avec  son  frère  l'ont  fait  connaître  avantageuse- 
ment. Ui>e  maladie,  plus  longue  et  plus  doulou- 
reuse que  la  première,  l'obligea,  en  18.32,  à  se 
retirer  à  Lucka;  mais  sa  santé  étant  rétablie,  il 
a  accepté  ,  en  18.34 ,  la  place  de  Hùte  solo.dans  la 
musique  du  duc  Frédéric  d'Alteubourg.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  un  concertino  puurflùte 
et  orchestre  ou  piano;  des  variations  sur  un 
thème  de  Cb.-M.  de  Weber,  Berlin,  Schlesinger  ; 
une  fantaisie  pour  fiùte  et  orchestre;  deux  œu- 
vres de  caprices;  trois  duos  pour  deux  flûtes; 
un  divertissement  pour  flûte  et  orchestre,  ainsi 
que  plusieurs  autres  ouvrages,  des  recueils  de 
chants  et  des  petites  pièces  pour  le  piano. 

BELDEMANDIS  (PRODosciMODE),né  àPa- 
doue,  était  en  1422    professeur  de  philosophie 
dans  cette  ville  On  a  de  lui  des  commentaires  sur 
la  doctrine  de  Jean  de  Mûris.  Ils  se  composent 
des  ouvrages  suivants,  qui  porlenttous  la  date  de 
l'année  où  ils  furent  terminés  :  I.  Compendium 
tractatus  practicœcantusmensurabilis,  1408, 
II.  Opusculum  contra  thcoricam  partem,sire 
spéculât ivam  Lucidarii  Marchelli  Patavini , 
1410.   IH.    Cantus  mensurahilis  ad    modum 
Italicorum,  1412.  IV.  Tractatus  musicxplanx 
in  gratiammagistriAntonii  de Pontcvico  Bns- 
ciani,  1412;  Y.  De    Cuntrapunto,    1412.  Cf's 
divers   ouvrages   se     trouvent   il    Padoue ,    en 
manuscrit;   le   père  Martini   en    possédait  des 
copies  qui  sont  aujourd'hui  à  la  bibliothèque  du 
Lycée  communal    de  musique,    à  Bologne,    Il 
existe,  dans  la  Bibliothèque  du  Vatican,  sous  le 
n°   5321,    deux  ouvrages   manuscrits  de  Belde- 
mandis;  le  premier  est  le  traité  du  contre-point  ; 
l'autre  a  pour  titre  :  Canon  in  que  doceiur  musi- 
cam  sppculativam,  etc. Celui-ci  est  le  numéro'pré- 
c(kleinme!it  cité  S'.ms  un  autre  titre.  Il  est  regret- 


RELDEMANDIS  —  BELIN 


323 


taWe  que  l'abbé  Gorbert  n'ail  pas  cru  devoir 
faire  entreries  ouvrages  de  Bcldeniandis  dans  sa 
collection  d'auteurs  sur  la  musique,  pour  le  seul 
motif  que  l'auteur  n'était  pas  ecclésiastique.  La 
connaissance  de  ces  ouvrages  serait  d'un  linut 
intérêt,  non  à  cause  des  discussions  de  l'nuleur 
sur  la  partie  spéculative  de  la  musique  traitée  par 
Marclietto  de  Padoue,  mais  parce  que  cet  auteur 
«tait  contemporain  de  Dufay,  de  Binchois,  et 
qu'il  appartient  à  une  des  époques  les  plus  im- 
portantes de  riiistoire  de  l'art.  Ses  ouvrages  sont 
intermédiaires  entre  ceux  de  Marclietto  de  Padoue 
et  de  Jean  Tincloris.  Il  serait  curieux  de  savoir 
quellesdiftéiencesil  pouvaity avoir,  en  1412,  entre 
la  musique  mesurée,  suivant  la  doctrine  des  Ita- 
liens, et  le  système  de  ce  genre  de  musique  per- 
fectionné par  Dufay. 

BELEM  (Antoine  de),  chanoine  régulier,  né 
à  Evord,  en  Portugal,  vers  1620,  fut  maître  de 
chapelle  et  ensuite  prieur  de  son  ordre  à  Espin- 
hero,  vers  1667.  Il  est  mort  en  1700,  dans  le 
inunaslère  de  Belem.  Ses  compositions  se  trou- 
yaient  en  manuscrit  dans  la  Bibliothèque  du  roi 
de  Portugal,  en  1755;  elles  consistent  en  répons, 
psaumes,  lamentations  et  Miserere  à  quatre, 
cinq  et  six  chœurs,  de  quatre  voix  chacun. 

BELFOUR  (Je.\n),  littérateur  écossais,  vi- 
vait à  Londres  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle.  On  lui  doit  une- tiaduction  an- 
glaise du  poëme  de  Yriarte  sur  la  musique  :  elle 
a  été  publiée  avec  luxe  typographique,  sous  ce 
litre:  Music,  a  dtdaclïc  Poem,from  Ihe  spa- 
nish  of  Yriarte.  Londres,  1811,  gr.  in-8°. 

BELGIOJOSO  (  Le  con;te  Antoine),  ama- 
teur de  musique  ,  chanteur  distingué  ,  et  membre 
de  l'Union  philharmonique  de  Bergame,  né  à  Mi- 
lan vers  1810,  a  vécu  longtemps  à  Paris  et  y  a 
pris  des  leçons  des  meilleurs  chanteurs  du  Théâtre- 
Italien.  Vers  1840  il  est  retourné  dans  sa  patrie, 
et  y  a  publié  un  opuscule  intitulé  ;  SuW  arte  ciel 
canto,  brevi  osservazioni.  Milan,  1841,  in-l2 
de  deux  feuilles.  En  1845 ,  le  comte  Belgiojoso  a 
tait  représenter  au  théâtre  Re  de  Milan  un  opéra 
de  sa  composition  qui  avait  pour  titre  :  La  Figlia 
di  Domenico.  Le  sujet  de  cet  ouvrage  était  tiré 
<l'un  vaudeville  fiançais.  On  connaît  de  cet  ama- 
teur :  Set  Notturni  a  voci  sole  senza  accom- 
pagnamenio;  Milan ,  Ricordi.  Les  quatre  pre- 
mières pièces  de  ce  recueil  sont  pour  ténor  et  deux 
basses  ;  la  cinquième,  pour  deux  ténors  et  deux 
basses,  et  la  dernière  pour  soprano,  contralto, 
ténor  et  basse.  —  2°  Vidi  or  ora  di  sole  un 
raggio,  canzonetle  pour  ténor;  ibid.  —  3°  No, 
mia  bella,  non  voler,,  canzonetle  avec  piano; 
ibid.  Cet  amateur  distingué  est  mort  à  Milan  en 
1858. 


Deux  autres  amateurs  de  la  même  famille  se  sont 
(ait  connaître  aussi  par  de  légères  compositions 
pour  le  chant.  Le  premier,  prince  Emile  Bel- 
giojoso, a  publié  :  1°  L'Esule,  ariette  avec  ac- 
compagnement de  piano;  Milan,  Ricordi.  — 
2°  Splende  vira  e  rassegianle ;  idem,  ibid.  — 
'A°  La  Continanza;  idem,  ibid.  L'autre,  comte 
Pompée  Belgiojoso,  est  auteur  de  YAbbandono, 
romance  avec  piano;  Milan,  Ricordi,  et  de  Ne 
vCoubliez  pas,  romance;  ibid.  On  connaît  aussi 
de  lui  quelques  bagatelles  pour  le  piano. 

BELHAVER  (Vincent).  Voyez  Bellliaver. 

BELIKOFF  (M.),  inspecteur  de  la  chapelle 
impériale  de  Russie,  actuellement  vivant  (  1857  ) , 
a  traduit  en  langue  russe  le  livre  de  l'auteur  de 
cette  biographie  intitulé  :  Curiosités  historiques 
delà  musique,  etc.  {Istoriczeska  despotamiat- 
nosti  Muzeiki,  etc.  )  Saint-Pétersbourg,  1833  , 
1  vol.  in-8°,  et  La  Musiquemise  à  la  portée  de 
tout  le  monde  (  Muzeika  poniatnaia  diia 
Wsieche,  etc.),  ibid. ,1835,  1  vol.  in-8".  Cette  tra- 
duction est  faite  d'après  la  première  édition  fran- 
çaise publiée  à  Paris  en  1830.  Au  moment  oii 
cette  notice  est  écrite,  M.  Belikoff  est  occupé  de 
la  traduction  du  Résumé  philosophique  de  l'his- 
toire de  la  musique,  qui  sert  d'introduction  à  la 
première  édition  de  la  Biographie  universelle 
des  Musiciens. 

BELIN  (Jehan),  chantre  à  dédiant,  c'est-à- 
dire  musicien  coiitra[)untiste  de  la  chapelle  du 
roi  de  France  iMiilippe  le  Bel ,  était  au  service  de 
ce  prince  en  l'année  1313,  comme  le  prouve  un 
compte  des  dépenses  de  la  maison  royale,  daté 
de  cette  année  (Mss.  de  la  Biblioth.  du  Roi,  coté 
F  540  du  supplément). 

BELIi\  (Guillaume)  ,  était  ténor  de  la  cha- 
pelle du  roi  de  France  François  l",  suivant  un 
état,  dressé  en  1547  ,  du  drap  noir  livré  |>our  les 
robes  de  deuil  aux  obsèques  de  ce  prince  (Mss. 
de  la  Bibliothèque  du  Roi,  F  542).  Ce  Guillaume 
Belin  est  vraisemblablement  celui  que  Laborde 
appelle  Bellin  (Guillaume),  qui  fut  chanoine  de 
la  Sainte-Chapelle  à  Paris,  et  qui  a  mis  en  mu- 
sique, à  quatre  parties  Les  cantiques  de  la 
Bible,  mis  en  vers  Jrançois,  par  Lancelot  de 
Carie,  évéque  de  Riez  ;  Paris,  Adrien  Le  Roy, 
1 560,  in-8'',  obi.  Dans  les  quatorzième  et  quinzième 
livres  de  Chansons  nouvelles  à  quatre  parties, 
publiés  à  Paris  par  Pierre  Att«ingnant  (sic)  et  Hu- 
bert Jullet,  en  1543  et  1544,  on  trouve  des  pièces 
de  Guillaume  Belin. 

BELIN  (  Julien)  ,  né  au  Mans  vers  1530,  fut 
un  des  plus  habiles  joueurs  de  luth  de  son  temps, 
li  a  publié  :  Le  premier  livre  de  motets,  chan- 
sons et  fantaisies  réduites  en  tabulature  de 
leut  (luth);  Paris,  Nicolas  Du  Chemin,  1556, 

21. 


324 


BELIN  —  BELLEIOÎ  V^N 


in-4*'  obi.  Ce  musicien  TÎvait  encore  an  IMans  en 
15S4. 

BELIO  (Jean),  néàTréviseen  ison,  a  com- 
posé la  musique  d'un  opéra  sérieux  intitulé  : 
Bianca  e  Fernando,  dont  l'Aca^lémie  Filodrama- 
tica  de  sa  ville  natale  a  donné  une  représentation 
le  31  mars  1827.  L'auteur  du  librelto,  les  clian- 
teurs  ,  les  musiciens  de  l'orchestre,  le  décora- 
teur et  le  machiniste  étaient  aussi  des  habitants 
de  Trévise.  Par  excès  de  patriotisme,  les  spec- 
tateurs applaudirent  avec  enlhiMisiasme  et  l'ou- 
vrage et  son  exécution.  Moins  lieureux  à  Venise, 
M.  Belio  y  fit  représenter,  en  1829,  au  théâtre 
San-Benedetto,  un  opéra  intitulé  :  Il  Borbierc 
di  Glieldria,  qui  fut  outraj^eusement  sifflé.  De- 
puis cette  époque,  il  paraît  avoir  renoncé  à  la 
carrière  du  Ihéàfre. 

BELL  (Charles),  médecin  anglais  dont  la 
biographie  n'a  pas  été  publiée  jusqu'à  ce  jour 
(1857),  est  auteur  d'un  mémoire  qui  a  paru  dans 
les  Transactions  philosophiques  de  Londres 
(année  1832),  sur  les  organes  de  la  voix  humaine 
(  On  theorgans  of  the  human  voice). 

DELLASIO  (Paul),  compositeur,  né  à  Vé- 
rone, dans  le  seizième  siècle,  a  fait  imprimer 
des  madrigaux  sous  ce  titre  :  Il  primo  libro 
délia  Fiamelln  a  Ire  e  quotlro  voci,  Venise, 
1679,  in-8°.  On  trouve  aussi  des  madrigaux  de 
cet  auteur  dans  une  collection  qui  a  pour  titre  : 
Dolci  af/elll ,  madriijnlï  a  cinque  voci  di  di- 
versi  cccellenli  vutsicidi  floinn;  Home  et  Ve- 
nise, 1568,  in-4°.  Le  titre  de  cet  ouvrage  fait 
voir  que  Bcllasio  a  ^]ù  être  employé  à  Rome  dans 
quelque  église  ,  soit  comme  civanleur,  soit  comme 
maître  de  chapelle.  On  a  aussi  de  Bellasio  Vil- 
lane.lle  alla  romana,  libro  r  a  trevoci;  Ve- 
nezia,  159i. 

BELLAZZI  (François),  compositeur  véni- 
tien ,  élève  de  Jean  Gabiieli,  a  vécu  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  Dans  ses  com- 
positions pour  l'église  il  s'éloigne  des  anciennes 
formeset  imite  le  style  de  Montcverde  avec  foutes 
ses  hardiesses  et  ses  incorrections.  Ses  ouvrages 
connus  sont  :  i"  Sahni  di  vespri  a  otlo  voci; 
Venise,  Bart.  Magni,  1618,  in-4".  —  2»  Sacro- 
rum  concentuinn  2,  3,  4  et  6  vocum.  titan. 
B.  V.  5  voc.  una  cum  1  inissa  4  roc.  j  ibid.  1020, 
in-4°.  —  3°  Motteti,  letanie  délia  B.  V.  Ma- 
gnificat e  falsi  bordoni  a  S  voci,  coW  aggiunto 
al  primo  coro  diconccrtl  ecclesiastici  a  2,  3, 
4  foci,  cd  una  missa  a  quattro,  op.  IV;  ibid. 
1622.  — 4°  Salmi  intierl  a  5  voci  da  cappella, 
op.  V;  Milano,  app.  Filippo  Lomazzo,  1623, 
in-4".  —  5°  Sabni  conccriali  aWiiso  moderno 
che  si  cantano  aile  compiete  a  4  voci  con  le  An- 
li/one  dclla  11.  V  e  gli  snlmi  di  /este  a  8  voci. 


op.  VII;  Venise,  Bart.  Magni,  1026,  in  4". — 
6'  Missa,  Magnificat  et  moteltï  concertati  e 
correnli,  falsi  bordoni,  con  Gloria  Patri  e 
canzone  francese  a  8  roci ,  con  partltura,  op. 
VIII;  ibid  ,  1628,  in-4°. 

BELLEBE  (Jean),  libraire  h  Anvers  ,  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  se  livrait 
spécialement  à  la  p\d)lication  et  à  la  vente  des 
ouvrages  de  musique  qui,  à  cette  époque,  étaient 
du  ressort  de  la  librairie.  Son  nom  flamand  était 
Beellaerts,  dont  on  fit  licllerns,  en  le  latinisant, 
et  de  Bellerus  on  a  fait  Bellcre  sur  tons  les 
titres  d'œuvres  de  musique  en  langue  française, 
particulièrement  sur  !es  recueils  dt?  chansons  à 
piusieius  parties  qui  avaient  alors  une  grande 
vogue.  Eu  1579,  Bellère  s'associa  avec  Pierre 
Phalèse,  fils  de  l'imprimeur  libraire  de  mnsiquii 
de  Louvaiu,  célèbre  par  ses  nombreuses  et  im- 
portantes publications  d'ouvrages  composés  par 
des  musiciens  belges.  L'association  de  Bellère  et 
de  Pbalèse  à  Anvers  ne  finit  que  par  la  mort  du 
premier,  dans  les  dernières  années  (!u  seizième 
siècle.  Dans  les  derniers  temps  la  plupart  des 
grands  musiciens  de  la  Belgique  avaient  cessé  de 
vivre,  et  les  œuvres  nationales  ('taient  devennes 
rares  :  de  là  vient  que  Bellère  et  Phalèse  fds  pu- 
blièrent beaucoup  de  nouvelles  éditions  de  recueils 
de  compositions  des  maîtres  italiens. 

BELLÈRE  (Balthasar),  fils  du  précédent 
s'établit  à  Douai  peu  de  temps  après  la  mort  dd 
son  p^re  et  y  transport.!  sa  librairie,  dont  il  pu- 
blia le  Catalogue  devenu  d'une  rareté  excessive,  et 
que  M.ConssemaUeratrouvé  dans  la  bihliothèqiui 
de  Douhi.  Ce  Catalogue  a  potu*  titre  :  Thésau- 
rus bibliolhecarius  sire  cormicopise  librarhr 
bellrrinn.v,  ciim  diiohits  supplenientis  ;  Duaci , 
1603  160.').  On  y  trouve  l'indication  d'un  grand 
nombre  d'œuvres  de  musiciens  du  seizième  siècK' 
provenant  du  fonds  ou  de  l'as-sorliment  de  Bel- 
lère père.  Le  fils  a  publié  aussi  à  Douai  bon 
nombre  d'ouvrages  de  nHisi(ine  dans  les  vin^t- 
cinq  premières  années  du  dix-septième  siècle. 

BELLEBi\L\XN  (  Constantin  ) ,  poète  lau- 
réat et  recteur  à  .Minden  ,  né  à  tùfùrt,  en  1096  , 
y  étudia  la  jurisprudence  et  s'y  exerça  en  môme 
temps  à  la  composition,  au  luth,  à  la  viole  du 
gamba,  au  violon  et  à  la  flûte.  On  a  de  lui  un 
ouvrage  intitulé  Programma  in  quo  Parnassus 
Mitsarum  voce,  fidibiis ,  tibiisque  resonans ; 
sive  miisices ,  divinx  artis,  landes ,  diversic 
spccies,  singularrs  effectus,  atqne  primarii 
auctores  succincte,  prxstantissimiqne  melo- 
pœtascum  lande  cnarrantur,  etc-,  Erfurt,  1743 , 
in-4°,  (Le  six  fouilles.  Mifzler  adonné  une  analyse 
très-flétaillée  de  cet  ouvrage  dans  sa  BibliolbèquÈ 
musicale,  f.  !H,  p.  5.59-572.  Bdlcrmaun  acom- 


BELLERMAINN  —  BELL'IIAVER 


325 


jiosc  im  opéra  italien  d'Iasifile  ;  \in  grand  nombre 
décantâtes;  vinj;t-quatre  suites  pour  le  luth  ; 
trois  concertos  pour  lallùti;;  Uo'is  idem  pour 
le  Iiaulbois  d'amour;  dix  idem  pour  clavecin 
avec  accompagnement  de  violon;  six  ouvertuies; 
six  sonates  pour  flùle,  viole  f/af/«);ii(a  et  clave- 
cin; enfin,  huit  oratorios  dont  voici  les  litres  : 
r  Die  himmlischcn  Ueerschaarcn  (Les  armées 
ci'lestes),  en  1720.  —  2"  Dcr  reiche  Mann  und 
der  arme  Lazarus  (Lazare  et  le  Riche) ,  en  un 
acte,  1731.— 3° Das«i//('«H  Lamï sich end'igende 
]\'ohlleben  des  reiclien  Mannes,  en  deux  actes, 
1735.  — 4°Die  Allmachtin  der  Ohnmacht ,i)der 
die  freudenreiche  Geburt  Jesu  (La  Toute-puis- 
sance dans  la  faiblesse,  ou  lanaissance  joyeuse  de 
Jésus-Christ),  en  quatre  actes,  1734- —  5° Der 
verlorne  Solui  (le  Fils  perdu),  en  deux  actes, 
1735.  — 6°  Der  in  der  Aiiferstehunj  triumphi- 
rende  Jésus  (  Jésus  triomphant  dans  sa  résurrec- 
tion), en  quatre  parties,  1734  et  1735. —  7"  Die 
siegende  Scfileuder  des  heldenmiithigen  Da- 
vids  (  La  Fronde  victorieuse  du  vaillant  David  ), 
en  quatre  actes.  —  8°  Die  Sendung  des  heil. 
Geistes  mit  Choràlen  und  guten  Erwegungen 
(  La  Mission  du  Saint-Esprit),  en  quatre  parties, 
1735. 

BELLERMAIVIV  (Jean-Joacuim)  ,  né  à 
Erfiirt  le  23  septembre  1735  ,  fit  ses  études  dans 
sa  ville  natale  et  à  Gôttingue.  Vers  17S2,  il  fit 
un  voyage  en  Russie.  De  retour  dans  sa  patrie, 
Tannée  suivante ,  il  fut  nommé  professeur  de 
théologie  et  de  philosophie,  directeur  du  Gym- 
nase, membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.  Il 
cultivait  la  musique  et  était  bon  pianiste.  Parmi 
ses  ouvrages ,  on  trouve  celui-ci  :  Berner kungen 
ûbsr  Rtisslandin  Rûcksicht  au/  Wissenchaf- 
ien,  Kunst,  Ueligionundanderemerkwiirdige 
Fe77iâi<Hi5.se  (  Observations  sur  la  Russie  sous 
le  rapport  des  sciences,  arts,  religion,  etc.), 
première  partie;  Erfiirt,  1788.  On  y  trouve  des 
détails  sur  la  musique  des  Russes,  les  instruments, 
leurs  chants  nationaux  et  leurs  danses. 

BELLERMANN  (Jean-Frédéric),  fils  du 
précédent,  est  né  à  Erfùrt,  le  8  mars  1795.  Il 
venait  d'achever  ses  humanités  au  gymnase  de 
Berlin,  quand  les  événements  de  1813  appelèrent 
sous  les  drapeaux  toute  la  jeunesse  masculine  de 
la  Prusse,  et,  comme  la  plupart  de  ses  condisciples 
il  fit  les  campagnes  de  1814  et  de  1815.  De  re- 
tour à  Berlin ,  il  suivit  les  cours  de  l'université 
de  cette  ville ,  puis  ceux  de  léna.  Après  avoir 
pris  dans  cette  dernière  ville  ses  degrés  de  doc- 
teur en  philo.sophie,  il  obtint  une  place  de  pro- 
fesseur au  collège  de  Grauen  Klosler,  dcBeiliu, 
en  1819.  11  en  est  directeur  depuis  1847.  Les  ou- 
vrages Ils  plus  importants  de  ce  savant  ont  pour 


objet  raufiienne  nlu^i(|ue  des  Grecs.  Le  premier 
a  pour  titre  :  Die  llijmncn  des  Dionijsius  und 
Mesoinedes.  Texl  und  Meiodieen  nach  Hand" 
schriflen  und  den  altcn  Aiisgaben  hearbeitet 
(Les  hymnes  de  Denys  et  de  Mésomèdes.  Texte 
et  mélodies  revus  et  corrigés  d'après  les  manus- 
crits et  les  anciennes  édition^,)  Berlin,  Albert 
Fôrsiner,  1840,  in-4''de83  pages, avec  les  mélodies 
notées  et  4  planches  Aq  fac-similé  des  manus- 
crits. Toute  la  partie  critique  de  cette  disserta- 
tion est  remplie  d'une  érudition  solide;  mais  l'in- 
terprétation des  mélodies,  l'application  de  leurs 
rhythmes  au  mètre  de  la  poésie ,  et  l'idée  singu- 
lière de  leur  appliquer  l'harmonie  de  la  musique 
moderne,  sont  les  résultats  de  vues  systématiques 
de  l'auteur  qui  ne  répondent  pas  à  la  nature  des 
choses.  La  seconde  publication  faite  par  A!.  Bel- 
lermann  est  intitulée  :  Anonymi  Scriptio  demu- 
sica.  Bacchii  senioris  introductio  arlis  inu- 
sicse.  E  codlcibus  parisiensibus,  neapolitanis, 
romano  primum  edidit  et  annolationibns  il- 
luslravit,  etc.  Berolini,  1841,  l  vol.  in-4". 
M.  Bellermannn'a  point  accompagné  d'une  version 
latine  les  textes  dont  on  lui  doit  la  première  pu- 
blication ;  mais  son  travail  n'en  est  pas  moins  di- 
gne d'un  grand  intérêt ,  |)ar  la  publication  de  ces 
mêmes  textes ,  et  par  les  savantes  annotations  de 
l'éditeur,  quelque  opinion  qu'on  puisse  se  for- 
mer d'ailleurs  de  ses  vues  systématiques  (Voy. 
Baccuius,  et  Vincent).  Enfin  M.  Bellermann  a 
fait  l'exposé  complet  de  ses  id('es  sur  la  notation 
et  sur  la  tonalité  de  Tancienne  mu>iquedes  Grecs 
dans  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Die  Tonleiter 
und  Musiknoten  der  Griechen  (Les  gammes  et 
les  notes  musicalesdes  Grecs);  Berlin,  AlberlForst- 
ner,  1847,  1  vol.  gr.  in-4°  de  83  pages,  avec 
6  planches  de  fac-similé  et  d'exemples. 

RELL'H  AVER  (  Vincem  ) ,  compositeur  et 
organiste,  naqnit  à  Venise,  vers  1530.  Il  succéda 
à  son  maître,  André  Gabrieli,  comme  organiste  du 
second  orgue  de  Saint-Marc,  le  30  décembre  1586, 
après  un  concours  en  présence  des  procurateiws 
de  l'église,  et  eut  poursuccesseur  Joseph  Guami, 
ou  Guammi,  le30  octobre  1588,  ce  qui  semble 
indiquer  qu'il  a  cessé  de  vivre  à  cette  époque. 
Les  appointements  de  Bell'Haver  comme  organiste 
étaient  de  cent  ducats.  On  connaît  de  lui  : 
r Madrigali  a  cinque  eseivoci,  lib.  1  ;  Venise, 
1567,  in-8". —  2°MadrigaH  a  cinque  voci.  Libro 
primo,  Venise,  1575, 10-4".  —  3"  Madrigali  a 
cinque  voci,  libro  seconda.  In  VenetiOyappresso 
l'Herede  di  Girolamo  Scotto,  1575,  in-4".  Le 
Catalogue  de  la  bibliothèque  du  roi  de  Portugal 
indique  aussi  les  ouvrages  suivants  de  la  com|>o- 
sitioil  de  Bell'Haver  :  1"  Madrigali  a  quattro 
e  cinque  voci.  —  2°  Madrigali  a  set  le  voci. 


326 


BELLUAVER  —  BELLINI 


Dans  une  collection  qui  a  pour  titre  :  Corona 
didodlcisonettidiGio.BattistaZiiccarini  alla 
gran-duchessa  di  Toscana,  posta  in  miisica 
da  dodici  eecellentissimi  autori,  a  cinque  voci, 
"Venise,  Ange  Gardane,  1586,  se  trouve  le  sonnet 
S'  alza  neW  Océan  la  vaga  aurora  qui  a  été 
mis  en  musique  par  Bell' Haver.  Un  madrigal  à 
six  voix  du  même  se  trouve  aussi  dans  la  col- 
lection publiée  par  le  musicien  anglais  Philipps, 
sous  le  titre  :  Melodia  olympica  de  diversi 
eecellentissimi  musici  a  i,  5,  6,  et  8  voci;  An- 
vers, Pierre  Piialèseet  JeanBellère,  1591,  in-4o 
obi.  (p.  24). 

BELLEVILLE  (M"«).  F.  Oury(M'"^). 

BELLI  (Jérôme),  compositeur  italien  du 
seizième  siècle,  né  à  Argenta ,  dans  la  province 
de  Ferrare,  fut  altacbé  à  la  chapelle  du  duc  de 
Mantoue.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1'  Il  primo  libro  de  motetti  a  sei  voci;  in  Ve- 
nezia  app.  Giac.  Vincenti,  1586,in-4o.  —  2°  / 
furti  amorosi  a  sei  voci ,  con  nova  yionta 
ristampati  e  corre^^i  ,-ibid.,  1587,  in  4".  Ce  re- 
cueil contient  30  madrigaux  à  six  voix.  On  con- 
naît aussi  de  ce  musicien  des  madrigaux  à  cinq 
voix  qui  ont  été  insérés  dans  la  collection  inti- 
tulée :  De'  floridi  virtuosi  d'Italïa ,  il  terzo 
libro  de'  madrigali  a  cinque  voci  nuovamente 
composti  edatiin  /«ce;  Venise,  1586,  in-4°. 

BELLI  (Jules),  chanoine  mineur  à  Longiano, 
fut  maître  de  chapelle,  d'abord  à  Osimo ,  petite 
ville  près  d'Ancône ,  puis  à  la  cathédrale  d'Imola 
dans  l'État  de  l'Église,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  paraît,  par  le  titre  d'un  de  ses 
ouvrages,  qu'il  fut  ensuite  maître  de  chapelle  à 
Venise.  On  a  de  lui  les  ouvrages  suivants  :  1°  Can- 
zonette  a  quatlro  voci  libro  jîrimo  ;  Milano 
app.  Tini,  1586,  in~4°.  —  2°  Missx  quinque  vo- 
cum;  "Venise,  1507.  — 3°  Missarum  quatuor 
vocum  liber  primus  ;  Venise ,  Ange  Gardano  , 
1599,  in-4°.  —  4"  Psalmi  ad  vesperas  totius 
anni  solemnit.  octo  voctim,  duosqiie  cantica 
B.  V.;  Venise,  Bart.  Magni,  IGOO,  in-4°.  Une 
deuxième  édition  a  été  publiée  en  1605.  —  5°  Sa- 
erarum  cantionum,  4,  5,  6,  8  et  10  vocibus 
cum  litaniis  B.  V.  liber  primus;  Venise,  Ri- 
chard Amadino,  1600,  in-4°.  —  6°  Salmi  de 
vesperia  otlo  voci;  Venise,  Ange  Gardane,  160i, 
in-40.  —  7»  Compieta,  motetti,  tétanie  a  otlo 
voci,  falsi  bordoni  a  due  chori  spezzati  ;  Ve- 
nise, Ange  Gardano,  1C05.  —  8°  Compieta ,  falsi 
bordoni,  antifone,  e  lelanie  délia  Beata  Ver- 
gine,  anovenvociin  dnecori ;\en\se,  \\e\.  Ra- 
veri,  1607,  in-4".  —  9°  Compieta,  falsi  bordoni; 
motetti  e  litanie  délia  Madona,  a  sei  voci,  ibid., 
1607,  in-4°.  —  lO"  Missx  sacrœ  4,  5,  6  e<  8  t'o- 
cibu!  concinantur  ;\i:n\se ,  Richard  Amadino, 


1608,  in-40.  —  11°  Concerti  ecclesiasfici  a 
2  et  3  voci  con  basso  ad  organo  ;  Venise,  Bart. 
Magni,  1613.  Ces  motets  ont  été  réimprimés  à 
Francfort-sur  le-Mein,  avec  d'autres  de  Finetti  et 
de  Pierre  Lappi ,  sous  ce  litre  :  Sacrarum  con- 
centuum  fasciculus,sive  trium  Italix  lucidis- 
simorum  syderum  musicorum ,  utpote  Ja- 
cobi  Finetti,  Pétri  Lappi,  et  Julii  Belli  S.  S. 
Meditationes  musicx,organistisaliisquedivini 
istius  studii  cultoribus ,  summa  cum  jucun- 
ditate  maxopere  profuturx  1,  2,  3,  4,5  et 
6  vocum.  Nunc  primum  in  Germania  divul- 
gatx.  Una  cum  symphoniis  et  basso  ad  orga- 
nM?«;  Francfort,  Nie.  Stein,  1621,  in-4°.  — 
12°  Salmi  a  ottovoci,  con  basso  continuo; 
Venise,  1615.  Bodenchatz  a  inséré  quatre  mo- 
tets de  Belli,  à  six  et  huit  voix,  dans  ses  Flori- 
legii  nnisici  portensis. 

BELLI  (Dominique),  musicien  au  service  du 
prime  de  Parme,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  On  connaît  de  sa  composition: 
Il  primo  libro  delV  Arie  a  una  e  due  voci  per 
sonare  con  il  chitarono.  Novamente  com- 
poste e  date  in  luce.  Venetia,  oppressa  lUc- 
ciardo  Amadino,  1616,  in-(ol.  de  36  pa- 
ges. 

BELLI  (Jean),  sopraniste  qui  eut  beaucoup 
de  réputation  vers  le  milieu  dudix-huilièine  siècle. 
Il  était  à  Dresde  en  1750,  époque  où  Hasse  di- 
rigeait l'Opéra.  On  dit  qu'il  airachait  des  larmes 
à  tous  les  spectateurs  dans  l'air  de  l'Olympiade  : 
Consola  il  genitore.  Ce  chanteur  est  mort  à  Naples 
vers  1760. 

BELLI  (Lazare-Venanzio)  ,  chanoine  de 
l'église  cathédrale  et  maître  de  chant  du  sémi- 
naire de  l'évêché  de  Tusculano,  a  fait  imprimer 
un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Bisser tazione  sopr a 
Il  pregi  del  canto  gregoriano ,  et  la  nécessita 
che  hanno  gli  ecclesiastici  di  saperlo.  Con  le 
regole  principali  e  più  importnnti  per  bcne 
apprenderlo ,  loderolmente  pralicarlo,  ed  in 
esso  ancora  comporre;  Frascati ,  1788, 10-4°  de 
xwiii  et  230  pag. 

BELLir<iiII  (Vincent),  antiquaire  et  conserva- 
teur du  musée  de  Ferrare,  naquit  à  Gainbolago, 
le  22  juin  1708,  et  mourut  à  Ferrare  au  mois  de 
février  1783.  Uu  écritde  ce  savant  intitulé  :  DeW 
antica  lira  Ferrarese  di  Marchesia ,  delta  vol- 
garmento  Marchesana  (Ferrare,  1754,  111-4") 
a  été  cité  comme  étant  relatif  à  la  musi(]ne  i)ar 
Gerber,  dans  son  nouveau  Lexique  des  musiciens, 
par  Lichtenthal,  par  M.  Ch.  Ferd.  Becker,  et 
par  moi-même,  d'après  eux,  dans  la  première  édi- 
tion decette  Biographie;  mais  nous  avons  tous  erré; 
car  l'objet  dont  il  s'agit  dans  le  livre  de  Beliini 
est  une  ancienne  pièce  de  monnaie  appelée  lira 


BELLINI 


327 


(livre),  et  non  une  iyreqnclconcjtic,  instniineiit 
(le  niii'iiqiie. 

BCLLIiXI  (ViNciiNT),  compositeur  dramati- 
que, né  le  3  novembre  1802  à  Catane,  ville  de 
la  Sicile  (1),  était  fils  et  petit-fils  de  musiciens 
médiocres.  En  1SI9  il  fut  admis eomine  élève  au 
conservatoire  de  musique  de  Naples.  Après  avoir 
appris  à  jouer  de  quelques  instruments ,  et  avoir 
étudié  les  principes  du  chant,  il  eut  pour  maitre 
de  contrepoint  Tritto,  puis,  après  la  mort  de 
celui-ci,  Zingarelli.  Ce  que  lui  apprirent  ces 
maîtres  se  réduit  à  peu  de  chose  ;  car  depuis 
longtemps  les  études  musicales  sont  fort  mau- 
vaises en  Italie,  et  s\irtout  àNapies.  D'ailleurs  Zin- 
garelli, qui  possédait  d'assez  bonnes  traditions  de 
fancienne  école ,  prenait  peu  d'intérêt  aux  élèves 
du  conservatoire  confié  à  ses  soins,  et  ne  leur 
donnait  que  de  rares  leçons.  Bellini  doit  donc  être 
considéré  piutôtcomme  unmusicien  d'instinct,  qui 
s'est  formé  lui-même,  que  comme  l'élève  d'une 
grande  école.  Ses  meilleures  études  ont  consisté 
dans  la  lecture  de  quelques  partitions  de  bons 
niaîlres.  Après  avoir  publié  à  Naples  de  peti- 
tes compositions  pour  divers  instnnnents,  tels 
que  la  flûte,  la  clarinette  et  le  piano,  Bellini  y 
lit  connaître  une  cantate  intitulée  Ismène,  quinze 
ouvertures  et  symphonies ,  trois  vêpres  complètes, 
deux  Bixit  Doviinus,  trois  messes  et  d'autres 
morceaux  de  musique  religieuse.  Son  premier 
opéra ,  Adelson  e  Salvina,  fut  représenté,  en 
1 824,  sur  le  petit  théâtre  du  collège  royal  de  mu- 
sique; deux  ans  après  il  donna  au  théâtre  Saint- 
Charles  Bianca  e  Fernando ,  dont  la  première 
représentation  eut  lieu  le  30  juin  1826.  Ces  pre- 
mières productions  firent  remarquer  le  talent  du 
jeime  compositeur  et  firent  naître  des  espérances 
pour  son  avenir.  Le  succès  de  Bianca  e  Fer- 
nando\\x'\  procura  un  engagement  pour  le  théâtre 
de  la  Scala,  à  Milan,  en  1827,  avantage  qu'ob- 
tient rarement  un  musicien  à  son  début,  car  les 
maîtres  les  plus  célèbres  ont  souvent  écrit  leurs 
premiers  ouvrages  pour  des  petites  villes,  et  ce 
n'est  qu'après  avoir  acquis  quelque  renommée 
qu'ils  étaient  appelés  à  composer  pour  les  théâtres 
àe  primo  cartello. 

La  fortune  semblait  tendre  la  main  à  Bellini 
en  lui  offrant  aussi  pour  l'éxecution  de  ses  ou- 
vrages les  meilleurs  chanteurs  de  l'Italie  ;  ainsi, 
pour  le  Pirata,  (jui  fut  représenté  à  Milan  en 
1827,  et  qui  fixa  sur  son  auteur  l'aîtention  du 
monde  musical,  il  eut  le  bonheur  de  trouver  en 
Rubini  le  talent  le  plus  analogue  au  caractère 
mélodique  du  rôle  principal  de  son  ouvrage. 
D'autres  circonstances  le  secondaient  encore  dans 

(r,  Plusieurs  biographes  ont  fait  naître  Bellini  en  i8o8; 
C'est  une  erreur. 


son  (li  but.  La  vogue  sans  cx<*nipl«  qu'avaient 
<ii)tenue  pendant  près  de  (juluze  ans  les  produv;- 
tions  du  génie  de  Uossini;  l'usage  immodéré  qu'on 
en  avait  fait,  reproduisant  de  cent  manières  dif- 
férentes les  mélodies  de  ses  ouvrages,  enfin  l'in- 
constance du  goiU  des  Italiens,  qui,  après  avoir 
élevé  des  statues  au  génie  d'un  artiste ,  brise  le 
lendemain  les  idoles  qu'il  encensait  la  veille,  tout 
cela,  dis-je,  secondait  Bellini.  Homme  d'esprit, 
il  sut  profiter  des  circonstances  favoraWes  qui 
s'olfraient  à  lui.  11  comprit  que  l'imitation  du 
style  de  Rossini,  dans  laquelle  s'étaient  jetés  Pac- 
cini,  Mercadante,  Carafa  et  Donizetti  dans  ses 
premiers  ouvrages  ,  n'était  plus  de  saison  ,  puis- 
que le  public  commençait  à  éprouver  la  satiété 
de  ce  style,  malgré  les  beautés  de  premier  ordre 
que  le  maître  y  avait  prodiguées.  Soit  instinct  ou 
réHexion ,  il  sentit  qu'après  tant  de  choses  bril- 
lantes, une  manière  simple,  expressive,  et  ana- 
logue au  caractère  dramatique  de  la  musique  fran- 
çaise serait  ce  qu'on  pourrait  offrir  de  plus  nou- 
veau à  l'oreille  d'un  auditoire  italien ,  et  ce  fut 
sous  l'influence  de  ces  idées  qu'il  écrivit  son  Pi- 
rata.  Le  succès,  incertain  à  la  pr€mière  repré- 
sentation ,  fut  éclatant  le  lendemain,  et  la  pièce 
fit  fureur,  suivant  le  langage  usité.  En  1828,  la 
Slraniera  fut  accueillie  avec  enthousiasme  au 
grand  théâtre deMilan.  M"""  Meric-Lalande, lune 
des  meilleures  cantatrices  de  l'Italie,  et  Tamburini, 
chantèrent  dans  cet  ouvrage  et  contribuèrent  à 
son  succès.  Dès  ce  moment  Bellini  fixa  l'atten- 
tion générale  de  l'Italie.  Api>eléà  Parme,  en  1829, 
pour  y  écriie  l'opéra  d'inauguration  d'un  nouveau 
théâtre,  il  y  donna  VàZaira  qui  ne  réussit  pas; 
mais  /  Capuleti  cd  i  Montecchi,  représenté  à 
Venise,  le  12  mars  1830,  et  la  Sonnanbula, 
écrite  à  Milan  pourM"'^  Pasta  ,  dans  l'année  sui- 
vante ,  ajoutèrent  à  sa  réputation. 

On  reprochait  cependant  à  Bellini  de  resserrer 
les  formes  de  la  plufiart  des  morceaux  de  sesou- 
vrages  dans  de  petites  proportions  et  d'écrire  son 
instrumentation  avec  négligence.  Il  parut  être 
sensible  à  cette  critique ,  et  dans  son  opéra  de 
Norma,  il  agrandit  sa  manière  et  donna  plus  de  nerf 
à  son  style.  Cet  ouvrage,  écrit  pour  Milan,  n'eut 
d'abord  qu'un  succès  incertain;  mais  il  se  releva 
ensuite  jusqii'à  exciter  l'enthousiasme.  L'admi- 
rable talent  dramatique  de  M™e  Malibran  n'a  pas 
peu  contribué  à  la  vogue  dont  il  a  joui  en  Italie. 
Après  les  premières  représentations  de  la  A'ormfl, 
Behini  sentit  le  besoin  de  revoir  sa  famille,  et 
i  cette  belle  Sicile  où  il  avait  reçu  le  jour.  Il  partit 
pour  Catane,  et  s'arrêta  quelques  jours  à  Rome 
et  à  Naples.  Ce  voyage  fut  pour  lui  l'occasion  d'un 
repos  de  plus  d'une  année.  De  retour  dans  la 
hnule  Italie  pendant  l'été  de  1S32  ,  il  y  reprit  soi 


S28 


BELLINI  —  BELLIZANI 


travaux.  Dans  Béatrice  di  Tenda ,  qui  suivit  la 
JSorma ,  le  compositeur  fut  moins  lifiureux  ;  mais 
déjà  il  avait  résolu  de  porter  son  talent  dans 
d'autres  climats,  et  de  fonder  en  France,  sur  des 
bases  solides,  et  sa  fortune  et  sa  renommée.  Ar- 
rivé à  Paris  en  1833,  il  étudia  d'abord  le  goût 
des  habitants  de  cette  grande  ville;  puis  il  alla  à 
Londres  pour  y  diriger  la  mise  en  scène  d'un  de 
ses  ouvrages.  De  retour  à  Paris  en  1834,  il  y  écri- 
vit /  Puritani  pour  le  Tliéâtre-Italien  de  cette 
ville.  La  fortune  dont  Bellini  a  été  caressé  jus- 
qu'à son  dernier  jour,  lui  sourit  encore  en  celte 
occasion,  en  lui  fournissant  la  réunion  la  plus  sa- 
tisfaisante de  chanteurs  qu'il  fût  possible  de  ren- 
contrer. Rubini,  Tamburini,LablacheetM"^Grisi 
étaient,  en  effet,  chacun  en  leur  genre,  des  talents 
de  premier  ordre.  Toutefois,  si  les  chanteurs  se- 
condèrent bien  l'auteur  des  Puritani,  celui-ci 
eut  aussi  le  mérite  de  placer  ces  chanteurs,  dans 
son  ouvrage,  de  manière  à  les  présenter  sous  l'as- 
pect le  plus  avantageux. 

Bellini  avait  compris,  depuis  qu'il  était  à  Paris, 
oue  le  public  français  ne  se  passionne  pas  pour 
deux  ou  trois  morceaux  ,  et  que  pour  réussir  avec 
lui,  il  faut  lui  offrir  des  ouvrages  faits  avec  plus 
de  soin  que  la  plupart  de  ceux  qu'on  représente 
en  Italie.  De  là  vient  que  les  Puritains  offrent 
une  composition  plus  complète  que  ses  autres 
opéras.  On  y  trouve  plus  de  variété ,  une  instru- 
mentation plus  élégante ,  des  formes  plus  déve- 
loppées. Il  s'y  est  glissé  encore  bien  des  négli- 
gences dans  la  manière  d'écrire,  des  modulations 
qui  s'attachent  mal,  et  de  la  monotonie  dans  les 
formes;  mais  le  progrès,  sous  le  rapport  de  l'art, 
y  est  incontestable. 

Si  l'on  ex,amine  avec  attention  la  transformation 
opérée  dans  la  musique  dramatique  de  l'Italie  par 
le  style  de  Bellini ,  transformation  continuée  par 
Donizelti  avec  moins  d'originalité,  mais  avec  un 
talent  de  factuie  très-supérieur,  on  ne  peut  mé- 
connaître les  tendances  qui,  se  prononçant  de 
plus  en  plus,  ont  anéanti  le  bel  art  du  chant 
italien ,  lui  ont  substitué  les  émissions  de  voix 
forcées,  etont  conduit  fatalementau  déplorablesys- 
tèmede  Verdi  et  de  ses  imitateurs.  C'estaussi  dans 
les  opéras  de  Bellini  que  l'art  d'écrire  est  tombé 
dans  la  décadence  qui  déshonore  aujourd'hui 
toutes  les  partitions  de  fabrique  italienne.  L'au- 
teur de  la  Sonnanbula  et  de  Norma  rachetait 
ces  défauts  par  de  charmantes  cantilènes  et  par 
un  sentiment  d'expression  très-distingué.  Peut- 
être  eût-il  continue  à  perfectionner  son  talent  et 
eût-il  acquis  plus  de  force  dramatique,  si  sa 
carrière  eût  été  plus  longue  ;  mais  au  moment  oii 
•'i  semblait  entrer  dans  cette  voie  d'amélioration,  et 
pendant  qu'il  s'occupait  de  la  composition  d'un 


grand  ouvrage,  dans  une  maison  de  campagne  prè» 
de  Paris,  une  maladie  intestinale  le  saisit  et  l'em- 
porta en  quelques  jours.  Il  expira  le  24  septembre 
1835  ,  avantd'avoir  accompli  sa  trente-quatrième 
année.  Cette  mort  inopinée  excita  des  regrets 
universels;  car  Bellini ,  agréable  de  sa  personne, 
poli,  bienveillant,  étranger  à  tout  sentiment 
d'orgueil  et  de  jalousie  ,  ne  comptait  que  des 
amis ,  et  son  caractère  était  autant  estimé  que 
son  talent  était  aimé.  Un  grand  nombre  de  notices 
biographiques  et  d'éloges  de  cet  artiste  distingué 
ont  été  publiés  inmiédiatement  après  sa  mort. 
J'ai  recueilli  les  titres  suivants  de  quelques-uns 
de  ces  opuscules  :  1°  Gherardi  (y'mcenl},  Biogra- 
fia  di  Vincenzo  Bellini  ;  Rome,  1835,  in-8°.  — 
2°  Venlimilia  (Dominique),  Biograjia  di  Vin- 
cenzo Bellini;  Messine,  1835,  in-32.  —  3°  Farina 
(Joseph  La),  Elogio  del  cavalière  Vincenzo  Bel- 
/i/î«; Messine,  1835, in-lC— 4"  Onoriallamemo- 
ria  di  Vincenzo  Bellini;  ibid.,  1835,  in-12.  — 
5°  Stagno  (Lettorio),  Elogio  in  morte  di  Vincenzo 
nellini,  ibid.,  1835,  in-S".—  C"  Gemelli  (Charles), 
Elogio  in  morte  di  Vinc.  Bellini  ;\h\iî.,  183G, 
in-12.  —  7°  Capelli  (Einiiio),  In  morte  di  Vinc. 
Bellini  ;Palerme,  183C,  in-12  (c'est  un  poème). 
I5rigandi  (  Pierre-Gaétan  ) ,  Elogio  Jimebre  iri 
morte  del  cavalière  Vinc.  Bellini  ;  Mesime, 
183C,  in-4°. 

BELLIA^I  (Fekmo)  ,  professeur  de  musique 
et  compositeur,  né  à  Milan,  actuellement  vivant 
(1858),  a  publié  :  1"  Capriccio  per  flauto, 
violino  e  piano-Jorte  sopra  alcuni  molivi  delta 
Giovanna  d'Arco  di  Verdi;  Milan,  Ricordi.  — 
2°  Divertimento  per  corno  inglese,  clarino, 
violoticello  e  piano-forte  sopra  motivi  délia 
Giovanna  d' Arco  di  Vrrdi;  ibid.  — 3°  Quelques 
morceaux  tirés  des  opéras  modernes  et  arran- 
gés pour  des  instruments  à  vent.  L'ouvrage  le 
plus  important  de  cet  artiste  est  un  traité  des 
instruments  et  de  rinstruiiicutation  intitulé  : 
Teorichemusicali  su  glistromenti  esulT  ins- 
trumentazione  ad  uso  de'  giovanni  maestri 
compositori,  ibid.  in-4°.  On  a  aussi  de  Bellini 
une  méthode  de  trombone,  ibid. 

BELLÏNI  (Pio),  compositeur  de  musique  de 
ballets,  attaché  au  théâtre  de  la  .Scala,  à  Milan, 
a  écrit  la  musique  des  ballets  :  Il  Diavoloaquat' 
tro,  Isnelda  di  Normandia,  Manon  Lescaut,  et 
quelques  autres  ouvrages  postérieurs.  Ces  ballels, 
réduits  pour  le  piano,  sont  gravés  chez  Ricordi, 
à  Milan. 

BELLL\ZAA'I  (Paul-Benoit),  néà  Ferrare 
vers  la  tin  du  dix-septième  siècle,  était  maître 
de  chapelle  au  collège  de  Sainte-Marie-Majeure 
à  Udine,  dans  le  Frioul,  en  1717.  11  fut  ensuite 
maître  de  chapelle  à  Pesaro,  ou  il  se  trouvait 


BELLmZAlNI  —  BELLOC 


encoreen  1735.  En  1727,  l'académie  des  Pliil- 
harmoniques  de  Bologne  l'admit  au  nomhre  de 
ses  membres.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1°  Missa  quatuor  vocum,  op.  1;  Bologne,  Sii- 
vani,  1717,  in-4°.  —  2°  Messe  hrevi  a  qualtio 
voci  piani;  ibid.  —  i"  Salmi  brevi  a  otlo  voci 
piani  conviolinia  benepUicilo ,  ibid. —  4"  Ma- 
drigali  a  2,  3,  4  e  5  voci,  ibid.  —  5°  Ductii 
da  caméra  co'l  basso  conlïnuo,  op.  5;  Pesaro, 
1726,  gr.  in-(ol.  —  G°  Madrïgali  a  2,  3,  4  et  b 
voci;  Pesaro,  Gavelti,  1738,  in-fol. —  1°  Duetti 
da  caméra,  libro  seconda;  ibid.,  1733,  gr.  in- 
fol. 

BELLIS  (Je\n-B\ptiste),  maître  de  cha- 
pelle à  Gaéte,  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  est  connu  par  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Il  primo  libro  dimadrigali  a  qual- 
tro  voci.  In  Aapoli,  appresso  Gio-Battista 
Gargano  e  Matteo  Nini,  1619,  in-4".  L'épiire 
dédicatoire  est  datée  de  Gaëte  ,  le  7  septembre 
1719.  —  2°  Il  terzo  libro  de'  madrigali  a  5 
voci;  Napoli,  Oltavio  Belliuo,  1623,  in-4°  obi. 

BELLISSEA'S(LAURENT),uéa  Aix,en  1694, 
devint  maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint- 
Victor  de  Marseille,  et  mourut  dans  cette  ville, 
en  1762,  à  l'âge  de  soixante  huit  ans.  La  Biblio- 
thèqueimpériale  possède  de  lui  les  manuscrits  au- 
tographes de  motets  à  grand  ciiœur  :  1°  Aisi  Do- 
minus.  —  2°  Beatus  vir.  —  3°  Laudate  pueri. 
Le  Nisi  Dominas  a  été  exécuté  au  Concert  Spi- 
riluel,  en  1750,  et  y  a  été  applaudi. 

BELLMAN  (A.),  savant  suédois ,  né  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  a  été 
le  collaborateur  de  Georges  Wallerius  (Voy.  ce 
nom)  pour  la  disseï talion  intitulée  :  De  anti- 
quaetmedii  xci  Musica;  Upsal,  1706  (voy.  à 
ce  sujet  le  Dictionnaire  suédois  de  musique, 
Svensht  musikaitsiit  Lexikon,  p.  220,  de  Char- 
les Envallson). 

BELLMAI\iV  (CuARLEs-GoDEFROi),  virtuose 
sur  le  basson,  et  facteur  d'instruments  à  Dresde, 
naquit  à  Schellenberg,  petite  ville  de  la  Saxe,  le 
1 1  août  1760.  Élève  de  son  père,  ancien  ouvrier 
de  Silbermann,  il  apprit  dans  sa  jeunesse  les 
principes  de  la  construction  des  pianos,  puis  il 
entra  dans  les  ateliers  de  Treubloth  ,  (acteur 
d'orgues  de  la  cour  de  Dresde.  Déjà  il  avait 
reçu  quelques  leçons  de  l'organiste  Dorn,  à 
Schellenberg,  pour  apprendre  à  jouer  du  piano; 
plus  tard  il  prit  du  goût  pour  le  basson  et  il  de- 
vint élève  de  Schmidt,  de  Dresde,  pour  cet  ins- 
trument. En  1783,  Bellmann  établit  dans  cette 
ville  une  fabrique  de  pianos  qui  acquit  de  la 
célébrité  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Ses 
instruments  étaient  renommés  pour  la  solidité  de 
îcur  construction  ;  ses  pianos  à  queue  furent  par- 


ticulièrement considérés  comme  égaux  en  qualité 
à  ceux  de  Schiedermaier,  de  Nuremberg,  alors 
\m  des  plus  célèbres  facteurs  de  l'Allemagna. 
Il  ajouta  à  quelques-uns  de  ces  instruments  un 
clavier  de  pédale  de  deux  octaves,  dont  lanoln 
la  plus  basse  descendait  à  Vut  de  seize  pieds 
qu'on  trouve  aujourd'hui  dans  les  pianos  de  six 
octaves  et  demie.  Les  grands  progiès  de  la  fac- 
ture des  pianos  depuis  1823  ont  lait  oublier  les 
instruments  de  Bellmann,  qui  est  mort  à  Dresde, 
vers  1816. 

BELLMAJXN  (C.-G.),  directeur  de  musi- 
que, cantor  et  organiste  du  cloître  de  Saint-Jean 
à  Schle.swig,  actuellement  vivant  (1857),  s'est 
fail  connaître  comme  compositeur  par  les  ou- 
vrages suivants  publiés  depuis"  1S31  :  1°  Cantate 
pour  la  fête  de  Noël,  exécutée  dans  un  concert  à 
Schleswig  en  1833,  puis  par  l'Académie  de  mu- 
sique de  Stockholm.  —  Trois  recueils  de  chants 
à  quatre  voix  d'hommes  pour  l'usage  des  chœurs 
du  Schleswig-Holstein,  publiés  en  partition  a 
Schleswig,  chez  Bruhn. 

BELLOC  (Thérèse  GIORGI),  cantatrice 
distinguée,  née  à  Jîilan,  de  parents  français,  dt>- 
buta  au  printemps  de  l'année  1804  au  théàlre  de 
la  Scala  de  cette  ville.  Sa  voix  était  un  mezza 
soprano  de  peu  d'étendue,  mais  d'une  qualité  de 
son  très-pure;  son  accent étaiten  généial expres- 
sif et  touchant.  L'un  de  ses  rôles  de  débuts  fut 
(a  Nina,  de  Faisielio  ;  elle  y  fut  applaudie  avec 
enthousiasme,  et  son  succès  lui  procura  un  en- 
gagement pour  la  saison  suivante  au  même  théâ- 
tre. Engagée  ensuite  à  Paris,  elle  y  brilla  dans  le 
même  opéra  de  Paisiello  où  elle  avait  commencé 
à  se  faire  connaître;  puis  dans  la  Cosa  rara, 
dans  la  Griselda,  et  dans  quehpies  ouvrages  qui 
avaient  alors  de  la  vogue.  De  Paris,  elle  alla  à  Ve- 
nise, à  Gênes,  et  enfin,  à  Milan,  où  elle  chanta  , 
au  carnaval  de  1807,  avec  la  Sessi,  David  père 
etBinaglii,dansr/lf/e/rtsiaed  Aleranio,i]eMà)r. 
Elle  fut  aussi  engagée  pour  les  autres  saisons  de 
cette  année  au  théâtre  de  la  Scala.  Bossiui 
écrivit  pour  elle,  pour  Raffanelli  et  pour  Phi- 
lippe Galli,  à  Venise,  en  1812,  Vingunnojor- 
tunalo,  et,  eu  1817,  à  Milan,  la  Gazza  ladra. 
j^jme  {jeiiQç  affectionnait  autant  sa  ville  natale 
que  ies  habitants  de  celle-ci  l'aiuiaienL  En  1821 
elle  y  chanta  toute  l'année,  puis  elle  reparut  au 
printemps  de  l'année  suivante,  se  fit  entendre 
pendant  toutes  les  saisons  de  1823  et  au  prin- 
temps de  1824.  Depuis  1828  elle  a  quitté  le 
théâtre  après  y  avoir  parcouru  une  longue  car- 
rière qui  ne  fut  marquée  que  par  des  succès. 

BELLOLI  (Louis),  né  à  Castel-Franco  dans 
le  Bolonais,  le  2  février  1770,se  distingua  comme 
\irtuose  sur  le  cor,  et  fut  nommé  professeur  de 


r,30 


BELLOLI  —  BÉMETZPdEDER. 


cefixistrumentan  conservatoire  royaUle  Milan,  en 
1812.  En  1790,  il  fut  admis  comme  piemiorcor  au 
concert  royal  de  la  cour  de  Parme  ;  à  la  inort  <!ii 
duc  Ferdinand,  il  quitta  cet  emploi  pour  prendre 
celui  qui  est  désigné  ci-dessus.  Gervasoni  dit 
qu'il  avait  un  son  très-pur  et  une  exécution  bril- 
lante. Il  a  composé  une  grande  quantité  de  mu- 
sique instrumentale  :  ses  concertos  de  cor  jouis- 
sent d'une  belle  réputation  en  Italie.  Dans  l'été 
de  1803  il  a  composé  la  musique  des  deux  bal- 
lets :  il  trionfo  di  Vitellio  Massimo,  et  la 
Disfruzioiie  cli  Pompejano,  pour  le  théâtre  de 
la  Scala  à  Milan;  en  1804,  la  Morte  di  Tipoo- 
Saib,et  Eleazar  despoto  délia  Scrvia  ;  en  1806, 
Sofunisba  et  Andromacca ;  en  1815,  Le  Avven- 
ture  di  Aroldo  il  prode.  Belloli  a  laissé  en  ma- 
nuscrit une  méthode  de  cor  pour  l'usage  du  con- 
servatoire de  Milan.  Il  est  mort  dans  cette  ville 
le  17  novembre  1817. 

BELLOLI  (Augustin),  né  à  Bologne,  comme 
le  précédent,  et  peut-être  son  parent,  a,  comme 
lui,  choisi  le  cor  pour  son  instrument.  Il  a  écrit 
plusieurs  morceaux  de  musique  de  quelques  bal- 
letsdont  les  titres  suivent  :  l°En  18IG,à  la  Scala 
de  Milan,  Emma  ed  Igildo;  nn  printemps  de 
1821,  la  Piesa  di  Babïlonia  et  la  Morte  di 
Eltore;  au  printemps  de  1822,  Britannlco  ;a\i 
mois  de  juin  1823,  Adélaïde  di  GuescHno.  On 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Dodicl  studi 
pi-ogressivi  per  corno  di  caccia  ;  Milan,  Ris- 
cordi.  — 2°  Venti-quatlro  studi  per  corno  di 
■caccia;  dodici  ne  toni  maggiori  e  Dodici  ne 
toni  minori,  colle  respettive  loro  cadenze,  da 
espoiiirsi  cou  un  solo  ritorto ;\h\(i. 

BELLONS  (Joseph),  clerc  régulier,  né  à  Lodi, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  de  musique  d'é- 
glise. Parmi  sesouvrageson  remarque  :  1"  Missa- 
rum  quinque  vocibus  liber  primus,op.  I.  adj. 
nr.a  missapro  defunclis;  Mediolani,  apud  hère- 
des  Simonls  Tint  et Lomacii,  IGOZ.  —  2o  Vesper- 
tlni  omnium  solemnitatum  psalmi  cum  Magni- 
ficat quinquevocum,  op.  4;ibid.  ;  1605,  in-4°.  — 
3"  Missa  et  motetfi  a  set  voci,  opéra  qiiinta, 
in  Venezia,  1606,  in-4°.  On  voit  par  le  titre  de 
cet  ouvrage  que  Belloni  était  de  l'Académie  des 
Novell  i. 

BELLOJVI  (Pierre),  né  à  Milan,  fut  profes- 
seur de  chant  au  conservatoire  de  Saint-Onu[ihre 
à  Naples,  puis  vint  à  Paris  vers  1800.  Il  écrivit 
dans  celte  ville  la  imisique  des  ballets  la  Reine 
de  Cartilage,  joué  au  théâtre  de  la  Porte  Saint- 
Martin,  en  1801,  et  les  Pisistratides,  en  1804. 
Ou  ignore  si  c'est  à  l'auteur  de  ces  ouvrages  qu'on 
doit  une  Méthode  de  chant  qui  a  été  publiée  à 
Paris,  chez  Pacini,  en  1822. 


BELOSELSKY  (Le  phince  Alexandre),  né 
à  Pélersbourg,  en  1757,  est  mort  dans  la  niéme 
ville,  le  20  décembre  1809.  Il  fut,  dans  sa  jeunesse, 
ambassadeur  de  la  cour  de  Russie  à  Turin,  en- 
suite à  Dresde.  Prolecteur  éclairé  des  arts  et  des 
lettres,  il  fut  toute  sa  vie  l'ami  des  Français, 
dont  il  cultivait  la  littérature  avec  succès.  Il  a  élé 
en  correspondance  avec  J.-J.  Rousseau,  Mar- 
montel  et  quelques  autres  littérateurs  célèbres. 
Voltaire  lui  a  adressé  des  vers  flatteurs  sur  ses 
poésies.  Amateur  passionné  de  musique,  il  a  pu- 
blié sur  cet  art  un  petit  ouvrage  intitulé  :  De  la 
musique  en  Italie;  La  Haye,  1778,  in-8°.  On 
en  a  attribué  la  rédaction  à  Marmontel ,  peut-être 
à  cause  des  injures  qu'on  y  trouve  contre  Gluck. 
Il  y  est  dit  que  ce  grand  homme  est  un  barbare 
qu'il  eûtjallu  renvoyer  dans  les  forêts  de  la 
Germanie;  que  ceux  qui  l'applaudissent  sont 
des  barbares;  qu'il  a  reculé  Vart  d'un  siècle; 
qu'il  n'a  ni  chant  ni  mélodie;  qu'il  met  toute 
son  expression  dans  le  bruit,  et  ses  moyens 
dans  les  cris,  etc.,  Suard  a  fait  une  fort  bonne 
critique  de  cette  brochure  dans  ime  Lettre  ano- 
mjme  sur  l'ouvrage  de  M.  le  prince  de  Belo- 
selsky,  intitulé  :  De  la  musique  en  Italie 
(Voyez  Journ.  Encyclop.  oct.  1778,  p.  305-318). 
Forkel  a  rendu  compte  de  ce  petit  ouvrage  dans 
saBibliotlièque  critique  de  musique,  t.  Ilf,  p.  312. 

BELTRAME  (Louis),  compositeur  de  mu- 
sique d'église,  est  né  en  Italie,  dans  l'année  1758, 
et  mourut  à  Vérone,  le  28  novembre  1834.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  :  cinq  messes  solennelles  avec 
orchestre  ;  une  messe  de  requiem  à  quatre  voix 
et  orchestre;  des  motets,  des  vêpres;  des  psau- 
mes et  des  antiennes-  Toute  cette  musique  est 
dans  les  archives  de  la  cathédrale  de  Vérone. 

BELTZ  (Urbain-Nathamel),  docteur  en  mé- 
decine à  Neustadt  Eherswalde,  dans  la  moyenne 
Marche,  envoya  à  TAcadémie  des  sciences  de 
Berlin,  en  1763,  une  Dissertationsur  le  son  et  sur 
l'ouïe,  qu'il  a  fait  imprimer  en  allemand,  sous 
ce  titre  :  Abhandlung  vom  Schalle,  wie  er  ent- 
stehet,  fortgehet,  ins  Ohr  loirket,  und  wie  der 
Empfang  der  Schalles  kraft  der  innerliclien 
Struktur  des  Ohrs ,  etc.;  BerVw,  1764,  in-4",  ('e 
139  pages.  Ce  mémoire  obtint  le  prix  proposé  par 
l'Académie  de  Berlin.  Il  a  été  inséré  dans  le  re- 
cueil de  cette  académie.  On  en  trouve  des  exem- 
plaires qui  portent  le  titre  français  :  Dissertation 
sur  le  son  et  sur  ï'ottïe;  Berlin,  Hândel  et  Spe- 
ner,  1764,  in-4°  ;  mais  l'ouvrage  est  écrit  en  alle- 
mand :  c'est  identiquement  le  même  volume  que 
le  précédent.  Bellz  est  mort  au  mois  de  décem- 
bre 1776. 

BÉMETZBIEDER  (....),  né  dans  un  vil- 
lage  de  l'Alsace,  en  1743,  embrassa  d'abord  l'é- 


BËMETZrxlEDEPt 


331 


(at  ecdtSiastique  et  prit  l'habit  de  l'ordre  de 
Sainl-Beiiolt.  Mais  bientôt  le  désir  d'être  indc- 
peiuiaiit,  lin  goût  passionné  pour  les  sciences, 
et  particulièrement  pour  la  musique,  le  firent 
rentrer  dans  le  monde.  Il  se  rendit  à  Paris,  ne 
sachant  trop  ce  qu'il  allait  y  faire,  mais  confiant 
dans  l'avenir  comme  on  l'est  dans  la  jeunesse. 
Il  paraît,  par  le  témoignage  de  Diderot,  que  l'ins- 
truction de  Bémetzrieder  était  élendue,  car  ce 
philosophe  original  dit  en  parlant  de  lui  (1)  : 
«  Ce  jeune  homme  me  fut  adressé,  comme  beau- 
coup d'autres  ;  je  lui  demandai  ce  qu'il  savait 
faire.  —  Je  sais,  me  répondit-il,  les  mathéma- 
tiques. —  Avec  les  mathématiques  vous  vous  fa- 
tiguerez beaucoup ,  et  vous  gagnerez  peu  de 
ciiose.  —  Je  sais  l'histoire  et  la  géographie.  — 
Si  les  parents  se  proposaient  de  donner  une  édu- 
cation solide  à  leurs  enfants,  vous  pourriez  tirer 
parti  de  ces  connaissances  utiles;  mais  il  n'y  a 
pas  de  l'eau  à  boire.  — J'ai  fait  mon  droit  et  j'ai 
étudié  les  lois.  —  Avec  le  mérite  de  Grotius,  on 
pourrait  ici  mourir  de  faim  au  coin  d'une  borne. 

—  Je  sais  encore  une  chose  que  personne  n'i- 
gnore dans  mon  pays,  la  musique;  je  touche 
passablement  du  clavecin,  et  je  crois  entendre 
l'harmonie  mieux  que  la  plupart  de  ceux  qui 
l'enseignent.  —  Eh  !  que  ne  le  disiez-vous  donc? 
Chez  un  peuple  frivole  comme  celui-ci,  les  bon- 
nes études  ne  mènent  à  rien  ;  avec  les  arls  d'a- 
grément, on  arrive  à  tout.  Monsieur,  vous  vien- 
drez tous  les  soirs  à  six  heures  et  demie;  vous 
montrerez  à  ma  fille  un  peu  de  géographie  et 
d'histoire  :  le  reste  du  temps  sera  employé  au 
clavecin  et  à  l'harmonie.  Vous  trouverez  votre 
couvert  mis  tous  les  jours  et  à  tous  les  repas,  et 
comme  il  ne  suffit  pas  d'être  nourri,  qu'il  faut 
encore  être  logé  et  vêtu,  je  vous  donnerai  cinq 
cents  livres  par  an  ;  c'est  fout  ce  que  je  puis  faire. 

—  Voilà  mon  premier  entretien  avec  M.  Bémetz- 
rieder. M  La  liaison  de  celui-ci  avec  Dijierot 
lui  procura  un  moment  de  vogue;  ce  philo- 
sophe assure  qu'il  comptait  parmi  ses  élèves 
des  hommes  et  des  femmes  du  premier  rang,  des 
musiciens  jiar  état,  des  hommes  de  lettres,  des 
philosophes,  des  jeunes  personnes,  etc.,  etc.  Il  y 
a  quelque  apparence  que  cette  prospérité  ne  fut 
pas  de  longue  durée  ;  car  Bémetzrieder  s'éloigna 
de  Paris  en  1782,  pour  s'en  aller  à  Londres,  où 
la  fortune  ne  le  traita  pas  mieux.  Il  y  vivait  en- 
core en  1816  ;  on  ne  sait  ce  qu'il  est  devenu  de- 
puis lors  ni  quand  il  a  cessé  de  vivre. 

Je  ne  sais  si  Bémetzrieder  était  savant  en  droit, 
en  histoire  et  en  mathématiques;  mais  assuré- 
ment il  était  très-ignorant  en   musique,  car   il 

(1)  Correspond,  littt'r. ,  philos,  et  crit.  de  Grimm   et  de 
Diderot,  t.  va,  p.  29)  et  suiv.,  édition  de  l'aiis.  18i9. 


n'existe  rien  de  plus  plat  ni  de  plus  mal  écrit  que 
les  exemples  de  musique  des  ouvrages  qu'il  a 
publiés  sur  la  théorie  de  l'harmonie.  Les  éloges 
donnés  par  Diderot  à  son  système  d'harmonie 
prouvent,  comme  l'analyse  qu'il  en  a  faite,  le 
danger  de  parler  de  ce  qu'on  n'entend  pas ,  lors 
même  qu'on  est  doué  d'un  esprit  supérieur. 
Bémetzrieder  avait  écrit  ses  principes  en  dialo- 
gues pour  les  leçons  qu'il  donnait  à  la  fille  du 
philosophe  ;  Diderot  entreprit  d'en  faire  un  livre, 
et  se  chargea  de  la  rédaction  de  celui  qui  parut 
sous  le  titre  de:  Leçons  de  clavecin  et  principes 
d'harmonie.  Il  ne  fit,  dit-il,  autre  chose  que  de 
corriger  le  mauvais  français  tndesque  de  l'au- 
teur de  ces  dialogues;  mais,  quoi  qu'il  dise,  il  y 
mitcertainementIecachetoriginalqui,seul,  a  pro- 
curé quelque  succès  aux  Leçons  de  clavecin,  et 
qu'on  retrouve  dans  toutes  ses  productions.  Ce 
qui  le  prouve,  c'est  que  tous  les  autres  livres 
publiés  ensuite  par  Bémetzrieder  ne  renferment 
que  du  galimatias  inintelligible.  Au  reste,  il  est 
bon  de  dire  que  ces  livres  n'eurent  une  sorte 
de  succès  que  parmi  les  gens  du  monde,  parce 
qu'il  était  alois  de  mode  d'avoir  l'air  de  s'occu- 
per de  théorie  de  musique,  sans  y  rien  entendre  : 
quant  aux  musiciens,  ils  n'eurent  jamais  la 
moindre  estime  pour  le  fatras  de  l'ex-bénédic- 
tin. 

Bémetzrieder  a  présenté  sous  toutes  les  formes 
ses  obscures  idées  sur  la  théorie  de  l'harmonie 
et  sur  la  tonalité.  La  liste  de  ses  écrits  est  éten- 
due; la  voici  à  peu  près  complète  :  1°  Leçons 
de  clavecin  et  principes  cV  harmonie  ;  Paris, 
Bluet,  1771,  in-io.  Ce  livre,  dont  les  exemples 
de  musique  sont  imprimés  avec  les  caractères  de 
Fournier,  a  été  traduit  en  espagnol  par  Bails 
(  Voy.  ce  nom).  —  1°  Lettre  en  réponse  à  quel- 
ques objections  sur  les  Leçons  de  clavecin; 
Paris,  1771,  in-S".  Je  crois  que  cet  écrit,  cité  par 
Forkci  et  par  Lichtenthal  n'est  autre  que  celui-ci, 
dont  on  a  mal  copié  le  titre  :  Lettres  de  M.  Bé- 
metzrieder à  MM***,  musiciens  de  profession, 
ou  Réponse  à  quelques  objections  qiCon  a  fai- 
tes à  sa  méthode  pralique,  sa  théorie  et  son 
ouvrage  sur  l'harmonie;  Paris,  1771,  in-8^.  — 
3"  Lettre  à  M.  le  baron  de  S***,  concernant 
les  dièses  et  les  bémols;  Paris,  1773,  in-s".  — 
4°  Traité  de  musique  concernant  les  tons,  les 
harmonies,  les  accords  et  le  discoîas  musical; 
Paris,  1776,10-8°.  Une  deuxième  édition  de  ce 
livre  a  été  publiée  en  17S0,  sous  ce  titre  :  Dis- 
cours théorique  sur  l'origine  des  sons  de  l'oc- 
tave, sur  la  naissance  des  deux  modes,  sur 
les  dièses,  sur  les  bémols,  et  stir  la  formation 
des  harmonies,  in-S".  Une  traduction  anglaise 
de  cet   ouvrage  de   Bémetzrieder,   par  GilTard 


332 


BÉMETZRIEDER  —  BENDA 


Bernard,  a  paru  à  Londres,  en  1779,  in-4°.  — 
h."  Réflexions  sur  les  leçons  de  musique;  Paris 
1778,  in-80.  —  60  Nouvel  essai  sur  Vharmo- 
nie,  suite  du  traité  de  musique;  Paris,  1779, 
in-8°.  Cet  ouvraj^e  reparut  avec  un  nouveau 
frontispice  en  1781,  comme  une  nouvelle  édition. 

—  1"  Le  Tolérantisme  musical  ;  Paris,  1779, 
in-S".  Cette  brochure  de  32  pages  a  pour  but  de 
jaire  cesser  les  disputes  des  Gluckistes  et  des 
Piccinistes,  et  de  prouver  qu'il  y  a  de  bonne 
musique  <le  plus  d'un  genre.  —  S''  Exemples 
des  principaux  éléments  de  la  composition 
musicale,  addition  au  nouvel  Essai  sur  Vhar- 
vionie;  Paris,  1780,  in-8".  —  8°  (bis)  Méthode 
et  réflexions  sur  les  leoons  de  musique.  Nou- 
velle édition;  Paris,  OntVoy,  1781,  1  vol.  in-S". 

—  9"  New  tessons  for  harpsichord,  frencli  and 
engiish;  Londres,  1778,  in-8".  C'est  une  traduc- 
tion anj;laise  accompagnée  du  texte  français  des 
leçons  de  clavecin  rédigé  par  Diderot;  Bé- 
nietzvieder  la  publia  dans  l'année  môme  de  son 
arrivée  en  Angleterre.  Il  la  reproduisit,  en  anglais 
seulement,  sous  le  titre  de  Music  made  easy  for 
everij  capacity  (La  musique  rendue  facile  à 
toutes  les   intelligences);  Londres,  1782,  in-4°. 

• —  10"  Précis  des  talents  du  musicien;  Lon- 
dres 1783,  in-8°.  Dans  la  même  année  une  tra- 
duction anglaise  de  cet  ouvrage  parut  à  Londres 
sous  le  titre  de  New  way  of  tcaching  music. — 

—  ir  New  guide  to  singing  (Nouveau  maî- 
tre à  chiinler);  Londres,  1787.^  11°  (bis)  Ge- 
neral instruction  in  Music,  containing  pre- 
cepts  and  exemples  in  every  branch  of  the 
science;  ivith  a  geometrical  explanaiion  of 
the  musical  scale ;  Londres,  i790,  1  vol.  in-4'' 
obi.  —  \2"Art  oftuningi kit  d'accorder  les  ins- 
truments à  clavier);  Londres,  17...  —  13"  A 
complète  treatise  of  music  ;  Londres,  1800, 
in-4°.  Dans  cette  multitude  d'écrits  destinés  à 
mettre  en  vogue  des  idées  fausses  sur  la  tonalité 
et  sur  riiarii'onie,  Bémeizrieder  montre  une  igno- 
rance complète  de  ce  qu'on  avait  écrit  avant  lui 
sur  ces  matières  ;  cependant,  à  l'entendre,  on 
croirait  qu'il  avait  étudié  tous  les  systèmes,  qu'il 
en  avait  constaté  les  défauts,  et  qu'il  n'y  avait 
que  lui  qui  eût  connu  la  vérité,  car  il  dit  modes- 
tement, dans  ses  Réflexions  sur  les  leçons  de 
anuslque,  page  20  :  «  Si  on  veut  comparer  mon 
traité  avec  les  livres  français,  allemands,  ita- 
liens, latins  et  grecs  qui  l'ont  précédé  sur  la  mu- 
si(pie,  ou  verra  que  j'ai  fertilisé  un  terrain  inculte 
«t  négligé.  » 

I5émetzrieder,  qui  paraît  avoir  été  tourmenté 
par  la  manie  d'écrire,  a  publié  plusieurs  bro- 
dnires  sur  des  sujets  de  philosophie  et  de  mo- 
rale, parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  Plan  d'un 


club  pour  les  philosophes  de  Londres,  et, 
avec  très-peu  de  modifications,  pour  toutes 
les  grandes  villes  du  monde  :  essai  philoso- 
phique sur  une  nouvelle  manière  de  tuer  le 
temps;  Londres,  1784,in-4°.  ■ —  2°  New  philo- 
sophical  thoughts  ou  man,  Divinity  ,  our  ino- 
ral ideas,  reUgious  war,  révolutions,  and  the 
golden  âge  (  Nouvelles  |)ensées  sur  l'homme,  la 
divinité,  nos  idées  morales,  les  guerres  de  reli- 
gion et  l'âge  d'or)  ;  Londres,  1795 ,  in-4°.  — 
3°  A  new  code  for  gentlemen;  Londres,  1803, 
in-8°. 

BE1\C1IVI  (Pierre-Paul),  compositeur  dis- 
tingué pour  l'église,  dans  le  style  accompagné, 
fut  nommé  maître  de  la  chapelle  Sixline,  à 
Rome,  le  1"  mars  1743,  et  occupa  celte  .place 
jusqu'à  sa  mort,  qui  eut  lieu  le  6  juillet  1755. 
Ses  compositions  se  trouvent  en  manuscrit  dans 
quelques  églises  de  Rome,  et  particulièrement 
dans  les  archives  de  la  chapelle  Sixtiue.  M.  Pabbé 
Santini,  de  Rome,  possède  de  cet  auteur: 
1°  Deux  Te  Dcum  à  quatre  voix.  —  2°  L'hymne 
de  la  Nativité.  —  3»  Des  psaumes  et  des  motets 
avec  ou  sans  instruments.  —  4°  Les  psaimies 
Beuti  onincs  et  Lauda  Hierusalem,  à  cinq.  — 
5"  Huit  psaumes  à  huit,  et  un  Dixit  à  seize, 
avec  instruinents. 

11  y  a  eu  un  autre  compositeur  du  nom  de 
Bencini  (Antoine),  dont  on  connaît,  en  manus- 
crit, des  messes  et  <lt,'S  psaumes  à  quatre  voix. 
La  bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  de  ce- 
lui-ci une  messe  à  cinq  voix  avec  instruments, 
et  une  autre  à  quatre  voix,  également  avec  or- 
cliestre. 

BENDA  (François),  maître  des  concerts  du 
roi  de  Prusse  et  fondateur  d'une  école  de  violon, 
eji  Allemagne,  naquit  à  Althenatka,  en  Bohème, 
le  25  novembre  1709.  A  l'âge  de  sept  ans  il 
commença  l'étude  de  la  musique;  en  1718  il  en- 
tra comme  sqiranisle  à  l'église  de  Saint-Nico- 
las, de  Prague.  Le  roi  de  Saxe  ayant  donné  l'or- 
dre de  chercher  dans  la  Bohême  un  sopranisie 
pour  le  service  de  sa  chapelle,  le  choix  tomba 
sur  Benda,  qui  se  rendit  à  Dresde  et  qui  fut  bien 
accueilli  par  le  maître  de  la  chapelle.  Après  avoir 
passé  dix-huit  mois  dans  celte  situation,  il  lui 
prit  fantaisie  de  retourner  à  Prague;  mais  sa 
belle  voix  et  son  aptitude  comme  musicien  le 
rendaient  si  utile  au  service  de  la  chapelle,  qu'il 
ne  put  obtenir  de  congé,  et  qu'il  ne  put  recou- 
vrer sa  liberté  que  par  la  fuite.  11  se  cacha  dans 
un  bateau  qui  le  conduisit  à  Pirna  ;  mais  il  ne 
put  aller  plus  loin,  car  on  l'avait  suivi  dans  cette 
ville;  il  y  fut  arrêté,  et  on  le  ramena  à  Dresde. 
Le  voyage  qu'il  venait  de  faire,  le  froid  qu'il  avait 
enduré,  cl  peut-être  aussi  la  ciaiutc  dont  il  fut 


BENDA 


?,?.^ 


•nisi,  lui  fironf  ponlre  toiîl  h  cniip  sa  bollfi  voix 
de  sopiMiio,  et  ilès  lors  on  ne  mit  plus  d'obstacle 
h  son  départ.  De  retour  à  Prague,  il  recouvra  sa 
voix,  qui  se  changea  en  contralto,  et  cet  avan- 
tage le  lit  admettre  au  séminaire  des  J(!suites  en 
1723.  Ses  premières  compositions  datent  de  cette 
époque;  son  premier  essai  fut  un  Sa/vc  région. 
Peu  de  temps    après   l'avoir  écrit,  il   retourna 
chez  ses  parents  ;  mais  il  n'y  resta  pas  longtemps  : 
la  nécessité  de  pourvoir  à  son  existence    le  fit 
s'engager  dans  une  troupe  de  musiciens  ambu- 
lants. Parmi  ceux-ci  se  trouvait  un  juif  aveugle, 
nommé  Lœbel ,  violoniste  fort  liabde  qui  devint 
le  maître  et  le  modèle  de  lîenda.  Fatigué  bientôt 
de  sa  vie  vagabonde,  celui-ci  retourna  à  Prague 
et  y  prit  quelques  leçons  du  violoniste  Koniesck. 
Lni-mémese  mit  à  travailler  avec  ardeur  à  per- 
fectionner son  talent.  Tour  à  tour  il  passa  eji- 
suite  au  service  du  comte  d'Uhlefeld ,  du  feld- 
maréchal  Monlecuculi,  et  du  baron  Andier.  Ce- 
lui-ci l'emmena  à  Ilermanstadt   en  Transylvanie, 
où  il  resta  pendant  on  an.  Le  désir  de  voir  la 
capitale  de  l'Autriche  lui  fit  quitter  cette  posi- 
tion :  en  arrivant  à  Vienne,  il  entra  chez  le  mar- 
quis de  Lunéville,  ambassadeur  de  France.  Là, 
il  eut  le!)onnenr  d'entendre  le  célèbre  violoncel- 
liste Franciscello,  et  d'en  recevoir  des  conseils  qui 
eurent  la  plus  heureuse  influence  sur  son  talent. 
Une  association  s'étant  formée  entre  Benda  et 
trois  autres  artistes  nommés  Czarth,  Hœkh  et 
Weidner,  ils  se  mirent  en  voyage  et  se  rendi- 
rent en    Pologne.    Arrivés  à   Varsovie ,  ils  se 
mirent  au  service  du   staroste  Szaniowsky,  qui 
choisit  Benda    pour   son   maître   de   chapelle. 
Après  avoir  passé  deux  ans  et  demi  à  la  cour 
de   ce   seigneur,  il  la   quitta  pour  entrer    dans 
la   chapelle   du    roi  de  Pologne ,  Auguste.    La 
mort  de  ce  prince  le  laissa  bientôt  sans  place, 
el  l'obligea  d'aller  à  Dresde  pour  y  trouver  de 
l'emploi.  Là,  il  rencontra  le  célèbre  flûliste    et 
compositeur  Quanz,  qui  l'engagea,  en  1732,  pour 
le  service  du  prince  royal  de  Prusse,  Frédéric  H. 
A  son  arrivée  à  Ruppin,  il  y  trouva  le  maître  de 
concerts  Jean-Théophile  Graun  ,  frère  du  célè- 
bre compositeur  de  ce  nom.  Graun  était  alors  le 
meilleur  violoniste  de  l'Allemagne  ;  Benda  avowa 
qu'il  n'avait  jamais  entendu  d'artiste  qui  lui  eût 
fait  autant  de  plaisir,  surtout  dans  l'adagio,  et 
qu'il  avait  tiré  un  grand  enseignement  de  ce 
qu'il  lui  avait  entendu  jouer.  Sa  nouvelle  position 
lui  procura  aussi  l'avantage  «le  prendre  des  le- 
çons de  Quanz  pour  l'harmonie  et   le  contre- 
point. 

Le  traitement  que  Benda  recevait  du  prinee 
royal  de  Prusse  fut  beaucoup  augmenté  quand 
Frédéiic  monta  sur  le  trône.  Ses  deux   frères 


Jean  et  Joseph  Benda  inrnit  aussi  admis  dani 
la  chapelle.    Dans  cette   siîualiou  lieureJisc    efi 
tranquille,  l'artiste  ne  songea  plus  qu'à  perfec 
tionner  son  talent  et  à  consacrer  sa  vie  entière  .v 
son  art.  Tant  de  soins,  de  travaux   et  de  persé- 
vérance furent  couronnés  par  les  plus  hrillanis 
succès,  et  Benda  parvint  à  im  degré  de  perfec- 
tion inconnu  jusque-là  aux  violonistes  de  l'Alle- 
magne. Depuis  quarante  ans,  il  était  membre  de 
la  musique  du  roi   de  Prusse,    lorsqu'cn   1772, 
il  succéda  à  Graun   l'ainé   comme  maiti'e  dos 
concerts;  mais  quelques  années  après,  sa  santé 
se  dérangea,  il  fut  oblige  de  cesser  son  service, 
et  il  mourut  d'épuisement  à  Pofsdam,  le  7  mars 
178G,  à  l'âge  de  soixante-seize  ans.  Burney  dit, 
dans  son  Voyage  musical,  que  la  manière  de  ce 
virtuose  n'était  celle  d'aucun  autre  violoniste.  11 
n'avait  copié  ni  Tarlini,  ni  Somis ,  ni  Varacini, 
mais  il  avait  pris  de  chacun  ce  qui  avait  le  plus 
d'analogie  avec  sa  manière  de  sentir,  et  de  tout 
cela  il  s'était  fait  im  style  particulier,  il  excellait 
surtout  à  rendre  les  trails  à  l'aigu  avec  un  son 
pur  et  moelleux,  quoiqu'il  les  jouât  dans  un  mou- 
vement très-rapide.  Ses  élèves  furent  nombreux: 
ils  répandirent  en  Allemagne  ses  traditions  qui 
ont  étéconnuesjusqu'au  commencement  ilu  dix- 
neuvième  siècle  sous  le  nom  d'eco/e  de  Benda. 
Les  plus  distingués  d'entre  eux  ont  été  son  frère 
Joseph,  ses  deux  fils,  Kœrbifz,  Bofiin\is,  Pischer, 
Veichtner,  Ramnitz,   Rust  et  Matthes.    Denda 
avait  aussi  formé,  pour  le  chant,  ses  deux  filles, 
femmes   des  maîtres   de  chapelle  Reich.'irdt  et 
Wolff,   et  le  sopraniste   Paolino.  Il  a  composé 
près  de  cent  .solos  pour  le  violon,  un  grand  nom- 
bre de  concertos  et  plusieurs  symphonies;  tous 
ces  ouvrages  sont   restés  en  manuscrit;  on  n'en 
a  publié  que  Onze  solos  pour  le  violon,  un  Solo 
pour  la  flûte,  des  études  ou  caprices  pour  le 
violon,    œuvre  posthume,  livre  I  et  II,  et  des 
Exercices  progressifs,  liv.  III.  Le  portrait  de 
Benda  a  été  gravé  parPolte,  en  1796,  et  ensuite 
par  Laurent. 

BENDA  (Jean),  frère  cadet  de  François, 
musicien  de  la  chambre  du  roi  de  Prusse,  né  à 
Althenatka,  vers  1714,  fit  ses  études  musicales 
à  Dresde,  et  vécut  dans  cette  ville  jusqu'en  1733. 
Conduit  à  Berlin  par  son  frère,  François  Benda, 
il  y  obtint  une  place  à  la  chapelle  royale;  mais 
il  y  mourut  au  commencement  de  17b2,  à  l'âge 
de  trente-huit  ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit  ti"ois 
concertos  de  violon,  de  sa  composition. 

BENDA  (  Joseph  ),  néà  Althenatka,  en  1724, 
selon  l'Almanach  musical  de  Reichardt,  et  eu 
172.'),  selon  d'autres,  succéda  à  son  frère,  Fran- 
çois Benda,  dans  l'emploi  de  maître  des  concerts 
du  roi  de  Prusse.  11   avait  élé   d'abord  admi?.. 


334 


BENDA 


comme  violoniste,  parmi  les  musiciens  de  la 
chambre  de  ce  monarque,  en  1742.  Au  com- 
inencement  du  règne  de  Frédéric-Guillaume  II, 
sa  pension  fut  réglée  à  huit  cents  éciis  de  Prusse; 
mais  le  successeur  de  ce  prince  l'a  réduite  à 
deux  cents.  Joseph  Bencla  est  mort  à  Berlin  en 
1804,  dans  la  quatre-vingtième  année  de  son 
âge.  Quoiqu'il  ait  beaucoup  écrit,  aucune  de  ses 
compositions  n'a  été  gravée. 

BEi\DA  (Georges),  compositeur,  n'était 
pas  frère  des  trois  artistes  précédents,  comme 
le  dit  Gerl)er  dans  son  ancien  lexique,  mais 
leur  cousin.  Ilnaquit  à  Jungbunslau,en  1729,.  Son 
père,  simple  tisserand  dans  ce  village,  fut  son 
premier  maître  de  musique  et  lui  enseigna  à 
jouer  du  hautbois.  Il  se  livra  aussi  à  l'étude  du 
violon  et  du  clavecin,  et  devint  d'une  habileté  re- 
marquable sur  ces  instruments.  En  1740,  lorsque 
François  Benda  appela  près  de  lui  sa  tiamille  à 
Berlin,  Georges  perfectionna  ses  talents  sur  les 
l)eaux  modèles  que  lui  offraient  les  artistes  de  la 
capitale  de  la  Prusse.  Admis  dans  la  chapelle 
du  roi,  comme  second  violon,  il  eut  de  fréquen- 
tes occasions  d'entendre  les  compositions  de 
Graun  et  de  Hasse,  et  de  former  son  goût  sur  leur 
modèle.  Ce  fut  à  peu  près  la  seule  éducation 
musicale  qu'il  reçut  comme  compositeur,  car  il 
ne  voulut  jamais  se  donner  la  peine  d'étudier  le 
contrepoint,  ni  même  l'harmonie.  La  place  de 
maître  de  chapelle  du  duc  de  Saxe-Gotha  étant 
devenue  vacante,  en  1748,  par  la  mort  de  Stœl- 
zel,  Benda  l'obtint  et  quitta  le  service  du  roi  de 
Prusse.  Le  duc,  Frédéric  III,  était  un  amateur 
passionné  de  musique  d'église;  il  demanda  beau- 
coup de  Messes,  de  Passions  et  d'Hymnes  à  son 
nouveau  maître  de  chapelle;  le  talent  déployé 
par  Benda  dans  ces  ouvrages  révéla  à  l'Allema- 
gne l'existence  d'un  artiste  de  mérite.  Le  prince 
fut  si  satisfait  de  ces  productions,  qu'il  con- 
sentit, en  1764,  au  voyage  que  Benda  voulait 
faire  en  Italie,  et  qu'il  en  paya  les  frais.  Déjà  le 
compositeur  était  connu  par  ses  belles  sonates 
et  ses  concertos.  11  joua  l'un  de  ceux-ci  à  la 
cour  de  Munich,  lorsqu'il  partit  pour  l'Italie, 
et  l'électeur  lui  donna  une  belle  montre  d'or  en 
témoignage  de  sa  satisfaction.  Arnvé  à  Venise, 
Benda  courut  au  théâtre,  pressé  par  le  besoin 
d'entendre  de  la  musique  italienne.  On  jouait  un 
opéra  bouffe  de  Galuppi.  Accoutumé  comme 
il  l'était  à  la  musique  forte  d'harmonie  et  riche 
de  modulations,  le  compositeur  allemand  ne  com- 
prit pas  le  mérite  des  mélodies  simples,  naturel- 
les et  spirituelles  de  Galuppi,  et  son  dégoût  pour 
cette  musique  devint  si  fort,  qu'il  ne  voulut  pas 
rester  dans  la  sallejiisqu'à  la  fin  de  la  représen- 
lation,  et  qu'il  s'enfuit  malgré  les  observations 


du  directeur  de  musique  Rust,  qui  l'avait  accom- 
pagné dans  son  voyage.  Rust,  mieux  disposé 
que  Benda  à  goûter  le  charme  de  la  musique 
italienne,  non-seulementécouta  la  piècejusqu'au 
bout ,  mais  y  retourna  tous  les  soirs.  Étonné  de 
sa  persévérance,  Benda  voulut  encore  tenter  une 
épreuve,  et  prit  enfin  le  parti  d'aller  entendre  en- 
core cette  musique  qui  lui  avait  tant  déplu  d'a- 
bord. Cette  fois  il  y  découvrit  un  charme  qui  le 
captiva  jusqu'à  le  faire  assister  à  toutes  les  repré- 
sentations. Devenu  enfin  passionné  pour  les  for- 
mes italiennes,  il  s'en  servit  pour  modifier  sa 
manière,  qui,  depuis  lors,  prit  le  caractère  italo- 
germanique  que  Benda  a  conservé  dans  toutes 
ses  productions.  Arrivé  à  Rome,  Benda  y  écrivit 
un  morceau  d'église  pour  l'anniversaire  de  la 
naissance  du  duc  de  Saxe-Gotha;  ce  morceau, 
considéré  comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages, 
n'a  point  été  publié. 

De  retour  à  Gotha,  en  1766,  Benda  y  écrivit 
ses  opéras  de  Ciro  riconosciuto  et  de  II  bnon 
Marito.  Ces  ouvrages  furent  suivis  de  la  Foire 
de  village,  petit  opéra  comique;  de  Walder, 
opéra  sérieux;  à' Ariane  à  Naxos,  duodrame; 
de  Médée ;  du  Bûcheron;  de  Pygmalion,  mo- 
nodrame de  Rousseau;  de  Roméo  et  Juliette; 
delà  Loi  tartare  ;  de  Lucas  et  Barbe,  opéra  co- 
mique, et  de  l'Enfant  trouvé.  Après  le  brillant 
succès  de  toutes  ces  compositions,  Benda  jouis- 
sait de  la  plus  belle  réputation  et  du  sort  le 
plus  doux  à  la  cour  de  Gotha  ;  cependant  il  quitta 
tout  à  coup  cette  position  ,  renonça  aux  douze 
cents  thalers  de  traitement  qu'il  recevait  chaque 
année,  et,  sans  même  demander  de  pension 
pour  ses  longs  services,  il  s'enfuit,  en  1778,  à 
Hambourg,  où  Sehroeder  lui  confia  la  direc- 
tion de  l'orchestre  de  son  théâtre.  Bientôt  fati- 
gué de  la  dépendance  où  le  mettait  son  service, 
il  se  rendit  à  Vienne,  s'y  fit  entendre  avec  succès 
dans  un  concert,  n'y  vécut  point  heureux,  et  prit 
enfin  le  parti  de  retourner  à  Gotha,  où  il  pria  le 
prince  de  lui  pardonner  sa  faute.  Il  en  reçut 
deux  cents  tbalers  de  pension  annuelle;  le  suc- 
cesseur de  ce  prince,  le  duc  Auguste  de  Saxe- 
Gotha,  y  ajouta  deux  cents  autres  thalers.  Alors 
Benda  se  retira  à  Georgenthal,  agréable  village  à 
trois  lieues  de  Gotha,  et  y  employa  les  loisirs  de 
sa  selitude  à  rassembler  tous  les  morceaux  qu'il 
avait  écrits  pour  le  piano,  dans  le  dessein  d'en 
donner  une  édition  complète. 

En  1781,  des  propositions  lui  furent  faites 
pour  se  rendre  à  Paris,  oii  l'on  venait  de  tra- 
duire son  opéra  A' Ariane  à  ISaxos  ;  il  ne  se  dé- 
cida qu'avec  peine  à  ce  voyage,  parce  qu'il  avait 
atteint  sa  soixantième  année  ;  mais  les  instances 
devinrent  si  pressantes,  qu'il  accéda  enfin  aux 


BENDA 


33.V 


offres  qui  lui  ('(aient  faites.  Il  dirigea  hii-m/^me 
la  mise  en  scène  de  son  ouvrage;  mais  il  se  re- 
pentit ensuite  de  sa  condescendance,  la  pièc« 
n'ayant  point  eu  de  succès.  De  retour  à  Gcor- 
genthal,  il  semblait  s'y  plaire;  mais  tout  à  coup, 
par  un  de  ces  caprices  dont  sa  vie  offrit  de  nom- 
breux exemples,  il  alla  demeurer  à  Ordruff,  se 
fatigua  bientôt  de  son  séjour  dans  celte  ville  et 
se  retira,  en  1788,  à  Ronnebourg  où  il  exprima, 
quatre  ans  après,  l'ennui  qui  le  dévorait  dans  une 
sorte  d'élégie  en  musique  connue  sous  le  nom 
des  Plaintes  de  Benda{Benda's  Klagcn).  l'a- 
ligué  du  monde  et  de  lui-même,  il  alla,  peu  de 
temps  après,  cherclier  une  solitude  à  Koestrilz, 
où  il  mourut  le  6  novembre  1795,  à  l'âge  d'envi- 
ron soixante-treize  ans. Dans  ses  dernières  années 
son  art  avait  pour  lui  si  peu  de  cliarme,  (pie, 
lorsqu'on  le  pressait  d'entendre  quelque  ai  liste 
distingué,  il  répondait  :  une  simple  fleur  me 
procure  plus  de  jouissances  que  toule  la  mu- 
sique. 

Benda  aimait  beaucoup  les  plaisirs  de  la  table, 
.semblable  en  cela  à  Jomelli,  H;eudel  et  Gluck. 
Lorsqu'il  composait,  il  écrivait  fort  vite  ;  mais 
il  passait  la  plus  grande  partie  du  temps  dans 
une  vague  rêverie  qui  l'empêcha  de  produire 
autant  qu'il  aurait  pu  le  faire  dans  une  carrière 
aussi  longue  que  la  sienne.  On  voit  dans  ses  let- 
tres, publiées  par  Scblicbtegroll,  qu'il  médita 
beaucoup,  vers  la  fin  de  sa  vie,  sur  l'immortalité' 
de  l'àme,  à  laquelle  il  ne  croyait  pas.  Il  y  a  lieu 
de  penser  que  son  cœur  était  sec  autant  que  sa 
tête  était  fantasque.  On  rapporte  sur  lui  l'anec- 
dote suivante.  Sa  femme  venait  d'expirer  dans 
ses  bras  ;  à  peine  eut-elle  rendu  le  dernier  sou- 
pir, que  Benda  se  précipita  sur  son  piano  et 
cbercha  à  exprimer  sa  douleur  par  des  modula- 
tions mélancoliques  ;  mais  bientôt,  préoccupé  de 
ses  successions  d'accords,  il  oublia  l'objet  de  son 
improvisation,  et  lorsqu'un  domestique  vint  lui 
demander  s'il  fallait  envoyer  des  lettres  de  faire 
part,  il  entra  dans  la  chambre  de  sa  femme  pour 
la  consulter  sur  ce  sujet,  et  ce  ne  fut  qu'en  ajier- 
cevanl  le  corps  inanimé  qu'il  se  souvint  du  uial- 
lieur  qui  venait  de  le  frapper. 

Benda  avait  reçu  de  la  nature  des  idées  mé- 
lodiques remplies  de  grâce  et  d'expression  ;  bien 
qu'il  n'eût  point  fait  d'études,  son  harmonie  est, 
en  général,  pure  et  correcte;  tout  ce  qu'il  a  écrit 
est  d'un  caractère  gracieux,  et  ses  ouvrages  ont 
toujours  été  entendus  avec  plaisir  ;  néanmoins  le 
cachet  de  l'invention  y  manque,  et  c'est  à  cela 
qu'il  faut  attribuer  le  profond  oubli  où  ces  pro- 
ductions sont  déjà  tombées.  Parmi  ces  composi- 
tions, celles  qui  y  ont  été  considérées  comme  les 
mcilleuies  sont:   {<^  Voiiverlure  d''Ariane.  — 


2»  Un  cliaur  Cic Médée.  — 3»  Li\s  Plaintes  d'A- 
mynte  sur  la  faite  de  Lalage,  cantate  compo- 
sée en  1744,  dans  la  jeunesse  de  l'auteur.  — 
40  Plusieurs  morceaux  de  musique  d'église.  ■ — 
50  Ode  sur  la  mort  de  la  duchesse  de  Saxe-Go- 
tha, épouse  de  Frédéric  III,  morceau  qui  fut  en- 
suite exécuté  pour  la  mort  de  Lessing.  —  00  plu- 
sieurs scènes  et  un  chœur  de  Roméo  et  Juliette. 
On  a  publié,  de  la  composition  de  Benda  :  loSei 
sonate  per  il  cembalo;  Berlin,  1757.  — 
2"  Plaintes  d'Amynte  sur  la  fuite  de  La- 
lage; ibid.,  1744.  ^  3°  La  Foire  de  village, 
opéra  comique  réduit  pour  le  piano  ;  Leipsick, 

1776.  —  40    Walder,   opéra  .sérieux  ;  Gotha, 

1777.  —  50  Ariane  à  I\'axos ,  duodramej  Leip- 
sick, 1778.  Une  édition  plus  complète  de  la  par- 
tition de  cet  ouvrage;  ibid.,  ll'Sl.  —  6°  Médée  ; 
Leipsick,  1778.  —  70  Le  Bileheron,  opéra  co- 
mique; ibid.,  1778.  —  8°  Pygmalion,  mono- 
drame;  Leipsick,  1780.  —  9"  Roméo elJuliette, 
partition  réduite  pour  le  piano;  Leipsick  ,  1778. 
—  10"  Deux  concertos  pour  le  clavecin,  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  alto  et  basse  ; 
Leipsick,  1779. —  11°  Colleclion  de  différents 
morceaux  pour  le  piano,  I'",  2®  et  3™^  suite  ; 
Gotha  et  Leipsick,  1780  et  1781.  —  12°  Collec- 
tion d'airs  italiens,  partitions  réduites  pour  le 
piano;  Leipsick,  1782.  • —  IS"  Airs  et  duos  de 
la  Loi  tartare,  mélodrame,  pour  piano  et  vio- 
lon; Leipsick,  1789. —  ik^  Céphaleet  l'Aurore, 
cantate  de  Weiss,avec  accompagnement  de  deux 
llùtes,  deux  violons,  alto,  violoncelle  et  piano; 
Leipsick.  —  15»  Les  Plaintes  de  Benda, canlatc, 
avec  accompagnement  de  deux  flûtes,  deux  vio- 
lons et  basse.  Parmi  les  com(iositions  inédites 
de  Benda  on  remarque  plusieurs  années  com- 
plètes de  musique  d'église,  des  pièces  de  circons- 
tance, des  symphonies,  des  sonates,  des  concer- 
tos de  piano,  et  le  mélodrame  Almanzor.  La 
Bibliothèque  royale  de  lierlin  po.ssède  en  manus- 
crit environ  cinquante  cantates  d'église  et  autres 
de  Benda,  à  quatre  voix  et  instruments  ou  à  voix 
seules,  des  odes  également  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, elles  partitions  autographes  de  plusieurs 
messes,  rhœurs,  trios,  etc. 

BEIVUxV  (I^RÉDÉiuc- Guillaume-Henri),  fils 
aîné  de  l-'rançois,  naquit  à  Potsilam,  le  15  juil- 
let 1745.  Digne  élève  de  son  père  pour  le  violon,, 
il  fut  admis  au  nombre  des  musiciens  de  la  cham- 
bre du  roi  de  Prusse;  mais  il  se  distingua  sur- 
tout comme  claveciniste  et  comme  compositeur. 
Kn  1789,  il  écrivit  son  opéra  allemand  ô^Orphéer 
pour  l'impératrice  de  Russie,  qui  lui  envoya  hr 
grande  médaille  d'or  qu'elle  avait  fait  frapper 
pour  l'inauguration  de  la  statue  de  Pierre  ("''.  Il 
reçut  aussi  de  Paul  P""  une  lettre  llatleuse,  datée- 


336 


BENDA  —  BENDELER 


du  26  novembre  1796,  avec  une  boîte  d'or  émail- 
lée,  comme  récompense  de  quelques-uns  de  ses 
ouvrages  qu'il  avait  envoyés  à  ce  monarque.  Son 
oratorio  Die  Jûnger  (  Les  Disciples),  qui  fut  exé- 
cuté à  Berlin,  en  1792,  fut  très-applaudi.  Outre 
son  Orphée,  qui  fut  publié  en  parlilion  pour  le 
piano,  on  a  encore  de  sa  composition  :  l"  Six 
trios  pour  deux  violons  et  bas^e,  op.  !.  —  2°  Deux 
concertos  pour  violon  et  orchestre,  op.  2. — 
3°  Trois  trios  pour  clavecin,  violon  et  basse, 
op.  3.  — 4°  Trois  concertos  pour  la  llùte,  op.  4. 

—  5»  Trio-^  pour  clavecin,  op.  5.  —  6"  Sonate  à 
quatre  mains,op.  6;  7"  Sept  sonates  séparées  pour 
clavecin  ou  harpe,  avec  llrtle  ou  violon  et  basse, 
publiées  à  Berlin,  de  1788  à  1793.  —  S"  Un  solo 
pour  flûte  et  basse,  1792.  —  9»  Les  Grâces,  can- 
tate, avec  accompagnement  de  piano  ;  Leipsick, 
1792  ;  10°  Six  concertos  de  violon  àcinq  parties, 
en  Mss.  —  11»  Six  solos  de  flûte  en  Mss.  — 
12"  Die  Jûnger  am  Grabe  {Les  disciples  au 
tombeau),  oratorio. 

BEIXDA  (CH.iRLES-HERMANN-ULRIC),  filS  ca- 

det  de  François,  naquit  à  Pofsdam,  le  2  mai 
1748.  Élève  de  son  père  pour  le  violon,  il  fut 
celui  qui  approcha  le  plus  de  sa  belle  manière 
dans  l'exécution  de  l'adagio.  Comme  presque 
fous  les  membres  de  sa  famille,  il  fut  musicien 
de  la  chambre  du  roi  de  Prusse.  Il  a  écrit  quel- 
ques solos  pour  son  instrument. 

BENDA  (Frédéiîic-Lolis),  fils  de  Georges 
Benda,  naquit  à  Gotha,  en  1746.  Devenu  habile 
sur  le  violon,  il  fut  nommé  chef  d'orchestre  du 
petit  théâtre  de  Seyler,  en  1778.  Quatre  ans  après 
on  l'appela  à  Hanau  pour  y  prendre  la  direction 
du  théâtre.  Il  s'y  maria  avec  mademoiselle  Bietz, 
cantatrice  célèbre,  connue  depuis  sous  le  nom 
de  madame  Benda,  fit  avec  elle  un  voyage  à 
Berlin  et  à  Vienne,  et  entra,  en  1783,  au  service 
du  duc  de  Mecklenbourg,  avec  un  traitement  de 
mille  écus  de  Pru.sse.  De  là,  il  pas.sa  à  Kœnigs- 
berg,  en  1789,  comme  directeur  des  concerts; 
mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  cet  emploi,  car 
il  mourut  le  27  mars  1792,  à  l'âge  de  quarante- 
six  ans.  Ses  compositions  les  plus  connues  sont  : 
10  Le  liarhier  de  Séville,  opéra  représenté  à 
Hambourg,  en  1782.  —  2»  Trois  concertos  de 
violon;  Leipsick,  1779.  —  3°  Trauerkantate 
auf  den  Tod  des  Herzogs  von  Mecklenhurg 
(Cantate  funèbre  sur  la  mort  du  duc  de  Meck- 
lembourg),  1785.  — ko  Bas  Vaier  unser,  Kan- 
tateile  Pater  noster),  17S3.  —  .5°  Der  Tod, 
Kantate  (  la  Mort,  cantate) ,  1788.  —  G"  Die 
Religion,  Kantate,  1790.  —  7o  Le  Ballet  des 
Fous,  en  17R7.  —  %"  Die  Verlobung  (Les 
fiançailles),  opérette,  en  1790,  à  Kœnigsberg. 

—  90  Z,07/jse,  opérette,  en  1791,  gravé  en  par- 


tition de  piano;  Kopïiigsberg,  1791.  —  10°  Ma- 
riechen  ['ia  petite  Marie),  opérette,  en  1792, 
à  Kœnigsberg.  C'est  son  dernier  ouvrage. 

BEIVDA  (Ernest-Frédéric),  fils  de  Joseph 
Benda,  naquit  à  Berlin,  en  1747,  et  entra  dans 
la  musique  du  roi  de  Prusse,  après  avoir  achevé 
ses  études  musicales.  En  1770,  il  dirigeait,  con- 
jointement avec  Bachmann,  le  concert  des  ama- 
teurs de  Berlin,  qu'il  avait  fondé.  Tout  annonçait 
en  lui  un  artiste  du  premier  ordre,  lorsqu'il  fut 
enlevé  à  ses  amis  par  une  fièvre  ardente,  le  31 
mars  1778,  dans  la  trente  et  unième  année  de 
son  âge.  La  société  de  concert  honora  sa  mé- 
moire par  une  musique  funèbre  solennelle.  Jl  a 
fait  imprimer  en  1769,  à  Leipsick,  un  menuet 
avec  variations  pour  le  piano. 
BE]\DA  (Madame).  Voyez  Heyne. 
BEIXDA  (Félix),  né  à  Skalska  en  Bohême, 
vers  le  commencement  du  dix-huitième  siècle, 
est  compté  parmi  les  plus  grands  organistes  de 
l'Allemagne.  Il  toucha  d'abord  l'orgue  des  Ser- 
vîtes à  l'église  de  Saint-Michel  à  Prague,  passa 
ensuite  chez  les  frères  de  la  Miséricorde,  dans 
la  même  ville,  et  y  mourut  en  1768.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  beaucoup  d'oratorios,  de  messes, 
de  litanies,  mais  il  ne  paraît  pas  qu'on  en  ait 
rien  imprimé.  Segers  tivouait  que  c'était  à  Benda 
qu'il  devait  ses  connaissances  musicales  et  son 
talent  comme  organiste.  Ses  principaux  orato- 
rios sont  :  1°  L'Innocence  accusée,  on  le  San- 
veîir  du  monde,  composé  en  1700;  —  2o  La 
douloureuse  Mère  de  Dieu,  en  1771  ;  —  3°  Le 
Crucifiement,  1762. 

BENDELER  (Jean-Philippe),  chantre 
au  collège  de  Quedlimbourg,  naquit  à  Rietlmord- 
hausen,  village  près  d'Erfûrt,  vers  1660,  et  mou- 
rut d'une  apoplexie  foudroyante  dans  l'église  de 
Quedlimbourg,  vers  1712.  On  a  de  lui  les  ouvra- 
ges suivants  :  Melopœia  praclica,  an  sich  hal- 
ten  aile  musikalischc  Erfindungen  zwar  auf 
gewisse  Maass ,  etc.  (Mélopée  pratique  ou  Mé- 
thode sûre  pour  s'instruire  dans  les  connais.san- 
ces  musicales);  Nuremberg,  1686,  in-fol.  J'ignore 
si  cet  ouvrage  est  le  même  que  celui  qui  est  cité 
par  Walther,  et,  d'après  lui,  par  Gerberet  For- 
kel  sous  ce  titre:  Mrarium  melopœticum  ;  Nu- 
remberg, 1688,  infol.de  huit  fouilles.  C'est  peut- 
être  une  nouvelle  édition  du  livre  précédent  ; 
peut-être  aussi  ne  s'agit-il  que  d'exemplaires 
différents  de  la  même  édition  dont  on  a  changé 
le  titre;  —  2'^  Organopœia,  oder  Unferweisung , 
luie  eine  Orgel  nnch  iJiren  Hauptstilckén,  als 
Mensurïren,  Abtheilung  der  Laden,  Zufall 
des  Windes,  Stimmung  oder  Temperatur,  etc.; 
Francfort  et  Leipsick,  sans  date,  mais  réimprimé 
à  Mersebourg,  en  1690,  in-4o  de  six  feuilles.  Ui.c 


BENDELER  —  BENDER 


337 


nouvelle  édition  a  paru  à  Francfort,  sous  ce  ti- 
tre :  Orgelbaukunst  (L'art du  facteur  d'orgues), 
1739,  in-4°  ;  — 3°  Directormm  musiciim,  oder 
</ruhdiiche  Erorterung  derjcnigen  Streilfra- 
gen ,  welche  zwischen  dechul-Rectoribus  und 
Cantoribus  iïbcr  dem  Dlrectorio  musico  mo- 
tivirt  worden;  Quediinbonrg,  1706,  28  pages 
in-4''  ;  —  4"  Collegium  miisicum  de  composi- 
^/oHe,  Mss.  Ce  livre  est  cité  par  Maltheson  dans 
son  Arc  de  triomphe  musical  (  Ehrenpforte 
mus.).  Les  ouvrages  de  Bendeler  prouvent  que 
leur  auteur  avait  plus  de  savoir  que  de  critique 
et  de  piiilosopliie  dans  la  tête. 

BEi\DELER  (Salomon),  (ils  du  précé- 
dent, et  basse-contre  de  la  chapelle  et  de  la 
chambre  du  duc  de  Brunswick,  naquit  à  Qued- 
linbourg,  en  1683.  Son  père,  ayant  reconnu  ses 
heureuses  dispositions  pour  la  musique  et  la 
beauté  de  sa  voix,  lui  donna  les  premières  le- 
çons, et  eut  lieu  d'être  satisfait  des  progrès  de 
son  fils.  Parvenu  à  l'âge  de  puberté,  celui-ci  ac- 
quit un  timbre  de  voix  si  fort  et  si  pénétrant , 
qu'aucun  autre  chanteur  ne  put  lui  être  com- 
paré. Quelle  que  fût  l'étendue  d'une  église,  cette 
voix  prodigieuse  se  faisait  entendre  également 
partout,  et  semblait  ébranler  la  voûte.  Bendeler 
<it  un  voyage  en  Angleterre,  où  on  lui  offrit  de 
grands  avantages;  mais  il  préféra  une  place  h 
l'Opéra  de  Hambourg.  Il  y  obtint  le  plus  grand 
succès,  ainsi  qu'à  Leipsick  et  à  Brunswick.  Dans 
un  voyage  qu'il  lit  a  Dantzick  ,  il  toucha  l'orgue 
de  l'église  principale.  Après  avoir  préludé,  il  dé- 
ploya tout  à  coup  la  force  de  sa  voix  étonnante. 
Un  brait  soudain  ([ui  s'éleva  dans  l'église  inter- 
rompit l'office  et  le  chanteur  :  la  femme  d'un 
des  (irincipaux  sénateurs,  épouvantée  par  cette 
voix  terrible,  venait  d'accoucher  heureusement 
d'un  fils.  Son  mari,  tourmenté  de  la  goutte,  fut 
si  transporté  de  joie  à  cette  nouvelle,  qu'il  se 
trouva  guéri  sur-le-champ.  Instruit  du  nom  de 
celui  à  qui  il  devait  ce  double  bonheur,  il  invita 
Bendeler,  avec  une  société  nombreuse,  au  repas 
du  baptême,  et  mit  sur  son  assiette  une  somme 
de  trois  cents  ducats,  en  lui  exprimant  sa  re- 
connaissance pour  le  service  qu'il  venait  de  lui 
rendre,  comme  accoucheur  et  comme  médecin. 
Cette  aventure  fit  connaître  Bendeler,  et  lui  ouvrit 
l'entrée  de  toutes  les  sociétés.  Ce  singulier  chan- 
teur est  mort  en  1724. 

BEIMDER  (Jacqces),  né  à  Bechtheim,  près  de 
AVonns,  en  1798,  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique à  l'âge  de  cinq  ans,  sous  la  direction  de 
Mœser,  organiste  de  cet  endroit.  Après  avoir 
appris  pendant  quatre  ans  à  jouer  du  piano, 
Bender  reçut  des  leçons  de  violon  de  son  père, 
PUIS  il    alla   à  Worms,  oii  Alfuldisch,   maître 

BIOCK.    UNlV.    DES    MUSICIENS.  —    T.    1. 


de  musique  de  la  ville,  lui  enseigna  à  jouer  de 
plusieurs  instruments  et  lui  donna  quelques  le- 
çons d'harmonie.  Les  progrès  de  Bender  sur  la 
clarinette  furent  rapides,  et  bientôt  il  fut  consi- 
déré comme  un  clarinettiste  distingué.  De  re- 
tour à  Bechtheim,  Bender  reprit  ses  études 
d'harmonie,  et  commença  à  écriie  quelques  mor- 
ceaux pour  les  instruments  à  vent.  A  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  il  entra  comme  chef  de  musique 
dans  le  3l™<:  régiment  d'infanterie  du  royaume 
des  Pays-Bas.  Après  dix  années  de  service,  il  se 
retira  dans  la  petite  ville  de  Saint-Nicolas,  en 
Belgique,  en  qualité  de  directeur  de  musique,  et 
y  organisa  une  société  philharmonique.  Appelé  à 
Anvers,  en  1833,  par  la  Société  royale  d'har- 
monie ,  il  fut  chargé  des  fonrfinns  de  chef 
d'orchestre  de  cette  société,  et  se  fi\a  dans  celte 
ville.  Bender  a  arrangé  plusieurs  ouvertures  eu 
harmonie  militaire,  et  a  composé  <les  fantaisi«'s, 
des  pots-pourris  pour  des  orchestres  d'instru- 
ments à  vent,  ainsi  que  des  concertos  pour 
divers  instruments.  Quelques-tms  de  ces  mor- 
ceaux ont  été  publiés  par  MM.  Scholt  fils ,  de 
Mayence;  les  autres  sont  restés  en  manuscrit. 
Bender  est  mort  à  Anvers  le  9  août  1844,  à  l'âge 
de  quarante-six  ans. 

BENDER  (  Valentin),  frère  cadet  du  pré- 
cédent, est  né  a  Bechtheim,  en  1800.  A  l'âge  de 
six  ans,  il  entra  dans  l'école  de  l'organiste  Mœ- 
ser pour  y  apprendre  les  premiers  principes  de 
la  musique;  puis  il  reçut  de  son  père  quelques 
leçons  de  violon  ;  mais  il  abandonna  bientôt  cet 
instrument  pour  l'étude  de  la  flûte,  où  il  fit  de 
rapides  progrès.  Lorsque  son  frère  revint  de 
Worms,  Valentin  étudia  la  clarinette  sous  sa  di- 
rection. La  nature  l'avait  particulièrement  des- 
tiné à  cet  instiument,  sur  lequel  il  acquit  en  peu 
de  temps  un  degré  d'habileté  remarquable.  Après 
avoir  voyagé  avec  Jacques  Bender,  pour  donner 
des  concerts,  il  entra,  en  1819,  connue  clari- 
nette solo  dans  le  31*  régiment  d'inlanterie  des 
Pays-Bas,  dont  son  frère  était  chef  de  musique. 
Il  n'occupa  cette  place  que  pendant  dix-huit 
mois;  après  ce  temps  il  passa  au  service  de 
France  comme  chef  de  musique  du  51'"^  régi- 
ment de  ligne,  et  fit  eu  cette  qualité  la  campagne 
d'iîspagne  de  1823;  puis  il  quitta  son  régiment 
qui  devait  passer  aux  colonies,  pour  entrer  dans 
le  59";  mais  il  occupa  peu  de  temps  cette  place, 
ayant  été  appelé  à  Paris  où  on  lui  proposa  la  di- 
rection d'un  corps  de  musique  qu'on  devait  or- 
ganiser en  Egypte  pour  le  service  du  vice-roi.  Il 
n'accepta  point  les  propositions  qui  lui  lurent 
faites  à  ce  sujet,  et  il  se  rendit  à  Anvers,  en  1826, 
comme  directeur  de  la  société  d'harmonie.  A 
l'époque  de  la  révoluliou  de  1830,  il  prit  un  en- 

22 


338 


BENDER  —  BENÉDICT 


gagement  comme  chef  de  musique  dans  le  1^""  ré- 
giment d'infanterie  belge;  deux  années  après,  il 
fut  chargé  d'organiser  le  beau  corps  de  musi- 
que du  régiment  des  guides,  dont  il  est  aujour- 
d'hui le  chef  avec  le  litre  de  directeur  de  la  mu- 
sique militaire  de  la  maison  du  roi.  M.  Bender 
possède  un  fort  beau  talent  sur  la  clarinette  et 
mérite  d'être  compté  parmi  les  virtuoses  sur  cet 
instrument.  Il  a  composé  plusieurs  morceaux  de 
musique  militaire,  et  l'on  a  gravé  de  lui  trois 
airs  variés  pour  la  clarinette,  avec  accompagne- 
ment d'instruments  à  vent;  Paris,  A.  Petit. 

BE1\DII\ELLI  (Auguste),  chanoine  régu- 
lier de  Latran,  naquit  à  Lucques,  vers  1550.  Bo- 
noncini  le  cite  (Mus.  prat.,  p.  il,  c.  12.)  comme 
un  habile  contrapuntiste,  et  donne  un  canon  à 
<iuatre  voix  de  sa  composition  au  titre  de  son 
Musicien  pratique.  On  a  deBendinelli  :  1°  Can- 
tiones  sacrse  gwingMe  t^oc;  Venise,  1585;  — 
2°  Sacrarum  cantionum  5  vocum  lib.  II;  Ve- 
nelm,  Amadinum,  1588,  in-4'';  — 3°  Sacra  om- 
nium solemnitatum  Vesperlina  psalmodia, 
quatuor  vocibus  concinenda,  duoque  Virginis 
canlica,septemetoctovocibusdecantanda  ;\é- 
rone,  1594,in-4°;  —  i°Cantiones  sacra:  quinque 
vonnn;  Francfort-sur-le-Mein,  1604,  in-4";  ce 
sont  les  deux  livres  de  motels  précédents  réunis 
dans  un  seul  recueil;  —  b°  Cantiones  sacrx  qua- 
tuor vocum;  ibid.,  1604,  in-4". 

BEI\DL  (Charles),  compositeur  de  musique 
de  danse,  à  Vienne  (1840  à  1850),  y  a  publié  en- 
viron soixante-dix  œuvres  de  valses  et  de  qua- 
drilles, pour  l'orchestre  et  pour  le  piano,  chez 
Hasiinger. 

BEIVDUSI  (François),  né  à  Sienne,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle,  a  publié  : 
Opéra  nova  di  balli  a  quatlro ,  da  sonare  e 
cantate;  Milan,  1609.  La  première  édition  de  cet 
ti'uvre  a  paru  à  Venise,  chez  Antoine  Gardane, 
t-n  1553,  in-4''  obi. 

BENECKEIV  (FRÉDÉRic-BuRCHARDT),né  vers 
1760,  fut  d'abord  candidat  de  théologie  à  Wen- 
ningsen  et  obtint,  vers  1790,  la  place  de  prédi- 
cateur à  Ronneberg,  près  de  Hanovre,  où  il  est 
mort  en  1818. 11  s'est  fait  connaître  par  un  recueil 
d'airs  et  de  six  menuets  pour  le  piano,  Hanovre, 
1787.  Il  a  publié  aussi  :  Airs  et  morceaux  de 
différents  caractères;  Hanovre,  1799.  Enfin, 
on  a  de  lui  des  chants  avec  accompagnement  de 
piano ,  qui  ont  été  publiés  dans  la  même  ville  à 
différentes  époques. 

BENEDETTI  (Pierre),  musicien  florentin, 
vécut  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Il  était  membre  de  l'Académie  des  Elevait  de 
Florence,  soi»  le  nom  de  Vlnvaghiio.  Un  livre  de 
ses  compositions  pour  le  chant,  dans  les  nou-* 


velles  formes  à  la  mode  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  avec  la  basse  continue,  a  été 
imprimé  sous  ce  titre  :  Le  Musiche  di  Piero  (sic) 
Benedetti,  etc.;Fiorenza,  ICll,  in-fol.  Le  second 
livre  a  paru  deux  ans  après;  il  est  intitulé  :  Mu- 
siche di  Pietro  Benedetti....  Libro  seconda.  In 
Venetia,  1613,  in-fol.  A  la  (in  du  premier  livre 
on  trouve  le  dialogue  de  Ninfa  e  Pastori ,  pin- 
Marco  de  Gagliano,  et  une  autre  pièce  de  Jac()ues 
Péri. 

BENEDETTI  (Pierre),  chanoine  de  la  Col- 
légiale de  Spolète  et  maître  de  chapelle  de  l'église 
d'Apiro,  dans  les  États  romains.  Né  à  Assise,  dans 
les  États  de  l'Église,  vers  lC85,ilvécutdans  la  pre- 
mière moitié  du  dix -huitième  siècle.  On  l'appelle 
sur  les  titres  de  ses  compositions,  Benedetti 
d''Assisi,  pour  le  distinguer  de  l'ancien  Benedetti 
de  Florence.  Il  s'est  fait  connaître  comme  com- 
positeur par  les  ouvrages  intitulés  :  1°  Offertori 
per  tntle  le  dominiche  a  due  voci  cnf  basso 
;)er  ror|7a«o  ;  Bologne,  Silvani,  1715,  in-4";  — 
i"  Messe  concerfate  a  4  voci  con  violini  ed  or- 
gano;  Venise,  1715,  in-4o;  — 3"  Antifonedelln 
beata  Vergine,con  violini  e  senza,  «4  voci; 
Venise,  1726,  in-4". 

BENEDICT  (Jules),  compositeur  et  pianiste 
distingué,  est  né  à  Stuttgart,  le  24  décembre  1804, 
d'une  famille  israélile.  Pendant  qu'il  suivait  les 
cours  du    gymnase  de  sa  ville  natale,   on  lui 
donna  pouf  maître  de  piano  Louis  Abeille,  bon 
pianiste  et  maître  des  concerts  du  roi  de  Wiir- 
temberg.  Ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'à  l'âge 
de  douze  ans  il  était  déjà  considéré  comme  un 
virtuose  sur  son  instrument.  11  possédait  aussi 
quelques  connaissances  d'harmonie.  Son  père, 
banquier  fort  riche,  ne  mit  point  d'obstade  au 
développement  de  son  talent  pour  la  musique;  il 
exigea  seulement  qu'il  achevât  ses  études  dans  les 
langues  anciennes  au  gymnase  de  Stuttgart.  Klies 
furent  terminées  en  1819,  et  dans  cette  iiiêmo 
année  le  jeune  Bénédict  fut  envoyé  à  Weimar       I 
où  il  reçut  des  leçons  de  Hummcl.  En  1820,  il 
alla  à  Dresde  où  il  devint  l'eLève  de  Ch.-M.  de 
Weber  pour  la  composition.  Weber,  qui  tra- 
vaillait alors  à  son  o[)éra  à' E aryantlie ,  était 
arrivé  à  l'époque  la  plus  brillante  de  sa  carrière. 
Une  étroite  amitié  unit  bientôt  le  maître  et  l'é- 
lève ;    elle   s'accrut   encore   dans   les  voyages 
qu'ils  firent  ensemble  à  Berlin,  à  Vienne  et  en 
plusieurs  autres  lieux,  pour  assister  aux  pre- 
mières   représentations    de     ces    ouvrages.    A 
Vienne,  Bénédict  lit  la  connaissance  de  l'entre- 
preneur de   théâtre  Barbaja.  Sur  la  recomman- 
dation de  Weber,  il  fut  nommé,  en  1823,  direc- 
teur de  musique  de  l'Opéra  allemand  de  cette  ville  ; 
mais  lieux  ans  après  il  quitta  celte  place  pour 


BENEDIGT  —  BENEDICTUS 


333 


faire  avec  Caibaja  un  graml  voyage  en  Allema- 
gne et  en  Italie.  Arrivé  à  Naples,  l'entrepreneur 
lui  confia  la  ilirection  de  la  musique  d'iin  des 
tliëAtres  qu'il  administrait.  Bénédict  continua 
ri'occu|K;r  <e  poste  après  la  retraite  de  Barbaja. 
Depuis  lors  cet  artiste  a  fait,  en  1830,  un 
voyage  à  Paris,  où  i!  semblait  vouloir  se  fixer; 
mais,  changeant  ensuite  de  projets,  il  se  rendit  à 
Londres ,  y  lit  la  connaissance  de  M™"  Malibran 
ainsi  que  de  De  Bériot,  et  retourna  à  Naples  avec 
eux.  11  y  resta  encore  pendant  quelques  années; 
puis  il  alla  se  fixer  h  Londres  en  1838.  Devenu  le 
professeur  de  piano  à  la  mode,  il  y  eut  un  grand 
nombre  d'élèves  et  donna  chaque  année  des  con- 
certs dans  lesquels  il  réunissait  les  artistes  les 
plus  renommés,  et  qui  eurent  longtemps  la  vogue. 
En  1839,  il  avait  accepté  la  place  de  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  de  Drury-Lane;  mais  il  ne  con- 
serva pas  longtemps  cet  emploi  qui  t'empêchait 
de  se  livrer  à  ses  autres  occupations.  En  1850  il 
a  fait  un  grand  voyage  en  Amérique  avec  la  cé- 
lèbre cantatrice  Jenny  Lind,  et  y  a  donné  avec 
elle  une  multitude  de  concerta  dont  les  bénéfices 
se  sont  élevés,  pour  sa  part,  à  10,000  livres  ster- 
ling (2.î0,000  francs).  De  retour  à  Londres  au 
mois  d'août  1851 ,  il  partit  immédiatement  a|)rès 
pour  i'jtalie  avec  sa  famille.  Ce  voyage  fut  pour 
Bénédict  l'occasion  de  grands  chagrins  ;  car  son 
fils  aîné  fut  tué  sur  le  bateau  à  vapeur  de  la 
Saône,  par  la  chute  d'une  cheminée  de  la  machine, 
et  sa  femme  mourut  à  Naples  peu  de  mois  après. 
En  1§59,  Bénédict  est  revenu  à  Londres,  où  il  a 
repris  le  cours  de  ses  occupations  comme  com- 
positeur et  comme  professeur  de  piano. 

M.  Bénédict  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment comme  compositeur  de  musique  instru- 
mentale et  s'est  exercé  avec  quelque  succès  dans 
l'opéra.  Pianiste  distingué,  il  unit  l'élégance  et  la 
clarté  à  la  chaleur  d'inspiration,  lorsqu'il  exécute 
ia  m\isique  des  grands  maîtres  ou  la  sienne.  Ses 
oeuvres  pour  le  piano  consistent  en  deux  con- 
certos, œuvres  13  et  29;  un  concertino  en  In 
bémol  pour  le  même  instrument,  œuvre  18; 
Leipsick,  Hofmeister;  un  rondeau  brillant  avec 
orchestre,  œuvre  5;  Vienne,  Diabelli;  une  sonate 
pour  piano  et  violon,  œuvre  l*""";  une  sonate  pour 
piano  siul,  œuvre  2,  et  une  autre,  œuvre  3; 
un  rondeau,  œuvre  4;  Introduction  et  varia- 
tions sur  la  Straniej-a;  o\).  16;  Paris,  Bran- 
dus;  les  Charmes  de  Pordci,  rondo  brillant, 
op.  19;  ibid;  Notre-Dame  de  Paris,  rêverie  mu- 
sicale, op.  20;  ibid;  Fantaisie  sur  les  Soirées  mu- 
sicales de  Rossini,  op.  25;  ibid;  Souvenirs  de 
Naples ,  fantaisie  sur  des  airs  napolitains,  op.  Il; 
Vienne,  Hasslinger;  Fantaisie  sur  les  molifs 
iVAniia  liolcna,  op.  14;   Souvenir  d'Ecosse, 


fantaisie,  op.  34;  Paris,  Brandus  ;  Caprices,  op.  S.'î; 
Ibid  ;  beaucoup  d'autres  morceaux  du  méuif 
genre;  avec  de  Bériot,  duo  brillant  pour  piano 
et  violon  sur  des  motifs  de  la  Somnambtile  ;  Pa- 
ris, Brandus;  I<"antaisi«  pour  piano  et  violon  sur 
la  Normn  ;  ibid  ;  le  Fruit  de  V Étude,  six  duos  fa- 
ciles; idem,  ibid.;  etc.  Comme  compositeur  dra- 
matique, il  a  donné  à  Naples,  en  1829,  Ernesto 
e  Giacinta,  opéra  bouffe;  les  Portugais  à  Goa, 
opéra  sérieux,  en  1830;  ce  dernier  ouvrage  a  été 
joué  à  Stuttgart,  en  1831  ;  Un  annoed  un  giorno, 
en  1837  ;  The  Gypsy's  Warning  (la  Prédiction  de 
la  Bohémienne),  opéra  romantique  représenté  à 
Londres  en  1838,  puis  à  Berlin  et  dans  d'autres 
villes  de  l'Allemagne;  la  Fiancée  de  Venise, 
représenté  à  Londres,  en  1844;  the  Crusaders 
(les  Croisés),  opéra  sérieux,  à  Londres,  en  1846, 
et  à  Munich  en  1853;  ouverture  festivale,  1857. 

BEA'EDICTUS,  ou  BENOIT,  surnommé 
d'Appenzcll,  parce  qu'il  était  né  dans  la  [)etiti! 
ville  de  ce  nom,  en  Sui.ssc,  fut  un  musicien  dis- 
tingué du  seizième  siècle.  On  l'a  souvent  confomlu 
avec  Benedictus  ou  Benoît  Ducis,  musicien 
belge  qui  brilla  dans  le  môme  siècle,  mais  qui  est 
un  peu  [)lus  ancien  (Voyez  Dccis).  Des  documents 
puisés  dans  les  archives  du  royaume  de  Belgique 
et  dans  celles  de  l'église  Notre-Dame  d'Anvers, 
foiunissent  des  renseignements  suffisants  pour 
établir  et  constater  la  différence  de  ces  deux  ar- 
tistes. Tout  ce  que  Gesner  (Biblioth.  univ.), 
G.  Walther  (Musikal.  Lexikon),  Gerbcr  [Neues 
Lex.  der  Tonkûnstler) ,  Kieseweler  (GescA.  der 
Europ.  Abendl.  od.  unserer  heutig.  Musik, 
p.  IC),  Schilling  (C/rtJy.  Lexikon  der  Tonkunst, 
1. 1,  p.  554),  et  d'autres  ont  écrit  sur  ce  sujet,  doit 
être  considéré  comme  non  avenu.  Le  document 
des  archives  du  royaume  est  une  série  de  comptes 
de  la  chapelle  de  Marie,  reine  de  Hongrie,  sœur 
de  Charles-Quint,  qui  fut  gouvernante  des  Pays- 
Bas  après  Marguerite  d'Autriche,  depuis  1530 
ju.squ'en  1555.  On  trouve  dansées  comptes  Jean 
Gossins ,  maître  des  enfants  de  chœur  de  la  cha- 
pelle royale,  à  Bruxelles,  lequel  eut  pour  succes- 
seur Benedictus  Appenzelders,  depuis  1539 
jusqu'en  1555.  Dans  le  même  temps,  on  voit  que 
les  organistes  de  !a  chapelle  étaient  Jacques  Buc- 
quet,  Sigismond  Vyer  et  Roger  Pathie.  Clacs 
Vander  Ryt  était  racoutreur  d'orgues,  et  Vin- 
cent Rigler  était  noteur  et  joueur  de  viole.  Le 
nom  de  Benoît  d'Appenzell  figure  dans  les  comptes 
jusqu'en  1555,  époque  du  départ  de  Marie  pour 
l'Espagne.  La  chapelle  fut  alors  supprimée  et 
bientôt  après  éclatèrent  les  troubles  des  Pays-Bas. 
On  ignore  ce  que  devint  Benoît  d'Appenzell  apiès 
1555.  Le  seul  ouvrage  où  l'on  trouve  des  compo- 
sitions de  cet  artiste,  avec  son  nom  et  l'indica- 

22 


340 


BENEDICTUS  —  BENELLI 


tion  du  lieu  de  sa  naissance  est  intitulé  :  Liber 
primus  ecclesiasticarum  cantionum  quatuor 
vocum,  vulgo  moteta  vacant,  tamex  Veteri, 
quam  A'ovo  Testamento,  ab  optimis  quibiisque 
hujus  xtatis  musicis  compositarum;  Antwer- 
piœ,  Tilinan  Susato,  1553,  in-4''.Une  deuxième 
édition  de  ce  recueil  a  été  publiée  chez  Scotto,  à 
Venise,  en  1555. D'autres  recueils  contienneut  des 
jiièces  avec  le  nom  de  Boiedictiis ,  mais  sans 
autre  désignation  ;  en  sorte  qu'il  est  incertain  si 
ces  morceaux  appartiennent  au  musicien  d'Ap- 
penzell  ou  à  Benoît  Ducis.  Ces  recueils  sont  in- 
titulés :  1"  Selectlssimae  nec  non  famïliaris- 
simec  cantiones  ultra  centum.  Vario  idiomate 
vocum,  tam  multipltcium  quam  etiam  pau- 
carum.  Fugx  ut  vocantur,  a  sex  uxque  ad 
duas  voces,  etc.;  Augustx  Vindelicorum,  Mel- 
cliior  Kriesstein ,  1540,  petit  in-8°  obi.  — 
2°  Cantiones septem,  sex etqiiinque  vocum;\\m], 
1545,in-4°obl. —  S»  Concentus  octo,  sex,  quin- 
queet  quatuor  vocum;  Augustx  Vindelicorum , 
Philtppus  Uhlardus,  1545,  petit  in-4o  obi.  — 
4°  Secundus  tomus  novi  operis  musici ,  sex , 
quinque  et  quatuor  vocum;  Aoribergx ,  arte 
Hieronymi  Grup/ici ,  1538,  petit  in-4°  obi.  — 
b'Tertius  libci  motectorum  cum  quatuor voci- 
bus,  et  liber  quai  tus  cum  quatuor  vocibus.  Im- 
pressum Lugduni  per  Jacobum  Modernum  de 
Pinguento,  1539.  —  C"  Tertius  liber  motteto- 
rum  ad  quinque  et  sex  voces  ;  Mo.,  1339 —  7° 
Quintus  liber  mottetorum  quinque  et  sex  vo- 
cum ;\h\A.,  1542.—  8°Xe  Vl^ Livre  des  clumsons 
à  quatre  parties,  auquel  sont  contenues  XXXI V 
chansons  nouvelles.  Anvers,  Tyinian  Susato, 
1544.-90  le  v  livre,  contenant  XXXllchan- 
sons  àcinq  etsix  parties  ;  ihh\.,ibii. — 10° /e  F/" 
livre,  contenant  XXX fl  chansons  nouvelles  à 
cinq  et  six  parties  ;  ibid.,  1545. —  11»  le  Vlh 
livre,  contenant  XXIV  chansons  à  cinq  et 
sixparties;  ibid.,  1545. —  12°  Selectissimarum 
sacrarum  cantionum  quas  vulgo  Moteta 
vocant;  trium  vocum,  etc.  Lib.  primus,  secun- 
dus et  tertius  ;  Lovanii,  ex  typogr.  Pétri  Pha- 
lesii,  1569,  petit  in-4o  obi.  Il  est  vraisemblable  que 
les  pièces  contenues  dans  ce  dernier  recueil  ap- 
partiennent à  Benoit  d'Appenzell. 

BENEDICTUS.    Voyez  DUCIS  (Benoit). 

BENEDICTUS  A  S.  JOSEPHO,  com- 
positeur de  musique  d'église,  connu  en  France 
sous  le  nom  du  Grand  Carme,  naquit  à  INimè- 
gue,  en  1642.  Son  nom  de  famille  était  IJuns. 
Après  avoir  fait  ses  vci'ux  dans  l'ordre  des  carmes 
déchaussés,  il  devint  organiste  du  couvent  de 
Boxmeer,  village  du  Brabant  septentrional,  près 
de  Bois-le-Duc  ',  et  plus  tard  il  fut  sous-prieur 

•  l.cl'.  de  VilUers  a  écrit  Boxmerci  àans  saBibliotlièquc 


du  même  monastère  oîi  il  mourut, en  1716,  à  l'âge 
de  soixante-quatorze  ans.  La  musique  de  ce  moine 
a  eu  de  la  réputation  dans  sa  nouveauté  et  la 
méritait,  à  cause  de  la  clarté  et  de  la  simplicité 
du  style.  Son  premier  œuvre  contient  des  messes, 
litanies  et  motets  à  quatre,  cinq  et  six  voix,  avec 
accompagnement  de  violons  et  orgue  ;  il  a  pai  u 
à  Anvers,  en  1666,  in-4°;  l'œuvre  sixième  est 
intitulé  :  Encomia  sacra  musica  decantanda 
xina,  duabus,  tribus  vocibus ,  et  uno-quinque 
instrum.;  Utrecht,  1684,  in-4°  ;  l'œuvre  8",  com- 
posé de  sonates  pour  deux  violons,  basse  de 
viole  et  basse  continue,  a  pour  titre  :  Orpheus 
jElianus;  Amsterdam,Roger,  in-folio,  sans  date. 
Benoît  de  St-Joseph  composa  le  chant  de  l'office 
divin  pour  diverses  provinces  de  l'ordre  des  car- 
mes déchaussés,  et  fit  imprimer  un  Procession  aie 
novum,  à  Anvers,  en  1711. 

BENEDICTUS  (Jean-Baptiste),  ou  plutôt 
Benedetto  ,  mathématicien  du  seizième  siècle  , 
né  à  Venise,  mourut  à  Turin,  en  1590,  dans  la 
soixantième  année  de  son  âge.  De  Thon  en  [)arle 
avec  éloge  {Hist.  tom.  V,  lib.  99,  p.  102).  lia 
écrit  des  Speciilationes  mathematicx  et  phy- 
sicx,  où  il  traite  de  la  musique  théorique.  On 
trouve  aussi  dans  la  Bibliothèque  de  Turin  un 
traité  Mss.  De  Optica,  Musica  et  Machinis , 
dont  il  est  l'auteur. 

BENELLl  (Alemanno),  anagramme  du  nom 
d'Anniàale  Melone.  Voy.  Bottrigari  et  Melone 
{Annibnk'). 

BENELLl  (Antonio-Peregrino),  né  le  5 
septembre  1771  à  Forli,  dans  la  Romagne,  re<?ul 
dans  sa  jeunesse  une  éducation  musicale  qui  dé- 
veloppa rapidement  ses  heureuses  dispositions 
pour  le  chant;  puis  il  passa  dans  l'école  des  PP. 
Maitiui  et  Mattei  où  il  acquit  une  instruction  so- 
lide dans  le  contre-point*.  En  1790,  il  débuta  au 
théâtre  Saint-Cbarles  de  Naples,  comme  pre- 
mier ténor;  sa  voix  était  de  qualité  médiocre, 
mais  son  habileté  dans  l'art  du  chant  était  con- 
sidérable ;  elle  lui  procura  ce  qu'on  peut  appeler 
un  succès  d'estime.  Les  troubles  dont  le  royaume 
de  Naples  fut  le  thrâtre,  dans  les  dernières  an- 
nées du  dix-huitième  siècle,  n'étaient  favorables 
ni  aux  arts  ni  aux  artistes  ;  tous  s'éloignaient,  et 


Carrael.  t.  I,  col.  264  ;  mais  c'est  évidemment  une  erreur, 
car  il  n'existe  aucun  lieu  rie  ce  nom.  Benoit  de  Saint-Jo- 
seph a  signé  l'épitre  délicatoire  de  son  œuvre  8^  :  ISene- 
dictns  à  S  -Josepho  Carm.  OEstri  Boxmerani  svbprior  et 
orr/anista. 

2  On  peut  révoquer  en  doute  les  leçons  que  Benelli  a, 
dit-on,  reçues  du  P.  Martini.  Celui-ci  est  mort  en  1784, 
époque  ou  Benelli  n'était  ;lgé  que  de  douze  ans  et  quel- 
ques mois.  Or  l'affaiblissenicnt  de  la  santé  du  P.  îlartinl 
ne  lui  permettait  plus  de  donner  des  soins  à  des  élèves 
plus  de  deux  ans  avant  sa  mort. 


BENELLI  —  BENECSH 


341 


lîondli  suivit  leur  cxoiiiplc.  Un  engagement  lui 
eiail  oITei  t  pour  le  tiiéàtie  italien  de  Londres,  il 
rucce[>ta,  6111798,  débuta  dans  la  même  année,  et 
tut  aceueilli  avec  faveur,  lui  Isoi,  des  conditions 
plus  avantageuses  lui  furent  offerles  pour  Dresde; 
il  se  rendit  dans  celte  ville,  et  y  resta  attaché 
au  Ihéàfrc  jusqu'en  1822.  Il  était  alors  âgé  de 
cinquante  et  un  ans,  et  chantait  devant  le  public 
depuis  trente-deux  années.  La  perte  totale  de  sa 
voix  l'obligea  à  demander  sa  retraite,  et  unepen» 
sion  lui  fut  accordée  par  le  roi. 

Pendant  le  temps  où  Benelli  avait  été  au  théâ- 
tre, il  s'était  fait  connaître  comme  composi- 
teur habile,  particulièrement  dans  le  style  d'é- 
glise; mais  les  ouvrages  qui  lui  firent  le  plus 
d'honneur  furent  son  excellente  méthode  de  chant 
et  les  solfèges  dont  il  donna  plusieurs  éditions 
pendant  son  séjour  à  Dresde.  Depuis  longtemps 
aussi,  il  était  un  des  collaborateurs  de  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick,  et  il  y  avait  fait  insérer 
plusieurs  articles  qu'on  avait  lus  avec  plaisir. 
Après  sa  retraite,  il  obtint  de  Spontini  d'être 
attaché  à  l'Opéra  de  Berlin,  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  chant;  il  en  remplit  les  fonctions  jus- 
qu'en 1829.  Il  aurait  pu  conserver  plus  longleinps 
les  avantages  qui  y  étaient  attachés,  si  son  carac- 
tère tracassier  et  jaloux  ne  l'avait  porté  à  attaquer 
avec  violence  Spontini,  dont  il  avait  reçu  des 
bienfaits,  dans  des  Lettres  critiques  sur  divers 
sujets  de  musique,  qu'il  fit  insérer,  en  1828,  dans 
la  Gazette  musicale  de  LeipsicN.  C'était  comme 
compositeur  que  l'auteur  de /a  Vestale  était  de- 
venu l'objet  de  sa  satire,  et  l'opéra  A'Olympie  était 
celui  qu'il  avait  choisi  comme  but  de  sa  diatribe. 
Malheureusement  pour  lui,  il  avait  écrit  autrefois 
une  analyse  louangeuse  du  même  ouvrage; 
S[)ontini  ne  négligea  pas  cet  incident;  et,  pour 
montrer  la  mauvaise  foi  de  son  antagoniste,  il  fit 
réimprimer  les  deux  opinions  si  dilférentes ,  en 
regard  l'une  de  l'antre.  Le  coup  était  accablant: 
tîenelli  fut  contraint  de  garder  le  silence,  et  bientôt 
il  reçut  sa  démission.  Le  séjour  de  Berlin  ne  lui 
était  pins  permis  désormais;  il  s'éloigna  de  cette 
ville  avec  sa  famille,  alla  d'abord  à  Dresde,  où 
sa  pension  lui  avait  été  conservée,  puis  se  retira 
à  JJoernichen ,  dans  les  montagnes  du  Harfz  ,  en 
Saxe,  y  vécut  dans  un  état  voisin  de  la  gêne,  et 
mourut  de  chagrin  et  de  regret,  le  6  août  1830. 
Comme  chanleur,  comme  professeur,  comme 
critique  et  comme  compositeur,  Benelli  possédait 
un  mérite  incontestable;  l'Allemagne  conserve  un 
souvenir  d'estime  pour  ses  talents.  On  a  de  lui 
les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  :  I"  Sonate 
pour  piano  à  quatre  mains;  Dresde,  Hilscber;  — 
2°  Rondeau  pour  piano  seul,  ib.;  '—  3°  Pater  nos- 
<er  à  cinq  voix,  sans  accompagnement  ;  Leipsick , 


BreitkopfetHacrtel;  — 4"  Salve  Eeginah  quatre 
voix  et  orchestre,  Ibid.;  —  h°Stabat  Mater  qua- 
tuor VQcibus  canlandbus  et  instrumentis ; 
Leipsick,  Probst;  —  G»  Aria  pour  voix  de  soprano 
avec  llùte  ou  violon  et  piano  ;  Dresde,  Hilscher; 

—  7°  Cavatine  avec  piano  et  flûte  ou  violon  ad  li- 
bitutn,o\>.  33;  Berlin,  Schlesing'r; —  8°  Duet- 
tino  :  Mio  generoso  Augusto,  avec  piano,  op.  30; 
Vienne,  Leidesdorf;  —  9°  Il  Giorno  Natalizio, 
cantate  à  cinq  voix  avec  piano;  Berlin,  Trautwein; 

—  10"  Quatrenocturnes  à  quatre  voix  (en  italien 
et  en  allemand);  Leipsick,  Breilkopf  etHacrtel;  — 
11°  Plusieurs  airs,  rondeaux,  scènes  et  cavatines 
pour  le  chant,  publiés  à  Vienne,  Berlin  et  Leip- 
sick ;  —  12"  Une  méthode  de  chant  en  allemand 
sous  ce  titre  :  Gesanglehre ,  oder  grûndlicher 
Unterricht  zur  Erlernung  des  Gesanges, 
Dresde,  1819,  deuxième  édition;  la  première 
édilion  de  cet  ouvrage  avait  été  publiée  dans  la 
même  ville  en  italien  :  elle  était  intitulée  Regole 
per  il  canto  figurato,  o  siano  precetti  ragio- 
natiper  apprendere  i  principii  di  musica,  etc. 
Ricordi,  de  Milan,  a  réimprimé  le  texte  italien 
avec  les  exercices  de  chant.  En  1824,  Benelli  a 
publié  dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick  des 
remarques  intéressantes  sur  la  voix  (Bemer/mn- 
gen  ûber  die  Stimme,  n''M2,  13,  14),  qui 
concernent  le  chant  naturel  et  musical,  la  langue, 
la  déclamation  et  Vengastrisme  ou  art  du  ventri- 
loque. 

BENESCH  (Joseph),  violoniste  et  composi- 
teur, est  né  en  1795  à  Battelau,  en  Moravie,  où 
son  père  était  directeur  du  chœur  de  l'église  et 
professeur  de  musique.  A  l'âge  de  cinq  ans,  il 
reçut  les  premières  leçons  de  violon  ;  son  zèle  et 
ses  heureuses  dispositions  lui  firent  faire  de  si  ra- 
pides progrès,  qu'à  peine  âgé  de  huitans,  il  excitait 
déjà  l'admiration  de  ceux  qui  l'entendaient.  Quand 
il  eut  atteint  sa  douzième  année,  il  fut  envoyé  à 
l'abliaye  de  Prémontiés  d'Iglau,  pour  y  faire  des 
études  scientifiques  et  littéraires.  Ses  parents  le 
destinaient  à  l'enseignement;  ils  l'envoyèrent,  en 
1812,  comme  sous-maître  dans  l'école  publique 
de  Potiesch  près  de  Czasiau,  où  son  oncle  était 
instituteur.  Le  désir  qu'il  avait  de  se  distinguer 
dans  la  musique  lui  rendait  cette  situation  insup- 
portable :  il  la  quitta  et  s'en  alla  à  Vienne  pour 
y  prendre  des  leçons  de  violon.  Il  y  eut  pour 
maître  Schlesinger,  honorablement  connu  par 
son  talent  à  bien  exécuter  le  quatuor.  Après  un 
an  de  séjour  à  Vienne,  Benesch  entra  dans  l'or- 
chestre du  baron  Zinnzeg,  dont  la  troupe  d'artistes 
jouait  alternativement  des  opéras  à  Bude  et  à 
Presbourg.  Dans  cette  dernière  ville,  il  eut  occa- 
sion de  connaître  le  capitaine  de  cavalerie  de 
Praun ,  qui  lui  proposa  de  se  charger  de  l'éduca- 


34  2 


BENESCH  —  BENEVOLI 


tion  artistique  île  son  fils,  le  jeune  Sigismond, 
dont  le  talent  précoce  a  excité  l'étonnement  de 
toute  l'Europe,  et  dont  la  tin  a  été  si  prématurée. 
Vers  la  fin  de  1819,  le  maître  et  l'élève  com- 
mencèrent à  voyager  et  à  se  faire  entendre  dans 
des  concerts,  d'abord  en  Hongrie,  puis  en  Alle- 
magne et  en  Italie.  Après  avoir  été  quelque  temps 
à  Trieste,  ils  visitèrent  Venise,  Padoue,  Vicence, 
Vérone,  Mantoue,  Crémone,  Brescia,  Milan, 
Pavie,  Plaisance,  Modène  et  Bologne.  Benescli 
mit  à  profit  ce  voyage,  qui  dura  plus  d'un  an, 
pour  perfectionner  son  talent  et  acquérir  des 
connaissances  plus  étendues  dans  la  musique  en 
général.  A  Bologne,  quelques  difficultés  survin- 
rent entre  lui  et  la  famille  de  Praun  :  il  s'en  sépara 
et  retourna  à  Trieste,  où  ses  amis  lui  conseiliè- 
rentde  se  fixer;  mais  lecongièsdesmonarquesdu 
Nord  à  Layhacli,  qui  s'ouvrit  alors,  le  détermina 
à  se  rendre  dans  cette  ville.  La  connaissance 
(|u'il  y  fit  de  quelques  personnages  puissants  ledé- 
termina  à  se  rendre  à  Saint-Pétersbourg,  en  1822 , 
en  passant  par  Vienne.  Son  talent  avait  alors  ac- 
quis tout  son  développement,  et  Benescli  était 
considéré  comme  un  des  premiers  violonistes  de 
l'Allemagne.  Dans  son  voyage,  il  connut  à  Peslli 
la  fille  de  l'avocat  Proch ,  en  devint  amoureux  , 
et  renonça  à  son  projet  d'émigration  iiour  l'é- 
pouser. Ce  fut  alors  que  des  propositions  lui  fu- 
rent faites  pour  la  place  de  violon  solo  el  de 
directeur  d'orcliestre  de  la  société  pliilliarmo- 
iiique  de  Leipsick;  l'engagement  devait  être  fait 
pour  six  années  :  il  y  sou.scrivit.  Vers  la  tin  de 
1828,  il  retourna  à  Vienne,  dans  l'espoir  d'y 
trouver  un  emploi  pour  le  reste  de  ses  jours;  mais 
ce  ne  fut  qu'en  1832  qu'il  obtint  une  place  dans 
la  chapelle  impériale,  après  avoir  donné  des 
preuves  de  son  talent  dans  plusieurs  concerts. 
Benescli  est  aussi  recomtnandablc  comme  pro- 
fesseur et  comme  directeur  d'orcheslre.  quecomme 
exécutant.  Il  s'est  fait  connaître  par  plusieurs 
compositions  pour  le  violon,  parmi  lesquelles  on 
remarque  :  1°  Deux  polonaises  pour  violon  prin- 
cipal avec  accompagnement  de  deux  violons, 
aitu  et  basse,  œuvres  6  et  7;  Vienne,  Has- 
lingcretLeidesdorf;  —  2°  Grandes  variations  sur 
un  thème  original,  avec  quatuor,  œuvre  11; 
Vienne,  Trentsensky;  —  3°  Variations  sur  un 
chœur  favori  du  Crociato ,  avec  quatuor,  op.  12; 
Vieime,Arlaria;  — 4"  Variations  concertantes  pour 
piano  et  violon  ;  Vienne,  Leidesdorf;  — 5°  Quatre 
chansons  alleiinmiles;  Mayence,  Zimmerniann. 

HEI\EVEI\TO  Dl  SAN  RAFFAELLE 
(Le  cojitk),  directeur  royal  des  études  à  Turin 
et  violoniste  excellent,  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  par  six  duos  de  violon,  gravés  à 
Londres  en  l77(i,|Miis  ensuite  à  Paris,  el  (;onune 


écrivain  par  deux  Lettres  sur  la  musique  insé- 
rées dans  la  RaccoUa  derjli  opusculi  di  Milano, 
tom.  XXVIII  et  XXIX 

BENEVOLI  (Horace),  fils  naturel  du  duc 
Albert  de  Lorraine,  célèbre  compositeur  et 
contrapuntiste  du  dix-septième  siècle,  né  à  Piome, 
en  1602,  eut  pour  maître  de  composition  Vin- 
«eiit  Ugolini.  Quelques  auteurs  ont  dit  qu'il 
devint  ensuite  élève  de  Bernard  Nanini  ;  mais 
c'est  une  erreur  (1).  Après  avoir  terminé  ses 
études  musicales,  Benevoli  obtint  la  i)lace  de 
maître  de  chapelle  à  Saint  Louis-des-Français  ; 
mais  il  ne  la  garda  pas  longtemps,  parce  (ju'il  fut 
appelé  au  service  de  l'archiduc  d'Autriche.  De 
retour  à  Rome,  il  reprit  ses  fonctions  de  maître  de 
chapelle  à  Saint-Louis.  Le  23  février  1646,  il 
jiassa  en  qualité  de  maître  de  chapelle  à  Sainte- 
iMarie-Majeure;  mais  il  n'y  resta  pas;  car  le  7  no- 
vembre de  la  même  année  il  succéda  à  Virgile 
Mazzocchi  comme  maître  de  la  chapelle  du  Va- 
tican. Il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa  niorl, 
qui  eut  lieu  le  17  juin  1672.  Son  corps  fut  ex- 
posé publiquement,  et  on  l'inhuma  à  l'église  del. 
Sarito-fipirilo  in  Sassia.  Pendant  son  séjour  ;i 
Vienne,  dans  les  années  1643,  1644  et  1645, 
Benevoli  publia  plusieurs  recueils  de  motets  el 
d'offertoires;  mais  ses  meilleurs  ouvrages  sont 
ceux  qu'il  écrivit  après  son  retour  à  Rome.  Ce 
qui  caractérise  le  talent  de  cet  habile  maître, 
c'est  l'iart  d'écrire  pour  un  grand  nombre  de  voix 

CD  Par  une  de  ces  singularités  qui  montrent  que  \cs 
écrivains  les  plus  exacts  ne  sont  pas  exempts  d'erreur,  le 
P.  Martini  a  dit  le  premier  que  Benevoli  avait  passé  (te 
l'école  d'Ugolini  dans  celle  de  Bernard  Nanini  (Escni[il. 
o  ^agyio  fondam.  part.di  contrap,t.  U,  p.  122),  et  a  cité 
l'autorité  d'Antirao  Liberati,  dans  sa  lettre  à  Octave  i'or- 
sapegi;  Il  a  été  copié  en  cela  par  Burney  (Â  gênerai  Hts- 
tory  0/  niiisic),  1. 111.  p.  525)  et  par  l'abbé  Eeitini  (/-'is- 
zion.  deqliscrUl.  délia  mu sica)  :  cepend^int  Liberati,  qui 
donne  les  plus  grands  éloges  à  Benevoli,  dit  expressément 
{luttera ad Ottav.Persapegi,  p.  53,  59),  qnc  ce  composi- 
teur fut  élève  d'Ugolini,  et  que  cclul-cl  eut  pour  maître 
Bernard  Nanini.  Voici  le  passage  ;  «  L'altro  insigne  scolaro 
«  e  favorito  di  Bernardino  Nanini  fu  Vincen/.o  Ugolini, 
«  uoiiio  di  gran  maestria  nell'  insegoare  altrui  tanto  il 
«  canto,  quanto  la  modulazione  armonica,  corne  lo  hanno 
u  fatto  vedere  molti  suoi  scolari,  ed  in  specie  Lorerizo 
«  Ratti  suonipote,  ed  Orazio  Benevoli,  il  qualc,  avanzando 
«  il  proprio  maestro ,  e  tutti  gli  aitri  viventi  nel  modo 
«  di  armonizzare  quattro  e  sel  cori  reali,  e  con  lo  sbatli- 
«  mento  di  quelli,  e  con  l'ordine,  e  con  le  imitazione  de' 
«  pensieri  pellegrini,  c  con  le  legature  e  scioglimento  di 
V  esse  miraviglioso,  e  con  l'accordo  del  circolo  impen- 
«  sato,  e  con  le  giuste  e  perfette  relazioni,  e  con  le  loggia - 
«  drie  délie  consonanze  e  dissonanze  bcn  coUocate,  e  con 
■<  l'uguaglian/a  délia  tessitura,  e  col  portamento  sempre 
«  piii  fluido,  ampolloso  a  guisa  diDume,  checrcicit  e!/Hrfo,- 
0  ed  in  somma  colla  sua  virtù  (ma  non  la  sua  poverta 
«  sollta  nei  gran  virtuosi)  far  tacere  i  nemici,  ed  eccilare 
«  tutti  gli  altri  professorl  ad  Iniitare  un  uomo  nel  roassic- 
«  cio  del  sapere  e  dell'  arte,  e  nel  maneggiare  l'ariiionia 
■  ecclesiastica  grandiosaraente  a  più  cori  senza  pari.  >i 


BENEVOLI  —  BENINCASA 


34Î 


avec  une  i'l('gance  doiil  ce  genre  de  composition 
ne  paraît  pas  susceptible.  Presque  toutes  ses 
messes  sont  écrites  à  quatre,  cinq,  six,  tiuit  et 
inéiue  douze  chœurs,  qui  sont  disposés  avec  une 
adresse  remarquable.  Ses  fugues  ne  consistent 
guère  qu'en  attaques,  et  ses  réponses  sont  tou- 
jours réelles  ;  mais  le  premier  de  ces  défauts  est 
la  conséquence  du  genre  qui!  avait  adopté;  le 
second  fut  celui  de  tous  les  maîtres  de  son  temps, 
et  tient  au  système  de  tonalité  alors  en  usage. 
15enevoli  est  le  modèle  qu'on  doit  proposer  h 
ceux  qui  veulent  essayer  leurs  forces  dans  des 
compositions  à  grand  nombre  de  voix.  Ses  ou- 
Miiges  se  conservent  en  partie  dans  les  archives 
«le  la  basilique  du  Vatican,  et  en  partie  dans  la 
IJibliotlièque  de  la  maison  Corsini  alla  Lungara. 
L'abbé  Baini  y  a  vu  beaucoup  de  messes  à  douze, 
seize,  et  vingt-quatre  voix,  des  psaumes  à  huit, 
seize,  et  vingt-quatre  voix,  et  des  motets  et  offer- 
toires à  quatre,  six,  huit,  dix,  douze,  seize,  vingt- 
quatre  et  trente  voix.  Burney  cile  une  messe  de 
Benevoli  à  six  chœurs  ou  vingt-quatre  voix  réelles 
(jui  surpasse,  dit-il,  tout  cc"que  l'on  connaît  dans  le 
1  nème  gen  re,  et  une  autre  messe  pour  douze  soprani 
obligés.  L'abbé  Santini,  à  Rome,  possède  beau- 
coup de  motets,  d'antic'nnes  et  de  psaumes  en  ma- 
nuscrit composés  par  Benevoli,  particulièrement  : 
Les  messes  à  liuil  voix,  intiiulées:  1°  Sine  titulo; 

—  1° Paradisi porta;  —  3°  Decantabat  Popu- 
lus  ;  —  40  les  messes  à  douze  voix  qui  ont  pour 
titres  :  Solam  cxpecto,  et  Angélus  Domini;  — 
50  Les  messes  à  seize  voix  intitulées  :  La  Be- 
vola ;  Tira   corda;  In  angustia  pesUtentiœ; 

—  6"  Des  Magnificat  à  2,  3,  4  et  6  chœurs  ;  — 
7°  Le  motet  Régna  terrx  a  douze  soprani,  et 
beaucoup  d'autres  pièces.  Dans  la  colleclion  de 
l'auteur  de  cette  Biographie  se  trouvent  les  mes- 
ses entières  à  seize  voix  en  quatre  chœurs  :  Si 
Deiis  pro  nobis,  et  l7i  diluvio  multarum 
aquarum,  ainsi  qu'une  messe  s/we  nomme, 
également  à  seize  voix  en  quatre  cb(curs,  instru- 
mentée par  un  compositeur  allemand ,  à  deux 
orchestres  composés  de  violons,  vides,  flûtes, 
hautbois,  deux  trompettes  et  timbales  ;  enfin  une 
autre  messe  sine  nomine  à  huit  voix,  avec  deux 
violons,  deux  violes,  deux  cornets,  quatre  trom- 
(lettes  (soprano,  contralto, conira-tcnoretténor), 
trois  trombones,  timbales  et  orgue,  composée 
par  Benevoli,  à  Prague.  Le  P.  Martini  a  publié  le 
Christe  de  la  messe  In  diluvio  dans  le  deuxième 
volume  de  son  Traité  du  contre-point  fugué, 
page  122.  L'auteur  de  ce  dictionnairea  publié  le 
Kyrie  de  la  messe  Si  Deus  pro  nobisk  la  fin  de 
la  première  partie  de  son  Traité  du  contre-point 
etdelafugne,  Paris,  1824, deux  parties  in-fol., 
ainsi  que  dans  la  deuxième  édition  de  ce  livre  , 


Paris,  184G,  I  vol.  in-fol.  Knfin  ,  le  P.  Pao- 
lucci  a  inséré  des  fragmenis  d'ouvrages  de  Be- 
nevoli dans  le  troisième  volume  de  son  Arte 
pratica  di  contrapunto.  Benevoli  est  le 
premier  musicien  qui  ait  fait  le  tour  de  force 
presque  incroyable  d'écrire  une  messe  'à  qua- 
rante-huit voix  réelles  en  douze  chœurs  : 
cette  messe  a  été  chantée  à  Rome,  dans  l'église 
Sancta-Maria-sopra-Minerva  ,  par  cent  cin- 
quante professeurs,  le  4  août  1650;  la  dépense 
de  cette  exécution  fut  faite  par  Dominique  Fon- 
tliia,  notaire  di  caméra.  Cet  exemple  n'a  été 
imité  depuis  lors  que  par  deux  contrapuntistes; 
le  premier  fut  Jean-Baptiste  Gianselti,  et  le  se- 
cond, Grégoire  Ballabene  (Voyez  ces  noms). 

BEIV'GRAF  (Jean),  maître  de  piano,  qui 
vivait,  en  1791, à  Pesth,  en  Hongrie,a  publié  les 
ouvrages  suivants  de  sa  composition  :  1"  Huit 
divertissements  pour  le  clavecin;  Vienne,  178e; 
—  2"  Ballet  hongrois  ;ibid.; —  3o  Douze  danses 
hongroises  pour  le  clavecin,  ibid.,  1791;  — 
4°  Variazioni  didiversi  soggetti  per  il  violino 
con  violoncelle  ; —  5»  Kirchen  Musik  im  Kla- 
vierauszuge  ;  —  6»  Sinngedicht  au/  Joseph 
vnd  Friedrich,  pour  piano; — 7°  DieSeeligheit 
dcr  Liebenden,  pour  piano; —  8°  Deux  aiin- 
tuors  pour  clavecin,  deux  violons  et  violon- 
celle. Le  maître  de  chapelle  Reichardt  possédait 
une  messe  en  partition,  datée  de  1777,  sous  le 
nom  de  Joseph  Bengraf. 

BENIEZHI  (Le  Chevalieii),  né  en  Hon- 
grie ,  vers  le  commencement  du  dix-neuvième 
siècle,  cultivait  la  musique  comme  amateur, 
lorsqu'il  imagina  deux  instruments  qu'il  considé- 
rait comme  nouveaux,  et  qui  n'étaient  que  des 
modifications  déjà  connues  de  la  guitare  et  du 
violoncelle.  Il  appelait  le  premier  de  ces  instru- 
ments Harfenguitan  (  harpe-guitare  )  :  ce  n'é- 
tait que  la  reproduction  de  la  Harpolyre,  inven- 
tée par  Salomon  (Voy.  ce  nom)  en  1828.  L'autre 
instrument  était  un  violoncelle  à  six  cordes, 
assez  semblable  à  l'ancienne  basse  de  viole,  mais 
que  M.  Beniezhi  destinait  à  être  joué  comme  ins- 
trument chantant  avec  l'archet,  ou  à  être  pincé 
en  arpèges  comme  la  harpe  et  la  guitare.  Il  don- 
nait à  cet  instrument  le  nom  de  Aeolipolyka. 
M.  Benie/hi  visita  Paris,  Vienne  et  Munich  en 
1842  et  1843,  avec  ses  instruments,  dans  l'espoir 
de  fixer  sur  eux  l'attention  des  artistes  et  des 
amateurs,  et  persuadé  qu'on  s'empresserait  de  les 
adopter  et  d'en  introduire  l'usage  dans  la  mu- 
sique; mais  ainsi  qu'il  arrive  de  la  plupart  des 
inventions  de  ce  genre,  après  avoir  excité  la  cu- 
riosité pendant  quelques  jours,  ils  furent  négli- 
gés et  oubliés. 

BKi\'K\CASA   (Jacques),   chanteur  de  la 


344 


BENINCASA  —  BENINCORI 


<;liapelle  de  Saint-Jear.  de  Lalran,  à  Rome,  fut 
iioinriié  directeur  de  cette  chapelle,  en  lfv07,  et 
mourut  en  1613.  On  a  de  lui  des  motets  à  cinq, 
SIX,  huit  et  douze  voix,  qui  ont  été  publiés  à  Rome 
en  1607. 

BENIIVCASA  (JoAcniM),  [basse  cliantante 
de  l'Opéra  de  Dresde,  naquit  à  Pérouse  eu 
1783.  Après  avoir  reçu  une  bonne  éducation  mu- 
sicale dans  sa  patrie,  il  se  lit  entendre  avec  suc- 
cès .sur  quelques  théâtres  de  l'Italie.  Il  se  rendit 
en  Allemagne,  et  sa  belle  voix  de  basse  le  lit  en- 
gager à  rOpéra  de  Dresde.  11  ne  quitta  plus  cette 
ville  et  resta  toujours  attaché  à  l'Opéra  italien 
jusqu'à  sa  dissolution.  Il  est  mort  dans  cette  ville 
au  mois  de  janvier  IsSâ. 

BE.X'liVCORI  (ange-Marie),  compositeur, 
né  à  Brescia,  le  28  mars  177!),  n'était  âgé  que 
de  trois  ans  lorsqu'il  suivit  à  l'arme  son  père 
qui  venait  d'être  nommé  secrétaire  du  duc  sou- 
verain de  cet  État.  Là,  il  l'ut  placé  à  l'âge  de  cinq 
ans  sous  la  direction  de  Ghiretli  pour  la  com- 
position et  de  Rolla  pour  le  violon.  Ses  progrès 
lurent  si  rapides,  qu'il  fut  en  état  de  jouer  de- 
vant le  duc  de  Panne  un  concerto  de  violon, 
avant  d'avoir  atteint  sa  huitième  année.  Satisfait 
du  talent  de  cet  enfant,  le  duc  lui  envoya  le  len- 
demain une  montre  à  répétition.  A  la  mort  de 
son  père,  Benincori  fut  placé  dans  un  collège 
par  les  ordres  du  prince  ;  ses  études  de  mu 
sique  furent  interrompues  pour  celle  des  lan- 
gues ;  mais  déjà  l'artavait  pour  lui  tant  de  charme, 
qu'il  dérobait  en  secret  quelques  heures  à  son 
sommeil  pour  se  livrer  au  travail  sur  le  violon. 
Instruit  de  cet  acte  de  dévouement  et  de  persé- 
vérance, le  duc  de  Parme  ordonna  que  Benin- 
cori fût  rendu  aux  soins  de  Rolla;  puis  il  le  fit 
voyager  dans  le  midi  de  l'Italie  et  lui  fit  donner 
des  leçons  de  composition  par  quelques  bons 
maîtres  au  nombre  desquels  on  compte  Cimarosa. 
Le  premier  ouvrage  de  quelque  importance  qu'il 
fit  entendre  était  une  messe  qu'il  composa  à 
l'âge  de  quatorze  ans.  A  dix-sept  son  éducation 
musicale  était  terminée.  Il  partit  alors  pour  l'Es- 
pagne avec  son  frère  aîné,  comblé  des  bontés  du 
prince.  Ce  fut  en  1797  qu'il  quitta  l'Italie.  Mal- 
heureusement tes  deux  frères  se  virent  peu  de 
temps  après  obligés  d'avoir  recours  à  leurs  talents 
pour  vivre,  à  cause  de  la  faillite  du  négociant  qui 
avait  en  dépôt  leur  petite  fortune.  Ils  donnè- 
rent des  concerts;  mais,  atteint  par  la  liè- 
vre jaune  ,  Benincori  l'aîné  succomba,  et  son 
frère,  resté  sans  appui,  retourna  en  Italie,  où  il 
fit  représenter  un  opéra  de  i\i(t('ti  qui  fut  bien 
accueilli,  et  qui  n'eut  pas  moins  de  succès  lors- 
que l'auteur  le  fit  représenter  à  A'iennc.  Arrivé 
dans  cette  ville,  Benincori  fut  introduit  auprès 


de  Haydn,  et  entendit  exécuter  les  quatuors  de 
ce  grand  compositeur,  lise  passionna  si  bien 
pour  ce  genre  de  musique,  qu'il  n'en  écrivit  plus 
d'autre,  et  qu'en  peu  d'années  il  en  produisit 
quatre  œuvres,  dont  le  premier  fut  dédié  à 
Haydn. 

Vers  le  commencement  de  1803,  il  se  rendit  à 
Paris,  où  ses  quatuors    avaient  été    publiés.  11 
espérait  que  ces  ouvrages    le  feraient  connaître 
avantageusement  et  lui  feraient  obtenir  un  poème 
d'opéra.  Il  en  eut  un,  en  effet,  dont  il  écrivit  la 
musique,  et  qui  fut  reçu  en  18o4   par  le  comité 
(ie  l'Académie  impériale  de  musique,  sous  le  titre 
de  Galatée  ou  le  Nouveau  Pijgmalion  ,   mais 
qu'il  ne  put  ensuite  faire  représenter.  Le  temps 
s'écoulait  sans   qu'aucune  de  ses  espérances  se 
réalisât;  il  n'eut  d'autre  ressource  que  de  don- 
ner des  leçons  de  chant,  de  violon,  de  piano, 
d'harmonie  et  de  coinposilion.  Malgré  la  multi- 
jilicité  des  choses  qu'il  pouvait  enseigner,  il  eut 
beaucoup  de  peine  à  trouver  des  élèves  en  nom- 
bre suffisant  pour  vivre.  En  1807,  il  tenta   un 
nouvel  essai  pour  se  fonder  une  fortune  et  une 
renommée  par  le  théâtre,  et  il  écrivit  un  opéra 
sérieux    intitulé  Hésione.  Cet  ouvrage  eut    le 
même  sort  que  le  premier  -.  on  le  reçut,  mais  on 
ne  le  joua  pas.   Fatigué  par  les  obstacles  qu'on 
opposait  à  sesefloits,  Benincori  sembla  renoncer 
aux  espérances  qu'il  avait  placées  dans  sa  renom- 
mée future;  il  se  résigna  à  la  nécessité  de  n'être 
qu'un  donneur  de  leçons.  Ce  ne   fut  que  long- 
temps après  qu'il  parvint  enfin  à  faire  jouer  quel- 
ques bluettes  à  rOpéra-Comii]ue;  mais  alors  in 
ferveur  de  la  jeunesse  était  passée,  le  dégoût  et 
l'ennui  étaient  venus  ,  et  l'art  avait  perdu  pour 
lui  ce  charme  qui  donne  la  vie  aux  œuvres  de 
l'artiste.  Les  opérettes  que  Benincori  fit  représen- 
ter en  1815,  sous  le  WirctàQ^  Parents  d'un  Jour, 
en  1818,  sous  celm  de  La  promesse  de  mariage 
ou  le  Retour  au  hameau,  et  le  16  janvier  1SI9, 
sous  celui  des  Époux  indiscrets  ,  ne  réussirent 
point,  et,  par  le  chagrin  qu'il  en  prit,  lui  mirent 
dans  le  sein  le  germe  de  la  maladie  dont  il  mou- 
rut peu  d'années  après.   Une  circonstance  inat- 
tendue   sembla     pourtant   le   ranimer.     Nicole 
Isoiiard,   mort  en    1818,  avait  laissé  inachevée 
ro[)éra  de  la   Lampe  merveilleuse  ,  grand  ou- 
vrage par  lequel  il  espérait  mettre  le  sceau  à 
sa  réputation.  Les  deux  premiers  actes    de  cet 
opéra  étaient  tout  ce  qu'il  avait  laissé  ;  Benincori 
fut  chargé  dé  faire  les  trois  autres.  Il  travailla 
avec  ardeur,  mit  l'opéra  en  état  d'être  représenté, 
et  en  surveilla  les  premières  répétitions;  mais  la 
maladie  de  poitrine  dont  il   était  atteint  avait 
fait  de  rapides  pro«;rès  ,  ses  forces  étaient  épui- 
sées ,  la  latalité  qui  le  poursuivait  dans  sa  car- 


BENNET 


345 


riérc  (lininnliqtie  ne  lui  permit  pas  de  jouir  de 
son  liioniplic  :  six  semaines  avant  la  reprosenta- 
lion  (ie  l'ouvrage  dans  lequel  il  avait  mis  toutes 
ses  espérances  (le  30  décembre  1821  ),  il  expira 
à  Belleville,  près  de  Paris.  La  Lampe  merveil- 
leuse, représentée  le  6  février  1822,  obtint  un 
brillant  succès. 

Homme  d'esprit  et  de  goilt,  Benincori  avait 
de  la  fraîcheur  dans  les  idé«s;  mais  il  ne  paraît 
pas  avoir  été  doué  du  génie  dramatique.  Bien 
inférieur  à  lui-même  dans  les  opéras  qu'il  a  fait 
jouer  en  France,  il  n'a  fait  voir  la  portée  de  son 
talent  que  dans  ses  quatuors.  Ceux-ci  méritaient 
d'être  plus  connus  qu'ils  ne  sont;  car,  si  l'on  n'y 
trouve  pas  l'art  inlini  de  Haydn,  la  passion  de 
Mozart,  ni  surtout  la  vigoureuse  pensée  de  Bee- 
thoven, il  est  pourtant  cerlain  que  ce  sont  de 
charmantes  compositions,  brillantes  d'élégance, 
de  grâce,  de  pureté,  et  dont  le  style  ne  ressemble 
à  celui  d'aucun  de  ces  grands  artistes.  Les  deux 
premiers  œuvres  de  ces  quatuors  furent  compo- 
sés et  publiés  en  Allemagne ,  puis  réimprimés  à 
Paris.  Peu  de  temps  après  son  arrivée  dans  cette 
ville,  Benincori  y  lit  paraître  les  œuvres  3"^,  4" 
et  5^.  Son  œuvre  fi^e^  composé  de  trois  trios  pour 
piano,  est  inférieur  à  ces  ouvrages;  les  œuvres 
1"  et  8^,  qui  renferment  chacun  trois  quatuors, 
ont  été  publiés  en  1809  et  1811.  Benincori  avait 
écrit  autrefois,  en  Italie,  des  messes,  des  litanies, 
et  plusieurs  opéras  qui  sont  restés  en  manuscrit. 
On  a  gravé  quelques  airs  des  opéras  qu'il  a  fait 
jouer  au  théâtre  Feydeau  ;  mais  les  partitions 
n'ont  pas  été  publiées.  La  part  de  travail  de  Be- 
nincori dans  Aladin  ou  la  Lampe  merveilleuse, 
qui  eut  un  sort  plus  heureux,  consiste  dans  les 
trois  derniers  actes,  dans  la  marche  qui  termine 
le  premier,  dans  les  deuxième  et  quatrième  scè- 
nes, et  dans  une  partie  du  dernier  chœur  du  se- 
cond. 

BENISE  (...),  musicien  de  la  Comédie  ita- 
lienne, ne  s'est  fait  connaître  que  par  la  musique 
des  divertissements  d'une  comédie  intitulée  : 
Caroline  magicienne,  qui  fut  jouée,  la  première 
fois,  le  12  juillet  1744. 

BENIVATI  (François),  docteur  en  méde- 
cine, né  à  Mantoue,  dans  le  mois  d'octobre  1798, 
fit  ses  études  à  Pavie  et  à  Padoue,  et  s'y  distin- 
gua par  la  rapidité  de  ses  progrès.  Après  avoir 
obtenu  le  diplôme  de  docteur  dans  la  dernière 
de  ces  villes,  il  partit  pour  la  capitale  de  l'Autri- 
che, muni  de  lettres  de  recommandation  que  lui 
donnèrent  de  puissants  protecteurs.  Plus  tard, 
il  visita  Londres  et  Edimbourg,  dans  le  dessein 
d'augmenter  ses  connaissances;  puis  il  se  fixa  à 
Paris,  vers  1327.  Amateur  de  chant  distingué,  et 
possesseur  d'une  très-belle  voix  de  bariton,  il 


crut  pouvoir  concilier  son  penchant  pour  la  mu- 
sique avec  la  gravité  de  sa  profession,  en  se  li- 
vrant à  l'examen  physiologique  des  fonctions  de 
l'appareil  vocal  dans  le  chant.  Ses  recherches  le 
conduisirent  à  la  conviction  que  les  muscles  du 
larynx  n'agissent  pas  seuls  dans  la  formation 
des  sons  de  la  voix,  et  que  le  pharynx,  le  voile 
(lu  palais,  enfin,  toutes  les  parties  supérieures  du 
gosier  et  de  la  bouche  concourent  à  la  produc- 
tion des  sons  qu'on  appelle  Tulgairement  lejaus- 
sct,  et  qu'il  désigna  sous  le  nom  de  voix  sur- 
laryngienne.  Il  détermina  en  même  temps  la 
nature  des  phénomènes  qui  se  manifestent  dans 
l'appareil  vocal  des  divers  genres  de  voix  pour  la 
formation  des  sons  des  différents  registres,  et 
lut  à  l'Académie  des  sciences  de  l'Institut  des 
mémoires  sur  ces  sujets,  auxquels  l'illustre  Oli- 
vier accorda  des  éloges  dans  le  rapport  qu'il  fit, 
en  1830,  à  cette  société  savante.  Une  nouvelle  ré- 
daction des  idées  de  Bennati  fut  publiée  deux 
ans  après,  dans  un  livre  qui.a  pour  titre  :  Recher- 
ches sur  le  mécanisme  de  la  voix  humaine 
pendant  le  chant  ;  Paris,  1832,  in-8°.  Bientôt 
après  la  publication  de  ce  livre,  Bennati  en  fit 
paraître  tin  autre  intitulé  :  Recherches  sur  les 
maladies  qui  affectent  les  organes  de  la  voix 
humaine;  Paris,  1833,  in-S".  Cet  ouvrage  a  été 
traduit  en  allemand,  sous  ce  litre  Die physiologis- 
chen  und  pathologischen  Verhdltnisse  der 
menschlichen  Stimme  :  Ilmenau,  Voigt,  1833, 
in-S"  de  1 02  pages,  avec  .3  planches.  On  y  trouve  un 
grand  nombre  d'observations  intéressantes,  par- 
ticulièrement sur  l'aphonie  et  l'enrouement,  avec 
des  méthodes  de  traitement  dont  les  heureux 
effets  ont  été  constatés  en  plusieurs  circonstances. 
L'Académie  des  sciences  décerna  à  Bennati,  pour 
ce  travail,  un  des  prix  fondés  par  Monlyon.  Les 
deux  ouvrages  qui  viennent  d'être  cités  ont  été 
réunis  en  un  seul  volume  sous  le  titre  d'Études 
physiologiques  et  pathologiques  sur  les  orga- 
nes de  là  voix  humaine;  Paris,  1833,  in-8°, 
avec  des  planches.  On  a  aussi  de  Bennati.  Mémoire 
sur  un  cas  pnrliculier  d'anomalie  de  la  voix 
humaine  pendant  le  chant;  Paris,  1834,  in-S» 
Il  s'occupait  d'un  nouveau  travail  concernant 
l'hygiène  de  la  voix  et  de  recherches  sur  l'ap- 
plication de  la  musique  à  la  médecine  curative, 
lorsqu'un  accident  funeste  termina  la  carrière  de 
ce  savant,  à  l'âge  de  trente-six  ans.  Atteint  par 
un  cheval  lancé  avec  une  grande  vitesse,  il  fut 
renversé  ;  sa  tête  porta  avec-force  sur  le  pavé,  et 
le  lendemain,  lomars  1834,  il  expira. 

BEiVNET  (Jean),  compositeur  anglais,  vé- 
cut à  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  commence- 
ment du  dix-seplième.  Quoique  doué  d'un  mérite 
fort  rare,  il  ne  paraît  pas  avoir  été  attaché  au 


3^6 


BENNE T  —  BENNETT 


service  J'Élisabelh,  ni  à  aucune  université.  Ses 
madrigaux  sont  bien  écrits  jlMiannonie  en  est  cor- 
recte et  les  imitations  élégantes  et  bien  serrées. 
Il  a  fait  imprimer  :  Madrigals  to  four  voyces 
(Madrigaux  à  quatre  voix),  Londres,  1599.  Ce 
recueil  contient  dix-sept  pièces  :  Hawkins  en  a 
inséré  une  dans  le  troisième  volume  de  son  His- 
toire de  la  musiqzte.  On  trouve  aussi  un  de  ses 
madrigaux  dans  la  collection  intitulée  :  Le  triom- 
phe d'' Ariane,  et  quelques  airs  de  sa  composi- 
tion dans  l'ouvrage  de  Ravenscroft  qui  a  pour 
titre  :  A  brief  discourse  o/true  {butneglected) 
use  of  characterising  the  degrees  by  theïr 
perfection,  imperfection,  and  diminution  in 
measurable  musicke,  against  the  common 
■practice  and  costom  of  thèse  times  (Petit  dis- 
cours sur  l'usage,  maintenant  négligé,  de  déter- 
miner les  temps  de  la  musique  mesuiée,  par  leur 
perfection,  imperfection,  diminution,  etc.  ),  Lon- 
«ires,  1614. 

BENi\ET  (Thomas),  organiste  de  la  catlic- 
drale  et  de  la  chapelle  épiscopale  de  Saint-Jean, 
;i  Cliichester,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-luii- 
lièrne  siècle,  a  reçu  son  éducation  musicale  parmi 
les  enfants  de  chœur  de  Salisbury,  sous  Joseph 
Corfe.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  1°  Une  in- 
troduction à  l'art  du  chant  {An  introduction 
to  the  art  of  singing);  Londres,  sans  date; 
Sacred  mélodies,  recueil  d'hymnes  et  d'antiennes 
iait  avec  choix  et  discernement  ;  —  3"  Cathc- 
dral  sélections,  consistant  en  antiennes,  com- 
mandements de  Dieu,  chants  et  prières.  Ces 
diverses  publications  ont  obtenu  du  succès. 

BEi\iV'ET  (Wiu.iAJi),  professeur  de  musi- 
que et  organiste  à  l'église  Saint-André  de  Piy- 
mouth,  C'st  né,  en  1767,  à  Coombinteigrehead 
près  de  Tcigenmouth.  Les  premiers  principes  de 
Ja  musique  lui  furent  enseignés  à  Exeter  par  Bond 
et  Jackson,  tous  deux  bons  musiciens.  11  fut  en- 
suite envoyé  à  Londres  ,  pour  y  terminer  ses 
éludes  sous  la  direction  de  Chrétien  Bach. 
Après  la  mort  de  ce  compositeur,  il  passa  sous 
celle  de  Schroeter,  le  premier  qui  répandit  l'u- 
sage du  piano  en  Angleterre,  et  qui  le  substitua 
au  clavecin.  Les  éludes  de  Bennet  étant  termi- 
nées, il  reçut  une  invitation  de  s'établir  à  Ply- 
mouth,  et  peu  de  temps  après  son  arrivée  dans 
cette  ville  (en  1793),  il  fut  nommé  organiste  de 
l'église  de  Saint-André.  Il  est  considéré  aujour- 
«l'hui  comme  l'un  des  plus  habiles  improvisateurs 
de  l'Angleterre  sur  l'orgue.  Ses  compositions  con- 
sistent en  Trois  sonates  pour  le  piano;  Un 
concerto  pour  le  même  instrument  avec  or- 
(hestre;  Deux  divertissements,  idem  ;  Deux 
lecueiis  d'airs  et  de  glees;  Trois  duos  poui 
deux  pianos;   Vue  marche  et  une  antienne 


pour  le  couronnement  du  roi  Georges  IV ; 
Un  hymne  portugais  avec  variations;  Un  air 
des  Amours  des  anges  avec  variations;  Deux 
autres  airs  variés.  Bennet  a  dû  publiei-  aussi  deux 
ouvrages  volumineux  et  importants  :  l'un  est  la 
Collection  delà  musique  d'église  d'Angleterre 
en  partition,  à  l'usage  des  cathédrales;  Vau- 
tre, une  Nouvelle  collection  de  psaumes  à 
quatre  parties,  avec  accompagnement  d'orgue. 
Outre  cela,  il  a  composé  beaucoup  d'ouvertures, 
de  fugues  et  de  caprices  pour  l'orgue,  qui  n'ont 
pas  été  imprimés. 

BENIVET  (Saunders),  organiste  à  Woods- 
tock ,  dans  le  comté  d'Oxford ,  est  mort  d'une 
maladie  de  langueur,  en  1809,  fort  jeune  encore. 
11  a  fait  imprimer  quelques  pièces  pour  le  piano, 
et  plusieurs  recueils  d'airs  et  de  glees. 

BEANETT  (William  STERKDALE), 
pianiste  et  compositeur  à  Londres,  est  né  le  13 
avril  1816  à  Sheffield,  dans  le  Yorkshire,  où  son 
père  était  organiste.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  musicales  dans  sa  ville  natale,  il 
alla  suivre  les  cours  de  l'université  de  Cambridge. 
Plus  tard  il  se  rendit  à  Londres  et  y  entra  dans 
l'Académie  royale  de  nmsique,  oii  Cipriani  de 
Potter  et  le  docteur  Crotch  devinrent  ses  maîtres 
de  piano  et  de  com|)osition.  Sorti  de  cette  école, 
après  quelques  années  d'études ,  il  reçut  des 
leçons  de  Moschèles  et  commença  la  publication 
de  ses  premières  œuvres.  La  connaissance  qu'il 
fit  de  Mendelsohn  à  Londres  le  décida  à  le  suivre 
en  Allemagne,  pour  continuer  sous  sa  direction 
ses  études  de  composition.  Jusqu'à  la  mort  de 
cet  artiste  célèbre  il  lui  fut  attaché  de  la  plus 
étroite  amitié.  On  reconnaît  dans  le  style  des 
œuvres  de  INL  Bennelt  un  penchant  décidé  pour 
celui  de  son  maître  et  ami.  Pendant  son  séjour  à 
Leipsick,  daiis  les  années  1837  et  18:î8,  ilexc'cuta 
un  concerto  de  piano  de  sa  comiiosition  dans 
un  des  concerts  de  la  Gevandhaus ,  et  y  fit 
entendre  diverses  ouvertures  d'ouvrages  drama- 
tiques qu'il  avait  écrits  à  Londres  dans  les  années 
précédentes.  Après  plusieurs  années  de  séjour 
en  Allemagne,  il  retourna  à  Londres,  où  il  se 
livra  avec  succès  à  l'enseignement  et  donna  des 
concerts  chaque  année.  M.  Slerndale  Bennett  est 
un  des  artistes  les  plus  distingués  de  l'Angleterre 
comme  virtuose  sur  le  piano  et  comme  composi- 
teur. En  1837  il  a  écrit  la  ruusique  d'un  ballet 
intitulé  les  Nayades,  qui  fut  représenté  ;  dans 
l'année  suivante,  il  donna  au  tht'âtre  anglais  la 
Nymphe  de  la  forêt,  opéra  dans  lequel  il  y 
avait  de  bons  morceaux,  et  qui  bientôt  après  fut 
suivi  de  Parisina.  Il  a  publié,  tant  en  Allema- 
gne qu'en  Angleterre,  beaucoup  d'ouvragis  d.' 
liiusiqirc  instrumenlale  parmi  lesquels  on  rcmar- 


BENNETT  —  BEiNOIT 


347 


que  :  1°  TioisièniG  concerto  pour  piano  (eu  xit 
mineur;,  op.  9  ;  Lcipsick,  Kislner.  ~  2"  Qua- 
trième idem  (  en /a  mineur),  op.  19,  ibid.  — 
;3o  Fantaisie  pour  piano  et  orciiestre  (en  hu  ma- 
jeur), op.  22.  ibid.  —  4"  Sextuor  pour  piano,  deux 
Tiolons,  alto,  violoncelle  et  contre4)asse,  op.  8; 
_,onures  ,  Cramer,  Beale,  etc.  —  5°  Trio  pour  ; 
piano ,  violon  et  violoncelle,  op.  36 ,  'bid.  —  1 
Sonate  pour  piano  et  violoncelle  (en  la  mi- 
neur), ibid.  -^  1°  Divers  morceaux  do  son  pre- 
mier et  de  son  deuxième  concerto,  arrangés  pour 
piano  à  quatre  mains.  —  8"  Sonate  pour  piano 
seul  (en/rt  mineur).  —  9°  Beaucoup  de  capri- 
ces, rondos,  suites  de  pièces,  thèmes  variés, 
préludes,  etc.;  ibid.  —  10°  Quelques  morceaux 
de  musique  religieuse  à  plusieurs  voix.  — 
11°  Beaucoup  de  mélodies  et  de  chansons  an- 
glaises avec  accompagnement  de  piano.  On  con- 
naît aussi  de  M.  Bennett  une  méthode  de  piano 
intitulée  :  ClassicaL  pracHce  for  piano  forte 
student ,  Londres,  1841,  et  une  dissertation  sur 
l'harmonie  (  On  harmony)  imprimée  dans  les 
Introductory  lectures  delivered  at  the  Qucen 
Collège,  1849. 

BENOIST  (N.),  musicien  français,  vécut 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  On 
trouve  des  pièces  de  sa  composition  dans  les 
Selectisshnx  et  familiarissimge  Cantiones  ul- 
tra ceutitmde  Salblingei'(  Augsbourg,  Melchior 
Kriesstein,  1540),  et  dans  le  Liber  quartus 
(  Molectorum  )  cum  quatuor  vocibus,  imprimé 
à  Lyon,  par  Jacques  Moderne,  en  1539. 

BEi\OIST  (François),  compositeur,  né  à 
Kantes  le  10  septembre  1795,  a  reçu  dans  sa 
ville  natale  les  premières  leçons  de  musique  et 
de  piano.  En  1811  il  se  rendit  à  Paris,  et  fut  admis 
au  Conservatoire  de  musique  comme  élève  de  Ca- 
tel  pour  l'harmonie,  et  de  Adam  pour  le  piano. 
Ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'il  obtint  au  con- 
cours de  la  même  année  le  premier  prix  d'har- 
monie. Le  premier  prix  de  piano  lui  fut  décerné 
en  1814.  L'année  suivante  il  fut  couronné  aux 
concours  de  l'Institut  de  France  pour  sa  com- 
position de  la  cantate  à'Eyione,  qui  fut  exécutée 
en  séance  publique  le  5  octobre  1815.  Ce  triom- 
phe lui  assurait  le  titre  et  les  avantages  de  pen- 
sionnaire du  gouvernement  français.  Jl  partit 
bientût  après  et  passa  trois  années  à  Rome  et  à 
Kaples  aux  frais  de  l'État.  De  retour  dans  sa  patrie 
au  commencement  de  l'année  1819,  il  obtint 
presque  à  son  arrivée  la  place  de  premier  orga- 
niste de  la  chapelle  du  roi,  qui  avait  été  mise  au 
concours  après  la  mort  de  Séjan  ;  et  peu  de  temps 
après,  il  fut  nommé  professeur  d'orgue  au  Con- 
servatoire de  Paris,  où  il  est  encore  en  cette  qua- 
lité (1859).  En  1821,  M.  Benoist  a  lait  représenter 


au  théâtre  Feydeau  un  opéra  intitulé  :  Félix  et  Léo- 
îiorc,  qui  a  eu  quelques  représentations,  et  dont 
la  partition  a  été  gravée.  Après  avoir  déserté  la 
scène  lyrique  pendant  vingt-sept  ans,  il  y  est 
revenu  en  1848,  avec  la  partition  d'un  opéra  en 
deux  actes  de  Germain  Delavigne  intitulé  :  VAp- 
paritton,  qui  malheureusement  réalisa  son  titre 
au  théâtre  de  l'Opéra  national.  Préc('demmenl  il 
avait  écrit  une  narlie  de  la  musique  du  Diable 
amoureux,  ballet  joué  à  l'Opéra.  En  1848  il  com- 
posa la  musique  deNisida,  ballet  en  deux  actes, 
représenté  au  même  théâtre  le  21  août  ;  et  en- 
fin, le  15  janvier  1851,  il  a  donné  sur  la  même 
scène  la  musique  du  ballet  en  trois  actes  de 
Théophile    Gautier  intitulé  :  Pâquerette. 

Comme  organiste  et  comme  professeur,  M.  Be- 
noist s'est  fait  une  réputation  honorable.  Il 
était  depuis  plusieurs  années  second  chefdu  chant 
à  l'Opéra  de  Paris,  quand  il  succéda  à  Halévy 
dans  la  position  de  premier  chef,  en  1840.  11  est 
considéré  ajuste  titre  comme  un  artiste  d'un  mé- 
rite très-eslimable.  Il  possède  bien  l'art  d'accom- 
pagner le  plain-chant  et  d'improviser  des  fugues 
sur  un  sujet  donné.  Souvent  il  a  mérité  les  applau- 
dissements des  musiciens  de  la  chapelle  du  roi  pour 
son  talent  en  ce  genre.  Ses  compositions  pour 
l'orgue  ont  été  réunies  dans  un  recueil  qui  a  pour 
titre  :  Bibliothèque  de  Vorganiste ,  ou  suites  de 
pièces  pour  l'orgue,  en  douze  cahiers;  Paris, 
Mme  veuve  Canaux.  Ou  connaît  aussi  de  M.  Be- 
noist une  Messe  de  Requiem  pour  trois  voix 
d'hommes  et  une  d'enfant,  avec  accompagne- 
ment d'orgue  ad  libitum;  ibid. 

BEIXOIT  (André)  ,  maître  de  musique  de  la 
cathédrale  de  Chartres,  en  1743,  a  composé  des 
motets  qui  ontété  exécutés  dans  la  chapelledu  roi. 

BEiV'OIT  (  Pierre),  vicaire  à  l'église  Sainte- 
Marie,  de  Dijon,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  : 
Manuel  du  chant,  ou  le  plain-chant  enseigné 
par  principes  et  mis  en  rapport  avec  la  mu- 
sique; Dijon,  de  l'imprimerie  de  Douiller,  1830, 
)n-12.  Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a 
paru  à  Dijon,  cliez  Lagier,  en  1840,  in-12,  sous 
ce  titre  :  Manuel  du  chant  sacré,  ou  le  plein- 
chant  (sic)  enseigné  par  principes. 

BEKOIT  (PiERRE-LÉONARD-LÉopoLn),  conf- 
positeur,  né  à  Harelbeker  (  Flandre  occidentale), 
le  17  août  1834,  montra  dès  son  enfance  les 
plus  heureuses  dispositions  pour  la  musique,  et 
sans  guide ,  sans  instruction  élémentaire,  se 
livra  à  des  travaux,  de  composition.  En  1851, 
son  père  le  conduisit  à  Bruxelles  et  le  pré- 
senta à  l'auteur  de  cette  biographie,  ()ui  l'ad- 
mit au  conservatoire  de  cette  ville,  lui  (il  suivre 
des  cours  de  piano,  d'harmonie,  et  se  chargea 
de  lui  enseigner  la  composition.  Deux  ans  après- 


Ii48 


BENOIT  —  BERARD 


Benoit  obtint  au  concours  le  deuxième  prix  d'iiar- 
monie.etle  1'""  prix  lui  fut   décerné  en  1854. 
Dans  la  même  année,  le  premier  prix  de  contre- 
point et  de  fugue  fut  également   conquis  par  lui 
an  concours.  En  1855,  il  se  présenta  un    grand 
concours  de  composition  institué  par  le  gouver- 
nement et  obtint  une  mention  honorable.   Dans 
Tannée  suivante  il  écrivit  la  musique  de  plusieurs 
mélodrames  flamands  pour  le  théâtre  du  Parc,  au 
nombre  desquels  on  remarqua  celui  qui  avait  pour 
titre  De  belgische  Natie  (La  Nation  belge),  qui 
fut  représenté  le  27  juillet  1856,  à  l'occasion  du 
vingt-cinquième  anniversaire   du  couronnement 
du  roi  Léopold  1^''.  Au  mois  de  décembre  de  la 
même  année  M.   Benoit  fut   nommé  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  du  Parc  :  il  y   fit  jouer  avec 
fuccès  un   joli    opéra   flamand    intitulé   :  Het 
dorp  irCt  gebergte  (le  Village  dans   les  mon- 
tagnes). Pour  la  seconde  fois,  il  se  présenta  au 
grand  concours  de  composition,   en  1857,  et  le 
premier   prix  lui    fut  décerné  pour  la  cantate 
dont  le  sujet  était  :  Le  Meurtre  d^Abel.  Cet  ou  • 
vrage    fut   exécuté  solennellement   au  mois  de 
septembre  de  la  même  année  par  le  conservatoire  ; 
il   produisit  une  vive  impression.  Devenu  pen- 
sionnaire du  gouvernement,  comme  lauréat   du 
grand  concours,   M.  Benoit  se  rendit  en  Alle- 
magne pour  y  étudier  la  situation  de  l'art.  Après 
quelques  mois  de  séjour  à  Leipsick,  il  alla  pas- 
ser l'été  de  1858  à  Dresde,  fit  une  excursion  à 
Prague  à  l'occasion  de  la  fête  jubilaire  du  con- 
servatoire de   cette  ville,  puis  visita   Berlin  et 
Munich.  Dans  la  première  de  ces  villes,  un  Ave 
Maria  à  8  voix  en  deux  chœurs,  de  sa  compo- 
sition, fut  exécuté  par  le  chœur  de  la  cathédrale 
(  Do7n  Chor),  sous  la  direction  de  M.  Neithardf. 
Ce  morceau  a  été  publié  à  Berlin,  chez  MM.  Ed. 
Bote  et  G.  Bock.  Au  moment  où  cette  notice  est 
écrite  (1859)  M.  Benoit  continue  ses  voyages  d'ar- 
tiste. Ha  publié  :  1°  Six   mélodies  à  voix  seule 
avec  piano,  Bruxelles  et  Mayence,  chez  les  frères 
Schott  ;  2"  Douze  pensées  naïves  ou  Mélodies 
sentimentales  pour  voix  seule   et   piano  ,  ibid. 
3°  Douze  motets  ,  ibid.  On  connaît  aussi  de  lui 
des  pièces  de  piano  d'un  genre  neuf.  Ce  jeune 
'artiste  est  doué  d'un  vif  sentiment  poétique  et 
dramatique. 

BÉNOIVI  (Jules),  compositeur  à  Vienne, 
né  en  1835,  a  fait  ses  études  musicales  sous  la 
direction  de  Simon  Sechter.  A  l'âge  de  onze  ans 
il  fit  exécuter  une  messe  de  sa  composition,  et 
peu  de  temps  après  il  donna  à  l'un  des  théâtres  de 
Vienne  un  opéra  intitulé  Die  Winderblume 
(  les  Anémones  ),  dont  on  a  extrait  des  airs  avec 
«tccompagnement  de  piano,  qui  ont  été  publiés 
chez  Mechetti. 


BE1\SEK  (...),  pianiste  et  composileur,  vi- 
vait à  Londres  de  1780  à  1790.  On  a  de  lui  les 
ouvrages  suivants  :  1°  Sonates  pour  piano  et  vio- 
lon, œuvre  i"  ;  Londres,  Clementi;—  2°  Six  so- 
nates, idem,  œuvre  2^;  — -  3"  Sonates  à  quatre 
mains  pour  le  piano,  œuvre  y-, —  4°  Leçons  et 
un  duo  pour  le  piano. 

BEI\TE  (Mathès),  luthier  de  l'École  de 
Brescia,  vécut  dans  le  seizième  siècle  et  fut  con- 
temporain de  Jean-Paul  Magini..  Il  travaillait 
vers  1570.  Je  ne  connais  de  lui  qu'un  luth  très- 
richement  orné  qui  se  trouve  parmi  les  antiquités 
du  Musée  de  Paris. 

BENVEJ\UTi  (Nicolas),  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Pise,  est  né  dans  cette 
ville  Je  10  mai  1783.  Il  se  livra  à  l'étude  de  l'or- 
gue sous  la  direction  de  son  père,  maître  de 
chapelle  de  la  même  cathédrale  ;  la  lecture  des 
auteurs  classiques  devint  son  unique  occupation, 
et  le  succès  couronna  sa  persévérance.  On  a  de 
lui  :  lo  Six  riiesses  à  quatre  et  six  voix  avec  or- 
chestre; —  2»  Des  vêpres  complètes;  — 3"  11. 
ralto  di  Proserpina,  cantate  à  trois  voix  avec 
des  chœurs,  exécutée  sur  le  théâtre  de  Pise,  en 
1806;  —  4"  A7-iana  e  Teseo,  à  Pise  en  1810; 
—  5"  il  Werler,  farce,  sur  le  même  théâtre,  en 
18t  1.  Dans  le  genre  instrumental,  il  a  écrit  douze 
symphonies  à  grand  orchestre,  des  sonates  pour 
piano,  des  variations,  des  sonates  pour  l'or- 
gue, etc. 

BÉRARD(  Jean-Baptfste),  né  à  Lune!  en 
1710,  débuta  comme  ténor  à  l'Opéra,  au  com- 
mencement de  l'année  1733,  ne  réussit  pas  et  fut 
renvoyé  à  la  clôture  de  Pâques  de  la  même  an- 
née. Au  mois  de  septembre  suivant  il  entra  à  la 
Comédie  italienne,  y,fut  plus  heureux,  et  y  resta 
jusqu'en  1730  où  il  fut  rappelé  à  l'Opéra.  Rameau 
(>crivit  pour  lui  un  rôle  dans  les  Indes  galantes; 
mais  il  y  fut  sifflé,  et  le  compositeur  se  vit  obligé 
de  donner  le  rôle  à  un  autre.  Cependant  Bérard, 
qui  était  bon  musicien,  étonna  le  public  par  la 
manière  dont  il   chanta,  en  1737,  à  une  repré- 
sentation qu'on  appelait  la  Capitation  :  il  y  fut 
applaudi,  et  depuis  cette  époque  jusqu'en  1745, 
où  il  quitta  la  .scène  pour  se  livrer  à  l'enseigne- 
ment du  chant,  il  fut  bien  accueilli  dans  les  rôles 
qu'on  lui  confia.  H  jouait  bien  de  la  guitare,  du 
violoncelle  et  de  la  harpe.  On  a  de  lui  un  livre 
intitulé  :  L'art  d7i  chant,  dédié  à  madame  de 
Pojnpadour ;  Paris,  1755,  in-S".  Cet   ouvrage 
n'est  pas  sans  mérite.  Bérard  mourut  à  Paris,  le 
l"'"^  décembre  1772.  Par  le  crédit  de  madame  de 
Pompadour,  Bérard  fut  décoré   de  l'ordre   du 
Christ.   Il  eut  un  fils  qui   fut  pendant  plusieurs 
années  premier  violoncelle  de  la  Comédie  ita- 
lienne. 


BERARDl 


BERAT 


319 


BERARDl  (Angelo),  naquit  au  bourg  de 
Sainte-Agathe,  dans  le  Bolonais,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle.  On  voit  par  le  titre  de 
ses  Raglonamcnli  musicaîi,  qu'il  était,  en 
1C8I,  professeur  de  composition  et  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Spolète.  Précé- 
demment, il  avait  rempli  les  mêmes  fonctions 
à  la  cathédrale  de  Vilerbe.  En  1687,  époque  où 
il  publia  ses  Documenti  annonici,  il  était  clia- 
.  noine  de  la  collégiale  de  Viterbe,  et  vers  1C93 
il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la  Basilique 
de  Saillie-Marie  in  Trayistevere.  Il  dit  dans  la 
préface  de  ses  Documenti  armonici  qu'étant 
déjà  chanoine  et  maître  de  chapelle,  il  étudia  le 
contre-point  sous  Marco  Scaochi,  ancien  maître 
dechapeile  du  roi  de  Pologne.  Les  ouvrages tliéo- 
ri(pies  de  cet  auteur  sont  :  I.  Ragionamend 
vmsicali,  Bologne,  lG81,in-12;  II.  Documenti 
armonici,  Bologne,  1687,  in-4°  ;  livre  important 
par  son  objet  et  parla  manière  dont  il  est  Irnité. 
Cet  ouvrage  est  divisé  en  trois  livres  :  le  |)romier 
traite  de  diverses  espèces  de  contre-points  et  de 
la  fugue;  le  second,  des  canons  et  des  contre- 
points doubles  à  l'octave,  à  la  dixième  et  à  la 
douzième;  le  troisième,  des  dissonances  par  re- 
tardement (legature)  et  de  leur  résolution.  11 
est  à  regretter  qu'au  savoir  réel  que  montre  Be- 
rardi  dans  l'exposé  de  la  doctrine  scoiastique  de 
son  temps,  il  ne  se  joigne  pas  plus  de  méliiode 
et  de  philosophie.  III.  Mixceltanea  musicale, 
divisa  in  tre  parti,  Bologne,  1689,  in-4o.  Dans 
la  seconde  partie  de  ce  livre,  ontiouve  les  règles 
du  contre-point  simple  à  deux  voix  et  dans  la 
troisième,  celles  du  contre-point  à  trois  et  de  la 
fugue  selon  les  tons  du  plain-chant.  IV.  Arcani 
musicaîi,  Bologne,  1690,  in-4'',  dialogue  de 
trente-deux  pages  sur  quelques  compositions  ar- 
tificieuses, telles  que  les  Canons  en  écrevissc, 
les  Duos  à  retourner  le  livre,  etc.  \.  Il  Per- 
che musicale  ovvero  staff  et  ta  armonica, 
Bologne,  1693,  in  4°.  C'est  une  suite  de  lettres 
en  réponse  à  diverses  questions  qui  avaient  été 
faites  à  l'auteur  sur  plusieurs  points  de  la  musi- 
que. Les  ouvrages  de  Berardi  forment  une  époque 
remarquable  dans  l'histoire  de  l'harmonie.  De- 
puis les  innovations  introduites  dans  l'harmonie 
et  dans  la  tonalité  par  Monteverde,  les  principes 
sévères  de  l'École  romaine  avaient  souffert  des 
altérations  qui,  devenant  chaque  jour  plus  sensi- 
bles, imprimaient  à  toutes  les  parties  de  l'art, 
et  particulièrement  à  la  tonalité,  une  direction 
nouvelle.  Cependant  les  deux  Nanini,  Benevoli 
et  leurs  élèves,  quoiqu'ils  eussent  adopté  des 
formes  plus  modernes,  conservaient  encore  dans 
leurs  compositions  quelque  chose  de  la  puielé 
de   style  dont  Palestrina  et  ses  contemporains 


avaient  donné  l'exemple;   mais  à  l'époque   où 
Berardi  publia  ses  Documenti  armonici,  il  sem- 
ble qu'on   avait  méconnu  le  but  des  études  mu- 
sicales ;  ce  n'était  plus  à  la  recherche  de  mouve- 
ments élégants  et   purs  dans  l'accord  des  voix 
qu'on  s'appliquait,  mais  à  celle  de  subtilités  pué- 
riles, tels  que  les  contre-points  alla  zoppa,  per» 
fidiati ,  d'un  sol  passo,  etc.,  dont  les  ouvrages 
de  cet  auteur  sont  remplis.  Quoi  de  plus  ridicule, 
de  plus  opposé  au  véritable  but  de  l'art  que  ces 
formes  de  convention  où  les  compositeurs  s'im- 
posaient la  loi  de  n'employer  tantôt  que  des  notes 
blanches,  tantôt  que  des  notes  noires  seulement, 
ou  de  répéter  d'un  bout  à  l'autre  d'un  morceau 
de  musique  le  même  trait  à  une  partie,  pendant 
que  les  autres  suivaient  les  règles  de  l'harmonie 
ordinaire  ;  ou  bien  encore  de  s'interdire  l'emploi 
de  certaines  notes  de  la  gamme  ou  de  certains 
intervalles?  Ce  sont  cependant  ces  mêmes  for- 
mes de  composition  dont    Berardi  explique  les 
règles  très-sérieusement.  Il  faut  l'avouer,  toute- 
fois, ces  défauts  qui  appartiennent  au  teuips  où 
il  vécut,   sont  rachetés   par  les  lumières  qu'on 
peut  puiser  dans  ses  ouvrages  sur  deux  objets 
importants  de  l'art  d'écrire  ;  objets  qui  ont  exercé 
l'induence  la  plus  heureuse  sur  les  progrès  de 
la  musique  moderne.  Le  ptemier  est  le  contre- 
point  double,  dont  l'invention,   bien  qu'anté- 
rieure à  ce  siècle,  puisqu'elle  est  clairement  in- 
diquée par  Zarlino  et  développée   par  Cérone, 
n'avait  cependant  pas  acquis  tous  les  perfection- 
nements qu'on  remarque  dans  les  ouvrages  de 
Berardi  :    l'autre  est  l'art  de  moduler  la  fugue 
par  la  mutation  de  la  réponse  au  sujet,  invention 
qui  a  substitué  les  fugues  tonales  et  libres  à  la 
fugue  réelle.  Je  le  répète,  Berardi  n'est  pas  l'in- 
venteur de  ces  choses,  mais  il  est  le  premier  qui 
en  ait  exposé  méthodiquement  les  principes  et 
le  mécanisme.    Sous  ces  rapports,  il  doit  être 
considéré  coumie  un  des  écrivains  dont  les  ou- 
vrages ont  le  plus  d'importance  pour  l'histoire  de 
l'art.  Comme  compositeur,  on  connaît  de  lui  : 
AJissa  pro  defunctis  quinque  vqcum  ;  Romx, 
apud  Ign.  deLazaris,  1663. —  Libri  tredi  mo- 
tetli  a  due,  tre,  quattro  voci  ;  Bologne,  Monti, 
166o. — Psalmi  vespertiiiii  voc.  cumuna.Missa, 
op.  8;  Homse,  apud  Aug.  Mutis,  1675.  Due  li- 
bri di  offertorii  concertatia  due  e  tre  voci; 
Bologne,  Monti,  1680.  Salmi  concert ati  a  tre 
voci,   lib.  1  et  2,   op.   4  et  5  ;   Bologne,   166S, 
in-4°.  Psalmi  vesperlini  (cum  Missa quatuor 
voc),  op.  9;   Bologne,   16S2,  in-4°.  Musiche 
diversi  per  caméra  «  2,  3  e  4  voci,  op.  13  ;  Bo- 
logne, Maria  Monti,  1698,  in-4°. 

BÉRAT  (  Fkédéric),  compositeur  de  roman, 
ces  et  de  chansonnettes,  né  a  Rouen,  en  1800,  a 


BÉRAT  -  BERCELLI 


oltlenu  des  succès  prodigieux  par  quelques-unes 
<le  ses  productions,  particulièrement  par  sa  ro- 
mance :  Ma  Normandie,  dont  on  a  vendu  plus 
de  trente  mille  exemplaires!  Ce  succès  populaire 
est  dû  vraisemblablement  au  caractère  assez 
vulgaire  des  mélodies  de  cet  auteur;  car  les  cho- 
ses de  ce  genre,  lorsqu'elles  ont  un  rhytlime  bien 
cadencé,  ont  toujours  en  France  plus  de  chances 
de  réussite  que  les  chants  marqué.-;  au  coin  de 
la  distinction.  Les  romances  les  plus  connues 
de  Bérat,  après  Ma  Normandie,  sont  le  Départ, 
La  Montagnarde  au  retour,  A  la  Frontière, 
Cest  demain  qu'il  arrive.  Parmi  ses  chanson- 
nettes, dont  la  gaîté  a  fait  le  succès,  on  cite  la 
Lisette  de  Déranger,  Bibi,  mon  c/iéri,  et  Mon 
petit  Cochon  de  Barbarie.  En  1846,  il  a  publié 
un  album  de  romances  et  de  chansonnettes  dont 
plusieurs  sont  écrites  en  patois  normand.  Fran- 
çois Pétoiirniau  a  pardu  et  retrouvai  son 
coutiau  est  une  de  ces  chansons  devenues  popu- 
laires et  chantées  dans  toute  la  Normandie.  Peu 
fortuné,  Bérat  n'avait  d'autres  moyens  d'existence 
qu'un  petit  emploi  dans  une  entreprise  de  gaz, 
à  Paris.  Homme  simple  et  bon,  il  avait  peu  d'am- 
bition :  le  terme  de  ses  désirs  était  la  possession 
de  1,200  francs  de  rente  et  une  chaumière  dans  sa 
belle  Normandie.  Une  étroite  amitié  l'unissait  à 
Déranger,  le  poète.  Depuis  longtemps  Bérat  était 
atteint  d'une  affection  de  la  moelle  épinière,  dont 
lui-même  paraissait  ignorer  la  gravité.  Le  mal  (it 
tout  à  coup  de  rapides  progrès  :  Bérat  fut  pris  de 
vertiges,  et  le  2  décembre  1855,  il  s'éteignit  sans 
souffrance. 

BÉRAUDIÈRE  ( Marc  i)e),  musicien  fran- 
çais qui  vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  le  Combat  de  seul  à  seul 
en  champ  clos,  à  quatre  parties;  Paris,  Ballard, 
Jf.OS,  in-4". 

BERBIGUIER  (Benoit-Tranquille),  flû- 
tiste et  compositeur  pour  son  instrument,  naquit 
le  21déce«ibre  1782,  à  Caderousse,  déparlement 
de  Vauclnse,  ci-devant  le  comtat  Venaissin.  Doué 
de  dispositions  heureuses  pour  la  musique,  il 
apprit,  sans  le  secours  d'aucun  maître,  la  flûte, 
le  violon  et  la  basse.  Sa  famille  le  destinait  au 
barreau  ;  mais,  dominé  par  son  goût  pour  l'art 
musical,  il  quitta  brusquement  son  pays  natal  au 
mois  d'octobre  1805,  vint  à  Paris,  entra  au  Con- 
servatoire dans  la  classe  de  flûte  de  Wunderlicli, 
et  suivit  en  même  temps  un  cours  d'harmonie 
sous  la  direction  de  Berlon.  Depuis  plusieurs 
années  il  faisait  sa  profession  de  la  musique,  lors- 
(ju'en  1813,  il  fut  contraint  de  quitter  Paris  par 
suite  du  décret  qui  ordonnait  une  levée  de  trois 
cent  mille  bommes.  En  1815,  il  entra  dans  les 
gardes  du  corps,  suivit  la  cour  à  Gand  et  rentra 


avec  elle  à  Paris.  Au  mois  de  novembre  de  la 
même  année,  il  oblint  une  lieulenance  dans  la 
légion  de  l'Ain,  qui  s'organisait  à. Bourg;  mais  fa- 
tigué de  l'état  militaire ,  et  désirant  se  livrer  de 
nouveau  à  la  carrière  musicale,  il  donna  sa  dé- 
mission, en  1819,  et  revint  à  Paris,  où  il  épousa, 
en  1323,  Mlle  Plou,  l'une  des  harpistes  les  plus 
habiles  de  cette  époque.  C'est  surtout  comme 
compositeur  pour  la  flûte  que  Berbiguier  s'est 
fait  un  nom  recommandable.  Ses  ouvrages  pour 
cet  instrument  ont  été  longtemps  classiques,  et 
se  sont  succédé  avec  une  fécondité  rare.  Ce  n'est 
pas  seulement  en  France  qu'ils  ont  obtenu  ce 
succès  flatteur;  car  les  catalogues  d'Allemagne, 
où  ils  figurent  tous,  prouvent  qu'ils  y  jouissent 
d'une  estime  méritée.  Les  événements  de  1830 
l'affligèrent,  à  cause  de  l'attachement  qu'il  avait 
pour  la  famille  royale  de  la  branche  aînée  des 
Bourbons,  et  le  décidèrent  à  se  retirer  près  de 
son  ami  Hus-Desforges  (Voy.  ce  nom),  à  Pont- 
Levoy,  près  de  Blois.  Il  y  jouit  d'une  existence 
heureuse  pendant  quelques  années;  mais  le  cha- 
grin que  lui  causa  la  mort  de  Desforges  le  frappa 
d'un  coup  mortel.  Après  avoir  accompagné  les 
restes  de  son  ami  au  lieu  de  l'inhumation,  il  dit  à 
quelques  amis  qui  l'avaient  suivi  pour  cette  triste 
cérémonie  :  Ikins  huit  jours  vo%is  viendrez  ici 
pour  moi.  Sa  prédiction  se  réalisa,  car  Desforges 
était  décédé  le  20  janvier  1838,  et  le  29  du  même 
mois,  Berbiguier  avait  cessé  de  vivre!  Le  cata- 
logue des  œuvres  de  cet  artiste  renferme  : 
r  Quinze  livres  de  duos  pour  deux  flûtes  ;  — 
2°  Deux  livres  de  duos  pour  flûte  et  violon;  — 
3°  Six  grands  solos  ou  études  pour  la  flûte  ;  — 
4°  Dix  concertos  pour  le  même  instrument  ;  — 
;>o  Sept  livres  de  sonates  ,  avec  accompagnement 

de  basse  ou  alto;  —  6°  Une  méthode  pour  la  flûte  ; 

—  7°  Huit  tlièmes  variés  avec  accompagnement 
de  piano  ou  orchestre  ;  —  8o  Six  airs  de  divers 
auteurs  variés  pour  la  flûte  avec  piano  ou  or- 
chestre; —  6°  Six  livres  de  trios  pour  trois  flû- 
tes; —  10°  Un  livre  pour  deux   flûtes  et  alto; 

—  11°  Un  idem  pour  flûte,  violon  et  alto  ;  — 
12°  Plusieurs  suites  de  duos  faciles  pour  deux 
flûtes; —  13°  Un  grand  duo  concertant  pour  flûte 
et  piano; —  14o  Enfin,  plusieurs  fantaisies,  ro- 
mances et  airs  variés  avec  piano,  et  des  suites 
d'airs  d'opéras  arrangés  en  duo  pour  deux  flûtes. 

BERCELLI  ou  BERSELLI  (Mathieu), 
sopraniste  qui,  vers  1720,  se  trouvait  à  la  cour 
de  Dresde.  Sa  voix  avait  une  étendue  prodi- 
gieuse, car  elle  commençait  à  Vut  au-dessous  de 
la  portée  et  allait  jusqu'à  sa  dix-huitième  fa. 
Toutefois  il  chantait  médiocrement,  ce  qui  n'em- 
pêcha pas  qu'il  eût  2,000  guinées  d'appoiine- 
ments,  à  Londres,  en  1738. 


i 


BERCHEM 


351 


BKRCIIEM  (Jacques,  Giuchetto  ouJachet) 
ou  ile  Berc/iem,  un  des  plus  habiles  compositeurs 
(lu  seizième  siècle,  naquit  eu  Flandre  au  com- 
mencement (le  ce  même  siècle,  et  hrilladc  I53&.à 
1565.  On  ignore  si  le  nom  de  Berchem  fut  le  sien 
propre,  ou  s'il  le  prit  du  lieu  de  sa  naissance,  le 
village  de  IJercliem,  près  d'Anvers.  Les  documents 
des  arcliives  diverses  de  cette  ville  n'ont  fourni 
aucun    renseignement  sur  ce    point  à  M.  Léon 
de  Biirbure  {voij.  ce  nom).  Les  biographes  qui  ont 
cru  que  Berchem  n'était  pas  le  nom  propre   de 
ce  musicien,  l'ont  confondu  avec  Jac(iues,  o\xJa- 
chet  de  Buiis  qui  vécut  dans  le  même  temps  ; 
mais  on  peut  voir  à  l'article  Biais  que  cette  opi- 
nion n'est  pas  fondée.  D'autres  ont  cru  queJachet 
de  Berchem  était  le  même  artiste  que  Jachet  de 
Wert;  mais  les  italiens  nomment  celui-ci  Gin- 
chetto  di  Ueggio,  .soit  qu'il  ait  vu  le  jour  dans 
cette  ville,  de  parents  flamands,  soit  qu'il  y  ait 
demeuré  plus  ou  moins  longtemps,  tandis  que 
Jachet  deBerghem,  ou  .fierc/ie»i  est  désigné  par 
eux  sous   le  nom  de  Giuchetto  ou  .Jachet  di 
lUantova,  parce  qu'il  lut  au  service  du  duc  de 
Mantoue,  vers  1535  à  15fi5.  Ces  musiciens  vécu- 
rent longtemps  en  Italie  à  la  même  époque  ;  leurs 
ouvrages  y  lurent  souvent  réimprimés,  et  dans 
les  recueils  où  l'on  a  introduit  quelqu'une  de 
leurs  compositions,  il  arrive  fréquemment  que  le 
prénom  seul  est  indiqué  :  de  là  vient  qu'il  est 
dillicile  de  déterminer  lequel  des  trois  artistes  en 
est  l'auteur.  Federmann  dit  (dans  la  Description 
des  Pays-Bas)  que  Berchem  vivait  encore  en 
1580  :  il  devait  être  alors  fort  âgé.  Les  ouvrages 
les  plus  connus  de  cet  artiste  sont  :  1°  Jachcti 
musicl  celeberrimi  atqiie  delectabilis,  chori 
illiistrissimi,  ac  révérend,  cardinalïs  Mantux 
magisfri,  Motecta  quinque  vocum.  Novissintc, 
omni  studio,  ac  cura  in  lucem  édita;  Vene- 
tiis   apud  Hieronymum  Scotum,   1539,  in-4'' 
ohl.,  avec  une  dédicace  de  l'imprimeur  au  cardi- 
nal de   Mantoue.  Ce  recueil  contient  vingt-six 
motels.  C'est  ce  même  ouvrage,  augmenté  de 
deux  motets,  qui  a  été  reproduit  sous  le  litre  ita- 
lien suivant  -.  Il  primo  libre  di  Motetli  di  Ja- 
chet a  cinqice  voci  con  la  giunta  di  pin  Mot- 
tetti  composti  de  novo  per  il  detto  autore  non 
piu  veduti  con  ogni   diligentia  correlli;  in 
Venetia,  nella  stampa  d'Antonio  Gardane, 
1540,   petit  in-4°  obi.  Il  y  a  vingt-huit   motets 
dans  ce  livre;  au  haut  de  la  page  du  onzième  on 
lit  :  Giac.  di  B.  (Jacques  de  Berchem). —  2"  Ja- 
chet musicisuavissimi  celeberrimique  niusices 
reverendissimi  cardinalïs  Mantue  (sic)  magislri 
Motecta  quatuor  vocum  nunc  primum  dili- 
gentissime  recognita  ac  stio  candori  restituta. 
/J6er  jonwws ;  Venetiis  apud  Antonium  Garda- 


nuui,  1545,  iii-4"  ohl.  sans  dédu'.ice  ni  piéface. 
Des  exemplaires  de  la  même  édition  ont  paru 
dans  la  même  année  avec  le  titre  italien  suivant  -. 
Il  primo  Ubro  de  motetti  a  quatlro  voci  ; 
In  Venetia,  app.  di  Ant.  Gardane,  1545,  pe- 
tit in-4°  obi.  On  trouve  aussi  à  la  bibliothèque 
royale  de  Munich  :  Jachet  Mastro  (sic)  di  mu- 
sica'de  ta  Capella  del  Duomo  de  Illus  """  Si- 
gnor  duca  di  Mantoa  (sic)  Moltetti  a  quattro 
voci,  novamente  pnsti  in  lace;  libro  primo. 
Sans  date  et  sans  nom  de  lieu,  in-4''  obi.  —  3° 
Liber  primus,  vocum  quinque.  Vigenti  Mo- 
tetos  hhbet.  Exciisum  Ferrarix,  espensis  et 
Labore  Joh.  de  Bulgat,  Henr.  de  Campis,  et 
Anth.  Hacher,  sociorum,  1539,  petit  in-4°  ohl. 
Le  principal  auteur  de  ces  vingt  motets  est  dé- 
signé Jacquet  de  Berchem;  les  autres  sont  Hes- 
din,  Nie.  Gombert,  Archadeit,  Ivo  (de  Venlo), 
Jacques Despons,  Adrien  Willarf,  Maistre  Jan,et 
Claudin  (Claude  de  Sermisy). —  4°  Il  primo  libro 
de  madrigali  a  quattro  voci.  In  Venetia 
oppressa  d'' Antonio  Gardane,  155G,  in-4°  obi.— 
5"  Capriccio  di  Jachetto  Berchem  con  la  mu-- 
sica  da  lui  composta  sopra  le  stanze  dcl 
Furioso,  a  quattro  voci.  In  Venetia  appressn 
d'Antonio  Gardane,  1501,  in-4o,  libri  primo, 
seconda  et  terza.  Cet  ouvrage  est  dédié  au  duc 
deFerrare. —  6°  Le  manuscritdu  seizième  siècle  de 
la  bibliothèque  royale  de  Munich,  coté  II,  con- 
tient trois  messes  à  cinq  voix,  de  Berchem,  sous 
le  nom  de  Jaches  de  Mantua.  —  7°  Oraliones 
complures  ad  of/ic.  Hebdom.  Sanctai  perti- 
nentes quatuor  et  quinque  vocum.  Venetiis 
apud  Ant.  Gardanum,  1567,  in-fol.  —  8o  Messe 
dei  Fiore  a  cinque  voci,  libro  primo.  In  Vene- 
tia, app.  di  Ant.  Gardane,  1561.  (C'est  une  réim- 
(iression.)  — 9"  Messe  di  Jachello  a  cinque  voci. 
Libro  2'  ibid.,  1555.  —  10°  La  messe  à  quaire 
voix  i]e  Jachet  Bergem  (sic)  sur  la  chanson  Mors 
et  /ortuna  se  trouve  dans  le  recueil  qui  a  [lour 
titre  :  Missarum  quinque  liber  primus,  cum 
quatuor  vocibus  ex  diversis  auctoribus  excel- 
lentissimis.  Venetiis  apud  Hieronymum  Sco- 
tum,  l.=>44,  in-4"  obi.  On  trouve  des  motets  et 
des  madrigaux  de  Berchem,  avec  l'indication  de 
son  nom  dans  les  reçue  is  suivants  -.  1°  Motetli 
del  frutto ,  lib.  \  eti  a  sei  voci  ;  'Venise,  Ant. 
Gardane,  1539.  —  2°  Motetti  del  Labirinlo 
a  cinque  voci;  'Venise,  1554,  in-'i°  obi.  —  3"  Di 
diversi  authori  il  primo  libro  de'  madrigali  a 
quattrovocia  note  nègre;  ibid.,  15G3,in-4oobl. 
—  4°  Il  primo  libro  délie  Muse  a  cinque  voci. 
Madrigali  di  diversi  authori;  Rome,  Antoine 
Barré,  1555,  in-4°.  Pour  les  œuvres  où  l'on  ne 
trouve  que  le  prénom  de  Jacquet  ou  Jachet, 
voyez  la  notice  sur  Buus  [Jacques  de).  —  o"  Mo- 


352 


BERCHEIM  —  BÉRÉSOVSRY 


fêta  délia  Simia  a  cinque  voci.  Ferrarias,  expen- 
sis  et  labore  Johannis  de  Bulgat ,  1540,  in-4". 
Dans  ce  recueil  le  nom  est  écrit  Jachet  de  Ber- 
chein;  peut-être  est-il  permis  d'en  conclure  que 
le  nom  de  famille  était  Jachet,  ou  plutôt  Jacquet, 
que  ce  nom  n'était  pas  le  diminutif  de  Jacques, 
et  que  Berchem  indiquait  le  lieu  de  naissance, 
comme  le  dit  au  reste  Guicliardin  {Giachetto  di 
Berchem  vicino  diAnversa). —  6°  Tertius  liber 
Motectorum  cum  quatuor  vocibus.  Impressum 
Lugduni  per  Jacobum  Modernum  dePinguento, 
1539,  in-4o.  —  7"  Sectmdus  liber  Motectorum 
cuin  quinque  vocibus;  ibid.,1 532,  in-4"'. —  8°  Ter- 
tius  liber  Motectorum  adquinqueet  sexvocis; 
ibid.,  1538,in-4°.—  9°  Quartiis  liber  Motectorum 
ad  quinque  et  sea^vocis;  ibid.,  1539, in-4".  — 
iO°  Quintus  liber,  etc.,  ibid.  ;  1543,  in-4°.  —  1 1° 
Selectissimarum  cantionum  {quas  vulgo  Mo- 
ieta  vocant  )  Flores ,  trium  vocum,  ex  opti- 
mis  ac  prestantissimis  guibusque  divinse  Mu- 
sices  authoribus  excerptartim.  Lovanii  ex 
typograph.   Pétri  Phalesii,  1569,  in-4"   obi. 

BERCK  (Henri),  compositeur,  né  à  Brème 
vers  1805,  a  vécu  quelque  temps  à  Paris.  Il  pré- 
tendait ôtie  élève  de  Rossini,  quoique  ce  maître 
n'en  ait  jamais  eu  aucun.  En  1829  il  fit  repré- 
senter dans  sa  ville  natale  un  opéra  intitulé  Ré- 
mus  et  Romulus ,  et  dans  l'année  suivante  il  y 
donna  Baudouin,  comte  de  Spolète. 

BÉRCKZAIMER(WoLFGANG), compositeur 
allemand,  vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
et  -a  publié  :  Sacrorum  hymnorum  modula- 
liones  quinque  et  sex  vocibus;  Municb,  1564. 

BERCY.    Voyez  Bresy. 

BÉREiV'GER  (Laurent-Pierre),  littéra- 
teur, né  à  Riez  (Basses -Alpes)  le  28  novembre 
1749,  entra  dans  la  congrégation  de  l'Oratoire, 
après  avoir  terminé  ses  études,  et  fut  professeur 
au  collège  d'Orléans.  Après  la  révolution  il  i)aspa 
à  Lyon,  en  qualité  de  professeur  de  l'école  cen- 
trale, puis  fut  insperteur  de  l'Académie  univeisi- 
taire  de  cette  ville.  Il  mourut  en  1822,  à  l'âge  de 
.soixante-treize  ans.  Auteur  de  la  Morale  en  ac- 
tion, livre  qui  eut  de  la  célébrité  en  France  et  fut 
souvent  réimprimé,  Bérenger  fut  membie  de 
l'Académie  des  sciences,  lettres  et  beaux-arts  de 
Lyon.  Dans  une  séance  de  cette  société  savante, 
il  lut  un  mémoire  sur  la  nécessité  d'établir  à  Lyon 
une  école  spéciale  de  musique  vocale  et  instru- 
mentale, dans  laquelle  on  enseignerait  aussi  la 
composition.  Ce  Mémoire  se  trouve  parmi  les 
manuscrits  académiques  de  la  Bibliothèque  de 
Lyon,  sons  le  numéro  1393  du  Catalogiu\ 

BEREi\S  (Cuarles),  directeur  de  musique 
à  Hambourg  dans  la  (iremière  moitié  du  dix-neu- 
vièine  siècle,  a  publié  des  trios  et  des  duos  pour 


la  flûte,  des  airs  variés  pour  le  violon,  des  so- 
nates pour  le  piano,  des  pots-pourris  pour  divers 
instruments,  et  des  contredanses  pour  l'orchestre 
et  pour  le  piano.  Toutes  ces  productions  ont  été 
imprimées  à  Hambourg. 

BERENS  (Henri),  fils  du  précédent,  pianiste, 
violoncelliste  et  compositeur,  à  Hambourg,  s'est 
fait  connaître  par  les  compositions  suivantes  : 
1  °  Der  musikalisch  Europa  (  l'Europe  musicale), 
contenant  douze  fantaisies  pour  piano,  op.  2  ; 
Hambourg,  Scliubarth et  compagnie.—  2°  deux 

rondos   idem,  op.  4;  Hambourg,    Bœhme.    

30  1er  Jj.Jq  brillant  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  6  ;  Hambourg,  Schubartb  et  compagnie. 
—  4°  Romances  sans  paroles,  n"  1  et  2  ;  ibid.  — 
5°  Des  polkas  et  des  contredanses. 

BERENS  (Hermann),  compositeur  et  direc-" 
leur  de  musique  à  Stockholm,  ap[>ai  tient  à  l'é- 
poque actuelle  (milieu  du  dix-neuvième  siècle); 
tout  autre  renseignement  manque  sur  sa  per- 
sonne; son  nom  ne  se  trouve  même  dans  aucun 
catalogue  de  musique,  ni  dans  aucun  journal  re- 
latif à  cet  art  publié  jusqu'à  ce  jour  (1854).  Je 
ne  connais  cet  artiste  que  par  une  Fantaisie  pour 
orgue  (en  tit  mineur),  œuvre  vingt-cinquième, 
publiée  à  Erfiirt,  chezKorner;  ouvragedans  lequel 
l'auteur,  rompant  avec  les  traditions  de  toutes  les 
écoles  d'organistes  anciens  et  modernes,  et  avec  le 
caractère  grave  de  la  musique  d'orgue,  applique 
à  cet  instrument  le  style  dramatique  de  son  temps. 
A  ce  point  de  vue  son  ouvrage  ne  manque  pas 
de  mérite  :  l'harmonie  a  de  la  distinction,  et  l'au- 
teur fait  voir,  par  les  combinaisons  des  jeux  en 
raison  du  caractère  des  phrases,  qu'il  connaît  bien 
les  effets  de  l'instriiment;  mais  il  faut  espérer 
que  celte  nouvelle  tentative  de  corruption  de  la 
musique  d'église  et  de  son  caractère  religieux 
n'aura  pas  de  succès. 

BEREI\T  (Simon),  jésuite,  né  en  Prusse,  en 
l:"i85,  entra  dans  son  ordre,  en  1600,  y  enseigna  la 
philosophie  et  la  théologie,  et  devint  ensuite  con- 
fesseur du  prince  Alexandre  de  Pologne.  Il  est 
mort  àBrunsberg,  recteur  du  collège  des  jésuites, 
le  16  mai  1649.  On  a  de  sa  composition  :  1°  Li- 
taniœ  de  nomine  Jesu,  1638,  et  Litanix  de 
B.  Virg.  Maria,  1639. 

BÉRÉSOVSIÎY  (M  AXiME-SozNOViTcn),  com- 
positeur (le  mutique  religieuse,  naquit  à  (iloucli- 
knti,  petite  ville  de  ITJkraine,  en  1745,  suivant  la 
Nouvelle  Biographie  généi-ale  de  MM.  Didot. 
Cependant  s'il  est  vrai  qu'il  entra  dans  la  chapelle 
del'impératriceÉlisabeth.à  Saint-Pétersbourg,  tt 
que  la  beauté  de  sa  voix  y  excita  l'admiration 
générale,  il  n'a  pu  y  être  admis  que  dans  smi 
enfance  et  comme  sopraniste;  car,  lorsque  Elisa- 
beth mourut,  en  1761,  BrrésovsKy  n'aurait  eu  (pie 


BÉRESOVSIvY  -    BERG 


353 


seize  nns.  Cette  considération  et  d'autres  encore 
autorisent  à  croire  qu'il  vit  le  jour  plus  tôt  qu'on 
ne  le  |>ense.  Quoiqu'il  en  soit, il  fit  ses  premières 
études  musicales  à  l'Académie  ecclésiastique  de 
Kieff,  puis  il  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg,  et 
fut  admis  comme  clianteur  à  la  chapelle  impé- 
riale. Ses  heureuses  dispositions,  non-seulement 
pour  le  chant,  mais  pour  la  composition,  déter- 
minèrent Catlierine  II  à  l'envoyer  en  Italie,  afin 
qu'il  y  perfectionnât  ses  connaissances  dans  l'art. 
Arrivé  à  Bologne,  il  obtint  du  P.  Martini,  l'un 
des  plus  savants  maîtres  de  son  temps  {voij.  Mar- 
tini, Jean -Baptiste),  l'autorisation  d'y  suivre  ses 
leçons  pour  le  contre[ioiut.  Il  passa  neuf  années 
dans  celte  ville,  où  il  obtint  le  titre  d'académi- 
cien philharmonique.  De  retour  en  Russie,  avec 
un  savoir  solide  dans  l'art  d'écrire  en  musique  et 
dans  celui  du  chant,  il  n'y  vit  point  se  réaliser 
ses  espérances  d'avenir,  fut  peu  remarqué  à  la 
cour  impériale,  et  n'obtint  aucun  emploi  de  quel- 
que importance.  Le  chagrin  qu'il  en  eut  le  con- 
duisit au  tombeau  en  1778.  Béiésovsky  a  fait 
quelques  efforts  pour  l'amélioration  du  chant  de 
l'Église  gréco-russe;  mais  il  rencontra  beaucoup 
d'opposition  dans  ses  réformes,  parce  qu'il  y  vou- 
lut porter  ses  habitudes  de  la  musique  italienne  de 
son  temps  -.or  les  traditions  de  cette  musique 
étaient  antipathiques  au  caractère  libre  et  non 
mesuré  du  chant  de  l'Église  russe,  bien  que  ce 
caractère  ait  plus  d'analogie  avec  la  musique 
moderne  et  populaire  que  le  plain-chant  des 
églises  catholiques.  J'ai  sous  les  yeux  des  mor- 
ceaux de  musique  religieuse  composés  par  Béré- 
sovsky  :  leur  harmonie  est  très-élégamment  dis- 
posée, dans  la  manière  des  maîtres  italiens, 
particulièrement  de  Durante  ;  mais  on  n'y  trouve 
pas  l'indication  du  génie  de  la  spécialité  du 
genre  qu'on  remarque  dans  les  compositions  de 
Bortniansky,  son  contemporain  et  son  successeur 
immédiat  dans  la  réforme  de  la  musique  de  l'É- 
glise russe. 

BERETTARI  (Ange),  religieux  de  la  con- 
grégation de  Saint-Jérôme,  ou  Hiéronymites,  au 
couvent  àe  Fiesole,  vécut  vers  le  milieu  du 
dix-seplième  siècle.  On  a  imprimé  de  sa  compo- 
sition plusieurs  œuvres  de  musique  d'église,  au 
nombre  desquels  on  remarque  :  Compléta  a  8 
voci  a  capella  e  lilaniea2,  voci ,  constro- 
meiili  e  ripieni,  op.  3;  Venise,Fr.  Magni,  1656, 
in-4°. 

BERG  (Adam),  célèbre  imprimeur  de  musi- 
que à  Munich,  dans  le  seizième  siècle,  commença 
à  publier  des  œuvres  musicales  vers  1540,  et  fit 
paraître  un  grand  nombre  d'ouvrages  importants 
pendant  près  de  soixante  ans,  c'est-à-direjusqu'en 
1599.  Son  activité  industrielle  tint  du  prodige. 

ElOf.K.    UNIV.    DF.S   MCSiCIF.NS.  —  T.  i. 


Dans  le  nombre  immense  d'ouvrages sorlis  de  ses 
presses,  on  remarque  surtout  la  belle  collection, 
en  format  grand  in-folio,  qui  a  pour  titre  général 
Patrocinium  musices  (Protection  de  la  musi- 
qui  ),  parce  que  les  dépenses  de  ces  somptueuses 
éditions  étaient  faites  par  les  ducs  de  Bavière. 
La  collection  qui  porte  ce  titre  se  divise  en  deux 
séries  qui  forment  ensemble  dix  volumes  impri- 
més en  grands  caractères,  pour  l'usage  des  clururs 
d'église,  et  dans  lesquels  les  parties  des  diffé- 
rentes voix  sont  mises  en  regard.  Chaque  série 
est  composée  de  cinq  volumes  :  la  première  ne 
renferme  que  des  œuvres  de  Roland  de  Lassus. 
Les  titres  de  ces  volumes  sont  :  1°  Patrocinium 
musices.  Orlandi  de  Lasso  illustriss.  Ducis 
Bavaria;  chori  magistri  cantionum,  quas  mo- 
tetas  vacant,  opus  novum.  Prima  pars.  Illus- 
triss. Principis  D.  Alberti  comitis  Palatini 
Rheni,  utriusque  Bavarix  Ducis  liberalilate 
in  lucem  editum.  Monachii  excudebat  Ada- 
musBerg.M.  D.LXXIII.— 2°  Patrocinium  mu- 
sices. Orlandi  de  Lasso,  etc.  Missae  aliquot 
quinque  vocum.  Secunda  pars  (le  reste  com- 
me ci-dessus);  ibid.  1574.  Ce  recueil  renferme 
cinq  messes.— 3°  Patrocinium  musices.  Orlandi 
de  Lasso,  etc.  Officia  aliquot  de  prascipuis 
festisannis  quinque  vocum.  Nunc primum  in 
lucem  édita;.  Tertia  pars  (le  reste  comme  ci- 
dessus);  ibid.  1574.  —  i"  Patrociniîim  musices. 
Orlandi  de  Lasso,  etc.  Passio  quinque  vocum, 
idem  lectionesJob,  et  lectionesmatutinx  de  Na- 
tivilate  Christi ,  quatuor  vocum ,  quartapars; 
ibid.,  1575.  — Patrocinium  musices.  Orlandi 
de  Lasso f  etc.  Magti  ificat  aliquot  quatuor,  quin- 
que, sex  et  octo  vocum,  quinta  pars,  etc.  ;  ibid. 
1576.  Après  la  mort  du  duc  Albert,  la  publication 
fut  interrompue  et  ne  fut  reprise  qu'en  1 589, 
sous  le  règne  du  duc  Guillaume  II.  Ce  sont  les 
volumes  publiés  depuis  cette  époque  qui  forment 
la  deuxième  série  ;  mais  on  trouve  des  exem- 
plaires de  la  première  dont  le  frontispice  a  été 
changé  et  qui  ont  pour  nom  de  protecteur  celui 
de  Guillaume,  bien  qu'il  ne  régnât  pas  aux 
époques  indiquées  pour  la  publication.  La  se- 
conde série  se  compose  des  volumes  dont  les 
titres  sont  :  —  lo  Patrocinium  iiiusices.  Missx 
aliquot  qxiinqtie  vocum  Orlandi  de  Lasso 
sereniss.  ducis  Bavaria;  chori  magistri.  .Mo- 
nachii, excud.  Adamus  Boez,  1589.  Ces  messes 
sont  différentes  de  celles  du  volume  de  la  pre- 
mière série  et  sont  au  nombrede  six.  —  2"  Patro- 
cinium musices.  Missarum  solemniorum  tum 
Sanctorum  quam  festorum  officia  labentis 
anni ,  in  catholics  Ecclesix  usum  harmonice 
contrapunctum  ac  suavissime  concinnata, 
sicqueantea  in  lucem  édita.  Sereniss.  Régine: 

23 


T  4 


BERG 


Magdeleme  chori  Halx  ad  Armim  mag'istro 
Francisco  Sale  authore  primus  toimts,  MA., 
1 589.  —  3o  Patrocinium  musices.  Missx  cum 
brèves  tum  quatuor  vocum  laudalissimx 
concinnatae.  Authore  Blasio  Amon  Tyrolensis 
soli  oriundo;  Ma.,  159t.  — 4°  Patrocinium 
musices.  Intonationes  vespertinarum  preciim 
una  cumsingulorum  tonorumpsalmodiis  (  qux 
vulgo/alsi  bordoni  dtcuntur)  quatuor  vocum. 
Prœterea  hynini  quinque  vocum  per  totmn 
annum.  Authore  Caesare  de  Zachariis  Cre- 
monensi,  primus  iomtts;  ibiii.,  1594.  Le 
second  volume,  qui  devait  contenir  le  reste  des 
hymnes  jusqu'à  l'Avent  et  les  hymmes  des  saints 
pour  toute  l'année  à  5  voix,  avec  quelques  Ma- 
gnificat, n'a  point  paru ,  que  je  sache 5°  Patroci- 
nium [musices.  In  Natalem  Domini  Jesii- 
Christi  Salvatoris  nostri  motetum  5  vocum, 
et  missa,  ad  ejus  imitationem  composita.  Au- 
thore Francisco  Sale,  musico  Cxsareo;  ibid., 
1598. 

BERG  (  Je\n  de),  imprimeur  de  musique, 
né  à  Gand  au  commencement  du  seizième  siècle , 
se  fixa  à  Nuremberg  et  établit  une  imprimerie 
en  société  avec  Ulrich  Neuber.  Ses  éditions 
d'oeuvres  musicales  portent  le  nom  de  Montanus , 
parce  que  son  nom  flamand,  deBerg,  signifie  de 
la  Montagne.  Il  était  mort  vraisemblablement 
avant  1566,  car,  dans  cette  année,  Neuber  s'asso- 
cia avec  Gerlach  {voij.  ce  nom  ). 

BERG  (....).  Ce  musicien  n'est  connu  que 
parle  catalogue  de  Preston  (Londres,  1797), 
qui  indique  ses  ouvrages.  Il  paraît  avoir  été 
Allemand  de  naissance ,  et  organiste  dans  une 
ries  églises  de  Londres.  Il  a  publié:  —  1°  Deux 
livres  de  duos  de  flûte.  —  2"  Dix  fantaisies  pour 
l'orgue,  op.  2.  — 3o  Sonates  pour  le  piano,  op.  3. 
—  40/deHi,  op.4.  —  oo/rfem, op.5*  —ùo  Idem, 
op.  6.  — 7°  Duos  pour  deux  cors,  liv.  1  et  2;  le  pre- 
mier livre  a  été  publié  en  1770.  —  &o  Buit  livres 
de  chansons  anglaises.  —  9°  Caprices  pour 
l'orgiie,  œuvre  8*. 

BËRG  (  Conrad-Matuias  ),  professeur  de 
piano,  compositeur  et  écrivain  sur  la  musique, 
naquit  à  Colmar  (  Haut-Rhin  ) ,  le  27  avril  1785. 
Après  avoir  appris  la  musique  et  le  violon  dans 
sa  ville  natale,  il  passa  les  années  1804  et  1805 
à  Mannheim  ,  où  il  reçut  des  leçons  de  Fraenzl 
pour  cet  instrument.  Cependant,  quoique  son 
père  l'eût  destiné  à  être  violoniste ,  Berg  avait 
toujours  préféré  le  piano.  Résolu  enfin  à  s'y 
adonner  exclusivement ,  il  se  rendit  à  Paris  et 
rntra  au  Conservatoire  où  il  passa  les  années 
1S06  et  1807.  En  1808,  il  se  fixa  à  Strasbourg,  et 
s"y  livra  exclusivement  à  l'enseignement  du  piano. 
Il  y  passa  le  reste  de  ses  jours,  aimé  et  estimé, 


autant  à  cause  de  ses  talents  comme  artiste  et 
comme  professeur,  que  pour  son  caractère  ho- 
norable et  bienveillant.  Dans  les  années  1810,1818, 
1835  et  1851 ,  il  visita  Paris  et  y  fit  de  courts 
séjours.  En  1817  il  lit  un  voyage  à  Vienne  et  y 
fit  la  connaissance  de  Beethoven,  de  Hummel, 
de  Czerny  et  de  plusieurs  autres  artistes  célèbres. 
En  1825,  il  alla  à  Darmstadt  et  s'y  lia  d'amitié 
avec  Godefroid  Weber  et  Rinck,  qui  restèrent 
en  relation  avec  lui  jusqu'à  leur  mort.  Conrad 
Berg  a  cessé  de  vivre  à  Strasbourg ,  dans  la  nuit 
du  13  au  14  décembre  1852,  un  peu  après  mi- 
nuit, à  l'âge  de  soixante-sept  ans  et  sept  mois, 
après  une  longue  maladie.  C'est  donc  à  tort  que 
Gassner  dit,  dans  son  Lexique  universel  de  musi- 
que, que  Berg  mourut  en  1846. 

Berg  s'est  fait  connaître  par  des  compositions 
pour  le  piano ,  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
—  1°  Premier  concerto  pour  piano  et  orches- 
tre; Paris,  Schônenberger.  —  2°  Deuxième  idem, 
œuvre  21""*  ;  Offenbach,  André.  — 3°  3""^ concerto 
pour  piano  et  orchestre,  op.  32;  Strasbourg, 
Pitois  et  Frost.  —  4°  Grandes  variations  sur  la 
marche  d'/lZi/je,  avec  orchestre;  Augsbourg, 
Gombait.  —  5°  Rondeau  favori  pour  piano  et 
orchestre,  œuvre  24;  Offenbach,  André.  — 
6°  Sonates  pour  violon  et  piano,  œuvres  9, 23  et  25; 
Paris  ,  Pacini ,  Janet ,  Richault.  — =•  7"  Duo  avec 
variations  pour  deux  pianos,  œuvre  12  ;  Vienne, 
Hasshnger  ;  —  8°  Trois  grands  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  œuvre  1 1  ;  ib . ,  —  9°  2  trios , 
idem,  op.  15;  Paris,  Janet.  —  10°  Deux  trios 
idem,  op.  16  ;  Offenbach,  André.  —  1  i"  Trois  trios 
op.  idem^  op.  20;  Bonn,  Simrock.  —  l2o  Trois 
quatuors  pour  deux  violons,  viole  et  basse, 
op.  26;  Paris,  Pacini.  —  13"  Quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  33  ;  Vienne, 
Haslinger.  —  14"  Sonates  pour  piano  seul,  op.  5 
et  30;  Paris,  Pacini,  et Mayence,  Schotl  ;  —  15° Des 
fantaisies  et  des  rondeaux  pour  le  même  instru- 
ment. — 16°  Des  variations  pour  piano  et  violon , 
ou  pour  piano  seul ,  et  quelques  autres  coui posi- 
tions moins  importantes.  —  17°  Exercices  journa- 
liers de  mécanisme  pour  lepiano,op  34  ;  Paris,  Ri- 
chault. —  1 8°  Divertissement  à  4  mains  pou  !■  piano, 
op.  27;  ibid.  —  19°  Die  Nixe  des  IHianmelses 
(La  féedu  Mummelsée(l)); ballade  poursoprano; 
Augsbourg,  Gombert.  Berg  a  publié  dans  l'écrit 
périodique  intitulé  Co?d//a  (t.  v,  p.  89  et  suiv.), 
nu  projet  de  méthode  ralionnelle  de  musique 
a|)pliquée  au  piano,  sous  ce  titre  :  Ideen  zu  einer 
ralionellen   Lehre   der  Melhode  der  Miisik 


(IJ  I.ac  de  la  Forèt-Noire.sifiiésur  le  haut  d'une  monta- 
pne,  dans  le  grand-duché  de  Bade.  Ses  eaux  sont  bituini- 
ucusrs  et  paraissent  conipléteincnt  nuires. 


BERG  —  BERGER 


S3i> 


mit  Anwendung  auf  Clavierspiel.  Après  quel- 
ques considérations  préliminaires  sur  la  position 
respective  de  l'élève  et  du  maître,  il  y  traite  des 
causes  qui  retardent,  en  général,  les  progrès  de  la 
mesure,  de  l'écartement  des  intervalles  sur  le 
davier,  du  doigté,  etc.  Dans  la  seconde  sec- 
tion de  son  travail,  il  examine  la  marche  de 
l'enseignement  en  général ,  les  procédés  appli- 
cables à  l'instruction  particulière  de  chaque 
élève ,  la  disposition  des  objets  dans  la  leçon , 
les  exercices  de  l'élève,  etc.  Ce  petit  ouvrage 
de  Berg  a  été  imprimé  à  part,  et  publié  chez 
Schott,  à  Mayence,  in-8°  ,  en  1827,  avec  une 
préface  de  Godefroi  Weber.  Berg  a  développé 
ses  idées  sur  ce  sujet  dans  une  Méthode  pro- 
gressive pour  le  piano,  avec  un  Manuel  à 
Vusage  des  maîtres ,  dont  le  manuscrit  a  été 
livré  à  l'éditeur  Richault,  à  Paris,  mais  qui  n'a 
point  paru  jusqu'au  moment  où  cette  notice  est 
écrite.  On  a  aussi  du  même  artiste  un  écrit  inti- 
tulé :  Aperçu  historique  sur  l'état  de  la  mu- 
sique à  Strasbourg  pendant  les  50  dernières 
années  ;  Strasbourg,  1840,  iu-8o  de  86  pages. 

CERGAMASCO  (  archangelo  ),  contra- 
puntiste  italien  du  16^  siècle,  fut  vraisembla- 
blement ainsi  nommé  du  lieu  de  sa  naissance, 
Bergame.  On  ne  connaît  de  ce  maître  que  des 
madrigaux  qui  ont  été  insérés  dans  la  collection 
intitulée  :  Dolci  af/etti,  madrigali  a  cinque 
voci  di  diversieccellenti  musicidi  Roma  ;  Rome 
et  Venise,  1 568.  Ce  titre  fait  voir  que  Bergamasco 
devait  être  employé  comme  chanteur  ou  comme 
compositeur  dans  quelque  église  de  Rome. 

BERGER  (André),  musicien  aulique  du 
prince  de  Wurtemberg,  naquit  à  Dolsen  en  Mis- 
nie  vers  1580.  On  a  de  lui  :  Harmonias  sacrx 
4,  5,  6,7  et  8  vocibus  concinendx,  etc.  ;  Augs- 
bourg,  1606,  m-i^.  —  2°  Teutscht  weltliche 
Traiter  und  Klage  Lieder  mitk  Stimmen  (Chants 
mondains  et  lamentables  à  quatre  voix);  Augs- 
bourg,  1G09.  —  3"  Threnodise  amatoriae,  das 
ist  newe  Teutsche  weltche  tratverund  klag 
Lieder  nach  art  dcr  weltUchen  Villanellen 
mit  4  Stimmen  ;  Augshourg,  1609,  in-4".  Trois 
motets  de  cet  auteur,  à  six  et  à  huit  voix  ,  ont 
été  insérés  dans  les  Florilegii  musici  portensis 
de  Bodenschats. 

BERGER  (Jean-Guillaume  de)  ,  professeur 
d'éloquence  à  Wittenberg,  et  conseiller  aulique 
de  l'électeur  de  Saxe  Auguste  II ,  roi  de  Pologne, 
naquit  à  Géra,  et  mourut  le  28  avril  1751.  On 
a  de  lui  -.  1°  Dïssertationes  academicœ  varii  ar- 
gumenti,  etc.;.  Guelferbyti,  1720,  in-4''.  C'est 
un  recueil  de  trente-deux  discours ,  parmi  les- 
quels le  22®  contient  l'éloge  d'un  musicien 
nommé  Jean   Ulicli,  cantor  à  Wittenberg;  — 


29  Eloquentiapublica  ;  Leipsick,  1750,  m-4*, 
recueil  de  discours,  dont  quelques-uns  contien- 
nent des  détails  relatifs  à  l'histoire  du  chant  de 
l'Église,  et  à  la  réforme  que  Luther  y  apporta. 
Le  17"  est  intitulé  :  De  Martini  Lutheri  merito 
evangelicam  instaurationem  haud  postremo 
qua  disciplina  sacri  cantus  emendatur  ;  le  1 8"  : 
De  Martini  Lutheri  cura  micsica  hymnodia 
sacra  le  19®:  De  Martini  Lutheri  hyînnis  ad 
propagationem  religionis  emendatx  utilibus; 
le  20e  :  De  Martini  Lutheri  hymnis  sacris  ab 
iniqua  censura  vindicaiis.  3°  De  Ludis  olym- 
piis  programma,  in  Stromat.  acad.,  p.  867. 
I^s  auteurs  du  Dictionnaire  des  Musiciens(  Paris, 
1810)  ont  été  induits  en  erreur  par  E.  L.  Ger- 
ber,  en  plaçant  l'époque  de  la  mort  de  Berger 
eu  1706. 

BERGER  (  Jean-Antoine  ),  organiste  de  la 
catliédraledeGrenoble,  néen  1719,  mort  en  1777, 
trouva,  par  ses  méditations,  le  secret  de  pro- 
duire sur  l'épinette  et  le  clavecin  les  effets  du 
crescendo,  au  moyen  d'une  mécanique  que  l'on 
mettait  en  jeu  par  la  pression  du  genou.  En  1762 
il  vint  à  Paris  pour  soumettre  sa  découvei  te  à 
l'Académie  des  siences,  qui  l'approuva  et  lui  en 
donna  des  certificats;  il  la  fit  annoncer  par  sous- 
cription dans  les  journaux ,  mais  comme  on  se 
bornait  à  l'admirer,  il  ne  jugea  pas  à  propos  de 
la  publier.  H  paraît  môme  en  avoir  détruit  jus- 
qu'aux moindres  traces,  car  son  fils  ne  trouva 
rien  après  sa  mort  qui  eût  rapporta  cette  inven- 
tion. L'épinette  verticale  du  père  Mersenne  lui 
avait  suggéré  l'idée  d'ajouter  un  clavier  à  la  harpe 
ordinaire  ;  mais  Frick ,  ouvrier  allemand  qui 
travaillait  pour  lui ,  lui  enleva  sa  mécanique  et 
ses  plans.  M.Dietz  a  reproduit  de  nos  jours  cette 
invention  dans  le  Clavi- harpe;  mais  elle  n'a 
point  eu  de  succès. 

BERGER  (Joseph).  Voyez  Mun-tz-Bercer. 

BERGER  (LoDis),  pianiste  et  compositeur, 
est  né  à  Berlin,  le  18  avril  1777.  Son  père,  ar- 
chitecte employé  par  Je  gouvernement  prussien, 
ayant  perdu  son  emploi,  dut  quitter  Berlin,  et 
se  rendre  dans  la  petite  ville  de  Templin ,  ou  Ber- 
ger passa  son  enfance.  Plus  tard  il  fut  envoyé 
à  Francfoit-sur-l'Oder.  Après  avoir  fait  dans  celle 
ville  des  études  musicales,  il  alla  à  Berlin,  où 
il  apprit  la  théorie  de  la  composition  sous  la  di- 
rection de  Gerrlich  ,  dont  les  lumières  devinrent 
bientôt  hisuflîsantes,  ses  progrès  ayant  été  rapi- 
des. En  1801 ,  il  se  rendit  à  Dresde,  il  où  espé- 
rait terminer  ses  études  sous  Naumami  ;  mais 
il  n'arriva  près  de  cet  artiste  qu'au  moment  où 
il  rendait  le  dernier  soupir.  11  exprima  le  chagrin 
que  lui  faisait  éprouver  cet  événement  inaltenihi 
dans  une  cantate  (unM)re  dont  le  inérile  fut  vi- 


356 


BtRGER  —  BERGERRE 


Tcment  senti  par  les  artistes.  11  avait  alors  le 
dessein  d'obtenir  une  place  de  maître  de  chapelle  ; 
mais  son  espoir  ayant  été  déçu ,  il  se  retira  à 
Berlin,  où  il  vécut  en  donnant  des  leçons  de 
piano,  démenti  Tentendit  en  1 804,  époque  de 
son  voyage  à  Berlin,  et ,  frappé  de  la  beauté  de 
ses  compositions  et  du  talent  qu'il  possédait  comme 
pianiste ,  il  l'engagea  à  l'accompagner  en  Russie 
avec  Klengel ,  qui  était  aussi  devenu  l'élève  du 
grand  artiste.  Berger  accepta  cette  proposition 
avec  reconnaissance,  et  partit  pour  Saint-Pé- 
tersbourg. Partout  il  se  fit  entendre  sous  le  pa- 
tronage de  son  illustre  maître,  et  partout  il  excita 
l'admiration  des  connaisseurs.  ASaint-Pétersbourg 
il  se  lia  avec  Field  et  Steibelt.  Le  jeu  sage  et  pur 
du  premier  exerça  sur  son  talent  une  influence 
heureuse,  sous  le  rapport  du  mécanisme.  Son 
séjour  en  Russie  fut  de  six  années.  Dans  cet  in- 
tervalle ,  il  se  maria  à  une  jeune  fille  qui  était 
sa  fiancée  depuis  l'enfance  ;  mais  il  eut  le  maU)eur 
de  perdre  et  sa  femme  et  l'enfant  qu'elle  lui  avait 
donné ,  et  sa  disposition  à  la  mélancolie  et  à 
l'humeur  noire  s'en  augmenta.  En  1812,  il  quitta 
Saint-Pétersbourg,  où  l'on  dit  que  ses  jours 
étaient  menacés  par  des  ennemis  particuliers, 
et  il  se  rendit  à  Stockholm,  où  il  se  lia  d'amitié 
avec  M"*  de  Staël.  Il  s'y  fit  entendre  avec  suc- 
cès ;  mais  l'humeur  chagrine  qui  le  tourmentait 
ne  lui  permit  pas  de  s'y  fixer  :  il  ne  tarda  point 
à  s'embarquer  pour  Londres  où  il  retrouva  son 
ancien  maître ,  démenti.  Les  concerts  qu'il  y 
donna  le  firent  connaître  avantageusement,  et 
ses  amis  lui  procurèrent  des  élèves  dans  les  meil- 
leures maisons.  Berger  demeura  dans  cette  si- 
tuation jusqu'en  1815  ,  époque  où  il  retourna  à 
Berlin  ,  après  une  absence  de  douze  années.  De- 
puis ce  temps  il  s'était  fixé  dans  cette  ville,  et 
s'y  livrait  sans  relâche  à  l'enseignement.  Une  pa- 
ralysie nerveuse  du  bras  droit  ne  lui  permit  plus 
de  se  faire  entendre  en  public.  11  mourut  à  Ber- 
lin, le  16  février  1839. 

Les  connaisseurs  considèrent  depuis  long- 
temps Berger  comme  un  artiste  d'un  talent  très- 
élevé,  soit  comme  virtuose,  soit  comme  com- 
positeur. Son  talent  d'exécution  était  moins  re- 
marquable sous  le  rapport  du  brillant  que  sous 
celui  de  la  pureté  et  de  l'expression.  Sa  manière 
était  large ,  grandiose  et  pleine  d'inspiration.  Ses 
élèves  les  plus  remarquables  sont  Félix  Mcndel- 
sohn  etWilhelm  Taubert.  On  remarque  dans 
ses  compositions  le  caractère  de  grandeur  et  de 
large  harmonie  qui  se  produisait  dans  ses  impro- 
visations, lorsqu'il  possédait  toute  la  puissance 
de  son  exécution.  Ses  principaux  ouvrages  sont  ; 
1»  Une  sonate  pathétique  en  ut  mineur  pour 
piano,  œuvre  1";  Leipsick,  Péters  ;  — 2°  D'au- 


tre-s  sonates, œuvres  9,  10  et  l8;Berlin. — 3oUne 
sonate  pour  piano  à  quatre  mains, œuvre  15;  Ber- 
lin, Lane.  — 4o  Préludes  et  fugues,  op.  5°;  Berlin, 
Schlesinger.  —  5o  Préludes  à  ia  ^Mrg-Me,  op.  8;ib. 

—  6°  Douze  études,  op.  11;  Hambourg,  Chris- 
tiani.  —  7° Rondeau  pastoral,  ibid. —  8o  Toccate 
en  forme  de  rondeau;  Leipsick,  Breithopf  et 
Haertel.  — 9°  Des  airs  russes  et  norvégiens  variés. 
IQo  Divers  recueils  de  chants  à  plusieurs  voix  ; 
Berlin,  Hambourg  etOffenbach  ;  —  11»  Huit  re- 
cueils de  chants  à  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano ,  publiés  à  Offenbach.  chez  André. 

—  120  Trois  marches  militaires,  op.  16  ,  en  har- 
monie, publiées  en  partition  à  Berlin,  chez  Lane. 

—  13"  Trois  marches  d'infanterie,  pour  musique 
militaire;  ibid.  Berger  avait  écrit  l'opéra  sérieux 
Oreste  pour  le  théâtre  de  Berlin,  mais  il  ne  fut 
pas  représenté.  M.  Louis  Rellstab  a  publié  une 
notice  biographique  de  cet  artiste  recommandable, 
ornée  de  son  portrait ,  sous  ce  titre  :  Ludwig 
Berger,  ein  Denkmal;  Berlin,  1846,  in-S"  de 
165  pages. 

BERGER  (Charles-Gottlieb),  violoniste  de 
concert  qui  a  eu  de  la  réputation  en  Allemagne 
dans  la  seconde  moitié  du  18""*  siècle,  naquit  à 
Olinarsdorf ,  près  de  Pirna,  en  1736  ,  et  mourut 
à|  Leipsick ,  le  21  janvier  (812.  Son  talent  con- 
sistait dans  la  grâce  et  l'expression  :  il  était  re- 
nommé surtout  à  cause  de  l'imagination  qu'il 
déployait  dans  le  prélude  et  l'improvisation.  On 
ne  cite  de  sa  composition  que  six  caprices  pour 
violon  seul,  indiqués  dans  les  anciens  catalogues 
de  Breitkopf. 

BERGEREL  (L ).  On  a  publié  sous  ce 

nom  une  brochure  qui  a  pour  titre  :  Exposé  des 
principes  historiques  de  la  musique,  ouvrage 
adopté  par  la  Société  royale  pour  L'instruction 
élémentaire  de  Paris.  Paris,  1844,  in-S°. 

BERGERRE  (Alexandre-Basile),  né  le 
26  septembre  1803,  à  Seignelay  (Yonne),  s'est 
livré  à  l'étude  de  la  musique  dès  ses  premières 
années ,  d'abord  sous  la  direction  de  son  frère 
aîné,  puis  à  Auxerre,  chez  un  bon  professeur 
nommé  Féraglio.  Plus  tard  il  devint  élève  de 
Clavel,  professeur  adjoint  de  violon  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  et  reçut  des  leçons  d'haï  monie 
de  Barbereau.  Droling  fut  son  maître  de  piano.  A 
l'âge  de  vingt  ans,  M.  Bergerre  accepta  la  place  de 
professeur  de  musique  au  pensionnat  d'Aubigny 
(Cher)  :  il  y  resta  pendant  huit  ans.  En  1828, 
un  ancien  hautboïste  de  Paris,  nommé  Guy,  de- 
venu receveur  de  finances  à  Gien,  le  fit  nommer 
professeur  au  collège  de  cette  petite  ville  du  dé- 
partement du  Loiret.  On  n'y  comptait  pas  alors 
quatre  amateurs  de  musique:  en  peu  d'années, 
Bergerre,  homme  intelligent  et  actif,  passionné 


BERGERRK  —  BERGONZI 


357 


pour  son  art,  en  communiqua  le  goût  de  proche 
en  proche,  et  moins  de  vingt  ans  plus  tard,  des 
Rociétés  de  musique  s'y  étaient  formées  sous  sa 
direction,  des  écoles  élémentaires  de  cet  art 
avaient  été  fondées,  et  plus  de  deux  cents  per- 
sonnes cultivaient  avec  succès  le  chant,  le  piano 
et  la  musique  d'ensemble.  On  a  de  cet  artiste  es- 
timable des  romances  avec  piano  publiées  à  Paris 
cliez  Janetet  chez  Marescot;  des  airs  variés  pour 
violon  avec  quatuor  ou  piano,  ibid.;  d'autres  airs 
variés  pour  violon  seul ,  des  recueils  de  danses 
pour  deux  violons,  etc.  ;  mais  c'est  surtout  comme 
auteur  didactique  qu'il  s'est  rendu  recomman- 
dable.  Il  a  publié  :  !«  Exposé  raisonné  de  prin- 
cipes de  musique;  Paris,  Frey,  1835,  in-S",  et 
Jauet,  1837,  un  vol.  in-S".  Le  même  ou- 
vrage, entièrement  refondu  et  fort  augmenté,  a 
été  réimprimé  chez  Périsse  frères,  à  Paris,  1844, 
1  vol.  in-8°.  —  1°  Nouvelle  classification  des 
demi-tons,  on  véritables  qualifications  de  ces 
intervalles  ;  Paris,  1833,  in-8°  de  quarante-six 
pages.  —  3°  Méthode  de  violon  adoptée  par  le 
Conservatoire  de  Paris  ;  Paris ,  Janet,  1837, 
1  vol.  in-4".  —  4"  Rudiment  du  violon,  ou  Varl 
d'apprendre  à  lire  pour  cet  instrument  ;  Pa- 
ris, Richault,  1846,  1  vol.  gr.  in-4o  de  cent 
soixante-quatre  pages.  M.  Bergcrre  avait,  en  1846, 
environ  cent  œuvres  en  manuscrit  de  fanfares  et 
pas-redoublés  [)our  musique  militaire,  ouvertu- 
res pour  orchestre,  quatuors  pour  instruments 
à  cordes,  pièces  d'orgue,  chœurs  avec  orchestre, 
trois  airs  variés  pour  violon  avec  orchestre,  fan- 
taisies, etc.  * 

BERGGREErSI  (P.  C),  compositeur  et  lit- 
térateur danois,  a  fait  représenter  à  Copenhague, 
en  1832,  un  opéra  comique  en  trois  actes  inti- 
tulé le  Portrait  elle  Buste  (en  danois),  dont  il 
avait  écrit  la  musique.  Cet  ouvrage  ne  réussit 
pas.  Au  commencement  de  1836,  M.  Berggreenfit 
paraître  un  journal  concernant  la  musique  ,  en 
langue  danoise;  mais  le  nombre  des  abonnés  ne 
fut  pas  suffisant  pour  couvrir  les  dépenses  de 
cette  publication,  qui  n'eut  qu'une  année  d'exis- 
tence. 

BERGIER  (Nicolas),  naquit  à  Reims,  le 
1*'  mars  1667,  selon  la  Biographie  universelle, 
et  en  1557  suivant  Bayle,  Moréri  et  Nicéron.  Il 
(it  ses  études  à  l'université  de  cette  ville,  et  fut 
ensuite  précei)teur  desenfants  du  comte  deSaint- 
Souplet,  grand-bailli  de  Vermandois.  Ayant  été 
reçu  avocat,  il  fut  nommé  professeur  de  droit, 
puis  syndic  de  sa  ville  natale;  cette  dernière 
charge  l'ayant  obligé  à  faire  quelques  voyages  à 
Paris,  pour  les  intérêts  de  ses  concitoyens,  il  s'y 
lia  d'amitié  avec  Dupuy,  Pereisc,  le  père  Mer- 
Eenne  et  le  président  de  Bellièvre.   Il   mourut 


à  Grignon,  maison  de  campagne  de  cet  illustre 
magistrat,  le  18  août  1623.  Le  nom  de  Bergier 
est  connu  principalement  par  son  Histoire  des 
grands  chemins  de  l'empire  romain.  Le  père 
Mersenne  cite  de  lui  (Commentar.  in  Gènes,  c.4, 
V.  21  ),  une  dissertation  intitulée  de  Modis  mu- 
sicis,  de  vocis  humanx  atque  soni  prxstan- 
lia,  qui  n'a  point  été  imprimée.  On  trouve  parmi 
les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Pa- 
ris, sous  le  n°  7489,  petit  in-fol.  (ancien  fonds), 
un  ouvrage  de  ce  savant,  sous  ce  titre  :  La  musique 
spéculative.  Cet  ouvrage  traite  particulièrement 
du  rhythme,  dans  ses  rapports  avec  la  poésie  : 
il  n'est  pas  sans  intérêt. 

BERGMANIV  (Henri-Chrétien),  amateur 
guitariste,  vivait  au  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  dans  un  village  de  la  Saxe.  Il  est 
auteur  d'une  petite  méthode  de  guitare  intitulée: 
Kurze  Anweisung  zum  Guitarenspiele  ;  Halle, 
Hœndel,  1802,  in-4°  obi.  de  soixante  pages. 

BERGOBZOOMER  (Catherine),  née 
Leidner,  à  Vienne,  en  1753,  était,  en  1770,  au 
service  de  l'impératrice  Marie-Thérèse,  sous  le 
nom  de  Schindler,  et  chantait  comme  prima 
donna  dans  l'opéra  séria  et  buffa.  Elle  avait 
pris  le  nom  de  Schindler  de  son  beau-frère,  di- 
recteur de  l'École  de  peinture,  qui  l'avait  élevée 
et  placée  au  théâtre  de  la  cour.  En  1777,  elle  .se 
maria,  et  prit  le  nom  sous  lequel  elle  figure  ici. 
Engagée  au  théâtre  italien  de  Brunswick,  elle  y 
chanta  depuis  1780  jusqu'en  1783,  époque  où 
elle  passa  au  tl»éâtre  National  de  Prague,  que  le 
comte  de  Nostiz  venait  d'établir.  Elle  y  est  morte 
au  mois  de  juin  1788,  âgée  seulement  de  trente- 
cinq  ans.  Cette  cantatrice  a  joui  d'une  grande  ré- 
putation. 

BERGOINZI  (Charles),  né  à  Crémone,  fut 
le  plus  distingué  des  élèves  d'Antoine  Stradivari, 
dont  il  imita  exactement  les  formes  et  les  pro- 
portions. Il  travailla  depuis  I7l6  jusqu'en  1755. 
Ses  violons  et  ses  violes  sont  estimés;  mais 
Bergonzi  se  distingua  surtout  dans  la  construc- 
tion des  violoncelles,  il  en  existait  un  daté  de 
1746  dans  la  collection  Salabue,  à  Milan,  au 
commencement  de  ce  siècle.  Cet  instrument  était 
considéré  comme  un  des  meilleurs  de  son  es- 
pèce. 

Charles  Bergonzi  eut  un  fils  nommé  Michel- 
Angelo,  lequel  fut  père  d'un  autre  Charles  et  de 
Nicolas,  de  qui  il  existait  une  viole  datée  de  1781 
dans  la  collection  Salabue.  Ces  trois  luthiers  ne 
s'élevèrent  point  au-dessus  du  médiocre.  Leurs 
instruments  ne  sont  recherchés  que  par  les  cu- 
rieux qui  veulent  former  une  collection  complète 
des  échantillons  de  la  lutherie  crémonaise. 

BERGONZI  (Benoit),  de  la  même  famille. 


358 


BERGONZI  —  BERGT 


«lue  le  prf'céJent,  naquit  à  Crémone  en  1790,  fut  ! 
lin  corniste  distingué  et  se  fit  connaître  comme 
compositeur  par  un  opéra  inlilulé  Malek  Adel, 
qui  fut  représenté  à  Crémone  eu  1S35.  Il  a  pu- 
blié pour  son  instrument  :  1°  Thème  varié  d'/i'- 
duardo  e  Cristïna,  avec  accompagnement  de 
piano  ;  Milan,  Ricordi.  —  2°  Thème  varié  de 
Cenerentola;  idem,  ibid.  —  3°  Thème  varié 
(0  cara  memoria)  ;  idem,  ibid.  —  4"  Thème  va- 
l'téde  la  Donna  del  Lago  ;  idem,  ibid.  —  5°  Thème 
varié  à''Élisabeth;  idem,  ibid.  —  Thème  varié 
<ie  Vltaliana  in  Algeri  ;  idem ,  ibid.  —  7°  Thème 
varié  et  polonaise;  idem,  ibid.  L'Institut  des 
sciences  et  arts  de  Milan  a  décerné  à  Bergonzi 
ime  médaille  d'argent,  le  7  octobre  1824,  pour 
un  cor  à  clefs  de  son  invention,  qu'il  avait  sou- 
mis à  l'examen  de  celte  société  savante.  Il  mou- 
rut à  Crémone,  au  mois  d'octobre  1840,  à  l'âge 
de  cinquante  ans. 

BEUGROT  (Olaus),  savant  snédws,  né  à 
Helsinge,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  fut 
aussi  boa  luthiste  et  professeur  de  musique  à 
Upsal,  vers  i717.  Il  a  fait  imprimer  une  disser- 
tation intitulée  :  Exercitium  academicum  ins- 
trumenta musica  leviter  delineans,  quod  con- 
xentiente  ampliss.  Facult.  Philos,  in  Reg. 
Acad.  Upsaliensi ,  sub  prasidio  ampliss.  et 
celeberr.  viri  Mag.  Johannis  Vallerii,  Math. 
Prof.  Beg.  et  Ordin.  pro  honoribus  philoso- 
phicis  pubiico  bonoi-um  examini  modeste  srib- 
mittitS.  R.  M.  alumnus  Olavus  O.  Bergrot, 
Helsingus,  in  Aud.  Gust.  Maj.  ad  d.  1  die 
anni  1717;  Upsal,  1717,  trenle-quaire  pages 
in-12.  J'ignore  quelle  est  la  nature  de  c°t  ou- 
vrage. I 

BERGSOIV  (Michel),  compositeur  et  pia- 
niste, est  né  à  Varsovie,  au  mois  de  mai  1820, 
de  parents  qui  étaient  dans  le  commerce.  Il  a  fait 
ses  études  musicales  à  Dessau,  dans  le  duché 
d'Anhalt,  sous  la  direction  de  Frédéric  Schneider. 
En  1842,  il  se  rendit  en  Italie,  où  il  publia  ses 
premiers  ouvrages  pour  son  instrument  et  se  fit 
connaître  comme  virtuose.  Vers  la  fin  de  1846  il 
écrivit  pour  le  théâtre  de  la  Pergola,  à  Florence, 
un  grand  opéra  intitulé  Luisa  di  Montfort,  qui 
fut  représenté  dans  cette  ville,  puis  à  Livourne, 
en  1&47.  Ce  même  ouvrage,  traduit  en  allemand 
par  Baermann,  a  été  représenté  à  Hambourg,  en 
1849.De  retour  en  Allemagne,  M. Bergson  a  vécu 
(luelque  temps  à  Berlin,  puis  à  Leipsick.  Depuis 
plusieurs  années  il  s'est  fixé  à  Paris.  On  connaît 
de  lui  environ  cinquante  œuvres  de  pinno  et  de 
chant,  parmi  lesquels  on  compte  un  grand  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  un  grand  duo 
dramatique  pour  piano  et  violoncelle,  dédié  au 
prince  royal  de  Suède,  trois  duos  pour  piano  et 


violon  ,  pour  piano  et  clarinette  (avec  Iwan 
Millier),  des  fantaisies,  des  mazourkes,  des  pièces 
de  salon,  des  Lieder  allemands,  des  ballades,  et 
des  solfèges  à  trois  et  à  quatre  voix. 

lîERGT  (  Cheétien  •  Dieudonné  -  Auguste  ), 
organiste  de  l'église  Saint- Pierre,  à  Baulzen,  né 
à  Oeberan,  près  de  Freyberg  ,  le  17  juin  1771,  lit 
desi  rapides  progrès  dans  ses  études, et  particuliè- 
rementdans  les  langues  anciennes,  que  son  père 
coi>çi»t  le  projet  de  le  faire  entier  dans  l'état  eS"- 
clésiastique ,  et  qu'il  le  mit  fort  jeune  encore 
dans  l'école  de  la  Croix  {  Kreutz-Schule),  h 
Dresde.  Après  y  avoir  achevé  ses  humanités,  il 
alla  à  Leipsick,  en  17i>0,  pour  y  étudier  la  théolo- 
gie, suivant  le  désir  de  ses  parents.  Jusque-là, 
la  musique  n'avait  été  pour  lui  qu'un  délassement; 
il  jouait  du  piano  et  un  peu  de  violon,  mais  seu- 
lement comme  peut  le  faire  un  amateur  qui  ne 
donne  que  peu  de  temps  à  l'étude  de  l'art.  Ce- 
pendant ses  connaissances  dans  la  théologie  com- 
mençaient à  être  assez  étendues  |)our  qu'il  eût 
le  temps  d'assister  à  desconceits  pablics  qui  dé- 
veloppèrent son  goût  pour  la  musique.  Son  pen- 
chant pour  cet  art  deA'int  si  vif,  qu'il  résolut 
(l'abandonner  la  théologie  pour  s'y  livrer  sans 
réserve.  L'orgue  était  l'instrument  qu'il  prêterait; 
il  en  étudia  le  mécanisme  avec  persévérance  et  se 
procnra  des  livres  de  théorie  pour  apprendie  les 
règles  de  l'harmonie  et  de  la  composition.  Mal- 
heureusement il  avait  perdu  beaucoup  de  temps; 
l'âge  de  la  facilité  était  passé,  et  ce  ne  fut  pas 
sans  peine  qu'il  parvint  à  produire  ses  premiers 
ouvrages.  Ce  fut  en  1801,  c'est-à-<iire  à  l'âge  de 
vingt-neuf  ans,  qu'il  fit  paraître  quelques  chan- 
sons allemandes,  trois  sonates  pour  le  piano,  et 
un  petit  intermède  intitulé  List  gegen  List  (Ru&e 
contre  ruse),  qui  fut  publié  en  partition  de  piano 
chezBreilkopf  et  Haertel.  Comme organisie,  il  s'é- 
tait fait  remarquer  en  jouantavecuu  talent  distin- 
gué sur  plusieurs  orgues  de  Leipsick  ;  sa  réputation 
ne  tarda  pas  à  s'étendre,  et  l'orgue  de  l'église 
principale  de  Bautzen  lui  fut  confié  en  1802.  Peu 
de  temps  après,  il  ohliut  les  places  de  professeur 
du  séminaire  et  de  directeur  de  la  socielé  de 
chant.  Depuis  lors  il  a  eu  de  grands  succès  dans 
l'enseignement,  ayant  formé  beaucoup  d'élèves 
distingués.  Les  ouvrages  que  l'on  connaît  de  lui 
sont  :  Pour  l'église  :  1»  L'oratorio  de  la  Passion, 
en  trois  parties  (texte  d'Anger);  cet  ouvrage  a 
été  publié  sous  le  titre  de  Chhslus  durch  Lei- 
den  verherrlicht,  en  partition,  chez  Hofineister, 
à  Leipsick.  Il  est  écrit  pour  quatre  voix  princi- 
pales, chœur  et  orchestre.  C'est  l'œuvre  10""  de 
l'auteur.  —  T  Hymne  :  So  weit  der  Son»e 
s^ra/^/e/î.à  quatre  voix  et  orchestre,  op.  17,  ibid. 
—    3°  Hymne  de  Pâques  :  <?hristt(s  isl  erslan- 


BERGT  —  BERIOT 


359 


den,  à  quatre  voix  et  orchestre,  œuvre  18,  ibid.;  i 

—  4°  Te  Deum,  à  quatre  voix  et  orclicslre,  en 
latin  et  en  allemand,  op.  19,  ibid.;  —  S"  Collec- 
lioii  de  chants  rehgieux  pour  soprano,  alto,  té- 
nor et  basse,  sans  accompagnement,  première 
suite;  ibid.  —  6°  L'ancienne  mélodie  du  canti- 
qne  :  Herr  Gott  dich  loben  tvir,  avec  un  autre 
texte,  arrangée  pour  quatre  voix,  quatre  trom- 
l)ones,  trompettes,  timbales  et  orgue;  partition, 
ib.  La  plupart  de  ces  compositions  ont  été  exécu- 
tées dans  les  églises  d'Allemagne,  et  y  ont  pro- 
duit beaucoup  d'effet.  Pour  le  théâtre  -.  — 
7"  Laura  et  Fernando,  opéra  en  trois  actes.  — 
8"  Dïe  Wunderkur  (  La  Cure  merveilleuse),  en 
trois  actes.  — 9"  List  gegen  Zis^(Ruse  contre 
ruse),  intermède  en  un  acte.  —  10°  Erwin  et 
Elmire  (de  Goethe),  opérette  en  un  acte.  — 
11°  Bas  Stœndchen  (la  Sérénade  ) ,  intermède. 

—  12°  La  Fête  anniversaire  de  la  naissance 
dîi  poëte,  vaudeville  avec  des  airs  nouveaux. 

—  13"  Mltgefûhl  (la  Sympathie),  vaudeville 
avec  des  airs  nouveaux.  —  Pour  l'orchestre  : 
14°  Symphonie,  œuvre  12;  Leipsick  Hofmeis- 
ter.  —  IS"  Symphonie  concertante  pour  clari- 
nette et  basson,  œuvre  G™*;  —  Pour  la  chambre  : 
10"  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, œuvre  fe;  Leipsick,  Br.  et  Haertel.  —  j 
17°  Six  danses  allemandes  pour  le  piano,  op.  1 1  ;  j 
Leipsick,  tlofineister;  —  18°  Variations  sur  God 
save  the  King,  pour  le  piano  ;  Leipsick,  Peters. 

—  19°  Deux  recueils  de  chansons  allemandes 
pour  plusieurs  voix,  avec  accompagnement  de 
piano,  œuvres  7  et  15,  ibid.; —  20°  Air  pour 
voix  de  soprano,  avec  chœur  et  accompagnement 
de  piano;  Leipsick,  Hofmeister.  —  21°  Cantate 
de  noces  pour  quatre  voix ,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  20.  —  22o  Huit  suites  de 
trios  pour  soprano,  ténor  et  basse,  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Leipsick,  Peters.  —  23°  Le 
Congé,  chanson  à  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano.  Ce  morceau ,  qui  a  obtenu  un 
succès  populaire,  a  été  publié  dans  toutes  les  gran- 
des villes  de  l'Allemagne.  Les  derniers  ouvrages  de 
Bergt  sont  un  i>etit  écrit  qui  a  pour  titre:  Etwas 
zum  Choral  und  dessen  Zubehôr  (Quelques 
mois  sur  le  chant  choral  et  sur  ce  qui  s'y  ratta- 
che), pour  l'usage  des  séminaires;  Leipsick, 
Kummer,  in-8°,  1832,  et  un  autre  écrit  intitulé  : 
Briefwechsel  eines  alten  und  jungen  Schul- 
meisters  iiber  allerhand  Musikalisches  (Cor- 
respondance de  deux  maîtres,  d'écoles,  l'un  vieux, 
et  l'autre  jeune,  concernant  toutes  les  choses 
musicales);  Zittau  et  Leipsick,  1838,  in-fol.  obi. 
L'^ouvrage  a  été  publié  après  la  mort  de  Bergt  par 
C.  G.  Héring(voy.  ce  nom),  qui  y  a  ajouté  la  bio- 
graphie de  l'auteur  et  le  catalogue  de  ses  œuvres. 


Ces  lettres  ont  pour  objet  principal  l'art  de  l'ins- 
trumentation, parliculièrement  pour  les  petits 
orchestres.  Bergt  mourut  à  Bautzen  le  10  février 
1837,  à  l'âge  de  soixante-cinq  ans.  C.  Geissler 
a  publié  la  collection  de  ses  pièces  d'orgue,  à 
Leipsick,  chez  Peters. 

BERI'i\GER  (Materne),  cantor  k  Weis- 
sembourg  en  Nortgaw,  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  a  publié  un  Traité  élémen- 
taire  de  l'art  du  chant,  sous  ce  titre  :  Musica, 
das  ist  die  Singhinst  der  lieben  Jugend, 
zum  Besten  in  Frag  und  Antwort  verfasst; 
Nuremberg,  1605,  in-8°.  Une  deuxième  édition 
améliorée  de  cet  ouvrage  a  paru  dans  la  même 
ville,  en  1610,  deux  parties  in-4o. 

BÉRIOT  (Charles-Augoste  de),  violoniste 
célèbre,  issu  d'une  famille  ancienne  et  consi- 
dérée, est  né  à  Louvain  le  20  février  1802. 
Orphelin  dès  l'âge  de  neuf  ans,  il  trouva  dans 
M.  Tiby,  professeur  de  musique  en  cette  ville, 
un  tuteur,  un  second  père  et  un  maître  qui  s'oc- 
cupa avec  zèle  de  développer  ses  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique.  Déjà  il  était  parvenu 
à  un  certain  degré  d'habileté  sur  le  violon  et 
ses  progrès  avaient  été  si  rapides,  qu'il  put  se 
faire  entei'.dre  dans  le  concerto  de  Viotti  en  la 
mineur  (  lettre  H  ),  avant  d'avoir  atteint  sa  neu- 
vième année,  et  qu'il  y  excita  l'admiration  de  ses 
compatriotes.  La  nature  a  donné  à  De  Bériot  le 
sentiment  d'une  exquise  justesse  d'intonation  qui 
s'est  unie,  dans  son  jeu,  à  un  goût  naturel  plein 
d'élégance  Douéd'ailleurs  d'un  esprit  méditatif, 
et  n'ayant  aucun  modèle  qu'il  pilt  imiter  dans 
ce  qui  l'entourait,  il  cherchait  en  lui-même  le 
principe  du  beau,  dont  il  ne  pouvait  avoir  de  no- 
tions que  par  l'action  spontanée  de  son  individua- 
lité. C'est  peut-être  ici  le  lieu  d'examiner  ce  qui 
a  pu  donner  lieu  au  bruit  qui  s'était  répandu, 
qu'il  avait  été  l'élève  de  Jacotot.  Ce  fait,  accré- 
dité par  l'auteur  àç^  l' Enseignement  universel^ 
et  par  les  déclarations  de  De  Bériot  lui-mêmej, 
exige  quelques  explications.  L'attention  générale 
des  habitants  de  la  Belgique  était  fixée,  depuis 
plusieurs  années,  sur  les  résultats  qui  paraissaient 
avoir  été  obtenus  par  la  méthode  de  Jacotot  ;  les 
progrès  en  toute  chose  tenaient,  disait-on,  du  pro- 
dige. De  Bériot  voulut  savoir  quels  avantages  il 
pourrait  retirer  pour  lui-même  des  procédés  de 
cette  méthoile;  il  eut  des  entretiens  avec  son 
inventeur,  et  n'en  apprit  guère  que  deux  choses, 
à  savoir,  que  la  persévérance  triomphe  de  tous 
les  obstacles ,  et  qu'en  général  on  ne  veut  pas 
sincèrement  tout  ce  qu'on  peut.  Le  jeune  ar- 
tiste comprit  ce  qu'il  y  avait  de  vrai  dans  ces 
propositions,  et  son  intelligence  sut  les  mettre  à 
profit.  Voilà  comment   De  Bériot  fut  l'élève  de 


3G0 


BERTOT 


Jiicolol;  il  ne  pouvait  pas  l'être  autrement,  car 
il  n'est  pas  certain  que  celui-ci  fût  capable  de 
juger  si  le  violoniste  jouait  juste  ou  faux.  Quoi 
(|u'il  en  soit,  une  heureuse  organisation  morale 
et  physique,  une  éducation  bien  commencée,  et 
le  travail  le  mieux  réglé,  ne  tardèrent  point  à  con- 
duire De  Bériot  jusqu'à  la  possession  d'un  talent 
très-remarquable,  auquel  il  ne  manquait  plus 
que  le  contact  de  beaux  talents  d'autres  genres, 
pour  acquérir  du  fini,  se  coordonner  dans  toutes 
ses  parties,  et   prendre   un   caractère   original. 

De  Bériot  avait  dix-neuf  ans  lorsqu'il  quilta 
sa  ville  natale  pour  se  rendre  à  Paris;  il  y  ar- 
riva vers  le  commencement  de  l'année  1821  ,  et 
sou  premier  soin  fut  de  jouer  devant  Viotti, 
alors  directeur  de  l'Opéra.  Après  l'avoir  écouté 
avec  attention,  ce  célèbre  artiste  lui  dit  :  «  Vous 
«  avez  un  beau  style;  attachez- vous  à  le  per- 
"  fectionner  ;  entendez  tous  les  hommes  de  talent  ; 
«  profitez  de  tout,  et  n'imilez  rien.  «  Cet  avis 
semblait  impliquer  celui  de  ne  point  avoir  de 
maître;  cependant  De  Bériot  crut  devoir  prendre 
<les  leçons  de  Baillot  et  il  entra  au  Conserva- 
toire dans  ce  dessein;  mais  il  ne  tarda  pas  à  s'aper- 
cevoir que  déjà  son  talent  avait  un  caractère 
propre  qu'il  serait  difficile  de  modifier  sans  que 
son  originalité  en  souffrit.  Il  ne  resta  donc  que 
peu  de  mois  dans  les  classes  du  Conservatoire  , 
rentra  sous  sa  direction  personnelle,  et  bientôt 
il  se  fit  entendre  avec  un  succès  brillant  dans 
quelques  concerts.  Ses  premiers  airs  variés,  com- 
positions pleines  de  grâce  et  de  nouveauté, 
parurent  et  augmentèrent  sa  réputation  naissante. 
Sa  manière  de  les  exécuter  y  ajoutait  un  charme 
inexprimable.  Tous  ceux  qu'il  a  publiés  ont  été 
longtemps  le  répertoire  habituel  d'un  grand 
nombre  de  violonistes. 

Après  avoir  brillé  à  Paris ,  De  Bériot  partit 
pour  l'Angleterre  oii  il  ne  fut  pas  moins  bien  ac- 
cueilli, surtout  dans  les  voyages  subséquents 
qu'il  y  fit.  A  Londres  et  dans  quelques  autres  villes 
de  la  Giande-Bretagne,  il  donna  des  concerts  où 
son  beau  talent  se  fit  applaudir  avec  transport. 
Engagé  à  diverses  reprises,  pour  le  concert 
phflharmonique,  il  le  fut  aussi  pour  quelques- 
unes  des  fêtes  musicales  qui  se  donnent  an- 
nuellement dans  les  principales  villes  de  l'An- 
gleterre. De  retour  dans  sa  patrie,  riche  d'une 
renommé*  déjà  brillante,  il  y  fut  présesté  au 
roi  Guillaume  l^"^,  qui,  bien  qu'il  aimât  peu 
la  musique,  comprit  la  nécessité  d'assurer  l'in- 
dépendance d'un  jeune  artiste  qui  promettait 
d'honorer  son  pays,  et  lui  accorda  une  pension 
de  2,000  florins,  avec  le  titre  de  premier  violon 
solo  de  sa  nuisique  particulière.  La  révolution 
de  1830  priva  De  Bériot  de  ces  avantages. 


Depuis  que  le  (aient  de  cet  artiste  a  com- 
mencé à  se  taire  connaître ,  il  s'est  développé  par 
degrés;  parvenu  à  sa  maturité,  ee  talent  offrait 
la  réunion  des  qualités  les  plus  piécieuses,  a 
savoir,  le  plus  beau  son,  une  justesse  invariable 
dans  laquelle  il  n'a  eu  de  rival  queLafont,  un 
goût  d'une  rare  élégance,  un  style  personnel , 
enfin,  le  charme,  dans  lequel  il  n'a  été  surpassé, 
peut-être  même  égalé,  par  aucun  autre.  La  criti- 
que, qui  ne  perd  jamais  ses  droits,  a  reproché 
autrefois  à  De  Bériot  de  joindre  un  peu  de  froi- 
deur à  sa  pureté;  cette  critique  lui  a  été  utile,  car 
la  chaleur  et  la  vigueur  d'archet  ne  devinrent  pas 
moins  remarquables  dans  son  jeu  que  la  justesse 
et  le  goût.  On  se  plaignait  aussi  que,  bornant 
l'essor  de  son  talent  à  composer  et  à  jouer  des 
airs  variés,  il  se  renfermât  dans  un  cadre  trop 
petit  :  il  s'est  encore  justifié  de  ce  reproche  en 
composant  des  concertos  qu'il  a  fait  entendre 
dans  plusieurs  concerts ,  et  dans  lesquels  il  a 
déployé  des  proportions  plus  grandes  de  concep- 
tion et  d'exécution.  Ayant  été  nommé  professeur  de 
violon  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  en  1843,  il 
a  écrit  ses  derniers  concertos  pour  ses  élèves, 
et  a  jeté  dans  tous  des  idées  charmantes  et  des 
traits  aussi  remarquables  parleur  élégance  que  par 
leur  brillant.  On  a  dit  que  cette  musique,  si  favo- 
rable au  talent  de  ceux  qui  l'exécutent,  est  beau- 
coup moinsdiflicile  qu'elle  ne  le  paraît  :  je  ne  saissi 
cette  observation  doit  être  considérée  comme  un& 
critique,  et  si  ce  n'est  pas  plutôt  un  éloge.  Devenu 
l'ami  de  la  célèbre  M""^  Malibran ,  De  Bériot  a 
voyagé  avec  elle  en  Italie,  en  Angleterre  et  dans 
la  Belgique.  En  1835,  il  devint  son  époux.  Les 
fréquentes  occasions  qu'il  eut  d'entendre  cette 
femme  inspirée  paraissent  avoir  exercé  la  plus 
heureuse  influence  sur  son  talent.  A  Naples,  où 
il  s'est  fait  entendre  dans  un  concert  donné  au 
théâtre  Saint-Charles,  il  a  obtenu  un  succès  d'en- 
thousiasme fort  rare  chez  les  Italiens,  car  cette 
nation,  passionnée  pour  le  chant,  n'accordait 
alors  que    peu  d'attention  aux    instrimients. 

Fixé  à  Bruxelles  après  la  mort  de  M™®  Mali- 
bran-De  Bériot ,  il  ne  se  fit  point  entendre  pen- 
dant plusieurs  années;  mais,  en  1840,  il  fit  un 
voyage  en  Allemagne  et  s'arrêta  quelque  temps 
à  Vienne  où  il  donna  des  concerts.  Des  altéra- 
tions de  sa  santé,  qui  se  sont  reproduites  à  di- 
verses époques,  finirent  par  lui  faire  prendre  la 
résolution  de  ne  plus  jouer  en  public,  quoique 
son  talent  eût  conservé  toutes  ses  qualités.  Il  ne 
se  faisait  plus  entendre  qu'à  ses  élèves  et  à  quel- 
ques amis  privilégiés  qui  admiraient  toujours 
l'ampleur  et  le  charme  de  son  jeu.  Malheureu- 
sement des  atteintes  plus  graves  survenues  à  sa. 
constitution,  dans  un  âge  qui  n'est  pas  celui  des 


BERIOT  —  BERLIN 


3GI 


infirmiti's,  l'ont  obligé  adonner  sa  démission 
(lèses  fonctions  de  professeur,  en  1852.  Une  pa- 
ralysie du  nerf  optique  l'a  privé  de  la  vue  tout  à 
coup,  et  l'espoir  qu'il  avait  d'abord  de  sa  gué- 
rison  ne  s'est  pas  réalisé.  Les  ouvrages  principaux 
de  DeBériot  sont  :  I.  Concertos,  i"^  concerlo 
(en  ré)  avec  orcbestre,  op.  26;  Paris,  Hran- 
diis.—  2°"=  idem(en5i),  op.32;  ibid.— 3""^idein 
(en  mi),  op.  44  ;  ibid. —  4"'^  idem  (en  ré  mineur), 
op.  46;  ibid.  —  S^e  idem  (en  ré) ,  op.  55  ;  ibid. 

—  6>'>eidem(en  la),  op.  70;  ibid. —  T^e  idem  (en 
sol),  op.  75;  ibid.  II.  Airs  variés  :  1""  air  varié 
(en  ré  mineur),  avec  quatuor  ou  piano,  op.  1  ; 
ibid.  —  2'"<=  idem  (en  ré  majeur) ,  avec  quatuor 
ou  piano,  op.  2  ;  ibid.  —  3'"^  idem  (en  mi),  avec 
orcbestre  ou  piano,  op.  3,  ibid. —  4'nc  idem  (air 
inonta<;nurd ,  en  si  bémol) ,  avec  orchestre  ou 
piano, op.  5. —  5™*  idem  (eami),  avec  orchestre 
ou  piano,  op.  7  ;  ibid.  —  6^*  idem  (en  la),  op. 
12;   ibid. —  7™*   idem  (en  mi);  op.   15;  ibid. 

—  8""  idem  (en  ré),  op.  42;  ibid. —  9""^  idem 
(  en  ré)  op.  52  ;  it)id.  —  10""=  idem  (  Souvenir 
d'amitié,  en  ré),  op.  69;  ibid.  —  ll^e  idem 
(eu^a)  op.  76;  ibid.  III.  Études:  1°  Dix  étu- 
des ou  caprices,  pour  violon   seul,  op.  9;  ibid. 

—  2"  Six  études  brillantes,  avec  ace.  de  piano, 
op.  27,  ibid.  —  3° Trois  études  caractéristiques 
idem,  op  37;  ibid. —  4°  Trois  grandes  études 
pour  deux  violons,  op.  43;  ibid.  —  5°  Premier 
Guide  des  violonistes,  vingt  études  élémen- 
taires en 2  suites,  op.  75;  ibid. — 6"  Le  Trémolo, 
caprice,  avec  orchestre  ou  piano,  op.  30  ;  ibid.  — 
IV.  Sonates  et  Duos  :  1"  Trois  duos  concertants 
ponr  2  violons,  op.  67  ;  ibid. — 2° Première  sonate 
concertante  pour  piano  et  violon,  op.  67  ;  ibid. 

—  3°  Fantaisie  sur  le  Siège  de  Corinthe  pour 
piano  et  violon,  avec  Labarre,  op.  6;  ibid.  — 
4"  idem  sur  des  motifs  de  Moïse,  avec  Labarre, 
op.  8  ;  ibid. —  5°  Souvenir  de  la  Muette  de  Por- 
tici,  idem,  avec  Labarre,  op.  10;  ibid.  — 
6°  l-'antaisie  sur  les  motifs  du  Comte  Ory,  idem, 
avec  Osborne,  op.  13;  ibid.  Op.  11,  ibid. 
— 7°  Variations  brillantes  (en  ré),  idem,  avec  Os- 
borne,  op.  13  ;  ibid. —  8"  Grandes  variations  sur 
un  thème  original  (en  la  mineur),  avec  Osborne, 
op.  14;  ibid.  —  9°  Fantaisie  sur  des  motifs  de 
Guillaume   Tell,àyec  Osborne,  op.  16  ;  ibid. 

—  10°  Variations  sur  la  tyrolienne  de  la  Fiancée, 
avec  H.  Herz,  op.  17  ;  ibid.— Il»  Avec  Bénédict, 
duo  brillant  sur  la  Sonnambula ,  op.  18;  ibid. 
— 12°  Duo  brillant  (en  mi  bémol),  op.  19;  ibid. — 
13°Fantaisie  sur  la  Norma,  op.  28  ;  ibid. —  l4°Le 
Fruit  de  l'élude, sixàuos  faciles,  op.  35;  ibid.  — 
15°  AePro^?-ès,sixduos,op.41  ;ibid.— 16°  Avec 
Thalberg ,  grand  duo  sur  Semiramide ,  op.  47  ; 
ibid. — 17°  Grand  duo  sur  les  Huguenots,  op.  82  ; 


ibid.  —  18°  avec  Osborne,  Fantaisie  brillante  sur 
le  Préaux  Clercs, op.  20;  ibid.— 19°  Duo  bril- 
lant sur  I  Puritani,  op.  22  ;  ibid.  —  20°  Noc- 
turnes sur  les  Soirées  de  Rossini ,  op.  33  ;  ibid. 
— 21°  Duo  sur  les  motifs  de  l'Ambassadrice,  op. 
24  ;  ibid. —  22°  Duo  sur  un  thème  original  (en  si 
bémol),  op.  25  ;  ibid.  —  23°  Duo  sur  le  Domino 
noir,  op.  3 1  ;  ibid . — 24°  Souveniis  d'Auber,  grand 
duo,  op.  39  ;  ibid. —  25°  Deuxième  fantaisie  sur 
Guillaume  Tell,  op.  53  ;  ibid. — 26°  grand  duo  sur 
le  Barbier  de  Séville,  op.  56  ;  ibid.— 27°  Valses, 
op.  59;  ibid.  — 28°Grandduo  sur  la  Gazza  la- 
dra,  op.  60  ;  ibid.— 29°  Duo  brillant  sur  la  Favo- 
rite, o\}.f,^;'\}a\A.—Z(i*ï)uo  brillant  sur  le  Pirate, 
op.  72  ;  ibid. — 31°  Duo  sur  Giralda,  op.  74  ;  ibid. 
— 32°  Duo  brillant  sur  V  Enfant  prodigue,  op.  77  ; 
ibid.  —  33°  Grand  duo  brillant  sur  la  Heine  de 
Chypre,  op.  79;  ibid.  —34°  Grand  duo  sur  des 
airs  hongrois  et  styriens,  op.  81  ;  ibid.  — 35°  avec 
Wolff,  duo  brillantsur  Zanetta,op.  33  ;ibid. — 
36°  Grand  duo  sur  lesDiamants  de  la  couronne, 
op.  38;  ibid. — 37°  Six  morceaux  de  salon  sur  des 
thèmes  originaux,  op.  45;  ibid. —  38°  Souvenirs 
de  Boulogne,  deux  duos,  op.  48  ;  ibid. — 39°  Les 
Intimes,  deux  duos,  op.  49;  ibid. —  40°  Za 
Soirée,  deux  duos,  op.  50  ;  ibid.  —  41°  Duo  con- 
certant  sur  la  Part  du  Diable,  op.   51;  ibid. 

—  42"  Duo  brillant  sur  le  Sirène,  op.  54  ;  ibid. 

—  43°  Grand  duo  sur  la  Muette  de  Portici ,  op. 
61  ;  ibid.  —  44°  Duo  brillant  sur  le  Val  d'An- 
dorre,op.  62;  ibid. ^45°  Grand  duo  brillant  sur 
la  Donna  delLago,  op.  63;  ibid. — 46°  Duo  bril- 
lant snv Haijdée,op.  64;  ibid. —  47°  Duo  brillant 
sur  le  Prophète,  op.  65;  ibid. — 48°  Grand  duo  sur 
la  Cenerentola,op.  66;  ibid. —49°  Grand  duosur 
Robert  le  Diable,  ibid. — IV.  Trios:  1°  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle  sur  Robin  des  Bois, 
op.  4  ;  ibid. —  2° Premier  trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  op.  68;  ibid.— 4°  2™*  trio  idem,  op. 
71  ;  ibid.  Le  dernier  ouvrage  de  De  Bériot,  et  le 
plus  important  parmi  les  productions  de  son 
âge  mûr,  est  sa  Méthode  de  violon  en  trois 
parties  ;  Paris,  chez  l'auteur,  sans  date  (1858), 
un  volume  grand  in-4°.  La  première  partie  ren- 
ferme les  éléments  et  traite  des  positions;  la 
deuxième  contient  la  théorie  de  l'archet  et  ses 
diverses  applications  :  on  y  trouve  aussi  une 
instruction  sur  les  sons  harmoniques.  La  der- 
nière traite  du  style.  Toutes  les  parties  de  cet 
ouvrage  renferment  une  ample  collection  d'études 
pour  la  mise  en  pratique  de  tous  les  préceptes. 

BERLÏiV  (Jean-Damel),  organiste  distingué 
de  la  cathédrale  de  Drontheim,  en  Norwége, 
naquit  àMemel,en  Prusse,  en  1710.  Après  avoir 
acquis ,  sous  la  direction  de  son  père,  une 
grande  habileté  dans  son  art ,  il  alla  s'établir  à 


3C2 


BERLIN  —  BERLIOZ 


Copenliague,  en  1730,  cl  y  demeura  jusqu'en 
1737,  où  il  lut  appelé  à  Dionllicirn  comme  or- 
ganiste, charge  quïl  occupa  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  1775.  On  a  de  lui  des  éléments  de 
musique  en  danois;  sous  ce  titre  :  Musikaliske 
elementer,  eller  anleïding  til  For  stand  paa 
de  Fœrsle  finge  i  Musikoi  ;  Dronliieim,  1742, 
in -4°.  Une  traduction  allemande,  intitulée  : 
Anfcingsgrund  der  Musik  zum  Gebrauch  der 
Anfànger,  a  paru  en  1744.  Berlin  a  aussi  pu- 
blié une  instruction  sur  la  tonomotrie,  sous  ce 
titre  :  Anieïtung  zur  Tonometrie,  oder  wie 
man  diirch  Hillje  der  logarithmischen  Pro- 
gressioHsrechnung  die  sogenannte  gleich- 
schwebende  musikalisclie  Temperatur  leicht 
nnd  bald  ausrechnen  kann  ;  nebst  einem  Un- 
terrich/e  von  dein  1752  erfundenen  îind  ein- 
gerichleten  Monochordtiin  ;  Coiienhague  et 
Leipsick,  1707  ,  in-S",  de  48  pages.  Ses  compo- 
sitions consistent  en  un  œuvre  de  sonates  pour 
le  clavecin,  Augsbourg,  1751,  et  une  sonate  pour 
le  même  instrument,  restée  inédite. 

BERLIN,  ou  BERLYN  (Antoine),  com- 
positeur à  Amsierdam,  et  chef  d'orchestre  du 
théâtre  de  cette  ville,  né  en  Hollande  d'une  fa- 
mille israélite,  vers  1815,  a  fait  preuve  d'ime 
grande  fécondité  dans  ses  travaux;  (;ar  ayant  à 
peine  atteint  l'âge  de  quarante  ans  au  moment 
où  cette  notice  est  écrite  (1854),  il  a  déjà  pro- 
duit plus  de  deux  cents  œuvres ,  parmi  les- 
quels on  remarque  des  opéras,  des  oratorios, 
des  symphonies,  cantates,  ouvertures,  psaumes, 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  mu- 
sique instrumentale  de  tout  genre,  mélodies  à 
4  voix  et  à  voix  seule  avec  piano,  etc.  Ses 
opéras  représentés  au  théâlre  national  d'Ams- 
terdam sont  :  1°  Der  Schatzgràber  (  l'Ingé- 
nieur), joué  à  Amsterdam  en  1841;  2°  la  Dé- 
route de  Cidloden,  en  3  actes,  en  1846  ;  3°  Die 
Pergknappen  (les  Mineurs),  en  3 actes;  4o  Rii- 
val,  oa  l'Esprit  du  feu,  opéra  féerique,  repré- 
senté en  18'<4.  Son  oratoire  Moïse  stir  le  Nébo 
a  élé  exécutée  à  Magdebourg  en  1844.  Dans  la 
môme  année  Berlin  vint  à  Bruxelles,  et  présenta 
au  Conservatoire  de  musique  une  ouverturetriom- 
phalequi  fut  exécutée  par  l'orchestre  de  cette  ins- 
titution dans  un  de  ses  concerts.  En  1846,  il 
se  rendit  à  Paris  et  y  fit  entendre  aussi  diverses 
compositions.  Postérieurement  (1848)  on  a  exé- 
cuté de  sa  composition  à  Amsterdam  sa  grande 
symplîonie-cantate  intitulée  :  Die  Matrosen  am 
Vfer  (les  Matelots  au  rivage),  imitation  du  genre 
imaginé  par  Félicien  David.  L'ouverture  triom- 
phale de  Berlin  a  été  gravée  à  grand  orchestre, 
comme  œuvFC  66.  On  connaît  aussi  de  lui  un 
grand  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op. 


39;  Amsterdam,  Steup.  Cet  artiste  est  chevalier 
de  l'ordre  de  la  Couronne  de  chêne,  membre  de 
la  société  de  Sainte-Cécile  de  Rome,  et  a  reçu 
de  l'Empereur  d'Autriche,  du  roi  de  Suède,  et 
(le  plusieurs  autres  princes,  de  grandes  mé- 
dailles d'or  pour  des  dédicaces  qu'il  leur  a  faites 
de  ses  ouvrages. 

BERLIOZ  (Hector),  compositeur,  est  né  à  la 
Côte-Saint-André  (Isère),  le  11  décembre  1803. 
Fils  d'un  médecin  de  quelque  réputation,  Ber- 
lioz (lit  envoyé  à  Paris,  après  avoir  achevé  ses 
études  de  collège,  pour  y  suivre  les  cours  de 
l'école  de  médecine.  Il  savait  alors  peu  de  chose 
de  la  musique,  mais  il  avait  un  goût  passionné 
pour  cet  art.  Plusieurs  fois  il  avait  supplié  ses 
parents  de  permettre  qu'il  se  livrât  exclusive- 
ment à  sa  culture  :  mais  ce  fut  toujours  eu 
vain.  Au  sein  de  la  ville  qu'on  appelle  encore 
la  capitale  des  arts,  et  qui  est  digne  de  ce 
titre  à  certains  égards,  il  était  difficile  que  la 
passion  de  Berlioz  ne  s'accrût  pas  au  lieu  de 
s'éteindre.  Elle  exerça  bientôt  sur  lui  tant  d'em- 
pire ,  qu'il  abandonna  les  bancs  de  la  Faculté 
pour  ceux  du  Conservatoire.  Irrité  de  voir  son 
autorité  méconnue,  son  père  le  priva  desmojens 
d'existence  qu'il  lui  avait  fournis  jusqu'alors,  et 
Berlioz  n'eut  d'autre  ressource  que  de  se  faire 
admettre  comme  choriste  au  théâtre  du  Gymnase 
dramatique.  Sa  vocation  était  décidée,  et  la 
fermeté  de  son  caractère  lui  faisait  dédaigner  les 
misères  de  la  vie.  H  suivait  le  cours  de  compo- 
sition de  Reicha  ;  mais  les  formes  conditionnelles 
de  l'art  que  ce  maître  lui  faisait  étudier  ne  lui 
inspiraient  que  du  dégoût,  parce  qu'il  n'en  com- 
prenait pas  le  but.  Bientôt  fatigué  du  joug  qu'elles 
imposaient,  il  sortit  de  l'école  où  il  avait  à  peine 
entrevu  quelque  chose  des  procédés  de  l'art 
d'écrire;  libre  enfin  de  toute  gène,  il  résolut  de 
n'avoir  plus  d'autre  maître  que  sa  propre  expé- 
rience. 

L'époque  où  Berlioz  fit  les  premiers  pas  dans 
sa  carrière  était  celle  des  ardentes  luttes  de  l'é- 
cole romantique  contre  les  œuvres  d'un  autre 
temps  devenues  célèbres  et  désignées  par  le  nom 
de  classiques.  Ce  mouvement,  commencé  par 
la  littérature,  s'était  étendu  jusqu'aux  arts  du 
dessin.  Berlioz  s'y  jeta  avec  enthousiasme  et 
voulut  y  faire  entrer  la  musique,  se  considérant 
comme  l'artiste  prédestiné  qui  devait  y  accom- 
plir une  révolution.  Plein  de  résolution,  mais 
n'ayant  encore  que  de  vagues  aperçus  sur  ce 
qu'il  se  proposait  de  faire,  il  s'essaya  d'abord 
dans  une  messe  avec  orchestre  qui  fut  exécutée 
dans  l'église  de  Saint-Rnch,  puis  dans  celle  de 
Saint-Eustache.  Elle  parut  inintelligible  aux 
musiciens  qui  l'exécutèrent  comme  à  ceux  (jui 


BERI.107 


363 


l'cntcndirPiit.  Convaincu  tonlefois  de  la  rivalité 
de  sa  mission  musicale,  Ceilioz  ne  se  laissa 
Iioint  éhranlcr  par  les  plaisanteries  que  lit  naître 
sa  production,  et  sa  persévérante  vocation  se 
remit  à  l'œuvre  avec  ardeur.  Dès  ce  moment, 
nne  idée,  ou  plutôt  une  opinion,  présida  à  ses 
travaux  :  il  se  persuada  que  la  musique  doit 
avoir  un  sujet,  un  programme,  et  que  le  triomphe 
de  l'art  est  d'exprimer  ce  programme  par  des 
effets  pittoresques,  soit  avec  le  secours  des  voix 
et  de  la  parole,  soit  par  les  instruments  seuls. 
Tout  l'œuvre  de  Berlioz  est  le  produit  de  sa  vo- 
lonté pour  la  réalisation  de  cette  idée.  Dans  la 
direction  qu'un  artiste  imprime  à  ses  travaux,  il 
y  a  toujours  une  impulsion  secrète  qui  résulte  de 
son  organisation  :  or  chez  celui  dont  il  s'agit  le 
véhicule  était  l'instinct  des  combinaisons  de  so- 
norités diverses ,  instinct  qui  se  manifesta  par 
des  éclairs  dès  ses  premiers  essais,  et  qui  (init 
par  devenir  le  caractère  distinctif  de  son  talent. 
Sons  l'empire  de  l'idée  d'un  programme  comme 
règle  et  de  la  faculté  de  production  d'effets 
sonores  comme  moyen ,  furent  imaginées  :  une 
ouverture  de  Waverley ,  une  autre  intitulée 
les  Francs-Juges,  et  une  symphonie  fantasti- 
que divisée  en  cinq  parties,  qui  a  pour  sujet  un 
Episode  de  la  vie  d'un  artiste.  Les  deux  ouver- 
tures furent  exécutées  d'abord  dans  des  concerts 
d'amateurs  qui  se  donnaient  à  l'ancienne  salle 
du  Wanx-Hall;  puisdansun  concert  donné  par 
Berlioz,  le  26  mai  1828,  à  la  salle  du  Conservatoire. 
Il  y  fit  entendre  aussi  le  Ci'edo  de  sa  première 
messe,  et  une  marche  des  Mages  allant  à  la 
crèche.  Le  1*'  novembre  1829  les  mêmes  com- 
positions furent  entendues  de  nouveau  dans  un 
concert  où  l'auteur  fit  exécuter  un  nouvel  ou- 
vrage qui  avait  pour  titre  :  Concerts  des  Syl- 
phes. Le  sujet  du  morceau  était  celui-ci  :  «  Mé- 
«  phistophélès,  pour  exciter  dans  l'âme  de  Faust 
«  l'amourdu  plaisir,  assemble  les  esprits  del'air, 
«  et  leur  ordonne  de  chanter.  Après  avoir  préludé 
«  sur  leurs  instruments  magiques,  ils  décrivent 
«  un  pays  enchanté,  dont  les  heureux  habitants 
«  s'enivrent  de  voluptés  sans  cesse  renaissantes  ; 
n  peu  à  peu  le  charme  opère,  la  voix  des  syl- 
«  phes  s'éteint,  et  Faust  endormi  demeure  plongé 
«  dans  des  rêves  délicieux.  »  C'est  donc  encore 
un  programme  qui  est  la  base  de  cette  com- 
position, et  ce  sont  encore  des  effets  de  sonorité 
que  le  compositeur  recherche.  11  en  était  de 
même  dans  V Épisode  de  la  vie  d'un  artiste, 
symphonie  fantastique  en  cinq  parties,  qui  fut 
exécutée  quelques  mois  après.  Chacune  des  par- 
lies  de  l'ouvrage  a  un  objet  différent.  Pour  le 
premier  morceau,  ce  sont  des  rêveries  et  des 
passions  ;  pour  le  second,  une  Scène  aux  champs; 


pour  le  quatrième,  7in  Homme  qni  rêve  qu'on 
le  mène  au  supplice,  et  enlin,  pour  le  dernier,  le 
Songe  d'une  nuit  de  sabbat. 

Depuis  1826,  Berlioz  était  rentré  au  nombre 
des  élèves  du  Conservatoire,  qu'on  appelait  alois 
V École  royale  de  musique,  et  suivait  les  leçons 
de  Lesueurpour  le  style  libre,  parce  qu'il  avait 
besoin  d'un  protecteur  dans  la  section  de  musi- 
que de  l'Académie  des  beaux-arts  pour  les 
grands  concours  de  composition.  Ce  protecteur 
lui  (tait  d'autant  plus  nécessaire,  que  Cliénibini 
était  mal  disposé  pour  lui  et  montrait  une  véritable 
antipathie  poui' sa  musique.  Plusieurs  fois  Berlioz 
avait  subi  l'examen  préparatoire  de  ces  con- 
cours sans  y  être  admis  :  enlin,  sa  persévérance 
triompha  des  obstacles,  et  dans  le  concours  de 
1830,  le  premier  prix  lui  fut  décerné  pour  la 
composition  d'une  cantate  dont  Sardannpale 
était  le  sujet.  Devenu  pensionnaire  <le  l'Etat , 
comme  lauréat  du  concours,  il  se  rendit  en  Italie 
pour  obéir  aux  règlements,  bien  que  sa  direc- 
tion dans  l'art  et  ses  opinions  esthétiques  lui 
eussent  fait  prendre  la  musique  italienne  en  dé- 
goût. H  abrégea  son  séjour  à  Rome  et  à  Naples 
autant  qu'il  le  put ,  et  dix-huit  mois  après  son 
départ  il  revint  à  Paris  ,  rapportant  une  ouver- 
ture du  Roi  Lear ,  et  une  sorte  de  symphonie 
qu'on  pouvait  considérer  comme  une  suite  de 
V  Épisode  delà  vie  d'un  artiste,  et  qui  avait 
pour  titre  le  Retour  à  la  vie.  Cette  composition 
était  un  mélange  de  musique  instrumentale,  de 
discours,  de  chants  et  de  chœurs.  Elle  fut  exé- 
cutée dans  un  concert  donné  par  le  compositeur 
peu  de  temps  après  son  retour. 

Berlioz  avait  bien  jugé  sa  position  :  il  se 
croyait  réformateur  de  l'art,  et  se  disait  avec 
raison  que  toute  réforme  rencontre  le  présent, 
voire  le  passé,  pour  adversaires.  Il  prévoyait 
donc  de  rudes  combats  ;  mais ,  pour  com- 
battre, il  faut  des  armes  :  Berlioz  les  chercha 
dans  la  presse.  Homme  d'esprit  et  de  résolution, 
il  sut  s'y  faire  en  peu  de  temps  une  belle  et  re- 
doutable position.  Dès  1828  il  avait  débuté  dans 
un  journal  de  ce  temps,  appelé  le  Correspondant 
et  y  avait  fait  insérer  des  articles  sur  les  sym- 
phonies de  Beethoven,  que  les  artistes  et  les 
amateurs  de  Paris  venaient  d'entendre  pour  la 
première  fois ,  grâce  à  l'organisation  de  la  So- 
ciété des  concerts  :  ces  articles  furent  remar- 
qués. Tour  à  tour  Berlioz  écrivit  dans  la  Revue 
européenne  et  dans  le  Courrier  de  V£urope, 
jusqu'à  ce  que  la  Gazette  musicale  de  Paris, 
fondée  en  1834,  lui  eût  ouvert  ses  colonnes  et  se 
fût  dévouée  à  ses  succès.  Bientôt,  à  cette  puis- 
sance, il  ajouta  celle  du  Journaldes  Débats,  dont 
les   propriétaires   dv^vinrent  ses  protecteurs   eu 


364 


BERLIOZ 


toute  circonstance.  De  là  des  liaisons  avec  la 
plupart  des  rédacteurs  de  journaux,  à  quelque 
parti  qu'ils  appartinssent,  et  le  concert  d'éloges 
qui  retentit  à  chaque  production  nouvelle  de  sa 
plume.  La  symphonie  à''Harold  en  Italie,  en- 
tendue pour  la  première  fois  en  1834;  la  Messe 
des  morts,  écrite  pour  les  obsèques  du  général 
Damrémont,  et  qui  fut  exécutée  dans  l'église  de 
l'Hôtel  des  Invalides,  le  5  décembre  1837;  la 
symphonie  dramatique  de  Roméo  et  Juliette, 
avec  chœur  et  solos  de  chant,  que  l'auteur  fit 
entendre,  sous  sa  direction,  dans  la  salle  du 
Conservatoire,  le  9.4  novembre  1839;  la  sympho- 
nie funèbre  et  triomphale  pour  harmonie  mili- 
taire exécutée  pour  l'inauguration  de  la  colonne 
de  Juillet  à  la  place  de  la  Bastille;  et,  enfin,  l'ou- 
verture du  Carnaval  romain,  furent  tour  à  tour 
exaltées  par  les  journaux  de  toutes  les  opinions. 
Une  seule  épreuve  fut  un  échec  pour  Berlioz. 
Ce  fut  celle  où,  abordant  la  scène,  il  écrivit  pour 
l'Opéra  Benvenuto  Cellini ,  drame  en  deux 
actes,  représenté  le  3  septembre  1838.  Là  se 
trouvait  le  public  ordinaire  des  théâtres  ;  public 
qui  ne  veut  pas  être  obligé  de  faire  des  efforts 
d'intelligence  ou  le  sacrifice  de  ses  penchants , 
alors  qu'il  cherche  le  plaisir  et  le  délassement; 
public  qui,  selon  Richard  Wagner  lui-même,  est 
le  seul  vrai,  parce  qu'il  a  des  goûts  et  non  des 
opinions.  Devant  ce  public  Benvenuto  Cellini 
essuya  une  chute  complète.  En  vain  les  amis  de 
Berlioz  s'épuisèrent-ils  en  efforts  pour  démontrer 
l'excellence  de  l'ouvrage  :  une  salle  déserte  fut 
une  réponse  sans  réplique.  Quinze  ans  plus  tard 
le  même  effet  s'est  reproduit  à  Londres  pour  le 
même  opéra,  mais  l'ouvrage  a  été  plus  heureux  à 
Weimar. 

Après  avoir  donné  beaucoup  de  concerts  à 
Paris,  lesquels  étaient  spécialement  destinés  à 
l'audition  de  ses  œuvres,  Berlioz  conçut  le  des- 
sein de  parcourir  l'Europe,  afin  de  faire  sortir 
sa  musique  du  cercle  très-limité  de  ses  admira- 
teurs et  de  lui  procurer,  s'il  était  possible,  les 
avantages  de  la  popularité.  Sa  première  excur- 
sion fut  à  Bruxelles  :  il  y  donna  deux  con- 
certs; puis  il  parcourut  l'Allemagne  du  Nord 
en  184.^,  et  donna  des  concerts  à  Berlin,  à  Ham- 
bourg, àLei(isick,  à  Weimar  et  à  Stuttgart.  Deux 
ans  après  il  visita  Vienne,  la  Hongrie,  Prague  et 
la  Silésie.  En  1847  il  se  rendit  en  Russie,  et  fit 
exécuter  ses  principaux  ouvrages  à  Riga,  à  Saint- 
Pétersbourg  et  à  Moscou.  Partout  il  excita  un 
vif  intérêt  :  s'il  rencontra  des  adversaires  ar- 
dents, il  eut  anssi  des  admirateurs  passionnés, 
et  la  popularité  qu'il  cherchait  ne  lui  fit  pas 
défaut.  De  retour  à  Paris,  il  fut  bientôt  après 
appelé  à  Londres  pour  diriger  l'orchestre  de 


Dury-Lane  pendant  la  saison  de  1848,  et  dans  la 
môme  année  il  fit  un  second  voyage  en  Bohême. 
En  ISjl  il  fut  membre  du  jury  de  l'Exposition 
universelle  de  Londres  pour  les  instruments  de 
musique,  et  la  nouvelle  société  philharmonique 
de  cette  ville  l'engagea,  pour  diriger  ses.  concerts, 
où  il  fil  exécuter  quelques-unes  de  ses  sym- 
[)lionies  et  de  ses  ouvertures.  L'orchestre  des 
concerts  de  Leipsick  a  fait  entendre  aussi  à  di- 
verses époques  plusieurs  œuvres  de  sa  compo- 
sition, et  sa  symphonie  dramatique  de  Roméo 
et  Juliette  a  été  jouée  à  Vienne  avec  un  grand 
succès,  sous  la  direction  de  M.  Eckert,  en  185(5. 

Vers  la  fin  de  1846,  Berlioz  avait  fait  entendre 
à  Paris  une  nouvelle  production,  sorte  d'ora- 
torio fantastique  intitulé  la  Damnation  de  Faust. 
t' 'était  une  conception  bizarre  qui  s'éloignait 
complètement  de  la  tradition  de  Goethe;  car 
le  grand  poète,  non-seulement  ne  damne  pas  le 
personnage  principal  de  sa  grande  œuvre ,  mais 
il  lui  fait  une  apothéose  dans  la  seconde  partie. 
L'ouvrage  de  Berlioz  trouva  moins  de  sympathie 
que  les  précédents  parmi  les  partisans  des  tendances 
romantiques.  L'auteur  paraît  ne  pas  avoir  été  satis- 
fait de  son  effet,  car,  si  je  suis  bien  informé,  il  ne 
l'a  pas  reproduit  dans  ses  concerts  depuis  cette 
époque.  Une  transformation  s'est  même  opérée 
depuis  lors  dans  ses  idées  ;  car  il  est  entré  évi- 
demment dans  des  voies  plus  simples  lorsqu'il  a 
conçu  le  plan  de  l'Enfance  du  Christ,  oratorio 
intitulé  Mystère,  dont  il  a  composé  le  poëme  et 
la  musique,  et  qui  fut  exécuté  avec  succès  à 
Paris,  et  à  Bruxelles  en  1854.  Il  y  a  des  choses 
touchantes  et  naïves  dans  cette  œuvre,  particu- 
lièrement dans  laseconde  partie.  Deux  ans  après, 
Berfioz  a  fait  entendre,  dans  une  des  églises  de 
Paris,  un  grand  Te  Detim  à  deux  chœurs.  N'ayant 
point  assisté  à  cette  exécution,  et  n'ayant  pas  vu 
la  partition,  je  ne  puis  en  parler. 

La  révolution  de  1848  et  ses  conséquences  de 
toute  nature,  ayant  absorbé  l'attention  des  po- 
pulations par  des  idées  nouvelles  et  par  la  lutte 
des  intérêts,  a  porté  un  coup  funeste  aux  tra- 
vaux de  l'intelligence,  à  la  philosophie,  aux  let- 
tres, aux  arts,  et  a  jeté  les  esprits  dans  l'indif- 
férence à  l'égard  de  la  querelle,  auparavant  si 
animée,  du  romantisme  et  du dassisme,  Berlioz, 
plus  qu'un  autre,  peut-être,  en  ressent  aujourd'hui 
les  effets.  Soit  découragement,  soit  que  sa  santé, 
moins  robuste  qu'autrefois,  aitdiminue  son  énergie 
organique,  il  semble  s'être  condamné  au  silence 
et  avoir  abandonné  l'arène  du  combat.  Serait-ce 
que,  persévérant  dans  la  réforme  de  ses  premières 
tendances,  signalée  par  la  composition  de  VEn- 
fance  du  Christ,  il  voudrait  entrer  dans  une 
phase  nouvelle  de  son  talent,  et  s'y  préparer  par, 


BERLIOZ  —  BERLOT 


365 


la  méditation?  l'avenir  nous  l'apprendra.  Berlioz 
est  trop  jeune  encore  pour  avoir  dit  son  dernier 
mot. 

Comme  critique  et  comme  écrivain,  Berlioz 
s'est  fait  une  réputation  justement  méritée.  Il  a 
de  la  hardiesse  dans  les  idées  et  de  l'originalité 
dans  la  forme.  Pendant  un  certain  nombre 
d'années,  il  a  fait  preuve  d'une  grande  facilité  en 
ce  genre  par  la  multiplicité  de  ses  travaux  et 
par  l'activité  de  sa  collaboration  à  la G«-e<<emM- 
sicale  de  Paris  et  au  Journal  des  Débats.  Au 
nombre  considérable  d'articles  qu'il  y  a  fait  in- 
sérer, il  faut  ajouter;  1°  Voyage  musical  en  Al- 
lemagne et  en  Italie,  auquel  il  a  réuni  ses 
Études  sur  Beethoven,  Gluck  et  Weber,  des 
Mélanges  et  Nouvelles;  Paris,  Labiile ,  1844, 
2  vol.  in-8°.  —  2°  Les  Soirées  de  Vorchestre; 
Paris,  Michel  Lévy  frères,  1853,  1  vol.  ia-12; 
fantaisie  humoristique  très-piquante. —  3"  Traité 
d'instrumentation  et  d'orchestration  modcr- 
nes,^avec  des  exemples  en  partition,  tirés  des 
œuvres  de  presque  tous  les  grands  maîtres 
et  de  quelques  ouvrages  de  fauteur  ;  Paris, 
Schonenberg ,  1  vol.  grand  in-4°  :  bon  guide 
pour  la  connaissance  et  l'emploi  des  ressources 
de  l'orchestre. 

Les  compositions  de  Berlioz  qui  ont  été  pu- 
bliées sont  :  1°  Ouverture  de  Waverlcy,  partition 
et  parties  séparées,  et  arrangée  pour  le  piano; 
Paris,  Richaull.  —  2°  Irlande,  recueil  de 
neuf  mélodies  à  une  et  deux  voix,  et  chœur, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  2  ;  ibid.  — 
3°  Ouverture  des  Francs-Juges,  partition  et 
parties  séparées ,  arrangée  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  3  ;  ibid.  —  4°  Ouverture  du  Roi 
Lear,  tragédie  de  Sliakspeare,  partition  et  par- 
ties séparées  ,  et  pour  le  piano  à  quatre  mains  , 
op.  4  ;  ibid.  —  5°  Messe  des  morts  (  Requiem  ), 
partition  et  parties  du  chœur,  op.  5  ;  Paris, 
Brandus. —  fi"  Le  Cinq  mai,  ciiant  sur  la  mort  de 
l'empereur  Napoléon,  pour  voix  de  basse  avec 
chœur,  partition  et  parties  séparées ,  op.  6; 
Paris,  Ricliauit.  —  7o  Les  Nuits  d'été,  six 
mélodies  à  voix  seule  avec  piano,  op.   7;  ibid. 

—  8"  Rêverie  et  caprice,  romance  pour  violon 
et  orchestre,  partition  et  parties,  op.  7;    ibid. 

—  9°  Ouverture  ih\  Carnaval  romain  (2'' ou- 
verture de  Benvenulo  Cellini) ,  partition  et 
parties;  arrangement  pour  le  piano  à  qua- 
tre mains,  op.  9  ;  Paris,  Brandus.  —  10"  Sara 
la  baigneuse,  ballade  pour  trois  chœurs  et 
orchestre,  partition  et  parties  de  chœur,  op. 
11  ;  Paris,  Richault.  —  11"  Za  Captive,  rêverie 
pour  contralto  ou  mezzo  soprano  et  orchestre,  ou 
piano;  op.  12,  ibid.  —  12o  Fleurs  des  Landes, 
cinq  mélodies  pour  une  et  deux  voix  et  chœur 


avec  piano,  op.  13  ;  ibid.  —  13"  Épisode  de 
la  vie  d'un  artiste,  symphonie  fantastique  en 
cinq  parties,  partition  et  parties  séparées,  parti- 
tion de  piano  par  Liszt,  op.  14  ;  Paris,  Brandus, 

—  14°  Le  Retour  à  la  vie,  mélologue  (Mélange 
de  musique  et  de  discours),  avecsolos  de  chant, 
cJiœur  et  orchestre,  suite  de  la  symphonie 
fantastique,  op.  14  bis;  Paris,  Riciiault.  — 
15"  Symphonie  funèbre  et  triomphale  en  trois 
parties,  pour  grande  harmonie,  avec  un  second 
orchestre  d'instruments  à  cordes  et  un  chœur 
(ad  libitum),  partition  et  parties  séparées,  op.  16  ; 
Paris,  Brandus. — lù'^IIarol^en  Italie,  sympho- 
nie en  quatre  parties,  partition  et  parties  séparées, 
op.  16;Paris,  Brandus. — 17°  Roméo  et  Juliette, 
grande  symphonie  dramatique  avec  chœurs,  solos 
de  chant  et  prologue  choral,  partition  et  parties 
séparées,  op.  17;  ibid.  —  18"  Tristia,  trois 
chœurs  avec  orchestre,  partition  et  parties  sé- 
parées, op.  18;  Paris,  Richault.  —  19°  Feuillets 
d'album,  six  mélodies  pour  une  et  deux  voix  et 
chœur  avec  accomp.  de  piano,  op.  19.-20°  Vox 
populi ,  deux  grands  chœurs  avec  orchestre , 
partition  et  accomp.  de  piano,  op.  20  ;  Paris,  Ri- 
hault.  — 21°  Ouverture  du  Corsaire,  partilion 
et  parties  séparées  ;  arrangement  de  piano  à  4 
mains,  op.  21  ;  ibid.  —  22"  Te  Deum  à  deux 
chœurs,  orchestre  et  orgue  obligé,  op.  22. 
—23°  Benvenuto  Cellini,  opéra  en  deux  actes  : 
neuf  morceaux  de  chant  détachés  avec  ac- 
comp. de  piano,  ont  été  publiés  chez  Brandus. 

—  24°  La  Damnation  de  Faust,  légende  en 
quatre  actes.  La  marche  hongroise  de  cet 
ouvrage  a  été  publiée  seule,  à  Paris ,  chez 
Brandus.  —25»  La  Fuite  en  Egypte,  oratorio 
en  trois  parties  intitulé  Mystère,  partition  et 
parties  séparées;  Paris  ,  Richault. —  28"  L'In- 
vitation à  la  valse  de  Weber,  instrumen- 
tée pour  orchestre  par  Berlioz;  Paris,  Bran- 
dus. —  27°  La  Marseillaise  de  Rouget  de 
risie,  idem  ;  ibid.  —  28°  Marche  marocaine  de 
Léopold  de  Mayer,  idem;  Paris,  Escudier.  Ber- 
lioz est  membre  de  l'Institut  (classe  des  beaux- 
arts),  bibliothéciure  du  Conservatoire  impérial 
de  musique,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  et 
décoré  de  plusieurs  ordres  étrangers. 

BERLOT  (  M"^  Elisa  ) ,  protesseur  de  piano 
à  Paris,  est  née  dans  cette  ville  en  1802.  Fille 
d'un  peintre  qui  était  attaché  comme  violoniste  à 
rOpéra-Comique,  elle  fut  destinée  à  la  musique 
dès  son  enfance,  et  placéeau  Conservatoire  counne 
élève.  Elle  y  reçut  des  leçons  de  piano  de  Pra- 
dher,  et  y  obtint  au  concours  un  premier  prix 
pour  cet  instrument.  Elle  a  publié  environ  quinze 
œuvres  qui  consistent  principalement  en  airs 
variés  et  fantaisies  sur  des  thèmes  anglais  ,  aile- 


BERLOT  —  BERNABEI 


niands,  sur  b  tyrolienne  de  M""  Gail,  la  ronde 
d'Emma,  de  M.  Auber,  les  airs  de  la  Dame 
blanche,  etc.  Tous  ces  morceaux  ont  été  gravés 
à  Paris. 

BERLS  (Jean-Rodolphe)  ,  organiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Alach,  près d'Erfiirt ,  le»  mai 
1758.  A  l'âge  de  huit  ans  il  prit  des  leçons  de 
piano  et  de  violon  de  Kreuzmûller,  et  Wethmar 
lui  donna  des  leçons  de  chant.  En  1771 ,  il  entra 
ail  gymnase  d'Erfurt,  et  se  lia  d'amitié  avec  quel- 
ques élèves  de  Kittel  qui  lui  enseignèrent  à  jouer 
de  l'orgue.  Reicliardt,  recteur  du  gymnase  et  or- 
ganiste de  l'église  du  Commerce,  lui  donna  en- 
suite des  leçons  d'harmonie  et  de  composition. 
Nommé,  en  1780,  organiste  à  Noeda,  dans  la 
Thuringe ,  il  y  a  passé  le  reste  de  ses  jours.  Il 
a  composé  des  morceaux  de  musique  d'église 
pour  toutes  les  tètes  de  l'année ,  des  oratorios, 
des  cantiques,  des  symphonies,  des  sonates  à 
quatre  mains  pour  le  piano,  et  quatre-vingt-seize 
variations  sur  un  air  allemand.  Tousces  ouvrages 
sont  restes  en  manuscrit.  Il  a  publié  à  Leipsick, 
en  1797,  Trente  mélodies  nationales  pour  le 
piano.  Un  second  recueil  devait  suivre  le  pre- 
mier, mais  il  n'a  pas  paru. 

BERMAIVI  (...),  amateur  de  musique  et 
littérateur  à  Milan,  a  publié  un  petit  écrit  in- 
titulé: Schizzi  sullavita  esulle opère  del  maes- 
tro Giuseppe  Verdi  (Esquisses  sur  la  vie  et 
les  œuvres  du  maître  Joseph  Verdi  ).  Milan , 
Ricordi,  in- 8°. 

BERME  JO  (  Pedro  ) ,  maître  de  chapelle  de 
la  cathédralede  Salamanque  vers  la  fin  du  XVI* 
siècle,  a  laissé  en  manuscrit  de  très-bonnes  com- 
positions qui  se  trouvent  dans  les  archives  de 
plusieurs  églises  d'Espagne. 

BERHIUUO  (Jean),  moine  franciscain  à 
Eioja  en  Andalousie,  né  à  Assigi  en  Bœlique, 
vers  1510,  a  écrit  un  traité  de  musique,  dont 
le  premier  livre  a  paru  sous  ce  titre  :  Comiença 
cl  lïbro  primero  de  la  deflaracion  de  instru- 
menlos  ,  dirigidoal  clementissimo  y  muij  pu- 
droso  Don  Joan  tercero  deste  nombre  Rey  de 
Portugal.  A  la  lin  de  ce  premier  livre ,  on 
trouve  cette  souscription  :  Fu  inipressa  la  pré- 
sente obra  en  la  villa  de  Ossiina  por  el  ho- 
norado  Varon  Juan  de  Léon,  impressor  delà 
Universidad  del  illustrissimo  Seùor  don  Juan 
Tellez  Giron,  condc  de  Urena,  etc  :  Acabo se 
a  diez  y  siete  dias  del  mes  de  settembre  ano 
del  Seùor  de  mil  y  quincientos  y  quaranta 
y  nueva  (le  17  septembre  1549  ) ,  y/ue  la  pri- 
mera impression  esta,  in-4".  Ce  volume  (très- 
rare)  est  composé  de  145  feuillets  chiffrés  an 
recto.  A  la  (indu  I44e  feuilleton  trouveces  mots  : 
Fin  del  libro  primero.  Il  est  évident  que  d'au- 


tres livres  devaient  suivre  le  premier;  car  l'au- 
teur ne  traite  dans  celui-ci  que  des  princi()es  de 
la  musique,  du  chant ,  et  non  9es  instruments, 
comme  le  titre  «le  l'ouvrage  l'annonce.  Or  on 
lit  au  feuillet  xiii  (verso)  :  «  Il  y  a  trois  sortes 
n  d'instruments  dans  la  musique;  les  uns  sont 
«  appelés  naturels  :  ce  sont  les  hommes,  dont  le 
«  chant  est  dit  harmonie  mîisicale.  D'autres 
«  sont  artificiels  et  se  jouent  par  le  toucher,  tcU 
«  que  la  viole,  la  harpe  et  leurs  analogues  :  la 
«  musique  de  ceux-ci  est  appelée  artificielle  ou 
«  rhythmique.  La  troisième  espèce  d'instru- 
«  ments  est  pneumatique,  comme  la  flûte,  la 
«  douçaine  et  les  orgues  (l).  >>  On  voit  que 
la  suite  de  l'ouvrage  devait  traiter  des  instru- 
ments à  cordes  et  à  vent.  M.  Mariano  Soriano 
Fuértes  nous  apprend,  en  effet  (  Historia  de  la 
musica  espagîiola, \.om.  II,  pag.  120,  n.  2),  que 
la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid  possède  l'ori- 
ginal des  quatre  livres  de  l'ouvrage  de  Bermudo, 

dans  la  section  des  manuscrits.  Si  l'édition  de  1599 

• 

indiquée  par  le  catalogue  delà  Bibliothèque  musi- 
cale du  roi  de  Portugal  dressé  par  Craesbeck  n'est 
pas  une  faute  d'impression,  elle  doit  être  la 
troisième,  car  Nicolas  Antonio  en  cite  une  autre 
(  Bibliot.  hisp.  )  sous  ce  titre  :  Libro  de  la 
declaracion  de  instrumentas  ;  Grenade,  1555, 
in-4''.  Waltlier  (  Musical.  Lexikon  )  s'est  trompé 
d'un  siècle,  en  portant  l'édition  de  1549  à  1649. 
BERNABEI  (  Joseph-Hekcule  ),  savant 
compositeur  de  l'École  romaine  ,  naquit  vers 
1620  à  Caprarola,  bourg  des  États  de  l'Église. 
Il  eut  pour  maître  dans  l'art  d'écrire  Horace 
Benevoli.  Ses  études  étant  terminées,  il  rem- 
plit d'abord  les  fonctions  de  maître  de  chapelle 
à  Saint  Jean  de  Latran,  depuis  le  mois  de  dé- 
cembre 1662  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  mars 
1667.  De  là  il  passa  au  .service  de  l'église  Saint- 
Louis  des  Français.  A  la  mort  d'Horace  Bene- 
voli, son  maître,  le  chapitre  du  Vatican  le 
nomma  son  successeur,  comme  maître  de  la  cha- 
pelle Giulia,  le  20  juin  1672;  mais  il  n'occupa 
cette  place  que  peu  de  temps ,  car  Jean  Ga- 
pard  de  Kerl  ayant  quitté  le  service  de  la  cour 
de  Munich  en  1673,  le  prince  électoral  de  Ba- 
vière appela  Barnabei  pour   lui   succéder  (2). 


(l)Tres  instrumentos  ay  para  Miisica;  unos  se  liaman 
naturales,  y  estos  son  los  hombres  :  cl  canto  de  los  qiiales 
es  dicha  hariiionia  ir.iisical.  Otros  son  artificialcs  de  to- 
que, y  son  vihuela.li.irpa  y  suos  semeyantes;  la  musica  de 
los  qualfs  es  dicha  nrliCcial.o  rhytlimica.  I.os  lerceros 
Instnimentos  son  de  ayra.como  es  le  Hauta,  diiçayna  y 
organos. 

(21  Biirney,  qui  a  été  copié  par  les  auteurs  du  Diction- 
naire des  mmiciens  (  Paris,  1810).  et  par  l'ablié  Berlini 
[Dizzion.  dcgli  scrittori  di  wiisiva)  ,  est  tombé  dans 
une  singiilicro  inadvertance  sur  la  date  delà  nomination 


BERNABEI  —  BERNACCHI 


367 


Arrivé  ilans  celte  cour,  il  y  écrivit  l'opéra  intitulé, 
■  a  Conquista  del  vello  d'oro  in  Colco,  qui 
fut  représenté  eu  1674,  et  la  môme  année  la 
Fabrica  di  corone.  En  lôSO,  il  donna  aussi  : 
Jl  Litigio  del  cielo  e  dellu  terra,  conciliato 
dalla  félicita  di  Baviera.  Il  mourut  à  Munich 
en  1690, à  l'âge  d'environ  70  ans.  Ses  meilleurs 
élèves  sont  Augustin  Steffani  et  Joseph-Antoine 
Bernabei,  son  fils.  On  conserve,  dans  les  archives 
de  la  basilique  du  Vatican ,  des  messes,  des 
psaumes  et  des  offertoires  à  quatre,  huit,  douze 
et  seize  voix  composés  par  ce  maîlre  -.  ces  com- 
positions sont  inédites.  On  trouve  dans  la  col- 
lection de  l'abbé  Santini,  à  Rome,  des  Magnificat, 
Improperi  à  2  chœurs,  un  Ave  Regina,  canon 
à  7  voix  et  un  Te  Deum  à  8  voix,  d'Hercule  Ber- 
nabei. Peu  d'ouvrages  de  sa  composition  ont 
été  publiés.  Je  ne  connais  que  ceux  dont  les  ti- 
tres suivent  :  —  !<>  Concerto  madrigalesco  a 
tre  vocï,  Rome,  1669  ;  —  2»  Madrigali  a  cinquc 
e  sei  voci,  Venise,  1609;  —  3"  Opus  motctto- 
rum,  Munich,  1690.  Cet  ouvrage  n'a  été  publié 
qu'après  la  mort  de  l'auteur.  Un  autre  recueil 
de  motets  de  Bernabei ,  à  trois  et  à  quatre  voix  , 
avec  ou  sans  instruments,  a  paru  aussi  à  Ams- 
terdam, en  1720,  in-fol.  La  musique  d'église  de 
ce  compositeur  appartient  à  l'école  du  style  con- 
certé ,  qui,  parmi  les  maîtres  romains,  succéda 
au  style  pur  et  sévère  de  Palestrina.  La  facilité 
de  Bernabei  à  traiter  dans  ce  style  les  composi- 
tions à  grand  nombre  de  parties,  égale  presque 
celle  de  Benevoli.  Je  possède  un  Dixit  de  ce 
grand  maître  pour  huit  voix  réelles  avec  instru- 
ments, composé  à  Munich  en  1678;  ce  morceau 
peut  être  considéré  comme  un  chef-d'œuvre  en 
son  genre.  . 

BERNABEI  (  Joseph-Antoine  ) ,  fils  du 
précédent,  naquit  à  Rome,  en  1659,  et  fut  élève 
de  son  père  avec  lequel  il  alla  à  Munich.  Il  com- 
posa pour  cette  cour  les  opéras  suivants  :  Al- 
vida  in  Abo,  en  1678;  Enea  in  Itatia,  1679; 
Ermione,  1 1  juillet  1680;  Nlobe  reginadi  Tebe, 
1688;  la  Gloria  festeggiante ,  17  janvier  1688. 
Après  la  mort  de  son  père  (en  1690),  il  fut 
nommé  directeur  de  la  chapelle  du  prince  électo- 
ral et  ensuite  conseiller  de  ce  prince.  On  a  impri- 
mé les  ouvrages  suivants  de  sa  composition  : 
ioOrphcus  ecclesiasticus,  consistanten  plusieurs 
messes;  Augshourg,  1698;  —  Missx  VII  cuni 
quatuor  vocibus  rip.;  Vienne,  1710,  in-fol.  Le 
père  jMarlini  a  inséré  dans  son  Essai  fondamen- 
talpralique  de  contre-point  fugué  (t.  Il,  p.  127), 

de  Bernabei  A  In  place  de  m.iitrc  de  cliapcUc  à  Municti; 
ii  la  place  en  1630  :  cependant  il  avoue  qu'il  succéda  i\ 
Benevoli  dans  la  iilace  de  niailre  de  chapelle  du  Vatican  ; 
or  celui-ci  ne  mourut  qu'en  i672. 


un  Agmis  Dei  à  quatre  voix  de  cet  auteur,  et, 
p.  221,  un^re  Regina  cœlorum,  à  sept,  remar- 
quable par  un  triple  canon  fort  bien  fait;  mais 
ce  morceau  appartient  à  Hercule  lîernabei.  Je 
possède  un  volume  in-fol.  manu.scrit  qui  con- 
tient vingt-quatre  hymnes  à  4  voix  et  basse 
continue  pour  l'orgue,  composées  par  Joseph 
Antoine.  Cet  artiste  mourut  à  Munich  ,  le  9 
mars  17.32,  à  l'âge  de  73  ans. 

BERNABEI  (  Vincent  ),  second  fils  d'Er- 
cule,  naquit  à  Rome,  en  166G,  et  (ut  élève  de 
son  père.  On  connaît  plusieurs  opéras  de  sa 
composition  ,  parmi  lesquels  on  remarque  celui 
d'^'rac/io,  représenté  à  ÎMuiiich,  en  1690.  Il 
a  fait  représenter  aussi  à  Vienne  gli  Accidenti 
d'amore,  vers  1689. 

BERNACCHI  (Antoine),  célèbre  sopra- 
niste,né  à  Bologne,  vers  1700,  s'est  fait  une 
grande  réputation  comme  chanteur  et  comme 
professeur.  Elève  de  Pistocchi,  il  passa  plusieurs 
années  chez  cet  habile  maître  ,  qui  l'assujettit  à 
de  longs  exercices  pour  assurer  la  pose  de  la 
voix,  l'émission  du  son  et  le  phrasé.  Ses  progrès 
justifièrent  les  soins  du  professeur,  et  son  ap- 
parition sur  le  théâtre  produisit  un  effet  si 
extraordinaire,  qu'il  fui  appelé  le  roi  des  chan- 
teurs. Son  premier  début  eut  lieu  en  1722;  peu 
de  temps  après  il  entra  au  service  de  l'électeur 
de  Bavière  et  ensuite  à  celui  de  l'empereur.  En 
1730,  il  fut  engagé  par  Handel  pour  le  théâtre 
qu'il  dirigeait  à  Londres.  Ce  fut  vers  cette 
époque  que  ce  grand  chanteur  changea  sa  ma- 
nière, et  qu'il  fit  entendre  pour  la  première  fois 
les  traits  de  chant  auxquels  les  Français  donnent 
le  nom  de  roulades.  Ce  nouveau  style  eut  un 
succès  prodigieux  et  entraîna  tous  les  chanteurs 
dans  une  route  nouvelle ,  malgré  les  cris  des 
partisans  de  l'ancienne  méthode,  qui  accusaient 
Beinacchi  de  perdre  l'art  du  chant.  Marliuelli, 
dans  son  Dictionnaire  d'anecdotes,  dit  de  lui 
qu'il  avait  sacrifié  l'expression  au  désir  de 
montrer  son  habileté  dans  l'exécution  des  pas- 
sages les  plus  difliciies.  Aigarotti  semble  con- 
firmer ce  jugeuienf,  dans  son  Essai  sur  l'opéra, 
en  disant  qu'il  était  lauteurdesabusqui  se  glis- 
sèrent alors  dans  le  chant.  J. -J.Rousseau  assure 
même  (Dictionnaire  de  Musique)  que  Pistocchi, 
ayant  entendu  son  ancien  élève,  s'écria  :^/s, 
malheureux  que  je  suis!  je  Vai  appris  à. 
chanter,  et  tu  veux  jouer.  Quoi  qu'il  en  soit, 
le  désir  de  propager  sa  nouvelle  manière  enga- 
gea Beruacclii  à  retourner  en  Italie,  vers  1736, 
pour  y  fonder  une  école  de  chant  d'où  sont 
sortis  Raff,  Amadori,  Maaciai,  Guarducci  et  une 
foule  d'autres  virtuoses.  Il  n'est  pas  inutile  de 
faire   ohstr\ei    (itio,   nonobstant  l'opinion  des 


3CS 


BERISACCHI  —  BERNARD 


écrivains  qui  ont  attribué  à  Bernacclii  l'inven- 
tion des  gorgheggi  ou  roulades,  il  ne  fit  que 
remettre  en  usage  des  traits  qui  avaient  été 
employés  dès  le  seizième  siècle ,  avant  que  la  mu- 
sique de  théâtre  eût  pris  un  caractère  purement 
expressif,  et  qu'il  leur  donna  seulement  une 
t'orme  plus  développée  et  plus  analogue  au 
caractère  de  la  musique  instrumentale.  Bernac- 
chi  fut  aussi  habile  compositeur  :  ses  maîtres 
de  contre-point  avaient  été  Joseph-Antoine  Ber- 
naie  et  Jean-Antoine  Riccieiri.  La  Bibliothèque 
du  Conservatoire  de  Paris  possède  des  airs  et 
des  duos  avec  basse  continue  de  sa  composition. 
Admis  dans  l'Académie  des  philharmoniques 
de  Bologne  en  1722,  il  en  fut  prince  dans  les 
années  1748  et  1749.  On  ignore  la  date  de  sa 
mort. 

BERNAL  (Don  José)  ,  chantre  de  la  cha- 
pelle de  Charles-Quint,  en  Espagne,  vécut  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  quelques  compositions  pour  l'église, 
qui  se  trouvent  à  la  bibliothèque  de  l'Escurial. 

BERNARD  (Saint),  naquit  en  10yi,au  village 
de  Fontaine  eu  Bourgogne.  Après  avoir  fait  de  bril- 
lantes études  dans  l'Université  de  Paris,  il  pro- 
nonça ses  vœux  dans  le  cloître  de  Cîteau\,  et 
peu  de  temps  après  il  fut  nommé  abbé  de  Clair- 
vaux.  En  1140,  il  assista  au  concile  de  Sens,  et 
plein  d'un  zèle  ardent  il  y  provoqua  la  con- 
damnation d'Abélard.  Chargé  par  Eugène  111  de 
prêcher  une  croisade ,  il  s'en  acquitta  avec  dé- 
vouement et  sut  déterminer  Louis  VII  à  partir 
pour  la  Palestine,  malgré  les  avis  de  Snger,  abbé 
de  Saint-Denis.  Bernard  mourut  le  20  avril 
1153,  après  avoir  fondé,  tant  en  France  qu'en 
Allemagne  et  en  Italie,  cent  soixante  maisons  de 
l'ordre  qu'il  avait  institué.  Un  volume  pubhé 
à  Leipsick,  en  1517,  par  le  P.  Michel,  prieur  du 
couvent  des  Bernardins  de  Celle,  dans  le  Hano- 
vre, renferme  divers  opuscules  concernant  le  plain- 
cliant,  attribués  à  saint  Bernard,  ainsi  que  quel- 
ques autres  qui  sont  relatifs  à  la  liturgie  de  l'ordre 
fondé  par  cet  homme  illustre.  Ce  volume  a  pour 
titre  :  Contentoruvi  in  hoc  volumine  index.  — 
Isagoge  in  musicam  melliflui  doctoris  sancti 
Bernhardi.  —  Opus  rnusicum  divi  ac  diilcis- 
simi  Bernhardi.  —  Appendix  de  injlectioni- 
bus  oclo  tonorum.  —  Modulus  psallendi 
metri  primi.  —  Institutio  divi  ac  doctïssimi 
Bernhardi, qiiomodo  psallendum.  —  Formu- 
las pronunciandi  lectiones  et  collectas  in  di- 
vïnisofficiis.k  la  dernière  page,  on  lil  :  Lipsiœex 
«fficina  Melchioris  (sic)  Lottheri.  Anno  Do- 
inlnico  millesimo  quingentesimo  decimo  septi- 
1)10;  in-4"'  de  55  feuillets.  Un  exemplaire  de  ce  vo- 
lune  rarissime  se  trouve  dans  la  bibliothèque  des 


amis  de  la  musique  de  l'empire  autrichien,  à 
Vienne.  Kiesewetter,  qui  en  donne  la  descrip- 
tion (1),  dit  qu'il  a  été  inconnu  à  tous  les  bi- 
bliographes; mais  il  est  mal  informé ,  car  il  est 
indiqué  dans  le  i\eues  Repertorimn  von  selte- 
nen  Buchern;  Nuremberg,  1797,  suppl.,  p.  22. 
Les  pièces  attribuées  par  l'éditeur  du  recueil 
à  saint  Bernard  sont  :  1°  une  lettre  dans  laquelle 
ce  saint  personnage  rend  compte  de  la  mission 
qui  lui  a  été  donnée  par  les  abbés  de  l'ordre  de 
Cîteauxdecorriger  l'Antiphonaire  pourl'usage  des 
bernardins,!  du  soin  qu'il  a  pris  de  s'adjoindre 
quelques  hommes  instruits  dans  cette  matière, 
et  des  travaux  de  ceux-ci  pour  s'acquitter  de 
leur  tâche;  —  2°  un  petit  traité  du  plain -chant, 
improprement  appelé  Préface  de  l'Antiphonaire 
cistercien; — 3°  et  enfin,  le  Tonaire ou  Tonale, 
autre  traité,  en  forme  de  dialogue,  sur  la  consti- 
tution des  huit  tons.  Mabillon  a  inséré  les  deu\ 
premières  pièces  dans  le  deuxième  volume  de 
son  édition  des  Œuvres  de  saint  Bernard,  pu- 
bliée en  1719;  mais  il  a  eu  des  doutes  sur  l'au- 
thenticité du  Tonale  et  s'est  abstenu  de  le  pu- 
blier. On  peut  voir  ses  observations  à  ce  sujet  dans 
le  volunie  cité  précédemment  (p.  691).  On  peut 
consulter  aussi  r//is<Oifre  littéraire  de  saint  Ber- 
nard,  par  D.  Clémencet  (Paris,  1773  ,  in-4°), 
qui  forme  le  treizième  volume  de  l'Histoire  lit- 
téraire de  la  France  par  les  bénédictins.  Le 
P.  Hommeyn'a  pas  eu  les  scrupules  de  Mabillon, 
car  il  a  admis  le  Tonale  comme  un  ouvrage  de 
saint  Bernard  dans  ses  Suppléments  des  Pères  (2). 
Mais  le  P.  Maurice,  religieux  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux  dans  un  couvent  de  la  Bohême,  qui  avait 
examiné  le  recueil  du  P.  Michel  de  Celle,  n'hésite 
pasà  rejeter  le  Zonoie, comme indignede  cegrand 
homme,  à  cause  de  son  style  barbare.  «  Il  faut 
«  qu'on  sache,  dit-il,  que  saint  Bernard  n'a  pas  écrit 
«  Vlntonaire  ou  Traité  de  la  musique  chorale, 
«  mais  que  celui-ci  a  été  publié  sous  ses  aus|)i- 
«  ces;  car  je  pense,  ajoute-t-il,  que  le  saint  doc- 
(c  leur  avait  trop  d'élégance  en  latinité  pour 
«  s'être  servi ,  sans  nécessité,  d'expressions  bar- 
«  bares,  et  qu'enfin  il  n'a  pu  écrire  ni  une 
«  préface  aussi  longue,  ni  même  les  dialogues 
«  entre  le  maître  et  l'élève,  etc.  (3).  «  Le  prince- 
abbé  Gerbert ,  qui  ne  se  prononce  pas  sui-  la 
question  si  le  To/m/e  est  l'œuvre  de  saint  Bernard 
ou  s'il  a  été  écrit  sous  sa  direction,  l'a  inséré  dans 
sa  Collection  des  écrivains- ecclésiastiques  sur 
la  musique  (tome  II,  p.  215-277).  Le  P.  Lanibil- 

(i)  Dans  le  supplément  de  sa  dissertation  sur  la  vie  et 
les  travaux  de  Guido  d'Arezzo,  p.  48. 

(t) Supplemeidum  Patrum,  Paris,  1684,  1  vol.  in-n". 

(3)  Conclave  thesauri  magnx  artis  musicx ,  l'ragse, 
1719,  in- fol. ,  p.  63. 


BEKINARDl 


309 


loie{Voij.  ce  nom)  adonné  la  traduction  française 
(le  la  Letirede saint  Bernard,  de  la  [)lus  grande 
partie  du  traité  du  chant  intitulé  :  Préface  de 
VAntiphonaire  cistercien,  et  enfin  de  tout  le 
Tonale,  dans  le  livre  auquel  il  a  donné  le  titre 
à' Esthétique,  théorie  et  pratique  du  chant 
grégorien  (p.  219-265). 

BERNARD  ,  surnommé  de  VENTADOUR, 
troubadour  du   douzième   siècle,  élait  (ils  d'un 
serviteur  de  la  noble  famille  de  Ventadour,  d'où 
lui  est  venue  la  qualification   jointe  à  son  nom. 
Admis  dans  la  société  des  grands ,  à  cause  de 
ses  talents  pour  la  poésie  et  pour  la  musique  ; 
aimé  des  plus  nobles  dames  pour  sa  beauté  et 
la  distinction  de  sa   personne,  il  consacra  ses 
chants  à  l'amour,  et  osa  adresser   ses   homma- 
ges à    la  belle  Agnès  de  Monlluçon,  vicomtesse 
de  Ventadour,  qui  les  accueillit  avec  faveur.  Les 
chansons    amoureuses   de    Bernard    présentent 
l'histoire  des  progrès  de  sa  passion ,  qui  eut  le 
sort  ordinaire  des  aventures  de  ce  genre ,  fort 
communes   alors  entre  les  troubadours  et    les 
nobles  châtelaines.  Le  vicomte   de  Ventadour 
eut   des  soupçons,  qui  ne  tardèrent  pas  à    se 
ciianger  en  certitude.   11  enferma  sa  femme  et 
chassa  son  vassal  de  ses  domaines.  Les  chansons 
composées  par  Bernard  après  cette  époque  nous 
apprennent  que  son  désespoir    fit  place  à  d'au- 
tres amours.  Éléonore  de  Guyenne,  devenue  en 
1152  duchesse   de  Normandie,  après  avoir  été 
reine  de  France  et  répudiée   par  Louis  VII,  re- 
çut Bernard  à  sa  cour,  et  eut  avec  lui"  un  com- 
merce de  galanterie   qui   ajouta  à  sa  célébrité. 
Lorsqu'elle  accompagna   son  époux  en  Angle- 
terre, en  1154,  Bernard  n'obtint  pas   la  permis- 
sion de   la  suivre.  Il  se  retira   alors    près    de 
Raymond  V,  comte  de  Toulouse  ,  et,  gu^ri  de  sa 
passion  pour   les  aventures   galantes ,    il  passa 
près  de  ce  prince  de  longues  années,  uniquement 
occupé  des  plaisirs  de  la  table,  de  chant  et  de 
poésie.   Après  la  mort  de  Raymond,   er^    1194, 
Bernard,  devenu  vieux,  se  retira  à  l'abbaye  de 
Dolon,  dans  le  Limousin,  et  y  mourut  vraisem- 
blablement avant   la    fin  du   douzième   siècle. 
On  a  environ  cinquante  chansons  de  ce  trouba- 
dour en    manuscrit  ;   seize   ont  leurs  mélodies 
notées. 

BERNARD  (Émery),  né  à  Orléans,  dans  le 
seizième  siècle,  a  écrit  :  Brieve  et  facile  méthode 
pour  apprendre  à  chanter  en  musique  ;  Paris, 
Jehan  Petit,  1541,  in-3o.  11  y  a  eu  deux  autres 
éditions  de  ce  livre  ;  l'une  publiée  à  Orléans ,  en 
1561,  in-4",  et  l'autre  à  Genève,  en  1570, 
in-8°. 

BERÎVARDI  (Etienne),  maîlre  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Vérone,  et  maître  de  la  mii- 

BlOCn.    UMV.    DES    MrSICIFAS.  —   T.    1. 


sique  des  académiciens  philharmoniques  de  la 
même  ville,  naquit  vers  la  (in  du  seizième  siècle. 
11  semblerait,  d'après  le  titre  d'un  livre  de  ses 
motets,  imprimé  à  Salzbourg  en  1634,  qu'il 
était  alors  chanoine  et  maître  de  chapelle  de 
cette  dernière  ville,  car  on  y  lit,  après  son  nom  : 
Canonicus  zu  St.  Màrise  ad  Nives  und  Me- 
tropoHtanx  ecclesix  zu  Salzburg.  Cependant 
Mazzuchelli  (Gli  Scrittori  d'Italia)  et  Quadrio 
{S(or.  e  rag.  d'ogni  poesia,  c.  170  et  17  8 
agg.  e  carrez,  t.  VII)  n'en  disent  rien.  On  a 
de  Bernardi  un  petit  traité  élémentaire  de  com- 
position intitulé  :  Porta  musicale  per  la  quale 
il  principiante,  con  facilebrevità,  all'acquista 
délie  perfette  regole  del  contrapunto  vien 
introdotto.  Vérone,  1615,  in-4°  de  20  pages.  La 
seconde  édition  a  paru  à  Venise ,  chez  Alexandre 
Vincent!,  en  1639,  in-4o.  Cet  ouvrage  a  le 
mérite  de  la  clarté  et  de  la  concision.  Bernardi 
promettait,  dans  sa  préface,  de  donner  une  se- 
conde partie,  qui  aurait  contenu  les  règles  des 
divers  contrepoints  doubles  ,  celles  des  modes  , 
des  temps  et  des  prolations ,  etc.;  mais  il  ne 
paraît  pas  qu'il  ait  tenu  sa  promesse.  Les  com- 
positions de  ce  maître  sont  :  1°  Madrigali  a 
quat/7-o,  leil-  —  2°  Madrigali  a    5ei,  lib.  1. 

—  3"  Idem,  a  tre,  lib.  1  op.  3. —  4°  Salmi  a 
quattro,  op.  4;  Venise,  Alexandre  Vincenti , 
1621.  Une  deuxième  édition  a  été  publiée  par  le 
même,  à  Venise,  en  1628,  in-4''.  — 5°  //  seconda 
libro  de  Madrigali  a  cin^/î^e  ;  Venise ,  1616, 
in-4"'.  —  6°  Misse  a  quattro  e  cinque  voci , 
op.  6.  —  7°  Salmi  acinque  voci,  op.  7  ;  Venise, 
Alexandre  Vincenti,  1626,  in-4*.  —  S»  Concerti 
accademici,  lib.  1,  op.  8.  —  9°  Madrigali  a 
cinque  voci,  lib.  2,  op.  9.  —  10°  Il  ierzo  libro 
di  Madrigali  a  cinque  voci ,  concertati  con 
un  basso  continua  per  sonare,  op-  10  ;  Venise, 
1619,  in-i°.  —  1  r  Madrigali  a  sei ,  lib.  2  ,  op. 
i\..—  {2°  Madî'igalia  due  e  ^re,  lib.  2,  op.  12; 
Venise,  Al.  Vincenti,  1627,  in-4''.—  13°  Madri- 
gali a  sei,  lib.  3.  op.  13.  —  14»  Salmi  a  otto 
voci.  op.  14.  —  15°  Misse  a  otto  voci,  lib.  1. 

—  itj"  Idem,  lib.  2;  —  l7o  Salmi  a  quat- 
tro voci,  lib.  2;  Venise,  Alexandre  Vincenti, 
1632,  in-4".  —  18''  Motetti ,  Salzbourg,  1634, 
in-8°. —  i9°  Salmi  concertati  a  cinque  voci  rac- 
coltati  da  Aless.  Vincenti;  Venise,  Vincenti, 
1(537,  in-4''.  —  20'  Steph.  Bernardi  et  aliorum 
missai  quinque  voc.  cum  b.  e.;  Anvers,  1619. 
Le  style  de  ce  compositeur  est  lourd  et  manque 
d'élégance. 

BERNARDI  (François),  surnommé  Sene- 
sino,  sopraniste  excellent,  naquit  à  Sienne  veis 
1680,  et  fit  ses  études  musicales  à  Bologne, 
sous  la  direction  de  Bernacchi.  Le  nom  de  Se- 

24 


370 


BERNARDI  —  BERNASCONI 


ncxivo,  sous  lequel  il  est  connu  généralement, 
lui  fut  donné  à  cause  du  lieu  de  sa  naissance. 
Doué  d'une  voix  pénétrante,  égale  et  flexible, 
d'une  intonation  pure  et  d'un  trille  parfait,  il 
commença  à  fonder  sa  réputation  vers  1715  ; 
quatre  ans  après,  il  était  au  service  de  la  cour 
de  Dresde.  Hœudel  vint  l'y  cherclier  l'année 
suivante,  et  l'engagea  pour  son  théâtre  avec 
des  appointements  de  quinze  cents  livres  ster- 
ling, qui  furent  portés  ensuite  jusqu'à  trois 
mille  guinées.  Il  y  débuta  en  1721,  dans  l'o- 
péra de  Mucius  Scsevola,  avec  un  succès  qui 
ne  se  démentit  point  pendant  les  neuf  années 
qu'il  y  resta  ;  mais  s'étant  brouillé  avec  Hasndel 
en  1730,  celui-ci  l'éloigna  de  l'Opéra,  à  son 
propre  désavantage,  et  malgré  les  instances  des 
grands,  qui  voulaient  conserver  ce  grand  chan- 
teur. Un  autre  théâtre  d'opéra  fut  établi  par  les 
ennemis  de  Haendel ,  et  l'artiste  y  fut  engagé.  Se- 
nesino  demeurait  à  Florence  en  1739,  et  y  chanta, 
quoique  déjà  vieux,  un  duo  avec  l'impératrice 
Marie-Thérèse,  alors  archiduchesse  d'Autriche. 
On  ignore  l'époque  de  sa  mort.  La  manière  de 
Senesino  était  basée  sur  la  simplicité  et  l'expres- 
sion. 

BERNARDI  (Bartholomé),  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Danemark  et  académicien 
philharmonique  de  Copenhague ,  ttorissait  vers 
1720.  Il  était  né  en  Italie,  et  s'y  trouvait  encore 
en  1696,  comme  on  le  voit  par  le  titre  d'un 
de  ses  ouvrages.  On  connaît  de  lui  :  1"  Dodici 
Sonate  a  violino  solo  e  conUnuo.  —  2"  Sonate 
a  tre,  due  violini  e  vïoloncello  con  il  bassn  per 
Vorgano,  op, 2;  Bologne,  1696,  in-fol.  On  trouve 
dans  la  bibliothèque  royale,  à  Copenhague,  des 
caprices  et  des  concertos  de  sa  composilion. 

BERNARDI  (François),  flûtiste,  né  en  17G7, 
dans  la  basse  Autriche,  fut  attaché  comme  pre- 
mière flûle  au  théâtre  impérial  de  Vienne  pen- 
dant plusieurs  années.  Il  a  publié  environ  vingt 
œuvres  pour  son  instrument,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  1'  Concerto  pour  llûte  et  orchestre, 
op.  1  ;  —  2°  Quatuor  en  ré;  —  3°  Sept  œuvres 
de  variations  sur  différents  thèmes. 

BERNARDINI  (Marcello),  compositeur 
dramatique  qui  a  obtenu  des  succès  en  Italie, 
principalement  dans  le  genre  bouffe,  naquit  àCa- 
poue,  vers  1762,  et  fut  connu  généralement 
sous  le  nom  de  Marcello  di  Capua.  Ses  opé- 
ras, au  nombre  de  dix-neuf,  sont  les  suivants  : 
1"  L'Isola  incantata;  1784,  à  Pérouse.  — 
2'  La  Finta  Sposa  olandese;  1784,  à  Rimini. 

—  3°  /  tre  Or/ei,  intermezzo  ;  1784,  à  Rome. 

—  4°  Le  Donne  bisbetiche,  ossia  V  An  tiquai  io 
fanatico.  —  5°  //  Conte  di  lielVumore  ;  1786. 

—  60.  //    Barone  a  Jorza;  1783   à  Rome.  — 


7°  Le  Quattro  Slagioni;  17S8,  à  Albano.  — 
8°  Il  Fonte  d'acqua  gialla,  ossia  il  Trionfo 
délia  Pazzia;  à  Rome,  1787.  —  9°  Il  Bruto 
fortunato;  1788,  à  Civitg-Vecchia.  —  lOo  Gli 
Amanii  conjusi,  1788.  —  11°  La  Donna  di 
spirito;  1788,  à  Rome.  —  12°  La  Finta  Ga- 
lafea;  1789,  à  Naples.  —  13°  La  Fiera  di 
ForUpopoli;  en  1789,  à  Rome.  —  14°  Vul- 
tinia  che  si  perde  è  la  Speranza  ;  1790,  à 
Naples.  —  ib"  Il  Pizzarro  in  Peru;  1791,  à 
Naples. —  16°  L'Amo7-e  permagia;  1791.  — 
17°  La  Donna  bizzarra;  1793,  à  Vienne.  — 
18°  L'Allegriain  campagnia;  1794,  à  Venise. 
—  19°  La  Statua  per  puntiglio.  Les  ouvrages 
de  Bernardini  ont  eu  du  succès  dans  leur  nou- 
veauté, particulièrement  dans  le  style  bouffe,  où 
il  réussissait  mieux  que  dans  le  sérieux;  cepen- 
dant on  ne  peut  le  considérer  comme  un  artiste 
de  génie,  car  il  n'a  rien  inventé,  soit  dans  les 
formes  de  la  mélodie,  soit  dans  le  rhythme,  soit 
dans  l'harmonie. 

BERNARDINO  (Mistro  ou  Maestro),  or- 
ganiste vénitien  du  quinzième  siècle,  fut  nommé 
organiste  du  premier  orgue  de  Saint-Marc,  à 
Venise,  le  3  avril  1419,  et  en  remplit  les  fonc- 
tions jusqu'à  la  fin  de  mars  1445,  époque  vrai- 
semblable de  sa  mort.  On  ne  connaît  jusqu'à  ce 
jour  aucune  composition  de  ce  maître. 

BERNARDY  DE  VALERNES  (  Le  vi- 
comte  Edouard- Joseph  ) ,  membre  de  plusieurs 
sociétés  savantes,  né  à  Bonnieu ,  près  d'Apt,  le 
15  octobre  1763,  s'est  livré  avec  ardeur  à  la 
musique,  dès  sa  jeunesse.  Il  jouait  du  violon 
et  a  composé  des  duos,  des  trios  concertants 
pour  cet  instrument,  des  ouvertures,  des  sym- 
phonies et  un  opéra  en  un  acte  (  Antoine  et  Ca- 
mille), le  tout  an  nombre  de  vingl-huit  œuvres, 
dont  le  premier  a  été  gravé  à  Marseille ,  et  la 
plupart  des  autres  à  Paris.  Tout  cela  est  au-des- 
sous de  la  critique,  sous  le  double  rapport  de 
l'invenlion  et  de  la  facture. 

BERNASCONl  (André),  fils  d'un  officien 
français,  naquit  à  Marseille  (1)  en  1712,  dans 
un  voyage  que  ses  parents  firent  en  cette  ville. 
A  cette  époque  les  officiers  retirés  du  service  mili- 
taire ne  pouvaient  exercer  le  commerce  en  France, 
sans  perdre  leurs  droits  à  la  pension  ;  le  père 
de  Bernasconi  désirant  suivre  celte  carrière, 
alla  se  fixer  à  Parme.  Bernasconi  montra  dès 
son  enfance  du  talent  naturel  pour  la  musique; 

(i)  Et  non  à  Vérone  comme  le  disent  quelques  biogra- 
phes. On  a  dit  aussi  que  Bernasconi  était  né  à  Parme  , 
parce  que  les  livrets  de  ses  opéras  portent  tous  après  son 
nom  CCS  mots  ;  di  l'arma.  Ayant  été  élevé  dans  cette 
ville  et  y  ayant  passé  toute  sa  jeunesse,  il  était  considéré 
comme  parmesan  dans  toute  l'Ualie,  i 


BERNASCOrsl  —  BERNER 


çn   la  lui   fit  apprendre ,  et  ses  progrès  furent 
rapides.    Il  dut    bientôt    cliercher  des  moyens 
d'existence   dans   un  talent  qui    ne   lui   avait 
été  donné  que  comme  un  délassement.  Son  père, 
ayant  essuyé   des  revers   dans  son  commerce, 
en  mourut  de  chagrin,  et  il  fut  obligé  de  don- 
ner des  leçons  de  musique  pour  vivre.  11  se  li- 
vra avec  ardeur  à  l'élude  de  la  composition    et 
donna,  en   1741,  son  premier  opéra,  à  Venise, 
sous  le  titre  d^Alessandro  Severo.  11  alla  ensuite 
à  Rome  et  dans  plusieurs  autres  villes  d'Italie, 
pour  y  écrire  des  opéras,  et  partout  il  vit  s'ac- 
croitre  sa  réputation.  Lorsqu'il  revint  à  Parme, 
en  1747,  il  y  épousa  la  fille  d'un  capitaine  au- 
trichien ,  veuve  d'un  valet  de  chambre  du  prince 
de  VVjirtemberg.  Elle  avait  une  fille  de  son  pre- 
mier mariage  nommée  Antonia;  Bernasconi  lui 
donna  des  leçons  de  chant ,  et  lui  fit  acquérir  un 
beau  talent  en  quelques  années.  Il  avait  fait  pré- 
cédemment un  voyage  à  Vienne,  où  il  avait  écrit, 
en  1743,  l'opéra  intitulé  ia  Ninfa  Apollo  ;  l'an- 
née suivante  Temistocle  ,  et  ensuite  Antigone, 
qui  eurent  beaucoup  de  succès.  En  1754,  il  se 
rendit  à  Munich  ,  et  y  donna  Bajazct  et  l'Ozio 
fugato  dalla  Gloria.  L'année  suivante,  l'élec- 
teur Maximilien  III  le  nomma  maître  de  chapelle. 
Sa  femme  étant   morte  en    1756  ,  il  se  remaria 
l'année  suivante  avec  Catherine  de  Loew,  qui 
vivait  encore  à  Munich  en   1811.  Il  en  eut  une 
fille  nomme    Josepha,  à   laquelle  il  n'enseigna 
pas  la  musique,  dans  la  crainte  qu'elle  ne  se 
livrât  à  la  carrière  du  théâtre  comme  sa  sœur. 
Bernasconi  mourut    à  Munich ,  le    24  janvier 
1784,    à  l'âge    de  72  ans.  Les  opéras  qu'il  a 
composés  pour  la  cour  de  Bavière  sont:  Bajazet, 
le  12  octobre  1754;  Adriano,  1755;  Alessandro, 
1755;  Didone  abbandonata  ,\lhG ;  Agelniondo, 
1760;    Artaserse,    1763;   VOlïmpiade,   17C4; 
Demofonte,  1765;  Endimione ,  1766;  la  Cle- 
menza  di    Tito,   1768;    Demetrio,  1772.  Il  y 
écrivit  aussi ,  en   1754,  la  Betulia  Uberata , 
oratorio  qui  eut  beaucoup  de  succès.  On  a  de 
lui  beaucoup  de  messes,   de  vêpres  et  de  lita- 
nies en   manuscrit.  Ce  compositeur  est  recom- 
mandable  par  la  pureté  de  son  style  et  la  sa- 
gesse de  ses  dispositions;  mais  il  est  froid  et 
manque  d'invention. 

BERNASCONI  (Antonia),  belle-fille  du 
précédent,  débuta  à  Vienne,  en  1764,  par  le 
rôle  (ÏAlceste,  que  Gluck  avait  composé  pour 
elle.  Depuis  lors,  elle  s'est  fait  entendre  sur 
plusieurs  grands  théâtres  d'Italie  et  à  l'Opéra  de 
Londres;  partout  elle  a  recueilli  des  applaudis- 
sements. 

BERIXELIN  (Le  Jeune  ),  écrivain  du  dixième 
siècle  dont    l'abbé  Gerbert    a  inséré  un   opus- 


cule dans  sa  collection  des  auteurs  ecclési.istiquos 
sur  la  musique  {^criptores  ecclesiastici  de 
Musica,  t.  I,  p.  312  —  330),  d'après  un  ma- 
nuscrit du  fonds  de  la  reine  de  Suède  qui  est 
à  la  bibliothèque  du  Vatican,  sous  le  n»  1661. 
Ce  manuscrit  renferme  des  morceaux  di; 
divers  auteurs,  dont  plusieurs  anonymes,  sur 
les  proportions  de  VAbnque  (en  architecture) , 
de  la  musique,  de  l'arithmétique  et  de  la  géo- 
métrie. Bernelin  le  Jeune  était  de  Paris,  car  on 
liten  tête  du  traité  de  Y  Abaque  :  Prasfaiio  Abaci 
quem  junior  Bernelimis  edidit  Parisiis.  Son 
ouvrage  est  dédié  à  un  de  ses  parents ,  Ame- 
lius  Bernelimis,  qu'il  appelle  vénérable  prêtre  et 
moine  (venerabilis  sacerdos  et  monachus), 
dans  sa  préface.  Bernelin  écrivit  avant  la  fin  du 
dixième  siècle,  car  il  est  cité  par  Gerbert  (qni 
fut  pape  sous  le  nom  de  Sylvestre  II,  et  mourut 
le  11  mai  1003) ,  dans  son  opuscule  de  V Abaque, 
folio  34  du  même  manuscrit.  L'Opuscule  de  Ber- 
nelin qui  concerne  la  musique  a  pour  titre  : 
Cita  et  vera  divisio  vionocordi  in  diatonico 
génère.  Les  proportions  des  intervalles  qu'il  ex  pose 
sont  celles  des  pythagoriciens  puisées  dans  le 
traité  de  musique  de  Boèce  et  dans  les  idées  de 
ces  philosophes  sur  l'harmonie  universelle, 
d'après  Censorin  et  Macrobe.  Cette  doctrine  des 
musiciens  grecs  antérieurs  à  Ptolémée ,  qu'on 
retrouve  chez  tous  les  auteurs  de  traités  de  mu- 
sique écrits  avant  le  onzième  siècle,  disparaît 
dans  les  écrits  de  Guido  d'Arezzo  et  dans  ceux 
de  ses  successeurs. 

BERNER  (André),  violoniste  et  composi- 
teur attaché  à  la  chapelle  électorale  de  Bonn  , 
naquit  en  Bohême ,  en  1766.  Neefe  disait  de 
lui  qu'il  possédait  un  talent  remarquable,  qu'i' 
avait  un  bon  maniement  d'archet  et  qu'il  exécutait 
avec  aisance  les  plus  grandes  difficultés.  Cet 
artiste  est  mort  à  Bonn,  le  5  août  1791.  Il  a  écrit 
des  symphonies  pour  l'orchestre,  des  concertos 
de  violon  ,  et  d'autres  ouvrages  qui  sont  restés  en 
manuscrit.  Le  catalogue  de  Westphal  (  de  Ham- 
bourg), daté  de  1774,  indique  une  sytnphonie 
concertante  pour  deux  cors ,  en  mi  majeur,  de 
la  composition  de  Berner. 

BERNER (ÉusA.),filledeFclix  Berner,  direc- 
teur du  théâtre  de  Bruck  sur  la  Murr,  dans  la  Styrie, 
naquit  le  7  mars  1766  à  Mondeau,  en  Suisse,  et 
fut  destinée  à  la  scène  allemande  dès  l'à^e  de 
cinq  ans.  Elle  eut  pour  maître  de  chant  Gespaen. 
Lorsqu'elle  joua  à  Wûrzbourg  avec  ses  parents , 
sa  voix  extraordinaire  plut  tant  au  prince,  qu'il 
résolut  de  l'envoyer  en  Italie  pour  lui  faire  étu- 
dier avec  soin  l'art  du  chant ,  dans  le  dessein  de 
la  placer  ensuite  auprès  de  lui  comme  première 
chanteuse  ;  mais   la    mort  du   prince   dérangea 

24. 


372 


BERNER 


tous  ces  projets.  Elisa  Berner  se  rendit  avec  ses 
parents  à  Ratisbonne,  où  elle  épousa ,  en  1792  ,  le 
chanteur  Jean  Népomucène  Peierl,  avec  qui 
elle  se  rendit  à  la  cour  de  Munich,  en  1787.  Sa 
voix  pure  et  pénétrante ,  sa  bonne  vocalisation 
et  son  chant  plein  d'expression,  lui  procurèrent 
l'avantage  d'être  nommée  première  cantatrice  de 
cette  cour  en  1796.  Ayant  perd"  son  mari,  elle  se 
remaria,  au  mois  de  novembre  1801,  avec  Fran- 
çois Lang,  professeur  de  musique  à  Munich. 
Elle  chantait  encore  en  1811  au  théâtre  de  cette 
ville. 

BERNER  (Frédéric-Guillaume),  né  à  Bres- 
lau,  le  16  mars  1780,  était  fils  de  Jean-Georges 
Berner,  premier  organiste  de  l'église  Sainte-Élisa- 
betli,  homme  d'un  caractère  violent  et  sévère, 
qui  ne  rendit  point  heureuse  l'enfance  de  son 
fils.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  celui-ci  commença  l'é- 
tude de  la  musique  dans  la  maison  paternelle. 
Ses  progrès  furent  rapides  ;  car,  avant  d'avoir  at- 
teint sa  septième  année,  il  était  en  état  de  chan- 
ter à  l'église  le  premier  dessus  dans  les  compo- 
sitions deHasse,  de  Graun  et  de  Hiller.  A  neuf 
ans  il  exécuta  dans  un  concert  public  un  con- 
certo de  piano  qui  fut  applaudi  ;  à  treize  ans,  on 
le  nomma  organiste  adjoint  de  son  père.  On  ne 
le  destinait  pas  à  n'être  que  musicien ,  et  ses 
parents  songeaient  à  en  faire  un  prédicateur; 
mais  il  ne  montra  jamais  de  goût  décidé  que 
pour  son  art.  Cependant  sa  facilité  d'apprendre 
lui  fit  acquérir  sans  peine  quelques  connaissances 
dans  les  lettres  et  dans  les  sciences.  Vers  l'année 
1794,  il  fut  placé  sous  la  direction  de  Gehirne, 
maître  de  musique  du  chœur  de  Saint-Mathieu, 
considéré  à  cette  époque  comme  le  musicien 
le  plus  instruit  qui  fût  à  Breslau,  dans  la 
science  du  contrepoint  et  de  l'harmonie.  Ce 
digne  artiste  voua  à  son  élève  un  sentiment 
d'affection  paternelle  qui  ne  se  démentit  jamais. 
Vers  la  fin  de  sa  vie.  Berner  se  rappelait  encore 
avec  attendrissement  les  heureuses  années  qu'il 
avait  passées  près  de  son  maître.  Pendant  le 
temps  où  il  était  occupé  de  ces  études  théoriques, 
Reichardt,  bon  instrumentiste  de  Breslau  ,  lui 
enseignait  à  jouer  du  violoncelle,  du  cor,  du 
basson  et  de  la  clarinette.  Comme  pianiste  il 
acquit  une  sorte  de  célébrité,  et  fut  considéré 
par  Charles-Marie  de  Weher  comme  un  des 
plus  habiles  artistes  en  ce  genre  qu'il  y  eût  dans 
la  Silésie.  A  seize  ans  il  obtint  une  place  de 
clarinettiste  au  théâtre ,  et  la  conserva  pendant 
huit  années.  Il  employait  la  plus  grande  partie 
de  l'argent  qu'il  gagnait  dans  l'exercice  de  sa 
profession  à  l'acquisition  de  livres,  pour  aug- 
menter ses  connaissances  musicales.  Le  style  de 
l'orgue  qu'il  avait  appris  de  son  père  était  petit. 


mesquin  et  fleuri;  mais,  après  avoir  entendu  lo 
célèbre  organiste  Nicolay,  de  Gœrlilz,  et  l'abbé 
Vogler  (en  ISOl),  il  changea  sa  manière  et 
entra  avec  enthousiasme  dans  l'école  de  Bach  et 
de  Kirnberger.  Vers  le  même  temps  Wœlfl,  ayant 
visité  Breslau,  et  s'y  étant  fait  entendre  dans 
plusieurs  concerts,  devint  le  modèle  que  Berner 
se  proposa  d'imiter  sur  le  piano. 

En  1804,  Charles-Mai  ie  de  Weber  fut  nommé 
directeur  de  musique  du  théâtre  de  Breslau; 
vers  le  même  temps  les  frères  Pixis  arrivèrent 
dans  cette  ville,  y  donnèrent  des  concerts  et  y 
séjournèrent.  L'intimilé  de  ces  artistes  avec . 
Berner  excita  dans  l'âme  de  celui-ci  un  en- 
thousiasme nouveau  et  hâta  le  développement 
de  ses  facultés  musicales.  Chaque  jour  marquait 
ses  progrès  dans  quelque  partie  de  son  art. 
Dans  les  années  suivantes  il  contribua  à  l'éta- 
blissement de  plusieurs  sociétés  dont  l'objet 
était  de  rendre  la  musique  florissante  dans  la 
Silésie;  et  ses  efforts  pour  atteindre  à  ce  but  ne 
furent    pas  infructueux. 

Vers  1811,  le  célèbre  professeur  Zeller,  de 
Berlin,  fut  chargé  d'aller  à  Breslau  pour  dresser 
un  catalogue  de  tous  les  ouvrages  de  musique 
qui  avaient  été  trouvés  dans  les  bibliothèques 
des  couvents  supprimés,  et  faire  un  rapport  sur 
l'état  de  la  musique  en  Silésie.  Les  deux  ar- 
tistes qu'il  distingua  d'abord  furent  Berner  et 
Schnabel.  Sur  son  rapport,  ils  furent  appelés  à 
Berlin  pour  y  prendre  connaisssance  de  la  mé- 
thode d'enseignement  des  masses  vocales,  mise 
en  pratique  par  Zelter,  afin  qu'ils  pussent  fonder 
à  Breslau  une  école  du  même  genre  que  la 
sienne.  Cette  circonstance  fut  favorable  à  la  ré- 
putation de  Berner,  en  lui  fournissant  l'occasion 
de  se  faire  entendre  comme  organiste  devani 
une  assemblée  d'artistes  et  d'amateurs  distin- 
gués, dans  l'église  de  la  garnison.  La  Gazette 
Musicale,  de  1812  (n"  23)  a  rendu  témoignage 
du  talent  qu'il  déploya  dans  cette  circonstance. 
Berner,  qui^  avait  retrouvé  à  Berlin  son  ancien 
ami  Weher,  fut  présenté  par  lui  à  Meyerheer  et 
à  la  famille  Mendelshon,  qui  l'accueilhrent  avec 
une  vive  et  sincère   bienveillance. 

De  retour  à  Breslau,  il  y  reprit  possession  de 
sa  place  d'organiste  de  Sainte-Elisabeth ,  et  se 
mit  avec  Schnabel  au  travail  pour  l'exécution 
des  plans  relatifs  aux  grandes  institutions  de 
musique.  Le  séminaire  des  instituteurs  protes- 
tants fut  établi,  et  Berner  en  fut  nommé  le  di- 
recteur de  musique.  Celle  place  l'obligeait  à  en- 
seigner le  chant  choral,  l'orgue  et  l'harmonie  à 
cent  élèves  environ.  De  plus,  comme  directeur 
de  musifiue,  il  devait  aussi  enseigner  le  chaut 
d'ensemble  à  un  grand  nombre   d'élèves;  ces 


BERNER 


373 


travaux  étaient  aii-ilcssiis  de  ses  forces  plijsi- 
qnes,  et  souvent  ils  lui  causaient  de  graves  in- 
dispositions. Dans  ses  moments  de  loisir,  il 
S'occupait  à  rédiger  le  catalogue  de  la  musique 
<ies  couvents.  Ce  travail,  oii  il  alla  an  delà  de 
mille  articles,  a  môrité  les  éloges  des  connais- 
seurs. Le  reste  de  sa  vie  se  passa  dans  ces 
travaux  et  dans  ceux  de  la  composition.  Il  y 
avait  peu  de  mois  où  il  ne  produisît  quelque 
ouvrage  pour  l'orgue,  le  piano  ou  le  chant. 
Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  sa  santé  se 
dérangea  de  manière  à  donner  de  sérieuses  in- 
quiétudes à  ses  amis,  et  le  principe  d'une  mala- 
<lie  de  poitrine  se  manifesta.  Elle  le  conduisît  au 
tombeau  le  9  mai  1827,  à  l'âge  de  47  ans.  Ainsi 
«luMl  arrive  souvent  dans  les  maladies  de  cette 
espèce,  une  mélancolie  habituelle  l'éloigna  de  la 
société  où  il  avait  toujours  été  bien  accueilli,  et 
même  de  ses  amis  les  plus  intimes.  Il  ne  voyait 
qu'intrigues  et  conspirations  contre  sa  réputation, 
contre  ses  ouvrages,  et  se  persuadait  qu'il  n'était 
entouré  que  d'ennemis  dévoués  à  sa  perte.  Au 
commencement  de  l'année  même  de  sa  mort, 
il  ouvrit  son  cœur  sur  tous  ses  chagrins  au 
poète  Schneiderreit,  et  celui-ci  fut  si  touché  de 
la  triste  situation  de  son  esprit,  qu'il  en  fit  le 
sujet  d'une  élégie  publiée  dans  le  n"  17  du  recueil 
intitulé  Der  Hausfreund  (L'Ami  de  la  maison) 
sous  le  titre  de  Vie  et  art  de  Berner.  Des  ob- 
sèques magnifiques  furent  faites  à  cet  artiste. 
Schnabel,  l'organiste  Kœhler,  tous  les  musiciens 
et  les  élèves  du  séminaire  et  de  l'université  se 
réunirent  pour  lui  rendre  les  derniers  honneurs, 
et  pour  exécuter  des  morceaux  de  musique  à 
son  convoi  funèbre.  Les  corps  de  musique  de 
cinq  régiments  faisaient  aussi,  partie  du  cor- 
tège. 

Berner  est  une  des  gloires  de  la  musique  mo- 
tlerne  en  Silésie;  non  qu'on  puisse  le  considérer 
comme  un  de  ces  hommes  de  génie  qui  im- 
priment un  mouvement  de  transformation  ou  de 
progrès  à  leur  art  ;  mais  il  avait  des  connais- 
sances étendues  ,  son  instinct  du  beau  était  pur, 
et,  s'il  ne  se  rencontrait  pas  de  qualités  trans- 
rendantes dans  ses  productions ,  on  ne  peut 
nier  qu'elles  ne  fussent  marquées  du  cachet 
du  goût  et  du  savoir.  A  l'orgue ,  il  impro- 
visait toujours ,  ne  se  préparait  même  pas  et 
aimait  qu'on  lui  donnât  des  thèmes,  pour  mon- 
trer son  habileté  à  les  développer.  Parmi  ses 
élèves  les  plus  distingués  on  compte  Kœhler,  son 
successeur  comme  organiste,  ZoUner,  et  surtout 
Adolphe  Hesse,  considéré-aujourd'hui  comme  un 
des  premiers  organistes  derAllomagne.Ses  com- 
positions sont  nombreuses.  En  voici  l'aperçu. 
Ses  premières  productions,    qui   consistent   en 


cantiques  lulins,  suites  de  danses,  marches  et 
divertissements,  écrits  depuis  1792  jusqu'en  179G, 
ne  peuvent  être  considérés  que  comme  de  fai- 
bles essais  de  sa  jeunesse.  En  1799,  il  écrivitune 
pièce  d'harmonie  en  mi  mineur  et  une  élégie  de 
Jules  de  Tarent.  En  180!,  ses  compositions  com- 
n)encèrent  à  prendre  des  formes  dignes  d'être 
considérées  comme  des  productions  d'art.  Beau- 
coup de  ses  ouvrages  sont  restés  en  manuscrit  : 
ceux  qui  ont  été  publiés  sont  :  l»  Divertisse- 
ment pour  violon  et  orcliestre,  œuvre  13  ;  Breslau, 
Fœrster.  —  2°  Concerto  pour  la  llùte,  op.  17; 
ihid.  —  3"  Deux  rondos  pour  piano  et  or- 
chestre, œuvres  21  et  23;  ibid.  —  4°  Des  va- 
riations pour  piano  seul,  sur  différents  thèmes, 
œuvres  9,  12,  14,  16,  18,  20,22,  et  24;  ibid. 
— 5°  Trois  cahiers  de  polonaises  et  de  valses  len- 
tes et  vives  ;  ibid.  ; — 6°  Des  préludes  facdes  pour 
l'orgue;  ibid.  —  7°  Cantate  sur  des  paroles  al- 
lemandes de  S.  G.  Biirde,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre; ibid.; —  8°  Petite  cantate  religieuse 
pour  quatre  voix  d'homme  et  orchestre;  ibid.; 

—  9°  Le  cent  cinquantième  psaume,  pour  quatre 
voix,  avec  ou  sans  orchestre;  Breslau,  Leuckart. 
C'est  le  meilleur  ouvrage  de  Berner.  —  10° 
Hymne  des  Allemands,  avec  orchestre  ;  Breslau, 
Fœrster.  —  11»  Offrande  sur  V autel  de  la 
patrie,  de  Kapf,  pour  deux  soprani,  ténor  et 
basse  avec   accompagnement   de  piano;    ibid. 

—  12°  Six  chants  et  trois  canons  faciles  pour 
trois  voix  d'homme,  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  19;  ibid.  —  13"  Trois  chants  pour 
deux  soprani,  ténor  et  basse,  avec  piano  obligé, 
op.  26  ;  ibid.  —  14°  Quatre  chants  à  quatre 
voix  d'homme  pour  l'Almanach  des  Muses  de 
la  Silésie  ;  1827.  —  15°  Six  recueils  de  chansons 
allemandes  à  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano.  —  16°  Hymne  allemand  {Der  Herr 
ist  Gotl),  pour  quatre  voix  d'homme,  avec  ac- 
compagnement d'instruments  à  vent,  œuvre 
posthume;  Breslau,  Cranz.  Parmi  les  œuvres 
inédites  de  Berner,  on  remarque  un  intermède 
comique  intitulé  Le  Maître  de  chapelle;  des 
variations  pour  flûte  avec  orchestre,  des  varia- 
tions et  des  divertissements  pour  clarinette  et 
orchestre;  plusieurs  ouvertures  pour  l'orchestre, 
dont  une  pour  l'inauguration  de  la  Société  Mu- 
sicale de  l'Université  ;  le  vingt-deuxième  psaume 
pour  deux  ténors  et  deux  basses  ;  des  chants  à 
huit  voix  réelles;  des  Variations  pour  l'orgue; 
une  théorie  de  la  combinaison  des  jeux  de  cet 
instrument;  un  Te  Deum  avec  orchestre;  un 
Offertoire  ;  nn  Alléluia;  des  chants  maçoni- 
ques  en  chœur  ;  trois  chœurs  pour  une  tragédie 
d'Iffland;  une  ouverture  à  grand  orchestre  pour 
le  drame  de  Benno;  et  beaucoup  de  pièces  dota- 


374 


BERISER  —  BERNHARD 


chée8;Un  Domine  ad  adjuvandum  me  festina, 
pour  chœur  et  orchestre,  composé  en  1805;  Offer- 
toire de  la  Fête  de  Sainte  Edwige,  en  1828  ;  Al- 
léluia, en  1805  ;  des  chœurs  pour  les  Francs- 
Maçons;  deux  chœurs  funèbres  avec  accompa- 
{çnement  d'instruments  à  vent,  etc.  Berner  s'est 
aussi  fait  connaître  comme  écrivain  didactique 
par  les  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1°  Grund- 
regeln  des  Gesanges ,  nach  Hïller  entwarfen 
(Principes  du  chant,  traités  d'après  Hiller)  ; 
Breslau,  1815.  — 2°  Théorie  der  Choralzwis- 
chenspiele  (Théorie  des  conclusions  d'orgue 
pour  les  chorals,  en  4  suites;  ibid.  1819.  — 
3"  Die  Lehre  der  musikalUchen  Interpunktion 
(La  Science  de  la  ponctuation  musicale);  ibid, 
1821.  Une  notice  biographique  de  Bernera  été 
publiée  soHs  ce  titre  :  Fricd.  Wilh.  Berner, 
Ober-organist  zu  Breslau,  nach  scinem  Leben 
und  yVtrkenin  der  Musik  dargestelll  ;  Bres- 
lau,   1829,  in-S». 

BERNEVILLE  (Gillebert  de)  ,  trouvère 
du  treizième  siècle,  naquit  à  Courtrai,  selon  l'opi- 
nion commune;  cependant  il  est  plus  vraisem- 
blable qu'il  vit  le  jour  au  petit  village  de  Ber- 
neville,  près  d'Arras.  Il  florissait  avant  l'an 
1260  ,  car  il  fut  attaché  au  service  de  Henri  III, 
duc  de  Brabant,  qui  mourut  dans  cette  année.  Ce 
prince  lui  a  adressé  une  chanson  qui  commence 
par  ces  mots  :  Biau  Gillebert  s'il  vos  agrée, 
etc.  Gillebert  nous  apprend  dans  une  de  ses 
chansons  qu'il  aima  Béatrix  d'Audenarde,  quoi- 
qu'il avoue  qu'il  fût  marié.  Le  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  impériale  coté  7222  contient  quinze 
chansons  notées  de  la  composition  de  ce  trou- 
vère ;  deux  manuscrits  de  la  même  bibliothèque 
(65  et  66,  fonds  de  Cangé)  nous  en  ont  conservé 
six  autres. 

BER]\I1ARD  surnommé  l'Allemand;  ou 
le  Teutonique,  par  beaucoup  d'auteurs  anciens, 
est  considéré  en  général  comme  ayant  inventé 
les  pédales  de  l'orgue  à  Venise,  vers  1470.  Les 
mêmes  auteurs  qui  parlent  de  Bernhard,  disent 
aussi  qu'il  fut  organiste  de  Saint-Marc  de  cette 
ville.  Or,  les  listes  des  organistes  des  deux  or- 
gues de  cette  église,  qui  existent  dans  ses  re- 
gistres, et  qui  ont  été  publiées  en  dernier  lieu 
par  M.  de  Winlerfeld,  dans  son  livre  sur  l'épo- 
que artistique  de  Jean  Gabrieli,  et  surtout  dans  la 
Storia  delta  Musica  sacra  nella  già  cappella 
ducale  di  San  Marco  in  Venezia  dal  1318  al 
1797 ,  par  M.  François  Caffi  ,  nous  indiquent 
deux  artistes  du  nom  de  Bernard  qui  ont  été  at- 
tachés à  l'église  de  Saint-Marc,  en  qualité  d'or- 
ganistes.  Le  premier ,  appelé  Mistro  Bernar~ 
dino,  fut  nommé  à  cette  place  le  3  avril  1419  :  il  eut 
poursucecs3ci;r  Bcrnurdo  di  Sle/anino  .Murer 


le  15  avril  1445.  Ce  nom  de  Murer  est  proba- 
blement altéré  ;  mais  il  est   vraisemblable  qu'il 
cache  le  véritable  nom  de  l'artiste  dont  il  s'agit 
dans    cet  article,  et  que  celui   de    Bernhard, 
n'était  qu'un  prénom.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  pa- 
raît, par  les  éloges  que   ses  contemporains  ont 
donnés  à  celui  qui  portait  ce  nom,  que  son  mé- 
rite fut  distingué,  et  qu'il  doit  être  compté  parmi 
les  meilleurs  organistes  de  son  temps.  A  l'égard 
de  l'invention  des  pédales  de   l'orgue,  qu'on  lui 
attribue,  aucune    réclamation   ne  s'est   élevée 
jusqu'à  ce  jour  sur  sa  réalité.   Mon  intention 
n'est  pas  de  la  mettre  en  doute  :  cependant  je 
crois  devoir    fixer  l'attention  des  historiens  fu- 
turs de  la  musique,  et  particulièrement  de  l'orgue , 
sur  un  fait  qui  pourrait  faire  présumer  que  la 
première   idée  de  ces  pédales    remonte  à   une 
époque  beaucoup  plus  reculée  que  celle  où  Bern- 
hard vécut.  Il  existe  une  chronique  flamande, 
écrite  de  1318  à  1350  par  Nicolas  De  Clerck,  dans 
laquelle  on  trouve  un   passage  en  vers  sur  un 
iacXeur  de  vielles  et  rîibebbes  (violes  de  ce  temps), 
nommé  Louis  Van  Valbeke  qui,  h  cause  de  sa  pro- 
fession ,  est  désigné  dans  les  vers  sous  le  nom  de 
Vedelaere  (t).  Ce  Louis    Van   ValbeUe,  né  au 
bourg  de  Valbeke  en  Brabant,  vécut  sous  le  duc 
Jean  II,  de  1294  à  1312.  Des  Roches  me  parait 
avoir  été  le   premier  qui  a  eu  connaissance  du 
passage  en  vers  qui  y  est  relatif;  il  en  a  fait  le 
sujet  d'une  dissertation   qui  est   insérée  parmi 
les  mémoires  de  l'Académie  de  Bruxelles  (t.  5,, 
p.  525).  Voici  ces  vers  : 

In  deser  tyt  sterf  menschelye 
Die  goede  Vedelaere  Lodevrye 
Die  de  besle  was  die  voor  dien 
In  de  vt'ereit   ye  was  ghesien 
Van  makene  ende  metter  hand 
Van  Vaelbeke  in  Brabant 
Alsoe  was  by  ghenant 
H  y  was  d'eerste  die  want 
Vun  stampien  die  manjeren 
Die  men  noch  hœrt  antieren. 

Dans  le  moi  stampien  qui  se  trouve  à  l'avanl- 
dernier  vers  de  ce  passage,  et  qui  indique  une 
invention  particulière  à  Louis  de  Vaelbeke, 
Des  Roches  a  cru  voir  la  [ireuve  que  la  pre- 
mière idée  de  l'invention  de  l'imprimerie  lui 
appartenait,  rapportant  ce  mot  à  l'italien  stam- 
pare  (imprimer);  en  sorte  que  l'invention  de 
cet  art,  qui  a  changé  la  condition  des  hommes, 
remonterait  à  une  époque  antérieure  à  l'année 

(KM.  (le  Reiffenberg  se  trompe  lorsqu'il  dit  (dans  le 
Recueil  Encyclopédique  belge,  t.  s,  p.  si),  que  Louis 
Van  Valbeke  était  joueur  ou  fabricant  de  rebecs.  Le 
rchcc  était  un  instrument  rustique  et  grossier,  fort  liif- 
fcri'Ht  de   la  viole,  qu'on  appelait  vedel  en  flamand. 


BERNHARD 


375 


1312,  el  aurait  eu  son  berceau  dans  le  Brabanf. 
Des  rtoclies  a  traduit  ainsi  le  passage  de  la 
chroniciue  llamande  :  «  en  ces  temps  nîoiirut, 
«  de  la  mort  commune  à  tous  les  hommes, 
«  Louis,  cet  excellent  faiseur  d'instruments,  le 
«  meilleur  artiste  qu'on  eût  vu  jusque-là  dans 
«  l'univers  en  fait  d'ouvrages  mécaniques.  Il 
n  était  de  Vaelbeke  en  Brabant,  et  il  en  porta 
«  le  nom.  Il  inventa  la  manière  d'imprimer 
«  (stampien)  qui  est  présentement  en  usage.  » 
Plusieurs  auteurs  ont  attaqué  cette  interpréta- 
tion de  Des  Roches;  mais  Breitkopf,  qui  s'est 
rangé  parmi  ses  adversaires,  a  donné  une  expli- 
cation fort  ridicule  de  ce  passage  (dans  son 
Essai  sîir  l'origine  de  Vimprimerie),  lorsqu'il 
a  cru  y  voir  que  Van  Vaelbeke  avait  inventé 
l'art.de  frapper  la  mesure  avec  le  pied.  Qui  ne 
sait  que  l'usage  de  marquer  ainsi  la  mesure 
existait  dans  l'antiquité,  et  qu'il  y  avait  même 
diez  les  Grecs  et  les  Romains  des  chaussures 
de  bois  et  de  métal  dont  se  servaient  les  chefs 
des  chœurs  pour  rendre  le  mouvement  plus 
sensible. 

Qu'on  réfléchisse  à  la  profession  de  l'inven- 
teur, dont  il  est  parlé  dans  la  chronique  de 
picolas  de  Clerck,  et  à  l'analogie  da  mot  stam- 
pien  avec  le  verbe  stampen  (presser  avec  le 
pied  ),  et  l'on  verra  que  l'explication  la  plus  pro- 
bable est  que  Louis  Van  Vaelbeke  avait  inventé 
l'art  de  jouer  d'un  instrument  avec  les  pieds. 
Or,  il  n'est  pas  d'instrument  de  son  temps  au- 
quel cet  art  ait  pu  s'appliquer ,  si  ce  n'est  à 
l'orgue.  Peut-être  est-il  donc  permis  de  penser 
que  le  facteur  d'instruments  brabançon  avait 
trouvé,  dès  la  fin  du  treizième  siècle  ou  au 
commencement  du  quatorzième,  le  principe  du 
mécanisme  des  pédales,  qui  a  complété  le  sys- 
tème de  l'orgue,  et  en  a  fait  un  instrument  de  si 
grande  ressource.  Ceci  d'ailleurs  n'ôterait  rien 
à  la  gloire  de  Bernhard,  car  l'organiste  de  Saint- 
Marc  pouvait  n'avoir  point  eu  connaissance  de 
l'invenlion  du  luthier  flamand.  Bernhard  Mu- 
rer a  eu  pour  successeur  Baptistç  Bartolomio, 
le  22  septembre  1459. 

BERNHARD  (Christophe),  maître  de 
chapelle  à  Dresde,  naquit  à  Dantzick,  en  1612. 
Son  père,  qui  était  marin,  perdit  toute  sa  for- 
tune dans  un  naufrage,  et  ne  lui  laissa  d'autre 
ressource  que  d'aller  chercher  de  l'instruction 
dans  l'école  gratuite  de  chant  de  sa  ville  natale. 
Un  jour  il  chantait,  suivant  un  ancien  usage  du 
nord,  avec  un  de  ses  camarades  à  la  porte  du 
docteur  Straucb,  qui  lui  demanda  quelle  était 
sa  famille,  et  quels  étaient  ses  projets  pour 
l'avenir.  Sur  sa  réponse  qu'il  était  pauvre  et 
qu'il  avait  un  vif  désir  de  faire  des  études,  le 


docteur  lui  promit  son  assistance,  l'envoya  au 
collège,  et  lui  fit  donner  des  leçons  de  musique 
et  de  chant  par  le  maître  de  chapelle  Balthasar 
Erben.  Les  progrès  de  Bernhard  furent  rapides, 
et  en  peu  de  temps  il  fut  en  état  d'être  admis  à 
la  chapelle  avec  des  appointements.  Son  pro- 
tecteur le  confia  ensuite  aux  soins  de  Paul 
Syfert,  organiste  de  Dantzick,  qui  lui  enseigna 
les  principes  de  l'harmonie.  Dans  le  même  temps 
il  continuait  ses  études  dans  la  théologie  et  le 
droit;  mais  toutes  ses  pensées  étaient  tournées 
vers  la  musique,  et  son  désir  le  plus  vif  était 
de  pouvoir  aller  achever  ses  études  dans  cet 
art  à  Dresde.  Le  docteur  Strauch  souscrivit  enfin 
à  ses  vœux,  et  lui  donna  des  lettres  de  recom- 
mandation. Erben  l'adressa  aussi  au  maître  de 
chapelle  Schûtz,  qui  le  fit  entrer  à  la  chapelle 
du  roi  comme  contralto.  Sciiiilz  lui  enseigna  les 
règles  du  contrepoint,  et  lui  apprit  à  écrire  dans 
le  style  de  Palestrina.  Sa  voix  d'alto  ayant  été 
transformée  en  ténor,  l'électeur  l'envoya  en  Italie 
pour  s'y  perfectionner  dans  l'art  du  chant,  et 
pour  y  recruter  des  chanteurs.  A  Rome,  Bern- 
hard se  lia  d'amitié  avec  Carissimi  et  tous  les 
grands  artistes  de  cette  époque.  II  écrivit  dans 
cette  ville  deux  messes  à  dix  voix  et  autant 
d'instruments,  dont  la  pureté  de  style  excita, 
dit-on,  l'étonnement  des  Italiens.  Obligé  de  re- 
tourner à  Dresde,  il  emmena  avec  lui  deux  des 
meilleurs  sopranistes  de  l'Italie  et  quelques  autres 
bons  chanteurs.  L'électeur  fut  si  satisfait  de  ce 
premier  voyage ,  qu'il  en  fit  faire  un  autre  im- 
médiatement par  Bernhard ,  pour  chercher  à 
compléter  le  chœur  italien,  et  pour  avoir  un 
maître  de  chapelle.  Ces  mêmes  artistes  qui 
avaient  recherché  sa  laveur  en  Italie  pour  qu'il 
les  fit  entrer  dans  la  chapelle  électorale ,  cons- 
pirèrent contre  son  repos,  dès  qu'ils  y  furent,  et 
lui  causèrent  tant  de  chagrins,  qu'il  fut  obligé 
de  s'éloigner  de  Dresde,  et  d'accepter  une  place 
de  chantre  à  Hambourg.  Cependant  l'électeur  ne 
le  vit  s'éloigner  qu'à  regret,  et  ne  lui  accorda  sa 
démission,  que  sur  la  promesse  qu'il  reviendrait 
près  de  lui  à  sa  demande.  Après  avoir  dirigé 
la  musique  pendant  dix  ans  à  Hambourg,  Bern- 
hard fut  rappelé  par  l'électeur  Jean  Georges  III, 
à  la  cour  de  Dresde,  pour  y  enseigner  la  mu- 
sique aux  deux  princes  Jean  Georges  IV  et 
Frédéric-Auguste.  L'artiste  avait  peu  de  pen- 
chant à  accepter  les  offres  qui  lui  étaient  faites, 
mais  l'électeur  y  joignit  la  place  de  maître  de 
chapelle,  et  cette  faveur  le  décida  à  retourner 
daus  la  capitale  de  la  Saxe.  Les  avantages  qu'on 
lui  avait  assurés  étalent  un  traitement  de 
1100  thalers  (4,125  fr.);  ses  deux  (ils  lurent 
placés  à  l'université  aux  frais  de  l'électeur.  Ses 


376 


BERrsHARD  —  BERNIER 


grands  travaux  l'avaient  fait  connaître  de  toute 
l'Allemagne,  et  lui  avaient  fait  une  brillante  ré- 
putation; il  vécut  encore  dix-huit  ans  à  Dresde. 
Le  14  novembre  1692,  il  mourut  dans  cette  ville, 
à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Outre  les  deux  messes 
qui  ont  été  mentionnées  précédemment ,  et  qui 
sont  restées  en  manuscrit,  on  a  de  Bernlmrd  :  — 
1°  Geistlicher  Harmcnien  ersie  Theil,  beste- 
hendin  20  dexUschen  Konzertenfur  2, 3,  4  and  5 
Stimmen  (Première  partie  de  l'Harmonie  sacrée 
consistant  en  vingt  cantates  allemandes  pour 
deux,  trois,  quatre  et  cinq  voix)  ;  Dresde,  1665, 
in-4o.  —  2°  Prudentia  Prudcntiana;  Ham- 
bourg, 1669,  in-fol.  C'est  une  bymne  en  langue 
latine,  traitée  dans  les  trois  contrepoints  dou- 
bles à  l'octave,  à  la  dixième  et  à  la  douzième,  avec 
de  grands  développements.  Comme  écrivain 
sur  la  didactique  de  l'art,  Bernhard  mérite  aussi 
d'être  mentionné.  Le  maître  de  chapelle  Stœizel, 
de  Gotha,  a  possédé  un  traité  de  composition, 
divisé  en  soixanle-trois  chapitres,  dont  il  était 
auteur,  et  qui  était  intitulé  :  Tractatus  compo- 
si/ionis  auijmentatus.  Forkel  en  possédait  une 
copie,  et  avait  en  outre  un  autre  ouvrage  de 
Bernhard,  divisé  en  vingt-neuf  chapitres,  et  qui 
avait  pour  titre  :  Ausfûhriicher  Bericht  von 
dem  Gebrauch  der  Consonanzen,  nebts  einem 
Anhang  von  dem  doppelien  und  vierfachen 
Contrapunct  (Explication  détaillée  de  l'usage 
des  consonnances  et  des  dissonances,  avec  un 
supplément  concernant  le  contrepoint  double 
et  quadruple). 

BERNHARD  (  Guillacme-Christophi:  ), 
excellent  organiste  et  claveciniste,  né  à  SaaKéld 
vers  1760,  se  trouvait  à  Gœttingue  en  1T83,  et 
y  publia  l'année  suivante  trois  sonates  et  un 
prélude  pour  le  clavecin.  H  partit  ensuite  pour 
Moscou,  où  il  est  mort  en  1787,  à  l'âge  de 
vingt-sept  ans.  Il  se  faisait  surtout  remarquer 
par  la  perfection  de  son  jeu  dans  l'exécution  des 
ouvrages  de  Jean-Sébastien  Bach. 

BERNHARD  (B.  ),  ancien  élève  de  l'école 
des  chartes  de  Paris,  est  né  à  Strasbourg,  vers 
1812.  11  est  auteur  de  curieuses  recherches  sur 
les  corporations  d'instrumentistes  du  moyen  âge. 
11  a  publié  des  extraits  de  son  intéressant  Mémoire 
sur  la  confrérie  des  ménétriers  de  Paris  dans  la 
Bibliothèque  de  l'école  des  chartes  (  t.  HI , 
IV,  V.  ).  On  a  aussi  du  même  littérateur  une 
Notice  sur  la  confrérie  des  joueurs  dHnstru- 
vients  d" Alsace  relevant  de  la  juridiction  des 
anciens  seigneurs  de  Ribaupierre,  et  plus  tard 
de  celle  des  Palatins  des  Birkenfeld ,  au- 
jourd'hui maison  royale  de  Saxe ,  insérée  dans 
le  tome  troisième  de  la  Revue  historique  de  la 
noblesse  {  là^  livraison,  Paris,    1844,  pages 


lf;9-190) ,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Amîré 
Borel  d'Hauterive.  Le  sujet  de  cette  notice 
avait  déjà  été  traité  par  Jean-f  réderic  Scheid 
(  V.  ce  nom  ),  dans  une  thèse  intitulée  :  Bïsseï'- 
tatio  inauguralis  de  Jure  in  musicos  singu- 
lari,  Germ.  Dienste  und  Obrigkeit  der  Spiel- 
h'uth,  EappoUsteinensi  comitatui  annexa ^ 
etc;  mais  le  travail  de  M.  Bernhard,  puisé  dans 
une  multitude  de  titres  originaux  des  archives 
de  Strasbourg  et  de  Colmar,  ainsi  que  des  ar- 
chives générales  de  France  et  des  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  ,  a,  par  la 
solide  érudition  et  l'esprit  de  critique  de  l'auteur, 
bien  plus  d'intérêt  que  la  faible  dissertation  de 
Scheid. 

BERNHOLD  (Jean-Balthasar),  profes- 
seur de  théologie  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  écrit  un  petit  traité  de  la  musique 
d'église ,  que  Mitzier  a  inséré  dans  sa  Biblio- 
tlièque  de  musique,  t.  3,  p.  233-371. 

BERNÏA  (Vincent)  ,  luthiste  et  composi- 
teur, né  à  Bologne,  vivait  vers  1600.  Besard 
nous  a  conservé  dans  son  A'ovus  Partus  (  Part. 
III.  p.  32  et  47  ),  une  Toccata  cromatica,  un  Ri- 
cercaresopra  ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la,  et  une  pièce 
intitulée  Le  Coq  et  la  Poule  (Gallus  et  Gallina  ), 
de  la  composition  de  Bernia. 

BERNIER  (  Nicolas)  ,  né  à  Mantes,  le  28 
Juin  1664  ,  mourut  à  Paris,  le 5  septembre  1734, 
11  fut  d'abord  maître  de  musique  de  Saint-Ger- 
main l'Auxerrois,  puis  maître  de  musique  du  roi 
dans  la  Sainte-Chapelle  du  palais.  Étant  allé  à 
Rome,  pour  y  étudier  son  art  avec  plus  de  fruit 
qu'il  ne  pouvait  le  faire  en  France,  il  désira  se 
lier  avec  Caldara,  qui  jouissait  alors  d'une 
grande  réputation.  On  raconte  à  ce  sujet  une 
anecdote  qui  semble  n'être  que  la  copie  d'une 
autre ,  commune  à  deux  peintres  de  l'antiquité , 
et  à  Michel-Ange.  On  dit  que  ne  Irouvant  d'aiilre 
moyen  de  s'introduire  chez  Caldara,  il  se  pré- 
senta à  lui  comme  domestique,  et  fut  admis  en 
cette  qualité.  Un  jour,  ayant  trouvé  sur  le  bureau 
de  son  maître  un  morceau  que  ce  compositeur 
n'avait  point  terminé,  Bernier  prit  la  plume  et 
l'acheva.  Cette  aventure,  dit-on,  les  lia  de  l'ami- 
tié la  plus  intime.  Bernier  passait  pour  le  plus 
habile  compositeur  de  son  temps.  Cependant  son 
style  est  froid  et  lourd ,  et  sa  manière  est  incorrecte 
comme  celle  de  tous  les  compositeurs  français 
de  cette  époque.  On  a  de  cet  auteur  :  —  1°  Mo- 
tets à  une,  deux  et  trois  voix,  avec  sym- 
phonie et  sans  symphonie,  au  nombre  de 
vingt-six;  V  œuvre,  gravée  par  H.  de  Baiis- 
sen;  Paris,  chez  l'auteur,  1703.  gr,  in-fol.  — 
2o.  Motets  à  une,  deux  et  trois  voix  avec  sym- 
phonie et  sans  symphonie;  2™"  œwtTe  ;  Paris , 


BERNIER  —  BERNON 


377 


clipz  Tanleiir,  1713,  gr.  in-fol.  I^''et2"  livre.  — 
3°  Motets  ,  livre  postitume,  mis  au  jour  par  La- 
croix; Paris,  1736  in-fol.  —  3°Canlates  françai- 
xex,  livres  l  à  7,  in-folio.  —  4°  Deux  Motets  et 
un  Salve  regina,  manuscrits,  à  la  Bibliolhèqut; 
du  Roi.  Bernier  avait  compris  la  supériorité 
(les  musiciens  italiens,  et  il  avait  pour  habitude 
de  dire  à  tous  les  jeunes  compositeurs  :  Allez 
en  Italie;  ce  n'est  que  là  que  vous  pourrez 
apprendre  votre  métier. 

BERIVOIV  ,  moine  bénédictin,  vécut  à  la  fin 
du  dixième  siècle  et  dans  la  première  moitié  du 
onzième.  Il  mourut  le  7  janvier  1045.  Suivant 
le  P.  Bernard  Pez  (  Thesaur.  Anecdotorum 
«of.,  t.  I,  part.  III,  )  Guill.  Cave  (Hist.  rer. 
iUter.  ad  an.  1014  ) ,  et  Casimir  Oudin  {Com- 
ment, de  Scriptor.  Ecclesiasticis ,  t.  II,  col. 
598-COO),  Bernon  était  allemand  de  naissance, 
et  fut  d'abord  moine  de  Saint-Gall,  en  Suisse, 
oii  il  s'occupa  de  musique  et  d'Histoire  ecclé- 
siastique. En  1014  il  fut  élu  abbé  de  Reichenau 
(  en  latin  Angix  ) ,  à  l'extrémité  de  la  Souabe, 
sur  le  Lac  de  Zell ,  près  de  celui  de  Constance. 
C'est  de  là  que  Bernon  est  appelé  augiensis 
par  les  écrivains  du  moyen  âge.  D'après  l'i/is^oire 
littéraire  de  la  France,  par  les  bénédictins 
(  t.  VII,  p.  576),  Bernon  n'était  pas  Allemand, 
mais  Français,  et  il  ne  fut  pas  moine  de  Saint- 
Gall,  mais  de  l'abbaye  de  Fleuri  sur  la  Loire  , 
où  il  se  trouvait  encore  en  999 ,  ayant  été  un 
des  religieux  de  ce  monastère  députés  à  l'assem- 
blée d'Orléans  dans  cette  même  année,  pour 
fixer  la  durée  de  l'Avent  qui  précède  la  fête  de 
Noël.  De  Fleuri,  Bernon  passa  à  l'abbaye  de  Prum, 
au  diocèse  de  Trêves ,  et  l'empereur  S-  Henri, 
ou  Henri  le  Pieux,  le  fit  nommer  en  1008  abbé 
de  Reichenau,  et  non  en  1014,  comme  le  veut 
Guillaume  Cave.  En  1013  il  accompagna  ce  prince 
en  Italie,  et  se  trouva  à  Rome  à  son  couron- 
nement comme  empereur,  au  mois  de  février 
de  l'année  suivante.  Cette  dernière  circonstance 
paraît  avoir  été  la  cause  de  l'erreur  de  Cave. 
Outre  divers  ouvrages  concernant  la  liturgie  et 
l'histoire,  on  a  de  Bernon  plusieurs  écrits  sur  la 
musique,  ou  plutôt  sur  le  chant  ecclésiastique. 
Le  premier  a  pour  titre  Tonarius  ,  c'est-à-dire 
règle  des  tons.  Il  est  précédé  d'une  préface  i 
{Prologus  ad  ^onarmm) très-développée,  qui  [ 
contient  l'exposé  de  la  forme  des  tons,  de  leur  ! 
nombre,  de  leurs  caractères  distinctifs ,  et  des 
intervalles  qui  y  sont  contenus.  On  y  voit  qu'au 
lieu  de  huit  tons,  Bernon  en  compte  neuf,  parce 
que  le  neuvième  (  la,  si,ut ,  ré  ,  mi ,  fa,  sol, 
la  )  n'est  pas  de  la  même  espèce  d'octave  que  ] 
le  deuxième  Um,  bien  que  la  gamme  soit  sem- 
.blabie  dans  tous  les  deux,  parce  que  la  finale  et  la 


dominante  sont  différentes.  Ce  sont  les  chants 
de  ce  neuvième  ton  qui ,  transposés  une  quinte 
plus  bas  ,  à  cause  de  leur  trop  grande  élévation 
pour  les  voix  de  basse ,  ont  fait  confondre  ce  ton 
avec  le  premier,  et  ont  introduit  dans  celui-ci 
le  bémol  à  la  sixième  note,  par  altération.  Le 
type  du  premier  ton  se  voit  dans  l'hymne  Ave, 
maris  Stella  ;Umi  les  chants  qui  ne  sont  pas 
conformes  à  ce  type  sont  du  neuvième  ton  trans- 
posé. Les  récapitulations  ou  neumes  des  tons 
dont  Bernon  donne  l'explication  dans  son  Tona- 
rius sont  empruntées  au  chant  de  l'Église  grec- 
que. Ces  neumes  avaient  des  avantages  que  n'ont 
pas  celles  du  chant  romain,  à  savoir,  que  non- 
seulement  leurs  formes  de  chant,  mais  leurs 
noms  faisaient  connaître  immédiatement  la  nature 
autlientique  ou  plagale  du  ton  par  leurs  ter- 
minaisons barbares,  en  œane  pour  les  authen- 
tiques, et  œanis  ou  aeagis  pour  les  plagaux  ;  et  de 
plus  elles  indiquaient  l'ordre  numérique  du  ton, 
ou  authentique  ou  plagal,  par  la  forme  du  mot 
entier;  avantage  que  n'a  pas  dans  le  chant  ro- 
main la  contraction  du  seculornm  amen  dans 
VEuoux.  Le  second  ouvrage  de  Bernon  est  un 
traité  des  différences  des  psaumes  et  des  modu- 
lations de  leur  chant  (  De  varia  Psalmorum 
atque  cantuum  modulatione  ).  Il  renferme  des 
recherches  philologiques  très-curieuses,  et  l'au- 
teur y  fait  preuved'nne  érudition  solide etde  plus 
de  critique  que  l'on  n'en  trouve  chez  les  écri- 
vains de  son  temps.  Le  petit  trailé  De  Consona 
tonorum  diversitate  est  le  troisième  ouvrage 
connu  de  Bernon.  L'auteur  a  pour  objet  de  don- 
ner quelques  instruclions  sur  l'usage  des  chants 
d'espèces  différentes  dans  l'office  divin,  tels  que 
les  répons,  antiennes,  invitatoires ,  graduels, 
offertoires,  etc.  L'abbé  Gerbert  a  inséré  les  trois 
opuscules  de  Bernon  dont  on  voit  ci-dessus  le 
contenu  dans  sa  collection  intitulée  Sc7-i/)?ore5ec- 
clesiastici  de  Musicasacra  potissimum,  tome 
V,  p.  61-124,  d'après  un  manuscrit  du  12^  siècle 
qui  existait  à  l'abbaye  de  Saint-Biaise,  et  qu'il 
a  collationné  avec  d'autres  de  Leipsick ,  des  ab- 
bayes deSaint-Emeran,  d'Aimont  etd'Ottobeuern. 
Malheureusement  il  en  a  supprimé  tous  les 
exemples  en  notation  neumatique  qui  se  trouvent 
dans  un  beau  manuscrit  de  la  Bibliothèque  F«Z- 
licellana,  à  Rome.  Précédemment,  le  béné- 
dictin Bernard  Pez  avait  publié  la  préface  du 
Ton ariws  dans  son  Thésaurus  Anecdotorum, 
t.  IV,  p  69-72  ,  et  il  avait  donné  l'introduction 
dupetittraitéZ)e  Consona  tonorum  diversitate , 
t.  V,  p.  199-201  du  même  ouvrage.  Trithèrae 
a  signalé  l'existence  d'un  autre  ouvrage  de  Ber- 
non (Chron.  Hirs.,  t.  I,  p.  160) ,  lequel  avait 
pour  titre  :  De  instrumentis  musicalibus,  et 


378 


BERNON  —  BERINSDORF 


(jiii  commençait  par  ces  mots  :  Musicam  non 
esse  cantum.  Vossius  (  De  Scient.  Mathem.,C. 
60 ,  n°  7  )  dit  que  ce  livre  est  dMié  à  Aribon ,  ar- 
chevêque de  Mayence.  Il  paraît,  d'après  ce  ren- 
seignement ,  que  le  savant  hollandais  l'avait  vu  ; 
mais  il  n'indique  pas  le  lieu  où  se  trouvait  le 
manuscrit,  et  l'on  n'en  connaît  pas  de  copie  au- 
jourd'hui. Dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
Pauline  de  Leipsick  ,  côté  n"  31  (  V.  Catalogue 
des  manusc.  de  la  Bïblioth.  Pauline,  p.  308, 
Leipsick  ,  1686,  in-12)  lequel  contenait  divers 
ouvrages  de  Bernon,  on  trouvait  un  petit  traité 
De  Mensura  Monochordis ,  qui  lui  est  attribué. 
L'auteur  de  l'article  qui  concerne  Dernou,  dans 
la  Nouvelle  Biographie  générale  publiée  par 
M.M.  Didot  frères, dit,  au  sujet  de  ce  traité  :  «dans 
«  la  mesure  du  monochorde  il  (Bernon)  parait 
..  s'être  écarté  de  la  règle  de  Boèce ,  d'accord  en 
«  cela  avec  Gui  d'Arezzo,  son  contemporain,  qui 
«  supposait  un  seul  ton  dans  le  tétracorde!  » 
On  ne  sait  ce  que  cela  signifie;  car  il  est  impos- 
sible de  concevoir  un  tétracorde  dans  lequel  il 
n'y  aurait  qu'un  seul  ton.  L'auteur  de  l'article 
a-til  voulu  dire  «n  seul  demi-ion?  En  quoi 
Gui  d'Arezzo  et  Bernon  se  seraient-ils  écartés 
de  Boèce  sur  ce  point?  Boèce,  comme  tous  les 
musiciens  de  tous  les  temps  et  de  tous  les  lieux, 
n'a  jamais  songé  à  mettre  plus  d'un  demi-ton  dans 
un  tétracorde  quelconque,  puisque  cela  ne  se 
peut.    L'auteur  de  l'article  a  fait   un  non  sens. 

BER^^OUlLLI  (Jean),  professeur  de  ma- 
thématiques et  de  physique  à  Bâle,  et  l'un  des 
plus  grands  géomètres  de  son  temps,  naquit  à 
Bàle ,  le  27  juillet  1667  ,  et  mourut  dans  la  même 
ville  le  2  janvier  1747. 11  fut  de  toutes  les  sociétés 
.savantes  de  l'Europe.  On  trouve  dans  la  3'  par- 
tie deis  Mi-moires  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Pétersbourg  (1732)  une  dissertation  dont  il  est 
auteur,  et  qui  est  intitulée  :  Erfindnngen  von 
dem  Schuinge  der  ausgestreekten  Chorden, 
wenn  dieselben  mit  Gewichten  von  vérschiC' 
dener  Schwere,  cher  in  gleicher  Entfernung 
beschweret  sind  (  Découverte  des  vibrations 
des  cordes  flexibles,  etc.) 

BERNOUILLI  (  Daniel  ),  célèbre  géomètre, 
né  a  Groningue,  le  19  février  1700.  Ses  études 
se  tournèrent  d'abord  vers  la  médecine,  dans 
laquelle  il  prit  le  grade  de  docteur;  mais  son 
génie  l'entraînait  vers  les  mathématiques ,  dont 
son  père,  Jean  Bernouilli,  lui  avait  donné  des 
leçons.  Il  fut  appelé  à  Pétersbourg  pour  y  en- 
seigner cette  science;  mais  en  1733  il  revint 
dans  sa  patrie,  où  il  obtint  d'abord  une  chaire 
d'anatomie  et  de  botanique,  puis  une  de  physique, 
à  laquelle  on  réAinit  une  chaire  de  philosophie  spé- 
culative. 11  fut  membre  des  Académies  de  Berlin, 


de  Saint-Pétersbourg,  de  la  Société  Pvoyale  de 
Londres,  et  associé  étranger  de  l'Académie  Royale 
des  Sciences  de  Paris.  11  est  mort  à  Bâle,  le 
17  mars  1782.  On  lui  doit  plusieurs  dissertations 
relatives  à  Vacoustique ,  savoir  :  1°  Reeher- 
c/ies  physiques,  mécaniques  et  analytiques  sur 
le  son  et  les  tons  des  tuyaux  d'orgue  diffé- 
remment construits  (Mém.  de  l'Acad.  Roy.  des 
Sciences,  1762,  p.  431-485).— 2°  Recherches  sur 
la  coexistence  de  plusieurs  espèces  de  vibra- 
tions dans  le  même  corps  sonore  (  Voy.  Mém. 
de  l'Acad.  de  Berlin,  1753  et  1765,  et  Nov.  com^ 
ment.  Acad.  Petrop., iom.  XV  et  XIX).  Il  a  pro- 
posé une  explication  ingénieuse  de  la  production 
dessonsharmoniques;mais  Lagrange  a  démontré 
qu'elle  n'est  pas  fondée. 

BERIMOUILLÏ  (Jacques),  neveu  du  pré- 
cédent, géomètre  et  membie  de  l'Académie  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  naquit  à  Bâle,  le  17 
octobre  1759,  et  se  noya  en  se  baignant  dans  la 
Neva,  le  3  juillet  1789.  Il  a  fait  insérer  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  deSaint-Pétersbourg  (1787) 
un  Essai  théorique  sur  les  vibrations  des  pla- 
ques élastiques  rectangulaires  et  libres.  Ce 
sujet  a  fixé  plus  tard  l'attention  de  Chladni,  qui 
y  a  fait  de,-  belles  découvertes,  et  a  été  posté- 
rieurement l'objet  des  travaux  de  plusieurs  sa- 
vants géomètres.  Voy.  Germain  (M"*^). 

BERI\SDOÎ\F  (Edouard),  né  à  Dessau,  le 
20  mars  1825,  a  étudié  la  composition  avec 
Frédéric  Schneider,  puis  avec  Marx  ,  à  Berlin. 
Il  s'est  fixé  à  Leipsick  comme  professeur  de  mu- 
sique, compositeur  et  écrivain  sur  son  art.  Ses 
compositions  consistent  en  pièces  pour  le  piano 
et  en  Lieder.  11  s'est  chargé  de  la  rédaction  de 
YUniversal  Lexicon  der  Tonkunst,  entreprise 
par  le  docteur  Jules  Schladebach,  avec  la  coo- 
pération supposée,  mais  non  réelle,  de  Liszt, 
Marschner,  Reissiger  et  Spohr,  puis  abandonnée 
par  le  fondateur  après  la  publication  de  la  troi- 
sième livraison,  formant  les  240  premières  pages 
du  premier  volume.  Après  une  longue  interrup- 
tion, l'éditeur,  M.  Robert  Schaefer,  de  Dresde, 
annonça,  par  une  note  publiée  le  24  juin  1856, 
le  changement  de  rédaction  de  l'ouvrage  ,  con- 
fiée désormais  à  M.  Bernsdorf.  Depuis  lors  les 
livraisons  se  sont  sucxédé  avec  régularité. 
Le  nouveau  rédacteur  de  ce  Dictionnaire  univer- 
sel de  musique  a  fait  preuve  de  zèle  et  d'intel- 
ligence dans  son  travail.  Moins  étendu  que  le 
Lexique  de  Schilling,  plus  développé  que  celui 
que  Gassner  a  publié  sous  le  môme  titre,  en  1S49 
(F.  Gassner),  le  livre  de  M.  Bernsdorf  peut  avoir 
de  l'utilité  pour  un  grand  nombre  de  lecteurs. 
En  1858,  une  nouvelle  interruption  dans  la  pu- 
blication du  Lexiqne  de  M.  Bernsdorf  fit  croire 


BERNSDORF 


BERR 


q'ie  l'onvra^e  ne  serait  point  arlicvé  ;  mais  la 
vingtième  livraison  vient  de  i)aiaître  (janvier 
1859  )  à  Olfenbach,  chez  M.  J.  André  :  il  y  a  donc 
lieu  de  croire  que  !e  livre  sera  terminé. 

BEROALDO(PinLiP!'E),  d'une  famille  noble 
de  Bologne,  naquit  en  cette  ville,  le  7  décembre 
I4â3.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans  il  établit  une  école 
de  belles- lettres  à  Bologne,  puis  à  Parme  et  à 
milan.  II  fut  rappelé  dans  sa  patrie  pour  y  oc- 
cuper une  chaire  de  belles-lettres  à  l'université; 
il  conserva  cette  place  toute  sa  vie,  et  mourut 
le  15  juillet  1505.  On  a  de  lui  un  discours  in- 
titulé. :   De  laude   musices  ;  Bâle,  1509. 

BERR  (  Michel),  savant  Israélite,  membre  de 
la  société  des  antiquaires  de  France  et  de  beau- 
coup d'autres  sociétés  savantes,  est  né  à  Nancy 
en  1780.  Il  exerça  à  Paris  la  profession  d'avocat, 
(\\i'\\  abandonna  pour  se  livrer  à  la  carrière  des 
lettres.  Parmi  ses  nombreux  écrits,  on  remarque 
une  Dissertation  sur  la  musique  et  sur  Vélcgie 
des  Hébreux,  insérée  dans  le  Magasin  encyclopé- 
dique, tome  XVI. 

BERR  (Frédéric),  virtuose  sur  la  clarinette 
et  sur  le  basson,  naquit  à  Mannheim,  dans  le 
grand-duché  de  Bade,  le  17  avril  1794.  Après 
avoir  servi  en  France,  son  père,  Jacob  Berr, 
excellent  musicien ,  alla  s'établir  à  Frankentlial 
sur  le  Rhin,  à  deux  lieues  de  Worms,  et  y  ensei- 
gna la  musique.  Il  donna  à  son  fils,  alors  âgé  de 
six  ans,  des  leçons  de  violon;  plus  tard  il  le 
contraignit  à  jouer  de  la  flûte,  que  le  jeune  mu- 
sicien n'aimait  pas ,  mais  qui  lui  facilita  dans  la 
suite  l'étude  du  basson ,  son  instrument  de  pré- 
dilection. 11  étudiait  celui-ci  avec  tant  d'ardeur 
et  de  persévérance,  que  souvent  la  fatigue  lui 
causait  des  défaillances.  La  sévérité  de  son  père 
obligea  le  jeune  Berr,  âgé  de  seize  ans,  à  le 
quitter,  pour  prendre  du  service  dans  le  39"^ 
régiment  d'infanterie  française,  qui  était  à  Landau. 
Six  mois  après,  il  remplaça  le  maître  de  musi- 
que, qui  s'était  retiré  et  qui  le  désigna  comme  son 
successeur.  Se  trouvant  dans  la  nécessité  de 
faire  une  étude  particulière  de  la  clarinette,  parce 
que  c'est  sur  cet  instrument  que  se  règlent  les 
corps  de  musique  militaire,  Berr  y  appliqua  ce 
qu'il  savait  sur  le  violon,  jouant  sur  celui-ci 
avec  expression  les  passages  qu'il  ne  rendait 
<iue  d'une  manière  imparfaite  sur  la  clarinette, 
et  se  proposanttoujours  pour  modèles  la  justesse, 
l'égalité  de  son  et  les  nuances  qu'il  obtenait  avec 
l'archet.  C'est  par  cette  comparaison  continuelle 
du  violon  et  de  la  clarinette  que  Berr  est  par- 
venu ,  avec  le  temps ,  à  la  délicatesse  et  au  fini 
qu'on  admirait  dans  son  jeu.  Son  régiment  ayant 
été  envoyé  en  Espagne ,  dans  le  cours  de  l'année 
1810,  il  fit  toutes  les  campagnes  de   la  guerre 


de  la  Péninsule  ,  et  ne  rentra  en  France  qu'en 
1814.  Il  alla  alors  en  garnison  à  Amiens,  puis, 
après  la  bataille  de  Waterloo ,  il  fut  envoyé  ù 
Douai,  en  1816.  L'auteur  de  cette  Biographie 
était  alors  orgafiiste  dans  cette  ville.  Berr,  qui 
jusque-là  avait  écrit  d'instinct  la  musique  qu'il 
arrangeait  ou  qu'il  composait,  prit  de  lui  quel- 
ques leçons  d'harmonie.  A  cette  époque,  le  bas- 
son était  l'instrument  qu'il  jouait  de  préférence , 
et  tel  était  son  talent  sur  cet  instrument,  qu'à 
l'exception  de  Mann,  autrefois  premier  basson 
des  orchestres  d'Amsterdam ,  celui  qui  écrit 
cette  notice  n'avait  jamais  entendu  d'artiste  qu'on 
put  mettre  en  parallèle  avec  lui.  Au  commence- 
ment de  l'année  1817,  le  régiment  dont  Berr  diri- 
geait la  musique  s'éloigna  de  Douai;  il  profila 
de  cette  circonstance  pour  aller  à  Paris ,  oîi  il 
obtint,  en  1819,  un  engagement  comme  chef  de 
musique  du  2°  régiment  suisse  de  la  garde.  Met- 
tant à  profit  son  séjour  dans  la  capitale  de  la 
France ,  il  reçut  des  leçons  de  composition  de 
Reicha.  C'est  vers  ce  temps  que  Berr  commença 
à  négliger  le  basson  pour  la  clarinette.  Une  qua- 
lité de  son  douce  et  moelleuse,  une  oreille  déli- 
cate et  une  intelligence  parfaite  qui  lui  faisaient 
corriger  les  défauts  de  cet  instrument ,  un  goût 
exquis  et  un  talent  naturel  d'expression,  tels 
étaient  les  avantages  de  l'organisation  de  Berr, 
pour  devenir  un  clarinettiste  de  premier  ordre  : 
le  travail  fit  le  reste. 

En  1823  ,  une  partie  de  la  garde  royale  ayant 
reçu  l'ordre  de  se  rendre  en  Espagne ,  l'artiste 
ne  voulut  plus  retourner  dans  ce  pays,  et  donna 
sa  démission.  A  cette  époque  la  santé  de  Gam- 
baro,  première  clarinette  du  théâtre  italien  de 
Paris,  commençait  à  se  déranger;  le  mal  devint 
chaque  jour  plus  grave  ;  enfin  l'artiste  fut  obligé 
de  cesser  son  service,  et  Berr  lui  succéda  comme 
première  clarinette  solo.  C'est  depuis  ce  temps 
que  sa  réputation  a  toujours  été  grandissant ,  bien 
qu'il  ne  se  soit  fait  entendre  que  fort  rarement 
dans  les  concerts.  Il  ne  lui  a  fallu,  pour  être  con- 
sidéré comme  le  premier  clarinettiste  de  France, 
que  la  perfection  qu'il  a  mise  dans  les  ritournelles 
et  dans  les  traits  de  clarinette  répandys  dans  les 
opéras  du  répertoire  du  théâtre  italien. 

Non  moins  recommandable  comme  compo- 
siteur de  musique  pour  les  instruments  à  vent , 
Berr  s'est  fait  en  ce  genre  une  brillante  répu- 
tation. On  sait  qu'en  générai  cette  espèce  de  mu- 
sique est  également  faible  de  conception  et  de 
facture  ;  le  goût  a  presque  toujours  manqué  à 
ceux  qui  l'ont  traitée.  Mieux  inspiré ,  Berr  a 
composé  des  solos  de  clarinette  et  de  basson 
dignes  d'entrer  en  parallèle  avec  ceux  des  meil- 
leur.5  artistes  pour  les  instruments  à  cordes  ;  ses. 


380 


BERR  —  BERTALI 


morceaux  de  nnisiqne  militaire  peuvent  soutenir 
la  comparaison  de  ce  qu'on  avait  fait  alors  de 
meilleur  en  Allemagne.  Parmi  ses  nombreuses 
produclions,  on  compte  500  morceaux  de  mu- 
sique militaire  ,  40  suites  d'harmonie  ,  tir<ies  de 
divers  opéras  ,  deux  concertinos  pour  le  basson , 
quatre  airs  variés  pour  cet  instrument,  sept  airs 
variés  pour  la  clarinette  avec  accompagnement 
d'orcbesfre,  d'harmonie,  de  quatuor  ou  de 
piano,  un  divertissement,  deux  concertos,  dix- 
sept  fantaisies  pour  piano  et  clarinette,  des  duos 
pour  deux  clarinettes,  une  petite  méthode  pour 
cet  instrument.  La  plupart  de  ces  ouvrages  ont  été 
publiés  à  Paris,  à  Mayence,  à  Leipsick,  etc.  De- 
puis longtemps  il  s'occupait  de  la  rédaction  d'une 
méthode  complète  pour  l'étude  de  la  clarinette  ; 
il  publia  cet  ouvrage  sous  ce  titre  :  Traité  com- 
plet de  la  clarinette  à  14  clefs.  Manuel  indis- 
pensable auxpersonnes  qui  professent  cet  ins- 
trument et  à  celles  qui  Vétudient.  Paris, 
Duverger,  1836,  in-4''  de  104  pages.  Ce  livre  a 
été  traduit  en  allemand  par  Lobe. 

Depuis  longtemps  on  regrettait  qu'un  artiste 
si  distingué  ne  fût  point  appelé  à  perfectionner 
en  France  l'école  delà  clarinette,  en  général 
défectueuse  en  ce  pays  ;  à  l'époque  de  la  mort  de 
Lefebvre  le  jeune  (  1831  ),  les  vœux  des  amis  de 
l'art  ont  enfin  été  entendus,  et  Berr  a  été  nommé 
professeur  de  clarinette  au  Conservatoire  de  Paris. 
Jl  y  a  fait  adopter  l'usage  allemand  de  l'ancheen 
dessous,  (jui  offre  les  moyens  de  bien  nuancer. 
En  1832,  il  a  été  choisi  comme  première  cla- 
rinette et  solo  de  la  musique  du  roi  ;  et  wi  1835, 
il  a  été  fait  chevalier  de  la  Légion  d'iionneur.  En 
18.36,  il  fut  chargé  par  le  gouvernement  fran- 
çais de  l'organisation  'd'un  grjmtnase  de  musique 
militaire,  destinéà  former  des  musiciens  pourles 
régiments,  lien  fut  directeur  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée le  24  septembre  1838.  Ses  vues  pour  la  bonne 
éducation  des  artistes  dans  cette  école  avaient 
été  contrariées  par  l'inlluence  des  bureaux  du 
ministère  de  la  guerre  :  Berr  crut  devoir  fixer 
l'attention  publique  sur  cet  objet,  et  ilahorda  cou- 
rageusement les  obstacles  dans  une  brochure  in- 
titulée :  De  la  nécessité  de  reconstituer  sur  de 
nouvelles  bases  le  gymnase  de  musique,  mili- 
taire, pour  améliorer  les  musiques  de  régi- 
ments ;  Paris,  1838,  in-8°  de  32  pages.  Il  n'eut 
-  jias  la  consolation  de  voir  réaliser  ses  vues  utiles, 
car  il  mourut  peu  de  mois  après  la  publication 
de  cet  écrit. 

Deux  frères  de  Berr  se  sont  fait  remarquer 
comme  des  artistes  distingués.  Le  premier,  Henri 
Berr,  né  en  1798,  a  été  un  tromboniste  de  la 
première  force;  il  était  chef  de  nmsique  du  36" 
régiment;  le  plus  jeune,  rhiiiipc,  né  en  1804, 


élève  deFrédéric  pourla  clarinette,  et  très-bon  mu- 
sicien, était  chef  de  musique  du  14'^  régiment 
léger. 

BERR(J.  EuNÈs).  On  a  publié  sous  ce  nom  une 
Mélhodenouvelle  de  clarinette  à  6e<  à  13  clefs, 
d'après  celle  de  Vanderhagen,  augmentée  de 
toutes  les  nouvelles  tablatures  ,  des  principes 
raisonnes  de  Vinstrument ,  de  trois  nouvea-ux 
duos  et  de  25  études  mélodiques.  Édition  en- 
tièrement refondue  et  arrangée  d'après  les 
principes  des  écoles  française  et  allemande. 
Paris,  Aulagnier,  1835,  in-4o  gravé.  Une  autre 
édition  a  paru  sous  ce  titre  :  Nouvelle  méthode 
de  clarinette  à  6  e<  à  13  clefs,  par  J.-Eunès 
Berr,  augmentée  de  45  pièces  faciles,  études 
et  duos  progressifs.  Paris ,  Meissonnier  et  Heu- 
gel,  1839,  in-4".  Ces  titres  sont  des  supercheries 
de  commerce,  et  J.-Eunès  Berr  est  un  pseudo- 
nyme choisi  pour  faire  croire  au  public  que  l'au- 
teur de  l'ouvrage  était  Frédéric  Berr  (  Voxj. 
l'article  précédent.  )  Le  livre  dont  il  s'agit  n'est 
que  l'ancienne  méthode  de  Vanderhagen  {Voy.  ce 
nom),  avec  des  additions  de  peu  de  valeur,  prises 
parfont  et  rajustées  par  un  musicien  obscur. 

BERRETTA  (François),  né  à  Rome  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle,  fut  cha- 
noine de  l'église  S.  Spiriito  in  Sassia.  Au  mois  de 
septembre  1G78,  il  succéda  à  Antoine  Masini  dans 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  basilique  du 
Vatican,  et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa 
mort,  qui  eut  lieu  le  6  juillet  1694.  Les  compo- 
sitions inédites  de  Berretta  se  conservent  dans 
les  archives  de  cette  basilique;  elles  consistent  en 
Messes,  Psaumes  et  Motets  à  seize  et  vingt-qua- 
tre voix  réelles ,  divisées  en  quatre  et  six  chœurs. 
On  trouve  en  manuscrit  dans  la  collection  de 
l'abbé  Santini,  à  Rome,  un  In  exitu  Israël  à  5 
voix  avec  chœur  de  ripieno,  un  Te  Deum  à 
8  et  les  psaumes  Nisi  Dominus ,  Domine 
probasti.  In  exitu  Israël,  Jubilate  deo,  et 
Mémento  domine,  également  à  8  voix,  de  la 
composition  de  Berretta.  Caifabri  a  inséré  des 
psaumes  de  ce  compositeur  dans  la  collection 
qu'il  a  publiée  en  1683. 

BERRETTARI  (AtnÉUEN),  surnommé 
Ficsoli,  parce  qu'il  était  né  dans  la  petite  ville  de 
Fiesole,  près  de  Florence,  fut  un  compositeur  du 
dix-septième  siècle,  moine  de  l'ordre  des  Hiéronj 
uiites.  Onaimprimé  de  sa  composition  :  1»  Misse 
e  Salmi  ;  Venise,  1G56.  —  2°  Compléta  a  8  voci, 
e  Letanie  a  8  voci  correnti,  con  stromenti  e 
ripieni.  o\}.  3;  Venezia ,  op.  Franc.  Magni, 
1656,  in-4°.  —  3°  Mottetti  a  voce  sola;  in  Ve- 
nrzia,  ap.   Vincenti,  1646,  in-4°. 

BEPiTALÏ  (Antoine)  ,  maître  de  chapelle 
de  l'empereur  d'Autriche,  né  à  Vérone  en  1605, 


BERTAT.I  —  BERÏEAU 


asi 


occupa  ce  poste  pendant  quarante  ans.  On  a  la  ilate 
précise  de  sa  naissance  par  cette  inscription 
placée  au  l)as  de  son  portrait  :  JEtatis  sux  59 
ann.  et  7  mens,  in  octobr  1654.  On  croit  qu'il 
vivait  encore  en  1680.  Il  a  fait  représenter  à 
Vienne  plusieurs  opéras,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  1"  Il  re  Gilidoro,  favola  dramma- 
tica;  1059.  — i"  Gli  amori  d'Apollo  con  Cli- 
zia;  1600.  Ses  autres  compositions  sont  :  1° 
Thésaurus  musicus  trium  instrumentorum; 
Dillingue,  1071,  in-folio.  —  2o  Sonates  à  deux 
violons  et  basse  ;—  3°  Missa,  Kyrie  a  due  so- 
prani,  alto,  tenore  e  basso ,  due  violini,  due 
viole  ed  onjano;  —  4°  Suonata  anove,  due 
violini,  viola  di  gamba,  due  cornetti,Jagotto, 
c  tre  tromb.  —  5°  Magnificat  a  quattro  voci. 
On  trouve  à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin 
l'hymne  de  ce  maître  Jesu  redemptor,  à  6  voix 
et  instruments,  en  manuscrit. 

BERTALOTTl  (Ange-Michel), néàBologne 
vrfs  1605,  apprit  l'art  du  chant  sous  les  meilleurs 
maîtres  de  cette  ville,  puis  à  Rome.  Il  séjourna 
dans  la  capitale  du  monde  chrétien  pendant  les 
années  1087  à  1689,  puis  retourna  à  Bologne, 
où  il  forma  de  bons  élèves  pour  le  chant,  et  fut 
maître  dans  plusieurs  églises,  particulièrement 
pour  l'enseignement  du  plaint-chant.  L'Académie 
des  philharmoniques  l'admit  au  nombre  de  ses 
membres  en  1703.  Bertalotti  est  auteur  de  deux 
traités  dont  un  concerne  le  plain-chant  et  l'autre 
le  chant  moderne  ou  figuré  ;  ces  ouvrages  ont 
pour  titres  :  1°  Régale  utilissime per  appendere 
il  canlo  fenno  ;  Bologne  i706,  in-4°.  Il  y  a  plu- 
sieurs éditions  de  ce  livre  faites  à  Bologne  :  la 
quatrième  a  été  imprimée  par  Lelio  délia  Volpe, 
en  1744,  in-4"de  44  pages.  Il  a  été  publié  une 
nouvelle  édition  de  cet  ouvrage  à  Bologne,  en 
1720,  in-4'',  sous  ce  titre  :  Jîegole  per  il  canlo 
fermo  con  un  dialogo  che  serve  tanto  per  esa- 
minare,  che  per  esser  esaminalo,  con  una  spie- 
gazione  de'  tuoni,  etc.  —  2°  Regole  utïlissime 
per  il  canto  figurato  ;  Bologne,  171G,  in-4°.  On 
a  aussi  de  Bertalotti  des  solfèges  à  deux  voix 
intitulés  :  Sotfeygi  a  canto  e  alto;  Bologne, 
1"44,  in-4"  obi.  lis  ont  été  réimprimés  dans  la 
même  ville,  avec  l'addition  de  plusieurs  solfèges 
à  trois  voix,  sous  ce  titre  :  Solfeggi  a  canto  et 
alto  dati  già  aile  stampe  per  commodo  délie 
scuole  pie  di  Bologna.  Nuova  edizione  con 
aggiunta  degli  elementi  del  sotfeggio  e  di 
terzetti;  in  Bologna  nella  stamperia  di  Lelio 
délia  Volpe,  1764  in-4v  obi. 

BERTAN5  (Lélio),  né  à  Brescia,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle,  fut  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville  ;  mais  ayant 
éprouvé  quelques  dégoûts  dans  sa   patrie,  il  se 


rendit  à  la  cour  du  duc  Alphonse  de  Ferrare. 
Ce  |)rince  l'accueillit  et  fut  si  satisfait  de  ses  ta- 
lents, qu'il  lui  lit  présent  d'un  collier  de  cinq 
cents  écus.  L'empereur  Rodolphe  l'appela  en- 
suite aut)rès  de  lui  ;mais  Bertani  préféra  entrer 
au  service  de  l'évèque  de  Padoue.  Il  termina  ses 
jours  à  Brescia,  en  1600,  dans  un  âge  avancé. 
Bertani  a  beaucoup  écrit,  mais  on  n'a  imprimé 
de  sa  composition  que  des  Mudrigali  a  chique 
voci,  libro  primo ,  Brescia  appresso  Pietro 
Maria  Marchctli,  1584,  in-4°  ;  des  sonnets  à 
cinq  voix,  Venise  1586  et  1609,  et  des  madrigaux 
à  six  voix,  livre  premier,  Venise,  presso  Bar- 
tolomeo  Magni,  in-4°.  Un  de  ces  madrigaux  a^ 
été  inséré  par  Hubert  Waelrant  dans  le  recueil 
qu'il  a  publié  sous  le  titre  de  Sijmphonia  ange- 
lica;  Louvain,  Pierre  Phalèse,  1554  in-4o  obi. 
Les  collections  intitulées  :  Il  Lauro  verde  (Ve- 
nise, Gardaue,  et  Anvers,  Pierre  Phalèse,  1591) 
et  II  Trionfo  di  Dori  (Venise,  Gardane,  1596,  et 
Anvers,  Pierre  Phalèse,  160i),  renferment  quel- 
ques autres  madrigaux  de  Bertani.  On  trouve 
aussi  un  sonnet  à  cinq  voix  de  sa  composition 
dans  la  collection  qui  a  pour  titre  :  Corona  di 
dodici  sonetti  di  Gio.  Battlsta  Zuccarini  alla 
gran  duchessa  di  Toscana,  posta  in  musica 
da  dodici  eccellentissimi  aulori  a  cinque 
voci;  Venise,  Gardane,  1536. 

BERTEA^Cet  non  BERTAUT,  BER- 
THAUT,ou  BERTAULT  ( ....),  fondateur  de 
l'école  de  violoncelle  de  France,  naquit  à  Valen- 
ciennes,  dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle(l),  voyagea  en  Allemagne  dans  sa  jeunesse, 
et  reçut  des  leçons  de  basse  de  viole  d'un  Bohé- 
mien nommé  Kozecz.  Il  devint  d'une  grande  ha- 
bileté sur  cet  instrument  ;  mais  il  y  renonça  dans 
la  suite  pour  le  violoncelle,  qui  l'avait  séduit  par 
la  puissance  de  ses  sons  et  par  son  large  caractère 
dans  le  chant.  La  vue  d'un  solo  de  Franciscello 
décida  de  sa  nouvelle  vocation.  Son  taleijt  effaça 
bientôt  celui  de  tous  ses  rivaux,  et  lorsqu'il  ar- 


il)  M.  Hédouin  {voy.  ce  nom),  dontrobligeance  est  bien 
connue  des  artistes,  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  faire  des 
recfierches  dans  les  registres  de  l'état  civil  à  Valencieiines, 
pour  découvrir  les  prénoms  de  Berteau  ,  ainsi  que  la  date 
de  sa  naissance.  Après  avoir  feuilleté  une  multitude  rie 
registres  et  de  liasses  de  papiers ,  on  a  trouvé  un  Cor- 
neille Berteau,  musicien,  né  à  Valenciennes  en  1736,  Ois 
de  Martin  Bei'teau,  musicien  aussi.  Ce  Corneille  Berteau, 
né  en  1736,  ne  peut  être  le  célèbre  violoncelliste,  puisque 
celui-ci  débuta  au  concert  spirituel  en  1739,  suivant  le 
P.  Caffiaux,  qui  fut  son  contemporain  et  le  connut.  Il  y 
a  quelque  vraisemblance  que  Martin  Beiteau,  père  de  Cor- 
neille, fut  un  frère  du  virtuose.  Les  recherches  de  M.  Hé- 
douin ont  eu  du  moins  pour  résultat  de  rectifier  l'ortho- 
graphe du  nom  de  celui-ci;  car  on  ne  trouve  ni  Uertàut 
ni  Berthaut,  ni  enfin  Bertault,  dans  les  registres  de  l'état 
civil  à  Valenciennes. 


382 


BERTEAU  —  BERTEZEN 


riva  à  Paris,  on  le  considéra  comme  un  pro- 
dige. Ce  fut  en  1739  qu'il  parut  pour  la  pre- 
mière fois  au  concert  spirituel,  et  qu'il  y  excita 
l'admiration  dans  un  concerto  de  sa  composi- 
tion. Il  ne  se  passait  pas  d'année  où  on  ne  le 
pressât  de  se  faire  entendre  dans  cette  institu- 
tion. Calfiaux,  qui  était  son  contemporain,  dit 
dans  son  histoire  de  la  Musique  (Mss.  de  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Paris)  :  «  Avec  un  talent 
o  extraordinaire,  il  n'a  pas  celui  de  faire  sa  for- 
«  tune;  c'est  assez  le  propre  des  hommes  à  ta- 
»  lent.  Une  anecdote  qu'il  a  souvent  racontée 
«  lui-même,  va  faire  connaître  son'génie.  Tandis 
«  qu'il  jouissait  à  Paris  de  la  gloire  de  n'avoir 
«  aucun  égal,  un  ambassadeur,  ami  de  la  musi- 
«  que,  l'engagea  à  venir  faire  les  délices  d'une 
<i  nombreuse  compagnie  qu'il  avait  assemblée. 
«  Le  musicien  complaisant  obéit.  Il  se  présente, 
<'  il  joue,  il  enchante.  L'ambassadeur  satisfait 
"  lui  fait  donner  huit  louis,  et  donne  ordre  de  le 
«  conduire  à  son  logis  dans  son  propre  carrosse. 
<i  Berlcau,  sensible  à  cette  politesse,  mais  ne 
«  croyant  pas  ses  talents  assez  bien  récompensés 
"  par  un  présent  si  modique,  remet  les  huit 
'<  louis  au  cocher  en  arrivant  chez  lui,  pour  la 
n  peine  que  celui-ci  avait  eue  de  le  reconduire. 
«  L'ambassadeur  le  fit  venir  un  autre  fois,  et 
«  sachant  la  générosité  qu'il  avait  faite  à;  son 
"■  cocher,  il  lui  fit  compter  seize  louis ,  et  or- 
«  donna  qu'on  le  reconduisit  encore  dans  sa 
«  voiture.  Le  cocher,  qui  s'attendait  à  de  nou- 
«  veiles  largesses,  avançait  déjà  la  main;  mais 
«  Berteau  lui  dit  :  Mon  ami,  je  t'ai  payé  pour 
«  deux  fois.  «  L'opinion  est  unanime  sur  cet 
artiste,  et  l'on  ne  peut  douter  qu'il  n'ait  possédé 
un  talent  de  premier  ordre  pour  son  temps; 
malheureusement,  son  mérite  était  terni  par  un 
penchant  immodéré  pour  le  vin,  défaut  assez 
commun  aux  peintres,  aux  poètes  et  surtout  aux 
musiciens  de  cette  époque. 

Berteau  est  considéré  à  juste  titre  comme  le 
fondateur  de l'éeole  du  violoncelle  en  France; 
car  il  a  eu  pour  élèves  Cupis,  les  deux  Janson, 
et  Duport  l'aîné,  qui  ont  propagé  sa  belle  ma- 
nière de  chanter  et  la  belle  qualité  de  son  qu'il 
tirait  de  l'instrument.  On  lit  dans  le  Diction- 
naire des  Musiciens  de  Choron  et  Fayolle,  que 
Duport  le  jeune  fut  aussi  son  élève  ;  c'est  une 
erreur;  car  Louis  Duport  était  né  à  la  fin  de 
l'année  1749,  et  Berteau  mourut  en  1756.  Duport 
eut  son   frère  pour  maître. 

On  trouve,  dans  les  anciens  catalogues  des 
éditeurs  de  musique  de  Paris,  l'indication  de 
quatre  concertos  de  violoncelle  composés  par 
Berteau  et  qui  furent  exécutés  par  lui  au  con- 
cert spirituel.   Vers  1320  un  concerto  pour  cet 


instrument  a  été  publié  à  Paris,  chez  Henz  Jouve; 
j'ignore  si  c'est  une  nouvelle  édition  d'un  de  ses 
anciens  concertos.  Berteau  avait  aussi  composé 
trois  livres  de  sonates  pour  violoncelle  et  basse 
qui  ont  été  gravés  à  Paris. 

BERTELMAN  (J.-G.),  professeur  à  l'école 
royale  de  musique  d'Amsterdam,  membre  de  la 
Société  hollandaise  pour  les  progrès  de  la  mu- 
sique,   et  de    l'Académie    de   Sainte-Cécile  de 
Rome,  est  né  en  1785.  En    1S45  il  a  dirigé  la 
grande  fête  de  chant  à  Clèves.  La    société  de 
Hollande  pour  les  progrès  de  la  musique  a  cou- 
ronné,   en  1835,   une  messe    solennelle  de   la 
composition    de   cet    artiste  et  l'a  publiée  en 
partition,  sous  ce  titre   :   Missa  auctoreJ.  G. 
Bertdman  édita  a  Societate  hollendica  mu- 
sicae  promovendx  ;  Hagse  comitis,  apud  Fr. 
Benster,  in-fol.    Bertelman    a  fait  exécuter   à 
Amsterdam,  en  1836,  une  grande  cantate   avec 
orchestre.  On  connaît  de  lui   plusieurs  recueils 
de  chants  à  plusieurs  voix,  entre   lesquels  on 
remarque  douze  chants  à  quatre  voix  d'hommes. 
BERTELSMANN  (Charles-Auguste),  pro- 
fesseur de  musique  à  Amsterdam ,  est  né  le  3 
aoilt  1811  à  Giitersioh,  ville  de  la  Westplialie. 
Après  avoir  reçu  la  première  instruction  dans 
l'école  élémentaire  de  ce  lieu,  il  fut  envoyé  par 
sa  mère  au  séminaire  de  Sœst  ou  Sost,  dans  la 
même  province.  11  y  continua  ses  études  et  y  ap- 
prit la  musique.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se 
rendit  à  Darmstadt,  auprès  de  Rink,  qui  lui  donna 
des  leçons  d'orgue  et  de  composition.  A   cette 
époque,  ses  premiers  essais   dans   la  musique 
furent    publiés  dans    le    journal    d'orgue  qui 
paraissait   à  Mannheim.  La  loi    sur   le    recru- 
tement militaire  en   Prusse  l'obligea  de  servir 
pendant  un  an  dans  un  régiment  ;  mais  il  reçut 
ensuite  un  congé  illimité,  et  à  l'âge  de  vingt  et  un 
ans,  il  obtint  une  place  de  professeur  de  musi- 
que  au  séminaire   de  Sœst.  11  en   remplit  les 
fonctions    pendant    plusieurs    années;  puis,  à 
l'automne  de  l'année  1838,  il  accepta  la  position 
de  professeur  de  musique  au  séminaire  d'Ams- 
terdam, lia  publié  de  sa  composition  :  Quelques 
pièces  d'orgue  dans  le  recueil  de  Mannheim.  — 
douze  chants  à  4  voix  (soprano,  contralto,  ténor 
et  basse) ,  op.  3  ;  Essen ,  Baedeker. —  Six  Lieder 
à  voix  seule,  avec  piano;  Mannheim,  Heckel.  ■ — 
Chants    en  chœur  pour  des   voix   d'hommes; 
Mayence ,  Schott.  —  Hymne    pour    des    voix 
d'hommes;  Cologne,  Edi.—Wein-Constihition, 
solo  pour  voix  de  basse,  avec  un  chœur  d'hom- 
mes; Mayenee,  Schott. —  Quatre  Lieder  pour  voix 
decontralto  (ou  baryton) ,  avec  piano  ;  Cologne, 
Eck. 
BERTEZEN    (Salvador),    professeur  de 


BERTEZEN    —  BERTIN 


S83 


chant,  né  en  Italie  de  parents  belges,  a  publié  à 
Rome,  en  1780,  un  livre  intitulé  :  Principi  délia 
tnusica,  in-12.  Dans  la  môme  année  il  se  rendit 
à  Londres,  où  il  publia  une  nouvelle  édition  de 
son  livre  en  1781,  un  volume  in-s"  de  cent 
quatre-vingt-trois  pages  avec  dix-huit  planches. 
Bertezen  avait  destiné  son  livre  aux  jeunes  gens 
qui  commencent  l'élude  de  la  musique;  mais  la 
méthode  élémentaire  y  manque.  C'est  plutôt  un 
recueil  assez  estimable  de  bonnes  observations 
critiques  et  historiques,  sur  les  points  les  plus 
importants  de  la  théorie  musicale,  qu'un  traité 
de  musique.  On  y  trouve  du  savoir  et  de  l'éru- 
dition. Bertezen  paraît  avoir  aperçu  les  di'fauts 
de  son  ouvrage,  considéré  comme  livre  élémen- 
taire, car  il  en  (it  im  abrégé  réduit  aux  princi- 
pes les  plus  utiles,  qu'il  publia  en  italien  et  en  an- 
glais, sous  ce  titre  :  Extract  of  tlie  work  enti- 
iled  Principles  of  lUnsic  by  Salvador  Ber- 
tezen; Londres',  1782,  in-S"  de  quarante-six 
pages  à  deux  colonnes  avec  quatre  planches. 

BERTII AUME  (Isidore),  violoniste  distin- 
gué, né  à  Paris,  en  1752,  eut  un  talent  pré- 
coce sur  le  violon,  et  joua  avec  succès  au 
concert  spirituel  à  l'âge  de  neuf  ans,  en  1761.  Il 
dirigeait  l'orchestre  de  ce  même  concert  vers 
1783.  En  1788  il  entra  au  théâtre  de  l'Opéra-Comi- 
que  en  qualité  de  premier  violon.  Cet  artiste  avait 
fait  une  étude  sérieuse  et  suivie  des  œuvres  classi- 
ques des  anciens  violonistes  italiens  et  français. 
Sa  manière  n'était  pas  grande  ;  mais  son  jeu  était 
pur,  et  il  se  faisait  particulièrement  remarquer 
par  une  rare  justesse  d'intonation.  Il  a  formé 
quelques  bons  élèves,  parmi  lesquels  on  remar- 
quait Grasset,  ancien  chef  d'orchestre  de  l'O- 
péra-italien.  Il  a  publié  à  Paris  :  1°  Sonates  de 
ciolon,  dans  le  style  de  Lolli;  —  2°  Six  solos 
pour  le  violon,  op.  2".  —  3°  Six  dîios  de  vio- 
lon, mêlés  de  petits  airs,  œuvre  3*.  —  4"  So- 
nates de  violon,  op.  4*.  —  5°  Concerto  de 
violon,  op.  5*.  —  6°  Symphonie  concertante 
pour  deux  violons,  op.  6*.  —  7°  Sonates  de 
piano  ,  avec  accompagnement  de  violon  ,  op. 
7'.  —  8°  Six  petites  sonates  pour  le  clavecin, 
op.  8*.  En  1791,  Berlhaume  sortit  de  France 
avec  beaucoup  d'émigrés,  et  se  rendit  d'abord 
à  Eutin,  dans  le  grand-duché  d'Oldenbourg,  où 
il  devint  maître  des  concerts;  quelques  années 
après  il  se  fixa  à  Saint-Pétersbourg,  où  il  fut 
premier  violon  de  la  muisique  particulière  de 
l'empereur.  Il  mourut  en  cette  ville  le  20  mars 
1802. 

BERTHÉ  (François-Louis),  littérateur  et 
amateur  de  musique,  à  Paris,  né  dans  les  der- 
nières années  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  en 
1834  douze  libretti  pour  les  opéras  français,  avec 


une  préface  sur  ce  genre  de  spectacle,  et  a  fait 
suivre  cette  publication  de  Beethoven,  drame 
lyrique, précédé  de  quelques  mots  sur  l'ex- 
pression en  musique;  et  sur  la  véritable 
poésie  dans  le  drame  lyrique;  Paris,  IJcnain, 
1836,  I  vol.  in-8°  de  230  pages.  La  dissertation 
sur  l'expression  musicale  et  sur  la  poésie  lyrique 
n'est  pas  en  quelques  mots,  comme  le  dit  l'au- 
teur, car  elle  forme  146  pages  :  on  y  trouve  de 
bonnes  vues  et  un  bon    sentiment   de  musique. 

BERTHET  (Pierre),  musicien  français  du 
dix-septièmesiècle  et  professeur  de  chant  à  Paris, 
a  publié  :  Leçons  de  musique,  ou  Exposition 
des  choses  les  phis  nécessaires  pour  apprendre 
à  chanter  sa  partie  à  livre  ouvert iParis,  Bal- 
lard,  1695,  in-S»  oblong.  Cette  édition  est  la 
deuxième.  J'ignore  quelle  est  la  date  de  la  pre- 
mière. Cet  ouvrage  n'a  que  quelques  lignes  de 
texte;  le  reste,  renfermé  dans  47  pages,  con- 
siste en  exemples  notés. 

BERTHOLDO.  Voyez  BERTOLDO  {Sper- 
in-Dio). 

BERTHOLUSIUS  (Vincent),  organiste 
au  service  des  rois  de  Pologne  et  de  Suède,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  :  Cantiones  sucrx 
6,7,  8  et  10  voc.  lib.  l";  Venise,  1601,    in  4°. 

BERTI  (Charles),  maître  de  chapelle  de  l'é- 
glise c?e^/a  ISunziata,  à  Florence,  vers  la  fin 
du  16®  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composi- 
tion :  Magnificat  octavi  toni  quinque  voc, 
Florence,    1593. 

BERTI  (...),  hautboïste  du  théâtre  de  la 
Scala,  à  Milan,  né  dans  cette  ville,  et  actuelle- 
ment vivant  (1854),  a  publié  18  caprices  pour  le 
hautbois;  Milan,  Ricordi. 

BERTIN  (T.  de  la  Doué),  né  à  Paris  vers 
1680,  fut  maître  de  clavecin  de  la  maison  d'Or- 
léans, et  organiste  de  l'église  des  Théatins. 
Vers  1714  ,  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra 
comme  violoniste  et  pour  y  jouer  du  clavecin. 
En  1734,  il  prit  sa  retraite  et  fut  pensionné.  Il 
a  donné  au  fhéâtie  de  l'Opéra  :  1"  Airs  ajoutés 
à  l'opéra  d'Alys,  de  Lulli.  —  2°  Cassandre, 
en  société  avec  Bouvart,  en  1706.  —  3°  Dio- 
mède,  en  1710.  — 4°  Ajax,  en  I71G.  —  5°  Le 
jugement  de  Paris  ,  en  1718. —  6°  Les  plaisirs 
de  la  campagne.  On  a  aussi  deux  livres  de 
cantatilles  de  sa  composition  ;  Paris,  Ballard , 
sans  date.  Berlin  est  mort  à  Paris  en    1745. 

BERTIN  (Exupèue-Joseph),  célèbre  anato- 
raisle,  naquit  à  Tremblay,  près  de  Rennes,  le  21 
septembre  1712,  et  mourut  à  Gahard  ,  près  de  la 
même  ville,  le  25  février  178t.  Il  était  membre 
de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris.  Berlin  fut 
un  ardent  antagoniste  du  svstcmo  de  Ferrein  sur 


384 


BERTIN 


la  voix  humaine.  Au  nombre  du  ses  ouvrages 
on  remarque  :  1°  Lettre  au  docteur  ...  sur  le 
nouveau  système  de  la  voix,  de  Ferrein.  La 
Haye  (Paris),  1745,  in-8°.  —  2°  Lettre  sur  le 
nouveau  système  de  la  voix  et  sur  les  artè- 
res lymphatiques;  Paris,  1748,  iii-12.  Ces 
nouvelles  lettres  contiennent  une  réponse  à 
Montagnat  {Voy.  ce  nom),  qui  avait  pris  la 
défense  de  Feirein.  {Voy.  Fekrein.) 

BERTIN  (Jean-Honohé),  acteur  de  l'Opéra, 
connu  sous  le  nom  de  Berlin  Dilloy ,  fut  d'a- 
bord enfant  de  chœur,  et  débuta  dans  les  rôles 
de  basse-taille,  le  25  novembre  1792,  dans 
Castor  et  Pollux.  On  l'admit  comme  firemier 
double  peu  de  temps  après,  et  il  continua  son  ser- 
vice en  cette  qualité  jusqu'au  1^''  janvier  1SI7, 
époque  de  sa  retraite.  Il  a  composé  des  messes, 
des  motets,  et  a  arrangé  en  deux  actes  la  mu- 
sique A'Arvire  et  Évelina ,  pour  la  reprise  de 
cet  ouvrage,  en  1830.  Berlin  est  mort  à  Ver- 
sailles, en  1843. 

liERTlN  (M"*  Louise-Angélique),  née  le 
15  février  180b,  aux  Pioches,  près  de  Bièvre,  à 
quatre  lieues  de  Paris,  puisa  de  bonne  heure  le 
goût  des  arts  dans  sa  famille,  où  les  peintres, 
les  musiciens  et  les  gens  de  lettres  les  plus 
célèbres  venaient  avec  plaisir,  parce  qu'ils  y 
étaient  accueillis  avec  cordialité.  La  peinture 
fixa  d'abord  son  attention;  mais,  ne  considérant 
l'art  que  dans  ses  résultats,  elle  ne  voulut  com- 
mencer à  l'apprendre  qu'en  faisant  un  tableau, 
et  pour  la  première  leçon,  on  fut  obligé  de  lui 
donner  une  toile  et  des  pinceaux.  Cette  mé- 
thode lui  réussit.  Mais  bientôt  son  penchant 
pour  la  peinture  fut  effacé  par  un  goût  passionné 
pour  la  musique.  Elle  jouait  du  piano  et  possé- 
dait une  voix  de  contralto  pleine  d'énergie.  L'au- 
teur de  cette  Biographie  fut  appelé  pour  lui 
donner  des  leçons  de  chant.  Les  progrès  de 
l'élève  furent  rai)ides  et  développèrent  de  plus 
en  plus  son  goût  pour  la  musique  dramatique. 
Elle  brûlait  du  désir  d'écrire  un  opéra;  mais 
il  n'entrait  pas  dans  sa  tournure  d'esprit  de. 
commencer  pour  cela  par  apprendre  l'harmonie 
ni  le  contrepoint;  il  fallut  lui  enseigner  à 
écrire  des  airs,  des  morceaux  d'ensemble  et 
des  ouvertures  comme  on  lui  avait  montré  à 
faire  des  tableaux  ;  méthode  originale  que  le 
professeur  lui-même  n'était  pas  fâché  d'essayer. 
m""  Berlin  éciivait  ses  idées,  qui,  insensible- 
ment, prenaient  la  forme  du  morceau  qu'elle 
voulait  faire  ;  l'harmonie  se  régularisait  de  la 
même  manière,  et  l'instrumentation,  d'abord 
essayée  d'instinct  et  remplie  de  formes  insolites, 
finissait  par  rendie  la  pensée  du  jeune  compo- 
siteur. En  [Jiocédant  ainsi,  il  se   trouva  qu'un 


jour  un  opéra  en  trois  actes,  dont  le  sujet 
était  Gui  Mannering,  était  achevé.  Quelques 
amis  se  réunirent  autour  du  piano  et  essayèrent 
cette  production  née  d'une  manière  si  singulière; 
ils  y  trouvèrent  ce  qui  y  était  en  effet,  de  l'o 
riginalité  qui  dégénérait  quelquefois  en  bizarrerie, 
mais  surtout  un  sentiment  énergique  des  situa- 
tions dramatjques,  qu'il  était  surprenant  de 
trouver  dans  une  feuune.  A  mesure  qu'on  sa- 
vait mieux  cette  musique,  dont  l'exécution  était 
difficile,  on  y  découvrait  des  effets  qu'on  n'avait 
pas  aperçus  d'abord.  On  voulut  l'entendre  avec 
tous  les  accessoires  qui  pouvaient  en  donner 
une  idée  complète  :  un  petit  théâtre  fut  élevé 
dans  une  serre,  à  la  campagne,  un  orchestre 
lut  rassemblé ,  et  ce  qu'on  entendit  fut  de  na- 
ture à  étonner ,  malgré  les  irrégularités  de 
formes  et  d'harmonie  qui  auraient  pu  offrir  une 
large  part  à  la  critique.  Ce  succès,  car  c'en  était 
un,  décida  de  la  vocation  de  M"°  Berlin.  Elle 
écrivit  avec  plus  de  promptitude  et  de  liberté  un 
opôra-comique  de  M.  Scribe,  qui  avait  pour  titre 
Le.  Loup  garou,  et  qui  fut  représenté  au  théâtre 
Feydeau,  le  10  mars  1827.  Cet  ouvrage,  dont  la 
partition  a  été  gravée  à  Paris,  chez  Schlesinger,  fut 
joué  plusieurs  fois  de  suite  et  fut  ensuite  monté 
dans  plusieurs  villes  des  départements.  Quoiqu'il 
y  eût  plus  d'habitude  de  faire  dans  Le  Loup 
garou  que  dans  Gui  Mannering ,  il  y  avait 
moins  d'effet  dans  la  musique,  parce  que  le 
genre  de  la  pièce  n'avait  aucune  analogie  avec 
la  manière  de  sentir  du  compositeur.  M"*  Ber- 
lin se  retrouva  bien  plus  dans  le  cercle  de  ses 
idées,  quand  elle  entreprit  d'écrire  pour  le  théâ- 
tre Italien  un  opéra  de  Faust,  où  toute  l'é- 
nergie de  son  âme  put  s'exhaler  à  l'aise.  Cet 
ouvrage  fut  représenté  au  théâtre  Favart  le 
8  mars  1831.  Bien  que  son  exécution  ait  été 
médiocre ,  on  a  pu  juger  qu'il  renfermait  des 
choses  profondément  senties  et  souvent  expri- 
mées d'une  manière  originale.  La  partition  de 
Faust,  réduite  pour  le  piano,  a  été  gravée,  à 
Paris,  chez  Schlesinger.  M"*^  Berlin  n'a  pas  re- 
culé devant  une  entreprise  plus  grande  et  plus 
difficile  encore,  car  elle  a  écrit  un  opéra  en  cinq 
actes  sous  le  titre  de  Notre-Dame  de  Paris; 
Victor  Hugo  a  extrait  lui-même  le  livret  de  cet 
œuvre  de  son  roman  connu  sous  le  môme  titre. 
L'ouvrage  a  été  représenté  à  l'Opéra  le  18  no- 
vembre 1836:  il  n'a  pas  réussi. 

RERTSN  (Jean-Baptiste),  ancien  veneur  du 
roi  Charles  X  et  professeur  de  trompe  dédiasse 
à  Paris,  est  auteur  d'une  Aoitvelle  méthode  de 
trompe,  ou  Manuel  raisonné,  à  l'usage  des 
veneurs  et  amateurs  de  chasse,  etc.  Paris, 
chez  l'auteur,  1840,  in-4o.  obi.  de  24  pages,  avei- 


BERTIN  —  BKRTINI 


38à 


40  pa^es  gravées  d'airs  et  de  signaux  de  chasse 
pour  une  et  deux  trompes. 

BEBTINI  (Salvator),  né  à  l'alerme ,  en 
1721,  eut  pour  premier  maître  de  musique 
P.  Pozzuoio,  père  du  célèbre  professeur  de  mé- 
decine dece  nom. Après  avoir  fait  ses  étudesjus- 
qu'à  la  logique,  il  fut  envoyé  au  Conservatoire 
de  la  Pietà,  à  Naples,  où  il  apprit  l'accompagne- 
ment et  le  contrepoint  sous  la  direction  <le  Léo. 
Il  resta  huit  années  dans  cette  école.  En  (746, 
Léo  mourut;  Bertini  était  alors  âgé  de  vingt- 
cinq  ans,  et  venait  d'achever  ses  études  musi- 
cales. La  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
cour  de  Saint-Pétersbourg  lui  fut  offerte;  mais 
la  crainte  de  porter  atteinte  à  son  salut,  en  al- 
lant dans  un  pays  hérétique,  lui  fit  refuser  les 
avantages  qu'il  aurait  pu  en  tirer.  La  place  fut 
donnée  à  Manfredini.  De  retour  à  Palerme,  Ber- 
tini écrivit  pour  le  théâtre  de  cette  ville  quelques 
opéras  qui  furent  bien  accueillis  par  le  public. 
Ses  succès  lui  valurent  la  place  de  maître  de  la 
chapelle  royale,  en  remplacement  de  David 
Perez,  qui,  dans  ce  temps  fut  appeléà  Lisbonne. 
Après  avoir  fait  un  voyage  à  Rome  et  à  Naples 
pour  y  présider  à  la  représentation  de  quelques- 
uns  de  ses  ouvrages,  il  revint  à  Palerme,  et  ne 
s'occupa  plus  qu'à  écrire  «les  messes,  des  psau- 
mes, des  oratoiios  et  d'autres  compositions 
pour  l'église,  parmi  lesquels  on  distingue  parti- 
culièrement sa  messe  de  Requiem  composée 
pour  les  obsèques  du  roi  Charles  III,  en  1790, 
im  Miserere  à  deux  chœurs,  pour  le  service  de 
la  chapelle  royale  pendant  la  semaine  sainte,  et 
un  autre  Miserere  à  quatre  voix  pour  les  ven- 
dredis du  carême.  Bertini  est  mort  à  l'âge  de 
soixante-treize  ans,  le  16  décembre  1794.  On  a 
gravé  à  Londres  Sonate  ppr  il  cembalo  e 
violino,  op.   l'',  sous  le  nom  de  ce  compositeur. 

BERTINI  (L'abbé  Josep»),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Palerme.-vers  1756.  Devenu  maî- 
tre de  la  chapelle  royale  de  Sicile,  il  s'adonna  à 
la  composition  dans  le  style  d'église,  et  écrivit  un 
grand  nombre  de  messes  et  de  vêpres.  Il  s'est  fait 
connaître  aussi  par  la  publication  d'un  livre  in- 
titulé :  Dizionario  Storico  criiico  degli  scrit- 
tori  di  niusica,  Palerme,  1814,  pelitin-4°,  4vo- 
lumes.  La  plus  grande  partie  de  cet  ouvrage  est 
puisée  dans  le  Dictionnaire  des  Musiciens  de 
Choron  et  Fayolle;  cependant  on  y  trouve  quel- 
ques articles  originaux  sur  les  musiciens  italiens, 
qui  ne  sont  pas  dépourvus  d'intérêt.  Bertini  vi- 
vait encore  à  Palerme  au  mois  d'août  1847,  lors- 
que M.  Danjou  visita  la  Sicile  :  il  était  alors 
âgé  de  quatre-vingt-onze  ans. 

BERTIIVl  (...),  né  à  Tours  vers  1750,  reçut 
son  éducation  musicale  à  la  cathédrale  de  celte 

BIOGR.     OKIV.    DES  MUSICIENS.  —  T.   I. 


ville,  et  obtint,  peu  de  temps  après  sa  «ortie  de  la 
maîtrise, la  place  de  inaîlre  de  nuisiquc  de  la  col- 
légiale du  Mans.  Pendant  le  temps  où  il  occupa 
cette  place,  il  écrivit  plusieurs  messes  et  beau- 
coup de  motets,  qui  sont  restés  en  manuscrit. 
En  1780,  il  se  rendit  à  Lyon,  essaya  de  se  fixer 
dans  quelques  villes  du  Midi,  puis  se  rendit  à 
Paris  pendant  la  révolution,  et  y  donna  des  leçons 
de  piano  et  de  musique  vocale.  Vers  1811,  il 
voyagea  dans  la  Belgique,  en  Hollande  et  dans 
l'Allemagne  du  Rhin  pour  y  faire  entendre  son 
jeune  fils,  Henri  Bertini,  déjà  remarquable  par 
son  talent  d'exécution,  quoique  bien  jeuneencore. 
Bertini  a  cessé  de  vivre  peu  de  temps  après. 

BERTIM  (Benoît-Auguste),  fils  aîné  du 
précédent,  pianiste  habile,  naquit  à  Lyon,  le  5  juin 
1780.  Les  premières  leçons  de  musique  lui  furent 
données parson  père.  En  1793,ilquilta  Paris  pour 
aller  à  Londres,  où  il  reçut  des  leçons  de  piano 
et  de  composition  de  démenti,  pendant  six  ans. 
De  retour  à  Paris,  en  1806,  il  s'est  fait  entendre 
dans  les  concerts  du  théâtre  Louvois,  en  1807, 
et  a  publié  jusqu'en  1818  plusieurs  œuvres  de 
sonates  pour  piano,  des^  fantaisies,  des  ron- 
deaux, etc.  En  1817  il  lit  graver  lanuisique  d'un 
opéra  intitulé  Ze  Prince  d'occasion,  qui  avait  été 
refusé  par  les  comédiens  du  théâtre  Feydeau.  Cet 
ouvrage  fut  confié  à  Garcia  pour  qu'il  en  fit  la 
musique,  et  celle  circonstance,  affligeante  pour 
l'amour-propre  de  Bertini,  le  détermina  à  s'é- 
loigner de  Paris,  et  à  se  rendre  en  Italie.  Pendant 
plusieurs  années  il  a  vécu  à  Naples,  où  il  donnait 
des  leçons  de  piano  ;  puisil  est  retourné  à  Londres, 
et  s'y  livra  à  l'enseignement.  On  a  publié  à 
Londres,  vers  1830,  sous  le  nom  à^ Auguste  Ber- 
tini, un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Phonological 
System  for  acquiring  extraordinary  facility 
on  ail  musical  instruments  as  tvell  as  in 
singing  (Système  phonologique  pour  acquérir  la 
plus  grande  facilité  sur  tous  les  instruments,  aussi 
bien  que  dans  le  chant  (l)  :  J'ignore  s'il  y  a 
identité  entre  cet  auteur  et  Benoît  Auguste  Ber- 
tini. Peut-être  cet  ouvrage  n'est-il  que  le  déve- 
loppement d'un  autre  qui  a  été  publié  à  Paris, 
en  1812,  sous  ce  titre  :  Stigmatographie,  ou  fart 
d'écrire  avec  des  points;  suivie  de  la  mélogra- 
phie,  nouvelle  manière  de  noter  la  musique, 
par  A.  Bertini,\n-it°  de  11  pages.  Celte  mélogra- 
phie  est  une  application  de  la  sténographie  à  la 
musique- 

BERTINI  (Henri),  frère  du  précédent,  né 
le  28  octobre  i  798,  à  Londres,  où  son  père  s'était 
établi  depuis  quelque  temps,  quitta  celte  ville  à 

(1)  Voypï  le  Catalogxie  of  the  universal  circulating  tMl- 
sical  library,  de  Grane  et  C«.  Londres,  1353,  p.  964. 

25 


386 


BERTINI  —  BERTÏNOTTI 


l'ûge  de  six  mojs,  et  vint  à  Paris.  C'est  dans  cette 
ville  qu'il  reçut  les  premières  leçons  de  musique. 
Il   eut  ensuite  pour  maitre  de  piano  son  frère, 
qui  lui  communiqua  les  excellents  principes  du 
doigté   de   démenti.  Doué  des  plus  heureuses 
dispositions  naturelles,  il  (it  de  rapides  progrès, 
et  acquit  un  talent  distingué  à  un  âgeoii  la  plupart 
des  artistes  sont  encore  aux  éléments  de  leur  édu- 
cation. A  douze  ans,    il  fit  un  voyage  dans  les 
Pays-Bas,  en  Hollande  et  en  Allemagne,  pour  y 
donner  des  concerts.  L'auteur  de  cette  Biogra- 
phie le  rencontra  à  Bruxelles,  en  1811.  Déjà  le 
brillant  de  son  exécution  excitait   l'admiration 
des   connaisseurs.  Pendant  ce  voyage  d'art,  il 
continuait  de  travailler  avec  soin  sous  la  direc- 
tion de  son  père.  De  retour  à  Paris,  il  y  suivit  un 
cours  de  composition,  puis  il  se  rendit  en  Angle- 
terre et  en  Ecosse,  où  il  séjourna  quelque  temps. 
En  1821,  M.  Bertini  s'est  fixé  à  Paris  et  nes'en 
est  éloigné  momentanément  que  pour  donner  des 
concerts  dans  les  départements.  Également  re- 
marquable comme  compositeur  et  comme  vir- 
tuose,   il  s'est  placé  au  rang  des  premiers  ar- 
tistes en  son  genre.  Son  talent  d'exécution  appar- 
tient plutôt  à  l'école  mixte  dont  Hummel  est  le 
type,  qu'à  l'école  actuelle.  Il  joue  avec  sagesse  et 
phrase  avec  largeur,  sans  renoncer  toutefois  au 
brillant  qui  est  dans  la  nature  de  l'instrument. 
Comme  compositeur  il  mérite  une  mention  par- 
ticulière, pour  avoir  su  résister  à  l'entraînement  de 
la  mode,  et  s'être  fait  un  style  grave  qui  s'allie 
fo'rt  bien  avec  des  formes  mélodiques  et  harmo- 
niques d'un  goût  (in  et  délicat.  Il  a  fallu  beau- 
coup de  temps  à  M.  Dfertini  pour  être  connu  et 
apprécié  à  sa  juste  valeur  ;  son  courage  à  persé- 
vérer dans  la  route  de  la  belle  et  bonne  musique 
a  reçu  sa  récompense  par  l'estime  que  les  con- 
naisseurs et   le  public  même  accordent  à  ses 
ouvrages.  Ses  productions,  sont  au  nombre  d'en- 
viron   deux  cent*  œuvres.    On  y   remarque  : 
10  Trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle;  — 
2"  Cinq  sérénades  en  quatuor.  —  3°  Cinq  sextuors 
pour  piano,  2  violons,  alto,  violoncelle  et  con- 
tre-basse. —  4°  Un  nonetto  pour  piano  et  instru- 
ments à  vent.  —  50  Environ  douze  suites  d'étu- 
des pour  tous  les  degrés  de  force  et  formant  un 
nombre  très-considérable  de  morceaux.  —  6»  Des 
préludes.  —  7°  Des  nocturnes.  —  8°  Un  grand 
nombre  de  rondeaux,  fantaisies,  caprices  et  diver- 
tissements pour  piano  seul.  —  9°  des  variations 
sur  des  thèmes  originaux  ou  sur  des  airs  connus. 
—  lOo  Une  méthode  de  piano, etc.  Tous  ces  ou- 
vrages ont  été  imprimés  et  réimprimés  à  Paris, 
dans  la  plupart  des  grandes  villes  d'Allemagne, 
en  Italie,  en  Espagne,  en  Angleterre  et  en  Amé- 
rique. En  1833,  Bertini  s'est  associé  à  M.  Ledhuy 


pour  la  publication  d'un  ouvrage  périodique  in- 
titulé Encyclopédie  pittoresque  de  la  musique, 
dont  les  feuilles  réunies  ont  formé  un  volume 
in-4''.  La  partie  littéraire  et  historique  de  celte 
compilation  était  fort  mal  faite  ;  mais  Bertini 
n'y  a  pris  part  que  par  quelques  jolis  morceaux 
de  piano  qu'il  y  a  fait  insérer.  Cette  entreprise 
n'a  pas  été  continuée.  M.  Bertini  est  maintenant 
retiré  à  la  campagne  près  de  Grenoble  (1859). 

BERTINOTTI  (Thérèse),  cantatrice  dis- 
tingué*, est  née  à  Savigliano,  dans  le  Piémont, 
en  1780.  Elle  n'avait  que  deux  ans  lorsque  ses 
parents,  appelés  à  Naples  par  des  affaires  de  fa- 
mille, allèrent  s'y  établir.  Dès  l'âge  de  quatre 
ans  elle  commença  l'étude  de  la  musique  sous  la 
direction  de  Za  Barbiera,  artiste  original   et 
type  qui  s'efface  aujourd'hui  du  musicien  napo- 
litain.  A   douze   ans ,  Thérèse   Berlinotti   dé- 
buta dans  une  troupe  d'enfants,  au  petit  théâtre 
San-Carlino,  et  y  obtint  un  succès  de  vogue.  Con- 
tinuant ensuite  ses  études  de  chant,  elle  déve- 
loppa les  qualitésde  son  organe  vocal,  auxquelles 
s'unissaient  les  avantages  d'une  rare  beauté.  Be- 
cherchée  par  tous  les  entrepreneurs  d'Opéras,  elle 
chanta  à  Florence,  Venise,  Milan  et  Turin,  aux 
applaudissements  frénétiques  des  dilettantes.  Ce 
fut  dans  cette  dernière  ville  qu'elle  épousa  son 
compatriote  Félix  Badicati,  violoniste  et  compo- 
siteur distingué  de  musique  instrumentale  :  ce- 
pendant elle  conserva  toujours  son  nom  de  Ber- 
tinotti  au  théâtre.  Appelée  à  Vienne  en  1805, 
elle  y  eut  de  brillants  succès  pendant  un  séjour 
de  six  mois  ;  mais  l'invasion  de  l'Autriche   par 
l'armée  française,  et  le  départ  précipité  de  pres- 
que toute  la  noblesse,  la  décidèrent  à  retourner  en 
Italie.  En  1807,  elle  fit  une  excursion  à  Munich, 
y  chanta  à  la  cour,  puis  visita  Vienne   pour  la 
deuxième  fois,  et  y  retrouva  le  même  accueil 
qu'à  sa  première  apparition.  Ce  fut  alors  qu'elle 
reçut  un  engagement  de  Louis  Bonaparte,  roi 
de   Hollande;  elle  l'accepta,  et  se   rendit  à  La 
Haye.   Plus  tard   des    propositions   lui    furent 
faites  pour  le  théâtre  italien  de  Paris;  mais  elle 
les  refusa,  préférant  aller  à  Londres,  où  elle  de- 
meura jusqu'en  1812,  sauf  quelques  excursions 
qu'elle  fit  en  Irlande  et  en  Ecosse,  pour  y  don- 
ner des  concerts.  A  cette  époque  elle  chantait  au 
théâtre  de  fJay-Market avec  M"'*  Catalani,dans 
Cosifan  tutte,  et  dans  la  Flûte  enchantée ,  de 
Mozart.  De  retour  en  Italie,  elle  s'arrêta  à  Gênes, 
où  elle  trouva  Federici  (Frédéric),  qui   lui  en- 
seigna  les   règles  et  l'harmonie,  et  qui  écrivit 
pour  elle  les  rôles  de  Zaira  et  de  Virginia.  Sa 
grande  réputation  la  fit  engager  pour  le  théâtre 
de  Lisbonne   à  la  fin   de  l'année  1812.  Elle  y 
trouva    la    même    faveur  publique  'juc    dans 


BERTINOTTI  —  BERTON 


387 


toutes  les  autres  grandes  villes  où  elle  s'était  fait 
entendre.  Des  affaires  de  famille  l'ayant  appelée 
à  Bologne  en  1814,  elle  s'y  rendit;  mais  à  peine 
y  était-elle  arrivée,  qu'un  nouvel  engagement  lui 
fut  offert  pour  le  théâtre  italien  de  Paris  :  cette 
fois  elle  l'accepta;  mais  au  moment  oii  elle  se 
disposait  à  partir  de  Turin  pour  Paris,  on  apprit 
le  retour  de  l'Empereur  de  l'ile  d'Elbe  et  le  dé- 
part de  la  famille  royale  de  la  France.  Cet  évé- 
nement lit  prendre  à  M™*  Bertinotti  la  résolution 
de  retourner  à  Bologne,  où  elle  avait  placé  ses 
économies.  Son  mari    y  obtint  la  direction  de 
l'orchestre  du  théâtre,  la  place  de  premier  vio- 
lon à  l'église  Saint- Petronio  et  celle  de  profes- 
seur au  Lycée  communal  de  musique;  Un  évé- 
nement funeste  la  priva  de  son  époux,  en  1823: 
ses    chevaux  ayant   pris  le    mors   aux    dents, 
ils  s'emportèrent   et  jetèrent    la    voiture  dans 
un   précipice.  Radicati  fut   tué  sur   le  coup  et 
l'ébranlement  nerveux  que   sa   femme   ressen- 
tit de  cette  catastrophe  mit  ses  jours  en  danger. 
Après  sa  guérison,  elle  prit  la  résolution  de  se 
retirer  du  théâtre;  mais  elle  continua  de  résider 
à  Bologne,  et  forma  quelques  bons  élèves  pour 
le  théâtre,  au  nombre  desquels  on  compte  Rita 
Galuissi  et  Louis  Zamboni.  M""  Bertinotli  vivait 
encore  à  Bologne  en  1849.  Les  journaux  qui  ont 
annoncé  sa  mort  en  1806  étaient  mal  informés. 
Cette  erreur  a  été  reproduite  dans  les  lexiques 
de  Schilling  et  de  Gassner. 

BERTOLA  (Jean -Antoine),  compositeur 
italien  qui  vivait  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  a  publié  :  Salmi  intieri  a  cin- 
ywe  wod;  Venise,  1639,  et  Sonata  per  il  fa- 
gotto  e  bassocontinuo;\b\à. 

BERTOLAZZI  (  Marguerite  ) ,  cantatrice 
italienne,  faisait  partie  de  la  troupe  decornédiens 
italiens  que  le  cardinal  Mazarin  fit  venir  à  Paris 
en  1645,  et  qui  joua  jusqu'en  1652  à  l'hôtel  du 
Petit-Bourbon.  Ce  fut  dans  le  chant  du  pro- 
logue d'une  pièce  intitulée  La  Folle  supposée, 
de  Strozzi,  que  Marguerite  Bertolazzi  se  lit  sur- 
tout remarquer.  On  manque  de  renseignements 
sur  l'époque  où  elle  quitta  le  théâtre  et  sur  celle 
de  sa  mort. 

BEBTOLDO  ou  BERTOLDÏ  (SrE- 
RANnio),  organiste  de  la  cathédrale  de  Padoue, 
naquit  à  Modène  en  1530.  Il  eut  un  talent  distin- 
gué comme  organiste  et  comme  compositeur;  les 
preuves  de  son  mérite  se  trouvent  dans  les  ou- 
vrages suivants  de  sa  composition  :  Il  primo 
libro  di  Madrigali  a  5  voci,  con  un  Eco  a  6 
vocied  un  dialogo  a  otto;  Venise.  Ant.  Gar- 
dane,  1561,  in-4°,  obi.  —  1°  Il  seconda  libro 
de' Madrigali  a  5  voci;  ibid.,  1562,  in-4»  obi. 
—  3°  Toccaie,  ricercari  e  cnnzoni  fraiiccse  in 


tavolatura  per  VOrgano  ;  ihid.  1561,  in-fol.  Il  ne 
faut  pas  confondre  Bertoldi  (Sperandio)  avec 
le  P.  Bertholdo  Spiridione,  carme  du  couvent 
de  Saint-Théodore,  à  Bamberg,  et  organiste  cé- 
lèbre, qui  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle  (  Voy.  Spiridione).  Bertoldi  n'é- 
tait pas  ecclésiastique  :  il  se  maria  à  Padoue , 
n'eut  point  d'enfants  de  sa  femme  Cassandra 
Castagnola,  et  mourut  le  13  août  1570,  à  l'âge  de 
quarante  ans.  Sa  veuve  fit  placer  sur  son  tom- 
beau l'épilaplie  suivante,  qui  a  fourni  les  éléments 
de  cette  notice,  et  qui  est  rappo  rtée  par  Salomoni 
{Inscript.  Palav.,  p.  209)  :  Spera-in-deo  Ber- 
toldo  Mutinensis  Miisico  Excellent,  ac  Orga- 
nistse  Cathedr.  Palavinx  Prob.  Cassandr  ■ 
Castagnola  (sic)  conjux  opt.  id  monmncnti  ol- 
incredibilem  erga  eum  amorem  facienduni 
curavit.  Vixitann.  XL.  Quievit  Idibus  Aug. 
MDLXX. 

BERTOLOTTI  (  Louise  ),  née  à  Bologne 
en  1740,  y  apprit  le  clavecin  et  l'art  du  chant. 
Après  avoir  chanté  sur  plusieurs  théâtres  d'Italie, 
elle  passa,  en  1760,  au  service  du  duc  Clément 
de  Bavière.  Quelques  années  après,  elle  ht  un 
voyage  et  visita  les  princijiales  cours  de  l'Alle- 
magne. Elle  chanta  avec  un  succès  extraordinaire 
à  Berlin,  à  La  Haye  ,  etc.  Après  la  mort  du  duc 
Clément,  arrivée  en  1770,  elle  fut  mise  à  la  pen- 
sion. Cette  cantatrice  est  morte  à  Munich,  en 
1798. 

BERTOLUSI  (Vincent),  compositeur,  né  à 
Mantoue,  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  a  publié  : 
Sacrarum  cantionum  6,  7,  8  et  10  vocibvs, 
lib.  I.  Bodenchatz  a  placé  deux  de  ces  motets 
dans  sa  collection  intitulée  :  Florilegii  musici 
Portensis. 

BERTOIV  (Pierre-Montan),  né  à  Paris  en 
1727,  est  mort  dans  la  même  ville  en  1780.  A 
l'âge  de  six  ans,  il  lisait  la  musique  à  première 
vue  ;  à  douze,  il  avait  déjà  composé  des  motets 
qu'on  exécutait  à  la  cathédrale  de  Senlis.  Quel- 
ques années  après  il  entra  à  l'église  Notre-Dame 
de  Paris,  pour  y  chanter  la  basse-taille.  Eu  (744, 
il  débuta  à  l'Opéra,  où  il  resta  deux  ans.  N'ayant 
pu  vaincre  sa  timidité,  il  partit  pour  Marseille, 
et  y  joua  les  rôles  de  secondes  basses  pendant 
deux  autres  années  ;  mais  ayant  ensuite  renoncé 
au  théâtre  ,  il  alla  à  Bordeaux  en  qualité  de  chef 
d'orchestre.  A  cette  époque,  il  commença  à  écrire 
desairs  de  ballets  qui  eurent  beaucoup  de  succès, 
ce  qui  le  détermina  à  se  fixer  à  Bordeaux,  où  il 
remplit  les  fonctions  d'organiste  de  deux  églises  et 
de  directeur  du  concert,  sans  renoncer  à  sa  place 
de  chef  d'orchestre  du  théâtre.  La  place  de 
chef  d'orchestre  de  l'Opéra  de  Paris  étant  de- 
venue vacante  par  la    mort  de  Boyer  (en  1755), 

2.5, 


388 


BERTON 


lierton  se  présenta  au  concours,  et  l'emporta  sur 
ses  rivaux.  Rebel  et  Francœur  ayant  demandé 
leur  retraite  en  1767,  Trial  et  Berton  obtinrent 
l'entreprise  de  l'Opéra;  mais  deux  ans  après  ils 
demandèrent  la  résiliation  du  bail  qu'ils  avaient 
fait  à  leurs  risques  et  périls,  ce  qui  leur  fut  ac- 
cordé. Ils  restèrent  cependant  directeurs  du 
spectacle  avec  Dauvergne  et  Joliveau  jusqu'en 
1774.  Alors  Berton  |fut  nommé  administrateur 
général,  en  survivance  et  conjointement  avec 
Rebel.  En  1776  les  commissaires  des  Menus- 
Plaisirs  s'étant  cliargés  de  l'Opéra  pour  le 
compte  du  roi,  Berton  obtint  encore  le  titre  de 
directeur-général  de  ce  spectacle.  Ce  fut  alors 
qu'il  parvint  à  faire  rendre  un  arrêt  du  conseil 
qui  fixait  sa  pension  pour  l'avenir,  à  tout  évé- 
nement. Cette  circonstance  fut  beureuse  pour 
lui  ;  car  Devismes  ayant  obtenu  l'entreprise  de 
l'Opéra  pour  son  compte,  en  1778,  Berton  prit 
sa  retraite  avec  la  jouissance  d'une  pension  de 
8,000  fr.  Déjà,  en  1767,  il  en  avait  eu  une  de 
1,000  francs,  comme  ancien  maître  de  musique, 
et  une  antre,  en  1772,  comme  compositeur.  A 
la  retraite  de  Devismes,  il  redevint  encore 
directeur  de  l'Opéra,  en  1780;  colle  rentrée 
lui  fut  fatale.  A  la  reprise  de  Castor  et  Pollux, 
qui  eut  lieu  le  7  mai  de  cette  année,  il  voulut  di- 
riger lui-même  l'exécution  musicale;  mais  la 
fatigue  qu'il  en  ressentit  lui  causa  une  imaladie 
inflammatoire  dont  il  mourut  sept  jours  après. 
En  1768,  il  avait  obtenu  la  survivance  de  De 
Bury  comme  chef  d'orchestre  de  la  chapelle  du 
roi  ;  il  devint  titulaire  de  cette  place  en  1775. 
Précédemment  il  avait  été  admis  comme  violon- 
celle de  la  chambre,  en  dédommagement  de  ce 
qu'il  avait  battu  la  mesure  à  tous  les  grands 
spéciales  de  Versailles,  sans  recevoir  de  gratifi- 
cation. Berton  possédait  à  un  haut  degré  l'art 
de  diriger  un  orchestre,  et  ce  n'était  pas  un  petit 
mérite  à  l'époque  où  la  plupart  des  symphonis- 
tes étaient  dépourvus  de  talent.  Il  fut  le  premier 
qui,  sous  ce  rapport,  donna  l'impulsion  vers  un 
meilleur  système  d'exécution,  et  son  talent  fut 
d'un  grand  secours  au  génie  de  Glucl»,  pour  intro- 
duire dans  l'orchestre  de  l'Opéra  des  réformes 
devenues  indispensables.  Ce  fut  sous  son  admi- 
nistration que  cet  artiste  et  Piccinni  furent  ap- 
pelés à  Paris,  et  que  s'accomplit  la  grande  ré- 
volution de  la  musique  dramatique  en  France. 

Conune  compositeur,  Berton  a  doimé  :  1° 
Deucalion  et  Pyrrha,  opéra  en  cinq  actes,  en 
société  avec  Giraud  (1755).  —  2°  Quelques 
morceaux  dans  Les  Fêtes  vénitiennes,  en  1759. 
—  30  Chœurs  et  airs  de  danse  ajoutés  à  l'opéra 
de  Camille,  musique  deCampra,  en  1761.  — 
4°  Érosinc,  parol(BS  de  Montcrif ,  en    17G8,  — 


5"  Chœurs  et  airs  de  danse  pour  Viphigénie 
en  Tauride,  de  Desmarets,  en  1766.  —  6°  Sylvie, 
en  société  avec  Trial,  au  mois  de  novembre 
1766.  ^7°  Théonis,  en  société  avec  Trial  et 
Granier,  au  mois  d'octobre  1767.  —  Amadis  des 
Gaules,  de  Lulli,  refait  en  collaboration  avec  La 
Borde,  1772  —  9"  Adèle  de  Ponthieti ,  a\œ 
le  même,  1773.  —  \Qo  Belléroplion ,  de  LuWi, 
arrangé  pour  la  cour,  en  société  avec  Granier, 
1773.  —  1 1°  Issé,  du  même ,  arrangé  pour  la 
cour,  dans  la  même  année.  —  12o  Les  diver- 
tissements de  Cythère  assiégée,  de  Gluck,  en 
1775.  Enfin,  Berton  a  ajouté  plusieurs  morceaux 
aux  opéras  de  Castor  et  de  Dardanus,  de  Wa- 
meau,  entre  autres,  la  Chacone,  qui  a  eu  quel- 
que célébrité  sous  le  nom  de  Chacone  de  Ber- 
ton. Ce  musicien  a  partagé  avec  quelques  autres 
artistes  le  soupçon  de  n'être  pas  l'auteur  des 
ouvrages  donnés  sous  son  nom ,  malgré  le  té- 
moignage de  Francœur,  qui  l'avait  suivi  dans 
tous  ses  travaux.  La  veuve  de  Berton  obtint 
une  pension  de  3,000  francs,  et  son  fils  en  eut 
une  autre  de  1,500  francs,  par  brevet  du  bureau 
de  la  ville,  en  date  du  22  juillet  1780. 

BERTON  (Henri-Montan),  fils  du  précé- 
dent, né  à  Paris  le  17  septembre  1767,  est  mort 
dans  cette  ville  le  22  avril  IS44.  Dès  l'âge  de  six 
ans  il  apprit  la  musique  ;  à  quinze,  il  entra  comme 
violon  à  l'orchestre  de  l'Opéra.  La  première  an- 
née (1782)  il  ne  fut  que  surnuméraire;  mais  un 
an  après  on  l'admit  comme  titulaire.  Son  pre- 
mier maître  de  composition  fut  Rey,  chef  d'or- 
chestre de  l'Opéra,  qui  ne  parut  pas  apercevoir  les 
heureuses  dispositions  de  son  élève.  Sacchini 
fut  le  deuxième;  non  qu'il  ait  enseigné  à  Berton 
le  mécanisme  du  contrepoint  ou  de  l'harmonie; 
mais  il  lui  donna  des  conseils  sur  la  disposition 
des  idt'es  mélodiques,  sur  la  modulation  et  la 
conduite  des  morceaux  de  musique  dramatique. 
Ce  genre  d'éducation  dans  l'art  d'écrire,  peut- 
être  un  peu  superficiel,  était  le  seul  que  le  jeune 
compositeur  pût  recevoir  ;  car  je  ne  crois  pas 
qu'il  y  eût  alors  en  France  un  seul  homme,  à 
l'exception  de  Gossec,qni  eût  des  connaissances 
réelles  dans  la  théorie  du  style  scolastique  ,  et 
même  il  n'est  pas  certain  que  Gossec  eût  des 
idées  nettes  à  cet  égard.  Quoiqu'il  en  soit,  en- 
traîné comme  il  l'était  par  un  pencliant  irrésisti- 
ble vers  la  musique  du  théâtre,  Berton  ne  pou- 
vait avoir  de  meilleur  guide  que  Sacchini.  Une 
partition,  alors  nouvelle,  fixa  son  attention 
et  devint  son  modèle  dans  l'art  d'écrire  :  c'était 
la  Frascatana  de  Paisiello  ;  il  y  puisa  le  pen- 
chant à  la  simplicité  qui  est  considéré  comme 
un  des  caractères  distinctifs  de  son  talent. 
Animé  du  désir  de  se  faire  connaître,  il  parvint 


BERTON 


389 


à  se  procurer  un  livret  d'opéra  dont  le  titre 
était  La  Dame  invmble,  et  li  en  composa  la 
musique.  Mais  à  peine  cet  ouvrage  fut-il  achevé, 
qu'il  éprouva  l'inquiétude  la  plus  vive  sur  le 
jugement  qu'on  en  porterait.  Une  dame,  qui  con- 
naissait Saccliini,  se  chargea  de  lui  mettre  sous 
les  yeux  la  partition  du  jeune  musicien.  L'artiste 
célèbre  y  ayant  trouvé  le  germe  du  talent,  de- 
manda à  voir  l'auteur,  le  rassura  contre  ses 
craintes,  et  l'engagea  à  venir  travailler  chez  lui 
tous  les  jours.  En  1786,  Berton,  âgé  de  diîi-neuf 
ans,  (it  entendre  ses  premiers  ouvrages  au  con- 
cert spirituel  ;  ils  consistaient  en  oratorios  ou 
cantates.  L'année  suivante  il  donna  son  premier 
opéra  à  la  Comédie  italienne,  sous  le  titre  des 
Promesses  de  mariage  :  cette  légère  produc- 
tion fut  favorablement  accueillie.  Plusieurs  ou- 
vrages succédèrent  rapidement  à  ce  premier  essai, 
et  confirmèrent  les  espérances  qu'avait  fait  naître 
le  talent  de  leur  auteur  ;  mais  le  premier  opéra 
où  sa  manière  individuelle  commença  à  se  des- 
siner fut  celui  dont  Fiévée  lui  fournit  le  livret, 
et  qui  avait  pour  titre  Les  Rigtteiirs  du  cloUre. 
On  y  remarqua  particulièrr^ment  un  chœur  de 
nonnes,  de  l'effet  le  plus  comique  et  le  mieux 
senti.  A  l'époque  où  i^arut  cet  ouvrage,  l'effer- 
vescente révolutionnaire  imprimait  aux  arts  une 
direction  analogue  aux  idées  énergiques  du 
temps.  Méhul,  Chérubini  venaient  de  faire  en- 
tendre un  genre  de  musique  empreint  de  cette 
énergie,  à  laquelle  la  grâce  était  peut-être  un  peu 
trop  sacrifiée.  11  était  difficile  que  Bertou  ne 
cherchât  pas  à  satisfaire  les  besoins  du  moment 
dans  ses  compositions';  mais  en  suivant  la  route 
nouvelle,  il  ne  se  fit  pas  le  copiste  de  ceux  qui 
l'avaient  tracée,  et  le  développement  de  son  in- 
dividualité resta  le  constant  objet  de  ses  tra- 
vaux. Ponce  de  Léon,  dont  il  avait  fait  le 
livret  et  la  musique,  Mont.ano  et  Stéphanie,  et 
Le  Délire  furent  les  œuvres  principales  de  cette 
période  de  sa  vie. 

Le  Conservatoire  de  musique  de  Paris  ayant 
été  organisé  en  1795,  Berton  y  fut  appelé  comme 
professeur  d'harmonie,  Nomméen  1807  directeur 
de  la  musique  de  l'Opéra  italien,  qu'on  appelait 
alors  V Opéra  buffa,  il  en  remplit  les  fonctions 
jusqu'en  1809.  Ce  fut  pendant  sa  direction 
qu'en  entendit  à  Paris,  pour  la  première  fois,  les 
ISozze  di  Figaro,  que  Mozart  avait  écrites  vingt 
ans  auparavant.  Ce  chef-d'œuvre  commença  la 
réforme  du  goût  de  la  musique  en  France,  et  fit 
comprendre  à  une  population  ignorante  de  l'art 
le  charme  que  les  richesses  d'harmonie  et  d'ins- 
trumentation peuvent  ajouter  à  de  belles  mélo- 
dies. A  sa  sortie  du  Théâtre  italien,  Berton  ob- 
l.iot  sa  nomination  de  chef  du  chant  de  l'Opéia; 


il  garda  cette  place  pendant  que  Picard  dirigea 
l'Opéra,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  fin  de  1815.  Au 
mois  de  juin  de  cette  année,  le  nombre  des 
membres  delà  section  de  musique  de  l'Institut 
ayant  été  porté  à  six,  au  lieu  de  trois,  Berton 
fut  désigné,  avec  Catel  et  Chérubini,  pour  com- 
pléter ce  nombre.  Peu  de  temps  après,  le  roi  le 
fit  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  La  désor- 
ganisation du  Conservatoire  avait  été  la  .suite 
des  revers  de  la  France,  en  1815;  l'année  sui- 
vante, l'intendance  des  Menus-Plaisirs  du  roi 
le  rétablit  sur  de  nouvelles  bases,  et  Berton  y 
fut  appelé  comme  prolésseur  de  composition  et 
comme  membre  du  jury  d'examen.  En  18;}4  il 
fut  fait  officier  de  la  Légion  d'honneur.  11  était 
aussi  décoré  de  plusieurs  ordres  étrangers. 

L'instinct  de  la  scène  se  fait  remarquer  dans 
toutes  les  bonnes  productions  de  Berton;  cet 
instinct  est  un  des  traits  dislinctifs  de  son  lak-nt, 
complété  par  une  certaine  originalité  de  mélo- 
die, d'harmonie,  de  modulation  et  d'instrumen- 
tation. La  musique  de  cet  artiste  a  un  caractère 
d'individualité  si  prononcé,  qu'elle  ne  laisse 
jamais  de  doute  sur  le  nom  de  son  auteur.  Ce 
n'est  pas  cependant  qu'elle  n'offre  qu'un  type 
unique;  Montana  et  Stéphanie,  Le  Délire,  et 
Aline,  présentent  des  variétés  de  systèmes  très- 
sensibles.  Dans  ces  ouvrages,  Berton  a  su  co- 
lorer sa  pensée  de  la  manière  la  plus  convenable 
aux  situations.  On  voit  un  exemple  fort  remar- 
quable de  son  heureuse  facilité  à  cet  égard 
dans  l'opposition  du  style  oriental  dont  le  premier 
et  le  dernier  acte  à' Aline  sont  empreints,  et  de 
la  fraîcheur  provençale  du  second  acte  du 
même  ouvrage.  Malheureusement  l'artiste  à  qui 
l'on  doit  ces  estimables  productions  n'a  pas 
toujours  mis  le  même  soin  aux  œuvres  qui  suc- 
cédèrent aux  opéras  qui  viennent  d'être  nommés; 
la  négligence  se  fait  apercevoir  dans  un  grand 
nombre  de  ses  ouvrages.  D'ailleurs ,  lorsque 
vint  le  temps  où  l'imagination  avait  perdu  son 
activité,  Berton  ne  sut  pas  s'arrêter;  il  continua 
d'écrire,  accordant  trop  de  confiance  aux  pro- 
cédés de  l'art  et  à  l'expérience.  C'est  ainsi  que 
ses  derniers  ouvrages  n'offrent  guère  que  des 
réminiscences  affaiblies  de  ses  anciennes  pro- 
ductions. Montano  et  Stéphanie  est  signalé  de- 
puis long-temps  comme  le  chef-d'œuvre  de  cet 
artiste  ;  je  croîs  qu'il  n'y  a  pas  moins  de  mérite 
dans  Le  Délire  et  dans  Aline,  ouvrages  écrits 
dans  des  genres  différents. 

La  liste  de  toutes  les  productions  de  Berton 
est  fort  étendue;  celle  qu'on  va  lire  renferme  tout 
ce  qui  est  de  quelque  importance  :  {oAbsalon, 
oratorio,  au  concert  spirituel,  en  178G.  — 
2"  Jephté,  idem.  —  3»  David  dans  le  temple, 


390 


BERTON 


idem.  —  4"  Les  Bergers  de  Bethléem,  id.  — 
5°  La  Gloire  de  Syon,  id.  —  6°  Marie  de  Sey- 
viours,  cantate.  — 1°  Orphée  dans  les  bois,  id. 
Tous  ces  ouvrages  ont  été  exécutés  au  concert 
spirituel  jusqu'en  1790.—  S»  Le  Premier  Navi- 
gateîir,en  1786,  opéra  en  un  acte,  inédit.  — 
9"  Les  Promesses  de  mariage,  opéra  comique  ; 
en  1787.  Je  possède  la  partition  originale  de  cet 
ouvrage. —  IQo  La  Dame  invisible,  ou  l'Amant  à 
Vépreuve,  en  1787.  —  11"  Cora,  opéra  en  trois 
actes,  répété  généralement  à  l'Académie,  royale  de 
musique  en  juillet  1789,  et  dont  la  représenta- 
tion fut  empêchée  par  les  troubles  révolution- 
naires. 120  les  Brouilleries,  opéra  comique,  à 
la  Comédie-Italienne,  en  1789; —  13o  Les  deux 
Sentinelles,  en  un  acte,  au  même  théâlre,  en 
1790.  —  140  zes  Rigueurs  du  cloître,  en  deux 
actes,  1790.  —  15"  Le  nouveau  d'Assas,  en 
unacte,  1791.  — l&o  Les  deux  Sous-lieutenants, 
en  un  acte,  1791.  —  17"  Eugène,  en  trois  ac- 
tes, au  tliéàlre  Feydean,  en  1792.  —  18°  Viala, 
en  un  acte,  1792.  —  19°  Tyrtée,  en  deux 
actes,  paroles  de  Legouvé  ;  ouvrage  qui  fut 
répété  gi'néralement  à  l'Opéra,  mais  qui  n'a 
point  été  joué.  —  20o  Ponce  de  Léon,  en  trois 
actes,  paroles  et  musique  de  Ikrton,  au  tin  âtre 
Favart,  en  1794.  —  21o  Le  Souper  de  famille, 
en  deux  actes,  en  1796.  —  22°  Le  Dénouement 
inattendu,  en  un  acte,  1798.  —  23°  Montana  et 
Stéphanie,  en  trois  actes,  1799.  —  24°  L'A- 
mour bizarre,  en  un  acte,  1799.  —  2.ïo  Le  Dé- 
lire,en  un  acte,  1799.  —  26"  La  Nouvelle  au 
camp  (à  l'Opéra)  en  un  acte,  1799.  —  27"  Le 
grand  Deuil,  en  un  acte,  1801,  — 28°  Le  Con- 
cert inter  rompu, e^n  unacte,  1802.  — 29o  Aline, 
reine  de  Golconde,  en  trois  actes,  1803.  —  30° 
La  Romance,  en  un  acte,  1804.  — 31"  Délia  et 
Verdikan,  en  unacte,  1805.— 32o  Le  Vaisseau 
amiral,  1803.  —  33°  Les  Maris-garçons,  en  un 
acie,  1806.  —  34o  Le  clievalier  de  Sénanges, 
m  trois  actes,  1807."  — 35o  Ninon  chez  madame 
de  Sévigné,  en  un  acte,  1807.  —  ^do  Françoise 
de  Foix,  en  trois  actes,  1809.  —37"  Le  Charme 
de  la  voix,  en  un  acte,  1811.  — 38"  VEn- 
lèvement  des  Sabines,  ballet  en  trois  acies, 
1811.  —390  La  Victime  des  arts  (en  colla- 
boration avec  Nicolo  Isouard  et  Solié),  en  deux 
actes,  \9,\\.  —^Qo  V Enfant  prodigue,  ballet 
en  trois  actes,  1812.  —  4lo  Valentinf  ou 
le  Paysan  romanesque,  en  deux  actes,  1814. 
—  420  L'Oriflamme  (ù  l'Opéra),  en  deux  actes 
(en  collaboration  avec  Méliul,  Paër  et  Kreutzer), 
1814;  — 430  L'heureux  Retour,  ballet  en  un 
«cte(avecPersuiset  Kreutzer),  1815.  —  4401^5 
Dieux  rivaux  {a  l'Opéra),  en  un  acte  (avecSpon- 
tiiii,  l'ersiiisetKieulzer).  —  4â"/Vof/o/•,oM^ei?a- 


^ei^er  du  Don,  en  unacte,  1816.  —  46"  Roger 
de  Sicile,  en  trois  actes  (5  l'Opéra),  1817.  ~ 
470  Corisandre,  en  trois  actes,  au  tliéàtre  Fey- 
dean, en  1820.  —  48"  Virginie,  en  trois  actes 
(à  l'Opéra),  en  1823.  —  49oies  Mousquetaires, 
en  un  acte,  à  Feydeau,  en  1824.  —  50"  La  Mère 
et  la  Fille,  en  trois  actes,  paroles  de  Dupaty, 
non  représenté.  —  51°  Les  Petits  Apparte- 
ments, en  un  acte,  1827.  —  52"  Aime,  reine 
de  Golconde,  ballet  en  trois  actes  (avec  Dugazon), 
1825.  —  530  Blanche  de  Provence  (à  l'Opéra), 
au  mois  de  mai  1821  (avec  Boieldieu,  Cberu- 
bini  et  Paër).  —  54°  Pharamond,  juin  1825 
(  avec  Boïeldieu  et  Kreutzer).  On  connaît  aussi 
de  Berton  :  —  55o  Airs  et  récitatifs  dans  le  La- 
ôoM?-eMrc^JHo/s(à l'Opéra), en  1813.—  56"  Ira- 
sibule,  cantate  exécutée  au  tbéâtre  Olympique, 
en  1804.  —  57"  Thésée,  grande  cantate  exé- 
cutée à  Bruxelles,  en  présence  de  Napoléon. 
—  58"  Le  Chant  du  retour,  après  la  campagne  de 
1805.  —  590  Plusieurs  recueils  de  canons  à 
trois  et, à  quatre  voix.  —  60"  Une  grande  quan- 
tité de  romances 61oUn  système  général  d'har- 
monie, comjwsé  d'un  Arbre  généalogique  des 
accords,  d'un  Traité  d'harmonie  basé  sur 
l'Arbre  généalogique,  et  d'im  Dictionnaire  des 
accords,  Paris,  1815,  4  vol.  in-4o.  Dans  ce  sys- 
tème, Berton  écarte  la  loi  de  l'analogie  des  ac- 
cords par  la  similitude  de  leurs  fonctions,  et,  n'ad- 
mettant que  la  considération  du  renversement, 
fait  autant  d'accords  fondamentaux  qu'il  y  a  d'ac- 
cords directs;  théorie  dont  le  moindre  défaut  est 
de  multiplier  sans  nécessité  les  termes  techniques 
d'une  nomenclatuie  embarrassante.  Qu'on  ima- 
gine cequec'est  qu'un  dictionnaire  d'accords  ren- 
fermé dans  plusieurs  centaines  de  pages  in-4". 
Berton  s'est  fait  connaître  aussi  comme  écrivain 
par  la  rédaction  des  articles  de  musique  du  jour- 
nal littéraire  intitulé  L'Abeille,  etde  plusieursau- 
tresjournaiix.  11  a  publié  aussi  quelques  brochures 
parmi  lesquelles  on  a  remarqué  :  De  la  musique 
mécanique  et  de  la  musique  philosophique.  Pa- 
ris; 1 822, 24  pages  in  8";  écrit  dirigé  contre  la  vo- 
gue des  opéras  de  Rossini  ;  et  Épitre  à  un  cé- 
lèbre compositeur  français  (^Boïeldieu),  précé- 
dée de  quelques  observations  sur  la  musique 
tnécanique  et  sur  la  miisiqiie  philosophique, 
Paris,  Alexis  Eymery,  1829,  4  8  pages  in-S".  Les 
articles  de  musique  de  l'Encyclopédie  publiée 
par  Courlin  ont  été  rédigés  par  Berton,  à  qui  l'on 
doit  aussi  beaucoup  de  rapports  sur  divers 
objets  relatifs  à  cet  art,  lus  à  l'Académie  des 
Beaux-Arts  de  l'Institut  ;  enfin,  il  a  été  chargé 
de  revoir  les  définitions  des  termes  de  musique 
de  la  dernière  édition  du  Dictionnaire  do  l'Aca- 
démie Française.  Raoul-Rochelte,  secrétaire  per- 


BEllTON 


.391 


pétiiel  de  rAcadémie  des  Beaux-Aris  de  l'Institut 
de  France,  a  publié  :  Notice  historique  sur  la 
lue  cl  les  ouvrages  de  M.  Berton.  Paris,  1844 
in-4o.  Henri  Blanchard  a  donné  aussi,  dans  ses 
liiographies  de  compositeurs,  Henri- Montan 
Berton.  Paris,  1839,  in-8<J. 

BERTOIV  (François),  fils  naturel  du  pré- 
cédent et  de  M"°  Maillard,  actrice  de  l'Opéra, 
est  né  à  Paris,  le  3  mai  1784.  Admis  au  Conserva- 
toire comme'élève,  en  1796,  il  en  soilit  après 
huit  années  d'études,  et  se  livra  à  l'enseignement 
du  chant.  Les  premières  compositions  qui  le 
firent  connaître  étaient  des  romances  et  des 
morceaux  détachés  pour  le  chant  et  le  piano. 
En  1810,  il  donna  au  théâtre  Feydeau  :  io  Mon- 
sieur Desbosquets,  opéra  comique  en  un  acte, 
qui  eut  peu  de  succès.  —  2o  Jeune  et  Vieille, 
avec  Pradher,  fut  représenté  en  1811.  Dans  la 
même  année,  Berton  donna  à  l'Opéra  Nineite  à 
la  Cour,  en  deux  actes,  dont  il  avait  refait  la 
musique.  En  1820,  il  (it  représenter  au  théâtre 
Feydeau  Les  Caquets,  petite  pièce  en  un  acte  qui 
méritait  d'avoir  plus  de  succc^'s  qu'elle  n'en  a  ob- 
tenu. Nommé  professeur  de  vocalisation  au  Con- 
servatoire, en  1821,  Berton  remplissait  ses  fonc- 
tions avec  zèle  et  intelligence,  lorsqu'il  fut  privé 
de  son  emploi  avec  plusieurs  autres  professeurs,  à 
la  fin  de  1827.  Dans  la  même  année,  il  fit  re- 
présenter au  théâtre  de  l'Opéra  comique  un  petit 
opéra  intitulé  Une  Heure  d'absence  :  cet  ou- 
vrage n'a  pas  réussi.  Atteint  du  choléra  en  juil- 
let 1832,  il  mourut  le  15  du  môme  mois.  Peu  de 
temps  après  sa  mort,  on  a  représenté  à  l'Opéra- 
Comiqueun  ouvra^je  en  un  acte  qu'il  avait  en  por- 
tefeuille, sous  le  titre  du  Château  d'Iturbide.W 
existe  une  Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
François  Berton,  par  M. Désiré Raoul-Bochetle; 
Paris  1832,  in-8o. 

Adolphe  Berton,  fils  de  cet  artiste,  né  à  Paris, 
en.  1817,  fit  ses  études  musicales  au  Conservatoire, 
puis  débuta  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  sans 
s'y  faire  remarquer.  N'ayant  pas  été  plus  heu- 
reux à  celui  de  la  Renaissance,  il  se  décida  à 
chanter  sur  les  théâtres  de  province.  En  1843 
il  était  à  Nice  avec  sa  femme,  attachée  comme  lui 
au  théâtre  de  cette  ville.  Dans  la  même  année 
ils  furent  engagés  tous  deux  pour  le  théâtre  d'Al- 
ger. Berton  y  fut  bien  acueilli  et  ne  s'en  éloigna 
plus  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  le  28  février  1857. 
]l  était  parvenu  à  l'âge  de  quarante  ans.  En  lui 
s'est  éteinte  la  quatrième  génération  d'une  fa- 
mille qui  s'était  illustrée  dans  la  musique. 

BERTONI  (Ferdinand-Joseph),  composi- 
teur et  maîlre  de  la  chapelle  ducale  de  Saint- 
Marc,  à  Venise,  naquit  dans  la  petite  île  de  Salo, 
le  15  août   1725,  suivant  le  registre   de  l'église 


paroissiale  de  ce  lieu  ,  eité  par  M.  Caffi  (1).  il 
reçut  une  bonne  éducation  littéraire  dans  sa  ville 
natale.  Son  premier  maître  de  musique  fut  un 
certain  Tonieoni.  Son  heureuse  organisation  pour 
cet  art  détermina  ses  parents  à  l'envoyer  à  Bo- 
logne, afin  qu'il  pût  fréquenter  les  leçons  du 
.savant  P.  Martini,  qui,  reconnaissant  en  lui  des 
facultés  peu  ordinaires,  l'admit  au  nombre  de  ses 
élèves.  A  l'âge  de  vingt  ans,  il  se  rendit  à  Venise, 
et  s'y  fit  bientôt  connaître  comme  un  artiste 
de  la  plus  haute  distinction.  Lié  d'amitié  avec 
Saratelli  et  Galuppi,  il  était  aussi  bien  accueilli 
dans  les  plus  nobles  familles,  où  il  donnait  des 
leçons  de  clavecin  et  de  chant.  Ses  premiers  ou- 
vrages fixèrent  immédiatement  sur  lui  l'atten- 
tion publique,  et  firent  pressentir  ses  succès 
futurs.  Sous  le  titre  de  Cajetto,  il  écrivit,  en 
1747,  pour  une  association  d'enfants,  un  drame 
musical  dont  la  partition  a  été  conservée  et 
dans  lequel  on  trouve  déjà  des  beautés  remar- 
quables. Le  27  août  1752,  Bertoui  obtint  au 
concours  la  place  d'organiste  du  premier  orgue 
de  l'église  de  Saint-Marc,  et  cinq  ans  après  il 
fut  appelé  aux  fonctions  de  maître  de  ch(eur 
du  conservatoire  des  Mendicanti,  dans  lequel 
il  n'y  avait  que  des  jeunes  filles,  tant  pour  le 
chant  que  pour  les  instruments.  Celte  époque 
de  sa  vie  est  celle  où  il  produisit  ses  plus  belles 
compositions  de  musique  d'église  et  plusieurs 
oratorios  considérés  comme  des  œuvres  de 
grand  mérite.  Il  Figliuol  prodigo  fut  écrit  par 
lui  en  1747  pour  l'église  de  Filippini  appelée 
S.  Maria  délia  Fava,  et  cet  ouvrage  y  produi- 
sit un  si  bel  effet,  qu'il  y  fut  répétédans  plusieurs 
années  consécutives.  En  1753,  il  donna  aussi  au 
conservatoire  des  Mendicanti  l'oratorio  latin 
intitulé  Perigrinatio  ad  sanctum  Domini  se- 
pulchrum,  lequel  était  écrit  pour  des  voix  de 
femmes  seules.  Au  nombre  de  ses  productions 
les  plus  importantes  pour  l'église,  on  remarque; 
son  Miserere  (en  ut  mineur),  et  sa  me.sse  de 
Requiem,  qui  fut  exécutée  en  1792  <lans  l'éiilisc 
des  frères  servîtes.  Son  oratorio  David  pcni- 
tens  est  resté  célèbre  dans  la  mémoire  des  V<>- 
nitiens  par  l'anecdote  suivante.  11  avait  été 
composé  pour  les  élèves  du  conservatoire  des 
Mendicati.  Le  28  mars  1775,  le  chœur  des 
cent  jeunes  filles  de  cette  institution,  au  nombre 
desquelles  se  faisaient  remarquer  Thérèse  Al- 
merigo ,  Antoinette  Lucovic ,  Laurette  Rise- 
gari ,  Françoise  Tomii ,  et  Bianca  Sachetti , 
artistes  de  grand  talent,  exécutaient  cet  ouvrage 
sous  la  direction  du  compositeur,  lorsque  l'em- 
pereur Joseph  II,  accompagné  de  son  frère  l.éo- 

(1)  Storia  délia  musica   sacra    nella  gid     Cappella 
ducale  di  San  Marco  in  Fcnciia,  1. 1,  p.  420, 


392 


BERTONI 


polil ,  alors  j;rand-duc  de  Toscane ,  et  des  ar- 
chiducs ses  lils  ,  arrivèrent  à  Timproviste  dans 
l'établissement.  Les  règlements  interdisaient  l'in- 
troduction des  étrangers  dans  l'enceinte  voilée 
du  lieu  où  les  orphelines  exécutaient  la  musique  ; 
l'entrée  fut  donc  refusée  aux  nobles  person- 
nages qui  accompagnaient  l'empereur;  mais 
une  exception  fut  faite  pour  lui.  Joseph  II  salua 
le  maître,  et,  entrant  dans  l'enceinte,  s'approcha 
k;  son  pupitre  et  suivit  l'exécution  sur  la  parti- 
tion. Arrivé  au  chœur  final,  il  se  sentit  en- 
traîné et  s'unit  à  l'ensemble  en  chantant  une 
partie.  Sa  voix  fut  la  seule  masculine  qui  re- 
tentit jamais  dans  ce  lieu.  Après  avoir  félicité 
Bertoni,  l'empereur  s'entretint  avec  les  jeunes 
fdies,  émues  de  tant  d'honneur,  et  mit  le  comble 
à  leur  enchantement  par  le  <ion  de  cent  sequins 
qu'il  leur  lit  en  se  retirant.  Au  nombre  des  plus 
beaux  ouvrages  de  musique  d'église  de  lîertoni, 
tn  compte  les  psaumes  Beatus  vit;  Lxtalus 
mm,  et  les  Improperia  qu'il  écrivit  pour  la 
chapelle  ducale  de  Saint-Marc. 

Dès  1746,  Bertoni  avait  abordé  la  scène  et 
avait  écrit  pour  plusieurs  théâtres  :  ses  travaux 
en  ce  genre  lui  avaient  procuré  une  honorable 
réputation,  lorsque  son  Orfeo ,  représenté  à 
Venise  en  1776,  fit  naître  le  plus  vif  enthou- 
siasme et  consolida  la  renommée  du  maître.  On 
fit  pour  cet  opéra  des  dépenses  considérables  de 
mise  en. scène  dont  il  n'y  avait  point  eu  d'exem- 
ple jusqu'alors.  Le  poëme  était  celui  de  Calza- 
bigi ,  sur  lequel  Gluck  avait  écrit  sa  sublime 
partition  quelques  années  auparavant.  Gaeano 
Guadagni,  qui  avait  chanté  dans  cet  ouvrage  le 
rôle  d'Orphée,  à  Vienne,  fut  aussi  chargé  de  re- 
présenter le  même  personnage  dans  l'ouvrage  de 
Bertoni.  Toutefois,  si  la  nouveauté  du  spectacle 
lit  obtenir  à  cette  production  un  succès  extra- 
ordinaire, M.  Caffi  avoue,  dans  la  notice  de  Ber- 
toni ,  que  ce  compositeur  avait  tiré  les  idées 
principales  qui  brillaient  dans  son  œuvre  de  la 
partition  de  Gluck.  VÉzio,  qui  succéda  à  l'Or- 
/eo ,  et  qui  fut  aussi  chanté  par  Guadagni,  fut 
composé  à  l'occasion  de  l'arrivée  du  duc  de 
Wurtemberg  à  Venise.  VAnnida,  considérée  à 
juste  titre  comme  le  plus  bel  ouvrage  dramati- 
que de  Bertoni,  fut  jouée  au  théâtre  San-Bene- 
detto,  dans  la  même  ville.  Il  était  dans  la 
destinée  de  ce  maître  d'obtenir  ses  plus  beaux 
succès  avec  les  sujets  traitésauparavant  par  Gluck 
et  en  s'inspirant  de  ses  idées.  Après  V  Orfeo  et 
VArmida,  les  partitions  les  plus  estimées  de 
Bertoni  sont  le  Qitinto  Fubio,  joué  à  Padoue, 
en  1778,  et  le  Taucredi.  Venise  et  Turin  fu- 
rent les  villes  où  ses  productions  dramatiques 
eurent  la  vogue  la  plus  décidée.  Sept  fois  il  lut 


appelé  dans  celle  dernière  pour  écrire  l'opéra 
de  la  saison. 

Ayant  obtenu  un  congé  de  deux  ans,  au  mois 
de  septembre  1778,  pour  se  rendre  à  Londres 
ou  il  était  appelé,  Bertoni  partit  pour  l'Angle- 
terre, où  de  nouveaux  succès  l'attendaient.  Son 
Orfco  y  produisit  une  si  vive  impression,  que  la 
partition  fut  gravée  à  Londres  avec  un  grand 
luxe,  honneur  dont  aucun  compositeur  étranger 
n'avait  joui  après  Haendel.  Ce  fut  de  Londres 
que  Bertoni  écrivit  une  lettre,  datée  du  9  sep- 
tembre 1779,  qui  fut  insérée  dans  la  Suite  des 
entretiens  sur  rétQt  actuel  de  l'Opéra  de 
Paris,  et  dans  laquelle  il  déclare  que  la  sublime 
inspiration  de  Vtphigénie  en  lauride,  de 
Gluek,  Le  calme  rentre  dans  mon  cœur,  lui 
appartient,  et  qu'il  l'a  écrite  à  Turin  pour  la  Gi- 
relli,  dans  son  Tancredi.  Je  n'ai  pu  vérifier  le 
fait,  n'ayant  pas  vu  la  partition  de  cet  opéra  ; 
mais  je  vois  dans  rr«rfïce  de'  teat}'i,(ie  1780,  que 
le  Tancredi  fut  joué  à  Turin  le  26  décembre 
1778  ;  et  à  celte  époque  Gluck  avait  terminé  à 
Vienne  son  Ipliigénie  en  Tauride,  qui  fut  joue 
à  Paris  le  18  mai  1779.  D'ailleurs  le  génie  de 
Gluck  tout  entier  se  trouve  dans  celte  admira- 
ble scène  qui  n'a  rien  du  style  italien.  Au  sur- 
plus, Gluck  dédaigna  de  répondre  à  cette  ré- 
clamation, et  l'on  n'en  parla  plus. 

De  retour  à  Venise  à  la  fin  de  1780,  Bertoni 
écrivit  son  Armidef  dont  la  représentation  eut 
lieu  dans  les  premiers  mois  de  l'année  suivante; 
et  immédiatement  après  il  obtint  un  nouveau 
congé  de  deux  ans  pour  retourner  à  Londres. 
Le  21  janvier  1784,  il  succéda  à  Galuppi  dans  la 
place  de  premier  maître  delà  chapelle  ducale  de 
Saint-Marc.  Après  l'extinction  delà  république  de 
Venise,  ilconserva  son  titre,  sa  place  et  ses  émo- 
luments; mais  il  cessa  de  diriger  le  chœur  dii 
conservatoire  des  Mendicanti,  parce  que  les 
quatre  institutions  de  ce  genre  qui  existaient  à 
Venise  furent  supprimées.  Vers  1795  il  avait 
cessé  d'écrire.  La  perte  de  sa  femme  dans  la  même 
année,  celle  de  quelques  amis  dans  les  suivantes, 
la  destruction  des  conservatoires,  tout  contribua 
à  jeter  de  la  tristesse  sur  la  fin  de  sa  carrière. 
Enfin,  après  soixante  ans  d'exercice  de  son  art  dans 
sa  ville  chérie,  il  se  résolut  à  accepter  l'inviti- 
tion,  que  lui  avait  faite  un  de  ses  neveux,  de  se 
retirer  chez  lui  a  Desenzano,  petite  ville  située  à 
peu  de  distance  de  Brescia,  sur  le  lac  de  Garde. 
Il  s'y  relira  en  1810,  et  y  mourut  le  l'''  décem- 
bre 1813,  presque  nonagénaire. 

Les  principaux  ouvrages  de  Beitoni  consis- 
tent en  une  grande  quantité  de  musique  d'église, 
dont  les  œuvres  les  plus  importantes  ont  été  citées 
précédemment,   beaucoup  de  cantates,  les  ora- 


BERTONI —  BERTUCH 


893 


torios  Joas,  Susannn,  Il  FiyUuol  prodigo,  Pe- 
regrinatio  ad  sanclum  Dominici  sepulclirum, 
David  penifens,  et  les  opéras  dont  voici  les 
titres  :  l"Oriazioe  Ctiriazio,  en  1746.—  2°  La 
Vcdova  accorla,  1746.  —  3»  Cajetto,  drame 
joué  et  chanté  par  des  enfants  dans  le  palais 
Labia,  à  Venise,  1747.  —  4»  Ipe.rmeslra , 
1748.  —  h°  LePescatrici,  1762.  —  1°  Glnevra, 
1753.  —  70  La  Moda,  1754.  —  8"  Le  Vicende 
amorose,  17C0.  —  9°  La  bella  Girometta, 
1761.  —  10°  Ainore  in  musica,  1763.  — 
ir  Achille  in  Sciro,  1764.  —  12"  VInganna- 
tore  ingannato,  17(î4.  —  13»  VOlimpiade, 
1765.  —  14°  L'Isola  di  Calipso,  cantate  drama- 
tique exécutée  à  Venise,  devant  l'empereur 
Josepti  II,  pendant  son  premier  séjour  dans 
cette  ville,  au  palais  Rezzonico,  par  cent  jeunes 
lilles  tirées  des  quatre  conservatoires.  — 
150  Alessandro  nelle  Indie,  1770.— 16"  VA- 
ncllo  incantato,  \lli.  —  17°  Andromacca, 
1772.—  18"  Aristo  e  Ternira,  1774.—  19° 
Or/eo,  1776.  —  20°  Ezio,  1777.  —  21°  Tele- 
macco.  Mil,  —  22°  Quinto  Fabïo,  1118.  — 
23"  Tancredi,  1778.  —  24"  Ar(aserse,-d  Lon- 
dres, 1780.  —  25°  Armida,  à  Venise,  1781.  — 
26°  Eitmene,  1784. —  27°  Un  autre  Artaserse, 
1786.  —  28"  La  mtteti,  1789.  —  29°  Ifigenia 
in  Aulide,  à  Trieste,  1790.  La  plupart  de 
ces  ouvrages  ont  été  représentés  à  Venise  ou 
à  Turin,  —  30"  Cajo  Mario  ;  —  31°  Narbale.  Je 
n'ai  pas  les  dates  de  ces  deux  ouvrages,  qui 
sont  comptés  parmi  les  meilleures  partitions  de 
Bertoni.  Ce  maître  s'est  aussi  exercé  dans  la 
musique  instrumentale,  et  l'on  a  gravé  de  sa 
composition:  1°  Sei  sonate  per  ilcembalocon 
violino,  op.  1  ;  Berlin,  1789.  —  2°  Sei  quartelti 
a  due  violini,  viola  evioloncello;  Venise, 
1793.  — 30  Sei  sonate  a  cembalo  solo,  Parigi, 
1780.  On  a  aussi  de  lui  deux  scènes  détachées, 
la  première  commençant  par  ces  mots  :  Super- 
bo,  di  me  stesso,  pour  ténor,  avec  deux  vio- 
lons, alto,  basse,  2  hautbois  et  2  cors;  l'autre, 
rondo  avec  récitatif,  sous  le  titre  :  La  vergi- 
nella. 

Compositeur  élégant,  homme  de  goût,  et  au- 
teur de  mélodies  gracieuses,  expressives  et  tou- 
jours bien  adaptées  aux  paroles,  tant  dans  la 
musique  d'église  que  dans  les  opéras,  Beitoni 
fut  un  de  ces  compositeurs  dont  les  œuvres  sont 
irréprochables  et  jouissent  d'une  estime  générale; 
mais  l'originalité  des  idées  lui  manquait.  De  là 
vient  qu'après  avoir  eu  de  brillants  succès ,  il  est 
aujourd'hui  complètement  oublié,  et  que  ses  pro- 
ductions ne  jouissent  pas  de  l'avantage  réservé  aux 
œuvres  de  génie,  qui  ne  sont  plus  exécutées,  de 
conserver  toujours  leur  valeur  monumentale  et 


de  devenir  des   modèles  pour   les  artistes  d'un 
autre  temps. 

BEllTllAND  (Prudence),  moinedePabbaye 
deCbaroux,  dans  le  Poitou,  vivait  vers  la  fin  du 
neuvième  siècle.  Il  a  laissé  un  poème  latin  sur  la 
musique,  qu'on  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale 
sous  le  n°  3976,  et  dont  l'abbé  Lebeuf  a  parlé 
le  premier  {Recueil  de  divers  écrits  pour 
servir  d'éclaircissement  à  Vhisloirede  France, 
tom.  2,  p.  99).  Ce  poëmôest  un  éloge  de  l'art; 
l'auteur  regrette  seulement  qu'il  soit  trop  diffi- 
cile à  apprendre,  et  dit  que  :  si  les  sons  ne 
sont  appris  de  mémoire,  ils  périssent,  parce 
qu'on  ne  peut  les  écrire.  Ce  passage  a  pour 
objet  la  notation  neinnalique ,  qui  était  alors 
d'un  usage  à  peu  près  général,  mais  dont  les 
obscurités  avaient  souvent  besoin  d'être  expli- 
quées ,  soit  par  l'ancienne  notation  latine  des 
quinzes  lettres,  soit  par  des  signes  particuliers, 
tels  qiie  la  notation  de  HucbakI ,  bien  que  ces 
lettres  et  ces  signes  ne  représentassent  pas  les 
inflexions  rapides  de  la  voix  exprimées  par  les 
neumes,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans  le  manus- 
crit de  Montpellier  découvert  par  M.  Danjou. 
(Foy.  ce  nom). 

BERTRAND  (Antoine  de),  musicien  très- 
renommé  de  son  temps,  naquit  à  Fontanges,  en 
Auvergne,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  Les  Sonnets  ou  Amours  de 
Ronsard,  à  quatre  voix,  Paris,  157G  et  1578, 
1"  et  2™"  livres. 

BERTRAI\D  (Aline),  virluose  sur  la  harpe, 
naqliit  à  Paris  en  1798.  Admise  au  Conservatoire 
de  cette  ville  à  l'âge  de  onze  ans,  elle  y  apprit 
les  éléments  de  la  musique,  puis  elle  se  livra  à 
l'étude  de  la  harpe  sous  la  direction  de  Nader- 
man.  En  1815,  elle  reçut  des  leçons  de  Bochsa 
pour  cet  instrument  et,  vers  1820,  elle  com- 
mença à  se  faire  entendre  dans  les  concerts.  La 
hardiesse,  l'énergie  de  son  jeu,  remarquables 
dans  une  femme,  étonnèrent  les  connaisseurs. 
Peu  de  temps  après,  elle  entreprit  de  longs 
voyages  en  Hollande,  en  Allemagne,  en  Italie, 
et  partout  elle  obtint  des  succès.  Elle  s'arrêta 
pendant  quelques  années  à  Milan.  En  1833  elle 
visita  la  Belgique;  puis  elle  retourna  à  Paris, 
où  elle  arriva  dans  les  premiers  jours  de  1835. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Variations 
pour  la  harpe  sur  le  thème  Nel  cor  piu  non  mi 
sento,  op.  1;  Milan,  Ricordi.  — 2°  Fantaisie 
S2ir  la  polonaise  du  comte  Oginski,  op.  2  ;  ibid. 
—  3"  Fantaisie  sur  la  romance  de  Joseph, 
op.  3  ;  ibid.  Aline  Bertrand  est  morte  le  13  mars 
1835,  d'une  fièvre  nerveuse; 

BERTUCIl  (Jean-Geokges)  ,  docteur  en 
droit  àKiel,  naquit  le  19  juin  1668,  à  Ilelmers- 


304 


BERTUCH  —  BERWALD 


hausen,  en  Franconie,  et  fut  d'abord  con- 
seiller à  Ziltau.  Lors  de  son  installation  à  l'u- 
niversité de  Kiel,  en  1693,  il  soutint  une  tlièse 
sur  l'Opéra,  qui  fut  ensuite  imprimée  sous  ce 
tilre  :  Disputatio  inaug.  de  eo  quod  justum 
est  circa  ludos  scenicos,  operasque  nioder- 
nas,  dictas  milgo  Opéra-,  Kiel,  1693,  in  4o. 
Walllier  assurequ'on  a  donné une].seconde  édition 
de  cette  dissertation  à  Nuremberg,  1696,  in-4°; 
l'existencede  cette  édition  est  au  moins  douteuse. 
Vers  la  fin  de  1603,  Bertuch  prit  du  service 
comme  auditeur  et  quartier-maître  dans  l'armée 
danoise,  et  après  quarante-cinq  ans  de  service 
sous  trois  rois  de  Danemark,  il  obtint  le  grade  de 
général-major  de  cavalerie.  Il  vivait  encore  en 
1739,  et  écrivait,  le  19  juin  de  cette  année,  une 
lettre  à  Mattheson,  que  celui-ci  a  citée  dans  son 
Ehrcnpforle  (p.  29).  Bertucb  jouait  du  violon 
et  composait. 

BEUTUCH  (Chaules-Volkmar),  organiste 
del'églisedeSaint-PierreàBerlin.néà  Erfurt,vers 
1730,  est  compté  parmi  les  plus  habiles  de  l'Alle- 
magne. Élèved'Adlung,  il  reçutde  ce  maître  latra- 
tlilion  de  la  manière  de  Jean-Sébastien  Bach,  dont 
il  jouait  admirahlementjes  compositions  sur  l'or- 
gue. Vers  1 777 ,  il  visita  pour  la  dernière  fois  sa  ville 
natale,  et  retourna  ensuite  à  Berlin,  où  il  mourut 
en  1790.  Le  docteur  Burney,  qui  entendit  Ber- 
tuch, en  1776,  dit  qu'il  était  le  plus  habile  or- 
ganiste  de  Berlin  ,  et  qu'il  improvisait  fort  bien. 

li EUT UZZI  (...),  élève  du  conservatoire  de 
Milan,  et  violoniste  dans  celte  ville,  vers  1840, 
s'est  fait  connaître  par  quelques  compositions  pour 
son  instrument,  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
1»  Dix  caprices  pour  violon  seul  ;  Milan,  Ri- 
cordi.  —  2°  Trois  duos  pour  2  violons,  op.  7  ; 
ibid.  —  3°  Thèmes  avec  des  variations  pour 
deux  violons  et  violoncelle;  ibid.  Le  môme  ar- 
tiste a  fait  représenter  à  Pavie,  en  1841,  dans  la 
saison  du  carnaval,  un  opéra  intitulé  :  Il  Finto 
Sordo  ;  l'ouvrage  n'a  pas  réussi. 

BERWALD  (Jean  -  Frédéric),  né  à 
Stockholm,  en  1788,  est  fils  d'un  musicien  delà 
chambre  du  roi  de  Suède.  A  peine  âgé  de  trois 
ans,  il  mont.'-a  les  plus  heureuses  dispositions 
|)our  la  musique.  Son  père  lui  fit  présent  d'un 
petit  violon  et  commença  à  lui  donner  des  leçons 
de  cet  instrument.  Après  treize  mois  d'une  ap- 
plication soulenne,  cet  enfant  extraordinaire  fut 
en  état  de  paraître  en  public  et  d'exécuter  un 
adagio  avec  un  sentiment  naïf  et  simple  qui  ex- 
cita l'iidmiration.  Peu  de  temps  après,  le  jeune  vir- 
tuose fitim  vovage  en  Suède  etenNorwége;  par- 
tout il  recueillit  des  applaudissemens.  A  son  re- 
tour à  Stockholm,  il  commença  à  s'essayer  dans 
ia  composition,  et  se  livra  à  l'étude  du  piano. 


L'année  suivante  il  entreprit  un  nouveau  voyage 
en  Danemarck,  et  se  fit  entendre  à  Copenha- 
gue devant  le  roi.  Une  maladie  dangereuse  fit 
craindre  quelque  temps  pour  ses  jours,  et  sem- 
bla devoir  mettre  un  terme  à  ses  succès;  mais 
à  peine  rétabli,  il  essaya  ses  forces  dans  la  com- 
position d'une  symphonie  où  les  trompettes  et 
les  timbales  jouaient  un  rôle  considérable.  L'abhé 
Vogler,  qui  s'intéressait  au  jeune  compositeur, 
lui  fit  apercevoir  les  fautes  principales  de  son 
ouvrage ,  et  les  corrections  qui  furent  le  résultat 
de  ses  conseils  rendirent  la  symphonie  assez 
bonne  pour  qu'elle  pût  être  exécutée  publique- 
ment, en  1797.  L'auteur  de  cette  production 
précoce  était  âgéde  neuf  ans.  L'Académie  Royale 
de  musique  de  Stockholm,  pour  encourager  Ber- 
wald,  lui  fit  don  d'une  médaille  d'or.  Le  14  oc- 
tobre de  la  même  année,  le  jeune  musicien  donna 
un  concert,  et  fit  voir  dans  l'exécution  de  deux 
concertos  une  habileté  qui  tenait  du  prodige.  On 
admira  la  pureté  de  son  maniement  d'archet  et 
son  expression  dans  l'adagio  ;  sa  symphonie 
fut  exécutée  de  nouveau  dans  ce  corn  ert,  à  la 
suite  duquel  il  fit  un  grand  voyage  avec  son 
père.  Au  mois  de  mars  1798,  ils  se  trouvaient  à 
Saint-Pétersbourg;  Moscou,  Riga,  et  quelques 
autres  villes  considérables  de  la  Russie  et  de  ht 
Pologne  furent  visitées  par  eux.  Berwald  se  fit 
entendre  ensuite  àKœnigsberg,  Dantzick,  Berlin, 
Dresde,  Tœplitz,  et  se  rendit  à  Leipsick  vers  la 
fin  de  l'année  1798;  là,  il  mit  la  dernière  main 
à  une  deuxième  symphonie  qu'il  voulait  dédier  h 
la  reine  de  Suède.  En  1799,  il  prit  la  route  de 
Stockholm  par  Hambourg.  De  retour  dans  sa 
patrie,  il  reçut  encore  des  leçons  de  l'abbé  Vo- 
gler pendant  quelques  années.  En  1806,  on  lui 
donna  le  titre  de  musicien  de  la  chambre  du  roi. 
Les  grands  événements  de  la  guerre  qui  agitè- 
rent l'Europe  vers  cette  époque  ne  lui  permirent 
pas  de  réaliser  le  projet  qu'il  avait  de  visiter 
les  pays  méridionaux  ;  ce  ne  fut  qu'en  1817  qu'il 
put  faire  ce  voyage.  Après  avoir  (larcouru  l'Al- 
lemagne, il  se  rendit  en  Italie,  puis  revint  en 
Suède  par  la  France,  la  Hollande  et  le  Dane- 
marck. Depuis  1819,  il  ne  s'est  plus  éloigné  de 
Stockholm.  Les  journeaux  de  l'Allemagne,  par- 
ticulièrement la  Gazette  musica  leûcLeiiisMi,  oni 
accordé  des  éloges  à  Berwald  comme  violoniste  et 
comme  compositeur.  Toutefois,  il  ne  paraît  pas 
qu'il  ait  réalisé  les  hautes  espérances  que  ses 
débuts  précoces  avaient  données.  Les  prodiges 
de  l'enfance  se  résolvent  rarement  en  grands 
hommes.  Berwald  a  reçu  sa  nomination  de  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cour  de  Stockholm  en  1 834  ; 
il  en  remplissait  encore  les  fonctions  en  1848,  et 
célébra  alors  la  vingt-cinquième  annéedesou  en- 


BERWALD 


BESLER 


395 


trée  dans  la  cliapelFe  royale.  Il  a  trois  filles,  tou- 
tcô  trois  cantatrices,  qui  se  sont  fait  entemlre  à 
Stockholm,  à  Berlin,  à  Dresde  et  à  Hambourg. 
Son  frère,  A.  Berwald,  violoniste  comme  lui,  est 
maître  de  concert  de  la  cour  de  Suède.  On  a  pu- 
blié de  la  composition  decetartiste  :  l»  Quatuor 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  n»  1  ;  CoiMjnlia- 
gue,  Lose.  —  2°  Trois  polonaises  pour  piano  et 
violon,  op.  1  ;  Berlin,  1798.  —  3o  Symphonie 
pour  l'orchestre;  Berlin,  Hummel,  1799.  —  4» 
Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse  ; 
Berlin,  J800.  —  6°  Grande  sonate  pour  piano  et 
violon,  op.  6;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. — 
6°  Introduction  et  rondo  pour  piano  ;  Copenha- 
gue, Lose. —  1°  Quatre  chansons  françaises  avec 
accompagnement  de  piano;  ibid. 

BESANZONl  (Ferdinand),  compositeur  dra- 
matique italien,  né  à  Plaisance,  a  fait  représen- 
senter  en  1843,  dans  cette  ville,  Ruy  Bios,  opéra 
en  trois  actes  dans  lequel  M"^Lagrange  {voy.  ce 
nom)  a  fait  son  début  au  théâtre.  11  ne  paraît 
pas  que  cet  ouvrage  ait  été  suivi  psr  d'autres 
compositions.  M.  Besanzoni  était  chef  d'orches- 
tre de  l'Opéra  italien  de  Berlin  en  1845. 

BESARD,  en  latin  BESARDUS  (Jean- 
Baptiste),  né  à  Besançon,  dans  la  seconde  moi- 
tié du  seizième  siècle,  étudia  dans  sa  jeunesse 
la  médecine  et  la  jurisprudence,  mais  sans  né- 
gliger la  musique,  dans  laquelle  il  se  distingua 
par  son  talent  sur  le  lulh.  Épris  de  la  passion 
des  voyages,  M  abandonna  l'étude  du  droit,  et  se 
rendit  en  Allemagne.  Arrivé  à  Cologne  dans  les 
premières  années  du  dix-septième  siècle,  il  s'y  ar- 
rêta, et  y  exerça  la  médecine  ;  mais  il  paraît  qu'il 
allaselixer  ensuitelàAugsbourg,où  il  publia  plu- 
sieurs ouvrages.  Ses  amis  lui  avaient  reproché  son 
inconstance  et  Ja  dissipation  qui  lui  faisait  per- 
dre un  temos  précieux  :  il  leur  répondit,  dans  la 
préface  de  son  livre  intitulé  :  Antrumphïlosophi' 
cinn,  in  quo  pleraque  physica  qusc  ad  vidga- 
riores  humani  corporis  a/fectus  attinent,  etc. 
(Augsbourg,  1617,  in-4''),  qu'il  avait  déjà  prouvé, 
par  la  publication  d'un  Thésaurus  Harmoni- 
eus,  qu'il  ne  se  livrait  pas  à  l'oisiveté,  comme  on 
l'en  accusait  Après  l'année  1617  on  perd  la  trace 
de  Besard,  et  l'on  ignore  le  lieu  et  l'année  où  il 
cessa  de  vivre.  On  a  de  lui  :•  1°  Thésaurus 
Ilarmoniciis;  Cologne,  1603, in-fol.  de359  pages. 
Cet  ouvrage  est  un  recueil  des  meilleures  compo- 
sitions du  temps  de  Besard,  arrangées  par  lui 
pour  le  luth.  On  trouve  à  la  fin  un  petit  traité 
de  la  manière  de  jouer  de  cet  instrument. 
Quelques  bibliographes  ont  cité  une  édition  du 
Thésaurus  Harmonicus  publiée  à  Cologne, 
en  1615  :  je  la  crois  supposée.  —  2°  Isagoge  in 
iirlem  (esitidinnrium,   das  isl  :    Unierricht 


ueber  das  Kiinsllirhe  Saitenspiel  der  Laulen  ; 
Augsboing,  David  Franck,  1017  ,  in-fol.  Cet  ou- 
vrage est  une  deuxième  édition  augmentée  du 
Traité  du  Lulh  de  Besard,  avec  son  portrait — 3° 
IS'ovus  par  (us,  sive  Concertationes  musicx,  Au- 
guslx  Vindelicorum,  per  Davidem  Francum, 
1617,  in-fol  ;  collection  de  vingt-quatre  morceaux, 
dont  douze  pour  un  luth  seul  et  douze  pour  deux 
instruments  de  cette  espèce. 

BESLER  (Samuel),  fils  du  recteur  de  l'école 
évangéliqae  de  Brieg,  enSilé.sie,  naquit  dans  celte 
ville  le  15  décembre  1574.  Après  avoir  terminé 
ses  études,  il  fut  nommé  cantor  du  séminaire, 
en  1599;  puis,  en  1605,  recteur  du  collège  du 
Saint  Esprit,  à  Breslau.  Il  mourut  d'une  mala- 
die épidémique,  le  19  juillet  1025.  Ses  composi- 
tions pour  l'église  se  conservent  encore  dans 
la  bibliothèque  Saint-Bernardin,  à  Breslau.  Kn 
voici  les  titres  :  —  1°  Conccntus  ecclcsiastico- 
domeslicus  (Cliansons  religieuses  pour  l'église  et 
la  maison),  en  formede  chorals  à  quatre  voix,  f 
et  2'"e  parties;  165S,  in-4°  de  vingt-huit  feuilles. 

—  T  Cilharx  Davidicx  psalmorum  selectio- 
rum  prodromus,  pro  Auguslo  auspicatoque 
Augustissimi  Bojemorum  régis  Frederici  I, 
Wratislaviam  Silesiœ  melropolin  ingressu 
adorn.  et  humil.  dedicatus  a  S-  B.,  1620,  in- 
fol.  —  3°  Ant.  Scandanelli  Seren.  Eleclons 
Saxon.  Augusti  quondam  capellx-magislri 
musici  pries  (an  tis  si  mi  Passio  (La  Passion  de 
Nolre-Seigneursuivant  l'évangile  île  saint  Jean), 
Breslau,  Baumann,  1621. —  4°  Hymnorum  et 
Thrcnodiarum  Sanetûe  Crucis  in  devotam 
Passionis  J.-C.  Dei  et  Hominis  commemora- 
(ionemfasciculus,  ad  hebdnm.  magn.  sua  eut- 
quemelodia  afficta  ;  1611  et  1513, in-fol.  (leseul 
ouvrage  que  cite  Gerber).  —  5°  S.  B.  Gaudii 
Paschalis  J.-C.  redivivi  in  gloriosiss.  resur- 
rect.  ejus  Ixtam  celebradonem  rclado  hist. 
aquat.  Evang.consignala  et  met.  harm.  ador- 
na(a;  Breslau,  1612. — 6°  ThrenodiarumSanctie 
Crucis  in  salut  if eram  passionem  Dont,  nostri 
J.-Ch.  recordationem  continuado  bea(.,  1612. 

—  7"  Hymnorum  e(  Thren.  S.  Crucis  in  sacra- 
tissimam  Passionis  ac  mor(.  D.  N.  J.-C.recor- 
dadonem  melodia  afficta;  Breslau,  Baumann, 

1614,  in-8°.  —  8°  Delidarum  mensalitim  ap- 
paratus  harmonicus  ferculis  selecdoribus  be- 
nedicdonem  et  grat.  act.  refertus  (Vingt-un 
bénédicités  et  grâces  de  table),  à  quatre  voix;  ibid, 

1615.  —  9°  Petites  chansons  pour  la  fête  de  Noël, 
à  quatre  voix,  ibid.  1615. 

Thunrodus composa  en  l'honneur  de  ce  labo- 
rieux auteur  le  distique  suivant  : 

■  Quos  vêtus  incinuit,  «iiios  noslra  Ecclcsia  cantus 
«  Rimor,  et  harmoniis  auïco  et  orno  mois.  » 


396 


BESLER  —  BESSEMS 


Le  frère  cadet  de  S.  Besler,  Simon  Beslcr,  fut 
cantor  à  Strelilen;  c'était  un  musicien  estimable. 
En  1620,  il  fut  cantor  à  Liegnitz,  où  il  mourut 
en  1638. 

BESi\ECKlER  (Jean-Adam),  docteur  en 
droit  et  professeur  à  Prague,  an  commencement 
du  dix-septième  siècle,  passait  pour  l'un  des  plus 
grands  organistes  de  son  temps.  Il  touchait  l'or- 
gue de  l'église  de  la  Sainte-Croix  à  Prague,  on 
l'on  trouve  encore  aujourd'hui  beaucoup  de  ses 
compositions  pour  l'église,  en  manuscrit.  Son 
style  est  dans  la  manière  de  Palestrina. 

BESOZZI  (Alexandre),  fils  aîné  de  Joseph 
Besozzi,  musicien,  naquit  à  Parme,  en  1700.  11 
se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude  du  hautbois,  et 
acquit  une  grande  habileté  sur  cet  instrument. 
Vers  1730,  il  passa  au  service  du  roi  de  Sardai- 
gne,  et'devint  premier  hautboïste  de  sa  chambre 
et  de  sa  chapelle.  Lorsque  le  docteur  Burney  le 
vit ,  en  1772,  il  avait  plus  de  soixante-onze  ans, 
et  néanmoins  il  jouait  encore  du  hautbois  avec 
une  perfection  rare.  Il  ne  s'était  jamais  marié, 
et  vivait  dans  une  douce  intimité,  depuis  plus  de 
quarante  ans,  avec  son  frère,  Jérôme,  célibataire 
comme  lui.  La  confonnité  de  leurs  goftts  était 
telle,  qu'ils  se  vêtaient  exactement  de  la  même 
manière.  Depuis  leur  entrée  au  service  du  roi 
deSardaigne,  ils  n'avaient  quitté  Turin  que  deux 
fois;  l'une,  pour  un  voyage  fort  court  à  Paris  ; 
l'autre  pour  revoir  le  lieu  de  leur  naissance.  Leur 
position  était  fort  aisée  :  ils  avaient  maisons  de 
ville  et  de  campagne,  et  toutes  deux  étaient  or- 
nées de  fort  bons  tableaux.  Alexandre  est  mort  à 
Turin,  en  1775.  On  a  gravé  de  lui,  tant  à  Paris 
qu'à  Londres,  six  œuvres  de  trios  et  de  soles 
pour  violon  et  pour  hautbois. 

BESOZZI  (Antoine),  frère  puîné  d'Alexan- 
dre, naquit  à  Parme  en  1707.  11  devint  premier 
hautboïste  de  la  cour  de  Dresde  en  1740,  et  se 
•.rouvait  encore  dans  cette  ville  en  1772,  lorsque 
le  docteur  Burney  y  arriva.  Après  la  mort  de  son 
frère  Alexandre,  il  se  rendit  auprès  de  Jérôme  à 
Turin  et  y  mourut  en  1781.  Ses  compositions 
pour  son  instrument  sont  restées  inédites. 

BESOZZI  (Jérôme),  né  à  Parme,  en  1713, 
s'adonna  à  l'étude  du  basson,  sur  lequel  il  acquit 
un  degré  d'habileté  égal  à  celui  de  ses  frères  sur 
le  hautbois.  Sa  longiie  habitation  avec  Alexandre 
(l'oy.  ci-dessus),  et  les  études  qu'ils  firent  en- 
semble, leur  donnèrent  à  tous  deux  un  fini  d'exé- 
cution qu'ils  n'auraient  peut-être  pas  eu  s'ils 
eussent  travaillé  séparément.  Ils  avaient  com- 
posé ensemble  de  la  musique  pour  hautbois  et 
basson,  uniquement  consacrée  à  leur  usage,  et 
qui  n'a  point  été  publiée  après  eux.  Jérôme  est 
mort  peu  de  temps  après  son  frère  Antoine.  I 


BESOZZI  (Gaétan),  le  plus  jeune  des  qua- 
tre frères,  naquit  à  Parme,  en  1727.  Il  entra  d'a- 
bord au  service  delà  courdeNaples  comme  haut- 
boïste ;  de  là  il  passa  à  celui  delà  cour  de  France, 
et  enfin  se  rendit  à  Londres,  où  il  se  trouvait  encore 
en  1793.  Quoiqu'il  eût  alors  68  ans,  il  étonnait  par 
la  précision  de  son  jeu  et  le  fini  de  son  exécution. 
Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  fait  imprimer  ses  con- 
certoSi 

BESOZZI  (Charles),  fils  d'Antoine,  naquit 
à  Dresde,  en  1745.  Élève  de  son  père  pour  le 
hautbois,  il  le  surpassa  en  habileté,  et  devint  le 
rival  de  Fischer.  Le  docteur  Burney,  qui  l'en- 
tendit en  1770,  fut  charmé  de  la  beauté  du  son 
qu'il  tirait  de  son  instrument.  On  ignore  l'é- 
poque de  sa  mort.  Je  possède  deux  concertos  de 
hautbois  de  cet  artiste  :  ils  sont  inédits. 

BESOZZI  (Jérôme),  fils  de  Gaétan,  et  comme 
lui  hautboïste,  entra  au  service  du  roi  de  France 
vers  1770.  Le  docteur  Burney,  qui  l'entendit,  en 
1772,  au  concert  spirituel,  vante  son  style  et  sa 
qualité  de  son.  Il  est  mort  à  Paris  en  1785,  lais- 
sant un  fils,  qui  a  été  flûtiste  à  l'Opéra-Comique 
et  qui  s'est  retiré  plus  tard  à  Versailles.  Ce- 
lui-ci eut  un  fils,  qui  eslTobjet  de  l'article  sui- 
vant. 

BESOZZI  (Louis-Désiré),  né  à  Versailles, 
le  3  avril  1814,  reçut  de  son  père  les  premières 
leçons  de  musique,  puis  il  entra  au  Conserva- 
toire de  Paris,  le  18  juillet  1825.  Confié  aux  soins 
d'un  professeur  de  solfège,  il  obtint  un  second 
prix  au  concours  de  1829.  Deux  ans  auparavant  il 
avait  été  admis  dans  le  cours  de  piano  de  Zim- 
merman.  En  1830  le  deuxième  prix  de  cet  ms- 
trument  lui  fut  décerné  au  concours,  et  il  par- 
tagea le  premiei  prix  avec  Louis  Lacombe  et  Po- 
tier, en  1831.  Dourlen  lui  enseigna  riiarmonfc 
et  Lesueur  la  composition.  En  183C,  il  se  pré- 
senta au  grand  concours  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts  de  l'Institut,  et  y  obtint  le  second 
prix  :  le  premier  lui  fut  décerné  l'année  sui- 
vante, et,  devenu  pensionnaire  de  l'État  comme 
lauréat  de  ce  concours,  il  partit  pour  l'Italie  au 
mois  d'octobre  1837.  Diverses  compositions  de 
cet  artiste  pour  le  piano  ont  été  gravées  à  Paris. 
BESSEGUI    (Ange-Micuel).    Voyez    Be- 

ZEGUI. 

BESSEL  (A.-M.-S.-E.  de),  amateur  de  musi- 
que à  Lingen,  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a 
publié  dans  cette  ville  :  1°  Concerto  pour  le  cla- 
vecin, avec  orchestre;  1790,  in  folio —  2"  Douze 
menuets  et  trios  pour  clavecin;  1791,  in-4''. —  3° 
Nouveaux  menuets  et  trios  pour  clavecin,  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  deux  flûtes, 
deux  cors  et  basse;  1793,  in-4o. 

BESSE'MS  (Antoine),  violoniste  et  conipo-- 


BESSEMS  —  BETinSY 


397 


siteiir*.  cfl  ni',  à  Anvers,  le  4  avril  lft06,  suivant 
les  registres  dn  conservatoire,  ou  le  IV  avril 
1809,  d'après  la  note  que  lui-même  m'a  fournie. 
Dans  son  enfance  il  fut  enfant  de  cliœnr  à  l'é- 
glise des  Jésuites,  puis  à-  Notre-Dame.  Déjà  il 
écrivait  d'instinct  de  petits  motets  qu'il  chan- 
tait Ini-môme,  et  qui  intéressèrent  en  sa  faveur 
son  vieux  maître  de  chapelle,  dont  il  reçut  des 
leçons  de  violon,  à  l'âge  de  quinze  ans.  Trois  ans 
après  il  partit  pour  Paris,  léger  d'argent,  mais 
plein  d'espoir  dans  l'avenir,  comme  on  l'est 
d'ordinaire  dans  la  jeunesse.  Le  24  octobre  1826 
il  fut  admis  comme  élève  de  Baillot  au  conserva- 
toire de  musique.  Après  avoir  reçu  des  leçons 
de  ce  maître  célèbre  pendant  trois  ans ,  il  se 
retira  de  l'école  en  1829.  La  place  de  premier 
violon  du  théâtre  Italien  étant  devenue  vacante 
et  mise  au  concours,  M.  Bessems  fut  vainqueur 
de  quatorze  aspirants  à  la  même  place,  et  obtint  sa 
nomination.  Quelque  temps  après,  il  abandonna 
cette  situation  pour  voyager  en  Belgique,  en 
Allemagne,  en  Italie  et  en  Angleterre,  et  y  don- 
ner des  concerts.  De  retour  à  Paris,  il  y  organisa 
des  séances  de  musique  instrumentale  et  clas- 
sique, dans  lesquelles  il  interprétait  avec  intelli- 
gence et  sentiment  les  trios,  quatuors  et  quin- 
tettes des  grands  maîtres.  En  1847,  M.  Bessems 
fut  rappelé  à  Anvers  pour  y  diriger  l'orchestre 
de  la  Société  royale  d'Harmonie.  Il  remplit  ces 
fonctions  pendant  quatre  ans.  Il  est  retourné 
de  nouveau  à  Paris  en  1852,  et  s'y  livre  à  l'en- 
seignement de  son  art.  Les  œuvres  de  cet  ar- 
.  liste,  tant  publiées  qu'inédites,  forment  la  liste 
suivante  :,  1'  Trois  messes  à  quatre  voix  et  or- 
chestre; la  2">''  a  été  publiée  chez  Schotf,  à 
Mayence;  les  autres  sont  inédites.  —  2°  Deux 
grands  psaumes  à  quatre  voix  et  orchestre. —  3° 
Plusieurs  motets  avec  orchestre  ou  orgue.  —  4° 
Cantiques,  offertoires,  élévations,  graduels,  avec 
orchestre,  orgue  ou  quatuor.  —  5°  24  mélodies 
pour  une,  deux,  trois  et  quatre  voix,  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  publiées  à  Paris.  — 
6°  Romances,  cantilènes,  canzonettes,  idem; 
ibid.  — 7°  Hymne  avec  chœur  et  deux  orches- 
tres, composée  pour  l'inauguration  de  la  statue 
de  Rubens,  et  exécutée  à  Anvers,  au  mois  de 
septembre  1840.  —  8o  Quatre  livres  de  duos 
pour  deux  violons,  publiés  à  Paris.  —  9"  Dix 
fantaisies  pour  violon  ,  avec  ace.  d'orchestre , 
de  quatuor,  ou  de  piano,  ibid. —  10°  Deux  livres 
de  duos  pour  violon-et  violoncelle,  ibid.  —  11° 
Douze  grands  duos  de  concert  pour  piano  et 
violon,  en  collaboration  avec  Jules  Dejazet,  ibid. 
—  H"  Dix  mélodies  pour  piano  seul,  ibid. — 
13°  Douze  mélodies  pour -violon,  avec  acc.de 
piano,  ibid,  — ■  14°  Six  chants  dramatiques  dé- 


diés à  S.  M.  la  reine  de;  Crlgrs ,  ibid.  —  15" 
Deux  quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse 
(inédits).  — !16°  Trio  pour  violon  ,  alto  et  violon- 
celle (idem).  —  17o  Douze  grandes  éludes  avec 
piano  (idem).  —  18°  Concerto  pour  violon,  avec 
orchestre  (idem).  —  19"  Douze  mélodies  pour  le 
violoncelle,  avec  piano  (idem). 

BESSER(T.-G.),  organiste  à  la  collégiale  de 
Notre-Dame,  et  à  Saint-Paul  d'IIalberstadt,  vere 
la  fin  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  1° 
Oden  mit  Melodien  (Odes  en  musique)  ;  1779. — 
2°  Die  Frûhlings  Feier  (La  fête  du  printemps)  ; 
1783.  —  3°  Klavierstûcke  fur  Anfanger 
(Pièces  pour  le  clavecin  h  l'usage  des  commen- 
çans),  premier  cahier  ;  1784.  On  connaît  aussi 
un  oratorio  de  sa  composition  intitulé  Adams 
Erwachen  (Le  réveil  d'Adam)  ;  1795,  Mss, 

BESSON  (Jacques),  né  à  Grenoble,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle ,  fut  d'abord 
professeur  de  mathématiques  à  Orléans,  puis  à 
Lyon,  où  il  vivait  encore  en  1581.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages  est  im  Thcatrum  instrumento- 
rum  et  machinarum  ;  Lyon,  1578,  in-fol.,  dont 
Julien  Paschalis  a  donné  une  édition  augmentée, 
et  dont  il  y  a  des  traductions  en  français,  en 
Italien  et  en  allemand.  Besson  y  traite  des 
instruments  de  percussion  et  en  particulier 
des  cloches.  Delandine,  dans  son  livre  sur  les 
Manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Lyon,  indi- 
que sous  le  no  ^877  du  catalogue  un  mémoire  in- 
folio sur  le  même  sujet  et  sous  le  nom  de  Besson  : 
ce  n'est  vraisemblablemement  qu'un  extrait  de 
l'ouvrage  cité  plus  haut. 

BESSON  (Gaeriel-Dias),  maître  de  chapelle 
du  couvent  des  Carmes  déchaussés  de  Madrid, 
vers  le  milieu  du  dix-septièmesiècle.  Le  catalogue 
de  la  Bibliothèque  du  roi  de  Port  ugal  Jean  IV,  indi- 
que un  traité  de  composition  par  cet  auteur,  in- 
titulé :  Compendio  de  musica ;  mais  il  ne  fait 
pas  connaître  s'il  est  imprimé  ou  manuscrit. 

BESSON  (Gabriel),  violoniste  et  composi- 
teur, vivait  à  Paris  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle.  11  y  a  publié  :  Douze  sonates 
à  violon  seul,  l'^'"  livre,  in  fol. 

BESTES  (Godefroy-Ernest),  l'un  des  meil- 
leurs organistes  de  l'Allemagne,  naquit  à  Berka 
près  de  Weida,  le  7  février  1B54.  Jean  Winten, 
organiste  de  la  cour  à  Altenbowrg,  lui  donna  li^s 
premières  leçons  de  clavecin.  En  1699,  Bestes 
succéda  à  son  maître  dans  son  emploi  ;  il  mou- 
rut en  1732,  après  avoir  occupé  cette  place  pen- 
dant quarante-deux  ans.  L'on  n'a  rien  imprimé 
de  ses  compositions. 

BETHISY  (JEAN-LAtRENT  he),  né  à  Dijon, 
le  l^f  novembre  1702,  fut  professeur  de  musique 
à  Paris,  et  se  fit  connaître  par  un  ouvrage    in- 


398 


BETHISY  —  BETTONI 


titillé  :  Exposition  de  la  théorie  et  de  la  pra- 
tique de  la  musique,  suivant  les  nouvelles  dé- 
couvertes; Paris,  1754,  in-8°.  11  y  a  une  seconde 
édition  de  cet  ouvrage;  Paris,  175'i,  in-S».  L'au- 
teur y  expose  la  théorie  de  l'harmonie  selon  les 
principes  de  Rameau  ;  mais  il  fait  voir  que  ces 
principes  sont  souvent  en  contradiction  avec  la 
pratique.  Toutefois,  ses  exemples  sont  mal  écrits 
et  ne  s'élèvent  pas  au-dessus  de  l'école  fran- 
çaise de  son  temps.  Mattlieson  a  fait  une  criti- 
que de  cet  ouvrage  dans  son  Plus  ultra,  p. 
465-471.  Dans  la  Biographie  Universelle  de  Mi- 
chaud  on  attribue  à  Betliisy  la  musiqued'un  opéra 
intitulé  :  L'enlèvement  d'Europe.  On  a  aussi  de 
sa  composition  Le  transport  amoureux  et  Le 
volage  fixé,  cantalilles  ;  Paris,  in-(ol.  sans 
date.  Bétliisy  est  mort  à  Paris,  le  19  octobre 
1781. 

BETHMAIVIV  (CnRiSTrAN),  excellent  facteur 
d'orgues  à  Hanovre,  né  en  1783,  est  mort  dans 
cette  ville,  le  7  juillet  1833,  à  l'à^e  de  cinquante 
ans.  Au  nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve  un 
nouveau  Clavict/lindre,  dont  Chladni  a  rendu 
compte  dans  la  Gazette  générale  de  musique  de 
Leipsick  (1824,  n»  51,  pages  826-827).  En  1825, 
Betlimann  a  publié  dans  le  même  journal  (no  36, 
p.  607  et  suiv.)  ime  réfutation  d'un  article  que 
Wilke,  organiste  et  directeur  de  musique  à  Neu- 
Ruppin,  avait  publié  dans  le  numéro  43  de  la 
mCme  gazette  (page  690) ,  concernant  la  facture 
des  orgues.  Wilke  répondit  à  celte  critique  dans 
le  volume  suivant;  mais  les  observations  de 
Betlimann  n'en  subsistèrent  pas  moins. 

BÉTHUIVE  (Le  comte  de),  poète  et  musi- 
cien français  du  douzième  siècle.  Une  chanson 
de  Hugues  d'Oisy,  qui  lui  est  adressée,  semble 
prouver  qu'il  avait  accompagné  Philippe-Auguste 
en  France,  à  son  retour  de  la  Terre  sainte.  On 
connaît  douze  chansons  notées  de  sa  composi- 
tion :  le  Mss.  7222  de  la  Bibliothèque  du  Roi 
en  contient  neuf. 

BETTELLA  (Paul),  chapelain  de  la  cathé- 
drale de  Padoue,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  eut  pour  maître  de  com- 
position Simon  Vesi,  maître  de  Chapelle  à  Forli. 
11  a  fait  imprimer  un  œuvre  qui  a  pour  titre  : 
Messa  e  Salmi  a  1,  2,  3,  voci  concerlati,  con 
violini,  op.   l-'';  Venise,  1677,  in-4o 

BETTIGIVIES  (Jean  de),  maître  des  primi- 
riers  de  l'église  Notre-Dame  de  Tournay,  dans 
la  première  partie  du  dix-septième  siècle,  est 
connu  par  deux  rondeaux  mis  en  musique  à 
quatre  parties,  lesquels  sont  insérés  dans  un  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  La  pieuse  alouette  avec 
son  lire-Zire;  Valenciennes,  1510  et  1621.  2  vol. 
in-S".  Les  rondeaux  de  Bettigniesse  trouvent  dans 


le  premier  volume  ;  on  trouve  dans  le  deuxième 
Le  pieux  chant  de  Vulouette,  à  quatre  parties, 
par  J.  J.,  maître  des  priiuiciers  de  l'église  Notre- 
Dame  de  Tournay  ;  ce  qui  a  fait  croire  à  M .  de  Cous- 
semacker  (Notices  sur  les  collections  tmisicales 
de  la  bibl.  de  Cambrai,  etc.,  p.  118),  avec  beau- 
coup de  vraisemblance,  que  Beltignies  était  mort 
avant  que  le  deuxième  volume  lût  publié,  en  1621. 

BETTIIVI  (Etienne)  surnommé  il  Forna- 
rino,  parce  qu'il  avait  été  boulanger,  fut  un  con- 
trapiinliste  distingué  du  seizième  siècle.  Il  eut 
pour  maître  Goudimel,  et  fut  condisciple  de 
Jean  Animuccia  ,  de  Palestrina ,  d'Alexandre 
Merlo,  et  de  Jean-Marie  Nanini.  En  1562  il  fut 
nommé  chapelain  chantre  de  la  chapelle  pon- 
tilicale,  à  Rome.  Ses  compositions  sont  restées 
en  manuscrit.  L'abbé  Sanlini  possède  de  ce  mu- 
sicien un  Salvum  me  fac,  et  un  Transeunte 
Domino,  motets  à  cinq  voix. 

BETTINI  (GiROLAMC^,  compositeur  ilalien, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  publié  des  messes  à  cinq  voix;  Ve- 
nise, 1647. 

BETTIIXI  (Mario),  .savant  jésuite  ilalien, 
né  à  Bologne,  le  6  février  1584,  fut  professeur  de 
morale,  de  philosophie  et  de  mathématiques  au 
collège  de  Parme.  1-1  mourut  à  Bologne  le  7  no- 
vembre 1657.  On  trouve  beaucoup  de  choses 
relatives  à  l'acoustique  et  à  la  partie  mathématique 
de  la  musique  dans  ses  livres  intitulés  1 1°  Apia- 
ria  universx  philosophise,  mathematicx,  in 
quibus  paradoxa  et  nova  pleraqtie  mac/iina- 
vienta  ad  usus  exïmios  traducta  et  /acillimis 
demonstralionibus  con/irmata  exhibenlur,  Bo- 
logne, 1641-1645,  3  vol.  in-foi.  —2»  Euclides 
explicatus,  1642  et  1645  ;  ouvrage  qui  fait  aussi 
partie  du  précédent  —  ^rarium  philosophiœf 
mathemathicae;  Bologne,  1648,  in-8° 

BETTOIXI  (L'abbé  Bartuolomé),  savant 
italien,  a  publié  un  recueil  de  dissertations  sous 
ce  titre  :  Osservazionni  sopra  i  salmi  ;  Ber- 
game,  Locatelli,  1786,  2  vol.  in-8°.  La  sixième 
dissertation  du  premier  volume  traite  de  la  mu- 
sique des  anciens,  et  particulièrement  des  Hi- 
breux  au  temps  de  David  et  de  Salomon.  La 
septième  dissertation  est  aussi  relative  h  desi 
objets  de  musique  et  aux  instruments  des  Hé- 
breux. 

BETTOMI  (Nicolas),  typographe  italien,  né 
à  Poito-Guaro,  petite  ville  du  royaume  Lom- 
bardo-Vénitien.  Après  avoir  rempli  divers  em- 
plois publics  à  Vérone,  à  Udine  et  à  Brescia,  il 
quitta  lacarrière  administrative,  et  fonda  diverses 
iuiprimeries  à  Brescia,  à  Padoue,  à  Milan,  et  à 
Porto-Guaro;  mais  ces  entreprises  ne  furent  point 
heureuses,  et  Beltoni  fut  obbligé  de  chercher  un 


BETTONI  —  BEUTLFJl 


309 


refuge  à  Paris,  où  il  établit  une  nouvelle  imprime- 
rie. 11  cnllivail  les  lettres.  Au  nombre  des  opus- 
culcsqu'il  apublics,  on  remarque  celui-ci  :  Rossini 
elsavnisique;  Paris,  Beltoni,  1836,  16  p.  in-S". 

BEÏTS  (John),  luthier  anglais,  a  joui  de 
beaucoup  de  réputation  dans  son  pays  à  la  fin 
•lu  dix-huitième  siècle  et  au  commencement  du 
dix-neuvième.  11  travailla  à  Londres  depuis  1787 
jusqu'en  1823,  époque  de  sa  mort.  Les  instru- 
ments qu'il  fabriqua,  et  surtout  le  commerce 
qu'il  fit  des  anciens  violons,  altos  et  basses  de 
Crémone,  lui  firent  acquérir  une  fortune  consi- 
dérable, dont  ses  neveux,  John  et  Arthur  Betts, 
ont  hérité.  Ceux-ci  continuent  sa  lutherie  et 
ont  obtenu  une  médaille  à  l'exposition  de  1851, 
pour  des  imitations  de  violons  d'Amati. 

BETTS  (Arthur),  neveu  du  précédent,  vio- 
loniste anj^lais,  naquit  dans  le  comté  de  Lincoln, 
vers  1780.  Son  frère,  fabricant  de  violons  à  Lon- 
dres, l'appela  près  de  lui,  et  lui  fil  donner  les 
premières  leçons  par  Hindmarsh,  violoniste  mé- 
diocre;mais,  après  quelques  mois,  il  eut  le  bon- 
heur de  passer  sous  la  direction  de  Violti.  Il  re- 
çut aussi  des  leçons  d'Eley  et  de  Russel  pour 
l'harmonie,  et  il  fut  un  des  plus  habiles  profes- 
seurs de  l'Angleterre.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages pour  le  piano  et  pour  le  violon. 

BETZ  (  Suzanne-Jacobine),  connue  sous  le 
nom  de  M"'  Jungert,  née  à  Augsbourg,  en  1745, 
y  prit  des  leçons  de  musique  de  J.  G.  Seyfert, 
et  devint  une  cantatrice  excellente.  Vers  1768, 
elle  passa  au  service  de  la  cour  de  Munich,  en 
qualité  de  première  chanteuse  des  concerts,  et 
y  réunit  tous  les  suffrages.  Elle  vivait  encore  à 
Munich  vers  1811. 

Une  autre  cantatrice  de  ce  nom.  M^i*  Émilia 
Betz,  née  à  Cobourg,  s'est  fait  remarquer  comme 
cantatrice  douée  d'un  beau  talent,  à  son  début 
en  1845,  dans  La  Fille  du  régiment,  jouée  au 
théâtre  de  la  cour  de  Saxe-Cobourg.  L'éduca- 
tion vocale  de  M"*  Betz  avait  été  faite  à  Vienne 
et  à  Paris. 

BEUF  (Jean  le).  Votj.  Lebeuf. 

BEURHUSIUS  (Frédéric),  philosophe  al- 
lemand, né  à  Menertzhagen,  était  corecteur  à 
Dortmund,  en  1573.  On  a  de  lui  :  Erotematinn 
musica:  libri  duo,  ex  oplimis  hujus  arlis 
scriptoribus  vera  perspicuaque  melhodo  des- 
cripti  ;  Nuremberg,  1551 ,  in-  S".  Forkel  n'a  pas 
eu  connaissance  de  cette  édition,  qui  esta  la  Bi- 
bliothèque Mazarine.  Il  y  a  des  éditions  de  cet 
ouvrage  datées  de  Nuremberg  1573,  1580,  1585 
et  tôOl,  toutes  in-8o.  Celle  de  1585  est  accom- 
pagnée d'une  préface  de  Jean-Thomas  Freig, 
recteur  à  Altorf.  Toutes  ces  éditions  sont  éga- 
lement rares.   L'ouvrage  de    Deurhusius  n'e.st 


pas  sans   intérêt  pour  l'histoire  de  la  musique. 

BEURSE  (  Pierre  ou  Pierquin),  organiste 
de  la  chapelle  de  Charles  le  Téméraire,  duc  de 
Bourgogne,  paraît  pour  la  première  Ibis  dans 
l'état  (le  cettechapelle,  dressé  au  mois  de  novem- 
ble  1474.  Son  nom  est  inscrit  dans  les  registies 
sous  ces  formes  Beurse ,  Beurst ,  Bursin  et 
Veurse  (1).  Beurse  se  trouve  encore  dans  les 
états  de  la  chapelle  ducale  de  Bourgogne  en  1480 
et  l48l  ;  mais  il  n'est  plus  dans  celui  de  novem- 
bre 1492,  et  Gomart,  surnommé  Nepofis ,  y  est 
inscrit  comme  son  successeur  dans  la  place  d'or- 
ganiste. Une  chanson  à  trois  voix,  sous  le  nom 
de  Beurt  se  trouve  dans  un  manuscrit  qui  a  ap- 
partenu à  Pixérécourt  {voy.  ce  nom)  et  qui  est 
passé  en  Angleterre  :  il  est  vraisemblable  qu'elle 
appartient  à  l'artiste  dont  il   s'agit  ici. 

BEUTLER  (  Jean-Georces-Bernard),  co- 
recteur à  l'école  de  Mulhausen,  a  publié  en 
1788,  chez  Breitkopf  et  Hœrtel,  à  Leipsick,  des 
Conversation!!  musicales  pour  le  piano,  en 
deux  parties.  H  arrangea  ensuite  à  quatre  parties 
d'anciennes  mélodies  chorales  du  dix-septième 
siècle,  sur  lesquels  Demme  avait  mis  de  nouvelles 
paroles.  Après  avoir  soumis  ce  travail  au  savant 
organiste  Umbreit,  il  le  publia  sous  ce  titre  r 
Nouveaux  cantiques  de  Demme  sur  d'excel- 
lentes mélodies  anciennes,  arrangées  avec  ac- 
compagnement de  piano  ou  orgue,  Golha, 
Beckerl799,  in-4o.  On  a  aussi  soui  le  nom  de 
Beutler  des  Menuets  brillants  pour  le  piano; 
Leipsick,  1800. 

BEUTLER  (Benjamin), né  à  Miihlhausenle 
2  décembre  1792,  est  mort  le  2  janvier  1837 
dans  la  môme  ville,  où  il  remplissait  les  places 
de  directeur  de  musique  et  de  secrétaire  du 
gymnase.  Après  avoir  terminé  ses  premières 
études  dans  ce  collège,  il  alla  suivre  les  cours  de 
l'université  de  Gottirigue,  où  il  s'adonna  parti- 
culièrement à  la  théologie.  L'amour  de  la  mu- 
sique le  lia  avec  Forkel.  De  retour  à  Mùhlhausen, 
il  succéda  à  son  oncle  en  1814  dans  la  place 
d'organiste  à  la  Marienkirche  (  l'Église  de 
Sainte-Marie).  Quelques  années  après,  le  ma- 
gistrat de  la  ville  le  nomma  directeur  de  musi- 
que et  sous-recteur  du  gymnase.  Il  devint  en 
quelques  années  l'âme  du  mouvement  musical 
à  Miihlhausen,  établit  des  chœurs  de  garçons  et 
de  filles  dans  les  écoles,  et  fut  le  fondateur  d'une 
société  de  chœurs  d'hommes,  en  1830.  Enfin  il 
organisa  à  Miihlhausen  de  grandes  fêtes  musicales, 
dont  il  fut  le  directeur.  Homme  religieux  et 
d'une  moralité  sévère,  il  jouissait  de  l'estime 
générale.  11  a  été  l'éditeur,  conjointement  avec 

(1)  Collection  des  lettres  patentes  de  l'Audience,  aux  ar- 
chives du  royaume  de  Belgique. 


400 


BEUTLER  —  BEVm 


HiUlebrand,  des  mélodies  chorales  pour  le  livre 
de  chant  de  Mùhlhausen,  sous  ce  titre  :  Choral- 
Melodieen  fier  das  Mûhlhauser  Gesangbiich 
zum  Gebrauch  in  Schulen,  in  Kirchen  und 
der  hauslichen  Andacht  ;  Mùlilhausen,  Fried, 
Heinriclis  Hofen,  1834,  in-8o. 

BEUTLER  (F...),  musicien  de  la  chambre 
de  la  cour  de  Bavière,  violoniste  et  virtuose  sur 
le  piano,  né  à  Munich,  vers  1798,  a  vécu  à  Berlin 
vers  I3l9,puis  à  Zuricti,  ets'eslfixé  à  Lausanne, 
où  il  a  été  nommé  directeur  de  musique  en 
1825.  Il  s'y  trouvait  encore  en  1833.  Il  s'est  fait 
connaître  par  quelques  compositions  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  1°  Allegretto  pour  le  piano; 
Beriin,  Grobenchùtz. — 2°  Pot-Pourri,  op.  2;  Mu- 
nich, Faller.  —  3o  Six  variations  et  coda.  cp.  4  ; 
ibid.  ;  —  4°  Six  variations  et  rondo  sur  un  thème 
original,  op.  6;  ibid.  —  5°  Neuf  chansons  al- 
lemandes; ibid.  —  6°  Pot-Pourri  pour  le  violon, 
sur  un  thème  de  la  Dame  Blanche,  avec  or- 
chestre, op.  15;Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel. 
—  7"  3  chants  de  société  pour  4  voix  d'hornmes. 
op.  13;  ibid.  —  ^o  Allegro  poco  andanlino, 
pour  piano,  Hambourg,  Schubert.  En  1829, 
Beutler  a  fait  exécuter  une  ouverture  à  grand 
orchestre  de  sa  composition,  el  une  autre  ou- 
verture sur  l'air  français  :  ô  ma  Pairie. 

BEUZIIV  (J.  G.),  écrivain  allemand,  incon- 
nu à  tous  les  bibliographes,  de  qui  l'on  a  un 
opuscule  intitulé  :  Beurleilting  der  païUomi- 
mischen  Oper  des  hem  JSiccolini  (Ciiti(iue  de 
l'opéra  pantoraimique  de  M.  Niccolini);  lirlùrt, 
1751,  m-4>'  de  4    feuilles. 

BÊVEîilNI  (François),  musicien,  né  vrai- 
semblablement à  Rome,  vers  le  milieu  du 
quinzième  siècle,  est  cité  comme  auteur  de  la 
musique  d'une  espèce  d'opéra ,  ou  plutôt  d'un 
Mystère,  dont  le  sujet  était  la  Conversion  de 
Saint-Paul.  Ce  mystère  fut  représenté  à  Rome 
en  1480,  par  ordre  du  cardinal  Raphaël  Riari. 
Bonnet  {Histoire  de  larmtsique,  tom.  1,  p.  256) 
et  Blankenburg,  dans  le  supplément  à  la  théorie 
des  beaux-arts  de  Sulzer  (t.  2,  p.  457),  disent 
que  celte  pièce  a  été  chantée  d'un  bout  à  l'autre, 
et  se  fondent  sur  un  passage  de  l'épître  <lédica- 
toire  de  Jean  Suipicius,  auteur  de  la  pièce,  au 
cardinal  Riari,  où  il  est  dit  que  jusqu'alors  on 
n'avait  jamais  entendu  à  Rome  une  semblable 
exécution  en  forme  de  chant.  La  question  reste 
néanmoins  indécise;  mais  quoi  qu'il  eu  soit,  il 
est  certain  que  la  musique  de  Beverini  a  dû  être 
dans  le  style  du  contrepoint  d'église  de  son 
temps. 

BEVILAQUA(M.),  flûtiste  et  virtuose  sur 
la  guitare,  est  né  en  Italie,  et  a  vécu  longtemps 
à  Vienne.  Plus  de  soixante  œuvres  de  musique 


portent  son  nom.  Parn.i  ses  productions,  on  re- 
marque :  1°  Trois  duos  toncertanls  pour  deux 
(lûtes;  —  2°  Trois  trios  pour  deux  clarinettes 
et  basson,  —  3"  Quatuor  pour  guitare,  violon, 
flûte  et  violoncelle,  op.  18.  —  4°  Neuf  varia- 
lions  pour  guitare  et  flûte  sur  l'air  :  La  Bion- 
dina.  —  5°  Variations  sur  un  air  allemand, 
pour  guitare  et  flûte  ou  violon,  op.  62.  —  6»  So- 
nate pour  piano  et  flûte  (en  sol),  op  63.  Tous 
les  autres  ouvrages  de  Bevilaqua  consistent 
en  duos  pour  guitare  et  flûte,  piano  et  violon  : 
ils  ont  été  gravés  à  Vienne  et  à  Rome.  Les  au- 
teurs de  la  nouvelle  Encyclopédie  musicale,  pu- 
bliée à  Stuttgard,  disent  que  les  productions  do 
cet  artiste  portent  le  cachet  de  connaissances 
solides  en  musique.  L'un  de  ses  derniers  ouvrages 
est  une  Méthode  de  guitare.  On  n'a  plus  rien 
imprimé  de  Belivaqua  depuis  1827. 

BEVIN  (Elway),  habile  compositeur  anglais, 
vivait  vers  la  fin  du  règne  d'Elisabeth,  il  était 
du  pays  de  Galles;  mais  on  ignore  le  lieu  et  la 
date  de  sa  naissance,  ainsi  que  celle  de  sa  mort. 
Tallis  fut  son  maître    de  composition   et  l'eut 
pour   successeur  dans   sa  place    à  la  chapelle 
royale,  en  1589.  Peu  de  temps  après,  il  fut  aussi 
nommé  organiste  de   la  cathédrale    de  Bristol; 
mais  il  perdit  ces  deux  emplois  en  1637,  parce 
.  qu'on  découvrit  qu'il  était  de  la  communion  ro- 
maine.  On  trouve   dans    la  collection  de  Bar- 
nard  intitulée  .•  First  Book  nf  selected  Churh 
Musick  (iêii),  un  service  de  musicpie   d'église 
qui  y  a  pour  titre  :  M.  Elway  Bevin's  first  ser- 
vice ofi  und  à  parts.  Celte  composition,  la  seule 
qu'on  connaisse  aujourd'hui  de  Bevin,  a  été    re- 
produite dans  la  grande  collection  de  Boyce  inti- 
tulée Cathedral  Music.  Mais  l'ouvrage  qui    a 
fondé  la  réputation  de  ce  musicien  est   un  traité 
de  composition  intitulé  :  A   brief  and   short 
Introduction  to  the  art  of  Musicke,  to  teacli 
liov)  to  make  discant  of  ail  proportions  tlial 
are  in  use  :  very  necessary  Jor    ail  such  as 
are  désirons  to  atlaine  to  Knowledge   in  the 
art,  and  may  by  practice,  if  they  can  sing, 
soon  be  able  to  compose  three,  four,  andfive 
parts,  and  also  to  compose  ail  sorts  of  canons 
that  are  tisual,  by  thèse  directions,  of  two 
or  three  parts    in    one ,  upon  a  plain  song 
(Courte  introduction  à  l'art  de  la  musiqu<',etc.)  ; 
Londres,  1631,  in-4''  de  152  pages.  Ce  livre  est 
devenu    très-rare.    On    y    trouve    des    règles 
pour  la  construction  de  toutes  les   espèces  de 
canons,  avec  des  exemples  jusqu'à  six  parties. 
Kollmann  a  rapporté  et  e\pliq\ié  cinq    canons 
extraits  de   l'ouvrage  de  Bevin  dans  son  Essay 
on  practical  musical  composition,  chapitre  IX, 
et  planches  40  et  41.    Bevin   fut  le   maître  du 


BEVIN 


BETLE 


401 


Dr.  William  Ciiild.  Biiriiey  a  dit  de  lui  (  llis- 
tory  o/ Music,  vol.  III,  p.  327)  :  «  IJcviii  fut 
«  réelleinenl  un  homme  de  génie  :  il  est  regret- 
«  table  qu'un  plus  grand  nombre  de  ses  coiiipo- 
«  sitions  n'ait  pas  été  conservé.  » 

BEYER  (Jean-Samuel),  né  à  Gollia,  vers 
1680,  lut  d'abord  canlor  à  l'école  de  Weis- 
senfels,  et  ensuite  directeur  de  musique  à 
Freyberg,  où  il  demeura  depuis  1703  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  1744.11  s'est  lait  connaître 
également  comme  compositeur  et  comme  écri- 
vain didactique.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
1°  Primx  iinex  viusicx  vocalis,  dass  ist 
kurze,  teichte,  grûndliche  und  richtige  An- 
weisung ,  wie  die  Jmjend ,  so  wohl  in  den 
ceffentUchen  Schulen,  ah  auch  in  der  Priva t- 
Information,  ein  musikalisches  Vokalstûck 
ti'o/d  und  richtig  singen  zu  lernen ,  aufs 
ktirtz  te  kann  unterrichlet  loerdcn,  mit  un- 
terschicdlichen  Canonibus,  Fugen,  Soliciniis, 
Biciniis,  Arien  und  einem  Appendice,  wo- 
rinnen  allerhand  lateinische,  franzœsische 
und  italixnische  Termini  musici  zii  finden, 
etc.  (Introduction  courte,  facile,  londamentale  et 
exacte  à  la  musique  vocale,  etc.)  ;  Freyberg,  1703, 
14  feuilles  in-4°  obi.  Une  seconde  édition  a  été 
publiée  dans  le  même  format  à  Dresde,  en  1730, 
mais  réduite  à  la  moitié,  par  la  suppression  des 
exemples  de  canons,  de  fugues,  etc.  —  2°  Mu- 
sikalischer  Vorrath  neu  variirter  Feslchoral- 
Gesœnge,  an/ dem  Clavier, in  Canto  undBasso, 
zuni  Gebrauch  sowohlbeym  oc/Jenllichen  Got- 
tesdienst,  als  beliebiger  Haîis-Andacht  {Ma- 
gasin musical  de  nouveaux  chants  simples  variés, 
pour  clavecin  avec  soprano  et  basse,  etc.),  pre- 
niière  partie;  Freyberg,  1716,  in-4'';  deuxième 
partie,  1716;  troisième,  idem,  1719.  —  3"  Ge(.5- 
tlich-musikalische  Seelen-Freude,  hestehend 
aus  12  Concert-Arien  von  1  vocal  und  5  ttn- 
terschiedlic/ien  Jnstrumental-Stimnien,  au/ 
aile  Sonn-und  Fest-Tage'  zu  gebrauchen. 
(L'âme  joyeuse,  spirituelle  et  musicale,  consistant 
en  soixante-douze  airs  concertants  pour  deux 
voix  et  cinq  instruments,  etc.);  Freyberg,  1724. 
in-4° 

BEYER  (...),  physicien,  Allemand  de  nais- 
sance, domicilié  à  Paris,  y  inventa  un  instrument 
composé  de  lames  de  verre  frappées  par  des 
marteaux,  dans  la  forme  d'un  piano,  et  qui 
fut  appelé  Glass-churd  par  Franklin.  Un  pia- 
niste, nommé  Schunck,  le  joua  en  public  pen- 
dant quinze  jours,  au  mois  de  novembre  1785. 
Cet  instrument  a  été  employé  avec  succès  à 
l'Opéra,  dans  les  Mystères  d'I.sis,  pour  rem- 
placer la  flûte  enchantée.  C'est  ce  môme  instru- 
ment, dépouillé  de  son  clavier,  et   frappé  par  un 

SIOGR.    UNlV.    DES    MUSICIENS.     -    T.    I. 


simple  marteau  de  liège,  qui  a  été  rendu  popu- 
laire à  l'uris. 

BEYER  (Ferdinand),  l'un  des  fabricants 
les  plus  actifs  de  cette  musique  de  piano  sans 
idées  et  sans  valeur,  sur  des  danses  ou  des  airs 
d'opéras,  que  l'époque  actuelle  voit  éclore  chaque 
jour.  Les  renseignements  me  manquent  sur  sa 
personne.  Il  a  commencé  à  se  faire  connaître 
vers  1840,  et  déjà  on  a  imprimé  sous  son  nom 
quelques  centaines  de  morceaux  (en  1859)  ;  ce 
pendant  Gassner  n'en  parle  pas  dans  son  lexique, 
qui  a  paru  en  1849.  La  plupart  des  productions 
de  M.  Beyer  ayant  été  publiées  chez  Schott, 
à  Mayence,  et  chez  Simrock,  à  Bonn,  il  est  vrai- 
semblable qu'il  habite  dans  quelque  ville  des 
bords  du  Rhin. 

BEYLE  (Marie -Henri)  (1),  littérateur 
français  qui  s'est  caché  sous  plusieurs  pseudo- 
nyn>es,  notammentsous  celui  de  S/endAa/,  naquit 
à  Grenoble ,  le  23  janvier  1783,  et  mourut  à  Pari.s 
le  23  mars  1842.  Fils  d'un  avocat  au  parlement 
de  Grenoble,  il  eut  d'abord  pour  précepteurs  des 
prêtres,  qui  lui  firent  prendre  enaversion  leur  en- 
seignement sévère  ;  puis  il  entra  à  l'école  centrale 
de  sa  ville  natale  en  1795,  en  suivit  les  cours 
pendant  quatre  ans,  et  y  obtint  des  succès. 
En  1799  il  se  rendit  à  Taris,  et  y  trouva  un  lo- 
gement dans  la  maison  de  M.  Daru,  allié  de  sa 
famille.  Il  se  destinait  à  entrer  à  l'École  poly- 
technique ;  mais  ennemi  du  travail,  il  ne  put  se 
mettreen  état  d'y  êlreadmis.  M.  Daru  essaya  alors 
de  le  placer  dans  l'administration  :  il  y  montra 
la  même  incapacité,  et  en  sortit  pour  aller  étudier, 
dans  l'atelier  de  Regnaull,  la  peinture,  qui  ne  lui 
réussit  pas  mieux.  Fn  1800,  il  suivit  M.  Martia 
Daru  en  Italie.  Arrivé  à  Milan,  il  essaya  de 
nouveau  de  l'administration  dans  les  bureaux 
du  gouverneur  de  la  Lombardie,  s'en  dégoûta 
bientôt,  et  entra  comme  maréchal  des  logis 
dans  le  sixième  régiment  de  dragons  :  six  mois 
après  il  obtenait  par  ses  protecteurs  l'épaiiletle 
de  sous-lieutenant,  et  en  cette  qualité  il  prit  part 
aux  combats  que  l'armée  française  livra  en  Ita- 
lie. La  carrière  militaire  n'ayant  pas  pour  lui 
plus  d'attrait  que  toutes  celles  qu'il  avait  essayées, 
il  donna  sa  démission  à  la  paix  d'Amiens,  en  l  SOî, 

(1)  Dans  la  première  éilition  de  la  li'iographie  universello 
des  Musiciens ,  j'ai  donné  a  Be.vle  les  pronoms  de  Louis- 
Alexandre  César;  d'après  la  hrance  Littéraire  de  M.  Qné- 
rard  (t.  i"',?.  323).  M.  P.  Colomb-des-Batlus  l'appelle  Ar- 
thur-Louis .llexandre  César,  dans  son  Cataloytic  des 
Dauphinois  dignes  deMémoire  il810,  in  8")  ;  mais  M.  Qné- 
rard  assnre  {dans  La  Littérature  contemporaine,  xix'  siè- 
cle, t.),  p.  44'j,  note)  que  le  véritable  prénom  de  Beyle 
est  Henri,  et  la  Nouvelle  Biographie  universelle  de  MM. 
Mlchaud,  à  laquelle  j'emprunte  les  détails  Biographi- 
ques de  cette  notice,  le  nomme  jVarie- Henri.  ÇT.  V, 
col.  ssn.) 


402 


BEYLE 


et  retourna  à  Grenoble  reprendre  l'existence  oi- 
sive pour  laquelle  il  avait  un  penchant  décidé.  Ce- 
pendant, sans  fortune,  il  avait  besoin  d'un  état  : 
on  essaya  de  lui  en  donner  un  en  le  faisant  en- 
trer dans  une  maison  de  commerce  à  Marseille, 
en  1805;  il  n'y  put  rester  une  année  entière.  De 
retour  à  Paris,  il  partit  pour  l'Allemagne,  avec 
M.  Daru,  en  1806,  et,  grâce  à  son  protecteur,  il 
fulnommé  intendant  des  domaines  de  l'empereur, 
à  Brunswick,  puis,  en  1807,  adjointd'un  commis- 
saire des  guerres.  En  1810, il  entra  au  conseil  d'É- 
tat comme  auditeur,  et  fut  peu  après  chargé  des 
fonctions  d'inspecteur  de  la  comptabilité  du  mo- 
bilier et  des  bùtiments  de  la  couronne,  fonctions 
qu'il  abandonna  en  1812,  pour  accompagner  M. 
Daru,  en  amateur,  dans  la  campagne  de  Russie. 
En  1814,  il  retourna  à  Grenoble  avecle  titre  d'ad- 
joint au  commissaire  extraordinaire;  mais  immé- 
diatement après  la  première  invasion  de  la  France, 
il  alla  se  fixer  à  Milan,  où  il  passa  sept  années, 
trouvant  ses  moyens  d'existence  dans  les  nombreux 
articles  qu'il  fournissait  aux  revues  françaises  et 
auj^laises.  H  s'y  trouvait  parfois  des  révélations 
sur  la  situation  de  laLombaniie  qui  fixèrent  l'at- 
tention de  la  police  aulricliienne  :  elle  l'obligea 
à  retourner   à  Paris  en  1821.   Il  y   resta  jus- 
qu'en 1830,  uniquement  occupé  de  travaux  litté- 
raires. La  révolution  de  juillet  lui  fut  favorable  en 
lui  procurant,  le  25  septembre  1830,  le  brevet 
de  consul  de  France  à  Trieste.  M.  de  Metternich 
lui  ayant  refusé   Vexequatur,  il  alla  à  Civita- 
Vecchia remplir  les  mêmes  fonctions,  qu'il  exerça 
jusqu'à  sa  mort.  J'ai  connu  IJeyle  en  1830,  dans 
les  bureaux  delà  rédaction  du  journal  Le  Temps  : 
c'était  un  gros  homme,  fort  insouciant,  fort  som- 
meillant, et  dont  la  conversation  n'indiquait  pas 
l'esprit  qu'il  amis  dans  ses  livres.  Il  ne  savait 
causer  que  la  plume  à  la  main. 

Beyle  débuta  mal  dans  la  littérature  ;  car  ce  fut 
par  un  plagiat.  Un  livre  intéressant  de  Carpani 
avait  été  publié  sous  ce  titre  :  Le  Haydine,  ov- 
vero  lettere  su  la  vita  e  le  opère  del  maestro 
Ghtseppe  Haydn  {Voyez  CARPA.\r)  :  il  tomba 
entre  les  mains  de  Beyle,  qui  le  traduisit  en 
français,  et  le  publia  sous  le  pseudonyme  de 
fiombet,  et  sous  ce  titre  :  Lettres  écrites  de 
Vienne  en  Autriche  sur  le  célèbre  compositeur 
Joseph  Haydn,  suivies  d''une  vie  de  Mozart, 
et  de  considérations  sur  Métastase  et  l'état 
présent  de  la  musique  en  France  et  en  Italie; 
Paris,  Didot,  1814,  in-S"  de  460  pages.  Cette 
traduction,  achevée  à  Londres,  fut  elle-même 
traduiteen  anglais  quelques  annéesaprès.  Le  titre 
de  la  version  anglaise  est  :  Lives  of  Haydn 
aud  Mozart,  in  a  séries  of  letters,  translated 
from  thefrench;  London,  Murray,  1817,  in-S" 


(le  493  pages.  La  supercherie  était  trop  évidente 
pour  que  Carpani  gardât  le  silence.  Il    attaqua 
le  plagiaire  pseudonyme  avec  autant  de  force  que 
de  vivacité  dans  deux  lettres  écrites  de  Vienne, 
les  15  et  20  août  1817,  qui  parurent.dans  laiVwo- 
va  série  del  Giornale  deW  Italianaletteraturaf 
t.  X,  Padova,  1817,  p.  124-140,  avec  ce  titre  : 
Lettere  due  dell'autore  délie  Haydine,  Giu- 
seppe  Carpani,  milanese,  al  sig.  Alessandro 
Cesare  Bombet,   francese,  sedicente  autore 
délie  medesime.  A  ces   lettres  étaient  jointes 
des  déclarations  de  Salieri,   Weigl,   Frieberlh, 
du  conseiller  de  légation  saxone  Griesinger,  et 
de  M'ie  Kurzbeck,  lesquelles  disaient  que  Car- 
pani était  le  véritable  auteur  des  Haydines,  et 
que  le  livre  de  Bombet  n'en  était  qu'une  simple 
traducti(Tn.   Quelques    journaux    littéraires    de 
l'Allemagne    reproduisirent    la   réclamation  de 
Carpani,   et  le    Journal  de  Paris  en  donna 
un  extrait  au  mois  d'octobre  1817,  avec  des  ré- 
flexions désagréables  pour  Beyle ,  qui  n'essaya 
pas  de  répondre  à  ces  attaques,  mais  qui  ne  re- 
produisit pas  moins  son  livre  avecle  titre  de  Vies 
de  Haydn,  Mozart  et  Métastase.  Paris,  De- 
launay,  1817,  in-S".  Cette  fois  il  avait  changé  le 
pseudonyme  de  Bombet  en  celui  de  Stendhal. 
M.  Quérard  s'est  trompé  (dans  la  France  Litté- 
raire, t.  r'.,  p.  325)  lorsqu'il  a   considéré    les 
Lettres  écrites  de  Vienne  et  les  Vies  de  Haydn 
et  de  Mozart  comme  des  ouvrages  différents.  Il 
n'a  pas  connu  non  plus  le  titre  exact  de  la  pre- 
mière édition.   Carpani  semble  avoir  été  destiné 
à  être  pillé  ou  imité  par  Beyle.  Il  avait  fait  in- 
sérer dans  les  journaux  d'Allemagne  et  d'Italie 
depuis  1818  jusqu'en  1822,  diverses  lettres  sur 
Rossini  et  sur  plusieurs  autres  compositeurs  du 
même  temps,  particulièrement  sur  Tancredi  et 
sur  Freyrchùtz  ;  ses  lettres  ont  été  réunies  de- 
puis lors  avec  quelques  autres  morceaux  du  même 
aut^r,  sous  ce  titre  ■•  Le  Rossiniane  ossia  let- 
tere musico-teatrali.  Or,  Beyle  publia,  en  1823, 
une  Vie  de  Rossini  (Paris,  Bouland,  deux  parties 
in-8°),  qu'il  reproduisit  l'année  suivante,  comme 
une  édition  nouvelle,  au  moyen  d'un  nouveau  fron- 
tispice. Ce  livre,  mis  au  jour  sous  le  nom  de  Sten- 
dhal, renferme  une  grande  partie  des  opinions 
exprimées  par  Carpani  sur  Tancrède  de  Ros- 
sini, sur  FreychiitZy  de  Weber,  sur  Otello,  et 
sur  beaucoup  d'autres  productions  de  l'école  mo- 
derne. Le  reste,  particulièrement  la  partie  bio- 
graphique, a  pour  base  des  anecdotes  recueillies 
à  la  légère  par  l'auteur,  et  quelques  faits  em- 
pruntés aux  almanachs  de  spectacles  publiés  à  Ve-  . 
nise  et  à  Milan.  Tout  cela  est  rempli  d'inexactitu- 
des. Quanta  la  forme  de  l'ouvrage,  on  y  remarque 
le  même  désordre  que  dans  toutes  les  autres  pro- 


BE\'LE  —  BIANCUI 


403 


duclions  de  Beyie.  Quelques  pnfjes  ont  le  cachet 
du  talent  qu'on  ne  peut  refuser  à  récrivaln,  et  qui 
a  fait  le  succès  de  ses  romans,  de  ses  peintures 
de  mœurs  et  (le  SCS  brochures;  mais  les  contra- 
dictions y  fourmillent;  les  jugements  elles  cri- 
tiques accusent  une  ignorance  complète  de  l'art 
et  un  espiit  tout  rempli  de  préjugés  ;  enlin,  en  dé- 
pit de  son  goilt  apparent  pour  la  nouveauté,  on 
y  voit  que  Beyle  a  des  habitudes  et  des  affec- 
tions pour  les  souvenirs  de  sa  jeunesse.  Le  pro- 
fesseur Wendt,  qui  a  publié  à  Leipsick,  en  1824, 
une  traduction  allemande  du  livre  de  Beyle,  en  a 
corrigé  les  inexactitudes  dans  des  notes,  il  en  a 
été  fait  une  traduction  anglaise,  publiée  à  Lon- 
dres, en  1826,  1  vol.  in-12.  Des  éditions  en  ont 
été  faites  en  Belgique;  et  il  en  a  été  publié  une 
nouvelle  à  Paris,  en  1854,  un  vol.  in-12,  avec 
quelques  additions.  Les  ouvrages  de  Beyle, 
étrangers  à  la  musique,  sont  :  l^Une  Histoire 
delà  Peintureen  llalie;PaT\s,is~7,2  vol.in-8o, 
reproduite  plusieurs  fois  avec  des  changements 
de  titres  cd\«me  des  éditions  nouvelle**.  —  2° 
Rome,  Naples  et  Florence  en  1817  ;  Paris,  1817, 
in-S".  —  3°  De  VAmour;  Paris,  i722,  2  vol. 
in-12;  production  audacieuse  et  immorale.  —  4° 
Annance,  roman;  Paris,  1827,  3  vol.  in-12.  — 
5"  Promenades  dans  Rome;  Paris  ,  1829,  2  vol. 
in-S".  —  6°  Rouge  et  Noir,  chronique  du  dix- 
neuvième  siècle;  Paris,  1831,  2  vol.  in-8°.  — 
7°  Mémoires  d'un  Touriste  ;  Pari?.,  1838,  2  vol. 
in-8".  —  8°.  La  Chartreuse  de  Parme;  Paris, 
1839,  2  vol.  in-80.  C'est  la  meilleure  production 
de  l'auteur.  —  9°  Quelques  brochures  de  cir- 
constance, etc. 

BEYSSELIUS  (Jodocus),  conseiller  impé- 
rial, philosophe,  orateur  et  poète,  né  à  Aix-la- 
Chapelle,  vécut  de  1454  à  1494.  Au  nombre  de 
ses  écrits,  Tritliême(/)e  Script.  Eccles.,  p.  395), 
place  un  dialogue  Z)e  optimo  génère  musicorum, 
lib.I. 

BEZEGUI  (Ange-Michel),  compositeur  et 
bon  violoniste,  né  à  Bologne  en  1G70,  vint  à 
Paris  vers  1684,  etdevintchef  de  la  musique  de 
l'agon,  surintendant  des  finances.  Il  eut  le  mal- 
heur de  se  casser  le  bras,  et  son  protecteur  lui 
assura  une  existence  aisée,  mais  qui  ne  le  con- 
sola jamais  de  son  accident.  Il  mourut  en  1744. 
On  connaît  de  lui  :  Sonate  a  violino  solo  e 
violoncello  o  basso  continua,  op.  1",  Amster- 
dam, Roger,  in-fol.  obi. ,  et  un  livre  de  pièces 
de  clavecin. 

BIAGGI  (Al\m4nno)  ,  compositeur  italien , 
né  en  Lombardie,  a  fait  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  Milan.  Fixé  à  Florence  vers 
1838,  il  y  occupe  les  positions  de  maîlre  de 
chapelle  de  l'institut  musical  de  cette  ville,  et 


de  premier  violon  de  la  cour  de  Toscane.  Son 
début  <lans  la  composition  dramatiipie  eut  lieu 
au  théâtre  de  la  Pergola,  à  Florence,  le  15  sp[)- 
teud)re  1840,  (lar  Vo\)éi;\  intitulé  [  Petromïani 
ed  i  Geminiani,  dont  le  libretto  n'était  autre 
que  celui  de  la  Secchia  rapita,  mis  précédem- 
ment en  musique  par  Zingarelli  et  plusieurs 
autres  compositeurs.  Biaggi  avait  écrit  une  ou- 
verture à  grand  orchestre,  pour  un  concert  du 
Conservatoire  de  Milan,  qu'il  a  ensuite  arrangea 
pour  le  piano  à  quatre  mains,  et  qui  a  été  jiu- 
bliée  chez  Ricordi.  On  connaît  aussi  de  lui  une 
messe  de  requiem  à  quatre  voix  et  orchestre,  en 
partition  ;  Florence,  Ferdinand  Lorenzi,  in-fol.  Les 
joiuTiaux  italiens  ont  annoncé,  en  1855,  la  re- 
présentation, au  théâtre  Léopold  de  Florence,  de 
l'opéra  Gonzalvo  di  Cordova,  musique  com- 
posée par  Alessandro  Biagi  :  il  est  vraisem- 
blable qu'il  y  a  là  une  crre\ir  typographique,  et 
qu'il  faut  Wvq  Alamanno  Biaggi. 

BIAGIOL1  (Nicolas-Josapuat),  grammai- 
rien et  littérateur,  né  en  1761,  à  Vizzano,  dans 
l'état  de  Gênes,  lit  ses  études  à  Rome,  et  fut  pro- 
fesseur à  l'université  d'Urbino  dès  l'âge  de  dix- 
sept  ans.  Après  avoir  été  préfet  de  Rome  pen- 
dant l'occupation  de  l'Italie  méridionale  i)ar  les 
armées  de  la  République  française,  il  fut  obligé 
de  se  réfugier  à  Paris,  en  1798,  et  d'y  ouvrir  des 
cours  de  langue  et  de  littérature  italienne  pour 
vivre.  Il  y  mourut  des  suites  d'une  Quxion  de 
poitrine,  le  13  décembre  1830.  On  a  de  Bia- 
gioli  des  éditions  estimées  du  Dante  et  de  Pé- 
trarque, une  grammaire  italienne  qui  a  eu  beau- 
coup d'éditions,  des  poésies  latines  et  italiennes, 
ainsi  que  plusieurs  autres  ouvrages  sur  lesquels 
on  peut  consulter  le  supplément  de  la  Biogra- 
phie universelle  de  MM.  Michaud.  Biagioli  n'est 
cité  ici  que  pour  un  poème  intitulé  :  La  nascilà 
del  gran  ifossini  ;  Paris  1823,1  feuille  in-4°. 

BIAGIOLI  (...)  une  petite  sonate  pour  le 
piano,  intitulée  La  Caccia,  a  été  publiée  sous  ce 
nom,   chez  Ricordi,    à  Milan. 

lîIANCA  (...),  maître  de  chapelle  à  Naples, 
naquit  dans  cette  ville  en  1788.  Artiste  sans  génie, 
il  a  donné  plusieure  opéras  qui  sont  déjà  ou- 
bliés ;  on  n'a  le  nom  que  d'un  seid,  Zoraïde  e 
Corradino.  De  1S15  à  1825,  il  a  fait,  comme 
chanteur,  un  long  voyage  en  Allemagne,  en  An- 
gleterre et  en  France;  mais  il  n'a  pu  réussir  à 
se   faire  remarquer. 

BIANCm  (Pierre-Antoine)  ,  compositeur  , 
né  à  Venise,  vers  1530,  fut  d'abord  chanoine 
régidier  de  Saint-Sauveur  dans  cette  ville,  et 
ensuite  chapelain  de  l'archiduc  Ferdinand  d'Au- 
triche. On  a  de  lui  :  1"  H  primo  libro  délie 
canzoni  Napoletanc  a  tre  voci;  Venise,  1572, 

26. 


404 


BIANCHI 


in-B".  G.  Alberici  dit  {Catal.  brève  degl  illust. 
Scritt.  Veneziani,  p.  77)  qu'un  autre  ouvrage 
de  Bianclii  a  été  publié  à  Venise,  vers  1605, 
mais  il  n'en  indique  ni  la  nature,  ni  le  titre.  Enfin 
on  a  de  lui  : —  2°  Sacri  concentus,  octovocïbus, 
tum  vivx  vocis,  ium  omnium  tnstrumento- 
rum  generi  decantandi;  Venise,  1609,  in-4°. 
Abraham  Schad  a  inséré  des  motets  de  ce  com- 
positeur dans  son  Pi'omptuarium  musicum. 
{Voy.  Schad.) 

BIAIXCHI  (Jacqdes),  compositeur  italien, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
»'t  paraît  avoir  été  attaché  au  service  des  ducs 
de  Bavière.  Un  recueil  de  motets  de  cette 
époque  qui  se  trouve  en  manuscrit  à  la  biblio- 
thèque Royale  de  Munich,  sous  le  numéro  41, 
renferme,  .sons  le  nom  de  ce  musicien,  le  motet 
à  huit  voix  Verbum  iniquum  et  dolosum. 

BIANCHI  (Anuré),  né  à  Sarzana,  dans  le 
pays  de  Gènes,  vers  1580,  fut  d'abord  musicien 
au  service  d'un  noble  Génois  nommé  Carlo 
Cibo,  et  ensuite  organiste  de  la  collégiale  de 
Chiavari.  Il  a  fait  imprimer  divers  ouvrages  de 
sa  composition  :  1°  Motetli  e  Messe  a  otto  voci; 
Venise,  161 1,  in-4°.  —  2°  Motelti  a  due,  tre  e 
quattro  voc\  ;  Anvers,  1626,  in-4''.  Ce  dernier 
ouvrage  doit  être  une  deuxième  édition.  On 
trouve  des  motets  d'André  Blanchi  dans  le 
Promptuarium  musicum  d'Abraham  Schad. 
{Voyez  ce  nom.) 

BIANCHI  (Jules-César),  compositeur  ita- 
lien du  dix-septième  siècle,  a  publié  Motetli  de 
IJeata  Virgine  a  1-5  voci,  e  Missa  a  quattro 
voci;  Venise,  1620.  Une  seconde  édition  a  paru 
à  Anvers,  1637,  iu-4°.  On  Ut  au  titre  de  celle-ci  : 
1537  ;  mais  c'est  évidemment  une  faute  d'impres- 
sion, car  on  trouve,  à  la  suite  des  motets  de 
Blanchi,  des  litanies  à  six  voix  de  Cl.  Monteverde. 
'  BIANCHI  (Christophe),  compositeur,  né  à 
Rome  au  conuuencement  du  dix-septième  siècle, 
a  (ait  imprimer  dans  cette  ville,  vers  1650,  une 
sorte  detraité  de  composition  sous  ce  titre  :  Ta- 
vela dHmparare  a  formare  passagi  e  fugfie 
ed  intavolarli  per  il  liuto,  gravicembalo,  vio- 
lone  e  viola  da  gamba  (vid.  Mersen.  lib.  1. 
De  Instrum.  harm.  Prop.  7). 

BIANCHI  (  Le  P.  Jean-Baptiste),  moine  de 
l'ordre  de  Saint-Augustin,  naquit  à  Gênes,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et  fit  ses  vœux 
au  couvent  de  Bologne.  Il  était  organiste  et 
compositeur.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
Madrigali  a  due  être  voci.  op.  P,  Bologne, 
Jacques  Monti,  1675,  in-4o. 

BIANCHI  (EusÈBE),.en  latin  Blancus,  cor- 
dt'lier,  entra  fort  jeune  dans  son  ordie,  au  cou- 
vent de  Modène.  Il  était  né  à  Milan,  vers  le  mi- 


lieu du  dix-septième  siècle.  Argelati  et  Piccînelli 
vantent  son  savoir  dans  les  langues  hébraïque, 
grecque,  allemande,  française  et  espagnole,  ainsi 
que  dans  les  mathématiques,  l'architeclure  et 
l'astronomie.  On  croit  qu'il  est  mort  vers  1725. 
Au  nombre  de  ses  ouvrages  se  trouve  le  suivant  : 
Regole  per  fabricar  un  organelto,  che  anco  è 
gravicembalo,  quale  a  forza  di  riiote  da  per 
se  suona  due  o  tre  ariette.  Argelati,  qui  indique 
cet  écrit  [Bibl.  Script.  Mediolan.,  t.  2,  2'' part., 
col  180.  B.),  ne  fait  pas  connaître  s'il  est  im- 
primé. 

BIANCHI  (Jean),  compositeur  de  musique 
instrumentale,  né  à  Ferrare,  vers  1660,  vivait 
encore  à  Milan  en  1710.  Le  catalogue  de  Roger, 
d'Amsterdam  ,  indique  les  ouvrages  suivants  de 
sa  composition  :  \°  Dodici  sonate  a  tre,  op.  l, 
in-folio.  —  T  Sei  concerti  da  chiesa  a  quat- 
tro stromenti ,  op.  2.  —  3°  Sei  sonate  a  tre 
op.  3. 

BIANCHI  (François),  compositeur  drama- 
tique et  maître  de  chapelle  à  Crémone,  naquit 
dans  cette  ville  en  1752.  Il  vint  à  Paris  en  1775, 
et  y  fut  attaché  comme  claveciniste  au  Théâtre- 
italien,  où  il  donna,  dans  la  même  année,  La  Ré- 
duction de  Paris,  en  un  acte,  et  Le  Mort  marié, 
en  1777.  Trois  ans  après,  il  quitta  son.  emploi 
pour  aller  composera  Florence  l'opéra  de  Castor 
e  Polluce,  qui  réussit.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de 
]l  Trion/o  délia  Pace,  à  Venise,  en  1782.  — 
3°  Démo  faon  te,  1783.  —  4°  Arbace,  1783.  — 
5°  Cajo  Mario,  à  Naples ,  1784.  —  6°  Briseide, 
à  Turin,  1784.  — 7°  La  Caccia  d'Enrico  IV, 
à  Venise,  1784.  —  i"  Asparde  principe  Dat- 
triano,  1784,  à  Rome.  —  9°  Il  Medonte,  àReg- 
gio,  en  1785.  C'est  dans  cette  même  année,  1785, 
que  Bianchi  obtint  la  place  d'organiste  du  second 
orgue  de  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc  à  Ve- 
nise. 11  n'avait  aucune  pratique  de  l'orgue,  dit 
M.Cafri,et  était  complètement  inhabile  à  rem- 
plir cet  emploi  ;  de  plus  il  avait  pour  concurrents 
des  hommes  de  talent  tels  que  Gazzaniga,  Salva- 
tor  Perillo,  le  savant  compositeur  Furlannetto 
et  d'autres;  mais  la  protection  prévalut  en  faveur 
de  Bianclii,  et  il  obtint  la  place,  sans  concours, 
par  un  décret  des  procurateurs  de  la  chapelle, 
en  date  du  21  janvier  1785.  Bien  qu'il  en  touchât 
le  traitement ,  il  n'en  remplit  jamais  les  fonctions. 
Le  scandale  de  son  incurie  à  cet  égard  devint 
tel ,  que ,  dans  leur  ressentiment;  les  procurateurs 
rendirent  un  décret,  le  20  novembre  1791,  par 
lequel  la  démission  de  sa  place  lui  était  donnée 
2}otir  avoir  méconnu  les  devoirs  de  son  emploi, 
et  qui  ordonnait  qu'il  cessâtde  recevoir  les  émolu- 
ments attachés  à  cette  place.  Mais  cette  fois  encore 
la  protection  l'emporta  sur  la  justice,  et  le  29  fé- 


BIAJXCHI 


405 


vrier  1793  son  emploi  Ini  fut  rendu.  Ce  ne  fut  que 
pour  un  petit  nombre  d'années;  car  la  rép\ibiique 
de  Venise  cessa  bientôt  d'exister.  Ijianchi  fut  aussi 
attaché  comme  maître  au  conservatoire  des  Men- 
dicanti,  et  épousa  Bianca  Saclietti,  une  de  ses 
élèves  les  plus  distinguées  dans  l'art  du  ciiant, 
sur  le  piano  et  sur  la  harpe.  —  \o°  Il  Dissertore , 
à  Venise,  en  1785.  Cet  ouvrage  avait  été  écrit 
pour  Paccliiarotti ,  qui  parut  sur  la'  scène  avec 
l'habit  de  soldat  français,  ce  qui  déplut  tant  aux 
Vénitiens,  qu'ils  refusèrent  d'entendre  l'ouvrage 
jusqu'au  bout;  mais,  peu  de  temps  après, la  du- 
chesse de  Courlande,  passant  par  Venise,  désira 
d'entendre  cet  opéra,  qu'on  joua  par  condescen- 
dance pour  elle,  et  dont  la  musique  excita  de  tels 
transports  d'admiration,  que  l'ouvrage  devint  le 
favori  du  même  public  qui  l'avait  d'abord  rejeté. 

—  li" La  Villanella  rapila,  en  1785.  —  12°  Pi- 
ramoet  Tlsbe,  en  1786.  —  13°  Xa  Verginedel 
Sole,  en  1786,  à  Venise.  —  14°  Scipione  A/ri- 
cano,  à  Naples,  1787.  —  15°  La  Secchia  r  api  ta, 
1787.  —  I6o  L'Orfano  délia  China,  à  Venise, 
1787,  — 17°  P««arro,  à  Venise,  1788.  —  18°i/e- 
«enzio,  à  Naples,  1788.  —  \^'' Alessandro  nelV 
Indie,  à  Brescia,  1788.  —  20°  Tarara,  un  de 
ses  plus  beaux  ouvrages.  —  21°  Il  Rilraito,  à 
Naples,  1788.  —  22°  L'Inglese  stravagante, 
1789,  à  Bologne.— 23°// Ga«o,  1789,  à  Brescia. 

—  24°  La  Morte  di  Giulio  Cesare,  1789,  à  Ve- 
nise. —  25°  VArviinio,  1790,  à  Florence.  — 
26°  La  Dama  bizzarra,  à  Rome,  1790.  — 
27°  Cajo  OsliUo,  à  Rome,  1791.  —  28°  Agar, 
oratorio,  à  Venise,  1791.  —  29°  Joas,  oratorio, 
1791.  —30°  llfinio  Astrologo,  1191.  —  31° Za 
Capricciosa  ravvedicta,  1793.  —  32°  VOlan- 
dese  in  Venezia,  en  1784.  —  33°  Lo  Strava- 
gante, 1795.  Vers  1796,  Bianchi  se  rendit  à 
Londres,  où  il  écrivit,  en  1797,  Zenobia;  dans 
la  même  année  il  donna  Inez  de  Castro,  pour 
M*  Billington,  et  ensuite  Aci  e  Galatea.  La  Se- 
miramide  fut  écrite,  en  1798,  pour  la  signora 
Baftti,  et,  l'année  suivante,  Bianchi  donna  Mérope, 
le  meilleur  de  ses  ouvrages.  Le  style  de  ce  com- 
positeur est  gracieux,  mais  n'a  rien  d'original. 
Ce  n'est  qu'une  imitation  de  la  manière  de  Pai- 
sicllo  et  de  celle  de  Cimarosa.  De  tous  ses  opéras, 
le  seul  qui  ait  été  représenté  à  Paris  est  La  Vil- 
lanella rapj^a,  joué  d'abord,  en  1790,  authéâlre 
de  Monsieur,  et  repris  en  1804  et  en  1807.  Bianchi 
avait  écrit  un  traité  théorique  sur  la  musique, 
qu'il  envoya  à  Paris  pour  être  soumis  à  l'examen 
de  Lacépède,  de  Ginguené  et  de  M.  de  Prony, 
lorsque  (^  paix  d'Amiens  eut  ouvert  les  commu- 
nications entre  la  France  et  l'Angleterre  ;  mais  la 
guerre  étant  sur  le  point  d'être  déclarée  de  nou- 
veau, le  manuscrit  fut  renvoyé  à  son  auteur.  Cet 


ouvrage  a  été  confié  par  sa  veuve  (plus  tard 
M'icLacy)  à  l'éditeur  du  Qtcarterly  musical 
Eeviev),  avec  la  permission  d'en  publier  des 
extraits,  qui  ont  paru,  en  effet,  dans  ce  journal,  en 
commençant  au  vol.  il,  pag.  22.  Bianchi  est  mort 
à  Bologne,  le  24  septembre  1811.  M.  Cafli  croit 
que  ce  fut  à  Londres  qu'il  cessa  de  vivre  dans 
une  situation  peu  fortunée;  mais  il  a  été  mal  in- 
formé. 

Un  autre  compositeur  plus  ancien,  nommé 
François  Bianchi,  et  qui  vécut  vraisemblable- 
ment dans  le  dix-septieme  siècle,  a  écrit  un  ora- 
torio latin  qui  a  pour  titre  :  Sacrificiiim  Abrahx, 
aciio  sacra  cum  quatuor  vocibus ,  et  inslru- 
mentis.  Une  copie  de  cet  ouvrage  est  dans  la 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  Naples,  et  ime 
autre  dans  la  collection  de  l'abbé  Santini  à  Rome. 

BIANCHI  (Adamo),  né  en  1764,  à  Bergame, 
piemier  ténor  de  la  basilique  de  Sainte-Marie- 
Majeure  de  cette  ville,  était  âgé  de  vingt  et  un  ans 
lorsqu'il  fut  attaché  à  cette  chapelle  en  1785.  Ce 
chanteur  fut  estimé  pour  la  pureté  de  son  intona- 
tion et  l'expression  qu'il  mettait  dans  son  chant. 
Il  a  chanté  avecsuccèssur  lesprincipaux  Ihéàtres 
de  l'Italie  et  de  l'étranger.  En  1791,  il  se  fit  enten- 
dre avec  beaucoup  de  succès,  à  Vienne,  dans  l'opéra 
La  Morte  di  Cleopatra,  en  concurrence  avec 
Rubinelli,  et  deux  ans  après  à  Bologne,  dans  La 
Morte  di  Semiramide,  avecCrescentini.  En  1804, 
il  fut  appelé  à  Paris  pour  chanter  au  théâtre  de 
la  cour  à  l'occasion  du  couronnement  de  Napo- 
léon. Peu  de  temps  après  il  se  retira  dans  sa  ville 
natale,  et  continua  d'être  attaché  à  l'église  S;iinte- 
Marie-Majeure,  en  qualité  de  premier  ténor.  Une 
étroite  amitié  l'unissait  au  maître  de  chapelle 
de  cette  église,  Simon  Mayer.  Le  1*"^  août  1835, 
l'anniversaire  de  cinquante  ans  de  services  de 
Bianchi  dans  cette  chapelle  fut  célébré  par  une 
messe  dans  laquelle  il  chanta  encore ,  à  l'âge  de 
soixante-onze  ans. 

BIANCtn  (Antoine),  chanteur  et  composi- 
teur, naquit  à  Milan,  en  1758,  et  y  lit  des  études 
de  chant,  d'harmonie  et  de  contrepoint.  Après 
avoir  chanté  à  Gênes,  à  Hanovre  et  à  Paris,  avec 
les  bouffons  du  théâtre  de  Monsieur,  il  entra  au 
service  du  prince  de  Nassau,  en  1792,  et  l'année 
suivante  il  alla  à  Berlin ,  où  il  fut  engagé  au 
théâtre  national.  Ne  connaissant  la  langue  alle- 
mande que  d'une  manière  imparfaite,  Bianchi 
ne  joua  que  dans  de  petits  intermèdes  italiens  lels 
que  UAvaro,  Il  Maestro  di  cappella,  de  Haydn, 
Il  Calzolaro  de  Cimarosa,  et  quelques  autres 
ouvrages  semblables  ;  mais  ces  pièces,  écrifes 
dans  le  style  simple  de  la  musique  italienne  (Je 
cette  époque,  eurent  peu  de  succès  dansime  ville 
où  l'on  était  accoutumé  à  la  manière  vigoureuse 


406 


BIANCHI  —  BIANCIIINI 


<!c  l'École  allemande,  et  Bianchi  rompit  son  enga- 
gement, après  avoir  fait  représenter  son  opéra 
iVAlcinc,  le  IC  février  1794.  11  fut  plus  heureux 
à  Hambourg,  en  1797,  et  peu  de  temps  après  il 
alla  à  Breslau ,  où  il  chanta  les  mêmes  intermèdes 
qu'à  Berlin  et  à  Hambourg.  Il  y  fit  jouer  un  petit 
o|)éra  de  sa  composition  intitulé  :  Fileno  e  Clo- 
n«f/c;puis,  en  1798,  il  visita  Dresde,  Ujipsick 
et  Brunswick.  Au  commencement  de  l'année  1800 
il  retourna  en  Italie;  depuis  lors  on  ignore  ce 
qu'il  est  devenu.  Outre  les  deux  opéras  qui 
ont  été  cités  précédemment,  on  connaît  de  sa 
composition  :  lo  Douze  chansons  françaises;  Ber- 
lin, 1793;  —  2°  Douze  chansons  françaises  avec 
piano;  Hambourg,  1796.  —  "i" Ef rennes  pour  les 
dames,  douze  chansons  italiennes,  avec  piano  et 
guitare;  Hambourg,  1798. 

BIANCHI  (Jacques),  ciianteur italien  el  pro- 
fesseur de  chant  à  Londres,  vers  I8()0,  était  né 
à  Arezzo,  en  17C8.  Il  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  par  les  ouvrages  suivants:  1°  Sel 
duettl  a  soprano  e  contralto  con  acc.dicemh. 
op.  1;  Londres,  1799. —  1° Sei  eanzonette  con  ace. 
di  arpa  o  cembalo,  op.  1  ;  ibid.  —  3°  The  celé- 
brated  fughe  in  II  Con.ùglio  imprudente  ;  ibid. 
—  4*'  Ode  upon  the  King's  provïdentïal protec- 
tion from  assassination;  Londres,  1800.  — 
5°  Ariette  italienne,  op.  4;  Vienne,  1803. 

BIANCIII  (  Eliodoro),  ténor  de  quelque  mé- 
rite, naquit  le  6  mai  1773  à  Cividate,  dans  la  pro- 
vince de  lîergame.  Il  était  encore  enfant  lorsque 
ses  parents  allèrent  s'établir  à  Palazzolo,  près  de 
Brescia.  Doué  d'heureuses  dispositions  pour  la 
musique,  il  en  apprit  les  éléments,  y  compris  ceux 
de  l'harmonie,  sous  la  direction  de  son  père,  assez 
bon  organiste.  Plus  tard  il  se  rendit  à  Naples  et 
reçut  de  Tritto  des  leçons  de  contrepoint.  Ce  fut 
aussi  dans  cette  ville  qu'il  apprit  l'art  du  chant 
et  qu'il  fit  .ses  débuts  au  théâtre.  H  s'y  trouvait 
encore,  lorsque  l'armée  française  fut  obligée  d'é- 
vacuer le  midi  de  l'Italie,  en  1799,  et  il  écrivit 
une  cantate  à  cette  occasion,  pour  célébrer  le  re- 
tour du  roi  Ferdinand  IV  dans  la  capitale  de  .ses 
Étais.  C'est  dans  cette  même  année  que  Bianchi 
commença  à  se  faire  entendre  sur  les  théâtres 
principaux  de  l'Ilalie.  En  1 803,  il  chanta  au  théâtre 
de  la  Scala,  à  Milan,  pendant  toute  la  saison. 
Engagé  à  l'Opéra  Italien  de  Paris,  il  épousa  dans 
cette  ville  M"«  Crespi,  prima  donna,  d'une 
beauté  supérieure  à  son  talent.  De  retour  en  Italie, 
il  fut  engagé  pour  le  printemps  et  l'automne  de 
1809  à  la  Scala  de  Milan.  En  1812,  il  était  à  Fer- 
rare,  où  Rossini  écrivit  i)our  lui  tm  rôle  dans  son 
Ciro  in  Babilonia.  Au  carnaval  de  1814,  ce 
compositeur  écrivit  encore  pour  lui  dans  son 
Aureliano  in  Palmira,    el,  en    1819,  dans 


Edtiardo  e  Cristina,  à  Venise.  Quelques  années 
après  cette  dernière  époque,  Bianchi  a  quitté  le 
théâtre,  et  s'est  établi  à  Milan,  où  il  a  fondé  une 
école  de  chant.  Au  nombre  des  élèves  qui  s'y  sont 
formés,  on  remarque  le  ténor  russe  Iwanoff.  Dans 
l'été  de  1836,  Bianchi  s'est  retiré  à  Palazzuolo,où 
s'était  passé  le  temps  de  sa  jeunesse,  et  y  a  vécu 
dans  le  repos.  Sa  femme,  Caroline  Crespi  (fille 
de  la  prima  donna  Louise  Crespi,  qui  mourut 
à  Milan  au  mois  de  mars  1824,  à  l'âge  de  cin- 
quante-quatre ans),  lui  a  donné  une  fille,  José- 
phine, et  un  fils,  ^n^e^o,  qui  tous  deux  ont  cul- 
tivé l'art  du  chant.  On  a  de  cet  Angelo  Bianchi, 
troisairspourso/);ano,avecacc.  de  piano;  Milan, 
Riconli. 

BIANCHI  (Joseph),  compositeur  et  chef 
d'orchestre,  né  à  Florence,  a  fait  jouer  au  théâtre 
de  Spolelte,  dans  l'été  de  1842,  Romilda  ed 
Ezelinda,  opéra  en  deux  actes  dont  il  avait  écrit 
la  musique,  et  qui  fit  une  lourde  chute. 

Un  autre  artiste  ,  nommé  Joseph  Bianchi ,  a 
chanté  comme  ténor  sur  les  théâtres  de  la  Lom- 
bardie,  à  Gênes,  à  Florence,  et  à  Berlin,  pen- 
dant les  années  1842  à  1846.  Il  existe  aussi  une 
basse-chantante  du  nom  de  Bianchi,  qui  s'est 
fait  connaître  dans  le  môme  temps  sur  les  théâtres 
de  la  Hante-Italie. 

BIANCHINI  (Dominique),  célèbre  luthiste 
du  seizième  siècle,  fut  appelé  communément 
//  Rossctto,  parce  qu'il  était  roux.  Ses  compo- 
sitions pour  le  luth  ont  été  publiées  sous  les  titres 
de  Intabolatiira  di  lauto ,  Venise,  in-4°  obi.; 
et  Madrigaii  e  canzon.fr an cese,  napolitane  et 
balli.  Lib.  I.  Venise,  Ant.  Gardane,  1540,  in-4" 
obi. 

Un  autre  luthiste  du  seizième  siècle,  appelé 
Bianchini  (François),  a  fait  imprimer  une  Ta- 
bulature  de  lutz  en  diverses  formes  de  fan- 
taisies, chansons,  psalmes  ,  basses-dames, 
pavannes  et  gaillardes;  Lyon,  par  Jacques 
Moderne  (s.  d.),in-4"'  obi. 

BIANCHINI  (Jean-Baftiste),  compositeur 
de  musique  d'église,  né  à  Rome  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  fut  nommé  maître  de  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Latran,  au  mois  d'avril  1684, 
et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  qui 
eutlieu  au  mois  de  septembre  1708.  Ses  ouvrages, 
qui  consistent  en  messes  et  motets  à  qualre, 
cinq,  six  et  huit  voix,  sont  en  manuscrit. 

BIANCHINI  (François),  savant  italien, 
naquit  à  Vérone  le  13  décembre  1062.  Il  fil  ses 
études  dans  sa  patrie  et  à  Bologne ,  et  fut  reçu 
docteur  en  théologie  à  l'université  de  Padoue; 
puis  il  se  fixa  à  Home,  en  1688,  et  fut  pourvu 
de  plusieurs  canonicats  et  bénéfices  par  Iiîs  papes 
Alexandre  VlU  et  Clément  XI  :  ce  dernier  le  fit 


BIANCHINI  —  BIBL 


407 


son  cam(^rior.  ï,nnocenl  XIII,  qui  succéda  à  Cl(^- 
ment  XI,  nomma  Bianchini  référemlaire  des  si- 
gnatures pontificales  et  prélat  intime  ou  domesti- 
que. Il  partagea  presque  toute  sa  vie  entre  ses 
travaux  sur  l'astronomie  et  l'étude  de  l'antiquité. 
Une  liydropisie  causa  sa  mon ,  le  2  mars  1720. 
On  a  de  ce  savant  une  dissertation  posthume, 
imprimée  par  les  soins  de  Joseph  Bianchini ,  son 
neveu,  etintitulée  :  De  tribus  generibus  tnstru- 
menlorum musicse  veterum  organicœ ;V^omii , 
1742,  in-4».  On  y  trouve  quelques  recherches 
curieuses,  mais  où  l'érudition  brille  plus  que  le 
savoir  en  musique.  On  a  sous  le  nom  d'Alessan- 
dro  Mazzolini,  Vita  di  Francesco  Bianchini, 
Veronese  ■,Yérone,  1735,  iu-S". 

BIAJVCIARUI  (François),  né  à  Casola, 
château  de  Sienne,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  fut  académicien  intronato,  et 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Sienne. 
Le  Père  Ugurgieri  Azzolini  {Pompe  Sanesi, 
part.  2,  tit.  22,  n»  7)  assure  que  ce  musicien 
mourut  à  l'âge  de  trente-cinq  ans.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  1°  Trois  livres  de  motets  à 
quatre,  cinq,  six  et  huit  voix;  Yenise,  Gardane, 
1596-1607.-2"  Quatre  livres  de  motets  à  deux; 
trois  et  quatre  voix,  avec  orgue;  1599-1608.  — 
3°  Trois  livres  de  motets  sans  orgue  ;  Venise, 
Gardane,  1600.  —  4°  Deux  livres  de  messes 
à  quatre  et  huit  voix,  sans  orgue;  Venise,  Gar- 
dane, 1604-1605.  —  5="  Salmi  a  qiiatlro  voci; 
Venise,  1604.  Piltoni,  dans  ses  notices  manus- 
crites sur  les  contrapuntistes ,  dit  que  Bian- 
ciardi  fut  un  organiste  très-habile.  Banchieri 
(Moderna  pralica  jnusicale,  \en\se,  1613)  cite 
aussi  ce  maître  comme  un  des  premiers  auteurs 
qui  ont  écrit  sur  la  basse  continue,  et  le  nomme 
à  cet  égard  conjointement  avec  Louis  Viadana  et 
Agazzari.  Voici  comment  ils'exprime:  Ludovico 
Viadana,  Francesco  Bianciardi,  e  Agostino 
Agazzari  soavissimi  compositori  de'  nostri 
tempi  :  hanno  questi  dottamente  scritto  il 
modo  che  deve  tenere  l'organista  in  sonare 
r  et  lamente  sopr  a  il  basso  continuo,  seg'uente, 
o  baritono,  che  dire  lo  vogliamo.  Ou  ignore 
quel  fut  le  litre  de  l'ouvrage  de  Bianciardi  dont 
Banchieri  parle  dans  ce  passage. 

BIANCONI  ( Jeaj)- Louis ) ,  philosophe  et 
in/^decin,  naquit  à  Bologne,  le  30  septembre 
1717.  Ayant  été  reçu  docteur  en  médecine  en 
1742,  et  membre  de  l'institut  de  Bologne  l'année 
suivante,  le  landgrave  de  Hesse-Darmstadt , 
prince  et  évèqiie  d'Augsbourg,  l'appela  auprès 
dt!  lui  en  qualité  de  médecin.  Bianconi  resta 
six  ans  dans  cette  cour,  et  se  rendit,  en  1750, 
à  celle  de  Dresde,  où  Auguste  111,  roi  de 
Pologne ,  le  nomma  conseiller  aulique ,  l'admit 


dans  son  intimité,  et  l'employa  dans  diverses 
missions  importantes-.  En  1764,  ce  prince  l'en- 
voya à  Rome  en  qualité  de  ministre  résident.  Il 
mourut  subitement  à  Pérousc,  le  l*^*"  janvier 
1781.  Bianconi  adressa  à  son  ami,  le  célèbre 
marquis  Maffei,  Due  lettere  di  Fisica,  Ve- 
nise, 1746,  in-A",  dans  lesquelles  il  traite: 
délia  diversa  velocita  del  suono.  Un  extrait 
en  allemand  de  cet  opuscule  a  paru  dans  le 
Magasin  d'Hambourg,  tora.  16,  p.  476-485. 

BIASI  (...)•  Un  compositeur  de  ce  nom,  né 
vraisemblablement  en  Sicile  et  élève  de  Rai- 
mondi,  a  fait  représenter  au  théâtre  de  Messine, 
pendant  le  carnaval  de  1H42,  un  opéra  bouffe 
intitulé  :  Marlino  primo  délia  scala. 

BIBEK  (Frakçois-Henri  de),  écuyer  tran- 
chant et  maître  de  chapelle  de  l'archevêque  de 
Salzbourg,  naquit  vers  1038  à  Wartenberg,  sur 
les  frontières  de  la  Bohême.  Virtuose  sur  le  vio- 
lon, il  charma  par  son  talent  l'empereur  Léo- 
pold  !*'■,  qui  l'anoblit  et  lui  donna  une  chaîne 
d'or.  Les  princes  Fenlinand-^Iarie  et  Maximi- 
lien-Emmanuel  de  Bavière  ne  le  traitèrent  pas 
moins  bien,  et  l'attachèrent  à  leur  cour  Cet  ar- 
tiste mourut  à  Salzbourg,  en  1698,  à  l'âge  de 
soixante  ans.  On  a  publié  les  ouvrages  suivants 
de  sa  composition  :  1°  Six  sonates  pour  le  violon 
avec  basse  continue;  Salzbourg,  1681,  in-fol. 
gravé.  —  T  Fidicinium  sacro-profanum,  con- 
sistant en  douze  sonates  à  quatre  et  cinq  parties, 
in-fol.  —  3°  Harmonica  artificioso-ariosa  in 
septem  partes  vel  partilas  distributa,  pour 
trois  instruments,  Nuremberg,  in-fol.  ;  gravé. 
—  4°  Sonatx  dux  tam  avis  quam  aulis  ser- 
vientes  partit.  9;  Salzbourg  1676,  in-fol.  —  5° 
Vesperx  longiores  ac  breviores ,  nna  cnm 
lilaniis  Lauretanis  a  quatuor  vocibus,  duolms 
violin.  et  duabus  violis  in  concerto.  Additis 
quatuor  vocibus  incapellâ  atque  tribus  trom- 
bonis  ex  ripienis  desunvendis  ad  libitum  ; 
Salzbourg,  1693,  in-fol.  Le  portrait  de  Biber  a 
été  gravé  en  Allemagne,  lorsqu'il  était  dans  sa 
trente-sixième  année. 

BIBERG  (...),  Suédois,  était  étudiant  à 
l'université  d'Upsal,  lorsqu'il  y  soutint  une 
thèse  sur  la  nature  du  son,  sous  la  présidence  du 
recteur  Samuel  Klingenstjerna.  Cette  thèse  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Disputatio  de  sono;  Up- 
sal,   1742,  in-4°. 

BIBL  (Andké),  organiste  de  l'église  métropo- 
litaine de  Saint-Étienne,  à  Vienne,  est  né  dans 
cette  ville,  le  8  avril  1807.  Élève  d'Emmanuel 
Aloys  Fœrster,  il  a  appris  de  ce  maître  le 
piano,  l'harmonie  et  le  contrepoint.  Bibl  est 
considéré  comme  un  des  meilleurs  organistes 
de  rAllemagne  méridionale.  Laborieux  artiste,  ii 


408 


BIBL  —  BIECHTELIiR 


a  publié  en  peu  d'années  beaucoup  d'œuvres  de 
musique  d't^glise  el  d'orgue,  parmi  lesquelles 
on  remarque  :  I.  Musique  c'Oegce  :  1°  1 2  Préludes 
pour  l'usage  des  messes  solennelles  allemandes, 
op.  3;  Vienne,  DIabelli.  —  2°  32  Versets  pour 
l'orgue,  op,  7  ;  ibid.  —  3"  32  Cadences  pour 
l'orgue  ou  le  piano,  op.  10;  ibid.  —  4°  3  Prélu- 
des faciles  pour  l'orgue,  op.  Il  ;ibid.  —  5°  Pré- 
ludes à  l'usage  des  fêles  du  culte  catholique,  op. 
12,  en  2  parties;  ibid.  —  6°  3  Préludes  pour 
orgue  ou  piano,  op.  13;  ibid.  —  7°  3  Préludes 
pour  l'orgue,  op.  15;  Vienne,  Haslinger.  — 
8°  20  Préludes  pour  les  messes  de  Reqiiiem, op. 
16;  Vienne,  Diabelli.  —  9°  Fugue  (en  ut) ,  op. 
17;  ibid.  Cette  fugue  a  été  reproduite  par  Koer- 
ner  dans  la  troisième  partie  de  son  Postludien- 
Jiiich.  — 10"  Prélude  et  fugue  sur  le  thème  : 
Vidi  aquam,  op.  23;  ibid.  —  11°  Deux  fugues 
tirées  des  compositions  d'église  d'Albrechtsherger; 
Vienne,  Diabelli.  —  12°  Deux  fugues  sur  des 
thèmes  des  compositions  religieuses  de  PreindI  ; 
ibid. —  II.  Musique  d'Église  :  13°  Sa/fe  Regina 
à  4  voix  et  orgue,  op.  5;  Vienne,  Mechetti.  — 
14"  3  Ave  Maria  idem,  op.  6  ;  ibid.  —  15° 
Deux  Tantum  ergo  à  4  voix  et  orgue,  op.  8  ; 
Vienne,  Diabelli.  —  16°  Graduel  :  in  te  Domine 
speravi ,  à  4  voix  ,  2  violons,  alto  ,  violoncelle, 
contrebasse  et  orgue,  op.  9;  ibid. —  17°  Offertoire 
{Lxtamini  in  Domino)  pour  ténor  soZo,  chœur, 
2  violons,  alto,  violoncelle,  contrebasse,  orgue, 
2  hautbois,  2  trompettes,  trombones  et  timbal- 
ies,  op.  18;  ibid.  —  18°  Graduel  {Ave  Maria), 
à  4  voix,  2  violons,  alto,  violoncelle,  contre- 
basse, orgue  obligé,  2  clarinettes  et  2  bassons. 
op.  19;  ibid.  —  19»  Messe  à  4  voix,  2  violons, 
alto,  basse,  2  clarinettes,  2  cors,  2  trompettes, 
timballes  et  orgue,  op.  20;  Vienne,  Haslinger. 
—  210  Tantum  ergo  pour  soprano  ,  cUoiur  et 
orchestre,  op.  21.  ibid.  —  22»  Tantum  ergo 
(en  mi  bémol)  pour  contralto  solo,  chœur  et  or- 
chestre, op.  22;  ibid. 

BICUE-LATOUR  (Achille-Laurent), 
compositeur  et  littérateur-musicien ,  est  né  à 
Cordeaux,  le  8  novembre  1816.  Admis  au  Con- 
servatoire de  Paris,  le  18  octobre  1838,  il  y  sui- 
vit les  cours  préparatoires  de  contrepoint  pro- 
fessés par  MM.  Millaut  et  Elwart;  puis  il  devint 
élève  de  Halevy  pour  la  composition.  Après  six 
années  employées  à  ces  études,  il  sortit  du  Con- 
servatoire le  6  novembre  1844.  En  1841,  l'Ins- 
titut historique  de  Paris  lui  a  décerné  une  mé- 
daille d'or,  pour  son  mémoire  sur  celte  ques- 
tion :  Déterminer  Vordre  de  succession  d'après 
lequel  les  divers  éléments  qui  constituent  la 
musique  moderne  ont  été  introduits  dans  la 
composition  ;  signaler  lescauses  quiont  donné 


lieu  à  celte  introduction.  Ce  mi^rnoire  a  été 
inséré  dans  le  recueil  de  i'inslitut  Historique,  et 
publié  séparément,  Paris,  184?,  in-S»  de  32 
pages.  On  trouve  une  analyse  de  ce  mémoire 
dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris, 
•J'ne  année,  n°  18,  p.  192-193,  par  M.  Maurice 
Bourges. 

BIDEAU  (Dominique),  violoncelliste  au  théâ- 
tre italien  de  Paris,  fui  élève  de  Trikiir,  pre- 
mier violoncelliste  de  la  cour  électorale  de 
Dresde,  auquel  il  a  dédié,  en  1809,  des  airs  va- 
riés et  dialogues.  Ses  autres  ouvrages  consistent 
en  six  duos  pour  violon  et  violoncelle,  op.  l  et 
2,  Paris,  1790;  une  symphonie  à  grand  orches- 
tre, n°  1,  Ibid.;  trois  grands  divertissements 
concertants  pour  violon  et  violoncelle  ;  une 
grande  et  nouvelle  méthode  raisonnée  pour 
le  violoncelle,  Paris,  1802;  un  thème  varié  pour 
violoncelle  avec  orchestre  ;  un  air  écossais  varié 
avec  quatuor;  des  duos  faciles  pour  deux  violon- 
celles, et  quelques  autres  productions  du  même 
genre. 

BIDERMAIVN  (Jean-Gottlieb  ou  Tuéo- 
piiile),  était  étudiant  à  l'université  de  Frieberg; 
lorsqu'il  publia  le  programme  d'une  thèse  intilulé  : 
De  //oraZîo?nMsico.  Frieberg, sans  date  (i7C8), 
in-4''  de  8  pages. 

BIDON  (....),  compositeur  français,  vivait 
vers  la  fin  du  quinzième  siècle  ou  au  commen- 
cement du  seizième.  Il  fut  chantre  de  la  cha- 
pelle pontificale,  sous  Léon  X,  comme  on  voit  par 
ces  vers  macaroniques  de  Théophile  Foiengo, 
connu  sous  le  nom  de  Merlin  Coccaie  {Maca- 
ron., lib  25.  Prophelia). 

O  Félix  Bido,  Carpentras,  Silvaque  Broier, 
Vosque  Leoninae  cantorum  squadra  capellœ, 
Josquini  quoniam  cantus  frisolabitis  illos, 
Quos  Deus  auscultans  cœlum  monstrabi  t  apertu  m. 
Etc.,  etc. 

Les  ouvrages  de  ce  musicien  sont  restés  en 
manuscrit. 

BIECHTELER  (BenoIt),  fut,  au  commen- 
ccuient  du  dix-huitième  siècle,  professeur  au  cou- 
vent de  Wlhlingen,  prèsd'Ulm,  et  pas.sa  ensuite, 
en  (pialitéde  maître  des  enfants  de  chœur,  dans  la 
collégiale  de  Kempten.  Parmi  les  ouvrages  qu'il  a 
publiés,  on  connaît  les  suivants  :  1"  Six  messes 
brèves,  dont  une  pour  les  morts,  in-fol.  —  2°  Vox 
suprema  Oloris  Parthenii,  quater  vigesies 
Mariam  salutaniis  in  voce,  chordis  et  organo 
per  consuetas  ecclesiai  antiphonas ,  videlicet 
sex  Aima  redemptoris,  sex  Ave  regina  cœlo- 
rum,  sex  Salve  Regina;  atlernalim  voce  sola 
a  canto  vel  alto  decantandas,  vel  cum  organo 
concertante  solum,  vel  cum  violino  et  basso 


BIECllTELER  —  BIEL 


409 


generali  ordinnrio;  Auf;sboiirg,  1731,  in-fol. 
lllEDEiXFELD  (Le  baron  de),  est  autour 
d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Die  Kœmische  Oper 
dcr  Ilaliener,  der  Fvanzœsen  und  der  Denis- 
c/ieii.  Ein  flilchtiger  Bl'ick  in  die  Wdt,  uHe  sic 
war  und  isi  (l'Opéra  comique  des  Italiens,  des 
Français  et  des  Allemands,  etc.);  Lcipsick, 
Weigel,  1842,  in-8°.  On  n'a  point  de  renseigne- 
ments sur  l'écrivain  auquel  on  doit  cet  ouvrage. 
BIEDERMANN  (Jacques),  jésuite,  né 
à  Eliingenen  Suède,  enseigna  d'abord  la  pbiloso- 
phie  à  Dillingen,  et  ensuite  la  théologie  à  Rome. 
Il  est  mort  dans  cette  dernière  ville,  le  20  août 
1639.  On  a  imprimé  sous  son  nom,  après  sa  mort, 
un  livre  intitulé  :  U(opia,seu  Sales  musici.  qui- 
bits  hidicra  mixtim  et  séria  denarrantiir  ;  Dil- 
lingen, lG40,in-12.  J'ignore  quelle  est  la  nature 
de  cet  ouvrage. 

BIEDEUMANN  (JEAN-TnÉopuiLE),  recteur 
à  Fi'iebeig  en  Misnie,  naquit  à  Naumbourg,  le 
5  avril  1705.  Après  avoir  fait  ses  études  dans 
l'université  de  Wittemberg,  il  obtint,  en  1717,  la 
place  de  bibliotbécaire  de  la  ville.  Il  retourna  à 
Naumbourg,  en  1732,  pour  y  diriger  l'école  pu- 
blique, et,  en  1747,  il  passa  àFrieberg,  en  qualité 
de  recteiK.  Ce  savant  mourut  le  3  août  1772.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages  on  trouve  celui-ci  : 
De  VUa  musica  ad  Plauti  Mostellariam,  act. 
m.  Se.  Il,  V.  49;  Frieberg,  1749,  in-4°  d'une 
feuille.  Biederniann  a  rassemblé  dans  cette  dis- 
sertation tout  ce  qui  a  été  dit  de  plus  dur  contre 
la  musique  et  les  musiciens.  Il  en  résulta  pour 
lui  une  polémique  qui  lui  causa  beaucoup  de 
chagrins.  Le  premier  écrit  dans  lequel  on  l'atta- 
qua fut  un  petit  ouvrage  anonyme  intitulé  : 
Au/richlige  Gedanken  ùber  Johann  Gottlieb 
IHedermann's  Programma  De  Vita  musica 
und  der  darûber  gefallten  L'r/Aei/e  (Réflexions 
sincères  sur  le  programme  De  Vita  musica  de 
J.Cx.  Biedermann,  etc.);  St.-Gall,  1749,  in-4°. 
[îiedermann  répondit  à  son  antagoniste  dans  un 
écrit  de  deux  feuilles,  sousce  titre:  Abgenœlhigte 
Elirenrellung  wider  die  unverchàmtcn  Laos- 
tcrungen  ùber  eine  Einladimgsschrijt  :  De 
VUa  7nusica  (Apologie  contre  les  médisances 
Effrontées  d'un  ennemi,  sur  un  écrit  intiîulé  :  De 
Vila  musica, etc.);  Leips^idi,  1750,  in-4o.  Mat- 
lliL'son  l'attaqua  de  nouveau  dans  une  brochure 
qui  a  pour  litre  :  Bewxhrle  Panacea,  als  eine 
Zugabe  zu  seinem  musikalischen  Mithridat 
Vberaus  heilsam  wider  die  leidige  Kachexie 
irriger  Lehrer,  schwermilthiger  Verœchterund 
goltloser  Schœnder  der  Tonkunst.  Erste 
Dosis;  Hambourg,  1750,  in-8°  (Panacée,  etc., 
etc.,  pour  guérir  les  détracteurs  de  la  musique, 
première  dose).  Biedermann  fit  une  seconde  ré- 


ponse intitulée:  Nachgedanken  ûber sein  Pro- 
gramma De  Vita  musica,  etc.,  elc.  Frieberg, 
1750,  in  4°.    (Nouvelles  reflexions  sur   le   pro- 
gramme De  Vita  musica).  Peu  de  temps  après 
[larut  im  autre  pamphlet  sous  ce  titre  :    Verthei- 
digung  rechtmàssige,  wider  die  griiben  Las- 
terungen  ivelche    Herr  M.  Job.  Gottl.    Bie- 
dermann, in  seinem  Programma  De  Yita  mu- 
sica unverschàmter  aitgetham  (Défense  légi- 
time contre  les  grossières  injures  que  M.  Jean- 
Théophile  Biedermann  a  publiées  impudemment 
dans  son   programme  De    Vita  musica);   in 
Z)e?'/5c/;anrf  (en  Allemagne),  I750,in-4o.  Le  plu* 
violent  de  tous  les  écrits  publiés  contre  Bieder- 
mann, à  cette  occasion,  a  paru  sous  le  pseudonyme 
Steffen  Fidelbogen  (1),  et  a  pour  titre  :  Sends- 
clireiben  an  N.  J.  G.  Biedermann,  rector  zu, 
Frieberg,  sein  Progi-amma  belrejfend  De  Vita 
musica  (Lettre  à  M.  J.  G.  biedermann,   recteur 
à  Frieberg,  concernant  son  programme  De  Vita 
musica);  Prague  (s.  d.),in-4ode  15 pages.  L'au- 
teur de  cette  diatribe  prend  le  Wire  A' Éttidiant  de 
V  Université  de  Prague.  Enfin,  Frédéric  Gotthilf 
Freitag,    bourgmestre  de  Naumbourg,  a  diiigè 
contre  le  prograumie  de  Biedermann  un  pamphlet 
intitulé:  Quid  sit  musice  vivcrel  léna,   1750, 
in-4°.  Les  journaux  du  temps  furent  remplis  ds 
cette  querelle,  donton  peut  voir  les  détails  dans  le 
premier  chapitre  de  1'  Anleitung  zur  musika- 
lischen Gelahrtheit  (Introduction  à  la  science 
musicale),  d'Adlung.    On  trouve  la  vie  et  le  ca- 
talogue exact  des  ouvrages  de  Biedermann  dans 
les  Vitœ  philologorum  de  Harles,  ainsi  que  dans 
l'éloge  intitulé  Memoriâ  Joan.  Gottl.  Bieder- 
manni,  par  D.  Gotlhielf-JeanHiibler.  Frieberg, 
1772,  in-4''. 

BIEDERMANN  (...),  receveur  de  bailliage, 
au  château  de  Beichlingen,  en  Thuringe,  vers 
1786,  s'est  fait  connaître  par  la  grande  habileté 
qu'il  avait  acquise  sur  un  instrument  commun  et 
méprisé,  la  vielle.  11  était  parvenu  à  en  jouer 
avec  une  perfection  inconnue  jusqu'à  lui,  et  que 
personne  n'a  été  tenté  d'imiter.  Il  possédait  plu- 
sieurs vielles  perfectionnées  qui  avaient  été  cons- 
truites sur  ses  plans, 

BIEGO  (Paul),  compositeur  dramatique,  né 
à  Venise,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
est  connu  par  les  opéras  suivants  de  sa  composi- 
tion :  Ottone  il  Grande,  représenté  en  1688; 
Fortuna  tra  le  disgrazie ;  Pertinace,en  1689. 
BÎEL  (Jean-Chkistophe),  pasteur  à  l'église 
Saint-Uldaric  et  Saint-Jean  de  Brunswick,  a  fait 
insérerdansletroisième  volume  des il/(5ce//.  Lip- 
siens,  nov.  un  écrit  intitulé  :  Diatribe  philolo- 

(1)  Fidelbogen  signifie  à  la  lettre  archet  de  cordes,  ou 
archet  de  vioioc. 


410 


BIEL  —  BIEREIGE 


çica  de  voce  Selah.  Il  est  question  dans  cette 
(lisserlalion  d'une  inscription  de  psaume  qu'on 
croit  relative  à  la  musique  des  Hi^breux, 

BIEL  (Charlks).  Un  musicien  de  ce  nom, 
Allemand  de  naissance,  s'est  fait  connaître  vers 
IS'.'.O  par  quelques  œuvres  de  musique  instru- 
mentale qui  consistent  principalement  en  varia- 
tions et  danses  pour  le  piano.  Ces  légères  pro- 
ductions ont  été  publiées  à  Leipsick  et  à  Dresde. 

BIELATI  (Alexandre),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Gênes,  a  fait  représenter,  en  1841, 
dans  la  petite  ville  de  Saint-Pierre  d'Arena 
(Piémont),  Il  Conscritlo ,  opéra  bouffe  de  sa 
composition  qui  a  obtenu  un  brillant  succès.  Le 
même  artiste  avait  alors  en  portefeuille  un  autre 
opéra  intitulé  J5';^ore  Fieramosca,  qui  ne  paraît 
pas  avoir  été  représenté.  On  a  publié  de  lui  des 
variations  pour  piano  sur  un  tliême  de  l'opéra 
Scaraimcccia ;  Milan,  Ricordi  ;  et  des  varia- 
tions pour  piano  et  violon  sur  la  ballade  de 
Lucrezia  Borgia,  ibid. 

BIELING  (Fra>çois-Icnace),  né  à  Viel,  fut 
nommé  organiste  du  chapitre  de  Kemplen  ,  en 
1710.  Il  composa  beaucoup  de  musique  d'église, 
qui  fut  estimée  en  Allemagne,  de  son  temps.  On 
place  l'époque  de  sa  mort,  en  1757.  On  n'a  im- 
primé de  lui  que  les  ouvrages  suivants  :  1°  Six 
ariettes  dans  le  style  moderne  à  l'usage  de 
tous  les  temps,  op.  1;  Augsbourg  1720,  in-fo- 
lio. —  2"  Six  litanies  de  la  V.  M.  et  deux  Te 
Deum  a  qxiatre  voix,  avec  accompagnement 
d'instruments  à  cordes  et  à  vent,  ibid.  1731, 
in-folio. 

BIELING  (Joseph),  fils  et  élève  du  précédent, 
naquit  à Kempten,  en  1734.  Aprèsavoir commencé 
ses  études  musicales  sous  la  direction  de  son  père, 
il  fut  envoyé  à  Salzbourg,  pour  se  perfectionner 
dans  l'école  de  Léopold  Mozarl,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'en  1755  il  fut  appelé  à 
Kemplen  pour  y  succéder  à  son  père  dans  ses 
fonctions  d'organiste.  Dans  la  suite,  il  fut  nommé 
directeur  de  la  chapelle  du  chapitre.  Il  vivait  en- 
core en  1811 ,  et  quoique  l'âge  eiU  diminué  la 
légèreté  de  ses  doigts,  il  avait  un  talent  si  solide, 
que  les  amateurs  se  rendaient  en  foule  à  l'église 
pour  l'entendre,  lorsqu'il  touchait  l'orgue.  Il  a 
beaucoup  écrit  pour  l'église  et  pour  son  instru- 
ment, mais  aucun  de  ses  ouvrages  n'a  été  pu- 
blié. 

BIENAIME  (...),  horloger  mécanicien  à 
Amiens,  naquit  dans  cette  ville  d'une  famille 
honorable  dont  le  chef  était  entrepreneur  de  bâ- 
timents. Il  inventi,  en  1824,  un  nouveau  mé- 
tronome basé  sur  les  mêmes  principes  que  ceux 
du  métronome  de  Maëizel,  mais  dont  les  modili- 
«-'alions  de  mouvement  se  réglaient  par  une  ai- 


guille mobile  qui  se  plaçait  aux  divers  degrés  .le 
vitesse  marqués  sur  un  cadran.  Ce  métronome 
avait  un  mécanisme  particulier  qui  faisait  enten- 
dre les  temps  forls  des  mesures  à  deux,  à  trois, 
à  quatre  temps,  à  six-huit,  etc.,  à  volonté.  Une 
description  de  cet  instrument,  avec  l'approbation 
du  Conservatoire  de  musique  et  les  appréciations 
des  journaux,  a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Notice 
du  métronome  perfectionné  de  Bienaimé; 
Amiens,  Ledieu-Canda,  1828,  in-8°.de  16  pages. 
Le  prix  élevé  de  cette  machine  a  nui  à  son  succès. 

BIE^'AIMÉ  (Paul-Émile),  de  la  même  fa- 
mille que  le  précédent,  et  professeur  d'harmonie 
et  d'accompagnement  pratique  au  Conservatoire 
de  musique,  né  à  Paris  le  7  juillet  l802,aj)prit  les 
éléments  de  la  musique  à  la  maîtrise  de  la  cathé- 
drale, puis  fut  admis  comme  élève  au  Conserva- 
toire, et  suivit  un  cours  d'harmonie,  sous  la  direc- 
tion de  Dourlen.  Devenu  élève  de  l'auteur  de  cette 
notice  pour  le  contrepoint,  il  se  distingua  dans 
ses  études  par  son  aptitude  pour  cette  science,  et 
obtint  le  premier  prix  au  concours  par  la  compo- 
sition d'une  très-bonne  fugue  à  quatre  parties,  en 
1825.  Une  des  places  de  professeurs  d'harmonie 
et  d'accompagnement  étant  devenue  vacante  au 
Conservatoire,  en  1828,  M.  Bienaimé  fut  appelé  à 
la  remplir,  et  depuis  lors  il  a  formé  beaucoup  de 
bons  élèves.  Pendant  plusieurs  années,  M.  Bien- 
aimé a  été  maître  de  chapelle  de  l'église  métro- 
politaine de  Paris.  En  1844,  il  a  publié  un  bon 
ouvrage  d'un  genre  neuf,  sous  le  titre  de  Cin- 
quante études  d'harmonie  pratique;  Paris, 
Troupenas,  1  vol.  grand  tn-4"'.  Ce  livre,  adopté 
pour  l'enseignement  dans  les  conservatoires  de 
Paris,  de  Bruxelles  et  de  Liège,  est  un  recueil 
de  basses  chiffrées  tel  que  ceux  de  Fenaroli  et 
du  P.  Mattei  ;  mais  son  objet  est  plus  étendu, 
en  ce  que  les  basses  d'un  certain  nombre  d'exer- 
cices sont  conçues  dans  le  système  de  l'har- 
monie moderne,  avec  toutes  ses  altérations  et 
combinaisons  de  tout  genre.  Il  en  résulte  que 
M.  Bienaimé,  ayant  voulu  représenter  toutes 
les  circonstances  harmoniques  par  des  chiffres 
et  des  signes  accessoires,  a  dû  multiplier  c€ux-ci. 

BIERBAUM  (Chrétien-Jean),  professeur 
de  musique  à  Bonn,  a  fait  imprimer  un  petit 
traité  des  éléments  de  cet  art  sous  ce  titre  : 
Kurzer  Leitfaden  zum  Vnterricht  im  Gesànge 
fur  Elemcntarschulen  (Guide  abrégé  pour  l'ins- 
truction dans  le  chant,  à  l'usage  des  écoles  pri- 
maires). Bonn  (s.  d.),  1846,  in-12. 

BIEREIGE  (Jean),  organiste  à  Yollsberg, 
bourg  près  d'Eisenach,  dans  la  Thuringe,  occu- 
pait ce  poste  vers  1620.  En  1622,  il  fut  nommé 
organiste  et  second  professeur  au  collège  de  Mul- 
liausen.  On  a  de  lui:  1°  Motetta,  etc.,  à  huit  voix. 


EIKREIGE  —  BIEREY 


411 


F.rriirf,  IG^O.  ' —  ?"  I\rvsikaHxc}icn  Kirchcn- 
freitde,  consistant  cii  vinut-cinq  pièces  à  cinq , 
six  et  Imit  voix,  ff  partie;  EilïJrf,  1622. 

lilEREY  (Gotti.ob-Benoît),  directeur  de 
ninM(|iiean  tlicâtre  national  de  Breslau  ,  naquit 
à  Dresde  le  2.')  juillet  1772.  Son  père,  professeur 
(le  musique  dans  cette  ville,  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  chant,  lui  fit  apprendre  le  violon 
et  le  hautbois,  et  lui  lit  donner  des  leçons  d'har- 
monie et  de  composition  par  le  directeur  de  mu- 
si(|ue  Veinling.  Toutes  ses  études  occupèrent  le 
jeune  musicien  jusqu'à  l'âge  de  dix-sept  ans. 
Après  avoir  dirigé  la  musique  de  plusieurs  troupes 
d'opéras  amhidants,  Bierey  se  rendit  à  Vienne  au 
mois  de  juillet  1807;  il  y  fut  chargé  d'écrire  la 
musique  de  l'opéra  intitulé  TF/adi»?iJr,  joué  le. 
25  novembre  de  cette  année.  Précédemment  il 
avait  composé  deux  antres  opéras  sur  des  livrets 
de  Breszner;  Der  Schlaflrank  (le  somnifère), 
et  Rosette.  L'ouvrage  donné  à  Vienne  par  Bierey 
fut  Tobjet  de  grands  éloges  et  de  critiques  assez 
vives;  le  résultat  en  fut  toutefois  avantageux  pour 
l'artiste,  en  ce  qu'il  lui  procura  son  engagement  à 
Breslau,  comme  directenr  de  musique  et  maître 
de  chapelle.  Il  alla  occuper  sa  nouvelle  position 
an  mois  de  décembre  1807.  Pendant  vingt  ans  il 
remplit  ces  emplois,  et  s'y  montra  compositeur 
laborieux,  artiste  zélé  et  directeur  de  musique 
excellent.  En  1824,  il  prit  la  direction  du  théâtre 
de  Breslau;  mais  fatigué  par  des  travaux  mul- 
tipliés, il  y  renonça  au  conmiencement  de  l'année 
1828,  et  se  démit  aussi  de  ses  fonctions  de  di- 
recteur de  musique.  Il  mourut  à  Aslhma,  près  de 
Breslau,  le  5  mai  1840,  à  l'âge  de  soixante-liuit 
ans.  Outre  les  opéras  cités  précédemment,  Bierey 
a  écrit  tous  ceux  dont  les  titres  suivent  :  1°  Le 
chasseur  de  Chamois.  La  musique  de  cet  ouvrage 
est  facile  et  légère;  le  sujet  est  bien  rendu,  la 
mélodie  est  gracieuse  et  l'instrumentation  élé- 
gante. Le  sextuor  final  est  rempli  d'expression. 

—  2"  La  Fille  invisible ,  en  un  acte.  —  3^  Le 
lièfjne  de  la  Force.  —  4°  V Amour  dans  le 
camp,  en  un  acte.  —  5"  Phaedon  et  Naïde.  — 
6°  Le  Voleur  de  jDommes,  de  Breszner.  —  7o  Le 
Marché  de  femmes,  un  acte,  de  Herklots.  — 

,8»  Rira  bien  qui  rira  le  dernier,  de  Grosmaim. 

—  90  Jery  et  Bàtely,  de  Gœthe.  —  1 0°  la  Mé- 
chante femme,  de  Herklots.  —  11°  Les  Candi- 
dats de  Kaffka,  en  un  acte,  en  1798.  —  Mo  Le 
Pays  de  l'Amour,  on  1798.  —  13°  La  Fille  des 
Fleurs,  texte  de  Rochlitz,  en  1802.  La  par- 
tition pour  piano  de  ce  joli  ouvrage  a  été  publiée 
à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et.  Hœrtel.  — 
14°  Clara,  duchesse  de  Bretagne,  en  trois  actes, 
textede  Breszner, représenté  en  1803,  à  Leipsick. 

—  là"  La  Surprise,  opéra  en  un  acte,  représenté 


au  théâlre  de  Breslau,  le  12  octobre  1809,  — 
\i'>°  Elias  liips  Hups,  en  un  acte,  texte  de 
Hœscr.  Cet  ouvrage,  joué  à  Breslau  en  1810, 
décèle  une  verve  comique  peu  commune.  — 
17°  Les  Pantoufles,  en  un  acte,  joué  à  Vienne 
en  18tO.  —  IS»  Pyrame  et  Thisbé.  —  19°  La 
Forêt  enchantée.  — 1Q°  Le  Trompeur  trompé. 

—  21°  La  Querelle.  —  22"  Almazinde,  opéra 
en  trois  actes,  représenté  à  Breslau  en  1816.  — 
23°  Les  Réjouissances  patriotiques ,  en  deux 
actes.  — 240  Profit  et  gain,  prologue.  —  250  Le 
Sacrifice ,  en  un  acte.  —  26^  Les  Saxons  au 
camp ,  cantate.  —  27"  Le  Sacrifice  de  ihuma- 
nifé,  idem.  —  28°  La  Fête  du  printemps,  idem. 

—  29°  Le  triomphe  de  l'amour,  idem.  — 
30°  Cantate  sur  la  mort  de  Ferdinand  de  Bruns- 
wick. —  .31°  La  Fêle  des  moissons,  cantate.  — 
32"  L'Inverno  ovvero  la  provida  pastorella, 
éantate  de  Métastase.  —  33°  Le  Marquis  dans 
Vembarras,  ballet.  —  34°  Chœurs  pour  Marie 
deMontalban.  — .35°  Chœurs  pour  le  drame  des 
Bohémiens.  —  36°  La  Bergère  suisse,  opéra  de 
Breszner.  —  37°  Le  Hasard,  opéra  en  trois  actes. 
Les  opéras  de  Bierey  qui  ont  été  publiés  en  par- 
titions réduites  pour  le  piano  sont  :  La  Fille 
des  Fleurs,  VVladimir,  Le  Trompeur  trompe, 
La  Bergère  suisse.  Le  Hazard ,  Elie  Bips 
Raps,  Les  Pantoufles,  et  La  Querelle.  Parmi  les 
autres  compositions  de  cet  artiste,  on  remarque: 

—  1°  Messe  composée  pour  le  prince  Nicolas 
Esterhazy,  à  Vienne.  —  2°  Psaume  latin.  — 
3°  Osiercaniate ,  partition  publiée  à  Leipsick, 
chez  Br.  et  Hserlel.  —  4o  Kyrie  et  Gloria 
à  2  chœurs  avec  orchestre  ;  ibid.  —  5°  Des 
marches  pour  orchestre  et  |)our  harmonie  ;  Bres- 
lau, Fœrster.  —  6°  Deux  œuvres  de  sonates 
faciles  pour  le  piano;  Leipsick  et  Breslau. — 
7"  Introduction  et  variations  sur  la  polonaise 
d'Oginski;  Bonn,  Simrock.  —  8°  Plusieurs 
marches  pour  le  piano  ;  Leipsick  et  Breslau.  — 

—  90  Plusieurs  recueils  de  chants  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Berlin,  Leipsick  et  Breslau. 

—  10°  Grande  symphonie  arrangée  pour  piano  et 
violon;  Brunswick,  1801.  —  11°  Six  chants  de 
francs-maçons  en  chœur;  Leipsick,  1802.  — 
12°  Cantate  funèbre  pour  la  mort  de  AVeiss; 
Leipsick,  1805.  On  a  publié  un  grand  nombre 
d'ouvertures,  de  marches,  d'airs  de  danse  et 
d'autres  morceaux  tirés  des  opéras  de  Bierey, 
pour  l'orchestre,  en  harmonie,  et  arrangés  pour 
le  piano  ou  divers  autres  instruments.  On  a  aussi 
de  lui  une  ouverture  à  gi-and  orchestre  pour  le 
drame  Stanislas,  une  autre,  pour  celui  de 
Henri  IV  devant  Paris,  et  uneouvertiire  mili- 
taire dont  la  première  partie  exprime  le  calme 
nocturne  d'une  ville,  la  seconde,  une  attaque, 


412 


BIEREY  —  BIGATTI 


et  la  troisième,  une  marche  funèbre.  Cette  der- 
nière a  été  publiée  à  Leipsick,  chez  Br.  et  Hœr- 
tel.  Cierey  a  laissé  en  manuscrit  une  instruclion 
tort  étendue  sur  la  basse  chiffrée  et  l'harmonie. 
L'eslime  dont  il  avait  joui  pendant  sa  vie  lui  fit 
rcnilre  de  grands  honneurs  à  ses  ol)sèques. 

BIEI\MA.NIV  (Jean  Hermann),  fut  orga- 
niste à  Niechemberg,  vers  1720,  et  ensuite  à  Hil- 
desheim.  Il  a  publié  des  cantiques  sous  ce  titre  : 
Organographia  specialis  Hildesiensis  ,  Hiides- 
lieim,  1738,  in-4",  quatre  feuilles.  Cet  ouvrage 
est  <le  la  bonne  école. 

BIFERI  (François),  ou  BIFFERI,  né  à  Na- 
ples,  en  1739,  vint  à  Paris  en  1767,  et  y  publia  -. 
Traité  de  la  musique,  dans  lequel  on  traite 
du  chant,  de  l'accompagnement,  de  la  compo- 
sition et  de  la  fugue,  Paris;  1770,  iu-fol.  II  n'y 
a  point  de  plan  dans  cet  ouvrage,  et  les  exemples 
en  sont  mal  écrits. 

BIFFI  (Joseph),  compositeur  né  à  Cesano 
dans  le  Milanais,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
fut  d'abord  maître  de  chapelle  du  cardinal  André 
IJdltori,  et  ensuite  compositeur  de  la  cour  du  duc 
de  Wurtemberg.  Il  a  fait  imprimer  :  1°  Libre  di 
madrigali  da  cantarsi  a  quattro  voci  ;  Bres- 
cia,  1582,  in-4o.  —  2°  Cantiones  sex  vocum  ; 
Nuremberg,  159G.  —  3°  Libro  di  madrigali  da 
cantarsi  a  cinque  voci,  con  due  sopran  i  ;  Venise 
1599.  —  4°  Libro  di  madrigali  da  cantarsi  a 
sei  voci  ;  Nuremberg.  —  5°  Libro  di  madigrali 
da  cantarsi  a  cinque  voci;  Milan.  —  6°  Madri- 
gali a  sei  voci,  libro  terzo;  Noribergae,  Kauff- 
inann,  1600,  in-'i°.  On  ne  trouve  pas  dans  les 
compositions  de  Biffi  la  pureté  d'harmonie  qui 
brille  dans  les  ouvrages  des  maîtres  de  l'école 
romaine  qui  vécurent  de  son  temps,  ni  l'imagi- 
nation qui  distinguait  alors  les  productions  de 
quelques  compositeurs  de  l'école  de  Venise.  Son 
style  est  froid  sans  être  correct. 

BIFFI  (Don  Antonio),  Vénitien,  maître  de 
chapelle  à  l'église  de  Saint-Marc,  fut  élève  de  Le- 
grenzi,  succéda  dans  cette  place  à  Dominique  Par- 
tenio,  Ie5  février  1701,  et  fut  aussi  maître  au  Con- 
servatoire dei  Mendicanti.  Il  mourut  au  mois  de 
mars  1736.  Biffi  ,  d'abord  chantre  de  Saint-Marc 
en  voix  de  contralto,  fut  élevé,  le  6  juillet  1692, 
aux  appointements  de  100  ducats.  Sept  joursaprès, 
un  décret  des  procurateurs  lui  conféra  le  titre  de 
maître  de  chapelle  adjoint,  avec  un  supplément 
(le  30  ducats.  Il  a  donné,  sur  le  théâtre  de  Venise, 
un  opéra  sous  le  titre  de  :  Il  Figliuolo  prodigo, 
en  1704.  Ses  autres  compositions  sont  moins  con- 
nues. La  bibliothèque  royale  de  Berlin  possède 
de  ce  maître,  en  manuscrit,  sept  psaumes  à  2 
et  à  3  voix,  avec  basse  continue.  La  collection  de 
Tabbé  Santini,  à  Rome,  eu  renferme  un  plus  ! 


grand  nombre,  ainsi  que  des  motets  à  3  voix. 
BlFFl  (  Le  Père  Égide-Marie  ),  grand  corde- 
lier,  a  laissé  en  manuscrit  un  traité  décomposi- 
tion intitulé  : /?ego^e  pnr  il  conirapunto,  cité 
par  le  père  Martini  (  Storia  délia  Mus.,  t.  I, 
p.  450.  )  C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  ce  musi- 
cien. 

BIFFIDA  (Jean  ),  compositeur  né  à  Sienne, 
vivait  vers  la  findu  seizième  siècle.  On  connaîtde 
lui  :  Canzonette  a  tre;  Nuremberg,  1596,  in-4°. 
BÏGA.GLIA  (Le  Père  Diogenio),  composi- 
teur et  religieux  bénédictin  au  monastère  de 
Saint-Georges-Majeur,  naquit  à  Venise  vers  la 
fin  du  dix-septième  siècle.  Un  grand  nombre  de 
ses  ouvrages  se  trouve  dans  son  couvent.  On  a 
publié  de  sa  composition  Dodici  sonate  a  violïno 
solo  ossia  flauto;  Amsterdam,  in-fol.,  1725.  Il  a 
composé  un  opéra  intitulé  :  Giaele,  qui  fut  re- 
présenté en  1731.  Le  catalogue  de  Breitkopf  in- 
dique aussi  une  cantate  :  Siam  soli  Erminia, 
pour  soprano,  et  le  motet  ;  In  screna  cœli  scena, 
pour  alto  solo,  deux  violons,  viola,  violoncelle 
et  orgue,  tous  deux  en  Mss. 

BIGAIVT  (N.),  amateur  de  musique  et  li- 
braire, à  Paris,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
a  publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme  :  Domino 
musical,  ou  VArt  du  musicien  mis  en  jeu; 
Paris,  Bigant,  1779,  in-S". 

BIGATTI  (Charles),  maître  de  chapelle  du 
sanctuaire  de  Sainte-Marie,  à  Milan,  né  en  cette 
ville,  le  12  février  1779,  mort  au  mois  de  no- 
vembre 1854.    Il  était    fils  d'Aquilini   Bigatti, 
peintre  d'histoire  renommé.  A  l'âge  de  sept  ans, 
il  reçut  les  premières  leçons  de  piano  de  Vincenzo 
Canobbio ,  Milanais;  quelques  années  après,  il 
fut  envoyé  par  son  père  à  Bologne,  dans  l'école 
du  P.  Mattei,  pour  y  apprendre  le  contrepoint. 
Il  alla  ensuite  àLorette,  oii  il   reçut  des  leçons 
de  Zingarelli.  En  1801  il  passa  en  France,  et  se 
fixa  pendant  quelques  années  à  Marseille,  où  il 
donna,  en   1804,   un   opéra   bouffe  intitulé  :  Il 
Fanatico.  Au  mois  d'août    1808,   il  fit   pour  le 
grand    théâtre  de  cette   ville  la   musique  d'un 
opéra  français  intitulé  :  Théodore  et  Jenny.  De 
retour  à  Milan,  il  composa  pour  le  théâtre  de  la 
Scala,  en  1809,  VAmante  prigionicro,  et  dans 
le  carnaval  de  1811,  l'Albergo  magico,  qui  fut  re- 
présenté au  théâtre  de  Sainle-Radegonde.  Depuis 
lors  il  a  donné  La  Scoperta  inaspettata ,  et 
Astuzie  contra   asluzie.  En  1819  il  a  fait  re- 
présentera Venise  l'opéra  bouffe  intitulé  :  IFurbi 
al  eimento.  On  a  de  lui  plusieurs   symphonies 
à  grand  orchestre,  des  morceaux  de  musique  vo- 
cale et  instrumentale,  de  messes  et  des  vêpres. 
On  a  gravé  de  cet  auteur  :   l"  un    Thème  avec 
huit  variations  pour  le  piano;  à  Offenluieh, 


liriATTI  —  BILBERG 


4t3 


cliez  Anilié.  —  2°  Une  Siimphonic  concertante 
pour  deux  cors,  avec  orc/icstre;  ihid.,  —  3"  0 
sacrum  Convioium,  à  trois  voix,  sans  accoinpa- 
f^neinent  ;  ibid.  —  4°  Une  cavaline  de  l'Amante 
prifjioniero,  à  Milan,  chez  Ricordi. 

BIGOT  (Marie),  née  Kiéné,  vit  le  jour  à 
Colmar,  le  3  mars  1786.  Douée  de  l'organisation 
la  plus  heureuse  pour  la  musique,  elle  se  livra 
de  bonne  heure  à  l'étude  du  piano,  et  parvint  <à 
nn  degré  d'habileté  très-remarquable  sur  cet  ins- 
trument. Mais  c'était  surtout  par  le  sentiment 
du  beau  dans  l'art,  qu'elle  était  destinée  à  se  placer 
au  premier  rang  des  virtuoses.  Une  exquise  sen- 
sibilité la  faisait  entrer  avec  un  rare  bonheur  dans 
l'esprit  de  toute  belle  composition,  lui  fournissait 
des  accents  pour  tous  lesgenres  d'expression,  et, 
se  communiquant  à  l'enveloppe  nerveuse  de  ses 
doigts,  donnait  à  sa  manière  d'attaquer  le  clavier 
un  charme  indéfinissable  dont  elle  seule  a  eu  le 
secret  à  cette  époque.  En  1804,  elle  épousa 
M.  Bigot,  qui  la  conduisit  à  Vienne.  Là,  elle  vit 
Haydn,  et  se  lia  avec  Beethoven  et  Salieri.  Le 
commerce  de  ces  grands  artistes  électrisa  son 
ame  de  feu,  et  donna  du  développement  à  ses 
idées.  Un  mot,  indifférent  en  apparence,  était 
pour  elle  une  source  de  réflexions  et  l'occasion 
de  nouveaux  progrès.  Elle  était  à  peine  dans  sa 
vingtième  année,  et  déjà  son  talent  original  s'é- 
tait développé  dans  toute  la  beauté  du  caractère 
qui  lui  était  propre.  La  première  foisqu'elle  joua 
devant  Haydn,  l'émotion  du  vénérable  vieillard 
fut  si  vive,  que,  se  jetant  dans  les  bras  de  celle 
qui  venait  de  la  faire  naître  :  Oh!  ma  chère  /llle, 
s'écria-t-il,  ce  n^est  pas  moi  qui  ai  fait  cette 
musique,  c'est  vous  qui  la  composez\  Puis,  sur 
l'œuvre  même  qu'elle  venait  d'exécuter,  il  écri- 
vit :  Le  20  février  1805,  Joseph  Haydn  a  été- 
heureux.  Le  génie  mélancolique  et  profond  de 
Beethoven  trouvait  en  M"'"  Bigot  une  interprète 
dont  l'enthousiasme  et  la  sensibilité  ajoutaient 
de  nouvelles  beautés  à  celles  qu'il  avait  imaginées. 
Un  jour,  elle  jouait  devant  lui  une  sonate  qu'il 
venait  d'écrire  ;  «  Ce  n'est  pas  là  précisément, 
«  lui  dit-il,  le  caractère  que  j'ai  voulu  donner 
«  à  ce  morceau,  mais  allez  toujours  -.  si  ce  n'est  pas 
«  tout  à  fait  moi,  c'est  mieux  que  moi.  » 

Les  événements  de  la  guerre  de  1809  conduisi- 
rent M.  Bigot  à  Paris  et  l'y  fixèrent.  Il  n'était  pas 
possible  que  le  talent  de  sa  compagne  n'y  prodîii- 
sît  point  une  vive  impression  ;  tout  ce  qu'il  y  avait 
d'artistes  distingués  dans  la  capitale  de  la  France 
rendit  hommage  à  ce  talent  admirable.  Baillot, 
Lamarre,  Chérubini,  Auber,  devinrent  ses 
amis  et  formèrent  avec  elle  le  centre  de  l'acti- 
vité musicale  de  cette  époque.  Qui  n'a  en- 
tendu   les    belles    compositions   de   Bach,  de 


Haydn ,  de  Mozart  et  de  Rcothoven  exécutée 
par  M'""  Bigot,  Lamarre  et  Baillot,  ne  sait  jus- 
qu'où peut  aller  la  perfection  de  la  musique  ins- 
trumentale, démenti ,  Dussek  et  Cramer  appré- 
cièrent le  talent  de  M™°  Çigot  et  le  considérè- 
rent comme  un  modèle  de  perfection.  Après 
avoir  exécuté  avec  elle  les  sonates  à  quatre 
mains  de  Mozart,  Cramer  lui  dit,  dans  l'exalta- 
tion du  plaisir  qu'il  venait  d'éprouver  :  «  Ma- 
«  dame,  je  n'ai  jamais  rien  entendu  de  pareil  ! 
«  Disposez  de  moi  à  toute  heure;  faire  de  la 
«  musique  avec  vous  sera  toujours  pour  moi 
«  une  bonne  fortune  sans  |)rix.  » 

Jusqu'en  1812,  la  musique  n'avait  été  pour 
M""  Bigot  qu'une  .source  des  plus  pures  jouis- 
sances ;  après  la  malheureuse  campagne  de 
Russie,  qui  la  priva  de  la  protection  de  son  mari, 
retenu  prisonnier  à  Wilna  et  dépouillé  de  ses 
emplois ,  cet  art  devint  la  ressource  de  sa  fa- 
mille. Elle  donna  des  leçons  de  piano,  et  ses 
succès  dans  l'enseignement  furent  tels,  que 
bientôt  elle  ne  put  suffire  à  l'alfiuence  de  ses 
élèves.  Le  désir  d'assurer  l'aisance  de  sa  famille 
lui  faisait  oublier  les  ménigements  ([u'elle  de- 
vait à  sa  santé.  Son  courage  lui  faisait  illusion 
sur  ses  forces;  et,  quand  les  premiers  symptômes 
d'une  maladie  de  poitrine  se  déclarèrent,  elle 
ne  mesura  pas  le  danger  qui  la  menaçait.  Son 
père,  sa  mère  et  sa  sœur,  établisdepuis  longtemps 
en  Suisse,  venaient  d'être  appelés  près  d'elle; 
ils  n'arrivèrent  à  Paris  que  pour  recevoir  ses 
derniers  embrassements  :  elle  expira  le  16  sep- 
tembre 1820,  à  peine  ûgée  de  trente-quatre 
ans.  Sa  perte  plongea  dans  la  douleur  tous  ceux 
que  son  talent  et  les  qualités  de  son  coeur  avaient 
laits  ses  admirateurs  et  ses  amis. 

M""*  Bigot,  qui  avait  fait  ses  études  d'har- 
monie et  de  composition  avec  Chérubini  et  Au- 
ber, a  écrit  quelipies  œuvres  pour  le  piano.  Elle 
a  publié  à  Paris  :  1"  Études  pour  le  piano,  liv. 
1*''. —  2°  Rondeau  pour  piano  seul.  Douze  valses 
pour  le  même  instrument  ont  paru  sous  son 
nom,  mais  je  doute  qu'elle  en  soit  l'auteur. 

BIIILER   (François).  Voyez  Buhler. 

BIHLER  (Grégoire)  ,  moine  bénédictin,  à 
l'abbaye  de  Sainte-Croix  ,  et  compositeur  à  Do- 
nawert,  vers  la  fin  du  dix- huitième  siècle,  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  10  Kleine  und 
leichte  Klavierstilckke  mit  untermischen  Lie- 
dern  (Dix  petites  pièces  faciles  pour  le  clavecin, 
etc.),  Landshut,  en  Bavière,  1796. 

BILBERG  ou  BILLBERG  (Jean),  né  à 
Marienstadt,  vers  1640,  fut  professeur  de  ma- 
thématiques à  Upsal,  depuis  1679  jusqu'en  1689, 
et  ensuite  docteur  en  théologie.  En  1601,  il  fut 
nommé  évêque  de  Strœgnœs,  en  Suède,  où  il  est 


4t4 


BILBERG  —  BILLET 


nioil  en  1717.  Il  a  fait  imprimer  un  trailé  de  la 
danse  des  anciens  et  de  la  musique  qui  y  servait, 
sous  le  titre  de  :  Orchestra,  seu  de  saltationibzis 
veterum,  Upsal,  1685,  in-8".  C'e-it  un  fort  bon 
ouvrage  où  la  matière  est  traitée  avec  beaucoup 
d'érudition. 

BILD  (ViTus),  moine  bénédictin,  né  en  1481, 
à  Ilochstadt  ou  Hochstett ,  en  Bavière,  fit  ses 
études  sous  la  direction  de  savants  hommes  tels 
que  Jacques  Lœxlier,  appelé  VAtni  des  Muses, 
Nicolas  Poil,  Jean  Slab  et  quelques  autres.  En 
1503,  il  entra  dans  l'ordre  de  Saint-Benoît,  au 
couvent  d'Augsbourg;  il  reçut  les  ordres  l'an- 
née suivante.  En  1511,  il  eut  l'autorisation  d'aller 
passer  quelque  temps  au  couvent  de  Tegernsée 
dans  la  haute  Bavière  ;  mais  quelques  différends 
qu'il  eut  avec  le  supérieur  de  ce  monastère  l'o- 
bligèrent à  en  sortir.  Il  se  retira  dans  une  soli- 
tude de  l'Autriche,  puis  il  retourna  à  Hoclistadt 
en  1512,  et  s'y  livra,  pendant  tout  le  reste  de  sa 
vie,  à  des  travaux  sur  les  sciences,  particulière- 
ment sur  les  malhématiques.  Tourmenté  de  la 
goutte,  il  souffrit  presque  sans  relâche  de  ses 
atteintes,  et  mourut  le  premier  août  1529.  Bild 
était  un  savant  homme  qui  parlait  plusieurs  lan- 
gues modernes  et  possédait  bien  les  littératures 
latine,  grecque  et  hébraïque.  Il  a  laissé,  à  sa 
mort,  trois  volumes  in-fol.  d'ouvrages  manus- 
crits de  sa  composition,  où  l'on  trouve  des 
traités  de  morale,  d'histoire,  de  mathématiques, 
des  poésies,  des  ouvrages  ascétiques,  des  lettres, 
des  Observations  sur  divers  sujets  de  tnusiqiie 
(Musica  quiipdam) ,  en  réponse  à  des  demandes 
de  Conrad,  sous-prieur  du  couvent  de  bénédic- 
tins d'Inspriick,  et  de  Grégoire  de  Melk;  enfin, 
un  autre  trailé  de  musique  qui  a  été  imprimé 
sous  ce  litre  ;  Stella  musicae  Juvenibus  artis- 
que  ejusdem  Novellis.  Vera  propter  prlncipia 
inde  nanciscenda,  édita.  Après  ces  mots  on 
trouve  douze  vers  saphiques  suivis  de  la  sous- 
cription F.  V.  Bild,  et  à  la  fin  du  livre  on  lit  : 
Complétas  feliciterque  finitus  est  liber  hic 
ingeniosus  per  calcographos  Erhardum  Oglin 
Jeoriumque  Nadler  cives  Augustenses ,  1508, 
2i)  die  Martii. 

Distichon  ad  lectorem. 
Fœlicem  lector  finem  nunc  conspice  Libri  ; 
Et  superis  gratus  sis  memor  alque  mai. 

F.  Y.  Bild. 

Ce  livre,  imprimé,  corameonvoit,  àAugsbourg, 
en  1508,  en  un  volume  petit  in-4»  de  vingt-qua- 
tre feuillets  sans  pagination,  mais  avec  des  si- 
gnatures, est  de  la  plus  grande  rareté  comme 
tous  les  produits  des  presses  d'Erhard  Oglin. 
J'en  ai  trouvé  un  exemplaire  à  Nuremberg  en 
1849,  et  j'ai  pu  en  faire  l'acquisition.  Il  a  été  in- 


connu à  Waltlier,  à  Forkel,  <i  Lipowsky,  qui  n'a 
point  parlé  de  Bild  dans  son  lexique  des  musi- 
ciens de  la  Bavière,  et  à  tous  les  historiens  de  la 
musique.  Il  contient  un  traité  des  éléments  de 
cet  art  et  des  huit  tons  du  chant  ecclésiastique; 
les  exemples  notés  sont  gravés  en  bois,  d'une 
manière  assez  grossière.  Le  libraire  Fr.  Ant. 
Veiht  a  donné  une  notice  très-détaillée  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Bild,  dans  sa  Bibliothcca  Au- 
gustana  (p.  10-33). 

BILDSTEIi\  (JÉRÔME),  compositeur  alle- 
mand du  dix-septième  siècle,  né  à  Bregenz,  sur 
le  lac  de  Constance,  a  publié  des  motets  h  cinq 
et  à  six  voix,  sous  ce  titre  :  Orpheus  Chrislia- 
nus, seusymphoniarumsacr arum  Prodromiis, 
Augsbourg,   1624,  in-4". 

BILHOIV  (Jkan  de),  ou  deBILLON,  compo- 
siteur français,  vivait  vers  la  fin  du  quinzième 
siècle,  et  au  commencement  du  seizième.  11  fut 
chantre  de  la  chapelle  pontificale.  Dans  les  ar- 
chives de  celte  chapelle  se  trouvent  des  messes 
de  la  composition  de  Bilhon ,  sur  des  thèmes 
d'anciennes  chansons  françaises.  Ces  messes 
sont  inédites.  On  trouve  des  ouvrages  de  ce  mu- 
sicien dans  les  recueils  intitulés  :  F  Missarum 
dominicalium  quatuor  vocum  lib.  1 ,  H,  llf; 
Parrhisiis,  1544,  Petr.  Attaingnant ,  petit 
in-4°  obi.  —  2"  Liber  sextus.  XIII  quinque 
ultimorum  tononim  Magnificat  continent; 
MA.  1534,  in-4°  obi.  —  3"  Terlius  liber  Mo- 
tectorum  cum  quatuor  vocibus;  impressiim 
Lugduni  per  Jacobum  Modernum  de  Pin- 
guenlo,  1539,  in  4"  obi.  —  4°  Quinlus  liber 
Mottetorum  quinqiie  et  sex  vocum  opéra  et 
solertia  Jacobi  Modernl  (  alias  dicti  grand 
Jacques)  in  umtm  coactorum  et  Lugduni  pro- 
pe  phanumdivx  Virginis  de  Confort,  ab  eo- 
dem  imprcssorian,  1543,  in-4°  obi. 

Billet  (Alexandre-Puilippe),  pianiste  et 
compositeur,  est  né  à  Saint-Pétersbourg,  d  une 
famille  française,  le  14  mars  1817.  Arrivé  en 
France  à  l'âge  de  seize  ans,  il  fut  admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Paris,  le  17  décembre 
1833.  A  cette  époque  son  instrument  était  le 
violon  ;  mais  après  une  année,  il  l'abandonna  pour 
se  livrer  exclusivement  à  l'étude  du  piano,  sous 
la  direction  de  Zimmerraan.  Le  second  prix  lui 
fut  décerné  au  concours  de  cet  instrumejif, 
en  1835.  Au  mois  de  juin  de  l'année  suivante,  il 
sortit  de  l'école  avec  son  frère,  qui  y  fréquen- 
tait le  cours  de  violoncelle,  pour  aller  s'établir 
à  Genève.  Il  y  passa  plusieurs  années,  pendant 
lesquelles  il  perfectionna  son  talent,  et  commença 
à  écrire  ses  premières  compositions  pour  le  fiiano. 
En  1841,  il  visita  l'Italie,  et  publia  quelques-uns 
de  ses  ouvrages,  à   Milan,  chez  Ricordi.   Pos- 


BILLET  —  BILLINGTON 


41i 


férieurement  il  s'est  fixé  à  Londres,  où  il  se 
livre  à  i'enseignemenl  du  piano  et  donne  cha- 
que anndedes  concerts  et  des  matinées  musicales. 
Billet  a  publié  environ  80  œuvres  pour  le  piano, 
lesquels  consistent  en  études,  op.  22,  24,  34,  57  ; 
Fantaisies,  op.  25,  27,  32,  35,  36,  37,  38,  48; 
Nocturnes,  op.  29,  55,64;  caprices,  op.  26,  40, 
variations,  divertissements  et  rondos. 

BILLI  (Lucio),  moine  camaldule,  né  à  Ra- 
venne,  vers  (575,  a  publié  de  sa  composition.  — 
i°  Missae  et  motetti  octo  vocibus,  lib.  1  ;  Venise 
sans  date.  Il  y  en  a  une  deuxième  édition  de 
Venise,  1601,in-4°.  —  2°  Idem,  lib.  1  ;  Venise, 
1623.  —  3°  Canzonnette  con  stromenti,lib.  1. 

—  ^"Canzonnette  a  tre  con  siroinenttj^iib.   2. 

—  5°  Il  primo  libro  de  madrigaii  a  cinque 
voci  con  undialogoa  otto;  \enise,  Ricciardo 
Amadino ,  1602,  in-4''.  On  a  aussi  de  lui  une 
collection  de  chansons  italiennes,  sous  ce  titre  : 
GU  amorosi  affetti;  Venise,  Ricciardo  Ama- 
dino. 

BILLINGTON  (Elisabeth),  cantatrice  cé- 
lèbre, était  fille  de  Weichseil,  musicien  allemand, 
né  à  Freyberg,  en  Saxe.  Elle  naquit  à  Londres , 
en  1765.  Sa  mère,  qui  était  une  cantatrice  de 
quelque  mérite,  mourut  jeune  laissant  sa  fille  et 
un  fils,  C.  Weichseil,  bon  violiniste,  dans  un  âge 
fort  tendre.  Destinés,  dès  leur  naissance,  à  la 
carrière  musicale,  ces  deux  enfants  firent  des 
progrès  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  six  ans  ils  pu- 
rent se  faire  entendre  en  public,  sur  le  piano  et 
sur  le  violon  ,  dans  un  concert  donné  au  bé- 
néfice de  M"e  Weichseil,  au  théâtre  de  Haymar- 
ket.  Le  premier  maître  de  Mme  Billinglon  fut 
Schrœter,  excellent  pianiste  allemand.  Son  père 
surveilla  son  éducation  musicale  avec  une  sévé- 
rité que  les  progrès  de  l'élève  ne  justifiaient  pas. 
A  peine  âgée  de  sept  ans,  elle  exécuta  des  concer- 
tos de  piano  au  théâtre  de  Haymarket,  et  peu 
de  temps  après  elle  fit  quelques  essais  de  com- 
position qui  indiquaient  d'heureuses  dispositions 
pour  l'avenir.  Mais  bientôt  elle  négligea  ses  ta- 
lents d'instrumentiste  et  de  compositeur  pour  s'oc- 
cuper de  l'étude  du  chant  et  du  développement 
de  la  belle  voix  quelle  avait  reçue  delà  nature. 
Ce  fut  le  compositeur  Jean-Chrétien  Bach  qui 
développa  son  talent  par  ses  leçons.  A  qua- 
torze ans  elle  chanta  en  public  à  Oxford,  et  à 
seize  elle  épousa  Billiugton,  contrebassiste,  qui 
avait  été  son  maître  de  vocalisation,  et  qui 
l'emmena  à  Dublin  peu  de  temps  après.  Son 
premier  début  eut  lieu  dans  l'opéra  d^Orphée; 
mais  quelle  que  fût  la  beauté  de  sa  voix,  elle 
éprouva,  dès  les  premiers  pas  dans  la  carrière 
du  théâtre,  que  le  succès  dépend  quelquefois 
plutôt  d'un  caprice  du  public  que  d'un  jugement 


éclairé  :  une  cantatrice  (Mi.ss  Wlieoler)  bien  in- 
férieure à  M"""   Billin;;foii,    excitait  alors  IVn- 
thousiasme  des  habitants  de  Dublin,  et  cellf-ci 
fut  à  peine  remarquée.  Sensible  et  fière,  M"'"  Bil- 
linglon ne  pouvait   niiUKiucr  d'être   blessée  do 
cette  injustice  :  peu  s'en  fallut  môme  qu'elle  ne 
renonçât  pour  toujours  au  théâtre.  La  réputa- 
tion de  Miss  Wheeler  lui  ayant  procuré  un  en- 
gagement de  trois   ans  au  théâtre  de  Covent- 
Garden,  M""'  Billiugton  la  suivit  à  Londres,  dé- 
cidée à  ne  rien  négliger  pour  éclipser  sa  rivale. 
Mais  de  nouveaux  chagrins  lui  étaient  réservés. 
Les  entrepreneurs  du  théâtre  ne  voulurent  l'en- 
gager qu'à  l'essai  :  lorsqu'il  fallut  régler  ses  a|)- 
pointements  ,  on  lui  fit  entendre  qu'elle  ne  pou- 
vait prétendre  à  d'aussi  grands  avantages  que 
Miss  Wheeler,  dont  la  réputation  était  faite.  Cette 
malheureuse  comparaison   ébranla  de  nouveau 
le  courage  de  M^e  Billinglon;  mais,  enfin,    le 
triomphe  du  succès  devait  effacer  la  honte  des 
humiliations  :  elle  le  sentit,  accepta  toutes  les 
conditions,  et  débuta  par  le  rôle  de  Rosette  dans 
l'opéra  Love  in  a  village  (l'Amour  dans  un  vil- 
lage), du  docteur  Arne.  Jamais  voix  plus  pure, 
plus  sonore,  plus  étendue  ne  s'était  fait  enten- 
dre; jamais   vocalisation  plus  brillante  n'avait 
frappé  les  oreilles    anglaises;  jamais  aussi  l'en- 
thousiasme ne  fut  porté  plus  loin.  Le  nom   de 
M"ie  Billinglon  était  dans  toutes  les   bouches  : 
celle  qui  lui  avait  causé  tant  de  tourments  fut 
pour  jamais  oubliée.  Les  entrepreneurs  du  théâ- 
tre n'attendirent  point  que  les  douzes  icjirésen- 
tations  d'essai  fussent  achevées  [lour  contracter 
un  nouvel  engagement  avec  la  virtuose  :  elle  exi- 
geait mille  livres  sterling  et  une  représentation 
à  son  bénéfice  pour  le  reste  de  la  saison  :  tout 
lui  fut  accordé;  ou  ajouta  même  une  repré.sen- 
tation  à  celle  qu'elle  avait  demandée,  par  recon- 
naissance pour  le  gain  considérable  qu'elle  avait 
procuré  à  l'administration.  Toutefois,  M"'e  Bil- 
linglon, sans  se  laisser  éblouir  par  tant  de  suc- 
cès, travaillait  avec  ardeur,  et  prenait  assidûment 
des  leçons  de  Morelli,  habile  professeur  de  chaut, 
qui  demeurait  à  Londres.  Dès  que  le  théâtre  fut 
fermé,  elle  profita  de  cette  vacance  pour  se  ren- 
dre à  Paris,  où  elle  reçut  des  conseils  de  Sac- 
chini.   De  retour  en  Angleterre,  en  1785,   elle 
chanta  au  concert  de  l'ancienne  musique.  M'i'c 
Mara  venait  d'arriver  à  Londres  :  on  dit  qu'elle 
n'entendit  point  sans  dépit  celle  qu'on  lui  oppo- 
sait comme  rivale.  Dès  lors  il  s'éleva  entre  elles 
des  disputes  indignes   de  deux   grands  talents, 
quoique  cela  ne  soit  que  trop  commun  en  pa- 
reille circonstance.  La  réputation  de  Mi"e  Bil- 
linglon continuait  à  s'étendre  :  elle  était  de  tons 
les  concerts,  attirait  la  foule  à  Covent  Garden, 


416 


BILLINGTON. 


et  chantait  aux  mémorables  réunions  de  l'ab- 
baye de  Welsminster,  pour  la  coniinémoration  de 
Hœndel.  Malgré  tant  de  siiecès,  elle  prit  en  1793 
la  résolution  d'abandonner  la  scène  et  voulut 
voyager  sur  le  continent,  dans  le  dessein  de 
dissiper  la  mélancolie  qui  lui  était  habituelle.  Ses 
dépenses  excessives  avaient  proinptement  dis- 
sipé les  gains  considérables  qu'elle  avait  faits; 
le  scandale  de  sa  conduite  avec  ses  amants  lui 
avait  en  quelque  sorte  imposé  l'obligation  de  se 
faire  oublier.  En  Italie,  elle  réussit  pendant  quel- 
que temps  à  garder  l'incognito  ;  mais  arrivée  à 
Naples,  l'ambassadeur  anglais,  W.  Hamilton,  la 
reconnut,  et  parvint  à  la  déterminera  chanter, 
d'abord  à  Caserla,  devant  la  famille  royale,  et 
ensuite  au  théâtre  de  Saint-Charles.  Elle  y  dé- 
buta, au  mois  de  mai  1794,  dans  Iriez- de  Castro, 
que  Blanchi  avait  composé  pour  elle.  Son  succès 
fut  complet;  mais  im  événement  nialbeureux 
arrêta  le  cours  de  ses  représentations  :  lîilling- 
ton  fut  frappé  d'une  apoplexie  foudroyante  au 
moment  où  il  allait  accompagner  sa  femme  au 
théâtre.  11  courut  des  bruits  singuliers  sur 
cette  mort,  et  les  journaux  anglais  laissèrent 
soupçonner  un  assassinat  exécuté  par  le  poi- 
son ou  par  le  stylet.  On  supposait  qu'un  nou- 
vel amant  de  la  belle  anglaise  avait  voulu  la 
venger  des  accès  de  jalousie  quelque  peu  brutale 
de  son  mari  ;  mais  il  est  certain  que  Biilington 
expira  après  un  dîner  copieux  en  descendant 
l'escalier  de  son  hôtel  pour  se  rendre  au  théâtre. 
Dans  le  même  temps,  une  violente  éruption  du 
Vésuve  éclata,  et  les  superstlieux  Napolitains 
attribuèrent  cette  calamité  à  ce  qu'une  hérétique 
avait  chanté  à  Saint-Charles.  Les  amis  de  M'"e 
Biilington  conçurent  même  des  craintes  sérieuses 
.sur  les  suites  que  pouvait  avoir  cette  opinion 
chez  un  peuple  fanatique;  heureusement  l'érup- 
tion cessa,  le  calme  reparut  et  le  talent  deM"ie 
Biilington  acheva  de  triompher  des  préventions 
des  Napolitains.  En  1796,  cette  grande  canta- 
trice se  rendit  à  Venise  :  après  sa  première  re- 
présentation, elle  tomba  sérieusement  malade  et 
ne  put  chanter  pendant  le  reste  de  la  saison. 
L'air  de  cette  ville  étant  nuisible  à  sa  santé,  elle 
partit  pour  Rome,  et  visita  ensuite  les  principaux 
théâtres  de  l'Italie.  Arrivée  à  Milan,  en  1798, 
elle  y  épousa  M.  Felissent,  fournisseur  de  l'ar- 
mée française;  mais  elle  conserva  toujours  son 
nom  de  Biilington  lorsqu'elle  parut  en  public.  A 
son  retour  en  Angleterre,  les  directeurs  de  Drury. 
Lane  et  de  Covent-Gaiden  mirent  tant  d'empres- 
sement et  de  ténacité  àcontracter  un  engagement 
avec  M'ue  Biilington ,  qu'on  fut  obligé  de  s'en 
rapporter  à  un  arbitre,  qui  décida  qu'elle  chan- 
terait alternativement  sur  les  deux  tliéàircs.  Son 


séjour  en  Italie  avait  perfectionné  son  talent; 
aussi  excila-t-elle  la  plus  grande  admiration  dans 
VArtaxerce  de  Arne,  où  elle  introduisit  un  air 
d'Inez  de  Castro,  qui  lui  fournit  l'occasion  de  dé- 
ployer toute  l'étendue  desa  belle  voix.  A  cette  épo- 
que, la  fameuse  cantatrice  Banti  arriva  à  Londres; 
son  début  eut  lieu  dans  le  rôle  de  Polyphonie 
de  la  Mérope  de  Nazzolini  :  M™e  Biilington  jouait 
celui  de  Mérope.  La  réunion  de  ces  deux  beaux 
talents  i)roduisit  un  tel  effet,  que  la  salle  ne  pou- 
vait contenir  le«i  spectateurs,  et  que  la  scène 
même  en  était  remplie.  Un  effet  semblable  eut 
lieu  le  3  juin  1802,  jour  où  l'on  entendit  pour 
la  première  fois  M'"^^  Biilington  et  Mara  chanter 
ensemble  dans  un  duo  composé  expressément 
pour  elles  par  Blanchi.  Ce  qui  ajoutait  encore 
à  l'empressement  du  public,  c'est  qu'on  savait 
que  cette  soirée  était  la  "dernière  où  l'on  en- 
tendrait M"ie  Mara.  Rien  ne  peut  donner  une 
idée  du  fini  de  l'exécution  de  ces  deux  grandes 
cantatrices,  de  leur  verve,  et  de  l'effet  qu'elles 
produisirent  sur  les  spectateurs.  La  réputation  de 
M"ie  Biilington  allait  toujours  croissant.  Cha- 
que entreprise  de  théâtre  cherchait  à  l'engager, 
et  pendant  six  années  consécutives,  elle  chanta 
à  l'Opéra  Italien,  au  Concert  du  Roi ,  à  celui  d'Ha- 
nover-Square,  et  dans  une  foule  de  concerts  par- 
ticuliers. Entin,  ayant  amassé  une  fortune  con- 
sidérable (1),  et  s'apercevant  que  sa  .santé  s'altérait, 
elle  se  retira  délinitivementen  1S09,  etne  chanta 
plus  en  public  qu'une  seule  fois,  dans  un  con- 
cert donné  au  profit  des  pauvres,  à  Whitehall. 
En  18 17,  elle  quitta  l'Angleterre  et  se  rendit  à 
une  terre  qu'elle  venait  d'acquérir  près  de  Ve- 
nise; mais  elle  jouit  peu  de  temps  des  avantages 
de  sa  nouvelle  position,  car,  le  2.5  août  1818,  elle 
mourut  d'une  maladie  aiguë,  laissant  un  nom 
illustre  dans  les  fastes  du  théâtre  lyrique.  11  existe 
un  beau  portrait  de  M™c  Biilington,  gravé  par 
Ward  d'après  une  peinture  de  Reynols.  On  a 
publié  la  vie  de  la  célèbre  cantatrice  sous  le  titre 
de  Meinoirs  of  Mistress  Élizabeth  Biilington, 
Londres,  1S12,  in-8^.  Ces  mémoires,  dont  on  at- 
tribue la  rédaction  à  Miûe  Biilington  elle-même, 
ont  été  traduits  en  français  par  M.  Adolphe  Tbiers. 
Paris,  1822,  in  8°. 

BILLIi\GTOJ\  (Thomas),  mari  de  la  célè- 
bre cantatrice  de  ce  nom,  fut  d'abord  contrebas- 
siste attaché  à  divers  théâtres  de  Londres  et  de 
Dublin,  et  se  livra  ensuite  à  la  compo.sition.  il 
mourut  d'apoplexie  à  Naples,  au  mois  de  mai 
1794.  Les  catalogues  de  Preston  (Londres  1793) 
et  de  Clénicnli  (ibid.,  1790)  font  connaître  de 
lui  les  ouvrages  dont  les  litres  suivent  :  r   12 

(l)Én'.iron  iin  million  six  cent  mille  livres. 


BILLINGTON 


BINaiOIS 


417 


cnnznnelte  /o»'  ^voïccs.  —  2"  ù  songs.  —  3° 
Céladon  and  Ametin,  tiré  des  Saisons  de 
Thompson. —  i"  6  sona(as  for  the  piano  forte, 
witli  accompaniment.  —  5"  Sonate  à  quatre 
mains.  —  G"  Sonate  pour  le  clavecin  avec 
violon,  arrangée  par  Mozin,  Paris,  1796.  — 
7°  Gray's  élégies —  s"  Moria's  evenings  ser- 
vice. —  9"  Eloisa  to  Abelard.  —  10°  Pope''s 
Elegy.  —  1 1°  Prior's  Garland.  — 12°  Children 
in  the  Wood.  —  13°  Young's  Night  Thoughts. 
—  14o  Glees. 

BILI^Y  (Jacques de),  jésuite,  néàCompiègne, 
le  18  mars  1602,  entra  dans  son  ordre  en  1G19. 
Il  enseigna  la  pliiloso|iJiie  pendant  trois  ans,  les 
mathématiques  pendant  sept  autres  années,  et 
fut  successivement  recteur  des  collèges  de  Sé- 
nones  et  de  Dijon.  Il  mourut  dans  cette  dernière 
ville  le  14  janvier  1679.  On  a  de  lui  :  De  propor- 
tione   AarmoH/cfl,  Paris,  1658,  in-4°. 

lîILLROTH  (Gustave),  professeur  de  phi- 
losophie à  Hall,  né  à  Luheck,  le  11  février  1808, 
mort  à  Halle,  le  28  mars  1836,  fut  amateur  dis- 
tingué de  musique.  Il  a  donné,  avec  Charles-Fer- 
dinand Becker,  une  édition  de  chants  chorals  des 
seizième  et  dix-septième  siècles,  qui  a  été  publiée 
àLeipsicken  1831.  On  a  aussi  de  liillrotli  une 
dissertation  sur  l'emploi  des  imitations  et  du 
contrepoint  dans  les  chants  à  plusieurs  voix.  Ce 
morceau  a  paru  dans  l'écrit  périodique  intitulé 
Ccccilia  (t.  10, p.  159-141). 

BIÎVCHOIS  (GiLLEB  ou  Égide),  conlrapun- 
tiste  du  quinzième  siècle,  fut  contemporain  de 
Guillaume  Dufay  et  de  Dunstaple.  Il  partage  avec 
ces  artistes  la'gloire  d'avoir  perfectionné  l'art  d'é- 
crire, l'harmonie,  et  la  notation  de  la  musique. 
Les  renseignements  ont  manqué  jusqu'à  ce  jour 
sur  le  pays  où  Binchois  a  vu  le  jour,  sur  l'époque 
précise  où  il  a  vécu,  sur  les  fonctions  qu'il  a  rem- 
plies et  sur  ses  ouvrages.  Les  anciens  auteurs  de 
traités  de  musique,  tels  que  Tinctor,  Gafori  et 
Hermann   Finck,  qui   en  ont  parlé,  ne  nous  ont 
conservé  que  soniiom.  ïinctor  le  cite  avec  Dufay 
et  Dunstaple  commeayanteu  pour  élèves  quelques- 
uns  des  plus  grands  musiciens   du    quinzième 
siècle,  tels  que  Jean  Ockeghem,  J.  Régis,  Ant. 
Busnois,  Firmin   Caron  et  Guillaume  Faugues: 
lit  Joannes  Ockeghem  (dit-il,  dans  le    prologue 
de  son  traité  du   contrepoint),  Joannes   Régis, 
Anthonius  Busnois,  Firniinus  Caron,  Guillel- 
mus  Faugues,  qui  novissimis  temporibus  vita 
functos  Joannem  Dunstaple,  Egidium  Bin- 
chois, Guillermum  Dufay,  se  prœceptores  ha- 
buisse  in  hac  arte  divina   glorianttir.  Her- 
mann Finck  est  moins  satisfaisant  encore  lors- 
qu'il cite  Binchois  parmi  les  noms  de  plusieurs 
musiciens  qui  sont  venus  longtemps  après  lui  ; 

lîIOGR.   UNIV.    des    musiciens.   T.    I. 


Postea  [Pratica  Musica,c.  I.)  alii  quasi  novi 
invenlores  secutisunt,  qui  propitis  ad  nosira 
tempora  accédant,  ut  :  Joh.  Griesling,  Fran- 
chimis,  Joh.  Tinctoris,  Dufay,  Busnoe ,  Bu- 
choi  [sic]  Caronle,  et  alii  multi,etc.  (Ensuite 
sont  venus  de  nouveaux  inventeurs,  qui  appro- 
chent davantage  de  nos  jours,  tels  que  J.  Greis- 
ling ,  Franch.  Gafori,  Jean  Tincloris,  Dufay ,  Bus- 
nois, J9Jnc/io/5,  Caron,  etbeaucoup  d'autres,  etc.) 
Gafori  ne  parle  de  Binchois  que  pour  invoquer 
son  autorité  conjointement  avec  Dufay  et  Dims- 
taple  (Musicautriusque  cantus practica,  lib. 
3,  c.  4),  sur  l'emploi  d'un  intervalle  dissonant. 
Martin  le  Franc,  poète  français  qui  écrivit,  de  1436 
à  1439,  un  poème  intitulé  :  Le  Champion  des 
Dames  (l),  nous  fournit  dans  cet  artiste  un 
renseignement  important  (troisième  livre,  hui- 
tième paragraphe,  strophe  sixième),.'»  cause  delà 
date  où  furent  écrits  les  vers,  et  parce  que  le 
poète  vécut  au  temps  de  Dufay  et  de  Binchois; 
enfin,  parcequ'il  nous  fait  connaître  les  noms  des 
musiciens  français  les  plus  renommés  qui  précé- 
dèrent ces  deux  maîtres.  L'argument  du  paragra- 
phe, ou  du  chapitre,  où  se  trouve  ce  passage  est 
conçu  en  ces  termes  :  LeChampion  euvre  et  dé- 
\  claire  que  la  légiereté  des  engins  de  mainte- 
nant argue  la  fin  du  monde, et  sur  ce  parle  de 
la  per/eclion  des  arts  présente.  Puis  viennent 
cinq  strophes  sur  la  musiipie  et  les  musiciens 
français  de  ce  temps.  On  y  trouve  ce  pa.ssage  : 

Tapissier,  Carmen.  Ccsaris  (2) 

N'a  pas  long-temps  si  bien  chantèrent 

Qu'ilz  esbahirent  tout  Paris 

Kt  tous  ceulx  qui  les  fréquentèrent  ; 

Mais  onquesjour  ne  ileschantèrent , 

En  mélodie  de  tels  chois, 

(Ce  m'ont  dit  ceulx  qui  les  hantèrent) 

Que  Guillaume  Du/a;/  et  Binchois. 

Car  ilz  ont  nouvelle  pratique 

De  faire  frisque  concordance 

Eu  haulteeten  basse  musique. 

En  fainte,  en  pause  et  en  niuaiice, 

El  ont  prins  de  la  contenance 

Angloise  et  ensuy  Punsiable; 

Pour  quoy  merveilleuse  playsimce 

Rend  leur  chant  joyeux  et  stable. 

Des  découvertes  nouvelles  sont  enfin  venues 
dissiper  nos  doutes  concernant  la  patrie  de  Bin- 
chois, fixer  le  temps  précis  où  il  vt-cut,  et  nous 
faire  connaître   quelle  fut  sa  position.  Gilles  de 

(1)  La   preniière  édition  de  cet  ouvrage  sans  date  (in 
fol.,  Gotti.),  est  sortie  (suivant  l'opinion  de  Bruiiet  dans 
son  Atanuel  du  libraire,  t.  2,  p.    50)   des  presses   de  Vé- 
rard,  de  Paris,  de  1490  à  1H09. 

(2)  Noms  de  trois  musiciens  compositeurs  du  quatorzième 
siècle  qui  n'ont  été  connus  d'aucun  historien  de  la  must- 
que. 

27 


418 


BINCHOIS 


Jlins  (Binciie,  petite  ville  du  Ilairiaut),  dit  Bln- 
chois,  est  le  second  chapelain  de  la  cliapelie  de 
Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne  ,  d'après  un 
<'t;it  <le  celte  chapelle  dressé  en  1452  (Registre 
II''  1921,  fol.  yii^^  ij  (142)  de  la  chamhre  des 
comptes,  au\  archives   du  royaume  de  Belgique, 
à  Bruxelles).  J'ai  exposé  dans  la  première  édi- 
tion de  cette  biographie  les  motifs  qui   me  fai- 
saient considérer  ce  musicien  comme  Français, 
et  même  comme  Picard  de  naissance  ;  mais  toutes 
les  conjectures  disparaissent  en  présence  des  faits 
authentiques.  Biuchois  était  Belge  ;  il  était  né  dans 
iine  ville  de  l'ancienne  Belgique  proprement  dite, 
dont  le  nom    sous  lequel  il  est  connu  est  l'indi- 
cation, et  conséqiiemment  il  était  compatriote  de 
Dutay.  De  plus,  il   fut  chapelain-chantre  au  ser- 
vice du  prince  souverain  de  sa  patrie.  Tels  sont 
les  premiers  faits  établis. 

On  vient  de  voir  que  la  position  de  Binchois 
étaitcellede  second  chantre  de  lachapelle  de  Phi- 
lippe le  Bon,  en  1452.  Dans  l'état  de  cette  cluipelle 
dressé  en  la  môme  année,  le  premier  chapelain 
est  Messire  Nicolas  Dupuis,  etlonvoitligureren 
(jualrième,  dans  la  listcde  Ces  chapelains-chantres, 
Jehan  de  la  Tour,  qui  était  maître  des  enfants 
(le  chœur  de    la  même  chapelle  dès  1427.   Or, 
Binchois  l'avait  certainement  précédé;  car,  dans 
tous  les  états  de  chapelles  souveraines  que  j'ai  vus 
en  Belgique,  en  France  et  en  Allemagne,  la  po- 
siliondes  chapelains-chantres  est  établie  par  ordre 
d'ancienneté.  On  peut  donc  affirmer  que  Binchois 
était  an  service   de   la    chapelle  des    ducs  de 
Bourgogne  dès  1425.  D'ailleurs,  il  existe  un  do- 
cument qui  prouve  sa  présence  dans  celte   cha- 
pelle longtemps  avant  1452.  Ce  document  est  une 
pièce  signée  par  Philippe  le  Bon,  par  laquelle  ce 
prince  accorde  à   Binchois  une  prébende  à   l'é- 
glise Sainte-Waudru,  de  Mons,  et  le  dispense 
d'acquillcr  les  droits  du  sceau.  M.  Pinchart,  em- 
ployé des  archives  du  royaume  de  Belgique,  qui 
a  fait  la  découverte  de  cette  pièce,  en  fixa  la  date 
entre  1438  et  1440,  par  des  motifs  qu'il    serait 
trop  long  de  détailler  ici  (1). 

Binchoi:!,  contemporain  de  Dufay ,  mais  qui 
était  plus  jeune  que  lui,  ne  vivait  plus  en  1465, 
car  il  ne  figure  plus  dans  un  étal  de  la  chapelle 
de  Philippe  le  Bon,  dressé  dans  cette  année 
(Registre  n»  19?.2,  fol.  CXXX  recto  de  la  cham- 
bre des  comptes,  aux  archives  du  royaume). 
Il  mourut  donc  entre  1452  et  1464. 


(1)  Cette  piùce  est  ainsi  conçue  :  n  Maistre  Jehan  Hibert  ou 
«  son  clerc,  délivrez  ù  Bincliois,  nostre  chappelain,  une 
«retenue  de  secrétaire  aux  honneurs  et  une  lettre  de  la 
•'  prébende  de  Saincte-Wauldrut  de  Mons,  que  lui  avons 
«  nouvellement  donné,  saiiz  de  tout  ce  prendre  droit  de 
K  socl  (Collection  des  acquits  des  droits  du  grand  sceau. 
Il  au  archives  du  royaume  de  Belgique;.  » 


Un  document  intéressant  découvert  par  le 
savant  archéologue  M.  Slephen  Morelot,  dans 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Dijon  (I) 
nous  fournit  des  renseignements  sur  la  vie  de 
Binchois  qu'on  a  ignorés  jusqu'à  ce  jour.  Ce  do- 
cument eil  une  défloration  sur  la  mort  de  cis 
musicien,  mise  en  musique  à  trois  voix.  Une 
des  voix  chante  des  paroles  latines  qui  se  ter- 
minent par  ces  mots  : 

Pie  Jesu  Domine, 
Dona  ei  requiem. 

Une  autre   voix  fait  entendre   des  paroles  fran- 
çaises, dont   les  plus  remarquables  sont  celles-ci: 

Mort,  tu  as  navré  de  ton  dart 
Le  père    de  joyeuselé 
En  d(^ployant  ton  étendart 
Sur  Binchois,  patron  de  bonté. 


En  sa  jeunesse  il  fut  soudart 
D'hoiwrable  mondanité, 
Puis  a  es]u  la  meilleur  part. 
Servant  Dieu  en  humilité. 

Il  est  donc  avéré  que  Binchois  fut  d'abord 
soldat,  et  qu'il  embrassa  plus  tard  l'état  ecclé- 
siastique. Tout  chantre  d'église  était  prêtre  au 
tenifis  où  il  vécut,  et  tout  compositeur  était 
chantre.  L'épithète  Père  de  joyeuselé  indique 
qu'il  était  le  plus  habile  compositeur  de  chan- 
sons de  sou  époque;  et  patron  de  bonté  no 
laisse  pas  de  doute  sur  l'excellence  de  son  ca- 
ractère. 

Les  citations  honorables  des  noms  de  Bin- 
chois, de  Dufay  et  de  Dunstaple,  par  les  musi- 
ciens savants  des  quinzième  et  seizième  siècles, 
ne  sont  pas  les  seuls  témoignages  que  nous 
ayons  de  la  grande  réputation  dont  ils  ont  joui 
parmi  leurs  contemporains  ;  car  plusieurs  lit- 
térateurs et  poètes  les  ont  cités  en  des  termes 
qui  prouvent  la  popularité  de  leur  nom. 

Jusqu'à  l'époque  présente ,  on  n'avait  pas 
trouvé  dans  les  manuscrits  de  compositions  de 
Binchois.  Un  seul  fragment  très-court,  à  deux 
parties,  rapporté  par  Tinctoris,  était  tout  ce  qu'on 
connaissait  de  lui;  mais  au  mois  de  novembre 
183'(,  un  manuscrit  précieux  a  été  vendu  avec 
la  bibliothèque  de  M.  Reina ,  de  Milan,  chez 
M.  Silvestre,  libraire  de  Paris,  et  ce  manuscrit, 
indiqué  au  numéro  1350  du  catalogue  sous  ce 
titre  :  Chansons   italiennes,  provençales  et 

(i)  Voyez  sa  Notice  sur  vn  manuscrit  de  la  Biblio- 
tliéque  de  Dijon,  contenant  deux  cents  chansons    fran 
çaises  du  quinzième  siêde.  Dijon,  1856,  ia-i". 


BINCHOIS  —  BINDERNAGPX 


119 


frfinçaise.i,  vùscs  en  musique  (petit  in-folio 
cartonné,  de  lli)  reuillels,  Mss.  du  quinzième 
siècle),  renferme,  dit-on,  des  chansons  à  trois 
voix,  de  Binciiois.  Un  autre  manuscrit,  vu  et 
collationné  par  MM.  Danjou  et  Moreiot  à  la 
bibliothèque  du  Vatican,  à  Rome,  en  1847,  ren- 
ferme un  bon  nombre  de  chansons  et  do  motets 
à  trois  voix,  lesquels  portent  les  noms  de  Duiis- 
taple  et  de  Binchois.  Kiesewetter  a  publié,  dans 
son  livre  sur  la  destinée  et  la  nature  de  la  musi- 
(|uc  mondaine  dans  le  moyen  âge  (1),  la  tra- 
duction en  notation  moderne  d'une  chanson  à 
trois  voix  de  Binchois,  qui  commence  i>ar  ces 
mots  :  Ce  mois  de  mai.  Bien  que  je  ne  con- 
naisse pas  l'original,  je  n'hésite  pas  à  déclarer 
cette  traduction  mal  faite  et  remplie  de  fautes,  car 
les  horreurs  inharmoniques  qui  s'y  tiouvent  n'ap- 
partiennent plus  au  temps  de  Dufay  et  de 
Binchois.  Kiesewetter  n'entendait  rien  à  la  no- 
tation noire  du  quatorzième  siècle  et  <hi  com- 
mencement du  quinzième.  Il  a  pris  pour  des 
notes  réelles  les  ornements  du  chant  appelés 
appogialnres  et  groupes  {gnipelti) ,  et  les  a 
fait  entrer  dans  l'harmonie,  où  ils  produisent 
des  effets  affreux.  J'ai  découvert  depuis  peu, 
dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  royale  de 
Bruxelles,  une  messe  entière  à  trois  voix  de  Bin- 
chois, avec  un  Kyrie  farci.  Ce  monument  inté- 
ressant sera  publié. 

LtlNUER  (Chrétien-Sigismond),  organiste  de 
la  cour  à  Dresde,  naquit  dans  un  village  de  la  Saxe 
inférieure  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Il  fut  d'abord  élève  de  Hebenslreit,  et  se 
livra  à  l'étude  du  pantalon,  instrument  fort  dif- 
ficile, inventé  par  son  maître.  Plus  tard ,  il  l'a- 
bandonna pour  l'orgue  et  le  clavecin,  où  il  ac- 
quit beaucoup  d'habileté.  En  1759,  il  publia  six 
sonates  pour  le  clavecin,  et  quatre  ans  après, 
six  trios  pour  le  môme  instrument,  avec  accom- 
pagnement de  violon  :  ce  sont  les  seuls  ouvrages 
de  sa  composition  qui  ont  été  imprimés;  mais 
on  connaît  en  manuscrit  vingt -quatre  sona- 
tes, quelques  fugues  et  dix-huit  concertos  pour 
clavecin,  avec  accompagnement  d'orchestre.  Ce 
musicien  est  mort  en  1788. 

BINDER  (AuGUSTE-SnîiSMCND),  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Dresde,  en  1761,  fut  élève  de  son 
père  pour  l'orgue  et  la  composition.  En  1783,  il 
fut  nommé  organiste  à  Neustad t,  et ,  six  ans 
après,  il  succéda  à  son  père  dans  la  place  d'orga- 
niste de  la  cour  à  Dresde.  11  a  écrit  des  sonates 
pour  le  clavecin,  des  cantates  et  de  la  musique 
religieuse;  mais  il  n'a  rien  fait  imprimer. 

(1)  Sckicksale  und  Beschaffenheit  der  iveltlichen  Cesan- 
ges  vom  FrUhen  Mittelalter,  elc,  n°  16  des  exemples  de 
musique. 


Un  autre  fils  de  Cbrétien-Sigismond  lî'ndcr, 
nommé  Charles-WiUu'lm,  naquit  à  Dresde  en 
I7G4,  et  fut  fabricant  d'instruments  de  musique 
à  Weimar.  11  s'était  fait  de  la  réputation  dans 
la  facture  des  liarfies. 

BINDEU  (Je\n-Frédértc),  baron  de  Krie- 
c.ELSTEiN,  mort  à  Vienne  le  4  juin  1790,  est 
conim  par  des  écrits  philosophiques,  qui  ont  été 
réunis  et  publiés  à  Prague  en  1783,  2  vol,  in-S". 
On  a  aussi  de  lui  un  petit  ouvrage  très-ori- 
ginal, inconnu  à  Forkel  et  à  tous  les  bibliogra- 
phes musicaux,  lequel  a  pour  titre  :  Die  wan- 
(Icningen  Génies,  oderivûnderbare  Fata  eines 
Schauspielers ,  Dichters,  und  Componisten 
(Les  génies  voyageurs,  ou  destinées  singulières 
d'un  comédien,  d'un  poète  et  d'un  compositeur). 
Vienne,  1782,  in-St^  de  128  pages. 

BINDER  (Cn.\RLEs),  compositeur,  fut  d'a- 
bord directeur  de  musique,  puis  devint  chef 
d'orchestre  du  théâtre  de  Josephsiadt  à  Vienne, 
en  1839.  Après  avoir  rempli  ces  fonctions  pen- 
dant huit  ans,  il  renonça  à  sa  place  et  se  rendit  à 
Hambourg,  où  il  ne  resta  que  six  mois,  ayant 
été  choisi  pour  diriger  l'orchestre  du  théâtre  de 
Presbourg  à  la  fin  de  1847.  il  a  écrit  la  unisique 
de  plusieurs  mélodrames  pour  le  théâtre  de  Jo- 
seplistadt,  une  scène  caractéristique  intitulée  :  Der 
Wiener  Schusterhut ,  le  petit  opéra  Die  drei 
Wittfraiien  (Les  trois  veuves) ,  un  opéra-vau- 
deville qui  avait  pour  titre  Purzel,  ainsi  que 
l'ouverture  et  les  chœurs  du  drame  intitulé 
Elrnar.  Les  jouinaux  de  l'époque  ont  accordé  des 
éloges  au  talent  déployé  par  le  compositeur  dans 
ces  ouvrages.  On  connaît  aussi  de  Binder  des  psau 
mes  à  grand  orchestre,  et  des  chants  à  voix 
seule  avec  piano,  publiés  à  Vienne,  chez  lias- 
linger. 

BINDER  (JosF.pH-SÉBASTfEN),  né  à  Prague 
en  1792,  eut  en  Allemagne  la  réputation  d'un  té- 
nor distingué.  Il  débuta  au  théâtre  de  sa  ville 
natale  en  1818,  et  y  chanta  avec  succès  pendant 
dix  années.  Engagé  au  théâtre  de  Berlin,  en 
1829  ,  il  n'y  resta  qu'un  an;  puis  il  se  fit  enten- 
dre à  Weimar,  à  Mannheim,  et  entra  au  tliéâ- 
tre  impérial  de  l'Opéra  allemand  de  Vienne,  à 
la  fin  de  1830.  L'affaiblissement  de  sa  voix  l'o 
hligea  à  quitter  la  scène  en  1842,  et  à  acceptei 
les  places  de  professeur  de  l'association  de  cbaflt 
à  Pesth  et  de  l'école  du  théâtre  de  cette  ville.  Il 
mourut,  jeune  encore,  le  5  juin  1845,  suivant  les 
Gazettes  de  musique  de  l'Allemagne,  ou  le  15  du 
même  mois,  selon  Gassner  (Universal  Lexikon 
der  Tonkunst).  La  femme  et  la  fille  de  Binder 
(Élise)  furent  attachées  au  théâtre  de  Prague 
comme  cantatrices. 

BINDERNAGEL  (Joseph),   musicien  al- 

27. 


42f) 


BINDERNAGEL  —  BINl 


l('ni.in<l  et  professeur  de  musique  à  Paris ,  vers 
la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  dans 
cette  ville  ••  —  l°  Grande  sonate  pour  le  vio- 
lon avec  accompagnement  de  basse,  op.  2, 1799  ; 
—  2°  Trois  duos  concertants  pour  deiix  violons, 
op.  4,  1800;—  3o  Trois  sonates  avec  accompa- 
gnement de  basse,  op.  5.  Il  ne  faut  pas  confondre 
ce  musicien  avec  un  autre  du  même  nom,  qui 
fut  élève  de  Georges  Benda  ;  celui-là  fut  cantor 
dans  un  village  de  la  Thuringe,  et  a  composé  une 
année  entière  de  musique  d'église  sans  accompa- 
f^nement,  et  un  oratorio  intitulé  :  Die  Auferste- 
hung  Jesu  (La  résurrection  de  Jésus).  Il  est 
mort  vers  1803.  lly  eut  aussi,  vers  1800,  à  Gotha, 
un  facteur  de  harpes  et  de  guitares  du  même 
nom.  ToU'*  ces  artistes  paraissent  avoir  été  de  la 
même  famille  et  Être  nés  à  Gotha  ou  dans  les 
environs. 

BING  (Jacques),  compositeur,  aveugle  de 
naissance,  naquit  à  Eschenbach,  dans  le  royaume 
(le  Wurtemberg,  le  16  juillet  1821.  A  l'âge  de 
sejit  ans  il  entra  à  l'institut  des  aveugles  à  Fri- 
boiirg  en  Brisga\i ,  où  l'on  prit  soin  de  son  édu- 
cation. Ses  rares  dispositions  pour  la  musique 
s'étant  bientôt  manifestées,  on  lui  (it  commencer 
l'étude  de  cet  art,  et  quelques  années  de  travail 
suflirent  pour  lui  faire  acquérir  de  l'habileté  sur 
le  piano  et  sur  le  violon.  A  l'âge  de  douze  ans, 
il  avait  déjà  produit  de  petites  compositions  qui 
annonçaient  du  génie.  Trois  ans  après  il  écrivit 
une  ouverture  à  grand  orchestre,  et  une  messe 
f  solennelle  qui  fut  exécutée  dans  l'église  de  la 
cour,  le  29  août  1836,  à  l'occasion  du  jour  de 
naissance  du  grand  duc  de  Bade.  Dans  un  court 
espace  de  temps  il  produisit  deux  trios  et  qua- 
tre quatuors  pour  des  instruments  à  cordes,  trois 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  deux  noc- 
turnes et  deux  caprices  pour  le  piano,  neuf  lie- 
der  à  voix  seule  avec  piano,  et  huit  chants  reli- 
gieux à  quatre  voix.  Un  caractère  d'originalité 
règne  dans  ces  productions,  dont  on  n'a  imprimé 
que  quatre  lieder  avec  piano,  chez  Heckel,  à 
Mannheim,  et  deux  nocturnes  pour  piano,  chez 
Schott,  à  ISIajence.  Cette  heureuse  organisation 
s'est  éteinte  axKint  le  temps;  car  la  mèredeBing 
ayant  cessé  de  vivre  en  1840,  il  en  eut  un  chagrin 
si  profond,  que  sa  santé  s'alléra  rapidement;  une 
maladie  de  poitrine  se  déclara,  et  le  1 7  avril  1 84 1 ,  il 
expira,  n'ayant  pas  encore  atteint  l'âge  de  vingt  ans. 
BINGIIAM  (Joseph),  né  en  1667,  à  Wake- 
fteld,  dans  le  Yorkshire,  fit  ses  études  à  Oxford, 
et  fut  pasteur  à  Headburn-Worty,  près  de  Win- 
chester. Il  mourut  en  1723,  par  suite  d'un  excès 
de  travail.  Dans  ses  Origines  ecclésiastiques, 
publiées  en  anglais,  et  <Iont  la  seconde  édition 
a  paru  à  Londres  en  1726  (2  vol.  in  folio),  tra- 


duites ensuite  en  latin  par  J.  H.  Grichow.  avec 
les  notes  de  J.  François  Budée;  Halle,  1724-38, 
11  vol.  in-4°,  il  a  traité  (livre  III,  ch.  VII) 
de  Psalmistis  seu  Cantoribus.  Il  y  démontre 
par  une  foule  de  passages  des  Pères  de  l'Église, 
que  l'orgue  n'était  point  en  usage  dans  les  assem- 
blées religieuses  des  premiers  clirétiens,  et  que 
le  mot  organa  signifie,  non  des  orgues,  mais  en 
général  les  instruments  de  musique  des  Hébreux. 

BINGLEY  (Le  Révérend  William),  mi- 
nistre anglican,  né  dans  la  .seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  vivait  à  Londres  vers  1802. 
Il  a  publié  sous  le  voile  de  l'anonyme  un  livre 
qui  a  pour  titre  :  Musical  Biographij ,  or  Mc- 
nuiirs  oj  the  lives  and  ivritings  of  Ihe  most 
eminent  musical  composers  and  writters  icko 
hâve  jlourished  in  the  différent  countries  of 
Europa  during  the  last  three  centuries  (Bio- 
graphie musicale,  ou  Mémoires  de  la  vie  et  des 
œuvres  des  compositeurs  et  écrivains  les  plus 
éminents  qui  ont  vécu  dans  les  diverses  contrées 
de  l'Europe  pendant  les  trois  derniers  siècles). 
Londres,  Henri  Colburn,  1814,  2  vol.  in-8o.  L'au- 
teur de  ce  livre  dit  dans  la  préface  qu'il  l'a 
commencé  pour  son  propre  amusement,  et  qu'il 
a  employé  douze  années  à  sa  rédaction.  La  plus 
grande  partie  de  cet  ouvrage  est  empruntée  aux 
histoires  de  la  musique  de  Hawkins  et  de  Burney  ; 
cependant  il  s'y  trouve  des  notices  (jui  ont  été 
faites  d'après  des  mémoires  originaux.  Bingley 
n'a  point  adopté  l'ordre  alphabétique  pour  son 
ouvrage,  mais  l'ordre  chronologique. 

BIIMÏ  (Pasqualino),  né  à  Pesaro,  vers  1720, 
un  des  meilleurs  élèves  deTartini  pour  le  violon, 
entra  dans  l'école  de  ce  virtuose  à  l'âge  de  quinze 
ans,  sous  la  protection  du  cardinal  Olivieri.  Il  y 
travailla  avec  tant  d'ardeur,  qu'au  bout  de  trois 
ou  quatre  ans  il  parvint  à  se  familiariser  avec 
toutes  les  drfficullés  que  présentent  les  com- 
positions de  Tartini.  Lorsque  ses  études  musi- 
cales furent  terminées,  le  cardinal  Olivieri  le  fit 
venir  à  Rome,  où  il  étonna  tous  les  professeurs 
par  la  hardiesse  et  la  pureté  de  son  jeu.  On  dit 
que  Montanari  fut  si  affecté  de  la  supériorité  de 
Bini,  qu'il  en  mourut  de  chagrin.  Tartini  avait 
beaucoup  d'estime  pour  son  élève  :  Burney 
rapporteà  ce  sujet  {A.  Gen.  hist.  ofmusic,t.  3, 
p.  562)  qu'un  anglais,  nommé  M.  Wiseman,  ayant 
voulu  prendre  des  leçons  de  violon,  s'adressa  à 
Tartini,  qui  lui  indiqua  Bini,  en  lui  disant  :  lo  lo 
mando  ad  un  mio  scolaro  che  suonapiù  di  me, 
e  me  ne  glorio  per  essere  un  angelo  di  costume 
e  religione.  Vers  1757,  Bini  passa  à  Stuttgard, 
comme  maître  dechapelledu  duc  de  Wurtemberg  : 
on  ignore  l'époque  de  sa  mort. 

BINI  (David),  né  à  Pise  vers  1812,  s'est  tait 


BINI  —  BIORDI 


<2f 


connailie  comme  compositeur  par  l'opéra  intitulé 
Ildcgonda,  représenté  sur  le  tliéàtre  de  sa  ville 
natale,  au  mois  de  février  1836.  L'ouvrage  l'ut 
accueilli  avec  entlionsiasuic  par  les  concitoyens 
de  l'auteur;  néanmoins  ce  premier  essai  de  son 
talent  ne  paraît  pas  avoir  été  suivi  d'autres  com- 
positions. 

BION,  surnommé  Borysthenite,  philosophe 
et  sophiste  grec,  naquit  à  Borysthène,  sur  les 
bords  du  fleuve  de  ce  nom.  Il  alla  se  fixer  à 
Athènes,  s'attacha  d'abord  à  Cratès,  et  adopta  la 
philosophie  cynique,  puis  reçut  des  leçons  de 
Théodore  l'athée  et  de  Théophraste  :  il  finit  par 
se  faire  des  principes  qui  n'étaient  ceux  d'aucun 
autre  philosophe.  Il  mourut  à  Chalcis.  Possevin 
le  place  parmi  les  écrivains  sur  la  musique 
(liv.  XV  de  sa  Bibliothè(]ue  choisie,  t.  2,  p.  223), 
et  Gesner  {Biblioth.,  p.  12t  )  cite  un  traité  de 
sa  composition  intitulé  Muslca,  qui  existerait 
dans  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  et  qui 
serait  relié  avec  les  Harmoniques  dePtolémée.  Je 
doute  de  l'existence  de  cet  ouvrage. 

BIONDINI  (Locis),  bon  chanteur  basse,  né 
en  Toscane,  commença  sa  carrière  sur  le  théâtre 
de  Lucques,  en  1821.  En  182.3,  il  était  à  Flo- 
rence, où  il  resta  pendant  trois  ans.  Puis  il  chanta 
à  Milan,  dans  les  années  1826,  27,  28,  et  29. 
Appelé  à  Lisbonne  dans  cette  dernière  année,  il 
y  chanta  pendant  trois  ans,  et  reparut  à  Milan  en 
1833.  L'année  suivante  il  était  à  Modène  et  à 
Bome.  11  resta  dans  cette  dernière  ville  pendant 
les  années  1834,  35  et  36.  La  direction  du  théâtre 
italien  de  Madrid  l'engagea  au  commencement 
de  1837,    et  le  conserva  jusqu'au  printemps  de 

1840.  Alors  Biondini  se  rendit  à  Vérone  et  de  là 
à  Naples,  où   il  chanta  pendant  toute   l'année 

1841.  Peu  de  temps  après,  il  s'est  retiré  de  la 
scène. 

lilO^JI  (Antoine),  compositeur  dramatique, 
né  à  Venise,  en  1698,  y  étudia  le  contrepoint  et 
l'harmonie  sous  la  direction  de  Jean  Porta.  Ses 
premières  productions  furent  l'opéra  de  Climène, 
en  1721,  et  Z7rfine,  en  1722.  Appeléà  Ferrare  au 
printemps  de  1722,  il  y  fit  représenter  un  opéra 
intitulé  Cajo  Mario,  qui  fut  applaudi.  Dans  la 
même  année,  il  écrivit  Mitridate.  En  172-3,  il 
composa  L'Orlando  furioso,  qui  fut  représenté 
à  Bade  en  1724,  et  à  Breslau  en  1725.  Une  troupe 
de  chanleurs  italiens  ayant  été  formée  en  1726 
pour  cette  dernière  ville,  Bioni  l'accompagna  en 
qualité  de  directeur  de  musique  et  de  composi- 
teur. Il  y  déploya  tant  d'aeîivité  que,  dans  l'espace 
de  neuf  années,  il  écrivit  vingt  et  un  opéras,  dont 
quelques-uns,  particulièrement  celui  d'Endi- 
}nione  eurent  beaucoup  de  succès.  Bioni  tenait 
le  premier  clavecin  aux  représentations  ;  le  second 


fut  occupé  successivement  par  D.  Th.  Trcu,  Geor- 
ges-Jean Hoffman.et  G<!bel.  En  1730  Bioni  prit 
la  direction  générale  du  tlx^àtre  italien  de  Breslau, 
mais  .sans  cesser  de  composer.  Sa  réputation  s'é- 
tait étendue  en  Allemagne;  en  1731  l'électeur  de 
Mayence  lui  donna  le  titre  de  compositeur  de  sa 
chapelle.  Deux  ans  après,  la  troupe  de  chanteurs 
italiens  fut  dissoute,  et  Bioni  quitta  Breslau.  Il 
paraît  qu'il  retourna  en  Italie;  cependant  il  y  a 
lieu  de  croire  qu'en  1738  il  était  à  Vienne,  où  fut 
représenté  son  opéra  de  Gtrïta.  Les  ouvrages 
écrits  par  lui  pour  le  théâtre  de  Breslau  sont  :  — 
\°  Armida'abandonaln,  en  1726,  — 1°  Armida 
al  campo  (1726).  —  3o  Endimione,  pastorale 
(  1727  ).  —  4°  Lucio  Ve.ro  (  1727).  —  5"  Ario- 
dante{\in).  —6°  Attale  ed  Arsinoe{M21  ). 

—  7"  Artabano  (1728).  —  8o  Fitindo,  paslo- 
raleeroica  (1728).  — 9°  j\issaed Elpino (1728) . 

—  10°  Merope.  Bioni  ne  fit  que  les  récitatifs  et 
quelques  airs  de  cet  opéra;  le  reste  était  un  pas- 
tiche extrait  des  œuvres  d'Alberti,  Caldara,Treu, 
Finazzi ,  Lotti ,  Menaglietti ,  Porta ,  Vinci ,  et  Vi- 
valdi. —  11"  ia  fede  traditaevendicata  (1729). 

—  120  Engelberla  (  1729).  —  13°  Andromacca 
(  1729).  —  14°  Ercole  sul  Termodonle  (  i730  ). 

—  15°  Lucio  Papirio  (  1731  ).  —  16°  Siroe ,  re 
di  Persia  (1731).  —  il" Silvin  H73{).  —  \8'>  La 
verità  sconosciuta  (1732)  —  19"  Alessandio 
Severo  (1733).  —  20"  VOdio  placato  (1733).  — 
21°  Alessandro  nelC  Indie  (  1733).  —  22°  Une 
sérénade  composée  pour  l'électeur  de  Mayence, 
exécutée  à  Breslau  en  1732. 

BIORDI  (Jean),  compositeur,  né  â  Rome 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle, 
fut  élu  chapelain-chantre  de  la  chapelle  pontifi- 
cale en  1717,  et  se  distingua  par  ses  œuvres  de 
musique  sacrée,  soit  dans  le  style  alla  Palcstrina, 
soitdans  le  style  accompagné.  En  1722  il  obtint  au 
concours  la  place  de  maître  de  chapelle  à  l'église 
Saint-Jacques  des  Es[)agnols,  et  l'emporta  sur 
Porpora.  Voici  comment  l'anecdote  de  ceconcours 
est  rapportée  dans  un  manuscrit  qui  fc  trouve 
dans  la  bibliothèque  de  la  maison  Corsini  alla 
Lungara  :  La  place  de  maître  de  chapelle  étant 
devenue  vacante,  les  administrateurs  résolurent 
d'ouvrir  un  concours  public  le  8  janvier  1721,  et 
l'avis  en  fut  donné  par  les  journaux  du  temps. 
Les  conditions  étaient  d'écrire  une  fugue  à  huit 
voix  improvisée  sur  un  sujet  pris  au  hasard  dans 
un  livre  de  chant  grégorien.  Six  concurents  se 
présentèrent!  ce  furent  Nicolas  Porpora,  Rolli, 
Jérôme  Chili,  Monza,  Califfi  et  Biordi.  Les  six 
pièces  du  concours  furent  envoyés  successivement 
à  Benoît  Marcello,  au  P.  Ferdinand  Luzari,  maître 
de  chapelle  à  S. -François  de  Bologne,  à  Jacques 
Antoine  Perti,  niaïtre  de  S. -Pétrone,  dans  la  même 


^22 


BIORDI  —  BIRCHENSHA 


ville,  et  à  Charles  Baliani,  maîtrede  lacatliédiale 
rie  Milan  :  d'après  l'avis  de  ces  qualres  ni.iîlres, 
la  place  vacante  ftit  donnée  à  Biordi.  Sa  fugue 
se  trouve  dans  la  bibliothèque  de  la  maison  Cor- 
sini.  Les  arcliives  delà  plupart  des  églises  de  Rome 
contiennent  des  ouvrages  de  ce  compositeur,  et 
l'on  en  exécute  encore  à  la  chapelle  pontificale. 
On  trouve  dans  la  collection  de  Tabbé  Santini,  à 
Rome,  les  compositions  de  Biordi  dont  voici  l'in- 
dication :  —  1"  Motteti  e  sahni,  à  4  voci.  — 
T  Miserere  à  deux  chœurs.  —  3°  Lauda  Sion  à 
deux  chœurs.  —  4»  Litanies  à  4  voix.  — 
î)0  Lxtatus  sum  à  6,  composé  pour  la  chapelle 
papale.  —  G»  Christus  factus  est  à  6,  avec  un 
chœur  de  ripieno. 

BIOT  (JiiAis -Baptiste),  de  l'Académie  des 
Sciences,  professeur  de  physique  mathématique 
au  collège  de  France,  de  la  Société  Royale  de 
Londres  et  de  beaucoup  d'autres  sociétés  savantes, 
est.  né  à  Paris  en  i774,  et  a  fait  ses  études  au 
collège  de  Louis  le  Grand.  Au  commencement 
de  la  révolution  ,  il  servit  dans  l'artillçrie,  mais 
il  entra  ensuite  comme  élève  à  I "école  polytechni- 
que. Nommé  professeur  de  matbématiques  à 
Beauvais,  il  occupa  cette  chaire  pendant  quelques 
années  et  revint  à  Paris  en  1800.  En  1816  il  a 
l'ublié  à  Paris  un  Traité  de  Physique  en  A  vol. 
iii-S".  Le  livre  3%  tom.  II,  p.  1—190,  traite  de 
l'acoustique.  Depuis  lors  il  a  donné  un  abrégé 
de  ce  traité  sous  le  titre  de  Précis  élémentaire 
de  Physiqiie  expérimentale,  Paris,  1820,  in-8o, 
dont  la  troisième  édition  a  paru  en  1823,  en 
2  vol.  in-8o.  Il  y  traite  aussi  de  l'acoustique, 
liv.  ."i^,  tom.  1,  p.  350— 4C8.  Ce  livre  est  divisé 
en  10  chapitres  qui  sont  intitulés  :  —  \°  De  la 
production  et  de  la  propagation  du  son.  — 
5"  De  la  perception  et  de  la  comparaison  des 
sons  continus.  —3°  Vibrations  des  cordes  élas- 
tiques.—  4°  Approximations  usitées  en  musique 
pour  exprimer  les  intervalles  des  sons:  néces- 
sité d'altérer  la  justesse  de  ces  intervalles  dans 
les  instruments  à  sons  fixes  ;  règles  de  ce  tempe- 
rament.  —  i>°  Exposition  des  divers  procédés 
qu'on  peut  employer  pour  mettre  les  corps  so- 
lides dans  l'étal  de  vibration  sonore  ,  et  pour 
constater  la  natiire  des  mouvements  qu'ils  exé- 
cutent lorsqu'ils  se  trouvent  dans  cet  état.  — 
6"  Vibrations  des  verges  solides,  droites  ou 
courbes.  —  7°  Vibrations  des  corps  rigides  où 
flexibles  agités  dans  toutes  leurs  dimensions. 

—  8°  Des  instruments  à  vent.  —  9°  Sur  la 
communication  des  mouvements  vibratoires. 

—  10°  Organes  de  l'ouïe  et  de  la  voix.  Ce  livre 
est  un  bon  résumé  des  connaissances  acquises 
sur  ces  divers  objets;  mais  il  n'a  pas  fait  faire  un 
seul  pas  t>  la  science,  et  bien  des  choses  y  reposent, 


quant  à  la  musique,  sur  les  ba.ses  d'une  fausse 
théorie,  comme  je  le  ferai  voir  ailleurs.  On  doit 
aussi  à  M.  Biot  •  —  lo  Théorie  mathématique 
de  la  propagation  du  son  :  dans  le  Bulletin  des 
Sciences,  prairial  an  x  (mai  1802).  —  2°  Expé- 
riences sur  la  vitesse  du  son  ;  elles  sont  consi- 
gnées dans  les  Mémoires  de.  la  Société  d'Arcueil, 
t.  2,  p.  403 —  3"  Expériences  sur  la  propaga- 
tion du  son  à  travers  les  corps  solides,  da7is 
l'air,  et  dans  les  tuyaux  cylindriques  très- 
atlongés  (Journal  des  Mines,  t.  xxiv,  1808).  — 
4°  Sur  le  jeu  des  anches  (Nouveau  bulletin  des 
Sciences,  juillet  1816  ).  —  5°  Remarques  sur  les 
sons  que  rend  un  même  tuyau  d'orgue  rempli 
successivement  par  différents  gaz.  (Idem,  no- 
vembre 1816).  —  6°  Expériences  sur  les  sons 
des  tuyaux  cylindriques  qui  contiennent  deux 
gaz  superposés  (Annales  de  physique  et  de 
chimie,  t.  vu,  1817  ). 

BlOW  (Henri),  amateur  de  musique,  né  à 
Christiana,  en  Norwège,  est  auteur  d'une  Es- 
quisse biograjihique  du  violoniste  Ole-Bull,  qu'il 
a  publié  sous  ce  titre  :  Ole  Bull.  Eine  biogra- 
phische  S/iisse  von  //.  Bihw ;  Hambourg,  J.  C. 
S.  Witt,  1838,  in  80    de  28  pages. 

BmCIIEl\Sll.\  (Jean),  musicien  né  en 
Irlande,  résida  d'abord  à  Dublin,  dans  la  mai- 
son du  comte  de  Kilnare  ;  mais  après  la  rébellion 
de  1641,  il  se  rendit  à  Londres,  où  il  enseigna 
à  jouer  de  la  viole.  Burney  le  représente  comme 
lui  charlatan  qui  était  bien  loin  de  posséder  la 
science  musicale  dont  il  se  vantait  {voy.  General 
history  of  imisic,  t.  3,  p.  472).  Il  lit  paraître, 
dans  les  Transactions  Philosophiques  de  1672 
une  pompeuse  annonce  d'un  livre  qu'il  intitulait  ; 
Syntugma  Musicx  ,  treating  of  music  philo- 
sophically,  malhematically  and  practically, 
et  qui,  selon  lui,  était  supérieur  à  tout  re  qui 
existait  dans  la  littérature  musicale;  mais  cet 
ouvrage  n'a  point  paru.  En  1664,  il  |)ubiia  à 
Londres  une  traduction  anglaise  de  l'Elemcntate 
Musicum  d'Alsf.ed,  sous  ce  titre  Templum  vai- 
sicum,  or  the  musical  synopsis  ofthe  learned 
and  fumons  J .  H.  Alstedius.  Ilawkins  lui  attri- 
bue aussi  un  petit  traité  de  composition  en  une 
feuille  d'impression,  intilidé  :  Rules  and  direc- 
tions for  composing  in  parts;  mais,  sans  indi- 
quer le  lieu  ni  la  date  de  l'impression.  J'ignore  si 
ce  petit  écrit  était  le  prospectus  d'un  autre  ou- 
vrage de  Birchensha,  dont  le  manuscrit  original 
a  |)our  titre  Rules  of  composition  (Règles  de  la 
composition).  Ce  volume  appartenait  en  1695 
au  violoniste  Corbett,  dont  il  porte  la  signature  ; 
puis  il  passa  en  la  possession  du  comte  do  Do- 
négall,  dont  les  armes  sont  sur  le  voUnne  Plus 
tard,  il  fut  acquis   par   MM.  Calkin  et  lîudd,  li- 


RIIICIIENSIIA    —  BIRNBACH 


423 


biairos  et  inaiclidiuls  de  musique  ancienne  à 
Londres,  de  qui  je  Kai  arliete  on  1851.  La  valeur 
scientiliqiiede  ces  règles  de  compo«ilion  est  nulle. 
Birclienslia  a  placé  aussi  une  préface  en  tête  de 
ÏEssa'j  (o  advancement  of  music,  de  Salmon, 
Londres,  1672. 

CIRCHERODA  (Je\n),  professeur  de  tliéo- 
logie,  naquit  à  Bircherod  en  Zélande,  en   1023, 
et  en  prit  son  nom  :  il  mourut  à  Copenhague  en 
1683.  Il  a  donné  quelques  renseignements  sur  la 
musique  des  anciens  dans  son  ouvrage  intitulé  : 
Exercitalio  de  ludis  gymnicis  ,  prxcipue  de 
certaminibus  olympicis.  Copenhague,  1635,  et 
1664  in-4''. 
BIRD  (Wiluam)  :  Voyez  BYRD. 
BIRKEIVSTOCK  (Jean-Adam),  maître  de 
chapelle  à  Eisenach,  naquit  à  Alsfeld,  le   19  fé- 
vrier 1Ô87.  En  1700,  il  suivit  son  père  à  Cassel, 
et  y  étudia  la  musique  pendant  cinq  ans  sous  la 
direction  du  maître  de  chapelle  Rugieri  Fedeli. 
Ensuite  ie  Landgrave  l'envoya  à  Berlin,  où  il  prit 
pendant  un  an  des  leçons  de  Volumier;  puis  il 
alla  à  Bayreuth  pour  y  perfectionner  son  talent 
sur  le  violon  auprès  de  Fiorelli,  et  enfin,  en  1708, 
à  Paris,  pour  y  terminer  son  éducation  musicale. 
De  retour  à  Cassel,  en  1709,  il  fut  nommé  mu- 
sicien de  la  cour,;  en  1721,  on  lui  donna  le  titre 
de  piemier  violon  solo,   et  en  1725,   celui  de 
maître  des  concerts.  Quelques  années  aupara- 
vant cette  dernière  date,  il  avait  fait  un  voyage 
à  Amsterdam,  y  était  resté  sept  mois,  et  y  avait 
puhli('!  son  premier  œuvre  de  sonates.  Pendant  la 
vie  du  duc  de  Hesse-Cassel  Birkenstock  jouit  de 
sa  faveur;  mais  ce  prince  étant  mort  en    1730, 
on  n'eut   plus  pour  lui   les  mêmes  égards,   ce 
qui  le  détermina  à  entrer  au  service  de  la  cha- 
pelle d'Eisenach.   11  mourut  dans  celte  ville  le 
26  février  1733.  On  a  de  ce  musicien  -.  i"  douze 
sonates  pour  violon  seul  et  basse  continue  ;  Ams- 
terdam,  1722.  —  2°  Douze  idem  ;  ibid.,  1730. 
—  3"  Douze  concertos  à  quatre  violons  obligés, 
alto,  violoncelle,  et  basse  continue  ;  ibid.,  i730. 
BIRNBACH  (Charles-Joseph)  ,  naquit  en 
1751,  au  village  de  Kœpernick,  près  de  Neisse. 
Ses  parents  l'envoyèrent  à  l'école  du  village  ;  les 
progrès  de  Birnbach  dans  la  musique  furent  ra- 
pides, et  à  l'âge  de  dix  ans  il  fut  en  état  d'aller  faire 
des  études  plus  fortes  au  gymnase  de  Neisse.   Il 
donnait  déjà  des  leçons  de  musique;  par  son  zèle 
et  par  son  économie  il  amassa  une  somme  assez 
considérable  |)our  pouvoir  faire  reconstruire,  à 
l'âge  de  quinze  ans,  la  petite  maison  de  ses  pa- 
rents, qui  avait  été  détruite  par  un  incendie.  Tou- 
ché de  ce  trait  de  piété  filiale,  le  maître  de  cha- 
pei.e   Dittersaorf  se  chargea  de  perfectionner  le 
(aient  du  jeune  artiste  sur  le  violon  et  dans  la 


composition.  Après  avoir  quitté  le  gymnase,  Biin- 
bach  serendità  Breslau,  et  entra  dans  la  musique 
du  comte  de  Hoym,  où  il  cul  de  fréquentes  occa- 
sions d'augmenter  ses  connaissances  en  musique. 
Quelques  années  après,  il  entra  à  la  cour  de  l'ar- 
chevéqne,  oùonlui  confia  un  emploi  pour  toute  sa 
vie.  Ce  fut  vers  cette  éi>oque  qu'il  se  maria  avec 
CarolineGuillelmini!  Rœhn,  dont  il  eut  quinze  en- 
fants.  A  la  mort  <le  rarclievôque ,   le  5  janvier 
1795,  la  place  de  Birnbach  fut  supprimée  comme 
inutile  :  il  intenta  nn  procès  au  prince  de  Hohen- 
lobe  Bartenstein,  héritier  de  l'archevêque,  [lour 
l'exécution  du  contrat  qu'on  avait  fait  avec  lui; 
mais,  bien  qu'il  eût  gagné  sa  cause  aune  première 
juridiction,  ce  procès  ne  fut  jamais  jugé  défini- 
tivement,   et  Birnbach    perdit  une  somme  de 
5500  thalers  (environ  20,000  franco)  qui  lui  était 
due  légitimement.  Pendant  plusieurs  années,   il 
n'eut  d'autre  ressource,  pour  nourrir  sa   nom- 
breuse  famille,   que  de  donner   des  leçons  de 
musique  à  Berlin.    Son    talent   distingué  sur  le 
violon  le  fit  admettre  à  la  chapelle  royale;  mais 
en  1803,  il  quitta  Berlin  pour  aller  avec  son  (ils 
Henri  à    Varsovie,  où     il  s'établit,    après  avoir 
obtenu  une  pension  de  300  thalers.  Bientôt  mé- 
content desa  nouvelle  situation,  il  la  quitta  encore 
pour    être  directeur  de  musique  au  théâtre  alle- 
mand de  Breslau.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  des 
avantages  de   celte   place,  car  il  meurut   le  29 
mai  1805.' 

Birnbach  a  écrit  beaucoup  de  musique.    On 
connaît  de  lui  vingt   quatuors    pour  le  violon, 
plusieursquintettes  pour  des  instruments  à  cordes, 
dix  concertos  pour  le  violon,  quinze  solos  pour 
le  même  insfrument,  dix  symphonies  pour  l'or- 
chestre, seize  concertos  pour  le  piano,   vingt- 
cinq  sonates  pour  le  même  instrument,  avec  et 
sans  accompagnement,  plusiems  cantates  et  ora- 
torios, plusieurs  messes,  et  deux  opéras,  Sapliira 
et  La  Femme  du  pécheur,  composés  pour  le 
théâtre  de  Breslau.  De  tout  cela,  on  n'a  gravé  que 
trois  quintettes ,  cinq  concertos  pour  le  piano, 
quelques  sonates,  et  douze  airs  avec  accompa- 
gnement de  piano.  Le  premier  ouvrage  de  Birn- 
bach qui  fut  imprimé  est  un  concerto  pour  le 
piano,  avec  orchestre  :  il  parut  à  Breslau  en  1783. 
BIRJXBACH  (Henri-Auguste),  (ils   du  pré- 
cédent, est  né    à    Breslau    en    1788.  Quoiqu'il 
fût  catholique,  il   commença  son  éducation  à 
l'école  réformée.  En  1792,  il  partit  pour  Berlin 
et  y  commença   l'élude  du  piano  et  du  violon- 
celle. Dix  ans  après,  il  se  rendit  à  Vienne,  où  il 
fut  placé   au    théâtre  de   l'Opéra,  comme   vio- 
loncelliste. Là,  il  perfectionna  son  latent  snus  la 
direction   d'Antoine    Kraft.  En    1804,  il    entra 
dans  la  chapelle  du  prince  Lubomirsky,  à  Lnnd- 


42^ 


BIRNBACH  —  BIRNBAUM 


«liut,  en  Callicic;  mais  l'ennui  qu'il  éprouvait 
<iaiis  cette  situation  le  ramena  à  Vienne  en  1806. 
Il  y  fut  nommé  violoncelliste  du  lli(^âlie  royal, 
tl  ce  fut  vers  cette  époque  qu'il  publia  neuf 
marches  et  six  airs  varies  pour  la  guitare.  En 
1812,  il  voulut  faire  un  voyage  en  Russie;  mais 
la  guerre  ayant  écliité  pendant  qu'il  traversait 
la  Hongrie,  on  lui  refusa  le  passeport  qu'il  de- 
mandait, et  il  fut  obligé  d'accepter  la  place  de 
premier  violoncelle  du  théâtre  de  Pesth.  Il  pu- 
blia à  cette  époque  deux  pots-pourris  et  des  va- 
riations pour  la  guitare,  six  écossaises  pour  le 
piano,  et  deux  concertos  pour  le  violoncelle, 
avec  accompagnement  d'orchestre.  11  se  maria 
à  Pesth,  retourna  à  Vienne  en  1822,  et  y  resta 
jusqu'en  1824.  Pendant  ces  deux  années,  il  se 
livra  à  l'élude  d'un  nouvel  instrument  appelé 
Chilarra  colV  arco  par  son  inventeur,  Georges 
Staufl'er.  En  peu  de  temps  il  acquit  une  ha- 
bileté remarquable  sur  cet  instrument,  et 
composa  pour  lui  un  concerto  avec  orchestre, 
qu'il  fit  entendre  avec  succès.  En  1825,  il  partit 
pour  Derlin,  où  il  était  appelé  comme  membre 
de  la  chapelle  royale;  il  y  joua  de  sa  nouvelle 
guitare  dans  quelques  concerts,  et  se  (it  applau- 
dir. Depuis  ce  temps,  Birnbacii  a  vécu  tranquil- 
lement à  Berlin.  Son  fils,  âgé  de  huit  ans,  y  a  joué 
avec  beaucoup  de  succès  un  concerto  de  violon 
composé  par  Kreutzer,  dans  un  concert  qui  a 
été  donné    le  5  mars  1827. 

BIRNBACII  (Josepu-Bf-njamin-Henui),  le 
plus  jeune  des  fils  de  Charles-Joseph,  est  né  à 
Breslau  en  1793.  Il  est  connu  généralement 
.sous  le  nom  de  Henri- Birnbach.  Lorsqu'il  eut 
atteint  l'âge  de  sept  ans,  son  père  lui  donna  les 
premières  leçons  de  musique,  et  ses  progrès  fu- 
rent si  rapides,  que  deux  ans  après  il  put  jouer 
des  concertos  de  Mozart  sur  le  piano.  En  1 803, 
il  se  fit  entendre  avec  son  père  dans  un  concert 
à  Berlin  ;  il  partit  ensuite  pour  Breslaii ,  et  y  exé- 
cuta plusieurs  morceaux  avec  succès  dans  des 
concerts  publics,  voyagea,  et  enfin  arriva  à 
Varsovie,  au  mois  de  janvier  1804.  Ayant  perdu 
son  père  l'année  suivante,  il  résolut  de  retourner 
dans  sa  ville  natale,  et  de  s'y  livrer  à  l'enseigne- 
ment. Il  y  vécut  jusqu'en  1813,  époque  où  il 
alla  rejoindre  son  frère  en  Hongrie.  A  Pesth,  il 
joua  pour  la  première  fois  un  concerto  de  .«^ 
compo.sition  qui  lui  valut  sa  nomination  de  di- 
recteur de  musique  de  rO|>éra.  En  1815,  Birn- 
bach retourna  avec  sa  mère  à  Breslau  ;  il  y 
resta  jusqu'en  1821.  Dans  cet  intervalle  il  écrivit 
un  grand  nombre  d'ouvrages  ;  entre  autres  quatre 
concertos  pour  le  piano,  sept  concertos  pour  la 
clarinette,  un  concerto  de  violon,  un  concerto  de 
cor,  un  concerto  de  guitare,  une  symphonie  con- 


certante pour  deux  pianos,  une  symphonie  pour 
l'orchestre,  plusieursouvertures,  six  marches  pour 
la  musique  des  Janissaires,  deux  quintettes  pour 
piano  et  instruments  à  cordes,  trois  sonates 
pour  piano  avec  violon  obligé,  trois  petites  so- 
nates pour  le  piano,  plusieurs  variations  pour 
différents  instruments.  En  1821,  Birnbacli.se  ren- 
dit à  Berlin  :  il  s'y  maria  en  1824.  Plusieurs 
maladies  graves  dont  il  futattaqué  dans  cette  ville 
ne  lui  ont  pas  permis  de  travailler  autant  qu'il 
l'avait  fait  auparavant;  cependant  il  y  a  écrit  un 
grand  quintette  i)our  piano,  plusieurs  airs  et 
une  cantate  pour  quatre  voix  d'hommes,  un 
concerto  de  piano  avec  orchestre ,  un  hymne 
pour  l'académie  de  chant  deZelter,  et,  enfin,  un 
traité  sur  la  théorie  de  la  musique.  Il  a  été  pen- 
dant plusieurs  années  attaché  à  la  rédaction  de 
la  Gazelle  mu>;icale  de  Berlin.  Les  ouvrages  de 
Birnbach  qui  ont  été  publiés  sont  :  1°  Trois  .'so- 
nates pour  le  piano  ;  Breslau,  Fœrster,  et  Leip- 
sick ,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  2o  Six  allemandes 
à  quatre  maiois;  ibid.  —  3°  Quintette  pour 
piano,  violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse, 
Leipsick  ,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  4°  Sonate 
pour  piano  avec  hautbois  ou  violon  obligé  ;  ibid. — 
60  Variations  pour  le  piano  ;  ibid. — 7°  Troisième 
sonate  avec  violon  obligé. — 8"  Thcoretïsch  prak- 
tische  Clavier-schule fur  Anfdnger  (Méthode 
théorique  et  pratique  de  piano  pour  les  com- 
mençants) ;  Berlin,  s.  d.,in-fol.  obi.  —  9"  Der 
Vollkonimene  componisC  (Le  parfait  com|)osi- 
teur)  ;  Berlin,  1832,  Cosmar  et  Krause,  2  vol. 
in-8''.  Cet  ouvrage  est  un  traité  d'iiariuonie  em- 
prunté à  plusieurs  auteurs,  avec  quelques  no- 
tions de  la  forme  des  pièces  de  musique. 

BIRNBAUM  (Jean-  Abraham)  ,  magister  à 
Leipsick,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
a  publié  des  observations    sur   un   passage  du 
Musicien-antique  de  Scheibe,  dirigé  contre  les 
compositions  et  le  jeu  de  J .  S.  Bach  :  Cet  opus- 
cule, de  vingt-deux   pages,  est  intitulé:    Un- 
partheiische  Anmerkuncjen     iiber  eine    be- 
denkliche    Sicile    des    khstischen    Musïcus 
(Observations  impartiales  sur  un    passage  di- 
gne d'attention  du  Musicien-critique),  1738, 
in-8°.  Mitzler  a  inséré  cet  écrit   dans    sa  Bi- 
bliothèque musicale  (t.  I,  part.   4,  p.  62);  on 
le  trouve  aussi  dans  l'un  des  numéros  du   Mu- 
sicien-critique  avec  des   remarques  (p.    833). 
Ces  remarques  furent  publiées  d'abord    séparé- 
ment  par  Scheibe,  à  Hambourg,   1738,   in-8°. 
Birnhaum  y  répondit  dans  un  écrit  de  six  feuil- 
les d'impression,  intitulé:  Verificidi(jung sciner 
unpartheiischen  Anmerkungen  ilbereine  be- 
denkliche,  etc.  (Défense  des  observations  impar- 
tiales, etc.)  ;  Leipsick,  1739,  in-8°. 


KIROLDI  —  RISCHOFF 


425 


BIROLDI  (Euc^.NF.),  liabileconstnicteur  d'or- 
gues, naquit  sur  le  territoire  de  Varèse,  dans  la 
Loinbardie,  le  IG  novembre  1756.  Il  s'est  égale- 
ment distingué  par  l'importance  de  ses  instru- 
ments ,  leur  qualité  de  son,  et  la  variété  de  leurs 
jeux.  La  ville  de  Milan  en  renlermecinq,  savoir  : 
celui  de  Sainte-Marie,  près  do  Saint-Celse;  ctilui 
de  Sainte-Marie-Secrète;  celui  de  Saint-Laurent- 
Majeur;  celui  del  Carminé,  et  celui  de  la  basi- 
lique de  Saint-Ambroise. 

BISACCIA  (...),  un  des  compositeurs  napo- 
litains sortis  du  collège  royal  de  musique  depuis 
1850,  et  qui  ont  essayé  de  se  faire  connaître  du 
monde  musical  par  des  opéras  qui,  malheureu- 
sement ,  disparaissent  de  la  scène  presque  im- 
médiatement après  s'y  être  produits.  On  connaît 
de  M.  Bisaccia  les  titres  desopéras  :  Trenf  artni 
di  mistern,  et  Lo  SolachianeUo  di  Casoria. 

BISCARGUI(GoNZALEz-MAnTiNEz  de).  Votj. 

ViSCAIlGUI. 

BISCd  (Jean),  né  en  1757,  dans  un  village 
|)rès  de  Cologne,  apprit  la  musique  à  laiiiaîtiise 
de  la  cathédrale  de  cette  ville,  se  rendit  à  Paris 
dans  sa  jeunesse,  s'y  fixa,  et  y  donna  des  leçons 
de  solfège  et  de  violon.  Plus  tard,  il  s'établit  à 
La  Rochelle,  comme  professeur  de  musique.  En 
1802, il  y  publiaun livre  sous  c%  {Mv^ -.  Explica- 
tion des  principes  élémentaires  de  la  musi- 
que,  t  vol.  in-4o.  Il  y  a  une  deuxième  édition 
de  cet  ouvrage  imprimée  à  Paris,  avec  les  ca- 
ractères deGodefroi.  On  connaît  aussi  de  Bisch 
deux  suites  de  marches  et  de  pas  redoublés  à  six 
et  dix  parties  ;  Paris,  Imbault. 

BISCHOFF  (Melciuou),  filsd'un  cordonnier , 
né  à  Possneck,  le  20  mai  1547.  fut  d'abord  maître 
d'école  à  Rudolstadt,  en  15C5.  11  devint  ensuite 
cantork  Altenbourg,  puis  diacre  dans  le  lieu  de  sa 
naissance;  pasteur  à  Gceckeuheim  eu  1574;  cinq 
ans  après,  il  s'établit  à  Thundortf,  puisa  Possneck 
pendant  six  ans;  ensuite  il  fut  prédicateur  de  la 
cour  à  Cobourg;  surintendant  spécial  à  Eisfeld,  en 
1597,  et  enfin  surintendant  général  à  Cobourg, 
en  1599.  Il  mourut  dans  ce  lieu,  le  19  décembre 
1614.  Bischoff  est  compté  parmilesbons  composi- 
teurs de  l'Allemagne  pendant  le  seizième  siècle. 
Bodenchatz  a  inséré  un  motet  à  huit  voix  de  sa 
composition,  dans  ses  Florilerjii  Musici.  C'est 
un  morceau  fort  bien  fait. 

BISCHOFF  (JEAN-GEoncEs),  l'aîné,  trom- 
pelle  du  magistrat  d'Anspach,  naquit  à  Nurem- 
berg, en  1733.  Il  fut  considéré  comme  un  des  plus 
habiles  violonistes  de  son  temps.  Outre  le  violon 
et  le  talent  de  trompettiste,  il  était  aussi  très-fott 
sur  la  timbale,  dontil  jouait  souvent  quatre  à  la 
lois.  Il  fut  élève  d'Anderle  pour  le  violon.  En 
1760,  il  quitta  sa  place  d'Anspach  pour  retour- 


ner à  Nuremberg.  On  croit  qu'il  est  auleir  d'un 
concerto  de  violon  qu'on  trouvait  autrefois  ma- 
nuscrit dans  les  magasins  de  musique  d'Alle- 
mn;;nc. 

BISCHOFF  (Jean-Georges),  frère  cadet  du 
précédent,  né  à  Nuremberg,  en  1735,  jouait  du 
violoncelle  et  de  la  trompette.  On.  lui  attribue 
six  solos  pour  violoncelle,  op.  1,  et  un  air  varié 
pour  le  môme  instrument,  qui  ont  paru  à  Amster- 
dam, en  1780. 

BISCHOFF  (Jean-Frédéric),  habile  timba- 
lier, cinquième  frère  des  précédents,  naquit  à  Nu- 
remberg, en  1748.  En  1790,  il  était  à  Anspach 
timbalier  de  la  cour,  delà  garde,  et  du  régiment  du 
cercle  de  Franconie.  Meusel  assure,  dans  son  Dic- 
tionnaire des  artistes  qu'il  jouaitdes  concertos 
sur  dix-sept  timbales  accordées. 

BISCHOFF  (Georges-Frédéric),  est  né  le 
21   septembre  1780,  à   Ellrich,    petite    ville   du 
comté  de  Hohenstein.  Son  père  fut  son  premier 
maître  de  musique,  puis  il  reçut  des  leçons  de 
Welling,  maître  des  concerts  à  Nordhausen,  oti 
il  acheva   ses  humanités  en  ISOfl.  Après  avoir 
passé  deux  ans    à  étudier   la  théologie  à  l'uni- 
versité de  Leipsick,  il  fut  appelé  en  1802  à  Frau- 
kenhausen  en  qualité  de  chantre.  Actif,  ardent  et 
passionné  pour  la  musique,  il   conçut  le   projet 
d'instituer  de  grandes  fêtes  musicale  en  Allemagne, 
<à  l'imitation  de  celles  qu'on  donnait  en  Angle- 
terre. Aucune  difficulté  ne  l'arrêta,  et  le  premier 
essai  de  son  projet  fut  réalisé  à  Frankenliaiisen 
en  1804,  par  la  réunion  de  beaucoup  d'amateurs 
et  de  professeurs  de  musique  des  villes  voisines. 
Mais  ce  fut  surtout  en  1810  qu'il  atteignit  le  but 
qu'il  s'était  proposé  par  l'exécution  de  la  Créa- 
tion du  monde,  de  Haydn,  et  de  plusieurs  autres 
belles  compositions,  sous  la  direction  du  maître 
de  concerts  Fischer,  d'Erfurt.  Bischoff  ne  recula 
pas  "même  devant  le  sacrifice  de  sa  fortune  pour 
fonder  cette  institution;  celle  qu'il  avait  reçue  de 
sa  femme,  bien  que  considérable,  fut  dissipée  à  !a 
réalisation  de    cette  noble  pensée.  Successive- 
ment, par  les  soins  de  cet  artiste  zélé,  Hanovre, 
Quedlinbourg,   Hildesheim ,  Helmstadt,  Bùcke- 
bourg  et  Pyrmont  eurent  leurs  fêtes  musicales,  et 
la  Société  des  bords  de   l'Elbe  fut  constituée. 
Eu  1816,  Bischoff  fut  nommé  directeur  de  mu- 
sique,  cantor  et  instituteur  à  Hildesheim  :  de- 
puis lors,  il  n'a  plus  quitté  cette  situation.  Comme 
compositeur  et   comme  pianiste,  il   mérite   des 
éloges.  On  connaît  de  lui  -.  1°  Grande  polonaise 
(en  ré),  pour  le  piano  ;  Berlin,  Schlesinger.  —  2° 
Variations   sur  des  airs  allemands  ;  Hanovre  et 
Brunswick.  —  3"  Trois  marches  pour  le  piano  ; 
Leipsick,    Hoffmeister.  —  4"  Deux    recueils  do 
soixante  chants  à  plusieurs  voix,  pour  l'instruc- 


426 


BISCHOFF  —  BISHOP 


lion  dps  ^'lèves  des  écoles  publiques  ;  Hanovre, 
Baclinianii.  —  à"  Trois  recueils  de  chants  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano;  Hano- 
vre, Bachmann,  et  Wolfenbùltel,Hermann.  Sur 
la  demande  de  Bisciioff,  le  consistoire  de  Hano- 
vre a  décidé  que  tous  les  élèves  qui  se  destinent 
à  l'étude  de  la  théologie  seraient  obligés  d'ap- 
prendre la  musique  et  le  chant.  Bisciioff  est 
mort  à  Hildesheim,  le  7  septembre  1841. 

BISCHOFF  (Le Docteur  L.-Frédéric-Chri?- 
tien),  fils  de  J.-C.    Bischoff  (musicien  de  la 
chambre  du  duc  d'Anhait-Dessau  et  violoncelliste 
estimé),  est  né  à  Dessau,  le  27  novembre  1794. 
Dès  sa  jeunesse ,  il  s'adonna  avec  ardeur  à  l'é- 
tude des  langues  anciennes.  En  1812,  il  se  ren- 
dit à  l'université  de  Berlin  :  mais,  dans   l'année 
suivante,   le  soulèvement  de  toute  l'Allemagne 
conlre  la  domination  française  l'enleva  à  s.es  étu- 
des; il  entra,  comme  volontaire,  dans  le  régiment 
de  cavalerie  légère  de  la  garde  prussienne  et  fit  les 
campagnes  de  1813  et  de  1814.  Ayant  été  fait  pri- 
sonnier à  Laon,  son  extrême  jeunesse  et   l'éten- 
due de  ses  connaissances  le  firent   bien  traiter 
lar  l'élat-major  de  l'empereur.  Napolc-on  l'inter- 
rogea lui-môme  sur  la  position  du  corps  d'armée 
auquel  il  appartenait;  mais,  sans  trahir  les  inté- 
rêts de  sa  patrie,  Bischoff  se  tira  habillement  de 
ce  pas  difficile.  Après  que  la  paix  eut  été  conclue, 
il  mil  à  i)ro(it  son  séjour  à  Paris  pour  continuer 
ses  études  philologiques ,  qu'il   alla  terminer  à 
Berlin.   Ayant  cultivé  la   musique   avec   succès 
depuis  son  enfance,  il  en  donna  des  leçons  dans 
cette  ville,  et    forma  parmi  ses  condisciples  de 
l'université  une  société  de  concerts  dont  il   fut 
le  directeur.  En  1818,    il  fut  nommé  professeur 
d»^  l'école  cantonale  d'Aarau  ,    en   Suisse;  mais 
il  n'y  resta  que  peu  de  temps,  ayant  été  appelé, 
dans   l'année  suivante ,  au  célèbre  institut   de 
l-ellenberg ,  à  Hofwyl,  près  de  Berne,   en  qua- 
lité d'inspecteur  des  études.  Rappelé  à  Berlin,  en 
1821,  comme    professeur   du  gymnase  (collège) 
rriedrichswerder,   il  en    remplit  les    fonctions 
jusqu'en  1823,   et  ne    quitta  cette  position   que 
pour  aller   prendre  la  direction  du  collège   <le 
Wesel.  Après   vingt-cinq  ans    d'exercice  de  cet 
emploi  supérieur,  M.   Bischoff  demanda  sa  re- 
traite, fut  pensionné,  et  s'établit  à  Bonn,  en  1849. 
Ce  fut  alors  qu'il  conçut  le  projet  de  fonder  un 
Journal  (le  musique  destiné  à  la  mission  qu'avait 
remplie  avec  tant  d'honneur  la  Gazette  générale 
de  musique  de   Lcipsick,     pendant  un    demi- 
siècle,  c'est-à-dire  au  maintien  des  traditions  de 
l'art  classique,  pur  et  grand,  en  opposition  aux 
tendances  novatrices,  aussi   audacieuses  qu'im- 
puissantes, d'une  coterie  dont  \eNeiic  Zeitschrift 
fur  3hisik,  fondé  en   1834  par  Scliumano,  s'é- 


tait fait  l'organe.  Musicien  instruit,  homme  de 
grand  mérite  comme  littérateur,  aimant  l'art 
avec  passion,  et  doué  d'une  grande  vigueur  de 
caractère,  M.  Bischoff  avait  les  qualités  néces-, 
saires  pour  l'œuvre  qu'il  voulait  entreprendre  : 
il  la  réalisa  en  1850  et  fonda  la  Rheinische  Mii- 
sikzeitung  (Gazette  musicale  du  Uhin),  qui  parut 
pendant  trois  ans  à  Cologne  chez  l'éditeur  de 
musique  Schloss.  En  1853,  la  librairie  Dumont, 
ayant  attaché  M.  Bischoff  à  la  rédaction  du 
Journal  de  Cologne,  entreprit  aussi  la  conti- 
nuation de  sa  Gazette  musicale,  qui  prit  dès 
lors  le  titre  de  Niderrheinische  Musikzeitung 
(Gazette  musicale  du  Rhin  inférieur).  Ce  jour- 
nal jouit  à  juste  titre  de  beaucoup  d'estime  en 
Allemagne  ;  l'art  y  est  traité  d'une  manière  sé- 
rieuse, avec  dignité,  et  selon  les  meilleures  doc- 
trines. Depuis  1853,  M.  Bischoff  s'est  fixé  à 
Cologne. 

BISEGHÏIVO  (Jean),  compositeur,  né  à 
Mantoue,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  des  madrigaux  à  cinq 
voix,  sous  ce  titre  :  Amarissime  dolcezze,  mn- 
drigali  a  cinque,  lib.  1  ;  Venise. 

BISHOP  (Jean),  musicien  anglais,  vivait 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Rosiu- 
grave  lui  enseigna  la  composition.  En  1750,  il 
était  orgasiisle  de  la  cathédrale  de  Winchester; 
il  devint  ensuite  chantre  du  Collège  royal  de 
Cambridge,  et  occupa  cette  place  jusqu'à  sa 
mort.  On  a  de  sa  composition  :  1°  Harmonia 
lents,  airs  pour  deux  flûtes.  — 2°  Psalmes,  lib. 
I  et  H  ;  Londres  (sans  date). 

BISHOP  (Henrv  ROWLEY),  naquit  à  Lon- 
dres en  1782,  et  fut  placé  de  bonne  heure  sous 
la  direction  de  François  Blanchi ,  pour  apprendre 
la  composition.  H  débuta,  en  1806,  i)ar  la  musi- 
que d'une  partie  du  ballet  qui  fut  représenté  au 
Théâtre  du  Roi,  sous  le  litre  de  Tamerlan  et  Ba- 
jazet.  Il  écrivit  ensuite  la  musique  d'un  autre  bal- 
let intitule  :  Narcisse  et  les  Grâces.  Après  un  in- 
tervalle de  deux  saisons,  il  donna  à  Drury-Lane 
un  grand  ballet  d'action  appelé  Caractacus; 
mais  son  premier  ouvrage  de  quelque  importance 
fut  un  opéra  qui  avait  pour  titre  :  Circassian 
JJride  (La  Fiancée  circassienne),  et  qui  fut  repré- 
senté à  Drury-Lane,  le  22  février  1809.  Malheu- 
reusement le  théâtre  fut  brûlé  la  nuit  suivante,  et 
la  paitilion  du  nouvel  opéra  devint  la  proie  des 
flammes.  Toutefois  cet  événement  ne  nuisit  point 
à  la  fortune  de  Bisliop,  car  les  propriétaires  de 
Covent-Garden,  qui  connaissaient  son  mérite,  lui 
firent  un  engagement  de  cinq  ans  pour  compo- 
ser et  diriger  toute  la  musiquede  leur  théâtre.  Il 
entra  en  fonctions  dans  la  saison  de  1810à  181î. 
Le  premier  ouvrage  qu'il  composa,  par  suite  de 


BISIlOP 


427 


cet  arrangement,  fut  iindiaino  intitulé:  Knlght 
of  Stiowdown  (Le.  Clicvaliei'  de  Snowdovvii),  tiré 
(II'  la  Daine  du  Lac,  de  Waller-Scott.  Le,s  Anglais 
le  considèrent  comme  un  cliel-d'œii  vre.  Un  nouvel 
engagement  de  cinq  ans  succéda  au  premier,  en 
1SI8,  entre  M.  Bisliopetia  direction  de  Covent- 
Garden.  Devenu  propriétaire  des  Oratorios  l'année 
suivante,  il  partagea  cette  entreprise  avec  M.  Har- 
ris;  mais,  en  18M,  il  resta  seul  chargé  de  cet 
établissement.  Lors  de  l'institution  de  la  Société 
riiilliarmonique,  M.  Bisliop  en  fut  nommé  l'un 
des  directeurs  :  il  faisait  aussi  partie  de  l'Acadé- 
mie royale  de  musique,  comme  professeur  d'har- 
monie. Pendant  plusieurs  années,  il  a  été  con- 
ducteur ou  chef  d'ortliestic  des  conceits  de 
la  musique  ancienne  ;  puis  il  a  été  nommé  di- 
recteur de  la  musique  de  la  reine  Victoria.  Le 
titre  de  baronet  lui  a  été  conféré  par  celle 
|irincesse  en  1842.  Nommé  professeur  de  mu- 
sique de  l'université  d'Edimbourg  dans  l'année 
suivante,  il  ne  conserva  pas  cette  position.  En 
1839  il  avait  obtenu  le  grade  de  bachelier  en 
musique  à  l'université  d'Oxford;  par  le  cré- 
dit du  prince  Albert,  chancelier  de  cette  univer- 
sité, il  y  fut  nommé  professeur  de  musique,  en 
1848,  et  dans  le  même  moment  le  grade  de  doc- 
teur lui  fut  conféré.  Il  est  mort  à  Londres  le  30 
avril  1855.  Les  ouvrages  dramatiques  auxquels 
Bishop  a  travaillé  sont  au  nombre  de  plus  de 
soixante-dix  ;  et  dans  ce  nombre,  plus  de  la  moi- 
tié est  entièrement  de  sa  composition.  Outre 
cela,  il  a  écrit  les  chœurs  et  les  ouvertures  de 
trois  tragédies  :  1°  The  Apostate  (L'Apostat).  — 

—  2o  The  Rétribution.  —  3"  Mir'andola.  On 
a  aussi  de  lui  unegraiule  quantité  de  duos,  d'airs 
et  de  glees.  Il  a  arrangé  le  premier  volume  des 
Mélodies  de  diverses  nations,  ainsi  que  les  ri- 
tournelles et  les  accompagnements  de  trois  vo- 
lumes de  Mélodies  nationales.  Voici  la  liste  de 
ses  compositions  dramatiques  :  1°  Tamcrlan  et 
Bajazet,  ballet,  1806.  —  2°  ?iarcisse  et  les 
Grâces,  juin  1806.  —  3°  Caractacus,  ballet 
d'action,  1806.  —  4°  Love  in  a  tub  (L'Amour 
dans  un  tonneau),  1806.  —  5"  The  Mijsterious 
Bride  (La  Fiancée  mystérieuse) ,  juin  1808.  — 
50  The  Circassian  Bride  (La  Fiancée  circas- 
sienne),  1809.  —  7"  The  Vintagers  (Les  Ven- 
dangeurs), 1809.  —  80  The  Maniac  (Le  Ma- 
niaque), 1810. —  90  Knight  of  Snowdown  (Le 
Chevalier  de  Snowdown),  I8tl.  —  10»  Virgin 
o/" //ieSi<H  (La  vierge  du  Soleil  ,  1812.-11°  The 
Œtiopy,  1812.  —  12°  Thc  Renégate  (Le  René- 
gai),  1812.  —  130  Haroun  Al  Raschid,  1813. 

—  14"  The  brazen  Bust  (La  Tète  <le  bronze), 
181.Î.  —  15°  Harryle  Roi,  1813.-16°  The  Mil- 
ler andhis  men  (Le  Meunier  etsesgniçon^),  1813. 


—  17"  For  Englnndho!  1813.  —  18°  The  Fer- 
mer wife  (La  fermière),  1814.—  19°  The  waii- 
dering  Boys  (I^es  Garçons  errants),  18I4.  — 
10°  Jado/i  and  Kalasrode  {\e  i^'  acte  ) ,  1S14. 

—  21°  The  Grand  Alliance,  1814.  —  22"'  Doc- 
tor  Sangrado  (Le  (locteur  Sangrado),  ballet, 
1814.  —  230  The  Forest  Bondy  (La  Forôt  de 
Bondy),  mélodrame,  1816.  —  24°  The  Maid  of 
the  mill   (La  Fille  du  moulin),  opéra,   1814. 

—  25°  John  o_f  Paris  (Jean  de  Paris),  composé 
en  partie  avec  la  musique  de  Boieldieu,  1814.  — 
26»  Brother  and  Sister  (Le  Frère  et  la  Sœur) 
en  société  avec  M.  Reeve,  1815.  —  27o  The 
noble  Outlaw  (Le  noble  Proscrit),  1815.  — 
Telemachus,  1815.  —  29°  L'ouverture  et  quel- 
ques morceaux  de  Cymon,  1815.  —  30°  Quel- 
ques morceaux  de  Cornus,  1815.  —  SI»  Mid- 
mmmer  night's  Dream  (Le  Songe  d'une  nuil 
d'été),  opéra,  1816.  —  32°  Giiy  Mannering,  mé- 
lodrame, 1816.  —  33°  Who  wants  a  wifeP  (Qui 
veut  une  femme?),  mélodrame,  1814.  —  34° 
Royal  nuptials  (Les  Noces  royales  ),  intermède, 
1310.  —  35°  The  Stoe  (L'Esclave),  opéra,  1810. 

—  36°  Heir  of  Verona  (L'Héritier  de  Vérone), 
en  société  avec  WittaKer,  1817.  —  37°  Humo- 
rous  Lieutenant  (Le  Lieutenant  joyeux),  1817. 

—  38»  The  Libertine  (Le  Libertin),  arrangé 
avec  la  musique  de  Bon  Juan  de  Mozart,  18 17. 

—  39"  Duke  of  Savoye  (Le  duc  de  Savoie), 
opéra,  1817.  — 400  The  Father  and  his  chil- 
dren  (Le  Père  et  ses  enfants),  mélodrame,  1817. 

—  410  Zuma,  en  société  avec  Braliam,  1818.  — 
420  The  illustrious  T/'aveZ^- (L'illustre  Voya- 
geur), mélodrame,  1818.  —  43°  December  and 
May  (Décembre  et  Mai  ),  opérette,  1818.  — 
44°  L'ouverture  et  quelques  airs  du  Barbier  de 
Sécille,  1818.  —  45°  Le  Mariage  de  Figaro  , 
composé  en  partie,  et  arrangé  avec  la  mu- 
sique de  Mozart,  1819.  —  46°  Fortunatus, 
mélodrame,  18 1 9.  —  47°  The  heart  qf  Mid- 
Lothian,  opéra,  1819.  —  48"  A  Rowland  for 
an  oliver  {\]a  ruban  pour  un  olivier),  1819.  — 
48°  Swedisch  Patriotism  (  Le  Patriotisme  sué- 
dois), mélodrame,  1819.  —  50°  The  Gnome  King 
(Le  Roi  des  Gnomes),  opérette,  1819.  —  51°  The 
Comedy  of  Errors  (La  Comédie  des  Erreurs), 
opéra,  1819.  —  52°  The  Antiquary  (L'Anti- 
quaire), 1820.  —  53°  The  Baille  of  BothxoeVs 
bridge  (La  bataille  du  pont  de  Cothwell),  1820. — 
54°  Henri  IV,  opéra,  1820.  —  55°  The  Twelfth 
Night  (La  Douzième  nuit),  idem,  1820.  — 
56°  Tivo  Gentlemen  of  Verona  (Deux  Gentils- 
hommes de  Vérone),  1851. —  57°  Monlrose  1822. 

—  58°  The  Law  0I  Java  (La  Loi  de  Java)  1822.— 
b9°  Maid  3îarian  (La  tille  Marianne)  1822. — 
60°  Clari,  1823.-61°  Thc  bcacon  oflibcrty  (Le 


428 


BISHOP 


signal  de  la  liberté),  1823.  —  GT  Cortez,  1S9,3.  — 
G3"  Native  Land  (Le  Pays  natal),  1824.  —  6'»° 
Charles  W,  1824.  —  65°  Asyoulike  i< {Comment 
l'aimez-vous  ?)  en  décembre  de  la  môme  année. 

—  00"  TheFallof  Algiers,  1825,  à  Drury-Lane. 

—  fw"  Faustns,  1825.  —  68"'  William  Tell, 
1 825.  —69°  Masaniello,  1825.-70°  Coronation 
of  Charles  X  (Le  Couronnement  de  Charles  X), 
1825.  — 1\°  Aladin,  1826.-72"  Knighls  of  the 
Cross  (  Les  Chevaliers  de  la  Croix  ) ,  1 826.  — 
73°  The  Englishman  in  India  (L'Anglais  dans 
l'Inde),  1827.  — 74"  Edward  the  Black  Prince 
(Edouard  ou  le  Prince  Noir),  1828.  — 75°  Don 
Pedro,  1828.  —  70°  Yelva,  or  the  Orphan  of 
Rmsin  {Ye\\a,  ou  l'Orpheline  de  Russie),  1829. 

—  77°  Home,  sweet  Home  (Patrie,  douce  Pa- 
trie), 1829.  —  78°  The  Mght  be/ore  the  Wed- 
dlJirj  (La  Nuit  avant  la  Noce),  1829.  —  79°  Ni- 
netta,  1830.  — 80°  Wo/er,  1830. —8 1°  The  Ro- 
mance of  a  Day  (Le  Roman  d'un  Jour),  1831. 

—  82°  Under  the  Oû!A(Sous  le  Chêne),  au  Waux- 
hall,  I83I.  —  83°  William  and  Adélaïde,  ibid., 
1831.  —  84°  The  magie  Fan  (L'Eventail  ma- 
{iique),  ibid.,  1832.  —  85°  The  Sedan  Chair  (La 
Chaise  à  porteurs),  ibid.,  1832.  —  80°  The 
Botlle  of  Champagne  {Ldi  bouteille  de  Champa- 
gne), ibid.,  1832.  —  ?,7°Naufred,  à  Covent-Gar- 
den,  1834.  —  88°  The  Foriunate  Isles  (Les  Iles 
Fortunées),  ibid.,  1840.  M.  Bishop  a  arrangé  pour 
la  scène  anglaise  Faust,  de  Spohr;  Don  Juan, 
<le  Mozart;  la  Sonnanbula,  de  Bellini;  La  Gazza 
Ladra  et  Guillaume  Tell,  de  Rossini  ;  Le  Phil- 
tre, et  Le  Dieu  et  la  Dayadère,  d'Auber;  Robert- 
le- Diable,  de  Meyerbeer.  M.  Bishop  jouit  d'une 
grande  renommée  en  Angleterre  ;  toutefois,  on 
n'aperçoit  point  dans  ses  ouvrages  de  qualités 
assez  remarquables  pour  la  justifier.  La  plupart 
de  ses  ouvrages  ne  sont  guère  que  des  vaude- 
villes ou  des  mélodrammes  dans  lesquels  il  a 
introduit  beaucoup  d'airs  anglais,  irlandais  ou 
écossais.  Le  genre  où  il  réussit  le  mieux  est  ce- 
lui des  petits  airs  et  des  glees.  Dans  les  opéras, 
il  a  plus  souvent  arrangé  les  morceaux  de  quel- 
que importance,  d'après  des  partitions  italiennes, 
allemandes  ou  françaises,  qu'il  ne  les  a  com- 
posés. 

BISHOP  (John),  organiste  et  littérateur  mu- 
sicien, est  né  le  31  juillet  1817  ,  à  Cbeltenbani, 
dans  !e  comté  de  Gloucester.  Dès  ses  premières 
années,  on  lui  fit  apprendre  les  éléments  de  la 
musique  et  du  chant.  Dans  l'été  de  1824,  il  fut 
placé  dans  un  pensionnat  à  Oxford,  où  il  reçut 
les  premières  leçons  de  piano  de  l'organiste  de 
St.  Peters  in  the  east,  de  cette  ville,  nommé 
Daniel  Feldow.  M.  Bishop  resta  sous  sa  direc- 
tion pendant  deux  ans  et  demi.  Son  second  maî- 


tre fut  M.  Arnold  Merrick,  organiste  de  l'église 
paroissiale  de  Cirencester,  et  traducteur  des  œu- 
vres théoriques  d'Albrechtsberger  en  langue 
anglaise.  En  dernier  lieu,  il  devint  élève  de 
M.  Thomas  Woodward,  organiste  de  l'église  pa- 
roissiale de  Cheltenham,  et  reçut  de  lui  pendant 
cinq  ou  six  ans  des  leçons  de  piano,  d'orgue  et 
d'harmonie.  Lorsque  la  nouvelle  église  de  Saint- 
Paul  fut  ouverte,  en  1831,  M.  Bishop,  âgé  seule- 
ment de  quatorze  ans,  en  fut  nommé  organiste  : 
il  occupa  cette  position  jusqu'à  la  fin  de  1838, 
et  ne  la  quitta  que  pour  aller  à  Blackburn,  dans 
le  comté  de  Lancastre,  en  qualité  d'organiste 
de  l'église  paroissiale;  mais  le  séjour  de  cette 
ville  ne  lui  ayant  pas  été  agréable ,  il  retourna 
dans  l'été  de  1839,  à  Cheltenham,  où,  depuis  lors, 
il  a  fixé  sa  résidence,  à  l'exception  de  quelques 
séjours  momentanés  à  Londres.  Avant  son  dé- 
part pour  Blackburn,  il  avait  complété  son  ins- 
truction musicale  sous  la  direction  de  Miglio- 
rucci,  élève  de  Zingarelli,  qui  avait  passé  plu- 
sieurs années  au  service  du  roi  de  Portugal.  A 
la  même  époque,  Pedrotti  lui  avait  enseigné  la 
langue  italienne,  et  l'avait  aidé  dans  son  étude 
de  la  langue  française.  Plus  tard,  Bishop  apprit 
également  la  langue  allemande,  dans  le  but  desa- 
tisfaire  son  goût  pour  la  littérature  musicale.  La 
théorie  de  l'harmonie  et  de  la  composition, 
l'histoire  de  la  musique  et  la  critique  des  pro- 
ductions de  cet  art,  lui  offraient  un  attrait  irré- 
sistible. Dès  ce  moment,  il  s'attacha  à  réunir  une 
collection  nombreuse  d'ouvrages  anglaiset  étran- 
gers relatifs  à  cette  littérature,  qui  est  devenue 
l'objet  principal  de  ses  travaux,  dans  les  inter- 
valles de  liberté  que  lui  laissaient  les  fonc- 
tions d'organiste  de  l'église  de  Saint-James  (Saint- 
Jacques),  de  la  chapelle  catholique  et  de  l'église 
de  Saint-John  (Saint-Jean),  qu'il  a  remplies  jus- 
qu'à la  fin  de  l'année  1852.  Parmi  ses  publica- 
tions principales,  on  remarque  :  l"  An  Elemen- 
tary  and  abridged  Method  of  Harmony  and 
accompaniment ,  from  the  Frcnch  of  F. 
J.  Fétis;  Londres,  Rob.  Cooks.  —  2°  ^4  School 
of  practical  composition  ,  from  the  original 
Mss.  of  Cari  Czerny;  ibid.  3  vol.  in-fol.  — 
3"  Les  traductions  anglaises  des  méthodes  de 
violon  de  Spohr  et  de  Campagnoli  ;  ibid.  — 
4°  La  traduction  de  la  méthode  de  violoncelle 
de  Duport  ;  ibid.  —  5°  Otto's  treatise  on  the 
structure  oftlie  violin,  etc.  ;  ibid.  —  6o  Trea- 
tise on  Harmony,  by  Reicha,  traduction  lais- 
sée en  manuscrit  par  feu  M.  Merrick,  terminée 
et  publiée  par  M.  Bishop;  ibid.,  1853.  —  7°  La 
belle  édition  de  la  traduction  anglaise  de  la  théo- 
rie de  la  composition  de  Gottfried  Wcber,  par 
M.  Warner,  de  Boston,  avec  les  additions  tiréef= 


6ISII0P  —  EITTONI 


4L'!) 


fie  la  dernière  (édition  allemande,  sous  ce  litre  : 
Tlie  Thtorij  of  musical  Composition,  \treated 
wilh  a  View  ta  a  nnlurallij  consécutive  arran- 
gements of  tapies;  Londres,  MM.  Rob.  Cocks 
andcomp.  1851,  2  vol.gr.  in-S".— S''De  nouvelles 
éditions  augmentées  et  améliorées  des  catéchis- 
mes musicaux  de  Hamilton  (voy.  ce  nom).  — 
9"  Une  édition  nouvelle  du  livre  de  Thomas  Tallis 
intitulé  :  The  Order  o/the  dailij  Service  of  the 
united  Church  of  England  and  Ireland,  etc.  ; 
Londres,  Robert  Cocks  and  comp.;  volume  dont 
l'éditeur  a  fait  une  élégante  reproduction  de  l'ou- 
vrage original.  —  10°  La  méthode  de  violon  de 
Baillot,  traduite  sur  l'édition  française.  —  11°  La 
traduction  du  traité  de  Duport  sur  le  doigter 
du  vioJoncelle.  Outre  ces  travaux,  on  a  aussi  de 
M.  Bisliop  des  éditions  revues  avec  soin  de  beau- 
coup d'œuvres  de  grands  maîtres,  telles  que  les 
oratorios,  messes  et  autres  ouvrages  de  Haendel, 
Haydn,  Mozart, ,  Beethoven,  trios  de  Corelli, 
ainsi  que  des  ouvrages  pour  l'oigue  de  J.  S. 
Bach,  Rmck,  etc.  Depuis  1839,  MM.  Rob.  Cocks 
et  C'e  ont  confié  à  M.  Bisolip  la  révision  de  tou- 
tes les  éditions  d'œuvres  classiques  qu'ils  pu- 
blient. Cet  estimable  littérateur-musicien  a  mis 
beaucoup  d'exactitude  dans  ses  traductions,  et 
les  a  souvent  accompagnées  de  notes  intéres- 
santes. 

BISON!  (Antoine),  maître  de  chapelle  à  Lugo, 
s'est  fait  connaître,  en  178S,  par  une  messe  à 
quatre  voix,  AoiAY Indice  dé"  Spettacoli  Tea- 
trali  (1788)  a  rendu  compte. 

BISOZZi  (Jacques),  médecin  italien,  fixé  en 
Allemagne,  est,  auteur  d'un  petit  ouvrage  inti- 
tulé :  hie  menschliehe  Stimme  und  ihr  Ge- 
braueh  fur  Sànger  und  Sdngcrinnen  {La  voix 
liumaine  et  son  usage  poin-  les  chanteurs  et  le  ■ 
cantatrices)  ;Leipsick,W.  Engelmann,  183S,  pe- 
tit in-S»  de  112  pages  avec  une  planche.  Ce  petit 
livre,  écrit  sous  la  forme  de  lettres,  est  un  des 
meilleurs  qu'on  possède  sur  le  sujet  qui  y  est 
traité. 

BISSE  (Thomas),  docteur  en  théologie,  chan- 
celier du  collège  de  Hereford,  mort  en  1732,  a 
fait  imprimer  nn  discours  académique  ,  sur  la 
musique,  sous  ce  titre  :  On  Musick  sermon , 
Londres,  1729,  in-8°. 

BISSOIV  (Louis), musicien  à  Paris,  adonné  : 
l'J  Chansons  réduites  de  quatre  parties  en 
duo,  sans  rien  changer  à  la  musique  des  su- 
périeures ,  excepté  quelques  pauses,  Paris, 
Nicolas  du  Chemin,  1567.  — 2°Trente  chansons 
à  deux  parties,  par  E.  Gardane,  A.  de  Villers, 
et  L.  Bisson;  Paris,  Nicolas  du  Chemin,  1567, 
in-80. 

BISSONE  (Jean-Ambroise),  maître  de  cha- 


pelle de  la  cathédrale  de  Verceil,  en  Pii^mont, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  quelques  com- 
positions pour  l'église,  dont  les  i)lus  importantes 
sont  celles-ci  :  —  1°  Missx  brèves  oclo  vn- 
cibus  concinnatx,  op.  2;  Bologne,  Silvaiii, 
1722  —  2°  Salml  brevi  per  tutto  Vanno  a 
otto  voci  piene,conuno  a  due  organi,  op. 
3  ;  ibid.  1724.  —  3°  Missx  brèves  octo  vocïbiis, 
lib.  II,  op.  IV;  ibid.,  1726. 

BISSONI  (Antoine),  compositeur  de  l'école 
bolonaise,  vécut  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  fut  attaché  à  une  des  églises  de 
Rome.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  motets  à  trois 
et  quatre  voix.  On  trouve  dans  la  collection  de 
l'abbé  Santinijà  Rome,  les  motets  de  ce  maître  : 
Dominus  Jésus  ;  Sepulto  Domino;  et  0  vos  om- 
îtes, à  4  voix  ;  Adoravius  te  Christe,  à4  ;  Libéra 
me  Domine,  pour  2  ténors  et  basse. 

BITTIIEUSER(F.-R.),  moine  de  l'abbaye 
de  Trienfenstein,  près  de  "VViirtzbourg,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  ; 
6  Sonatœpro  clavichordio,  Vfavizhom^,  In-fol. 
rnax. 

BITTI  (Martinello),  violoniste  et  composi- 
teur au  service  du  grand-duc  de  Toscane,  vi- 
vait à  Florence,  en  1714,  lorsque  le  maître  de 
chapelle  Stœizel  passa  dans  cette  ville.  On  a 
de  lui  un  livre  de  sonates  pour  hautbois  et  basse 
continue,  et  douze  sonates  pour  deux  violons  et 
basse. 

BITTOIVl  (Bernard),  compositeur  italien, 
naquit  à  Fabriano,  dans  l'État  de  l'Église,  en 
1755.  Son  père,  Mario  Bittoni,  Bolonais,  était 
établi  en  cette  ville  comme  maître  de  chapelle 
de  Saint- Venanzio.  Ce  fut  par  ses  .soins  et  par 
les  leçons  d'un  maître  nommé  Lombardi,  que 
Bernard  Bittoni  développa  ses  heureuses  facul- 
tés pour  la  musique.  Ses  progrès  furent  si  rapi- 
des, qu'àl'âgede  dix-huit  ans  il  fut  désigné  comme 
maître,  à  Rieti.  Après  y  avoir  passé  une  longue 
suite  d'années  dans  ses  fonctions  magistrales, il 
fut  rappelé  à  Fabriano  pour  y  occuper  la  même 
position.  Il  hésita  d'abord  entre  sa  ville  natale, 
où  il  était  désiré,  et  Rieti,  où  il  laissait  de  nom- 
breux amis;  mais  enfin  il  se  décida  pour  Fa- 
briano, où  il  passa  le  reste  de  sa  vie.  Il  mourut 
d'apoplexie  à  l'âge  de  près  de  soixante  quatorze 
ans,  le  18  mai  1829.  Doué  <le  l'instinct  de  l'art, 
Bittoni  aurait  pu  se  faire  une  brillante  réputation, 
s'il  fût  sorti  du  cercle  étroit  de  deux  petites  vil- 
les, où  toutes  les  ressources  lui  manquant ,  il  n'en 
pouvait  trouver  qu'en  lui-même.  Il  avait  acquis 
une  habileté  remarquable  sur  le  violon,  et  ne 
connaissait  pas  de  dilficulté  qu'il  ne  put  exécuter 
immédiatement.  Ses  improvisations  dans  le  goût 


430 


BITTONI  —  BLAES 


toui-à-toiir  italien,  français  et  allemand,  exci- 
taient l'admiration  des  étrangers  qui  l'enten- 
daient. Il  était  également  habile  organiste  et 
jouait,  dit-on, d'un  bon  style;  ce  qui  est  mainte- 
nant inconnu  dans  toute  l'Italie.  Les  églises  de 
Rieti  et  de  Fabriano  possèdent  de  cet  artiste  :  1° 
Une  antienne  et  une  hymne  à  4  voix,  pour  la 
neuvaine  de  Saint-Josepli. —  2° Une  litanie  à 
\  avec  les  réponses  du  peuple.  —  3°  Plusieurs 
Tantum  ergo  à  voix  seule  et  à  4  voix,  — 
4»  Salve  Hegina  à  4  voix  avec  instruments. — 
5»  Le  psaume  Lauda  Jérusalem,  composé  à  Rieti 
en  1781,  à  4  voix  et  instruments,  —  6°  Un 
Magnificat,  idem,  où  se  trouve  une  fugue  ma- 
gistrale sur  les  paroles  In  ssecula  saeculorum. 
Amen.  —  7»  Un  Credo  à  4  voix  et  orchestre, 
composé  à  Rieti ,  en  1796.  —  8°  Christus  factus 
est,  en  sol  mineur,  à  4.  —  9°  Un  Miserere,  éga- 
lement en  sol  mineur,  ouvrage  très-distingué. 
—  10°  Messe  de  Requiem  à  4  voix  avec  instru- 
ments, terminée  le  16  mars  1811. —  11"  Beatus 
vir  à  4,  avec  instruments.  —  13°  Messe  solen- 
nelle à  8  voix  avec  orchestre,  composée  au  mois 
de  mars  1820.  — 12"  Enfin,  beaucoup  de  mo- 
tels ,  d'offertoires  et  de  répons  pour  la  se- 
maine sainte,  ainsi  que  des  sonates  pour  l'or- 
gue. 

BIUMI  (Jacques-Philippe),  compositeur,  né 
à  Milan,  fut  d'abord  organiste  à  l'église  de  la 
Passion,  et  ensuite  de  Saint-Ambroise.  Il  occupa 
cette  dt-rnière  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en 
1C52.  Ses  compositions  consistent  en  un  livre  de 
Magnificat  àquatre,  cinq,  six,  sept  et  huit  voix  ; 
un  livre  de  Fantaisies  à  quatre  parties;  un 
livre  de  Motets  à  deux,  trois  et  quatre  voix; 
Canzoni  da  suonar  alla  francese  a  quattro 
e  otto  voci  ;  Milan,  1647.  Biumi  était  encore  très- 
jeune,  lorsque  Bonometti  {voy.  ce  nom)  inséra  des 
motets  de  sa  composition  dans  la  collection  in- 
titulée :  Parnassus  musicus  Ferdinandœus  ; 
Venise,  ICI 5. 

BIZARRO  (....),  compositeur,  vivait  à 
Rome  au  commencement  du  dix- septième  siècle; 
il  fut  membre  de  l'Académie  des  Capricciosi. 
On  connaît  de  lui  : —  1°  Trastulli  estivi  a  due, 
tre  e  quattro  voci  concerlati,  op.  l;  in  Vene- 
zia,  ap.  Aless.  Vincenti,  1620.  —  2°  Il  seconda 
libro  de  Trastulli  estivi  concertati  à  2,  3,  e 
^voci;  ihid.  1621,  \n  t".  — 3°  Madrigali  a  due, 
tre  e  quattro  voci,  Venise,  Aless.  Vincenti,  1621. 
—  4°  Moletti  a  cinque,  lib.  1,  op.  3  ;  Venise, 
Vincenti,  1623,  in- 4°, 

BLACKWELL  (IsAAc),  musicien  anglais, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  On  conserve  quelques  pièces  de  musique 
sacrée  de  sa  composition  à  la  chapelle  royale  et 


à  Tahhaye  de  Westminster;  plusieurs  morceaux 
de  lui  se  trouvent  aussi  dans  la  collection  intitulée  : 
Choice  Ayres,  Songs  and  Dialogues  to  the 
theorbo,  Ittte  and  bass-viol;  Londres,  1675, 
in-fol. 

BLAES  (Arnold-Joseph),  virtuose  sur  la 
clarinette,  professeur  de  cet  instrument  au  Con- 
servatoire royal  de  Bruxelles,  est  né  dans  cette 
ville,  le  1"'  décembre  1814.  Destiné  d'abord  au 
commerce,  il  n'apj-rit  la  musique  dans  sa  jeu- 
nesse que  conmie  un  délassement  de  ses  autres 
occupations.  Après  avoir  été  commis  négociant, 
il  entra  comme  employé  au  ministère  des  finances, 
et  y  remplit  les  fonctions  d'expéditionnaire  pen- 
dant neuf  années.  Cependant  la  carrière  admi- 
nistrative lui  était  antipathique,  et  ses  penchants 
le  portaient  vers  la  culture  de  la  musique;  ntais 
bien  (pie  son  père  eût  été  bon  amateur  de  mu- 
sique, il  ne  consentit  pas  à  ce  qu'il  se  livrât  à  la 
profession  de  cet  art.  Blaes  avait  commencé  l'é- 
tude de  la  clarinette,  mais  n'avait  pu  y  consacrer 
assez  de  temps  poiw  que  ses  progrès  fussent  ra- 
pides. Parvenu  à  l'âge  de  treize  ans,  il  écarta 
tous  les  obstacles  qui  s'opposaient  à  sa  voration 
et  entra  au  Conservatoire  en  1827,  sous  la  di- 
rection de  Baclimann,  clarinettiste  solo  dn  grand 
théâtre, et  professeurdans  cette  école.  Les  progrès 
de  Blaes  furent  rapides,  et  le  second  prix  de  son 
instrument  lui  fut  décerné  en  1829;  mais  la  ré- 
volution de  1830  ayant  fait  fermer  le  Conserva- 
toire, cette  école  ne  fut  rouverte  qu'au  mois 
d'avril  1832.  Cependant  les  études  de  Blaes  n'a- 
vaient point  été  interrompues;  son  talent  avait 
i2randi,  et  lorsqu'il  se  présenta  au  concours  en 
1S34,  il  y  obtint  le  premier  prix.  A  celte  époque 
il  jouait  ia  petite  clarinette  solo  dans  les  concerts 
de  la  société  nommée  la  Grande  harmonie; 
mais  il  reconnut  bientôt  que  cet  instrument  exer- 
çait une  fâcheuse  inlluencesur  sa  qualité  de  son 
lorsqu'il  jouait  la  grande  clarinette,  et  il  cessa 
d'en  jouer.  Après  s'être  fait  entendre  dans  quel- 
ques concerts  à  Bruxelles  et  dans  les  autres 
villes  de  la  Belgique,  il  partit  pour  Paris,  et  y  (it 
la  connaissance  de  Béer,  dont  les  conseils  furent 
très-utiles  à  son  talent.  Les  succès  qu'H  obtint 
alors  dans  quelques  salons,  parle  charme  des  sons 
qu'il  tirait  de  son  instrument,  furent  les  pré- 
curseurs du  succès  plus  éclatant  qui  l'attendait 
dans  cette  grande  ville.  De  retour  à  Bruxelles, 
il  y  donna  un  brillant  concert  à  la  suite  duquel 
les  titres  de  professeur  honoraire  au  Conseiva- 
toire  et  de  clarinettiste  solo  de  la  musique  du  roi 
lui  furent  accordés. 

En  1839,  Blaes  retourna  à  Paris,  et  cette  fois 
il  fut  admis  à  s'y  faire  entendre  dans  un  concert 
donné  dans  la  salle  du  Conservatoire  par  l'asso- 


BLAES  —  BLAHETKA 


431 


f.ialion  <lo3  artistes  de  cet  établissement,  connue 
sons  le  nom  de  Société  des  Concerts.  Son  ta- 
lent y  fit  une  vive  impression,  et  les  journaux  de 
musique,  organes  de  l'opinion  piililique,  s'expi  i- 
mèrent  à  cette  (époque  en  termes  admiralifs  sur 
l'effet  qu'il  avait  produit.  Quelques  jours  après, 
la  Société  des  Concerts  lui  en  donna  un  nouveau 
témoignage,  en  lui  offrant  une  médaille  d'hon- 
neur. En  1840,  Blaes  parcourut  la  Hollande,  pour 
y  donner  des  concerts,  qui  furent  aussi  fructueux 
pour  son  talent  que  pour  sa  bourse;  puis  il  partit 
pour  la  Russie,  où  l'attendaient  de  nouveaux  et 
brillants  succès.  11  y  passa  près  d'une  année; 
mais  il  fut  rappelé  à  Bruxelles ,  vers  la  fin  de 
1842,  après  la  mort  de  Bacbmann,  pour  lui  suc- 
céder dans  la  place  de  professeur  de  clarinette  au 
Conservatoire.  Depuis  lors ,  Blaes  a  fait  plusieurs 
voyages  en  Hollande,  en  Allemagne,  et  en  Suisse 
pour  y  donner  des  concerts,  et  s'est  fait  partout 
a|)plaudir  comme  un  artiste  de  premier  ordre. 

BLAES  (M'"<'  Elisa),  cantatrice  distinguée, 
connue  d'abord  sous  le  nom  de  jW"e  Meerti,  qui 
estcelui  ilesa  fiimille,  est  née  à  Anvers,  vers  1820. 
Douée  d'une  voix  sympathique  et  expressive,  elle 
s'adonna  fort  jeune  à  l'art  du  chant,  et  débuta 
avec  succès  dans  les  concerts  à  Anvers,  à  Bruxel- 
les, et  dans  d'autres  villes  de  la  Belgique.  En 
1840,  M'i*'  Meerti  fit  un  voyage  en  Allemagne,  où 
l'altendaient  de  nouveaux  succès.  A  Leipsick, 
Mejidelsohn,  charmé  par  son  talent,  la  fit  chanter 
dans  plusieurs  concerts  de  la  Gewandhaus,  qu'il 
dirigeait  alors,  et  elle  y  produisit  une  vive  sensa- 
tion. Dans  l'année  suivante,  elle  se  rendit  à  Saint- 
Pétersbourg,  où  elle  chanta  pendant  toute  une 
Siiison.  Ayant  épousé  son  compatriote  M.  Blaes, 
elle  a  fait  avec  lui  depuis  lors  plusieurs  voyages 
en  Hollande,  dans  les  provinces  rhénanes,  en  Al- 
lemagne et  en  Pologne  :  partout  elle  s'est  fait 
applaudir.  Fixée  à  Bruxelles  depuis  plusieurs 
années,  M"i«  Blaes-Meerti  s'y  livre  à  l'enseigne- 
ment de  son  art. 

BLAESIIVG  (David),  professeur  de  mathé- 
matiques à  Kœnigsberg,  et  membre  de  la  Société 
royaledesSciencesde  Berlin,  naquit  à  Kœnigsberg, 
le  29  décembre  1660.  Ha  publié  une  dissertation 
intitulée  :  De  Spkœrarum  Cœlestium  sijmpho- 
nia;  Kœnigsberg,  ,in-4°;  1705.  Le  sujet  de  ce  mor- 
ceau est  puisé  dans  le  commentaire  de  Macrobe 
sur  \e  Songe  de  Scipion.  Blaesing  est  mort  le  9  oc- 
tobre 1719. 

BLAGRAVE  (  Thomas  ),  musicien  de  la  cha- 
pelle de  Charles  II,  roi  d'Angleterre,  a  composé 
quelques  morceaux  pour  léchant;  on  les  trouve 
dans  les  Select  ayres  and  dialogxies;  Londres , 
1G69,  in-folio.  Son  portrait  se  conserve  dans 
l'école  de  musique  à  Oxford. 


BLAIIA  (Vincent  nr. ),  docteur  en  philoso- 
phie, médecin  et  professeur  de  technologie,  d'his- 
toire naturelle  et  de  géographie  à  Prague,  naquit 
dans  cette  ville  en  1764,  Dans  sa  jeunesse,  il  pas- 
sait pour  un  des  musiciens  les  plus  instruits  do 
la  Bohême;  mais  les  auteurs  de  la  nouvelle  En- 
cyclopédie musicale  l'accusent  de  n'avoir  été 
qu'un  charlatan  dont  rinfluence  fut  plus  nuisible 
qu'utile  à  l'art.  En  1795,  il  construisit  un  piano 
en  forme  de  clavecin,  auquel  il  appliqua:  — 
1°  Une  musique  turque  complète,  cachée  derrière 
des  rideaux  de  soie,  et  composée  de  cymbales, 
triangle,  sonnettes,  grosse  caisse,  etc.  —  2°  Un 
registre  lie  jeu  de  flùle  avec  un  clavier  particulier. 

—  3"  Un  tambour  avec  un  fifre.  —  4"  Une  ma- 
chine qui ,  mise  en  mouvement  par  une  pédale, 
imitait  parfaitement  le  bruit  de  l'ouragan,  de  la 
grêle,  du  tonnerre.  —  5°  Une  autre  machine  pour 
imiter  la  cornemuse  elles  castagnettes  espagnoles. 

—  6"  Un  cylindre  creux  rempli  de  dragées  dont 
le  mouvement  de  rotation  imitait  le  bruit  d'une 
forte  pluie  d'orage.  —  7"  Enfin,  une  trompette 
mise  en  vibration  par  un  soufflet.  Celle  curiosité 
excita  pendant  quelque  temps  un  intérêt  assez  vif; 
mais  on  finit  par  l'oublier  si  bien,  qu'on  ne  sait 
plus  même  aujourd'hui  si  le  piano  de  Blalia  existe 
encore. 

BLAHACK  ou  BLAIÎAK  (JosEPn),  corn- 
positeur  et  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Pierre,  à  Vienne,  né  en  178o,  à  Raggendorf,  en 
Hongrie,    est  mort  à  Vienne,  le  15   décembre 
1846.  Ses  compositions  pour  l'Église  sont:  1°  Of- 
fertoire (Domine  in  auxilium) ,  pour  soprano 
solo,  avec  2  violons,  alto,  violoncelle  et  C.  lî., 
op.  1  ;  Vienne,  Diabelli.  —  2°  Quatre  Tantiim 
ergo,  pour  4  voix  et  orgue,  op.  2  ;ihid.  — 3°  Of- 
fertoire (  Coiifitebor  tibi.  Domine),  pour  ténor, 
2  violons,  alto,  violoncelle,  C,  B.  et  orgue,  op. 
ibid.  —  4°    Offertoire  (Salve  maria),  pour  so- 
prano, idem,  op.  4;  ibid.  —  5°  Offertoire  (Sa/«;e 
Jesu  pie) ,  i>o\ir  soprano  et  violon  solo,  avec  2 
violons,  allô,  violoncelle,  C.  B.  et  orgue,  op.  5  ; 
ibid  —  6°  Offertoire  (Justus  et  Palma  /lorebit), 
pour  basse  et  orchestre,  op.  6;  ibid.  —  7"  Of- 
fertoire (Beatiis  vir),  pour  ténor  avec  quatuor 
d'instruments  à  cordes,  op.  7;  ibid.  —  8"  Pater 
noster,  pour  4  voix  et  orchestre  ,  op.  8  ;  ibid.  — 
9°  Offertoire  (Clamavi  ad  te),  pour  soprano  et 
clarinette  solo  avec  quatuor  d'instruments  à  cor- 
des.op.  9;  ibid. —  10°  Offertoire  (Domine  exaudi 
me),  pour  basse  solo,  avec   quatuor   d'instru- 
ments à  cordes,  op.  10;  Vienne,  Hasiinger. 

BLAHETKA  (Léopoldine),  pianiste  d'un 
talent  remarquable,  fille  de  Joseph  Blahetka, 
professeur  de  mathématiques,  est  née  à  Gun- 
tramsdorf,  près  de  Vienne,  le  15  novembre  1809- 


432 


BLAIIETKA  —  BLAimiLLE 


Les  premières  leçons  de  iniisi(|iie  lui  furent  don- 
nées par  M"""  Traeg  ;  puis  elle  fut  confiée  aux 
soins  de  M™*^  de  Cibbini,  née  Koïelucb,  pour  le 
piano.  Lasage  direction  de  cette  dame  développa 
rapidement  les  rares  dispositions  de  son  élève. 
Joseph  Czerny  acheva  l'édifice  de  son  talent. 
MU"  Blahetka  n'était  âgée  que  de  huit  ans  quand 
elle  joua  pour  la  première  fois  en  public;  son 
habileté  prréoce  excita  l'étonnement  de  tous 
ceux  qui  l'entendirent;  et,  ce  qui  est  plus  rare, 
cette  (leur  hâtive  se  transforma  plus  lard  en 
un  beau  fruit  artistique.  Au  talent  de  pianiste 
que  possédait  la  jeune  virtuose ,  Payer  ajouta 
par  ses  leçons  celui  de  jouer  du  physharmo- 
nica  avec  beaucoup  de  goût ,  de  délicatesse  et 
d'expression  ;  et  Simon  Sechter  compléta  cette 
brillante  éducation  musicale  par  un  cours  d'har- 
monie et  de  composition.  Dans  sou  enfance, 
M"''  Blahetka  faisait  de  petits  voyages  aux  envi- 
rons de  Vienne,  pour  s'y  faire  entendre;  plus 
tard  elle  a  voyagé  dans  toute  l'Allemagne,  en 
Hollande,  en  iMance,  en  Angleterre,  et  partout 
elle  a  été  considérée  comme  un  des  beaux  ta- 
lents de  l'époque  actuelle.  Ivalkbrenner  et  Mos- 
chelès  se  sont  plu  à  lui  donner  des  conseils  pour 
conduire  à  la  perfection  ce  talent  déjà  si  remar- 
quable. En  1840,  elle  s'est  fixée  à  Boulogne,  et  s'y 
est  livrée  à  l'enseignement  jusqu'à  ce  jour. 
M"''  BlahelKa  a  beaucoupécrit  pour  le  piano  :  ses 
œuvres  publiées  sont  au  nombre  d'environ  70. 
Parmi  ses  compositions  on  remarque  :  1°  Va- 
riations concertantes  pour  piano  et  violon.  — 
2"  Variations  brillantes  pour  piano  et  orchestre, 
op.  4  et  14.  —  3°  Variations  et  rondeaux,  avec 
quatuor,  sur  des  thèmes  d'opéras.  —  4°  Un  trio 
|)Our  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  5.  —  5°  So 
nates  avec  violon  obligé,  op.  15.  —  C"  Beau- 
coup de  variations  pour  piano  seul,  sur  des  thè- 
mes connus.  —  7"  Six  chansons  allemandes, 
avec  piano.  —  8°  Une  pièce  de  concert,  avec  ac- 
compagnement de  quatuor;  un  duo  pour  piano 
àquatre  mains. —  9°  Des  polonaises  pour  piano 
et  violon  et  pour  piano  seul,  etc.  Tous  ces  ou- 
vrages ont  été  gravés  à  Vienne,  Leipsick,  Bonn 
et  Hambourg.  En  1830,  M'-'' Blahetka  a  fait  jouer 
au  théâtre  de  la  Porte  de  Carinlhie,  à  Vienne, 
un  opéra  de  sa  composition  intitulé  Les  Brigands 
et  le  Chanteur,  dont  quelques  morceaux  ont  été 
applaudis. 

BLAIN  {...),  né  à  Lyon,  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle  ,  a  soumis  à  l'exa- 
men de  l'Académie  de  cette  ville  une  Méthode 
typographique  dit  Bureau  musical,  dont  le 
manuscrit  est  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de 
Lyon,  sous  le  n"  0G5 ,  in-iolio.  Celle  méthode, 
imitée  du    Bureau  /jjpoyraphique  de  Dumas 


(Antoine-Joseph),  pour  l'enseignement  de  la 
musique,  est  un  véritable  plagiat;car  le  livre 
de  celui-ci,  publié  en  1753,  est  antérieur  de 
plusieurs  années  à  la  rédaction  de  l'ouvrage  de 
Blain.  (Voy.  Dumas.) 

BLAIIXVILLE  (Charles-Henri),   violon- 
celliste et   maître  de    musique  à   Paris,  naquit 
dans  un  village  près  de  Tours,  en  1711,  et  mou- 
rut à  Paris  en  1769.  Les  circonstances  de  sa  vie 
sont  ignorées  :  on  sait  seulement  qu'il  fut  pro- 
tégé par  la  marquise  de   Villeroy,  à  qui  il   en- 
seignait la  musique.  Les  compositions  publiées 
par  cet  auteur  sont  :   1"  Bouqïcet  à   la  mar- 
quise de  Villeroy.  —  2"  Les  Plaintes  inutiles, 
cantatille.  —  3o  Symphonies  à  grand  orches- 
tre, op.  1  et 2,  —   4°  Les  grandes  sonates  de 
Tartini   arrangées  en  concerti  grossi,  à  sept 
parties.  Ses  ouvrages  théoriques  sont  :  1°  L'Har- 
monie théoricopratique  ;  Paris,    1751,  in-4°, 
oblong.  —  2"  Vesprit  de  fart  musical;  Ge- 
nève, 1754,  in-8°.  Une  traduction  allemande  de 
ce  petit  ouvrage  a  été  insérée   dans  les    notices 
(Nachrichten),  de  Hiller,  p.   308-473,, sous   ce 
titre  :    Das    Wesentliche  der  musikalischen 
Kunst,  oder  Betrachtungen  iiber  die  Mustek. 
—  Z°  Histoire  générale,  critique  et  philologi- 
gue  de  la  musique;  Paris,  1767,  in  4°.  Quelques 
biographes,  notamment  RL  Quérard  (La  France 
littéraire,  t.   1,  p.  340),  indiquent    sous   la  date 
de  1761   cet  ouvrage,  et  donnent  le  titre  d'un 
autre  livre  de Blainville   de  cet  manière  -.  His- 
toire générale  et  particulière  de  la  Musique 
ancienne  et  moderne  ;  Paris,  1707,  in-4°.  C'est 
ime  double  erreur  ;  car  il  n'y  a  pas  d'exemplaires 
du   premier  de  ces   ouvrages  avec    la  date  de 
1701,  et  le  second  n'existe  pas.  Tous   ces  écrits 
sont  au-dessous  du  médiocre.  En  1751,  Blainville 
annonça  dans  tme   brochure  intitidée  :    Essai 
sur  un  troisième  mode,  la  découverte   d'un 
mode   nouveau,  qu'il  appelait    mode  mixte  on 
mode  hellénique,  {i^rce  qu'il    tenait   le  milieu 
entre  le  majeur  et  le  mineur.  Ce  prétendu  mode 
mixte  n'était  que  le  plagal  du  troisième  ton  du 
p!ain-chant,  ou,  si  l'on  veut,  le  mode  mineur  de 
la,  dont  il  avait  banni  la  note  sensible,  et  qu'il 
faisait  procéder  delà  dominante  à  la  tonique.  Jl 
fit  l'essai  de  son  mode  ilans  une  symphonie  qui 
futexécutéeau  concert  spirituel,  le  30  mai  1751. 
J.  J.  Rousseiiu  écrivit  à  l'abbé  Kaynal,  alors  ré- 
dacteur du  Mercure,  en  sortant  du  concert,  ime 
lettre  qui  parut  dans  ce  journal  au  mois  de  juin 
suivant,  et  dans  laquelle  il  exaltait  la  découverte 
de  I>lainville.  Serre,  de  Genève,  écrivit  aussi  à 
l'abbé  Raynal  une  lettre  où   il  prouvait  que  le 
nouveau  mode  est  illusoire.    Celte  lettre  parut 
dans   le  Mercure  de   seplembie    de  la  même 


BLÀINVILLE  —  BLANC 


433 


année.  Blainvillc  y  répondit  par  des  Observations, 
insérées  au  MercM/e  de  novembre  1751.  Serre 
démontra  la  futilité  de  ces  observations  dans  une 
autre  lettre  à  laquelle  Blainvillc  répondit  encore 
par  ime  Dissertation  siir  les  droits  de  l'har- 
monie et  de  la  mélodie.  Cette  dis|Mite,  où  tout 
l'avantage  fut  du  côté  de  Serre,  se  termina  par  les 
Essais  sur  les  principes  de  l'harmonie  que  ce 
dernier  publia  en  1753.  {Votjez  SEUitE.)  Blainvillc 
a  composé  la  musique  de  David  et  Jonathan 
et  de  Midas ,  ballets  non  représentés  à  rOi)éra. 

BLiVISE  (...),  basson  de  la  Comédie  Ita- 
lienne, entra  à  l'orclieslre  de  ce  tbéàtre  en  1737, 
et  fut  cliaigé  l'année  suivante  de  la  couiposition 
des  diverlisscnients  qu'on  y  mêlait  aux  comé- 
dies. En  1738,  il  écrivil  les  ballets  d'Orphée  et 
des  Filets  de  Vulcain.  Ces  pièces  furent  sui- 
vies du  Pédant,  des  Amours  de  Cupidon,de. 
Psyché,  et  de  quelques  autres  ballets.  Dans  les 
intervalles  de  ces  ouvrages.  Biaise  écrivait  des 
luarclies.pas  de  danse,  symphonies  et  entr'actes 
pour  des  comédies.  En  17,59,  il  composa  la 
musique  d'Isabelle  et  Gertrude,  opéra  de  Fa- 
\art,  qui  obtint  un  brillant  succès,  puis  Annette 
et  Lubin,  ouvrage  du  même  auteur  qui  ne  fut 
l»as  moins  bien  accueilli.  On  connaît  aussi  de  lui 
Le  Trompeur  trompé ,  opéra  en  mi  acte.  l':n 
1754,  Biaise  a  publié  trois  recueils  d'airs  qu'il 
avait  écrits  pour  la  Comédie  Italienne.  Grinnn 
s'exprime  avec  beaucoup  de  mépris  sur  la  mu- 
sique de  cet  autour  dans  sa  correspondance  lit- 
téraire; cependant  on  trouve  des  éloges  de  ses 
divertissements  dans  le  Mercure  de  France,  du 
mois  de  décembre  I75S  (p.  2887),  et  Cafliaux 
parle  de  cet  artiste  comme  d'im  homme  de  mé- 
rite, dans  son  histoire  manuscrite  de  la  musi- 
(jue.  Biaise  est  mort  à  Paris  en  1772. 

BL.AIÎE  (Benjamin),  né  en  1751  à  Kingsland, 
«oiumençarétude  du  violon  en  I7G0.  En  17(18,  il 
se  renditàLondresoii  il  reçutdes  leçons  d'Antoine 
Tbanraell ,  violoniste  bohème  d'un  grand  talent. 
11  s'adonna  aussi  plus  tard  à  l'étude  du  piano,  et 
reçut  des  conseils  de  démenti.  Entré  à  l'orches- 
tre du  Théâtre-Italien,  il  en  fit  partie  pendant 
dix-huit  ans.  Eu  1789,  il  quitta  cette  place  pour 
entrer,  en  qualité  de  professeur,  dans  une  école 
puhliqueà  Kensington;  mais  en  1810,  ime  ma- 
ladie l'obligea  à  se  retirer.  Il  a  publié  :  1"  Trois 
œuvres  de  six  duos  pour  violon  et  alto.  — 2°  Six 
sonates  aisées  pour  le  piano,  avec  accompagne- 
ment de  violon.  —  3°  Neuf  divertissements 
pour  piano,  avec  accompagnement  de  violon.  — 
4°  Collection  de  musique  sacrée  avec  accompa- 
gnement d'orgue.  —  5°  Duo  i)our  violon  et  alto. 
—  6°  Trois  solos  pour  l'alto  avec  accompagne- 
ment de  basse. 

lilOCR.    UNlV.     DES   MUSICIENS.  —  T.    I. 


BLAMONT  (FrançoisCOLÏIVDE),  surin- 
tendant de  la  musique  du  roi,  naquit  à  Ver- 
sailles, le  22  novembre  1090.  Son  père,  qui 
était  musicien  du  roi,  lui  donna  les  premières 
leçons.  A  l'ige  de  dix-sept  ans,  Blamont  fut 
admis  dans  la  musique  de  la  duchesse  du  Maine, 
qui  lui  continua  toujours  sa  protection.  Son  dé- 
but dans  la  composition  fut  la  cantate  de  Circé 
dontJjalande  fut  si  satisfait,  qu'il  se  chargea  sur- 
le-champ  de  donner  à  l'auteur  des  leçons  d'har- 
monie et  de  contre-point.  Fagon,  intendant  des 
finances,  lui  fournit  en  1719  les  moyens  de 
traiter  avec  Lulli  fils  de  la  charge  de  surinten- 
dant delà  musique  du  roi.  Quatre  ans  après  il 
donna  à  l'Opéra  Les  Fêtes  grecques  et  romai- 
nes, qui  établirent  sa  réputation,  et  qui  lui  va- 
lurent le  cordon  de  Saint-Michel.  Blamont  passa 
jus(|u'à  l'âge  de  soixante-dix  ans  une  vie  tran- 
quille et  honorée,  et  mourut  d'une  hydropisie  de 
poitrine,  le  l4  féviier  17G0.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  1°  Les  Fêtes  grecques  et  romai- 
nes, 1723.-2°  Les  fêtes  de  Thétis,  ballet  ou 
trois  actes.  —  3"  Diane  et  Endijmion,  1731.  — 
4°  Les  Caractères  de  l'Amour,  1738.  —  it"  Ju- 
piter vainqueur  des  Titans,  pour  le  mariagi- 
du  Dauphin,  eu  1745.  —  6°  Les  Amours  du 
printemps.  —  7°  Le  Retour  des  dieux  sur  la 
terre,  1725.  —  8°  Cantates  françaises,  premier, 
deuxième  et  troisième  livres. —  9°  Cinq  recueils 
d'airs  sérieux  et  à  boire,  à  une  et  deux  voix. 

—  10°  Deux  livres  de  motets,  gravés  à  Paris. 
Blamont  avait  écrit  aussi  la  musique  de  plu- 
sieurs ballets  pour  le  service  de  la  cour  :  ils 
n'ont  point  été  joués  à  l'Opéra.  En  voici  la  liste  : 
1"  Fêtes  ou  divertissements,  1721.  —  2^  Les 
Présents  des  dieux,  1727.  —  S""  Les  Fêtes  du 
Labyrinthe,  1728.  —  4°  La  ISymphe  de  la 
Seine,  1739.  —  5  ie  Jardin  des  Hesperides, 
1739.  —  6°  Zéphire  et  Flore,  novembre  1739. 

—  7°  L'Heumix  Retour  de  la  reine,  1744.  — 
8°  Les  Regrets  des  beaux-arts.  —  9°  Il  Paslor 
fldo.  L'harmonie  de  Blamont  est  assez  correcte 
pour  le  temps  où  il  écrivait,  mais  son  chant  est 
faible  et  dépourvu  de  verve.  Outre  ses  composi- 
tions, on  connaît  aussi  de  lui  un  petit  écrit  in- 
titulé :  Essai  sur  les  goûts  anciens  et  moder- 
nes de  la  musique  française;  Paris,  1754,  in- 
8°.  Blamont,  devenu  vieux  ,  plaidait  dans  cet 
écrit  la  cause  delà  musique  surannée  à  laquelle 
ses  ouvrages  appartenaient,  contre  les  partisans 
de  la  musique  italienne,  et  en  particulier  contre 
les  attaques  de  J.-J.  Rousseau. 

BLA.i\C  (DmiKR  F.e),  musicien  français  du 
seizième  siècle,  a  donné  :  Airs  des  plus  excel- 
lents musiciens  de  notre  temps,  sur  aucunes 
poésies  de  Bayf,   Bellean,  du  Bellay,  Janun, 

28 


434 


BLANC  —  BLANCHARD 


Desportes,  mis  à  quatre  parties.  Paris  ;  Adrieo 
Le  Roy,  1579. 

BLAIVC  (HuBEKT  Le).  Voyez  Leblanc. 

BLANC  (  Adolphe  ),  violoniste  et  composi- 
teur, né  à  Manosque  (Basses -Alpes),  le  24  juin 
1828,  fut  envoyé  à  Paris  à  l'âge  de  treize  ans,  en- 
tra au  Conservatoire  en  1841  dans  une  classe  de 
violon,  et  y  obtint  au  concours  nn  prix  de  cet 
instrument.  11  y  fil  ensuite  des  éludes  de  com- 
position sous  la  direction  d'Halévy.  Ce  jeune  ar- 
tiste se  distingue  par  le  genre  sérieux  de  ses 
compositions,  exception  fort  rare  en  France  dans 
ce  temps  de  musique  futile.  Ses  oHvrages  les 
plus  importants  sont:  _  lo  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle.  —  2"  Trio  pour  piano, 
ilûle  et  violoncelle.  —  3»  Trio  pcwr  piano, 
clarinette  et  violoncelle.  —  4«  Trio  pour  violon, 
allô  et  violoncelle.  —  5°  Trois  quatuors  pour 
instruments  à  cordes.  —  6»  Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle  dodié  à  Rossini ,  et 
publié  avec  une  lettre  de  cet  homme  célèbre, 
à  Paris,  chez  RichauH.  —  ?«  Z  quintettes  pour- 
2  violons,  2  altos  et  violoneelle.  —  S"  3  quin- 
tettes pour  2  violons,  alto,  violoncelle  et  con- 
trebasse.  —  9°  Deux   sonates  pour  piano    seul. 

10°  Trois  sonates  poiu-    piano  et  violon.   — 

1 1»  Quintette  de  concert  pour  piano,  violon,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse.  —  12o  Quintette  pour 
llûte,  clarinette,  cor  et  basson.  Gn  a  aussi  de 
M.  Blanc  une  sérénade  pour  piano  et  violon  ;  étude 
pour  violon  seul;  deux  romances  pour  violon- 
celle ;  la  Far/alla,  petit  scherzo  pour  l'alto  avec 
accompagnement  de  piano  obligé  ;  des  chœurs  sans 
accompagnement; 6 pensées  fugitives  pour  piano; 
air  varié  pour  le  même  instrument  avec  an  pe- 
tit rondo.  Quelques-unes  de  ces  compositions  ont 
été  exécutées  avec  succès  à  Paris  dans  les  séan- 
ces de  quatuors  et  de  quintettes.  Toutefois  il  est 
à  craindre  qu'il  n'y  ait  un  peu  trop  de  hâte  dans 
te  travail  de  M.  Blanc  :  avoir  fait  tant  de  choses, 
dans  un  genre  diflicile,  à  trente  et  un  ans  !  C'est 
beaucoup.  A  trente  ans,  Beethoven  avait  publié 
trois  trios  de  piano,  et  avait  condamné  à  l'oubli 
les  autres  productions  de  sa  jeunesse. 

BLA.NCAIM  (Joseph),  en  latin  Blancanus, 
jésuite,  né  ii  Bologne  en  1576,  fut  professeur  de 
mathématiques  à  Parme,  et  mourut  dans  cette 
ville,  le  7  juin  1624. 11  a  expliqué  les  problèmes 
harmoniques  d'Aristote  dans  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  Ariatotelis  Loca  viathematica  ex  uni' 
ttersis  ejus  operïbus  collecta  et  explicata.  Bo- 
lof.ne,  1615,  in-4".  Les  explications  de  Blancani 
ne  sont  guère  moins  obscures  que  les  problèmes 
du  philosophe  de  Stagyre.  On  a  publié  après  sa 
mort  un  ouvrage  de  sa  composition,  intitulé  : 


Echometria,  sivc  tractatus  de  Echo  ;  Modène, 
1653,  in-folio. 

BLANCHARD  (Esprit-Joseph- Antoine)  , 
abbé,  l'un  des  maîtres  de  la  chapelle  du  roi,  dut 
le  jour  à  un  médecin  de  Pernes,  dans  le  Comtat, 
et  naquit  le  29  février  1696.  Après  avoir  été  en- 
fant de  chœur  à  la  métropole  d'Aix,  sous  la  di- 
rection de  Guillaume  Poitevin,  il  fut  nommé 
maître  de  musique  ducliapitre  de  Saint-Victor,  à 
Marseille,  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans.  De  là  il  passa 
à  Toulon,  puis  à  Besançon  et  à  Amiens.  En  1737 
il  fit  chanter  devant  le  roi  le  motet  Laudale 
Doviimim,  de  sa  composition,  dont  on  fut  si  con- 
tent qu'on  lui  donna  une  des  quatre  charges  de 
maîtres  de  la  chapelle  du  roi ,  vacante  par  la 
mort  de  Bernier.  Il  obtint  aussi  un  prieuré  en 
1742,  avec  une  pension  sur  une  abbaye,  et  en 
1748,  on  le  fit  directeur  des  pages  de  la  musique. 
Le  roi  lui  accorda  en  1764  le  cordon  de  Saint- 
Michel,  vacant  par  la  mort  de  Rameau.  Blan- 
chard est  mort  à  Versailles,  des  suites  d'une 
fluxion  de  poitrine,  le  10  avril  1770.  La  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris  possède  un  recueil  ma- 
nuscrit de  motets  de  cet  auteur.  Caffiaux  rap- 
porte dans  son  histoire  de  la  iimsi(iue  (Mss.  de  la 
même  Bibliothèque),  l'anecdote  suivante  :  «  Un' 
«  nwisicien  de  la  chapelle  de  Versailles  m'a  ra- 
n  conté  qu'un  des  plus  grands  maîtres  d'Italie 
n  étant  venu  rendre  visite  à  l'abbé  Blanchard,  et 
«  ayant  examiné  quelques-unes  de  ses  parti- 
«  tions ,  fut  si  surpris ,  que  n'ayant  point  de 
«  termes  assez  forts  pour  marquer  son  admira- 
«  tion,  il  se  prosterna  aux  pieds  du  musicien  en 
<t  posture  d'admiration,  avouant  qu'il  n'avait  ja- 
«  mais  rien  vu  de  si  beau.  »  Je  ne  sais  quel  pou- 
vait être  ce  grand  maître  d'Italie,  mais  j'ai  exa- 
miné la  musique  de  l'abbé  Blanchard,  et  je  Par 
trouvée  assez  plate  et  mal  écrite. 

BLANCHARD  (Henri-Lolis),  violoni.ste, 
compositeur,  littérateur  et  critique,  né  à  Bor- 
deaux (Gironde),  le  7  février  1778,  mort  à  Paris 
le  18  décembre  1858.  Son  père  lui  donna  les 
premières  leçons  de  violon,  et  Beck  dirigea  ses 
premières  études  dliarmonie.  Plus  tard  il  reçut 
des  conseils  de  Rodolphe  Kreutzer  pour  son  ta- 
lent de  violoniste.  Arrivé  jeune  à  Paris,  il  étudia 
le  contre-point  et  la  fugue  sous  la  direction 
de  Waltcr,  qui  se  disait  élève  de  Haydn,  puis 
deMélud  et  deReiclia.  Devenu  chef  d'orchestre 
du  Théâtre  des  Variétés  en  1818,  Blanchard  con- 
serva cet  emploi  jusqu'en  1829,  et  dans  celte 
partie  de  sa  carrière  il  composa  une  multitude 
d'airs  de  vaudeville  pour  les  pièces  nouvelles, 
où  l'on  remarquait  des  mélodies  faciles  que  rele- 
vait un  certain  cachet  d'élégance  et  de  dis- 
tinction. La   plupart  de    ces   airs  sont    deve- 


BLANCHARD  —  BLANCHET 


435 


nus  populaires.  Le  talent  de  Blanchard  pour  ia 
composition  ne  se  bornait  pas  à  ces  légères  pro- 
ductions, car  ses  études  l'avaient  conduit  à  écrire 
avec  correction,  et  à  la  connaissance  des  formes 
scientifiques  de  ia  musique.  Il  a  écrit  des  duos 
de  violon,  des  quatuors  pour  alto  principal,  des 
concerlini  pour  violon,  des  airs  variés  pour  cet 
instrument,  une  fantaisie  pour  violon  et  liarpe, 
des  quatuors  pour  quatre  violons,  dont  un  est 
terminé  par  une  fugue  à  quatre  sujets.  Malheu- 
reusement pour  cet  artiste,  né  avec  une  heu- 
reuse organisation,  il  éprouva  longtemps  la  fu  ■ 
nesle  inflnence  de  la  vie  de  coulisses  des  petits 
théâtres;  influence  presque  irrésistible  et  qui 
conduit  à  l'insouciance  et  à  la  dissipation  d'un 
temps  précieux.  Blanchard  eut  un  autre  mal- 
heur, ce  fut  de  disperser  l'action  de  ses  facul- 
tés sur  des  objets  différents,  au  lieu  de  la  concen- 
trer uniquement  sur  la  musique.  Homme  d'esprit 
et  d'instruction,  il  avait  du  penchant  pour  la 
littérature  dramatique,  et  n'y  portait  pas  moins 
de  facilité  que  dans  ses  œuvres  musicales.  Il 
avait  beaucoup  écrit  avant  de  rien  publier;  mais 
ayant  obtenu  la  direction  du  Théâtre  Molière, 
après  la  révolution  de  Juillet  1830,  il  profita  de 
celte  circonstance  pour  vider  son  portefenille. 
Don  Pedre,  et  V Homme  libre,  drames  en  5  ac- 
tes, fiuent  rc|jrésentés  au  théâtre  dont  leur  au- 
teur avait  la  diiection  et  obtinrent  environ 
cinquante  représentations  chacun.  Un  autre 
drame  intitulé  Les  Milanais,  ou  les  Carbonari, 
était  en  repétition  lorsqu'il  fut  dénoncé  comme 
un  ouvrage  dangereux  au  ministre  qui  avait  la 
police  des  théâtres  dans  ses  attributions  :  le  ré- 
sultat de  cette  dénonciation  fut  la  clôture  forcée 
du  théâtre  dirigé  par  Blanchard.  Dans  le  même 
temps  (1831),  celui-ci  faisait  représenter  au  Thé- 
âtre Français  un  autre  drame  dont  le  sujet  était 
Camille  Desmoulins,  ou  les  partis  en  1794. 
L'ouvrage  était  parvenu  à  sa  quarantième  repré- 
sentation, quand  l'autorité  retira  l'autorisation 
de  le  jouer.  D'autres  grandes  pièces  dramatiques 
composées  par  Blanchard  n'ont  pu  être  repré- 
sentées à  cause  de  leurs  allusions  politiques.  11 
se  consolait  de  ces  contrariétés  en  écrivant  la 
musique  de  quelques  opéras.  Un  de  ces  ouvrages 
intitulé  Diane  de  Vernon,  en  un  acte,  fut  re- 
présenté au  théâtre  des  Nouveautés,  le  4  avril 
1831.  L'/lno5<e,  en  2  actes,  et  un  antre  opéra 
comique  du  môme  artiste,  tiré  de  la  comédie 
des  Précieuses  ridicules,  de  Molière,  n'ont  point 
été  joués  jusqu'à  ce  jour  et  ne  le  seront  vraisem- 
i)lablement  jamais;  mais  un  trio  comique  de  ce 
dernier  ouvrage  a  été  chanté  au  Conservatoire  par 
l'auteur,  M""*  Damoreau  et  M"^  Mancel,  avec  un 
brillant  succès.  C'est  dansla  critique musicaleque 


Blanchard  laissera  les  preuves  les  plus  solides  do 
son  mérite,  parce  que  c'est  là  qu'il  a  porté  le  plus 
de  persévérance  et  d'activité.  Ses  premiers  essais 
dans  cette  partie  de  l'art  parurent  dans  la  Pan- 
dore,en  1838;  puisilfutcollaborateurder£'«rope 
littéraire  et  musicale  de  Paris  en  1833,  du  jonr- 
nal  des  théâtres  Le  Foyer,  qu'il  fit  presque  seul , 
du  Monde  dramatique,  en  1835,  et  enfin  de  La 
Revue  et  la  Gazelle  de  Paris,  à  laquelle  il  Ira- 
vailladepuis  son  origine,  et  qui  renferme  une  im- 
mense quantité  d'articles  de  tout  genre  dus  à  sa 
|)lume  féconde  et  spirituelle.  La  critique  de  Blan- 
chard est  celle  d'un  musicien  instruit  :  elle  se  fait 
remarquer  d'ailleurs  par  sa  politesse  et  sa  bien- 
veillance ,  bien  que  parfois  malicieuse  et  rail- 
leuse jusqu'à  l'épigramme.  On  lui  doit  quelques 
bonnes  biographies  imprimées  dans  les  recueils 
précédemment  nommés,  particulièrement  sur 
Fr.  Beck,  Berton,  Chérubini,  Garât  et  d'autres. 
Ces  notices  ont  été  tirées  à  part.  Vers  la  fin  de 
sa  vie,  son  talent  de  critique  s'était  beaucoup 
affaibli. 

BLANCHET  (L'abbé  Joseph  ),  né  à Tournon, 
le  10  septembre  1724,  est  mort  à  Paris  en  1778. 
Il  n'était  pas  musicien  ;  mais  ayant  fait  des  re- 
cherches sur  l'organe  de  la  voix  et  sur  son  mé- 
canisme, il  publia  un  livre  intitulé  :  V Art  ou  les 
Principes  philosophiques  du  chant  ;  Paris,  1750, 
in-12,  2"  édition,  1762,  in-12.  Il  y  prétend  que 
Bérard  (  Voyez  ce  nom)  lui  a  volé  une  partie  de 
son  manuscrit  pour  en  composer  son  Art  du 
chant.  On  aperçoit,  eu  effet,  quelque  analogie 
dans  la  méthode  de  ces  deux  écrivains,  et  beau- 
coup dans  le  style  ;  mais  Bérard  se  montre  plus 
véritablement  musicien  que  son  antagoniste.  Au 
reste  les  deux  ouvrages  sont  également  oubliés 
maintenant. 

BLANCHET  (François-Étienne),  habile 
facteur  de  clavecins,  vivait  à  Paris  vers  1650.  !1 
était  surtout  renommé  pour  l'égalité  de  ses  cla- 
viers. Sa  fille  épousa  Armand-Louis  Couperin, 
organiste  de  la  chapelle  du  roi  et  de  Notre-Dame. 
—  Blanchet  (Armand-François-Nicolas),  petit- 
fils  du  précédent,  et  élève  de  Pascal  Taskin 
(Voyez  ce  nom),  naquit  à  Paris  en  1763,  et 
mourut  dans  cette  ville  le  I8  avril  1818.  11  fut 
aussi  facteur  et  accordeur  de  clavecins  et  de 
pianos,  et  attaché  en  cette  qualité  à  la  musique 
du  roi  et  au  Conservatoire  de  musique,  pendant 
trente-cinq  ans.  Il  a  publié  une  i)etite  brochure 
sous  ce  titre  :  Méthode  abrégée  pour  accorder 
le  clavecin  elle  piano;  Paris,  au  IX  (ISOI), 
in-S".  Son  fils  (Nicolas)  lui  a  succé<lé  dans  ses 
divers  emplois.  Il  s'était  associé  à  Boller  pour  la 
fabrication  des  pianos  obliques.  Plus  tard,  ayant 
réalisé  sa  fortune,  il  s'est  fixé  en  llnlic. 

28. 


43G 


BLANCHIN  —  BLANGINI 


BLANC.IlliV  (FnvNçois),  musicien  français 
du  seizième  siècle,  né  à  Lyon,  a  publié:  Tabu- 
lature  de  Luth  en  diverses  formes  de  fantai- 
sies, chansons,  basses-danses ,  pavanes,  et 
gaillardes.  Lyon,  Jacques  MoJerne  (sans  date). 

BLAKCKEI\MÛLLER  (Georges),  com- 
posileur  allemand  qui  llorissait  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  paraît  avoir  vécu  à 
Augsbourg.  On  trouve  des  pièces  de  sa  compo- 
sition dans  les  recueils  intitulés  :  1°  Selectis- 
siinx  nec  nonfamiUarissimœ  Cantionesnlti-a 
centum,  varïo  idiomate  vocum,  tain  multipli- 
cium  quam  etiam  paiicarum.  Fugec  quoqtie 
lit  vocantur,  a  ^ex  usque  ad  duas  voces  :  Sin- 
gulx  tum  artiftciose,  tum  etiam  mire  jucon- 
ditatis.  Augustx  Vindelicornm,  Melchior 
h'riesstein  excitdebat,  1540,  petit  in-S"  ohl.  — 
2"  Concentus  novi,  triumvocum,  Ecdesiarum 
usui  in  Prussia  prœcipue  accomodatt,  Joanne 
Kugrlmnnno,  Tubicinx  Symphoniarnm  au- 
thore,  ihid.  1540.  Outre  les  pièces  de  Kusel- 
mann,  on  en  trouve  dans  ce  recueil  sous  les  noms 
de  Jean  Hen/.el,  Thomas  Stôltzer,  Jôrg  (sic) 
lîlancUenmiiller,  et  Yalentin  Scluieilinger.  — 
3"  Concentus  octo,  scx,  quinqite  et  quatuor  vo- 
cum, omniuin  jucundissimi ,  nuspiam  antea 
sic  cditi.  Augustx  Vindelicorzinif  Phiiippîis 
Uhtardus  excudebat,  15'i5,  petit  in-V  ohl. 
Gerber,  qui  a  fait  deux  articles  de  Blanken- 
millier  et  de  Blanc/imuller  (J...L...),  cite  un 
recueil  de  chansons  mondaines,  imprimé  vers 
1548,  dont  il  existe  un  exemplaire  dans  la  bi- 
bliothèque de  Zwickau,  et  qui  a  potu-  litre; 
Saïutnluny  ircltliclier  Linlcr  fur  ^  Stimmcn, 
in-i"  ;  mais  il  ne  fait  pas  connaître  le  lieu  de 
rimpression.  Ou  trouve  dans  cet  ouvrage  des 
pièces  de  Blanckmûller,  nom  mal  orthographié 
par  rimprimeiir. 

BLAKCUS  (Jacques).  Yoy.  BIANCHl  (Jac- 
ques). 

BL.AIVCUS  (Curistopife).  Voij.  BIANCHl 
(Ciiristopue). 

BLAIVDRATI  (Jean  Pierre),  compositeur 
«le  l'École  romaine,  vers  la  fm  (\\\  seizième  siècle, 
(lit  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Gio- 
vona/.zo,  dans  le  royajïime  de  Naples,  et  membre 
(le  l'Académie  des  Zelanli.  Il  s'est  fait  connaître 
l>ar  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Sacrx  can- 
liones  2,  3  e<4  vocum,  op.  III.  Roma,  Roblolti, 
1025,  et  Venise,  Bart.  Magni,  1027,  in-4". 

BLAMGIIVl  (Josepu-Marik-Féux),  né  à 
Turin,  le  18  novembre  i78l,  a  fait  ses  étuiles  mu- 
sicales comme  enlaiit  de  cho'ur  à  la  cathédrale 
de  Turin  ,  sous  la  direction  de  l'abbé  OItani, 
maître  de  chapelle  de  celte  église.  Doué  de  dis- 
po.  liions  précoces,  Blangini  fit  de  rapides  progrès 


dans  la  connaissance  de  ia  musique  et  de  l'har- 
monie. A  l'âge  de  douze  ans  il  lit  exécuter  dans 
l'église  de  la  Trinité  un  motet  et  un  Kyrie  de  sa 
composition.  Il  avait  atteint  sa  seizième  année, 
lorsque  le  Piémont  fut  envahi  par  les  armées  fran- 
çaises en  1797.  La  cour  de  Turin  se  réfugia  en 
Sardaigne,  et  la  famille  de  Blangini,  demeurée 
sans  appui,  prit  la  résolution  d'aller  chercher  des 
ressources  en  France.  Arrivée  à  Nice,  elle  s'em- 
barqua et  se  rendit  à  Marseille.  Là,  Blangini 
donna  des  concerts  dont  le  succès  le  détermina  à 
parcourir  le  midi  de  la  France,  Lyon,  le  Dau- 
phinéet  la  Suisse.  Arrivé  à  Paris  en  1799,  il  s'y 
lit  connaître  par  la  publication  d'un  grand  nombre 
de  romances  el  de  nocturnes  qui  eurent  beau- 
conp  de  succès,  et  s'adonna  à  l'enseignement  du 
chant  et  à  la  composition  dramatique.  Son  premier 
cs.sai  au  théâtre  fut  la  Fausse  Duègne,  que 
Della-Maria  avait  laissé  imparfait,  et  qu'il  acheva. 
Cet  ouvrage  fut  représenté  en  1802  au  théâtre  Fey- 
deau.  Son  second  opéra  fut  joué  au  même  théâtre 
en  1803,  sous  le  titre  de  Chimère  et  Réalité.  Les 
îôles  priiïcipaux  de  ce  petit  ouvrage  étaient  joués 
par  tlleviou,  M'"^  Saint-Aubin elMi^c  Gavaudan, 
avec  nus  perfection  qui  en  fit  la  fortune.  Peu  de 
temps  après,  il  donna  seul  Zélic  et  Terville,  qui 
eut  |)eu  de  succès,  el  plusieurs  autres  ouvrages, 
tant  à  rOpéra-Comiqiie,  qu'à  l'Académie  royale 
de  musique.  La  vogue  qu'avaient  obtenue  quel- 
ques-unes des  romances  de  Blangini  lui  lit  bientôt 
une  brillante  réputation  dans  la  haute  société  de 
celte  épo(]ue.  Toiit(  s  les  femmes  à  la  mode  vou- 
laient l'avoir  pour  maître  de  chant  ;  car  alors  l'art 
du  chant  cousislait,  pour  le  monde  parisien,  à 
bien  dire  des  romances.  Blangini  avait  organisé 
des  matinées  musicales  dans  sa  maison  de  la  ru<^ 
Bas.se- (lu-Rempart,  où  se  réunis'-ait  l'élite  de  la 
société.  Il  y  faisait  entendre  de  bonne  musique 
italienne  chantée  d'une  manière  agréable,  et  ses 
romances  nouvelles,  dont  il  faisait  ainsi  la  répu- 
tation. Appelé  à  Munich  en  1805,  il  y  fit  repré- 
senterunopéraintitu!é£'«coreînî  lourde  Calife, 
qui  lui  valut  le  titre  de  maître  de  chapelledu  roi 
de  Bavière.  L'année  suivante,  la  princesse  Bor- 
ghèse,  sœur  de  Napoléon,  le  nomma  directeur 
de  sa  musique  et  de  ses  concerts;  en  1809,  le 
roi  de  Westplialie  lai  conféra  le  litre  de  maître 
de  sa  chapelle  et  de  directeur  de  sa  musique. 
Rentré  eu  France  en  1814,  Blangini  y  a  succes- 
sivement obtenu  les  titres  de  surintendant  hono- 
raire de  la  musique  du  roi,  de  compositeur  de  la  \ 
musique  particulière  de  S.  M  ,  et  de  |)rofesseur  de 
chant  à  l'Fcole  royale  de  musique  et  de  déclama- 
tion; mais  il  lut  privé  de  ce  dernier  emploi  par 
nu  arrèlé  du  vicomte  île  Ln  Rocliofoucaiilt ,  qui 
avait  alors  la  direction  des  beaux -arts  au  miMi»- 


BLANGINI  —  BLANKENBURG 


437 


lève  de  laninison  du  roi.  La  liste  des  ouvrages  de 
lUangini  se  compose  de  cent   soixante-quatorze 
romances  en    trente-quatre  recueils;  de    cent 
soixanletlix  nocturnes  à  deux  voix;  de  dix-sept 
recueils  de  CanzonetCi,  pour  une  et  deux  voix; 
de  six  motets; de  quatre  messes  à  quatre  voix  et 
orcliestre,  et  des  opéras  suivants  :   La  Fausse 
Duègne  (avec  Della-Maria),  en   trois  actes,  en 
1802;  Zélle  et  TerviUe,  eu  1803;  Chimère  et 
Réalité,  en  un  acte,  1803;  Encore  vn  toïir  de 
Calife,  en  un  acte,  à  Municii,  1805  ;  Nephtali,  ou 
les  Ammonilcs ,  en  3  actes,  à  l'Opéra  (ie  Paiis, 
1806;  Inès  de  Castro,  en  3  actes  (non  repré- 
senté); les  Fêles  laccdémoniennes ,  en  3  actes 
(non  représenté); /e  S«cr)7îce  d'Abraham,  en 
3  actes,  à  Cassel,  181 1  ;  les  Femmes  vengées,  eh 
un  acte,   au  théâtre  Fcydeau,   1811;   l'Amour 
philosophe,  en  2  actes,  à  Cassel,  1811  ;  le  JS'au- 
/rage  comique^  en  2  actes,  ibid.,  1812;  lu  Fée 
Urgèle,  en  3  actes,  ibid.,  1812  ;  la  Princesse  de 
Cachemire,  en  3  actes,  ibid.,  1812;  'Irajano lu 
Dacia,en  2  actes,  à  Munich,  18t4;  l-a  Soiirde- 
Muetle,  en  3  actes,  au  théâtre  Fcydeau,  1315; 
ia  Comtesse  de  Lamark,  en  3  actes,  au  même 
théâtre,  1817;  le  Jeune  Oncle,  en  un  acte,  au 
même  théâtre,  1820  ;  Marie-Thérèse,  en  4  actes, 
répété  à  l'Opéra,  en  1820,  mais  non  représenté; 
te  Duc  d'Aquitaine,  en  un  acte,  au  théâtre  Fey- 
deau,  1823  ;    le  Projet  de  pièce,  en  un  acte,  au 
mêmetliéàtre,  1825;  la  Saint- Henri ,  en  un  acXe, 
joué   au  théâtre  de  ia  cour,  1825;  l'Intendant , 
en  un  acte,  idem,  1826  ;  le  Coureur  de  veuves, 
en  3  actes,  au  théâtre   des  Nouveautés,  1827; 
le  Jeu  de  Cache-Cache ,  en  2  actes ,  au  même 
théâtre,   1897;  le  Morceau  d'ensemble,  en  un 
acte,  idem,  1825;  l'Anneau,  de  la  Fiancée,  en 
S  actes,  ibid.,  1827;   le  Chanteur  de  Société , 
en  2  actes,  au  théâtre  des  Variétés,  1830.  Une 
partie  delà  musique  de  la  Marquise  de  Brinvil- 
tiers ,  eu  3  actes,  à  l'Opéra  Coiuii|ue,  1831  ;   Un 
preinier  pas  ,  en  un  acte  ,  idem  ,  1832  ;  les  Gon- 
doliers ,  en  2  actes,  ibid.,  1833;  te  Vietix  de  la 
Montagne,  en  4  actes,  écrit  pour  l'Opéra,  mais 
non  représenté.  Peut-éire  trop  tôt  oublié,  Bkiii- 
gini  méritait  qu'on  gardât  le  souvenirde  quelques 
unes  de  ses  compositions.  Il  y  a  de  la  grâce,  de 
l'élégance  et  de  l'expression  dans  ses  nocturnes 
et  dans  ses  romances.  Quelques-unesdecespetiies 
pièces,  entre  autres  :  Il  est  trop  tard,  les  Sou- 
venirs, M'aimeras-tu?  Il  faut  partir,  ont  un 
charme  irrésistible.  Il  y  a  aussi  du  mérite  dans 
quelques  morceaux  de  son  opéra  de  Nephtali , 
dont  un  air  a  été  (liante  avec  beaucoup  de  succès 
dans  les  concerts. 

La  fortune  fut  longtemps  souriante  pour  Blan- 
gini,. Sa  taille  était  pelite;  mais,  élégant  et  gra- 


cieux, il  plaisait  aux  feuwncs  qui  le  protégeaient. 
Il  eut  pour  élèves  de  chant  la  reine  de  Bavière, 
la  reine  de  Westphalie,  le  roi  de  Hollande  (  Louis 
Bonaparte),  la  reine  Horlense,  la  princesse  Pau- 
line Borghèse,  pour  qui,  suivant  ses  indiscrétions, 
il  fut  quelque  chose  de  plus  qu'un  maître    de 
chapelle  ;  la  duchesse  de  Berry,  enfin,  un  nombre 
inuuense  de  dames  de  la  plus  haute  noblesse  de 
toute  l'Europe.  Ces  relations  lui  procurèrent  des 
avantages  de  tout  genre.  Le  temps  du  Consulat 
et  de  l'Empire  fut  surtout  pour  lui  une  source 
de  prospérité.  Sous  la  Restauration,  il  trouva  en- 
core de  la  protection  par  l'appui  de  M"'c  la  du- 
chesse de  Berry  ;  mais  après  1830,  il  n'y  eut  plus 
que  malheur  pour  le  pauvre  Blangini.  11  perdit 
alors  toutes  ses  places  à  la  cour;  des  faillites  de  né- 
gociants lui  enlevèrent  des  sommes  considérables, 
fruit  de  ses  économies  ;  il  voulut  réparer  ses  pertes 
en  travaillant  activement  pour  le  théâtre;  mais 
le  succès  ne  couronna  pas  ses  travaux.  La  plu- 
part de  ses  opéras  tombèrent  ou  n'eurent  qu'une 
courte  existence.  Dans  ses  dernières  années,  sa 
tristesse  était  habituelle.  Il  mourut  à    Paris,  le 
18  décembre  1841,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Plu- 
sieurs années  auparavant,  M.  Maxime  de  Ville- 
marest,  son  ami ,  et  littérateur  connu  par  divers 
ouvrages,  avait  rédigé  sur  ses  notes  un  volume 
quia  paru  sous  le  titre  de:  Souvenirs  de  F .  Blan- 
gini, maître  de  okapelte  du  roi  de  Bavière, 
membre  de  la  Légion  d'honneur  et  de  l'Insti- 
tut historique  de  France  (1797-1834).  Paris, 
Allardiu,   1834,  1  vol.  in-8°  de  394  pages.  Il  y  a 
beaucoup  de  vanité  dans  ces  souvenirs;  mais  on 
doit  la  pardonner  à  un  artiste  que  tant  de  succès 
et  de   faveurs  avaient  caressé  ■dans  ses  beaux 
jours.  D'ailleurs  la  plupart  des  personnages  dont 
pai  le  Blangini  intéressent  ou  par  leur  mérite,  ou 
par  les  événements  auxquels  leurnom  est  attaché. 
BLANKEXBURG  (Quirin  Van),   licencié 
en  philosophie  et  en  médecine,  né  en  1654,  à 
Gouda,  en  Hollande,  fut  organiste  de  la  nou- 
velle  église  reformée  à  la  Haye,  et  mourut  en 
1739.  11  est  auteur  des  ouvrages  suivants  :  1° 
Elementa  musica,  of  niew  licht  tôt  het  wel- 
terslaan  van  de  Musiec  en  de  Bas-continuo 
(l';:éments  de  musique,  ou  nouvelle  lumière  sur 
la  musique  et  la  basse  continue),  La  Haye,  1739, 
iu  4"  de  deux  cents  pages.  —  2°  Clavicimbel 
eu  Orgelboek  der  Psalmen  en  lierkgezangen , 
met  dezelfde  nolen  die  de  gemeinte  zingt , 
toi    vioegende  maatzangen   gemakt,  in  styl       ^ 
en  fioogte  bepaald  ,  met  cieradvn  vourzien  en 
met  kunst  vcrnjkt ,  tweede  druk,  vermeer- 
dcrt  niecl  een  inslructie  of  ondenvyzinge  tôt 
de  Psalmen  f  regelen  composilie  van  de  Bass, 
alphabet    voor   de    blïnden,    en    volkomen 


438 


BLAWKENBURG  —  BLASIUS 


van  drukfouten  gezxiivert  (Livre  d'orgue  ou 
de  clavecin  pour  accompagner  le  chant  des 
psaumes  dans  les  églises  réformées,  etc.).  La 
Haye,  1732,  gr.  in-4''.  La  troisième  édition  a 
paru  dans  la  même  i^ille  en  1772,  in-4°.  On  a 
aussi  de  cet  auteur  des  pièces  de  clavecin  qui 
peuvent  se  jouer  en  retournant  le  livre,  sous 
ce  titre  :  La  double  harmonie  d'une  musique 
qui  en  fait  deux  en  tournant  le  papier  et 
prouve  comment  deux  font  un  et  un  fait  deux, 
à  Voccasion  du  mariage  de  S.  A.  R.  Monsei- 
gneur le  prince  d'Orange  avec  la  princesse 
royale  d'Angleterre.  Augmentée  de  plusieurs 
fugues,  allemandes,  courantes,  sarabandes, 
bourrées,  gavottes,  menuets  et  autres  pièces 
de  clavecin.  La  Haye,  Laurent  Betkoske  (s.  d.) 
in-4".  Blankenburg  l'ut  un  musicien  instruitdont 
les  ouvrages  peuvent  être  consultés  avec  fruit. 
Son  portrait,  gravé  par  Creite,  se  trouve  en  tête 
de  ses  Elementa  musica. 

BLANKENBURG  (  Chrétien  -  Frédiîric 
dk;,  naquit  à  Colbcrt,  en  Poméranie,  le  24  jan- 
vier 1744.  Après  avoir  servi  en  Prusse  pemlant 
vingt  et  un  ans,  il  demanda  sa  retraite  et  l'obtint 
avec  le  grade  de  cipitaine.  11  se  retira  à  Leip- 
sick,  où  il  se  livra  à  la  liltéralure.  En  ITSC),  il 
publia  un  Supplément  à  la  théorie  universelle 
des  beaux-arts  de  Sulzer,  Leipsick,  quatre  par- 
ties in-8°,  dont  il  a  donné  une  nouvelle  édition  à 
Leipsick,  en  1792-94.  Onarefondu  depuis  lors  ce 
supplément  dans  l'ouvrage  de  Sulzer.  Toutes 
les  notes  relatives  à  la  littérature  musicale  qui 
sont  jointes  aux  principaux  articles  de  Sulzer  sont 
de  Blankenburg.  Celui-ci  est  mort  le  4  mai 
179G.  Toute  la  partie  de  la  musique  est  traitée 
d'une  manière  fort  remarquable  dans  le  supplé- 
ment de  Blankenburg  à  la  Théorie  générale  des 
beaux-arts  de  Sul/er,  et  l'on  peut  aflirmer  que 
tous  les  lexicographes  de  cet  art  sont  restés  in- 
férieursà  l'auteur  de  ce  supplément.  Blankenburg 
connaissait  également  bien  et  l'histoire  de  la  mu- 
sique et  sa  littérature. 

BLASI  (Luc),  célèbre  constructeur  d'orgues, 
né  à  Pérouse,  florissait  vers  la  lin  du  seizième 
siècle.  H  a  construit  à  Rome,  vers  1600  un  or- 
gue de  seize  jeux  dans  la  Basilique  de  Constan- 
tin. Plusieurs  anciennes  orgues  ont  été  aussi  ré- 
parées par  lui. 

BLASIS  (Virgime),  fille  de  François  Bla- 
sis,  professeur  de  chant  et  compositeur,  connu 
par  la  musique  de  quelques  ballets,  naquit  à 
Marseille, en  1804. Élèvede  son  père  pourléchant, 
el  possédant  une  très-belle  voix  de  soprano,  elle 
chantait  avec  correction,  mais  sans  chaleur  et 
«ans  génie.  Engagée  au  théâtre  Italien  de  Paris,  j 
eprès  la  retraite  de  M™c  Pasta,  elle  y  tint  l'em-   1 


p!oi  de  prima  donna  pendant  quelque  temps,  et 
chanta  aussi  au  théâtre  du  roi  à  Londres.  En  1830, 
elle  retourna  en  Italie,  et  clianta  sur  les  théâties 
de  Turin,  de  Crémone,  de  Plaisance,  de  Trévise, 
de  Florence  avec  de  brillants  succès,  particuliè- 
rement dans  la  Béatrice  di  Tenda.  Une  maladie 
aiguë  l'enleva,  dans  cette  dernière  ville,  pendant 
la  nuit  du  11  au  (2  mai  1838,  à  l'âge  de  trente- 
quatre  ans.  Un  monument  lui  a  été  élevé  dans 
l'église  de  Santa-Croce  :  on  y  voit  son  tombeau 
sur  lequel  le  sculpteur  Pampaloni  l'a  représentée 
agenouillée. 

BLASIUS    (Matuieu-Frédéric),    excellent 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  l'Opéra-Comique, 
1  naquit  le  23  avril  1768  à  Laiiterbourg,  départe- 
I  ment  du  Bas-Rhin.  Son  père,  Michel  Blasius, 
lui  enseigna  les  premiers  principes  de  la  musi- 
que et  les  éléments  de  l'harmonie.  Venu  jeune 
à  Paris,  Blasius  s'y  fit  connaître  par  ses  composi- 
tions pour  les  instruments  à  vent,  et  notamment 
par  des  suites  d'harmonie  qui  eurent   un  très- 
grand  succès.  Admis  au  nouibre  des  professeurs 
du    Conservatoire  lors  de  la  formation   de  cet 
établissement,  il  fut  compris  dans  la  réforme  de 
l'an  X  (1802).  Ce  fut  aussi  vers  le  même  temps 
qu'il  quitta  le  corps  de  musique  de  la  garde  des 
consuls,  dont  il  avait  été  le  chef  pendant  plusieurs 
années.  11  se  borna  dès  lorsà  diriger  l'orchestre  de 
l'Opéra-Comique,  ce  qu'il  fit  de  la  manière  la  plus 
remarquable  pendant  vingt-cinq  ans. Tous  les  com- 
positeurs se  sont  rappelé  longtemps  avec  plaisir 
le  soin  qu'il  apportait  dans  l'exécution  des  ouvra- 
ges qui  lui  étaient  confiés;  son  aplomb,  son  sang- 
froid,  et  la  délicatesse    de    son   oreille,  qui  lui 
faisait  discerner  à  l'instant  la  partie  où  une  faute 
avait  été  commise.  11  a  été  admis  à  la  pension 
en  1816   et  s'est  retiré  à  Versailles.  Blasius  était 
également  distingué  par  son  talent  d'exécution  sur 
le  violon,  sur  la  clarinette,  sur  la  flûte,  et  sur  lebas- 
son.  Il  a  composé  pour  tous  ces  instruments.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  1°  Aouvelle  Méthode 
pour  clarinette,  Paris,  179C.  —  2°  Symphonie 
concertante  pour  deux  cors,  Paris,   Ozi.  —  3" 
Harmonie  à  six  parties,  Paris,  Pleyel.  — 4°  Har- 
monie tirée   des   opéras   nouveaux ,    première, 
deuxième  et  troisième  suites,  Paris,  Janet.  —  5" 
Journal   d'harmonie  à  l'usage  des  musiques  mi- 
litaires, dixième  et  onzième  livraisons,  Paris,  Le- 
duc. —  G"  Divers  recueils  de  marches  et  pas  re- 
doublés. —  1°  Premier  concerto  de  violon,  en 
sol,  Paris,  Leduc.  —  8°  Deuxième  idem,  en  la, 
ibid.,  Pleyel.  —  9°  Troisième  idem,  ^nut,  ibid., 
Érard.  —  10°  Trois  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  1,  Paris,  Sieber.  —  11°  Trois 
idem,  op.  3,  ibid.,  Louis.  —  12"  Trois  idem,  op. 
12,  ibid.,  Sieber. —  13"  Trois  idem,  op.  19,  ibid., 


BLASIUS  —  BLAVET 


439 


0?.i.  —  14°Troislrios  pour  d«u\  violonsel  basse, 
op.  48,  livre  1  et  2.  —  15"  Dix  œuvres  de  duos 
pour  deux  violons,  op.  8,  28,  29,  30,  32,  33,  39, 
43,  53,  liv.  1  et  2. —  16°  Quatre  œuvres  de 
sonates  pour  violon  et  basse.  —  17°  Trios  pour 
flûte,  clarinette  et  basson,  op.  31.  —  18°  Quatre 
concertos  pour  clarinette.  —  19°  Trios  pour  le 
même  instrument,liv.  1  et  2.—  20°  Sept  œuvres 
de  duos,  idem,  op.  18,  20,  21,  38,  40,  et  46.  — 
21°  Concerto  pour  basson.  —  22°  Six  quatuors, 
idem.  Blasius  a  fait  représenter  à  l'Opéra-Comi- 
que  :  Pelletier  de  Saint- Fargeau,  on  le  premier 
martyr  de  la  république  française,  en  deux 
actes,  1793,  et  V Amour  Ermite,  en  un  acte, 
1793.  On  lui  doit  enfin  l'arrangement  en  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  des  sonates  de 
Haydn  pour  le  piano.  Il  a  composé  la  musique 
d'un  ballet,  en  1791,  mais  cet  ouvrage  n'a  pas 
été  représenté.  Blasius  s'est  retiré  de  l'Opéra  Co- 
mique au  mois  de  mars  1816,  après  vingt-cinq 
ans  de  service,  et  a  cessé  de  vivre  en  1829.  Une 
erreur  introduite  dans  le  Manuel  de  la  Littéra- 
ture musicale  deWhistlinga  été  répétée  dans  l'En- 
cyclopédie de  la  musique  de  Schilling.  On  y  dit 
que  l'artiste  dont  il  est  question  dans  cet  article 
.s'appelait  Blasius,  en  français  Blaze.  Jamais  le 
nom  de  Blaze  n'a  été  donné  en  France  à  Bla- 
sius. Il  est  dit  aussi  ilans  ce  même  ouvrage  que 
Blasius  se  rendit  en  France  avec  son  fière  qui 
jouait  fort  bien  du  basson  ;  mais  le  bassoniste, 
le  clarinettiste,  le  violoniste  et  le  compositeur  du 
nom  de  Blasius  ne  sont  qu'une  seule  et  même 
personne. 

BLA.TT  (FRANçois-TnADÉE),  directeur  ad- 
joint et  professeur  au  Conservatoire  de  Prague, 
est  le  plus  célèbre  clarinettiste  existant  en  Alle- 
magne à  l'époque  actuelle.  Né  à  Prague,  en  1793, 
il  se  livra  d'abord  à  l'étude  de  la  peinture,  d'après 
le  désir  de  ses  parents,  et  suivit  les  cours  de 
l'Académie  impériale  de  Vienne,  où  son  père 
avait  été  placé  comme  employé,  en  1796.  On  lui 
fit  éludier  aussi  la  musique  pour  laquelle  il 
avait  d'heureuses  dispositions.  Son  père  ayant 
cessé  de  vivre,  en  1807,  Blatt  retourna  à  Pra- 
gue avec  sa  mère  ;  et  peu  de  temps  après  il 
abandonna  la  peinture  pour  se  livrer  en  liberté  à 
son  penchant  pour  la  musique.  Admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  musique  de  sa  ville 
natale,  il  reçut  des  leçons  de  l'habile  clarinettiste 
Farnick ,  et  le  directeur  de  cette  institution, 
F.  D.  Weber,  lui  enseigna  les  éléments  de  l'har- 
monie et  de  la  composition.  Parvenu  à  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  en  1814,  il  entreprit  de  longs 
voyages  en  Allemagne  et  dans  le  nord  de  l'Eu- 
rope, dans  le  dessein  de  se  faire  connaître  et  d'ac- 
croître son  habileté  et  ses  connaissances  dans 


.«ion  art.  A  son  retour  h  Prague ,  il  entra  comme 
(première  clarinette  solo  à  l'Opéra  de  cette  ville, 
et  en  1820,  il  devint  professeur  au  Conservatoire. 
Depuis  lors  il  a  réuni  à  ce  titre  celui  de  directeur 
adjoint.  Comme  instrumentiste,  Blatt  jouit  dans 
sa  patrie  d'une  haute  renommée.  On  s'accorde  à 
donner  des  éloges  au  brillant  extraordinaire  de 
son  jeu,  à  la  l)eauté  du  son  qu'il  tire  de  la  clari- 
nette, et  à  sa  manière  expressive  de  chanter  sur 
cet  instrument.  Ses  compositions  sont  aussi  con- 
sidérées comme  fort  bonnes  en  leur  genre.  On  re- 
marque particulièrement  celles  dont  les  titres  sui- 
vent :  1°  Douze  caprices  en  forme  d'études  potii 
la  clarinette,  livres  1  et  2  ;  Leipsick,  Breitkopfet 
Haertel.  —  2o  Trios  pour  trois  clarinettes,  op.  3  ; 
Prague ,  Berra.  —  3°  Variations  brillantes  pour 
clarinette  et  quatuor  (en  w^  mineur  et  en  sol  mi- 
neur); Bonn,  Simrock.  —  4°  Introduction  et 
variations  pour  clarinette  et  orchestre,  ibid.  — 
5"  Introduction  et  variations  brillantes  sur  un 
thème  du  Barbier  de  Séville  ,  avec  orchestre, 
op.  28  ;  Leipsick,  Breitkopfet  Hssrtel.  —  6"  Trois 
duos  concertants  pour  deux  clarinettes,  op.  29; 
ibid.  —  1'  Caprices  amusants  pour  une  clarinette 
seule,  op.  26,  ibid.  —  8°  Études ,  op.  33;  ibid. 
—  90  Méthode  complète  pour  la  clarinette; 
Mayence,  Scliott.  Ouvrage  bien  conçxi  et  bien 
exécuté.  —  10°  Vingt-quatre  exercices,  premier 
et  deuxième  supplément  à  la  Méthode;  ibid.  — 
1 1°  Mt'thode  abrégée,  théorique  et  pratique  de 
chant;  Prague,  I^udl.  Blatt  a  écrit  aussi  quel- 
ques morceaux  pour  le  hautbois  et  pour  le  cor 
anglais. 

BLAU  (Henri  de),  ténor  à  la  cour  du  duc  de 
Bavière,  en  1593,  sous  le  fameux  maître  de  cha- 
pelle Roland  de  Lassus.  Il  était  vraisemblable- 
ment Français. 

BLAVET  (Michel),  flûtiste  et  compositeur 
de  musique,  naquit  à  Besançon,  le  13  mars  1700. 
Fils  d'un  tourneur,  il  suivait  la  profession  de  son 
père,  lorsqu'une  flûte,  tombée  par  hasard  dans  ses 
mains ,  lui  révéla  le  secret  de  son  talent.  Sans 
autre  maître  que  lui-même,  il  apprit  à  jouer  de 
cet  instrument ,  et  ses  progrès  furent  si  rapides 
qu'il  n'eut  bientôt  plus  de  rival  en  France.  Le 
duc  de  Lewis,  l'ayant  entendu,  l'engagea  à  se 
rendre  à  Paris,  où  il  fut  bien  accueilli  par  tous  les 
amateurs.  Admis  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  il  tra- 
vailla continuellement  à  perfectionner  son  talent, 
et  publia  plusieurs  œuvres  qui  augmentèrent  sa 
réputation.  Quelques  années  après,  il  fil  un  voyage 
en  Prusse;  Frédéric  II,  alors  prince  royal,  qui 
jouait  aussi  de  la  flûte,  voulut  entendre  Blavet,  et 
en  fut  si  content,  qu'il  l'engagea  à  rester  près  de 
lui,  promettant  d'avoir  soin  de  sa  fortune  :  Quanlz 
n'était  point  encore  au  service  de    ce  prince. 


440 


BLAVET  —  BLAZE 


Blavet  préféra  revenir  à  Paris ,  où  le  prince  de 
Carignan  lui  accorda  un  logement  dans  son  hôtel 
et  une  pension.  11  devint  ensuite  surintendant  de 
la  musique  du  comte  de  Clermont,  pour  qui  il 
mit  en  musique  Églé,  pastorale  de  Laujon;  les 
Jeux  Olympiques,  1753,  ballet  du  comte  de  Sen- 
neferre;  la  Fêle  de  Cijthère,  opéra  du  chevalier 
de  Laurès;  le  Jaloux  corrigé,  de  Collé  et  Flo- 
rian,  1752.  Blavet  était  aussi  très-habile  sur  le 
basson.  Il  est  mort  à  Paris,  le  28  octobre  1768. 
On  trouve  son  éloge  par  M.  François,  dans  le 
Nécrologe  de  1770. 

BLAVIER  (  André- JosEPFi),  né  à  Liège,  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle,  y 
fit  ses  études  musicales,  et  lut  maître  de  musique 
à  Saint-Pierre  de  cette  ville.  En  1727  il  obtint  au 
concours  la  place  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
Notre-Dame  d'Anvers,  et  en  prit  immédiatement 
possession.  En  1741,  il  composa  une  messe  à 
4  voix,  2  violons,  alto  et  basse  continue,  dont  le 
manuscrit  existe  dans  les  archives  de  cette  église. 
Blavier  a  été  le  maître  de  Gossec,  lorsque  ce- 
lui-ci était  enfant  de  chœur  de  la  collégiale. 
(V.  Gossec.) 

BLAZE  (Henri-Sébastien),  né  à  Cavaillon, 
petite  ville  du  département  de  Vaucluse,  en  1763, 
apprit  les  premiers  principes  de  l'art  musical  d'un 
organiste  de  sa  ville  natale,  nommé  Lapierre, 
Conduit  à  Paris  pour  y  finir  son  éducation,  il  y 
arriva  pendant  la  guerre  des  Gluckistes  et  des 
Piccinistes ,  ce  qui  contribua  encore  à  augmenter 
le  goût  qu'il  avait  pour  la  musique.  Aidé  des 
conseils  de  plusieurs  maîtres  et  des  leçons  de 
Séjan,  organiste  de  Saint-Sulpice,  il  acquit  des 
connaissances  dans  la  composition  ;  mais,  obligé 
d'embrasser  la  profession  de  notaire,  il  ne  put 
se  livrer  à  son  penchant  pour  cet  art  que  dans 
des  moments  de  loisir.  Blaze  a  néanmoins  écrit 
plusieurs  messes  à  grand  orchestre,  d'autres 
avec  accompagnement  d'orgue  seulement  ;  un 
opéra  intitulé  V Héritage,  qui  fut  mis  à  l'étude  au 
tliéâlre  Favart;  une  Scmiramis,  dont  il  avait  ar- 
rangé le  livret  d'après  le  plan  de  Voltaire,  et  qui 
n'a  pas  été  représentée,  à  cause  de  sa  ressemblance 
avec  l'opéra  du  même  nom  dont  Catel  avait  fait 
La  musique ,  ouvrage  reçu  par  l'administration  de 
l'Opéra  avant  que  Biaze  présentât  le  sien.  De 
retour  dans  sa  province,  Blaze  alla  s'établir  à 
Avignon,  et  partagea  son  temps  entre  l'exercice 
de  sa  profession  et  ses  travaux  de  musicien.  Bien- 
tôt troublé  dans  son  état  et  dans  ses  plaisirs  par 
le  régime  de  terreur  qui  pesa  sur  la  France  dans 
les  années  1793  et  04,  il  fut  obligé  de  se  sous- 
traire par  la  fuite  aux  poursuites  dont  il  était 
l'objet.  Après  la  réaction  du  9  thermidor,  il  fut 
oomnié  administrateur  de  son  département.  En 


1799,  il  fit  un  second  voyage  à  Paris,  et  profit;» 
de  son  séjr.ur  en  cette  ville  pour  y  publier  (piel- 
ques-ims  de  ses  ouvrages.  Il  s'y  lia  d'amitié  avec 
Mébul  et  Grétry  ;  l'Institut  le  nomma  son  corres- 
pondant, en  remplacement  de  l'abbé  Giroust. 
Les  compositions  de  Blaze  qui  ont  été  gravées 
sont  :  1°  Deux  œuvres  de  sonates  pour  le  piano. 

—  2"  Un  œuvre  de  duos  pour  harpe  et  piano. 

—  3°  Plusieurs  messes  en  plain- chant.  — 
4°  Quelques  pièces  fugitives.  Blaze  s'est  fait 
connaître  par  un  roman  intitulé  -.  Julien,  ou  le 
Prêtre;  Paris,  1S05,  2  vol.  in-12.  Il  a  cesse  de 
vivre  à  Cavaillon,  le  11  mai  1833. 

BLAZE  (François-Henri-Joseph,  dit  CAS- 
TIL  BLAZE),  fils  du  précédent,  est  né  à  Cavail- 
lon, le  1"'' décembre  17S4.  Destiné  aubarreau,  il  fit 
danssa  jeunesse lesétudes  nécessaires pourla  pro- 
fession d'avocat,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  cul- 
tiver la  musique ,  dont  les  prenu'ères  leçons  lui 
furent  données  par  son  père.  Arrivé  à  Paris  eu 
1799,  pour  y  suivre  les  cours  de  l'école  rie  droit, 
il  les  négligea  quehjuefuis  pour  ceux  du  Conser- 
vatoire. Après  y  avoir  achevé  l'étude  du  solfège, 
il  reçut  de  Perne  des  leçons  d'harmonie,  et  il  se 
préparait  à  compléter  son  éducation  musicale, 
lorsqu'il  lui  fallut  renoncer  à  ses  penchants  pour 
s'occuper   exclusivement  de  son  état.   Devenu 
successivement  avocat,  sous-préfet  dans   le  dé- 
partement de  Vaucluse,  inspecteur  de  la  librai- 
rie, etc.,  il  lui  restait  peu  de  temps  à  donner  à 
la  culture  de  l'art  qu'il  aimait  avec  p.ission.  Ce- 
pendant il  jouait  de  plusieurs  instruments  et  avait 
composé  beaucoup  de  romances  et  d'autres  pièces 
fugitives  qui  avaient  été  publiées,  lorsqu'il  prit 
tout  il  coup  la  résolution  de  renoncer  au  barreau, 
à  la  carrière  administrative,  à  tout  ce  qui  pou- 
vait enfin  mettre  obstacle  à  ses  penchants;  con- 
fiant dans  l'avenir,  il  prit  la  route  de  Paris,  avec 
sa  femme  et  ses  enfants,  plus  soigneux  de  son 
bagage  de  partitions  et  de  manuscrits  que  du  reste 
de  sou  mobilier.  Deux  projets  l'amenaient  dans 
la  ville  des  arts  :  il  voulait  y  faire  représenter  le 
Don  Juan  de  Mozart  et  quelques  autres  opéras 
qu'il  avait  traduits  et  arrangés  pourla  scène  fran- 
çaise, et  y  publier  un  livre,  espoir  de  sa  lulure 
renommée.  Ce  livre  parut  sous  le  titre  de  l'Opéra 
en  France  (Paris,  18?.0,  2  vol.  in-8°).  Homme 
d'esprit,  écrivain  plein  de  verve,  Castil-Blaze  at- 
taquait avec  force  dans  cet  ouvrage  certains  pré- 
jugés qui  s'opposaient  en  France  aux  progrès  de 
la  musique  dramatique.  11  y  signalait  les  défauts 
des  livrets  d'opéras,  les  vices  de  l'administration 
intérieure  des  théâtres ,  la  mauvaise  distribution 
des  rôles, la  classification  fausse  et  arbitraire^des 
voix ,  toutes  les  causes  enfin  qui  mettaient  alors 
obstacle  à  la  bonne  exécution  de  la  musique.  Il 


BLAZE 


-14  ( 


faisait  aussi  la  guerre  au  goût  passionné  deg 
Français  pour  les  ciiansons,  !•;  considérant  avec 
laison  comme  un  obstacle  aux  progrès  de  l'art. 
Enfin ,  il  ne  ménageait  pas  les  productions  qui 
lui  paraissaient  appartenir  plutôt  au  genre  du 
vaudeville  qu'à  celui  du  véritable  opéra.  Ajoutons 
que  la  ferveur  de  son  zèle  l'avait  entraîné  jusqu'à 
l'injustice  envers  des  compositeurs  français  qui, 
bien  que  faibles  liarmonisles,  avaient  pourtant 
fait  pieuve  de  mérite  par  le  naturel  des  mélodies 
et  la  vi'tilé  dramatique  de  leurs  ouvrages. 

On  ne  lisait  guère  en  France  de  livres  sur  la 
musique  à  l'époque  où  Caslil-Blaze  publia  le 
sien;  il  n'eut  donc  pas  alors  le  retentissement 
qu'il  aurait  eu  s'il  eût  paru  quelques  années  plus 
tard;  néanmoins  l'auteur  en  recueillit  le  fruit, 
parce  que  le  mérite  de  cette  production  le  fit 
ciloisir  comme  rédacteur  de  la  chronique  musi- 
cale du  Journal  des  Débats.  Jusqu'au  moment 
où  Castil-Blaze  commença  cette  suite  d'articles 
piiiuants  signés  de  XXX  qui  fondèrent  sa  répu- 
tation, des  littérateurs,  ignorants  des  premiers' 
éléments  de  la  musique,  s'étaient  arrogé  le  droit 
d'émettre  seuls  dans  les  journaux  des  opinions 
fausses,  qu'ils  prenaient  pour  des  doctrines,  sur 
un  art  dont  ils  ne  comprenaient  pas  même  le 
but  :  c'est  à  cette  cause  qu'on  doit  attribuer  les 
préjugés  qui  régnaient  dans  la  plus  graniie  partie 
de  la  population  contre  l'Iiarmonie,  le  luxe  d'in- 
strumentation et  ce  qu'on  appelait  la  musique 
savante.  I.'auteur  de  la  chronique  musicale  sut 
bientôt  se  faire  remarquer  par  la  spécialité  de  ses 
connaissances  ;  il  imposa  silence  au  bavardage  des 
gens  de  lettres,  et  parvint  à  initier  le  public  au 
langage  technique  dont  il  se  servait,  par  l'entrain 
de  sa  verve  méridionale.  Quels  que  soient  les 
progrès  que  puisse  faire  en  France  l'ait  d'écrire 
sur  la  musique  dans  les  journaux,  on  n'oubliera 
pas  que  c'est  Castil-Blaze  qui,  le  premier,  l'a  na- 
turalisé dans  ce  pays. 

En  1821,  ce  littérateur  musicien  publia  un 
Dictionnaire  de  musique  moderne  (Paris,  2  vol. 
in-8°).  Cet  ouvrage,  formé  par  la  réunion  des 
matériaux  que  l'auteur  avait  rassemblés  pour  son 
livre  de  l'Opéra  en  France,  offre  des  notions 
justes  des  diverses  parties  de  l'art;  cependant,  la 
rapidité  qui  avait  présidé  à  sa  rédaction  y  avait 
laissé  glisser  quelques  négligences  dans  plusieurs 
articles  importants  -.  elles  ont  été  corrigées  dans 
des  cartons  qui  ont  fait  reproduire  l'ouvrage  avec 
un  nouveau  frontispice ,  comme  une  deuxième 
édition  (Paris,  1825,  2  vol.  in-8").  Depuis  lors 
Mées,  professeur  de  musique  à  Bruxelles,  a  donné 
une  réimpression  du  Dictionnaire  de  musique 
<lo  Castil-Blaze,  précédé  d'un  Abrégé  historiqxie 
sur  la  7nusique  moderne,  et  d'une  Biographie 


des  théoriciens ,  compositeurs,  chanteurs  et 
musiciens  célèbres  qui  ont  illustré  C École  fla- 
mande et  qui  sont   nés   dans   les  Pays- lias; 
par  ordre  alphabétique  (RrnwWc^,  i  vol.  in-8", 
182S).  On  a  reproché  à  l'auteur  de  ce  diction- 
naire d'avoir  reproduit  textuellement  un  grand 
nombre  d'articles  du  Dictionnaire  de  J.-J.  Rous- 
seau, après  avoir  montré  beaucoup  de  mé|»ris 
pour  ses  connaissances  en  musique  (  Foy.   d'Ou- 
trepont):  l'accusation  est  malheureusement  fon- 
dée ;  mais  on  a  eu  tort  de  dire  que  sa  nomenclature 
est  incomplète  en  ce  qu'elle  ne  contient  pas  cer- 
tains articles  sur  la  musique  ancienne;  car  il  ne 
fallait  pas  oublier   que  le    titre    du  livre   est  : 
Dictionnaire  de  musique  moderne.  Le  traité  de 
V Opéra  en  France,  augmenté  d'un  Essai  sur  le 
drame  lyrique  et  les  vers  rhythmiques,  a  été 
remis  en  vente  en  1826,  comme  une  deuxième 
édition. Après  avoir  rédigé  pendant  plus  dedix  ans 
la  Chronique  musicale  du  Journal  des  Débats, 
Castl-Blaze  a  quitté  ce  journal,  en   1832,  pour 
travailler  au  Constitutionnel  ;  mais  il  n'a  pas  fait 
longtemps  les   articles  de  musique  de  celui-ci. 
Pendant  plusieurs  années  il  a  rédigé  la  partie  mu- 
sicale de  la  Revue  de  Paris.  Il  a  fourni  aussi 
quelques  articles  au  Ménestrel,  journal  de  mu- 
sique, à  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris, 
à  la  France  musicale,  et  au  Magasin  pittores- 
que. En  1832,  il  a  fait  imprimer  deux  ouvrage.s 
dont  l'un  a  pour  titre  :  Chapelle  musique  des 
Rois  de  France  (Paris,  Paulin,  un  vol.  in-12), 
eti'autre  :  La  Danse  et  les  Ballets  depuis  Bac- 
chus  jusqu'à   mademoiselle  Taglioni  (Paris, 
Paulin  ,  un  vol.  in-12  ).  Ces  deux   volumes  sont 
formés  d'une  réunion  d'articles  que  l'auteur  avait 
publiés  en  1829  et  1830,  dans  les  tomes  IV  et  VU 
de  la  Revue  de  Paris.  Le  premier  est  une  sorte 
d'histoire  abiégée  d'une  part,  et  mêlée  de  digres- 
sions de  l'autre,  de  ce  qui  concerne  la  chapelle 
des  rois  de  France.  Les  documents  authenliques 
ont  manqué  à  Castil-Blaze  pour  donner  à  son  livre 
l'intérêt  dont  il  était  susceptible.  On  trouve  beau- 
coup de  choses  relatives  à  la  musique  dans  l'ou- 
vrage sur  la  danse  et  les  ballets.  Eu   1831,  il  a 
annoncé  le  projet  qu'il  avait  de  réunir  un  choix 
de  ses  Chroniques  musicales  pour  en  former  un 
livre  :  la  première  livraison  de  cette  collection  a 
été  publiée  en  1831,  en  six  feuilles  in-8°  ;  mais 
l'entreprise  n'a  pas  eu  de  suite. 

Des  traductions  des  Noces  de  Figaro,  de  Don 
Juan,  de  la  Flûte  enchantée  et  du  Mariage 
secret  avaient  été  faites  par  Castil-Bhize  avant 
qu'il  vînt  se  fixer  à  Paris;  il  les  publia  dans  cette 
ville  en  1820  et  dans  les  années  suivantes.  Les 
succès  de  la  musique  de  Rossini  à  cette  époque  le 
déterminèrent  à  continuer  ses  travaux  de  tra- 


442 


BLAZE 


(ludion,  afin  de  faire  jouir  les  villes  de  province 
du  plaisir  d'entendre  les  principaux  ouvrages  du 
maître  dePesaro,  et  successivement  il  fit  paraître 
ie  Barbier  de  Séville,  la  Pie  voleuse  [Gazza 
ladra),  Otello,  Moïse,  Gi  V Italienne  à  Alger .  11 
a  aussi  arrangé  Anne  de  Boulen  pour  la  scène 
française,  d'après  le  libnilo  de  Romani  et  la  par- 
tition de  Donizetti.  Quelques  pastiches  furent 
aussi  essayés  par  lui  et  formés  d'une  réunion  de 
morceaux  puisés  dans  des  partitions  de  Rossini, 
de  Mozart,  de  Paèr  et  de  quelques  autres  maîtres. 
Le  théâtre  de  l'Odéon  de  Paris  ayant  été  spécia- 
lement destiné,  en  1822,  à  la  représentation  des 
opéras  allemands  et  italiens  traduits,  tous  les 
ouvrages  qui  viennent  «l'être  cités  y  furent  jwiés 
et  obtinrent  de  brillants  succès;  mais  celui  que 
le  public  accueillit  avec  le  plus  d'enthousiasme 
fut  le  Freyschiitz,  de  Weber,  traduit  sous  le 
titre  de  Eobin  des  Bois.  La  vogue  de  cet  opéra 
ne  fut  pas  moindre  en  iManre  qu'en  Allemagne; 
lorsqu'il  a  été  reprisa  l'Opéra-Comique,  en  1835, 
le  public  a  montré  le  même  empressement  à  l'en- 
lendre.  l.atraductiond'É'MrïflH^/ie,  faiteaussipar 
Castil-Blaze,  a  été  moins  heureuse  lorsqu'elle  fut 
représentée  à  l'Opéra,  en  1831.  11  a  fait  jouer  en 
province  une  traduction  de  VObcron  du  même 
compositeur  sous  le  titre  de  Huon  de  Bordeaux, 
ainsi  qu'un  ai  rangementde  Fidelio,  île  Beethoven, 
auquel  il  a  rendu  son  titre  primitif  de  Léonore. 
La  traduction  de  Don  Juan,  retouchée  par  lui  et 
par  son  fils,  obtint  du  succès,  nonobstant  les 
altérations  faites  à  l'immortel  ouvrage  de  Mozart. 
Castil-Blaze  s'est  fait  connaître  comme  composi- 
teur par  quelques  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse, des  quatuors  de  violon,  gravés  à  Paris, 
des  trios  pour  le  basson,  dont  il  avait  joué  autre- 
fois, et  un  recueil  de  douze  romances  dans  lequel 
on  remarqua  le  Chant  des  Thermopyles,  vl  la 
jolie  romance  du^oj  René.  11  ne  s'est  pas  borné 
a  ces  essais,  car  il   a   abordé  le  théâtre   pour 
son  propre  compte,  et  a  fait  représenter  à  l'O- 
péra-Comique Pigeon  vole,  dont  il  avait  com- 
posé les  paroles  et  la  musique,  et  qui  ne  réussit 
pas.  C'est  le  même  ouvrage  dont  il  a  fait  graver 
la  partition  sous  le  titre  de  la  Colombe.  Posté- 
rieurement il  a  fait  jouer  sur  les  théâtres  des  dé- 
partements Belzébuth,  ou  les  Jeux  du  roi  René, 
grand  opéra  en  quatre  actes,  et  un  opéra  bouffon 
en  trois  actes  intitulé  :  Choriste  et  Liquoriste. 
Les  partitions  de  ces  ouvrages  ont  été  publiées  par 
lui.  On  lui  doit  aussi  les  Chants  de  la  Provence, 
recueillis  et  arrangés  avec  accompagnement  de 
piano;  Paris,  chez  l'auteur.  Castil-Blaze  se  ha- 
sardait quelquefois  à  écrire  des   airs,  duos  ou 
choeurs  pour  ses  traductions  d'opéras  italiens  et 
allemands,  ou  pour  les  pastiches  formés  de  mor- 


ceaux pris  dans  les  partitions  de  grands  maîtres; 
pastiches  dont  les  plus  connus  sont  :  Les  Folies 
amoureuses,  la  Forêt  de  Senart,  la  Fausse 
Agnès,  d'après  la  pièce  de  Destouclies,  et  Mon- 
sieur de  Pourceaugnac,  d'après  la  comédie  de 
Molière.  Se  frottant  les  mains ,  il  disait  en  secret 
à  ses  amis  que  ses  propres  morceaux  avaient  tou- 
jours fait  plus  d'effet  que  les  autres.  Une  deses  ju- 
bilations étaitqu'unchœurdelaFo?-e7  de  Senart, 
donné  par  lui  comme  étant  tiré  d'un  opéra  de 
Weber,  quoiqu'il  en  fût  l'auteur,  avait  été  chanté 
dans  les  concerts  du  Conservatoire  de  Paris,  rede- 
mandé souvent,  et  toujours  applaudi  avec  enthou- 
siasme, comme  une  production  originale  de  l'au- 
teur du  Freyschiitz. 

Dans  ses  dernières  productions  littéraires,  le 
talent  de  Castil-Blaze  s'est  affaibli.  Souvent  il  s'y 
abandonne  à  des  saillies  de  mauvais  goût;  son 
style  prend  une  teinte  vulgaire;  le  sérieux  de  la 
musique  n'est  plus  ce  qui  l'occupe;   à  chaque 
instant  il  se  perd  dans  de  longues  excursions  en 
dehors  de  son  sujet,  et  les  anecdotes  où  il  se  com- 
l)laît  ne  sont  pas  toujours  contenues  dans  les 
bornes  delà  décence.  L'objet  principal  de  ses  tra- 
vaux est  encore  l'opéra,  comme  au  début  de  sa 
carrière;  mais  au  lieu  d'idées  puisées  dans  le  do- 
maine de  l'esthétique,  il  s'amuse  à  prendre  dans 
les  recueils  inédits  de  Beffara  (  royp:;  ce  nom) 
des  faits, des  dates,  des   aventures  graveleuses, 
et  à  en  faire  des  travaux  de  spéculation.  C'est  dans 
cette  catégorie  qu'il  faut  ranger  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  L'Académie  royale  de  musique  de- 
puis Cambert,  en  i&69,  jusqztes  et  y  compris 
Vépoque  de  la  Restauration.  Ce  travail,  publié 
en  onze  articles  dans  la  Revue  de  Paris,  depuis 
1834  jusqu'en  1838,  est  rédigé  d'après  les  ma- 
nuscrits de  Beffara.   Il  en  a   été  tiré  quelques 
exemplaires  sous  ce  titre  :  Mémorial  du  grand 
Opéra,  1  vol.  in-S".  —  2°  Le  Piano,  histoire  de 
son  invention,  de  ses  améliorations  succes- 
sives, et  des  maitres  qui  se  sont  fait  un  nom 
sur  cet  instrument ,  in-8°.  Ce  travail  a  paru 
dans  la  Revue  de  Paris ,  en  1835)  et  1840.  Il  est       j 
emprunté,  en  grande  jrartie,  à  une  suite  d'articles 
publiés  par  l'auteur  de  cette  notice,  dans  sa  Revue 
musicale,  en  1830.  —  3°  Molière  musicien, 
notes  sur  les  œuvres  de  cet  illustre  maître, 
et  sur  les  drames  de  Corneille,  Racine,  Qui- 
nault,  etc.  ;  Paris,  1852,  2  vol.  in-S".  Le  titre  de 
cet  ouvrage  n'a  presque  aucun  rapport  avec  son 
contenu,  composé  de  toutes  .sortes  de  sujets,  et 
toujours  puisé  dans  les  sources  de  Beffara,  comme 
les  suivants  :  —  4°  Théâtres  lyriques  de  Paris. 
V Académie  impériale  de  musique,  histoire 
littéraire,  musicale,  chorégraphique ,  pitto- 
rcsqtie,  morale,  critique,  politique  et  galante 


BLAZE  —  BLEIN 


443 


de  ce  ikMtre  ;  rans ,  1855,2  vol.  in-S",  et  un 
{l-ros  volume  in-4°  de  nuisiqiic.  —  5°  Théâtres 
lyriques  de  Paris.  L'Opéra  italien,  de  1548  à 
1856  ;  Paris,  185C,  1  vol.  in-8°.  L'auteur  avait  le 
dessein  de  publier  ensuite  l'Iiistoirc  de  l'Opéra- 
Comique,  à  laquelle  il  travaillait. 

A  cet  aperçu  de  la  vie  prodigieusement  active 
de  Castil-Blaze,  il  faut  ajouter  le  travail  d'éditeur 
de  ses  propres  ouvrages  ainsi  que  de  ceux  des 
compositeurs  dont  il  avait  arrangé  les  partitions; 
car  il  faisait  tout  lui-même,  arrangements  pour  le 
piano  et  pour  tous  les  instruments,  dispositions 
des  planches  pour  les  graveurs,  choix  du  papier, 
soins  de  l'impression ,  corrections  des  épreuves , 
tenue  des  livres  de  commerce ,  correspondance 
universelle,  et  cela  sans  un  seul  commis.  Parvenu 
par  ses  travaux  à  une  aisance  qu'on  pouvait 
appeler  du  nom  ûe.  fortune,  avant  que  des  re- 
vers fussent  venus  le  frapper,  il  allait  volontiers 
faire  de  longs  séjours  dans  le  midi  de  la  France, 
dont  le  climat  était  favorable  à  sa  santé,  et  dont 
les  habitudes  lui  étaient  sympathiques.  Plus  lard, 
il  crut  à  la  nécessité  de  se  remettre  au  travail  pour 
réparer  des  pertes,  et  il  vint  se  confiner  à  Paris 
dans  la  petite  pièce  étroite  et  basse  dont  il  avait 
l'ait  son  cabinet,  et  qu'il  ne  quittait  presque  ja- 
mais. Sa  santé,  qui  avait  reçu  de  rudes  atteintes 
depuis  quelques  anni^es  ,  lui  rendait  nécessaires 
l'air  et  l'exercice;  néanmoins  il  s'obstinait  à  ne 
respirer  que  dans  un  espace  de  quelques  pieds 
carrés  et  à  ne  se  donner  de  mouvement  que 
celui  de  sa  plume  entre  ses  doigts.  Une  maladie 
de  quelques  jours  le  mit  au  tombeau,  le  11  dé- 
cembre  1857. 

BLAZE  (Hemu),  baron  de  BURY,  lils  du 
précèdent,  n'est  pas  né  à  Cavaillon,  comme  le 
ditQuerard  (voy.  Za  Littérature  française  con- 
temporaine, t.  I,  p.  616),  mais  à  Avignon,  en 
1813.  Après  avoir  terminé  ses  éludes  à  Paris, 
il  s'est  fait  connaître  par  des  poésies  et  par  des 
morceaux  de  littérature  et  de  critique  qui  ont  été 
insérés  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes,  dans 
la  Revue  de  Paris,  et  dans  d'aulies  recueils. 
Ses  premiers  essais  parurent  en  1833  et  1834. 
Plus  tard  il  fut  attaclvé  à  une  ambassade  près 
d'une  des  cours  du  nord  de  l'Europe  :  ce  poste 
lui  lit  obtenir  des  décorations  depUisieurs  ordres 
et  le  titre  de  baron.  De  retour  à  Paris,  il  y  a  re- 
pris ses  travaux  littéraires.  Au  nombre  de  ses 
ouvrages  on  remarque  les  productions  dont  voici 
les  titres  :  1°  Etudes  littéraires  sur  Bec- 
t'ioven  (dans  \aRevue  des  Deux-Mondes  ;  2"  sé- 
rie, t.  II,  1833). —  2°  Musique  des  drames  de 
.Shakspcare  (  ibid.  4^  série,  t.  1er  ^  i835).  — 
3°  Revue  musicale,  suite  d'articles  (ibid.,  t.  I 
a  XXX,    1835  à  1842).  Tous  ces  morceaux  ont 


I  été  publiés  sons  le  pseudonyme  de  Mans  Wrr- 
ner.  —  4°  Poètes  et  Musiciens  de  V Alle- 
magne :  Uhland  et  M.  Dessauer  (ibid.,  t-  IV, 
183,5).  —  M.  Meyerbeer  (ibid.,  t.  V).  11  est  as- 
sez remarquable  que  l'illustre  compositeur  a  été 
déchiré  par  M.  Blaze  père  dans  ses  écrits,  tan- 
dis que  le  lils  exalte  son  mérite.  —  5°  Delamu- 
sique  des  femmes.  La  Esmeralda  (de  M"e 
Louise  Berlin),  ibid,   4*  série,  t.  Vlll,  1836. 

—  60  Lettres  sur  les  musiciens  français  : 
M.  Halévy  (Guida  et  Ginevra),  ibid.,  t.  XIII; 

—  De  l'École  fantastique  et  de  M.  Berlioz, 
ibid.,  t.  XVI,  1838.  —  7°  Adolphe  iXourrit, 
ibid-,  t.  XVII,  1839.  —  8°  M^e  Sophie  Loewe, 
ibid.,  t.  XXV,  février  1841.  —9°  La  Reine  de 
Chypre,  musique  de  M.  Halévy,  ibid  ,  t.  XXIX, 
janvier  1842.  — 10°  La  Vestale,  deMercadante. 

—  Le  Stabat  de  Rossiui,  ibid.,  t.  XXIX,  février 
1842.  —  11°  Vie  de  Rossini;  Paris,  1854,  I  vol. 
in-12.  Cette  biographie  a  paru  d'abord  en  une 
suite  d'articles  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes. 
On  a  aussi  publié  sous  le  nom  de  M.  Blaze  de 
Bury  un  volume  intitulé  :  Musiciens  contempo- 
rains ;  Paris,  Michel  Lévy  frères,  1856,  in-12  de 
285  p.  Ce  volume  est  formé  de  morceaux  donnés 
par  M.  Blaze  à  divers  recueils  littéraires.  Les 
artistes  dont  il  y  est  parlé  sont  Weber,  Men- 
dclsohn,  Spolir,  Jleyerheer,  Niels-Gade,  Cho- 
pin, .Jenny  Lind,  Paer,  Spontini,  Cherubini, 
Rossini,  Bellini,  Donizelti,  RIercadante,  Verdi , 
Auber,  Hérold  ,  Halévy,  Félicien  David  ,  Adol- 
phe Nourrit,  La  Pasta,  La  Malibran,  La  Sonlag. 

BLAZOIV(TniBAUTDE),  trouvère  du  treizième 
siècle,  était  gentilhomme  attaché  à  Thibaut, 
roi  de  Navarre  et  comte  de  Champagne.  Il  se 
(wurrait  qu'il  fût  parent  de  Thomas  de  Blazon, 
qui  était  sénéchal  de  la  Rochelle  en  1227  (Voy. 
Usage  des  fiefs,  par  Brusset,  t.  P"",  p.  490).  Il 
nous  reste  de  lui  neuf  chansons  notées  :  les  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  impériale  en  ont  con- 
servé huit. 

BLEI1\  (JM.  le  Baron  François  -  Ance- 
Alexandre),  ancien  officier  général  du  génie,  né 
à  Bourg-lès-Valence  (Drôme),  le  25  novembre 
1767,  apprit  la  musique  dans  sa  jeunesse,  et 
entra  comme  élève  à  l'école  des  Ponts  et  Chaus- 
sées ,  dont  l'institution  précéda  celle  de  l'école 
Polytechnique.  Ses  études  terminées,  il  fut  admis 
conmie  officier  dans  le  corps  des  mineurs,  et,  de 
grade  en  grade,  parvint  à  ceux  de  maréchal  de 
campet d'inspecteur  général  du  génie, après  avoir 
servi  dans  toutes  les  guerres  de  la  République,  du 
Consulat  et  de  l'Empire.  Admis  à  la  retraite  en 
1815,  M.  le  baron  Biein  se  fixa  d'abord  à  Paris, 
puis  à  Choisy-ie-Roi,oùil  vécut,  réunissant  à  la 
fois  dans  ses  travaux  et  ses  études  la  musique. 


444 


BI.EIN  —  BLÊRNACK 


îes  matliématiques  et  l'économie  politique.  Après 
•avoir  lu  quelques  traités  de  composition  et  d'har- 
monie, il  fut  conduit  à  se  demander  quels  sont 
les  fondements  naturels  des  lègles  du  contre- 
.point,  et  ses  recherches  eurent  pour  objet  de 
résoudre  ce  problème.  Après  beaucoup  d'expé- 
riences et  de  calculs,  il  crut  avoir  trouvé  les 
Jois  dont  il  pressentait  l'existence  dans  les  phé- 
nomènes de  vibration  de  corps  sonores  de  di- 
verses formes  et  dimensions.  Cinq  à  six  raé- 
anoires  sur  cet  objet  furent  présentés  et  lus  en 
partie  dans  les  séances  de  l'Académie  des  sciences 
de  l'Institut,  en  1823,  1824  et  1825,  et  des  com- 
missaires, au  nombre  desquels  étaient  Lacépède, 
]MM.  de  Prony  et  Dulong  ,  furent  nommés.  Plu- 
sieurs circonslances  s'opposèrent  à  ce  que  le 
rapport  sollicité  par  M.  Clein  fût  fait.  En  1827, 
il  crut  ne  devoir  plus  l'attendre,  et  il  fit  pa- 
raître un  extrait  de  ses  mémoires  sous  cetilre  : 
Exposé  de  quelques  principes  nouveaux  su7' 
Vacoustique  et  la  théorie  des  vibrations ,  et 
leur  application  à  plusieurs  phénomènes  de 
la  physique  (Paris,  1827,  in-4°  de  six  feuilles 
avec  une  planche).  Une  deuxième  édition  de  ce 
résumé  ,  corrigé  et  augmenté,  a  été  publiée  chez 
Bachelier,  à  Paris,  en  1832,  sous  le  litre  de  :  Théo- 
rie des  vibrations,  et  son  application  à  divers 
phénomènes  de  phtjsiqiie.  Les  principes  expo- 
sés par  JM.  Biein  rians  cet  ouviage  sont  basés 
«l'une  part  Sur  le  phénomène  du  troisième  son, 
<léjà  présenté  comme  fondement  d'une  théorie  de 
riiarmonie  parTartini;  de  l'autre,  sur  deux  phé- 
nomènes de  résonnance  d'un  cylindre  et  d'un 
plateau  métallique  carré,  qui,  selonM.  Blein,  font 
«ntendre  l'un,  la  sixte  dérivée  de  l'accord  pai- 
fait mineur;  l'autre,  le  triton  ou  quartemojeure, 
intervalle  constitutif  de  l'harmonie  dissonante  de 
la  dominante,  et  principe  de  la  tonalité  moderne. 
L'auleur  de  cette  biographie,  analysant  le  travail 
de  M.  Blein,  dans  le  deuxième  volume  de  la  Bé- 
vue musicale  (p.  49  à  56),  a  fait  remarquer  que 
les  phénoniènes  observés  par  ce  physicien,  fus- 
senl-ils  démontrés,  on  ne  pourrait  en  conclure, 
comme  le  fait  l'auteur  du  mémoire,  que  sur  eux 
repose  la  Ihéorie  de  l'harmonie  et  de  la  composi- 
tion ;  car  la  science  de  l'harmonie  et  l'art  d'écrire 
ont  moins  pour  base  des  accords  ou  groupes  iso- 
lés de  sons  que  des  lois  de  succession  établies  sur 
<les  rapports  d'affinité  ou  de  répulsion.  M.  Blein 
ciul  devoir  adresser  au  rédacteur  de  la  Revue 
musicale  quelques  lettres  en  réponse  aux  objec- 
tions qui  lui  avaient  été  faites;  elles  [larurent 
dans  le  même  volume  (p.  135,  224  et  365).  Leur 
objet  principal  était  de  déduiie  les  conséquences 
<lcs  principes  émis  par  l'auteur  dans  son  premier 
mémoire.    M.  Troupenas,  amateur  de  musique 


et  mathématicien  insiniil,  attaqua,  dans  une 
lettre  insérée  au  même  recueil  (p.  510-515)  et 
les  expériences  de  M.  le  général  Blein,  et  ses 
calculs,  et  les  résultats  qu'il  en  déduisait.  A  l'é- 
gard des  |)hénomènes  produits  par  la  résonnance 
du  cylindre  et  d'un  plateau  carré,  il  faisait  voir 
qu'on  n'en  peut  rien  conclure  quant  au  mode 
mineur  et  à  l'harmonie  du  triton,  puisque  des  pla- 
teaux hexagones,  pentagones  et  ortogones  four- 
niraient d'autres  harmonies  de  sixte,  un  peu  plus 
fortes  que  la  sixte  mineure,  et  môme  la  sixte  ma- 
jeure, etc.  Les  calculs  de  proportions  d'intervalles, 
et  la  construction  de  la  gamme  chromatique  de 
M.  Blein  n'étaient  pas  plus  ménagés  dans  la 
lettre  de  M.  Troupenas,  à  laquelle  le  général  ré- 
pondit par  une  autre  lettre  (  lievue  musicale  , 
p.  562-564).  Plus  tard,  poursuivant  l'objet  de 
ses  recherches,  qui  n'était  autre  que  la  construc- 
tion d'une  théorie  rationnelle  de  la  musique  con- 
sidérée sous  le  triple  rapport  de  la  tonalité,  de 
la  mélodie  et  de  l'tiarmonie,  M.  le  général  Blein 
travailla  à  la  réforme  de  la  gamme  diatonique, 
et  proposa  de  nouvelles  dénominations  pour  ses 
divers  degrés  et  une  nouvelle  manière  de  l'écrire, 
dans  une  lettre  insérée  en  1828  au  quatrième  vo- 
lume de  la  Bévue  musicale  (p.  537).  Enfin,  ré- 
sumant tous  les  faits  qu'il  considérait  comme  les 
principes  fondamentaux  de  l'art  et  de  la  science, 
il  rédigea  un  corps  complet  de  doctrine  dont  les 
publications  antérieures  n'étaient  que  les  prolé- 
gomènes, et  le  fit  paraître  sous  ce  titre  :  Prin- 
cipes de  mélodie  et  d^harmonie  déduits  de 
la  théorie  des  vibrations  (  Paris,  Bachelier, 
1832,  in-8°  de  cent  pages,  avec  plusieurs  plan- 
ches et  tableaux).  La  lecture  de  cet  ouvrage  met 
à  nu  le  néant  de  la  théorie  de  Blein  sous  le  dou- 
ble aspect  de  la  mélodie  et  de  l'harmonie.  Trou- 
penas a  fait  en  1832,  dans.  Isl  Revue  7nusicale 
(p.  121  et  suiv.),  une  analyse  un  peu  dure,  mais 
juste,  des  erreurs  fondamentales  échappées  à  l'au- 
teur de  cette  théorie.  Le  général  Blein  est  mort  à 
Paris,  le  10  juillet  1845. 

BLERiXACK  (Joseph),  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  paroissiale  de  Saint-Pierre,  à 
Vienne,  est  né  en  1780,  àRaggendorf,  sur  la  fron- 
tière de  la  Hongrie.  Son  père  ,  instituteur  en 
cet  endroit,  le  destinait  à  la  carrière  de  l'ensei- 
gnement, et  lui  donna  des  leçons  de  musique  et 
de  littérature.  En  1798,  Blernack  suivit  à  Vienne 
les  cours  de  l'École  Normale;  mais  le  penchant 
pour  l'art  musical  l'emportant  dans  son  esprit 
sur  tout  autre,  il  renonça  à  la  profession  d'ins- 
tituteur, pour  prendre  celle  d'artiste  dramatique. 
En  1802,  il  entra  au  théâtre  Léopoldstadt  comme 
premier  ténor.  Sa  belle  voix  et  son  exécution 
pleine  de  goût  et  d'expression  lui  assurèrent  là 


BIXRNACK 


BLIESENER 


4-4& 


favenr  constante  lUi  iiublic.  Pemlant  ilix-sept 
ans  il  remplit  aussi  les  fondions  de  ténor  solo  à 
l'église  Saint-Pierre,  sons  la  direction  <iu  maître 
de  chapelle  Preindl,  dont  il  fut  le  successeur 
en  1824.  A  dater  de  ce  moment,  lîlernack  se  li- 
vra exclusivement  à  la  composition  de  la  mu- 
sique d'église,  pour  laquelle  il  avait  montré  de 
tout  tein|)s  un  goût  prédominant.  Les  ouvrages 
qu'il  a  produits  en  ce  genre,  dans  l'espace  de  dix 
ans,  consistent  en  quatorze  messes,  dont  dix  brè- 
ves et  quatre  solennelles,  vingt-cinq  graduels, 
vingl-neuf  offertoires,  dix  Tanlum  ergo,  et  deux 
Te  Deum.  Quelques-unes  de  ces  compositions 
ont  été  publiées. 

BLEWITT   (JoN\s),  organiste  ii  Londres, 
vers  la  (in  du  dix-huitième  siècle,  estmorten  1805. 
Il  est  auteur  du  premier  traité  de  l'orgue  qui  ait 
été  publié  en  Angleterre,  sous  ce  titre  :  Trcadse 
on  the  organ  with  explanatorij  voliintarics, 
op.  4.  Londres,  Droderip.  On  a  aussi  de  lui  ;  Tcn 
Vnliuitaries,  or  pièces  for  the  Organ,  in  easrj 
inid  fmniliar  style;  equallij  adapledfor  the 
Church  or  chamber  ivith  Organ,  proper  direc- 
tions for  the  ttse  of  the  Stops  (Dix  fantaisies, 
ou  [lièces  pour  l'orgue,  dans  un  style  aisé  et  fa- 
milier; adaptées  à  l'orgue  d'église  ou  de  cham- 
bre, avec  des  instructions  pour  l'usage  des  jeux), 
op.  5,  et   Tu  cire  cas  y    and  familiar  move- 
ments  for  the  Organ,  ivhichmay  be  used  ei- 
ther  seperatclg  or  in  continuation,  so  as  ta 
form    one  complcle  Voluntary  (  Douze  mor- 
ceaux aisés  et   agréables  pour  l'orgue,  lesquels 
peuvent  être  joués  séparément,  ou  se  lier  dans 
la  forme  d'une  fantaisie  complète),  op.  G. 

BLEWITT  (Jonatuan),  fils  du  précédent, 
est  né  à  Londres  en  1782.11  commença  son  édu- 
cation sous  la  direction  de  son  père,  et  fut  en- 
suite placé  dans  l'école  de  Jonathan  BattishiU, 
son  parrain.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  à  l'âge 
de  onze  ans  il  se  trouva  en  état  d'être  nommé 
remplaçant  de  son  père.  11  devint  ensuite  orga- 
niste de  Black-Heafh,  d'où  il  passa  à  Ilaverhill, 
dans  le  comté  de  SuM'olk.  Vers  1S02,  il  quitta  ce 
lieu  pour  aller  à  Brecon  ,  oii  il  succéda  à  Caui- 
pion.'  Il  y  demeura  trois  ans,  et  ne  quitta  cette 
pl.ice  que  pour  se  rendre  h  Londres,  où  il  es- 
pérait succéder  à  son  père  qui  venait  de  nwu- 
rir.  Il  voulait  aussi  faire  représenter  à  Drurv- 
Lane  un  opéra  qu'il  venait  d'achever;  mais  ce 
lliéâtre  fut  brûle  précisément  dans  le  même  temps, 
et  quelques  circonstances  l'empêchèrent  d'ob- 
tenir la  place  qu'il  sollicitait.  Ces  contraiiélés 
l'obligèrent  à  quitter  Londres  pour  prendre 
possession  de  la  place  il'organiste  de  Shelfield, 
qu'il  avait  obtenue  au  concours.  En  18tl,il 
visita  l'Irlande,  et  devint  directeur  et  coiuiio'^i- 


tcur  du  théûlrc  royal  de  Dublin.  Il  fut  ensuite 
organiste  de  l'église  de  Saint-André  dans  la  môme 
ville.  On  vantait  ses  improvisations  sur  l'orgue, 
principalement  dans  le  styhi  fugué.  Parmi  ses 
nombreuses  compositions,  on  distingue  les  sui- 
vantes :  1°  The  Corsaire  (le  Corsaire),  opéra. 
—  2"  The  Magician  (le  Magicien).  — 3°  The 
Island  of  Saints  (l'Ile  des  Saints),  opéra. — 
4°  Concerto  pour  le  piano.  —  5°  Grande  sonate 
pour  le  piano.  —  (i°  Divertissement  royal  écos- 
sais. —  7°  Duos  pour  piano.  —  8"  The  vocal 
Assistant.  —  Q<^  Simplilicalion  de  modulation  et 
d'accompagnement.  —  10°  Caprice  pour  l'or- 
gue, etc.,  etc. 

BLEYER  (Nicolas),  fut  musicien  de  ville 
à  Lubeck,  pendant  trente-sept  ans  ,  et  mourut 
dans  cette  ville  le  3  mai  1058,  âgé  de  soiNante- 
huit  ans.  11  a  publié  :  Nene  Paduanen,  Gagliar- 
den,  Canzonen  und  Sinfonien  (Nouvelles  pa- 
vannes,  gaillardes,  chansons  et  symphonies); 
Leipsick ,  1624,in-4o.  Ce  sont  des  pièces  de 
musique  inslnmientaleà  quatre  parties,  d'un  as- 
sez bon  style. 

BLEYER  (Georges),  musicien  et  secrétaire 
du    comte   de    Schwartzbourg-Rudolstadt,    vers 
lf.60,  naquit,  selon  Walther,  à  Saalfedt,  et  selon 
Wolfram,  à  Lubeck.  Il  a  fait  im|)rimer  les  ouvra- 
ges suivants  de  sa  composition  :  1°  Lust-Musik 
in  vierstimmigen  verschiedenen  Slûcken  bes- 
tehend  (Musique  joyeuse  à  quatre  parties,  con- 
sistant   en  pièces  de  différents  genres),  première 
et  deuxième  partie,  Leipsick,  1G70,  in-4".^  2" 
Mitsicaliscfie  Andnchten  nher  die   Sonn-und 
FesttagS'Evangclien,  bcstehcnd  in  4,  5,  6  und 
8  Stinunen  (Dévotions  musicales  sur  les  Évan- 
giles des  dimanches  et  fêtes,  à  4,  5,  6  et  8  voix) 
Jena,  in-4o. 

BLIESEi\ER  (Jean),  violoniste,  né  en 
Prusse,  vers  17G5,  fut  élève  de  Jainowick.  Admis 
dansla  musique  particulière  de  la  reine  de  l*iusse, 
en  1791,  il  resta  attaclié  au  service  de  cette  prin- 
cesse jusqu'après  la  bataille  de  Jena,  en  1805; 
époque  011  la  musique  de  la  cour  fut  dispersée. 
J'ignore  quel  a  été  l'emploi  de  Bliesener  depuis  ce 
temps.  En  1801,  il  annonça  qu'il  avait  inventé 
un  alphabet  musical  composé  de  cinq  ligures,  au 
iiuiyen  de  quoi  on  pouvait,  en  quelques  heure*, 
apprendre  à  communiquer  ses  idées  par  le  jeu 
iiiccaniqiie  d'un  instrument  quelconque.  Il  n'a 
point  révélé  son  secret;  mais  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'il  y  avait  quelque  analogie  entre  sou  inven^ 
lion  et  un  système  d'écriture  mélodique  publié 
précédemment  par  Woldemar(?;o(/.  ce  nom),  et 
plus  encore  peut-être  avec  la  langue  musicale 
inventée  plus  tard  par  M.  Sudre  [voy.  ce  nom)- 
Li's  compositions  publiées  par   Bliesener  sont  •. 


446 


BLIESENER  —  BLONDEAU 


10  Trois  duos  pour  deui  violons;  Berlin,  1789. 
—  2"  Trois  quatuors  concertants  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  2;  Berlin, 
Hummel,  1791.  —  3°  Trois  idem,  op.  3;  ibid., 
1792.  —  4°  Trois  duos  pour  deux  violons, 
op.  4  ;  ibid.  1795. —  5»  Trois  quatuors  concer- 
tants pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  5;  ibid.,  1797.  — 6° Trois  ident),  op.  6;  ibid. 
1799.  —  7°  Trois  duos  pour  violon  et  alto,  op. 
7  ;  ibid.,  1800.  — 8°  Concerto  pour  violon  prin- 
cipal, avec  accompagnement  d'orchestre,  op.  8  ; 
ibid.,  1801.  Ce  musicien  a  écrit  aussi  quelques 
ouvrages  pour  la  flûte,  et  trois  duos  pour  deux 
violons,  oeuvre  15  ;Leipsick,Breitl<opf  et  Haertel. 

11  est  mort  à  Berlin  au  mois  de  février  1842,  à 
l'âge  de  soixante-dix-sept  ans. 

BLIESENER  (Louis),  fils  du  précédent, 
clarinettiste  distingué,  vit  à  Berlin.  Il  n'a  rien 
publié  de  sa  composition. 

BLIi\  (M.  S.),  organiste  de  la  catliédrale  de 
Paris,  naquit  à  Beaune,  le  19  juin  1757.  Son 
nom  de  famille  était  Lacodre;  mais  orphelin 
dès  l'âge  de  quatre  ans,  il  fut  confié  aux  soins 
d'un  parent  nommé  Blin,  organiste  de  l'église 
des  Dominicains  de  Dijon,  qui  l'éjeva  et  lui  donna 
son  nom.  A  l'âge  de  onze  ans,  il  remplissait 
déjà  les  fonctions  d'organiste  d'une  commande- 
rie  dite  du  Saint-Esprit,  près  de  Dijon.  Legros, 
chanteur  de  l'Opéra,  ayant  entendu  le  jeune  or- 
ganiste, en  1771,  l'engagea  à  se  rendre  à  Paris. 
Blin  suivit  ce  conseil  et  fut  accueilli  favorable- 
.  ment  par  Balbastre,  qui  le  confia  aux  soins  de 
l'abbé  Roze,  alors  maître  de  musique  des  In- 
vocen/s,  pour  qu'il  lui  enseignât  la  composition, 
f  t  le  plaça  ciiez  M.  Godelroi  de  Villetaneuse,  où 
il  eut  souvent  occasion  de  faire  de  la  musique 
avec  J.-J.  Rousseau.  Les  connaissances  de  l'ar- 
tiste dans  l'art  de  jouer  de  l'orgue  furent  com- 
plétées par  les  conseils  qu'il  reçut  du  célèbre  or- 
ganiste Séjan.  En  1779,  Blin  fut  nommé  or- 
ganiste des  Dominicains  de  lame  Saint-Honoré; 
en  1791,  il  obtint  l'orgue  de  Saint-Germain- 
l'Auxerrois.  Enfin,  en  1806,  il  succéda  à  Desprez 
comme  organiste  de  la  métropole.  La  manièie 
dont  il  remplit  ses  fonctions  lui  mérita  l'estime 
de  tous  les  artistes  instruits.  Possédant  une  con- 
naissance profonde  de  la  nature  et  des  ressour- 
ces de  l'orgue,  il  savait  en  varier  les  effets.  Ses 
compositions  étaient  correctes,  d'un  style  élégant 
et  pur.  Il  a  publié  quelques  morceaux  dans  le 
Journal  de  Leduc,  entre  autres  des  variations 
pour  le  piano  sur  l'air  :  Ah!  vous  diraî-je,  ma- 
man !  Beaucoup  de  pièces  d'orgue ,  compo- 
sées et  exécutées  par  lui ,  sont  restées  en 
manuscrit.  Bliu  est  mort  à  Paris,  le  9  février 
1834. 


BLOCKLAIVD  (  Corneille  de  ).  Voyez 
Brockland. 

BLOIVDEAU  (PiERRE-AuGusTE-Louis),  com- 
positeur, écrivain  sur  la  musique,  et  professeur 
de  composition,  né  à  Paris,  le  15  août  1784,  entra 
au  Conservatoire  de  musique  au  mois  de  frimaire 
nnviii  (janvier  1800)  dans  la  classe  deBaillot,où 
il  se  livra  à  l'étude  du  violon.  Après  avoir  étudié 
le  contre-point  sous  la  direction  de  Gossec,  il  de- 
vint élève  de  Méhul  pour  la  composition,  et  rem- 
porta, en  1 808  ,  le  premier  grand  prix  au  concours 
de  l'Institut;  ce  qui  lui  procura  la  pension  du 
gouvernement  pour  aller  à  Rome  et  à  Naples. 
Le  sujet  de  la  cantate  proposé  pour  le  prix  était 
Marie  Stuart.  De  retour  à  Paris,  Blondeau  est 
entré  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  comme  alto.  Il 
s'est  retiré  en  1842.  Cet  artiste  a  publié  de  sa 
composition  sept  œuvres  de  quatuors  pour  violon, 
de  trois  quatuors  chacun;  trois  livres  de  trios 
pour  2  violons  et  basse,  ou  violon,  alto  et  basse  ; 
douze  livres  de  duos  pour  divers  instruments; 
deux  livres  de  sonates  pour  violon  avec  ace.  de 
basse  ;  trois  livres  de  nocturnes  pour  piano  et 
violon;  trois  airs  variés  pour  violon;  un  con- 
certo pour  clarinette  (en  fa)  avec  orchestre;  un 
concerto  pour  basson  (en  ut)  avec  orchestre  ;  des 
morceaux  détachés  pour  piano  ;  trois  livres  de 
sonates  de  Beethoven  pour  piano  arrangées  en 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse;  trois  li- 
vres de  basses  chiffrées  pour  l'accompagnement  • 
des  romances  et  des  chansonnettes  avec  accom- 
pagnement de  piano.  Tous  ces  ouvrages  ont  été 
gravés  à  Paris.  Sa  cantate  de  A7aî7eS<?<a/'<  a  paru 
en  1809  dans  le  Journal  hebdomadaire  de  Le- 
duc, n°^  45-48.  Comme  écrivain  sur  la  musique, 
Blondeau  a  fait  imprimer  :  lo  Revue  musicale, 
ou  nouvelle  méthode  dédiant,  Paris,  Eberardt, 
1  vol.  in-80.  —  20  Traité  des  principes  élémen- 
taires et  constitutifs  de  la  musique;  Paris, 
Richault.  —  3"  Traité  d^harmonie;  ibid.  — 
4o  Traité  du  contre  point,  de  l'imitation  et  de 
la  fugue;  ibid.  —  5°  Histoire  de  la  musique 
moderne,  depuis  le  premier  siècle  de  l'ère  chré- 
tienne jusqu'à  nos  jours;  Paris ,  Tantenstein  et 
Cordel,  1847,2  vol.  in-8".  Blondeau  a  fait  repré- 
senter ou  exécuter  de  grandes  compositions  qui 
n'ont  pas  été  imprimées,  entre  autres:  1°  Te 
Deum,  à  quatre  voix  et  orchestre,  exécuté 
à  l'église  du  Panthéon,  à  Rome,  en  1810,  à  l'oc- 
casion de  la  fête  de  l'empereur  Napoléon.  —  2° 
Te  Deum,  à  4  voix  et  orchestre,  exécuté  aux  Ba- 
tignolles  près  de  Paris,  le  31  décembre  1846,  à 
l'occasion  du  mariage  du  duc  de  Montpensier 
avec  l'infante  d'Espagne.  —  3»  Messe  à  8  voix 
en  2  chœurs  avec  orgue,  exécutée  à  l'église 
Saint- Thomas    d'Aquin,    à    Paris,   en    1814. 


BLONDEAU  —  BLOW 


417 


—  4°  Cosi  si  fà  a'  Gelosi,  opéra  boirffe  en  deux 
actes,  représenté  à  Penigia,  en  1812.  —  5°  Al- 
manzor,  ballet  pantomime  en  trois  actes  ,  repré- 
senté snr  le  théâtre  do  Lisbonne,  en  1814.  — 
Co  Trois  ouvertures  à  grand  orcliestre,  exécutées 
aux  concerts  de  M"*  Calalani ,  en  1815,  à  Paris. 
Blondeau  a  laissé  en  manuscrit  une  messe  à  six 
voix  avec  orchestre;  une  messe  à  sept  voix  avec 
orchestre  ;  un  Te  Deum  à  cinq  voix  avec  orclies- 
tre ;  quinze  offertoires  à  cinq  voix  avec  orchestre; 
des  duos  de  violon  ;  des  cantates;  des  romances; 
une  traduction  française  du  Prince  de  Machiavel  ; 
une  traduction  de  l'histoire  des  Pays-Bas,  de 
Owicciardini;  des  poésies;  environ  quinze  volu- 
mes d'observations  philosophiques,  politiques,  es- 
thétiques, etc. 

BLOiXDEL  ou  BLOiXDIAUX  DE  NES- 
LES?  trouvère  dont  il  nous  reste  seize  chansons 
notées  dans  les  divers  manuscrits  de  la  Bibliothè- 
que impérialede  Paris,  notammentdans  ceux  qui 
sont  cotés  65  et  66  (fonds  de  Cangé).  Ginguené  , 
qui  a  donné  une  notice  sur  ce  musicien  poète, 
dans  la  continuation  de  Y  Histoire  littéraire  de 
la  France  des  Bénédictins  (tome  XV,  p.  127), 
pense  que  c'est  le  même  qui  tira  de  sa  prison  Ri- 
chard Cœur-de-Lion.  Tout  ce  qu'on  sait  de  sa 
personne,  c'est  qu'il  était  né  dans  la  petite 
ville  de  Nesle,  en  Picardie.  L'époque  où  il  vit  le 
jour  doit  être  vraisemblablement  (ixée  vers  1 160, 
car  il  était  encore  jeune  quand  il  passa  en  An- 
gleterre pour  s'attacher  à  Richard,  qui  rlionta  sur 
le  trône  vers  tl89.  Tout  le  monde  connaît  le 
dévouement  du  trouvère  pour  son  maître.  Sé- 
daine,  qui  a  fait  de  ce  personnage  le  sujet  d'un 
opéra  devenu  célèbre  par  la  musique  de  Grétry, 
a  suivi  le  récit  d'une  ancienne  chronique  rap- 
portée par  Fauchet  dans  son  livre  des  Poètes 
français,  liv.  i.  Je  ne  puis  résister  au  désir 
d'en  rapporter  un  fragment  intéressant  par  sa 
naïveté  :  «■  Quand  le  Roi  Richard  eust  esté  faict 
«  prisonnier,  Blondel  pensa  que  ne  voyant  son 
«  seigneur  il  lui  en  estoit  pis,  et  en  avoit  sa  vie 
'<  à  plus  grantmésaise;  et  sy  estoit  bien  nouvelles 
«  que  il  estoit  party  d'ontremer ,  mais  nus  ne 
«  savoit  en  quel  pays  il  estoit  arrivé,  et  pour  ce 
«  Blondel  chercha  maintes  contrées,  sçavoir  se 
(i  il  en  pourroit  ouyr  nouvelles.  Sy  advint  aprez 
«  plusieurs  jours  passez,  il  arriva  d'aventure  en 
«  une  vile  assez  prez  du  chastel  ;  et  l'hoste  lui  dit 
«  qu'il  estoit  au  duc  d'Autriche.  Puis  demanda 
'<  se  il  y  avoit  nus  prisonniers,  car  lousiours  en 
«  enqueroil  secrètement  où  qu'il  aliast:  mais  il  ne 
«  savoit  qui  il  estoit,  fors  que  il  avoit  esté  bien 
«■  plus  d'un  an.  Quant  Blondel  entendist  cecy,  il 
'<  tist  tant  qne  il  s'accointa  d'aucuns  de  ceux  du 
"  chaste!,  comme  ménestrels  s'accointent  légiè- 


«  rement;  mais  il  ne  pustvoir  le  roy,  ne  savoir 
«  sy  c'estoit  il.  Sy  vint  un  iour  en  droit  d'une  fe- 
<c  nestre  où  estoit  le  roy  Richard  prisonnier,  et 
«  commença  à  chanter  une  chanson  en  françois, 
«  que  le  roy  Richard  et  Blondel  avoient  une  fois 
«  faicte  ensemble.  Quand  le  roy  Richard  enten- 
«  dist  la  chanson,  il  cognent  que  c'estoit  Blondel; 
■c  et  quarMl  Blondel  ot  dicte  la  moitié  de  la 
«  chanson,  le  roy  Richard  se  prist  à  dire  l'autie 
«  moitié  et  l'acheva.  Et  ainsy  sceut  Blondel  que 
«  c'estoit  le  roy  son  maître.  Sys'en  retourna  en 
«  Angleterre,  et  aux  barons  du  pays  conta  l'ad- 
«  venture.  «Blondel  fut  contemporain  du  clià- 
telain  de  Coucy,  et  l'on  peut  ranger  ses  chansons 
parmi  les  pins  anciennes  de  la  langue  française. 
Laborde  en  compte  vingt-six  ;  mais  dans  ce 
nombre  il  y  en  a  plusieurs  dont  l'authenticité 
n'est  pas  démontrée.  A  l'égard  des  mélodies  de 
ces  chansons,  leur  caractère  ne  diffère  en  rien 
de  celui   des  chansons  du  châtelain  de  Coucy. 

BLONDEL  (Locis-NicoLAs),  musicien  de  la 
chapelle  de  Louis  XIV,  a  publié  des  Motets  à 
deux,  trois  et  quatre  parties  avec  la  basse  con- 
tinue, propres  pour  les  concerts  et  pour 
toutes  les  dames  religieuses,  Paris,  1671,  in- 
4"   ohlong. 

BLONDET  (Abraham),  chanoine  et  maître 
de  musique  de  Notre-Dame  à  Paris,  naquit  dans 
cette  ville,  vers  1570.  On  connaît  de  lui  un  re- 
cueil intitulé  :  Officium  D.  Cacciliœ  virginis 
ctmartyris  musicorum  patrona:  concentibus 
expressum  ;  Paris,  1611,  in-4o.  On  y  trouve  les  vê- 
pres de  Sainte-Cécile  à  quatre  voix,  des  psaumes 
à  cinq  et  des  messes  à  dix.  Blondet  a  composé,  en 
1606,  pour  l'Académie  royale,  la  niusique  d'un 
ballet  intitulé  :  Céciliade,  qui  ne  fut  représenté 
qu'à   la  cour. 

BLOW  (Jean),  docteur  en  musique,  né  à 
Nortii-Collingham,  vers  I64S,  fut  placé  comme 
enfant  de  chœur  à  la  Chapelle  royale,  après  la 
restauration.  Son  premier  maître  de  musique  fut 
Capitaine  Cook.  Il  prit  ensuite  des  leçons  de 
Hingeston,  et  en  dernier  lieu  de  Christophe  Gib- 
bons. A  la  mort  de  Humphrey,  arrivée  en  1674, 
Blow  re.çut  le  titre  de  maître  des  enfants  de  la 
Chapelle  royale.  Il  y  joignit  celui  de  compositeur 
de  la  chambre  du  roi  en  18So;  il  paraît  qu'a- 
lors ce  titre  était  purement  honorifique.  On 
ignore  à  quelle  époque  il  devint  aumônier  et 
maître  des  choristes  de  Saint-Paul;  mais  on  sait 
qu'il  se  démit  de  cette  place  en  1693,  en  faveur 
de  son  élève  Jérémie  Clark.  Blow  n'était  gradué 
d'aucune  université,  mais  le  docteur  Sancroft, 
en  vertu  deson  pouvoir  comme  archevêque  de 
Canterbury,  lui  conféra  les  degrés  de  docteur  en 
uiusi  lue   à    Lambeth.  La   plare  d'organiste  de- 


448 


BLOW  ~  BLUM 


l'ahbaye  de  Westminster  étant  devenue  vacante 
en  1693,  par  le  décès  de  Purcell,  Blow  en  fut 
pourvu,  et  la  conserva  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  l"  octobre  1708.  On  a  du  docteur  Blow  beau- 
coup de  musique  d'église  répandue  dans  la 
Cathedral  Music  de  Boyce,  dans  la  Sacred 
music  de  Stevens,  dans  la  Musica  antiqua  de 
Smitli,  dans  la  collection  de  Clifford,  et  dans 
VHarmonia  sacra.  Le  succès  de  VOrphœus 
Britannicus  de  Purcell  détermina  Blow  à  pu- 
blier un  ouvrage  du  même  genre,  sous  ce  titre  : 
Amphion  Anglicus,  contaïning  Compositions 
for  one,  two,  titrée  and  four  voices ,  with 
accompanyments  of  instrumental  Music,  and 
a  Thourough  bass,  figured  for  the  Organ, 
Barpsichord ,  or  Theorbolute  (Ampliion  an- 
glais, contenant  des  compositions  pour  une, 
deux,  trois,  quatre  voix  avec  acconipagneraentde 
musique  instrumentale,  etc.)  ;  Londres,  1700.  Il  a 
aussi  fait  imprimer  une  collection  de  pièces  de 
clavecin  sous  le  litre  de  :  A  sel  of  Lessons  for 
the  Harpsicliord  or  Spinett,  et  a  mis  en  mu- 
sique une  ode  à  sainte  Cécile,  par  Oldham,  qui 
fut  exécutée  en  1684,  ainsi  qu'ui.e  autre  sur  la 
mort  de  Purcell,  par  Dryden.  Le  docteur  Bur- 
ney  dit  que  le  style  de  Blow  est  élevé  et  liardi, 
mais  qu'il  est  inégal,  et  souvent  malheureux 
dans  les  essais  d'une  harmonie  et  d'une  modula- 
tion nouvelle.  Le  poitrait  de  ce  compositeur  se 
trouve  en  tcte  àeVAmphion  anglicus,  dans 
VjJniversal  Magazine,  et  dans  le  quatrième  vo- 
lume  (le  l'histoire  de  la  musique  de  Hawkins. 

BLUIIER  (CUKÉTIEN -GOTTLIEB-  AUGUSTE), 

compositeur  et  cantorà  Gorlitz,  naquit  dans  cette 
ville,  et  y  mourut  le  25  mai  1839,  dans  un  âge 
peu  avancé.  11  avait  dirigé  la  fête  musicale  de  la 
société  de  chant  de  la  Lusace  supérieure,  le  7 
octobre  1835,  et  avait  été  nommé  directeur  de 
musique  à  Gorlitz  en  1838.  On  connaît  de  lui 
un  Sanctus  et  un  Kyrie  pour  un  chœur  de  voix 
seules  qui  furent  exécutés  à  la  fête  musicale  de 
Gorlitz  en  1835,  et  six  chants  faciles  pour  so- 
prano, alto,  ténor  et  basse  ;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Hœrtel.  On  a  aussi  de  ce  musicien  un  traité 
élémentaire  de  musique  intitulé  :  Kurzer  Ele- 
mentar-JJnterricht  in  Gesange;  ibid.,  1833, 
in-4°. 

BLUIIME  (Jean),  musicien  de  la  chapelle 
du  roi  de  Pologne,  llorissait  en  1729.  Le  cata- 
logue de  Breitkopf  indique  un  recueil  manus- 
crit de  la  composition  de  ce  musicien,  sous  ce 
titre  :  IV  Concerti  a  liuto  concertante ,  due 
violini,  viola  e  basso  .  liaccolla  T. 

BLUM  (Charles- Blume,  dit),  poète  et  mu- 
sicien, compositeur  titulaire  de  la  cour  du  roi 
de  Prusse,  est  né  à  Berlin  en  1788,  suivant 


M.  Ch.  Ferd.   Becker    (Die   Tonkûnstler  des 
19"  Jarhh.,  p.   78),  en  1790,  d'après  le  même 
{Sijstem.  Chronol.  Darstellung  der  musical. 
Literatur,   p.   346) ,  le   lexique    universel    de 
Schilling  et  celui  de  Gassner,  et  enfin,  en  1786, 
si  l'on  s'en  rapporte  au  Conversations- Lexikon  , 
édit.  de  1832.  Cette  dernière  date  est  la  plus  vrai- 
semblable. En  1805,  il  .>ntra  dans  une  troupe  de 
comédiens  dirigée  par  Quandt,  et  s'y  fit  remar- 
quer comme  chanteur  ;  ensuite  il  alla  à  Kœnigs- 
berg,  et  y  étudia  la  composition  sous  le  directeur 
de  musique  Hiller  ((ils  de  Hiller  de    Leipsick). 
Plus  tard  il  retourna  à  Berlin,  et  y  (it  représenter, 
en  1810,  son  premier  opéra,  Claudine  de  Villa- 
^fi^to.  Cet  ouvrage  fut  accueilli   avec  beaucoup 
de  faveur   par  les   Beilinois.    Dès  ce  moment 
Blum  écrivit  beaucoup  de  musique  instrumen- 
tale et  de  chant.  En  1817  il  alla  à  Vienne,  où  il 
trouva  un  ami  et  un  professeur  éclairé  en  Salieri. 
C'est  en  quelque    sorte  sous  la  direction  de  cet 
artiste  qu'il  écrivit  son  opéra  Da5  Rosen  Hiitchen 
(Le  petit  chapeau  de  roses).  Cet  ouvrage,  qui  eut 
trente-neuf  représentations  consécutives,  fut  suivi 
du  ballet  û' Aline,   représenté  au   théâtre  de  la 
cour.  En  1820,  le  roi  de  Prusse   nomma  Blum 
compo.sifeur  de  la  chambre.  Vers  le  même  temps 
cet  artiste  se  rendit  à  Paris  pour   y  étudier  les 
styles  de  Boieldieu,  de  Cherubini  et  d'Auber.  En 
1822,  il  retourna  à  Berlin,  où  l'administration  du 
théâtre  royal  de  l'Opéra  lui  fut  confiée  pendant 
quatre  ans.  11  prit  ensuite  celle  du  théâtre  de 
Kœnigstadt;  mais  il  la  quitta  après  la  deuxième 
année   de  sa  gestion.  Depuis  lors,  il  a  fait  plu- 
sieurs voyages  en   Allemagne,  en  France  et  en 
Italie.  Vers  le  mois  de  lévrier   1830,  il  était  à 
Paris.   De  retour  à  Berlin,  il  n'a   plus  accepté 
d'emploi  fixe  ;  son  occupation  principale  est  deve- 
nue la  traduction  de  beaucoup  d'ouvrages  dra- 
matiques qu'il  a  arrangés  pour  la  scène  allemande. 
Il  a  fourni  aussi  des  articles  relatifs  à  la  musi- 
que à  plusieurs  journaux.  Ses  traductions  d'o- 
péras et  de  vaudevilles  sont  considérées  comme  ■ 
préférables  à    toutes  les  autres ,   et   les   Alle- 
mands  y    reconnaissent    un   mérite    de  stylé 
fort  rare.  En  1830,  il  a  publié  à    Berlin,    chez 
Schlesinger,  une  traduction  allemande  de  la  pre- 
mière édition  du  livre  de  l'auteur  de  celte  bio- 
graphie, intitulé  ;  La  musique  mise  à  la  portée 
de  tout  le  monde,  sous  ce  titre  ;  Die  Musik, 
Handbuch  fur  Freunde  und  Liebhaber  dieser 
Kunst  (un  vol.  in-12).  Cet  ouvrage  est  écrit  en 
général  d'une  manière  élégante. 

Les  principaux  opéras  de  Blum  sont  :  1°  Zo- 
raïde,  ou  la  Paix  de  Grenade,  dont  la  partition 
a  été  gravée  à  Mayence,  chez  Schott.  —-  2°  Les 
Pages  dti  duc  de  Vendôme.  —  3°  Canonicus 


BLUM  —  BLUMENTHAL 


449 


Schuster   (lo  Chanoine  cordonnier).   —  4°  Die 
Nachtwandlerinn  (la  Somnambule).    Jl  a  ar- 
rangé aussi  la  musique  de  plusieurs  petits  opé- 
ras ou  vaudevilles,  par  exemple,  VOurs  et  le 
Pacha,  Le  Mariage  de  douze  ans,  etc.  Le  style 
de  Blum   est  gracieux,   léger,  l)ien  adapté  à  la 
scène,  mais  dépourvu   de  force  et  d'originalité. 
On  a  de  lui  une   grande   quantité  de   chansons 
allemandes,  de  romances  et  d'autres   pièces  tu- 
gilivcs  pour  une  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  et  des  recueils  de  chants  à  |)lu- 
sieurs  voix  d'hommes  et  de  femmes,  qui  ont  été 
publiés  à  Vienne,  Berlin,  Hambourg,  Leipsick  et 
Mayence.  Parmi  ses  compositions  instrumentales 
on  remarque    :  1»  Trois  sérénades   pour  flûte, 
clarinette,  cor,    deux   violons,   alto  et  basse, 
œuvres    49,  50  et  51;  Majence,  Scliott.   —  2° 
Beaucoup  de  morceaux  en  quatuors,  trios,  duos 
et  solos  pour  la  guitare,   instrument  dont  Blum 
jouait  avec  habileté.  —  3°   Quelques  ballets  à 
grand     orchestre,  particulièrement  Achille    et 
Aime.  —   4°  Quelques  morceaux  pour   piano, 
entre  autres  un  Rondeau  à  la  turque  pour  piano 
et  llùte,  op.  33.  On  a  aussi  de  lui    une  grande 
méthode   complète  pour  la  guitare,  divisée  en 
deux  parties,  dont    la  première   est  didactique 
t't   la  deuxième  pratique;  Berlin,   Schlesinger. 
Blum  est  mort  subitement  à  Berlin,  le  2  juillet 
1844. 

BLUM  (Robert),  chantre  de  l'église  catho- 
lique à  Nanmbourg  (Prusse),  s'est  fait  connaître 
par  l'ouvrage  intitulé  :  Gebet-und  Gesaugbuch 
fur  deulsch-  Katholische-ChristenundChoral- 
melodien  (Livre  de  prières  et  de  chant  avec  les 
mélodies  chorales  pour  les  chrétiens  catholiques 
allemands);  Naumbouig,  1843. 

BLUiVlBEUGEN  (Bakbf,),  cantatrice  cé- 
lèbre par  son  talent  et  sa  beauté,  na(iuita  luitis- 
bonne.  Charles-Quint,  qui  la  vit  en  1546,  pen- 
dant la  diète  de  l'empire,  en  devint  amoureux 
et  eut  d'elle  Don  Juau  d'Autriche.  Dans  la  suite 
il  la  maria  à  De  Requel  ;  mais  celui-ci  étant  mort, 
en  1578,  elle  se  retira  au  couvent  de  Saint-Cy- 
prien,  à  Ma/otta,  en  Espagne.  Elle  n'y  resta  que 
quatre  ans,  et  elle  fit  un  voyage  à  Lorette,  oii 
elle  mourut  eu  1589. 

BLUME  (Joseph),  né  en  1708  à  Munich, 
où  son  père  était  violoniste  à  la  chapelle  de  la 
cour,  fut  d'abord  au  service  de  l'électeur  de  Ba- 
vière, et  ensuite  à  celui  du  prince  Lubomirski, 
en  Pologne,  d'où  il  passa  à  la  chapelle  du  [)rince 
royal  de  Prusse  en  1743.  Il  est  mort  à  Berlin 
en  1782.  Ses  caprices  pour  le  violon  lui  ont  fait 
imegrande  réputation  en  Allemagne. 

BLUME  (Henri),  frère  de  Charles  Blum,  né 
à  Bt-ilin  en  1788,  fut  chanteur  dramatique  es- 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS,     l.    —    I. 


timé  en  Allemagne.  Sa  voix  était  un  baryton 
étendu.  Après  avoir  fait  ses  études  de  chant  sous 
la  direction  de  Gern,  il  débuta  au  théâtre  royal 
de  Berlin  en  1808,  dans  le  Sacrifice  interrompu, 
de  Winler.  Son  rôle  de  prédilection  fut  celui  de 
Don  Juan  :  il  le  joua  pour  la  première  fois  le  2 
juillet  1812,  et  y  produisit  beaucoup  d'effet.  Re- 
tiré du  thé;\tro  en  1848  avec  une  pension,  après 
quarante  années  de  service,  il  a  chanté  pour 
la  dernière  fois  dans  la  représentation  à  son  bé- 
nétice,  le  7  octobre  de  le  même  année. 

BLUMENUOEDER  (Charles),  composi- 
teur et  directeur  de  musique  à  Nuremberg,  est 
né  dans  cette  ville,  vers  1789.  Il  était  âge  d'en- 
viron vingt  et  un  ans,  lorsqu'il  (it  représenter  au 
théâtre  royal  de  iMunich,  en  1810,  l'opéra  de  Tu- 
randot,  avec  une  musique  nouvelle:  l'ouvrage 
eut  peu  dj;  succès.  Dans  la  même  année,  il  donna 
au  même  théâtre,  pour  la  fête  du  roi  de  Bavière, 
La  Chasse,  opéra-comique,  qui  fut  mieux  ac- 
cueilli. Ayant  été  nommé  directeur  de  musique 
dans  sa  ville  natale  en  ISlC,  il  imprima  à  la  cul- 
ture de  l'art  plus  d'activité  qu'elle  n'en  avait 
auparavant  chez  les  habitants  de  Nuremberg,  et 
organisa  des  concerts  qui  obtinrent  les  applaudis- 
sements detousles  amateurs.  En  1824  il  lit  repré- 
senter un  nouvel  opéra  de  sa  composition  inti- 
tulé :  Die  Bilrcjschaft  (La  Bourgeoisie),  qui  eut 
beaucoup  de  succès.  Blumenrceder  a  dirigé  les  fê- 
tes musicales  de  la  Bavière  à  Nuremberg,  en  1834 
et  1835.  On  a  imprimé  de  cet  artiste  :  Douze 
chants  funèbres  à  quatre  voix,  à  Nuremberg,  en 
18.14,  chez  Riegel  et  Wiesmcr. 

BLUMEiX'TIIAL  (Joseph  de),  est  né  à 
Bruxelles  le  1"''  novembre  1782.  Sou  père,  qui 
avait  un  emploi  <lu  gouvernement  autiiihien,  se 
rendit  à  Prague,  à  l'époque  de  la  révolution  bra- 
bançonne. Le  jeune  Blumentlial  apprit  à  jouer  du 
violon,  ainsi  que  ses  deux  frères  Casimir  et  Léo- 
pold.  Ils  eurent  tous  trois  l'abbé  Vogler  pour 
maître  de  composition.  Lorsque  ce  compositeur 
alla  à  Vienne  écrire  son  opéra  de  Samori  (en 
1803),  il  recommanda  ses  élèves  au  directeur  du 
théâtre,  et  sur  son  témoignage,  ils  furent  admis 
dans  l'orchestre,  Joseph  comme  alto,  les  deux 
autres  comme  violonistes.  Pendant  vingt  ans 
environ,  Joseph  écrivit  beaucoup  de  musique 
dramatique  dont  une  partie  a  été  attribuée  à  ses 
trères.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  1"  Don 
Sylvio  de  Kosalba,  opéra  romantique.  —  2"  Le 
deuxième  acte  de  l'opéra  féerie  Der  hurze 
Manlel  (Le  Manteau  court). — 3°  Desentr'acteset 
chœurs  pour  un  grand  nombie  de  drames,  tels 
que  Colomb,  Le  Roi  Lear,  Turandot ,  Kàth- 
chen  von  Heilbronn  (  La  petite  Catherine  de 
Heilbronn) ,  Fcrnand  Cortez,  etc.  —  Les  mé- 

•29 


450 


BLU3IERTHAL  —  BOCCABADATI 


lodrames  Camma,  et  Mennsko  et  Elwina.  — 
5"  Un  ballet  pantomime.  —  6°  Plusieurs  sym- 
phonies à  grand   orchestre.  —  7°  Des    quatuors 
faciles  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  38. 
—  8°  Des  variations  sur  différents  thèmes,  entre 
autres  sur  un  air  de  )a  Cenerentola  de  Rof^- 
sini,  op.  32  ;  Vienne,  Medietli.  —  9"  Des  trios 
pour  deux  violons  et  violoncelle,  op.  34;  Vienne; 
Haslinger.    —  10°  Duos  faciles  pour  deux  vio- 
lons, œuvres  18,  J9  et  20  j  ibid.  —  11°  D'autres 
duos  concertants,  et  des   variations   sur   diffé- 
rents thèmes,  pour  deux  violons.  —  12°  Une  mo- 
Ihoile  théorique  et  piatique  de  violon  ;  ibid.  — 
13°  Quatuors  brillants  pour  flûte  op.  31  ;  Vienne, 
Artaria.  —   14°  Des  messes  et  autres  composi- 
tions religieuses.  —  15°  Des  cantates  d«  circons- 
tance. —  IG»  Des  chants  à  plusieurs  vois  et  à 
voix  seule,  et  beaucoup  d'autres  composilions. 
Joseph  Blumenthal  était  directeur  du  chœur  à 
l'église  des  Piaristes  lorsqu'il  mourut  à  Vienne, 
le  9  mai  1850,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans  et 
quelques   mois.  Son  frère  Casimir  a  été  direc- 
teur de  musique  à  Zurich;  il  est  mort  à  Lau- 
sanne en  1849,  et  Léopold  fut  attaché  à  la  mu- 
sique d'un  grand  seignein-  en  Hongrie.  Tous  deux 
ont  publié  des  solos  de  violon,   des   airs  variés 
pour  le  môme  instrument,  et  divers  autres   ou- 
vrages. 

BLUMENTHAL  (Jacques),  pianiste  et 
coin[iositeur  pour  son  instrument,  est  né  à  Ham- 
bourg, le  4  octobre  1829.  Avant  l'âge  de  dix  ans 
il  commença  l'étude  du  piano  sous  la  direction 
du  professeur  Grand,  et  dans  sa  quatorzième 
r.nnée  il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  eut  pour  maître 
de  piano  Bocklet,  et  pour  professeur  de  com- 
position Simon  Sechter.  Arrivé  à  Paris  en  1840 
il  y  continua  ses  études  de  composition  dans  le 
cours  de  Halévy,  au  Conservatoire.  Il  était  alors 
âgé  de  17  ans;  c'est  à  cette  époque  qu'il  com- 
mença à  se  faire  connaître  par  quelques  légères 
productions  pour  le  piano,  au  nombre  desquelles 
on  remarque  La  Source,  petite  pièce  élégante 
qui  obtint  un  succès  de  salons.  Les  événements 
Dolitiques  de  1848  obligèrent  Blumenthal  à  s'é- 
loigner de  Paris  pour  aller  s'établir  à  Londres, 
ûinsi  que  beaucoup  d'autres  artistes.  Ce  chan- 
gementde  position,  qu'il  considérait  alors  comme 
im  malheur,  devint  la  source  de  sa  fortune.  Dis- 
tingué parla  reine  d'Angleterre  et  par  le  [irince 
Albert,  il  eut  bientôt  le  patronage  de  toute  la 
haute  société  anglaise,  et  devint  le  pianiste  en 
vogue.  Depuis  lors  il  ne  s'est  plus  éloigné  de 
Londres,  que  pour  fiiie  des  voyages  sur  le  con- 
tinent. On  a  publié  à  Paris,  chez  Bramlus,  à 
Milan  et  en  Aliemngne,  des  fantaisies,  des  noc- 
turnes,  des   mélodies    et  des  marches  pour  le 


piano,  de  la  composition  de  Blumenthal.  Son 
trio  pour  piano ,  violon  et  violoncelle,  op.  26, 
est  considéré  comme  son  meilleur  ouvrage. 

BLYMA  (François-Xavier),  bon  violoniste, 
était  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Moscou  eu 
1796.  Il  paraît  avoir  quitté  cette  place  en  1801. 
]lmourutàKiew,aumois  de  mai  1822,  dans  la  po- 
sition de  chef  d'orchestre  du  comte  de  Combur- 
ley,  amateur  passionné  de  musique.  Blyma  était 
artiste  distingué  comme  violoniste,  comme  chef 
d'orchestre,  et  comme  compositeur  de  musique 
instrumeniale.  Sa  symphonie  en  ré,  œuvre 
deuxième,  pourrait  être  encore  entendue  avec 
plaisir,  nonobstant  les  développements  que  ce 
genre  de  musique  a  reçus  depuis  l'époque  où 
elle  fut  écrite.  Le  catalogue  de  Traeg  (Vienne, 
1799)  indique  un  Concerto  de  violon  avec  accom- 
pagnement iVorchestre ,  en  manuscrit,  de  sa 
composition.  11  a  publié  :  l"  Grande  symphonie, 
op.  1;  Moscou,  Lieschold.  —  2°  Symphonie  eurfi, 
op,  2^;  Bonn,  Simrock.  — 3°  Plusieurs  œuvres 
de  solos  et  de  pots-pourris  pour  le  violon  avec  or- 
chestre. —  4°  Trois  airs  varii's  pour  violon,  avec 
accompagnement  de  violon  et  basse  ;  Leipsick, 
Bn'itkopfet  Ha-rtel. 

BOBHOWICZ     (Jean-Népomucène   de), 
guitariste  i>olonais  et  compositeur  pour  son  ins- 
trument, est  né  sur   les  frontières  de  l'Ukraine, 
au  commencemtînt  du  dix-neuvième  siècle.  Après 
les   événements  qui   ont  désolé  la  Pologne   en 
1831,  il  s'est  réfugié  à  Leipsick,  s'est  fait  enten- 
dre dans  les  concerts  comme  virtuose,  et  s'y  est 
livré  à  l'enseignement  de  la  guitare.  Il  y  vivait 
encore  en   1842,  et   y  avait  publié  environ  40 
œuvres  de  pièces  de  tout  genre  parmi  iesquelleson 
remarque:  Thèmes  divers  variés,  op.  0,  7,  10, 
12,  13,  IC,  18,  20,  28,  .30;  Leipsick,    Breilkopf 
et  Ilacrtel.  — Sonvenir  de  la  Pologne,  pot  pourri 
pour  guitare  et  violoncelle;  ihid.  —  Marches, 
op.  19  et  25;  ibid.  —  Rondeau    brillant,  op.  I7j 
ibid.  —  Valses  et  Polonaises,  op.  Il,  24;  ibid. 
BOCAIV.  Voy.  CORDIER  (Jacques). 
BOCCABAD.\TI  (Louise),  cantatrice,  née 
à  Parme  où  elle  fit  son  éducation  vocale  dans 
un  couvent,  débuta  en  1817  au  théâtre  de  celle 
ville  avec  un  brillant  .succès.  Après  avoir  chanté 
sur  plusieurs  théâtres  de  l'Italie,  elle  fut  appelée 
à  Munich,  où  sa  belle  voix  et  son  excellente  mé- 
thode firent  une  impression  très-favorable  sur  le 
public.  De  retour  en  Italie,  elle  chanta  à  Venise, 
en  1823 ,  à  Rome  dans  l'année  suivante,  à  Milan 
en  1826,  et  retourna  à  Rome  en    1827.  Partout 
elle  était  accueillie   aux  applaudissements   des 
Dileltnnti.  Son  talent  était  remarquable  parti- 
culièrement dans  l'opéra  bouffe,  qui  alors  avait 
encore  de  chauds  partisans.  I^es  entrepreneurs  de 


BOCCABADATI  —  BOCCHERINI 


451 


tous  les  grîinds  lliéi\tres  reclicrcliaient  M™*  Boc- 
cabadati,  à  cause  de  sa  verve  dans  les  ouviages 
de  ce  genre.  Naples  voulut   la  conserver  pendant 
les  années  1829,  30  et  31.  Le  compositeur  Des- 
préaux écrivait  de  Naples  ,  le  17  février  1830,  une 
lettre  dans  laquelle  on  lit  ce  passage  :  «  La  Boc- 
«   cabadati  fait  fureur.   C'est  une   petite  femme 
«  sèche  et  noire,   qui,   sans  (>tre  vieille,    n'est 
«  pas  non  plus  dans  son  printemps.  Elle  exécute 
«  bien  les  difficultés;  mais  elle   manque   d'élé- 
«  gauce,  de  giàce,  et  ne  charme  pas.  Sa   voix, 
«  qui  a  de  l'étendue,  est  un  peu  criarde  dans  le 
«  haut,  mais  du  reste  fort  juste  (voij.  la  Revue 
«  musicale,  t.  VII,  p.  172).  »  Berlioz,  qu'on  ne 
peut  accuser   de   partialité    en  faveur  des  mu- 
siciens de  l'Italie,  était  plus  favorable  àM"*^  Boc- 
cabadati,en  1832,  lorsqu'il  écrivait  {Lettres  d'un 
enthousiaste,  dans  la  Revue  musicale,  t.  XII, 
p.  75)  :  «  M""^  Boccabadali  est  un  fort  beau  ta- 
'<■  lent  qui  mérite  peut-être  plus  que  sa  réputa- 
«  tion.  »  En  1833,  elle  chantait  à  Londres,  puis 
à  Turin,  où  elle  fut  rappelée  pour  trois  saisons. 
A  Lisbonne  elle  excita  l'enthousiasme   pendant 
les  années  1840,  41  et  42.  Rentrée  dans  sa  patrie, 
elle  chanta  à  Turin  en  1843,  à  Gênes  en  1844, 
et  à  Palerme  dans  l'année  suivante.  Après  cette 
époque,  elle  dispara!!  de  la  scène,  et  les  rensei- 
gnements manquent  sur  sa  personne  et  la  suite 
de  sa  carrière.  M"'*'  Boccabadali  avait  épousé  un 
M.   Gazzuoli,  dont  elle  a  eu  un  fils  et  une  (ille 
(Augîistine  Boccabadali- Gazzuoli),  qui  chanta 
à  Paruie,  en  1844,  à  Gènes  en  1845,  et  à   Rome 
en  1846.  Louise  Boccabadali  est  morte  à  Turin, 
le  12  octobre  1850. 

BOCCACliM  (JosEPu),  compositeur,  ré  à 
Ancone,  en  1797,  y  a  fait  représenter  en  1820 
l'opéra  bouffe  /  Prctendenti  ridicoii,  qui  n'eut 
pas  de  succès.  Il  a  composé  beaucoup  de  mu- 
sique d'église,  qui  est  restée  en  manuscrit.  Au 
mois  de  mars  1832  il  était  à  Bologne  et  y  obtint 
le  titre  de  membre  de  l'académie  philharmo- 
nique de  cette  ville. 

Il  y  a  eu  un  bon  ténor  de  ce  nom  (François 
Boccacini),  qui  commença  à  briller  vers  1820. 
En  1823,  après  avoir  chanté  à  Parme,  il  entra  au 
service  de  la  cour  dé  Dresde,  et  y  fut  attaché 
jusqu'en  1825.  Le  climat  de  la  Saxe  ayant  été 
défavorable  à  sa  voix,  il  demanda  sa  démission, 
et  dans  la  même  année  il  chanta  à  Turin.  En 
1826  il  était  à  Rome;  puis  il  retourna  à  Turin. 
En  1830  on  le  retrouve  à  Palerme  ;  |iuis  il  chanta 
au  théâtre  de  Messine  pendant  la  saison  du 
carnaval,  en  1833.  Après  cette  époque,  les  ren- 
seignements manquent  sur  cet  artiste. 

BOCCHERINI  (Loois),  compositeur  d'un 
génie  fécond  et  original,  naquit  à  Lucques,  le  14 


janvier  1740.   Admis  au  nombre  des  élèves  du 
séminaire  desa  ville  natale,  il  reçut  les  premières 
leçons  de  musique  de  l'abbé  Vannucci,  maître  de 
chapelle  de  rarchevêché.  Un  goût  invincible  le 
poussait  à  l'élude  du  violoncelle,  il  s'y  livra  sans 
réserve,  et  ses  progrès  sur  cet  instrument  furent 
rapides.  C'est  au  penchant  que  Boccherini  avait 
pour  ce  môme  instrument,  et  à  l'habileté   qu'il 
y  avait  acquise,  qu'il  faut  attribuer  le  choix  qu'il 
en  a  fait  pour  ses  quinletti,  et  les  diflicullés  qu'il 
a  mi.ses  dans  sa  partie,  nonobstant  le  désavantage 
qui  devait  en   résulter  pour   la  popularité  de  sa 
musique.  Assez  instruit  dans  l'art  pour  apprécier 
les  heureuses  dispositions  du  jeune  musicien,  le 
père  de  Boccherini,  contrtba.ssiste  à  la  métropole 
deLucques,  ne  voulant  pas  quedes  qualités  si  pré- 
cieuses ne  portassent  point  leurs  fruits, envoya  son 
fils  à  Rome  pour  y  apprendre    l'art   d'écrire,   et 
pour  perfectionner  son   talent  sur  l'instrument 
qu'il  avait  choisi.  La  nature  avait  été  si  libérale 
envers  lui,  qu'elle  avait   laissé  peu  de  chose  a 
faire  à  ses  maîtres.   Toutefois,  c'est  peut-être  à 
son  séjour  à  Rome  qu'il  fut  redevable  de  la  déli- 
cieuse naïveté  qui  se  fait  remarquer  dans  toutes 
ses  compositions.  De  son  temps  on   faisait  de  la 
musique  dans  toutes  les  églises  de  Rome;  dans 
quelques-unes,  il  y  avait  des  instruments  mêlés 
aux  voix,  et  les  œuvres  qu'on  exécutait  étaient 
dans  le  style  concerté;  mais  dans  plusieurs  au- 
Ires,  et  particulièrement  à  la  chapelle  Sixtine, 
on  entendait  habituellement  la  musique  de  l'an- 
cien style,  appelé  osservato,  où  Palestrina  a  mis 
un  charme,  une  douceur,  dont  l'elTet  était  encore 
augmenté  à  celte  époque  par  la  réunion  des  plus 
belles  voix,  et  par  une  exécution  parfaite.  Boc- 
cherini a  souvent  exprimé  en  termes  pleins  d'en- 
thousiasme le  plaisir  qu'il  avait  éprouvé  à  l'au- 
dition de    cette  musique;  vers  la  (in  de   sa  vie, 
l'impression  qu'il  en   avait  reçue  ne  s'était  |ioint 
encore  affaiblie.  11  est  remarquable  que  le  cer- 
tain vague  qui  plaît  tant  dans  la  musique  de  Pa- 
lestrina n'est  pas  sans  analogie  avec  celui   qui 
caractérise  les  compositions  de  Boccherini. 

De  retour  à  Lucques,  après  quelques  années 
d'absence,  le  jeune  artiste  y  trouva  Manfredi, 
élève  de  Nardini  pour  le  violon  ,  et  son  compa- 
triote. Il  se  lièrent  de  l'amitié  la  plus  étroite, 
et  partirent  ensemble  pour  l'Espagne,  alors  le 
pays  de  l'Europe  où  l'on  trouvait  les  plus  grands 
artistes  réunis.  D'abord  ils  se  rendirent  à  Turin , 
où  leur  talent  comme  compositeurs  et  leur  habi- 
leté comme  instrumentistes  excitèrent  la  plus 
vive  admiration. 

Boccherini  venait  de  produire  ses  premiers 
trios  |)our  deux  violons  et  basse  :  ils  étaient  en- 
core  en  manuscrit,  et  les    amateurs   considé- 

29. 


452 


BOCCHERINI 


raient  comme  une  faveur  précieuse  la  permis- 
sion d'en  obtenir  des  copies.  Dans  une  notice 
très-bien  faite  sur  Boccherini,  M.  L.  Picquot  re- 
marque que  ces  trios  sont  le  seul  œuvre  produit 
par  cet  artiste  dans  l'intervalle  de  1702  à  1767; 
ce  qui  indique  que  l'excursion  de  Bocciierini  et  de 
Manfredi  se  prolongea  pendant  plusieurs  an- 
nées. Après  avoir  visité  quelques  villes  de  la 
Lonibardie,  du  Piémont  et  du  midi  de  la  France, 
lesjeunes  artistes  arrivèrentà  Paris  vers  1768(1). 
L'éditeur  La  Cbevardière,  qu'ils  euren| occasion 
de  connaître  dès  leur  arrivée,  les  présenta  au 
baron  de  Bagge,  cliez  qui  ils  trouvèrent'  l'élite 
des  artistes  français  de  cette  époque.  Le  charme 
des  compositions  de  Boccherini,  qu'ils  y  firent 
entendre,  leur  procura  un  succès  qu'ils  n'au- 
raient pas  obtenu  par  le  seul  mérite  de  leur 
exécution.  11  en  fut  de*même  au  Concert  spiii- 
tuel,  où  ils  jouèrent  les  mêmes  compositions,  aux 
grands  applaudissements  de  l'assemblée.  Le  len- 
demain, l'éditeur  Venier  vint  trouver  Boccherini, 
lui  (it  beaucoup  d'offres  de  services,  et  demanda 
la  faveur  de  graver  ses  ouvrages.  Les  éditeurs 
sont  les  mêmes  dans  tous  les  temps  :  le  succès 
de  l'œuvre  décide  de  leur  intérêt  pour  l'auteur. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Boccherini  saisit  avec  em- 
pressement l'occasion  qui  se  présentait  de  révé- 
ler au  monde  musical  les  trésors  de  son  génie  : 
il  dédia  son  premier  œuvre  de  quatuors  à  Ve- 
nier,  qui  le  publia,  et  acquitta  la  dette  de  sa  re- 
connaissance envers  La  Chevardière,  en  lui  dé- 
diant aussi  ses  premiers  trios,  qui  parurent,  chez 
cet  ('dileur  (2)-  Bientôt  recherché  avec  empres- 
sement par  les  amateurs  d'élite,  que  ciiai niaient 
ses  inspirations  originales,  Boccherini  satislit  à 
leur  ei(ii)ressement  par  l'abondance  de  sa  verve. 
Au  nombre  de  ses  productions  qui  appartiennent 
à  la  même  époque,  il  faut  signaler  les  six  sona- 
tes pour  clavecin  et  violon  dédiées  à  M'""  Brillon 
de  Jouy,  claveciniste  distinguée  {voy.  ce  nom), 
qui  était  alors  au  premier  rang  des  amateurs 
français. 

Séduitparles  espérances  de  faveur  et  de  fortune 
que  leur  donnait  l'ambassadeur  d'iispagne  à  Paris, 

(1)  .l'ai  dit  dans  la  première  édition  de  cette  Biosirapliie 
que  ce  fut  en  mi;mais  M.  Picquot  a  démontré  par 
IVnivre  cinquième  de  Boccherini,  qu'il  était  a  Paris  en 
17CS,    car  11  porte   précisément  cette  date. 

(2/ Pour  n'avoir  pas  à  me  répéter,  je  déclare  ici  que  je 
suis  redevable  des  rectifications  de  la  Biographie  de  Boc- 
cherini à  rexcellcntc  notice  de  M.  Picquot.  Cet  amateur 
distingué  a  eu  à  sa  disposition  pour  la  faire  les  éditions 
originales  des  œuvres  de  ce  grand  artiste,  et,  ce  qui  est 
plus  précieux  encore,  le  manuscrit  autographe  du  Catalo- 
gne chronologique  fait  par  Boccherini  lui-môuie  avec  un 
soin  minutieux.  M.  Picquot  a  fait  usage  de  ces  docu- 
ments a\ec  beaucoup  d'intelligence  et  de  discerne- 
Bien!. 


Boccherini  et  Manfredi  se  dirigèrent  vers  Madrid 
à  la  fin  de  l'année  17C8  ou  au  commencement  de 
1769.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  Boccherini 
y  était  dans  cette  même  année,  car  un  concerto 
a  pin  stromenti  etc.  composta  per  la  corte  di 
Madrid,  gravé  à  Paris  chez  Venier,  porte  au 
frontispice  :  compo.séen  1769,  œuvre  8  de  VaU' 
teur.  Manfredi  n'était  allé  à  Madrid  que  dans  lo 
dessein  d'y  amasser  des  richesses;  il  ne  négligea 
rien  de  ce  qui  pouvait  lui  en  faire  acquérir;  mais 
Boccherini,  préocriipé  de  l'amour  de  son  art,  et 
doué  d'ailletirs  de  cette  insouciance  qui  était  au- 
trefois un  des  traits  caiactéristiques  des  hommes 
de  génie;  Bocciierini,  dis-je,  plus  ému  à  la  pen- 
sée de  sa  gloire  qti'à  celle  <ie  sa  fortune,  ne 
songea  guère  à  ce  qui  pouvait  assurer  celle-ci. 
ConforiTiément  à  la  tradition,  j'ai  dit,  dans  la 
première  édition,  que  Boccherini  fut  attaché  ait 
service  du  roi  et  à  celui  du  prince  des  Asturies; 
mais, coinme  tous  les  biographes,  j'ai  été  induit  en 
erreur.  «  Boccherini  (dit  M.  Picquot)  apporta  avec 
«  lui  en  Espagne  son  troisième  livre  de  trios 
«  (gravé,  op.  9),  qu'il  s'empressa  de  dédier  au 
«  prince  des  Asturies  (plus  tard  Charles  IV). 
«  Immédiatement  aptes  il  coinposa,  per  la  corte 
«  di  Madrid,  un  concerto  apiu  stromenti  obli- 
«  qnti  (gravé,  op.  8).  Quel  effet  produisirent  ce.s 
«  deux  ouvrages  sur  l'esprit  du  roi  et  de  son  fils 
n  aîné  en  faveur  de  Boccherini  7  On  ne  saurait  le 
«  dire  exactement;  mais  il  est  hors  de  doute  tpie 
«  le  grand  compositeur  n'obtint  pas  ladislinclioiv 
«  due  à  son  mérite,  puisque  ni  le  roi,  ni  l'héritier 
«  piésomplif  ne  sont;èrent  à  se  l'attacher.  Ce  fut 
«  l'infant  Don  Louis,  frère  de  Charles  III,  qui 
»  répara  cette  in  justice.  Eneffct,on  remarquequp, 
«  dès  celte  même  année  l709,  Boccherini  écri- 
«  vit  pour  son  prolecteur  six  qnartetti  (gravés, 
«  op.  G)  qu'il  lui  dédia  en  prenant  le  litre  de 
«  compositore  e  virtuoso  di  caméra  di  S.  .L 
«  R.  Don  Luigi  infante  d'Ispagnia.  Tous  les 
«  manuscrits  de  l'auteur  reproduisent  invaria- 
«  blement,  sur  leur  feuille  de  tête,  cette  qualifi- 
<<  cation  unique,  sans  qu'il  y  soit  fait  jamais 
«  mention  d'autres  titres  jusqu'à  la  mort  de  l'in- 
«  fant ,  arrivée  le  7  août  1785-  A  partir  de  cette 
«  époque,  au  rontiaire,  on  voit  Boccherini  étaler 
n  avec  une  sorte  de  complaisance  les  dilTérenls 
«  litres  dont  il  était  revêtu.  Ainsi,  par  exemple, 
«  on  lit  assez  fréquemment  :  Composti  da 
«  Luigi  Boccherini,  professore  di  musica  alV 
«  altiial  servizio  diS.  M.  C;  Compositore  di 
i(  camcradiS.M.  Prussiana ;  Direttoredelcori- 
><  ccrto  deW  eccellenlissinid  senora,  confessa 
«  di  Benevente,duchessadi  Ossuna,  Grandia, 
«  etc., etc.  .Mais  souvent  aussi  il  néglige  la  pln- 
•<.  part  de  ces  titres  pour  ne  conserver  que  celui 


BOCCHERINI 


4;.  3 


*.  rîe  compositeur  de  la  cliaiuhic  du  roi  Fiédé- 
«  ric-Gniilamne  II,  dont    il   était    |.eiisionné,  et 
n  pour  lequel  il  écrivit,  de  1787  à  1797,  tous  les 
«  ouvrages  que  son  génie  (il  éclore  pendant  cette 
«  période.  «Les  faits  exposés  dans  ce  paragra- 
phe par  M.  Picquot  prouvent  bien  que   le  roi 
d'Espagne    n'employa   pas    Bocclierini    comme 
compositeur,  mais  non  qu'il  ne  l'attacha    pas  à 
sa   maison  :  car  la  qualité   que    l'artiste  pre- 
nait  sur    ses  ouvrags    après   la    mort   de  don 
Louis  démontre  précisément  le  contraire.  All^ 
atiual  servizio   ne   peut    signifier  pensionné; 
car  ces  mots   indiquent  précisément  un  service 
actif.  Ce   service,  dit  IM.    Picquot,  n'était  qu'un 
vain  titre  d'organiste  in  partibus;   mais  il  ne 
rapporte  aucune  preuve  de  ce  fait  et  ne  l'appuie 
par  aucun  document.  Ce  qui  ressort  de  tout  cela, 
c'est  que  Bocciierini  fut  attaché  à  la  cour  du  roi 
d'Espagne  dès  1785,  et  qu'il  resta  dans  la  même 
position  après  que  Charles  IV  eut  succédé  à  son 
père,  le  14  décembre  1788.  Ce  n'était  donc  point 
une  pension  qu'il  recevait  :  c'était  un  traitement. 
Plus  tard,  vraisemblablement ,  te  traitement  fut 
converti   en  pension. 

Lorsqu'il  arriva  en  Espagne,  le  prince  hérédi- 
taire avait  à  sou  service  Gaetano  Brunetti,  vio- 
loniste habile  et  compositeur  agréable.  Cet  ar- 
tiste n'avait  publié  que  des  ouvrages  médiocres 
jusqu'à  l'époque  où  il  arriva    à   Madrid;  plus 
tard  son  style  se  transforma,  et  tout  porte  à  croire 
que  l'effet  [iroduit  sur  lui  par  les  compositions  de 
.  Bocciierini  et  les  conseils  de  ce  grand  musicien 
exercèrent   la  plus  heureuse  induence  sur  ses 
inspirations.  Cependant  la  jalousie  et  la  crainte 
de  se  voir  supplanter  dans  sa  position   par  un 
homme  dont  la  supériorité  n'était   pas   contes- 
table, lui  firent   payer  de  la  plus   noire   ingra- 
titude les  services  qu'il  en  avait  reçus.  Bocciie- 
rini   avait   sur  Brunetti   l'avantage   du    génie; 
mais  celui-ci,  doué  de  l'esprit  le  plus  fin  et  le 
plus  adroit,   prenait  sa  revanche  dans  l'intri- 
gue.   Le   digne    artiste    voyait    bien   que    soa 
élève  employait   toute  son  adresse  à  lui  nuire 
dans  l'esprit   du  prince   des    Asturies;  mais  il 
n'avait  pas  l'habileté  nécessaire  pour  déjouer  ses 
manœuvres.  Une  anecdote  rapportée  par  le  vio- 
loniste Alexandre  Boiîcher,  qui  fut  longtemps  au 
service  de  la  cour  d'Espagne,  prouve  jusqu'où 
allaient    les   préventions    qu'avait    fait     naître 
Brunetti   dans  l'esprit   du   prince  contre  Boc- 
cherini   et  contre   sa   musique.    Suivant    cette 
anecdote,  reproduite  par  Castil-Blaze  à  sa  ma- 
nière dans  la  Biographie  de  Boucher  (Revue  de 
Paris,  mai  1845,  page  10),  don  Louis,  oncle  lie 
Charles  IV,  alors  prince  des  Asturies,  conduisit 
un  jour  Boccherini  chez  son  neveu  pour  lui  faire 


entendre  de  nouveaux  quintettes  de  son  maître 
favori.  Dans  l'exécution  d'un  de  ces  morceaux, 
le  prince  jouait  le  premier  violon  ;  un  passage  de 
sa  partie ,   où  la  môme  forme  se  répétait  long- 
temps avec  monotonie,  lui  déplut;  il  le  joua  en 
ricanant,  et  finit  par  se  lever,  en  déclarant  la 
musique  détestable.  Boccherini  se  défendait  de 
son  mieux  :  il  finit  par  faire  entendre  au  prince, 
avec  beaucoup  d'inconvenance,  que  pour  juger 
du  mérite  d'une  œuvre  de  musique,  il  est  néces- 
saire de  s'y  connaître.  A  peine  ces  mots  sont  pro- 
noncés, que  le  prince,  doué  d'une  force  hercu- 
léenne, saisit  Boccherini  par  ses  habits,  et,   le 
passant  en  dehors  d'une  fenêtre,  le  suspendit  au- 
dessus  de  l'abime.  Un  cri    de  h  princesse   des 
Asturies  le  rappela  à  lui-même,  et  il  rejeta  vio- 
lemment l'artiste  à  l'extrémité  de  l'appartement. 
Un  pareil  acte  de  brutalité  n'a  rien  qui   étonne 
de  la  part  d'un  prince  qui  poursuivait  un  ministre 
du  roi  son  père  l'épée   à  la   main,  qui   donnait 
des  soufflets  h  un  autre  et  des  coups  de  bâton  à 
un  troisième;  qui,  enfin,    se  mesurait  souvent 
avec  des  palefreniers  et  des  portefaix  ;  mais  on  a 
peine  à  comprendre  qu'un  Ijomme  doux  et  poli, 
comme  l'était   Boccherini,  y  ait  donné  lieu  par 
une  réponse  dont  l'inconvenance  prenait  un  ca- 
ractère très-grave  par  le  rang  de  celui  à  qui  elle 
s'adressait.  Quoi  qu'il  en  soit  de  l'exactitude  de 
l'anecdote,  il  est  certain  que  l'influence  mauvaise 
de  Brunetti  sur  l'esprit  de  son  maître  ne  cessa 
pas  après  que  celui-ci  fut  monté  sur  le  trône,  et 
qu'elle  se  fait  reconnaître  dans  l'abandon  et  dans 
la  misère  où  vécut  Boccherini  jusqu'à  la   (in  de 
ses  joure.  A  Tabri  du  besoin  tant  que  vécût  son 
protecteur,   l'infant    don   Louis,   il   connut  les 
soucis  d'une  existence  précaire  après    la  mort 
de  ce  prince.  En  1787  il  dédia  un  de  ses  ouvrages 
au  roi  de  Prusse   Frédéric-Guillaume  II,  grand 
amateur  de  musique  et  protecteur  des  artistes. 
Une  lettre  gracieuse,  le  diplôme  de  compositeur 
de  la  chambre  du  roi  et   une  tabatière  de  prix 
remplie  de  frédérics   d'or  furent  la  récompense 
de  cette  dédicace.  Dès  ce  moment ,  Boccherini 
n'écrivit  plus  que  pour  le  roi  de  Prusse,  comme 
le  prouvent  .ses  manuscrits  depuis  1787,  ainsi  que 
cette  note  de  son  catalogue  thématique  auto- 
graphe, sous  la  même  année  ;  Tutti  le  seguenti 
opère    sono  state   scritte  espressamente  per 
S.  M.   il  Re  di  Pnissia.  Les  dix    années  qui 
suivirents'écoulèrentsansapporlerde  changement 
dans  la  fortune  du  compositeur;  mais  Frédéric- 
Guillaume  Il    mourut  le   16  novembre    1797, 
et  de  nouveaux  embarras  assaillirent  Boccherini 
C'est  dans  ces  circonstances  que  Lucien  Bona- 
parte fut  envoyé  comme  ambassadeur  de  la  Bé- 
[lublique  française  à  Madrid.  Homme  d'une  hacie 


4Ô4 


BOCCHERINI 


intelligence,  amateur  éclairé  des  arts,  et  |ilein  de 
générosité,  il  récompensa  magnifiquement  l'hom- 
mage de  six  quintettes  pour   le  piano  dédiés  à 
la  nation  française  que  Boccheiini  mit  sous  son 
patronage,  et  douze  autres  quintettes  pour  deux 
vicions,  deux   altos  et  violoncelle,  belles   com- 
positions, les  seules  qu'il  a  écrites  en  ce  genre, 
et  qu'il    dédia    à   son  nouveau   protecteur.   La 
mauvaise    fortune  qui  avait  poursuivi  l'illustre 
artiste  pendant  la  plus  grande  partie  de    sa  vie 
vint  encore  le  visiter  alors;   car   Lucien  Biuia- 
parte  fut  bientôt   rappelé  à   Paris,  et  avec    lui 
disparurent    les  ressources   momentanées  dont 
Boccherini  avait  joui  peu  de  temps.  Une  seule 
lui  restait  dans  le  marquis  de  Benavente,  dont  il 
avait  fait  la   connaissance  vers    1796,   et  qui, 
amateur  passionné  de  guitare,  lui  avait  demandé 
des  compositions  avec  une  partie  obligée  pour  cet 
instrument.  Satisfaisant  à  cette  demande,  Boc- 
cherini avait  arrangé  de  cette   manière  un  assez 
grand  nombre  de  ses  anciens  ouvrages;  mais  tout 
cela  avait  un  terme,  et  les  besoins  d'une  famille 
n'en  ont  pas.  Parvenu  à  la  vieillesse,  et  envisa- 
geant avec  effroi  le  sort  qui  lui  était  réservé  pour 
ses  dernières  années,  Boccherini  avait  songé  à 
«luitter  l'Espagne  pour  la   France,  certain    qu'il 
(■tait  de  trouver  à  Paris  de  la  sjmpathie  et  des 
ressources  pour  son  talent    :  mais    pour  faire 
une  longue  route  avec  une  famille,  il  fallait  de 
l'argent  qu'il  n'avait  pas.  M""'  Gail  le  vit  à  Ma- 
<lrid,  dans  un  voyage  qu'elley  fit  en  1803.  N'ayant 
alors  qu'une  seule  chambre  pour  son   logement 
<t  celui  de  toutesa  famille,  troublé  dans  ses  tra- 
vaux par  le  bruit  que  faisaient  incessamment  ses 
enfants,  il  avait  imaginé  de  faire  construire  une 
espèce  d'appentis  en  bois,  oii  il  se  retirait  au 
moyen  d'une  échelle,  lorsqu'il  voulait  travailler 
en  repos.   Néanmoins   sa  gaîté  ne  l'avait  point 
abandonné.  Heureux  par  l'art  qu'il  aimait   avec 
passion,  quoiqu'il   ne  lui    procurât  pas   même 
en  Espagne  les  jouissances  de  l'artiste,  c'est-à- 
dire  celles  de  l'amour-propre;  travaillant  pour 
lui-même,  sans  autre  but  que  celui  de  se  plaire 
à  ce  qu'il  faisait,  et  de  procurer  un  morceau  de 
pain  à  sa  famille,  il  avait  conservé  l'active  ima- 
«j;inalion  de  la  jeunesse,  et  tous  ses  maux  étaient 
oîîbliés  dès  qu'il  pouvait  se  livrer  en  liberlé  à  ses 
inspirations.  Doué    d'une   douceur  inaltérable, 
jamais  il    ne  montrait  le   moindre    mouvement 
d'impatience  contre  la  mauvaise  fortune.  Telle 
était  d'ailleurs  sa  probité  délicate,  que,  dans  cette 
triste  position,  il  refusa  cent  louis  que  M"'^  Gail 
était  chargée  de  lui  offrir  pour  son  S/abat,  parce 
que  ce  morceau  lui  avait  été  demandé   par  une 
autre  personne  qui  ne  le  lui  payait  que  soixante 
piastres  (environ  2S0    francs).    Cependant   les 


dernières  années  de  sa  vie  furent  remplies  par 
un  travail  sans  relâche,  devenu  pénible  pour  un 
vieillard,  et  si  mal  payé,  que  l'indigence  de  l'ar- 
tiste était  extrême  lorsqu'il  expira,  le  28  mai 
1805,  à  l'âge  de  plus  de  soixante-cinq  ans,  sui- 
vant l'acte  de  décès  inscrit  dans  les  registres  de 
la  paroisse  Saint-Juste,  à  Madrid.  On  a  dit  que 
la  cour  et  les  grands  honorèrent  ses  funérailles; 
mais,  d'après  les  renseignements  que  s'est  pro- 
curés M.  Picqnot,  son  convoi  se  fit  au  contraire 
sans  pompe,  et  ne  fut  accompagné  que  d'un  petit 
nombre  d'amis  dévoués. 

Boccherini  avait  été  marié  deux  fois.  Il  ne  fut 
pas  plus  heureux  comme  père  et  comme  époux 
qu'il  ne  l'était  comme  artiste  ;  car  il  eut  le  mal- 
heur de  perdre  deux  filles  déjà  grandes,  et  sa 
seconde  femme  mourut  à  ses  côtés,  frappée 
d'apoplexie  foudroyante.  Tous  ses  autres  enfants 
l'ont  suivi  dans  la  tombe.  Le  dernier,  don  José, 
archiviste  du  marquis  Sérall)o,  est  décédé  en 
1847,  laissant  un  fils,  don  Ferdinando  Bocche- 
rini, professeur  à  l'académie  des  arts  de  Ma- 
drid, qui  a  fourni  à  M.  Picquot  quelques  ren- 
seignements sur  son  illustre  aïeul. 

Jamais  compositeur  n'eut  plus  que  Boccherini 
le  mérite  de  l'originalité  :  ses  idées  sont   tout 
individuelles,  et  ses  ouvrages  sont  si  remarqua- 
bles sous  ce  rapport,  qu'on  serait  tenté  de  croire 
qu'il  ne  connaissait  point   d'autre  musique  que 
la  sienne.  La  conduite,  le  plan  de  ses  composi- 
tions, leur    système  de   modulation,  lui  appar- 
tiennent en   propre  comme  les  idées  mélo(li.)ues. 
Admirahie  par  la  manière  dont  il  sait  suspendre 
l'intérêt  par  des  épisodes  inattendus,  c'est  tou- 
jours par  des  phrases  du  caractère  le  plus  simple 
qu'il    produit   l'effet  le  jdus  vif.  Ses   pensées, 
toujours  gracieuses,  souvent  mélancoliques,  ont 
un  charme  inexprimable  par  leur  naïveté.  On  a 
souvent  reproché  à  Boccherini  de  manquer  de 
force,  d'énergie  :  c'est  ce  qui  a  fait  dire  au  vio- 
loniste Puppo  que  ce  compositeur  était  la/emme 
de  Haydn;  cependant  plusieurs  de  ses  quintetti 
sont  empreints  d'un  caractèie  de  passion  véhé- 
mente.  Son    harmonie,  queltpiefuis    incorrecte, 
est  féconde  en  effets  piquants  et  inattendus.  Il 
fait  souvent  usage  de  l'unisson,  ce  qui  réduit  par- 
fois son  quintette  à  un  simple  duo;  mais,    dans 
ce  cas,  il  tire  |)arli  de  la  différence  des  timbres 
avec  une  adresse   merveilleuse,  et  ce  qui  serait 
un   défaut   chez  un  autre,  devient  chez  lui   la 
source  de  beautés    qui   lui   sont  propres.    Ses 
adagios  et  ses  menuets  sont  presque  tous  déli- 
cieux ;  ses  finales  seules  ont  vieilli.  Chose  singu- 
lière!  avec  un  mérite  si  remarquable,  Bocche- 
rini n'est  connu  maintenant  qu'en  France.  L'Al- 
lemagne dédaigne  sa  simplicité  naïve,  et  l'opi- 


BOCCnERINl 


453 


nion  qu'en  ont  les  artistes  de  c«  pays  se  résume 
dans  un  mot  prononcé  par  Spolir  à  Paris,  dans 
une  réunion  musicale  où  l'on  venait  d'exécuter 
quelques-uns  des  quiutetti  du  maître  italien.  On 
demandait  au  célèbre  violoniste  et  compositeur 
allemand  ce  qu'il  en  pensait  :  Je  pense,  ré- 
pondit-il, que  cela  ne  mérite  pas  le  nom  de 
musique I  11  est  fâcheux  que  la  manière  de 
sentir  se  formule  comme  les  idées  chez  les 
i^rtistes,  et  qu'un  homme  de  mérite,  (lassionné 
pour  les  transitions  fréquentes,  soit  arrivé  au 
point  de  ne  plus  trouver  de  chai  me  aux  choses 
simples  et  naturelles;  et,  ce  qui  est  bien  plus 
triste  encore,  à  devenir  insensible  au  mérite  de 
créations  toutes  originales  et  individuelles.  Heu- 
reux l'artiste  qui  sait  certaines  choses  qu'on 
);^norait  un  siècle  avant  lui  ;  mais  malheureux 
cent  fois  celui  dont  le  savoir  se  transforme  en  ha- 
Liludes,  et  qui  ne  comprend  que  ce  qu'on  (ait 
de  fon  temps.  L'art  est  immense;  gardons  nous 
de  le  circonscrire  dans  une  forme  et  dans  une 
époque. 

Baillot ,  interprète  admirable  des  œuvres  de 
tous  les  grands  maîtres,  avait  su  conserver  à 
celles  de  Boccherini  tout  le  charmede  la  jeunesse. 
Après  lui,  cette  musique  ravissante  a  été  négli- 
gée par  les  jeunes  artistes.  Bientôt  elle  sera 
tombée  dans  un  profond  oubli;  car  le  nombre 
d'amateurs  intelligents  qui  la  connaissent  et  en 
sentent  les  beautés  diminue  chaque  jour.  Je  fais 
ce  qui  est  en  mon  pouvoir  pour  en  perpétuer 
l<î  souvenir,  en  la  faisant  exécuter  par  les  jeunes 
artistes  du  Conservatoire  de  Bruxelles;  mais 
bientôt  je  ne  serai  plus  ;  Dieu  sait  ce  qui  en 
adviendra  quand  j'aurai  fermé  les  yeux. 

Doué  d'autant  de  fécondité  que  d'originalité, 
iioccherini  a  produit  trois  cent  soixante-six  com- 
jKJsitions  instrumentales,  dont  les  formes  pri- 
jjiitives  sont  classées  de  cette  manière  :  6  so- 
t4at€s  pour  piano  et  violon;  6  idem  pour  vio- 
lon et  basse  ;  6  duos  pour  2  violons  ;  42  trios 
jvour  2  violons  et  violoncelle,  dont  2  sont  iné- 
dits; I2idem  pour  violon,  ailoet  violoncelle;  91 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  violoncelle;  dont 
24  inédits;  18  quintettes  pour  flûte  ou  hautbois, 
2  violons,  alto  et  violoncelle;  12  idem  pour 
flûte,  2  violons,  alto  et  violoncelle;  12  idem 
pour  piano,  2  violons,  alto  et  violoncelle; 
113  idem  pour  2  violons,  alto  et  2  violoncelles, 
dont  20  inédits;  12  idem  pour  2  violons,  2  al- 
tos et  violoncelle,  tous  inédits;  16  sextuors  pour 
divers  instruments, dont  2 inédits;  2  octuors  idem 
inédits  ;20  symphonies,  dont  11  inédites  ;  8  sym- 
phonies concertantes  ;  l  concerto  de  violoncelle. 
Ces  compositions,  disposées  en  œuvres,  n'unt  pas 
été  faites  dans  l'ordre  des  numéros  qu'où   leur 


a  donnés  en  les  publiant.  Les  divers  arrange- 
ments qui  en  ont  été  faits  et  auxquels  on  a  donné 
des  numéros,  comme  s'ils  étaient  des  œuvres 
originales ,    contribuent    aussi    à  jeter   du  dé- 
sordre dans    leur  suite   chronologique;  enfin, 
des  supercheries  commerciales  ont  fait  figurer 
piirmi   les  productions  de  Boccherini   quelques 
(ruvres  apocryphes.  M.  Picquot,   qui  a  réuni  la 
plupart  des  éditions  primitives,  toutes  peut-être, 
et   qui  a  eu  connaissance  des  autres,  les  range 
dans  l'ordre  suivant  :  Op.  1  :  Sc.i  sinfonie  o  sia 
qunrtetli  per  due  vioiini,  alto  e  violoncello, 
dedicati  a  veri  dilcttanti    e  conoscilori    di 
musica;   Paris,   Venier;   Amsf.,   Hummel.  — 
Op.  2  :  Six  trios  à  2  violons  et  violoncelle;  Paris, 
La  Cbevardière.  —Op.  3  :  Six  idem,  2"  livre; 
ibid.  M.   Picquot  considère  cet   œuvre  comme 
apocryphe. —  Op.  4  :  Sei  sinfonie  a  Ire,  per  due 
vioiini  e  violoncello ;  Paris,  Venier,  S'ouvre.  — 
Op.  5  :  Six  duos  pour  2  violons;  Paris,  La  Chevar- 
dière.  —  Op.  6  :  Sei  sonate  di  cembalo  e  vio- 
lino  obligato  dedicate  a  Madama  Brillon  de 
Joîiy;  Paris,  Venier;  coni|)osés  en  1768,  op.  5  de 
l'auteur.  —  Op.  6  •.{\m)Sei  quartetti  per  due  vio- 
iini, alto  e  violoncello  ;  Paris,  Venier;  Amster- 
dam, Hummel,  avec  indication  d'op.  2;   com- 
posées en  1769,  op.  8  de  l'auteur.  —  Op.  7  :  .Set 
conversazioni  a  tre,  per  dite  vioiini  e  violon- 
cello, dedicate  a  gli  amatori  délia  musica, 
Paris,  Miroglio,  au  bureau  d'abonnement  musical, 
4*"  livre  de  trios.  Ces  trios  ne  ligurent  pas  dans 
le  catalogue  thématique  des  œuvres  de  Bocche- 
rini dressé  par   lui-même;    cependant,   quoique 
des  doutes  se  soient  élevés  sur  leur  authenticité 
et  qu'on   les  ait  attribués  à  Marescalchi,  mar- 
chand de  musique  à  Naples,  M.  Picquot  n'hésite 
pas  à  les  reconnaître  pour  appartenir  à  l'illustre 
compositeur. —  Op.  8  -.Concerto  apiu  stromenti 
concertanti,  due  vioiini,  oboe,  violoncello,  alto 
ebasso  obligati,  due  vioiini,  fagotti  ecornidi 
ripieno,  composta  per  la  corte  di  Madrid;  Pa- 
ris, Venier;  composé  en  1769, œuvre  7  de  l'au- 
teur. —  Op.  9  :  Sei  terzetti  per  due  vioiini  e 
violoncello,  i\éà\ésdi\\  prince  desAsturies;  Paris, 
Venier;   composé    en  1676,  of.  6  de  l'auteur. 
—  Op.  10  :  Sei  quartetti  per  due  vioiini,  alto 
e  violoncello,  dedicati  alli  Signori  dilettanli 
di  Madrid;  Paris,  Venier;  Amsterdam,  Hummel, 
avec  indication  d'op.  7  ;  composé  en  1770,  op.  g 
de  l'auteur. —  Op.  It  :  Sei  divertt menti  per  due 
vioiini,  alto  e  violoncello  ;  Paris,  Venier;  Ams- 
terdam, Hummel,  avec  indication  d'op.  8;  com- 
pose en  1772,  op.  15piccola  del'auteur. — Op.  12: 
Sei  quintettiper  due  vioiini,  viola  e  due  vio- 
Zo?2ceMi; Paris,  Venier  ;  composé  en  1771,  op.  10 
de  l'auteur. — Op.  13  :  Sei  quintettiper  due  vio- 


456 


BOCCHERINI 


Uni,  viola  e  due  violoncelli;  ibid.;  composé  en 
1771,  op.  1 1  de  l'auteur,  —  Op.  14  :  Set  terzetti 
perviolino,  viola  e  violoncello;  Paris,  La  Che- 
vardière;  composé  en  1772,  op.  14  de  l'auteur. — 
Op.  15  :  Sei  divertiinenti  per  dueviolini,Jlauto 
obligato,  viola,  due  violoncelli,  e  basso  di  ri- 
pieno,  espressamente  composti  per  S.  A.  R. 
don  Liiigi,  Infante  di  Spagnia;  Paris,  La  Clie- 
vardière.  Composé  en  1773,  op.  16de  l'auteur. — 
Op. i&  :  Six  symphonies  à  pliisieursinstruments 
récitants,  composées  pour  S.  A.R.  Vinfant  Don 
Louis  d'Espagne  ;  \hiii.,  in  \,  op.  12  de  l'auteur. 
—  Op.  17  :  Seiquintetli  per  due  violini,  viola 
e  due  violoncelli  ;\bk\.,  1774, op.  18  de  l'auteur. — 
Op.  18  et  19:  inconnus. —  Op.  20  :  G  idem;  Paris, 
Venier,  1772;  op.  13  de  l'auteur.  —  Op.  21  :  Six 
quintetti  pour  flûte, 1  violons,  alto  et  violon- 
celle; Paris, La  Clievardière,  1773,  op.  il piccola 
de  l'auteur.  —  Op.  22  :  Sei  sinfonie  per  due  vio- 
lini, viola  e  basso ,  oboi  oflauti  ecorni;  Paris, 
Sieber,  l775,op.  21  de  l'auteur.—  Op.  23  :  Sei 
quintetti  per  due  violini,  viola  e  due  violon- 
celli; Paris,  Veiller,  1775,  op.  20  de  l'auteur.  — 
Op.  24  -.Seisestettl  concertanti  per  due  violini, 
due  violée  due  violoncelli  ;  Paris,  Sieber,  1776, 
op.  23  de   l'auteur.  —  Op.  25  :  Sei  quintetti 
pour  flûte  ,   deux    violons,   alto  et    violon- 
celle ;  Paris,  La  Clievardière,  1774,  op.   19  de 
l'auteur.  —  Op.  26  :  Sei  quartetti  per  due  violini, 
alto  e  basso,  liOro  quinto  di  quartetti  ;  ihid., 
1776,  op.  22  de  l'auteur.  — Op.  27  :  Sei  quartetti 
concertantipcr  duo  violini,  altoe  violoncello  ; 
Paris,  Sieber;  Amsterdam,  Hammel,  avec  indica- 
tion d'op.  II;  1777,  op.  24  de  l'auteur.— Op.  27 'bis: 
Concerto  pour  flûte;  Paris,  Frère;  ouvrage  apo- 
cryphe et  sans  mérite.  —  Op.  28.  Sixtrios  dialo- 
gues pour  deux  notons  et  violoncelle  ;  Paris, 
Laiileux.  Supercherie  mercantile.—  Op.  29,  30, 
31,  inconnus. — Op.32:  Six  quatuors  à  deux  vio- 
lons, viole  et  basse  obligés,  production  peu  digne 
de  Botcherini,  écrite  en   1778,  op.  26  de   l'au- 
teur. —  Op.  33  :  Six  idem  à  deux  violons,  ailo  et 
violoncelle;  Paris,  Sieber,  1780,  op.  32  de  l'au- 
teur—  Op.  Zi:  Concerto  per  il  luoloncello  obli- 
gato ;  Amslcr<lsLm,Uemûnii,;Vienne,C3Lp[)'].— Op. 
35:  Six  trios  pour  deux  violons  et  violoncelle  ; 
Paris,  lîoyer,  1 781 ,  op.  34  de  l'auteur.  —  Op.  36  : 
Trois  quintetti  pour  deux  violons,  altoetdeux 
violoncelles;  Paris,  ImhauU,    1778,  op.    25  de 
l'auteur.  Cet  ouvrage  était  composé  de  six  quin- 
tettes; les  autres  ont  été  reportés  dans  des  publi- 
cations postérieures. — Op.  37  :  Six  duos  concer- 
tants pour  deux  violons;  Paris,  Barbieri.  Super- 
cherie de  commerce  :  Agus  (voy.  ce  nom)estl'au- 
tcurdeces  duos.— Op.  37  bis  :  Vingt-quatre  nou- 
veaux quintetti  à  deux  violons,  alto  et  deux 


violoncelles  ;Pâr\s,  Pleyel.  Collection  formée  d'un 
choix  fait  dans  les  œuvres  composés   par  Boc- 
cherini  depuis  1778  jusqu'en  1795.  Il  faut  lire  la 
note  de  M.  Picquot  sur  cette  collection  :  à  l'aide 
du  catalogue  thématique   original  de  l'auteur,  il 
y  indique  les  œuvres  auxquels  appartient  chaque 
numéro,  avec  la  date  de  la   composition.  Une 
erreur  singulière  est  échappée  à  cet  amateur  dis- 
tingué, lorsqu'il  dit  que    le  numéro  42,  écrit  en 
1793,  est  un  développement  d'un   motif  du  duo 
Cara,  cara,A{\  Matrimonio  segreto,  et   fait  à 
ce  sujet  un  rapprochement  et  un  éloge  chaleu- 
reux du  génie  des  deux  compositeurs  :  il  a  ou- 
blié que  le  Matrimonio  segreto  ne  fut  composé 
à  Vienne  que  dans  cette   même  année  1793,  et 
qu'à  cette  époque  aucune  communication  n'était 
possible  entre  l'Allemagne  et  Madrid.  Nul  doute 
que   la  ressemblance  des  deux  motifs  n'ait  été 
fortuite.  —  Op.  Z^:  Six  trios  pour  violon,  alto  et 
violoncelle  ;  Paris.  Pleyel,  huitième  livre,  1793, 
op.  piccola  47  de  l'auteur. — Op.  39  :  Douze  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
première,  deuxième,  troisième  et  quatrième  livrai- 
sons; Paris,  Pleyel.  Collection  formée  de  composi- 
tions prises  dans  diverses  œuvres  de  l'auteur.  — 
Op.  kO:Six  quartettini  pour  deux  violons ,  alto 
et  violoncelle  ;  Paris,  Pleyel.  1796,  op.  piccola 
53de  l'auteur. —Op.  41  :  Symphonie  concertante 
à  huit  instruments    obligés ,   deux  violons, 
deux  violoncelles,  alto,  hautbois  ou  flûlp,  cor 
et  basson;  Paris,  Pleyel,  1797,  op.  piccola  38  de 
l'auteur. —  Op.  42  :  Premier  sextuor  pour  deux 
violons,  alto ,  cor  et  deux  violoncelles;  Second 
sextuor  pour  violon,  viole,  basson,  hautbois  ou 
flûte,  contrebasse  et  cor  ;  Paris,  Pleyel,  1797, 
op.  3S  piccola  del'auteur.— Op.  43  :  Ouverture 
à  grand  orchestre   pour  deux    violons,  deux 
altos,  violoncelle, contrebasse,  deux  hautbois, 
deux  cors  et   basson;  ibid.,  1790,   op.  43   de 
l'auteur. — Op.  44  :  Six  trios  pour  deux  violons 
et  violoncelle  ;  Paris,  Pleyel,    neuvième  livre, 
1796,  op.  54  de  l'auteur.  Deux  trios  de  cet  œu- 
vre original  ont  été  supprimés  par  l'éditeur  et 
remplacés  par  deux  autres  trios  tirés  de  l'œuvre 
35  ;puis  les  deux  trios  supprimés  ont  été  arrangés 
en  duos  et  publiés  comme  tels  par  le  même  édi- 
teur. —  Op.  45  :  Six  nouveaux  quintetti  pour 
flûte  ou  hautbois,  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle; Paris,  Pleyel,  1797,  op.  piccola  55  de 
l'auteur,  composé   pour  Barli,   excellent  lianl- 
boïste  italien  attaché  à  la  musique  du    roi  d'Es- 
pagne Charies  IV.  — Op.  46  (1)  :  Six  duos  pour 
deux  violons  ;  ibid.  —  Op.  46  bis  :  Six  quintetti 
pour  piano,  deux  violons,  alto  et  violoncelle  ; 

(11  Voir  pour  cet  teuvrc  la  remarque  sur  l'oeuvre  4V 


BOCCHFillNI 


457 


ibid.,  1797,  op.  56  de  l'auleur.—  Op.  47  :  Z)ow:;e 
nouveaux  qu'mtctti  pour  deux  violons,  viole 
et  deux  violoncelles,  en  4  livraisons;  ibid.  Col- 
lection formée  de  quintettes  <;boisis  dans  divers 
œuvres.  —  Op.  4S  :  Six  quinletli  ideyn;  ibid. 
Môme  observation  que  pour  les  précédents.  — 
Op.  49  :  Six  quinteltini  pour  deux  violons, 
alto  et  1  violoncelles  ;  ibu\.,  1779,  op.  27 
de  l'auteur.  —  Op.  ;")0  :  Six  quartetti,  idem,  n" 
82  à  87  de  la  collection  publiée  par  Janet  et 
Cotelle,  17SS,op.  40  de  l'auteur. —  Op.  5t  :  Six 
idem,  seizième  livre,  n°'  88  à  93  de  la  même 
collection,  1779-1795,  op.  50  de  l'auteur.  Il  n'y 
a  point  d'œuvres  connus  sous  les  n"*  52  à  57. 

—  Op.  58  :  Six  quartetti  à  deux  violons,  allô  et 
violoncelle  ;  Paris,  Sieber;  1799,  op.  58  de  l'au- 
teur.—  Ouvrages  publiés  sans  numéro  d'œuvre  : 
1°  Première  symphonie  à  quatre  parties  obli- 
gées, cors  de  chasse  ad  libitum,  del  signor 
Bouqueriny  (sic),  imprimée  avec  les  nouveaux 
caractères,  par  Grange;  Paris,  1767,  in-fol.  Su- 
percherie commerciale.  —  1°  Six  sonates  à 
violon  seul  et  basse  ;  Paris,  La  Clievardière.  — 
3°  —  Quatre  concertos  pour  violoncelle  ,  n°^  1 
à4;  Paris,  Miroglio,  Boyer.  Même  observalion. — 
4°  Sérénade  à  deux  violons  ,  deux  hautbois, 
deux  cors  et  basse,  composée  à  l'occasion  du 
mariage  de  l'inlant  don  Louis  d'Espagne  (le  25 
juin  177G),  petit  format  obi;  Lyon,  Guerra.  Môme 
observation.  —  5"  Six  sonates  en  trios  pour  le 
clavecin  ou  piano-forte,  avec  ace.  de  violon 
et  basse;  Paris,  La  Clievardière;  Boyer.  Même 
observation.  —  6°  Trois  trios  pour  (lùte,  violon 
et  basse;  Paris,  Boyer.  —  7°  Trois  trios  pour 
flûte,  violon  et   basse.  Livre  deuxième;    ibiii. 

—  8"  Trois  quatuors  pour  flûte,  violon,  alto 
et  basse,  livre  premier  ;  ibid.  —  9°  Trois  qua- 
tuors,  idem;  ibid.  Ces  quatre  ouvrages  ont 
été  fabriqués  avec  des  fragments  des  pre- 
mières compositions  de  Boccherini.  — 10°  Six 
sonates  pour  piano  et  violon  ;  Paris.  Ouvrage 
arrangé  d'après  des  quatuors  et  quintettes.  — 
11"  Trois  idem,  op.  2  ;  Offenbacli,  André.  Ces 
sonates  sont  extraites  et  arrangées  des  premiers 
trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  14.  — 
12"  Trois  idem,  livre  3  ;  Paris,  Sieber.—  13°  Trois 
idem ,  liv.  4  ;  ibid.  —  14°  Six  sonates  idem,  livre 
cinquième;  Amsterdam,  Hummel. —  \.h°  Six 
idem.  Vienne,  Artaria.  H  n'est  pas  douteux  que 
tout  cela  est  supiiosé  ou  arrangé.  —  16"  Trois 
quatuors  pour  flûte, violon, alto  et  violoncelle, 
œuvre  cinquième  pour  la  flûte;  Paris,  Pleyel. 
Arrangés  d'après  les  quintetti  n"  44,  45  et  CO 
de  la  collection  Janet  et  Cotelle.  —  17"  Première 
symphonie  périodique  à  grand  orcbestre;  Paris, 
Pleyel.  Ouvrage  original,  1792,  op.  45  de  l'au- 


teur. —  18°  Deuxième  symphonie  périodique, 
idem;  ibid.,  1792,  op.  47  de  l'auteur.  —  19" S/a; 
quintetti  spécialement  composés  pour  lepiano 
forte  avec  ace.  obligés  de  deux  violon.':,  deux  al- 
tos et  violoncelle  ;  œuvre  posthume,  dédié  à  M™^ 
la  duchesse  de  Berry;  Paris,  Nau/.on.  Ce  sont  les 
quintettes  dédiés  à  !a  nation  française  et  mis 
sous  le  jjatronage  de  Lucien  Bonaparte.  —  20" 
Douze  nouveaux  quintetti  pour  dexix  violons, 
deux  altos  et  violoncelle,  composés  à  Madrid 
pour  le  marquis  de  Benavente.  Œuvre  pos- 
thume. Première  livraison;  Bordeaux,  Leduc 
père  ;  Paris,  Auguste  Le<luc.  Supercherie  mercan- 
tile. Ces  quintetti  sont  desarr.ingements  dans  les- 
quels la  partie  de  guitare  a  été  transformée 
en  partie  d'alto. —  21"  Stabat  Mater  à  trois 
voix  (deux  soprani  et  ténor),  avec  deux  violons, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse;  Paris,  Sieber, 
1804,  op.  61  de  l'auteur.  —  Indépendamment 
(les  arrangements  indiqués  précédemment ,  on 
connaît  encore  :  Trois  sonates  pour  piano , 
violon  et  violoncelle,  tirées  des  nouveaux  quin- 
tetti de  Boccherini,  par  Ignace  Pleyel;  Paris, 
Pleyel.  Ces  sonates  sont  les  quintettes  n"'  45, 
55  et  64  de  la  collection  publiée  par  Janet  et 
Cotelle.  Une  seconde  suite,  qid  n'a  pas  été  com- 
plétée, ne  contient  que  le  n"  65  de  la  même  col- 
lection. —  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et 
«^^0,  tirées  des  noiiveauxmanuscritsde  Bocche- 
rini, par  Héroldpère,  op.  H;  ibid.  Ces  sonates  sont 
arrauLîées  d'après  lesn"^  44,  50  et  63  de  la  même 
collection.  —  Quintetto  de  Boccherini  en  ré 
mineur,  arrangé  en  trio  pour  piano,  violon  et 
basse,  par  le  marquis  de  Louvois;  Paris,  Sclilesin- 
ger. — /f/e??î,en  50^  mineur,  arrangé  pour  les  mêmes 
instruments,  pour  le  même;  ibid.  (1)  Une  coUec- 

(1)  Il  faut  lire  les  notes  intéressantes  de  M.  Picquotsur 
toutes  ces  publications.  Cet  amateur  distingué  a  fait  en 
quelque  sorte  l'occupation  de  sa  vie  du  soin  de  rassembler 
les  œuvres  de  Boccherini  ,  de  les  étudier  et  d'en  suivre  la 
filiation.  On  lui  voit  poursuivre  pend.int  dix-liuit  :ins  la  re- 
cherclie  d'un  ouvrage  qui  lui  manquait,  et  écrire  à  ce  sujet 
une  multitude  de  lettres.  D'ailleurs  l'.ivant.ige  qu'il  a  eu 
de  posséder  le  catalogue  thématique  dressé  par  Bocche- 
rini de  toutes  ses  coiupositions  lui  a  fourni  le  moyen  de 
rectiljer  un  grand  nombre  d'œuvres  échappées  aux  bio- 
graphes, et  amoi-uièinc  dans  la  première  édition  de  cette 
Bioijraphie  vniverselle  des  Musiciens.  Il  est  un  point  ce- 
pendant sur  lequel  je  ne  puis  lui  céder,  parce  que  ma 
certitude  est  inébranlable  :  il  s'agit  d'un  passage  où  j'ai  dit 
que  Cambini  a  écrit  pour  l'Ieyel,  éditeur,  des  imitations 
de  compositions  de  Boccherini  qu'on  a  pubTiées  parmi  les 
œuvres  originales  de  ce  grand  artiste.  Outre  l'opinion 
générale  à  ce  sujet,  lorsque  j'étais  élève  au  Conservatoire  de 
Paris,  j'ai  pour  preuve  le  témoignage  de  Cambini  Ini-inènie. 
Je  dînais  avec  lui  chez  l'éditeur  Auguste  I.educ,  et  avec 
Choron,  alors  associé  de  celui-ci.  C'était ,  si  j'ai  bonne 
mémoire,  en  1807.  Dans  la  conversation,  Choron  dit  tout 
à-coup  :  ■■  Est-il  vrai,  père  Cambini,  que  vous  ave/,  fa- 
«  briqué  du  lîocchcrini  pour  les   marchands,  notamment 


458 


BOCCHERINI  —  BOCHSA 


tiondequaîre-vingt-quinzequintettideBocclierini 
a  été  publiée  par  Janet  et  Cotelle,  à  Paris.  Elle 
est  fort  belle,  mais  malheureusement  incorrecte. 
Les  mêmes  éditeurs  ont  publié  une  autre  collec- 
tion de  cinquante-trois  trios  du  même  composi- 
teur. 

La  notice  de  Boccherini  par  M.  Picquot  ren- 
ferme un  catalogue  thématique  des  ouvrages 
inédits  de  ce  maître,  rangés  par  ordre  chrono- 
logique. On  y  trouve  l'indication  de  trente-cinq 
quinletli,  dont  douze  pour  deux  violons,  deux 
altos  et  violoncelle;  de  vingt-trois  quatuors  grands 
et  petits;  de  deux  trios;  de  onze  symphonies 
pour  l'oichestre;  de  deux  sextuors;  de  deux 
octuors,  de  douze  airs  de  concert  pour  voix  et 
instruments;  d'une  cantate  sur  le  sujet d'/nè5  de 
Castro;  d'une  messe  à  quatre  voix  et  instru- 
ments ;  d'une  cantate  pour  la  Nativité,  à  quatre 
voix,  chœur  et  orchestre,  dédiée  à  l'empereur  de 
Piussie  ;  de  VUhancicos  (motets  pour  la  fête  de 
Koël)  à  quatre  voix  et  orchestre ,  composés  en 
1783,  et  d'un  opéra  ou  mélodrame  {la  Cle- 
mentina). 

liOCCHI  (François),  né  à  Florence  en  1348, 
fut  un  des  écrivains  les  plus  féconds  de  cette 
ville.  Il  mourut  dans  sa  patrie  en  1618,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  de  Saint-Pierre  le  Majeur. 
Au  nombre  de  ses  ouvrages  on  compte:  Dlscorso 
sopra  la  musica,  non  seconda  Varie  di  quella, 
ma  seconda  laragione  alla politicapertinente ; 
Florence,  1681,  petit  in-S".  Ce  titre  indique  sut- 
lisamment  la  nature  de  l'ouvrage.  Il  n'est  point 
<lueslion,  en  effet,  de  l'art  eu  lui-même  «dans  ce 
4liscours  sur  la  musique  :  c'est  un  morceau  dans 
le  goût  de  Platon,  où  régnent  quelques  idées 
<ie  mysticisme. 

BOCCOMINI  (...),  guitariste  italien ,  né  à 
Florence,  a  publié  une  m.élhode  pour  son  instru- 
ment, sous  ce  titre  :  Grammatica  per  chitarra 
francese,  ridotta  cd  accresciuta  ;  Roma,  presso 
Pialti,  1812.  On  connaît  aussi  de  lui  quelques 
morceaux  pour  la  guitare,  entre  antres  :  1°  Aria 
di  Rossini  {Tu  clie  accendi)  ridotta  a  sonata; 
Milan,  Ricordi.  —  2°  Six  valses,  Leipsick , 
Peters. 

BOCCUCI (Joseph).  Vorj.  Bococs. 

BOCHART  (Samuel),  ministre  protestant 
et  savant  orientaliste,  naquit  à  Rouen,  en  1599. 
Après  avoir  fini  ses  humanités  et  sa  rhétorique, 
il  étudia  la  philosophie  et  la  théologie  à  Sedan; 


«  pour  Pleyel?  —  Très-vrai  ;  et  j'ai  eu  tort;  car  on  me 
«  payait  bien  pou  pour  cela.  —  Si  l'on  avait  voulu  payer 
«  plus  cher,  dit  Leduc,  on  se  serait  adressé  à  Bocclic- 
«  rini.  —  Qui  n'aurait  pont  Ofre  pas  si  bien  réussi ,  dit  le 
«  bonhoinuie ,  avec  sa  sufiis.ince  habituelle.  >•  Voilà  la 
vérité  :  rien  ne  peut  l'ébranler  pour  uiol. 


de  là  il  se  rendit  à  Londres,  puis  à  Leyde,  et  re- 
vint enfin  en  France,  où  il  fut  nommé  pasteur  à 
Caen,  en  1C28.  Ses  ouvrages  lui  ayant  fait  un» 
grande  réputation,  Christine,  reine  de  Suède, lui 
écrivit  pour  l'engagera  venir  à  Stockholm;  Bo- 
cliart  s'y  rendit  en  1652.  De  retour  à  Caen,  il  s'y 
maria,  et  n'eut  de  son  mariage  qu'une  lille,  dont 
la  mort  prématurée  causa  celle  de  Bochart,  le 
16  mai  1667.  Parmi  les  dissertations  réunies  dans 
ses  Opéra  0TO?ufl,  Leyde,  1712,3  vol.  in-fol.,on 
en  trouve  une  intitulée  De  Sistro.  Elle  est  de  peu 
de  ressource  pour  l'histoire  de  cet  instrument. 

BOCHSA  (Cbables),  d'abord  musicien 
de  régiment,  puis  hautboïste  du  grand  théâtre 
de  Lyon  et  ensuite  de  celui  de  Bordeaux,  s'est 
fixé  à  Paris,  vers  1800,  et  y  a  embrassé  la  pro- 
fession de  marchand  de  musique.  Il  est  mort 
dans  cette  ville  en  182t.  On  a  de  lui  :  1"  Trois 
quatuors  pour  clarinette,  violon,  alto  et  basse, 
livre  1  ;  Paris,  Janet.  —  i"  Trois  idem.,  livre  2  ; 
Paris  Momigny.  —  3°  Trois  idem,  op.  3;  Paris, 
Sieber. —  4'^  Trois  nocturnes  en  quatuors,  liv.  1 
et  2.  —  5°  Trois  quatuors  pour  hautbois,  liv.  I.  — 

6°  Deux  idem  ,liv.  2 7°  Trois  idem,  liv.  3.— 

8°  Six  duos  concertants  pour  deux  hautbois, 
op.  5,  liv.  1  et  2  ;  Paris,  Pleyel.  —  9°  Méthode 
de  flûte  avec  des  airs  ;  Paris,  Omont.  —  10»  Mé- 
thode de  clarinette,  ibid. 

BOCHSA  (Robert-Nicolas-Charles),  fils 
du  précédent,  est  né  le  9  août  1789,  à  Montiné.di, 
département  de  la  Meuse.  Il  reçut  de  son  père 
les  premières  notions  de  musique,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  sept  ans  il  put 
exécuter  en  public  un  concerto  de  piano.  Bientôt 
son  goût  pour  la  composition  se  développa  :  à  l'âge 
de  neuf  ans  il  avait  fait  une  symphonie;  à  onze, 
il  joua  un  concerto  de  flûte  de  sa  composition; 
à  douze,  il  avait  écrit  plusieurs  ouvertures  pour 
des  ballets,  et  des  quatuors,  sans  autre  connais- 
sance de  l'harmonie  que  ce  que  lui  indiquait  son 
instinct;  à  seize  ans,  il  mit  en  musique  un  opéra 
de  Trajan,  pour  la  ville  de  Lyon,  lors  du  passage 
de  Napoléon.  Vers  le  même  temps,  il  s'appliqua 
à  l'étude  de  la  harpe,  et  cet  instrument  lui  était 
déjà  devenu  familier  quand  il  suivit  sa  famille  à 
Bordeaux,  où  il  reçut  des  conseils  de  François 
Beck  pour  la  composition.  H  travailla  sous  cet 
habile  maître  pendant  un  an,  et  écrivit  sous  ses 
yeux  le  ballet  de  la  Bansomanie,  et  un  oratorio 
intitulé  Le  Déluge  universel.  Enfin,  en  1806,  il 
vintà  Paris,  etentraauConservatoiie  de  musique 
pour  y  étudier  l'harmonie  sous  la  direction  de 
Catel  :  les  leçons  de  ce  maître  le  mirent  en  état 
d'obtenir  dans  la  même  année  le  premier  prix  au 
concours.  Il  continua  de  travailler  la  harpe  sous 
la  direction  de  Nadcrman  et  de  M.  de  Marin  ;  et , 


BOCHSA  -  BOCKEMEIER 


4r,0 


quoiqu'il  n'ait  pu  acquérir  sur  cet  instrument  un 
jeu  bien  correct,  il  s'y  est  fiiit  néanmoins  beau- 
coup (le  réputation  par  la  verve  de  son  exécu- 
tion. Ce  qui  d'ailleurs  a  contribué  à  sa  renommée, 
c'est    la    musique    brillante    qu'il   a    composée 
pour  son    instrument,   dont  le    répertoire  avait 
été  jusqu'à    lui  fort    borné.  Sa    fécondité  en  ce 
Kcnre  était  si  prodigieuse,  que  la  liste  exacte  et 
complète  de  ses  ouvrages,  tels  que  concertos,  so- 
nates, duos,   nocturnes,   fantaisies,   etc.,  etc., 
occuperait  [ilusieurs  pages    de   ce  dictionnaire. 
On  y  compte  cinq  concertos,  deux  syn-pbonics 
concertantes;   plusieurs  trios   et  quatuors  pour 
harpe,  piano,    violon  et   violoncelle;  quatorze 
duos  et   f;mtaisie.^   pour  liarpe  et  piano;  vingt 
sonates  avec  accompagnement  de  violon,  de  flûte 
on  de  clarinette  ;  douze  nocturnes   pour  harpe 
et  violoncelle  ,  en  collaboration  avec  Duport  ; 
ouvrages  qui  ont  eu  le  plus  grand  succès;  plus  de 
vingt  sonates  pour  harpe  seule;  enfin  une  quantité 
presque  innombrable  de  leçons  progressives,  de 
caprices,  d'airs  variés,  de  fantaisies  et  de  pois- 
pourris.  On  a  aussi  de  lui  une  Méthode  pour  la 
harpe.  Outre  cela  il  a  fait  représenter  au  théâtre 
deTOpéra-Comique:  1°  Les  Héritiers  de  Paini- 
pol,  opéra  comique  en  trois  actes,  1813.  —  1°  AU 
j)honsed\Aragon,  trois  actes,  1814.—  3°  Les  Hé- 
ritiers Michau,  un  acte,  1814. —  4°  Les  Noces  de 
Camache ,  trois  actes,  1815.  —  â"  Le  Bol  et  la 
Ligue,  deux  actes,  1815. —  6°  Ln  Lettre  de 
change,  un  acte,  1815. —  7°  Ln  Bataille  de  De- 
nain,  trois  actes,  1816.  — ^  8"  Un  Mari  pour 
élrcnns,  un  acte,  1816.  En  1816,  Bochsa,  com- 
promis par  des  fautes  qui  ont  été  l'objet  des  ri- 
gueurs de  la  justice,  est   passé  en  Angleterre, 
et  s'est   (ixé  à  Londres.  En  1829,  il  y  dirigeait 
la  musique  du    tln'âtre  du    roi.    Ayant  enlevé 
ftt'iie  Bisliop,   en  1839,  il  a   parcouru    l'Europe 
avec  elle,  a  vécu  en  Italie  pendant  plusieurs 
années,  et  y  a  publié  un  assez  grand  nombre  de 
morceaux  j)our  la  harpe   siw  des  thèmes  d'o- 
péras (Milan,  Ricordi).  En  1848,  il  est  passé  en 
Amérique,  s'y  est  livré  à  tous  les  genres  d'exploi- 
tation de  son  talent  fort  déchu,  et  enfin  est  mort 
à  Melbourne,  en  Australie,  le?  janvier  185G,  dans 
sa  soixante-septième   année,  ou   selon  d'autres 
renseignements  fournis  par  Themusical  World, 
à  Sidney,  le  G  du  môme  mois.  On  lit  dans  une 
correspondance  de  ce  journal:  «  Le  pauvre  Bocli.sa 
.<  est  mort  ici  (Sidney),  dimanche  6  janvier  (1856); 
"  il  y  avait  un  mois  environ  qu'il  était  arrivé  de 
«  la    Californie  avec  IM'''^  Anna  Bisliop.  Quand 
<•  je  le  vis  alors,  j'acquis  la  certitude  qu'il  laisse- 
«  rait  ses  os  parmi   nous.   Son   mal   élait  une 
"  hydropisie  mêlée  d"asthme  :  il  doit  avoir  beau- 
«  coup  soiiffyrt.  Deux  jours  avant  sa  (in,  il  coni- 


«  posa  un  1\equier)n\\i\  a  été  exécuté  à  ses  funé- 
«  railles,  et  qui  a  [)roduit  une  grande  impression, 
«  Le  jour  même  de  sa  mort,  il  me  fit  appeler, 
«  et  sur  ses  instantes  prières  je  mis  en  ordre  tous 
«  ses  manuscrits,  tous  ses  morceaux  de  musique, 
«  dont- il  avait  des  malles  pleines.  Jamais  je  n'avais 
«  vu  un  homme  aussi  changé  par  la  maladie  que 
«  ce  pauvre  Bochsa,  que  j'avais  connu  jadis  un 
«  des  plus  beaux  hommes  de  son  temps,  et  aussi 
«  un  des  meilleurs  musiciens.  Son  esprit  seul 
«  n'avait  rien  perdu  de  son  activité  et  de  son 
«  énergie.  Par  quelles  tristes  circonstances  un 
«  aussi  grand  artiste  est-il  venu  mourir  dans 
«  cette  partie  reculée  du  monde?  «Une  vie  agitée 
n'a  pas  permis  à  Bochsa  de  développer  les  avan- 
tages de  son  organisation  musicale,  qui  était  as- 
surément fort  belle.  Il  a  fait  trop  et  trop  vite; 
car  dans  ses  productions  les  mieux  inspirées,  la 
précipitation  et  la  négligence  se  font  apercevoir 
partout  :  on  y  voit  le  patrimoine  d'un  artiste  dis- 
tingué dissipé  en  pure  perte. 

BOCKEMEIER  (Henri),  compositeur  es- 
timé, et  savant  écrivain  sur  la  musique,  naquit  à 
Immensen,  près  de  Celle,  au  mois  de  mars  1679.  Il 
fréquenta  d'abord  l'école  de  ce  lieu,  puis  celle  de 
Burgdorf.  Depuis  1693  jusqu'en  1099,  il  continua 
ses  études  dans  les  collèges  de  Brunswick,  et  en 
1702,  il  se  rendit  à  l'université  de  Helnistadt  pour 
y  étudier  la  théologie.  Admis  comme  cantor  à 
l'église  Saint-Martin  de  Brunswick,  en  1704,   il 
crut  devoir  s'occuper  de  la  nmsique  plus  sérieu- 
sement qu'il  ne  l'avait  fait  jusque-là,  et  il  prit  des 
leçons  de  composition  chez  le  directeur  de  mu- 
sique G.  Œsterreicht.  En  1713,  il  fut  appelé  en 
qualité  de  cantor  à  Husuni,  dans  le  comté  de 
Schleswig.  Dans  cette  position  ,  il  se  lia  d'amitié 
avec  le  maître  de  chapelle  Baith.  Bernhaidi,  qui 
le  décida  à  se  détacher  de  plus  en  plus  de   la 
théologie,  et  à  se  livrer  entièrement  à  la  musique. 
En  1716,  il  donna   sa    démission  de    cantor  à 
Husum  ;  l'année  d'après  il  se  rendit  à  Brunswick, 
et  de  là  à  Wolfenhiittel,  où  il  prit  possession  de 
la  place  de  cantor,  qu'il  gnrda  jusqu'à  la  fin  de  .ses 
jours.  Les  ouvrages  de  Mattheson  lui  fournirent 
la  première  occasion  de  se  faire  connaître  comme 
écrivain  sur  la  musique.  Mattheson   s'était  pro- 
noncé contre  l'usage  des  canons  dans  la  compo- 
sition, et  les  avait  considérés  comme  inutiles  dans 
son  Nouvel  Orchestre  (T  II,  p.  139).  Bockemeier 
se  fit  le  défenseur  des  canons,  dont  i!  faut  pour- 
tant bien  avouer  que  les  anciens   maîtres  ont 
q\ielquefo.is  abusé.  Les  lettres  qu'il  écrivit  sur  ce 
sujet  à  Maltheson,  et  les  réponses  de  celui-ci  se 
trouvent  dans  la  Critica  musica  de  ce  dernier 
(p.  240  et  suiv.,  et  257  et  suiv.  ).  Chose  rare,  le 
résultat  de  la  discu.ssion  fut  une  amitié  constante 


460 


BOCKEMEIER  —  BOCKSHORN 


«nfre  les  antagonistes.  Bockemeier  rectifia  ses 
idées  d'après  celles  de  Mattlieson,  et  fitenquelque 
sorte  une  rétractation  de  ses  premières  opinions 
dans  VEssai  sur  la  Mélodie,  qu'il  fit  insérer  au 
deuxième  volume  delà  Criiica  musica  (p.  254). 
Ce  furent  aussi  ses  nouvelles  doctrines  qui  lui  dic- 
tèrent son  écrit  intitulé  :  Kern  melodischer  VVis- 
senschajt  (Nœud  de  la  science  mélodique),  qu'il 
présenta  en  1736  au  consistoire  de  Wolfenbiittel, 
et  qui  fut  inséré  parextrait  dans  le  deuxième  vo- 
lume de  la  Bibliothèque  musicale  de  Mitzler.  Les 
premières  compositions  de  Bockemeier  pour  l'é- 
glise avaient  été  dans  le  style  ancien;  mais  après 
sa  dispute  sur  les  canons  il  changea  aussi  son 
style,  et  en  adopta  un  plus  léger. Bockemeier  avait 
conçu,  en  1725,  le  plan  d'une  association  musicale 
qui  fut  réalisé  en  1738,  par  Mitzler  :  celui-ci  pré- 
senta cette  idée  comme  la  sienne,  ce  qui  n'em- 
pêcha pas  Bockemeier  de  devenir  membre  de  cette 
association  en  1739.  llmourutle  7décembrel751. 
Le  pasteur  Dommrich,  de  Wolfenbijttel,  écrivit 
son  éloge,  et  le  lit  imprimer  l'année  suivante,  sous 
ce  titre  :  Memoria  Henr.  Bockemeieri  posteri- 
tate  tnidita  ;  Wolfenbiittel,  175'i,  in-4°.  On  a  de 
Bockemeier  un  traité  de  chant  divisé  en  quatre 
parties,  daté  de  1724,  mais  qui  n'apasélé  publié. 
Les  compositions  de  ce  musicien  sont  restées  en 
manuscrit  etsetrouventaujourd'hui difficilement, 
même  en  Allemafjne. 

BOCIÏllOLTZ-FALCOIVl  (Anne),  can- 
tatrice, née  à  Francfort  vers  1820,  a  commencé 
à  se  faire  connaître  en  chantant  au  concert  du 
Conservatoire  «le  Bruxelles  en  1S44  ;  puis  elle  s'est 
fi-vée  à  Paris  comme  professeur  de  cliant.  Elle  s'y 
«st  fait  entendre  dans  les  concerts  de  musique 
ancienne  organisés  par  le  prince  de  la  Moskowa, 
«n  1845,  et  en  diverses  autres  circonstances.  Les 
<5vénements  de  1848  lui  ont  fait  quitter  cette  ville 
«t  passer  en  Angleterre.  Elle  a  chanté  ensuite  en 
Italie,  puis  elle  fut  attachée  au  théâtre  de  Cobourg 
pendant  quelques  années ,  et  enfin  elle  est  re- 
tournée à  l'aris  en  1856  et  s'y  est  fixée.  M'ie  Bo- 
ckholtz  a  publié  des  chants  détachés  de  sa  com- 
position avec  accompagnement  de  piano ,  à 
Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Haertel,  et  à  IVIayence, 
chez  Scliolt.  Parmi  ces  chants,  on  remarque  deux 
Lieder  gracieux  intitulés  Abendlied  (Chant  du 
soir),  Geisterstimmen  (les  Voix  surnaturelles). 

BOCKLET  (CuAEiLES-MARiE  de),  pianiste, 
violoniste  et  compositeur,  né  a  Prague,  en  1801, 
étudia  le  piano  sous  un  maître  de  cette  ville 
nommé  Zawora,  eut  pour  professeur  de  violon 
Vrédéric-Guillaunie  Pixis,  et  reçut  des  leçons 
d'harmonie  de  Dionys  Weber.  En  1821,  il  se 
rendit  à  Vienne,  et  y  obtint  la  place  de  premier 
violon  au  ïhéâtre-sur-la-Vienne.  Il  a  brillé  aussi 


dans  les  concerts  comme  pianiste  distingué.  On 
a  publié  de  sa  composition  des  variations  pour  le 
piano,  op.  1,  Vienne,  Artaria. 

BOCIÎMÛllL  (Robekt-Émile),  professeur  de 
violoncelle  à  Francfort,  est  né  dans  cette  ville  en 
1 820.  Laborieux  artiste,  il  a  publié  pour  son  instru- 
ment avec  accompagnement  d'orchestre,  de  qua- 
tuor ou  de  piano,  environ  soixante-dix  œuvres 
de  fantaisies,  variations,  divertissements  et  ron- 
deaux sur  des  thèmes  d'opéras  ou  d'airs  nationaux, 
à  Offenbach  chez  André,  à  Francfort,  à  Leipsick 
et  à  Mayence.  Son  ouvrage  le  plus  important  est 
celui  qui  a  pour  titre  :  Études  pour  le  développe- 
ment du  mécanisme  du  violoncelle;  adoptées 
pour  l'étude  élémentaire  de  cet  instrument  au 
Conservatoire  royal  de  musique  de  Bruxelles, 
et  au  Conservatoire  de  musique  de  Bavière,  à 
Munich,  œuvre  17,  livres  1,  2,3,4,  5;0flenbach, 
André.  Ces  études  sont  une  application  du  lu- 
mineux système  de  mécanisme  d'archet  in- 
venté pour  le  violon  par  M.  Meerts,  excel- 
lent professeur  du  Conservatoire  de  Bruxelles 
(Fo2/. Meerts). 

BOCKSHORN  (  Samuel  ),  dont  le  nom  lati- 
nisé mis  en  tête  de  la  plupart  de  ses  ouvrages 
est  Capricornus  (Bélier),  naquit   en    1629,  fut 
d'abord  directeur  de  musique  d'une  église  de  Pres- 
bourg,  et  passa,  en  1659,  à  Stuttgard,  en  qualité 
de  maître  de cliapelle de  l'électeur  de  Wurtemberg, 
llmourutavant  I670;carson  Opus aureum  Mis- 
s«n<m,  publiédans  cette  année,  estindiqué  comme 
un  œuvre  posthume.  On  connaît  de  lui  les  ou- 
vrages suivants  :  1"  Opiis  Musicum  4-8  vocibics 
concertaniibus   et  instrumentis   variis,  ad- 
juncto  choro plenioris  in  ripieno;  Nuremberg, 
1655,  in-fol.  —  2"   Geistliche  Harmonien  von 
3  Stiimnen  ,  und  beygefûgten  Instrumcnten 
(Harmonie  spirituelle  à  trois  voix),  Stuttgard  , 
l'«  partie,  1659;  2^  id.,  1660,  2,^  1664,  in-4°; 
cet  ouvrage  est  composé  de  motets  allemands 
pour  soprano,  ténor  et  basse,  avec  accompagne- 
ment de  deux  violons  et  basse  continue   pour 
l'orgue.  — -.  'i°Opîis  aureum  Missarum  1,  3,  4,  et 
5  vocum;  Francfort,    1670,  in-fol.  —  4"  Opus 
aureum  Missar^im   à    6,  8  ef  12  voc  ;  ibid. 
1670,  in-fol.  —  50  Scella  musicale ,  o  la  prima 
opéra  d'eccellenti  motetli.   Waltlier  qui  cite 
cet  ouvrage  (Zearic.orferwmsiAfl/.  Bibl.,p.  141), 
ignorait  le  lieu  et  la  date  de  son  impression.  — 
6°  Sonate,  Caprices,  Allemandes ,  Courantes, 
Sarabandes,    etc.;   Vienne,    1708,  in-fol.  — 
7"  Theatri  musici  pars  I  auctior  et  correc- 
^jo?-;  Wùrzbourg,  1670,  in-fol.  -r-  8°  i\eu  an- 
gestimmte  und  er/reuliche  Tafclmusik  mit  2, 
3  und  6  vocal  Stimmen  und  Basso  continuo 
(Musique  de  table  nouvelle  et  gaie,  à  2,  3,  4 


B0CKSHOP.N  —  BOCQUILLON-WILHEM 


4Qt 


cl  5  voix  et  basse  continue);  Francfort,  1070, 
in  -  folio;  —  9»  Contimùrfe  ncu  ange- 
stlmmle,  eic;  Dillingen,  lC71,in-lbl.  — 10°  Deux, 
cliants  de  la  Passion  et  de  la  mort  de  Jésus, 
«listribués  en  six  morceaux  pour  deux  voix  et. 
quatre  violons;  Nuremberg.  —  11"  Jubiles 
Bernhardi  in  24  partes  distributas,  à  5  voix 
concertantes  et  4  violons  ;  Nuremlierg,  1G60,  in-4°. 

—  12°  Raptiis  Proserplnx;  Stuttgard,  16G2, 
in-4°.  On  croit  que  cet  ouvrage  était  un  opéra  ; 
cependant  il  est  plus  vraisemblable  que  c'était 
une  cantate.  On  trouve  dans  ie  catalogue-  de 
IJreitkopf  un  motet  manuscrit  de  Capricorne  : 
O  quanti  Inbores ,  etc.  Le  portrait  de  ce  corn- 
positeiwa  été  gravé  à  l'âge  de  trente  ans,  en  1650, 
par  Philippe  Kilian.  La  bibliothèque  royale  de 
Berlin  renferme  (fonds  de  Poelchau)  les  pai  litions 
manuscrites  des  quatre  morceaux  suivants  de 
Bockshorn  :  l»  Miserere  à  5  voix  et  instruments. 

—  2"  Miserere  à  8  voix,  quatre  violons  et  basse 
continue.  —  3"  Ecce  quam  bonus ,  motet  à  5 
voix  et  instruments.  —  4°  0  bone  Jesii,  à  5  voix 
el  5  violes. 

BOCOUSou  BOCCUCJ  (Joseph),  littéra- 
teur, né  à  Barcelone,  le  30  octobre  1772,  a  voyagé 
en  Italie  dans  sa  jeunesse  et  se  trouvait  à  Milan, 
en  1792;  puis  il  alla  à  Madrid,  où  il  vécut  pen- 
dant quelques  années,  écrivant  des  comédies, 
depuis  1797  jusqu'en  1799;  puis  il  lit  un  second 
voyage  en  Italie,  et  sV'tahlit  à  Florence.  Arrêté 
dans  cette  ville  en  sa  qualité  d'Espagnol,  lorsque 
l'empereurNapolcon  porta laguerredanssa  patrie, 
il  fut  envoyé  à  Dijon  en  surveillance;  mais  il 
obtint  en  1813  l'autorisation  de  se  rendre  à  Paris. 
Arrivé  dans  cette  ville,  i!  y  publia  des  romans,  des 
pamphlets  politiques,  et  des  mémoires  historiques. 
Bocons  a  fourni  aux  premiers  volumes  de  la  Bio- 
graphie universelle,  publiée  par  les  frères  Mi- 
chaud  ,  des  notices  sur  quelques  musiciens,  les- 
quelles sont  extraitesou abrégéesdu  Dictionnaire 
des  Musiciens  de  Choron  elFayolle,  et  qui  renfer- 
ment beaucoup  d'erreurs.  Ce  littérateur  a  annoncé, 
par  un  prospectus,  en  1823  ,  un  ouvrage  qui  au- 
rait eu  pour  titre:  Le  Théâtre  Italien  sous 
les  rapports  gui  le  concernent,  ou  Mémoires 
et  voyages  d'une  virtuose,  enrichis  d'anecdotes 
historiques,  écrits  par  elle-même,  quatre  vol. 
)n-l2.  Ce  livre  n'a  point  paru.  Les  mémoires 
dont  il  s'agit  devaient  être  ceux  de  madame  Ca- 
lalani.  Deveiiu  vieux  et  infirme,  Bocous  fut  ré- 
duit à  accepter  les  secours  de  sa  vertueuse  ser- 
vante. Quand  elle  eut  épuisé  ses  ressources,  cette 
bonne  tille  emmena  son  maître  en  Suisse,  .sa 
patrie;  mais  à  la  vue  de  cet  étranger,  sa  famille 
lui  fil  mauvais  accueil.  Altéré  par  cette  dernière 
adversité,  Bocous  gagna  péniblement  l'Italie,  et 


alla  mourir,  vers  1835,  chez  une  sœur  qu'il  avaiC 
à  Florence. 

BOCQUAY(Jacqcf.8),  luthier  français,  né  à 
Lyon,  vécut  à  Paris  sous  les  règnes  de  Henri  IV 
et  de  Louis  XIU.  11  a  laissé  quelques  bons  vio- 
lons qui  sont  cependant  inférieurs  à  ceux  de 
Pierret,  compatriote  et  contemporain  de  Bocquay. 
Celui-ci  produisit  trop  d'instruments  pour  avoir 
le  temps  deles  finir  avec  soin.  Les  autres  lulliier.s 
français  qui  vivaient  du  temps  de  Bocquay  et  de 
Pierrot  étaient  Despons  et  Véron.  Les  violons  de 
ce  dernier  sont  encore  estimés. 

BOCQUILLOA-WILIIEM  (Glillaume- 
Locis),  lilsde  François  Bocquillon,  commandant 
de  la  citadelle  de  Perpignan,  naquit  à  Paris,  le 

18  décembre  178 1.  A  l'ûge  de  dix  ans  il  suivit 
son  père  à  l'armée  du  Nord,  et  diins  l'invasioa 
de  la  Hollande,  en  1793.  Enrégimenté,  quoiqu'à 
un  âge  si  tendre,  et  supportant  avec  courage  la 
fatigue  et  les  privations,  il  continua  de  suivre  la 
carrière  militaire  jusqu'au  mois  de  juillet  1795, 
époque  où  il  entra  à  l'école  de  Liancourt,  fondée 
par  le  duc  de  Larochefoucauld.  Il  y  étudia  lut 
grammaire,  les  mathématiques  et  la  musique. 
Cet  art  devint  bientôt  en  lui  l'objet  d'un  goût  pas- 
sionné; les  progrès  qu'il  y  fit  lui  ouvrirent  les 
portes  du  Conservatoire  de  Paris,  où  il  entra  le 

19  février  180t. Tl  ensuivait  les  cours  avec  succès 
depuis  près  de  deux  ans  lorsqu'il  fut  appelé  à 
l'école  militaire  de  Saiut-Cyr,  près  de  Versailles, 
en  qualité  de  répétiteur  de  mathématiques,  puis 
de  professeur  de  musique.  Après  cinq  années 
passées  dans  cette  situation,  il  sentit  de  jour  en 
jour  un  désir  plus  vif  de  se  livrer  en  liberté,  à 
Paris,  à  la  culture  de  la  musique  et  de  la  compo- 
sition ;  mais  les  moyens  d'existence  lui  manquaient 
pour  réaliser  ses  projets;  enfin,  M.  Jomard,  qui 
plus  tard  fut  membre  de  l'Institut  de  France, 
lui  procura,  en  ISOfi,  un  emploi  dépendant  du 
ministère  de  l'intérieur,  dans  les  bureaux  formés 
pour  la  publication  de  la  grande  Description  de 
V Egypte,  aux  frais  de  l'État.  Ce  fut  dans  cette 
place  que  Bocquillon-Wilhem  eut  occasion  de  se 
lier  d'une  amitié  intime  avec  l'illustre  poète  Bé 
ranger,  dont  il  mit  les  premières  chansons  en 
musique.  Quelques-unes  de  ces  pièces,  entre  autres 
la  Vivandière,  et  la  Bonne-Vieille,  eurent  alors 
un  succès  de  vogue.  C'est  aussi  dans  le  même 
temps  qu'il  commença  à  se  livrer  à  Fenseigne- 
nienl.  En  1810,  il  eut  le  titre  de  professeur  de 
musique  du  lycée  Napoléon,  devenu  plus  tard  le 
collège  de  Henri  IV,  et  il  conserva  cette  place 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours. 

L'introduction  de  l'enseignement  mutuel  en 
France,  dans  les  écoles  populaires,  vint  préoc- 
cuper, en  i&15,Bocqiailon-W'ilhem  de  l'idée  que 


462 


BOCQUILLON-WILHEM 


ce  mode  J'enseignement  pouvait  être  appliqué  à 
la  musique.  Ses  premiers  essais  furent  faits  dans 
des  écoles  particulières  fondées  par  lui  etdansdes 
pensionnats  de  jeunes  gens  des  deux  sexes.  Ses 
succès  dans  sa  nouvelle  carrière  fixèrent  bientôt 
l'attention  du  conseil  d'instruction  primaire  du 
département  de  la  Seine;  une  proposition  lui  fut 
faite,  le  23  juin  1819,  par  le  baron  de  Gérando, 
pour  que  l'élude  de  la  musique  fût  introduite 
dans  l'enseignement  primaire  à  Paris,  et  Boquil- 
lon-Williem  fut  désigné  pour  en  organiser  le  sys- 
tème. L'école  de  Saint- Jean  de  Beauvais,  oii  plus 
de  trois  cents  enfants  étaient  réunis,  devint  alors 
le  centre  de  son  enseignement.  Incessamment 
occupé  du  soin  d'en  perfectionner  les  détails,  il 
porta  dans  sa  mission  un  zèle  égal  à  son  intelli- 
gence et  à  sa  patience  dans  la  rechercbe  des 
procédés  les  plus  utiles,  nonobstant  les  difficultés 
qu'il  rencontrait  à  chaque  pas.  Il  comprit  que  la 
division  des  éléments  d'espèces  différentes  devait 
être  son  point  de  départ  :  de  proche  en  proche 
ces  divisions  se  multiplièrent  dans  sa  méthode. 
Les  beaux  résultats  qu'il  obtenait  à  l'école  modèle 
de  la  ville  le  firent  choisir,  au  commencement  de 
1820,  pour  enseigner  le  chant  aux  élèves  de  l'école 
Polytechnique.  La  confiance  qu'il  inspirait  à 
juste  titre  à  l'autorité  le  fit  charger  en  1820  de 
l'organisation  et  de  la  direction  d'une  école  nor- 
male de  musique, par  le  ministre  de  Tintérieur. 
Chaque  année  accrut  le  nombre  des  écoles  élé- 
mentaires placées  sous  sa  direction  :  en  1830,  ces 
écoles  étaient  déjà  au  nombre  de  dix  à  Paris ,  et 
des  dispositions  étaient  faites  pour  eu  organiser 
douze  autres.  La  société  pour  l'enseignement 
élémentaire  récompensa  les  travaux  et  le  zèle 
du  professeur  par  une  grande  médaille  d'or 
qu'elle  fit  frapper  en  son  honneur. 

Dès  1821  Bocquillon-Williem  avait  publié  l'ex- 
posé de  sa  méthode,  avec  des  tableaux  d'exer- 
cices pour  les  élèves.  Les  éditions  multipliées  de 
ces  ouvrages  prouvent  le  succès  qu'ils  ont  obtenu. 
Mais  une  idée  heureuse  de  cet  homme  distingué 
vint  donner  un  nouvel  éclat  à  sa  renommée 
lorsqu'il  imagina  des  réunions  périodiques  des  élè- 
ves de  toutes  les  écoles  en  un  seul  chœur,  qu'il 
désigna  sous  le  nom  à'Orphéon.  Le  premier  es- 
sai de  cette  institution  (ut  fait  au  mois  d'octo- 
bre 1833;  les  prodiges  d'ensemble  et  de  fini 
dans  l'exécution  par  un  si  grand  nombre  de 
chanteurs  excitèrent  le  plus  vif  enthousiasme 
parmi  les  artistes  et  les  amateurs.  Des  écoles  d'a- 
dultes furent  également  instituées,  [wur  fournir 
à  l'ensemble  la  réunion  de  tous  les  genres  de 
voix,  et  les  progrès  des  ouvriers  rassemblés  dans 
ces  écoles  furent  si  rapides  ,  qu'on  les  vit ,  en 
moins  de  deux  ans,  lire. toute  espèce  de  musique 


à  première  vue,  et  l'exécuter  avec  autant  d?in- 
telligence  que  de  sentiment.  Tant  de  persévé- 
rance dans  la  création  d'une  grande  amélioration 
sociale  ,  tant  d'idées  ingénieuses  mises  en  pra- 
tique pour  la  réaliser,  et  tant  de  zèle  dans  l'exer- 
cice de  fonctions  pénibles,  trouvèrent  leur  ré- 
compense dans  la  nomination  de  Bocquillou  à 
la  place  de  directeur  général  de  l'enseignement 
dans  toutes  les  écoles  primaires  de  Paris,  avec 
un  traitement  annuel  de  6,000  francs  (  le  6  mars 
1835),  et  dans  sa  promotion  à  la  dignité  de  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur  (30  avril  suivant). 
En  (1839,  il  fut  désigné  par  le  gouvernement  pour 
l'inspection  de  l'enseignement  universitaire  du 
chant,  et  dans  l'année  suivante,  on  lui  confia  les 
mêmes  fondions  près  de  l'école  normale  de  Ver- 
sailles. De  jour  en  jour  l'emploi  de  ses  procé- 
dés d'enseignement  devenait  plus  général  ;  ils 
avaient  été  introduits  dans  les  écoles  de  la  doc- 
trine chrétienne  en  1840  et  1841  ;  des  Anglais, 
qui  étaient  venus  à  Paris  étudier  sa  méthode,  la 
naturalisèrent  dans  de  grands  établissements  po- 
pulaires à  Liverpool  et  à  Londres.  Usé  de  bonne 
'heure  par  la  fatigue  et  le  travail,  Bocquillon-Wil- 
liem sentit  ses  forces  diminuer  vers  la  fin  de 
1841.  Au  mois  d'avril  1842,  une  fluxion  de  poi- 
trine vint  le  surprendre  dans  cet  état  de  dépé- 
rissement, et  le  26  du  même  mois,  il  cessa  de 
vivre,  à  l'âge  de  soixante  ans  et  quelques  mois. 
Le  nombre  des  élèves  instruits  par  la  méthode 
de  cet  homme  distingué  qui  se  trouvaient  dans 
les  écoles  de  Paris  au  moment  de  sa  mort  était 
d'environ  douze  mille,  et  celui  des  adultes,  pres- 
que tous  ouvriers ,  s'élevait  à  quinze  cents. 
C'est  parmi  les  plus  habiles  de  ses  élèves  qu'il 
choisissait  les  chanteurs  des  séances  de  VOr- 
phéon,  où  il  les  réunissait  quelquefois  jusqu'au 
nombre  de  douze  ou  quinze  cents;  l'exécution 
atteignait  le  dernier  degré  de  perfection  dans 
ces  concerts  du  peuple.  Honneur  à  t'homme  de 
bien  dont  la  vie  entière  a  été  consacrée  aux  tra- 
vaux qui  ont  produit  de  tels  résultats. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Bocquillon-Wil- 
hem  etdeleursdiverses  édifions. L  Compositions: 
loBomances,  paroles  de  Parny  (Bina;  Balla; 
Le  plaisir  des  rois;  Angélinej  ;  Paris,  Le  Duc. 
—  2°  Idem,  paroles  de  Béranger  {Marie  Stuart  ; 
Adieu  de  Charles  Vil;  Brenmis;  La  Vivan- 
dière; La  Bonne  Vieille;  Beaucoup  d'amour; 
Si  fêtais  petit  Oiseau;  Parnij  n'est  plus); 
ibid.  —3'  Idem,  paroles  de  B.  Aiitier  {V Adieu 
de  ma  bien- aimée;  Amour  ;  Silence;  LeRelotir 
de  Barcelone)  ;  Md.  —  4°  Choix  de  mélodies 
des  psaumes  rhythmées  et  disposées  à  (roin 
parties  pour  voix  égales  ou  inégales  ;  Paris , 
183G,  in-12  de  48  pages.—  5"  Nouveauchoix  de 


BOCQUILLON  —  lîODE 


463 


mélodies  des  psaumes,  rhythmées  et  disposées  à 
trois  parties,  pour  le  consistoire  de  V Église  ré- 
formée de  Paris;  Paris,  1836,  in-^12  ile  168  pa^es. 
Une  quatrième  édition  de  ces  chants,  contenant 
tous  les  psaumes  à  3  voix,  a  paru  à  Paris,  chez 
Risler,  en  1S3S,  1  vol.  in- 12  de  500  pages.  —  6" 
Les  psaumes  de  David  à  voix  seule ,  suivis  de 
cantiques  sacrés;  Paris,  1839.  —  7°  Orphéon, 
Répertoire  de    musique  vocale  en  chœur  sans 
accompagnement  d'instruments,  à  l'usage   des 
jeunes  élèves  et  des  ailiiltes,  composé  de  pièces 
inédiles  et  de  morceaux  choisis   dans  les  meil- 
leurs auteurs;  Paris,  Perrotin  et  Hachette,  i837- 
1840,  5  vol.  in-8o.  La  dernière  édition  de  V Or- 
phéon, publiée  à  Paris,  en  1847,  chez  les  mômes, 
forme  dix  volumes. — II.Ocvkagesklémejjtaikes: 
8"  Guide  de  la  méthode  élémentaire  et  ana- 
lytique de  musique   et  de   chant,  divisé  en 
deux  parties,  etc.;  Paris,   1821-1824,  un  vol. 
in-S"  de  284  pages.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
plusieurs    cours   gradués;   la    première    partie 
renferme  le  texte;  la  deuxième  les  exercices  de 
musique.  On  trouve   des  exemplaires   de  celle 
première  édition  avec  le  litre  suivant  :  méthode 
élémentaire  analytique  demusiqueet  dechant 
conforme    aux  principes  ^t  aux  procédés  de 
l'enseignement  mutuel,  adoptée  par  la  so- 
ciété d'instruction  élémentaire.  Les  tableaux 
in-folio  qui  accompagnent  cette  premièi'e  édition 
sont  au  nombre  d'environ  160.  La  deuxième  édi- 
tion du  guide  parut  en  1827,  à  Paris,  l  vol.  in-8° 
avec  des  tableaux  d'exercices in-fol.  On  trouve  des 
exemplaires  de  la  même  édition  avec  la  date  de 
1832.    Le  frontispice  des  tableaux  a  été  aussi 
changé.  La  troisième  édition  a  pour  titre  :  Mé- 
thode, ou  instructions  szir  l'emploi  simultané 
des  tableaux  de  lecture  musicale  et  de  chant 
élémentaire  ;  Paris,  L.   Hachette,    1835,   in-8° 
de  ^4   pages,   avec    deux  suites    de    tableaux 
in-fol,  la  première,  pour  le   premier  cours,  en  50 
feuilles,  et  la   deuxième,  pour  le  second  cours, 
en  23  feuilles.    Enfin ,  une  quatrième    édition 
a  paru  sous  le  titre   de  Gui^ie  complet   de  la 
Méthode  B.  -  Williem,  ou  instructions  ,  etc.  ; 
Paris,  L.  Hachette,  1839,  un  vol.  in-8° ,  réuni 
aux  tableaux  de   l'édition  de  1833.  La  sixième 
édition  du   Guide    complet  a  été  publiée  en 
1845,  chez  Perrotin  et  Hacbelte,  un   volume 
in-80   de    156  pages.  —  9°  Tableaux    de  lec- 
ture  musicale  et  d^cxécution    vocale,  con- 
formes aux  principes  et  aux  procédés  de  l'en- 
seignement simultané;  etfc.  Paris,  1827-1832, 
in-fol.  composé  de  74  tableaux  en  137   feuilles. 
~-  10"  Nouveaux  tableaux  de  lecture  musi- 
cale et  de  chant  élémentaire,  ou   méthode 
graduée  en  deux  cours,  eXc;  Paris,  Haclictte, 


1835,  in-fol.  On  trouve  des  exemplaires  de  celte 
édition  avec  un  nouveau  fronlis|)ice  daté  de  1838, 
et  avec  l'indication  de  quatrième  éifition.  —  1 1° 
Manuel  musical  à  l'ulage  des  collèges,  des 
institutions,  des  écoles  et  des  cours  de  chant, 
comprenant,  pour  tous  les  modes  d''enseigne- 
ment,  le  texte  et  la  musique  en  partition  des 
tableaux  de  la  méthode  de  lecture  musicale 
et  de  chant  élémentaire,  prender  et  deuxième 
cours;  Paris,  Perrotin  et  Haciiette,  1836,  2  vol. 
in-8°.Unedeuxième édition  a  paru  ciiez  les  mômes 
libraires  en  1839,  une  troisième  en  1840  ;  la  cin- 
quième estde  1845,  la  sixième  de  1847,  et  la  sep- 
tième de  1849.  A  l'époque  où  parut  cette  dernière 
édition,  quarante-trois  mille  exemplaires  de 
l'ouvrage  avaient  été  vendus.  Bocquillon-Wilhom 
a  publié  dans  le  Dictionnaire  des  Découvertes, 
une  notice  sur  les  travaux  de  Perne,  et  une  Notice 
nécrologique  sur  M .  J .-B.  Morel  {voy.  cenoni); 
Paris,  sans  date,  in-8°. 

M.  Jomard,  un  des  présidents  honoraires  de  la 
société  pour  l'enseignement  élémentaire,  a  pu- 
blié un  Discours  stir  lavie  et  sur  les  travaux 
deG.-L.  B.-Wilhem, prononcé  à  rassemblée 
générale  de  la  société  pour  V instruction  élé- 
mentaire, le  5  juin  1842,  avec  un  appendice , 
un  chant  funèbre  à  deux  chœurs,  musique  de 
M.  J.  Hubert,  un  portrait  de  B.-Wilhein,  un 
fac-similé  de  son  écriture,  et  une  note  histori- 
que sur  l'introduction  du  chant  dans  les  écoles 
de  France  ;  Varis,  Perrotin  et  Haclielte,  1842, 
in-S"  de  126  pages.  On  a  aussi  sur  l'inventeur 
de  la  méthode  d'enseignement  mutuel  et  simul- 
tané de  la  musique  :  Notice  historique  sur  la 
vie  et  sur  les  ouvrages  de  Guillaume- Louis 
Bocquillon-Wilhem,  par  M"ie  Eugénie  INi- 
boyet;  Paris,  1843,  in-12.  —  Notice  sur  Guil- 
laume-Louis Bocquillon-  Wilhem,  par  J.  Adrien 
de    Lafage.  Paris,  1844,  in-S". 

BOCRISIUS  (Jean- Henri),  professeur  de 
philosophie  à  Schweinfiirt,  né  à  Eberbach  le  19 
novembre  1687,  fit  ses  études  à  léna,  fut  nommé 
correcteur  en  1709,  professeur  à  Schweinfurt  ci) 
1715,  et  mourut  dans  ce  lieu  le  17  octobre  171G, 
âgé  de  trente  ans.  On  trouve  de  lid  dans  les  Mis- 
cell.  de  Leipsick,  tom.  IV,  p.  56-68 ,  et  dans  le 
Thesaur.  antiquit.  sacrar.  d'Ugolini,t.  XXXII, 
p.  059,  une  dissertation  intitulée  Observatio  de 
musica   prx  exercitamento  Hebrxorum,  etc. 

BODE  (JEAN-JuACiiiM-CuRiSTOPnE),  littéra- 
teur, compositeur,  et  l'un  des  chefs  de  la  secte 
des  illuminés,  naquit  à  Brunswick,  le  16  janvier 
1730.  Ancien  soldat  retiré  dans  un  village,  son 
père  s'était  fait  ouvrier  dan*  une  fabrique  de 
tuiles.  Le  jeune  Bode  ne  put  le  soulager  dans 


ses  travaux,  à  cause  de  sa  l'ailile  saiilé.  A 


4  près- 


464 


BODE 


avoir  appris  à  lire  et  à  écrire  dans  l'école 
lia  village  ,  il  fut  envoyé  chez  son  grand-père 
qui  le  chargea  du  soin  de  garder  les  trou- 
jieaux  ;  mais  il  se  montra  si  inhabile  aux  oc- 
cupations qui  lui  étaient  contiées,  qu'on  ne 
l'appelait  dans  sa  famille  que  Christophe  l'im- 
bécile. Bode  avait  pourtant  une  vocation , 
c'était  celle  de  la  musique  iiour  laquelle  il  se 
sentait  un  goût  passionné.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
il  obtint  qu'on  l'envoyât  étudier  cet  art  chez  le 
musicien  Kroll,  à  Brunswick,  aux  frais  d'un  oncle 
maternel.  L'ardeur  dont  il  était  animé  lui  fit 
surmonter  les  dégoûts  de  la  condition  presque 
servile  où  il  était  placé  chez  son  maître.  Après 
sept  années  d'études,  il  jouait  de  presque  tous 
les  instruments  à  vent  et  à  cordes.  Une  place  de 
hautbois  lui  fut  accordée  dans  l'orchestre  de 
Brunswick.  Alors  il  se  maria  ;  mais  cette  union , 
loin  de  le  rendre  heureux,  comme  il  l'avait  es- 
péré, le  jela  dans  des  embarras  de  fortune  qui 
le  déterminèrent  à  s'éloigner  de  Brunswick  et  à 
se  rendre  à  Helmstadt  auprès  de  Stolze,  pour  y 
perfectionner  son  talent  sur  le  basson,  son  ins- 
trument favori.  Là,  un  de  ses  amis,  Schlabeek, 
lui  enseigna  les  langues  française,  italienne  et 
latine,  et  le  professeur  Stockhausen  l'initia  à  la 
théorie  des  beaux-arts,  et  à  la  connaissance  de  la 
langue  anglaise.  Plus  tard,  Bode  appelait  l'aca- 
démie de  Helmstadt  la  nourrice  de  son  esprit , 
et  c'était  toujours  avec  émotion  qu'il  se  rappe- 
lait les  heureux  instants  qu'il  y  avait  passés. 

Trompé  dans  son  espoir  d'être  admis  à  la  cha- 
pelle de  la  cour  de  Brunswick,  il  alla  se  fixer  à 
Celle,  en  qualité  de  premier  hautbois.  C'est  dans 
cette  ville  qu'il  écrivit  des  solos  et  des  concertos 
pour  le  basson,  des  symphonies  pour  l'orchestie, 
et  de  la  musique  vocale.  En  17.54,  il  publia  le 
premier  cahier  de  ses  Odes  et  chansons  sérieu- 
ses et  hadines  (Sciierzund  ernsthafte  Oden  und 
Lieder)  ;  le  second  parut  en  t756.  La  mort  pres- 
que subite  de  sa  femme  et  de  ses  enfants  lui 
ayant  rendu  pénible  le  séjour  de  Celle,  il  forma 
le  projet  d'aller  à  Hambourg,  et  partit  pour  cette 
ville  avec  des  lettres  de  recommandation  de 
Stockhausen.  H  s'y  lia  particulièrement  avec  le 
docteur  Olde  et  le  prédicateur  Alberli ,  qui  lui 
procurèrent  l'entrée  des  meilleures  maisons  pour  y 
donner  des  leçons  de  langues  et  de  musique.  Ce  fut 
vers  ce  temps  qu'il  fit  paraître  ses  premières  tra- 
ductions de  romans  français  et  anglais.  Eu  1762, 
il  fonda  le  journal  appelé  Le  Correspondant  de 
Hambourg,  traduisit  quelques  oratorios  de  Mé- 
tastase, et  arrangea  plusieurs  ojjéras  de  Piccinni 
et  d'autres  composiieuis  italiens  pour  la  scène 
allemande.  Au  milieu  de  tous  ses  travaux ,  il 
donnait  beaucoup  de  leçons,  diriaeait  des   con- 


^  certs,  et  s'occupait  avec  activité  de  tout  ce 
qui  lui  paraissait  de  nature  à  contribuer  aux 
progrès  de  la  musique.  Vers  le  même  temps  il 
tut  reçu  franc-maçon,  et  son  ardente  imagina- 
tion lui  fit  consacrer  une  partie  de  sa  vie  à  cette 
institution.  Dans  les  visites  qu'il  rendait  aux 
différentes  loges  de  l'Allemagne,  il  eut  occasion 
de  connaître  Weishaupt,  chef  de  la  secte  des  illu- 
minés, s'attacha  à  lui,  et  adopta  ses  principes. 
Devenu  l'objet  de  poursuites  sérieuses,  Weishaupt 
piit  la  fuite,  et  Bode  le  remplaça  jusqu'à  l'extinc- 
tion d'une  société  secrète  qui  avait  excité  la  sé- 
vérité des  gouvernements  de  l'Allemagne.  Une  de 
ses  anciennes  élèves,  jeune,  belle  et  riche,  voulut 
l'épouser,  et  lui  donna  sa  fortune;  mais,  après  la 
mort  prématurée  de  cette  jeune  femme,  Bode 
fit  preuve  de  beaucoup  de  générosité  et  de  dé- 
licatesse, car  il  rendit  à  ses  parents  la  plus  grande 
partie  de  ce  qu'elle  lui  avait  laissé.  Néanmoins 
ce  qui  lui  restait  de  bien  pouvait  lui  assurer  une 
existence  agréable  et  indépendante  ;  il  aima 
mieux  l'employer  à  des  entreprises  de  librairie 
qui  ne  réussirent  pas.  Il  s'était  associé  avec  Les- 
sing,  son  ami;  mais  ni  l'un  ni  l'autre  n'avaient 
les  qualités  nécessaires  aux  négociants,  qualités 
presque  toujours  incompatibles  avec  celles  de 
l'artiste  et  de  l'homme  de  lettres. 

En  1773,  Bode  traduisit  en  allemand  le  voyage 
musical  de  Burney  en  Allemagne  et  dans  les 
Pays-Bas,  y  ajouta  beaucoup  de  notes,  et  le  pu- 
blia en  deux  volumes  in-8",  à  sa  librairie  de 
Hambourg.  Le  voyage  musical  en  Italie  du  même 
auteur  avait  été  traduit  et  publié  l'année^  pré- 
cédente par  Ébeling.  Partageant  sou  temps  entre 
la  littérature  et  la  musique,  il  fit  paraître  beau- 
coup d'autres  traductions  d'ouvrages  célèbres  et 
de  livres  originaux.  Son  œuvre  deuxième,  com- 
posé de  six  symphonies  à  dix  parties,  fut  publié 
à  Hambourg,  en  1780. 11  paraît  que  c'est  à  cette 
époque  de  sa  vie  qu'il  faut  rapporter  aussi  la 
composition  d'un  concerto  pour  violon,  de  six 
trios  pour  le  même  instrument,  et  de  plusieurs 
autres  productions  de  musique  instrumentale  qui 
sont  restées  en  manuscrit.  Dans  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie,  il  écrivit  encore  un  concerto  pour 
le  violoncelle  et  quelques  solos  pour  la  viole 
d'amour. 

En  1778,  la  comtesse  de  Bernstorf,  veuve  du 
célèbre  ministre  danois ,  qu'il  avait  connue  à 
Hambourg,  le  choisit  pour  son  homme  d'affaires, 
et  l'emmena  à  Weimar.  Successivement  honoré 
des  titres  de  conseiller  de  la  cour  de  Saxe-Mei- 
nuugen,  de  conseiller  de  légation  du  duc  de 
Saxe-Gotha,  et  de  conseiller  privé  du  margrave 
de  Hesse-Darmstadt,  il  fit  un  voyagea  Paris,  en 
1787,  comme  député  des  loges-  maçonniques  de 


BODE  —  BODENSCIIAIZ 


4G5 


i'AlIcmagne.  De  retour  daii'^  ce  pays,  il  publia 
encore  quelques  brocimrcs,  dont  une,  inlilulée 
Mehr  Noten  als  Text  (i)lus  de  notes  que  de 
texte),  eut  un  brillant  succès.  Il  survécut  peu  de 
lempsàcette  publication, et  le  t3  décembre  1793, 
il  mourut  à  Weiniar. 

BODE  (Louis),  compositeur  à  Municb,  n'est 
connu  que  par  un  Requiem  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, op.  10,  publié  dans  cette  ville  chez  Falter, 
et  quelques  cahiers  de  chants. 

BODE  (F.),  chanteur  allemand,  a  été  attaché 
au  théâtre  de  Leipsick  dans  les  années  1831- 
1S35,  puisa  Altenbourg  et  à  Gottia,  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  quatre  Lieder  pour  mezzo 
soprano  ou  baryton,  avec  piano,  Leipsick,  Schu- 
bert. 

BODEL  (Jean),  poète  et  musicien,  naquit  à 
Arras,  dans  le  treizième  siècle,  et  fut  contempo- 
rain d'Adam  de  La  Halle,  auquel  il  survécut, 
d'où  il  suit  qu^il  mourut  postérieurement  à  l'an- 
née 1587.  Après  avoir  suivi  saint  Louis  dans  sa 
première  croisade,  il  allait  l'accompagner  dans 
sa  seconde  expédition,  lorsqu'il  fut  atteint  de  la 
lèpre,  en  12(î9,  et  se  vit  réduit  à  s'ensevelir  dans 
une  retraite  profonde,  loin  de  ses  semblables.  Il 
a  composé  sur  le  malheur  dont  il  était  frappé, 
une  pièce  touchante  dans  laquelle  il  fait  ses  adieux 
à  ses  concitoyens,  et  qui  a  pour  titre  Li  Congiés 
Jehan  Bodel.  On  la  trouve  dans  les  Fabliaux 
et  Contes,  édition  de  Méon  (t.  I,  p.  136).  Il  nous 
reste  cinq  chansons  notées  de  sa  composition  , 
que  le  manuscrit  7222  de  la  Bibliothèque  impériale 
nous  a  conservées.  Jean  Bodel  est  aussi  l'auteur 
d'une  sorte  de  drame  entremêlé  de  chant  qui 
est  intitulé  -.LiGieus  du  Pèlerin.  On  le  trouve 
dans  un  manuscrit  de  la  même  bibliothèque, 
coté  2736  (fonds  de  la  Vallière).  MM.  Francis- 
que Michel  et  Monmerqué,  qui  ont  publié  cette 
petite  pièce  dans  leur  Théâtre  français  au 
viorjen  âge  (p.  97  et  suiv.),  ne  lui  ont  point 
donné  de  nom  d'auteur,  et  semblaient  même  l'at- 
tribuer à  Adam  de  La  Halle;  mais  ils  ont  publié 
une  autre  pièce  de  Jean  Bodel  intitulée  :  Le  jeu 
de  Saint-Nicolas  (Li  jus  de  Saint-Nicholai,  p. 
162  et  suiv.)  Cette  pièce  n'a  point  de  chants. 

BODEIVBURG  (Joachim-Christopbe),  rec- 
teur du  collège  du  Cloître,  à  Berlin,  né  en  1691, 
est  mort  le  5  février  1759,  à  l'âge  de  soixante-huit 
ans.  Il  a  fait  imprimer  deux  opuscules  sous  les 
titres  suivants  :  lo  Von  der  Musik  der  Alten, 
sonderlich  derEbrseer  und  der  berûhmtesten 
Ton/iûnstlern  des  Alterthunis  (De  la  musique 
des  anciens,  principalement  des  Hébreux  ,  et  des 
plus  célèbres  musiciens  de  l'antiquité)  ;  Berlin, 
1745,  in-4o  de  16  pages.  Voy.  Mittag,  Hist. 
Abbandl.  v.  dcn  Orgeln ,  p.  5.  —  2»  Von  der 

BIOGR.    UNIV.   DES  MUSICIENS.  T.   I. 


Musik  der   milllern  und  ncitern  Zeitcn  (De 
la  musique  du  moyen  Age  et  des  temps  moder- 
nes) ;  Berlin,  174C,  in-4''  de  14  pages. 
BODEMSCHATZ  (Mac.  Ekhardt),  né  vers 

I  570  à  Lichtenstcin,  petite  ville  près  de  Zwickau, 
dans  la  Misnie,  fut  d'abord  chantre  à  l'école 
de  Pforte.  En  1606,  il  se  trouvait  à  Rehausen  en 
qualité  de  pasteur,  et  enfin,  vers  1618,  il  passa  à 
Osterliausen,  pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions. 

II  estmortdansce  lieu,  en  1636.  On  connaît  de  lui 
un  Magnificat  allemand  à  quatre  voix,  publié  en 
1599;  mais  l'ouvrage  par  lequel  il  a  rendu  un 
service  signalé  à  l'art  musical  est  une  collec- 
tion de  motets,  en  deux  parties,  qu'il  a  publiée 
sous  ce  litre  :  Florilegium  Portense ,  Pars 
prima  continens  VXV  cantiones  selectissimas 
4,  5,  6,  7,  8  vocum,  prxstantissimorum  seta- 
tis  nostras  auctorum,  in  illustrissimo  Gijm- 
nasio  Poriensi  unie  et  post  cibum  sumptum 
nunc  femporis  usitatas,  adjuncta  bassi  gê- 
nerait ad  organum  accomodata  ;  Leipsick  , 
1603,  in-40.  —  Pars  2*  qux  exhibet  concentus 
selectissimos  centum  et  quinquaginta  5,  6, 
7,  8  et  iO  partibus  ;  Leipsick,  1606,  in-4"'.  En 
1618,  Bodenschatz  donna  une  seconde  édition 
de  la  première  partie,  et  la  deuxième  parut  en 
1621  ;  toutes  deux  furent  publiées  à  Leipsick. 

Cette  précieuse  collection  contient  deux  cent 
soixante-cinq  pièces,  et  fait  connaître  les  noms 
et  les  ouvrages  de  quatre-vingt-treize  composi- 
teurs de  la  fin  du  seizième  siècle  et  du  commen- 
cement du   dix-septième,  parmi  lesquels  on  re- 
marque ceux  d'Adam  Gumpelzhaimer,  Michel 
et  Jérôme  Prcetorius,  Chrétien  Erbach,  Se- 
thus  Calwitz,Léon  Hasler,  Martin  Rothe,  Met- 
chior  Franck,  etc.,  etc.  On  y  trouve   aussi  plu- 
sieurs motets  à  six  et  huit  voix   de  la  composi- 
tion de  Bodenschatz  même.  C'est  au  moyen  de 
cette    collection,  jointe    à    celles  d'Abraham 
Schad  et  de  Donjrid  (voyez  ces  noms)  qu'on 
peut    faire    l'histoire   critique    de  la    musique 
des  seizième  et  dix-septième    siècles   en  Alle- 
magne. On  a  aussi  de  Bodenschatz  :  1°  Psalte- 
rium  Davidis,  juxta  translationeni  veterem 
una  cum  canticis,  htjmnis  et  orationibus  ec- 
clesiasticis ,  4  vocibus    composit.;   Leipsick, 
1605,  in-S".  —  1°  Harmonia  angelica  cantio- 
num    ecclesiasticarum ,     oder    evangelische 
Freudenlieder  und  geistliehe  Kivchen-Psal- 
men  D.  Lutheriund  anderer  mit  4  Stimmen 
componirt;  Leipsick,  1608,  in-S".  —  3°  Bicinia 
XC  Selectissima,  accomodata   insignioribus 
dictis  Evangeliorum  dominicalium  et  prxci- 
puorum  festorum  totius  anni,  composita  in 
ustim  Scholasticsp,  juventutis;  Leipsick,  1615, 
in-8".    —   4°    Florilegium    selectissimorum 

30 


466 


BODENSCHATZ  —  BOECE 


hijmnorum  4  voc.  qui  in  Gymnasio  Portensi 
decantantar;  Leipsick,  1624,  in-8°,  1687,  in-8°  ; 
Naumbourg,  1713,  in-8°.  Il  y  a  aussi  d'autres  édi- 
tions de  cette  collection. 

BODEIXSCBATZ  (Charles -Henri),  pro- 
fesseurde  musique  au  séminaire  de  Scliwabacii,  en 
Bavière,  est  né  le  4  janvier  1807,  à  Markt-Selbifz, 
près  de  Hof,  dans  le  Voigtiand.  Il  a  fait  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  Stunz ,  maître  de 
chapelle  à  Munich.  L'éditeur  Kœrner  a  publié  quel- 
ques préludes  et  une  fugue  pour  l'orgue,  de  la 
composition  de  cet  artiste,  dans  le  nouveau 
journal  d'orgue,  et  dans  le  recueil  de  pièces  fina- 
les intitulé:  Postludien-Buch  ;  Erfiirt  (s.  d.), 
in4°,  obi. 

BODIIX  (François-Etienne),  né  à  Paris  le  16 
mars  1795, futadmis,  comme  élève,au  Conserva- 
toire, le  30  octobre  1806,etentra  dans  une  classe 
de  solfège.  Devenu  élève  de  Pradherpour  le  piano, 
28  juillet  1807,  il  ne  se  lit  pas  remarquer  par  le 
brillant  de  son  exécution  dans  les  concours 
annuels  pour  cet  instrument;  mais,  bon  musi- 
cien et  esprit  méthodique,  il  fut  choisi  pour 
remplir  les  fonctions  de  répétiteur  dans  l'école. 
Devenu  professeur  de  piano  et  d'harmonie  à 
Paris ,  M.  Bodin  a  médité  longtemps  sur  les 
moyens  de  perfectionner  l'enseignement,  et  après 
avoir  mûri  ses  idées  sur  ce  sujet  pendant  qua- 
rante ans,  les  a  exposées  dans  l'ouvrage  qui  a 
pour  titre  :  Traité  complet  et  rationnel  des 
principes  élémentaires  de  la  musique,  ou  in- 
troduction à  toutes  les  méthodes  vocales, 
instrunientales,  et  à  tous  les  traités  d'harmo- 
nie; Paris,  imprimerie  d'E.  Duverger,  1850, 
1  vol.  in-4°.  11  y  a  de  fort  bonnes  choses  dans  cet 
ouvrage,  quoiqu'il  y  règne  peut-être  un  esprit 
un  peu  trop  systématique.  M.  Bodin  s'y  montre 
penseur  exercé  et  exprime  ses  idées  en  fort  bons 
termes.  Rien  ne  peut  mieux  faire  connaître  le 
but  qu'il  se  propose,  que  ce  début  de  la  préface 
de  son  livre  :  «  Toutes  les  méthodes  de  musi- 
"  que,  vocale  et  instrumentale,  sont  précédées 
"■  d'un  exposé  des  principes  élémentaires.  Mais 
«  ces  opuscules  sont  rédigés  en  général  avec 
«  une  telle  négligence  et  une  si  complèle  ab- 
«  sence  de  logique,  qu'ils  sont  souvent  plus  dan- 
«  gereux  qu'utiles ,  et  plus  capables  de  fausser 
-<  le  jugement  que  d'éclairer  sur  le  sujet  qu'ils 
«  se  proposent  d'enseigner.  On  a,  avec  juste 
«  raison ,  reproché  aux  artistes  de  ne  voir  de 
«  beautés  que  dans  leur  art,  et  de  n'éprouver 
«  que  de  l'indifférence  pour  les  autres  connais- 
«  sauces  humaines.  Ils  ont  en  partage  le  sentiment 
«  et  l'imagination  ;  et  ils  pensent  que  ces  facultés 
«  leur  suffisent,  puisque  par  elles  seules  ils  peu- 
«  vent  produire  des  chefs-d'œuvre.  Cette  asser- 


«  tion  est  fort  contestable  ;  mais  en  l'admettant 
«  comme  vraie  pour  l'artiste  compositeur,  elle 
"  cesse  certainement  de  l'être  pour  le  professeur. 
«  Le  professeur  tient  plus  du  savant  que  de 
«  l'artiste  :  ce  n'est  pas  l'inspiration  qui  le  di- 
«  rige,  c'est  la  raison  et  la  réflexion.  Le  pro- 
«  fesseur  est  essentiellement  observateur;  plus  il 
«  est  éclairé,  plus  il  est  capable.  Les  connais- 
«  sances  qu'il  doit  posséder  dans  les  sciences 
«  étrangères  à  son  art  lui  apportent  de  nouvelles 
«  lumières  et  le  mettent  dans  des  conditions 
«  meilleures  pour  enseigner  :  s'il  a  beaucoup 
«  appris,  il    sait  mieux  se  faire  comprendre.  » 

BODIIMI  (Séb.\stien),  maître  des  concerts  du 
margrave  de  Bade  Dourlacli,  vers  1756,  était  au- 
paravant musicien  de  la  chambre  et  de  la  cha- 
pelle du  duc  de  Wurtemberg.  Il  a  fait  imprimer 
à  Augsbourg  six  œuvres  de  six  quatuors  et  trios 
pour  divers  instruments,  sous  ce  litre  :  Musi- 
kalisches  Divertissement  oder  in  das  Gehœr- 
gerichtet  Trio,  etc. 

BOECE  (Anicius-Manlius-Torquatus-Sévé- 
RiNus  BOETIUS,  ou),  issu  d'une  des  plus  illustres 
familles  consulaires  de  Rome ,  et  célèbre  par  ses 
vertus,  ses  talents  et  ses  malheurs,  naquit  dans 
cette  ville  vers  470.  Il  commença  dans   sa  patrie 
de  brillantes  études,  qu'il  termina  à  Athènes.  De  re- 
tour à  Rome,  il  y  fut  créé  patiice  ;  et  Théodoric,  roi 
desGoths,s'étantemparéde  l'empire  peu  de  temps 
après,  le  fit  maître  du  palais,  et  l'éleva  au  con- 
sulat ;  il  posséda  cette  dignité  trois  fois,  et  la  der- 
nière, en  510,  par  une  distinction  unique,  ce  fut 
sans  collègue.  Boëce  ne  se  servit  de  son  crédit 
que  pour  le  bonheur  des  peuples  soumis  à  la  do- 
mination des  Goths.  Théodoric  régna  longtemps 
par  ses  conseils;   mais  des  courtisans  envieux 
étant  parvenus  à  le  rendre  suspect  à  ce  prince, 
il  fut  arrêté,  et  enfermé  dans  un  château  écarté, 
où  il  fut  mis  à  mort.  Il  composa  dans  sa  prison  le 
livre  De  la  Consolation  philosophique,  qui  est 
le  plus  célèbre  de  ses  ouvrages.  On  lui  doit  aussi 
un  traité  de  musique  divisé  en    cinq  livres,  qui 
est  une  sorte  de  répertoire  des  connaissances  des 
anciens  dans  cet  art.   Boèce  est  le  plus  ancien 
auteur  qui  nous  ait  lait  connaître  la  notation  par 
les  lettres  romaines.  Le  premier  livre  de  son  traité 
de  musique,  divisé  en  trente-quatre  chapitres, 
contient  l'exposition  du  système  général  de  l'ait 
chez  les  anciens,  de  la  constitution  des  modes, 
des  proportions  des  intervalles  d'après  Pythagore, 
et  de  l'ordre  des  cordes  de  l'échelle.  Le  second 
livre,  divisé  en  vingt-neuf  chapitres,  est  un  déve- 
loppement de  la  matière  du  premier,  particuliè- 
rement en  ce  qui  concerne  les  intervalles.  Dans 
le  troisième,  qui  renferme  seize  chapitres,  Boëce 
a  donné   l'analyse  des  systèmes  de  musique  de 


BOECE  —   BOECK 


4Gi 


quelques  (écrivains  grecs ,  dont  la  aoctrine  est  op- 
posée à  celle  de  Pythagore,  tels  que  ceux  d'Aris- 
toxène,  d'Architas  et  de  Pliilolaiis.  Le  quatrième 
livre,  divisé  en  dix-iiuit chapitres,  est  relatif  h  la 
double  notation  grecque  et  latine  de  la  musique, 
à  la  nature  de  quelques  cordes  principales  des 
modes  grecs,  et  à  la  division  du  monocorde.  Le 
chapitre  XII,  où  il  est  traité  des  cordes  stables 
et  des  cordes  mobiles,  est  de  grande  importance 
pour  l'intelligence  de  la  musique  des  anciens. 
Le  cinquième  livre,  qui  renferme  dix-huit  cha- 
pitres, est  particulièrement  consacré  à  l'analyse 
du  système  de  Ptolémée,  comparé  à  ceux  de  Py- 
thagore, d'Architas  et  d'Aristoxène.  La  doctrine 
de  Boëce  est  purement  pythagoricienne  :  elle  fut 
suivie  par  tous  les  théoriciens  de  la  musique  jus- 
qu'à la  réforme  attribuée  à  Guidod'Arezzo.  Plus 
tard  elle  conserva  encore  toute  son  autorité  pour 
les  proportions  des  intervalles  jusqu'au  seizième 
siècle,  où  Fogliani  de  Modèneet  Zarlino  y  substi- 
tuèrent les  proportions  fausses  de  Didyme  et  de 
Ptolémée.  La  grande  influence  du  traité  de  mu- 
sique de  Boëce,  jusqu'au  douzième  siècle,  explique 
l'abondance  des  manuscrits  de  cet  ouvrage  qui 
sont  répandus  dans  toutes  les  grandes  bibliothè- 
ques. La  première  édition  du  Traité  de  musique  de 
Boëce,  réuni  à  son  Arithmétique  et  à  sa  Géométrie 
a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Ariihmetica,  Geome- 
tria  et  Musica  Boethli  ;  Venetiis ,  Grcgorii , 
1492,  in-fol.  gothique.  Cette  édition,  inconnue  à 
Forkel,  à  Lichtenthal,  et  à  la  plupart  des  biblio- 
graphes, est  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
(in-fol.  V.  612  ).  Quant  aux  diverses  éditions  de 
ce  traité  indiquées  par  Forkel  et  Lichtenthal  sous 
les  dates  de  Venise  1491-1499,  il  y  a  confusion 
dans  ce  qu'ils  en  disent.  Les  frères  Grégori  ont 
publiéen  1491  le  livre  Delà  Consolation  philoso- 
phique avec  celui  de  la  Dkcipline  scolaire  et  les 
Commentaires  de  saint  Thomas;  en  1492  ils  ont 
donné  divers  opuscules  de  Boëce  au  nombre  de 
dix-neuf,  dont  ceux  que  j'ai  cités  précédemment 
font  partie.  Ils  ont  réuni  plus  tard  tous  ces  ou- 
vrages pour  en  former  la  première  édition  com- 
plète des  œuvres  de  Boëce.  En  1499,  les  mêmes 
imprimeurs  ont  donné  une  autre  édition  complète 
des  mômes  œuvres,  en  deux  parties ,  et  le  traité 
de  musique  se  trouve  dans  la  seconde.  La  troi- 
sième édition,  publiée  à  Bàle,  eu  154C,  est  |>eu 
estimée  ;  on  y  trouve  des  multitudes  de  fautes 
d'impression.  La  meilleure  édition  est  celle  qui  a 
été  donnée  par  Glaréan,  à  Bâie,  en  1570,  in-fol., 
chez  H.  Petrina.  Le  savant  éditeur  s'est  servi 
de  bons  manuscrits,  particulièrement  de  ceux  de 
l'abbaye  de  Saint-Biaise,  ety  a  joint  des  commen- 
taires. Néanmoins  bien  des  fautes  s'y  trouvent 
encore  -.  j'en  ai  corrigé  un  giand  nombre  d'aiirès 


un  excellent  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
royale  (le  Bruxelles  (  Fonds  des  ducs  de  Bour- 
gogne), et  un  aulre  bon  manuscrit  du  quin- 
zième siècle, de  ma  bibliothèque.  J'ai  lait  aussi 
une  traduction  française  des  cinq  livres  de  la 
Musique,  d'après  ce  manuscrit  et  d'autres  de 
la  même  bibliothèque  et  de  la  mienne,  avec  des 
notes  critiques  et  des  commentaires.  Si  le  temps 
ne  me  manque  pas ,  j'achèverai  ce  travail  et 
je  le  publierai.  Charles-Frédéric  Borgstedt, 
savant  suédois,  a  publié  une  bonne  notice  bio- 
graphique et  critique  intitulée  :  De  vita  et 
scriptis  A.  Mania  Torquati  Severini  Boethii 
DiSsertatio;W\>%d\,  1842,  in-S". 

BOECK  (Jean-Ébeuhard),  né  à  Passaw,  vers 
1745,  fut  d'abord  violon  solo  au  service  du  prince 
évêque,  et  ensuite  directeur  de  ses  concerts;  il 
était  d'une  habileté  extraordinaire  sur  son  ins- 
trument, et  rivalisait  avec  Lolli.  Il  a  composé 
beaucoup  de  musique  vocale  et  instrumentale; 
mais  rien  n'en  a  été  publié. 

BŒCK  (Ignace  et  Antoine),  frères,  nés  à 
Hof,  le  premier  en  1754,  et  le  second  en  1757. 
Dès  l'âge  de  dix  ans  ils  apprirent  à  jouer  du  cor, 
et  reçurent  des  leçons  de  Joseph  Vogel,  musicien 
de  la  cour  du  prince  de  La  Tour  et  Taxis,  àRa- 
tisbonne,  et  l'un  des  premiers  cornistes  de  son 
temps.  Ayant  acquis  sur  cet  instrument  une  belle 
qualité  de  son  et  une  giande  habileté  dans  l'exé- 
cution, les  deux  frères  firent,  en  1775,  un  voyage 
à  Vienne,  où  ils  furent  engagés  au  service  du 
prince  de  Bathiany,  primat  de  Hongrie,  auprès 
duquel  ils  demeurèrent  trois  ans  et  trois  mois. 
En  sortant  de  chez  ce  prince,  ils  commencè- 
rent à  voyager  et  visitèrent  toute  l'Allemagne, 
la  Suède,  le  Danemarck,  la  Prusse,  les  villes 
anséatiques,  Venise  et  toute  l'Italie,  la  France, 
l'Angleterre,  la  Russie;  puis  ils  retournèrent  en 
Italie  et  revinrent  enfin  à  Munich ,  où  ils  fu- 
rent placés  au  service  de  la  cour,  en  1790.  Par- 
tout leur  exécution  parfaite  et  leur  ensemble 
admirable  leur  procui-èrent  des  applaudissements 
et  des  récompenses.  La  république  de  Venise  les 
honora  d'une  médaille  d'or.  A  JNaples,  ils  eurent 
le  plus  grand  succès  dans  un  air  accompagné  de 
deux  cors  concertants,  qu'ils  exécutèrent  avec  la 
fameuse  Banti.  Ils  étaient  encore,  en  1812,  au 
service  do  la  cour  de  Municli.  On  a  gravé  de 
leur  composition  :  1°  Concertante  pourdeux  cors. 

—  2°  Duos  pour  deux  cors.  —  3°  Cantate  alle- 
mande pour  quatre  voix  d'hommes  et  deux  cors; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  — 4°  Dix  pièces 
pour  deux  cors  et  basse,  œuvre  6,  Leipsick,  1803. 

—  5°  Sextuor  pour  deux  violons,  alto,, deux  cors 
et  violoncelle,  œuvre  7;  ibid.,  1804.  — C°  Idem, 
œuvre  8;  ibid.,  1804. 

30. 


468 


BOECKEL  —  BOECI.ER 


BOECIÎEL  (Ernëst-Gottfried-Adolphe), 
docteur  en  tliéoloj^ie  et  pasteur  de  l'église  Saint- 
Jacques  à  Greifswalde,  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle,  a  fait  imprimer  un  sermon  sur 
l'érection  de  l'orgue,  qu'il  avait  prononcé  le 
22  septembre  1822.  Ce  morceau  remarquable  a 
paru  sous  ce  titre:  Orgelweihpredigt  am  16. 
Sonntag  nach  Trinit.  in  der  Jacobikirche  zu 
Greifswalde  gehalten.  Greilswalde,  Kuhnike, 
1822,  in-S'de  32  pages. 

BCMîCKH  (  Alguste),  savant  helléniste  et 
antiquaire ,  professeur  d'éloquence  et  de  poésie  à 
l'université  de  Berlin,  est  né  àCarlsruhe,  en  1783, 
et  a  fait  ses  études  à  Halle.  Il  n'était  âgé  que  de 
vingt-deux  ans  lorsqu'il  obtint  la  chaire  île  phi- 
lologie à  Heidelberg,  en  1811;  il  fut  ensuite  ap- 
pelé à  Berlin.  Après  la  mort  de  Solger,  ou  lui  a 
confié  la  direction  du  séminaire  des  Instituteurs. 
Vers  le  même  temps,  l'Académie  des  sciences  de 
Berlin  l'a  admis  au  nombre  de  ses  membres. 
Bœclili  est  considéré  à  juste  titre  comme  un  des 
plus  savants  hommes  de  l'Allemagne,  et  ses  tra- 
vaux jouissent  de  la  plus  haute  estime.  Son 
excellenle  édition  grecque  et  latine  de  Pindaie 
{Pindari  Opéra  qiias  supersunt,  1. 1,  in-4'',  Leip- 
.sick,  1811  ;t.  II,  part.  l,ibid.,  1819;  part.  2,ibid., 
1821),  contient  un  beau  travail  sur  le  rhythme 
musical  des  poésies  grecques,  et  sur  la  musique 
des  anciens  en  général ,  sous  le  titre  :  De  Metris 
Pindari  (t.  I,  op.  2",  p.  1-340).  Les  chapitres 
6-12  du  3"  livre  de  ce  travail  (p.  199-2C9)  trai- 
tent particulièrement  de  la  musique  des  Grecs, 
et  sont  ce  qu'on  a  écrit  de  meilleur  sur  cette 
matière,  sauf  quelques  erreurs  en  ce  qui  con- 
cerne l'usage  de  l'harmonie  chez  les  anciens. 
Les  chapitres  les  plus  intéressants  du  travail 
de  Bceckh  sont  ceux  qui  ont  pour  titres  : 
1°  Deharmonia  Grxcorum.  Brevisintroductio 
in  harmoniam  veterum.  L'auteur,  dans  cette 
partie  de  son  ouvrage,  attache  au  mot  har- 
monie le  même  sens  que  les  anciens  auteurs 
grecs,  —  2°  De  progressu  modorum  liarmonix 
apud  Grxcos  ac  de]  vera  indole  modorum 
veterum.  Comparatio  modorum  quindecim. 
Celle  discussion  des  modes  de  l'ancienne  mu- 
sique grecque,  et  l'examen  de  l'analogie  de  ces 
modes  avec  les  tons  de  la  musique  de  l'église 
grecque  moderne,  sont  remplis  d'intérêt.  — 
3°  De  Siglis  veterum  (p.  244-250).  —  4°  Va- 
rietate  melopœix  ac  de  symphonia.  Ce  sujet 
est  traité  par  M.  Bœckh  en  érudit  plutôt  qu'en 
musicien.  Il  est  facile  de  voir  qu'il  y  était  à  la 
gêne,  car  il  s'y  est  livré  à  beaucoup  moins  de 
développements  que  dans  les  autres  chapitres.  Sa 
conclusion  est  que,  si  les  anciens  ne  faisaient  pas 
un  usage  constant  de  l'harmonie,  cette  harmonie 


n'était  pourtant  pas  absolument  bannie  de  leur 
musique,  et  qu'en  [liusieurs  cas  elle  y  était  em- 
ployée. 11  croit  trouver  la  preuve  dans  le  17'^  vers 
delapremièreolympique  dePindare,  que  l'accord 
de  la  tierce  mineure  était  particulièrement  connu 
des  Grecs.  —  5°  Quœdam  de  instrument\s  vete- 
rum, inprimis  de  magadide.  Excellent  travail 
où  se  trouve  éclaircie  d'une  manière  très-satisfai- 
sante une  question  épineu.se  qui  a  donné  la  tor- 
ture à  bien  des  savants. —  6°  Examen  melodix 
veteris  Pythiicarminis  primi.  Ce  chapitre  con- 
tient quelques  vues  ingénieuses,  mais  il  est  regret- 
table que  l'auteur  ne  lui  ait  pas  donné  plus  de  dé- 
veloppement. Au  nombre  des  ouvrages  de  Bœckh 
se  trouve  une  .savante  dissertation  intiluiée  :  Die 
Entxuickelung  der  Lehren  des  pythagoràr  Phi- 
lolaus  (Développements  des  doctrines  du  pytha- 
goricien Philolaiis)  ;  Berlin,  1819,  in-8°.  Cet  ou- 
vrage renferme  des  recherches  sur  les  proportions 
musicales  de  Philolaiis  conservées  dans  le  traité 
de  musique  de  Boëce.  Bœckh  est  mort  à  Berlin 
en  1854. 

BOECKLIN  DE  BOECKLIASAU (Fran- 
çois-Frédéric-Sigismond -Auguste,  baron),  doc- 
leur  en  philosophie  et  conseiller  du  grand-duc  de 
Bade,  naquit  à  Strasbourg,  en  1745,  et  mourut  à 
Fribourg  en  Brisgau,  Ie2juin  1813.  Amateur  des 
arts,  particulièrement  de  la  nmsique,  il  avait  vi- 
sité l'Italie  dans  sa  jeunesse,  et  avait  été  nommé 
membre  de  l'académie  des  Arcades  de  Rome, 
ainsi  que  de  plusieurs  autres  sociétés  savantes. 
On  a  du  baron  de  Bœcklin  un  assez  grand  nombre 
d'écrits  sur  diverses  matières  :  il  n'est  cité  ici  que 
pour  ceux  qui  concernent  la  musique.  Le  premier 
a  pour  titre  .  Beiiràge  ziir  Geschichte  der  Mu- 
sik,  besonders  in  Deutschland,  etc.  (Essai  pour 
l'histoire  de  la  musique,  particulièrement  en  Al- 
lemagne, etc.);  Fribourg  en  Brisgau,  1790,  1^8" 
de  150  pages.  Cetouvrageconsisteen  vingtiettres 
sur  la  situation  de  la  musique  dans  les  villes  prin- 
cipales de  l'Allemagne,  à  l'époque  où  elles  furent 
écrites.  Le  second  opuscule  du  baron  de  Bœcklin 
est  intitulé  :  Fragmente  zur  hôhern  Musik , 
undfur  asthetische  Tonliebhabcr  (Fragments 
concernant  la  musique  transcendante ,  pour  les 
amateurs  d'esthétique  musicale);  Fribourg  et 
Constance,  1811,  in-S"  de  83  pages.  Bœcklin 
reproche  avec  raison  à  Forkel ,  dans  ce  petit 
ouvrage,  d'avoir  manqué  de  philosophie  dans  la 
conception  de  son  Histoire  générale  de  la  mu- 
sique. Malheureusement  ce  morceau  de  critique, 
où  l'on  trouve  des  vues  élevées,  est  défiguré  par 
une  multitude  de  fautes  d'impression. 

BOECLER  (Jean),  docteur  en  médecine  à 
Strasbourg,  naquit  à  Ulm,le  20  octobre  i651,  et 
mourut  à  Strasbourg,  le  19  avril  1701.  Il  a  publié 


BOFXLER  —  BOEHM 


469 


dans  cefle  ville  une  disserfation  De  Sono,  1693. 

BCffiDFXKER  (Philippe-Frédéric),  com- 
|iositeur  et  organiste  de  la  cour  à  Stuttgard  ,  (lo- 
rissait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
l'ait  imprimer  un  recueil  de  motets  pour  soprano 
nvec  la  basse  continue  sous  ce  titre  :  Partitura 
sacra;  Strasbourg,  1651, in-fol.Ony  trouve  trois 
motets  de  Casati  et  un  de  Monteverde,  outre 
ceux  de  Bœdecker.  Ce  recueil  contient  aussi  une 
sonate  à  violon  seul  avec  basse  continue  et  So^ 
yiaia  sopra  la  Monica,  a  fagotlo  solo  con 
basso  continno.  Bœdecker  a  laissé  en  manuscrit 
un  Manuduciio  nova  meihodico-practica,  qui 
a  été  publié  après  sa  mort  (Stuttgard,  1711,  in- 
fol.)  par  son  fils,  Philippe-Jacques,  qui  lui  avait 
succédé  dans  la  place  d'organiste  de  la  cour.  Ce 
recueil  contient  des  pièces  d'orgue  à  trois  parties. 

BCffiHM  (Georges),  né  à  Prague,  entra  chez 
les  jésuites  en  1636,  à  l'âge  de  quinze  ans.  Il  y 
enseigna  les  humanités  pendant  quatre  ans,  la 
pluJosophie  pendant  trois  ,  les  mathématiques, 
neuf,  et  la  théologie,  cinq.  Il  mourut  à  Znaym  le 
^  7  novembre  1 666.  Au  nombre  des  ouvrages  de 
ce  savant,  on  en  trouve  un  qui  a  pour  titre  : 
Proposiliones  mathematico-musurgicas  ;  Pra- 
f^ue,  1650,  in-4''. 

BOEHM  (Georges),  compositeur  et  organiste 
à  l'église  de  Saint-Jean  à  Lunebourg,  vivait  en- 
core en  1728,  selon  Walther  (  Musik.  Lex.). 
Il  était  né  Goldbach,  dans  la  Tburinge.  Wal- 
ther  et  Adlung  (Musikal.  Gelnhrtheit)  disent 
que  ses  préludes  d'orgue  pour  des  chants  cho- 
rals étaient  comptés  parmi  les  meilleurs  de  son 
temps.  Il  ne  paraît  pas  qu'on  les  ait  publiés. 

BOEHM  (Godefroi),  cantor  à  Tragheim  près 
de  Kœnigsberg,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  est  connu  par  une  ouverture  pour  le 
clavecin  publiée  à  Nuremberg  en  1744,  et  par 
trois  solos  pour  flûte,  ibid.,  1760.  On  a  gravé 
aussi  une  fugue  pour  clavecin  de  sa  composi- 
tion, à  Amsterdam  ;  enfin,  il  a  laissé  en  manus- 
crit deux  concertos  pour  clavecin  seul. 

BOEHM  (Iwan),  violoniste  de  la  chapelle  du 
roi  de  Prusse,  né  à  Moscou,  en  1713,  fit  ses  pre- 
mières études  musicales  sous  la  direction  de  Pian- 
lanida,  et  reçu  t  ensuite  des  leçons  de  Graun  l'ainé. 
On  croit  qu'il  est  mort  vers  1760.  Il  a  composé 
plusieurs  solos  et  trios  pour  le  violon  qui  n'ont 
pas  été  publiés,  mais  qu'on  trouvait  dans  le  ma- 
gasin d'Emmanuel  Breitkopf,  en  1766. 

BOEHM  (Elisabeth)  ,  habile  cantatrice  qui 
devint  la  femme  de  Joseph  Cartellieri,  naquit 
à  Riga,  en  1756,  et  parut  pour  la  première  fois 
sur  le  théâtre,  en  1783.  En  1788,  elle  chanta  au 
théâtre  National  de  Berlin,  mais  elle  n'y  parut 
que  sous  le  nom  de  Bœhm. 


BOEHM  (Jeaî)),  virtuose  sur  le  violon,  fut 
directeur  de  musique  de  plusieurs  troupes  d'o- 
péra allemand,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-neuvième.  C'est 
tout  ce  qu'on  sait  delà  vie  de  cet  artiste,  l'ins- 
tabilité de  son  séjour  n'ayant  pas  permis  d'avoir 
de  plus  amples  renseignements.  Il  jouissait  de 
beaucoup  d'estime  comme  directeur  de  musi- 
que et  comme  violoniste.  Il  s'est  fait  aussi  quel- 
que réputation  par  la  composition  de  plusieurs 
opéras,  parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  Das 
Meester  der  Liebe  (  le  Modèle  d'amour  ).  — 
2"  Die  Jiraut  im  Schleier  (la  Nonne  fiancée). 

—  .•}"  rhUander.  —  4"  Philémon  et  Baucis. 
La  plupart  de  ces  ouvrages  sont  écrits  pour  de 
petit*  orchestres. 

BOEHM  (  Joseph  ) ,  membre  de  la  chapelle 
impériale  de  Vienne,  et  premier  professeur  de 
violon  au  Conservatoire  de  cette  ville,  est  né  en 
1768  à  Pestli,  en  Hongrie.  Son  père  fut  son 
premier  maitre  pour  le  chant  et  pour  le  violon. 
A  l'âge  de  huit  ans,  il  partit  avec  sa  famille  pour 
la  Pologne,  où  il  avait  déjà  passé  quatre  années 
lorsque  Rode  y  arriva,  quittant  la  Russie  pour 
retourneren  France.  Le  célèbre  violoniste,  charmé 
des  heureuses  dispositions  du  jeune  Rœhin , 
voulut  bien  lui  donner  des  leçons,  et  le  mit  sur 
la  voie  de  cette  belle  école  du  violon  que  lui- 
inôme  tenait  de  Viotti.  En  1815,  Bœhm  se  ren- 
dit à  Yienne,  et  se  fit  entendre  au  théâtre  de 
la  cour,  en  présence  de  l'empereur.  Trois  ans 
après,  il  visita  les  villes  principales  de  l'Italie, 
et  se  fit  entendre  au  théâtre  de  la  Scala  à  Mi- 
lan. A  son  retour  dans  la  capitale  de  l'Autriche, 
il  obtint  la  place  de  professeur  au  Conservatoire, 
et  deux  ans  après  le  brevet  de  violoniste  de  la 
chapelle  de  la  cour.  En  1823,  il  entreprit  une 
grande  excursion  en  Allemagne  et  en  France,  et 
se  lit  entendre  dans  des  concerts  à  Prague,  Mu- 
nich, Stuttgard  ,  etc.  Après  avoir  employé  près 
de  deux  années  à  ce  voyage  d'art,  il  est  re- 
tourné à  ^Menne.  Bœhm  a  publié  environ  vingt 
œuvres  de  musique  pour  son  instrument.  Parmi 
ces  ouvrages  on  remarque  :  1"  Polonaise  pour  le 
violon,  avec  quatuor  :  œuvre  l*';  Vienne,  Has- 
linger.  —  2°  Variations  brillantes,  idem.,  op.  2; 
Vienne,  Mechetti.  —  3"  Clément,  Helmsber- 
ger,  S.-Lubin,  Mayseder,  Schiippanzigh,  va- 
riations sur  un  thème  de  Beethoven,  pour  vio- 
lon et  piano;  ibid. —  4»  Deuxième  polonaise 
poin-  violon  principal,  avec  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  4  ;  Vienne,  Haslinger.  —  5°  Cinq  va- 
riations pour  violon  et  orchestre,  op.  8  ;  Vienne, 
Artaria.  —  9°  Quatre  variations  sur  un  thème 
de  Rossini,  pour  violon  et  orchestre,  op.  9;  ibid. 

—  7°  Concerlino  pour  violon ,  op.  10  ;  ibid.  ♦■ 


470 


BOEHM 


8°  Quatuors  pour  2  violons,  alfo  et  basse,  ibid. 
Plusieurs  bons  élèves  ont  été  formés  par  Cœlun 
dans  le  Conservatoire  devienne.  En  1837,  il  s'est 
établi  à  Saint-Pétersbourg  comme  professeur 
et  premier  violon  du  théâtre  allemand.  Il  y  vit 
encore  (1858).  Ses  meilleurs  élèves  sont  Ernst 
et  Joachim.  Son  fils  (Louis),  violoniste  comme 
lui,  et  son  élève,  s'est  fait  entendre  à  Pétersbourg 
dans  un  concert,  en  1840.  Il  donnait  alors  des 
espérances  comme  artiste  futur. 

BOEHM  (TnÉoBALD),  célèbre  flûtiste  alle- 
mand, né  en  Bavière,  vers  1802,  est  membre  de 
la  chapelle  et  delà  musique  particulière  du  roi  à 
Munich.  Aucun  autre  renseignement  ne  m'est 
parvenu  sur  cet  artiste,  considéré  comme  un  des 
plus  habiles  flûtistes  de  l'époque  actuelle  en 
Allemagne;  je  sais  seulement  qu'il  s'est  rendu  à 
Loml  res,  dans  l'automne  de  l'année  1 834,  et  qu'il 
s'y  trouvait  encore  dans  les  premiers  mois  de 
1835.  D'après  les  éloges  qui  lui  sont  accordés 
l)ar  les  artistes  qui  l'ont  entendu,  il  paraît  que 
Bœhmse  distingue  également  et  par  sa  belle  ma- 
nière de  chanter  ïadagio,  et  par  le  brillant  de 
son  exécution  dans  les  diflicullés.  En  1849,  je  le 
vis  à  Munich;  il  y  était  plus  occupé  de  la  fia- 
briciifion  des  llûtes  d'après  le  nouveau  système 
auquel  il  a  donné  son  nom,  que  de  son  talent 
d'exécution.  Théobald  Bœhm  était  depuis  long- 
temps à  la  recherche  des  moyens  de  perfection- 
ner lu  llùte  sous  les  rapports  de  la  justesse  et 
du  doigter  pour  l'exécution  de  certaines  dilli- 
cultés  et  de  certains  trilles  qui  étaient  inexécu- 
tables sur  l'ancienne  flûte.  Dans  le  même  tem[)s, 
un  Anglais,  M.  Gordon  (voy.  ce  nom)  s'occupait 
des  niêmc^  recherches  et  avait  commencé  la  ré- 
solution du  problème  par  un  système  d'anneaux 
réunis  par  une  tige  mobile,  dont  les  combinai- 
sons atteignaient  à  peu  près  le  but.  Bœhm,  ayant 
eu  des  relations  avec  Gordon,  comprit  le  mérite 
de  celte  invention,  la  perfectionna,  et  en  fit  des 
applications  à  la  musique  destinée  à  la  flûte. 
Les  instruments  fabriqués  par  lui  dans  ce  sys- 
tème sont  devenus  les  modèles  suivis  par  la 
plupart  des  facteurs,  et  leur  usage  s'est  étendu 
de  proche  en  proche.  Cependant  quelques  flû- 
tistes distingués  de  l'ancienne  école  se  sont  posés 
en  adversaires  de  l'innovation  de  Bœhm  :  à  leur 
tête  s'est  placé  Tulou  ;  mais  les  avantages  de  la 
nouvelle  llùte  sont  tels,  que  rien  ne  pourra  em- 
pocher son  adoption  universelle  dans  une  épo- 
que rapprochée.  Déjà  il  ne  reste  plus  qu'un  très- 
petit  nombre  d'opposants.  En  1849,  Bœhm  en- 
treprit une  nouvelle  réforme  du  tube  de  la  flûte, 
en  renversant  sa  construction  de  telle  sorte,  que 
la  tête  devint  conique  de  cylindrique  qu'elle  étail, 
et  que,  dans  la  grande  pièce  du  milieu,  le  cône  a 


fuit  place  au  cylindre  (Voyez  mon  nappnrf 
sur  la  fabrication  des  instruments  de  inusi- 
que  mis  à  f exposition  de  Paris,  en  1855,  Pa- 
ris, imprimerie  impériale,  185G,  tome  It,  pages 
C5'J-660  des  Bapports  du  jury  mixte  interna- 
tional, et  dans  le  tiréà-part,  pages  5  et  6). 
Bœhm  a  fait  aussi  de  grands  travaux  pour  le  per- 
fectionnement du  hautbois  et  du  basson  ;  il  en  a 
beaucoup  amélioré  la  justesse,  le  doigter  et  l'é- 
galité (voyez  le  rapport  ci-dessus)  ;  mais  la  qua- 
lité du  son  du   hautbois  s'en   est   modifiée. 

On  a  de  la  composition  de  Bœhm  :  Des  concer- 
tos pour  flûte  publiés  chez  Aibl  à  Munich.  —  Des 
variations  sur  l'air  de  la  Sentinelle.  —  D'autres 
variations  sur  le  thème i\eZ cor  jaiw  non  misento. 
—  Un  andante  et  polonaise  pour  flûte  et  or- 
chestre, op.  3;  Vienne,  Artaria.  —  Un  divertis- 
sement sur  un  tlièinede  Carafa,  op.  6;  Munich, 
Falter.  —  Une  polonaise  pour  flûte  et  orchestre, 
op.  9;  Paris,  Scliott.  —  Une  autre  grande  polo- 
naise, op.  16. — Unefanlaisieconcertantepourflûte 
et  piano  sur  une  polonaise  de  Carafa,  œuvre  8: 
Munich,  Falter.  —  Des  variations  sur  un  thème  de 
Freysckiiiz  ;  ibid.  —  Un  divertissement  sur  un  air 
de  Poissl,  op.  13;  ibid. —  Un  Rondo  brillant, 
op.  12;  ibid.  —  .32  Études;  ibid.  Première  Fan- 
taisie pour  flûte  et  orchestre  sur  des  thèmes  suis- 
ses, op.  23  ;  Mayence,  Schott,  Deuxième  idem, 
op.  24;  ibid.  —  Grande  polonaise  pour  flûte  et 
orcliesfre,  op.  16;  Munich,  Falter.  — Variations 
idem  sur  la  marche  de  Moïse,  op.  17;  ibid.  — 
Idem  sur  un  air  tyrolien,  op.  20;  ibid.  —  Idem 
sur  un  air  allemand,  op.  22;  ibid.  — Fantaisie 
sur  l'invitation  à  la  valse,  idem,  oj).  21;  ibid. 
Bœhm  est  aussi  auteur  d'un  petit  écrit  intitulé  : 
Ueber  dcn  Flôtenbau  und  die  nenesten  Vrr- 
besserungen  desselben  (Sur  la  construction  de 
la  flûte  et  ses  nouveaux  perfectionnements); 
Mayence,  Schott,  1847,  in-8°de  57  pages. 

BOEHM  (CuARLES-LÉopoLD),  violoncelliste 
distingué,  né  à  Vienne,  le  4  novembre  1806,  fut 
admis  comme  élève  au  Conservatoire  de  cette 
ville,  et  y  fut  élève  de  Joseph  Merk,  pour  son 
instrument.  Attaché  d'abord  à  rorc!}estre  du 
théâtre  de  Josephstadi,  puis  du  Théâtre  An- 
der  Wien  (Sur-la-Vienne),  il  quitta  ce  der- 
nier, le  3  septembre  1828,  lorsqu'il  fut  appelé  à 
Donauschingen  pour  taire  partie  de  la  cha- 
pelle du  prince  de  Fiirstenberg,  dirigée  parKal- 
livvoda  {voy.  ce  nom).  Profitant  de  quelques  con- 
gés qui  lui  furent  accordés,  il  fit  des  voyages  pour 
se  faire  connaître,  et  joua  avec  succès  à  Bàle, 
Zurich,  Genève,  ainsi  que  dans  un  granJ  nom- 
bre de  villes  d'Allemagne.  Plusieurs  sociétés  mu- 
sicales delà  Suisse,  de  l'Allemagne  et  de  la  Hon- 
grie lui  décernèrent  le  titre  de  membre  hono- 


BOEHM  —  BOEHMER 


471 


rairc,  en  considération  de  son  talent.  La  clia- 
|)t;!ie(lu  prince  de  Viirslenberg  ayant  été  dissoute 
an  mois  d'août  1349,  par  snite  de  la  révolution 
(lu  grand-duché  de  Bade,  Breinn  alla  s'établir  à 
Strasbourg,  y  entra  à  l'orcliestrcilu  théâtre,  et  y 
donna  des  concerts  ;  puis  il  passa  l'été  aux  eaux 
de  Vichy,  et  y  obtint  de  brillants  succès.  De  re- 
tour à  Strasbourg,  vers  la  lin  de  1850,  il  reprit  sa 
place  dans  l'orciiestre  du  théâtre.  Bientôt  après, 
une  décision  du  prince  de  Fûrstenberg  ayant 
rappelé  neuf  membres  de  l'ancienne  chapelle  pour 
former  une  nmsique  de  chambre,  sous  la  direction 
(le  Kallivvoda,  Bœhin,  compris  dans  ce  nombre, 
retourna  à  Donauschingen,  le  30  avril  1S51. 
Bœhm  est  considéré  à  juste  titre  comme  un  de.s 
violoncellistes  les  plus  remarquables  de  l'Alle- 
niagne.  Les  premières  compositions  de  cet  ar- 
tLste,  lesquelles  consistent  en  variations,  polo- 
naises, fantaisies,  etc.,  ont  été  publiées  à  Vienne 
chez  Artaria  et  chez  Mechetli  ;  ses  ouvrages  d'une 
date  postérieure,  plus  importants,  tels  qu'un 
concerto  en  ré  mineur  pour  violoncelle  et  or- 
chestre, des  fantaisies  également  avec  orchestre, 
et  des  duos  pour  deux  violoncelles,  ont  paru  à 
Leipsick,  chezPéters. 

DOEIIM  (Jean-Wiuielm),  écrivain  sur  qui 
l'on  n'a  pas  de  renseignements  biographiques  : 
on  sait  seulement  qu'il  était  à  Prague  au  com- 
mencement de  1S30,  et  qu'au  mois  de  septem- 
bre de  la  même  année  il  était  à  Vienne.  On  a  de 
cet  auteur  un  livre  intéressant  intitulé  :  Analyse 
des  Schônen  der  Musik  itnd  des  Tanzes  (Ana- 
lyse du  beau  dans  la  musique  et  dans  la  danse); 
Vienne,  Scbramel,  1830,  in-8°  de  207  pages,  avec 
deux  planches.  Lecritéririm  de  la  théorie  du  beau 
musical,  suivant  M.  Bœhm,  est  celui  de  la  sim- 
plicité des  rapports  numériques  ;  principe  déjà 
traité  par  Euler,  dans  son  Tentamen  Théorie 
»n7(.sicce,  mais  qui  a  conduit  M.  Bœhm  à  de  nou- 
veaux résultats.  On  trouve  dans  son  livre  une 
curieuse  formule  mathématique  sur  les  opé- 
rations de  l'entendement  dans  le  jugement  des 
lapports  harmoniques  des  sons.  Cet  ouvrage 
ne  me  paraît  pas  avoir  été  remarqué  comme  il 
méritait  de  l'être. 

BOEHM  (F.- A.),  musicien  à  Vienne,  vers 
1830,  y  a  publié  des  Danses  en  harmonie  à  six 
parties,  Haslinger  ;  des  duos  pour  deux  flûtes, 
ibid.  ;  des  danses  pour  le  même  instrument,  ibid.  ; 
des  duos  pour  deux  clarinettes,  op.  2  et  5,  ibid.; 
la  Clémence,  andantino  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  6  ,  Vienne,  Diabelli;  une  grande  po- 
lonaise pour  piano  seul,  op.  23 ,  Leipsick,  Peters, 
et  quel((nes  autres  ouvrages. 

BOEHME  (Jean-Chrétien),  né  à  Dresde 
vers  1G50  ,  fut  d'abord   second  organiste  de  la 


chapelle  de  l'électeur  de  Saxe,  vers  1GS2  ,  puis 
organiste  en  titie.  Il  occupa  cette  place  jusqu'en 
169»,  époque  de  sa  mort.  Il  a  laissé  plusieurs 
|)ièces  de  musique  d'église  qui  n'ont  pas  été  im- 
primées. 

BOT^IIME (CharlesGotti.ob-Henri),  direc- 
teur du  séminaire  des  instituteurs  des  écoles  po- 
pulaires à  Berlin,  est  né  dans  cette  ville,  le  10  oc- 
tobre 1783.  Il  a  publié  un  guide  pour  l'enseigne- 
ment du  chant  dans  les  écoles  populaires,  sous  ce 
litre  :  Leitfaden  beim  Gesangsunterricht  in 
Volksscfmlen,gv.  in-4°,  Berlin, Eusiin,  1819. 

BCffiHME  (A.) ,  pianiste  de  Vienne,  a  publié 
quelques  ouvrages  pour  son  instrument,  entre 
autres  six  variations  sur  un  thème  original,  op. 
5,  Vienne,  Haslinger,  et  huit  variations  brillantes 
sur  la  Marche  de  Fidelio,  op.  6 ,  Vienne,  Cappi. 

BCHEHMER  (Dav;d-Abuaiiam),  virtuose  sur 
le  ba<:«on,  au  service  du  duc  de  Saxe-GOtha,  na- 
quit à  Muskau,  dans  la  haute  Lusace,  le  9  mai 
1709,  et  commença  à  l'âge  de  cinq  ans  l'étude 
du  violon  chez  son  père;  mais  à  douze  ans  il 
quitta  cet  instrument  pour  le  basson,  sur  lequel 
il  acquit  une  grande  habileté.  En  1726  ,  il  entra 
avec  son  père  (Samuel  Bœhmer,  né  à  Schlich- 
tingsheim ,  ville  de  la  grande  Pologne,  le  3  oc  • 
tobre  1678),  au  service  du  comte  de  Schiienaich 
Carolath.  Celui-ci  prit  tant  d'intérêt  à  ce  jeune 
virtuose,  qu'il  l'envoya  à  Berlin  pour  y  prendre 
des  leçons  du  célèbre  bassoniste  Guttofsiky  al:n 
de  se  perfectionner.  Après  le  décès  de  son  père, 
il  alla  à  Gotha  et  s'y  établit.  Il  y  est  mort  en 
1786.  Sa  sœur,  Eslher-Hélène,  née  le  18  août 
1724,  fut  [très-habile  violoncelliste.  Bœhmer  a 
laissé  en  manuscrit  quelques  solos  pour  son  ins- 
trument. 

Un  autre  musicien  nommé  Bœhmer  (Jean- 
Sébastien),  musicien  de  la  chambre  du  roi  de 
Saxe,  mort  à  Dresde  le  23  mai  1819,  a  publié 
des  polonaises  pour  le  piano,  à  Hanovre,  chez 
Kruschwilz. 

BOEHMER  (Charles),  fils  de  Jean-Sébas- 
tien,  est  né  à  Dresde  en  1802.  Il  n'était  âgé  que  de 
treize  ans,  lorsqu'ildonna,  au  mois  de  janvier  1815, 
des  concerts  à  Berlin,  dans  lesquels  il  fit  ad- 
mirer son  habileté  sur  le  violon.  Fixé  dans  cette 
ville  depuis  cette  époque,  il  y  a  été  employé  à 
l'orchestre  du  théâtre  royal;  mais  il  s'est  attaché 
postérieurement  à  l'alto,  dont  il  joue  avec  un 
talent  remarquable.  Bœhmer  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  la  musique  de  quelques 
petits  opéras,  entre  autres  die  Zauberruthe 
(la  Baguette  enchantée),  et  der  Meerkônig 
und  sein  Liebchen  (le  Roi  de  la  mer  et  sa  mat- 
tresse),  dont  les  ouvertures  à  grand  orchestre 
ont  été  publiées  à  Berlin,  chez  Bote  et  Bokc.  Ou 


472 


BOEHMER  —  BOEHNER 


a  aussi  de  lui  quelques  thèmes  variés  et  des 
fantaisies  pour  violon  et  orchestre  ou  qua- 
tuor, op.  19,  21  et  30,  ibid.,  des  duos  concer- 
tants pour  deux  violons,  op.  8,  12,  10,  22,  39,  et 
40,  ibid., des  duos  pour  piano  et  violon,  op.  6, 
7,  ibid.,  etc.  ;  des  ouvertures  et  entr'actes  pour 
orchestre,  op.  43  et  55  ;  Berlin,  Haecker. 

BOEHMER  (Jean-Georges)  ,  cautor  et  di- 
recteur de  musique  à  Lauban ,  dans  la  première 
moitié  du  dix-neuvième  siècle,  a  fait  insérer  dans 
l'écrit  périodique  publié  à  Breslau  ,  sous  le  titre 
Eutonia,  une  dissertation  sur  la  musique  d'é- 
glise considérée  comme  moyen  de  sanctification 
du  culte  évangélique  (t.  V,  p.  23-43).  Dans  le 
même  recueil  il  a  donné  une  autre  dissertation 
sur  l'usage  du  chant  dans  les  funérailles  {Euto- 
nia, 1832,  t.  VII,  p.  1-15),  et  une  troisième  sur 
les  collections  de  musique  à  l'usage  du  culte 
évangélique  (ibid.,  p.  97-118). 

BCfflHNER   (Jean-Locis) ,    pianiste,    orga- 
niste distingué,  et  compositeur,  est  né  le  8  jan- 
vier   1787,  à  Toesselslœdt,  dans  le  duché  de 
Gotha.  Son  père,  né  à  Dietharz,  dans  la  forêt  de 
ïhuringe,  et  qui  fut  pendant  plus  de  quarante 
ans  organiste  à  Toesselslœdt,  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  musique.  Le  talent  qu'il  avait 
reçu  de  la  nature  se  développa  avec  tant  de  ra- 
pidité, qu'à   l'âge  de  dix  ans  il  jouait  avec   ha- 
bileté de   l'orgue,  du  clavecin  et  du   violon,  et 
que,  sans  avoir  reçu  aucime   leçon  d'harmonie 
ou  de  contre-point,  il  écrivait  de  la  musique  dans 
le  style  d'église.  Ayant  été  envoyé  à  Erfurt  pour 
y  faire   des  études  au  gymnase,  il  négligea  les 
lettres  et  les  sciences  pour  la  musique,  qui  était 
pour  lui  l'objet  d'une  véritable  passion.  Kluge  lui 
donna  des  leçons  d'orgue,  et  il  apprit  la  compo- 
sition sous  la   direction    du  maître  de   concert 
Fischer.  Les  fréquentes  occasions  qu'il  eut  d'en- 
tendre Kittel ,  un  des  meilleurs  élèves   de  J.-S. 
Bach,  exercèrent  sur  son  talent  la  plus  heureuse 
influence.  Déjà  il  avait  acquis  de  profondes  con- 
naissances dans  son  art,  lorsque  Spohr  fut  en- 
gagé au  service  de  la  cour  de  Gotha  ;  cette  cir- 
constance détermina  Bœhner  à   aller  fixer  son 
.séjour  dans  cette  ville.  En  1808,  il   alla  à  léna, 
oii  son  talent  le  fit  rechercher  par  tous  les  ama- 
teurs de  musique  :  il  y  fit   la  connaissance  de 
Gœlhe  et  de  Falk,  et  ces  deux  hommes  célèbres 
goûtèrent  la  tournure  de  son  esprit.  C'est  à  cette 
époque  que  l'originalité  de  Bœhner,    sa   sauva- 
gerie, sa  naïveté,  commencèrent  à  être  remar- 
quées; toute  sa  personne,et  même  la  gaucherie 
de  ses  manières, contribuaient  à  faire  de  lui   un 
être   extraordinaire    dont   l'esprit    observateur 
de  Hoffmann  fut  frappé.  Cet  écrivain  de  génie 
eut   bientôt  aperçu   le  parti   (jiril   pouvait  tirer 


d'un  tel  modèle  :  il  en  fit  le  type  de  son  excel- 
lente création  du  maitre  de  chapelle  Kreissler. 
L'originalité  de  leur  esprit  et  le  goût  du  vin , 
qu'ils  avaient  tous  deux,  eurent  bientôt  rappro- 
clié  ces  deux  hommes  singuliers  :  ce  fut,  dit-on, 
dans  leurs  fréquentes  libations  que  le  célèbre 
romancier  fit  des  études  sur  Bœhner  pour  son 
bizarre  maître  de  chapelle. 

Décidé  à  ne  pas  se  mettre  dans  la  dépendance 
d'une    cour,    d'une   école    publique  ou  d'une 
église,   Bœhner  voulut    chercher   dans    le   li- 
bre exercice  de  son  talent  des  ressources  pour 
son  existence,  et  les  voyages  et    les  concerts 
lui  parurent  le  moyen  qui  pouvait  le  mieux  réa- 
liser ses   vues.   Il  écrivit  alors  plusieurs  mor- 
ceaux, notamment  son  concerto  de  piano  en  ut 
majeur  (œuvre  dixième)  pour  l'usage  de  ces  con- 
certs, et,  après  les  avoir  terminés,  il  visita  Erfurî , 
Meinungen,  Hildburghausen,  Cobourg,  Nurem- 
berg, Erlangen,  Wiirzbourg,  etc.,  recueillant  par- 
tout des  applaudissements  et  quelque  argent  que 
le  cabaret  ne  lardait  point  à  lui  enlever.  Quelque- 
fois il  .s'arrêtait,  séjournait  dans  l'endroit  qui  lui 
plaisait,  et  vivait  du  produit  des   leçou.s   qu'il 
donnait  aux  amateurs.  De  retour  à  Gotha,  il  y 
resta  peu  de  temps,  et  entreprit  un  second  voyage 
plus  étendu  qui  le  conduisit  à  Stuttgard,  Stras- 
bourg, Colmar,  puis  à  Bâle,  Zuricb  et  dans  pres- 
que tontes  les  villes  de  la  Suisse.   Les  troubles 
politiques  et  le  mouvement  des  armées  l'obligè- 
rent à  s'arrêter  et  à  suspendre  l'exécution    du 
projet  qu'il  avait  conçu  d'un  long  voyage  en  Ita- 
lie. 11  retourna  à  Nuremberg,  y  fut  accueilli  avec 
empressement,  et  y  vécut  pendant  cinq  ans,  par- 
tageant son  temps  entre   la  composition  et  les 
I  leçons  qu'on  lui  demandait  de  toutes  parts.  Il  y 
; .  écrivit   trois  concertos  de  piano,  et  un   opéra 
'  Der  Dreijherrensteïn,  qui  n'a  jamais  été  repré- 
.  sente  ni  imprimé,  et  dont  on  n'a  publié  que  l'ou- 
(  verture.  Pendant  son  séjour  en  cette  ville,  il  fit 
un  voyage  sur  le  Rhin,  visita  Manheim,  Heidel- 
berg,  Darmstadt  et  Francfort ,  donnant  partout 
des  concerts  d'orgue,  et  faisant  admirer  son  ha- 
bileté sur  cet  instrument.    Puis  l'inconstance  de 
ses  goûts  le  ramena  à  Gotha,  et  en  1819  il  re- 
commença ses  voyages,  se  rendit  à  Hambourg, 
et  de  là  passa  en   Danemark.  L'année  suivante  il 
se  retira  dans  le  lieu  de  sa  naissance,  et  depuis 
lors,  il  y  a  vécu  seul ,  éloigné  de  toute  société , 
n'ayant  pour  exister  que  le  faible  produit  de  ses 
ouvrages,  et  faisant  consister  tout  son  bonheur 
dans  l'exercice  de  son  art,  et  dans  ses  prome- 
nades solitaires  au  sommet  des  montagnes  ou 
dans  les  bois.  Toute  contrainte,  toute  obligation, 
ordinaire  de  la    vie  lui  est   insupportable.    On 
assure  qu'il  occupe  une  partie  de  son  temj)s  a 


BOEHINER  —  BOELY 


473 


écrire  sa  propre  biographie  sous  le  point  de  vue 
original  où  il  se  considère  lui-ni^ine  ;  si  cet  ou- 
vrage parait  un  jour,  il  ne  manquera  pas  d'exci- 
ter la  curiosité,  quel  que  puisse  être  d'ailleurs  le 
talent  de  l'écrivain.  En  1840,  Boeliner  a  reparu 
sur  la  scène  du  monde  musical,  par  les  concerts 
d'orgue  qu'il  a  donnés  à  Francfort-sur-le-Mein. 

Comme  instrumentiste,  les  éloges  accordés  par 
les  Allemands  à  Bœhner  ne  laissent  point  de 
doutesurson  habileté  :  comme  compositeur,  il  ne 
se  recommande  guère  que  par  une  bonne  facture, 
et  l'art  de  développer  des  idées  peu  remarquables. 
L'originalité  manque  à  sa  pensée,  et  ce  n'est  pas 
un  médiocre  sujet  d'étonnement  que  de  ne  trou- 
ver que  des  idées  ordinaires  dans  les  productions 
d'un  homme  si  peu  semblable  aux  autras.  La  fé- 
condité est,  dit-on,  un  des  signes  caractéristiques 
du  génie  ;  chez  Bœhner,  elle  n'a  été  que  le  résultat 
des  travaux.  Singularité  assez  remarquable,  loin 
de  prendre  la  teinte  de  l'état  morose  de  l'âme  de 
l'artiste,  sa  musique  est  empreinte  d'un  carac- 
tère de  gaieté.  Parmi   ses  nombreux   ouvrages, 
on  remarque  :  1"  Sérénade  pour    deux  violons, 
alto,  flûte   obligée,  deux  cors,  basson,   violon- 
celle et  contre  basse,  op.  9;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel.  —   2°  Trois    marches   en   harmonie 
militaire;  Augsbourg,  Gombart.  — 3°  Deux  re- 
cueils de  danses  à  grand  orchestre  ;  ibid.  —  4" 
Des  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  ba.sse. 
—  5°  Une  fantaisie  avec  variation  pour  clarinetle 
et    orchestre,    op.   21;    Leipsick,  Breitkopf   et 
Haertel.  —  6°  Variations  pour  cor,    avec   qua- 
tuor, op.  24  ;  Mayence,  Schott.  —  7°  Concertos 
pour  le   piano  avec  orchestre,  oeuvres?,  8,  11  ; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  —  8"  Concerto  en 
fantaisie,  op.   13;  Leipsick,   Hofmeister.  —  9° 
idem  ,  op.  14;  ibid.  —  10°  Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  4;  Leipsick,   Breitkopf 
et  Haertel.  —  9°  Sonate  pour  piano  et  violon,  op. 
37  ;  Copenhague,  Lose.  — 12°  Walses  à  quatre 
mains;    Leipsick,    Hofmeister.  —  13o   Sonates 
pour  piano  seul,  op.  15  ;  ibid.  —  14»  Fantaisies, 
caprices,  bagatelles,   etc.,  pour   piano,  op.   19, 
22,  31,  91,  92;  Leipsick,  Hambourg,  Francfort 
et  Augsbourg.  —  IS"  Variations  pour  le  même 
instrument,  op.  3,  6,  12,20,51,53,  55;  Leipsick, 
Cobourg,  Offenbach,   Bonn  et  Nuremberg.   — 
16°  Recueils  de  danses  et  de  walses  pour  lepiano, 
op.  4,  36,43,  44,  etc.;  Leipsick,  Bonn,  Offenbach, 
Hambourg,  Erfurt  et  Augsbourg. —  17°  Plusieurs 
recueils  de  chansons  allemandes,  avec  accompa- 
gnement de  piano.  —  18°  Des  pièces  d'orgue.  — 
19°  Des  ouvertures  à  grand  orchestre. —  20°  Un 
opéra  intitulé  :  Der  Dreyherrenstein. — 21°  Des 
motets.  Son  dernier  ouvrage,  qui  porte  le  nu- 
méro d'œuvre  120,  consiste  en  variatious  pour 


le  piano  avec  orchestre,  sur  une  valse  suisse. 
BOELSCHE  (Jacques),  bon  organiste  et 
compositeur,  né  à  Muhen  près  de  Celle,  dans  le 
Hanovre,  fut  d'abord  organiste  au  bourg  d'Hoya, 
près  de  Burgdorff,  ensuite  à  Brunswick,  vers 
1669.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  1684.  Wal- 
ther  dit  qu'il  avait  écrit  des  pièces  de  clavecin 
fort  bonnes. 

BOELY  (Jean-François),  est  né  en  1739  à 
Pecquigny,  en  Picardie,  et  a  fait  ses  études  mu- 
sicales et  littéraires,  comme  enfant  de  chœur,  à 
la  cathédrale  d'Amiens.  Lorsqu'ileut  atteint  l'âge 
de  vingt  ans  il  se  rendit  à  Paris  et  entra  à  la 
sainte  chapelle  du  palais,  en  qualité  de  haute-con- 
tre. Il  y  restajusqu'à  l'âge  de  trente-six  ans,  et  dut 
prendre  la  tonsure ,  le  titre  et  le  costume  d'abbé; 
mais  une  place  de  chanteur  delachapelle  du  roi, 
à  Versailles,  lui  ayant  été  donnée,  il  alla  se  fixer 
dans  cette  ville,  et  reprit  l'habit  séculier.  Devenu 
libre  de  se  marier  par  son  changement  de   posi- 
tion, il  épousa  la  fille  de  Levesque,  musicien  or- 
dinaire de   la  chapelle  du  roi,  gouverneur  des 
pages  de  la   musique,  et  l'un   des  éditeurs   du 
solfège  d'Italie.  Après  avoir  perdu  sa  iemme,  il 
se  retira  à  la  maison  de  Sainte-Perrine  de  Chail- 
lot,  en  1809,  et  y  mourut  au  commencement  de 
l'année  1814.  Boëly,  auteur  de  motets  et  de  di- 
vers morceaux  de  musique  d'église,  avait  appris 
les  règles  de  l'harmonie  d'après  les  principes  de 
Rameau,  et  son  admiration  pour  le  système  de 
la  basse  fondamentale  allait  jusqu'au  fanatisme. 
Choqué  de  voir  écarter  ce   système   de    l'ensei- 
gnement de  l'harmonie,  dans  le  traité  que  Catel 
avait  composé  pour  l'usage  du  Conservatoire  et 
qui  avait  paru  en  1802,   il  écrivit  une  longue 
critique  de  cette  nouvelle  théorie,  et  lui  donna  le 
titresuivant  :  Le  Partisan  zélé  du  célèbre  fonda- 
teur de  V  harmonie  aux  antagonistes  réforma- 
teurs de  son  système  fondamental,  ou  Obser- 
vations rigoureuses  sur  les  principaux,  articles 
d'un  nouveau  traité,  soi-disant  d'harmonie^ 
substitué  par    le  Conservatoire  de  Paris   à 
l'unique  chef-dœuvre  de  l'art  musical.  Boëly 
démontrait  assez  bien  dans  cet  écrit,  quoiqu'en 
fort  mauvais  style,  que  les  bases  du  système  de 
Catel,  prises  dans  les  divisions   arbitraires  du 
monocorde  qui   donnent  l'accord  de  neuvième 
majeure  de  la  dominante,  sont  illusoi:«:sen  fait, 
et  insuffisantes  dans  leur  application.  Il  envoya 
son  manuscrit  à  Gossec,  qu'il  considérait  comme 
le  chef  du  Conservatone,  l'invitant  à  lui  en  donner 
son  avis.  Assez  irritable  dans  son  amour-propre, 
Gossec  répondit,   le  24  octobre  1806,  une  lettre 
courte,  sèche,  injurieuse  et  peu  sensée,  au  parti- 
san de  la  basse   fondamentale,  qui  de  son  côté 
accabla  de  son  indigaation  son  antagoniste  muU 


474 


BOELY  —  BOESSET 


nvisé,  etfitimprimer  foute  lii  correspondance  avec 
l'ouvrage  qui  l'avait  fuit  naître.  Son  livre  parut 
sous  ce  titre  singulier  :  Les  véritables  causes 
dévoilées  de  Vétat  dHgnorance  des  siècles 
reculés,  dans  lequel  rentre  visiblement  au- 
jourd'hui la  théorie  pratique  de  l'harmonie, 
notamment  la  profession  de  cette  science. 
Offres  généreuses  de  Ven  faire  sortir  prompte- 
ment,  faites  à  M.  Gossec,  chef  des  professeurs 
en  cette  imrtie,  au  Conservatoire  impérial  de 
musique,  qui  n'a  point  eu  la  modestie  de  les 
accepter.  Réponses  indécentes  de  ce  chef  aux 
lettres  suivantes  sur  ces  différents  objets,  par 
M.  Boëly,  ancien  artiste  musicien,  retiré  à 
lamaison  de  Sainte- Pcrrine,  àChaillot  ;  Paris, 
1806,  un  vol.  in-8°  de  xxx  et  157  pages.  Cette 
publication  n'eut  pas  i'eflet  que  l'auteur  s'en 
était  promis.  Le  style  du  livre  était  inintelliyble, 
et  personne  ne  le  lut. 

BOELY  (Ale\andre-Pierre-Fr\nçois),  (ils 
du  précédent,  est  considéré  par  tous  les  artistes 
qui  ont  connu  son  talent  comme  un  pianiste 
Irès-distingné,  et  comme  un  hon  organiste  dans 
la  manière  classique.  11  est  né  à  Versailles,  le 
19  avril  I78j.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  il  apprit  la 
musique  sous  la  direclion  de  son  père  et  de  sa 
mère  ;  puis  il  continua  l'étude  du  solfège  con- 
jointement avec  les  pages  de  la  musique  du  roi. 
Admis  plus  tard  comme  élève  au  Conservatoire 
de  musique,  il  se  livra  à  l'étude  du  violon,  et 
reçut  des  leçons  de  piano  de  Ladurner.  A  l'âge 
de  quinze  ans  il  dut  sortir  du  Conservatoire 
pour  suivre  son  père,  que  des  circonslances  dif- 
ficiles obligeaient  à  aller  vivre  en  province.  Il  y 
passa  deux  années  privé  de  tout  secours  de  bons 
professeurs.  De  retour  à  Paris,  il  espérait  ren- 
trer au  Conservatoire;  mais  il  n'y  put  parvenir, 
à  cause  de  la  rancune  qu'on  y  avait  contre  son 
père.  Il  s'en  consola  en  se  livrant  seul  à  des 
études  persévérantes  sur  un  art  qui  avait  été 
toujours  pour  lui  l'objet  d'une  ardente  passion. 
Son  père  lui  avait  donné  quelques  leçons  d'har- 
monie d'après  le  système  de  RaméSu;  il  dut 
réformer  par  la  lecture  des  bons  ouvrages  clas- 
siques les  faux  principes  qu'il  y  avait  puisés. 
L'exécution  des  belles  œuvres  de  Bach,  de  Ilaen- 
del,  de  Haydn  et  de  Mozart  lui  en  apprit  pour 
la  pratique  plus  que  tout  ce  qu'il  avait  lu  dans 
les  livres.  Cette  étude  a  donné  à  son  talent  un 
caractère  particulier  presque  entièrement  ignoré 
de  nos  jours  et  très-diftérent  de  la  manière  des 
autres  pianistes.  Comme  compositeur,  M.  Boély 
n'a  pas  recherché  les  succès  populaires;  mais  il 
a  conquis  l'estime  de  tous  les  connaisseurs.  Sa 
musique  est  grave,  en  général  correcte,  profon- 
dénseut  pensée,  et  l'on  y  trouve  partout  le  sen-  I 


timent  consciencieux  de  l'artiste  qui  obéit  à  son 
instinct  au  lieu  de  suivre  les  formes  à  la  mode. 

Vers  1830,  il  s'est  livré  spécialement  à  l'élude 
de  l'orgue,  et  a  acquis  sur  cet  instrument  un  ta- 
lent distingué,  mal  apprécié  à  Paris,  où  le  style  de 
l'orgue  est  soumis  comme  toute  autre  musique 
aux  futilités  de  la  mode.  M.  Boëly  a  été  pendant 
plusieurs  années  organiste  de  l'église  Saint-Ger- 
main l'Auxerrois.  Ses  ouvrages  publiés  sont  : 
Op.  1 ,  Deux  sonates  pour  piano  seul,  dédiées  à 
Ladurner;  Paris,  chez  l'auteur.  —  Op.  2,  Trente 
caprices,  ou  Pièces  d'étude,  dédiés  àM"'<;  Bigot; 
Paris,  Janet  et  Cotelle.  —Op.  3,  Air  de  Richard, 
varié  pour  piano  et  violon  ;  Paris,  Pleyel.  — 
Op.  4,  Duo  pour  piano  à  4  mains;  Paris,  Ri- 
chault.  —  Op.  5,  Trois  Trios  pour  violon,  alto  et 
violoncelle  ;  ibid.  —  Op.  6,  Trenteétudes,  dédiées 
à  Kalkbrenner  ;  ibid.  —  Op.  7,  Deux  caprices 
à4mainsetun  àS  mains;  Paris,  Prilip. —  Op.  8, 
Caprice  pour  piano  seul  ;  Paris,  v^  Launer.  — 
Op.  9,  Quatre oliértoires  pour  l'orgue;  Paris,  v« 
Canaux.  —  Op.  10  ,  Messe  de  Noël  pour  orgue; 
ibid.  — Op.  11,  Quatorze  pièces  d'orgue;  ibid. 
—  Op.  12,  Vingt-quatre  pièces  d'orgue;  ibid.  — 
Op.  13 ,  Troisième  suite  d'études  pour  piano,  dé- 
diée à  Cramer, Paris;  Richault.  —  Op.  14,  Douze 
petites  pièces  pour  l'orgue  expressif;  Paiis,  v»  Ca- 
naux.—  Op.  15,  Quatorze  cantiques  de  Druizet 
pour  l'orgue  avec  pédale  obligée;  ibid.  Boëly 
est  mort  à  Paris  le  27  décembre  1858,  à  l'âge  de 
soixante-treize  ans. 

BOEIV  (Jea\),  écrivain  du  moyen  âge  sur 
la  musique,  est  auteur  d'un  traité  sur  cet  ait  que 
M.  Danjou  {voy.  ce  nom)  a  trouvé  parmi  les  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  du  Vatican,  à  Rome  ; 
mais  jusqu'à  ce  jour  il  n'en  a  pas  fait  connaître 
le  contenu. 

BOENiCKE  (Hekmann),  professeur  de  mu- 
sique et  organiste  de  l'église  Saint-Benoît  à 
Quedlinbourg,  est  né  à  Endorf,  le  26  novembre 
1821.  Krerner  a  publié  des  pièces  de  la  compo- 
sition de  cet  artiste  dans  son  Journal  d'orgue 
(Erfurt,  sans  date,  in-4"  obi.). 

BOERItlS  (Nicolas).  On  a  sous  ce  nom  un 
poëme  latin  et  allemand  sur  léchant  desoiseaux 
et  sur  ses  rapports  avec  la  musique,  sous  ce  ti- 
tie  :  Ornithofonia,  sive  Uarmonia  mcticarum 
avium,  juxta  naturas,  virtutes  et  proprie- 
tales  suas;  Brème,  1695,  in-4°. 

BOESSET  (Antoine),  sieur  deVilledieu, 
écuyer,  intendant  delà  musique  du  roi  Louis  XIII, 
paraît  être  né  vers  1585.  En  1615,  il  fut  nommé 
intendant  de  la  musique  de  la  reine,  puis  maî- 
tre de  la  musique  du  roi  en  1617,  intendant  de 
sa  musique  en  1627,  surintendant  de  la  musique 
du  roi  et   de  la    reine  en  1G32-I6'i3,  conseiller 


BOESSET 


47i 


du  roi  en  ses  conseils,  et  son  maître  tl'liôtel. 
i.a  liorde  M  {Essai  sur  la  Mus'kiuc)  qu'An- 
toine Boessel  niournl  en  1G8G;  mais  c'est  évi- 
demment  une   erreur,  car  il   aurait   eu   alors 
environ  cent  ans,  étant  déjà  intendant  de  la  mu- 
sique de  la  reine  soixante-onze  ans  auparavant. 
D'ailleurs  un  acte  porté  sur  le  registre  de  décès 
de  Saint-Eustaclie,  le  jeudi  10   décembre  IC43, 
et  découvert  par   M.  Beffara,   contient   ce  qui 
suit  :   a  Couvoi  et  service  complet  de  50  s. 
«  pour  défunt  M.  Boesset,  vivant  conseiller  du 
a  roi,  surintendant  de  la  musique  des  chambres 
«  du  roi  et  de  la  reine ,  demeurant  rue  Vivien 
«  (Vivienne),  et  son  cor[)S  en  l'église  de  Mont- 
»  martre,  45  livres.  »  Boesset  avait  épousé  la  fille 
deGuedron,  qui  fut  aussi  surintendant  de  la  mu- 
sique de   Louis   XIII.    Cet  artiste  a  joui  d'une 
grande  célébrité  en  France,  à  cause  de  ses  airs 
à  plusieurs  parties  :  1"  Le  premier  recueil  de  ses 
compositions  a  paru  sous  ce  titre  :  Airs  de  cour 
à  quatre  et  cinq  parties  ;  Paris,  Ballard,  1617, 
in-S"  obi.  —  1°  Deuxième  livre  d'airs  de  cour  à 
quatre  et  cinq  parties,  ibid.,  1C20.  —  3°   Troi- 
sième livre  d'airs  de  Boesset  à  quatre  et   cinq 
parties;  ibid.,  1621,  in-8°  obi.  —  4°  Quatrième 
livre  d'airs  de  cour  à  quatre  et  cinq  parties  par 
Antoine  Boesset,  intendant  de  la  musique  du  roi 
et  de  la  reine  ;  ibid.,  1624.—  5»  Cinquième  livre 
idem;  ibid.,  1626,  in-8°obl.  —  6°  Sixième  livre 
idem;  ibid.,  1629,  in-S»  obi.  —  7°  Septième  li- 
vre idem;  ibid.,  1630,  in-8"  obi.  -  8°  Huitième 
livre  idem,!  ibid.,   1632,   in-8''  obi.  —9"  Neu- 
vième livre  idem;  ibid.,  1642.  Ces  neuf  livres  ont 
été  réimprimés  chez  Ballard  en  1689,  in-8°obl. 
Le  dixième   livre  a  pour  titre  :  Airs  de  cour 
en  tablature  de  luth;  il  n'a   été   publié  qu'a- 
près la  mort  de   Boesset.  Une   traduction  an- 
glaise du  premier  livre  de  ces   chansons  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Court-Ayres,  tvifh  their 
duties  englished;   Londres,  1629.   La  Biblio- 
thèque impériale,  à  Paris,  possède  un  recueil  de 
motets  manuscrits  de  cet  auteur.  Boesset  a  écrit 
aussi  la  musique  de  beaucoup  de  ballets  pour  la 
cour,  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  auprès  du 
roi  et  de  la  reine.  Voici  ceux  dont  on  a  recueilli  les 
titres  :  1°  Ballet  (sans  nom),  en  1613  ou  1614. 
—  2"  Ballet  des  Dix  Verds,  en  1614,  en  collabo- 
ration avec  Gabriel  Bataille.  — 3"  Ballet  (sans 
nom),  en  1615.  —  4°  Ballet  (  sans  nom),  en  1616 
ou  au  commencement  de   1617.  Ce  ballet  a  été 
dansé  par  Louis  XIII,  le  29  janvier  1617.  Boes- 
set en  avait  composé  la  musique  avec  Guedron 
et  Mauduit.  —  5°  Ballet  (sans  nom),  en  1618.  — 
6°  Ballet  de  la  reine,  en  1620.  —  7°  Apollon, 
ballet,  en  1621.  —  8°  Ballet  du  Soleil,  en  1621. 
9"  i.e  récit  de  la  vertu  à  la  reine,  dans  le 


Ballet  sans  lilre,  1621.-10°  Ballet  du  l'oi,  en 
1622.  —  ir  Ballet  de  Monseijncur  le  Prince, 
iG9.2.—  n"  Ballet  de  la  reine,  1622. —  13"  Les 
Villageois  tireurs  de  bottes,  1622.  —  14°  Les 
airs  du  ballet  des  Bacchanales,  1623.  —  15°  Les 
Fêtes  de  Junon,  1623. —  16°Z,e  Ballet  des  vo- 
leurs, 1624.  —  17'  Les  Fêtes  des  forêts  de 
Saint-Germain,  1625.  —  18"  B^cit  du  grand 
ballet  delà  douairière  Billebahault,  1626.  — 
19"  Ballet  de  Monsieur,  1627.  —  20"  Les  Nym- 
phes bocagères,  1627. —  21°  Le  Sérieux  et  le 
Grotesque,  1627.  — 22°  Ballet  des  Triomphes, 
1635.  —  23°  Petite  pastorale.  —  24°  Bécit 
ù'Orphée. 

BOESSET  (Jean  ou  Jean-Baptiste)  ,  fils 
d'Antoine,  né  en  1612,  chevalier,  seigneur  de 
Ilault,  gentilhomme  ordinaire  du  roi,  conseiller, 
maître  d'hôtel  du  roi  et  de  la  reine,  maître  et 
surintendant  de  la  chambre,  en  survivance  de 
son  père.  En  1635  il  fut  titulaire  de  cette  place, 
aux  faibles  appointements  de  450  livres.  Il  joignit 
à  cette  charge,  en  1665,  celle  de  maître  de  la  mu- 
sique de  la  reine  mère.  11  mourut  le  25  décembre 

1685,  et  non  en  1686,  comme  le  dit  La  Borde, 
qui  n'a  pas  connu  l'existence  de  Jean-Baptiste 
Boesset,  etqui  l'a  confondu  avec  Antoine.  Un  pre- 
mier livre  d'airs  à  trois  et  à  quatre  parties,  com- 
posé par  Jean-Baptiste,  a  été  publié  chez  Ballard 
en  1669;  le  deuxième  a  paru  en  1671,  chez  le 
même  imprimeur.  Ce  musicien  a  aussi  composé 
la  musique  des  ballets  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Ballet  du  temps  {\Gbk),  en  collaboration  avec 
Molière,  musicien  de  la  chambre.  —1'^  Alcidione 
(1658),  avec  le  môme.  —3"  La  Mort  d'' Adonis. 
—  4°  Le  Triomphe  de  Bacchus  dans  les  Indes 
(1666),  avec  d'autres  compositeurs.  —  b°  Con- 
certs de  la  musique  de  la  chambre  de  la  reine, 
1667.  Antoine  Boesset  et  Jean-Baptiste,  son  fils, 
ont  eu  aussi  la  charge  de  maître  des  enfants  de 
cbœnr,  avec  720  livres  de  gages. 

BOESSET  (Clalde-Jean-Baptiste),  fils  de 
Jean-Baptiste  et  de  Marguerite  Loret,  né  vers 
1636,  écuyer,  seigneur  de  Launay,  fut  nommé 
surintendant  de  la  musique  de  la  chambre  du 
roi  en  survivance  de  son  père,  le  10  septembre 
1667.  En  1674,  Louis  XIV  donna  à  Boesset  fils 
la  survivance  de  la  ciiarge  de  maître  de  la  musi- 
que de  la  reine  mère  ;  Boesset  la  vendit  à  Lo- 
renzani,  compositeur  romain,  qui  avait  été  pré- 
cédemment maîtie  de  chapelle  à  Messine  {voy. 
le  Journal  et  Dictionnaire  des  bienfaits  du  roi , 
Mss.  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris)  Claude 
Boesset  a  écrit  pour  le  service  de  la  cour: 
1°  Alphée  etAréthuse,  ballet,  au  mois  d'octobre 

1686.  —2°  Divertissement  pour  le  retour  du  roi 
à  Versailles,  en   1687.  On  a  de  lui  un  recueil. 


476 


BOESSET  —  BOHDANOWICZ 


d'airs  à  deux  voix,  dans  la  manière  de  Lambert, 
sous  le  titre  de  Fruits  d'automne;  Paris,  Bal- 
lard,  1684,  in-S"  obi. 

BOETTICHER  (....),  bonne  basse  clian- 
tante,  né  à  Mùiilliausen,  dans  la  Tburinge,  se  (it 
d'abord  connaître  dans  sa  ville  natale,  où  il  était 
encore  en  1835;  mais  dans  l'année  suivante  il  fut 
attaché  au  théâtre  royal  de  Berlin,  et  y  brilla 
jusqu'en  1847.  Il  chanta  aussi  avec  succès  dans 
les  voyages  qu'il  fit  à  Prague  en  1838,  à  Vienne 
en  1841,  et  à  Hambourg  en  1842.  Retiré  du  théâtre 
de  Berlin  en  !  848,  il  paraît  avoir  disparu  du  monde 
musical  depuis  cette  époque. 

BOETTIGER  (Charles-Auguste),  conseiller 
de  cour  à  Dresde,  né  à  Reichenbach  le  8  juin 
176?,  mort  à  Dresde  le  17  novembre  1835,  s'est 
fait  connaître  par  divers  écrits  au  nombre  des- 
quels onremarqueune  dissertation  sur  l'invention 
de  la  (lùte  (en  allemand),  qui  a  été  insérée  dans 
le  Muséum attique  de  Wiehnd,  tome  l",  n°  2. 
Cette  dissertation  a  pour  titre  :  Abhandlung 
ûber  die  Erfindting  der  Flote. 

BOETTiVER  (  Jean-Chkétien),  organiste  à 
Hanovre  et  professeur  de  musique  au  séminaire 
royal  de  celle  ville,  a  publié,  en  1787,  des  pré- 
ludes d'orgue  pour  des  chants  chorals,  sous  ce 
titre  :  Choralvorspiele  fur  die  Orgel.  Un  recueil 
manuscrit  d'autres  préludes,  daté  de  1794,  est  in- 
diqué dans  le  catalogue  de  Westpiial.  Cet  artiste 
est  mort  à  Hanovre  en  1795 

BOEUF  (LE),  organiste  d'Argenleuil,  des 
dames  de  Saint-Thomas,  desrécolletsdela  rue  du 
Bac,  et  de  l'église  de  Sainte-Geneviève  de  Paris, 
succéda  à  Dornel  dans  cette  dernière  place.  II 
était  né  vers  1730.  On  a  de  lui  un  recueil  de  canta- 
tilles  françaises;  Paris,sansdate.  lia  publié  aussi  : 
Traité  d''harmonie  et  règles  d'accompagnement 
servant  à  la  composition ,  suivant  le  système 
de  M.  Rameau;  Paris,  1768,  in-4°obl.  M.Qiiérard 
indique  une  édition  de  cet  ouvrage  sous  la  dale  de 
1774,  in-S";  je  la  crois  imaginaire.  Le  Bœuf  vivait 
encore  en  1782. 

BOGENHARDT  (Gustave-François),  né 
à  Biiclia,  près  de  Memmleben  en  Saxe,  le  3  no- 
vembre 1809,  fut  d'abord  cantor  et  directeur 
d'un  chœur  d'hommes  à  Lodersleben,  près  de 
Querfurt.  Il  occupait  cette  place  en  1833.  Trois 
ans  pins  tard  il  fut  appelé  à  Hildburghausen, 
comme  professeur  de  musique  du  séminaire.  On 
ignore  les  motifs  qui  lui  firent  abandonner  cette 
position  pour  aller  s'établir  à  Erfurt  comme  pro- 
fesseur de  chant,  en  1842;  mais  il  retourna  bien- 
tôt après  à  Hildburghausen,  et  y  mourut  le 
31  juillet  1845.  On  a  imprimé  de  ce  professeur 
im  recueil  de  chants  pour  une  ou  plusieurs  voix, 
à  l'usage  des  écoles,  sous  ce  titre:  120  ein-und 


mehrstinmiige  Liederfûr  Schulen.  Hilburghau- 
sen,  Kesselring,  s.  d.  (  1842). 

BOGENTANTZ  (Bernardin),  né  à  Licgnilz, 
en  1494,  fut  professeur  de  musique  à  Cologne. 
Il  s'est  fait  connaître  par  un  traité  élémentaire 
de  musique  et  de  chant,  dont  la  première  édition  a 
pour  titre  :  Collectanea  utriusque  çantus  Ber- 
nardini  Bogentantz  Legnitii  Musicam  discere 
cupientibus  oppido  necessaria.  Petit  in-4°  de 
le  feuillets  non  chiffrés,  imprimé  en  caractères 
gothiques,  sans  nom  de  lieu  et  sans  date.  L'épître 
dédicatoire  est  datée  de  Cologne,  le  10  des  ca- 
lendes d'octobre  1515.  La  deuxième  édition  est  in- 
titulée; Rudimenta  utriusque  cantus  ;Co\ogne, 
1528,  petit  in-4"'. 

BOHAK  (Jean-Baptiste),  très-bon  facteur 
d'orgues  et  de  pianos,  à  Vienne,  vit  le  jour  à 
Necbaniez,  en  Bohême,  le  3  juin  1755.  Dans  sa 
jeunesse,  il  fut  mis  en  apprentissage  à  Keckno, 
près  de  Jaranowicz,  chez  le   fadeur  d'orgues 
Schreier,  qu'il  quitta  quelque  temps  après  pour 
se  rendre  chez  le  fameux  facteur  Joseph  Strus- 
sel ,  de  Krulich,  dans  la  Transylvanie.  Devenu 
habile  ouvrier,  il   retourna  à   Vienne,  puis  se 
rendit  à  Raab,  où  il  avait  construit  un   orguf 
neuf  avec  son  maître  en  1777  et  1778.  Plus  tard 
il  s'établit  à  Vienne  ;  vers  1795,  il  y  jouissait  de 
la  réputation  d'un  habile  constructeur  d'instru- 
ments. On   connaît  de  lui  de  belles  orgues  en 
Moravie  et  en  Autriche,  et  ses  pianos  sont  ré- 
pandus en  Hongrie,  dans  la  Croatie,  la  Dalma- 
tie,  et  à  Venise.  Boliak  mourut  à  Vienne  en  1805. 
BOHDANOWICZ  (  Blaise  de)  ,  violoniste 
et  compositeur,  naquit  en  Pologne  en  1754.  Père 
de  huit  enfants,  il  cultiva  avec  soin  leurs  dispo- 
sitions pour  la  musique.  Depuis  plusieurs  a/inées 
il  était  fixé  à  Vienne,  lorsqu'il  imagina  de  tirer 
parti  du  talent  de  ses  enfants  dans  un  concert 
extraordinaire  qu'il  annonça  par  une  affiche  où 
toutes  les  ressources  du  charlatanisme  avaient 
été  réunies.  On  y  disait  d'abord  que  rien  de  com- 
parable n'avait  été  entendu  dans  le  monde;  puis 
venait  l'énumération  pompeuse  de  toutes  les  cu- 
riosités de  ce  concert  d'espèce  nouvelle.  Le  pre- 
mier morceau  était  une  sonate  pour  violon  seul 
exécutée  par  trois  personnes  sur  un  seul  instru- 
ment, avec  douze  doigts  et  trois  archets.  Cette  so- 
nate avait  pour  titre  :  Les  Prémices  du  monde. 
Elle  était  suivie  d'un  andantino  avec  des  varia- 
tions exécutées   par  les  quatre  sœurs  Bolidano- 
viifz  sur  un  seul  piano  avec  huit  mains  ou  qua- 
rante doigts ,  et  d'une  symphonie  vocale  sans 
paroles  pour  neuf  voix.    Le  troisième  morceau 
était  un  trio  pour  deux  voix  et  un  silfleur,  avec 
accompagnement     d'orchestre,    de    trompette 
obligée  et  de  cymbales.  Puis  venaient  des  raor- 


BOHDANOWICZ  —  BOIIRER 


'477 


ceaux  avec  des  imitatioas  de  chants  d'oiseaux 
et  de  ciis  de  didercuts  animaux.  Tous  les  mor- 
ceaux de  ce  concert  avaient  été  composés  par 
Bolidanowicz.  En  1798,  il  avait  déjà  publié  à 
Vienne  un  duo  pour  piano  à  quatre  mains  inti- 
tulé :  Daphnis  et  Phtlis  ;  plus  tard  il  fit  paraître 
un  recueil  de  polonaises,  trois  duos  pour  deux 
violons,  et  plusieurs  morceaux  détachés.  On  cite 
aussi  de  lui  une  symphonie  intitulée  :  Die  Hcr- 
mannsschlacht  (la  Bataille  deHermann)  pour 
trois  orchestres  sans  violons,  et  une  ouveiture 
militaire  avec  coups  de  pistolets,  décharges  de 
mousquelerie  et  coups  de  canons.  Cet  ai'tisteest 
mort  à  Vienne  en  1319,  ou,  suivant  d'autres  ren- 
seignements, en  1814. 

BOHLEIV  (Adrien),  compositeur,  naquit  le 
19  octobre  1079,  à  Aurich  en  Ostfrise,  où  son 
père  était  chantre.  Les  premiers  principes  de  la 
musique  lui  furent  enseignés  dans  la  maison  pa- 
ternelle; Druckmùller,  organiste  à  Norden,  lui 
donna  ensuite  des  leçons  de  clavecin.  En  1097, 
il  se  rendit  à  Wittemberg  pour  y  étudier  la 
théologie,  et  trois  ans  après  il  obtint  le  cantorat 
de  sa  ville  natale.  En  1702,  il  passa  à  Hambourg, 
où  il  fut  nommé  directeur  de  nuisique;  enfin, 
en  1705,  il  fut  appelé  à  Jever  en  qualité  de 
canlor.  II  est  mort  dans  ce  lieu  le  17  mars  i727. 
Bohien  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  années 
complètes  de  musique  d'église. 

BOHRER  (Gaspard),  chef  d'une  f;imille 
d'artistes  qui  s'est  rendue  célèbre,  naquit  à 
Manheim  en  1744.  Il  fut  attaché  à  l'orchestre  <ie 
la  cour  en  qualité  de  trompette;  mais  Aloïsio 
Marioni  lui  ayant  enseigné  la  contrebasse ,  il 
acquit  un  si  beau  talent  sur  cet  instrument,  qu'il 
laissa  loin  de  lui  tous  ses  prédécesseurs  et  ses 
contemporains.  11  l'ut  appelé  à  Munich  pour  y 
remplir  les  fonctions  de  première  contrebasse  à 
l'orchestre  de  la  cour,  vers  1778,  et  mourut  dans 
cette  ville,  le  14  novembre  1809. 

BOHRER  (  Antoine  ),  troisième  fils  de  Gas- 
pard, naquit  à  Munich,  en  1783  (1).  Il  reçut  de 
son  père  les  premières  leçons  de  musique,  et 
étudia  la  composition  sous  le  maître  de  chapelle 
François  Danzi.  Ayant  fait  un  voyage  à  Paris  avec 
Cannabich,  il   reçut  des   leçons  de  violon   de 

(1)  On  lit  dans  l'Encyclopédie  musicale ,  publiée  par 
M.  Sciiiling,  que  Maï  Bohier  naquit  en  1790  et  Antoine  en 
1791;  c'est  une  double  erreur;  car  Antoine  est  l'ainé  des 
deux  frères.  Quant  aux  dates  de  leurs  naissances,  Je  les  ai 
prises  dans  le  Lexique  des  musiciens  bavarois  de  Lipowsky. 
Cet  auteur  écrivait  à  Munich  en  1810;  il  était  à  la  source 
des  renseignements,  et  a  du  être  mieux  informé.  D'ailleurs, 
tes  dates  qu'il  indique  coïncident  mieux  avec  la  réputation 
qu'avaient  déjà  acquise  les  frères  Bohrer  en  1801. 

Gassner  fait  naître  Antoine  Bohrer  en  1791,  et  Max  en 
1793.  (  Voy.  Vniversal-  Lexikon  der  Tonkunst,  p.  1«.) 


R.  Kreutzer.  De  retour  dans  sa  pairie,  il  y  fut 
nommé  violon  de  l'orchestre  de  la  cour,  et  peu 
de    temps  après  il  fit  avec  son  père  un  voyage 
en  Autriche  et  en  Bohême.   L'année  suivante  il 
partit  avec  son  frère  Maximilien,  et  visita  la 
Suisse,  une  partie  de  la  France,  les  villes  de  la 
confédération  du  Rhin,  la  Saxe,  la  Prusse,  etc. 
Les   deux   frères  donnèrent  des  concerts  dans 
toutes  les  grandes  villes  de  ces  divers  pays,  et 
partout  ils  obtinrent  des  applaudissements.  De 
retour  à  Munich,  ils  se  préparèrent  à  des  excur- 
sions lointaines  par,  des  éludes   d'ensemble  qui 
ont  été  l'origine  des  succès  qu'ils  obtinrent  en- 
suite. En   1810  ils  entreprirent  le  grand  voyage 
qu'ils  méditaient  depuis  plusieurs  années.  Après 
avoir  visité  les  grandes  villes   de  l'Allemagne, 
ils  se  rendirent  en  Hollande ,  retournèrent  en- 
suite en  Allemagne,  parcoururent  la  Hongrie, 
la  Bohème,  la  Pologne  et  la  Russie.  Une  maladie 
dont  Antoine  fut  atteint  à  Kiew  retint  les  deux 
frères  dans  cette  ville  pendant  quatre  mois.  Ils 
visitèrent  ensuite  Moscou,  d'où  ils  s'enfuirent  à 
l'approche  des  Français;  mais  ils  furent  arrêtés 
par  un  parti  de  Cosaques  qui  les  conduisit  chez 
le  général  Seblowsky.  Ce  général  avait  ordre  de 
faire    conduire   en  Sibérie   tous  les  prisonniers 
allemands,  et  surtout  les  sujets  du  roi  de  Ba- 
vière, contre  qui  l'Empereur  conservait  beaucoup 
de  ressentiment.  Les  deux  artistes  furent  sauvés 
par  leur  talent.  Amateur  passionné  de  musique, 
le  général  Seblowsky  ne  put  résister  au  plaisir 
que  lui  faisaient  éprouver  les  frères  Bohrer;  il 
leuraccorda  la  liberté  dese  rendre  à  Pétersbourg  ; 
et,  pour  les  soustraire  au  danger  du  voyage,  il 
les  y  envoya  en  qualité  de  courriers  du  gouver- 
nement.  Après  une  année  de  séjour  dans  cette 
ville,  ils  parcoururent  la  Finlande,  la  Suède,  le 
Danemarck,  et  se  rendirent  à  Hambourg,  où  ils 
s'embarquèrent   pour  Londres.  Vers  la    fin.  de 
l'année   1814,  ils  retournèrent  à   Munich  pour  y 
visiter  leur  famille.  L'année  suivante,  ils  firent  un 
nouveau  voyage  en  France,  et  vinrent  à  Paris, 
où  ils  donnèrent  des  concerts  dans  lesquels  ils 
firent  entendre  des  fantaisies  pour  violon  et  vio- 
loncelle sans   accompagnement,  qui  obtinrent  le 
plus  brillant  succès,  tant  à  cause  de  l'originalité 
des  thèmes,  que  par  l'ensemble  parfait  qui  régnait 
dans  l'exécution.    A  la  vérité,  ce  succès  fut  dû 
principalement  au  talent  de  Maximilien  Bohrer: 
le  jeu  d'Antoine ,  quoique  agréablement  fini ,  ne 
pouvait  produire  de  vive  sensation  dans  une  ville 
où  l'on  a  l'habitude  d'entendre  des  violonistes 
du  talent  le  plus  remarquable.  Antoine  Bohrer 
tirait  peu  de  son  de  son  instrument,  et  son  style, 
bien  qu'élégant  et  gracieux,  manquait  d'élévation  ; 
mais  il  secondait  bien  son  frère  dans  les  mor- 


478' 


BOHRER 


ceatix  concertants  qu'ils  jouaient  ensemble.  Ces 
morceaux  sont  tous  composés  par  Antoine.  11  a 
jiuhlié  plusieurs  œuvres  de  quatuors,  fie  trios, 
de  concertos,  etc.,  pour  le  violon.  Après  avoir  fuit 
un  deuxième  voyage  en  Angleterre ,  les  frères 
Bolirer  revinrent  à  Paris  et  s'y  firent  entendre 
de  nouveau  aux  concerts  spirituels  de  la  semaine 
sainte.  Au  mois  de  mai  de  la  môme  année,  ils 
se  rendirent  à  Berlin ,  où  Antoine  obtint  le  tilre 
de  maître  des  concerts  et  Max  celui  de  premier 
violoncelliste  de  la  chambre.  Un  nouveau  voyage 
fut  entrepris  par  les  deux  frères  en  1820  ;  ils  jiar- 
coururent  toute  l'Italie ,  donnèrent  des  concerts 
à  Milan,  Vérone,  Rome,  Naples,  etc.,  et  retour- 
nèrent à  Berlin,  en  1824.  Des  discussions  s'étant 
élevées  entre  eux  et  Spontini,  ils  quittèrent  le 
service  du  roi  de  Prusse  dans  l'année  suivante. 
Antoine  détermina  son  frère  à  l'accompagner  à 
Municli  par  Hambourg.  Arrivés  dans  la  capitale 
de  la  Bavière,  les  deux  frères  y  épousèrent  deux 
pianistes  distinguées,  filles  de  Diilken,  facteur 
d'instrument  de  la  cour  :  Max  devint  le  mari  de 
l'aînée  (Louise,  née  à  Munich  en  1805),  etFanny 
(née  dans  la  même  ville  en  1 807),  devint  l'épouse 
d'Antoine.  Ces  liens  formèrent  entre  tons  ces 
virtuoses  une  nouvelle  association  artistique  dont 
on  a  depuis  lors  admiré  les  résultats  à  Paris.  De 
retour  dans  cette  ville  en  1827,  les  frères  Bohrer 
s'y  firent  entendre  avec  de  nouveaux  succès;  et, 
après  avoir  fait  quelques  voyages  de  peu  d'impor- 
tance, ils  donnèrent  dans  l'hiver  des  séances  de 
quatuors  et  de  quintettes  dans  les  salons  de  Pape, 
où  ils  firent  entendre,  avec  MM.  Tilmant  et 
Urlian,  les  derniers  quatuors  de  Beethoven.  Ces 
séances  furent  remarquables  par  la  perfection  de 
l'ensemble  et  la  délicatesse  des  nuances.  La  ré- 
volution de  1830,  funeste  aux  artistes,  détermina 
les  frères  Bohrer  à  quitter  Paris,  et,  pour  la  pre- 
mière fois,  ils  se  séparèrent.  Après  avoir  fait 
quelques  voyages,  Antoine  a  obtenu  en  1834  le 
titre  de  maître  de  concert  de  la  cour  de  Hanovre. 
Il  est  mort  dans  cette  position  en  1852.  Sa  fille 
Sophie,  né  à  Munich,  en  1828,  eut  un  talent  de 
pianiste  très  remarquable,  et  brilla,  avant  même 
d'être  sortie  de  l'enfance,  à  Paris,  Vienne,  Berlin 
et  Pétersbourg.  Elle  se  trouvait  dans  cette  der- 
nière ville  en  1848,  avec  son  père.  Une  mort 
prématurée  est  venue  frapper  cette  jeime  fille 
qui  aurait  pris  un  rang  distingué  parmi  %s  ar- 
tistes les  plus  célèbres,  si  elleeût  vécu. 

Les  compositions  de  Bohrer  sont  très-nom- 
breuses; elles  se  font  remarquer  en  général  par 
le  goût  et  la  pureté  de  style.  Parmi  ses  ou- 
vrages, on  compte  des  symphonies  concertantes 


pour  violon  et  violoncelle,  Paris,  Pleyel  ;  quatre 
concertos  pour  violon  et  orchestre,  œuvres  9, 
12,  17,  et  37,  Offenbach  et  Paris;  des  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  23;  des  trios 
brillants  pour  deux  violons  et  violoncelle,  op.  13; 
six  grands  duos  brillants  pour  violon  et  violon- 
celle; un  très-grand  nombre  d'airs  variés  pour 
violon ,  avec  accompagnement  d'orchestre ,  de 
quatuor  ou  de  piano;  des  caprices  ou  études  pour 
le  violon;  des  trios  pour  violoncelle,  violon  et 
alto,  op.  14  et  15;  et  beaucoup  d'autres  œuvres 
de  musique  instrumentale.  Antoine  Bohrer  a  eu 
une  grande  part  dans  la  composition  des  ou- 
vrages pour  le  violoncelle  qui  portent  le  nom  de 
son  frère. 

BOHRER  (Maximilien),  le  plus  jeune  des  fils 
de  Gaspard,  naquit  à  Munich,  en  1785,  et  y  prit 
des  leçons  de  violoncelle  du  professeur  Antoine 
Schwaitz.  Il  fit  des  progrès  si  rapides  sur  cet 
instrument,  qu'à  l'âge  de  quatorze  ans,  en  1799, 
il  fut  admis  à  l'orchestre  de  la  cour.  Il  a  fait  avec 
son  frère  tous  les  voyages  dont  nous  avons  parlé 
dans  l'article  précédent.  AprèsavoirenlenduRom- 
berg  à  Vienne ,  il  prit  la  résolution  de  choisir 
ce  grand  artiste  pour  son  modèle;  mais  en  éludiant 
les  parties  les  plus  importantes  du  talent  de  ce 
virtuose,  il  les  modifia  par  ses  qualités  person- 
nelles. Lorsqu'on  l'entendit  pour  la  première  fois 
à  Paris,  son  jeu  causa  autant  d'êtonnement  que 
de  plaisir.  Les  qualités  essentielles  de  son  talent 
étaient  une  justesse  parfaite,  un  son  pur,  et  une 
facilité  extraordinaire  à  exécuter  les  passages  les 
plus  difficiles  ;  mais  sa  manière  manquait  de  gran- 
diose. Après  avoir  quitté  Paris,  en  1830,  Maxi- 
milien Bohrer  a  fait  quelques  voyages  en  Alle- 
magne; en  18:'.2  il  a  obtenu  le  titre  de  premier 
violoncelliste  et  de  maître  des  concerts  de  la  cour 
de  Stuttgard  ;  et  sa  femme  a  été  nommée  pianiste 
de  la  même  cour  et  maîtresse  de  pfano  des  prin- 
cesses. En  1838,  il  fit  un  second  voyage  à  Péters- 
bourg; deux  ans  ans  plus  tard  il  visita  toute  l'I- 
talie, et  alla  jusqu'en  Sicile  donner  des  concerts  à 
Messine  et  à  Palerme.  Dans  les  années  1842-18^3 
il  parcourut  l'Amérique.  En  1847  il  entreprit  un 
dernier  voyage  dans  le  Nord ,  puis  se  rendit  en 
Hollande ,  en  Belgique  et  parcourut  l'Angleterre. 
Il  n'était  plus  alors  que  l'ombre  de  lui-même.  Ou 
a  sous  le  nom  de  Maximilien  Bohrer  trois  con- 
certos pour  le  violoncelle ,  publiés  à  Paris  et  à 
Berlin  ,  des  airs  variés  pour  cet  instrument,  une 
fantaisie  avec  orchestre  sur  des  airs  nationaux 
russes,  op.  21,  Leipsick,  Hofmeister,  un  Rondo- 
letto  avec  quatuor,  op.  22,  ibid.,  et  des  duos 
pour  violoncelle  et  violon. 


FIN   nu    TOME   PREMIER. 


^ 


W' 


) 


\ 


3    101 


DUPL 


7    ODb 

'1 


3713    7        / 


/ 


/ 


T-         ^^ 


^"W; 


J. 


'     -  V  '' 


V 


.--v 


I 


} 


^ 


JP- 


/ 


^' 


NOT  FOR 


HOME  CIRCULATION 

91^56 


î.!usl> 


Sl>- 


# 


Vi 


T 


_^ 


V. 

-V 


1 


r 


7 


t 


/ 

X,- 


\